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(Dix heures dix minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Remerciements à M. Peter Châteauvert
fonctionnaire à l'Assemblée nationale
M. Burns: M. le Président, je veux, aujourd'hui, signaler
le dévouement et la collaboration constante que quelque gouvernement que
ce soit a reçus d'un de ses hauts fonctionnaires, M. Peter
Châteauvert, qui a agi comme greffier du feuilleton, archiviste et
traducteur à l'Assemblée et qui, en principe, aujourd'hui, prend
sa retraite, après seize années de service à
l'Assemblée nationale. Ce dernier, m'informe-t-on, nous a dit: Tant que
la session continuera, je suis prêt à continuer, malgré ma
retraite, à vous donner les services que je peux donner.
Je pense que l'Assemblée nationale, de façon unanime,
pourrait donner son appréciation du travail fait par M.
Châteauvert et également lui transmettre nos remerciements les
plus sincères.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on me
permettra, au nom de l'Opposition officielle, de me joindre au leader du
gouvernement pour ajouter notre témoignage le plus sincère, un
témoignage que nous voulons le plus éloquent possible
malgré la modestie de celui auquel il s'adresse. Ce témoignage
à l'endroit de M. Peter Châteauvert, qui a été,
pendant 16 ans, le greffier du feuilleton, archiviste et traducteur à
l'Assemblée nationale et qui prend sa retraite, bien que, comme l'a
mentionné le leader du gouvernement, il soit toujours à notre
disposition, indique bien et traduit bien la dévotion avec laquelle il a
fait un travail souvent obscur, mais combien important pour la bonne marche des
travaux de l'Assemblée nationale. J'ai eu l'occasion, à maintes
reprises, de recontrer M. Châteauvert à travers nos courses entre
nos bureaux et cette Assemblée et je puis vous assurer que je l'ai
toujours trouvé très occupé et toujours à l'oeuvre
répondant toujours à l'appel du devoir.
On me permettra encore une fois de me joindre au leader du gouvernement
pour lui formuler, à lui et aux siens, nos meilleurs voeux de
santé et, quant à lui, il mérite d'avoir la meilleure
retraite possible et des jours heureux.
M. Bellemare: M. le Président, c'est encore une de nos
traditions qui s'en va. Depuis des années que nous connaissons M.
Châteauvert. Il a été un fidèle serviteur de la
province. Nous le voyons partir avec beaucoup d'émotion, parce qu'il a
été le fidèle gardien de tous les documents qui ont
été déposés en cette Chambre. Je me sou- viens
d'une anecdote un peu spéciale, où j'avais un jour demandé
un dossier que j'avais conservé dans mes classeurs, me croyant bien
propriétaire de ce dossier. Un bon jour, j'ai vu arriver cet honorable
monsieur de l'Assemblée législative avec presque un mandat
d'arrestation, me demandant de lui remettre le dossier que j'avais depuis un
an. Alors, je me suis exécuté, je suis allé dans mes
dossiers et j'ai retrouvé véritablement le dossier qui
était marqué "Assemblée nationale". C'est là la
fidélité d'un bon employé, d'un bon fonctionnaire. Je le
pris d'accepter mes sincères remerciements pour le travail qu'il a fait.
Je suis allé bien des fois consulter des documents qui étaient
déposés par la Chambre. Il a été un homme
extraordinaire dans ce qu'on appelle la fidélité au terrible
quotidien que lui ont imposée ses lourdes responsabilités. Je le
remercie personnellement au nom de mon parti. Je m'associe au leader du
gouvernement, ainsi qu'au chef intérimaire du Parti libéral, pour
offrir à M. Châteauvert nos meilleurs voeux de bonne retraite et
je lui offre ainsi qu'à sa famille mes voeux les meilleurs de bonne
année.
Le Vice-Président:
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des députés.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre des Finances.
Déclaration ministérielle
Modifications à la loi fédérale
de l'impôt sur le revenu
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, au cours de l'année
1976, plusieurs modifications ont été apportées à
la loi fédérale de l'impôt sur le revenu, dont la
très grande majorité est applicable à l'année
d'imposition 1976. Le gouvernement du Québec se doit d'informer les
contribuables de l'attitude qu'il entend adopter face à ces
modifications. Il convient d'annoncer que la Loi sur les impôts du
Québec et ses règlements seront modifiés de façon
à minimiser les inconvénients qui pourraient survenir des
différences entre les structures fiscales fédérales et
québécoises.
Les mesures que nous proposerons dans un projet de loi qui sera
déposé au début de l'année 1977 viseront tant les
particuliers, les sociétés, les fiducies que les corporations.
Nous pouvons indiquer certains de ces changements qui ont trait, en regard des
particuliers, à la notion de résidence principale, à
l'accroissement des frais de déménagement, à la
déduction aux titres d'intérêts et de dividendes, aux
transferts de déduction d'un conjoint à l'autre; en regard des
régimes de participation et autres régimes relatifs au revenu,
à la distribution de dividendes, aux versements de contributions, aux
contributions et régimes en fa-
veur du conjoint, aux régimes modifiés, à la
non-déductibilité de certains transferts entre régimes,
aux remboursements de contributions excédentaires à un
régime enregistré d'épargne-retraite, à
l'annulation de l'enregistrement d'un régime, à la non-imposition
d'un droit de recevoir un paiement lorsqu'un contribuable cesse de
résider au Canada et au calcul d'une perte en capital dans les cas de
transfert de biens entre un contribuable et un fonds créé par un
régime; en regard des sociétés et des fiducies, à
l'introduction ou, selon le cas, à la révision des règles
concernant l'établissement du prix de base rajusté d'une
participation dans une société, la distribution de biens à
des bénéficiaires, une réputée distribution, la
détermination du revenu des fiducies et, enfin, l'exonération de
fiducies créées en vue d'indemniser certaines personnes à
l'égard de réclamations contre des entreprises qui ne peuvent,
elles-mêmes, verser d'indemnité; en regard des corporations,
à la limitation de la déduction de l'intérêt
à des non-résidents, à la révision des
règles régissant l'apport de capital aux fins du calcul du prix
de base rajusté des actions, le calcul du crédit d'impôts
étrangers et les filiales étrangères.
Il y aura également lieu de prévoir ou de réviser
certaines règles concernant le recouvrement de l'amortissement, les
déclarations de dividende, le pouvoir d'opposition et d'appel, le calcul
du revenu des corporations oeuvrant dans le secteur des richesses naturelles,
le calcul des gains ou des pertes en capital des corporations d'assurance sur
la vie ou la détermination de la partie canadienne des revenus de
placements faits par une société d'assurance multinationale et,
enfin, l'inclusion dans le revenu d'une indemnité à
l'égard d'abattage d'animaux.
Concernant l'inclusion ou la déduction dans le revenu d'un
montant reçu ou payé en vertu de la loi concernant le grain de
l'Ouest, les pensions aux victimes du désastre d'Halifax, les
allocations ou les pensions de service de guerre et la limitation des frais de
publicité engagés tant dans les périodiques non canadiens
que dans une entreprise de radiodiffusion étrangère.
La Loi concernant l'application de la Loi sur les impôts devra
également être modifiée à l'égard des
filiales étrangères et des professionnels qui cessent de
résider au Canada. Il y a lieu de prévoir également
certaines modifications qui seront apportées à notre
règlement sur les impôts et qui ont trait à la
révision de certains taux d'amortissement d'un bien acquis après
le 25 mai 1976, afin que le taux applicable à cet élément
d'actif traduise mieux l'amortissement réel, à la limitation de
l'amortissement à l'égard d'un bien mobilier acquis après
le 25 mai 1976 pour des fins de location afin qu'une perte attribuable à
l'amortissement ne puisse réduire le revenu de sources autres que
l'allocation, à la limitation de l'amortissement à l'égard
d'une pellicule cinématographique acquise après le 25 mai 1976
à des règles régissant les filiales
étrangères et, enfin, à la création de nouvelles
catégories de biens concernant les biens forestiers ou les biens
générateurs d'électricité, de chaleur ou de
vapeur.
Il y a également lieu de prévoir certaines modifications
qui seraient apportées pour des fins d'harmonisation ou pour corriger
des dispositions concernant les corporations de placement et ce, pour donner
suite au projet de loi no 70 que nous étudions au cours de la
présente session. L'ensemble de ces mesures, que nous avons
présentées et que nous proposerons, ont pour but de moderniser
certaines dispositions, d'en assurer une meilleure cohérence interne et
d'obtenir une plus grande équité entre les contribuables en
éliminant certaines échappatoires.
Cette harmonisation avec les modifications à la loi
fédérale de l'impôt sur le revenu, dont je parlais au
début de cette déclaration, n'implique aucunement qu'il ne peut y
avoir des divergences destinées à tenir compte de certains
aspects particuliers de la vie québécoise. Nous avons et nous
aurons toujours des différences quant à l'égard de
l'impôt sur le revenu des particuliers qu'à celui de l'impôt
sur le profit des corporations.
Le Président: M. le député de Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, les remarques que je voudrais
faire seront assez brèves. Je les résumerai en disant que, plus
cela change, plus c'est pareil. Je me rappelle avoir fait des
déclarations du genre, en cette Chambre, alors que j'occupais le
fauteuil qu'occupe maintenant le député de L'Assomption, et avoir
entendu l'Opposition nous dire: Un gouvernement qui est à plat ventre
devant Ottawa, qui écrit ses politiques fiscales en s'appuyant sur
celles édictées par le fédéral... M. le
Président, je n'ai pas l'intention de retomber dans ce genre de critique
totalement stérile. La preuve vient d'en être faite par le
ministre des Finances, le député de L'Assomption, lorsqu'il fait
la déclaration que j'aurais faite probablement, et dans les mêmes
termes. Parce qu'il est nécessaire d'avoir une certaine harmonisation
entre les lois fiscales québécoises et les lois fiscales qui
s'appliquent dans les autres provinces, lesquelles, dans bien des cas, sont
administrées par les autorités fédérales.
C'est donc dire qu'il est nécessaire d'avoir cette harmonisation.
Je souscris donc aux propositions que fait l'actuel ministre des Finances. Mais
je ne pouvais pas laisser passer sous silence, l'attitude que prenaient les
membres du Parti québécois, autrefois, alorsqu'ils se livraient
à des débats interminables, uniquement parce que, dans des textes
de loi, nous faisions référence à une loi
fédérale.
J'aurais pu faire ces remarques lors de l'étude du projet de loi
modifiant la Loi sur les impôts. Je n'ai pas voulu le faire, mais je
crois que l'occasion m'était fournie, aujourd'hui, de mettre en
contradiction, une fois de plus, les membres de ce gouvernement qui, en
traversant d'un côté à l'autre de la Chambre, ont
changé d'opinion sur des questions de principe, non sur des questions de
moda-
lité. C'est là-dessus, M. le Président, que je
voudrais terminer mes remarques.
Le Président: M. le député de
Lotbinière. M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, je suis heureux de la
déclaration du ministre des Finances.
Elle fera en sorte, maintenant, qu'on va essayer de minimiser les
inconvénients pour les Québécois de ces différences
entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial. Je
suis heureux des décisions qu'il a prises. Cela fait peut-être
partie du sain fédéralisme que l'on vivra présentement.
Or, toutes ces décisions, nous les appuyons, bien sûr.
Nous aurions aimé avoir de la part du ministre des Finances
aujourd'hui étant donné qu'il prévoit d'avance
commencer ces nouvelles lois au 1er janvier 1977, puisqu'il les a
annoncées pour se protéger, pour ne pas les annoncer plus tard et
qui seraient effectives un peu plus tard la mesure que nous attendions
et que le Parti québécois a promis tout au long de sa campagne
électorale, dans son programme, c'est-à-dire l'indexation de la
table d'impôt refusée par l'ancien gouvernement. Je suis
très déçu de voir que le ministre des Finances ne l'a pas
annoncé aujourd'hui. Mais, quand même, pour le reste de ces
mesures, nous l'appuyons.
Le Président: Le ministre des Finances désire-t-il
exercer son droit de réplique?
M. Parizeau: Non, M. le Président. Puisqu'une question
m'était posée, pour ce qui a trait aux mesures susceptibles de
modifier ou d'intervenir de façon importante dans l'équilibre
général budgétaire, il est évident que ce genre de
considération ne sera abordé qu'à l'occasion du discours
du budget à la prochaine session.
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre des Affaires sociales. M. le premier ministre.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport du Conseil de planification et de
développement du Québec
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport 1974/76 du Conseil de planification et
de développement du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Finances.
Rapport relatif à la Loi du ministère du
revenu, art. 94
M. Parizeau: J'ai l'honneur de déposer le rapport
concernant les remises par le lieutenant- gouverneur en conseil de droits et de
pénalités durant la période comprise entre le 30 mars 1976
et le 21 décembre 1976, conformément à la Loi du
ministère du Revenu, article 94.
Le Président: Le ministre des Affaires sociales.
Rapport annuel du Conseil des affaires sociales et de
la famille
M. Lazure: M. le Président, c'est avec plaisir que je
dépose le rapport annuel 1975/76 pour le Conseil des affaires sociales
et de la famille.
Le Président: Rapport déposé.
Le ministre des Affaires municipales.
Lettres relatives aux subventions aux
municipalités
M. Tardif: Comme annoncé hier dans ma déclaration
ministérielle, j'ai l'honneur de déposer copie des lettres de
subventions aux municipalités, des lettres d'annulation ainsi que la
liste complète de ces municipalités.
Le Président: Documents déposés.
Questions orales des députés.
M. le chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Politique économique du gouvernement
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre admettra que
l'arrivée au pouvoir de son gouvernement a amené les milieux
économiques à adopter une certaine attitude d'attente, que l'on
comprend et que l'on s'explique aisément dans les circonstances, une
attitude d'attente, donc, pour connaître véritablement la
politique économique du nouveau gouvernement.
J'ai eu l'occasion de souligner, dans mon discours en réponse au
message inaugural, certaines interrogations sur la portée réelle
de certains engagements de nature économique contenus
particulièrement dans le programme du Parti québécois,
édition 1975.
Alors, le premier ministre pourrait-il me dire s'il a l'intention
d'apporter les précisions qui s'imposent et à quel moment? Est-il
exact que, comme le rapportait hier dans le Devoir, M. Michel Roy, le ministre
de l'Industrie et du Commerce avait déclaré au New York Times que
le nouveau gouvernement était à réécrire le
programme économique du Parti québécois parce qu'il
n'avait pas été rédigé par des économistes?
Si oui, combien de temps encore faudra-t-il attendre pour savoir où le
gouvernement se loge en matière économique, entre autres, en ce
qui concerne le rôle de l'entreprise privée? L'entreprise
privée, c'est la grande, la moyenne et la petite entreprise. Et, dans
ce
contexte, le premier ministre est-il conscient que le silence de son
gouvernement sur la question ne peut qu'ajouter aux difficultés
économiques actuelles des travailleurs québécois, alors
même que le gouvernement ne semble avoir aucun programme précis,
surtout à court terme, pour relancer l'économie et faire la lutte
au chômage?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je dois avouer que je trouve un peu
curieux le ton du chef de l'Opposition quand il se réfère au
chômage et à l'intérêt des travailleurs dans cette
période extrêmement difficile que nous traversons. Sans insister
plus qu'il ne le faut, je suis obligé de rappeler au chef de
l'Opposition...
M. Levesque (Bonaventure): Le refrain. Le Président:
A l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): Si le chef de l'Opposition le veut,
dans ma réplique, je pourrai également lui donner l'occasion,
s'il y tient, de réemployer le deuxième refrain sur le
fédéralisme.
M. Blank: Au printemps.
M. Levesque (Bonaventure): La deuxième étape.
M. Lévesque (Taillon): Très rapidement, je suis
obligé quand même de répondre au chef de l'Opposition,
simplement, d'abord, sur une question de fait et je pense bien qu'il le
sait mieux que moi; je comprends un peu l'intention de sa question je
lui réponds quand même que cela a été dit à
l'ancien gouvernement l'été dernier, au début de
l'automne, jusqu'au moment où ces gens ont décidé de
déclencher une campagne électorale: Pour l'amour du bon Dieu, ne
pourrait-on pas préparer des projets?
Cela ne s'improvise pas du jour au lendemain pour ce qu'on a
appelé l'après-Olympiques et pour un hiver qui s'annonçait
très dur. Je pense qu'à part des programmes extrêmement
ponctuels, il est très difficile de faire autre chose que ce qu'on a
fait jusqu'ici surtout dans l'état délabré où on a
hérité du budget. On fait ce qu'on peut, mais le fait est qu'on
n'a rien trouvé je le répète, je ne tiens pas
à insister, mais le chef de l'Opposition m'en donne l'occasion
périodiquement qui fût prêt à être
employé pour, si vous voulez, relancer l'économie.
Relancer l'économie quand cela va mal dans l'ensemble comme cela
va mal en ce moment n'est pas un travail qui se fait du jour au lendemain. Je
pense que l'expérience de nos amis d'en face et les souvenirs qu'ils ont
de leur propre inaction dans ce domaine devraient leur faire comprendre que ce
n'est pas en trois semaines ou un mois qu'on peut arriver à cela. On
s'est informé de ce qui se faisait au fédéral. Tout ce
qu'on a trouvé est une espèce d'inventaire, pas d'inventaire
encore, mais, si vous voulez, de programmes urgents qui semblent
représenter, d'après le ministre des Finances, à peine $60
millions de programmes divers.
De notre côté, on a essayé de mettre en marche tout
de suite il ne s'agit pas de s'imaginer que cela va créer des
miracles du jour au lendemain mais de mettre en marche tout de suite la
politique d'achats dont on avait parlé, qui devrait commencer, au moins,
à aller chercher des tranches additionnelles de biens ou de services
québécois pendant l'hiver qui commence. Au-delà, pour ce
qui est du programme économique du parti qui est aujourd'hui responsable
du gouvernement, les articulations générales en sont bien
connues, les principes généraux en sont bien connus. Ce programme
est public depuis des années. Il s'est amendé en cours de route.
Il a encore besoin d'être amendé. Il a été
conçu et discuté avec la présence de très nombreux
économistes parmi les plus éminents au Québec. Cette
coopération ne nous a jamais manqué. Ce qui ne veut pas dire que
le programme n'a pas besoin d'être amendé, d'être
ajusté. Mais, strictement sur le point concret dont parlait le chef de
l'Opposition, il n'y a rien dans ce programme qui soit contre l'entreprise
privée, pas plus la petite ou la moyenne que la grande. S'il s'agit
d'entreprises privées étrangères, on a des exigences plus
précises, non seulement dans le présent, mais surtout pour
l'avenir, dans un autre statut politique qu'on espère atteindre, des
exigences beaucoup plus précises qui sont celles d'un peuple qui se
respecte vis-à-vis des investissements étrangers.
Pour ce qui est des entreprises enracinées chez nous, surtout les
petites et les moyennes entreprises qui, je sais, préoccupent aussi le
député de Lotbinière, on a déjà, par cette
amorce de politique nouvelle des achats, essayé de prévoir
quelque chose dans leur intérêt pour leur stabilisation, leur
développement. Le reste, c'est-à-dire les services
nécessaires, la régionalisation des services gouvernementaux, des
choses qui sont déjà dans notre programme, on va essayer de les
appliquer le plus vite possible. Mais, je répète en terminant que
s'imaginer faire beaucoup de millage et je m'excuse de le dire
avec des questions plus ou moins paraquotidiennes à propos de programmes
qui ne s'improvisent pas, est, je crois, un peu perdre notre temps à
tous.
Le Président: S'agit-il d'une question accessoire?
M. Garneau: Oui, M. le Président.
Le Président: Le député de Jean-Talon.
M. Garneau: Je constate que les réponses de l'actuel
premier ministre ne sont pas tellement loin de celles de I ancien premier
ministre. Concernant les questions qui lui étaient posées, le
premier ministre pourrait-il nous dire pourquoi, dans le cadre de
l'administration publique, le gouvernement et son Conseil du trésor ont
coupé du moins ce
sont là les nouvelles qui ont paru dans les journaux les
travaux ou les plans de travaux en marche de la Société
d'habitation?
C'est ce que j'ai cru comprendre, du moins, selon les journaux. Tous les
programmes qui avaient été confiés en préparation
à des professionnels en vue de la construction de résidences pour
personnes âgées, qui n'étaient pas en réalisation,
auraient été interrompus. C'est ce que les journaux ont
rappelé en rapportant les commentaires du vice-président du
Conseil du trésor. Ne serait-ce pas là une façon de mettre
en branle des travaux pour combattre le chômage? Si ce n'est pas au mois
de janvier, ce sera peut-être au mois de mars ou avril. De même, M.
le Président, le gouvernement ne pourrait-il pas revoir, d'une
façon très attentive, les subventions qui avaient
été promises aux municipalités pour la réalisation
des travaux qui auraient pu se faire, se poursuivre durant l'hiver et ainsi,
dans plusieurs régions du Québec, combattre le chômage? Ne
seraient-ce pas des choses qui devraient être prises en
considération?
M. Lévesque (Taillon): Si le député de
Jean-Talon me le permet, je dirais tout simplement qu'il y a eu un très
gros travail, auquel, pour la décision d'ensemble, tout le Conseil des
ministres a participé, de compression d'un budget qui en avait
dramatiquement besoin. Je pense que l'ex-ministre des Finances est plus au
courant que nous.
Pour ce qui est de la réponse à la question
concrète qu'il pose, je pense que c'est au Conseil du trésor, au
ministre des Finances, qu'il appartiendrait de préciser, dans sa
réponse, ce qui peut être précisé.
M. Marchand: Question accessoire.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je n'ai pas lu l'article du
journal en question. Je pense que je sais cependant ce à quoi cela se
réfère. Effectivement, nous avons, au Conseil du trésor,
remis en cause un projet qui, à certains égards, semblait
être assez peu conforme à un usage judicieux des fonds publics.
Des décisions de ce genre n'impliquent rien contre une politique
d'attaque au chômage ou de création d'emploi. Ce n'est pas parce
qu'on pense avoir à lutter avec énergie contre le chômage
qu'on doit accepter n'importe quoi.
M. Biron: Question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Sur le même sujet. Etant donné qu'on
souffre du chômage actuellement au Québec, peut-être que le
premier ministre, en l'absence du ministre de l'Industrie et du Commerce,
pourra nous dire s'il y aura des démarches additionnelles auprès
du gouvernement fédéral pour bénéficier davantage
des projets d'initiatives locales? On nous disait dernièrement que le
gouvernement fédéral mettrait plus d'argent en circulation pour
ces projets. Or, on sait qu'il y en a beaucoup qui ont été
refusés au Québec. Est-ce qu'il y aura des démarches et
des pressions auprès du gouvernement fédéral pour en
bénéficier?
M. Lévesque (Taillon): Oui. De toute façon, j'ai
déjà eu l'occasion de le dire à la Chambre. Je pense qu'on
vient d'ailleurs de signer une entente qui va couvrir une année de
travaux qui ne portera peut-être pas le même nom il y a tout
un jargon qui évolue mais des travaux qui sont censés
avoir une orientation plus permanente que celle des initiatives locales. Cela
implique évidemment, encore une fois, c'est pour un an seulement,
1977/78, une autre de ces emprises subtiles que l'administration
fédérale s'arrange pour prendre tranquillement dans tous les
secteurs sur des juridictions fondamentales du Québec en apportant de
l'argent, de l'argent qui, au fond, nous appartient. Cela permet d'avoir ainsi
des ficelles qui deviennent des câbles un peu partout sur les initiatives
du Québec.
Vu la situation, on peut dire, extraordinairement urgente, qui nous
oblige à essayer de trouver une création d'emplois ou un maintien
de l'emploi dans tous les coins où c'est humainement possible, on l'a
acceptée, mais cela ne veut pas dire que cela implique une direction
permanente pour l'avenir. C'est le moins que je puisse dire.
M. Garneau: M. le Président, sur la réponse que
donnait tout à l'heure le ministre des Finances...
Le Président: S'agit-il d'une question accessoire?
M. Garneau: Oui, M. le Président.
Le Président: La dernière, M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: Le ministre des Finances s'en tire très
allègrement en ce qui concerne la lutte au chômage. Ce n'est pas
par le fait que des projets ont pu être accordés qu'il faille
ainsi les interrompre. D'autant plus que, dans le cas de la
Société d'habitation, des projets de résidences pour
personnes âgées ou de HLM, le fait de retarder la
réalisation de ces projets risque également de faire perdre les
fonds de la Société centrale d'hypothèques et de
logement.
Ma question additionnelle est la suivante. Le ministre des Affaires
municipales avait indiqué... avait même blâmé
l'ancien gouvernement de ne pas avoir toujours utilisé l'ensemble des
fonds en provenance de la Société centrale d'hypothèques
et de logement. La décision que le Conseil du trésor a prise,
n'est-elle pas de nature à faire perdre également des fonds de la
Société centrale d'hypothèques et de logement en plus de
ne pas répondre aux besoins des foyers pour personnes
âgées?
M. Parizeau: Non, M. le Président, il n'y a pas de raison
de renoncer aux sommes auxquelles nous avons droit à la
Société centrale d'hypothèques et de logement, sous
prétexte que, dans l'étude, cas par cas, de projets, on se rend
compte, à un moment donné, qu'un projet, encore une fois, ne
répond pas à un usage correct et judicieux des fonds publics. Ce
n'est pas parce qu'on se sent une sympathie considérable pour les
personnes du troisième âge qu'on doit accepter des logements
à n'importe quel prix. Ce n'est pas parce qu'on est en faveur des
logements subventionnés qu'on doit accepter n'importe quel niveau de
subventions. Je pense que c'est simplement raisonnable de faire en sorte que,
parmi tous les projets disponibles, on les trie et qu'on en refuse certains,
lorsqu'on constate que vraiment ils ne correspondent pas à des normes
acceptables.
M. Biron: M. le Président.
Le Président: Le chef de l'Union Nationale. Je m'excuse,
M. le chef de l'Union Nationale. S'agit-il d'une question accessoire?
M. Biron: Non, c'est une question principale.
Le Président: Je pense que l'Opposition officielle a
encore droit à une question principale. M. le député
d'Outremont
L'avenir de l'OPDQ
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au premier ministre, en profitant de l'occasion du dépôt
du rapport du Conseil de planification et de développement du
Québec, de nous dire quelle place est occupée à l'heure
actuelle par l'OPDQ au sein de l'administration provinciale et, ensuite,
d'informer la Chambre si des initiatives ont été prises
récemment quant au rôle qu'il entend faire jouer à l'OPDQ,
au Conseil de planification et de développement du Québec qui,
comme on sait, est un organisme relié à l'OPDQ d'une certaine
façon?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que le
député d'Outremont comprendra que ma réponse va être
assez succincte, parce qu'il sait sûrement qu'on a établi un
comité d'étude, rapide, si on veut, sur la question, pour arriver
à la réponse essentielle correspondant à la question qu'il
vient de poser, c'est-à-dire l'avenir de l'OPDQ, et, forcément,
relié au conseil aussi. Tout ce que je peux dire, c'est que l'OPDQ, qui
regorge de compétences qui ont été remarquablement
sous-utilisées, mais qui ont été recrutées au cours
des dix dernières années à peu près, depuis qu'on
était parti dans la perspective de la planification, a fait beaucoup
d'études, en commande aussi si on veut une espèce
d'aperçu extrêmement général de ce qu'ils font
. Il fait également beaucoup de travail de coordination, si vous
voulez, de Québec-régions, par les conférences
administratives régionales, parce que cela revient chez lui; il fait
aussi un énorme travail administratif, on peut dire aussi de
surveillance administrative, en ce qui concerne les ententes en cours ou les
ententes en préparation du côté Canada-Québec, tout
le fédéral-provincial est là. En ce moment, il y a
déjà une étude qui se poursuit très rapidement sur
cette partie, ce compartiment Canada-Québec, les ententes
fédérales-provinciales avec la coopération,
évidemment, du ministre des Affaires intergouver-nementales, à
laquelle se consacre le ministre d'Etat à l'aménagement.
Pour ce qui est de la perspective d'ensemble de l'avenir de l'OPDQ, le
comité que je préside, puisque c'est jusqu'à nouvel ordre,
jusqu'en février, relié à la présidence du conseil,
va essayer d'arriver avec les questions le mieux possible, les
définitions d'avenir, l'orientation éventuelle de l'OPDQ, pas
plus tard qu'en février, mais sûrement pas avant.
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle, M. le
Président.
Le premier ministre a indiqué par sa réponse qu'il a une
connaissance assez floue du travail qui se fait à l'OPDQ, il me
permettra de le dire. Deuxièmement, lorsqu'il parle de sous-utilisation
des effectifs de l'OPDQ, il confirme la première partie de ma
proposition. Troisièmement, on parle d'étudier, encore une fois,
et je regarde le vice-premier ministre qui, il n'y a pas longtemps...
M. Morin (Sauvé): ...
M. Levesque (Bonaventure): ... était dans ma région
pour dire: Ecoutez, on étudie. Ce gouvernement étudie,
étudie et étudie. Rappelez-vous cela.
M. Morin (Sauvé): C'était drôlement vrai.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je voulais
simplement vous réveiller, je voulais poser la question additionnelle au
premier ministre. Est-ce qu'il est au courant, dans le contexte et dans le
cadre de ces études, qu'une étude venait d'être
terminée relativement aux orientations de l'OPDQ et à la place
qu'il devait prendre dans l'appareil gouvernemental?
Cette étude avait été faite avec la
coopération du Conseil exécutif, du Conseil du trésor, du
bureau du premier ministre et, je crois, de la Fonction publique, mais je ne
suis pas sûr. Mais, enfin, il y a eu plusieurs contributions importantes
de la part de diverses autorités gouvernementales et cela, au plus haut
niveau.
Si le premier ministre n'était pas au courant, c'est la question
que je lui pose. S'il n'est pas au courant, ce serait simplement une suggestion
de regarder ce qui a été fait avant l'arrivée au pouvoir
du présent gouvernement.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Après six années et
demie ou, enfin, à peu près six ans d'administra-
tion, après avoir quelque peu sous-utilisé... Quand je
disais "sous-utilisé", c'est surtout en fonction.. Je ne veux pas dire
que les gens ne peuvent pas travailler. Cela travaille très fort; j'ai
vu un calendrier d'à peu près 50 ou 60 comités, par
exemple, auxquels participent les gens de l'OPDQ. C'est assez pour faire
tourner la tête. Seulement, tu te demandes comment cela se relie, si on
peut employer l'expression, au processus décisionnel du gouvernement, de
l'administration. Cela a été créé pour cela, pas
seulement pour fonctionner dans le vide ou pour administrer des ententes qui
pourraient fort bien, des fois, être administrées par les
ministères concernés.
On a l'impression qu'on ne savait pas quoi faire avec l'OPDQ. Il a
été rattaché ici, rattaché là. Je pense que
c'est le chef de l'Opposition qui a été le dernier rattachement,
ce qui lui donne une certaine familiarité superficielle avec les
choses.
M. Morin (Sauvé): Quelle logique!
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce pour répondre à
mon flou, cela?
M. Lévesque (Taillon): Pour ce qui est des études,
après six ans, qu'on avait faites sur l'avenir de l'OPDQ, c'est avec
cela qu'on a démarré à la première réunion
du comité ad hoc il ne s'agit pas d'un comité permanent
d'étude qui, d'ici février, doit essayer de
démêler, dans le présent et à partir de rapport
comme cela, l'avenir possible de l'OPDQ. Ce à quoi se
réfère le chef de l'Opposition, c'est à un rapport qui
avait été préparé essentiellement par un groupe de
hauts fonctionnaires, après étude de l'OPDQ; il y avait
également un rapport minoritaire du directeur actuel intérimaire
du même organisme. On a commencé par regarder cela et c'est
à partir de là, évidemment, mais on n'est pas
obligé de s'enfermer, sauf tout le respect qu'on doit aux gens qui ont
fait le rapport, dans cette optique. Pour rassurer le chef de l'Opposition, on
a commencé par regarder ce tout petit morceau, un peu tardif
après six ans, de l'héritage de réflexions de l'ancien
gouvernement.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Comité sur l'avenir des installations
olympiques
M. Biron: Ma question s'adresse au premier ministre. Fort de
l'assurance donnée à l'Assemblée nationale au cours des
derniers jours, par vous, que votre gouvernement s'emploierait à
reconsidérer certaines erreurs de parcours qui seraient dues à
l'inexpérience, et on le comprend, est-ce que vous pouvez nous donner
l'assurance on doit vous féliciter parce que les dernières
déclarations ministérielles avaient beaucoup plus de
cohérence que les premières; c'est peut-être parce qu'avec
nos conseils, le gouvernement s'améliore que vous allez
reconsidérer, avec votre ministre délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, la forma-
tion du comité postolympique et la présence du maire de
Montréal comme représentant de la ville de Montréal,
étant donné l'insistance du comité exécutif et de
la ville de Montréal d'avoir la présence du maire de
Montréal à ce comité? Serait-il possible de le
reconsidérer?
M. Lévesque (Taillon): Si le député de
Lotbinière le permet, je pense que la question s'adresse beaucoup plus
précisément au ministre délégué au
Haut-Commissariat.
M. Charron: Je pense que je recevrai l'assentiment de
l'Assemblée si je dis que le travail de ce comité, sur
l'héritage le plus monstrueux qui pouvait nous arriver, doit avoir comme
condition essentielle, pour que la suggestion faite au Conseil des ministres
soit une solution socialement justifiable et économiquement raisonnable,
l'impartialité absolue de chacun de ses membres. Le comité est
déjà à l'oeuvre depuis cette semaine. Chacun a eu
l'occasion de mesurer l'énorme tâche qui repose sur les
épaules de chacun des membres quand il s'agit de savoir quoi faire avec
ce qu'il nous arrive et que suggérer qui soit raisonnable pour les
Québécois.
En ce sens, il me semble que le premier à comprendre, ce devrait
être le comité exécutif de la ville de Montréal,
c'est-à-dire qu'il n'est pas question d'inclure au comité des
gens qui ont été, à un moment ou à un autre, les
promoteurs d'une des hypothèses que ce comité doit envisager.
L'impartialité exige même, à mon avis, de ce
comité, qu'aucun débat politique, que ce soit de survie d'images
ou que ce soit d'ambitions, ne puisse se maintenir à l'intérieur
du comité pour que le travail soit fait le plus objectivement et de la
façon la moins politisée possible.
Ce comité donc travaillera au cours des prochaines semaines, sans
que je n'en fasse directement partie, mais me fera, à la fin du mois de
janvier et je leur ai bien demandé de respecter le calendrier
ardu, ils se sont appliqués à la tâche avec bonne
volonté un premier rapport sur une recommandation quant à
l'avenir du Village olympique et me fera plus tard, vers la fin de l'hiver, une
recommandation sur ce qui est un problème fondamental que,
j'espère, tout le monde considère comme étant un
problème fondamental pour la collectivité
québécoise, l'avenir du parc olympique lui-même.
Le caractère d'impartialité, d'objectivité, de
neutralité, à l'extérieur de tout débat politique
mérite, je pense, de recevoir l'assentiment de tout le monde.
Le Président: M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Si j'ai bien compris le ministre
délégué au Haut-Commissariat, à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, il nous a dit que le comité fonctionnerait, sans
qu'il en fasse partie. Alors, j'aimerais savoir qui sera
délégué pour remplacer le ministre à ce
comité et est-ce que le ministre a l'intention de nommer d'office un
représentant de la ville de Montréal?
M. Charron: M. le Président, j'ai l'intention de terminer
la composition de ce comité, de la même façon qu'il a
été initié, c'est-à-dire par des choix personnels
du ministre; c'est ma responsabilité, des gens que j'estime non
mêlés ni de près, ni de loin, à la
réalisation et à la suggestion la meilleure qu'ils puissent nous
faire. Malheureusement, j'aurais voulu, ce matin, présenter une autre
personne membre de ce comité, comme je ne puis confirmer officiellement
son appartenance au comité, je demanderai au député de me
donner cette chance, je dois rencontrer cette personne aujourd'hui. Semble-t-il
qu'il devrait travailler sur le comité.
Quant à l'autre personne, M. le Président, parce que je
considère, depuis le début et c'est dans ce sens que
j'avais consulté la ville de Montréal que non seulement la
ville de Montréal est à l'origine de ce projet, mais qu'elle est
directement impliquée dans l'avenir de ce projet par les revenus qu'elle
en tirera au moyen de la taxe de vente, j'espère encore que le
comité exécutif de la ville de Montréal
déléguera une personne non politique, non liée, ni de
près ni de loin, à une des hypothèses que le comité
a envisagées pour représenter les intérêts de la
ville.
Si le comité exécutif décide encore de vouloir
politiser le débat à l'extrême, nous devrons nous passer
d'un représentant de la ville de Montréal.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent,
une dernière question accessoire. Il s'agit d'une question
accessoire?
M. Forget: Une question principale. Le Président:
Une question principale.
M. Biron: Très courte, si j'ai bien compris le ministre,
le ministre délégué a décidé qu'il ne serait
pas membre de ce comité et que ce serait quelqu'un d'autre qui le
remplacerait.
M. Charron: Ce qui a été décidé, M.
le Président, c'est de faire la formule habituelle d'un comité
consultatif auprès d'un ministre, c'est-à-dire que je m'engage
à suivre évidemment, très attentivement le
déroulement de. ce comité, mais, pour que la neutralité
aux yeux de tous les Québécois soit bien connue, je pense qu'il
est préférable de retourner à cette formule habituelle,
qui fait que le comité, en suivant son déroulement, me fera
rapport au moment des recommandations finales. J'en discuterai avec lui, je
l'endosserai vraisemblablement, je l'espère et le présenterai
à mes collègues du Conseil des ministres.
