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(Quatorze heures dix minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Lancement de l'année du français
Je voudrais signaler à l'Assemblée la présence
aujourd'hui dans les galeries d'une personnalité du Québec qui a
même déjà rêvé, si ma mémoire est
fidèle et si je ne m'abuse, d'un siège de parlementaire et qui
vous convie ce soir au lancement à l'Assemblée nationale,
après les travaux de la Chambre, de l'année du français,
de la qualité du français. J'ai nommé celui que tout le
monde connaît, M. le juge Robert Cliche.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles. M. le
premier ministre.
Déclarations ministérielles
Jugement de la Cour suprême sur la
câblodistribution
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
d'abord offrir mes excuses les plus plates au chef de l'Opposition, ainsi qu'au
chef de l'Union Nationale qui, je crois, à cause de difficultés
matérielles de communication, n'ont obtenu le texte de la
déclaration qu'il y a quelques minutes seulement.
J'avais fait tout mon possible pour que cela puisse arriver avant
l'heure du déjeuner, mais malheureusement, apparemment, cela ne s'est
pas produit.
Alors, la déclaration que je voudrais faire est la suivante: Le
jugement des six juges anglophones de la Cour suprême du Canada sur la
câblodistribution illustre, peut-être mieux que n'importe quel
autre événement de ces derniers temps, la situation parfaitement
inacceptable dans laquelle se trouve le Québec au sein du régime
politique actuel.
En effet, dans une matière qui touche directement notre culture
et notre mode d'expression, l'organisme fédéral a majoritairement
décidé d'attribuer à Ottawa une responsabilité
importante que plusieurs gouvernements québécois successifs
réclamaient, notamment les anciens ministres L'Allier et Hardy.
Non seulement, nous trouvons-nous devant une constitution qui permet,
comme on le sait, à peu près toutes les incursions
centralisatrices, mais, en plus, la Cour suprême, instrument ultime de
décisions judiciaires, octroie à Ottawa la mince marge de
manoeuvre que nous laissaient jusqu'ici des textes constitutionnels
imprécis.
C'est très historiquement, d'ailleurs, que ce tribunal, dont tous
les membres sont nommés par Ottawa, prend lui aussi figure d'agent
centralisa- teur, car ce n'est pas la première fois que la Cour
suprême devient en quelque sorte le bras judiciaire de la puissance
fédérale dominatrice.
Elle s'en est même acquis la réputation au point où
l'on est de plus en plus nombreux à la voir avec méfiance. Dans
le cas qui nous occupe, il est particulièrement significatif que les
trois juges québécois aient été unanimes à
prendre la part du Québec, alors que les six autres juges ont
unanimement opté pour Ottawa. Ce qui revient à dire... Non c'est
culturel aussi. Si on n'est pas capable...
Le Président: A l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): Ceux qui ne sont pas capables de
voir la différence, M. le Président, entre les
prérogatives nationales et du racisme sont vraiment aveuglés par
plus que de la partisanerie. Ce qui revient à dire que le système
fédéral actuel fonctionne de telle façon que les positions
québécoises soient repoussées par des
non-Québécois. La Cour suprême, par l'entremise de ces
non-Québécois, a donc porté jugement sur les pouvoirs
culturels du Québec ou, plus exactement, contre ceux-ci. Quand on
viendra désormais nous proposer, d'un air pharisien, d'inscrire tel ou
tel droit linguistique dans la constitution, sous prétexte qu'il sera
ainsi mieux protégé, j'espère qu'on comprendra notre
scepticisme. Accepter que tout litige éventuel soit tranché par
un organisme où les dés sont manifestement pipés contre
nous relèverait moins de la bonne foi que de la naïveté et
de l'irresponsabilité. Bien sûr, d'aucuns verront dans le
récent jugement une excellente occasion de songer à un mode
différent de nomination des juges de la Cour suprême. On nous
offrira peut-être magnanimement de participer à la
désignation des juges en provenance du Québec, mais cela ne
changera pas un fait inéluctable qui crève les yeux dans le
système actuel: le Québec ne sera jamais autre chose que
minoritaire au tribunal suprême comme ailleurs, et c'est cela qu'il faut
retenir.
La cour vient donc de réduire les pouvoirs du Québec ou,
si l'on veut, elle vient de bloquer une aspiration parfaitement normale.
Voilà une leçon éclatante, si nous en avions besoin d'une,
sur les dangers constants que courent, dans ce régime, les chances de
développement comme les plus légitimes exigences et, à la
limite, l'identité même d'un peuple que son statut de minoritaire
prive de plus en plus du libre arbitre indispensable à son
épanouissement.
Je compte bien que les Québécois, à quelque parti
qu'ils appartiennent, se donneront la peine de méditer un peu cette
leçon.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on remarquera
que le premier ministre, au tout début de ses propos, s'est
excusé quant au délai
qu'il a donné aux partis d'Opposition pour réagir à
sa déclaration ministérielle.
En effet, cette déclaration m'est arrivée exactement sept
minutes avant le début de nos travaux. Cependant, pour me conformer aux
règlements, je voudrais, à ce moment-ci, donner notre
réaction, au moins préliminaire. Je voudrais rappeler, comme l'a
fait le premier ministre, les efforts considérables faits par notre
gouvernement, l'ancien gouvernement, relativement aux droits du Québec
quant à la juridiction sur la câblodistribu-tion.
Comme le premier ministre l'indique lui-même, les textes
constitutionnels sont imprécis. Nous avons fait une lutte non
équivoque et qui indique bien, non seulement notre préoccupation,
mais notre conviction profonde en matière culturelle. Nous avons fait
une lutte qui a duré, pas seulement des mois, mais des années
dans ce domaine. Nous n'avons donc pas à nous excuser devant le
gouvernement actuel quant à nos sentiments ou quant à notre
détermination vis-à-vis de cette primauté culturelle qui
doit être celle du Québec, particulièrement dans le
contexte qui est celui d'une minorité francophone à
l'intérieur d'un continent nord-américain majoritairement et
très majoritairement anglophone.
Ma première remarque, M. le Président, quant à la
déclaration ministérielle, ce qui me frappe
particulièrement, c'est lorsqu'on veut parler d'un jugement de six
juges; ce sont les mots du premier ministre. Or, on sait, M. le
Président, que ce jugement a été rendu par neuf juges et
non pas par six, six optant pour une solution, une conclusion et trois pour
d'autres. M. le Président, est-ce que je peux avoir le silence,
même de l'étapiste?
M. Burns: Ecoutez, engueulez les bonnes personnes.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le leader parlementaire
anglophone pourrait s'asseoir?
Mme Lavoie-Roux: Elle est bonne!
M. Lavoie: Un à zéro.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, lorsque...
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle, vous
avez la parole.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, lorsqu'on
arrive à la conclusion, comme vient de le faire le premier ministre, que
ce jugement est dû au fait qu'il y a eu une majorité de juges
anglophones, je pense qu'on résume d'une façon dangereuse la
situation que nous avons présentement devant les yeux. D'autant plus que
ce jugement majoritaire confirme, et ne fait que confirmer, un jugement rendu
par une cour composée entièrement de Québécois, la
Cour d'appel du Québec, qui est la cour de dernière instance de
notre province.
Je voudrais également rappeler à cette Chambre, M. le
Président...
M. Charbonneau: Vous devriez avoir honte.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais également rappeler
à cette Chambre, M. le Président, et en toute
sérénité, que ces mêmes juges de la Cour
suprême du Canada, en majorité anglophones, ont, et tout
récemment encore, eu à se prononcer sur des questions
constitutionnelles et cela intéresserait particulièrement
le ministre de la Justice, relativement, en particulier, à cette
administration de la justice où on a confirmé qu'il
s'agissait d'une juridiction exclusivement provinciale.
Nous avons eu dans l'affaire Diorio, je pense, justement encore une
majorité de juges anglophones qui ont rendu un jugement qui faisait bien
l'affaire du Québec à ce moment-là.
M. le Président, je voudrais dire que lorsqu'on essaie de faire
cette distinction entre anglophones et francophones, on risque
sérieusement de tomber dans le racisme.
Je crois qu'il faut également se rappeler que ce n'est pas
seulement le Québec qui perd en Cour suprême. La province de
Saskatchewan vient également de subir un jugement qui ne faisait pas son
affaire; particulièrement un jugement qui pouvait,
financièrement, l'affecter grandement, puisque $500 millions
étaient en jeu.
M. le Président, je voudrais que notre premier ministre du
Québec sache respecter la division des pouvoirs, sache respecter la
constitution qui est la nôtre présentement, sache faire la
distinction qui doit se faire et respecter le pouvoir judiciaire
vis-à-vis du pouvoir exécutif et du pouvoir
législatif.
Le jour où nous ne respecterons plus le pouvoir judiciaire, le
jour où on pourra avoir un exécutif et un législatif, qui
puissent le brimer, comme on a commencé de le faire, M. le
Président, visiblement ici, lorsque, de plus, on commencera à
censurer le judiciaire, nous serons très près d'un régime
totalitaire, ce que je ne souhaite pas pour le Québec.
Je dis au premier ministre et au gouvernement actuel que, dans une
situation comme celle-là, nous avons vu le judiciaire se prononcer, mais
qu'il y a le politique, M. le Président. C'est là que doivent
porter les efforts du gouvernement actuel. Au lieu d'avoir un ministre des
Affaires culturelles qui boycotte continuellement les conférences
fédérales-provinciales, alors que nous avons un gouvernement qui
veut faire la preuve de son option séparatiste, je dis qu'il est grand
temps que l'on pense aux citoyens du Québec, que l'on pense aux citoyens
canadiens, qu'on fasse preuve d'une attitude beaucoup plus positive et qu'on
prenne la solution politique. Que le gouvernement actuel, le premier ministre
en tête, réponde aux ouvertures qui sont faites
présentement par le gouvernement central et qu'il aille faire dire par
le politique que la câblodistribution sera désormais
une affaire des provinces et il sera appuyé par plusieurs
provinces et par plusieurs gouvernements provinciaux au Canada. Au lieu de se
réfugier dans cette fuite séparatiste, qu'il prenne ses
responsabilités comme premier ministre et comme gouvernement.
Ce que nous disons au gouvernement actuel, c'est qu'il est grand temps
que l'on agisse comme un bon et vrai gouvernement et que l'on aille chercher au
gouvernement fédéral, avec la collaboration des autres provinces,
des pouvoirs qui appartiennent, nous le répétons, et qui
devraient appartenir, s'ils ne leur appartiennent pas présentement
juridiquement, politiquement et constitu-tionnellement, par les
révisions qui s'imposent, aux provinces et particulièrement au
Québec, surtout dans le contexte culturel que nous connaissons.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, sur cette question du jugement
de la Cour suprême sur la câblodis-tribution et suite à la
déclaration du premier ministre, hier j'ai réagi rapidement
devant une pareille situation en présentant une motion non
annoncée, avec audace selon certains, mais, pour moi, avec
spontanéité et un sens des responsabilités
vis-à-vis des devoirs d'un chef de parti, voulant surtout être
fidèle à la tradition et à la philosophie de l'Union
Nationale et aussi à tous les gouvernements qui ont
présidé aux destinées de cette province depuis l'existence
de la Confédération.
Pour moi, ce jugement n'est pas une bataille entre Français
contre Anglais ou Anglais contre Français, mais c'est bien un jugement
entre des droits provinciaux vis-à-vis des droits du gouvernement
fédéral. C'est sûr que,dans ce cas en particulier, la Cour
suprême du Canada a pris le côté du gouvernement
fédéral, a essayé d'appliquer, selon elle, la constitution
de notre pays. C'est peut-être la preuve encore plus vibrante que c'est
le temps plus que jamais de l'adapter, cette constitution de notre pays, pas
aux personnes qui vivaient dans ce pays il y a 110 ans, mais bien aux personnes
qui vivent, aujourd'hui même, dans ce pays.
Hier, si j'ai présenté une motion non annoncée pour
demander aussi la collaboration des autres provinces canadiennes qui sont,
comme nous, comme le Québec, comprises dans ce jugement, je n'ai pas
voulu attendre le rapport d'un quelconque comité ad hoc ou quelque chose
comme cela avant d'agir. Pour moi, on doit s'élever au-dessus des lignes
de partis dans cette question particulière, puisque tous les partis
politiques au Québec veulent à peu près la même
chose dans cette juridiction de câblodistribution. Il faut surtout que
les hommes politiques, canadiens en particulier, arrêtent de se cacher
derrière les juges de la Cour suprême, et que les hommes
politiques canadiens et provinciaux prennent leurs responsabilités et
puissent négocier véritablement où sont les juridictions
du pouvoir central et des pouvoirs provinciaux. Il y va, dans ce jugement, de
l'aspiration normale d'une province, de l'aspiration normale de plusieurs
provinces canadiennes, puisque la plupart des provinces canadiennes sont comme
le Québec, veulent pouvoir administrer leur propre
câblodistribution.
Avant de terminer, je vous dis qu'il y a urgence que les partis
politiques du Québec, sur ce point précis, en tout cas, et sur
beaucoup d'autres, s'arrêtent pour définir ensemble ce qu'ils
veulent pour mener une bataille sur des principes auxquels ils croient.
Là-dessus, je pense bien qu'on pourra facilement, au lieu de lutter
contre quelque chose, lutter ensemble, les Québécois, pour
quelque chose que l'on veut bien défendre. Nous différons, bien
sûr, d'opinion sur ce sujet avec le premier ministre, pas dans les buts
à atteindre, mais dans les méthodes pour atteindre ces buts, la
méthode d'atteindre la pleine jouissance de nos pouvoirs et de nos
juridictions au niveau du Québec, au niveau du Canada.
Avant de terminer, je veux faire appel au premier ministre et retourner
un peu à son congrès d'orientation de ce printemps et lui
demander d'agir comme un vrai et bon gouvernement provincial, tant et aussi
longtemps que le Québec sera une province, de respecter le mandat qu'il
a reçu, et défini aussi par le ministre des Affaires
intergouvernementales, sur le respect de l'autonomie provinciale et
défendre les droits de l'autonomie du Québec dans ses
problèmes particuliers afin qu'ensuite, on puisse s'attaquer
véritablement aux problèmes économiques et essayer de
rendre un peu service à nos Québécois qui attendent des
emplois.
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda,
je vous souligne qu'il faudrait le consentement unanime pour vous donner le
droit de parole.
M. Samson: M. le Président, sur un sujet aussi important,
je demande le consentement unanime.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
Le Président: Vous avez le consentement, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci.
M. le Président, par principe, et ce depuis toujours, je n'ai
jamais, d'une façon ou d'une autre, ni à l'intérieur ni
à l'extérieur de la Chambre, critiqué la décision,
le jugement de quelque instance judiciaire que ce soit. Je ne m'attarderai donc
pas à cette partie de la déclaration ministérielle, mais
je voudrais souligner que le problème qui nous occupe et il
s'agit particulièrement de la câblodistribution est un
problème qui nous occupe depuis longtemps et qui continue de nous
occuper. Il serait trop facile de se cacher autant on accuse les autres
de vouloir se cacher derrière le judiciaire nous aussi
derrière le judiciaire. Lorsqu'un jugement fait notre affaire, tout le
monde est heureux; je pense que c'est normal. Quand le jugement fait notre
affaire, on dit: C'est à cause de la cour qu'on a eu satisfaction et,
quand ce n'est pas en notre faveur, on dit: C'est à cause de la cour que
ça va mal. Ce serait trop facile. Je dis
que nous sommes en plein débat constitutionnel au Canada,
particulièrement au Québec. J'ai fait, vendredi dernier, devant
la commission Pépin-Robarts, des propositions assez concrètes
d'une nouvelle constitution, d'une troisième voie, d'une
redéfinition des juridictions. Je souligne que, dans cette nouvelle
définition des juridictions, je propose que la câblodistribution
relève des provinces. C'est par cette voie-là qu'on va trouver
une solution et non par la voie des procès qui n'en finissent plus et
qui, de toute façon, demandent à quelqu'un de se prononcer sur
une question qui n'est pas claire dans notre constitution actuelle. Elle
pourrait l'être si on voulait bien se donner la main d'une façon
positive, elle pourrait être très claire dans une nouvelle
constitution canadienne. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: Je présume, M. le
député de Beauce-Sud, que le même consentement unanime
existe pour vous.
M. Roy: Avec le même consentement unanime, M. le
Président, j'aimerais apporter quelques commentaires à la suite
de la déclaration ministérielle que vient de faire l'honorable
premier ministre.
Je suis bien conscient qu'il est toujours délicat pour un homme
politique de commenter des décisions qui peuvent être prises par
les tribunaux. Il ne faut pas oublier que si les juges ont à
interpréter la loi, ce sont quand même les hommes politiques et
les Parlements qui adoptent ces lois, et je pense que le Parlement est
l'autorité suprême.
Je souscris aux propos que vient de tenir l'honorable premier ministre;
j'ai bien dit aux propos que vient de tenir l'honorable premier ministre dans
cette affaire. Je pense que ceux qui parlent énormément
actuellement de sauver l'unité canadienne devraient
réfléchir sur l'unité québécoise parce que
je pense que l'unité québécoise est une chose qui devrait
nous préoccuper au préalable. Je trouve un peu déplorables
certains propos que j'ai entendus cet après-midi, à la suite de
cette attitude des juges de la Cour suprême.
M. le Président, dans mon esprit, c'est très clair. Il
s'agit d'une décision politique. C'est purement une décision
politique. Si les Pères de la Confédération étaient
sans doute bien intentionnés, je pense qu'il est permis d'avoir des
doutes sur les intentions des "Beaux-Pères" de la
Confédération.
Le Président: M. le premier ministre, pour votre droit de
réplique.
M. Lévesque (Taillon): Ce sera très bref et en
toute sérénité, pour reprendre les termes du chef de
l'Opposition. En toute sérénité, surtout pour commenter
cet emploi abusif dont j'espère qu'on cessera d'abuser avant
longtemps du mot de "racisme" que certains de nos amis d'en face se sont
permis encore, à commencer par le chef de l'Opposition.
On dirait que c'est un mot dont on ne connaît pas le sens. C'est
facile d'abuser des mots quand on ne sait pas ce qu'ils veulent dire. Le
racisme est le refus d'un autre tel qu'il est. On peut être raciste quand
on refuse un Noir parce qu'il est noir ou un Juif parce qu'il est juif.
Or, je ne refuse ni l'existence, ni le mérite des six juges
anglophones dont j'ai parlé, mais je maintiens qu'ils sont rivés
à une vue et à une interprétation étroitement
fédéralistes et venant d'une seule des
sociétés du Canada des choses qui nous préoccupent,
et que cette vue ou que cette interprétation est culturellement nocive
pour le Québec. Le contraste entre leur attitude et celle des trois
juges québécois du même tribunal, je le trouve terriblement
révélateur. Je ne commenterai que très brièvement
avant de terminer, pas plus longtemps qu'elle ne le mérite, l'allusion
du chef de l'Opposition concernant notre attitude soi-disant totalitaire.
Quand on note qu'un tribunal, en matière constitutionnelle, donc
en matière profondément et essentiellement politique,
réagit selon une ligne de partage culturel aussi brutale, il me semble,
au contraire, que c'est là que se trouve potentiellement un danger pour
la santé démocratique de notre société. En
terminant, en notant les commentaires judicieux du chef de l'Union Nationale,
en m'accordant avec le député de Rouyn-Noranda sur le fait que le
câble va continuer à nous préoccuper et en m'accordant bien
plus encore avec les remarques du député de Beauce-Sud, je tiens
à répéter que ce jugement illustre le péril
vraiment existentiel dans lequel tout un peuple se trouve encarcané de
plus en plus par son statut minoritaire dans un régime politique
dépassé.
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport sur la diffusion des
délibérations parlementaires
M. Burns: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport sur la diffusion des délibérations
parlementaires qui a été préparé par le
comité d'étude sur la diffusion des délibérations
parlementaires.
Le Président: Rapport déposé.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question à
cet effet. N'y aurait-il pas eu lieu que ce document soit déposé
et discuté à la commission de l'Assemblée nationale
normalement, comme cela se fait lorsqu'on étudie les travaux, des
formules ou des problèmes de l'Assemblée nationale?
M. Burns: Je pense qu'on pourrait dire: Qui peut plus peut moins.
Si on le dépose à l'Assemblée nationale, j'imagine que
cela va se rendre à la commission de l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: Mais est-ce que vous entendez convoquer cette
commission pour qu'on puisse en prendre connaissance et en discuter?
M. Burns: Probablement.
M. Lavoie: Est-ce que ce sera avant la fin de la présente
session?
M. Burns: Sans aucun doute. M. Lavoie: Sans doute.
M. Levesque (Bonaventure): Sans aucun doute.
Le Président: M. le ministre d'Etat à
l'aménagement.
Aide-mémoire à l'intention du ministre
d'Etat à l'aménagement
M. Léonard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer copie d'un aide-mémoire qui avait été
préparé à mon intention par un expert-conseil, M.
Auerbach.
Le Président: Document déposé. M. le
député de Beauce-Sud.
Pétition de l'Association des parents
catholiques du Québec
M. Roy: M. le Président, en vertu des dispositions de
l'article 180 du règlement de l'Assemblée nationale, qu'il me
soit permis de déposer à l'Assemblée une pétition
signée par 546 097 citoyens du Québec et présentée
par l'Association des parents catholiques du Québec dont les bureaux
sont situés au 3675, Saint-Hubert, Montréal. Cette association
fondée en 1966 compte 40 000 membres répartis sur tout le
territoire québécois. Le dépôt de cette
pétition est fait conjointement par le député de L'Acadie,
Mme Thérèse Lavoie-Roux, le député de Gaspé,
M. Michel Le Moignan, le député de Rouyn-Noranda, M. Camil Samson
et le député de Beauce-Sud, Fabien Roy. Les signataires de la
présente pétition s'unissent à l'Association des parents
catholiques du Québec pour demander avec instance, premièrement,
que la loi 56 soit maintenue et respectée, ainsi que le financement
à 60% ou 80% à tous les niveaux, y compris le
préélémentaire et l'élémentaire;
deuxièmement, qu'aucune restriction concernant son développement
normal, selon les demandes des différentes régions de la
province, ne soit imposée à ce secteur d'enseignement. C'est
signé par 546 097 citoyens du Québec.
Le Président: Pétition déposée.
Merci, M. le député de Beauce-Sud.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Jeanne-Mance.
Rapport sur l'audition des
mémoires relatifs au livre blanc
sur la consultation populaire
M. Laberge: M. le Président, conformément aux
dispositions de notre règlement, qu'il me soit permis de déposer
le rapport de la commission élue permanente de la présidence du
conseil, de la constitution et des affaires intergouvernementales qui a
siégé les 1, 2, 3, 4, 8, 10, 11, 15, 16, 17, 22 et 24 novembre et
le 1er décembre 1977 pour entendre des mémoires relativement au
livre blanc sur la consultation populaire au Québec. Merci.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Rapports sur les projets de loi privés nos 237
et 260
M. Burns: M. le Président, j'ai deux rapports à
déposer. Le premier concerne le projet de loi no 237, Loi concernant la
ville de Malartic. Le projet de loi, selon le greffier en loi de la
Législature, est conforme à l'avis et l'avis est suffisant.
Cependant, nous dit le greffier en loi, le projet de loi ayant
été déposé après le jour de l'ouverture de
la session, aucun avis n'ayant été publié avant le
dépôt du projet de loi au secrétariat des commissions et
aucun avis n'ayant été publié dans la Gazette officielle
du Québec, il y a lieu de suspendre la règle de pratique à
cet égard. Je fais donc, M. le Président, motion pour que les
règles relativement au dépôt des projets de loi
privés soient suspendues dans le cas du projet de loi no 237.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Est-ce que le leader parlementaire pourrait nous
dire s'il a reçu aussi un avis concernant les règles de
procédure quant aux policiers de Montréal pour les fonds de
retraite?
M. Burns: Si vous voulez patienter quelques secondes, j'y
viens.
M. Bellemare: Merci, vous êtes bien aimable.
Le Président: Est-ce que cette motion pour suspendre les
règles de pratique sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté, M. le Président. Le
Président: Adopté.
M. Burns: Pour répondre à la question du
député de Johnson, j'ai également un rapport fourni par le
greffier en loi, où le projet est considéré comme conforme
à l'avis. L'avis est suffisant, sauf que le projet de loi ayant
été déposé à 13 jours d'ouverture de la
session, et aucun avis n'ayant
été publié avant le jour de ce dépôt,
il y a lieu de suspendre la règle de pratique à cet égard.
Je fais donc motion pour que nous suspendions la règle de pratique
relativement au projet de loi no 260, Loi relative à l'association de
bienfaisance et de retraite des policiers de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Lavoie: ... des avis qui ont été
publiés?
M. Burns: Dans la Gazette officielle du Québec, il y a eu
des avis les 12, 19 et 26 novembre, ainsi que le 3 décembre. En fait, ce
n'est pas arrivé encore, mais il va y en avoir le 3 décembre.
Dans le Journal de Montréal, les 9, 16, 23 et 30 novembre 1977, dans The
Montreal Star, les 7, 14, 21 et 28 novembre. La preuve de publication des avis
dans les journaux sera faite par publication de production des coupures.
Le Président: Motion adoptée, M. le leader
parlementaire du gouvernement. M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: J'aurais une question à poser au leader de la
Chambre, je sais que ce n'est pas le temps de parler de l'article 34, mais
étant donné qu'on parle de bills privés, il y a un bill
privé qui traîne depuis un an, deux ans, on attend qu'on
l'appelle, c'est le bill des communautés grecques de Montréal.
Est-ce qu'il y a une possibilité qu'on l'ait cette année? Vous
pouvez vous informer chez le greffier en loi?
M. Burns: Je m'excuse, je peux m'informer, mais je n'ai pas
actuellement de connaissance pour pouvoir répondre à cette
question. Je vais tenter, d'ici la fin de la séance, de donner une
réponse au député de Saint-Louis là-dessus.
Est-ce que vous pouvez identifier le bill de façon plus
précise?
M. Blank: La communauté hellénique de la ville de
Montréal.
M. Burns: D'accord. Je vais faire vérifier ça et je
tenterai de vous donner, si possible, une réponse avant 18 heures.
Le Président: Rapport déposé.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais, s'il vous
plaît, d'appeler l'article g).
Projet de loi no 39 Première lecture
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement social propose la première lecture du projet de loi
no 39, Loi sur le recours collectif.
M. Burns: J'ai pris connaissance du projet de loi et des notes
explicatives qui sont très longues, parce que le projet de loi est assez
complexe. Je demanderais le consentement de la Chambre pour que le ministre
d'Etat au développement social puisse faire un résumé de
ces notes explicatives, même si ce n'est pas régulier. Si, d'autre
part, on refuse, ça va prendre un certain temps avant...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président... Le
Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure) ... je me permets de réagir
à cette demande qui, normalement, serait très
régulière et orthodoxe de la part du leader du gouvernement, mais
comme le ministre a jugé à propos de donner ces notes
explicatives hier à la télévision, à utiliser les
media avant de déposer...
M. Marois: Question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure):... le projet de loi à
l'Assemblée nationale...
M. Marois: Question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): ... je me demande si cette demande est
fondée.
M. Marois: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, question de
privilège.
M. le ministre d'Etat au développement social.
M. Marois: On m'a dit effectivement que Radio-Canada a
présenté un extrait d'une émission que j'ai
enregistrée si ma mémoire est bonne, à l'automne, quelque
temps après le 15 novembre, au moment où le gouvernement me
confiait le mandat de préparer ce projet de loi. Alors, quand
même... Cela n'a donc aucun lien avec la présentation aujourd'hui
du projet de loi en question.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis bien
prêt à accepter les explications du ministre. Il admettra tout de
même qu'il y a là une coïncidence assez curieuse.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour que le
ministre d'Etat au développement social soit dispensé de lire les
notes explicatives?
Des Voix: Oui.
M. Pierre Marois
M. Marois: M. le Président, je vais donc dégager
seulement les éléments essentiels de ces notes. J'ai donc le
plaisir de déposer le projet de loi 39 en première lecture, qui
introduit le recours collectif. Ce projet de loi comprend trois titres.
Le premier titre, premièrement, exclut l'application du livre
huitième du Code de procédure ci-
vilele recouvrement des petites créancesen
matière de recours collectif; deuxièmement, ajoute un nouveau
livre au Code de procédure qui regroupe toutes les dispositions ayant
trait au recours collectif et attribue à la Cour supérieure une
compétence exclusive en ce domaine; troisièmement, prévoit
que l'exercice du recours doit être, au préalable, autorisé
par le tribunal qui va examiner si certaines conditions sont remplies;
quatrièmement, édicte les règles qui doivent être
suivies lors du déroulement du recours, ces règles ayant pour but
de faciliter l'exercice du recours et de protéger les
intérêts des membres et des parties; cinquièmement, il
concerne le jugement final sur les questions de droit ou de fait qui sont
traitées collectivement. Le jugement lie le membre qui ne s'est pas
exclu et il peut, s'il condamne à des dommages et intérêts,
ordonner que les réclamations des membres soient recouvrées
collectivement, ou fassent l'objet de réclamations
indivi-duelles;sixièmement, ce titre contient des dispositions diverses
pour permettre d'accélérer le déroulement du recours et
informer les membres. Il traite du droit d'une corporation d'être
représentant, de la nécessité pour le représentant
d'être représenté par procureur dûment
mandaté.
Le titre deuxième institue une forme d'aide pour faciliter
l'exercice du recours; notamment, ce titre deuxième contient certaines
définitions. Deuxièmement, il constitue le fonds d'aide en
question au recours collectif, qui a pour objet d'assurer le financement du
recours et indique les règles d'attribution de cette aide.
Enfin, le titre troisième du projet comprend un certain nombre de
dispositions diverses et prévoit notamment que le ministre de la Justice
est responsable de l'application de la loi.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous avons
accepté que le ministre puisse résumer ainsi les notes
explicatives. Pourrait-il cependant nous dire s'il a choisi le "opting out" ou
le "opting in" et s'il a opté également pour l'aide juridique ou
toute autre forme d'aide?
M. Marois: M. le Président, je me demande si... Je peux
bien répondre à ces questions, mais je me demande si on ne
s'engage pas dans un débat sur le projet de loi.
M. Burns: M. le Président, ce n'est pas à ce
stade-ci que ce genre de questions doivent être posées.
M. Levesque (Bonaventure): C'est dans les notes explicatives.
M. Marois: De plus, M. le Président, j'ai fait ce
résumé en extrayant ce qui me semblait être les phrases
clés des notes explicatives. A la lecture, le chef de l'Opposition
officielle trouvera la réponse, très précisément,
aux deux questions qu'il vient de poser.
Le Président: Merci, M. le ministre d'Etat au
développement social.
M. Levesque (Bonaventure): C'est ce qui arrive lorsqu'on
n'accepte que des résumés.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Bellemare: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de lois au nom des
députés.
M. Levesque (Bonaventure): N'y a-t-il pas possibilité
d'avoir une commission parlementaire avant la deuxième lecture?
M. Marois: II y a effectivement possibilité.
M. Levesque (Bonaventure): C'est une invitation au leader du
gouvernement.
M. Burns: Je reçois l'invitation. M. le Président,
je vous demanderais maintenant d'appeler l'article 1.
M. Lavoie: N'y aurait-il pas lieu de faire un retrait de l'ordre
de deuxième lecture et de déférer le projet en
commission?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, il s'agit
d'une chose assez importante. Lorsque l'on veut changer les règles du
jeu, en matière de recours civil, et que l'on touche autant de points
dans le domaine économique, dans le domaine social, dans le domaine
judiciaire, relativement au Code de procédure civile, il me semble qu'on
serait justifié d'avoir une réponse claire et précise et
que l'on puisse permettre de venir à ceux qui ont à s'exprimer
sur ce projet de loi. Nous ne voulons pas être dans la position d'avoir
à nous prononcer en deuxième lecture avant d'avoir entendu les
parties.
M. Burns: M. le Président, je viens de discuter avec le
ministre d'Etat au développement des affaires sociales... au
développement social. Je m'excuse, j'ai de la difficulté à
posséder le titre de ce ministre. C'est mon erreur.
M. Lavoie: Voulez-vous le diagramme?
M. Burns: Non, je l'ai le diagramme, ne vous en faites pas. Mais
je peux dire tout simplement qu'après avoir parlé avec le
ministre d'Etat au développement social il m'informe que c'est son
intention et je n'ai aucune objection, comme leader du gouvernement,
à suivre cette intention que, dès le début de
l'année 1978, il puisse y avoir une commission parlementaire où
il y aura consultation relativement à ce projet de loi.
M. Lavoie: II faudrait qu'il y ait avis dans la Gazette
officielle, suivant la procédure normale.
M. Burns: C'est vrai, on va s'occuper de cela, ne vous
inquiétez pas.
M. Lavoie: Est-ce que vous révoquez l'ordre de
deuxième lecture?
M. Burns: Non, on verra à cela, ne vous inquiétez
pas.
M. Lavoie: Est-ce que vous vous comprenez un peu?
M. Burns: Oui, c'est vous qui ne vous comprenez pas. Ce matin,
d'après la façon dont vous discutiez le livre blanc sur la
consultation populaire, je me demandais si vous l'aviez lu.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Une question pertinente.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Le leader nous dit que, dès le début de
l'année prochaine, il y aurait une commission parlementaire pour
entendre les parties sur ce projet de loi. Il faut bien que ces parties soient
invitées ou soient mises au courant qu'il va y avoir une commission
parlementaire pour qu'elles puissent préparer un mémoire. Pour
cela, il y a une procédure normale dans notre règlement qui
veut...
M. Burns: En temps et lieu.
M. Lavoie: ... qu'on défère un projet de loi
après la première lecture et qu'il y ait avis de trente jours
dans la Gazette officielle, c'est aussi clair que cela.
M. Burns: C'est cela. Oui, en temps et lieu.
M. Lavoie: C'est aussi clair que cela, c'est aussi transparent
que cela, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle, je ne crois pas que le leader parlementaire du gouvernement se soit
interdit de revenir aux règles du jeu en temps et lieu, comme il a dit,
plus tard.
M. Burns: En temps et lieu. M. le Président, je vous
demanderais...
M. Levesque (Bonaventure): C'est un caprice.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Ce n'est pas un caprice, ce sont des précautions
justement normales. On nous auccuse constamment, et faussement d'ailleurs, de
faire de l'improvisation. C'est justement parce que je ne veux pas faire
d'improvisation que je ne me rends pas immédiatement à la
suggestion.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
s'il vous plaît!
M. Lavoie: Vous ne faites pas d'improvisation, vous ne faites
rien.
M. Burns: C'est votre meilleure, cette semaine.
M. Blank: ... en arrière.
M. Lavoie: Même le lieutenant-gouverneur est en
chômage. Il ne sanctionne pas de loi.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: J'aurais bien le goût de faire le bilan des six
années et demie que j'ai passées à votre siège.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement...
M. Burns: J'aurais bien le goût de cela. Le
Président: M. le leader parlementaire...
M. Burns: J'aurais bien le goût de cela, sauf que j'ai
l'impression que je manquerais à mon mandat.
M. Blank: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, nous sommes, je pense... Oui,
si on faisait le bilan des six années de ce gouvernement, cela prendrait
deux ou trois minutes, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement...
M. Levesque (Bonaventure): 600 lois.
M. Burns: Peut-être que oui, peut-être que non.
M. Lavoie: La baie James.
M. Burns: On ne le sais pas, des fois que... au cas où...
si jamais...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Reprenant mon sourire, M. le Président, je vous
demande de passer à la présentation je pense que nous y
étions des projets de loi au nom des députés. Je
vous demanderais d'appeler l'article e) au nom du député de
Rouyn-Noranda.
Projet de loi no 237 Première lecture
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda
propose la première lecture du projet de loi no 237, Loi concernant la
ville de Malartic. Cette motion de première lecture sera-t-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Motion de renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Burns: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit déféré à la commission des affaires
municipales.
Le Président: Motion adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté.
Projet de loi no 260 Première lecture
M. Burns: Si j'avais le consentement de la Chambre, il y a
actuellement en avis, à notre feuilleton, un projet de loi inscrit au
nom de M. Char-bonneau, le député de Verchères, Loi
relative à l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de
la Communauté urbaine de Montréal. Ce projet de loi est
prêt à être déposé. Comme nous allons ajourner
aujourd'hui nos travaux jusqu'à mardi prochain, ce sera peut-être
utile que les membres de l'Assemblée nationale en prennent
connaissance.
Si j'avais le consentement, je proposerais que nous procédions
à la première lecture de ce projet de loi no 260
immédiatement.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? M. le leader
parlementaire de l'Opposition...
M. Bellemare: M. le Président...
M. Lavoie: Vu la très haute estime que nous avons pour le
député de Verchères, nous allons donner notre
consentement.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: C'est simplement pour faire remarquer que, dans la
même séance, nous aurons eu le préavis que nous a
donné tout à l'heure le leader du gouvernement au sujet des
restrictions qui ont été imposées et que là nous
aurons tout de suite la première lecture. Ce n'est pas tout à
fait normal ni régulier...
M. Burns: Je vous demande le consentement. Je n'ai pas
d'objection; si vous voulez attendre à la semaine prochaine, cela ne me
dérange pas.
M. Bellemare: Moi non plus, au contraire, c'est un bill qui m'a
rendu énormément...
M. Burns: Etes-vous d'accord ou pas d'accord? Etes-vous
d'accord?
M. Bellemare: Je suis d'accord.
Le Président: M. le député de
Verchères propose à l'ordre, s'il vous plaît!
la première lecture de la Loi relative à l'Association de
bienfaisance et de retraite des policiers de la Communauté urbaine de
Montréal.
Il s'agit du projet de loi no 260. Est-ce que cette motion de
première lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté, M. le Président.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Motion de renvoi à la commission de la
justice
M. Burns: M. le Président, je propose que ce projet de loi
no 260 soit déféré à la commission parlementaire
des affaires municipales.
Le Président: Motion adoptée?
M. Lavoie: Ce n'est pas à la justice? Au lieu d'être
aux affaires municipales, ne serait-il pas mieux que ce soit à la
commission de la justice?