Le Président: M. le député de
Verchères.
Subventions aux municipalités en matière
de loisirs
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que le ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, pourrait dire, aux membres de cette Assemblée,
s'il a des direc- tives à nous donner quant aux nombreuses promesses de
subventions qui ont été faites à différentes
municipalités du Québec, notamment dans le comté de
Verchères, pour le financement d'installations sportives et
récréatives? Si on prend l'exemple du comté de
Verchères, il y a eu des promesses électorales faites au cours
des dernières semaines, totalisant des montants d'argent de près
de $400 000. Là, on est poigné avec cela, puis je voudrais savoir
ce qu'on doit dire aux administrateurs municipaux et aux gens qui ont des
besoins, à qui on a créé des attentes justifiées
dans bien des cas?
M. Charron: M. le Président, ce que dit le
député est parfaitement fondé et a même
occupé une grande partie du temps du travail du Haut-Commissariat,
depuis j'en suis le responsable. Effectivement, il y avait d'engagés
dans le budget, en date du 1er octobre, au chapitre des équipements en
loisirs pour toutes les municipalités du Québec, $762 000 pour
l'année en cours, devant totaliser les engagements sur les prochaines
années d'environ $2 250 000.
Je le dis de mémoire, mais je connais assez les chiffres, c'est
environ $2 250 000. Soudainement, entre le 18 octobre et le 5 novembre, des
dates familières à chacun des membres de cette Assemblée,
les engagements pour les années en cours sont passés de $762 000
à $2 009 000 et, sur les engagements des années
ultérieures, de $2 250 000 on est monté à $5 460 000.
Il n'y avait aucune disponibilité financière pouvant
permettre à un ministre d'affirmer par 160 lettres d'intention à
différentes municipalités du Québec pareil engagement. Je
sais, j'ai eu des représentations, non seulement des membres du parti
ministériel, mais je dois dire aussi des membres du parti auquel
appartenait ce ministre, voulant que plusieurs municipalités aient tenu
pour acquis ce qui devrait normalement être le cas, je ne leur en
fais aucun blâme ce qui s'appelle une lettre d'intention d'un
ministre. A certains égards, plusieurs régions du Québec
ont entrepris, sur foi de la lettre du ministre, les travaux autorisés
en ce sens.
Il y a eu, je le reconnais, de la part du ministre responsable un
désengagement partiel au lendemain de sa défaite
électorale, mais le mal était fait et, à plusieurs
endroits, les sommes avaient été engagées. La solution est
la suivante, et elle vient, en bonne partie, de l'excellente collaboration du
ministre des Finances qui a accepté, dans le budget
supplémentaire adopté par cette Assemblée hier, de mettre
à ma disposition la somme additionnelle de $1 million.
Nous espérons que ce $1 million suffira pour rembourser les
municipalités qui ont engagé dans les projets les sommes qui leur
avaient été promises. Cette semaine même, à
l'intention de toutes les municipalités engagées à la
grandeur du territoire du Québec, c'est-à-dire les victimes de
cette période, partira une lettre dans laquelle j'invite les
municipalités malheureuses, mal prises, en quelque sorte maintenant,
à me faire parvenir des fac-
tures et des résolutions de leur propre exécutif, au sujet
des montants engagés au cours de la période qui a suivi la lettre
d'intention jusqu'au 15 décembre dernier. Ces municipalités
seront remboursées à partir de la somme du million de
dollars.
Pour les autres, celles qui ont eu une lettre d'intention, mais qui ont
eu la sagesse de se méfier d'une promesse électorale et de ne pas
entreprendre immédiatement les travaux, je leur demande, puisque nous
sommes dans une incapacité financière de répondre à
ces demandes, de reprendre la filière normale du haut-commissariat, en
espérant que le prochain budget 1977/78 puisse leur donner une
réponse favorable.
M. Charbonneau: Question additionnelle.
M. Le Moignan: M. le Président...
M. Charbonneau: Question additionnelle.
Le Président: Une dernière question accessoire
là-dessus, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Dois-je comprendre que vous allez
considérer comme prioritaires les municipalités où les
travaux ont déjà été effectués et
même, dans certains cas, déjà complétés?
M. Charron: Effectivement, c'est à elles, normalement, que
devront se verser les premières sommes, mais j'insiste pour dire
qu'elles devront faire parvenir avant la fin de janvier, c'est stipulé
dans la lettre que je leur écris, au Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports, les preuves que les travaux ont
été effectués avec les factures qui les accompagnent.
Le Président: A l'ordre! Un instant! M. Samson:
Question additionnelle.
Le Président: Je m'excuse, M. le député de
Rouyn-Noranda. J'avais dit: Une dernière question accessoire
là-dessus. Le temps, d'ailleurs, est déjà
écoulé. J'ai reconnu deux personnes depuis longtemps. J'accorde
deux dernières questions principales, brèves, s'il vous
plaît. M. le député de Saint-Laurent, ensuite M. le
député de Rivière-du-Loup. Cela mettra un terme à
la période des questions.
Taxe d'eau des assistés sociaux
M. Forget: Merci. Ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales et elle découle d'une observation qu'il a faite il y a deux
jours en réponse à une intervention du député de
Verdun relativement au problème de la taxe d'eau pour les
assistés sociaux.
Je me permets un très bref préambule, il y avait dans la
réponse du ministre une certaine ambiguïté. Je n'y serais
pas revenu si les media d'information n'avaient pas repris ses remarques.
Comme il y aura probablement plusieurs semaines avant que nous puissions
à nouveau revenir sur le sujet, j'aimerais donner l'occasion au ministre
de préciser sa pensée.
Il a indiqué, en effet, que dans le budget commerçant le
1er avril 1977, il y aurait des dispositions ou des provisions
financières permettant de soulager ou d'aider les assistés
sociaux dans le contexte de la taxe d'eau.
Comme cette remarque peut être prise dans trois sens
différents, j'aimerais qu'il nous indique dans lequel de ces trois sens
nous pouvons prendre sa remarque. Premièrement, on peut croire qu'elle
indique que les barèmes généraux de l'aide sociale seront
majorés et donneront plus de place, en quelque sorte, pour le paiement
de la taxe d'eau. Deuxièmement, elle peut laisser envisager qu'il y aura
dans l'administration de l'aide sociale un retour aux dispositions anciennes de
la ville de Montréal qui se payait elle-même à même
les chèques d'aide sociale, et il peut suggérer que cette
pratique soit reprise. Troisièmement, elle peut vouloir signifier qu'il
y aura, dans les besoins spéciaux de l'aide sociale, un nouvel article
permettant le remboursement direct aux municipalités des taxes locatives
que des assistés sociaux doivent.
J'aimerais que le ministre nous indique laquelle de ces trois
interprétations il faut donner à sa remarque d'il y a deux
jours.
M. Lazure: Précisément parce que la formule la plus
souhaitable n'est pas encore arrêtée, je me suis contenté
d'un commentaire général que je dois répéter. Les
directives que j'ai données aux collaborateurs du ministère sont
de trouver une façon pour que cesse cette situation vraiment
inacceptable d'après laquelle des assistés sociaux se voient
interrompre tel ou tel service parce qu'ils n'ont pas acquitté la
facture de telle ou telle taxe.
Je pense qu'il est relativement secondaire, autant pour les
assistés sociaux que pour l'Assemblée, que la modalité
soit a), b) ou c). Je voulais simplement rassurer nous allons discuter
des crédits 1977/78, j'imagine, dans cette Chambre et là, nous
pourrons parler des modalités avec le député de
Saint-Laurent les assistés sociaux, puisque c'est un
problème qui a traîné longtemps sous nos
prédécesseurs, qu'il y aurait indulgence à leur
égard.
Nous avons, je le répète, correspondu avec la ville de
Montréal pour que ces gens adoptent, eux aussi, une attitude indulgente,
et ceci, provisoirement, jusqu'à l'application du nouveau budget
1977/78.
M. Forget: Question accessoire.
M. Bellemare: Me permettriez-vous simplement une directive? Ce
matin, nous nous sentons lésés dans notre pouvoir de poser des
questions. Nous ne nous opposons pas à ce que le gouvernement, par ses
députés, pose des questions. Il y a aussi la période des
déclarations ministérielles qui leur est accordée. Les
réponses que font les minis-
très sont beaucoup plus longues qu'autrefois. Nous avons, ce
matin, seulement une question. Nous aurions eu aussi une autre question de la
part du député de Gaspé. Je pense que ce serait
raisonnable que nous ayons au moins encore une question ce matin. Je vous
demande une directive si c'est possible.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je voudrais vous rappeler que le temps est déjà
écoulé. Je voudrais également vous rappeler qu'il est vrai
que je le note les questions sont généralement trop
longues ainsi que les réponses. Je pense que ce n'est pas
nécessairement la responsabilité de la présidence si et
les questions et les réponses sont trop longues. Il est impossible, dans
le temps qui est accordé par le règlement, d'accorder une
question à tout le monde. Je ne voudrais pas créer de
précédent après avoir décidé qu'il n'y aura
plus d'autres questions que les deux que j'ai permises, que j'ai
autorisées, soit la question principale du député de
Saint-Laurent et la question du député de
Rivière-du-Loup.
Je comprends que les réponses sont peut-être longues, mais
c'est la première fois que j'autorise les députés de la
majorité à poser des questions.
Le député de Rivière-du-Loup, dans une
dernière question principale. Je maintiens ma décision.
M. Forget: Question accessoire, M. le Président.
Le Président: II n'y a pas de question accessoire. Je
m'excuse, je l'avais déjà dit.
Fermeture du Musée d'archéologie de
l'Est du Québec
M. Boucher: Ma question s'adresse au ministre des Affaires
culturelles.
Je vais essayer de suivre votre directive, M. le Président, de
formuler une question assez courte. Il s'agit de la fermeture du Musée
d'archéologie de l'Est du Québec qui vient de survenir, en raison
de l'impasse financière que ce musée traverse
présentement, à la suite de coupures de subventions de l'an
dernier. J'aimerais savoir du ministre des Affaires culturelles si le
ministère entend reprendre l'étude de ce dossier et
remédier à la situation compte tenu de l'importance du rôle
de ce musée pour toute la région de l'Est du Québec et,
deuxièmement, si la politique du ministère des Affaires
culturelles maintiendra le rôle initial de ce musée.
M. O'Neill: Très brièvement, M. le
Président, le dossier n'est pas clos. C'est un problème un peu
complexe. Je le résume très brièvement. Il s'agit du
produit d'une sorte de parachutage culturel. Ce musée de
Rivière-du-Loup...
Des Voix: Non, non.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. O'Neill: ... je comprends, M. le Président, que les
Affaires culturelles n'intéressent pas certains membres de l'Opposition,
mais je crois qu'il y a quand même d'autres gens qui peuvent être
intéressés.
M. Mailloux: ... la culture de l'honorable
député.
Le Président: A l'ordre! J'aimerais qu'on n'interrompe pas
le ministre, s'il vous plaît.
M. O'Neill: En bref, M. le Président, c'est ceci. Il y a
eu une entente Canada-Québec, qui a été à la source
de la réalisation de ce musée, au montant de $175 000, mais
seulement...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Burns: Quel article?
M. Levesque (Bonaventure): J'invoque tous les articles
présentement et un en particulier sur lequel je vais élaborer ma
pensée. Surtout en me rapportant à une expérience bien
connue de mon ami d'en face, le leader du gouvernement, qui s'est levé
justement lui-même, si sa mémoire est fidèle, sur ce propre
point de règlement lorsqu'à certains moments certains ministres
plantaient une question ou profitaient d'une question pour faire une
déclaration ministérielle.
M. Burns: Vous n'avez pas le droit de prêter des
intentions.
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je
prétends, à ce moment, et c'est à vous d'en juger
évidemment et je m'inclinerai devant votre décision, et je
m'imagine que vous voudrez avoir un peu de temps peut-être pour suivre
s'il s'agit bien d'une déclaration ministérielle, mais nous
sommes témoins présentement de tout ce qui a l'apparence d'une
déclaration ministérielle. Nous n'aurions pas d'objection
à ce qu'il y ait eu une déclaration ministérielle de la
part du ministre des Affaires culturelles et des Communications, mais, à
ce moment, nous aurions eu l'occasion de faire des commentaires à la
suite de cette déclaration. Le ministre veut-il éviter que nous
fassions des commentaires pour utiliser cette stratégie qui a
été dénoncée vertement par le leader du
gouvernement actuel et député de Maisonneuve?
M. Burns: Sur la question de règlement, M. le
Président, je vous rappelle je ne sais pas jusqu'à quel
point vous pourriez vous sentir lié par cette décision que
le président de l'Assemblée nationale qui vous a
précédé à la Législature
précédente a toujours décidé que, peu importe la
nature
de la question, et malgré mes protestations vous vous le
rappellerez, M. le chef de l'Opposition et celles du
député de Johnson également, malgré tout cela, si
une question était posée à un ministre et que cela avait
l'apparence d'une déclaration ministérielle, c'était
parfaitement recevable. J'ajoute à cela que, depuis le début de
cette petite session, cette mini-session, comme on se plaît à
l'appeler, je pense que les ministres du gouvernement ont fait plus de
déclarations ministérielles que les ministres du gouvernement
précédent pendant tout leur -mandat. De sorte que, en ce qui nous
concerne je parle au nom du gouvernement toutes les fois qu'un
ministre croit qu'il a une déclaration ministérielle, il la fera
en ayant la possibilité de se faire critiquer directement par les
membres de l'Opposition et en ayant également la possibilité d'y
répliquer. Mais je peux vous assurer que ce ne sera pas une technique
chez nous que d'utiliser la question plantée pour faire une
déclaration ministérielle pour éviter des critiques.
M. Levesque (Bonaventure): Elle est écrite, sa
réponse.
M. Burns: On a prouvé depuis, je pense, le début de
cette session, il y a eu même des matins ou des journées où
il y avait deux ou trois déclarations ministérielles.
S'il vous plaît, ne nous dites pas qu'il y a des questions
"plantées" pour remplacer des déclarations
ministérielles.
M. Levesque (Bonaventure): II y a une déclaration
écrite.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, il me semble que
chaque député dans cette Assemblée, tous les membres de
cette Assemblée ont des droits rigoureusement égaux. Il me semble
que la présidence brimerait les droits des députés si,
parce qu'ils appartiennent à une formation politique plutôt
qu'à une autre, on leur interdisait de poser des questions à un
ministre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, sur une
question de privilège. Je pense qu'à moins qu'il y ait une
mauvaise interprétation de ce que j'ai voulu dire, je crois que je dois
protester à ce moment-ci, parce que, jamais, je n'ai laissé
entendre que c'était le fait que la question soit posée par un
député ministériel. Cela se faisait souvent lorsque
c'était dénoncé par un député de
l'Opposition. Ce sur quoi je me suis levé et contre quoi j'ai eu
à redire, c'était parce qu'à cette question il y avait une
réponse, qu'elle vienne de n'importe où, mais une réponse
qui avait toute l'apparence d'une déclaration ministérielle, vu
que le ministre s'est levé et qu'il a commencé à lire un
document qui, normalement, aurait été une déclaration
ministérielle.
M. O'Neill: M. le Président, très
brièvement, je m'excuse que M. le leader de l'Opposition ait confondu la
consultation d'une note et la lecture d'un document. Je réponds ceci en
bref pour ceux que cela intéresse: La fermeture du musée de
Rivière-du-Loup, c'est cela le problème. C'est une
réalisation qui vient d'une entente Ottawa-Québec, mais où
on n'a pas prévu, après cela, des sources de fonctionnement. Le
ministère des Affaires culturelles a donné des sommes
spéciales, dépassant ce qu'il aurait dû donner d'une
façon ordinaire, durant deux ans. Ces gens ont été
avertis, l'an dernier, d'essayer de trouver d'autres sources de financement.
Cela a l'air qu'ils ne peuvent rien trouver. Ottawa leur donne ce qui fait son
affaire quand cela fait son affaire politiquement et, après cela, Ottawa
laisse tomber les gens. Donc, nous essaierons de réparer les pots
cassés, parce que, de toute façon, c'est une institution dont le
fonctionnement nous apparaît important. Nous allons essayer de sauver
cela en tâchant, maintenant, grâce à notre politique
beaucoup plus rationnelle de développement des musées, de
permettre à cette région de profiter de ce centre culturel
d'animation. Voilà simplement ce que j'avais à dire à
cette Assemblée.
M. Marchand: C'était bien, votre sermon.
Le Président: A l'ordre, messieurs! J'ai été
informé par le ministre des Affaires intergouvernementales ainsi que par
le ministre d'Etat à l'aménagement qu'ils aimeraient
répondre à des questions qui ont été posées
antérieurement.
M. le ministre des Affaires intergouvernementales.
Ententes Québec-Ottawa en matière de
développement régional
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, hier,
à l'occasion de l'examen du budget supplémentaire, le chef de
l'Opposition a posé une question qui m'était adressée, au
moins partiellement, et qui concernait l'état de la question en ce qui a
trait aux ententes Québec-Ottawa en matière de
développement régional. M. le Président, vous avez dit
qu'il fallait des réponses brèves et je suis parfaitement
d'accord avec cette directive. Je me contenterai, pour le moment, pour informer
le chef de l'Opposition, de dire que, suite à l'entente-cadre qu'il
avait lui-même signée en tant que ministre responsable de l'OPDQ
à l'époque, en 1974, il y a eu neuf ententes auxiliaires qui ont
été elles-mêmes signées par la suite, dont celle qui
concerne le parc industriel et commercial aéroportuaire, celle qui
concerne le complexe papetier de Saint-Félicien. Pour ces ententes
déjà signées, elles sont actuellement en oeuvre et il n'y
a pas de problème à cet égard.
Maintenant, il y a aussi trois ententes auxiliaires qui ont
été proposées: une qui concerne des amendements à
une entente auxiliaire déjà existante sur les axes routiers
prioritaires, une autre qui concerne le tourisme et la protection du patrimoine
et une autre qui porte sur des ententes régionales, des initiatives de
développement et,
notamment, une qui a trait à une région qui
intéresse beaucoup le chef de l'Opposition, c'est-à-dire l'Est du
Québec.
Pour ces trois ententes auxiliaires, nous sommes actuellement en train
de les examiner et je pense qu'il serait erroné de croire, comme on a pu
le laisser entendre hier, qu'elles étaient pratiquement à la
toute veille d'être signées. Elles sont, au contraire, au stade
des discussions avec le gouvernement fédéral. Comme il s'est
produit une chose que je rappelle et que tout le monde doit savoir, un
changement de gouvernement entre-temps, et, en vertu du principe normal qui
consiste à réfléchir avant d'agir, nous sommes
actuelle-ment en train de faire le tour de ces ententes, de ces projets
d'ententes, pour en préciser à la fois le contenu et en
déterminer aussi certains aspects
fédéraux-provinciaux.
Je termine en disant que, quant aux aspects
fédéraux-provinciaux, ceux-là relèvent de mon
ministère. Quant aux aspects du contenu, de la stratégie globale,
en d'autres termes, cela relève du ministre d'Etat à
l'aménagement du territoire qui aurait peut-être quelque chose
à ajouter à cette question.
M. Léonard: Ce que je peux ajouter là-dessus, c'est
que j'ai reçu un mandat du Conseil des ministres le 9 décembre
dernier. Si vous voulez que je vous en fasse lecture, je veux bien le faire
devant la Chambre. Le mandat que j'ai reçu, c'est celui de prendre en
charge le dossier des ententes auxiliaires qui sont présentement en
négociation. Deuxièmement, en collaboration avec le ministre des
Affaires intergouvernementales, c'est d'examiner l'opportunité pour le
gouvernement de continuer à signer de telles ententes et de revoir, le
cas échéant, et s'il y a lieu, la stratégie de
négociations avec le gouvernement fédéral sur ces
ententes.
C'est de soumettre, troisièmement, au comité
ministériel permanent d'aménagement le contenu de ces ententes,
de façon à introduire la cohérence voulue dans l'ensemble
des actions intergouvernementales qu'elles impliquent, et en collaboration avec
le Conseil du trésor, de dégager les implications administratives
et budgétaires de ces ententes et de faire des propositions pour le
prochain exercice financier, de faire rapport au Conseil des ministres au plus
tard le 1er février 1977, et d'utiliser pour les fins de ce mandat les
ressources disponibles, particulièrement à l'OPDQ.
Nous avons déjà fait une première réunion en
ce qui concerne les relations fédérales-provinciales avec M.
Morin. En ce qui me concerne, particulièrement, j'ai transmis à
chacun des ministères impliqués par ces ententes, la charge de
réviser le contenu de ces ententes sur lequel nous attendons
présentement des rapports. C'est là où en est la situation
en ce qui concerne le contenu. Chacun va vérifier et juger le rapport en
fonction des priorités qu'on va établir au cours du mois de
janvier. Nous ferons rapport à la fin du mois de janvier,
c'est-à-dire avant le 1er février 1977.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, simplement une
question additionnelle qui serait recevable, je crois, à ce moment,
adressée au ministre des Affaires intergouvernementales. Si je comprends
bien, la réponse que vient de nous donner le ministre d'Etat responsable
à l'aménagement, ce serait au ministre des Affaires
intergouvernementales que reviendrait la responsabilité quant à
l'opportunité et à la stratégie. Quel que soit le contenu,
quel que soit le travail que l'on fasse là bas, à l'OPDQ,
à un moment donné, on va être obligé de venir devant
le ministre des Affaires intergouvernementales pour voir s'il est opportun,
premièrement, de continuer à signer de telles ententes avec le
gouvernement fédéral, deuxièmement, si la stratégie
employée ou à être employée ou qui a
été employée, serait acceptable par le ministre des
Affaires intergouvernementales.
Quant à la stratégie, je crois bien que c'est une question
ad hoc, à un moment donné, qui ne peut peut-être pas
être précisée à ce moment, mais, quant à
l'occasion de poursuivre de telles ententes, je m'imagine bien que la question
devrait avoir une réponse à ce moment, au moins dans les plus
brefs délais.
Il faudrait bien que les régions concernées, les secteurs
concernés, la population du Québec, en général,
sachent bien si le gouvernement actuel a l'intention de continuer ces ententes
qui sont greffées, comme on le sait, au budget du ministère de
l'Expansion économique et régionale à Ottawa en plus,
évidemment, des sommes qui sont consacrées à ces fins par
le gouvernement du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Le chef de l'Opposition a
déjà été ministre des Affaires
intergouvernementales et il doit se souvenir que, lorsque nous discutons avec
le gouvernement fédéral, de sujets ou de projets comme
ceux-là, cela se fait non seulement de façon successive, mais je
dirais de façon simultanée. En d'autres termes, ce n'est pas
lorsque tout le travail est terminé qu'on se prononce sur
l'opportunité ou sur la stratégie, cela se fait en même
temps. Donc, il n'y a pas de perte de temps de ce côté.
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'était peut-être pas
opportun de continuer. C'est cela qui m'a inquiété lorsque le
ministre si vous permettez, M. le Président d'Etat
à l'aménagement a dit que le mandat qu'il avait comportait telle
chose et telle autre, mais que, quant à l'opportunité de
continuer de telles ententes, cela relevait du ministre des Affaires
intergouvemementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Si cela peut permettre au chef de
l'Opposition de passer des vacances de Noel plus reposantes, je peux lui dire
qu'il n'y a pas de problème qui se pose quant à
l'opportunité de retirer du gouvernement fédéral les
sommes qui nous reviennent. Cependant, il y a des questions qui peuvent se
poser c'est là-dessus que j'aurai à me pencher sur
certaines des conditions qui peuvent être imposées par le
gouvernement fédéral. Nous tenons compte, par ailleurs, du
fait que, dans ce domaine, il y a quand même des choses qui ont
été entreprises et nous sommes assez conscients des
problèmes de la population du Québec pour ne pas nous chicaner
sur des virgules. Il reste que c'est le rôle du ministère, et
c'est ce que j'ai l'intention de respecter, de voir à ce que ces
ententes soient conformes à la politique générale du
gouvernement.
A ce sujet, je voudrais ajouter aussi, pour que le chef de l'Opposition
soit tout à fait rassuré, que j'ai l'intention,
dorénavant, automatiquement, pour toute entente de ce genre, de la
déposer ici, en Chambre, de telle sorte qu'on en connaisse les tenants
et aboutissants.
Le Président: On m'informe que le ministre des Richesses
naturelles aimerait répondre à une question qui a
été posée antérieurement.
Convention de la baie James et du Nord
québécois
M. Bérubé: Elle concerne une question venant du
député de Lotbinière, elle a trait à la
négociation avec les Inuit, elle concerne la nature et les effets de la
loi fédérale dont a fait mention M. War-ren Allmand lors de la
présentation, à Ottawa, du projet de loi C-9.
Cette loi fédérale est de deux ordres. Dans un premier
temps, elle a pour but d'approuver la convention de la baie James et du Nord
québécois, de la mettre en vigueur et de la déclarer
valide, en plus d'éteindre toutes les revendications, droits, titres et
intérêts autochtones, quels qu'ils soient, de tous les Indiens et
de tous les Inuit aux terres et dans les terres du territoire visé par
l'entente.
En un deuxième temps, le Parlement fédéral devra
aussi légiférer, dans les secteurs de sa compétence, pour
permettre l'application de la convention de la baie James et du Nord
québécois. Entre autres et c'est le point que vous avez
soulevé il devra possiblement amender l'actuelle loi des Indiens
dans le but de permettre aux Indiens d'assumer plus de responsabilités
que ne le permet l'actuelle loi des Indiens.
Quant à la question à savoir si le gouvernement
québécois acceptera de céder 1274 milles carrés de
terre au fédéral pour donner suite à la convention de la
baie James et du Nord québécois, je dois reprendre les arguments
qui vous ont été soumis par notre premier ministre. En fait, il
ne s'agit, en aucune façon, de céder 1274 milles carrés de
terre au fédéral. En vertu de la convention de la baie James et
du Nord québécois, la province conserve la
nue-propriété de ses terres ainsi que les ressources
minérales qui s'y trouvent. Ce n'est que la régie et
l'administration de ces terres, pour le bénéfice des Indiens,
à cette seule fin, que le Québec transfère au gouvernement
fédéral.
Maintenant, le gouvernement du Québec possède-t-il un
dossier relativement aux droits miniers impliqués dans ladite convention
de la baie James et du Nord québécois? Oui, c'est ce dossier,
c'est la convention de la baie James et du
Nord québécois et, plus spécifiquement, les
chapitres 5 et 7 de la convention de la baie James et du Nord
québécois.
Ceux-ci établissent très clairement que le Québec
conserve tous les droits miniers à l'intérieur du territoire
visé par l'entente et que celle-ci prévoit même la
possibilité, pour les autochtones, de participer au développement
de ses ressources. D'autre part, la ressource minière sur le territoire
visé par l'entente, comme dans le reste de la province, demeure sous la
responsabilité du ministère des Richesses naturelles, lequel est
responsable de tous les dossiers relatifs à cette ressource.
M. Bellemare: Vous avez, je pense... C'est à la suite
d'une lettre que vous a envoyée le ministre du gouvernement d'Ottawa, M.
Allmand, qui vous a confirmé ces données au sujet de la
nue-propriété des territoires. Est-ce que le ministre peut
confirmer qu'il y a une lettre au dossier, de M. Allmand, qui confirme
cela?
M. Bérubé: II n'y a pas de lettre de M. Allmand
concernant ce point spécifique. Non, c'est directement inscrit dans la
convention.
M. Bellemare: Est-ce que la lettre qui vous a été
envoyée par le ministre pourrait être déposée comme
document? Sinon, on va poser la question au feuilleton. Si le ministre voulait
la déposer...
M. Burns: Au feuilleton. Au feuilleton, s'il vous plaît. Au
feuilleton.
M. Bellemare: Oui, je comprends. Vous le ferez quand vous
voudrez. Je me souviens, vous l'avez employé assez souvent.
M. Burns: En 1977. Bien oui, ce sont des techniques; qu'est-ce
que vous voulez, elles sont là.
M. Bellemare: J'ai fait la même chose quand j'étais
leader parlementaire.
M. Biron: Un vrai gouvernement, cela ne copie pas les erreurs des
gouvernements précédents.
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda,
très brièvement.
M. Bérubé: On me demande de déposer une
lettre de M. Allmand, mais je n'ai pas dit qu'il y avait une lettre de M.
Allmand concernant ce point. Mais, est-ce que vous voulez me demander de
déposer toute la correspondance entre le ministère et M.
Allmand?
M. Burns: Au feuilleton, au feuilleton. C'est ça.
M. Bellemare: Vous le verrez au feuilleton. On va vous poser la
question au feuilleton.
Le Président: A l'ordre! M. le député de
Rouyn-Noranda, très brièvement.
M. Samson: M. le Président, c'est en vertu de l'article 34
que je voudrais poser une question au leader du gouvernement. Est-ce que je
dois comprendre que c'est fini avec le ministre des Richesses naturelles?
M. Bellemare: Feuilleton.
Travaux parlementaires
M. Samson: Je peux y aller en vertu de l'article 34? Je voudrais
poser une question au leader du gouvernement, M. le Président, quant aux
travaux de la Chambre. Je veux savoir si le leader du gouvernement a eu une
indication quelconque de la part du ministre délégué au
Haut-Commissariat, à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, afin de
savoir s'il a l'intention de déposer, avant la fin de la présente
session, la liste des municipalités qui auraient reçu des lettres
d'intention, comme l'a fait le ministre des Affaires municipales, les
municipalités qui auraient reçu ces lettres d'intention au cours
de la dernière campagne électorale.
M. Burns: Je n'ai pas d'indication du ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports selon laquelle il a l'intention de déposer cela
avant la fin de la présente session. Sauf erreur, c'est la
première demande qui nous est faite à cet effet. Je vous dis
cependant que je n'ai pas d'objection, si ces documents sont disponibles,
à ce que cela puisse se faire dans le cours de la séance
d'aujourd'hui ou de demain, si c'est possible. D'accord? Je vais transmettre
votre demande au ministre délégué à la jeunesse,
aux loisirs et aux sports.
M. Samson: Merci beaucoup. C'est la seule occasion que j'avais de
vous faire cette demande, je n'ai pas pu le faire au cours de la période
des questions.
M. Roy: En vertu de l'article 34, M. le Président,
j'aimerais demander au leader du gouvernement quelles sont ses intentions
relativement à la convocation prochaine de la commission parlementaire
des engagements financiers. On se rappellera que la dernière
séance a eu lieu en septembre et que nous étions
déjà trois mois en retard pour l'étude des documents qui
sont censés être soumis à cette commission parlementaire.
Alors, avec cinq mois de retard, il est évident que, si la commission
parlementaire veut attendre seulement à la fin de janvier pour reprendre
ses travaux normaux, on ne pourra pas se rattrapper, je pense bien, au cours de
l'année 1977. Alors, j'aimerais demander si c'est l'intention de la
faire siéger le dernier jeudi du mois de décembre ou s'il a
l'intention de la convoquer avant le dernier jeudi du mois de janvier?
M. Burns: Ce n'est pas mon intention de faire siéger la
commission des engagements financiers au cours du mois de décembre.
C'est mon intention de la faire siéger au cours du mois de janvier.
C'est d'ailleurs une des principales raisons pour lesquelles j'ai
proposé une motion nous permettant de siéger même si
le règlement nous y autorise mais au mois de janvier
c'était, à toutes fins pratiques, un avis que je donnais à
la Chambre relativement à cette commission.
Il me reste à déterminer la date avec les ministres
intéressés, je conçois que vous avez bien raison de
soulever cette question, surtout le fait que la commission n'ait pas
siégé depuis bientôt cinq mois. C'est évident qu'il
y aura un boulot assez imposant à abattre lors des premières
séances.
Par contre là-dessus, je n'ai pas encore eu l'avis des
ministres intéressés avec l'assentiment de ces ministres,
j'envisagerais même, pour qu'on puisse se rattrapper, que dans le
même mois on siège deux fois, pour essayer de reprendre le retard.
Je partage l'avis du député de Beauce-Sud relativement à
cette question. C'est évident qu'il va falloir se rattrapper.
J'en profite également, puisque la question des commission
parlementaires pendant l'intersession m'est posée, pour vous aviser
vous recevrez un avis plus formel éventuellement, par lettre
que la commission des richesses naturelles siégera durant
l'intersession les 8, 9 et 10 février pour examiner tout le
problème de l'énergie au Québec, sous la direction du
ministre délégué à l'Energie, le
député de Mille-Iles.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien, il y aura la
commission des engagements financiers en janvier, en février, vers le
8...
M. Burns: C'est décidé pour les 8, 9 et 10. M.
Levesque (Bonaventure): 8, 9 et 10.
M. Burns: En après-midi seulement; parce que le matin, le
ministre délégué à l'Energie est retenu soit au
Conseil du Trésor, soit à des séances du cabinet, ou
ailleurs.
M. Levesque (Bonaventure): La commission des Richesses
naturelles. Outre, ces deux commissions, le leader du gouvernement
prévoit-il d'autres commissions qui siégeraient durant
l'intersession?
M. Burns: Je n'en prévois pas actuellement.
M. Levesque (Bonaventure): Celle des engagements financiers
siégera à quelle date?
M. Burns: La date n'est pas déterminée
actuellement. Ce serait probablement dans les deux dernières semaines de
janvier.
M. Levesque (Bonaventure): Plus probablement dans la
dernière.
M. Burns: Plutôt vers la fin de janvier que vers le
début de janvier.
M. Levesque (Bonanventure): D'accord.
M. Burns: D'accord.
DEPOT DE DOCUMENTS (suite)
Certificat d'élection de Mme Jocelyne
Ouellette
Le Président: Je reçois du président
général des élections le certificat d'élection pour
le district électoral de Hull. Je voudrais donc déposer ce
certificat.
Affaires du jour.
M. Burns: C'est vrai que je n'ai pas de commentaire à
faire, mais ce certificat d'élection fait de notre chef de l'Opposition
le seul et unique doyen de la Chambre. Je ne sais pas si cela lui fait plaisir
ou non. Il y a un autre doyen, mais avec une interruption.
M. Levesque (Bonaventure): II y a le doyen et il y a le
patriarche.
M. Burns: De toute façon, peut-être aurons-nous, au
cours de la séance d'aujourd'hui le plaisir d'accueillir le nouveau
député de Hull, Mme Jocelyne Ouellette. Si c'est le cas,
j'espère que tout le monde saura l'accueillir avec les formes qui
s'imposent, l'accueil qui nous est si habituel.
M. Garneau: Le ministre des Affaires culturelles ne semble pas
aimer cela.
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Burns: Peut-être pourrions-nous disposer d'un certain
nombre de projets de loi qui apparaissent en troisième lecture? Dans ce
sens, j'appellerais l'article 2.
Projet de loi no 80 Troisième lecture
Le Vice-Président: Le ministre de la Fonction publique
propose la troisième lecture du projet de loi no 80, Loi modifiant le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne sais pas quelles sont les
intentions de tous les députés, mais quant à nous, aux
articles 2, 3, 4 et 5 nous pourrions en disposer assez sommairement.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Burns: La même chose, selon l'avis du chef de
l'Opposition pour les articles 3, 4 et 5.
Le Vice-Président: Permettez-vous que nous les prenions
l'un après l'autre?
Nous allons les prendre l'un après l'autre.
Projet de loi no 65 Troisième lecture
Le Vice-Président: Le ministre des Finances propose la
troisième lecture du projet de loi no 65, Loi modifiant la Loi des
droits sur les transferts de terrains. Cette motion est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Burns: Article 4, M. le Président.
Projet de loi no 70 Troisième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Finances propose la
troisième lecture du projet de loi no 70, Loi modifiant de nouveau la
Loi sur les impôts et modifiant la Loi concernant l'application de la Loi
sur les impôts. Cette motion est-elle adoptée?
M. Bellemare: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Article 5, M. le Président, s'il vous
plaît!
Projet de loi no 47 Troisième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires municipales
propose la troisième lecture du projet de loi no 47, Loi autorisant les
municipalités à percevoir un droit sur les mutations
immobilières. Cette motion est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Sur division. Le
Vice-Président: Adopté sur division.
M. Burns: Avant de reprendre, M. le Président, le
débat concernant le projet de loi no 82, et je vous réfère
à l'appendice où j'ai mis en avis une motion d'amendement de
notre règlement, j'ai consulté mes collègues de
l'Opposition. Il semble qu'il n'y ait pas de problème. Techniquement, je
ne pourrais pas discuter de cette motion sans le consentement de la Chambre,
immédiatement. Mais si j'ai ce consentement, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler la motion qui est inscrite, au nom du leader du
gouvernement en appendice. D'accord?
Le Vice-Président: Consentement. M. le leader du
gouvernement.
Motion concernant l'allocution
d'ouverture du lieutenant-gouverneur
et le message inaugural
du premier ministre
M. Robert Burns
M. Burns: Cette motion, je serai très bref, veut
simplement ceci: que le programme législatif du gouvernement soit,
à l'avenir, et comme cela s'est déjà fait dans le
passé, présenté par le premier ministre plutôt que
par le lieutenant-gouverneur. Ceci, je pense, n'enlève aucune
prérogative que ce soit qui appartient au lieutenant-gouverneur, ce sera
lui qui continuera à ouvrir la session et vous voyez, par le texte
même que nous avons utilisé en amendant l'article 22, premier
alinéa, que le lieutenant-gouverneur fait l'allocution d'ouverture, mais
que le message inaugural est prononcé au nom du gouvernement par le
premier ministre. C'est ce que nous voulons faire, tout simplement, comme cela
s'est fait sous le gouvernement de M. Johnson, je crois, et sous celui de M.