M. Burns: M. le Président, j'amende ma propre proposition,
sauf que, dans le passé, cela a toujours été aux affaires
municipales, quoique cela pouvait varier. Je suis d'accord avec le ministre de
la Justice que, possiblement, cela devrait être à la commission
parlementaire de la justice. J'aimerais amender ma proposition en ce sens. Je
propose donc que le projet de loi no 260 soit déféré
à la commission parlementaire de la justice.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, relativement à ce
projet de loi, est-ce qu'il serait possible d'obtenir, avant de procéder
à l'étude en commission, une évaluation de la Régie
des rentes des propositions contenues dans ce projet de foi? On se souvient que
la Régie des rentes est responsable de l'administration de la Loi des
régimes supplémentaires de rentes. J'ai l'impression, connaissant
un peu les antécédents de cette loi, qu'il faudra se prononcer
sur une dérogation au régime général prévu
par la Loi des régimes supplémentaires de rentes. Il serait utile
de savoir jusqu'à quel point il s'agit d'une dérogation.
M. Burns: Je vais consulter là-dessus, pour essayer de
donner suite à la suggestion du député de Saint-Laurent,
mes deux collègues, le ministre
de la Fonction publique et le ministre de la Justice et j'essaierai de
vous donner une réponse, autant que possible, satisfaisante la semaine
prochaine.
Directive concernant le dépôt d'un
document
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour adopter
l'amendement apporté?
M. Lavoie: Oui.
Le Président: Adopté. Avant de passer à la
période des questions orales, je voudrais, pour les fins
peut-être, je ne le sais pas, de la période des questions,
émettre la directive qui m'a été demandée hier
relativement à la demande qui a été formulée
à l'intention de M. le ministre de l'Education pour le
dépôt d'un document. En vue de la décision que j'ai
à rendre, j'ai dû examiner autant les questions de
règlement que les faits.
Pour les questions de règlement, l'article 177 est très
précis et je le cite: "Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en
partie, un document, il peut être requis sans autre formalité de
le déposer immédiatement, à moins qu'il ne déclare
qu'il est contraire à l'intérêt public de le faire".
L'article 696 de l'ancien règlement qu'on a cité abondamment hier
est encore plus explicite, sauf que je noterai que l'article 696 ne parlait que
de documents publics, alors que notre article 177 ne parle que de documents
tout court. Les notes au bas de l'ancien article 696 évoquent les
auteurs, la doctrine et les précédents qui illustrent bien qu'on
ne peut en sortir. Un ministre qui cite un document doit le déposer
lorsque requis, à moins qu'il ne déclare qu'il est contraire a
l'intérêt public de le faire. Voilà qui est suffisamment
clair pour qu'on ne disserte pas davantage sur l'interprétation de
l'article 177.
Les faits maintenant. Si on examine de près les faits qui se sont
produits hier, on doit, en premier lieu, constater que le ministre de
l'Education a réellement commencé à citer un document. Il
n'y a pas de doute là-dessus. Il se plaçait ainsi dans une
situation où on pouvait exiger le dépôt du document. Le
problème, s'il en existe un, est de savoir quel document le ministre a
cité en partie. Il faut se référer à la
transcription du journal des Débats d'hier pour tenter d'obtenir la
réponse. Je me réfère aux feuillets R/6471 à R/6476
de la transcription pour en détacher quelques extraits.
La première évocation du document faite par le ministre de
l'Education se lit ainsi: "M. Morin (Sauvé): La première
étape a consisté à faire appel immédiatement aux
conseils du Comité de sécurité de la faculté des
sciences et de génie de l'Université Laval. Le verdict du
comité m'est parvenu". "M. Lavoie: Combien de pages a votre
document?"
La réponse de M. Morin (Sauvé): "Une page". Je me
réfère au feuillet R/6472, à la page 1.
Immédiatement après avoir évoqué ce document
d'une page, le ministre de l'Education ajoute: "Me permettez-vous, M. le
Président, de vous donner lecture du rapport du comité de
sé- curité pour vous montrer à quel point cette question
est importante, etc?" Ceci apparaît au feuillet R-6472, à la page
1.
Jusqu'à maintenant, c'était donc évident que le
ministre de l'Education entendait citer un bref document d'une page, et de deux
pages, a-t-il précisé par la suite. C'était le rapport
dudit comité de sécurité. Cependant, quelques instants
plus tard, le ministre a fait une affirmation qui a suscité le
débat que nous avons connu: "M. Morin (Sauvé): M. le
Président, j'ai cité un extrait d'un long document. Comme vous
pouvez le voir, il comporte un certain nombre de pages. M. le Président,
j'aviserai, au cours des prochaines heures, si je puis le déposer ou
pas", etc. Ceci apparaît à la transcription R/6473 à la
page 1.
C'est alors que le député de Rouyn-Noranda a
demandé le dépôt du document. Immédiatement, le
ministre de l'Education a déclaré: "M. le Président, je
pense qu'effectivement je peux déposer le document que je suis en train
de citer. C'est le rapport du comité de sécurité de la
faculté des sciences et de génie de l'Université Laval" Le
ministre a déposé un document de deux pages. Il a
immédiatement spécifié, suite à certaines
protestations, que ce document était inclus dans un rapport plus vaste
sur la question.
Question de fait, je me dois de constater que, dès le
début, le ministre de l'Education a annoncé qu'il allait citer ou
donner des extraits du rapport du comité de sécurité de la
faculté des sciences et de génie de l'Université Laval. De
fait, il a commencé à le citer, s'il ne l'a pas fait au
complet.
Vu que demande lui en a été faite, le ministre de
l'Education se devait et se doit encore de déposer au complet le rapport
qu'il avait en main, soit celui du comité de sécurité de
la faculté des sciences et de génie de l'Université Laval,
le tout conformément à l'article 177 du règlement.
C'est là ma décision. Je devrai prendre la parole du
ministre à savoir si le document qu'il a déposé hier est
bien le rapport qu'il avait commencé à citer. Je ne puis exiger
davantage du ministre en vertu du règlement puisque jamais il n'a
parlé de citer autre chose que le rapport dudit comité. S'il y
avait d'autres rapports à l'intérieur de son volumineux dossier,
je ne puis l'inviter à les déposer puisqu'il n'en a fourni aucun
extrait, à moins que ces autres documents ne forment un tout
indissociable qui constitue l'ensemble du rapport du comité de
sécurité, ce que je n'ai pas vu dans les propos tenus hier par le
ministre de l'Education. Même dans ce dernier cas, je ne pourrais imposer
au ministre de déposer ces autres documents à cause de la
déclaration formelle et péremptoire qu'il a faite: "M. le
Président, parmi l'ensemble de documents qui m'ont été
confiés à la suite de ces événements, j'en ai
cité un que j'ai maintenant déposé. Pour ce qui est des
autres documents et ils sont nombreux il n'est pas dans
l'intérêt public de les déposer."
Considérant donc que je dois prendre la parole du ministre, comme
tout autre membre de cette Assemblée, disant qu'il n'a cité qu'un
document, que ledit document a été déposé au
complet et qu'il n'est pas d'intérêt public de déposer
les
autres documents, je dois statuer que le ministre de l'Education a
satisfait hier aux prescriptions de l'article 177 de notre règlement. Je
vous remercie.
Période de questions orales.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je voudrais vous demander une directive, M. le
Président, pour l'avenir. Vous venez de rendre une décision que
je respecte, mais il y aura peut-être d'autres questions semblables qui
se présenteront. Lorsqu'un ministre citera, en partie, un document qu'il
a en main, au vu et su de tout le monde, et qu'on lui demandera de le
déposer, qu'il en détachera une partie et qu'il ne
déposera que cette partie, devra-t-on conclure que l'article 86 de notre
règlement s'appliquera, à savoir qu'il y a possibilité de
division d'une affaire, division d'un projet de loi, division d'une motion?
Mais, dans la division d'une affaire, je n'ai jamais vu, jusqu'à
maintenant, de division d'un document qui apparaît aux yeux de tout le
monde; je n'ai jamais vu cela. Je vous demande de quelle façon on
pourra, à l'avenir, interpréter et l'article 77 et l'article 86.
Il y a eu, selon mon interprétation nous sommes une centaine de
témoins à l'avoir vu faire division d'un document. Je vous
demande si, à l'avenir, il sera permis à un ministre de
déposer une partie de document et attendre une dizaine de minutes par la
suite pour déclarer qu'il n'est pas d'intérêt public de
déposer le document alors qu'il aura été
déposé selon le procès-verbal du 30 novembre 1977,
document de session no 4.89. C'est là la directive que je vous demande,
M. le Président.
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda,
j'indique immédiatement, à la suite de votre demande de
directive, que l'article 86 de notre règlement ne saurait trouver
d'application en l'occurrence. Il est une règle, cependant, qui devrait
toujours s'appliquer à l'Assemblée nationale, c'est qu'on doit
toujours prendre la parole des membres de l'Assemblée nationale. D'autre
part, je vous indique immédiatement que tous ces cas seront
forcément des cas d'espèce parce qu'il y aura à distinguer
entre ce qui constitue un dossier en soi et un document faisant partie d'un
dossier.
M. le chef de l'Opposition officielle.
Période de questions orales.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Perquisition de la SQ aux quartiers
généraux du Parti libéral du Québec
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre de la Justice. Le ministre de la Justice est-il au
courant qu'hier, à Montréal, au no 460 de la rue Gilford, aux
quartiers généraux du Parti libéral du Québec, des
officiers de la Sûreté du Québec seraient entrés
avec un mandat de perquisitionner les locaux du Parti libéral du
Québec.
Est-ce que le ministre de la Justice... et s'il y en a qui trouvent cela
trop drôle...
M. Lavoie: Le journaliste du Jour, mentionnez-le donc.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre de la
Justice... Est-ce que le leader parlementaire du gouvernement veut associer
cette opération à celle dont on s'est plaint collectivement
relativement à l'intrusion ou l'effraction par la GRC des locaux du PQ?
Est-ce qu'il veut, à ce moment-ci, associer cette opération
à celle sur laquelle je pose des questions? Je demande au ministre de la
Justice s'il a autorisé que quelqu'un au ministère de la Justice
demande l'émission d'un mandat pour perquisitionner les quartiers
généraux du Parti libéral du Québec.
Le Président: M. le ministre de la Justice. M.
Bédard: M. le Président, je viens d'être...
M. Bellemare: Est-ce que le ministre de la Justice me permet
d'ajouter les mêmes questions?
M. Levesque (Bonaventure): C'est la même question.
M. Bellemare: C'est la même question.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, s'il n'y a pas consentement unanime, je dois laisser... M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale, je vous autoriserai à formuler une
question après le chef de l'Opposition officielle. M. le ministre de la
Justice.
M. Bédard: M. le Président, je viens d'être
informé de cette opération policière à laquelle se
réfère le chef de l'Opposition. Je comprends très bien
qu'il pose la question aux fins d'avoir des informations. Il me semble que
c'est la même chose concernant l'Union Nationale.
M. Bellemare: Certainement.
M. Bédard: J'ai demandé qu'on me donne les
informations à savoir dans le cadre de quelle enquête en fait
aurait pu être obligatoire cette perquisition à laquelle se
réfère le chef de l'Opposition. Si vous voulez retenir votre
question, peut-être quelques minutes...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne
retiendrai aucune question. Mais je vais poser une autre question au ministre
de la Justice. Est-ce qu'il est en train de me dire et qu'il est en train de
dire à cette Chambre que comme procureur général il n'est
pas au courant d'une opération à l'intérieur de son
ministère où des policiers sous sa juridiction et des procureurs
et substituts du procureur général aient autorisé de
telles perquisitions vis-à-vis des principaux partis politiques et cela,
sans sa connaissance?
Est-ce qu'il est en train de nous dire cela? Est-ce qu'il peut ajouter
dans sa réponse si on a
également songé chez ces policiers à faire le
même genre de perquisitions aux bureaux du Parti
québécois?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je comprends que vous posiez cette question.
J'ai demandé des informations et je vais, dans quelques minutes, je
l'espère, pouvoir répondre en bloc à toutes vos questions.
C'est tout ce que je vous dis.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, une question
additionnelle. Je vous poserai également ces questions.
M. Bédard: D'accord, allez-y.
M. Levesque (Bonaventure): Mais je ne peux pas faire autrement
qu'être révolté que vous ne soyez même pas au courant
de ce qui se passe dans votre ministère et de choses aussi graves que
celles-là.
M. Bédard: II y a une chose, c'est que le ministre de la
Justice n'est pas un policier. Si vous vous mêliez aux enquêtes
policières, le ministre de la Justice, à l'heure actuelle, ne
veut pas se mêler aux enquêtes policières. Je crois que les
policiers ont un devoir à faire qui est leur action policière. Je
ne commencerai pas à jouer au policier, sauf que, si les policiers
prennent une décision...
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle.
M. Bédard: ... ils auront à la justifier.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question
additionnelle.
Une Voix: Ils vont jusqu'à applaudir.
M. Levesque (Bonaventure): On est en train d'applaudir, de
l'autre côté, à une réponse à une question
aussi grave. Je pose la question suivante au ministre de la Justice: Lorsqu'il
parle de l'action policière, soit, mais lorsque l'on parle d'un
substitut du procureur général, c'est-à-dire le procureur
général ou l'un de ses substituts, qui va devant un tribunal
demander un mandat de perquisition et que le ministre de la Justice et
procureur général n'est pas au courant lorsqu'il s'agit d'aller
perquisitionner les partis politiques du Québec, n'est-il pas
censé être au courant, à ce moment?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Vous faites un plat avant que ce soit le temps.
Je ne sais pas si c'est un show que vous voulez faire ou encore avoir des
réponses. Moi, je trouve que votre question est très importante.
Je vous ai dit que c'était bien normal que vous la posiez et que vous
ayez des réponses en conséquence. Je vous ai dit que je viens
d'être informé, il y a quelques minutes, qu'une telle
opération policière a été faite. J'ai
demandé des informations. Dès que je les aurai et
j'espère les avoir d'ici à la fin de la période des
questions je vais répondre à toutes vos questions. C'est
cela que vous voulez des réponses, il me semble?
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle. Le
ministre de la Justice...
M. Bédard: C'est bien clair que je n'ai pas
autorisé comme tel l'émission du mandat, parce que je serais au
courant.
M. Lalonde: II n'en a jamais été question? M.
Levesque (Bonaventure): Un instant.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre de la Justice...
M. Lalonde: II n'en a jamais été question?
Le Président: A l'ordre! M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, puis-je vous demander de laisser le chef de l'Opposition
officielle formuler sa question?
M. Levesque (Bonaventure): ... alors qu'il ira se renseigner,
pourra-t-il s'informer auprès de ses officiers, auprès de ses
procureurs, auprès de ceux qui ont conduit cette opération,
pourra-t-il s'informer de la raison qui a fait qu'on a saisi uniquement la
liste ce sont les informations qu'on me transmet des 326 pages de
souscripteurs à la campagne de financement populaire commencée au
printemps de 1977 et se terminant elle vient de se terminer le 29
novembre 1977? En quoi a-t-on servi les intérêts de la justice en
allant cueillir, à l'aide d'un mandat de perquisition, dans les
quartiers généraux du Parti libéral, ce seul document, la
liste des souscripteurs qui, depuis le printemps 1977 jusqu'à
aujourd'hui, comptait 326 pages de souscripteurs qui nous ont aidés dans
notre campagne de financement populaire? C'est la question précise que
je pose au ministre de la Justice.
M. Bédard: Je prends note de votre question. Je
considère que ce sont des questions importantes et c'est normal que vous
les posiez. Je viens d'être informé, et si vous voulez retenir
votre question, j'espère avoir toutes les informations
nécessaires pour pouvoir vous répondre avant la fin de la
période des questions.
M. Levesque (Bonaventure): Je demanderai également au
ministre de la Justice...
M. Bédard: Mais oui, posez-les, vos questions!
M. Levesque (Bonaventure): ... de voir à ce que cette
liste soit retournée aux quartiers généraux avec des
excuses et dans les 24 heures! C'est ce que je demande au ministre de la
Justice.
M. Lalonde: Et sans en faire de copie.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Question supplémentaire. C'est
incompréhensible, des gestes comme ceux-là! Cela nous rappelle la
CAD, quand on a brûlé...
Une Voix: Question!
M. Bellemare: C'est ma question. Est-ce qu'on ne retourne pas
à cette fameuse CAD qui perquisitionnait partout? Chez nous aussi on a
cherché, on a fouillé dans nos dossiers pour trouver des listes
de souscription. C'est révoltant! Avant que la loi no 2 soit
adoptée, on n'avait aucune loi, rien qui empêchait un parti
politique de recevoir des souscriptions lors des appels que nous faisions.
Des Voix: Ah! Ah!
M. Bellemare: Cela vous fait mal en maudit! Certain, ça
vous fait mal!
Le Président: A l'ordre! M. le leader parlementaire. M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale. M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre veut répondre?
M. Bédard: Ecoutez, je pense que je dois demeurer en
Chambre jusqu'à temps que vous ayez fini vos questions, il me semble que
c'est élémentaire. Ce que j'ai demandé, c'est aux
Oppositions de pouvoir retenir leurs questions, quelques minutes, et je vais
aller aux informations de manière à être en mesure de
répondre à des questions qu'il est bien normal de poser.
Le Président: Très bien. Alors...
M. Bédard: Vous pouvez poser des questions...
M. Grenier: C'est notre sûreté.
Le Président: Alors, messieurs, par mesure d'exception,
compte tenu du fait que M. le ministre de la Justice lui-même
reconnaît l'importance des questions et qu'il dit qu'il va pouvoir y
répondre dans quelques minutes, par mesure d'exception je vous
demanderais de passer immédiatement à une deuxième
question. Nous pourrons revenir, on gardera le temps pour revenir à
cela.
M. Lamontagne: M. le Président, tout en acceptant que les
questions soient posées au ministre de la Justice, à ce moment
précis, nous voulons continuer avec certaines questions pertinentes et
qui s'ajouteront à celles auxquelles le ministre répondra plus
tard. Ce n'est pas notre faute s'il n'est pas préparé, s'il ne
sait pas ce qui se passe.
M. Lalonde: M. le Président, une question
additionnelle.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: ... je ne vois pas en quoi on peut me reprocher
le fait que la police, la Sûreté du Québec, ayant à
traiter d'un dossier, ait pris les décisions qu'elle croyait s'imposer.
J'évaluerai jusqu'à quel point la Sûreté a pu
prendre les bonnes décisions. Mais ce que je vous ai dit tout à
l'heure, je ne commencerai pas le petit jeu de me mêler de toutes les
enquêtes policières, sinon de m'informer d'une façon
globale comment les enquêtes se poursuivent. Mais je ne suis pas, je vous
l'ai dit tout à l'heure...
M. Levesque (Bonaventure): Une question de privilège, M.
le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je m'élève. M. le
Président, avec toutes l'indignation dont je suis capable, mais avec la
sérénité qui s'impose, contre les propos que vient de
tenir le ministre de la Justice relativement à l'importance qu'il
attache à ce genre de perquisition, dans ce genre d'opération
touchant les partis politiques au Québec, qui sont les derniers renforts
de la démocratie.
M. Bédard: Une question de privilège, M. le
Président.
M. Levesque (Bonaventure): C'est ce qui est important et qu'on
semble ne pas comprendre de l'autre côté.
Le Président: M. le ministre de la Justice, je fais appel
à la collaboration de tous les membres de l'Assemblée. Il y a
encore un rempart de la démocratie et c'est l'Assemblée nationale
elle-même. M. le ministre de la Justice, sur votre question de
privilège.