Bertrand dans les années soixante.
M. Bellemare: Par l'honorable M. Johnson, le 20 février
1968.
M. Burns: C'est ce que j'ai dit. C'est ce qu'il a fait. Vous
confirmez mes dires.
M. Bellemare: Je pensais que vous disiez que c'était M.
Bertrand.
M. Burns: Non, j'ai dit sous les gouvernements de M. Johnson et
M. Bertrand. Je crois que M. Bertrand, également, avait utilisé
cette même méthode. En tout cas, je n'ai pas l'intention de
défendre longuement cette motion. Je pense que tout le monde comprend le
but de cela. Ce sera le premier discours inaugural qui sera
présenté au nom d'un gouvernement formé par le Parti
québécois.
On m'a fait des représentations, également, du
côté de l'Opposition officielle, que je trouve tout à fait
justifiées, c'est-à-dire que, si une journée, le premier
ministre fait ce discours inaugural, énonce les politiques du
gouvernement, il est normal que, selon la tradition, nous ajournions
immédiatement et que le lendemain, le chef de l'Opposition ait le
privilège d'être le premier à être entendu. Selon ces
représentations que j'ai reçues, je serais prêt, M. le
Président, à amender ma propre proposition en ajoutant les mots
suivants, c'est-à-dire, après que nous aurons disposé du
paragraphe 1, que je proposerais que Ion ajoute à la fin du paragraphe
3, les mots suivants: "aux fins de la prise en considération du message
inaugural", ce qui veut dire, si l'on se réfère à
l'article en question, c'est-à-dire, à l'alinéa 3, qui se
lit actuellement comme ceci: "Après l'adoption de la motion
prévue au paragraphe 2, le leader parlementaire du gouvernement propose
l'ajournement de l'Assemblée." Je propose qu'on y ajoute: "Aux fins de
la prise en considération du message inaugural; et je continue: "A la
première séance qui suit cet ajournement, le discours du chef de
l'Opposition officielle est privilégié." Ce qui veut dire, M. le
Président, dans mon esprit que et c'est normal en
démocratie il y a deux côtés de la Chambre et il est
bien sûr que, le jour où le gouvernement présente sa
politique dans les mots qui seront exprimés dans le discours qui sera
donné par le premier ministre, il est normal que le chef de l'Opposition
officielle ait une place privilégiée dès le lendemain pour
donner la version de l'Opposition officielle. Evidemment, cela va de soi que
les autres partis sont également, par la suite,
privilégiés. C'est la proposition que je fais, qu'on ajoute ce
texte à mon amendement pour que, carrément et mises à part
les dispositions de notre règlement qui pourraient causer une injustice,
à mon avis, au sens démocratique du mot, au chef de l'Opposition,
ma motion soit adoptée avec l'amendement que je suggère.
C'est-à-dire d'ajouter à la fin du paragraphe 3 et j'en
fais la proposition "Aux fins de la prise en considération du
message inaugural; à la première séance qui suit cet
ajournement, le discours du chef de l'Opposition officielle est
privilégié."
Le Vice-Président: Pour qu'on se comprenne bien, si vous
permettez, il y a déjà une motion d'amendement à la
première motion qui était aussi une motion d'amendement au
règlement du leader parlementaire du gouvernement. Je demande si la
deuxième motion d'amendement est adoptée.
M. Burns: M. le Président, j'en fais une seule et unique
motion. J'amende ma propre motion. Si vous voulez, ma motion continue à
se lire telle qu'elle apparaît en avis au feuilleton, que le paragraphe 1
de l'article 22 soit amendé, etc., et que le paragraphe 3 soit
amendé en ajoutant les mots suivants...
Le Vice-Président: Dois-je comprendre que de consentement
unanime on peut considérer ceci comme étant une seule motion?
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. M. Bellemare: Oui,
oui.
Le Vice-Président: D'accord, parce qu'il le faut. La
motion du... Oui, M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, lorsque j'ai
été mis au courant de cette intention du gouvernement de nous
proposer l'adoption d'un amendement à notre règlement tel que
vient de l'indiquer le leader du gouvernement, j'ai exprimé mon
étonnement quant à la question de I urgence d'une telle
disposition. Je ne voyais pas tellement pourquoi il était tellement
important, pé-remptoire, impératif et impérieux
qu'à ce moment
de nos travaux, on ait à changer le règlement dans le sens
indiqué par le leader du gouvernement. Par contre, j'ai dit au leader du
gouvernement que, si c'est comme cela qu'il voulait procéder, ces
députés étaient élus, ils étaient au
gouvernement, nous ne ferions pas une bataille rangée sur une question
de procédure. Mais, par contre, au-delà de la question de
procédure, j'ai émis une certaine réserve selon laquelle
je craignais que cette première journée, qui avait un
caractère de solennité, de dignité, de neutralité,
d'impartialité, une sorte de première rencontre, qui n'avait
absolument rien de partisan ou de mesquin, sauf quelques exceptions que nous
avons connues dans le passé, mais qui n'étaient pas conformes
à notre règlement, ni à son esprit, ni à sa lettre,
j'ai fait part de cette réserve au leader du gouvernement, disant que je
craignais que ce caractère de cette première journée,
caractère qui était bien exprimé dans nos traditions
héritées du système parlementaire britannique pouvait
peut-être changer cette atmosphère.
A cette appréhension de ma part, le leader du gouvernement a
indiqué que cela s'est déjà fait. Je suis d'accord avec
lui que, du temps de M. Bertrand ou M. Johnson et même à la
première année de M. Bourassa, le premier ministre parlait le
premier après le message inaugural. Mais ce n'était pas le
même jour et c'est là qu'était ma réserve; en fait,
je n'ai pas d'objection d'ailleurs le règlement le permet
à ce que le premier ministre soit le premier à intervenir
à la suite du message inaugural. Ma réserve était qu'en
changeant ce règlement, nous voulions faire de cette première
journée une journée gouvernementale et non pas une journée
qui soit au-dessus des partis et qui soit un peu, comme je l'ai indiqué,
une journée qui ait réellement un caractère plus officiel.
C'est ce que nous allons perdre si nous adoptons cette motion. C'est la
volonté du gouvernement au pouvoir, c'est un peu lui qui veut faire son
lit de cette façon. Je ne veux pas y souscrire entièrement sans
faire la réserve que je viens de faire, et j'espère que je n'ai
pas besoin d'élaborer davantage ma pensée et qu'on comprend ce
qui m'inspire. Je voudrais simplement souligner encore une fois que nous allons
peut-être perdre quelque chose qui m'apparaît assez important quant
à cette journée officielle, neutre, impartiale, que nous
connaissions; tous les parlementaires s'y rencontraient pour cette
journée d'ouverture de la session et on y entendait, évidemment
les grandes politiques gouvernementales, telles qu'annoncées et
articulées jusqu'à un certain point par le lieutenant-gouverneur.
Mais le fait que cela passait par le discours du lieutenant-gouverneur enlevait
ce caractère partisan que nous allons sûrement constater dans
cette première journée si c'est laissé au premier
ministre. Quel que soit le premier ministre, ce n'est pas à cause du
caractère du premier ministre actuel, au contraire. Je dis que nous
allons changer une tradition et j'ai donc certaines réserves à
cet effet.
Mais, vu que le prochain gouvernement pourra revenir, si
l'expérience n'est pas bonne, et que même le gouvernement actuel
pourra revenir à ce que nous connaissons maintenant, si
l'expérience ne nous apparaît pas bonne, comme nous ne nous
engageons pas dans un processus irréversible, comme nous pourrons
changer cela à chaque session, si le coeur nous en dit, nous laisserons
au gouvernement le soin de faire cette expérience. Quant à
l'amendement suggéré par le leader du gouvernement, je pense
qu'il suit logiquement cette première disposition et je concours
évidemment avec lui quant à cette deuxième partie de sa
motion.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, bien sûr, j'aurais
mauvaise grâce à être contre un tel amendement lorsque cela
a été appliqué pour la première fois par des chefs
de l'Union Nationale qui m'ont précédé. Je suis d'accord
avec cet amendement, mais s'il m'était permis de proposer un
sous-amendement ou de faire une suggestion au leader du gouvernement au moins
pour prévoir l'avenir au lieu de parler dans sa motion de l'allocution
d'ouverture du lieutenant-gouverneur et du message inaugural prononcé au
nom du gouvernement par le premier ministre, je dirais tout simplement: "et du
message inaugural du gouvernement." Ainsi, on pourrait prévoir à
long terme que le gouvernement peut choisir de le faire lire par un autre que
le premier ministre, ou par le lieutenant-gouverneur ou par un autre ministre.
Je pense que cela serait flexible et beaucoup plus facile à long
terme.
Aussi, en continuant ma motion de sous-amendement, je suggérerais
qu'on ajoute, après les mots "le discours du chef de l'Opposition
officielle est privilégié", les mots "suivi de celui de chacun
des chefs de partis reconnus".
M. Bellemare: C'est que, M. le Président... Le
Vice-Président: Un instant, à l'ordre!
M. Bellemare: ... si vous me permettez, je voudrais simplement,
M. le leader, vous expliquer...
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bellemare: ... pour comprendre ce que le chef...
M. Burns: Apparemment, la présidence m'a reconnu.
M. Bellemare: Elle vous a reconnu.
M. Burns: Cela peut peut-être vous éviter une
intervention. Quant à la deuxième suggestion qui est faite par le
député de Lotbinière, je n'y ai aucune objection. A la
première, j'en ai une, et c'est très clair. Cela me permettra
peut-être mais je
vais réserver mon droit de réplique plutôt
d'enchaîner sur les paroles qui ont été dites par le chef
de l'Opposition. Dès maintenant, je vous dis que votre suggestion quant
à la reconnaissance que, par la suite, les chefs de partis reconnus ou
leurs représentants... ce n'est pas nécessaire, m'a-t-on dit
j'ai demandé conseil là-dessus de dire "ou leurs
représentants", parce que, partout dans notre règlement, c'est
prévu que ce qui peut être fait par un chef de parti ou un chef de
parti reconnu, cela peut être fait par son représentant
désigné.
Quant à la première suggestion que vous faites, je ne suis
pas d'accord avec vous, parce que c'est très clair que si les politiques
du gouvernement doivent être exposées dans un discours autre que
celui du lieutenant-gouverneur, il est absolument impensable que ce soit fait
par quelque personne autre que le chef du gouvernement, sauf si, à un
moment donné, le chef du gouvernement était malade, était
dans l'incapacité de se rendre à l'Assemblée nationale, ou
devenait aphone, comme cela a failli m'arriver dans les semaines qui ont
précédé. Le cas échéant, il y a une personne
qui est naturellement désignée pour le représenter, c'est
le vice-premier ministre. Je vous l'assure, on a demandé conseil, et
partout où le premier ministre peut faire quelque chose, lorsqu'il est
incapable de le faire, automatiquement, le vice-premier ministre est
autorisé à le faire. Il y a actuellement un arrêté
en conseil qui désigne le député de Sauvé, le
ministre de l'Education, comme vice-premier ministre, de sorte que ce serait
nécessairement, dans un cas aussi malheureux et aussi inquiétant
qu'on puisse s'imaginer, comme celui-là, ce serait, dis-je, le
député de Sauvé qui agirait en sa qualité de
vice-premier ministre, comme le premier ministre. C'est pourquoi je n'ai pas
l'intention de modifier la première partie. Je suis, d'autre part, tout
à fait ouvert à modifier la deuxième partie de mon
amendement, tel que vous le suggérez.
M. Biron: Une question, M. le Président.
Le Vice-Président: Le chef de l'Union Nationale. Est-ce
que je pourrais vous demander si vous en faites une motion formelle ou une
suggestion pour que nous puissions suivre la procédure de
l'Assemblée et éviter que des droits de réplique ne se
présentent d'une autre façon?
Le chef de l'Union Nationale, si vous voulez bien...
M. Biron: Je pense que j'en ai fait une suggestion, si on peut
améliorer la motion d'amendement du leader du gouvernement. La question,
c'est que je veux être sûr que si le premier ministre, comme on l'a
dit tout à l'heure, devient aphone ou, pour une raison ou pour une
autre, ne peut pas être ici, il y ait quelqu'un quand même qui
puisse ouvrir l'Assemblée nationale. Si on me garantit que le premier
ministre automatiquement peut être remplacé par le vice-premier
ministre, d'après nos règlements, je suis d'accord.
M. Burns: C'est d'après la Loi de l'Exécutif d'une
part, et également, par un arrêté en conseil qui donne
plein pouvoir au vice-premier ministre d'agir au nom du premier ministre
lorsque ce dernier est incapable d'agir. Je peux vous assurer qu'il y a deux
semaines, le cabinet a adopté cet arrêté en conseil, qui
est toujours adopté d'ailleurs au début de la formation d'un
nouveau gouvernement, et qui a confié au ministre de l'Education le
poste de vice-premier ministre qui l'autorise à agir, sans plus, en
vertu de la Loi de l'exécutif, lorsque le premier ministre est incapable
d'agir.
Le Vice-Président: Le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, le chef de l'Union
Nationale a eu la réponse. Je pense qu'en vertu de la loi de
l'interprétation de nos lois, à l'article 1, le premier ministre
est toujours, en vertu d'un arrêté en conseil qui est
adopté dès l'arrivée au pouvoir, remplacé par une
personne désignée à cet effet. Ici, c'est le vice-premier
ministre qui est désigné.
La deuxième suggestion qu'a faite le chef de l'Union Nationale,
c'est qu'après les mots "l'Opposition officielle", on ajoute "ainsi que
celui des chefs des partis reconnus", comme on le retrouve un peu partout dans
nos règlements, pour que leur discours soit
privilégié.
C'est ce qu'on veut. C'est ce qu'on désire dans votre motion,
pour qu'il n'arrive pas que le président reconnaisse, à un moment
donné, une troisième personne, qu'on fasse comme à la
période des questions et qu'on perde tout ce qu'on avait.
M. Burns: C'est tout à fait acceptable. En ce qui me
concerne, on pourrait ajouter... Je ne sais pas. J'ai remis mon texte, je l'ai
grifonné sur le coin du bureau. Avez-vous mon texte? Pouvez-vous
suspendre peut-être deux minutes, M. le Président?
Le Vice-Président: D'accord. La séance est
suspendue pour cinq minutes.
A l'ordre, mesdames, messieurs! A l'ordre! La Chambre est-elle en mesure
de prendre en considération la nouvelle motion du leader du
gouvernement?
M. Burns: Oui, M. le Président. On a eu quelques
discussions durant cette suspension, je pense que vous avez en main le texte
définitif; sinon, peut-être que le secrétaire
général de la Chambre C'est fait? pourrait vous en
transmettre une copie. Je vous demanderais, pour que ce soit clair aux yeux de
tout le monde, que vous nous lisiez, avant l'adoption, la motion
elle-même telle que nous nous sommes entendus pour la rédiger.
Motion d'amendement de M. Robert Burns
Le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre, mesdames,
messieurs!
Du consentement unanime de l'Assemblée na-
tionale, le leader du gouvernement propose la motion suivante:
Que le paragraphe 1 de l'article 22 du règlement de
l'Assemblée nationale soit amendé en remplaçant les mots
"du message inaugural du lieutenant-gouverneur" par les mots: "de l'allocution
d'ouverture du lieutenant-gouverneur et du message inaugural prononcé au
nom du gouvernement par le premier ministre. "
Que le paragraphe 3 de l'article 22 dudit règlement soit
amendé en ajoutant à la fin après le mot Assemblée
les mots: "aux fins de la prise en considération du message inaugural,
à la première séance qui suit cet ajournement, le discours
du chef de l'Opposition officielle est privilégié; il en va de
même, par la suite, du discours des chefs de chaque parti reconnu".
Cette motion du leader du gouvernement est-elle adoptée?
Adopté.
M. Burns: Je remercie les membres de l'Opposition de leur
collaboration pour l'adoption de cet amendement qui sera évidemment mis
en vigueur dans les faits et dans le concret, dès le début de la
prochaine session, puisque, comme je l'ai annoncé lorsque nous aurons
terminé nos travaux au cours de cette session, il y aura prorogation,
donc un nouveau message inaugural, dès le printemps prochain ou
dès la fin de l'hiver. Cela dépendra de la date où le
cabinet...
M. Mackasey: Le 17 mars.
M. Burns: Le 17 mars. Cela vous ferait plaisir, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, qu'on fête la
Saint-Patrice en ouvrant. Mais, je souhaiterais personnellement cela me
ferait plaisir également que l'Assemblée nationale puisse
se réunir un peu plus tôt que cette date. La date n'est pas
déterminée encore, de sorte que...
M. Caron: Le 17 janvier.
M. Burns: Le 17 janvier, cela ferait votre affaire, M. le
député de Verdun.
M. Caron: Cela ferait mon affaire.
Projet de loi no 82 Deuxième lecture
Motion de report à un mois de M. Goldbloom
(suite)
M. Burns: Mme le Président, il nous reste simplement deux
choses au feuilleton, actuellement. Je les appellerais dans l'ordre,
c'est-à-dire d'abord l'article 6, la reprise du débat sur la
motion du député de D'Arcy McGee relativement au projet de loi no
82.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Lors de la suspension du débat, j'avais
indiqué à cette Chambre... Pourrais-je savoir combien il me reste
de temps, d'abord? J'avais commencé à parler la dernière
fois...
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez été
interrompu.
M. Garneau: II m'en reste six. Je ne pense pas d'utiliser les six
minutes qui restent. Lors de la suspension du débat, j'avais
indiqué à cette Chambre pourquoi j'allais appuyer la motion du
député de D'Arcy McGee. La première raison de mon appui
à cette motion était au fait qu'il y avait eu des
élections le 15 novembre dernier et que le résultat de
l'élection m'avait forcé à constater que les propositions
que l'ancien gouvernement avait faites à la population n'étaient
pas acceptées par elle. De ce fait, cette population, par son vote,
particulièrement dans la région de Montréal, avait
indiqué qu'il fallait trouver d'autres solutions.
A mon sens, cette autre façon de trouver une solution au
problème qui est posé aux contribuables de Montréal est
justement reliée à l'adoption de la motion du
député de D'Arcy McGee qui suggère que ce projet de loi ne
soit pas lu maintenant, mais qu'il permette une rencontre, une discussion avec
les autorités de la ville de Montréal, afin de voir quelles
seraient ces autres solutions qui pourraient être acceptables par les
autorités de la ville et par le biais de ces dernières
autorités, acceptables par les payeurs de taxes de Montréal.
La deuxième raison pour laquelle j'appuie la motion de renvoi
à un mois, avant que le bill 82 ne soit lu une deuxième fois,
c'est que je me dois de constater que ce gouvernement, qui se fait fort de
vouloir mater le maire de Montréal, fait le brave à
Québec, mais se couche à plat ventre devant les grands
marchés financiers.
Je me rappelle d'avoir eu dans cette Chambre des débats où
les représentants du Parti québécois nous parlaient
à tout bout de champ de la dictée des marchés
financiers.
Je dois vous dire, peu importe ce que le premier ministre peut dire...
Là-dessus, j'ai été surpris, hier, de voir, dans une
conférence de presse, le peu de respect qu'il a pour les
délibérations à l'intérieur du Conseil des
ministres, surtout dans un Conseil des ministres dont il ne faisait pas partie,
de voir le premier ministre, le ministre des Affaires municipales et d'autres
personnes de ce gouvernement avouer, d'une façon candide, on ne peut
plus, que la raison principale pour laquelle ce projet de loi était
présenté à ce moment-ci, c'était parce que les
agences Moody's ou d'autres financiers exigeaient qu'il en soit ainsi.
Je trouve, M. le Président, qu'il s'agit là d'une pratique
qui est inacceptable pour un gouvernement, un gouvernement qui s'est
présenté devant la population, au cours de la campagne
électorale qui a précédé le 15 novembre, comme
étant le parti qui devait assumer cette division complète,
redonner aux Québécois tous les pouvoirs et ramener les pouvoirs
d'Ottawa à Québec.
Je leur dis bien simplement, et avec beaucoup de conviction, que, peu
importe ce que l'on dira, on pourra toujours constater que celui qui vous
parle, dans des conditions semblables, avait refusé de telles
conditions, avait refusé de rencontrer, dans ce cadre, les dirigeants de
quelque institution financière que ce soit, parce que je n'ai jamais
accepté que le ministre des Finances se fasse dicter la politique du
gouvernement et des finances de la province par quelque agence que ce soit. Je
vois bien que les membres de ce gouvernement sont tellement pris de court, sont
tellement obligés de faire des concessions pour essayer de racheter les
erreurs de la campagne électorale qu'à la première
occasion, ils se couchent à plat ventre devant les intérêts
financiers, devant les grands marchés financiers sans lesquels ils ne
pourraient même pas compléter des choses aussi
élémentaires que le projet de SIDBEC, le projet de Donohue, sans
lesquels toute l'économie du Québec allait tomber.
Mme le Président, c'est pourquoi je vais appuyer la motion de
renvoi de deuxième lecture, parce que je trouve inacceptable que tout
cela soit discuté, que la question financière de la ville de
Montréal soit dictée non pas par le gouvernement du Québec
ou par les autorités de la ville de Montréal, mais par l'agence
de "rating" Moody's ou d'autres marchés financiers.
Là-dessus, je vais revenir, compte tenu de l'étroit
corridor qui s'offre à moi dans l'analyse de cette motion de renvoi
à un mois, lorsque nous parlerons de la motion principale, pour entrer
davantage dans les détails et expliquer quelle a été
l'attitude de celui qui vous parle, dans quel contexte cela a été
fait et pourquoi je me sens incapable aujourd'hui, compte tenu de
l'élection du 15 novembre et compte tenu des propos, également,
qu'ont tenus les candidats de ce parti qui forme le gouvernement actuellement,
durant la campagne électorale, je me sens incapable de les appuyer dans
le geste qu'ils posent de vouloir mettre la ville de Montréal en tutelle
et de profiter d'une situation particulière pour effectuer des
règlements de comptes, c'est-à-dire régler un compte avec
le maire Jean Drapeau, voulant mêler, dans une seule et même chose,
l'institution que représente le poste de maire de Montréal avec
la personne physique qui l'occupe.
Mme le Président, je vois donc dans l'attitude des membres de ce
parti qui forme le gouvernement une contradiction flagrante et je comprends
dans quel étau ils sont placés face aux marchés
financiers, mais je ne puis souscrire à cette attitude que je
considère complètement irresponsable, indigne d'un parti
politique qui propose de rapatrier les pouvoirs d'Ottawa et qui, au premier
obstacle, ne peut même pas conserver ceux qu'il a face aux marchés
financiers et face à la dictée qu'il a de ses projets de loi par
des gens qui n'habitent même pas le Canada.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je trouve que la
motion du député de D'Arcy Mc-Gee, qui en est une pour permettre
la consultation avec les gens de la ville de Montréal et, si la ville de
Montréal ne veut pas venir, il y a d'autres citoyens qui siègent
au conseil de ville...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon, voulez-vous abréger s'il vous plait!
M. Garneau: Les dix minutes sont-elles terminées? Alors,
je m'assieds.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: Mme le Président, je ne voudrais pas abuser du
temps de cette Chambre.
Je voudrais mettre mon grain de sel, moi aussi, en tant que
député et conseiller municipal. En tant que conseiller municipal,
je trouve que le ministre des Affaires municipales déprécie le
rôle des maires et des conseillers municipaux, du fait qu'il ne veut pas
donner la chance aux membres du conseil de la ville de Montréal, peu
importe le parti, de venir ici se faire entendre.
M. Tardif: Mme le Président, question de règlement.
Nous débattons ici la motion de retardement du député de
D'Arcy McGee et non pas la motion principale. Je pense que c'est le genre de
discours qu'on pourra reprendre tantôt sur la motion principale.
M. Bellemare: Mme le Président, il y a eu une certaine
latitude donnée depuis le début sur la motion du
député de D'Arcy McGee. Il ne faudrait pas trop la restreindre,
parce que ce qui est dit actuellement, je pense que cela pourrait
peut-être aider tout le monde à ne pas prolonger inutilement les
débats en deuxième lecture aussi. Je pense qu'il y a une
politique générale, une tradition qui veut qu'en deuxième
lecture d'une motion on ne ferme pas... D'ailleurs, c'est le leader
lui-même qui l'a dit l'autre soir. La latitude dans une motion, comme
celle qui est faite par le député de D'Arcy McGee, peut
être interprétée d'une manière un peu plus large. Il
est sûr et certain que la lettre tue la loi et l'esprit, comme dit saint
Paul, la vivifie.
M. Tardif: Evidemment, je ne connais pas le règlement,
comme le député de Johnson, mais il me semblait que...
M. Bellemare: C'est la tradition.
M. Grégoire: Ce n'est pas la tradition.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Verdun, voulez-vous vous en tenir...
M. Caron: Mme le Président, je serai bref. C'est justement
parce que je veux gagner du temps. J'ai déjà passé des
parties de nuits ici, quand les gens d'en face étaient de ce
côté-ci, pendant que souvent on parlait pour ne rien dire.
Alors, je vais être très bref. C'est la raison pour
laquelle je demande qu'on reporte l'adoption à plus tard. Sur ce fait,
j'appuie mon collègue de D'Arcy McGee. Je voudrais aussi, sans blesser
mon collègue de Papineau qui est conseiller municipal dans la ville de
Gatineau, avoir son opinion.
M. Alfred: Question de privilège, Mme le
Président.
M. Caron: Si par hasard... Des Voix: A l'ordre!
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. le
député de Gatineau...
M. Alfred: De Papineau.
Mme le Vice-Président: ... je n'accepterai pas de question
de privilège à ce moment. M. le député de Verdun,
voulez-vous vous en tenir à la pertinence du débat?
M. Caron: Mme le Président, je ne voudrais pas, comme je
vous disais tout à l'heure, insulter mon collègue d'en face.
Mais, enfin, vous savez quelle que soit la ville qui a un projet de loi qui
vient d'urgence...
M. Alfred: Question de privilège, Mme le Président,
il y a une erreur.
M. Caron: ... et qu'on amenderait, je pense que c'est tout
à fait anormal.
M. Chevrette: Mme le Président, question de
privilège, qui en appelle au règlement. De quel droit pouvez-vous
refuser une question de privilège sans entendre le privilège? De
quel droit?
Mme le Vice-Président: Je vous remercie de votre
intervention.
M. le député de Gatineau.
M. Alfred: Le député de Verdun a dit que Jean
Alfred était conseiller de la ville de Gatineau. Je tiens à
rappeler à M. le député de Verdun que Jean Alfred trouve
incompatibles le rôle de député, qui est une tâche
à temps plein, et le rôle de conseiller qui serait aussi une
tâche à temps plein. Je tiens à lui rappeler que Jean
Alfred, en étant élu député du comté de
Papineau, a donné sa démission comme conseiller de la ville de
Gatineau.
M. Blank: Question de règlement.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! C'est déjà
terminé. Oui, M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: Si le député de Papineau veut faire des
commentaires ou expliquer quelque chose qui a été mal compris, il
y a un article de notre règlement qui lui donne le droit après le
discours. Ce n'est pas une question de privilège, c'est une explication
à laquelle il a droit.
Nous avons un article de notre règlement, no 96, qui lui donne le
droit après le discours.
M. Burns: Peut-on revenir à de bons sentiments et, comme
le disait le député de Verdun au début de son
intervention, faire une courte intervention et discuter dans le calme de ce
projet de loi et en particulier de la motion de remise à un mois qui a
été faite par le député de D'Arcy McGee. C'est un
appel au calme que je fais à tout le monde.
M. Bellemare: Les gens sont nerveux.
M. Caron: Je voudrais dire au leader du gouvernement que j'aurais
seulement aimé avoir ses impressions. C'est tout à fait normal.
Actuellement, il est conseiller municipal...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Verdun, voulez-vous vous en tenir à la pertinence de votre
intervention?
M. Caron: Voyons, Mme le Président, je pense qu'il est
tout à fait normal le vais vous économiser du temps. Je ne
parlerai pas sur la deuxième lecture. C'est pour cela que j'aurais bien
aimé avoir son opinion. Je ne sais pas s'il y a d'autres conseillers qui
sont ici, mais le fait que le ministre des Affaires municipales fasse cela
à la ville de Montréal, Mme le Président, je trouve que
cela va inquiéter les autres villes. C'est probablement un
précédent et un précédent qui est excessivement
dangereux. L'affaire de remettre le débat à un mois, Mme le
Président, ce n'est pas la fin du monde. Durant le temps que le mois
s'écoulerait, si M. le maire Drapeau, comme on le disait dans un article
du Devoir, ne veut pas venir, il n'est pas le seul pour administrer la ville de
Montréal. On apprendrait peut-être quelque chose de bien
intéressant. Il a son comité exécutif. Il y a des
concitoyens de Montréal qui ne se sont pas mêlés à
la chose publique jusqu'à aujourd'hui. On sera peut-être surpris
d'entendre certaines personnes qui viendraient ici éclairer les membres
des deux côtés de la Chambre.
Je pense, Mme le Président, que le ministre des Affaires
municipales devrait encore y penser avant qu'on vote ce projet de loi. Le
ministre des Affaires municipales nous disait aussi que les finances de la
ville de Montréal sont bonnes. Tant mieux, si réellement elles
sont bonnes. On pourrait le faire vérifier. Nous avons un bureau de
recherche, on est assez bien organisé, de ce côté-ci de la
Chambre aussi bien que les gens de ma gauche. On pourrait réellement
faire vérifier si les renseignements que vous avez... Je sais que vous
êtes de très bonne foi, M. le ministre des Affaires municipales,
je n'en doute pas, parce que je connais de vos amis et soyez assuré que
j'ai beaucoup d'estime pour vous. Je ne m'en prends pas à vous en tant
qu'homme personnellement, soyez assuré de cela. Les commentaires que
j'ai sont très bons et je suis bien heureux de le dire ici, en
Chambre.
J'en viens à dire un peu comme mon collègue de Jean-Talon,
si on fait cela vite, on laisse un doute dans la population et un doute qui va
dire que les avancés que vous avez faits attestant que les finances sont
bonnes, parce qu'à un certain moment on a entendu bien des choses sur
les finances de la ville de Montréal. On ne nous a jamais bien
éclairés, Mme le Président. C'est important, une fois pour
toutes, qu'on parle de Montréal, qu'on règle une fois pour
toutes, qu'on fasse venir les gens devant nous autres et qu'on les interroge.
On a les moyens de le faire comme mon collègue le député
de Johnson le dit souvent. Alors, on aura tout ce qu'il faut, Mme le
Président, et on sera certain que les finances sont bonnes ou pas
bonnes.
Dans mon optique, Mme le Président, je pense qu'il y a des doutes
quant à l'affirmation que les finances sont bonnes, comme on le dit.
C'est que les gens qui vont prêter c'est tout à fait normal
quand on prête sur une propriété, on veut de bonnes
garanties... Cela revient à dire que je pense que mon collègue de
Jean-Talon a raison de dire que, au sujet du projet de loi qu'on a devant nous
aujourd'hui, ce sont les grands financiers qui nous demandent des garanties
supplémentaires.
Pour que l'argent soit obtenu, c'est tout à fait normal, on
demande des garanties additionnelles. Le ministre des Affaires municipales,
pour aider la ville de Montréal, ou la province, parce que,
naturellement, si la ville de Montréal ne peut pas payer, le compte
vient à la province. Alors, ce sont les raisons pour lesquelles on veut
donner des garanties additionnelles. Avant de terminer, Mme le
Président, vous savez, si on attendait un mois, peut-être que
notre grand frère d'Ottawa nous ferait un cadeau en même temps.
Prenons le risque d'attendre pour voi r si on aura un cadeau d'Ottawa. Je pense
que cela va valoir la peine d'attendre un mois. Cela va donner une chance au
propriétaires de la ville de Montréal. Je vous remercie, Mme le
Président.
M. George Springate
M. Springate: Mme le Président, ce qui me préoccupe
principalement dans ce projet de loi, et cela a déjà
été dit dans cette chambre, mais je crois qu'il est
nécessaire de le répéter souvent, c'est l'aspect de la
protection de la démocratie et des droits démocratiques non
seulement de la ville de Montréal, des contribuables de la ville de
Montréal, mais de tous les membres de cette Chambre.
Je me demande pourquoi, nous, les élus du peuple, ne pouvons pas
attendre un mois avant d'adopter la loi qui a été
présentée par le ministre des Affaires municipales, un mois qui
nous donnerait l'occasion qui est nécessaire, dans une
démocratie, d'écouter les élus du peuple de
Montréal. Remarquez bien, Mme le Président, je ne parle pas
seulement de Jean Drapeau, le maire de Montréal, quelqu'un qui a
été élu par les citoyens de Montréal, mais aussi
des gens qui se trouvent dans l'Opposition au conseil municipal de la ville de
Montréal. Je pense que ce sont des amis, des gens qui se trouvent en
face de nous actuellement.
Peut-être que je peux ajouter, des amis mêmes d'un ministre,
d'un membre du cabinet du gouvernement qui trouve en face de nous, qui
était leur candidat à la mairie de la ville de Montréal en
1974. Est-ce qu'ils ont peur d'entendre ces gens? Pourquoi adopter ici des lois
en vitesse? Cela ne presse pas. Trente jours, un mois, ce n'est pas long. Cela
passe tellement vite. Cela nous permettrait d'entendre les autorités,
les élus du peuple. Cela nous permettrait de voir d'une façon
globale si, oui ou non, le ministre des Affaires municipales a raison.
Nos amis d'en face nous disent et l'ont répété
assez souvent durant la campagne électorale qu'ils étaient un
parti démocratique. Quand ils étaient dans l'Opposition, eux
seuls avaient de la vertu, seulement eux étaient des hommes
honnêtes eux seuls savaient quoi faire, eux seuls toujours la
vérité, toujours les hommes de vertu. Paragons of virtue. That is
what you are. Ils disent une chose pour être élus, et, une fois
élus, ils vont faire ce qu'ils veulent. C'est leur attitude, à
maintes et maintes reprises depuis qu'ils ont été élus,
c'est vrai, ils rient, cela fait mal! Durant la campagne, le premier ministre
et le ministre de l'Education ont dit, à maintes reprises, qu'ils
étaient pour abolir les tests linguistiques. Ce n'est pas vrai. Ils ont
dit aussi qu'ils étaient pour protéger le programme de la
francisation. Ce n'est pas vrai. Ils ont dit aussi qu'ils étaient un
parti démocratique. Ce n'est pas vrai. Ils ne veulent pas entendre les
élus du peuple. Pourquoi ne pas attendre un mois? Vous avez peur...
M. Burns: Mme la Présidente...
M. Springate: C'est ce que je me demande. Pourquoi ne pas
attendre? Le ministre des Affaires municipales, ex-employé de la ville
de Montréal sait fort bien que, dans une démocratie, il faut
donner l'occasion à des gens d'être entendus. Avant d'adopter une
loi, pourquoi ne pas donner l'occasion, a des gens qui vont être
affectés par cette loi, de se prononcer dans une commission de
l'Assemblée nationale? Ce n'est pas si urgent que cela. Trente jours, ce
n'est pas long. Peut-être est-ce parce que nos amis d'en face ne veulent
pas travailler durant la période de Noël et du Jour de l'An? C'est
peut-être cela. Nous, nous sommes prêts.
Une Voix: Ils sont religieux.
M. Springate: Non, ils ne sont pas trop religieux, eux, ils ont
aboli la prière. Ils ne sont pas trop religieux, eux.
M. Tardif: Mme le Président, s'il vous plaît! Cela
n'a rien à faire avec la question qui est présentement devant
nous.
M. Springate: Mme le Président, je veux terminer en disant
ceci. C'est facile, dans une démocratie et nos amis d'en face
nous l'ont démontré d'une façon concrète de
dire une chose dans
une campagne et, une fois élu, d'en dire une autre. Je dois dire
ceci: Moi-même, je suis fier d'appuyer la motion d'amendement du
député de D'Arcy McGee.
M. Burns: Merci.
M. Springate: Merci, Mme le Président.
Le Vice-Président (Mme Cuerrier): M. le
député de Pointe-Claire.
M. William Shaw
M. Shaw: I also would like to second the motion of the deputy
from D'Arcy McGee for this reason, not to primarily attack the posture that a
certain amount of money need to be paid because indeed it must be paid, but to
consider again that it is not the mayor of Montreal who will be paying this
money, but the citizens of the city of Montreal. And to suggest that the reason
that this bill must be paid now, is to assure financial institutions that the
credit of the city of Montreal is indeed secure, is in itself incredible.
Can you imagine giving a bill of a $214 million to the city of Montreal
and taking away the majority of its executive powers is to suggest that the
city of Montreal will be in a better financial position to borrow in the
future? Certainly not. Perhaps it is it that the present government, who has
just passed supplementary estimates of $500 plus million is going to have a
great deal of difficulty going to the market place to borrow this money and
would not like to have the additional abuse of $214 million to raise to pay the
share of this Olympic deficit.
For this reason, I think the people of Montreal should be made aware of
the realty of this suggestion that, in order to secure the credit rating of the
city of Montreal, which is the suggestion of the minister of Urban Affairs, to
suggest that this is the reason that this bill must be passed, is in effect
fallacious. The real reason is that this government must also go to the people
to borrow $360 million because part of the deficit had already been promised
and that these $214 million would make that borrowing more difficult. It is not
the credit rating of the city of Montreal that is in question, but the credit
rating of the province of Quebec.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Mme le Président, je crois que cette Chambre
va permettre, à un député d'une région assez
éloignée de Montréal, de faire quelques commentaires sur
la motion souscrite par le député de D'Arcy McGee. Pour les gens
de Montmagny-L'Islet, comté que je représente, il est
évident que les problèmes de la ville de Montréal sont des
problèmes qui se situent assez loin au plan géographique.
Cependant, dans le projet de loi que nous étudions, et suite
à la motion déposée par le député de D'Arcy
McGee, il m'apparaît que tous les citoyens du Québec doivent
commenter le geste d'autorité que veut poser le présent
gouvernement face à des modifications de la charte de la ville de
Montréal. Pour ma part, en ce qui a trait à la tenue des
Olympiades ici au Québec, voyant les travaux qui ont été
faits, le travail entrepris par le maire de la ville de Montréal, j'ai
eu ma propre évaluation de tous ces événements qui se sont
produits à l'intérieur de l'aménagement des installations
olympiques.
Je respecte à ce sujet l'avis de personnes et de gens qui
diffèrent d'opinion avec moi et j'ai eu des propos souvent avec de mes
collègues, où nous étions d'une opinion passablement
différente sur la manière dont se sont aménagées
les installations olympiques. Pour ma part, j'ai toujours pensé que le
maire de Montréal, dans l'aménagement des installations
olympiques, donnait l'impression d'un quêteux monté à
cheval, qu'il était, dans ce secteur entre autres, animé d'une
attitude qui débouchait sur la folie des grandeurs. Mais, au-delà
de tout cela, nous sommes devant une situation accomplie et il faudra,
coûte que coûte, même si la direction ou si ceux qui ont eu
à diriger les décisions du COJO ont nécessairement
largement dépassé la mesure, il faudra un jour, quelqu'un ici, au
Québec, ou même dans la ville de Montréal ou même au
pays, pour payer la note, et qu'on ait jugé nécessaire de
demander à la ville de Montréal d'assumer sa quote-part du
déficit olympique, cela m'apparaît assez normal.
Mais ce n'est pas sur cet article en particulier, sur ce principe que
nous retrouvons à l'intérieur de la loi que je voudrais tenir ces
propos et ces commentaires. Je veux qu'on reporte l'étude de cette loi
à un mois, principalement pour permettre aux autorités de la
ville de Montréal de venir devant une commission parlementaire; dans mon
esprit, quand je dis, les autorités de la ville de Montréal, je
n'ai pas nécessairement à l'idée la présence du
maire comme tel. On a beau dire que cet homme a pu être puissant, mais,
aujourd'hui, au conseil de ville de Montréal, il n'est pas seul à
mener, à discuter et à participer à des
décisions.
Quelqu'un a dit au cours de ce débat qu'on avait suffisamment
entendu le maire Jean Drapeau, mais ce n'est pas la charte de Jean Drapeau que
nous nous apprêtons à amender par cette loi, c'est la charte de la
ville de Montréal. C'est la charte d'un grand nombre de citoyens et
cette décision de vouloir procéder rapidement, à toute
vapeur, cette décision voulue par un gouvernement supérieur, qui
veut imposer à un gouvernement inférieur des décisions
d'autorité dans un non-respect de l'élément
démocratique le plus élémentaire, cela, je ne puis
l'accepter.
Aujourd'hui, nous le faisons à l'endroit d'une ville du
Québec et nous créons un précédent très
dangereux, parce que c'est un manque réel à des droits
fondamentaux que possèdent chez nous des contribuables regroupés
à l'intérieur d'une ville ou d'une municipalité.
II m'apparaît essentiel que nous entendions à une
commission parlementaire non seulement le maire de Montréal, mais
d'autres membres du conseil exécutif et également l'Opposition
que nous avons maintenant à la ville de Montréal. Ces gens ont
autant droit de parole que le maire de la ville et il m'apparaît
essentiel de leur permettre, par le biais, par le moyen d'une commission
parlementaire, d'exposer leur avis devant ce que représente l'imposition
que le gouvernement fait dans la loi que nous étudions ou que nous
débattons.
Et, pour ma part, je ne vous cache pas que je suis très surpris
de l'attitude du gouvernement.
On a déjà vu cela, ici, au pays, chez nous, l'arrogance de
gouvernements supérieurs à l'endroit d'autres
Législatures. Justement, nos amis d'en face ont toujours mis en
évidence ces comportements d'autorité. Nous sommes justement en
train de produire, de répéter des attitudes que des gouvernements
supérieurs ont eues à l'endroit d'autres Législatures et
d'autres gouvernements. Ce serait une erreur fondamentale de vouloir
répéter des gestes qui se sont multipliés dans le
passé et pour lesquels très souvent des hommes se sont
battus.
Pour ces motifs, il m'apparaît nécessaire de reporter le
tout à un mois et d'entendre pas uniquement le maire de Montréal,
mais tous ceux qui sont constitués en autorité à la suite
d'un scrutin qui s'est tenu à Montréal, tant les hommes qui ont
pu appuyer le régime Drapeau que ces hommes qui ont pensé qu'il
faudrait entendre un autre son de cloche dans la direction des affaires de la
ville.
Dans ce contexte, ce serait une précipitation de vouloir passer
immédiatement une telle loi. Ce n'est pas un délai d'un mois qui
va faire que la ville de Montréal sera en danger au plan financier. Il
m'apparaît essentiel, pour l'avenir du Québec, que nous puissions
reporter à un mois ce projet, afin de permettre d'entendre les voix de
ceux qui souvent ne sont pas suffisamment écoutés. Ce sont les
raisons pour lesquelles je voulais appuyer la motion du député de
D'Arcy McGee.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, qu'on me
permette d'ajouter simplement quelques mots pour appuyer la motion de mon
collègue le député de D'Arcy McGee. Essentiellement, ce
que nous demandons au gouvernement, c'est de permettre aux membres de
l'Assemblée nationale d'entendre les autorités de la ville de
Montréal, afin de connaître leur point de vue et de chercher
à comprendre pourquoi le gouvernement a été amené
à prendre une décision aussi excessive et arbitraire que le
projet de loi 82.
Nous savons bien, et nous ne tenons pas grief au gouvernement, qu'une
décision quelconque doit être prise au sujet de ces quelque cents
millions. Nous croyons cependant qu'il serait certainement utile de
connaître sur ce point précis les vues et les explications des
premiers intéressés. Nous ne comprenons toutefois que bien
difficile- ment pourquoi le gouvernement a choisi d'imposer une quasi-tutelle
à la ville de Montréal et d'aller aussi loin que d'amender
unilatéralement la charte de la ville de Montréal sur des points
aussi essentiels que ceux indiqués dans le projet de loi.
Sur ces deux derniers aspects du projet de loi 82, nous disons
simplement au gouvernement que ce n'est que justice et bon sens que l'on puisse
reconnaître à la ville de Montréal le droit
élémentaire et fondamental de se faire entendre et d'enregistrer
officiellement ici, devant les membres de l'Assemblée nationale, s'il y
a lieu, sa dissidence et son désaccord.
Enfin, la motion du député de D'Arcy McGee rappelle au
nouveau gouvernement, avec une pertinence qui n'échappe à
personne, que nos amis d'en face ont, semble-t-il, oublié bien vite, les
leçons et les exhortations qu'hier encore ils nous faisaient avec
beaucoup d'insistance, alors qu'ils étaient dans l'Opposition.
Je crois que la motion du député de D'Arcy McGee nous
donnera la mesure de la sincérité et de l'honnêteté
intellectuelle de nos amis du Parti québécois, lorsqu'ils
parlaient avec l'abondance que l'on sait du respect de nos institutions
parlementaires et du maintien en toute circonstance d'un minimum de "fair play"
et d'équité dans l'administration des affaires publiques
québécoises.
Je pense que le gouvernement devrait se rendre compte que cette motion
du député de D'Arcy McGee est appuyée par les
représentants de près de 60% de la population du Québec,
un point qui devrait les faire réfléchir, en particulier.
J'espère encore que le gouvernement se ravisera et qu'il permettra de
reporter à un mois l'étude de ce projet de loi et que nous
pourrons entendre les autorités de la ville de Montréal.
Je me refuse à croire que ce gouvernement propre, propre, propre
est libre de toute attache ou à ce point faible pour se plier aussi
facilement aux diktats des milieux financiers qu'il a si démagogiquement
décrits en cette Chambre depuis 1970.
Les impératifs du crédit de la province et de la ville de
Montréal sont, bien sûr, sérieux. Je ne puis toutefois pas
croire que le gouvernement ne puisse faire connaître clairement aux
prêteurs ses intentions et prendre le temps nécessaire, soit un
mois seulement, pour arrêter d'une façon responsable et juste les
modalités de sa décision.
M. Tardif: Mme le Président, j'ai entendu les propos des
députés de D'Arcy McGee, de Verdun, de Pointe-Claire et les
autres. Je suis très sensible aux arguments invoqués.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
municipales, je crois que vous êtes déjà intervenu sur la
motion d'amendement. Il est vrai que le débat a été
retardé, mais, selon moi, vous êtes intervenu sur la motion
d'amendement.
M. Tardif: II reste que, Mme le Président, avec votre
respect...
Le Président (Mme Guerrier): Je regrette, M. le ministre
des Affaires municipales. Vous êtes déjà intervenu. Vous
n'avez pas le choix.
M. Levesque (Bonaventure): Votel
Des Voix: Vote!
M. Burns: Voulez-vous un vote enregistré ou...
M. Levesque (Bonaventure): Un vote enregistré.
M. Burns: Un vote enregistré.
Le Président (Mme Cuerrier): Qu'on appelle les
députés!
Vote sur la Motion
Mme le Vice-Président: Que ceux qui sont en faveur de la
motion d'amendement du député de D'Arcy McGee veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure),
Mackasey, Forget, Garneau, Mailloux, Goldbloom, Saint-Germain, Raynauld, Mme
Lavoie-Roux, MM. Giasson, Lamontagne, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Larivière, Marchand, Pagé, Springate, Biron, Bellemare, Grenier,
Russell, Goulet, Fontaine, Shaw, LeMoignan, Dubois, Cordeau.
Mme le Vice-Président: Que ceux qui sont contre cette
motion d'amendement veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Cardinal, Laurin, Morin (Sauvé), Parizeau, Landry,
Léonard, Bérubé, O'Neill, Proulx, Garon, Tardif,
Grégoire, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux, Alfred, Martel, Fallu, Rancourt, Bertrand, Godin, Johnson, La-plante,
Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Brassard, Clair,
Gosselin, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Jolivet, Desbiens, Baril, Bordeleau,
Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon.
Mme le Vice-Président: Que ceux qui s'abstiennent
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 29 Contre: 47
Mme le Vice-Président: Cette motion d'amendement est
rejetée.
M. Burns: Mme le Président, comme nous sommes tellement
près d'une heure, qui est l'heure normale de la suspension des travaux
de la Chambre, que je vous suggérerais de suspendre les travaux
immédiatement. Après consultation avec les partis de
l'Opposition, je pense qu'il serait souhaitable que nous revenions à 2 h
30 au lieu, comme normalement, de revenir à 3 heures, tel que
prévu par notre règlement.
Je demanderais que la Chambre nous donne son consentement pour revenir
après cette suspension afin d'étudier le projet de loi no 82 en
deuxième lecture, à compter de 2 h 30.
M. Levesque (Bonaventure): Consentement accordé.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Bellemare: Est-ce qu'on peut, M. le ...
M. Grenier: Puis-je demander l'ajournement des débats
à 2 h 30?
M. Burns: Oui.
Mme le Vice-Président: L'Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à...
M. Burns: Pardon, Mme le Président. Ce n'est pas
l'ajournement du débat, c'est la suspension du débat.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à 2 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
Reprise de la séance à 14 h 40
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames, messieurs!
Le député de Mégantic-Compton.
Reprise du débat de deuxième
lecture
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Nous voici en présence d'un projet de loi dit
urgent, tellement urgent que le gouvernement a jugé bon de refuser du
revers de la main la possibilité d'entendre en commission parlementaire
les autorités de la ville de Montréal, y compris l'Opposition
élue démocratiquement.
Le projet de loi no 82 ne peut faire l'unanimité de cette
Chambre. En tant qu'Opposition responsable et désireuse de
protéger les intérêts de tous les contribuables du
Québec, nous condamnons carrément le gouvernement au tout
début de son nouveau mandat, alors que les Québécois ont
placé en lui leur confiance et un espoir de renouveau politique, d'avoir
osé présenter un projet de loi aussi rigide et aussi
autoritaire.
Je n'ai aucune hésitation, Mme le Président, à dire
aux membres de cette Assemblée que l'Union Nationale votera contre ce
projet de loi dont les visées dictaroriales n'ont d'autre but que
d'infliger aux autorités de la ville de Montréal, et, par
rico-
chel, les Montréalais eux-mêmes, des mesures
discriminatoires inspirées par un esprit de vengeance injustifié
et dont l'urgence tant décriée n'a pas encore été
démontrée à notre satisfaction.
Tutelle abusive, oui. Charlatanisme cynique, oui, et j'ajouterais,
mesure prématurée et injustifiée. A notre avis, Mme le
Président, ce projet de loi spécial donne au ministre des
Affaires municipales des pouvoirs exorbitants à l'endroit de la ville de
Montréal, que la situation actuelle ne justifie aucunement. Non
seulement impose-t-il une quasi-tutelle à la ville de Montréal,
mais aussi, il touche dangereusement, et sans aucune justification visible,
à l'indépendance et à l'autorité reconnue de la
Commission des affaires municipales, à tel point qu'on se demande s'il
ne s'agit pas, comme l'a déclaré le maire de Montréal,
d'une mise en tutelle de la commission elle-même. De plus, ce projet de
loi nous paraît contenir deux objectifs bien distincts et dont la teneur
exige une approche différente selon le cas.
D'abord, une première partie traite du déficit olympique
de $200 millions. Voilà un problème qui, au dire du gouvernement,
commande une étude urgente et immédiate. Or, le ministre
responsable a encore approuvé cette affirmation, car à l'instar
de plusieurs citoyens et groupes publics, nous ne sommes pas encore convaincus
du caractère urgent de cette loi.
La deuxième partie, c'est-à-dire les articles 10 et
suivants, concerne des amendements à la charte de Montréal qui
n'ont aucun sinon très peu rapport avec le financement du
déficit olympique, sauf, peut-être, l'article 16 sur
l'évaluation foncière. Aucun de ces articles ne commande une
attention immédiate de cette Chambre. Nous comprenons mal le fait
d'avoir groupé, à l'intérieur d'un seul projet de loi,
deux sujets aussi distincts. A moins que le ministre ne nous apporte des
preuves du contraire, nous croyons qu'il serait plus réaliste de scinder
ce projet de loi en deux et de remettre à plus tard l'étude des
amendements à la charte de Montréal.
Comme première mesure d'importance en matière de politique
municipale, le projet de loi no 82 n'est pas de nature à inspirer
confiance aux Québécois; bien au contraire, cette mesure laisse
percevoir chez le nouveau gouvernement une incapacité d'imagination et
de souplesse et un esprit centralisateur que nous, de l'Opposition, ne pouvons
accepter. En effet, le projet de loi no 82 établit, d'une manière
évidente et vigoureuse, une incohérence quant au style ouvert de
gouvernement qu'a prêché le Parti québécois au cours
de la campagne électorale. C'est ce programme qui a fait élire
bon nombre de députés sur l'île de Montréal,
programme qui contenait ce paragraphe qui donnait à tous la forte
impression qu'ils avaient leur mot à dire: "En conséquence, un
gouvernement du Parti québécois s'engage à revaloriser le
pouvoir local, notamment en remettant aux municipalités certains
pouvoirs actuellement exercés par le gouvernement
québécois et en augmentant les ressources financières
à leur disposition". On prêche une doctrine et on pratique
l'autre.
C'est peut-être rentable en période électorale, mais
il y a des électeurs qui ont la mémoire longue. Je suis un de
ceux qui s'en souviennent. Il est arrivé que notre gouvernement a
adopté certaines lois qui sont peut-être devenues impopulaires;
après deux ans, après trois ans, les gens s'en souviennent
encore. S'il arrive que le style ouvert de gouvernement que vous avez
prêché pendant la campagne électorale ne cadre pas avec le
style autoritaire et antidémocratique qui est pratiqué dans ce
projet de loi, il y a peut-être lieu que des députés
interviennent sur ce projet et disent ce que veut la population de
Montréal.
Une incompatibilité entre des promesses de
décentralisation et d'autonomie accrues aux municipalités au
cours de la campagne électorale, des mesures centralisatrices comme
celles qu'on connaît aujourd'hui, ces abus de pouvoir de la part du
gouvernement sont d'autant plus incompréhensibles du fait que ce projet
de loi 82 ne vise, comme le dit l'article 1, que la ville de Montréal
c'est-à-dire la ville juridique de Montréal.
Or, la ville de Montréal n'a pas été la seule
à bénéficier des Jeux olympiques. Les retombées
économiques des jeux ont touché également les villes
environnantes, plusieurs régions de la province en ont profité
ainsi que le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial.
Je serais intéressé à connaître la nature de ces
retombées économiques. Est-ce que le ministre et son gouvernement
ont pris la peine, au moins, de faire le partage qui s'impose entre les divers
bénéficiaires des retombées économiques des Jeux
olympiques avant de fixer le montant de $200 millions qu'ils imposent
arbitrairement à la ville de Montréal comme étant sa part
du déficit olympique? Bien sûr, on a eu quelques chiffres vagues
fournis par le ministre au tout début de l'étude du projet de
loi, mais est-ce qu'on pourrait avoir des précisions?
Est-ce qu'on n'aurait pas dû fournir à la députation
des précisions beaucoup plus claires? Quelle est alors la part des
autres municipalités? Quelle est la part du gouvernement du
Québec? Quelle est la part du gouvernement fédéral? Avant
de poser un geste aussi radical que celui du contenu dans le projet de loi no
82, il me semble que le gouvernement aurait dû répondre à
ces questions fondamentales qui permettraient à la députation de
mieux comprendre, aujourd'hui, l'attitude intransigeante du Parti
québécois.
Mme le Président, je suis surpris de constater le silence des
députés représentant les comtés dont les
contribuables auront à défrayer le coût de cette taxe
olympique. Vous avez pourtant des députés du gouvernement dans
les comtés de Crémazie, Dorion, Gouin, Maisonneuve, Mercier,
Rosemont, Saint-Henri, Sainte-Anne, Saint-Jacques, Sainte-Marie, Anjou,
Bourassa, Bourget, Jeanne-Mance puis les autres.
Une Voix: Alouette!
M. Beliemare: Soyez attentifs.
M. Grenier: Oui, alouette! Alors ces députés,
à mon sens, devraient faire comprendre au gouvernement qu'un rôle
plus important pourrait être joué, pourrait être
discuté d'abord par ces députés responsables dans la ville
de Montréal, les premiers responsables, puisqu'il s'agit de leurs
électeurs.
C'est sûr que, dans la campagne électorale, si les gens
avaient connu cette loi avec moins de force qu'il en a été mis
à la vente de ce programme, s'ils avaient connu la loi qui arrive
aujourd'hui en Chambre, peut-être que cela aurait changé des
choses, s'ils avaient su la triste réalité qui les attendait
moins d'un mois après l'élection. Il me semble que, dans
l'intérêt des contribuables, ces députés pourraient
prendre la parole et dire au gouvernement ce que leurs électeurs
voudraient voir. C'est le monde à l'envers. Alors que ces mêmes
députés ne se gênent pas pour critiquer la mollesse et le
silence des représentants québécois à la Chambre
des communes devant les tentatives centralisatrices du gouvernement de M.
Trudeau, ils adoptent aujourd'hui des attitudes identiques face aux mesures
centralisatrices du projet de loi 82, qui frappe injustement leurs propres
électeurs. C'est à vous, à titre de représentants
élus des contribuables montréalais, plus que moi, de
défendre les intérêts de vos électeurs. On discute
souvent si un député est représentant d'une portion de
province ou s'il représente ses propres électeurs. Il
représente d'abord ses électeurs. La vingtaine de
députés gouvernementaux...
M. Burns: Le député me permet-il une question?
M. Grenier: Oui.
M. Burns: J'aimerais beaucoup recevoir sa suggestion. Qu'est-ce
qu'on fait avec le déficit de $214 millions? A-t-il une suggestion
pratique? Voulez-vous me la faire? Dites-nous quoi faire avec cela.
Une Voix: Attendez un peu.
M. Grenier: Je remercie le leader parlementaire. Bien sûr
que j'aurai des propositions à faire sur le déficit de $214
millions.
Je disais donc que c'est le monde à l'envers, puisque les
députés qui représentent ces comtés proprement dits
de l'île de Montréal sont peu loquaces. Ils adoptent des attitudes
identiques à celles des députés d'Ottawa qu'on
connaît et qui ne sont pourtant pas à notre goût
suffisamment loquaces. Mais non, on préfère se taire et laisser
les électeurs se plaindre eux-mêmes ou faire exprimer leurs
plaintes par des éditorialistes de journaux. Bien sûr qu'un
gouvernement ne mène pas à coups d'éditoriaux. Ce n'est
pas la façon. Mais ce n'est peut-être pas mauvais, parfois; d'en
lire et de s'en inspirer. Quand il y a des gens qui nous disent que ce n'est
carrément pas cela à quoi les gens s'attendaient à
Montréal, ce n'est peut-être pas mauvais de s'en inspirer. Cela ne
doit pas être le seul leitmotiv d'un gouvernement, mais on peut prendre
connaissance de temps en temps d'éditoriaux quand ils sont aussi
sérieux que celui de Jean-Claude Leclerc du 21 décembre
dernier.
M. le Président, le pouvoir transforme les hommes. Un mois
seulement au pouvoir et, déjà, on se trouve devant une
intransigeance et une arrogance qui n'ont d'égales que celles du
gouvernement Trudeau. Triste constatation, mais néanmoins réelle
et vivante.
Pourquoi s'éterniser à pénaliser les
Montréalais? Pourquoi faire preuve d'intransigeance à l'endroit
des Montréalais alors qu'il aurait été plus que normal,
avant d'envisager un geste aussi radical, de déployer nos
énergies et de tenter un dernier effort en vue de convaincre le
gouvernement fédéral à assumer une plus grande part du
déficit olympique?
Le 8 décembre dernier, le caucus de l'Union Nationale demandait
la réouverture immédiate de ce dossier parce qu'il croyait
qu'à défaut d'une nouvelle injection d'Ottawa, les
Montréalais seraient obligés de payer à eux seuls quelque
$200 millions du déficit olympique. Ils deviennent ainsi
hypothéqués sérieusement dans leurs besoins prioritaires
en matière d'habitation et de transport urbain.
Il semble que le gouvernement est pas mal plus intéressé,
tenté de faire la preuve de la non-rentabilité du
fédéralisme que de se pencher sur le problème, l'aide
concrète qui pourrait être apportée aux contribuables
montréalais. Notre crainte était justifiée. A
défaut d'une participation fédérale accrue, le projet de
loi no 82 impose aux contribuables montréalais une taxe de $214 millions
payable sur une période de vingt ans, soit un montant d'environ $25,4
millions par année en capital et intérêt. Pis encore, ce
même projet de loi prévoit qu'advenant le défaut de payer,
la ville de Montréal perdra les revenus de taxes de vente et, selon les
dernières statistiques disponibles, Montréal touche plus de $62
millions de cette source. Est-ce que le gouvernement s'est demandé quel
sera le sort des Montréalais lorsque ceux-ci voudront entreprendre des
travaux urgents en matière d'habitation, de transport en commun,
d'aqueduc et d'égouts, de voirie et des autres grands problèmes
qui assaillent une grande ville comme celle de Montréal? N'ayant presque
plus de marge de manoeuvre, ce sont les Montréalais qui, les premiers,
subiront les conséquences désastreuses de ce projet de loi au
niveau des politiques sociales. Il est fort étrange qu'aujourd'hui, ces
Montréalais doivent se faire entendre par des députés du
côté de l'Opposition qui sont de l'extérieur de
Montréal. J'espère que, pour contrer cette
éventualité, le gouvernement a prévu des mesures
spéciales qui permettront aux Montréalais de
bénéficier des services municipaux auxquels ils ont droit.
Sinon, ce sera une double imposition dont le caractère arbitraire
et autoritaire restera vivant bien longtemps dans la mémoire de tous ces
contribuables montréalais, payeurs de taxes plus chères que
d'autres dans la province. En guise de conclusion, Mme le Président,
puisque le gouver-
nement n'a pas fait la preuve du caractère urgent de cette
législation, puisqu'il n'apparaît pas nécessaire de
modifier immédiatement les articles de la charte de Montréal tel
que formulé dans ce projet de loi, puisque le gouvernement n'a fourni
aucune argumentation valable pour établir la part du déficit
olympique imputable à la ville de Montréal, soit les $214
millions, notre groupe de l'Union Nationale votera contre le projet de loi.
M. Burns: Simplement, avec votre permission, Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: ...j'ai posé une question au
député. Je n'ai pas entendu de réponse à la suite
de ma question. Où va-t-on aller chercher ces $214 millions?
Deuxièmement...
M. Garneau: A Ottawa. Mme le Président, à l'ordre!
Question de règlement. Question de règlement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Mme le Président, je crois qu'il est de
coutume dans cette Chambre, lorsqu'un opinant s'adresse à la
présidence, qu'un autre député puisse obtenir sa
permission pour lui poser une question. Il appartient au député
de répondre ou de ne pas répondre à la question. Il est
libre de le faire, mais je ne crois pas que, dans l'évolution normale de
nos travaux, le leader du gouvernement utilise ce prétexte pour faire
son intervention. S'il veut intervenir, je n'ai aucune espèce
d'objection qu'il fasse une intervention, mais pas d'une façon indirecte
et ainsi garder son droit de parole à trois ou quatre reprises dans le
débat.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton décidera s'il veut ou non répondre
à la question.
M. Grenier: Comme l'a dit tantôt le leader, bien sûr
que les éléments de solution que j'ai soumis sont d'abord d'aller
chercher une plus grande part du fédéral. Je pense que ce serait
chose assez simple. Les deux premiers ministres et de la province et du Canada
se connaissent depuis tellement d'années. Ils ont appris à
s'estimer dans leur bas âge. Il me semble bien que ce devrait être
facile d'obtenir le montant dont ils ont besoin. Deuxièmement, il y a le
partage de la taxe de vente et il y a aussi la province qui est vraiment plus
grande que la ville de Montréal. Ce sont des éléments de
solution qui sont vraiment sérieux.
M. Russell: On va vous en donner d'autres tout à
l'heure.
M. Grenier: Le partage également sur toute l'île de
Montréal.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Shaw
M. Shaw: Merci, Mme le Président. I want to take advantage
of this question because bill 82 is now in second reading.
This bill is attempting to force the city of Montreal, which is not the
city of Montreal but the taxpayers, also Québécois, to pay $214
million plus its debt service with a level of tax, the municipal level of tax
which is already the most overburdened of levels of taxes that we have in this
country. We must remember that the people of Québec les
Québécois vont payer cette dette quand même et les petits
citoyens du Québec, les citoyens de la ville de Montréal,
maintenant, paient les trois quarts de toutes les taxes de la province de
Québec.
So, if we use the municipal level or the provincial level or indeed,
part of the Federal level of tax, it's the same people who have been hung with
the debt. But the problem is this: We are using the municipal level of tax to
affect this money and its recovery and this is the great injustice of this
debt, this bill. Examine it very carefully.
Indeed, we should be reducing the municipal tax because we have to give
tax relief to the municipalities. Right now, in the city of Montreal, people
who have worked all of their live to finally own their homes are having to sell
these homes because their municipal taxes are too high, and the tenants,
because all of these municipal taxes are turned right over to the tenants
through tax escalation clauses built into their leases, the tenants will have
this additional cost to pay, which is much more serious a passing forward of a
debt than through, for example, income taxes which levy the tax more equally
over the people who are best capable of paying it. And certain businesses, who
are now in the city of Montreal and living right now in a climate which they
are not really sure they are enjoying can use this example: Another push in
their municipal taxes as the reason why they should leave the province, thereby
reducing the size of the tax base thereby increasing the amount of money that
each municipal taxpayer has to pay. And the senior citizens homes and other
institutions which are now already heavily burdened with taxes, which should be
getting tax relief, are again going to by carrying the tax burden.
Madam President, we should remember that the city of Montreal has its
priorities too. It must do something about urban development. It must develop a
tourism and a convention center for Montreal, to take advantage of the capacity
of the city to be a host.
But if we strangle it by attacking the municipal level of tax, these
projects cannot go forward, and this will reflect on the entire economy of the
country, the question of the economic effects on Montreal, for example in
discouraging business from being in the city of Montreal. I can understand that
Montreal accepted the responsibility to carry on
the Olympic Games. It was not the suburbs. It was not the province of
Quebec, but the province of Quebec undertook to underwrite the deficit. It was
a commitment made by the previous government to support the deficit that would
be incurred by this very important event in Canadian history. And where should
we get the money? We have to pay the bill obviously, but let us use the basis
of tax which more equitably spreads that debt to the people who are paying it.
And we should go back to the federal government, because we must accept the
fact that there were so many people who have benefited, through direct and
indirect taxation, from the effects of this $1,x billion that was spent on the
Olympic Games.
The federal government, for example, got its sales tax on building
materials. It got the income tax from all of the workers that were working on
the project. They got a windfall profit from the Olympic Games and they owe it
to the city of Montreal to help reduce the dificit by making a contribution to
this end.
Madam President, this House is sitting with a government now that
represents 40% of the population of the province of Quebec. It has a very
tenuous job. It must present its legislation in the spirit that it sold itself
to the people during the election, a party with heart. And it is a party that
does not have heart, which is transferring debt in an area where it is least
readily accepted, to the municipal taxpayer, at a level which unquestionably
now is so overburdened that, if anything, it should be markedly reduced. For
example, the government has suggested that it would do away with the school tax
on municipal valuations. But it has not been done as yet, and this additional
tax of $214 million, plus debt service, can affect a ratepayer to the extent of
$150 per year, if not properly related.
This is a large amount of money for small-income people, who the Parti
québécois has always claimed to best represent.
Madam President, I suggest we take this: there are 40% of the people,
now, who have given you the right to govern this province, and have said to
you: You have promised us that you will do it with heart, with respect to us,
that you do this and reconsider that the giving of a $214 million debt to a
level of tax which cannot readily accept it without only causing such serious
repercussions that we, the citizens of Montreal, and as
Québécois, are all going to suffer as a result of it.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Mme le Président, mes premières
paroles dans le débat sont pour vous féliciter, naturellement,
pour votre rôle et surtout pour l'impartialité avec laquelle vous
occupez vos fonctions. Vous savez autant que moi que nous vivons dans une
démocratie, et c'est par l'entremise de votre impartialité que la
Chambre peut agir. J'es- père qu'elle va agir pour le bien-être de
tous les citoyens de la province de Québec. Là, je ne parle pas
seulement des minorités: je ne suis pas ici comme le représentant
des minorités, mais comme le représentant de tous ceux qui vivent
dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce.
Comme je l'ai dit hier soir, j'apprécie les efforts de plusieurs
de mes amis, de tous les côtés, depuis une semaine, et qui ont
rendu ma tâche un peu plus facile. Après avoir travaillé
dans une autre Chambre pendant quinze ans, je trouve des règlements qui
ne sont pas tout à fait les mêmes; ce sont les règlements
qu'il faut suivre. Par exemple, c'est mon impression que le projet de loi no 82
n'est pas valable.
Je suis convaincu que si on avait eu un débat de procédure
au début, sans doute les conseillers du président auraient dit
que ce projet de loi no 82 était complètement hors d'ordre.
Par exemple, si nous sommes en faveur de la taxation de la ville de
Montréal pour un montant de $200 millions et qu'en même temps,
nous sommes contre l'idée de mettre la ville de Montréal en
tutelle, nous avons fait un choix. Si, au contraire, on ne veut pas charger la
ville de Montréal d'un fardeau de $200 millions et qu'on veuille la
mettre en tutelle, pour une raison ou une autre, on fait encore un choix. On
appelle cela un bill omnibus, un bill très rare. Je sais, sans le
demander, que les gens comprennent mes paroles; il y a beaucoup de
précédents, dans le système parlementaire britannique, que
je pourrais retrouver à la bibliothèque prouvant que ce projet de
loi n'est pas valable.
Quand même, j'ai pris la peine d'étudier le jugement des
experts de la province de Québec, pas seulement du Montreal Star ou de
la Gazette, mais du Devoir, les articles de M. Leclerc, surtout les articles de
M. Ryan qui suit les travaux de la Chambre et tout ce qui se passe au
Québec avec précision, si vous voulez. C'est regrettable, mais la
Presse, le Star, la Gazette, le Devoir, M. Leclerc, M. Ryan ont tous dit que le
bill 82 n'est pas dans l'esprit du Parti québécois, qu'il n'est
même pas dans l'esprit démocratique que ce parti a
suggéré, complètement et uniquement, durant les
élections. C'est dommage que depuis deux semaines le Parti
québécois ait rejeté toutes ses promesses maintenant qu'il
est au pouvoir. Nous n'avons qu'à commencer par la section 5 du bill 22.
Le ministre de l'Education n'a pas eu assez d'intelligence ni de courage pour
trouver une autre formule. Tout le monde, le leader du Parti
québécois et le premier ministre de la province lui-même
ont dit, durant les élections, que cela était contre le meilleur
intérêt des enfants de quatre, cinq ou six ans.
Sous le prétexte que nous avons mis deux millions ou plus
d'enfants dans une position pour le reste de leur vie, ce n'est pas
nécessaire de faire la même chose pour deux ou trois ou 104
pauvres enfants qui n'ont pas encore subi le test. C'est incroyable! Parce
qu'en même temps que le ministre dit qu'il était obligé de
suivre la loi, l'autre ministre dit, dans l'autre section, la francisation de
la loi 22, qu'il suspend les règlements.
Cela lui prend cinq minutes pour suspendre les règlements parce
qu'il veut accélérer sans doute le processus. Mme le
Président, la Gazette est un journal qui avait beaucoup de sympathie
pour le Parti québécois, et c'est naturellement son droit. Il
partage, tout se partage, un amour peut-être, si vous voulez, pour le
peuple, pour les pauvres. J'étais ministre du Travail auparavant,
j'étais ministre de l'Immigration, j'étais ministre de la
Main-d'Oeuvre, je sais ce que c'est la pauvreté. Je sais ce que c'est
pour les pauvres qui vivent dans le comté de Sainte-Anne. Si je me
rappelle bien, le comté de Sainte-Anne est maintenant
représenté par un député du Parti
québécois. Est-ce qu'il y a des pauvres qui vivent à
Pointe Saint-Charles? Est-ce qu'ils vont aimer cette loi maintenant? Ils vont
être obligés de payer encore des taxes...
Une Voix: Les pauvres d'Outremont.
M. Mackasey: Là on ne parle pas des gens qui font $6000,
$7000 ou $8000 par année, mais $3000, $4000 ou $5000. Le ministre du
Travail, de Saint-Henri, est-ce qu'il appuie ce projet de loi? Est-ce que vous
donnez le grand montant de $5 par semaine en augmentation du salaire minimum et
vous augmenterez les taxes de ces pauvres gens probablement de $5 par semaine?
Vous représentez les pauvres, vous dites, et la première chose
que vous faites à l'Assemblée nationale c'est d'imposer une taxe
de $200 millions à ces pauvres.
Ce n'est pas seulement mon impression, Mme le Président.
Jean-Claude Leclerc a dit dans le Devoir du lundi 20 décembre: "Prise
globalement, la loi 82 est mauvaise. Le projet déposé vendredi
par le nouveau ministre des Affaires municipales, M. Guy Tardif, devra
être substantiellement modifié si les institutions politiques de
Montréal, après avoir subi les abus de l'administration en place,
ne doivent pas succomber à une non moins détestable tutelle de la
part de Québec". Il parle du gouvernement du Parti
québécois et pas de nous.
En plus, dit M. Leclerc, "il suffit au contraire de voir quelles
énormités fonctionnaires et légistes de Québec ont
eu le front de faire passer sous le nom de M. Tardif pour trouver que, plus que
jamais, les députés doivent entendre les représentants
élus de Montréal, l'administration comme l'Opposition, avant
d'adopter les dispositions de la loi". Cela veut dire que les fonctionnaires
sont encore en charge de l'avenir de cette province et pas les
députés, certainement pas le Parti québécois.
L'éditorial de M. Leclerc est trop long pour le lire
complètement, mais en terminant il dit: "Montréal n'a pas voulu
changer de gouvernement pour se faire imposer une tutelle si abusive". Cela,
Mme le Président, c'est le Devoir.
The Montreal Star dit ceci; je pense que c'est la même date, le 21
décembre: Never in recent history has the Legislature been asked to ram
through such a dictatorial measure without a conventional public committee
hearing at which Montreal's spokesmen would have an opportunity to speak. It is
all too urgent for that, according to House leader Robert Burns. That is
poppycock.