M. Bédard: Question de privilège, M. le
Président. Le chef de l'Opposition a laissé entendre que j'aurais
dit que je n'attachais pas d'importance à une telle décision qui
aurait pu être prise par les autorités policières.
M. Levesque (Bonaventure): Vous vous rappelez ce que vous avez
dit?
Le Président: M. le chef de l'Opposition, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Au contraire, je crois que j'y attache une
importance primordiale puisque j'ai dit que les questions de la part du chef de
l'Opposition étaient tout à fait normales, tout à fait
justi-
fiées, que tout simplement j'irais aux informations.
Effectivement, je ne peux pas avoir évalué jusqu'à quel
point il était important ou pas pour la Sûreté du
Québec de faire la perquisition à laquelle vous vous
référez, puisque je viens de vous dire que j'ai été
informé de cette perquisition il y a seulement quelques minutes, comme
les membres de cette Assemblée nationale.
M. Lalonde: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre de la Justice veut affirmer de
son siège qu'il n'a jamais été question non pas avec les
policiers, on ne demande pas au ministre de la Justice de jouer à la
police, mais de s'occuper des procureurs de la couronne avec les
procureurs de la couronne, avec les sous-ministres associés aux affaires
criminelles ou ses assistants, de la possibilité de perquisition au
Parti libéral?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je puis vous affirmer clairement qu'il n'a pas
été question de cette perquisition aux locaux du Parti
libéral, c'est très clair. Il s'agit, vous l'avez dit tout
à l'heure, d'une enquête qui a été faite, qui semble
se faire en plein jour, d'une perquisition qui a été faite avec
un mandat. Je vais aller aux informations. La Sûreté du
Québec n'a certainement pas pris une décision comme
celle-là à peu près, parce que ce serait inconcevable.
J'imagine très clairement que cela doit être dans la
poursuite normale d'une enquête qui est en cours. Je tiens à vous
dire qu'il y a bien des dossiers et vous le savez, comme ex-solliciteur
général d'enquête sur lesquels nous discutons avec
les policiers, les autorités de la Sûreté du Québec,
mais de là à être au courant du fait que vous me soulignez
aujourd'hui, à savoir une perquisition dans les locaux du Parti
libéral, je vous dis sincèrement que je l'ai appris en même
temps que vous.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Comme question supplémentaire, M. le
Président, le ministre pourrait-il aussi prendre des informations quant
aux officiers de la Sûreté provinciale qui questionnent nos
secrétaires sur nos allées et venues? Le ministre doit être
au courant de cela. Ne pensez-vous pas que c'est de la dictature? C'est
épouvantable. Le ministre est responsable de cela. Cela se fait dans nos
propres comtés.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Si vous avez un cas précis où des
policiers...
M. Lamontagne: Cela fait une semaine que vous avez
été avisé.
M. Picotte: M. le Président...
M. Bédard: Laissez-moi terminer. Vous êtes bien
énervésl Normalement, c'est moi qui devrais être
énervé, mais c'est vous tous qui l'êtes.
M. Picotte: M. le Président... M. Bédard:
Prenez votre temps.
M. Picotte: Question de privilège, M. le
Président.
M. Bédard: Laissez-moi terminer ma réponse. Je vais
y venir à votre point. Si vous avez des cas précis où il y
a des agents de la Sûreté du Québec je reprends
votre expression qui ont pu s'informer sur les allées et venues
de secrétaires ou de membres de votre personnel et tout cela,
faites-le-moi savoir. Je sais qu'il y a un député du Parti
libéral qui m'a informé, à un moment donné, qu'un
policier était allé à son bureau. Il y en a
peut-être d'autres aussi qui m'ont informé; je pense qu'il y en a
aussi de l'Union Nationale. Des agents leur ont posé certaines questions
pour savoir exactement l'endroit de leur demeure, s'ils avaient une demeure
secondaire. En fait, il s'agit de renseignements de ce genre aux fins de
pouvoir permettre je m'en suis informé tout de suite au niveau de
la sûreté à la Sûreté du Québec
d'accorder toute la sécurité nécessaire, s'il y a lieu. Ce
furent des questions simplement dans ce sens qui ont été
posées. Il ne faut pas faire une histoire là où il n'y en
a pas.
M. Picotte: M. le Président, justement je voudrais
souligner ceci au ministre de la Justice. Je lui ai moi-même
exposé, il y a quinze jours, concernant un autre collègue qui
m'en avait parlé, une situation bien précise face à cela.
Le ministre de la Justice m'a répondu qu'il vérifierait et qu'il
me donnerait une réponse. Je n'ai pas eu de réponse, mais, par la
suite, une semaine après lui en avoir parlé, déjà
des gens de la Sûreté du Québec importunaient ma
secrétaire et mon épouse chez moi pour avoir toutes sortes de
renseignements, ce qui, je pense, n'est pas normal dans les circonstances.
C'est un cas bien précis. J'aimerais que le ministre de la Justice
puisse me faire la lumière sur ce dont je lui ai parlé, ici en
arrière du "trône", en privé, puisqu'il y a
déjà quinze jours de cela.
M. Bellemare: C'est précis, M. le Président.
Le Président: A l'ordre, M. le leader parlementaire!
M. le ministre de la Justice.
M. Bellemare: Comme cas bien précis, j'ai le mien.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Mon épouse a été
obligée de répondre...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, il y a une question qui a été formulée au
ministre de la Justice par M. le député de Maskinongé. Je
vous demanderais, M. le leader parlementaire de l'Union Nationale... M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale, s'il vous plaît!
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je l'ai dit tout
à l'heure: Tant le député libéral qui vient de se
lever que d'autres députés au niveau de l'Union Nationale
je n'ai pas tous les noms en tête m'ont signalé cette
situation de membres de la Sûreté qui étaient allés
à leur bureau c'est la même chose au niveau des
députés du Parti québécois pour prendre
certaines informations.
C'est une série de questions qui visent à savoir
exactement l'adresse, si le député a une résidence
secondaire, et toutes sortes d'autres renseignements dans ce sens, mais dans le
but de pouvoir et c'est l'explication qu'on m'a donnée au niveau
de la Sûreté du Québec si c'est nécessaire,
assurer le mieux possible la sécurité de l'ensemble des membres
de l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Sécurité, est-ce que notre
sécurité est en danger? Est-ce un état de crise?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Notre protection, sur la rue Ontario!
M. Marchand: On n'a pas besoin de vous autres pour notre
sécurité!
M. Bédard: II n'y a pas de cachettes là-dedans.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: Cela se fait au grand jour, il n'y a pas de
cachettes, vous vous énervez pour rien!
M. Lalonde: Si notre vie est en danger, il faudrait nous le dire!
On ne s'est pas plaint, nous autres, de la sécurité!
M. Marchand: On n'a pas besoin de vous autres! Cela prend une
réponse d'un gars qui ne s'occupe pas de sa famille!
M. Bédard: Si vous avez des cas où des membres de
la Sûreté sont allés, autrement dit, cueillir des
renseignements dans le sens de ceux que je viens de vous dire, pour d'autres
fins ou adoptant d'autres attitudes, vous n'avez qu'à me les signaler.
Cela se fait au grand jour et c'est tout.
M. Picotte: M. le Président. M. Gratton: M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît, M. le
ministre de la Justice!
M. Samson:... comme je n'ai pas été visité
par la police, je commence à avoir peur pour ma sécurité.
Je voudrais demander au ministre de la Justice, qui nous a dit tantôt
qu'il prendra tous les renseignements pertinents pour nous donner une
réponse, s'il veut, en même temps, informer les fonctionnaires de
son ministère que la loi 2, qui régit le financement des partis,
et la partie de la loi 2 qui concerne les souscriptions et les souscripteurs ne
sont pas encore promulguées. Donc, il n'y a personne qui a un droit de
regard sur le financement des partis tant que cela ne sera pas
promulgué. Vous n'avez pas d'affaire là-dedans!
M. Charbonneau: Question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on a prétendu qu'il
n'y avait que les députés de l'Opposition qui avaient
été visités concernant des renseignements sur leur
domicile et sur leurs allées et venues. Je tiens à dire que,
également, dans mon cas et dans le cas de certains de mes
collègues, la question s'est posée et certains d'entre nous avons
accepté de donner, de nous-mêmes, la liste de nos numéros
de téléphone. C'est tout à fait normal que la
Sûreté du Québec puisse jouer son rôle quant à
la sécurité des députés.
M. Charbonneau: Question additionnelle, M. le
Président.
M. Gratton: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de privilège,
M. le Président.
M. Gratton: M. le Président, le ministre de la Justice
disait tantôt que le tout se fait ouvertement et normalement, dans le
plus normal des mondes. Pourrais-je lui souligner mon cas, à moi, que je
ne considère pas du tout comme normal, puisque je n'ai reçu, ni
moi, ni ma famille, ni ma secrétaire de comté, la visite de la
Sûreté du Québec. Par contre, au moins deux personnes m'ont
dit avoir été questionnées à mon sujet, sur des
déclarations que j'aurais faites à Montréal, en
particulier, par des agents de la Sûreté du Québec. Je suis
bien
prêt à donner tous mes numéros de
téléphone, mes adresses et à parler à n'importe
quel agent de la Sûreté du Québec, s'il veut bien, au
moins, avoir la courtoisie de venir me rencontrer. Mais aller voir mes
collaborateurs, par exemple, cela n'est pas agir ouvertement et normalement,
dans l'état normal des choses, et je le souligne à l'attention du
ministre pour qu'il aille aux renseignements, à la Sûreté
du Québec, à ce sujet.
Le Président: M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de privilège,
M. le Président. Je tiens à informer les membres de cette Chambre
que, moi aussi, il y a environ deux semaines, j'ai reçu la visite,
à mon bureau de comté, au 372 rue Saint-Dominique, à
Jonquière, d'un policier de la Sûreté du Québec qui
s'est dûment identifié, qui a montré son numéro
d'immatriculation et qui a posé toutes sortes de questions de
façon à pouvoir assurer la sécurité non seulement
du député de Jonquière mais de tous les membres de
l'Assemblée nationale. Tous les renseignements en question lui ont
été volontairement donnés, avec la collaboration non
seulement des secrétaires mais du député.
M. Charbonneau: Question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Question additionnelle, M. le Président. Le
ministre, tantôt, en réponse, à la question que j'ai
posée, à savoir s'il n'avait jamais entendu parler de la
possibilité d'une perquisition, a dit qu'il n'avait pas entendu parler
de cette perquisition, en se référant à celle d'hier.
Mais est-ce qu'il n'a jamais été question au
ministère de la Justice, soit par ses sous-ministres ou les procureurs
de la couronne, de perquisitionner au Parti libéral depuis qu'il est
là?
M. Bédard: C'est ce que je vous dis: II n'a pas
été question de perquisitionner au local du Parti libéral
dont vous m'avez indiqué l'adresse tout à l'heure. C'est clair?
C'est cela!
M. Lalonde:... sous-ministre.
M. Bédard: Au niveau du sous-ministre, je ne vois pas.
Vous me demandez s'il a été question de perquisitionner dans des
locaux de partis, que ce soit le Parti libéral ou l'Union Nationale.
Non, il n'en a pas été question avec moi. Ecoutez, si vous voulez
me donner le temps, je vais aller m'informer afin de vous renseigner sur les
questions que vous avez posées tantôt. Je ne sais pas si vous les
trouvez toujours importantes.
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre de la Justice
ne voudrait pas, en même temps qu'il va s'informer, demander pourquoi on
a laissé passer plus d'un an depuis que le ministre de la Justice a la
responsabilité du ministère? Quel est l'événement,
qu'est-ce qui a amené le substitut du procureur général
à aller devant le tribunal, il y a deux jours, pour demander un mandat
de perquisition dans les locaux du Parti libéral et dans les locaux de
l'Union Nationale? Pourquoi a-t-il semblé exempter le Parti
québécois d'une telle procédure? Est-ce que les millions
du Parti québécois sont d'une autre nature? Les millions que le
Parti québécois va mettre sur le référendum, c'est
d'une autre nature?
Que se passe-t-il dans ce gouvernement et au ministère de la
Justice?
M. Bédard: Ce que je vous ai dit, c'est que...
M. Charron: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre.
M. Charron: Je pense que le ministre de la Justice a
déjà offert à trois reprises, à une question par
trois fois répétée par le chef de l'Opposition et ses
collègues, d'aller chercher l'information nécessaire avant la fin
de la période des questions. Il y a déjà 25 minutes
d'écoulées dans cette période de questions sur une seule
et unique question. Le ministre s'engage à fournir la réponse
avant la fin de la période de questions, mais il me semble, M. le
Président, qu'il y a d'autres sujets également. Si la parole
donnée par le ministre de la Justice d'aller chercher cette information
paralyse l'Assemblée, cela n'a plus aucun sens.
M. Gratton: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lavoie: Je pense bien que le député de
Saint-Jacques est malvenu d'invoquer le règlement. Il y a eu, dans le
passé, plusieurs circonstances où il y a eu des questions, tout
en étant importantes, de beaucoup moins d'importance que celle dont la
Chambre est saisie actuellement. C'est la première fois au
Québec, depuis que le système parlementaire existe avec les
partis politiques qui existent, qu'il y a eu une telle perquisition avec saisie
de documents. Mais il est tout à fait normal et cela se fait tous
les jours lorsque le ministre prend avis d'une question qu'on lui pose
souvent deux ou trois questions additionnelles pour permettre au ministre de
répondre d'une manière complète.
En l'occurrence, je crois que le chef de l'Opposition officielle
était tout à fait bienvenu de poser toutes les questions
additionnelles désirées et désirables, et nous allons
exiger du ministre une réponse complète et globale. Et si le
ministre n'est
pas prêt, à cause de l'importance de la question, nous vous
demandons, M. le Président, de suspendre les travaux de
l'Assemblée.
M. Charron: M. le Président, nous sommes d'accord pour la
suspension des travaux de la Chambre.
Le Président: Comme il y a consentement à
l'ordre, s'il vous plaît! disons, M. le ministre de la Justice,
que les travaux de l'Assemblée sont suspendus pour à peu
près quinze minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 34)
Reprise de la séance à 16 h 8
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Nous
allons maintenant reprendre la période de questions orales et je vous
signale qu'il reste quinze minutes à cette période de
questions.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, avec les renseignements
que j'ai présentement, je voudrais informer la Chambre qu'effectivement
des perquisitions légales ont été effectuées depuis
quelques jours à différents endroits, y compris des locaux de
partis politiques et ailleurs aussi.
D'ailleurs, d'autres perquisitions viendront encore. Ces perquisitions
légalement autorisées ont été effectuées
dans le cadre d'une enquête qui se poursuit depuis plus de deux ans
relativement à des activités de la Société des
alcools du Québec et relativement également...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: ... à un système de corruption
qui a prévalu pendant plusieurs années au Québec. Les
agents chargés du dossier ont demandé les documents qui leur
semblaient nécessaires pour les fins de leur enquête concernant
ces actes criminels. Comme dans tous les cas de cette nature, les documents qui
seront jugés finalement inutiles ou non pertinents seront
retournés. Quant à ceux qui sont absolument essentiels, copie en
sera remise à leur propriétaire. Comme il s'agit d'une
enquête relative à des actes criminels et que cette enquête
se poursuit, je me limiterai à ces commentaires.
Sauf que je dois ajouter ce qui suit: Les perquisitions
effectuées avec un mandat régulier, au grand jour, sont, vous le
savez, souvent des éléments essentiels de toute enquête
sérieuse dès qu'il s'agit d'actes criminels. Il n'y a personne,
dans de telles circonstances, qui puisse se prétendre au-dessus des
lois, pas même les partis politiques quels qu'ils soient.
Enfin, je puis vous redire que, si généralement
j'étais au courant de la marche de ce dossier de la Régie des
alcools du Québec, je n'étais pas au courant de cette
perquisition aux locaux des partis politiques dans cette enquête
criminelle. Il a paru aussi bien aux officiers du ministère qu'aux gens
de la Sûreté du Québec et qu'au juge de paix
lui-même, qui a émis le mandat, que c'était dans
l'intérêt de la justice d'émettre ce mandat. C'est ce que
j'avais à vous dire.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle. Devant la
réponse du ministre, peut-il me dire maintenant quels sont les partis
politiques dont les locaux ont fait l'objet de telles perquisitions?
M. Bédard: D'après les renseignements que j'ai pour
le moment, ce seraient les locaux du Parti libéral et les locaux de
l'Union Nationale. La Sûreté du Québec, qui est sur ce
dossier, si elle le juge à propos, peut faire des perquisitions dans les
locaux de quelque parti politique que ce soit, je tiens à le dire.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre de la Justice s'est-il
informé si de tels documents qui seraient nécessaires pourraient
être ceux du Parti québécois? S'est-il informé de
cela? Je lui avais demandé tout à l'heure de s'en informer.
M. Bédard: Voulez-vous expliquer le sens de votre
question?
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que cette enquête exclut
d'examiner la liste des souscripteurs du Parti québécois? Est-ce
exclu?
M. Bédard: Elle n'exclut en aucune façon la
possibilité ou la nécessité, si la Sûreté du
Québec le juge à propos au cours de son enquête,
d'étudier les listes de souscripteurs que ce soit du Parti
libéral, du parti de l'Union Nationale ou du Parti
québécois. Dans ce sens, je pense que le chef de l'Opposition va
être d'accord avec moi pour admettre que les partis politiques, quels
qu'ils soient, ne sont pas au-dessus des lois. Si l'intérêt de la
justice le demande dans le cas présent, il y a eu émission
de mandats, la perquisition s'est faite légalement; c'est le juge de
paix qui a émis le mandat à la suite d'une demande bien
précise vous savez très bien que, comme ministre de la
Justice, je ne peux pas faire autrement que vous dire que, quels que soient les
partis politiques, quelles que soient les circonstances ou tout ce que vous
voudrez, la justice doit suivre son cours normal et il en sera ainsi.
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre de la Justice indique-t-il
par sa réponse qu'il a été jugé par les officiers
du ministère de la Justice, que le gouvernement actuel étant au
pouvoir depuis le 15
novembre 1976 jusqu'à aujourd'hui le 1er décembre 1977, il
n'y a pas lieu de voir les listes des souscripteurs, souscripteurs qui ont pu
souscrire au Parti québécois depuis le 15 novembre dernier et
même avant? Cela, d'après ce que je comprends de la réponse
du ministre, ce n'est pas important.
Ce qu'il y a d'important...
M. Bédard: Une question de privilège, question de
privilège.
M. Levesque (Bonaventure): Non, non, je vais continuer à
poser la question. Je n'ai pas touché à un privilège.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, il y a une
question de privilège. M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, le chef de l'Opposition
sait très bien que ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit tout le
contraire. Dans quelque parti politique que ce soit, si la Sûreté
du Québec, pour la poursuite de son enquête concernant des actes
criminels, croit qu'il y a lieu de faire des perquisitions là où
il leur semble à propos de le faire, c'est leur devoir de le faire et de
suivre les moyens légaux comme dans toute enquête, à savoir
c'est ce qu'ils ont fait se présenter devant un juge,
demander l'émission d'un mandat de perquisition à cet effet. Ce
n'est que sur la décision d'un juge qu'ils peuvent donner suite à
ces perquisitions.