Nevertheless even the mayor admits that it would be naive to expect that
his appearance would make any difference in a situation where the government
has made up its mind.
It is unfortunate that the PQ's first major piece of legislation should
be putting the city in what is, in effect semi-tutelage because secondary
clauses of the bill are really long overdue. The Montréal administration
over the years has been too prone to the blank cheque technique for public
spending". But it goes on to say, Madam Speaker, that the least the Parti
québécois should do is give an opportunity to the representatives
of the city of Montreal to come down here and defend themselves against this
abusive reactionary terrible piece of legislation.
La Gazette, ce matin, je crois dit encore ceci: "Unfortunately, Quebec's
legislation contains other provisions that do not qualify as urgent". Je parle
naturellement du principe du bill. "Packaged with the Olympic debt program"...
la Gazette prend la position que Montréal doit de l'argent et devra le
payer, mais elle dit que le bill est fabriqué dans un sens contraire aux
principes du bill, 82, dans lequel il y a deux principes.
Unfortunately, the Quebec's legislation contains other provisions that
do not qualify as urgent". Quelle est l'urgence de mettre Montréal en
tutelle? Que demande Québec? Packaged with the Olympic debt problem, it
looks as if the legislation is part of a vendetta against mayor Drapeau. He was
not consulted on its content. The bill contains provisions that are beneficiary
like mandatory tendering for all contracts fo $10 000 and over, but there seems
to be no reason to introduce these measures in haste now".
Mme le Président, la Presse du 20 décembre dit ceci,
signé par Marcel Adam: "Dans un tel cas, la ville de Montréal ne
jouit d'à peu près aucune retombée financière,
cependant que les gouvernements du Québec et d'Ottawa encaissent
directement et indirectement des centaines de millions de dollars sous forme
d'impôt et diverses autres entrées", which means that Ottawa
should be reapproached to see that if they will in some way help to reduce this
$200 million.
Je connais un peu la question de l'argent pour les Olympiques,
j'étais le ministre des Postes, j'étais en charge de la monnaie
olympique la monnaie argent et en or, les timbres, si vous voulez
Loto-Canada. Je ne suis pas ici pour défendre le gouvernement
fédéral, mais je sais que le ministre des Finances du
Québec est allé à Ottawa et a insisté pour
qu'Ottawa prenne part à la dette des $200 millions. C'est lui-même
qui a insisté pour que Loto-Canada ait lieu à travers le pays,
pour que tous les Canadiens paient une partie de cette dette.
Mais quand le Parti québécois vient insulter le maire
Drapeau, qui est un des plus grands maires d'expression française qu'on
ait jamais eus dans cette province, c'est insultant pour tous les
Québécois.
Rien n'oblige le gouvernement à procéder aussi rapidement
au sujet des modifications à ap-
porter à la charte de Montréal. Comment, en effet, cette
charte peut-elle devenir tout à coup aussi imparfaite, par la
décision d'un gouvernement dirigé par un homme, M.
Lévesque, qui siégeait dans le gouvernement Lesage, qui l'a
modifiée en 1960, de manière à permettre à M.
Drapeau de devenir ce qu'il est aujourd'hui, et qui en était à ce
point content que, six ans après, soit en 1966, il en faisait encore le
plus grand éloge? Je dois en conclure que si le maire Drapeau n'a pas
changé en 16 ans, M. Lévesque, lui, a changé et que, pour
contrôler et peut-être punir politiquement un maire pas assez
démocratique à son goût aujourd'hui, il procède
hâtivement et comme lui de manière peu démocratique.
La vraie réforme et le vrai courage consisteront à
corriger en profondeur et démocratiquement ce qui a été
mal fait par le gouvernement où siège M. Lévesque,
c'est-à-dire instaurer de véritables contrôles
démocratiques à Montréal, à la mesure de sa taille
et de ses responsabilités.
N'en déplaise au ministre Tardif, Montréal n'est pas plus
une ville comme les autres que ne l'est le Québec par rapport aux autres
provinces! Montréal est une des plus grandes villes au monde, avec un
maire qui a eu le courage d'introduire le métro, l'Expo, les Olympiques.
Ce ne sont peut-être pas ces priorités qui m'intéressent,
mais, au moins, si on partage mes vues, soit que le maire Drapeau a pour
qualité d'avoir toujours agi pour le bien-être de la population de
la ville de Montréal, on ne devrait pas l'insulter par l'entremise d'un
projet de loi qui ne donne aucune possibilité, à lui et à
ses représentants de protéger la ville de Montréal. On
devrait, si c'est nécessaire, rediscuter des pouvoirs du maire Drapeau
et de ceux de la ville de Montréal lorsque le projet de loi privé
de la ville de Montréal sera présenté en Chambre.
Procéder de cette manière, c'est réactionnaire,
dictatorial. Franchement, je ne puis comprendre pourquoi le Parti
québécois, depuis deux semaines, a changé tout son
programme: la loi 22, une taxe de $200 millions sur les pauvres de Saint-Henri,
M. le ministre du Travail; $200 millions sur les pauvres de Sainte-Anne. Je
sais qu'il y a un député qui représente Sainte-Anne, qui
est tranquille, aujourd'hui. C'est dommage!
Il y a une grande vedette Levesque en Chambre: elle s'appelle
Gérard D. Levesque, notre leader, qui sait ce qu'il y a à faire.
C'est dommage que le Parti québécois, en l'espace de deux
semaines, ait changé complètement sa doctrine parce qu'il a
maintenant la responsabilité du gouvernement. Pour le bien-être de
notre province et du peuple, je suis content que la mini-session n'ait
duré que deux semaines et non pas deux mois.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Mme le Président, quand j'ai fait mon
entrée dans cette Chambre lors de l'ouverture de cette session, j'avais
pris la résolution de ne pas utiliser dans mes interventions le
réflexe oppositionniste dont j'ai, pendant quelques années,
été trop souvent le témoin. Cependant, je ne croyais pas
que mon désir de collaborer le plus généralement possible
avec le gouvernement, en cherchant, par mes questions, à faire
préciser les intentions gouvernementales, trouverait si rapidement une
occasion d'exception à cette règle générale. Mais
je me vois forcé de participer à ce débat pour m'opposer
à une loi qui est mauvaise, qui est hargneuse, qui est vindicative.
Des collègues avant moi ont utilisé l'expression un
règlement de comptes et je reprends cette expression parce que c'est
celle qui est la plus appropriée dans les circonstances. Il s'agit
effectivement d'un règlement de comptes.
Mais cet aspect, qui est malgré tout anecdoti-que, n'est pas
celui que je veux développer. Je m'adresserai à ce qui a fait
l'essentiel de l'argumentation du gouvernement pour justifier ou tenter de
justifier cette loi. C'est une argumentation qui repose sur deux
éléments; la nécessité, d'abord et aussi un certain
panache que l'on veut se donner, une prétention de courage devant des
circonstances très difficiles.
Superficiellement, Mme le Président, il ne faut pas s'interroger
longuement pour savoir s'il est approprié pour le gouvernement, à
peine un mois et demi après des élections avec une confortable
majorité, de parler de courage. On a du courage seulement quand on est
en danger. Je ne vois pas quel danger immédiat menace le gouvernement.
Le courage, dans ces circonstances, est une chose qu'on peut se payer à
fort peu de prix et qui, effectivement, n'a pas une grande valeur.
Mme le Président, ma prétention est ceci. Je peux
l'appuyer par plusieurs arguments; c'est que, loin de démontrer du
courage, le gouvernement dans sa décision actuelle fait preuve d'une
remarquable timidité. Timidité parce que,
systématiquement, il se cache derrière d'autres individus,
d'autres organismes pour expliquer une décision qu'il ne s'est
même pas donné la peine de défendre au mérite, mais
dont il a seulement allégué la nécessité,
l'inéluctable nécessité d'agir pour nous expliquer un
pareil projet de loi.
Le gouvernement se cache d'abord derrière le discours du budget
du mois de mai dernier. Dans ce discours du budget, le député de
Jean-Talon, alors ministre des Finances, indiquait qu'un fardeau devrait
être assumé par les citoyens de la région qui, le plus
directement, bénéficie des installations qu'ont suscitées
les Jeux olympiques. Voilà que cette décision qui, avec le recul
du temps, nous paraît pouvoir être critiquée devient
subitement une vérité sacrée et intouchable. On se
souvient que durant cette session on a allégué que
l'héritage qu'on avait reçu, soi-disant si lourd, on ne pouvait
impunément y toucher, mais quand il s'agissait de promettre quelques
dizaines de milliers de dollars à des municipalités, qu'on
pouvait tout réviser à ce moment, qu'il n'y avait plus rien de
sacré, qu'il n'y avait plus de principe de continuité dans
l'action gouvernementale et étatique, mais qu'on pouvait tout revoir,
tout remettre en
question. Qu'il s'agisse de subventions pour la construction d'aqueducs
et dégoûts, qu'il s'agisse de construction de foyers pour
personnes âgées, toutes ces décisions, qui sont des
décisions positives, on les remet en question. On va y penser. On va les
analyser. On ne les accepte pas comme faisant partie d'un héritage
intouchable. Mais, cependant, lorsqu'on en vient à une décision
qui a un certain aspect punitif, qui a un certain aspect odieux, à ce
moment on ne veut plus rien toucher. On se cache derrière cette
décision comme si, par hasard, il était impossible de la
modifier, de l'analyser, de la réexaminer.
Il y a bien des possibilités que l'on peut imaginer dans ce
contexte. Les prétendues demandes du leader du gouvernement, sa
prétendue curiosité en face de suggestions que pourraient lui
faire maintenant des membres de l'Opposition ne résistent pas à
l'examen et paraissent, effectivement, comme une demande et une
curiosité un peu ridicules puisqu'il refuse même de faire
comparaître les parties directement intéressées pour
entendre de leur bouche ce que pourraient être, ce en quoi pourraient
consister ces autres façons de procéder, ces autres façons
de distribuer le fardeau ou même le montant même du fardeau que le
gouvernement du Québec impose à la ville de Montréal. Les
raisonnements a posteriori que l'on fait sur la base du coût comptable de
ces installations ne convainquent personne. D'autres, à
l'extérieur de cette Assemblée, ont dit très explicitement
qu'ils ne sont pas du tout convaincus par le raisonnement comptable auquel
s'est livré le ministre des Affaires municipales.
Donc, non seulement content de se cacher derrière ce premier
paravent que constitue le discours du budget d'un gouvernement défait,
le premier ministre lui-même s'est caché derrière un second
paravent qui est le délai, les exigences formulées par la firme
Moody's. On ne nous a pas dit si on avait cherché à faire
reporter ce délai du 31 décembre pour le changement de la cote de
la ville de Montréal. Pourtant, ce délai avait été
indiqué et cela on l'a dit au mois d'août, bien
avant qu'il soit question d'élections au Québec.
Ne serait-il pas possible, n'est-il pas concevable qu'un nouveau
gouvernement qui vient de prendre ses fonctions entreprenne au moins de
rediscuter de ce délai et donne, s'il le faut, certaines indications
quant à ses intentions, sans nécessairement se lier aux
détails d'une décision déjà prise par d'autres? Il
y a une raison très claire pour laquelle on veut se cacher
derrière ce délai, derrière cet ultimatum
présumé de la compagnie Moody's. On veut le faire parce que, de
toute façon, on a le désir de ne rien remettre en question. On
préfère prétendre à la nécessité que
véritablement assumer ses responsabilités à l'égard
non seulement du montant et de la façon de le percevoir, mais aussi
à l'égard du délai auquel on prétend être
soumis. Il y a quelque chose de plus sérieux derrière cette
excuse. Il y a également, et c'est un point qu'on n'a pas suffisamment
soulevé, l'argument qu'on peut tirer de l'attitude du gouvernement qui,
ayant prétendu croire à la décen- tralisation, à la
démocratie locale, se fait fort de corriger les effets de la
démocratie urbaine, la démocratie de la ville de Montréal,
qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, lorsque les résultats de ses choix
démocratiques, encore une fois, même s'ils ne nous plaisent pas,
au niveau local, n'ont pas l'heur de plaire au gouvernement.
Ceci est un symbole dont on verra plusieurs manifestations dans d'autres
domaines. On en a déjà vu d'ailleurs, à cette
Assemblée, durant cette session. On va retenir des subventions à
des festivals selon que le ministre du bon goût aura décidé
si son estampille peut être apposée sur le dessin et les maquettes
des chars allégoriques.
Je vois avec satisfaction, Mme le Président, que j'ai bien
compris l'esprit qui anime le gouvernement, mais je ne m'en réjouis pas,
parce que la démocratie guidée, il y en a eu des exemples
ailleurs qu'au Québec. Lorsque l'on dit que l'on veut que nos
institutions locales fonctionnent et s'épanouissent, on doit
éviter de donner à croire qu'on les laissera s'épanouir
seulement jusqu'au point où les résultats de leur
épanouissement nous seront politiquement acceptables oui ou non. C'est
bien ce genre de raisonnement auquel on assiste non seulement vis-à-vis
des organisations de loisirs et des organismes plus ou moins
représentatifs, mais à l'endroit de l'organisme local qui est
sans aucun doute le plus significatif dans l'histoire du Québec, dans sa
vie collective, qui est la plus grande municipalité du Québec et
celle, comme mon collègue vient de le rappeler, qui a un prestige et un
rayonnement international. Qu'est-ce que l'on fera aux autres, qu'est-ce que
l'on imposera aux autres? Je n'ai pas besoin d'insister.
En plus de ces deux premiers paravents, il y en a un troisième
où on va se réfugier. Le ministre déiégué au
Haut-Commissariat a fait grand état de la lettre qui lui a
été adressée par le maire de Montréal qui disait:
Oh, écoutez, il n'y a vraiment aucune espèce
d'intérêt pour moi à paraître en commission
parlementaire. Il s'est soigneusement limité à citer cette partie
de la lettre du maire. C'est une excuse, ce n'est rien d'autre qu'une excuse
pour ne pas adopter, non seulement vis-à-vis de la motion de mon
collègue, le député de D'Arcy McGee, une attitude plus
libérale, plus généreuse, plus ouverte et convoquer une
commission parlementaire, mais, aussi, c'est une excuse pour avoir fait ce
genre de loi qui ferait d'une commission parlementaire, si effectivement elle
avait été convoquée, une nouvelle occasion d'humiliation
pour un homme que l'on veut humilier par cette loi au-delà des
problèmes qu'on prétend vouloir régler. C'est ce qui donne
à cette loi son caractère de règlement de comptes et c'est
ce qui fait que cette loi, au-delà de l'expression d'un désaccord
qui serait légitime à la limite, un désaccord avec les
priorités, avec la façon de gérer d'une
municipalité, va au-delà du désaccord et va rejoindre une
dimension de règlement de comptes, une dimension vindicative qui fait
que l'on manque de respect vis-à-vis des organismes qui jouissent,
malgré tout, d'un pouvoir et qui doivent en jouir de la part du
gouvernement.
S'ils n'en jouissent pas de la part du gouvernement, qui donc va le leur
en donner un minimum de respect? Mais on s'est abrité derrière ce
refus pour dire à l'Opposition: Voyez, celle-là même qui
pourrait réclamer une commission parlementaire n'en veut pas. On s'est
arrangé pour qu'elle n'en veuille pas. Si c'est ainsi qu'on va voir la
législation progresser dans cette Assemblée, évidemment,
il n'y aura pas beaucoup de monde pour se présenter aux commissions
parlementaires. On craindra d'y venir parce qu'on craindra d'être
humilié en osant prendre une position différente de celle du
parti officiel.
Il y a, enfin, Mme le Président, un dernier paravent, et c'est,
je pense, pour l'avenir et pour d'autres cas, le paravent le plus pernicieux,
le plus sérieux qui se retrouve dans ce projet de loi. En effet, il se
passe, dans cette loi, un phénomène dont je n'ai pas d'autre
exemple à l'esprit, je pense qu'il sera intéressant de faire des
recherches là-dessus, un phénomène absolument incroyable,
selon lequel la distribution du fardeau fiscal parmi les contribuables de la
ville de Montréal est laissée à la discrétion d'un
organisme délégué, d'un organisme composé
essentiellement de fonctionnaires, soit la Commission municipale. Etant
allé jusqu'au point d'assumer, au nom de la ville de Montréal, le
pouvoir de taxer, voilà que le gouvernement se réfugie
derrière ce dernier paravent que constituent les fonctionnaires de la
Commission municipale.
A-t-on déjà entendu parler d'un impôt qui soit
imposé par des fonctionnaires non élus, qui soit
déterminé par des fonctionnaires non élus? C'est, à
mon avis, un fait sans précédent, et c'est un fait très
grave. Imaginons que le ministre des Finances, en avril, décide qu'il a
besoin d'un demi-milliard de dollars c'est un chiffre qui
m'apparaît tout à fait raisonnable étant donné les
engagements auxquels on a été témoin durant cette session
et qu'il décide de créer un comité où
siégeraient un curé, un pasteur protestant, un rabbin et un
tireur de bonne aventure, et qu'il leur dise: J'ai besoin de $500 millions.
Trouvez-moi une façon de les trouver et prenez ça sous votre
autorité. C'est à peu près ce qu'on demande aux
fonctionnaires de la Commission municipale. On leur dit: On a besoin d'argent.
Allez le chercher. Il me semble que pour cette seule raison, même s'il
n'en existait aucune autre, ce projet de loi devrait être défait.
Il devrait être repris et retiré par le gouvernement, de
manière que, s'il prétend véritablement avoir du courage,
il détermine lui-même sur qui portera ce fardeau de $214
millions.
On a indiqué, tout à l'heure, que sur un plan
géographique au moins, on sait très bien qu'il frappera dans la
région de Montréal, ces comtés assez paradoxalement
représentés majoritairement par des députés
ministériels, mais ces comtés de la région de
Montréal où le revenu moyen est le plus bas. C'est une bien
curieuse notion de la justice fiscale que d'adopter un tel mode de
redistribution sur le plan géographique; mais même parmi les
contribuables de ces comtés, de cette partie de la région de
Montréal, parmi les contri- buables, pour tout dire, de la ville de
Montréal, le gouvernement n'assume pas cette responsabilité
essentielle pour tout gouvernement élu, en disant: Voici sur qui nous
plaçons un fardeau. Voici notre responsabilité de gouvernement
que nous assumons, non pas du tout qu'on se réfugie derrière un
paravent.
Mme le Président, c'est une succession d'échappatoires,
d'excuses, de dérobades auxquelles nous assistons, et tout cela, sous le
nom et sous la rubrique du courage. Je ne sais pas quel courage il faut pour
faire une chose comme celle-là, mais, Mme le Président, on n'en
demande pas tant au gouvernement. On ne lui demande pas d'être courageux.
On ne lui demande pas un style épique. On lui demande de faire un bon
gouvernement, tel qu'il l'avait promis. Mais, déjà, ces promesses
sonnent plus creux qu'elles sonnaient il n'y a que six semaines. Mais on en a
une démonstration tellement éclatante, qu'il est absolument
nécessaire que l'Assemblée se prononce très clairement, et
tous ceux qui, dans l'Assemblée nationale, sont en désaccord avec
ce projet de loi, prennent la peine de se prononcer contre lui. Il s'agit d'un
règlement de comptes, qui vise un homme qui a l'immense tort de
s'être fait réélire trop souvent.
Enfin, Mme le Président, je suis sûr, et c'est
peut-être cela qui anime le parti gouvernemental, qu'une telle
mésaventure ne lui arrivera pas.
De toute façon, il sera possible pour la population de juger
qu'une telle façon de légiférer est tout à fait
indigne d'un gouvernement démocratique et c'est pour cette raison que je
crois que cette loi doit être rejetée, doit être
réprouvée par l'Assemblée nationale.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Mme le Président, il y a longtemps que, dans
cette province, on n'avait pas vu un tel tollé général de
tous ceux qui s'inquiètent fortement de la démocratie dans nos
institutions. Tous les éditorialistes, de tous les journaux, ont
écrit, depuis quelques semaines, depuis quelques jours, des articles
assez transcendants contre le bill 82.
Une Voix: ...
M. Bellemare: Je pense que j'ai le droit de parole dans cette
Chambre et ce n'est pas le ministre... J'ai des choses qui ne sont pas
agréables à dire, mais je vais les dire comme c'est de mon devoir
de le faire.
Mme le Vice-Président: Vous avez la parole.
M. Bellemare: Merci, Mme le Président.
Il y a, dans le Canada, un homme tout à fait extraordinaire,
qu'on a adulé depuis des années et qui s'appelle le premier
ministre, le très honorable
M. Trudeau qui, à mon sens, est le grand responsable de toute la
situation malheureuse dans laquelle vivent actuellement la province de
Québec et la ville de Montréal. Cette arrogance du très
honorable M. Trudeau n'a d'égal, je pense, que le mépris que lui
ont voué certaines personnes depuis qu'il a définitivement
rejeté, du revers de la main, les Jeux olympiques, il y a
déjà deux ans.
M. Grégoire: C'est vrai.
M. Bellemare: Quand nous avons, comme ministre tuteur de l'Expo
en 1967, négocié avec le fédéral, nous avons pris
toutes les précautions au monde pour que la ville de Montréal, la
province de Québec et le gouvernement fédéral soient
protégés dans la vaste expérience que nous commettions
pour la première fois lors de cette exposition universelle qui a obtenu
un immense succès. Mais, au tout début, nous avions fait une
entente parallèle, tripartite, où le gouvernement
fédéral prenait fait et cause dans les déficits
opérationnels, comme la province et la ville de Montréal.
Lorsque les Jeux olympiques ont été annoncés
c'est peut-être faire l'historique un peu loin, mais tout le monde se
rappellera pourquoi je le fais aujourd'hui, dans les circonstances que nous
vivons il y a eu un homme dont l'arrogance, à ce
moment-là, était méprisable: Ce fut le très
honorable M. Trudeau qui a dit: Non serviam! Il n'y aura pas de Jeux olympiques
et nous ne paierons Das un cent. Il a employé tous les
stratagèmes possibles et impossibles pour que les jeux n'aient pas lieu
à Montréal, mais peut-être qu'à Vancouver ça
aurait fait son affaire! Il a, lui, cet homme-là, élevé,
par son arrogance, les hommes les uns contre les autres, les organisations
institutionnelles les unes contre les autres. Il a fait que le maire de
Montréal, qui était l'instigateur, a été
obligé de passer par un labyrinthe de difficultés inimaginables.
Il a créé, lui, cet homme-là, à travers le Canada,
une espèce d'animosité chez les Anglo-Saxons contre la province
de Québec.
Mesdames, messieurs, mes chers collègues j'ai encore
conservé, Mme le Président, certains vestiges de la campagne
électorale je pense qu'il a servi de paravent à un "bid "
extraordinaire et à ce manque de dialogue qu'il aurait dû, lui,
comme Canadien français, si orgueilleux, en certaines circonstances, de
le dire, pour établir, entre les deux nations, ce dialogue
nécessaire.
Cette grande nation canadienne, composée de deux grands peuples
qui veulent vivre ensemble, mais lui aurait saisi l'occasion peut-être
d'empêcher ce malaise dans lequel vit le Canada tout entier aujourd'hui,
s'il avait su comprendre l'intérêt du pays. Il a eu des chances
extraordinaires de se racheter, pas en venant tous les jours, par exemple, aux
premières banquettes des Olympiques pour voir ce qui se passait et se
faire photographier; cela c'était de la trudeaumanie.
Il a détruit ce sentiment qui aurait pu faire naître chez
ce grand peuple canadien cette amitié à travers tout le pays, et
il a créé cette... Non, non, laissez-moi faire, vous allez
voir ...
M. Proulx: Mon ancien whip m'a...
M. Bellemare: ... créé cette synthèse qui
veut qu'aujourd'hui nous soyons comme des peuples divisés. Mme le
Président, il a eu une occasion extraordinaire, encore tout
dernièrement à la conférence
fédérale-provinciale des premiers ministres, de réparer
cette erreur grave de ceux qui prétendaient qu'il devait y avoir dans le
Canada un fédéralisme rentable, un fédéralisme
où il était bon de vivre entre nous. Il aurait eu une occasion
fortuite de dire à la population de tout le Canada, devant tous les
premiers ministres: Oui, les Olympiques ont été un grand
triomphe, ont donné à la province de Québec et
particulièrement au Canada tout entier une renommée mondiale de
ce que c'est que le peuple canadien. Nous avons révisé nos
positions et, d'accord, nous donnons à la province de Québec les
$200 millions qui sont nécessaires pour payer une partie du
déficit. Cela aurait été un geste mémorable et un
geste de conciliation entre nous.
Mais non, par son arrogance il a continué de nous laisser dans
cet état qui fait qu'aujourd'hui, mes très chers amis, mes chers
collègues, nous sommes en face d'une loi, comme je le disais au
début, qui est devenue une loi critiquée, qui passe
sûrement comme une loi qui marquera dans l'histoire de la province de
Québec les jours les plus sombres dans sa législation.
Il y a bien près de trente ans que je suis en cette Chambre, et
je n'ai jamais vu dans aucun Parlement, quel qu'il soit, une loi aussi
antidémocratique. M. le Président, je le répète, on
a dit et on a écrit que le régime duplessiste avait
été un régime néfaste qui avait laissé des
traces profondes dans le coeur et dans les esprits et dans la volonté,
dans les corps même de certains individus.
Je dis et je répète aujourd'hui que cette loi que vous
adoptez, elle aura, pendant des années, un retentissement extraordinaire
dans le peuple québécois. Vous verrez, ça ne s'oubliera
pas, les gens de Montréal ne l'oublieront jamais.
Vous les avez marqués au fer chaud. Un seul remède unique
pour guérir un grand malade, celui du bill 82. Il y a des remèdes
qui sont féconds, je l'admets. Mais il ne faudrait pas que le
remède dépasse les moyens que nous voulons prendre pour
guérir le malade, qu'il le fasse mourir. Oui, très bien, il y a
eu des erreurs de commises. Mais c'est votre premier ministre c'est notre
premier ministre, c'est mon premier ministre comme le vôtre c'est
notre premier ministre qui disait: Que voulez-vous, l'erreur c'est humain. Nous
avons pu en commettre. Comment ne pas faire la part des choses pour un homme
comme le maire de Montréal qui a eu tant à faire pour
réaliser les Jeux olympiques qui ont été pour nous tous un
moment de gloire dans notre histoire? Il est passé par toutes les
difficultés inimaginables. A-t-on pensé un jour à ce que
pouvait être le problème de la production, le problème de
la grève, le problème de la fourniture de certains
matériaux? S'est-on imaginé ce que cela pouvait être que de
concevoir des
plans et les réaliser avec des hommes qui n'avaient jamais
été des spécialistes dans certaines matières?
Pouvait-on s'imaginer et surtout prévoir ce que cela pouvait être
dans les négociations avec tous les autres pays, avec toutes les autres
séries d'athlètes pour que cela arrive comme un ordinateur
à la minute et à la seconde? Qu'il y ait eu des erreurs,
d'accord, mais doit-on, nous, de la province de Québec, aller
étaler encore une fois nos malheurs et nos épreuves à
travers tout le pays pour nous faire discréditer?
Pensez-vous que les gens de Toronto ne sont pas contents, aujourd'hui?
Imaginez, si la même chose arrive à Toronto demain, les journaux
vont-ils en parler? Non. Cela arrive dans la province de Québec pour la
métropole du pays. On en parle et on la critique, l'opération
olympique. La ville de New York a failli et c'était une puissance
mondiale. La ville de New York valait bien des métropoles du pays. On a
réglé temporairement peut-être, on a réglé
pour éviter un plus grand malheur au grand peuple américain. On
s'est tu, on a essayé de trouver des solutions. Mais, aujourd'hui, on
est en face d'un projet de loi qui va trop loin. On aurait pu, je pense,
d'abord diviser ce projet de loi en deux. Ce n'est plus le temps de vous en
parler, parce que les règlements nous obligent à rester sur la
deuxième lecture. Mais, on aurait pu faire une part des $214 millions et
là trouver des solutions de paiement. On a trouvé la loterie
provinciale pour payer certaines dépenses. N'aurait-on pas pu trouver
pour soulager la ville des Montréalais une formule quelconque, une
augmentation de taxe de vente ou une déduction possible sur la taxe de
vente? N'aurait-on pas pu trouver dans la province un certain quota qu'on
aurait pu redistribuer au prorata de la population de la ville de
Montréal.? Pas de l'île, parce qu'on n'englobe pas l'île de
Montréal. C'est-à-dire que la rue suivante de la ville de
Montréal, qui est dans Westmount ou dans Outremont, celle-là
n'est pas touchée.
Mais elle a bénéficié quand même des Jeux
olympiques, elle a bénéficié de la grandeur et du
succès des Jeux olympiques.
Punir la ville de Montréal, l'humilier, jusque-là, je
prétends que je ne suis pas capable de faire cela à la
métropole de mon pays.
Je ne suis pas capable de faire cette insulte au maire de
Montréal, qui a été élu démocratiquement. Il
s'est fait élire en disant: Messieurs, voici les faits. Ils sont
là, devant vous. Il y a des dettes, c'est vrai, mais il y a là la
réalisation d'une grande oeuvre.
Il a été élu par 40 000 et 50 000 voix de
majorité, et vous avez assisté, vous comme moi, Mme le
Président, à cette poussée d'enthousiasme, au dernier
soir, quand on a félicité le maire Drapeau; 75 000 personnes, des
millions d'autres auditeurs, à la télévision, ont
acclamé, dans leur coeur, dans leur esprit, cet homme qui a
relevé un défi extraordinaire et qui a donné la preuve
qu'un Canadien français était capable de réaliser une
oeuvre gigantesque, malgré tous les obstacles que tous et chacun lui ont
faits.
On parle de dette aujourd'hui, oui, mais on oublie de payer la dette de
reconnaissance qu'on doit à un homme comme M. le maire Drapeau!
Mme le Président, on veut punir la ville de Montréal,
à ce temps-ci, par une limitation tardive, par des garde-fous. Comme le
disait un éditorialiste dernièrement dans un journal, c'est bien
tard pour mettre des garde-fous.
La Commission municipale, qu'a-t-elle fait? Qu'ont fait vos
fonctionnaires? Je ne dis pas cela au ministre d'aujourd'hui, mais je le dis
aux fonctionnaires de la Commission municipale qui ont accepté cela
pendant deux ans et demi et qui ont vu venir toutes ces choses extraordinaires.
Ce sont les mêmes officiers qui sont là aujourd'hui. Les
vôtres, qui vous ont recommandé, probablement, de mettre des
garde-fous au maire de Montréal au moment où la ville de
Montréal connaît des épreuves et des difficultés
extraordinaires au point de vue de développement et de chômage, au
moment où les crédits seront encore plus difficiles à
obtenir, où Montréal devrait continuer à se
développer; non pas rétrograder, mais continuer d'aller de
l'avant pour la plus grande force économique du Québec.
Mais non, c'est une détestable tutelle qu'on lui impose. Mais ce
que l'on recherche avec un certain goût, avec un certain masochisme,
c'est de briser la résistance du maire Drapeau. Cela, on le veut. On
veut la briser. On veut l'écraser. Que c'est petit, en politique,
d'utiliser ces moyens.
Vous verrez, M. le ministre, qu'un jour... Mme le Président? Non,
Mme le Président, l'heure...
Mme le Vice-Président: Oui, il reste une minute.
M. Bellemare: Mon parti me permet de parler en vertu de l'article
de notre règlement. Je peux même parler une heure.
Mme le Vice-Président: M. le leader, c'est que le
député de Mégantic-Compton est intervenu avant, alors
j'avais cru devoir vous faire signe.
M. Bellemare: II a parlé vingt minutes, l'autre a
parié onze minutes. C'est d'accord, moi j'ai droit à une
heure.
Mme le Vice-Président: C'est bon, je vous en prie.
M. Bellemare: Je ne sais pas si cela vous plaît.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire, ce
n'est pas un cadeau de Noël. Vous avez droit à votre heure.
M. Bellemare: J'en ai eu un Noël chez nous que j'ai battu.
Ce n'était pas un cadeau non plus.
Mais, Mme le Président, quand je vois ces gens, et vous les avez
vu rire, ceux qui y sont, car il y a beaucoup d'absents, vous avez
remarqué, comme moi, que ceux qui avaient dit: Nous serons en Chambre,
nous allons travailler à la législation,
nous allons être ponctuels, nous allons assister à toutes
les séances, vous allez voir, nous, les membres de la
délégation, et même dans leur programme: Nous serons
fidèles à suivre tous les débats de la Chambre avec
beaucoup de parcimonie, nous apporterons notre contribution, où est-elle
leur contribution aujourd'hui?
Regardez devant vous ces sièges vides. Où sont-ils?
Où est "l'establishment" du parti?
M. Grégoire: Ils travaillent.
M. Bellemare: Les back-benchers, d'accord.
M. Grégoire: ...
M. Bellemare: Ceux qui n'ont pas été choisis
ministres. J'en connais qui auraient été capables de faire des
bons ministres aujourd'hui.
Des Voix: C'est un acteur.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieurs! Le
député de Johnson.
M. Bellemare: Mme le Président, vous les avez vu rire
quand j'ai parlé de ceux qui essaient de briser la résistance du
maire de Montréal. Ils ont ri. Voyez-vous comment on les
découvre? Ils font semblant de rien. C'est une petite loi,
écoutez, c'est nécessaire pour le 31 décembre, il faut
apporter cela de toute nécessité, parce que les gens de New York,
Moody's, demandent qu'on apporte cela avant le 31 décembre pour
garantir. C'est bon! Mais, ce n'est pas cela, Mme le Président. C'est la
façade. C'est de briser, comprenez-vous, et de tordre comme cela la
résistance d'un homme qui s'appelle Jean Drapeau. Mais vous ne l'aurez
pas, jamais! Plus vous allez essayer de coincer cet homme, de le mettre en
boîte, comme on dit dans notre expression populaire, Drapeau sortira
encore plus grand de l'épreuve que vous êtes en train de lui
infliger. Drapeau est un homme qui défend Montréal. Drapeau est
un homme qui défend la population de Montréal. Il va vous prouver
qu'il a déjà rencontré des défis comme
celui-là.
Mme le Président, vous verrez ces gens, dans six mois, faire une
nouvelle cour à M. Drapeau: Vous savez, M. Drapeau, on était
obligé, on était obligé, on avait des circonstances un peu
différentes, voulez-vous nous pardonner ces petites erreurs du
début, nous étions nouveaux, il a fallu faire ça? Mais,
eux, Mme le Président, qui avaient toutes les solutions à tous
les problèmes, quand ils sont arrivés au pouvoir, par surprise,
ils ont fait face à une multitude de choses auxquelles ils ne
s'attendaient pas, vous savez. Ils me faisaient penser à Mme Dionne
après la première, la deuxième, et la troisième, et
quand la cinquième est arrivée, elle ne riait plus du tout, elle
non plus.
Mme le Président, je pense que ces gens font une erreur grave,
une erreur qui va rester marquée au coeur des Québécois et
particulièrement, des Montréalais. Vous, Mme le Président,
qui connaissiez si bien le ministre des Affaires municipales, vous qui
connaissez son passé à l'hôtel de ville de Montréal,
vous lui direz de ma part, si c'est possible, qu'il se souvienne de ces
années où il glorifiait le maire Drapeau, où il disait des
choses aussi agréables que ce grand génie qu'était le
maire Drapeau. Aujourd'hui, il a changé un peu de langage et vous lui
direz combien je regrette pour lui cette aventure difficile qu'il
entreprend.
Mme le Président, enlever le pouvoir à Montréal,
lui mettre le carcan qu'on est en train de lui imposer, c'est empêcher le
développement raisonnable et raisonné de l'économie et,
particulièrement, de relever le défi d'austérité
qu'ont à traverser présentement les gens de Montréal. Les
gens de Montréal ont besoin de plus de latitude, parce qu'il y a plus de
chômage là qu'ailleurs actuellement. Dans divers quartiers, comme
le député de Saint-Henri le sait, comme le député
de Mercier le sait aussi, parce qu'il a fait un travail social énorme,
comme le député de Lafontaine, qui était ici il n'y a pas
si longtemps.
Mme le Président, je veux que vous relisiez ce document
précieux qui est entre nos mains aujourd'hui, le journal des
Débats, pour entendre, peut-être pas, mais pour relire les
expressions du député de Lafontaine lorsqu'il parlait de
Montréal. C'était: II ne fallait pas toucher à
Montréal, il fallait tout donner à Montréal. Rendu de
l'autre côté, c'est le dépouillement total. Je ne sais pas
s'il a chassé son vieil homme, mais il est revenu au galop.
Mme le Président, je dis et je répète que, si la
ville de New York a connu des difficultés, si d'autres grands centres
dans le monde ont connu des difficultés extraordinaires, comme la ville
de Paris, il n'y a pas si longtemps... Il y a 20 ans, la ville de Paris a
été à deux pas de la faillite, mais ce n'est pas en
détruisant leurs institutions que ces gens ont pu régler leurs
problèmes. C'est en faisant respecter les hommes et,
particulièrement, Mme le Président, c'est surtout en faisant
confiance à certains administrateurs qui ont aujourd'hui prouvé
qu'il était possible, malgré certaines dettes, comme la ville de
New York, actuellement, comme le maire de Chicago qui vient de mourir hier a
relevé la ville de Chicago complètement et lui a donné un
statut, aujourd'hui, qui est envié par bien d'autres métropoles.
Mais non, aujourd'hui, on s'acharne à vouloir briser la
résistance d'un homme qui a rendu de si grands services à la
population québécoise.
Mme le Président, je pense que le bill 82 va beaucoup trop loin,
surtout, sans entendre, en commission parlementaire des affaires municipales,
les intéressés. Je serais heureux de voir confronter, à
une commission, le ministre des Affaires municipales et le maire de
Montréal sur certaines restrictions punitives qu'on ajoute dans le bill
82. Oui, j'ai dit "punitives", parce que cela sent ça et de loin.
Demander des soumissions publiques, c'est presque toujours pareil; baisser son
crédit de $250 millions à $100 millions, il vous aurait
peut-être donné des raisons qui vous auraient peut-être
convaincu de ne pas toucher à cela; faire sanctionner par la Commission
municipale, c'est
régulier; que vous ajoutiez votre autographe, il n'en avait pas
besoin du tout, parce que la Commission municipale doit servir à quelque
chose. C'est la Commission municipale que vous avez mise en tutelle cette
fois-là. Toutes ces choses que vous ajoutez, on dirait que c'est de la
mesquinerie. Ce n'est pas bon dans la politique! Je vous dis que ce n'est pas
bon; vous allez vous apercevoir avant longtemps que ce sont des choses de trop
et un jour viendra, devant la commission parlementaire, et j'y serai, où
on vous rappellera cela et on dira; M. le ministre, vous qui avez dit, quand le
maire de Montréal n'y était pas... Dites-le donc! Moi, devant la
commission parlementaire, à la commission des affaires municipales,
quand on a examiné les crédits de l'exploitation des Olympiques,
j'ai posé la question trois fois au maire de Montréal. Vous avez
dit que vous ne respecteriez pas la loi, M. le maire. Est-ce que c'est vrai,
oui ou non, que vous ne paierez pas le déficit? Il a dit: Non. J'ai dit:
Ecoutez, M. le maire, je vous prie de croire que c'est une déclaration
qui, vis-à-vis de tout le monde, semble contredire le respect que vous
avez des lois. Je vous répète ma question. Il répond: Non.
J'ai dit: C'est sûr et certain que l'honorable gouvernement qui est
devant moi va faire quelque chose. Il n'a rien fait. Mais, s'il l'avait fait,
il ne l'aurait pas étranglé. En l'embrassant, vous autres, vous
l'étranglez. Soyez raisonnable! Je sais pour le connaître, parce
qu'on me l'a dit depuis quelques jours, un peu ce qu'on avait prévu pour
racheter cette obligation de $214 millions, ce que le Parti libéral
aurait fait. Je pense que cela aurait été raisonnable.
Il y a une chose que je voudrais vous dire. Dans la loi, si on veut
atteindre un homme en particulier, on se trompe énormément, dans
la législation publique. Je vous rappelle, Mme le Président, la
loi qui a été votée ici, un jour, contre un homme, par mon
ancien chef, M. Duplessis, sur le papier. Il y avait une grève dans
l'industrie du papier. Les journaux voulaient avoir du papier en abondance et
on leur avait mis un embargo. La province de Québec, M. Duplessis, a
voté une loi sur le papier. On lui a dit, de toutes parts, qu'il se
trompait. L'Opposition a fait une lutte à mort, très
sévère, contre cette loi parce qu'elle touchait un homme. Je peux
vous dire une chose: La loi n'a jamais été sanctionnée,
jamais.
M. Burns: Celle-là va l'être.
M. Bellemare: Ecoutez! Je ne suis pas encore sûr.
M. Burns: Elle va l'être tout à l'heure.
M. Bellemare: Vous n'étiez pas ici au début, M. le
leader.
M. Burns: Je vous ai écouté de mon bureau.
M. Bellemare: Vous m'avez écouté distraitement,
parce que vous aviez quelqu'un dans votre bureau, le nouveau
député de Hull, qui vous a distrait.
M. Burns: Ne commencez pas à me faire regretter la Loi de
la Législature.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Bellemare: Ah! Vais-je traîner ce boulet toute ma vie?
Je n'ai rien sacrifié, je n'ai rien donné et n'ai rien
accepté contre mon droit de parole. C'est vrai?
M. Burns: C'est vrai.
M. Bellemare: Bon! A partir de là, je suis un homme libre.
J'espère rester un homme libre. Je n'ai pas d'attache, nulle part. Mais
je dirai, par exemple, Mme le Président, que ce serait le temps,
peut-être, de faire un petit amendement avant la sanction royale.
M. Burns: Ce n'est pas là qu'on va le faire. C'est en
deuxième lecture.
M. Bellemare: Un instant! Je ne vous parle pas, vous, je parle au
président. Ce serait peut-être le temps, Mme le Président,
de faire un petit amendement, tout simple: pour que la loi entre en vigueur de
plein droit, il faudra que la ville de Montréal ait un petit
référendum. Rien qu'un petit référendum; pas un
grand. Si oui, écoutez donc, ça se fera. Si non, la loi tombera.
Vous ne seriez pas prêt à faire un "deal" avec moi? Vous aimez
ça, des référendums? Ils aiment ça, Mme le
Président, des référendums. Ce serait le temps d'en faire
un pour savoir si la ville de Montréal serait prête à leur
donner ce pouvoir. Les référendums, ça se fait, selon la
coutume, partout. Partout, dans les autres pays, on fait des
référendums, souvent. Ce serait le temps d'en faire un, un petit,
de quelques jours. Donner des avis, et demander s'ils acceptent la loi 82. Ils
vont être surpris, Mme le Président.
Seulement sur la rue Sainte-Catherine, l'autre jour, ce que j'entendais
contre le gouvernement, c'était épouvantable! Je ne vous
répète pas ce que j'ai entendu. Est-ce possible qu'on se soit
trompé comme ça? Non, ça va revenir, je pense. Si vous
avez fait quelques erreurs, vous en avez fait une grosse.
M. Laplante: Dans l'Ouest...
M. Bellemare: Mais avec un petit référendum,
ça réglerait le problème. D'abord, vous diriez au peuple:
Ecoutez! On se fie à votre bon jugement. Vous venez de nous le prouver.
Vous avez voté pour nous. Comme vous êtes des gens bien
éclairés, des gens dont on reconnaît l'intelligence et
surtout la force de caractère, vous allez voter par un
référendum. Vous allez nous dire si vous nous approuvez tout de
suite en partant ou non.
Essayez donc ça! Tout d'un coup, Mme le Président, que ce
serait vrai, qu'ils gagneraient. Je serais fier, moi, pour la population. Mais
tout d'un coup aussi que vous perdiez. Ce serait peut-être, en partant,
une très bonne leçon de prudence pour l'avenir. Il ne faudrait
pas que vous en fassiez
plusieurs, des choses comme ça, pendant la nouvelle session qui
s'en vient parce qu'il y a des gens qui commencent... des Péquistes que
je connais, des journalistes qui ont trempé leur plume dans un autre
encrier.
Et ce n'est pas écrit en bleu, cette fois-ci, c'est écrit
en rouge.
Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier.
M. André Marchand
M. Marchand: Mme le Président, tel que promis dans mes
remarques, à l'occasion de la motion du député de D'Arcy
McGee, je vais lire la deuxième partie de la lettre du maire Jean
Drapeau qu'il avait oublié de lire. Puisque le ministre des Affaires
municipales n'avait lu que la première page de la lettre, je vais me
permettre de lire la deuxième partie. Avant de lire ce document, je
voudrais regretter le fait de voir l'ancien candidat à la mairie de
Montréal, aujourd'hui député de Saint-Henri, qui
était censément, dans le temps je pense qu'il a
changé d'opinion le défenseur des pauvres et des moins
nantis, nous dire, la semaine passée, qu'il augmentait le salaire
minimum à $3, facilement, aisément, en pensant beaucoup ou peu,
je ne le sais pas, mais sans avoir étudié les implications
économiques d'une telle décision. Le même homme qui se dit
le défenseur des petits, des moins nantis, d'ailleurs, comme le
député de Dorion qui est supposé l'être, lui aussi,
puisqu'il s'occupe des consommateurs. Je les vois assis à leur place.
Même, le député de Dorion est absent, celui qui ne devait
pas faire de mots croisés et être toujours présent en
Chambre.
M. Burns: Madame le député vient juste de
sortir.
M. Marchand: II est même absent et, tout à l'heure,
le député de Saint-Henri n'y était pas non plus, il vient
d'arriver. Le député de Saint-Henri ne s'est même pas
levé pour défendre les petits de la ville de Montréal face
à cette taxe épouvantable que vous imposez, M. le maire, celui
qui aurait voulu l'être. Je pense que la ville de Montréal est
fière d'avoir le maire Jean Drapeau à sa place puisqu'il n'est
même pas capable de se lever pour défendre ses
électeurs.
Je vais maintenant lire la deuxième partie de la lettre du maire
de Montréal que le ministre des Affaires municipales a oublié de
lire. "Mes collègues du comité exécutif et moi-même
tenons à vous faire savoir, ainsi qu'aux membres de l'Assemblée
nationale, que le principe lui-même d'imposer aux seuls contribuables de
Montréal, le paiement obligatoire de $214 millions et tous les
intérêts, prêts et autres coûts rattachés
à cette obligation, est absolument mauvais, extrêmement dangereux,
suprêmement injuste et très lourd de conséquences non
seulement pour Montréal, mais tout autant pour d'autres institutions
gouverne- mentales publiques, parapubliques et privées dans le
Québec aux divers plans financiers, sociaux, économiques et
même sous certains autres aspects que je me sens, en conscience,
contraint de passer sous silence pour le moment, dans les meilleurs
intérêts de mes concitoyens."
Voilà, je pense, qui résume sûrement l'opinion des
Montréalais. Encore une fois, comme je lui ai dit sur la motion, le
ministre des Affaires municipales va se faire mordre les pouces par ses
électeurs du comté de Crémazie qui vont regretter de
l'avoir élu comme déjà les Montréalais regrettent
d'avoir élu un gouvernement qui est en train de manger Montréal.
Pas un seul député "back-bencher" que je vois ici, comme le
député de Rosemont et les députés de tous les
comtés de Montréal, ne s'est levé pour défendre les
Montréalais. Le député de Rosemont est absent. Je ne parle
pas parce qu'il est absent, je l'ai vu quelques fois à
l'Assemblée nationale, mais, là, il est absent.
Sur ce bill 82 que je déplore, comme Montréalais et comme
défenseur des Montréalais, je voudrais tout simplement ajouter
qu'il brise un principe fondamental, soit celui du respect des droits logiques
qu'ont les citoyens d'une municipalité dirigée, gouvernée
et administrée par des élus du peuple, pas des élus du
peuple à 40%, mais des élus du peuple qui représentent
plus de 50% des électeurs, qui sont élus démocratiquement
par une majorité absolue, comme c'est le cas du gouvernement de la ville
de Montréal. C'est une intrusion évidente dans les affaires
municipales et une centralisation que nos amis d'en face ont si souvent
déplorées du gouvernement d'Ottawa.
Ils sont pires que tout ce qu'ils ont déjà
condamné. Ce sont des centralisateurs. Vous êtes un gouvernement
despotique et vous avez très bien appris votre leçon, parce que
tous et chacun sont allés étudier une fois ou l'autre soit
à Cuba, en Algérie ou en Russie.
Des Voix: Vote. Vote.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, avant que le
vote soit appelé, est-ce qu'on me permettrait simplement d'ajouter
quelques mots sur ce projet de loi? Il est évident qu'une solution doit
être trouvée au problème que nous avons à discuter
quant au déficit olympique. Personne ne conteste cela. Mais, d'un autre
côté, nous avons devant nous un projet de loi qui répond
très mal au besoin qui peut exister de trouver une solution à ce
problème.
Je vois, Mme le Président, dans la présentation du projet
de loi 82 et en regard des critiques extrêmement sérieuses qu'on
peut y apporter, une occasion unique pour les membres du nouveau gouvernement
de comprendre maintenant la différence qu'il y a entre parler à
tort et à travers et assumer très concrètement une
responsabilité gouvernementale.
S'il est un groupe en cette Chambre qui a besoin de comprendre cela,
c'est bien celui de nos
honorables amis d'en face. Eux qui, hier encore, avaient des solutions
à tout, voilà qu'ils n'ont plus de solution à quoi que ce
soit. Dans le cas qui nous occupe, ils ne sont capables que d'une solution
arbitraire, excessive et qui ne parvient qu'à faire l'unanimité
contre elle.
Je comprends facilement, Mme le Président, que le gouvernement en
soit déjà réduit à se réfugier dans le
faux-fuyant, aussi faiblard qu'illusoire, de l'héritage que l'on a
reçu et dû: C'est la faute à l'ancien gouvernement. Bien
sûr, on sait bien, de ce côté-ci de la Chambre, qu'on aura
bien souvent encore à entendre ce refrain. Est-ce bien là, dans
ces aveux d'impuissance répétés, que le nouveau
gouvernement se révélera à la hauteur de ce qui devait,
disait-on, être fait et de ce qu'il ferait, disait-il, pour soulager ceux
qui disaient avoir mal à leur fierté?
Avec un projet de loi aussi arbitraire, excessif,
antidémocratique que le projet de loi 82, avec une aussi mauvaise
solution pour un problème réel, on aura, semble-t-il, dans
certains milieux, pendant longtemps encore, bien mal à sa fierté.
Essayons tout de même, encore une fois. Mesdames et messieurs du Parti
québécois, vous êtes aujourd'hui le bon et le vrai
gouvernement du Québec, eh bien, prenez donc vos responsabilités.
Personne d'autre n'est appelé à le faire à votre place.
Dites si votre gouvernement est capable de proposer aux Québécois
des solutions aux problèmes du Québec, qui soient animées
et inspirées par autre chose qu'un esprit vindicatif à l'endroit
des autorités de la ville de Montréal.
Ce projet de loi 82 est mauvais parce qu'on a choisi de le
rédiger contre quelqu'un et non pas en fonction du bien-être et
des intérêts supérieurs de la collectivité. Ce
projet de loi est mauvais, parce que, dans l'euphorie, que je comprends
facilement, d'une victoire électorale, on a oublié qu'il
existait, en dehors de soi et bien avant le Parti québécois, des
institutions décentralisées, une municipalité qui est et
demeure avec vous et sans vous, comptable de ses actes devant ses
commettants.
Ce projet de loi est mauvais parce qu'on a choisi de faire jouer
à un organisme public, la commission municipale, et sans raison
suffisante, un rôle qui sert bien davantage les intérêts et
les préjugés de certains que celui d'une bonne gestion et d'une
bonne conduite des affaires publiques.
Quand on songe que, dans la distribution du fardeau fiscal des diverses
catégories de contribuables de la ville de Montréal, quant
à cette somme de $214 millions, ce ne sont pas les élus qui
auront à faire cette distribution du fardeau, mais ce seront des
fonctionnaires, si compétents soient-ils, de la Commission municipale du
Québec. Peut-on imaginer une telle situation en régime
démocratique.
Ce projet de loi est mauvais parce que le gouvernement actuel a
arbitrairement décidé de bousculer, sans justification aucune,
les droits des membres de cette Assemblée qui, depuis toujours, ont
exercé sur les chartes constitutives des gran- des municipalités
du Québec un droit de regard et de surveillance qui s'était
exercé sur des points majeurs, dans le respect le plus
élémentaire du droit de ces municipalités à se
faire entendre sur les choses qui devaient être changées dans leur
charte.
Nous ne voulons pas vous en tenir grief quant à ce point-ci,
j'admets que les circonstances puissent contraindre le gouvernement, mais je
constate simplement le fait. Voilà qu'on est au 23 décembre et
qu'on nous demande d'endosser une aussi mauvaise, une aussi arbitraire, une
aussi excessive décision. L'Opposition officielle ne peut certainement
pas suivre le gouvernement dans cette voie et cautionner un tel
procédé, non plus que cette injustice qu'on s'apprête
à commettre contre les contribuables de la ville de Montréal,
contre l'ensemble des Québécois qui constatent aujourd'hui
à quelle enseigne se loge le gouvernement actuel.
Le Vice-Président: La réplique du ministre.
M. Garneau: Y en a-t-il d'autres qui veulent parler?
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Je veux intervenir.
Le Vice-Président: Vous avez demandé de parler?
M. le député de Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: A l'occasion de la motion du député de
D'Arcy McGee, j'ai indiqué très rapidement les raisons pour
lesquelles cette assemblée aurait dû accepter la proposition de
réunir la commission parlementaire. Malheureusement, la majorité
en cette Chambre a décidé de ne pas donner suite à
l'opinion exprimée comme le disait le chef de l'Opposition
par les représentants de 60% de la population du Québec.
Je voudrais, à l'occasion de mon intervention sur la
deuxième lecture du projet de loi, reprendre quelque peu
l'évolution de ce dossier et aussi dire quelques mots de la
conférence de presse qu'a donnée hier le chef du gouvernement.
J'aurais préféré qu'il fasse son intervention à
l'Assemblée nationale, il a choisi, c'est son droit, de le faire en
conférence de presse. Mais, quand même, j'ai l'intention de faire
quelques commentaires sur les propos qu'il a tenus.
S'il y a quelqu'un dans cette Chambre qui peut apprécier les
difficultés olympiques et les difficultés que cela a pu
représenter pour le gouvernement du Québec, c'est bien celui qui
vous parle. En fait, pas plus le député de Jean-Talon que le chef
de l'Opposition officielle et qu'aucun des membres dans cette Chambre n'a
souhaité que le coût des Olympiques n'ait été ce
qu'il a été.
Des circonstances bien particulières qui ont
été exprimées en long et en large à
l'occasion de longues commissions parlementaires ont donné, au moins en
partie, les raisons de l'augmentation des coûts. Mais, ce n'est pas ce
qui doit faire l'objet de mon intervention aujourd'hui, mais bien plutôt
regarder cette opération en termes de son financement.
Nous avons, alors que nous avions à assumer les
responsabilités ministérielles et celles du gouvernement, nous de
l'équipe libérale, présenté des solutions qui
m'apparaissent encore aujourd'hui comme étant des solutions justes et
équitables.
D'abord nous avions décidé d'assumer nous-mêmes les
4/5 du coût net des Olympiques parce que je trouve totalement injuste de
parler, dans cette opération, de déficit.
Il y a eu et il y aura encore des retombées positives de cette
opération. Evidemment, sans vouloir faire l'histoire à rebours,
je suis certain que, à l'époque où Saint-Pierre de Rome a
été construite, il devait y avoir des gens pour dire que
c'était une folie monumentale. Mais, aujourd'hui, qui pourrait imaginer
Rome sans Saint-Pierre de Rome?
Je pense qu'il y a eu du côté ministériel et chez
tous les députés dans cette Chambre, à un certain moment,
un désir, manifesté publiquement, de supporter les Olympiques, de
supporter l'aventure olympique et l'opération olympique. Quand est
arrivé son financement, et cela m'appa-raît assez curieux, il n'y
avait plus de monde autour de nous pour partager un peu cette
responsabilité.
Je me rappelle les discours qui étaient faits à ce moment
par les membres de l'Opposition officielle du temps. Mon doux! Qu'il y en avait
donc des solutions à ce moment-là. C'était donc terrible
d'avoir une taxe sur les tabacs. Ottawa n'en mettait pas assez pour couvrir une
partie du déficit. Tout à l'heure, mon collègue, le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je l'en remercie, a
témoigné et il était bien placé pour le
faire des efforts que j'ai déployés auprès du
gouvernement fédéral pour le convaincre de modifier certaines
lois et d'absorber, au niveau de l'ensemble du Canada, une partie fort
importante du déficit olympique ou du coût net des Olympiques.
Nous avons, au niveau du gouvernement provincial, assumé notre
partie et nous croyions, et je crois encore, que la ville de Montréal
devait et doit assumer une partie des coûts nets des Jeux olympiques.
Ce contre quoi j'en ai, c'est que nous de l'équipe
ministérielle, nous avions proposé et j'ai proposé,
effectivement et publiquement, dans un document on ne peut plus public qui est
celui du discours du budget une solution qui a été
rejetée par les électeurs de Montréal dans une très
grande proportion. On peut constater aujourd'hui que plusieurs des
représentants des comtés de la ville de Montréal qui
siégeaient avec nous ont été défaits pour
être remplacés par des personnalités qui forment
actuellement la majorité et qui, en cette Chambre et à
l'extérieur de cette Chambre, avaient critiqué plusieurs des
propositions du gouvernement.
Nous n'avons pas voulu donner suite à certaines des propositions
que j'avais faites dans le temps et l'ensemble du gouvernement n'a pas voulu y
donner suite parce qu'il fallait, je crois, poursuivre les négociations
avec la ville de Montréal, et c'est ce que le premier ministre du temps,
M. Robert Bourassa, s'était engagé à faire.
Je trouve surprenante et très cavalière l'attitude du
nouveau gouvernement qui, seulement quelques semaines après son
arrivée au pouvoir, a déjà fini les discussions, quand on
sait l'importance que ce règlement représente, non seulement pour
les électeurs montréalais, mais pour l'ensemble de
l'économie du Québec, étant donné les
retombées que cela représente pour les contribuables et les
investissements futurs dans la ville de Montréal.
Tout à l'heure, le leader du gouvernement disait que l'Opposition
devrait faire des suggestions constructives. En avez-vous faites pendant que
vous étiez à l'Opposition officielle? J'ai relu le journal des
Débats, j'ai relu les analyses et les interventions du
député de Lafontaine, du député de Saint-Jacques,
du député de Sauvé, pour chercher une seule solution au
règlement des $200 millions qui restaient dans le financement olympique.
Je n'en ai pas retrouvé une seule.
Je trouve aujourd'hui curieux que le leader du gouvernement, le
député de Maisonneuve, un comté de la ville de
Montréal, nous pose cette question alors que lui-même et ses
collègues n'avaient pas de solution précise sauf des critiques.
Mais je pensais que ce parti l'avait trouvée la solution lorsque, en
pleine campagne électorale, en dehors de son programme écrit, il
a lancé l'affirmation avec des titres dans les journaux,
"headlines" à la télévision, à la radio, partout
que ce parti allait redonner aux municipalités 1% de plus de la
taxe de vente.
Ces gens du gouvernement qui ont fait cette promesse solennelle, non pas
en catimini dans des petits comités, mais devant la population
québécoise en entier, ils avaient l'occasion aujourd'hui de
trouver la solution aux $200 millions olympiques.
Qu'a fait le ministre des Affaires municipales lorsqu'il a
été assermenté? S'est-il empressé de
déchirer tous les journaux et d'essayer d'effacer les rubans de
télévision et de radio où on disait: Voici, ce nouveau
gouvernement va retourner 3% sur les 8% aux municipalités. Je dis au
ministre des Affaires municipales, M. le Président, par votre entremise,
qu'il propose demain matin ce qu'il a proposé hier à
l'administration municipale de Montréal, soit de donner
immédiatement, par un engagement de l'équipe
ministérielle, un engagement que vous avez pris, non seulement à
la ville de Montréal, mais à toutes les municipalités de
la province et je ne ferai pasdegrief si vous le distribuez selon la
formule 50, 40, 10 ou une autre de donner à la ville de
Montréal et aux autres le 1% de plus de taxe de vente que vous avez
promis pas que nous avons promis, que vous avez promis et que
vous avez probablement promis sous les applaudissements des maires des
muni-
cipalités. Où sont ces promesses aujourd'hui?
La seule chose concrète et précise que le gouvernement
fait en son propre nom depuis le début de cette mini-session est de
faire porter par Montréal, par les électeurs, les contribuables
de Montréal, $200 millions sans leur redonner, en aucune façon,
un revenu quelconque additionnel pour faire face à cette obligation.
Le leader du gouvernement demandait des suggestions. Vous en avez fait
une vous-même. Je vais vous en faire une autre parce que c'est tellement
important. J'ai vu tout à l'heure en lisant les journaux avec quelle
indécence le premier ministre a brandi un document du Conseil des
ministres alors que les documents qui sont présentés au
Conseil des ministres, comme les discussions, sont secrets, sous le serment
d'office qui apparemment émanait et qui émanait
effectivement, j'imagine que ce doit être le bon du ministre des
Finances, du ministre des Affaires municipales, document qui n'a pas eu de
suite. Pourquoi n'a-t-il pas eu de suite? Parce que nous savions le danger que
cela représentait pour les finances de la ville de Montréal et
pour l'économie de la ville de Montréal. D'une façon
particulière je lui en rends hommage l'ancien premier
ministre du Québec a dit: Ecoutez, votre suggestion est peut-être
bien bonne, mais, dans le fond, il faut aller plus loin et voir
véritablement ce qu'on peut faire avant d'arriver à cet
extrême. Les citoyens de Montréal et les électeurs du
comté de Mercier, qui sont des citoyens et des résidents de
Montréal, devraient savoir qu'ils ont perdu dans la personne de leur
député un homme d'une rare compétence qui prenait, d'une
façon beaucoup plus évidente que l'actuel député de
Mercier, les intérêts des contribuables de Montréal.
Il y avait d'autres possibilités qui demandaient du temps.
M. Burns: Vous avez remarqué qu'on n'applaudit pas fort
chez vous là-dessus.
Le Président: Je m'excuse, M. le député de
Jean-Talon, d'interrompre votre discours. Je voulais demander au leader
parlementaire du gouvernement de ne pas interrompre les opinants.
M. Burns: M. le Président, il ne faudrait pas
déconner comme cela quand même à plein temps, s'il vous
plaît.
Le Président: M. le leader du gouvernement, c'est leur
droit le plus strict et je voudrais vous demander de le respecter.
M. Garneau: M. le Président, je trouve fort curieux que le
leader du gouvernement, qui demandait tout à l'heure des suggestions,
soit le premier à critiquer celles que l'on fait, surtout lorsqu on veut
les replacer dans leur contexte historique, presque, pour indiquer de quelle
façon cela s'est déroulé véritablement.
Il y avait d'autres possibilités qui demandaient du temps et qui
ne s'accommodaient pas de la pré- cipitation du gouvernement à
s'à-plat-ventrir devant les financiers newyorkais. Parce que c'est cela
que le ministre des Affaires municipales a fait. Il s'est mis à genoux
devant les exigences des financiers américains. Il n'y a pas un chat sur
la terre qui va me faire croire le contraire parce que moi je n'ai pas voulu
faire cela, et je le savais. J'ai refusé personnellement d'assister
à des rencontres, moi député de Jean-Talon et ministre des
Finances, où on aurait voulu que le ministre des Finances prenne des
engagements. Comme ministre des Finances, il ne m'appartenait pas et que ce
n'était pas mon rôle de discuter le genre de structure fiscale et
de contrôle sur une municipalité avec des gens qui n'habitaient
même pas la province de Québec. Je n'ai jamais voulu faire
cela.
Je trouve que des fonctionnaires peuvent le faire, mais un ministre, le
ministre des Finances, celui qui, en dernière analyse, proposera...
D'autres personnalités peuvent le faire, parce que ce ne sont pas elles
qui doivent recommander et mettre leurs signatures au bas d'un document au
Conseil des ministres, qui propose la politique fiscale d'un gouvernement.
C'est seulement le ministre des Finances, et le ministre des Finances du temps
n'a pas voulu faire cela. Il y avait d'autres possibilités qui auraient
pris du temps. C'est là-dessus que nous misions dans nos discussions
avec les autres provinces également, parce que cela impliquait un
changement au Code criminel. Depuis que nous avions rouvert le Manoir
Richelieu, depuis que le règlement du Manoir Richelieu était
trouvé, a mon sens, il y avait l'autre possibilité, une
possibilité qui non seulement réglait le problème ou
aurait pu régler le problème de Montréal, pour autant que
ce gouvernement ait donné la garantie de remboursement on
n'était pas obligé de mettre Montréal en tutelle
des $200 millions... Vous n'étiez pas obligés de mettre
Montréal en tutelle, mais auriez satisfait en grande partie,
probablement, aux demandes qu'on vous fait du côté des
marchés financiers et vous auriez pu au moins garder votre honneur et
votre fierté de gouvernement. Pour cela, il aurait fallu trouver la
façon d'amender le Code criminel.
Je crois que l'évolution normale se dirige vers cet amendement au
Code criminel qui aurait permis l'établissement d'un casino à
Montréal, parce que le système économique évolue et
les mentalités évoluent. Nous aurons bientôt, tout
près des frontières américaines, à quelques
centaines de milles de Montréal, l'ouverture d'un casino. Pourquoi
l'a-t-on fait dans cette région? Pour combattre le crime
organisé. Actuellement, dans la région de Toronto, beaucoup de
personnes... Ces gouvernements qui étaient contre les loteries, il y a
si peu de temps, voient aujourd'hui que les loteries fonctionnent et même
que cela brise plusieurs réseaux de "rackets" organisés par la
pègre, se voient dans l'obligation d'en ouvrir éventuellement ou
tentent la possibilité d'en ouvrir parce que leurs citoyens traverseront
les lignes, iront jouer du côté américain et, finalement,
non seulement la morale ne sera pas plus suivie, non seulement cette
auréole qu'on veut placer contre le jeu ne
sera pas plus suivie, mais les gens vont y aller quand même et, en
plus, on va perdre les revenus. C'était une possibilité; je ne
vous dis pas que c'était la seule. Vous en aviez une et vous n'avez pas
voulu l'appliquer. Je vous dis que peut-être il y en avait une autre
avant d'arriver à mettre la ville de Montréal en tutelle.
Surtout, ce contre quoi j'en ai dans tout le reste du projet, c'est l'attitude
extrêmement mesquine de ce gouvernement qui, en plus de proposer une
législation extrêmement sévère, extrêmement
rigide qui fait perdre, à mon sens, toute dignité à un
gouvernement, un gouvernement qui se dit être capable de contrôler
son avenir collectif et qui, au premier obstacle, se met à genoux...
Je pense qu'il y a d'autres aspects du projet de loi qui sont
également extrêmement néfastes et le député
de Johnson les a traités d'une façon beaucoup plus
éloquente que je pourrais le faire. C'est cette attaque presque
personnelle contre celui qui occupe la fonction de maire de Montréal.
J'ai eu l'occasion de travailler avec M. Drapeau et je dois vous dire que je
n'ai pas toujours été d'accord avec lui et, s'il y a un homme qui
le sait, c'est bien M. Drapeau lui-même. Je crois que nous avons quand
même gardé dans nos débats, dans nos discussions, un
certain respect mutuel. Si ce n'est pas à cause des personnes, c'est au
moins à cause des fonctions que l'un et l'autre on occupait et je peux
dire que, dans tout ce déroulement olympique, au niveau financier, au
niveau d'organisation, même si nous n'avons pas toujours
été d'accord, nous avons travaillé à la recherche
de solutions d'une façon qui m'apparaissait normale et essentielle dans
le respect mutuel des responsabilités que nous occupions.
M. le Président, je vais voter contre ce projet de loi sans
aucune restriction, même si j'ai prononcé le discours sur le
budget que j'ai présenté. Ce qui implique que je ne crois
toujours pas qu'il faille faire porter uniquement par les gens de tout le reste
de la province le même poids que celui des gens de Montréal; au
contraire, je soutiens qu'en principe, Montréal doit assumer une partie
du coût net des Olympiques. Je dis à ce gouvernement qu'au lieu
d'agir comme il a agi, il aurait dû donner à Montréal les
revenus nécessaires pour faire face à ses obligations. Ce n'est
pas moi qui l'ai proposé, c'est le parti politique qui forme l'actuel
gouvernement. Vous avez suggéré une possibilité, vous avez
gagné des votes avec cette possibilité. Probablement parce que
vous avez proposé de décentraliser vers les municipalités,
de protéger les municipalités, votre premier geste d'amour, comme
disait le député de Johnson, est un geste qui serre tellement
fort, qu'il étrangle.
Mais vous aviez fait cette suggestion, et il semble évident qu'au
terme de cette mini-session on doive constater que ce qui faisait les promesses
de l'ancien groupe de l'Opposition officielle, c'est devenu aujourd'hui les
papiers de rebuts qu'on laisse dans les salles de toilette.
Merci, M. le Président!
Le Président: Le ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, pour une première
expérience de la vie parlementaire et comme titulaire d'un
ministère, je dois dire que j'ai été servi à
souhait. Servi à souhait, d'une part, en ayant à parrainer, dans
cette brève session, en même temps qu'à me familiariser
avec le ministère, trois projets de loi relativement importants, comme
on l'a vu par les débats, et donc également à assister
à ces exposés de l'Opposition, tant officielle que de l'Union
Nationale.
Je dis que j'ai dû m'y faire, parce que, les premières
fois, vraiment, ça provoquait, chez moi, des réactions assez
vives jusqu'à ce que j'apprenne, peut-être grâce aux
interventions du député de Johnson, à faire la part entre
ce qui est la partisanerie, ce qui est pour la galerie et ce qui résulte
d'une certaine méconnaissance des dossiers. C'est pourquoi je ferais
volontiers d'abord une première distinction dans les critiques
formulées entre celles provenant des députés qui, de bonne
foi, nous ont relu ici, la plupart, des articles des journaux, ont-ils dit, et
ils ont dit de tous les journaux. Je n'ai entendu de citations que de journaux
montréalais. Je n'ai pas entendu de citations de journaux du reste du
Québec. Donc, il nous ont lu ou bien les journaux qu'on avait
déjà lus d'ailleurs, ou bien encore la lettre, évidemment,
du maire Drapeau.
Je prendrai évidemment le cas du député de Laurier,
qui, d'une façon assez sommaire, disait avoir honte du projet de loi qui
était présenté, qui exigeait de Montréal qu'elle
paie son écot, qu'elle paie son dû. Je ne sache pas, après
avoir pris connaissance du discours du budget, qu'il ait eu les mêmes
commentaires, les mêmes remarques à l'endroit de son ex-ministre
des Finances, lorsqu'il avait posé la même exigence. J'ai
également lu et entendu le commentaire du député
d'Outremont, qui, lui, trouvait inique, dans le projet de loi no 82, qu'on
exige de Montréal qu'elle prépare un plan triennal. Je dois dire
que, de la part d'un ex-président du Conseil économique du
Canada, trouver difficile de concevoir un scénario trois ans à
l'avance, ça me porte à m'interroger sur l'ancien titulaire de
cet organisme fédéral.
Je suis plus sensible, par ailleurs, aux propos du député
de Verdun, qui a dit que ce projet de loi, selon lui, selon sa lecture, allait
priver les conseils municipaux de pouvoirs qui leur reviennent de droit. Or, je
voudrais, à ce sujet, dire que c'est précisément tout le
contraire qui se passe ici. On a galvaudé ici le mot
"démocratie". On a utilisé toutes sortes de termes pour parler
d'un projet inique, mauvais, hargneux, vindicatif j'en passe
rempli de vengeance, de rancune, de vendetta et on a sorti à peu
près tout, je pense.
Je pense même que le député de Johnson a
utilisé le mot merveilleux à l'endroit du projet de loi qui
n'était pas "transcendant". Là, vraiment...
M. Bellemare: II a l'oreille fine.
M. Tardif: Ces commentaires, formulés à l'endroit
du projet, quant à son caractère antidémo-
cratique, passent totalement à côté du point. Ce que
ce projet de loi fait, dans sa deuxième partie j'y reviendrai
c'est précisément de replacer le pouvoir là
où il devrait être, de le sortir de l'officine, du pouvoir
exécutif pour le remettre aux mains de ce qui, au niveau municipal,
correspond au législatif, c'est-à-dire le conseil. C'est ce que
fait le projet de loi.
Lorsque nous contraignons, par ce projet, le pouvoir exécutif
à aller devant le conseil municipal, même lorsqu'il n'y a qu'un
seul soumissionnaire, qu'est-ce que nous faisons si ce n'est diminuer le
pouvoir de l'exécutif et accroître celui du législatif ou,
en l'occurrence, ici, le conseil municipal? Donc, lorsqu'on parle de projet de
loi antidémocratique, je pense qu'il faudrait quand même savoir la
portée des termes et pouvoir les appuyer sur des faits concrets.
Le député de Pointe-Claire a parlé des petits
contribuables. Evidemment, les petits contribuables, dans la
municipalité de Pointe-Claire qui, précisément,
échappent aux dispositions de cette loi pour des raisons sur lesquelles
je m'étendrai tantôt. Je ne crois pas qu'il faille trop longtemps
retenir cet argument d'autant plus que la loi, précisément, a
prévu des taux différenciés pour la rendre la moins
régressive possible.
Le député de Westmount a particulièrement
été insistant sur l'idée d'une tutelle et cela est revenu
régulièrement. Une vraie tutelle au sens de la Loi des
cités et villes, du Code municipal et de la Loi de la commission
municipale implique une substitution entière de la commission municipale
au conseil. La commission, lorsqu'il y a tutelle, doit approuver le budget,
approuver les règlements. Il n'y a pas un geste que la ville ne peut
faire sans qu'ils reçoivent le placet de la Commission municipale. Dans
ce cas-ci, nous n'approuvons pas le budget de la ville de Montréal, nous
n'approuvons pas ses dépenses. La ville de Montréal peut
continuer à faire des règlements, il n'y a qu'un seul
règlement pour lequel la commission se substitue à la ville et
c'est précisément un règlement que la ville refuse de
faire. Si elle avait voulu, l'occasion lui en a été offerte,
aussi bien par l'ancien gouvernement que par nous, puisque j'ai reçu,
personnellement, avec le premier ministre, le maire de Montréal et le
président du comité exécutif, en leur posant la question:
Est-ce que la ville va assumer sa quote-part du déficit? La
réponse a été: Non.