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre de la Justice est
responsable de l'administration de la Justice, c'est lui qui, continuellement,
dit que cela a une juridiction provinciale, cela lui appartient,
l'administration de la justice. Je lui pose la question suivante: Est-ce qu'il
est d'avis qu'il est normal que, dans une enquête comme celle qui est
poursuivie présentement, un parti comme le parti
québécois, qui est maintenant au pouvoir depuis le 15 novembre
1976, soit à l'abri jusqu'à maintenant de toute perquisition,
alors que le Parti libéral du Québec et l'Union Nationale sont
présentement dans l'Opposition et que la liste des souscripteurs, qui
ont souscrit au Parti libéral d'une façon démocratique
depuis le printemps 1977 jusqu'au 29 novembre 1977, que cette liste soit saisie
par la police? Est-ce que l'on trouve que c'est normal que l'on continue ainsi?
Est-ce que le ministre de la Justice peut dire que c'est normal, une telle
attitude de la part de ceux qui relèvent de lui?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je puis assurer le chef de l'Opposition, tel
que je l'ai dit tout à l'heure, que si des documents, au cours de ces
perquisitions, ont été pris par la Sûreté du
Québec et qu'ils ne sont pas pertinents à l'enquête, je
l'ai dit tout à l'heure, ils seront retournés. Je l'ai dit
très clairement, de la même façon que je dis que c'est
à la Sûreté du Québec, surtout dans le cadre de son
enquête globale, étant donné qu'il s'agit d'un dossier
concernant des actes criminels, de décider si elle juge à propos
de faire d'autres perquisitions. Je dis, devant les membres de cette
Assemblée nationale, que la Sûreté du Québec, si
elle juge à propos de faire des perquisitions, lorsqu'il s'agit d'actes
criminels, au niveau de tous les locaux de tous les partis politiques, elle a
pleine et entière discrétion là-dessus.
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Trouve-t-il normal et c'est sa
responsabilité encore que, depuis le 15 novembre jusqu'à
aujourd'hui, cela fasse partie de cette grande partie de pêche que l'on
est en train de faire? Le mandat qui a été demandé sous sa
responsabilité, le mandat de perquisition touche des
événements entre le 1er janvier 1964, d'après les
informations que j'ai reçues, le 1er janvier 1964, jusqu'au 29 novembre
1977, pas 1976, 1977. Est-ce que, sous sa responsabilité, il est d'avis
que ses procureurs qui ont demandé un tel mandat avaient de justes
raisons de vouloir aller examiner la liste des souscripteurs du Parti
libéral, souscription qui était publique, souscription qui a
été annoncée, souscription qui a eu lieu depuis le
printemps 1977 jusqu'à aujourd'hui? Est-ce qu'il trouve que c'est sa
responsabilité?
Il ne peut pas s'en cacher. C'est lui qui est responsable des
décisions prises par ses subalternes, par les procureurs de la couronne
ou les substituts du procureur général. Je ne parle pas de la
police à ce moment-ci, elle ne fait qu'exécuter les ordres. Je
parle de ceux qui ont demandé un mandat de perquisition qui va jusqu'au
29 novembre 1977.
M. Bédard: Je vous l'ai dit, la Sûreté du
Québec vous le savez, vous avez déjà
été ministre de la Justice a jugé à propos
de faire des perquisitions, a procédé par la voie normale et
légale, à savoir de demander l'émission d'un mandat.
M. Levesque (Bonaventure): ... Sûreté qui a
demandé l'émission du mandat? Qui a demandé
l'émission du mandat?
M. Bédard: C'est-à-dire par la voie de procureurs,
par l'intermédiaire, j'imagine, de procureurs; c'est ce qui se fait.
M. Levesque (Bonaventure): Qui est votre procureur.
M. Bédard: Cela ne change rien, c'est normal. Pensez-vous
que tous les substituts du procureur général dans le
Québec, toutes les fois qu'ils demandent un mandat de perquisition,
communi-
quent avec le ministère de la Justice? Soyez donc honnête
là-dessus. Vous le savez très bien.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas de leçon
d'honnêteté à recevoir du ministre de la Justice. Question
de privilège.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre de la Justice, à l'ordre! M. le chef de l'Opposition, je
voudrais que vous souleviez avec sérénité votre question
de privilège. Je ne voudrais pas que vous preniez trop de temps parce
que je pense qu'il y a longtemps que le leader parlementaire de l'Union
Nationale voudrait poser une question.
M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je
soulève une question de privilège qui a deux aspects. Le premier
touche ce que vient de dire le ministre de la Justice: Soyez honnête. Je
lui dis immédiatement que je n'ai pas de leçon
d'honnêteté à recevoir, ni du ministre de la Justice, ni
d'aucun de ces honorables membres en face.
Deuxièmement, ma question de privilège touche les
privilèges et les droits des membres de cette Assemblée et, plus
particulièrement, les institutions que représentent les partis
politiques dans notre système démocratique. Lorsque, M. le
Président, on touche à cette institution qui est le dernier
rempart de nos droits démocratiques, cela doit être utilisé
avec infiniment de précaution. Il est inconcevable que le ministre de la
Justice dise qu'il n'était pas au courant; c'est incroyable, M. le
Président! Soit qu'il se cache derrière son...
M. Bédard: Question de privilège, M. le
Président.
M. Levesque (Bonaventure): ... poste de ministre de la Justice ou
qu'il soit absolument inconscient et irresponsable.
M. Bédard: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Encore là, quand j'ai dit à mon
collègue, le chef de l'Opposition, d'être honnête, il sait
très bien que j'employais ce mot en fonction de l'argumentation. Il sait
très bien que tous les procureurs qui représentent le procureur
général, lorsqu'ils ont une perquisition à faire,
lorsqu'ils ont des actes à poser devant les cours, ne communiquent pas
continuellement avec le ministère de la Justice. Il le sait très
bien. C'est là-dessus, M. le Président, que je voudrais, au
niveau de ma question de privilège, rectifier les faits.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, ma question est très
simple. Il est procureur général, de lui dépendent tous
les procureurs généraux adjoints de la province. Un procureur
adjoint a demandé des mandats contre l'Union Nationale et contre le
Parti libéral; est-ce qu'en même temps il y a eu un mandat de
perquisition contre le Parti québécois?
M. Bédard: Ce que je puis vous dire...
M. Bellemare: Je vous demande cela simplement. Il y a eu deux
perquisitions. Oui ou non, est-ce qu'il y a eu véritablement un mandat
de perquisition contre le "P. Quiou? Oui ou non?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bellemare: C'est votre procureur adjoint qui l'a
demandé ce mandat de perquisition.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Ce que je puis vous dire, et je pense que cela
ressort de mes propos précédents, c'est qu'il faut quand
même, comme ministre de la Justice, respecter une enquête
policière qui a lieu sur la possibilité de commission d'actes
criminels.
M. Bellemare: Ma question ce n'est pas oela. Contre ou pour?
M. Bédard: La voulez-vous la réponse?
M. Bellemare: Oui, mais est-ce qu'il l'a fait ou pas?
M. Bédard: Ce que je puis vous dire, et c'est ce qui est
ressorti de mes propos tout à l'heure, si la Sûreté du
Québec croit nécessaire, pour la poursuite de son enquête,
de demander l'émission de mandats de perquisition contre quelque parti
politique que ce soit, elle a la pleine discrétion.
C'est une de ses responsabilités de même que c'est la
responsabilité d'un juge de paix, avant d'accorder l'émission
d'un permis de perquisition, de prendre ses responsabilités. Je voulais
également, dans ma question de privilège, tout à l'heure
je ne l'ai pas souligné, mentionner le fait que le chef de l'Opposition
a dit que c'était incroyable que le ministre de la Justice ne soit pas
au courant. Je voudrais lui rappeler ce que j'ai dit textuellement.
J'étais généralement c'est clair au courant
du dossier en question de la Société des alcools du
Québec. C'est ce que j'ai dit tantôt. J'aurais bien pu dire qu'il
avait encore une fois changé mes propos. J'étais
généralement au courant, mais je n'étais pas au courant
concernant cette perquisition qui a été faite aux locaux du Parti
libéral à l'adresse qu'a mentionnée tout à l'heure
le chef de l'Opposition.
M. Bellemare: Cela va permettre à ceux du "P.Quiou" de
faire disparaître les listes. C'est cela qui va arriver.
Le Président: Fin de la période des questions. M.
le ministre de la Justice.
A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs! C'est la fin de la
période des questions.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une question de
privilège.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, votre question de privilège.
M. Lalonde: M. le Président, ma question de
privilège relève du propos que le ministre de la Justice vient de
tenir. Il a affirmé, dans sa réponse, que la perquisition et
l'enquête étaient reliées à un système de
corruption qui a prévalu au Québec. M. le Président, ma
question de privilège est la suivante. Comment le ministre de la
Justice, procureur général, s'étant prononcé
publiquement sur le caractère criminel des actes qui, justement,
sous-tendent l'enquête actuelle, pourra-t-il s'assurer, comme procureur
général, que l'administration de la justice sera rendue
correctement? Comment se fait-il que le ministre de la Justice ait pu se rendre
coupable d'un acte d'irresponsabilité comme celui de déclarer
maintenant qu'il s'agit d'un système de corruption? Comment, comme
député, comme membre du Parti libéral qui a subi cette
perquisition, vais-je pouvoir m'assurer que la justice va être rendue, y
compris la présomption d'innocence qui doit quand même continuer
d'exister? Comment le ministre peut-il continuer d'occuper son poste de
procureur général dont il s'est rendu indigne en déclarant
maintenant déjà coupables des gens qui sont l'objet d'une
enquête?
M. Bédard: M. le Président, le député
de Marguerite-Bourgeoys ne semble pas se rendre compte que, dans
l'enquête au niveau de la Société des alcools, ce dont nous
parlons, il y a déjà des accusations qui ont été
portées. Ne sortez pas des limbes. Il y a déjà des
accusations qui ont été portées avant et il y en a eu
encore au cours de l'année. C'est un système de corruption. C'est
cela. Il y a des plaintes qui ont été portées. C'est ce
que je vous dis.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a eu des jugements? L'enquête,
est-ce sur un système de corruption aussi? Ce n'est pas cela que vous
avez dit.
Le Président: A l'ordre! M. le ministre de la Justice. Une
question de privilège ne doit pas soulever de débats.
M. Garneau: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: M. le député de Jean-Talon,
sur votre question de privilège.
M. Garneau: II y a des députés dans cette Chambre
qui peuvent peut-être trouver cela drôle, mais je prends le
ministre des Affaires municipales à témoin que c'est une
séance qui est loin d'être drôle.
M. le Président, je viens d'être mis au courant que, dans
un bulletin de nouvelles publié sur les ondes de
Télémédia, le texte suivant a été transmis
au public. M. le Président, je vais vous lire la nou- velle: "La
Sûreté du Québec a saisi, la semaine dernière et
hier, tous les documents financiers du Parti libéral du Québec et
de l'Union Nationale du Québec dans le cadre de l'enquête
menée sur certaines transactions impliquant la Société des
alcools du Québec. Les policiers ont visité les trusts et bureaux
de ces deux formations politiques amenant avec eux, notamment, la liste des
membres et des fournisseurs de fonds. Selon le mandat de perquisition de la
Sûreté du Québec, les policiers rechercheraient ou
recherchaient des documents permettant d'établir que des contributions
ont été versées à ces partis dans le but
d'influencer l'obtention de contrats de la Société des alcools du
Québec. Un porte-parole de la Sûreté du Québec a
confirmé à Télémédia ces perquisitions, sans
toutefois donner plus de détails sur la nature de l'enquête qui a
commencé il y a environ deux ans alors que la CECO avait entendu des
personnes qui gravitaient dans l'entourage du ministre libéral des
Finances de l'époque, Raymond Garneau.
La période visée par le mandat de la police
s'échelonne sur treize ans, soit du 1er janvier 1964, ou encore de la
fin du régime Jean Lesage où Raymond Garneau était
secrétaire exécutif du premier ministre, jusqu'à ce jour,
c'est-à-dire jusqu'à la fin de novembre 1977."
M. le Président, depuis déjà deux ans et demi ou
trois ans, des rumeurs circulent autour de cette question et ont donné
lieu à des enquêtes. J'ai déjà eu l'occasion de le
dire en cette Chambre, à la suite de questions que posait et de rumeurs
que véhiculait l'actuel ministre de la Justice lorsqu'il était
député de Chicoutimi dans l'Opposition. Je voudrais
répéter et je le déclare de mon siège
que jamais je n'ai été mêlé, ni de près, ni
de loin, à quelque trafic d'influence que ce soit pour l'obtention de
fonds pour le Parti libéral du Québec ou pour moi-même, et
cela ni comme ministre des Finances, ni comme ancien secrétaire
exécutif de l'honorable Jean Lesage.
M. le Président, j'ai dit que, depuis, bientôt trois ans,
il y avait une orchestration de rumeurs et de fuites calculées qui ont
été pratiquées dans le but évident de saper ma
crédibilité en mettant en doute mon intégrité. Je
soumets à l'attention de cette Chambre et à l'attention du
ministre de la Justice, qui a été parmi ceux qui ont posé
des questions en cette Chambre... Je lui demande, sinon je le supplie, parce
que cela va jusque-là, pour moi et pour ma famille et je mets
à part ma carrière politique de vider une fois pour toutes
cette maudite question que je ne peux plus endurer comme homme et comme
père de famille!
Tout le monde sait qu'actuellement il y a une période
particulière qui sévit dans le Parti libéral du
Québec. Je lui demande et le supplie, encore une fois parce que
j'ai des décisions à prendre; je ne veux en aucune façon
nuire ni au Québec, ni à mon parti de faire la
lumière et de porter, s'il y en a, des accusations pour qu'une fois pour
toutes je sache d'où cela vient, parce que je suis tanné de voir
ce genre de rumeurs qui circulent. Je prends à témoin le ministre
des Affaires municipales; il doit me comprendre!
Le Président: Motion non annoncées et avis à
la Chambre.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Motion priant le gouvernement
d'améliorer la qualité de
l'enseignement
de la langue seconde
M. Burns: Je pense qu'avant de donner mes avis il y a
enregistrement de votes, M. le Président. Hier, nous avions
décidé de tenir deux votes, un sur la motion qui a
été présentée par le député de
L'Acadie et l'autre sur une motion d'amendement présentée par le
ministre de l'Education. Alors, je pense que nous sommes rendus à ce
stade.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement, est-ce que vous désirez que je
suspende quelques minutes?
M. Burns: II faudrait bien finir le vote, M. le Président,
si possible, selon nos règlements.
Le Vice-Président: D'accord. Nous sommes devant le nouveau
phénomène. Vous pouvez entrer, M. le chef de l'Union Nationale.
L'appel aux voix n'est pas encore commencé. A l'ordre, s'il vous
plaît. C'est la première fois, je pense, que nous faisons
l'enregistrement des noms sur les votes en suspens comme le mentionne le
nouveau règlement. Nous avons deux votes, deux mises aux voix. L'une sur
la motion d'amendement de M. le ministre de l'Education. Est-ce que cette
Assemblée demande que je lise cet amendement?
Une Voix: Non.
Vote sur la motion d'amendement du ministre de
l'Education
Le Vice-Président: Ou si l'Assemblée est
suffisamment informée. Sur l'amendement à la motion de Mme le
député de L'Acadie, que celles et ceux qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Bédard, Laurin, Morin (Sauvé), Marois,
Landry, Léonard, Couture, Tremblay, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, M.
de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime, Lazure,
Léger, Tardif, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt
(Jonquière), Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme
Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante, Bisaillon, Guay,
Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Clair, Gosselin,
Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher,
Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Le Vice-Président: Contre.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Bonaventure),
Lavoie, Mackasey, Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux,
Larivière, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne,
Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Gratton,
Verreault, Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Goulet, Fontaine, Brochu,
Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Vice-Président: Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 60 Contre: 34
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est adoptée.
Vote sur la motion principale amendée
Mesdames et messieurs, je pense qu'il est de mon devoir de lire la
motion telle qu'amendée maintenant pour que tous sachent exactement le
sujet de la motion. La motion amendée à la suite de ce vote est
la suivante: "Que cette Assemblée est d'avis que le gouvernement,
à la suite de la discussion publique qui doit avoir lieu autour du livre
vert sur l'enseignement primaireet secondaire, compte tenu de la
priorité déjà annonoée concernant l'enseignement de
la langue seconde, prenne toutes les mesures législatives,
administratives et budgétaires nécessaires pour accroître
et améliorer la qualité de l'enseignement de la langue seconde de
manière à répondre au désir maintes fois
exprimé par les parents à l'effet que leurs enfants puissent, au
sortir de l'école, avoir une connaissance d'usage de la langue
seconde."
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion principale
amendée veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux, Larivière,
Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Blank,
Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Gratton, Verreault, Springate,
Lévesque (Taillon), Burns, Mme Cuerrier, MM. Bédard, Laurin,
Morin (Sauvé), Marois, Landry, Léonard, Couture, Tremblay,
Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, M. de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard,
Proulx, Charron, Duhaime, Lazure, Léger, Tardif, Chevrette, Michaud,
Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel,
Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante,
Bisaillon, Guay, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Clair,
Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Desbiens, Baril, Bordeleau,
Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon,
Jolivet, Biron, Bellemare, Grenier, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan,
Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Vice-Président: Comme je le demande quelquefois pour la
forme: Contre? Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 94 Contre: 0
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est adoptée. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, on m'informe qu'à la
suite de discussions qui ont été faites avec les gens de
l'Opposition le ministre de la Justice aurait peut-être un mot à
dire.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
Travaux parlementaires
M. Burns: Apparemment, il y aurait consentement, mais on attend
peut-être un député du côté de l'Opposition.
Alors, je pourrais peut-être en profiter pour...
Le Vice-Président: Donnez donc vos avis.
M. Burns: ... donner mes avis, c'est cela, quitte à
revenir par la suite. M. le Président, j'aimerais, pour demain vendredi,
le 2 décembre, rappeler qu'il y a un ordre de la Chambre pour
qu'à la salle 81-A la commission permanente de la présidence du
conseil, de la constitution et des affaires intergouvernementales se
réunisse en vertu des nouvelles dispositions de l'article 174-6, je
crois. Une question avec débat est posée par le
député de Lotbinière au ministre des Affaires
intergouvernementales sur le sujet suivant: "La thèse d'une association
économique entre le Québec et le Canada et les études en
cours sur ce sujet au sein du gouvernement." Alors, cette commission, selon
l'ordre de la Chambre, se réunira à onze heures et pourra
continuer ses travaux, si cela devient nécessaire, jusqu'à 14
heures. D'accord?
Le Vice-Président: Je n'aime pas corriger, mais je pense
que c'est 174a.
M. Burns: Article 174a, vous avez bien raison, M. le
Président. Vous avez toujours raison.
M. Morin (Sauvé): Heureusement qu'on a un bon
président.
M. Burns: Deuxièmement, M. le Président, je
voudrais également donner avis à la Chambre que, mardi matin,
à compter de 10 h 30, au salon rouge, la commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration se réunira à nouveau pour
étudier le projet de loi no 45, loi sur le Code du travail, pour un
ajournement à midi trente, soit dit en passant, selon l'entente que nous
avons. Toujours à la même heure, à la salle 81-A, la
commission des affaires sociales se réunira relativement au projet de
loi no 9, la loi sur les droits des handicapés et, à la salle
91-A, toujours à la même heure et avec la même heure
d'ajournement, la commission parlementaire des consommateurs,
coopératives et institutions financières se réunira
relativement au projet de loi no 67, Loi sur l'assurance automobile.