Si la réponse avait été affirmative, avec des
suggestions qu'il aurait fallu, sans doute, examiner à la loupe pour ne
pas s'embarquer dans un autre éléphant blanc, on n'aurait
probablement pas été obligé d'agir et on aurait
préféré ne pas agir dans ce domaine, en particulier.
On a souvent fait appel au fait que j'étais un
député montréalais, à ma première
expérience dans cette enceinte, le député de
Crémazie, né et élevé dans un comté bien
montréalais, né à Montréal. Croyez-moi, j'aurais
préféré ne pas avoir recours à une telle mesure,
mais, lorsqu'une municipalité refuse d'agir, lorsqu'elle refuse
d'assumer ses responsabilités, on n'a pas le choix. Sur ce point
précis, seulement, on peut parler, je pense, de quasi-tutelle, mais sur
ce point précis d'un seul règlement d'emprunt que la ville aurait
eu l'occasion de faire et qu'elle n'a pas voulu faire, de façon
répétée.
Lorsqu'on parle encore une fois de projet de loi, les deux
épithètes, malgré la gamme utilisée, qui sont
revenues le plus souvent, ont été celles d'une loi injuste et
d'une loi antidémocratique, injuste dit-on, parce que cela ne devait pas
être les seuls Montréalais qui devaient payer pour ces Olympiades.
Eh bien, écoutez, je suis totalement d'accord avec le
député de Johnson, que le gouvernement fédéral
aurait dû normalement payer son écot dans ces dépenses, ce
qu'il n'a pas fait, ce qu'il a refusé de faire depuis le début et
ce, en éconduisant de façon cavalière la ville de
Montréal et les Québécois.
Ceci dit, je pense qu'il serait illusoire de croire qu'un gouvernement
du Parti québécois pourra obtenir de ce gouvernement, ce que des
gens de même allégeance qui forment l'Opposition officielle, de
même allégeance, de même famille, de même organisation
n'ont pu obtenir de lui. Il ne me reste donc qu'à se rabattre sur les
Québécois, mais lesquels? Déjà ceux-ci assumaient
pour l'ensemble d'entre eux, 80% des coûts. Le déficit ce n'est
pas encore une fois $200 millions, c'est au moins $1 milliard, puis depuis
qu'on s'est parlé, depuis la date du dépôt de la loi, il
s'est accru de $250 000. Cela coûte à peu près cela pour
maintenir ces éléphants blancs en état de survie,
d'hibernation, si vous voulez, à peu près $50 000 par jour.
Depuis la date où on a déposé le projet de loi, cela s'est
accru de $250 000 et cela monte, sans compter les intérêts. Je
parle de l'entretien.
Donc, il fallait répartir cette assiette, on ne pouvait pas non
plus, si vous voulez, le faire à l'échelle du pays tout entier;
à l'échelle du Québec, déjà les
Québécois assumaient 80%. L'assiette géographique allait
être quoi? La Communauté urbaine de Montréal,
l'agglomération montréalaise, ou la ville de Montréal? Je
pose la question aux députés de Pointe-Claire et des autres
villes de banlieue, de Verdun. Qu'est-ce qu'ils auraient dit si cette taxe
avait été répartie à l'échelle de la
Communauté urbaine de Montréal? A ce moment-là, les seuls
finalement qui faisaient partie de cette entité politique, qui avaient
élu le responsable des jeux et encore une fois les jeux comme tels,
croyez-nous bien, ce n'est pas ce qui est en cause ici. C'est peut-être
bien la façon dont les contrats ont été donnés,
dont les travaux se sont faits, à pourcentage et sans soumission, si
bien qu'il y a un lien très direct entre la première partie de la
dette assumée, qui faisait partie du règlement et la
deuxième partie.
Assiette donc qui a été sur le plan géographique
finalement restreinte à Montréal, mais qui n'exclut pas, ce qui
ne signifie pas que nous n'avons pas envisagé d'autres formules.
D'autres formules, certains ont mentionné je ne sais plus lequel
M. le Président, la possibilité d'utiliser la taxe de
vente. Dans la situation actuelle, ce qui nous paraissait le plus, disons
réalisable de façon
immédiate, c'était le recours à la source
traditionnelle de financement au niveau municipal qui était
l'impôt foncier.
Mais l'impôt foncier, pas n'importe comment. J'ai entendu
charrier, quelque chose de rare je m'excuse, M. le Président, de
ce terme des gens sur les pauvres de Montréal. Lorsqu'on a mis
dans la loi qu'on devra imposer selon un taux différencié, cela
signifie tout simplement qu'il y aura des taux différents selon les
catégories résidentielles, industrielles et commerciales et les
terrains vacants.
Cela signifie également, et cela je peux d'autant plus en parler
que c'est déjà sorti partiellement dans les journaux, ce sont des
hypothèses mais ce n'est pas tellement loi, que finalement entre 70% et
75% du fardeau de cette taxe vont se situer non pas au niveau du petit
propriétaire résidentiel, mais au niveau des industries et des
commerces.
Sur ce plan, nous parler d'une loi injuste, d'une loi inique, lorsqu'on
ne connaît pas les modalités, je pense que c'est pour le moins
prématuré.
Le deuxième argument, c'est le député de
Saint-Laurent qui en a fait état avec ses quatre paravents dans lesquels
il s'est plus ou moins enfermé lui-même à un moment
donné. Il a dit que, par cette loi, nous nous cachions derrière
un organisme comme la Commission municipale, derrière des
fonctionnaires. Cela a été repris en choeur. Je vous inviterais,
messieurs, à consulter la loi qui dit que les taux devront être
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est donc une
décision politique qui va être prise; ce n'est pas une
décision de fonctionnaires. Je vous invite à la relire
attentivement, ceux qui ne l'auraient pas fait, ou à retirer vos
paroles. Nous n'allons pas nous cacher derrière la Commission
municipale.
Un des distingués députés de l'Opposition a repris
les paroles du maire de Montréal, disant qu'en autorisant le
règlement d'emprunt le ministre des Affaires municipales ne mettait pas
la ville en tutelle c'est lui qui dit qu'on ne met pas la ville en
tutelle, cette fois-là, vous remarquerez mais qu'on mettait la
Commission municipale en tutelle. Encore là, messieurs, ces
dispositions, qui existent déjà dans la Loi de la Commission
municipale et la Loi des cités et villes, font une distinction
très nette entre les décisions techniques que peut prendre la
Commission municipale, à savoir si une municipalité se conforme
aux exigences d'un règlement d'emprunt, et la décision politique
qui, elle, est prise par le Conseil des ministres ou par le ministre des
Affaires municipales d'imposer plutôt dans tel secteur ou dans telle
catégorie.
La détermination des taux, par exemple, c'est une décision
politique que nous prenons, que nous assumons, que nous endossons et que nous
ne faisons pas assumer ou endosser par des fonctionnaires.
Dire que la loi est injuste, alors qu'on n'en connaît simplement
pas les dispositions, malgré, encore une fois, ce qui y est contenu, je
pense que c'est vraiment faire preuve ou bien qu'on parle pour la galerie ou
bien de partisanerie. On a dit que la loi était antidémocratique.
Le député de Johnson l'a dit.
M. Bellemare: On voulait avoir une commission parlementaire et
vous n'avez pas voulu nous en donner.
M. Tardif: Je vous pose la question: Est-ce
antidémocratique d'exiger d'une municipalité qu'elle demande des
soumissions publiques quand le gouvernement dans ses dépenses le fait?
Est-ce antidémocratique d'exiger que des règlements d'emprunt
soient approuvés?
M. Bellemare: Je n'ai jamais dit cela.
M. Tardif: Est-ce antidémocratique d'exiger que le fonds
de roulement normal d'une municipalité comme Montréal, qui est
importante, je le concède, qui était de $100 millions avant les
fameux Jeux olympiques, qui a été haussé
expressément pour les Jeux à $250 millions, revienne à son
taux normal? Est-ce antidémocratique, cela?
Est-ce antidémocratique de demander à cette
municipalité, précisément à cause de son impact sur
l'économie du Québec, qu'elle nous soumettre un plan triennal de
ses investissements? Est-ce lui tracer un corridor trop étroit?
M. Bellemare: Vous devriez dire cela devant lui, c'est ce qu'on a
dit.
M. Tardif: Est-ce antidémocratique, finalement
encore une fois, je fais allusion à la suggestion du
député de Johnson d'exiger de la ville de Montréal
qu'elle soit tenue de recourir, une fois de temps en temps, aux dispositions de
sa propre charte en matière de consultation populaire?
Déjà, la charte de Montréal contient des dispositions, les
articles 497 et 471, prévoyant la tenue de référendums ou
de consultations populaires sur des projets particuliers.
M. Bellemare: Ah, il y en avait, des
référendums!
M. Tardif: C'est déjà dans la charte, monsieur, et
si vous avez lu...
Le Président: Je m'excuse, M. le ministre des Affaires
municipales, d'interrompre votre discours. Je voudrais demander au leader
parlementaire je le sais respectueux de l'Assemblée et je sais
qu'il en est peu qui souhaitent autant qu'il y ait de l'ordre dans cette
Chambre que lui de ne pas interrompre le ministre dans son discours.
M. Bellemare: Quand je vous ai vu vous lever, je savais que
c'était cela.
M. Tardif: Dans le projet de loi qui est devant vous, devant
cette Chambre, il y a un article qui
permet à la Commission municipale d'exiger de la ville qu'elle
utilise les dispositions de sa charte concernant la consultation populaire.
Mais je présenterai tout à l'heure un amendement à cet
article à la suite d'une erreur bien simple qui a été
commise et où on a fait référence à l'article 497
de la charte, qui ne fait appel qu'à la consultation des seuls
propriétaires fonciers.
Ce n'était pas le mandat que j'avais confié aux juristes,
c'était de le faire en vertu de l'article 471, qui permet la
consultation de tous les électeurs. C'est là le sens d'un
amendement qui sera proposé plus tard. Parlez donc d'une loi
antidémocratique parce qu'elle met des balises, parce qu'elle...
Le Président: M. le ministre, pourrais-je vous demander de
conclure? Les 20 minutes sont expirées.
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président, mais je crois que
le ministre a droit à une réplique d'une heure. Je vous le
soumets respectueusement.
Le Président: Je m'excuse, c'est exact.
M. Tardif: Merci, M. le Président. Voilà donc,
messieurs, en résumé, un certain nombre des remarques que
m'inspiraient les critiques des simples députés de l'Opposition.
Je dis simples députés, pas pour réduire leur rôle,
mais parce qu'il est concevable que, n'ayant pas une connaissance intime des
dossiers comme certains ministres ou ex-ministres, ils aient pu, je crois,
répéter ce que les journaux ont imprimé. Mais, quand il
s'agit de membres de l'ancien gouvernement, tels le député de
D'Arcy McGee, le député de Jean-Talon ou le député
de Saint-Laurent, on ne peut plus avoir la même indulgence.
Je trouve, en effet, que ces messieurs de l'Opposition ont la
mémoire courte. Je me fais fort de demander particulièrement au
député de Jean-Talon et à ses ex-autres membres du
gouvernement quels engagements, le gouvernement antérieur a pris
vis-à-vis des financiers américains. Pourquoi ces engagements
ayant été pris n'ont-ils pas été tenus? A combien
de reprises le ministre des Finances a-t-il supplié son chef pour qu'il
donne suite aux engagements du gouvernement?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'invoque le
règlement. J'étais à mon bureau et je viens d'entendre le
leader du gouvernement vous indiquer que le ministre des Affaires municipales
avait un droit de réplique d'une heure, alors que vous-même aviez
indiqué au ministre que son temps était écoulé. A
moins que le règlement n'ait été changé pendant mon
absence, qui n'a été que de quelques minutes, je pense qu'il
faudrait rectifier la situation.
M. Burns: C'était rapide.
Le Président: Je pense, M. le chef de l'Opposition, que
vous avez raison comme j'avais raison au tout début. Le leader du
gouvernement doit être un peu comme le député de Johnson,
il doit se baser sur l'ancien règlement.
M. Burns: M. le Président, si je me suis trompé, je
m'en excuse. Votre opinion est rendue, je m'y plie. Je m'en excuse, j'ai
toujours cru... Remarquez que c'est la première fois qu'un de nos
ministres exerce véritablement son droit de réplique,
c'est-à-dire jusqu'au maximum. J'avais l'impression que le droit de
réplique du ministre était égal, au point de vue du temps,
à ce que la motion de deuxième lecture permettait au ministre. Je
suggérerais, M. le Président, que nous donnions quelques
brèves secondes au ministre pour conclure.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai couru assez là!
M. Burns: Je vous suggère, M. le chef de l'Opposition,
pour reprendre votre souffle, de donner quelque 30 secondes...
M. Levesque (Bonaventure): Nous les avons données,
évidemment, parce qu'entre le temps où je suis parti de mon
bureau et celui où je suis arrivé ici, M. le Président,
vous avez vous-même signalé au ministre que son temps était
écoulé. Je pense bien qu'on lui a donné ce sursis.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, comme j'ai
moi-même été la victime de cette confusion, je vais vous
demander de bien accepter que je permette au ministre des Affaires municipales
de conclure très très brièvement, puisque c'est
moi-même qui suis à l'origine de la confusion qui a pu
empêcher le ministre des Affaires municipales de conclure.
M. Levesque (Bonaventure): De bonne grâce, M. le
Président.
M. Tardif: Je vous remercie. Puisque j'en étais à
rafraîchir la mémoire de ces messieurs qui formaient l'ancien
gouvernement, je voudrais lire une lettre ici, M. le Président, que je
vais déposer. Cette lettre est datée du 30 juin 1976 et est
adressée à Mme Carson, de Moody's Investors Services Inc. "Dear
Mrs Carson: "I should like hereby to confirm the undertakings given verbally to
you by the government of Quebec on the occasion of your visit to Quebec City on
June 22nd last. "It is the intention of the province to assist the City of
Montreal and the Montreal Urban Community in preparing memoranda on their
respective financial situations. As we outlined to you during our conversation,
we shall take means to improve the approval and control of the province over
the capital spending of Montreal, the MUC and our cities and our towns in
general. "We will take notez-le bien, messieurs such measures as
may be necessary to require Montreal
to fund its share of the Olympic deficit by December 31st, 1976.
"Finally, the province will act almost certainly in a piecemeal fashion
et M. le ministre des Finances sait ce que cela signifie in a piecemeal fashion
to ensure that short time financing will be made available to meet the
borrowing requirements of Montreal through April 30, 1977. "It goes without
saying that we remain at your entire disposal for any further conversations you
may wish to have. "Yours very truly, "Victor C. Goldbloom, Minister of
Municipal Affairs and of Environment."
Une Voix: C'est épouvantable!
M. Tardif: M. le Président, le député de
Saint-Laurent, tantôt, a mentionné, a fait état,
soi-disant, d'un certain illogisme à savoir que nous ne respections pas
nos engagements envers les municipalités et que nous les tenions
vis-à-vis du diktat des financicers américains.
Or, je dis qu'au contraire, nous sommes logiques et cohérents
dans la mesure où hier nous avons dit que nous allions honorer les
engagements du précédent gouvernement. Non pas ceux des ministres
individuellement, évidemment, mais ceux du précédent
gouvernement. Ceci vaut pour les municipalités; ceci vaut
également pour les institutions financières. Je vous
remercie.
M. Garneau: J'invoque mon privilège, M. le
Président.
Premièrement, compte tenu que l'intervention de réplique
du ministre des Affaires municipales met en doute les propos que j'ai tenus en
lisant une lettre dont il n'a pas compris le sens, je répéterai
que je n'ai assisté et que j'ai refusé d'assister à
quelque rencontre que ce soit dans le sens que laisse suggérer la
lecture de la lettre.
Deuxièmement, en aucune façon, dans cette lettre, il est
indiqué que le gouvernement du Québec allait mettre la ville de
Montréal en tutelle et taxer à sa place les contribuables,
citoyens de Montréal. M. le Président, je crois que la
façon dont le ministre des Affaires municipales a cité cette
lettre et le contexte dans lequel il l'a fait tente à prouver que cela
était en contradiction avec ce que j'avais dit tout à l'heure. Je
crois qu'il n'en est rien et que je me devais de le rectifier pour l'honneur
que j'ai à défendre en cette Chambre.
M. Burns: M. le Président, je dois vous dire, avant ma
brève intervention, que vous avez parfaitement raison. Je m'excuse
profondément d'avoir induit la Chambre en erreur. Vous aviez
parfaitement raison. Le droit de réplique est limité à 20
minutes. Après vérification, je suis en mesure de... Il
paraît que les personnes sont jugées grandes du cou en montant.
J'essaie de me grandir de là et je m'excuse si, des fois, je suis plus
petit que je devrais l'être.
M. le Président, je propose donc, sur ce projet de loi... Je
présume que vous allez l'appeler aux voix; si c'est le cas, je vous
proposerais d'une part qu'il y ait vote enregistré et je vous
demanderais simplement d'entendre, avant d'appeler les députés,
très brièvement, le premier ministre qui a une communication
à nous faire.
Le Président: La motion de deuxième lecture du
ministre des Affaires municipales proposant l'adoption du projet de loi no 82
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Nous allons demander un vote
enregistré, mais nous aimerions donner notre consentement pour entendre
le premier ministre, qui, dans l'intervalle aurait un message à nous
communiquer.
Le Président: D'accord.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, c'est un
message...
M. Levesque (Bonaventure): Signé de sa main?
Présentation du nouveau député de
Hull
M. Lévesque (Taillon): Non. Je crois que c'est par pur
accident que c'est là. C'est un message qui, j'en suis sûr, fera
plaisir à toute la Chambre. J'ai l'honneur et j'ai très vivement
le plaisir personnel de vous présenter, à vous, M. le
Président, et aussi de présenter à tous ses
collègues, un député tout nouveau qui, après un
mois et plus de suspense, va venir compléter nos effectifs
parlementaires, cela dépend un peu de nos amis de l'Opposition, qui
arrive présumément à la toute fin de cette mini-session
à cause de circonstances incontrôlables. Je n'ai pas besoin de
vous dire, M. le Président, sans entrer dans quelque prolongement
intempestif de la campagne électorale que nous tous, du Parti
québécois, sommes heureux de ce résultat qui a dû
aller jusqu'à la Cour suprême avant d'être confirmé.
C'est un résultat qui fait que, désormais, nous sommes
présents de la baie James au golfe Saint-Laurent et de la
frontière américaine à l'Outaouais. L'Outaouais, c'est
symbolique, soit dit en passant. C'est quand même une coïncidence
peut-être significative qu'aux deux portes du Québec, à
Hull comme aux Iles-de-la-Madeleine, désormais, ce sont deux femmes qui
tiennent solidement les remparts.
Il y a maintenant cinq citoyennes québécoises, quatre dans
les rangs du Parti québécois et Mme le député de
L'Acadie, dans l'Opposition officielle. C'est vraiment là, je dois le
dire, un commencement sérieux. C'est encore seulement un commencement,
mais plus sérieux que jamais d'une adaptation parlementaire à
l'évolution de la société dans ce qu'elle a de plus
prometteur.
Je termine en soulignant que le jeune député qui va nous
rejoindre dans un instant s'est déjà révélé
depuis une bonne dizaine d'années comme une femme politique d'une
persévérance et d'un
talent exceptionnels et qui va certainement enrichir nos rangs et nos
débats.
M. le Président, si vous le permettez, si cela ne déroge
pas aux règlements, cela vaut le coup de souligner cela, je vous
présenterais donc, ainsi qu'à ses collègues, le
député de Hull, Mme Ouellette.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: Excusez-moi.
M. Levesque (Bonaventure): ... vous me permettrez de continuer
à déroger au règlement, simplement pour associer la voix
de l'Opposition officielle à celle du premier ministre qui a voulu
souligner l'arrivée d'une cinquième femme parmi nous, dans cette
auguste Assemblée. Il n'y a aucun doute que cette évolution, dont
a parlé le premier ministre, nous voulons nous y associer
également et nous l'avons fait bien concrètement, d'ailleurs. Je
voudrais, tout en souhaitant la plus cordiale bienvenue au nouveau
député de Hull, souligner encore une fois, comme cela a
été fait hier en cette Chambre, les mérites de notre
collègue de Hull, qui a été ici l'ancien
député de Hull depuis 1956, qui a toujours
été sur la brèche, qui a été actif partout
et dans sa région et dans les institutions gouvernementales et
parlementaires. Je voudrais, encore une fois, lui dire merci au nom de la
société québécoise pour le travail et toutes les
énergies qu'il a déployés au service de ses
concitoyens.
Le Président: Le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Vous me permettrez, moi aussi, M. le Président,
de déroger au règlement et de souhaiter la bienvenue dans cette
Chambre au nouveau député de Hull. Je l'assure aussi de la
collaboration de l'Union Nationale, afin de l'aider à accomplir
très bien son devoir de député. Je remarque en passant,
quand même, que la Cour suprême du Canada a été utile
au député de Hull. Je lui souhaite la bienvenue en cette
Chambre.
M. Lévesque (Taillon): Prudent!
Le Président: Qu'on appelle les députés pour
le vote!
Projet de loi no 82 (suite) Vote de deuxième
lecture
Le Vice-Président: A l'ordre! Que celles et ceux qui sont
en faveur de la motion de deuxième lecture du projet de loi no 82
concernant le déficit olympique de la ville de Montréal et
modifiant la charte de la ville de Montréal veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Morin, Marois, Landry, Léonard, Couture,
Bérubé, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Mme Payette, MM.
Proulx, Garon, Tardif, Grégoire, Chevrette, Michaud, Paquette,
Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu,
Rancourt, Mme Leblanc, MM. Bertrand, Godin, Johnson, Laplante, Guay, Laberge,
Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lavigne,
Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Jolivet, Desbiens, Baril, Boucher,
Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon.
Le Vice-Président: Que celles ou ceux qui s'opposent
à cette motion de deuxième lecture veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Forget,
Garneau, Mailloux, Goldbloom, Raynauld, Mme Lavoie-Roux, MM. Giasson,
La-montagne, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Marchand, Pagé,
Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw,
Dubois, Cordeau.
Le Vice-Président: Y a-t-il des abstentions? Le
Secrétaire: Pour: 52 Contre: 26
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième
lecture, du projet de loi no 82, est adoptée. M. le leader du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je propose que le projet de loi
no 82 soit déféré à la commission
plénière et, en même temps, si cette motion est
acceptée par l'Assemblée, je proposerais que vous quittiez le
fauteuil.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Commission piénière
Mme Cuerrier (président de la commission
plénière): A l'ordre, mesdames et messieurs!
Projet de loi no 82, Loi concernant le déficit olympique de la
ville de Montréal et modifiant la charte de la ville de Montréal.
Article 1, adopté?
M. Goldbloom: Un instant, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Mme le Président, nous venons de terminer un
débat relativement long en deuxième lecture sur ce projet de loi.
Nous avons essayé, de plusieurs façons, de faire valoir un point
de vue que je caractériserai de plus civilisé que celui du
gouvernement dans sa façon de procéder en cette matière
importante.
Nous avons essayé de convaincre le gouvernement d'agir
différemment, de reconnaître, d'accord, le problème des
$200 millions, mais de ne
pas imposer, même pour cette seule fonction, cette seule
opération, cette tutelle évidente qui est contenue dans le projet
de loi. Surtout, vous vous rappellerez, Mme le Président, que, dans mon
discours en deuxième lecture, j'ai fait la distinction entre cette
partie du projet de loi qui traite du déficit de $200 millions et la
partie qui modifie et j'utilise encore une fois l'expression des
avocats, ex parte, c'est-à-dire en l'absence de la possibilité
pour les intéressés de s'exprimer là-dessus, donc, par une
procédure exorbitante la charte de la ville de
Montréal.
Le projet de loi le fait d'une façon qui à mon sens est
incomplet. Cela aussi, je l'ai souligné. Il y a des choses à
modifier, dans la charte de la ville, et la façon normale de le faire
serait de convoquer la ville devant la commission parlementaire des affaires
municipales et de passer article par article, si nécessaire, toutes les
centaines d'articles de la charte de la ville. Ce n'est pas ce que fait le
gouvernement. C'est cela que nous avons caractérisé
d'antidémocratique. Qu'on ne mélange pas les pommes et les
oranges.
Ce n'est pas que je voudrais en ce moment de nos
délibérations traiter à la légère un projet
de loi que nous avons après tout combattu avec un certain acharnement.
Mais nous avons eu de ce côté de la Chambre, en ce qui concerne
l'Opposition officielle, la très claire impression que le gouvernement
tient mordicus à ce projet de loi tel quel, sauf peut-être
quelques modifications mineures, le ministre des Affaires municipales en a
mentionné une qui est de nature technique qui corrige une erreur.
A moins que le ministre des Affaires municipales ne soit prêt
à nous indiquer sa volonté et son ouverture à repenser le
projet de loi, s'il confirme l'intention du gouvernement de procéder
avec le projet de loi essentiellement tel quel, je pense qu'il nous reste
à exprimer encore une fois, de façon globale, notre dissidence et
de vous dire que le ministre commentera les articles s'il le veut, mais ce sera
avec notre dissidence et sur division que les articles seront
adoptés.
M. Biron: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Ce n'est pas le leader.
M. Biron: Nous aussi aurions aimé rencontrer les
représentants de la ville de Montréal à la commission des
affaires municipales. Nous aussi trouvons que cette loi, à l'heure
actuelle, est antidémocratique. C'est d'ailleurs la seule loi qui va
permettre un pouvoir de taxation municipale dans les mains du gouvernement
provincial. Nous aussi aurions aimé voir le ministre des Affaires
municipales apporter des améliorations à sa loi avant de pouvoir
l'adopter. Mais, quand même, comme le député de D'Arcy
McGee, nous voterons en bloc contre le principe de cette loi avec notre
dissidence. Il est quand même regrettable de voir qu'un projet de loi qui
touche justement un projet olympique... C'est malheureux et peut-être
paradoxal de voir que Pierre de Coubertin, lorsqu'il a relancé les Jeux
olympiques, c'était pour unir le monde, alors qu'on nous présente
un projet de loi concernant les Jeux olympiques qui va servir beaucoup plus
à diviser qu'à unir. Quand même, nous inscrivons notre
dissidence en bloc sur ce projet de loi.
M. Bellemare: Y aurait-il moyen, pour hâter les travaux, du
consentement unanime des partis, qu'on puisse émettre notre dissidence
sur l'ensemble, sauf sur les quelques modifications? Je pense qu'il y a deux
articles où il y a des amendements. On a fait le débat et on a
dit tout ce qu'il y avait à dire. Le ministre nous a répondu.
Je pense que nous prendrions un temps infini pour nous
répéter. Comme l'a dit le chef de l'Union Nationale, comme l'a
dit le député de D'Arcy McGee, nous accepterions les articles en
bloc, sur dissidence, mais nous voudrions entendre les amendements qu'il y
aurait à apporter aux deux articles en question. Ce serait pour ne pas
retarder tout le monde, car tout le monde semble fatigué d'avoir
passé cette mini-session à la vapeur.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Mme le Président, si je peux ajouter ma voix
à celles du député de D'Arcy McGee et du
député de Lotbinière, nous aussi, nous aurions aimé
qu'il en soit autrement et que Montréal accepte de bonne grâce de
payer.
Le député de Johnson a dit que le débat avait
été fait là-dessus. Nous allons donc, si vous le voulez,
passer en revue les articles. On vous distribuera à l'instant même
les amendements proposés aux articles 5 et 8. Quant à l'article
15, qui a trait à la tenue d'un référendum, j'aurai
également, quand on y arrivera, un amendement à proposer.
M. Bellemare: On exprimera notre dissidence ou notre
approbation.
M. Tardif: Est-ce qu'on passe immédiatement aux articles
que l'on veut amender?
M. Bellemare: C'est ça.
M. Tardif: A l'article 5, il est proposé d'ajouter,
à la fin du premier alinéa, la même phrase que l'on
retrouve à la fin du troisième alinéa, à savoir:
"Le produit de cette taxe est versé au fonds général de la
ville." Donc, ajouter à la fin du premier alinéa de l'article 5:
"Le produit de cette taxe est versé au fonds général de la
ville."
Il est également proposé de remplacer le troisième
alinéa de cet article 5 toujours, par le suivant: "Le règlement
doit aussi décréter que cette taxe est imposée et
prélevée selon un taux différencié quant à
chaque catégorie d'immeubles déterminée et définie
dans ledit règlement ou dans
un règlement ultérieur le modifiant. Le rôle
d'évaluation de la ville doit indiquer à l'égard de chacun
des immeubles imposés la catégorie à laquelle il
appartient conformément à la définition qu'en donne le
règlement ou, le cas échéant, sa modification."
Le Président (Mme Cuerrier): Article 5, adopté?
M. Goldbloom: Avec notre dissidence, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 8.
M. Tardif: A l'article 8, Mme le Président, il est
proposé de biffer, à la treizième ligne du premier
alinéa, les mots "revenu de la province" donc c'est-à-dire
à l'avant-dernière ligne du projet que vous avez devant vous, de
biffer les mots "un revenu de la province".
Deuxièmement, il est également proposé de
remplacer, dans la troisième ligne du sixième alinéa,
pardon dans la sixième ligne du troisième alinéa, les mots
"au terme" par "aux termes". Donc, dans la sixième ligne du
troisième alinéa, page sept, de mettre au pluriel, à
côté de "la ville", "aux termes".
M. Garneau: Puis-je poser une question au ministre? Le sens de
cet article est-il que le financement se ferait par tranches
différentes, dont les échéances seraient
différentes?
M. Tardif: Egalement, Mme le Président, il est
proposé de remplacer, dans la neuvième ligne du troisième
alinéa, donc celui-là même qu'on vient de modifier, les
mots "le revenu de la province" par les mots "la compensation". Donc, dans la
neuvième ligne du troisième alinéa, de remplacer "à
même le revenu de la province" par "à même la compensation
disponible".
Egalement, Mme le Président, un amendement strictement de
concordance entre la version anglaise et française, par suite d'une
erreur. A la quinzième ligne de ce troisième alinéa dans
la version anglaise, on voit "under section 3 of this act to reimburse the
latter". Il faut rayer ou biffer les mots qui n'ont pas leur équivalent
en français "if the latter are not reimbursed". Ces mots doivent
être biffés. Donc, une fois ces mots enlevés, "under
section 3 of this act to reimburse the latter in accordance with the
provisions", etc., la version française sera donc, "en vertu de
l'article 3 de la présente loi pour rembourser ces derniers
conformément aux dispositions", dans la traduction.
M. Garneau: M. le Président, c'est la seule intervention
additionnelle que je ferai en commission pour bien marquer mon désaccord
total avec l'article 8 tel que rédigé et amendé. Il s'agit
là, M. le Président, d'un précédent que je trouve
dangereux parce qu'il se trouve à créer deux sortes de titres
pour la ville de Montréal. On sait que lorsque les cités et
villes vont sur les marchés d'emprunt comme le gouvernement, l'ensemble
de leur revenu est donné en garantie de leurs obligations face aux
prêteurs. Je comprends pourquoi le gouvernement doit utiliser l'article 8
dans l'esprit de la loi telle qu'il l'a composée et telle qu'il a voulu
la faire. Je comprends qu'ils doivent avoir l'article 8. Mais le gouvernement,
ce faisant, fait indirectement ce que la ville de Montréal ne pouvait
pas faire et donne à ses prêteurs, je ne sais pas lesquels ils
seront, une garantie additionnelle que la ville de Montréal ne donne pas
sur les autres emprunts. En ce qui me concerne, je trouve que c'est un
précédent dangereux, c'est un compromis que le gouvernement a
composé avec les prêteurs et je pense que ce n'est pas sain pour
les finances de Montréal et que ce n'est pas sain pour les financements
futurs de Montréal, parce qu'on se trouve à faire indirectement
ce que la loi ne permettait pas de faire directement par la ville de
Montréal elle-même. Je m'aperçois que le ministre des
Affaires municipales ne connaît rien en finance.
M. Tardif: Je m'excuse auprès du député de
Jean-Talon. Cette question de la garantie qui est prévue à
l'article 8 nous apparaît, eu égard aux propositions
déjà contenues dans des documents préparés dans son
ancien ministère, une nette amélioration. Dans la mesure
où ce qui est donné ici est une garantie en cas de défaut
de paiement de Montréal seulement et non pas de retenue en fiducie des
sommes, Montréal va continuer à recevoir le produit de la taxe de
vente, lequel sera versé en cas de défaut seulement.
M. Garneau: M. le Président, c'est ce à quoi je
m'oppose et c'est justement la raison de mon intervention, pour souligner qu'il
existera, dans le cas de ce prêt qui est garanti sur les valeurs de la
ville de Montréal, une forme de garantie que les autres prêteurs
qui ont prêté à la ville de Montréal n'ont pas comme
garantie, c'est-à-dire que si la ville de Montréal a émis
des titres il y a deux ou trois semaines ou dix mois ou cinq ans et qu'ils ne
sont pas remboursés, elle a offert comme garantie à ses
prêteurs sa capacité générale de payer. La ville de
Montréal elle-même n'aurait pas pu, en vertu des lois existantes,
donner cette garantie, c'est-à-dire: D'accord, je vais dissocier 25% de
la taxe de vente que je reçois du ministre des Finances et du ministre
du Revenu pour le mettre en garantie spéciale à cet emprunt. En
agissant comme le gouvernement le fait, il se trouve à donner
indirectement aux prêteurs de ce financement de $200 millions des
garanties que les autres prêteurs à la ville de Montréal
ce peut être des individus, ce peut être des
députés dans cette Chambre, qui ont acheté des obligations
de la ville de Montréal comme n'importe quel citoyen sur les
marchés canadiens ou étrangers une garantie qui n'existait
pas sous ces autres titres. Je ne veux pas en faire une chicane, mais je trouve
que ce n'est pas correct.
Dans d'autres cas, il y a eu des garanties qui ont été
créées par la création de fonds en fiducie,
mais, à ce moment-là, c'était pour mettre de
côté une taxe qui avait été spécifiquement
levée pour cette fin. Je pense, par exemple, au financement olympique,
aux sommes que nous avons empruntées sur les marchés
américains, sur le marché canadien et qui sont financées
par une taxe spéciale sur les tabacs. Mais, dans le cas présent,
ce n'est pas une augmentation. Si le gouvernement actuel avait suivi la
proposition qu'il offrait durant la campagne électorale de redistribuer
3% de la taxe de vente au lieu de 2%, j'aurais compris plus facilement que cet
ajout de revenu puisse être mis soit en fiducie ou offert en garantie
d'un emprunt spécial. Mais, comme il n'y a pas de changement, de
transfert de revenu spécifique, d'une façon directe ou indirecte,
pour atteindre cet objectif, je trouve que c'est créer un
précédent qui pourra peut-être être demandé et
exigé à l'avenir par d'autres prêteurs pour d'autres fins
de financement et c'est pourquoi je voulais le souligner à cette
Chambre. Quant à moi, je suis prêt à considérer cet
article comme accepté sur division.
M. Tardif: Mme le Président, il s'agit de l'article 15 du
projet de loi 82, c'est-à-dire au deuxième alinéa, celui
prévoyant la tenue d'une consultation populaire, en vertu de l'article
497 de la charte. Or, il est proposé que ce deuxième
alinéa soit... A ce moment-là, je me rends, en partie, aux
représentations de l'Opposition, qui a suggéré que la
période traditionnelle, annuelle, si vous voulez, pour modifier la
charte allait bientôt avoir lieu et, compte tenu des implications de ces
deux articles, assez vieillots, de la charte de la ville en ce qui concerne la
tenue de consultation populaire, compte tenu du coût impliqué dans
la tenue d'une telle consultation qui pourrait être
décrétée soit à l'échelle d'un quartier,
soit à l'échelle d'un ensemble de quartiers ou de toute la ville,
il est dans notre intention de reporter, il est proposé de reporter des
dispositions quant à la tenue d'une consultation à l'occasion de
la modification de la charte lors du pèlerinage annuel de la ville
à Québec à cette fin, au printemps.
M. Bellemare: Est-ce que l'article disparaît?
M. Tardif: En fait, Mme le Président, c'est seulement le
troisième ou l'avant-dernier alinéa de la première colonne
de gauche qui est biffé, celui commençant par "La Commission
municipale peut..." et se terminant par l'article 497 de la charte.
M. Russell: Cela saute. M. Tardif: C'est ça.
Le Président (Mme Cuerrier): Est-ce qu'il y a d'autres
amendements, M. le ministre des Affaires municipales?
M. Tardif: Non.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 1, adopté sur
division.
M. Goldbloom: Tout sur division, Mme le Président, vu
notre dissidence globale.
Le Président (Mme Cuerrier): Pouvez-vous
répéter, s'il vous plaît?
M. Goldbloom: J'ai dit que l'adoption de tout ce qui est
proposé par le gouvernement doit se faire sur division à cause de
notre dissidence globale à ce projet de loi.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 2, adopté sur
division.
Article 3, adopté sur division. Article 4, adopté sur
division. Article 5, tel qu'amendé, adopté sur division. Article
6, adopté sur division. Article 7, adopté sur division. Article
8, tel qu'amendé, adopté sur division. Article 9, adopté
sur division. Article 10, adopté sur division. Article 11.