Je pense que, par la suite, on pourra se donner, tout au cours de la
semaine, la progression de nos travaux.
M. Bellemare: Quelle sera la législation mardi
après-midi?
Le Vice-Président: Question en vertu de 34. Je peux lui
permettre tout de suite, je constate que...
M. Bellemare: Oui, en vertu de 34, quels sont les projets de loi
qui viendront mardi prochain, pour étude, dans l'après-midi?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire.
M. Burns: Là-dessus, M. le Président, je pense que
nous serons en mesure. M. le député de Johnson, d'entreprendre la
troisième lecture du projet de loi no 21, concernant les agents de
voyages, la deuxième lecture du projet de loi no 76, la deuxième
lecture du projet de loi no 79 et la deuxième lecture du projet de loi
no 74, ainsi que la deuxième lecture du projet de loi no 73. Remarquez
que c'est un ambitieux projet, mais je vous donne à peu près ce
qui risquerait d'être prévu dans le courant de la semaine
prochaine.
Si, cet après-midi, nous n'avons pas le temps d'adopter le projet
de loi no 78, il faudrait ajouter à cette liste l'amendement à la
Loi de la Législature, projet de loi no 78, qui est inscrit à mon
nom.
Le Vice-Président: Oui, d'accord. M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, quand l'étude article par
article du projet de loi 24 va-t-elle commencer?
M. Burns: Le projet de loi no 24 pourra difficilement être
appelé dans le courant de la semaine. Non, je m'excuse, il serait
appelé mercredi matin, à compter de 10 heures, ou jeudi, cela
dépendra des disponibilités. C'est prévu qu'on essaie de
faire l'examen du projet de loi no 24 article par article dans le courant de la
semaine prochaine. Cela dépendra évidemment de l'évolution
des travaux. Je ne peux pas m'engager d'avance à vous dire que cela va
être à telle date. Pour le moment, sur mon programme, il semble
que ce serait possible mercredi matin. A ce moment il faudrait exclure la
possibilité de faire siéger la Chambre, parce qu'il faudrait
faire siéger plus qu'une commission.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, question en vertu de l'article 34.
M. Roy: Toujours en vertu de 34, M. le Président, est-ce
que le leader du gouvernement est en mesure de nous dire si la commission
parlementaire des consommateurs doit siéger ce soir ou s'il y a du
changement? Est-ce qu'elle doit siéger cet après-midi?
M. Burns: Je m'excuse...
M. Roy: Sur le projet de loi 67, la commission parlementaire des
consommateurs, institutions financières, compagnies et
coopératives doit-elle siéger cet après-midi ou ce soir?
Vous l'avez annoncée tout à l'heure pour mardi prochain.
M. Burns: Cela fera partie de mes deuxièmes avis, si vous
permettez.
Le Vice-Président: Est-ce que vous permettez? M. le leader
parlementaire, il y a deux choses. Si elle siège cet après-midi,
c'est une motion. Si elle siège ce soir...
M. Burns: Je vais donner mes avis tout à l'heure.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, si vous voulez attendre la motion?
M. Burns: Pour répondre au député de
Beauce-Sud, je vais donner avis maintenant des travaux de ce soir. A compter de
20 heures et jusqu'à 22 heures, les commissions suivantes
siégeront aux endroits respectifs que je désigne. Au salon rouge,
la commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration, relativement
au projet de loi no 45, étude article par article; à la salle
81-A, la commission des affaires sociales relativement au projet de loi no 9,
sur les handicapés; à la salle 91-A, la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières,
concernant le projet de loi no 67, Loi de l'assurance automobile,
également pour poursuivre l'examen du projet de loi, article par
article. Cela va?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, vos avis ont été reçus très
attentivement.
M. Burns: Maintenant, M. le Président, il ne me
reste...
Le Vice-Président: Un instant. Tantôt vous aviez
suggéré que M. le ministre de la Justice...
M. Burns: Est-ce que cela va maintenant? Le
Vice-Président: S'il y avait consentement...
M. Burns: Peut-être que le ministre de la Justice...
Le Vice-Président: Un instant. Vous me permettez...
M. Burns: Consentement.
Le Vice-Président: Je voudrais savoir jusqu'où va
ce consentement tellement unanime? Est-ce qu'il s'agit d'une réponse ou
d'un débat? Il s'agit simplement d'ajouter des détails addition-
nels et le consentement de la Chambre est accordé.
M. Lavoie: S'il y a lieu, de questions additionnelles.
Le Vice-Président: Pardon?
M. Lavoie: S'il y a lieu, de questions additionnelles,
possiblement. Tout dépend de la réponse.
Le Vice-Président: Est-ce que j'ai le consentement?
D'accord. Je voulais le savoir. M. le leader de l'Opposition officielle.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je voudrais simplement
dire que j'ai écouté très attentivement la question de
privilège qui a été faite par le député de
Jean-Talon. Je veux lui dire que je comprends la situation, également
que je comprends son état d'âme. Je puis l'assurer que des
directives ont déjà été données afin que la
lumière se fasse rapidement sur le dossier de la Société
des alcools du Québec. Je veux l'assurer également de la
conviction qu'il peut avoir qu'en ce qui me regarde jamais la justice ne
servira des fins partisanes.
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, je voudrais bien
sincèrement remercier le ministre de la Justice pour la
déclaration qu'il vient de faire et sans doute remercier
également le chef du gouvernement de l'y avoir autorisé. Nous
sommes des adversaires politiques, il va de soi, mais sur le plan humain je
veux vous dire que j'apprécie votre geste.
M. Bédard: Je puis ajouter que j'ai la conscience qu'ont
tous les membres de cette Assemblée nationale qu'il est essentiel que la
suspicion ne plane sur la tête d'aucun des membres de cette
Assemblée nationale.
M. Burns: M. le Président, il me reste maintenant...
Le Vice-Président: Un instant, M. le leader parlementaire.
Je ne puis demeurer indifférent. Je remercie le ministre de la Justice
parce que nous sommes quand même gardiens des droits des membres de cette
Assemblée. Je veux le souligner.
M. le leader parlementaire.
Motion pour faire siéger la commission des
affaires sociales
M. Burns: M. le Président, il ne me reste maintenant,
avant que nous entamions l'examen des affaires courantes, que de faire motion
pour que la commission des affaires sociales se réunisse
immédiatement à la salle 81-A pour poursuivre
l'examen de son projet de loi no 9, Loi assurant l'exercice des droits
des personnes handicapées.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. La commission peut
siéger immédiatement. M. le leader parlementaire du gouvernement.
Un instant, M. le leader parlementaire, quelques secondes.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, à l'article 15 de notre
feuilleton, il semblerait possible qu'on puisse passer sans difficulté
à la deuxième lecture du projet de loi no 257, qui est un projet
de loi privé, Loi concernant la municipalité de la paroisse de
Saint-Louis-de-Terrebonne, inscrite au nom du député de
Terrebonne.
Du moins, c'est le rapport que j'en ai, par rapport aux discussions qui
ont eu lieu en commission parlementaire, après la première
lecture.
Je vous demanderais alors, M. le Président, d'appeler l'article
15.
Projet de loi no 257 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Dans ce cas, évidemment, je
souligne que l'article 113a du règlement s'applique, et j'indique que M.
le député de Terrebonne propose la deuxième lecture du
projet de loi privé no 257, Loi concernant la municipalité de la
paroisse de Saint-Louis-de-Terrebonne. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Bellemare: Adopté. Le Vice-Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Deuxième lecture, mais
conformément à l'article 113a, nous pouvons passer
immédiatement à la troisième lecture.
M. Bellemare: Non, non, non.
Le Vice-Président: Comment non, non, non? A moins que cinq
députés ne s'y opposent.
M. Lavoie: C'est cela.
Le Vice-Président: M. le député de Johnson,
votre expérience vous dicte qu'à moins que cinq
députés ne s'y opposent...
M. Bellemare: M. le Président, j'ai bien du respect pour
le règlement et pour vous particulièrement, vous le savez, mais
nous ne sommes pas à la fin d'une session pour nous faire "rusher". Nous
pouvons aussi bien prendre ce bill mardi et le passer en troisième
lecture. Il n'y a rien qui nous en empêche. On est en train
d'établir une tradition qui n'est pas parlementaire, qui est contre
notre règlement de passer la deuxième, puis la troisième
lecture, et de faire des écritures. D'accord, quand il y a une
obligation, mais il n'y a pas d'obligation, cet après-midi, tout le
monde est en paix. Ce projet de loi 257, nous en ferons la troisième
lecture mardi, sans y mettre d'objection.
Le Vice-Président: Vous permettez, M. le leader
parlementaire.
M. Burns: M. le Président, sans faire de difficulté
au député de Johnson, je vais le rappeler aux dispositions
nouvelles de l'article 119a, et non pas l'article 113, M. le Président,
qui nous dit qu'à moins que cinq députés ne s'y opposent,
le leader parlementaire du gouvernement peut, par une motion non
annoncée, qui n'est susceptible de débat ni d'amendement,
proposer que la motion de deuxième lecture d'un projet de loi soit mise
aux voix sans débat; c'est ce que nous venons de faire.
M. Bellemare: C'est cela. D'accord. Mais la
troisième...
M. Burns: D'accord. Sauf que, pour un projet de loi privé,
je le dis tout de suite, nous sommes habitués à passer la
troisième lecture immédiatement après, parce que le
débat, article par article, a eu lieu. Que voulez-vous que je vous dise?
Il n'y a pas d'objection de part et d'autre à ce projet. Je peux le
laisser traîner au feuilleton. Que voulez-vous que je vous dise?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, je désire souligner que, selon l'article 113a,
alinéa 4, et aussi à M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, que, nonobstant les articles 114 et 115, le projet de loi n'est pas
envoyé de nouveau en commission.
M. Bellemare: Un député qui a
représenté l'Union Nationale à la commission me dit qu'il
n'y a aucune difficulté maintenant c'est cela que je voulais
avoir pour adopter le projet de loi 257. Je vous donne mon
consentement.
Le Vice-Président: D'accord. Je n'aurai pas besoin
d'invoquer l'article 113a, alinéa 4.
Troisième lecture
M. Burns: La troisième lecture est adoptée.
Le Vice-Président: La troisième lecture du projet
de loi est adoptée.
M. Lavoie: Adopté. M. Burns: Bon!
Le Vice-Président: Le projet de loi no 257 est donc
adopté.
M. Burns: C'est pénible, M. le Président, cet
après-midi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler l'article 1, s'il vous plaît.
Amendements au règlement de l'Assemblée
nationale
Le Vice-Président: L'article 1 est certainement important
pour le leader parlementaire, c'est lui qui le présente. C'est la motion
du leader parlementaire sur les amendements permanents au règlement de
cette Assemblée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, nous avons entrepris, depuis un
certain temps d'amender notre règlement, d'une part de façon
sessionnelle, d'autre part de façon permanente. Dans un premier temps,
nous avons modifié notre règlement par voie sessionnelle, et nous
avons, entre autres, apporté des amendements temporaires aux articles
30, 31, 33, 35, 36, 78, 106, 119, 151, 154, 162, 174 et 180.
Dans un deuxième temps, nous pensions réserver, pour deux
fins spécifiques, des amendements permanents à notre
règlement. D'autre part, il n'est pas question d'improvisation. Il n'est
pas question de faire cela à la dernière minute. Il y a eu de la
discussion, M. le Président, autour de ces amendements et nous l'avons
fait par l'entremise du comité directeur de la commission de
l'Assemblée nationale qui représente des gens de tous les partis
politiques. Je signale, au départ, avec plaisir, la très grande
collaboration que j'ai reçue de la part du député de
Laval, du député de Saint-Laurent, pour le Parti libéral,
du député de Johnson et du député de Richmond, pour
l'Union Nationale, et également du député de Beauce-Sud
qui a, jusqu'à un certain point, présidé à une
espèce de comité qui, lui, n'était pas officiel et qui
avait été formé sous les auspices du député
de Sainte-Marie.
Je pensais que tout le travail de déblayage pouvait être
fait. Nous avons eu, donc, un certain nombre d'étapes qui nous ont
amenés à la proposition qui apparaît actuellement au
feuilleton à l'article 1). Récemment, c'est-à-dire, au
cours des quelques jours précédents, je dirais même au
cours de la semaine qui précède, nous avons inclus, dans cette
possibilité de modifications permanentes au règlement, un certain
nombre d'éléments relativement à la
télédiffusion et à la radiodiffusion des débats. Ce
sont en particulier les amendements que vous voyez, M. le Président,
à l'article 1, qui modifient l'article 16 relativement aux pouvoirs du
secrétaire général de l'Assemblée nationale
où on dit qu'il veille à la publication du journal des
Débats, comme on le dit actuellement, mais où on ajoute "et
à l'enregistrement des travaux pour diffusion électronique".
Nous avons également, M. le Président, une incidence assez
précice relativement à cette télédiffusion des
débats à l'article 6 de la proposition que je fais.
C'est-à-dire que l'article 137 soit amendé en ajoutant le
paragraphe suivant: "3- Elle conseille on parle, à ce moment, de
la commission de l'Assemblée nationale le président quant
à l'enregistrement pour diffusion électronique des travaux de
l'Assemblée et de ses commissions". M. le Président, nous avons
donc ce premier élément qui vient s'ajouter à toutes les
discussions qui ont eu lieu.
Quant au reste, il s'agit, à toutes fins pratiques, de
réaliser par voie réglementaire ce que nous espérons, je
pense, des deux côtés de la Chambre depuis longtemps, cette
espèce de calendrier parlementaire qui suivrait le plus possible,
même si mon ami, le député de Laval, va faire les gorges
chaudes lorsque je vais sortir cela il m'a sorti quelques blagues,
surtout au cours de l'été, lorsqu'il me demandait si le
calendrier académique, à l'avenir, commencerait au mois d'octobre
et se terminerait à la fin d'août qui respecterait, dis-je,
M. le Président, le plus possible le calendrier académique,
c'est-à-dire le calendrier scolaire.
Pour des raisons, je pense, humanitaires, des raisons
d'efficacité également, il est normal que l'Assemblée
nationale ne siège pas durant des périodes où,
normalement, l'année scolaire ne fonctionne pas. Cela veut dire toute la
période de l'été, et cela veut dire une courte
période durant l'hiver. C'est un peu dans ce sens, M. le
Président, que nous nous sommes inspirés pour suggérer
l'amendement qui apparaît à l'article 3 de la motion que j'ai
présentée, et plus particulièrement en respectant les
prérogatives du lieutenant-gouverneur, c'est-à-dire, celles qui
lui permettent de convoquer l'Assemblée nationale.
Nous avons laissé la possibilité qu'il y ait, dans des cas
d'urgence, des sessions qui puissent se tenir en dehors des périodes que
nous avons indiquées, c'est-à-dire en dehors de la période
prévue entre le 1er juillet et le 15 septembre, ce seraient des dates
normales, et du 21 décembre au 31 janvier qui serait également
une période où l'Assemblée ne siège pas, sauf que,
dans des cas d'urgence, on pourrait, à ce moment, siéger selon
les dispositions de l'article 84.
Egalement, M. le Président, nous ajoutons dans cet amendement
j'essaie de résumer le plus possible l'essence de ces
modifications un élément nouveau, soit que les commissions
parlementaires peuvent siéger en tout temps, même si la Chambre ne
siège pas. D'autre part et c'est l'aspect nouveau si
jamais nous avions à faire siéger deux commissions parlementaires
en même temps que la Chambre, actuellement, ce n'est pas permis, mais
avec le nouveau règlement ce le serait. Nous aurions donc la
possibilité d'avoir l'Assemblée nationale qui siège et
deux commissions au lieu d'une seule. Je suis convaincu que le
député de Laval va m'appuyer là-dessus.
Je pense que nous avions, lors de la refonte du règlement en
1971, tenu compte d'un certain nombre de phénomènes physiques
à l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire du nombre des députés qui
représentaient l'Opposition. C'est un peu pour cela, à ce moment,
qu'on s'était limité à une seule commission, bien que,
dans le vieux règlement, il y avait déjà cette indication.
On avait maintenu cela à une commission en même temps que la
Chambre, parce que les députés de l'Opposition étaient peu
nombreux à l'époque. Je pense que le gouvernement et plus
particulièrement le président de l'Assemblée nationale du
temps avaient tenu compte largement de ce phénomène, de cet
empêchement physique de modifier le règlement de façon plus
large.
Maintenant, le problème n'existe plus. Nous avons quatre partis
qui siègent dans l'Opposition. Nous avons l'Opposition officielle avec
26 députés, donc assez bien représentée pour
pouvoir couvrir au moins deux commissions en même temps que la Chambre.
Nous avons un deuxième parti politique assez largement
représenté à l'Assemblée nationale avec ses onze
députés je parle de l'Union Nationale pour tenir
compte de ce phénomène. Je pense que le moment est venu, dans le
but d'une plus grande efficacité, de tenir, en même temps que
l'Assemblée nationale, des séances de deux commissions
parlementaires. C'est dans ce sens généralement que nous
proposons ces amendements.
Il y a peut-être quelques détails que l'Opposition voudrait
voir bonifier dans les modifications que nous proposons. Je suis
entièrement disposé à examiner ces modifications qui
pourraient m'être suggérées. Mais, essentiellement, je
pense bien que nous poursuivons les mêmes buts. Ce que nous visons, c'est
éventuellement une meilleure efficacité de nos travaux à
l'Assemblée nationale, tout en permettant aux députés
d'avoir la vie la plus normale possible. Je sais bien que les
députés, les membres de l'Assemblée nationale n'auront
jamais une vie normale. C'est un peu inhérent à la vie politique.
Je pense bien que chacun a accepté ces choses lorsqu'il a
décidé d'accepter la fonction à laquelle ses
électeurs le désignaient. Je pense, d'autre part, qu'il n'est pas
exclu qu'on essaie de rendre cette vie la plus normale possible.
De là nous vient l'idée du calendrier scolaire, des deux
commissions, de la possibilité de siéger à des
périodes fixes et de pouvoir regagner sa famille à des
époques normales. Evidemment, d'autre part, nous ajoutons le
phénomène de la télédiffusion qui est nouveau et
qui sera probablement, je l'espère, mis à l'essai dès le
printemps, aussitôt que, sur le plan technique, les problèmes
auront pu être réglés. C'est ce que j'avais à
proposer. Je n'ai pas d'autre chose à ajouter à ce sujet.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Très brièvement sur cette motion
inscrite au nom du leader parlementaire du gouvernement, après de
multiples rencontres, je crois qu'il y a un consentement assez
généralisé qui s'est dégagé sur cette
motion, avec des modifications mineures.
Je sais qu'il y a eu la contribution du député de Johnson,
le leader parlementaire de l'Union Nationale, je vais proposer quelques
amendements et je vais lui laisser la place pour qu'il en propose
lui-même et pour que ces amendements soient à son
crédit.
J'aurais une suggestion qui me vient à l'idée
immédiatement. Je pense que le député de Johnson va
être d'accord avec moi pour dire qu'il y a une tradition établie
depuis, à ma connaissance, près de 20 ans, alors qu'il y a eu des
refontes, des modifications ou des ajustements au règlement à
l'époque où le député de Johnson était
leader parlementaire du gouvernement ou de l'Opposition, et ce serait
peut-être à conseiller. Même si je n'en ai pas parlé
au leader parlementaire du gouvernement, je pense qu'il sera d'accord avec moi.
Au lieu de les adopter d'une manière finale, ces amendements, pour
qu'ils entrent directement dans le règlement, accepterait-il ma
suggestion qu'ils entrent en vigueur immédiatement d'accord,
c'est son intention mais qu'ils soient à titre sessionnel pour la
prochaine session de 1978? Je ne sais pas quel inconvénient vous
pourriez y voir. On a toujours fait cela dans le passé. Cela nous
permettrait de les roder pendant toute la session et on va atteindre les
mêmes buts, autant pour la fin de la session actuelle que pour
l'été prochain et la fin de la session de 1978.
M. Burns: C'est uniquement sur le plan technique, M. le
député de Laval, que je me pose des questions. Je ne crois pas
qu'on puisse prendre des décisions pour une session à venir. Il y
aura prorogation je vous l'annonce peut-être, mais je pense que
vous vous en doutiez à la fin de décembre, de sorte qu'il
y aura donc une nouvelle session qui commencera quelque part en février.
Je me demande jusqu'à quel point nous serions liés par une
décision que nous pourrions prendre aujourd'hui relativement à
une session qui devrait avoir lieu dans une autre année, à la
suite de la prorogation de la présente session.
Evidemment, il peut y avoir un "gentlemen's agreement" à l'effet
que ce que nous adoptons sous forme sessionnelle pour cette session se
poursuive dans l'autre session. Mais comme il s'agit...
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement,
voulez-vous me permettre d'intervenir sur la question de règlement
moi-même? C'est tout simplement que je veux demander s'il y a vraiment
consentement à ce qu'il y ait un échange comme cela, un
échange de droits de parole?
Des Voix: Oui.
Mme le Vice-Président: J'ai le consentement.
M. Bellemare: Vous avez le consentement. Mme le Président,
c'est tellement important pour l'avenir du Parlement lui-même. Si on est
obligé de suivre à la lettre le règlement, on sera pris
dans une camisole.
Mme le Vice-Président: Je sais que cette Assemblée
est maîtresse de sa façon de travailler, mais j'ai besoin du
consentement pour continuer à vous entendre.
M. Bellemare: Quant à moi, d'accord. Une Voix:
Consentement.
Mme le Vice-Président: Voilà, j'ai le
consentement.
M. Burns: Je disais donc qu'il me paraîtrait difficile,
étant donné que ceci est une modification à notre
règlement qui, dans le fond, n'a d'application, dans un cas, qu'à
l'occasion des fins de session et des débuts de session, de faire un
règlement sessionnel; c'est pour cela qu'on avait fait cette distinction
entre les amendements que nous avons proposés aux articles 30 et
suivants, qui ont été adoptés sous forme sessionnelle il y
a quelques semaines, et ces articles que nous proposons et qui, eux, sont
typiquement de caractère permanent. Remarquez que si jamais
l'expérience, dans l'un ou l'autre cas, est désagréable,
tant à l'Opposition qu'au côté ministériel, je pense
bien qu'on va se rasseoir et on va en reparler; ce n'est pas final, cela, sauf
qu'il me paraîtrait normal que les amendements aient un caractère
permanent en amendant notre règlement et non pas en faisant de cela un
règlement sessionnel comme on l'a fait dans les autres cas. Justement,
il s'agit du calendrier parlementaire, il s'agit de la
télédiffusion des débats, il s'agit de la tenue de
commissions parlementaires. Il me paraîtrait normal que nous fassions
cela par voie d'amendements à notre règlement et non pas par voie
de règlements ses-sionnels à cause de l'importance des sujets
considérés.
Si, à l'usage, on s'aperçoit que c'est inapplicable ou
difficile d'application ou compliqué pour l'Opposition et le parti
ministériel, l'ouverture d'esprit que nous avons tous
démontrée quant à la mise sur pied de ce projet...
Evidemment, j'ai attaché mon nom à ce projet, mais je n'en prends
pas la paternité unique.
Cela a été fait dans un grand effort de collaboration. Je
pense que cette même collaboration pourra revenir et qu'on pourra
réviser le règlement. Un règlement, c'est fait pour
être changé éventuellement, surtout lorsqu'on n'est pas
à l'aise dedans. Sauf qu'à la suite des discussions que j'ai eues
avec les membres de l'Opposition, j'ai nettement l'impression qu'on va
apprécier énormément ces nouvelles mesures que nous
appliquons.
Mme le Vice-Président: Alors...
M. Bellemare: Juste une question, Mme le Président.
Qu'est-ce qui empêche de les mettre en application tout de suite, comme
dit le leader de l'Opposition? Quant à la convocation de la prochaine
session, le gouvernement n'est sûrement lié par rien pour suivre
un peu l'agenda qu'on se trace. Je pense qu'on se lierait beaucoup moins, parce
qu'il faut se souvenir que le leader du gouvernement nous avait dit et
répété: Le sessionnel c'est d'une part, le permanent c'est
pour l'autre session, alors là...
M. Burns: C'est pour la fin de cette session-ci et le
début de l'autre.
M. Bellemare: On est prêt à aller jusque-là,
à les accepter même si on devait les recevoir seulement pour
l'autre session, mais je me demande si on est bien sûr qu'on n'aura pas
des difficultés quant à l'application à la fin d'une
session, si ce n'était pas comme c'est dit, parce qu'il y a les heures
aussi, je vais revenir sur cela.
M. Burns: Je suis prêt à entendre vos remarques sur
les heures, mais...
M. Bellemare: Pour les heures, je vais laisser finir le
leader...
M. Burns: Oui, oui, mais en ce qui me concerne, en tout cas, je
vous en fais la suggestion bien humble... Ce sont d'ailleurs les travaux de la
commission, ou si vous voulez, du comité directeur de la commission de
l'Assemblée nationale et de ce groupe informel auquel je faisais
référence qui m'indiquent qu'eux-mêmes, avaient fait cette
distinction en disant: Cela devrait être un amendement permanent au
règlement et, d'autre part, cela devrait être un amendement
sessionnel, que nous avons fait adopter, ce à quoi je faisais
référence tout à l'heure.
Je vous demanderais, il m'apparaîtrait en tout cas normal, quitte
à ce qu'on y revienne si jamais on n'est pas satisfait de cela, et je
vous dis d'avance que je prends l'engagement de faciliter la tâche aux
députés de l'Opposition qui seraient insatisfaits de cet
amendement au règlement... D'autre part, cela m'apparaîtrait
s'asseoir entre deux chaises pour des règlements aussi importants que
ceux-là, de ne les adopter que de façon sessionnelle.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Je vais prendre tous les éléments de
cette motion. Est-ce que nous allons l'adopter là d'une manière
permanente?
M. Burns: Oui, oui, en bloc.
M. Bellemare: Si l'Opposition officielle n'a pas d'objection, je
n'en aurai pas.
M. Lavoie: On va prendre tous les éléments, les
amendements. Premièrement, cela va. J'aurais un mot à dire en ce
qui concerne les devoirs et les obligations du secrétaire
général de l'Assemblée, article 1, paragraphe 6: II veille
à la publication du journal des Débats et à
l'enregistrement des travaux pour diffusion électronique. Egalement, on
ajoute une référence à l'article 53a, donnant ces
responsabilités également au secrétaire
général. On est prêt à accepter cet ajout à
notre règlement, mais tel que nous l'avons, tel que nous en avons
discuté tout récemment lors de la réunion du comité
directeur. Je ne sais pas si le député de Saint-Jacques
était là. Il est bien entendu qu'en ce qui nous concerne, c'est
pour les fins du journal des Débats, on veut que cela soit
enregistré. Lorsque le Parlement sera prêt à
procéder à cette radiodiffusion ou télédiffusion
des débats, d'après nos convictions, le président n'a pas
le pouvoir d'autoriser de lui-même la télédiffusion. Il
faudra, pour rendre opérationnelle la télédiffusion des
débats ou la radiodiffusion, qu'il y ait un mécanisme
d'application.
On a soulevé cette question, hier. Que ce soit une loi, que ce
soit, peut-être, au règlement, il va falloir qu'il y ait un
protocole d'entente concernant, entre autres, ce qu'on appelle couramment en
anglais C'editing" ou le découpage des émissions, des travaux qui
seront télédiffusés.
Il y aura la surveillance ou l'autorité du Président, qui
devra avoir la responsabilité de l'opération, et même des
appareils, des caméramen et tout. Même si c'est dans le
règlement aujourd'hui, on ne veut pas, dès que ce sera
prêt, si c'est au début de la prochaine session, que, d'une
manière automatique, la télédiffusion se fasse. On veut
qu'il y ait consultation entre les partis, qu'il y ait entente, comme cela
s'est fait dans les autres Parlements, pour voir de quelle manière on va
rappliquer.
Je voulais que ce soit enregistré. Ce n'est pas en acceptant ces
modifications au règlement qu'on donne immédiatement notre
blanc-seing au gouvernement ou au président, pour la
télédiffusion des débats. Il faudra trouver un
mécanisme quelconque de mise en application de cette formule.
Je crois qu'après discussion il a été convenu, et
à cela, le député de Johnson pourra faire les amendements,
c'est lui qui avait proposé que ce soit 15 heures, pour que, dans les
deux grands débats sur le message inaugural, ce soit 20 heures. Je crois
que le député de Johnson, après entente, proposera 20
heures pour le débat sur le message inaugural, ainsi que pour le
débat sur le budget. Je pense que vous êtes d'accord avec
cela.
M. Charron: Nous sommes d'accord.
M. Lavoie: II y a eu modification quant aux dates du calendrier
sessionnel. Je pense qu'il y a consentement unanime pour que, l'alinéa
3, en modification au règlement 31a, je ne sais pas si c'est à
moi de faire immédiatement cette motion d'amendement, se lise comme
suit: Sauf en cas d'urgence, l'Assemblée ne peut siéger à
partir du 24 juin, au lieu du 1er juillet. Ceci est par respect de notre
fête nationale. Je ne sais pas si c'est celle du leader parlementaire du
gouvernement, mais c'est la nôtre. Ce n'est pas la Saint-Patrick.
M. Burns: J'en ai deux ou trois.
M. Lavoie: A la troisième ligne, qu'on change le 15
septembre, et cela on l'a consenti au gouvernement, pour le 7 septembre, le 7
remplace le 15 septembre, ni du... C'était quoi avant...
M. Burns: Le 22 décembre.
M. Lavoie: C'est le 22, maintenant du 22 décembre au 31
janvier. M. le secrétaire général, vous avez bien saisi
mes amendements?
M. Burns: M. le député de Laval, à la suite
de vos suggestions, j'ai fait préparer un texte. Je pourrais vous en
faire distribuer copie et vous me diriez peut-être tout de suite si cela
répond à vos vues. Remarquez que c'est marqué: M. Burns,
motions d'amendement, mais cela peut être M. Lavoie, je n'ai pas
d'objection, on n'a qu'à changer le nom. C'est à la suite des
suggestions qui m'ont été faites est-ce qu'on peut en
donner une copie au secrétaire général, s'il vous
plaît? au comité directeur.
Le nouveau 31a, je serais d'accord, selon vos suggestions, qu'il se lise
comme suit: Alinéa 1. Sauf en cas d'urgence, l'Assemblée ne peut
siéger du 24 juin au 7 septembre, ni du 22 décembre au 31
janvier.
Alinéa 2. Lorsque l'Assemblée, pour des raisons d'urgence,
est appelée à siéger nous avons, pour fins de
précision du texte, modifié ce deuxième alinéa
durant les périodes prévues au paragraphe 1, elle doit
d'abord être saisie d'une motion faite en vertu des paragraphes 2 et 3 de
l'article 84.
Alinéa 3. Nonobstant toute autre disposition, l'Assemblée
peut, du 1er au 23 juin et du 1er décembre au 21 décembre,
siéger tous les jours.
M. Bellemare: Là, il y a un amendement.
M. Lavoie: Là, il y a un amendement majeur que vous avez
accepté il y a quelques minutes, pour qu'on change, dans le 3e
alinéa, également, à la 5e ligne, les mots "jusqu'à
ce qu'elle décide de s'ajourner pour... Je ne sais pas...
M. Burns: J'attendais votre suggestion là-dessus.
M. Lavoie: Est-ce qu'on dit minuit ou 24 heures, je ne le sais
pas?
M. Burns: On peut dire jusqu'à minuit. Je vous dis
d'avance que je serai d'accord avec votre motion d'amendement, pour dire au
lieu de "jusqu'à ce qu'elle s'ajourne". Je pense que c'est tout à
fait raisonnable, ce que vous suggérez. Vous dites jusqu'à
minuit. Je pense que, passé minuit, lorsqu'on a commencé à
10 heures le matin, on n'est pas particulièrement intelligent. Comme il
est important qu'on le soit, je vais me ranger à votre suggestion.
M. Lavoie: Pour les fins du journal des Débats, je
voudrais souligner le sourire de la trans-
criptrice, des pages et des officiers de l'Assemblée
également, qui sourient gaiement à cet amendement, et plusieurs
députés également.
Est-ce que mes amendements sont adoptés?
M. Charron: Oui.
Mme le Vice-Président: Un moment, s'il vous
plaît.
M. Charron: Je voudrais juste poser une question avant que le
leader de l'Opposition ait terminé.
Mme le Vice-Président: Nous parlions d'amendement.
M. Charron: II y a aussi un amendement, si j'ai bien compris, de
porter de 15 à 20 heures.
M. Lavoie: C'est le député de Johnson qui va faire
ces deux amendements.
M. Charron: Non seulement pour le discours inaugural, mais pour
le discours de clôture aussi? Donc 53a est modifié, si j'ai bien
compris. D'accord.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Je voudrais simplement vous dire que sur l'article
1, j'ai aussi des réserves qui sont d'ordre pratique, et qui reviennent
à ce que la Chambre a déjà fait au sujet du journal des
Débats. Le journal des Débats, c'est après un protocole
d'entente, reconnu par tous les partis en cause qu'il a été
publié. Il y a eu des essais. Il y a eu des reprises. En fin de compte,
il y a eu un protocole d'entente et puis cela fonctionnait.
Mme le Président, je voudrais bien qu'on sache que je suis
prêt à donner mon consentement pour que l'article 16 soit
amendé: "II veille à la publication du journal..." mais il
faudrait que le président ait un droit de regard sur le protocole
d'entente qui va être fait. Ce protocole d'entente pourrait dire, par
exemple, qu'il serait interdit à un photographe de placer son appareil
sur des sièges vides. Au point de vue parlementaire, c'est bien
disgracieux pour ceux qui vont regarder cela. Ce n'est pas avantageux pour un
parti qui est soit au pouvoir ou dans l'Opposition qu'un photographe braque des
caméras devant des sièges vides. Il faut qu'il y ait non pas une
espèce d'interdiction, mais un "gentlemen's agreement" afin que le
projecteur soit toujours sur le président, par exemple. Qu'un autre soit
sur l'opinant, d'accord, et ceux qui l'entourent, d'accord.
A Ottawa, par exemple, j'ai remarqué que souvent la caméra
se promène sur des sièges vides. C'est bien mauvais pour le
parlementarisme et pour ceux qui n'assistent pas. Il y a des commissions qui
siègent et on n'est pas toujours prêt à dire que les
sièges sont vides parce qu'il y a deux commissions qui siègent.
Il faudrait qu'il y ait un protocole d'entente fait par le président.
Après cela, laissez au secrétaire général
l'administration, d'accord, mais il faut que le président garde un lien
sur certains protocoles d'entente qui devraient empêcher de
s'étendre la mauvaise réputation, à savoir qu'il y a
souvent des absences. On n'est pas capable d'expliquer cela à chaque
fois.
Ma motion vient aussi sur le deuxième article en ce qui concerne
l'heure, 24 heures ou minuit. Je trouve qu'après minuit, cela n'a pas de
bon sens. J'ai fait l'expérience, d'autres partis l'ont fait car on a
siégé jusqu'au matin. Je me souviens, on était sorti d'ici
à 7 h 30 et on revenait siéger à 10 h 30. Je vous garantis
qu'il y avait des visages pâles. Cela devient de l'obstruction
systématique. Ce n'est pas encourageant dans un Parlement quand on est
véritablement conscient du rôle qu'on doit y jouer.
Alors minuit devrait être un amendement. Au lieu de
"jusqu'à minuit", à la cinquième ligne, au
troisième paragraphe "Nonobstant toute autre disposition de
l'Assemblée peut, du 1er au 24 juin et du 1er au 22 décembre
siéger tous les jours de la semaine sauf les dimanches de 10 heures
jusqu'à minuit." Ce serait le premier amendement.
Pour ce qui regarde la motion de clôture. C'est justement cet
article.
Dans tous les autres Parlements on l'annonçait dix ou douze jours
avant, mais on ne le mettait véritablement en pratique que six ou sept
jours. Mais, là, vous avez du 1er au 22 décembre où vous
pouvez nous faire siéger tous les lundis, tous les samedis,
jusqu'à minuit.
Je demanderais, Mme le Président, et je veux que cela soit
enregistré au journal des Débats, que sur cela on ait une
certaine reconnaissance pour les droits des députés qui font du
bureau presque toujours le lundi. On peut l'invoquer, peut-être sept ou
huit jours avant la fin de la session, d'accord, là, tout le monde
comprendra, même dans nos comtés, mais un député qui
ne fait pas de bureau un lundi s'expose à énormément de
problèmes. L'apostolat de la présence, souvent, cela vaut autant
que l'apostolat de la prière, vous savez, et je pense qu'en politique on
doit le pratiquer.
Alors, je demanderais au leader du gouvernement que cet ordre qui
devient maintenant un ordre permanent ne soit pas abusif parce que, lorsque le
gouvernement aura accepté ces amendements, on n'aura aucun moyen de
s'opposer, sinon de subir la pression du gouvernement. Si le gouvernement
disait: Vous siégez, à partir de lundi prochain, le 4
décembre, et vous allez siéger lundi, mardi, mercredi, jeudi,
vendredi et samedi jusqu'à minuit, imaginez-vous que les
députés ne pourraient faire de bureau... Mais ce serait dans
notre règlement.
Alors, j'attire l'attention du leader du gouvernement pour qu'il soit
extrêmement humain quant à cet article. C'est un article matraque
qui peut empêcher des "filibusters" ou faire en sorte d'adopter une loi
qui est déjà bien critiquée dans le peuple, loi qu'il
faudrait peut-être être obligé d'accepter malgré
toutes les précautions qu'on pourrait y apporter. Je demande donc au
leader
parlementaire adjoint qui est ici de bien vouloir transmettre mon
message à qui de droit.
Il y a un autre commentaire sur lequel je voudrais attirer l'attention
de la Chambre, c'est sur les heures de débat. On s'est rendu à ma
suggestion. On avait fait un compromis entre 25 heures et 15 heures
prétextant que si les députés de mon parti voulaient tous
parler pendant une demi-heure, mon chef ayant une heure, cela
représenterait sept heures et demie sur quinze heures. Après que
le premier ministre aura parlé pendant deux heures, que le chef de
l'Opposition aura parlé pendant deux heures, cela fera onze heures.