M. Burns: Si j'ai bien compris les remarques que l'Opposition a
faites, ils sont prêts à adopter tous les articles, mais en
inscrivant leur dissidence sur l'ensemble du projet. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Garneau: Oui, sauf qu'à l'article 13 je voudrais
souligner qu'au deuxième paragraphe il semble y avoir une erreur
technique. Je ne sais pas si c'est le français ou l'anglais qui n'est
pas correct. Au deuxième paragraphe de l'article 13, qui amende
l'article 681a, on dit: "Ce programme doit être divisé en phases
annuelles". En anglais, on dit: "Such program shall be divided into three
annual phases". Je ne sais pas lequel des deux est correct. Il doit manquer le
mot "trois" d'un côté ou en avoir un de trop de l'autre.
M. Tardif: Je pense que c'est la version française qui
prévaut; il faut donc amender en conséquence la version anglaise
et enlever le mot "three".
Le Président (Mme Cuerrier): Article 11, adopté sur
division. Article 12, adopté sur division. Article 13, tel
qu'amendé, adopté sur division. Article 14, adopté sur
division. Article 15, tel qu'amendé, adopté sur division. Article
16, adopté sur division. Article 17, adopté sur division. Article
18, adopté sur division. Article 19, adopté sur division. Article
20, adopté sur division. Article 21, adopté sur division. Article
22, adopté sur division.
M. Garneau: Je voudrais revenir sur l'article 13. Ce n'est pas
pour être méchant mais, quand on lit l'article, je ne suis pas
sûr si on n'a pas biffé le mot "three" trop rapidement. On dit:
"La ville doit, au plus tard le dernier jour de février de chaque
année, adopter le programme de ses immobilisations pour les trois
exercices financiers subséquents." Est-ce que c'est la relation entre
ces deux nombres "trois"?
Alors, il faudrait le maintenir dans le deuxième paragraphe comme
on l'a maintenu en anglais. Je voudrais être sûr qu'il n'y a pas
d'erreurs, c'est
tout. Si c'est le même sens je ne ferai pas de chicane, c'est
certain.
M. Tardif: C'est exactement le même sens. On demande donc
d'adopter le programme de ces immobilisations pour les trois exercices
financiers subséquents et on dit que ce programme doit être
préparé en phases annuelles. Comme c'est un programme pour trois
ans, il me semble qu'il n'est pas nécessaire de spécifier encore
là qu'il y aura trois phases. Cela me paraît superflu.
M. Garneau: Les juristes sont satisfaits de cela?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que cette commission a adopté le projet
de loi no 82 sur division avec les amendements.
Le Vice-Président: Ce rapport est-il accepté? M.
Burns: Agréé.
Le Vice-Président: Le rapport est pris en
considération et accepté. M. le leader du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, étant donné la
collaboration que nous avons de la part de l'Opposition aujourd'hui...
Le Vice-Président: Accepté sur division.
M. Burns: D'accord, M. le Président. Je disais donc
qu'étant donné la collaboration qui semble nous être
donnée du côté de l'Opposition, je pourrais peut-être
suggérer que nous passions immédiatement à la
troisième lecture de ce projet de loi no 82.
Troisième lecture
Le Vice-Président: La motion de troisième lecture
du projet de loi du ministre des Affaires municipales est-elle
adoptée?
M. Garneau: Sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Burns: Nous avions un rapport qui est déjà,
maintenant, devant la Chambre et qui apparaît actuellement...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, je
m'excuse, pour une question d'écritures, il faut dire que non seulement
le rapport est reçu et adopté mais que la troisième
lecture est adoptée sur division. Maintenant, je vous cède la
parole.
M. Burns: Tout ce que vous voulez. Non, moi, je ne suis pas
divisé. Il n'y a pas de problème. A l'article 7) de notre
feuilleton, nous avions la prise en considération du rapport de la
commission permanente des affaires municipales et de l'environnement qui a
étudié le projet de loi no 78.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que M.
le leader du gouvernement me le permettrait?
M. Burns: Certainement.
M. Levesque (Bonaventure): Le leader du gouvernement sait que
j'étais pris à l'extérieur de la Chambre pour des fins
officielles.
M. Burns: Pour la même raison que moi, d'ailleurs.
M. Levesque (Bonaventure): J'aurais voulu qu'à la
troisième lecture du projet de loi no 82 on puisse prendre le même
vote qu'à la deuxième lecture. Est-ce possible?
M. Burns: C'est sûrement possible. M. le Président,
je vous demanderais de donner instruction aux officiers de la Chambre qu'on
considère que le vote de troisième lecture soit identique
à celui du vote de deuxième lecture, si cela agrée
à nos collègues de l'Union Nationale, c'est-à-dire un vote
de 56 à...
M. Levesque (Bonaventure): 52 à 25.
M. Mackasey: Voulez-vous ajouter mon nom, s'il vous plaît?
J'ai manqué la deuxième lecture.
M. Burns: Avec plaisir. N'importe quoi pour un Irlandais.
M. Mackasey: Merci.
Le Vice-Président: S'il y a consentement de tous les
membres de cette Chambre, le vote de troisième lecture est
enregistré conformément au vote de deuxième lecture, avec
la correction qui a été acceptée par tous les membres de
cette Assemblée.
M. Burns: L'addition du nom du député de
Notre-Dame-de-Grâce contre le projet de loi. Je disais donc, j'en
étais rendu là...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire.
M. Burns: ... que nous avons à prendre en
considération le rapport de la commission permanente des affaires
municipales et de l'environnement relativement au projet de loi no 78.
Je suis informé que le ministre des Affaires municipales a
quelques amendements à proposer. Je pense que la teneur de ces
amendements était communiquée aux partis de l'Opposition.
J'espère que cela a été fait. En tout cas, j'ai
demandé que ce soit fait.
Je vous prierais, M. le Président, d'appeler cet article 7 et de
donner la parole au ministre des Af-
faires municipales relativement au projet de loi no 78 et à
l'article 7.
Projet de loi no 78 Rapport de la commission
élue
Le Vice-Président: Si le ministre des Affaires municipales
veut prendre son siège. Vous avez la parole pour présenter ces
amendements au sujet du projet de loi no 78.
M. Tardif: M. le Président. A la suite des
représentations de l'Opposition en commission parlementaire quant
à l'article 4 du projet de loi no 78 qui modifie l'article 29b) du
chapitre 84 des lois de 1975, article qui avait pour but d'assurer une certaine
protection aux sous-locataires, attendu qu'une pratique qui semblait
s'instaurer, consistait pour un propriétaire qui voulait contourner la
Loi de conciliation, de louer à une compagnie bidon qui lui appartenait
ses logements pour que celle-ci puisse après les sous-louer
échappant ainsi à la loi de conciliation entre
propriétaires et locataires.
On avait formulé un premier article qui était ambigu et on
vous en propose un deuxième qui m'apparaît très clair. J'en
fais donc la lecture. Je pense que l'on vous l'a distribué. Article 29b
qui dit ceci: "Nul ne peut sans l'autorisation de l'administrateur exiger d'un
nouveau locataire ou d'un sous-locataire un loyer supérieur au loyer le
plus bas qui était en vigueur au cours des douze mois qui
précédaient le commencement du bail ou de la sous-location et
calculé sur une base mensuelle. Toutefois, il peut être
exigé le plus haut loyer en vigueur au cours de ces douze mois si
celui-ci avait été fixé par l'administrateur. " Cela
continue. "Toute personne qui paye un loyer exigé en contravention du
premier alinéa peut, dans les soixante jours de la date à
laquelle le bail ou la sous-location commence, demander la réduction de
son loyer au niveau prévu par ledit alinéa. L'administrateur fixe
alors le loyer comme s'il s'agissait d'une demande de fixation de loyer
prévue par l'article 19a."
M. Blank: Je pense que c'est moi...
Le Vice-Président: Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: ... qui ai soulevé ce point en commission. Je
suis satisfait de l'amendement qu'on a apporté.
Le Vice-Président: M. le ministre a-t-il d'autres
amendements à proposer?
M. Tardif: Oui, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président, nous sommes également
satisfaits, du côté de l'Union Nationale, de cet amendement.
Le Vice-Président: Merci.
M. Tardif: M. le Président, à l'article 12 qui
modifiait l'article 16a du chapitre 84 des Lois de 1975, il est proposé,
donc, de remplacer, à l'article 16a, les mots "26 novembre 1975" par, et
à ce moment une parenthèse où on devra insérer ici
la date du dépôt du présent projet de loi. De fait, on a
fait valoir que les dispositions de l'article 16 introduisaient une certaine
rétroactivité dans l'application de cette loi. On a maintenu,
tant pour les infractions que pour les pénalités qui
étaient prévues dans la loi, qu'il s'agissait là d'un
procédé inadmissible parce que rétroactif.
Au départ, l'objectif visé était de reprendre
exactement la teneur du chapitre 84 qui déjà interdisait, depuis
le 25 novembre 1975, ces mutations en copropriété. L'objet de la
présente loi visait, non pas à créer des délits
nouveaux, mais à rendre plus explicite ce que nous croyons que le
législateur, lors de la dernière session, l'an passé plus
exactement à cette date, avait pensé définir clairement.
Cependant, à la suite de représentations, dont celle du Barreau,
nous croyons qu'il faut, et nous le suggérons ici, modifier cet article
à compter de la date du dépôt de la loi.
Egalement, comme conséquence de ceci, il est
suggéré d'ajouter à l'article 12, 16h, l'alinéa
suivant où il est dit que toute convention faite en contravention des
articles 16 ou 16a est nulle de plein droit. Nous suggérons d'ajouter
ceci, malgré le paragraphe 1 que nous venons d'amender pour dire que
cela prenait effet à compter de la date du dépôt de la
présente loi.
Donc, malgré le paragraphe 1 de l'article 16a, toute vente
enregistrée à compter du 13 décembre 1976 est nulle de
plein droit. Ceci pour la simple raison que nous sommes informés que les
propriétaires des immeubles précisément visés dans
cet article 16a, qui avaient déjà vendu environ 80 immeubles
avant, au cours de l'an passé, pour lesquels des poursuites sont en
cours, d'ailleurs, devant les tribunaux, ont vendu le 13 décembre, deux
jours avant le dépôt de la présente loi, 90 autres
logements à du personnel de la famille, de la compagnie, etc. Dans ce
cas précis, nous retournons deux jours avant la date du
dépôt de la loi.
Il est suggéré de plus de remplacer, dans l'article 12,
l'article 16k par le suivant, qui se lirait maintenant comme ceci: "Le
registrateur, dans les 30 jours de l'entrée en vigueur de la
présente loi, est tenu de rayer l'enregistrement de tout acte de vente
enregistré depuis le 13 décembre 1976 et portant sur un immeuble
situé sur l'un des lots visés à l'article 16a." Donc,
l'article 16h annule les ventes et l'article 16k annule l'enregistrement de ces
ventes. Est-ce que cela va, M. le Président?
Je m'excuse, mais il y a un autre alinéa à l'article 16k
qui dit: "II est tenu de refuser d'enregistrer tout acte de vente d'un immeuble
situé sur l'un desdits lots. "
II est également proposé de remplacer l'article 13 par le
suivant: ...Je m'excuse, M. le Président, avant de passer à
l'article 13, à l'article 12, encore là, M. le Président,
suite aux représentations des commissions parlementaires, il est
proposé de modifier le paragraphe 16d par le texte qui suit:
Toute action fondée sur une réclamation visée dans
le paragraphe 7 de l'article 16 ou le paragraphe 4 de l'article 16a doit
être instruite et jugée d'urgence tant en première instance
qu'en appel. L'article 16d actuel prévoyait un recours suivant le
chapitre 8 du Code de procédure civil, c'est-à-dire devant la
Cour des petites créances. On nous a fait valoir à bon droit que
ceci excluait toute possibilité d'appel et, en conséquence, il
est maintenant prévu a l'article 16d un recours devant les tribunaux
réguliers avec la mention que ces causes doivent être instruites
et jugées d'urgence, tant en première instance qu'en appel.
Passons maintenant à l'article 13, qui se lirait maintenant comme
suit, M. le Président: "Les recours relatifs à l'application de
l'article 16 du chapitre 84 des lois de 1975 qui ont été ou
seront exercés ou qui sont en délibéré devant un
tribunal, la Commission des loyers ou un administrateur des loyers sont, selon
le cas, continués, exercés ou jugés, suivant les
dispositions de la présente loi, lorsque le recours est basé sur
ledit article ou qu'il concerne l'application de la Loi pour favoriser la
conciliation entre locataires et propriétaires à un local
visé dans ledit article". On continue: "Le présent article ne
s'applique pas aux poursuites pénales relatives à une infraction
audit article 16". C'est donc dire que l'effet possible qui était
prévu de rétroactivité, en vertu de cette loi, que des
causes déjà inscrites vont continuer en vertu du chapitre 84 des
lois de 1975 pour les causes présentement instruites au
pénal.
Dernier alinéa ajouté dans l'article 13; "au sens du
présent article, les immeubles situés sur les lots
mentionnés dans l'article 16a, édicté par l'article 12 de
la présente loi, sont réputés et ont toujours
été réputés constituer en ensemble immobilier au
sens du paragraphe 7 dudit article 16".
Merci!
Le Vice-Président: Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: J'aurais un petit commentaire à faire sur les
modifications que le ministre a apportées à l'article 16. Cela
s'inscrit exactement dans les revendications qui ont été faites
par moi-même et le député de Nicolet-Yamaska. Je suis
très heureux du fait qu'on ait éliminé la
rétroactivité du projet de loi dans un sens
général. Comme avocat, je ne suis pas d'accord avec les lois
rétroactives. Mais la chose que je trouve très
intéressante, c'est que durant la commission plénière on a
insisté sur cette rétroactivité en disant que notre loi
n'était par parfaite l'année passée, malgré qu'elle
fût rédigée par les mêmes avocats. On a dit
qu'à cause de cette loi il y avait des trous, et les avocats de la
compagnie Netherwood ont trouvé des trous; il y avait des jugements de
première instance qui sont en appel et des choses comme ça. On
doit régler l'affaire.
On veut retourner comme c'était, avant l'année
dernière, on doit protéger les gens et toutes sortes de choses
semblables. Après, j'ai rencontré dans le corridor les dirigeants
de Netherwood, M. Stickler et son avocat de New York. Il est mainte- nant
représenté par un avocat péquiste nommé Pothier
Ferland, qui a fait des pressions, et voilà! Ils sont sauvés par
la loi.
Des Voix: Ah!
M. Blank: Par des amendements. Plus cela change, plus cela
revient exactement au même!
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: C'est sur les instances et les représentations
de l'Opposition officielle, et devant la difficulté pour les
légistes de rédiger sur les lieux mêmes un article qui se
tienne, que ces amendements ont été apportés. Il y a eu,
en effet, des représentations du Barreau. Nous non plus, le
caractère de rétroactivité ne nous plaisait pas et nous
répugnait même; mais je dois dire que le chapitre 84 des lois de
1975, adopté l'an passé par l'ancien gouvernement, comportait une
telle rétroactivité. Celle-ci n'allait pas plus loin que le 25
novembre; elle ne faisait que tenter de clarifier ce que nous croyions
être l'intention du législateur à l'époque.
M. Blank: Avez-vous eu des représentations de Me Pothier
Ferland?
Le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blank: ...
Le Vice-Président: A l'ordre! Pour répondre
à une question posée hier par les leaders de l'Opposition, en
vertu de l'article 92, si je cite bien, pour se faire reconnaître par le
président, il faut d'abord dire: M. le Président.
M. Blank: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: ...est-ce que le ministre peut répondre à
ma question? Est-ce qu'il a eu des représentations pour changer cet
article? Hier, à la commission, il n'y avait aucune question
d'amendement à l'article 16a. Aucune. Vous êtes resté sur
votre position, vous avez refusé catégoriquement les demandes du
député de D'Arcy McGee, du député de
Nicolet-Yamaska et les miennes. Vous avez refusé absolument de changer
cet article. Aujourd'hui, après les représentations de Me Pothier
Ferland, voilà que c'est changé.
M. Tardif: Les représentations dont a fait état le
député de Saint-Louis sont tout à fait fondées,
sauf que, pour être complètes, il faudrait ajouter celles du
Barreau, celles de la Chambre des notaires et de l'Association des locataires
des habitations.
Une Voix: Et des propriétaires.
M. Tardif: Des propriétaires, entendons-nous, puisque leur
statut est ambigu, ils sont entre deux chaises, mais des acquéreurs des
soi-disant maisons vendues par Netherwood. Donc, nous avons rencontré un
ensemble de cinq groupes de personnes.
Le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, nous sommes satisfaits des
représentations faites par le député de Saint-Louis.
Cependant, nous déplorons qu'à l'article 16b, où nous
avions demandé un amendement, il n'y en ait pas eu et nous
déplorons le fait que, pour protéger une minorité de cas
particuliers, on pénalise toutes les personnes qui, pendant la
durée de cette loi, voudront acheter un immeuble pour l'habiter; par cet
article 16b, le nouvel acquéreur ne pourra évincer le locataire
pour occuper lui-même le logement, ou que ce soit un membre de sa famille
qui le fasse. Alors, pour ces raisons, nous inscrirons notre dissidence
à cet article.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, j'ai expliqué, à
une séance de la commission parlementaire, que cet article avait
été libellé de la façon qu'il est à cause de
la difficulté même d'établir un seuil minimum en
deçà duquel s'arrêter pour définir quels
étaient les logements qui allaient ou qui étaient vendus en
pièces détachées pour fins de condominium.
Je veux tout simplement dire aux représentants de l'Opposition
que j'ai pris bonne note de leurs représentations et, effectivement,
ceci décrète un gel des évictions. Cependant, j'ai
également mentionné, à diverses reprises
déjà, que ceci est une mesure temporaire, que la loi qui vous est
présentée l'est pour un an, mais que nous comptons vous
présenter, possiblement bien avant cette date, une législation
plus complète sur le problème de l'habitation et qu'à ce
moment-là, de toute façon, les nouveaux propriétaires qui
achèteront une maison, occupée elle-même par le
propriétaire, enfin, avec un propriétaire occupant qui vide les
lieux, pourront en prendre possession.
Lorsqu'il y aurait un locataire, alors, même là,
l'éviction ne saurait se produire à moins d'un préavis de
trois mois avant la date de la fin du bail se terminant normalement le 30 juin
prochain, donc, avec préavis au mois d'avril. A supposer qu'il y ait
autant de cas qu'on a voulu le laisser entendre aux réunions de la
commission parlementaire, il sera toujours temps, au début du mois de
février, de présenter ici un amendement à cette loi si
elle semble être aussi inique que, parfois, on l'a prétendu.
Le Vice-Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: J'ai une seule intervention à faire.
J'aurais pu attendre la troisième lecture pour la faire, mais, si vous
me permettez, elle est brève et, puisque le point que je voulais
souligner vient d'être abordé dans l'échange entre le
député de Nicolet-Yamaska et le ministre des Affaires
municipales, je voudrais faire des commentaires sur cette question.
Je crois que le gouvernement, par cette loi, s'enfarge dans un cercle
vicieux. Je m'explique. Le gouvernement, par cet article, empêche les
évictions, les déplacements d'occupants en vertu des articles 23
et 24 de la Loi favorisant la conciliation entre locataires et
propriétaires. C'est-à-dire que, pour une période de 18
mois, l'effet de ces deux articles est suspendu. La personne, qui, de bonne
foi, et pour faire tourner les roues de l'économie du Québec,
veut acheter un immeuble résidentiel et veut en occuper une unité
présentement occupée par quelqu'un d'autre en location, ne sera
plus, pour cette période de 18 mois, en mesure de prendre possession de
cette unité de logements.
On invoque le faible taux d'inoccupation pour justifier cette mesure. On
dit: C'est à cause de ce faible taux d'inoccupation qu'il faut
empêcher les évictions. Mais, il faut corriger aussi le faible
taux d'inoccupation. Celui qui peut le faire, ce n'est pas le locataire, c'est
le propriétaire, par définition. C'est le propriétaire qui
fait un investissement. Par définition, le locataire n'en fait pas. Le
locataire contribue à rembourser, en partie ou en totalité, selon
le cas, l'investissement du propriétaire.
Si les propriétaires sont découragés et
n'investissent pas, il n'y aura pas d'augmentation de l'offre d'unités
de logement. Peut-être que le gouvernement va dire encore une fois: Ce
sera au secteur public de venir en aide à cette situation et combler la
différence, augmenter l'offre en faisant construire des unités de
logement.
Mais, j'ai déjà porté à l'attention du
ministre des Affaires municipales, en commission élue, le
problème que cela pose. C'est encore une fois un découragement
à l'entreprise privée dans un secteur important.
Curieusement le seul secteur où pendant une année
où l'activité économique n'a pas été
tellement reluisante a été vraiment en santé relativement
bonne dans la région métropolitaine. On a vu des mises en
chantier dans le secteur résidentiel.
J'ai suggéré, M. le Président, que le
mécanisme soit autre parce que le ministre a invoqué un autre
facteur pour justifier l'article en question. Il a dit: II y a de fausses
transformations en copropriété et il faut les empêcher. Je
l'ai prié de chercher, avec ses conseillers, un mécanisme qui
permettrait aux occupants de ces unités de logement de faire appel
à la commission pour qu'elle décrète que, effectivement,
ce qui est en train de se produire est véritablement une transformation
en copropriété; alors, les mécanismes s'appliqueraient
plutôt que de geler toutes les évictions ou les
déplacements.
J'espère, je sais que mon espoir doit être mince, que le
ministre a quand même dans son
esprit la possibilité de repenser cette considération et
la suggestion que j'ai faite. Après tout, je lui rappelle le
libellé de ce projet de loi et de la loi qui est modifiée. C'est
une loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires.
J'ai nettement l'impression que le projet de loi no 78, qui est un
projet de loi pour protéger le locataire, ne protège pas le
propriétaire et pourtant le gouvernement doit être le gouvernement
de tous les Québécois et de toutes les classes de la
société.
Le Vice-Président: Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, on est bien conscient de ce
qu'a souligné le député de D'Arcy McGee. Lorsque ce projet
de loi a été déposé en deuxième lecture,
j'ai dit que tous, avec raison, avaient rappelé les propos du leader du
gouvernement quand, depuis 1970, chaque fois que ce projet venait annuellement
au mois de décembre devant l'Assemblée ici, c'était,
soi-disant, pour la dernière fois.
Effectivement, c'est la 26e année que cela se produit. Nous aussi
voulons que ce soit la dernière fois. Cela va être la
dernière fois. A ce moment, il faut repenser le problème de
l'habitation en tenant compte des dimensions soulignées par le
député de D'Arcy McGee. Nous sommes devant une situation
d'urgence. Il y a des gens qui risquent d'être évincés.
J'ai visité personnellement chacun des endroits où sont
situées ces concentrations de mutations en condominiums où, il
faut se le dire, des gens ont tenté de faire une passe. Je suis
allé personnellement dans ces endroits. J'ai sonné, j'ai
visité ces endroits et la crainte de ces gens est: Pourra-t-on passer
les Fêtes avec l'esprit en paix sachant que nous ne serons pas
évincés? Je pense que c'est ce que nous faisons ici. Comme je
l'ai mentionné, au mois de février prochain, au mois de mars,
s'il y avait des problèmes, puisque cela fait 26 ans qu'on amende cette
loi d'année en année et entre les années, nous
n'hésiterons pas à venir devant cette Chambre pour soumettre des
amendements.
Le Vice-Président: Nous sommes à l'Assemblée
nationale, en Chambre. Justement mesdames, messieurs, pour faciliter les
écritures, au moment où nous sommes à prendre en
considération le rapport de la commission permanente des affaires
municipales et de l'environnement qui a étudié le projet de loi
no 78, Loi prolongeant et modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires. Les amendements proposés par M. le
ministre des Affaires municipales aux articles 4, 12 et 13...
A l'ordre, s'il vous plaît!
Les amendements proposés par le ministre des Affaires
municipales, au moment de ce rapport, aux articles 4, 12 et 13 sont-ils
adoptés?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président: Adopté. Mesdames, mes- sieurs,
en commission parlementaire permanente, je me permets de vous rappeler que les
articles 4 et 12 avaient été suspendus. Encore une fois, les
articles 4 et 12, tels qu'amendés, sont-ils adoptés?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Le rapport de la
commission est-il adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Fontaine: M. le Président, adopté sur
division.
Le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska a raison; tantôt, il a parlé de dissidence. La
présidence voudrait bien savoir s'il s'agit d'une dissidence ou d'une
division?
Une Voix: Division.
Le Vice-Président: Adopté sur division.
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que c'était sur un
seul article ou sur l'ensemble?
M. Fontaine: Sur l'article.
M. Lévesque (Taillon): Division sur l'article 16.
Le Vice-Président: Le rapport est adopté, sauf que
nous retenons qu'il y a division au sujet de l'article 16d. M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Tardif: Je pense que tout a été dit sur ce
projet. Encore une fois, c'est un projet de loi qui, annuellement, comme cela,
dans le temps des Fêtes, est présenté devant
l'Assemblée ici réunie. C'est peut-être ce qui
explique...
Le Vice-Président: A l'ordre! Je m'excuse, même s'il
est tard, j'ai donné la parole à M. le ministre des Affaires
municipales pour lui donner l'occasion de faire sa motion de troisième
lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président. Vous nous
indiquez que le ministre proposait la troisième lecture.
M. Burns: Je propose le projet de loi no 78 en troisième
lecture.
Troisième lecture
M. Tardif: Alors, messieurs, je m'excuse encore une fois,
étant tout nouveau dans cette enceinte. J'ai l'honneur, M. le
Président, messieurs les membres de cette Assemblée de proposer
l'adoption de ce projet de loi no 78 en troisième lecture.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires municipales
propose la motion de troisième lecture du projet de loi no 78, Loi
prolongeant et modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires
et propriétaires. Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: J'ai le droit de parler en troisième
lecture?
Le Vice-Président: A l'ordre, messieurs les leaders!
M. Burns: Je m'en voudrais, M. le Président et
j'espère que c'est au nom de la Chambre que je peux dire ces quelques
paroles qui vont être très brèves de ne pas
féliciter le ministre des Affaires municipales, à l'occasion de
l'adoption, en troisième lecture, d u projet de loi no 78, car il a en
effet accompli un magnifique travail.
Si je prends la peine de le souligner non pas que les autres
ministres n'aient pas fait un très bon travail c'est probablement
à cause des problèmes difficiles que ce nouveau ministre a eus
à piloter en Chambre, et j'espère que c'est le voeu unanime. Je
pense que c'est l'Assemblée elle-même qui
bénéficiera éventuellement justement des qualités
de ce nouveau ministre des Affaires municipales. Je l'en félicite. Je
suis personnellement très fier de voir la façon dont il a
piloté ces projets de loi très difficiles.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je retiens des
paroles du leader du gouvernement qu'il veut manifester une certaine
solidarité à la veille de la fin de la session. Je retiens
également de cela qu'il veut, d'une façon indirecte,
féliciter le député de D'Arcy McGee qui, lui, a eu pendant
plusieurs années à supporter ce fardeau qui semble si lourd
présentement sur les épaules du nouveau ministre des Affaires
municipales. J'en profite donc pour féliciter chaleureusement mon bon
ami, le député de D'Arcy McGee, et je profite de l'occasion
également pour formuler mes voeux de bonne chance au titulaire de ce
ministère qui, sans doute, exige beaucoup de son titulaire.
Le Vice-Président: Est-ce que, mesdames et messieurs de
cette Assemblée, je puis considérer que ces paroles ne
constituent pas une motion d'amendement à la motion de troisième
lecture du ministre des Affaires municipales?
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, je veux remercier cette
Assemblée pour son indulgence face à peut-être une certaine
inexpérience, mais je dois dire que ce n'est pas uniquement, si vous
voulez, les dossiers de l'ex-ministre des Affaires municipales que j'ai eus
à supporter au cours de cette brève initiation, mais
également certains dossiers du ministère de la Justice, puisque
le député de Bonaventure avait, deux mois avant le
déclenchement des élections, passé toute cette question de
la Commission des loyers aux Affaires municipales. C'est donc dans les deux
ministères que j'ai dû aller.
M. Garneau: ...qu'il essayait, à part ça.
M. Levesque (Bonaventure): Comme le député de
Jean-Talon le mentionne, ça faisait déjà quelque temps que
j'essayais de faire cette mutation, mais je n'ai fait que donner suite aux
voeux exprimés dans le livre blanc sur la justice comtemporaine par mon
prédécesseur, l'ancien député d'Outremont.
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs! Il ne
faudrait pas gâter cette excellente mini-session où tout le monde
a collaboré. Est-ce que je puis demander si cette motion de
troisième lecture du ministre des Affaires municipales est
adoptée?
Le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, nonobstant la sympathie que
nous pouvons avoir pour la personne du ministre, je dois vous demander que ce
soit sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je tiens à aviser la
Chambre, que dans quelques minutes, très brièvement, il y aura
sanction des projets de loi. Pardon?
M. Bellemare: Vous n'en avez plus d'autres?
M. Burns: En voulez-vous d'autres? On en a en masse en
réserve, des projets de loi. On voulait vous épargner ça
avant les Fêtes.
M. Bellemare: Contez-moi ça!
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: J'avise tout simplement la Chambre qu'il y a sanction
chez le lieutenant-gouverneur dans les deux ou trois minutes qui viennent, de
sorte que, pour permettre au premier ministre, à un représentant
de l'Opposition officielle et à un représentant de l'Union
Nationale de se rendre chez le lieutenant-gouverneur pour assister à
cette sanction, je propose la suspension des travaux de l'Assemblée pour
quelques minutes, jusqu'à ce que nos collègues reviennent de chez
le lieutenant-gouverneur.
Le Vice-Président: A l'ordre! Les travaux de
l'Assemblée sont suspendus pour quinze minutes.
A l'ordre, s'il vous plaît! Si, mesdames et messieurs les
députés veulent bien prendre leur siège.
M. le leader du gouvernement.
A l'ordre, s'il vous plaît!
Prorogation de la session L'honorable
lieutenant-gouverneur
Le Lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, cette première session de la nouvelle
Législature a été courte. Elle a cependant permis,
à chacun et à chacune d'entre vous, soit d'entrer de plain pied
dans son rôle premier de législateur, soit de se remettre à
la tâche dans un nouveau contexte.
Je crois qu'il faut souligner la célérité et
l'ardeur avec lesquelles tous les membres de votre Assemblée se sont
adaptés à leurs nouvelles fonctions. Le climat de dignité
qui a animé vos travaux augure bien pour l'avenir. Vous avez, à
la fois, disposé de sujets importants ou urgents qui découlaient
des gestes posés par l'administration précédente et ouvert
la porte sur l'action du gouvernement actuel. Cette brève session aura
donc été celle de la transition nécessaire, entre l'ancien
et le nouveau.
Déjà l'on peut constater que cette transition, qui s'est
faite dans la continuité avec le passé, est porteuse de
changements importants pour notre nation. Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, en prorogeant cette première session de la
trente et unième Législature, je veux au nom de tous les
Québécois et de toutes les Québécoises, vous
remercier du travail accompli et vous offrir à l'occasion des
Fêtes, mes voeux les plus sincères.
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
M. le premier ministre.
Souhaits des fêtes M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je n'ai pas
envie de prolonger indûment cette fin de session, puisqu'elle est
terminée. Si on me le permet, je voudrais profiter de l'occasion pour
remercier infiniment, au nom du gouvernement, tous les membres de
l'Assemblée nationale, aussi bien de ce côté-ci, où
il y a beaucoup de nouveaux qui ont travaillé très fort à
s'ajuster, que de l'autre côté où ils ont travaillé
très fort aussi à s'ajuster, ainsi que nos nouveaux
collègues de la nouvelle Union Nationale. Je voudrais simplement
profiter de cette minute et pas davantage pour nous souhaiter à tous un
Joyeux Noël et nous souhaiter, à tous, tout le courage, toute la
santé et tout l'entrain qu'il faudra pour aborder la nouvelle
année qui va être très chargée, comme on s'en doute
bien.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Gérard D. Lévesque
M. Levesque (Bonaventure): La période des Fêtes nous
permet de nouveau de témoigner dans la joie de notre attachement aux
grandes valeurs chrétiennes qui constituent le plus précieux
héritage de la société québécoise.
A la veille de ces Fêtes, je voudrais m'associer au chef du
gouvernement pour formuler mes meilleurs voeux à l'endroit de tous les
députés, de quelque côté qu'ils siègent.
J'espère, avec le premier ministre, que tout cet ajustement se
précisera de la façon la plus efficace possible, la plus
productive possible. C'est peut-être la période des voeux,
également. J'espère bien qu'on pourra obtenir dans les meilleurs
délais toutes les précisions que nous avons demandées au
gouvernement afin de dissiper ce climat d'incertitude qui semble vouloir
persister.
Une Voix: C'est un bon gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): Non, je veux que mes voeux soient les
plus sincères possible. Je ne voudrais pas que vous m'aidiez à
les diluer d'une façon trop superficielle ou floue, comme le diraient
nos amis d'en face.
Je voudrais être aussi bref, pour suivre l'exemple du premier
ministre, tout en souhaitant, encore une fois, que ces précisions soient
données au peuple québécois, afin que nous puissions
connaître une année 1977 empreinte de stabilité et de
progrès économique. Je voudrais, en même temps, revenir
à l'Assemblée nationale pour formuler, au nom de l'Opposition
officielle je pense bien que c'est au nom de tout le monde nos
meilleurs voeux aux officiers de l'Assemblée nationale, en
commençant par vous, M. le Président, qui êtes le grand
officier, également le secrétaire général, ses
adjoints, le journal des Débats, les huissiers, les pages, enfin, tout
ce grand mécanisme jusqu'au café du parlement, tous ces gens qui
sont au service de la députation. J'espère que ces gens passeront
un excellent Noël.
Evidemment, la nomenclature ne serait pas complète si je ne me
tournais pas vers mes amis de toujours qui sont encore avec nous à ces
heures tardives, ces journalistes qui nous suivent de près. Je suis
convaincu qu'ils continueront de nous suivre de près et d'autant plus
près qu'on est près du pouvoir; apparemment, on suit encore de
plus près nos honorables amis d'en face.
Tout ce que je souhaite, c'est qu'ils ne nous oublient pas
complètement parce que nous avons été tellement
gâtés par leur sollicitude que nous espérons que ce ne sera
pas une sollicitude qui soit créatrice de solitude quant à nous.
Au contraire, j'espère bien que nous continuerons... C'est pas mal?
Merci. J'espère bien que c'est l'atmosphère des Fêtes qui
nous gagne déjà. C'est dans cette atmosphère que
j'aimerais terminer, encore une fois, en renouvelant mes meilleurs voeux
à tous et à chacun et chacune.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, j'ai pleinement profité
de cette première expérience à l'Assemblée
nationale. Je veux, d'ailleurs, remercier le premier ministre d'avoir
prévu faire pratiquer tous ces nouveaux députés à
l'Assemblée nationale afin que nous puissions comprendre ses
règlements.
Mais aujourd'hui, à la veille des Fêtes, à la fin
des travaux de cette Assemblée, j'émets le voeu que les outils de
changements, ce nouveau gouvernement, cette nouvelle Opposition, notamment
cette Union Nationale revivifiée, que la population s'est donnée
en 1976 réponde en 1977 aux vraies attentes du Québec, à
savoir une administration saine, la relance économique et l'amorce d'un
nouveau contrat constitutionnel qui définisse clairement l'avenir, au
sein de la fédération canadienne, des Québécois et
de tous les Canadiens. Une année faite d'espérance s'ouvre
maintenant à nous. L'Union Nationale, quant à elle entend, face
au gouvernement et au Parlement de style nouveau qu'on connaît depuis le
15 novembre dernier, adopter un style d'Opposition nouveau qui est
déjà amorcé. Elle entend contribuer au progrès du
Québec par des suggestions plus constructives que critiques
vis-à-vis du gouvernement. Et ce, par respect pour tous les citoyens du
Québec qui aimeraient bien, en 1977, reprendre confiance dans la chose
publique, dans les partis politiques et dans les élus.
Nous souhaitons à tous les Québécois, de quelque
culture qu'ils soient, un Noël fait de joie et de paix. Je suis confiant
que tous les Québé- cois, plaçant les
intérêts du Québec au-dessus des intérêts des
partis, sauront trouver en chacun d'eux en 1977 les ressources requises pour
orienter le Québec sur la voie du bon sens et de l'équilibre.
M. Jean-Guy Cardinal
Le Vice-Président: Mesdames, messieurs, avant de prononcer
les paroles traditionnelles, sinon sacramentelles, vous me permettrez qu'au nom
de la présidence, que j'ai déjà déclarée
indivisible, je vous remercie tous pour cette collaboration que vous nous avez
accordée. Je voudrais aussi, au nom de la présidence, offrir,
à Mmes et MM. les députés, aux membres de la Tribune de la
presse, au public qui nous entoure, à tous les employés qui nous
permettent d'accomplir chaque jour ce travail quotidien qui est si important
pour ce Québec, nos voeux les meilleurs de Joyeux Noël et de Bonne
Année, de santé, de prospérité et de bonheur.
Je veux aussi, au nom de la présidence, tous vous inviter au
salon rouge pour échanger vos voeux, tous Mmes et MM. les
députés, les ministres, employés et membres de la Tribune
de la presse, avant que nous ne quittions la capitale du Québec.
Mesdames, messieurs, c'est la volonté et le désir du
lieutenant-gouverneur de la province de Québec que cette
Législature soit prorogée sine die. Cette Législature est,
en conséquence, prorogée sine die.
(Fin de la séance à 19 h 8)