Alors, il resterait quatre heures pour tout le reste de la Chambre. C'est un
privilège qui nous est accordé depuis toujours de parler de tout
sujet, quel que soit le sujet, important ou non, de son comté ou
d'ailleurs. Ce sont les seuls moments où l'on peut parler de ces
problèmes, soit au discours inaugural ou au discours du budget. Alors,
j'ai demandé qu'on prolonge de cinq heures, et je pense que ce n'est pas
trop; on me l'a accordé, je pense, avec beaucoup d'attention, 20 heures
au lieu de 25 heures. Je suis bien heureux qu'on ait au moins cette partie.
Mais est-ce que le leader, qui est ici, pourrait me dire, tandis que je le
vois, pour être bien sûr que plus tard j'aie, dans le journal des
Débats, une réponse directe si, au point de vue humain, il a
l'intention, véritablement, d'appliquer la motion de clôture, tel
que le veut le nouveau règlement?
M. Burns: II n'y a pas de clôture dans cela. M. Bellemare:
Ecoutez, quand on siège...
M. Burns: II y a des motions, une motion automatique de fin de
session.
M. Bellemare: Oui, mais là, elle va devenir automatique
parce qu'elle va être dans le règlement pour toujours. Mais il y a
la tradition qui veut que, dans les six ou sept derniers jours, on siège
lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi ou samedi, exact. Mais que ce ne soit
pas abusif, c'est-à-dire qu'on ne commence pas, tel que c'est
écrit, promulgué, à date fixe pour tâcher
d'appliquer par usure...
M. Burns: Je vais vous dire tout de suite que je n'ai pas
l'intention de la mettre en application la semaine prochaine. Si c'est cela que
vous me demandez, la semaine prochaine nous ne siégerons pas le lundi,
en principe, à moins qu'à la suite de consultations avec les
membres de l'Opposition, on s'aperçoive qu'il est plus pratique de le
faire. A part ce cas, dans le courant de la semaine prochaine, nous ne devrions
pas siéger de façon certaine en tout cas, pas lundi
vendredi, à moins que j'aie une espèce d'entente avec les
représentants de l'Opposition.
M. Bellemare: Je suis satisfait, à peine satisfait.
M. Burns: Je ne m'engage pas pour plus d'une semaine.
M. Bellemare: Pardon?
M. Burns: Je ne m'engage pas pour plus d'une semaine.
M. Bellemare: Je comprends, surtout avec le projet de loi 6 et 7,
67. Oui, je comprends. En tout cas, je redis ce que j'avais à dire au
sujet de ma crainte. Voir pressurés les députés,
siéger sous pression, ce n'est jamais bon. J'ai déjà
assisté à des séances interminables et cela n'a jamais
rapporté, pour aucun parti, quelque soit le parti au pouvoir, des
avantages au point de vue politique. Là où j'en ai
peut-être un peu aussi, Mme le Président, c'est sur les deux
commissions parlementaires qui peuvent siéger pendant que la Chambre
siège. Vous allez dire: Oui, nous autres on a le "staff" pour. C'est
vrai et même là, des fois, il y a des membres qui n'y sont pas.
Ils sont remplacés. Nous autres, qui sommes les sous-diacres, je vous
garantis que quand on regarde l'équipe et qu'on se divise dans deux
commissions parlementaires...
M. Burns: Vous êtes bien pourvus.
M. Bellemare: Oui, mais on est obligé de se multiplier
comme vous avez fait vous autres mêmes quand vous étiez seulement
six. Vous étiez obligés d'atteler, mon cher monsieur.
M. Burns: Nous étions la moitié de votre groupe
quand nous étions de l'autre côté et il arrivait souvent
que nous acceptions, par consentement, deux commissions en même temps que
la Chambre.
M. Bellemare: Souvent.
M. Burns: Très souvent.
M. Charron: Plus souvent que vous ne pensez.
M. Burns: Très souvent.
M. Bellemare: On fera un relevé.
M. Burns: Ah oui! Je ne suis pas gêné,
faites-le.
M. Bellemare: Je vous dis que je n'ai pas d'objection pour autant
qu'on pourrait le savoir toujours une couple de jours d'avance. Vous aviez
établi un système qui était merveilleux, qui était
bien, de nous aviser une fois par semaine des travaux de la session.
M. Burns: Cela peut revenir. Cela va peut-être revenir.
M. Bellemare: Si vous pouviez vous "déchoquer" un de ces
matins, après une bonne vacance.
M. Burns: Je n'ai pas l'air de mauvaise humeur.
M. Bellemare: Non, après une bonne vacance, il va
peut-être revenir à de meilleurs sentiments. Je
remercie quand même celui qui me donne des aperçus un peu
clandestins, mais...
M. Burns: Dites-moi pas qu'il y a du coulage dans mon
cabinet.
M. Bellemare: Non, cela se fait bien honnêtement.
M. Burns: Vous avez raison. D'accord.
M. Bellemare: Je pense bien que vous le savez vous aussi.
Mme le Vice-Président: C'est M. le leader de l'Union
nationale qui a la parole.
M. Burns: Oui, Mme le Président, sauf qu'on est,... Je
pense bien que formellement on est en Assemblée nationale. On est,
à toutes fins pratiques, en commission plénière.
M. Bellemare: En commission plénière. Si deux
commissions doivent siéger, qu'on le sache au moins 24 heures ou 48
heures avant.
Si on revenait à cette merveilleuse initiative que vous aviez
prise de nous notifier nos travaux sur un horaire assez précis. Je
comprends qu'on n'est pas toujours capable de le suivre. J'ai été
moi-même leader parlementaire; j'ai déjà donné des
avis, puis j'ai été obligé de les retirer parce que cela
ne faisait pas dans ie portrait, puis dans les circonstances.
M. Burns: M. le député de Johnson, est-ce que vous
me permettez une question?
Il faudrait que vous vous engagiez, vous, plus particulièrement
vous, à ne pas me lier à l'avis que je vous donne. Je pense que
le député de Laval ne m'a jamais reproché de changer des
commissions parlementaires dans le cours de la semaine qui suivait, parce que
je pense que tout le monde comprend que je suis obligé de faire des
ajustements en cours de route, à cause soit de la
non-disponibilité d'un ministre ou encore à cause d'un
problème très particulier. Je suis alors obligé de faire
passer une autre commission à la place de celle qui était
prévue, pour des raisons d'urgence ou des raisons purement techniques.
Si vous vous engagez d'avance à ne pas me lier à l'avis que je
vous donne le vendredi ou le jeudi pour la semaine qui vient, je suis bien
prêt, M. le député de Johnson, à revenir à
mes bonnes vieilles habitudes et à vous dire d'avance quel est mon plan
de travail pour la semaine qui vient. Mais vous vous rappellerez, M. le
député de Johnson, que, lorsque je me suis choqué, ce qui
a même provoqué de votre part une question de privilège,
c'est que vous vouliez me tenir à un engagement écrit qui,
à toutes fins pratiques, n'était qu'un plan de travail pour la
semaine.
Si vous êtes prêt à faire votre bout de chemin, je
suis prêt à faire mon bout de chemin. J'ai toujours trouvé
cela normal que l'Opposition sache à quoi s'en tenir.
M. Bellemare: Les raisons que vous invoquez, soit des
difficultés de régie interne, moi aussi, j'en ai. Je suis un
vieux, puis, des fois, il y a des jeunes qui peuvent peut-être trouver
que c'est mieux dans un sens ou dans l'autre. Je n'aurais aucune objection
à ce que Me Claude Gélinas et Me Louis Bernard ou M. Drolet
puissent s'entendre d'avance pour qu'on puisse, nous autres, distribuer notre
travail. Je vous assure que vous n'aurez aucune critique.
M. Burns: C'est ce qui se fait à peu près
régulièrement, M. le député.
M. Bellemare: Pardon?
M. Burns: C'est ce qui se fait à peu près
régulièrement.
M. Bellemare: C'est cela qui se fait actuellement. Même
dans la feuille que j'avais pour cette semaine, il y a eu quelques changements
et vous n'avez rien entendu de ma part.
M. Burns: D'accord. Peut-être que vous allez ravoir la
feuille.
M. Bellemare: A force d'expérimenter, on va
peut-être trouver le bon moyen de s'entendre.
Si pour les deux commissions qui doivent siéger en même
temps que la Chambre, on a cette garantie que, 24 heures ou 48 heures avant, on
saura un peu le "sitting" des commissions, je n'ai aucune objection.
En terminant, Mme le Président, je reviens aussi sur
l'argumentation que le président doit garder un contrôle sur un
protocole d'entente qui devra être fait entre nous pour la
télévision. Comme je l'ai dit, tout à l'heure, en
l'absence du leader parlementaire, c'est parce qu'il peut se produire des faits
cocasses, les caméras prennent cela et, après cela, on n'est pas
capable... Qu'il y ait un protocole d'entente, 1, 2, 3, 4, 5 entre nous et que
le président en ait la responsabilité ou que ce soit
laissé au secrétaire général tel que le veulent les
articles 7 je pense que c'est bien ça; non c'est l'article 127;
non, c'est l'article 6 nous serions prêts à adopter les
amendements ainsi que la motion.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, Mme le Président. Je souscris aux propos
qui ont été tenus par le leader de l'Opposition officielle ainsi
que par le leader de l'Union Nationale pour ce qui a trait aux amendements
suggérés à notre règlement. Cependant, j'aurais
bien aimé pouvoir attirer l'attention du gouvernement sur une remarque
que j'ai faite hier concernant la motion de fin de session. Je ne veux pas
reprendre les propos que nous tenions, le leader du gouvernement et
moi-même, alors que nous siégions tous deux du côté
de l'Opposition, mais je pense qu'il devrait y avoir un effort de fait du
côté du gouvernement, et il semble effectivement que cette
année il y a un effort de fait de ce côté, à la
suite des remarques nombreuses qui ont été faites
également par le leader du gouvernement au moment où il
était dans l'Opposition.
On appelle cela une motion de fin de session mais, il n'y a pas
tellement longtemps, on l'appelait la motion de bâillon. En tout cas, je
ne veux pas faire un débat de dictionnaire là-dessus.
M. Bellemare: La matraque!
M. Roy: Le député de Johnson rappelle qu'on
l'appelait la motion matraque de fin de session. On ne peut pas
l'insérer dans le règlement et je ne vois pas de quelle
façon on pourrait le formuler, mais je veux dire que les lois que le
gouvernement entend présenter devant l'Assemblée nationale, au
moment où une motion de fin de session entre en vigueur, devraient
déjà être déposées devant l'Assemblée
nationale pour que nous puissions en prendre connaissance et les
étudier. Ce qui nous concerne pour l'avenir, le passé est
toujours un peu notre guide, du moins, ce qu'on pourrait appeler notre
expérience. Trop souvent, nous avons eu à déplorer, dans
le passé, de mauvaises expériences.
Si on fait un règlement qui n'est pas uniquement un
règlement sessionnel, même s'il pouvait s'étendre à
l'an prochain, on pourrait en faire un règlement permanent. Il faudrait
peut-être qu'on examine la possibilité d'ajouter quelque chose
à notre règlement qui obligerait, en quelque sorte, le
gouvernement, avant que la motion de clôture, avant que la motion de fin
de session n'arrive, à déposer ses projets de loi devant
l'Assemblée nationale. Trop souvent, j'ai vu des lois
déposées à 11 heures le matin, alors que nous avions
siégé jusqu'à 13 heures pour reprendre nos travaux de 15
heures à 18 heures et de 20 heures jusqu'à 24 heures. Nous avions
entrepris, immédiatement après la période des questions,
le lendemain matin, l'étude en deuxième lecture de ces projets de
loi.
Une Voix: Ce doit être l'Hydro.
M. Roy: Cela est arrivé trop souvent dans le passé,
et je pense que le leader du gouvernement est très bien placé
pour me comprendre, puisqu'il a eu à vivre avec moi ces
difficultés. Je ne fais pas de reproches à l'ancien gouvernement
comme tel; par la force des choses on sait très bien qu'actuellement les
gouvernements présentent de 100 à 125 projets de loi par session.
On sait très bien que le menu législatif est extrêmement
lourd, extrêmement chargé. Mais, si on veut faire en sorte que les
députés qui sont appelés à se prononcer des deux
côtés de la Chambre sur ces projets de loi puissent prendre des
décisions responsables, il faudra au moins qu'on leur donne un minimum
de temps pour examiner ces projets de loi, voire même faire de la
consultation et être en mesure de faire travailler leur personnel sur la
portée et les implications de ces projets de loi.
Ce sont les remarques que j'avais à faire. Pour ce qui a trait
aux deux commissions parlementai- res qui peuvent siéger en même
temps que la Chambre, cela ne me pose pas de problèmes qu'il y en ait
une ou deux. Je comprends que je vis une situation peut-être
particulière, mais je tiens à rassurer tout le monde que c'est
temporaire, c'est une situation qui va se corriger. Pour ce qui a trait au
protocole d'entente qui devrait exister relativement à la
télédiffusion des débats, je pense que cela va de soi.
Là-dessus j'endosse entièrement les propos de mes deux
collègues, les leaders des deux partis d'Opposition reconnus à
l'Assemblée nationale là-dessus. Il devrait y avoir un protocole
d'entente et ce protocole devrait être sous la responsabilité et
la garde du président de l'Assemblée nationale, qui devra avoir
un droit de regard complet là-dessus. Il faudra éviter certaines
situations, comme a dit le député de Johnson, tout à
l'heure. Lors de la télédiffusion de nos débats, par
exemple, il pourrait y avoir deux commissions parlementaires qui siègent
en même temps. D'autres députés y siégeraient.
Quelqu'un pourrait s'aviser, pour des considérations qui seraient trop
longues à énumérer, trop longues à expliquer, de
photographier de façon particulière un siège ou deux
sièges de député à l'Assemblée nationale,
pour démontrer dans l'opinion publique que le type n'est pas là.
La population n'est pas toujours, elle, au courant qu'il y a une commission
parlementaire qui siège de telle heure à telle heure. Il ne
faudrait pas que ce soit fait dans l'intention de porter préjudice
à l'endroit des membres de l'Assemblée nationale, quels qu'ils
soient et quelque côté de l'Assemblée nationale que ce
soit, mais que ce soit considéré comme un moyen, un moyen par
excellence, pour mieux informer la population du Québec sur les travaux
de l'Assemblée nationale. Merci.
M. Bellemare: M. le Président, sur...
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le leader?
M. Bellemare: Non, c'est une question d'étiquette et de
politesse. Je voudrais remercier très sincèrement le leader du
gouvernement de nous avoir enfin rétabli ce bon ordo. Je le remercie
avant son départ, je suis sûr que ces bonnes résolutions
vont demeurer. Je lui ferais peut-être remarquer, sans aucune
"accrimination", qu'on devrait ajouter 78, dans la liste en bas,
peut-être s'il y consent.
M. Burns: D'ailleurs je l'ai mentionné cet
après-midi que 78, si on ne l'adoptait pas cet après-midi,
devrait être ajouté à la liste au bas de la feuille.
Vous pouvez l'ajouter pour jeudi prochain. Pour jeudi prochain parce que
je ne serai pas de retour avant jeudi prochain.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement,
j'aimerais mieux que nous en terminions avec la motion et les avis.
M. Burns: Oui, vous avez bien raison, Mme le Président. Je
me plie... D'ailleurs tout ce que vous
me demandez, vous le savez, je l'accepte. Vous ne m'en demandez pas
assez d'ailleurs, madame. Je veux simplement dire... Non, je pensais qu'on
fonctionnait... Je m'excuse, Mme le Président, mais même si vous
êtes au siège présidentiel, nous sommes, à toutes
fins pratiques, en commission plénière. Je n'ai pas voulu
formaliser cette descente de la présidence.
Mme le Vice-Président: C'est de consentement unanime, et
bien sûr vous n'invoquerez pas ce consentement pour créer un
précédent.
M. Burns: Je pense que c'est un peu cela. On a fonctionné
par voie de questions et réponses, généralement, depuis le
début, donc, à toutes fins pratiques, on est en commission
plénière.
Mme le Président, relativement à la question qui a
été soulevée par le député de Laval,
même si spontanément et avec beaucoup de vivacité j'ai
répondu en lui disant que j'étais d'accord pour envisager la
possibilité de limiter à minuit notre horaire de travail en fin
des sessions j'aimerais quand même, à la suite de remarques qui
m'ont été faites par un certain nombre de mes collaborateurs,
ainsi qu'un certain nombre de collègues du côté
ministériel, pouvoir, sans me dédire, sans revenir sur ma parole,
qu'on puisse y repenser.
On m'indique, et je l'avoue en toute humilité, que cela peut
causer de sérieux problèmes à un moment donné, de
sorte que même si on n'avait pas l'adoption de ce règlement
aujourd'hui, je pense qu'on pourrait y revenir jeudi prochain.
M. Bellemare: Sur quel point en particulier?
M. Burns: Sur le point de l'ajournement à minuit. Je vous
dis tout de suite que je n'ai pas l'intention d'utiliser de façon
abusive l'expérience de faire siéger jusqu'à 4 heures du
matin.
M. Beltemare: On peut faire l'expérience jusqu'à
minuit, et si ce n'est pas bon on y reverra.
M. Lavoie: 50 heures par semaine.
M. Burns: II reste quand même, M. le député
de Johnson, M. le député de Laval, avec tout le respect que j'ai
pour vous deux, que je vous demanderais qu'on me donne...
M. Roy: M. le Président, je m'oppose.
M. Burns: ... et M. le député de Beauce-Sud, qu'on
me donne là-dessus, disons, jusqu'à jeudi prochain.
On aura le temps, probablement, de se revoir in camera et d'en
rediscuter. Comme je n'ai pas je vous l'ai annoncé tout à
l'heure l'intention d'utiliser le règlement de fin de session
automatique dans le courant de la semaine prochaine, cela ne causerait pas de
dommage ni quoi que ce soit. Comme, éventuellement, le calendrier doit
s'appliquer pour la fin de la session et pour le début de l'autre,
encore une fois, la semaine prochaine, il n'y a pas péril en la demeure.
J'aimerais bien que nous puissions revoir cela ensemble et nous poser
objectivement, de part et d'autre, les problèmes que peuvent soulever le
fait que le leader du gouvernement se lie d'avance à être
obligé d'ajourner à minuit. Je n'ai pas l'intention, je vous le
répète, d'abuser de cela. Il peut arriver des occasions, et c'est
ce cela dont j'aimerais discuter avec les députés
concernés, soit les députés de Beauce-Sud, de Johnson et
de Laval, possiblement le député de Saint-Laurent, aussi, qui a
participé à ces travaux. Il est important et essentiel que le
gouvernement ait quand même une certaine forme d'initiative, en fin de
session.
Je ne veux pas partir une argumentation là-dessus. C'est pour
cela que, Mme le Président, comme il est rendu 18 heures, je propose que
ce débat soit ajourné.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Le débat est ajourné
à la demande de M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Je propose donc l'ajournement de nos travaux ce
soir on ne siégera pas à l'Assemblée nationale car il y
aura trois commissions à mardi 14 heures.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement des
travaux à mardi, 14 heures est-elle adoptée?
M. Bellemare: Oui.
Mme le Vice-Président: Adopté. Cette
Assemblée ajourne ses travaux jusqu'à mardi 14 heures.
(Fin de la séance à 18 heures)