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(Quinze heures huit minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
L'honorable député de...
M. Denis: M. le Président, je voudrais avoir une directive
afin de savoir de quelle façon je pourrais m'y prendre pour saluer une
délégation de Sainte-Elizabeth, dans le comté de
Berthier.
Le Président:
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Projet de loi privé no 158 Première
lecture
Le Président: L'honorable député d'Anjou
propose la première lecture de la Loi concernant la succession de Joseph
David Rodolphe Forget. Est-ce que cette motion...
M. Morin: Vote enregistré, s'il vous plaît. M.
Léger: Vote enregistré, M. le Président. Le
Président: Qu'on appelle les députés!
Vote de première lecture
Le Président: A l'ordre, messieurs! Vote.
Que ceux qui sont en faveur de la motion de première lecture du
député d'Anjou, Loi concernant la succession de Joseph David
Rodolphe Forget, veuillent bien se lever s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Blank,
Mailloux, Saint-Pierre, Garneau, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume,
Giasson, Goldbloom, Simard, Quenneville, Tetley, Lacroix, Hardy, Forget, Harvey
(Jonquière), Vaillancourt, Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre),
Desjardins, Massé, Perreault, Brown, Fortier, Bacon, Lamontagne,
Bédard (Montmorency), Veilleux, Saint-Hilaire, Brisson, Séguin,
Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Fraser, Picard, Gratton, Assad,
Carpentier, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg),
Larivière, Pelletier, Shanks, Pepin, Beauregard, Bérard, Bonnier,
Boudreault, Chagnon, Ostiguy, Caron, Côté, Denis, Déziel,
Harvey (Dubuc), Lachance, Lecours, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent
(Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières,
Verreault, Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard, Bé- dard
(Chicoutimi), Samson, Bellemare (Johnson), Choquette, Roy, Leduc.
Le Président: Pour: 86 Contre: 0 Cette motion est
adoptée.
Projet de loi déféré à la commission
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit maintenant déféré à la commission
parlementaire de la justice.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
M. Levesque: Suspension des règles.
Le Président: II y a également une motion de
déférence.
M. Levesque: Avec suspension des règles de pratique
ordinairement suspendues.
Le Président: Quant à la publicité. M.
Levesque: Quant à la publicité. Le Président:
D'accord.
M. Levesque: Quant aux avis, plutôt. Pas quant à la
publicité, quant aux avis.
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté, oui.
Déclarations ministérielles. L'honorable ministre des
Finances.
Mesures fiscales M. Raymond Garneau
M. Garneau: Suite aux projets de loi présentés par
mes collègues du Revenu et des Richesses naturelles, qui
concrétisent les mesures fiscales annoncées dans le discours sur
le budget du 17 avril 1975, j'aimerais préciser le contenu de certains
règlements découlant de l'application de ces lois.
Premièrement, suite au budget fédéral du 23 juin
dernier et dans le but d'assurer l'harmonisation fiscale entre les provinces,
le gouvernement adoptera un règlement autorisant, à compter du
1er janvier 1976, une déduction spéciale de 25% des
bénéfices de production des compagnies minières et
pétrolières. Cette mesure, comme on le sait, est introduite pour
compenser les entreprises
de la non-déductibilité des droits et redevances
payés aux provinces.
Deuxièmement, comme vous le savez, antérieurement au
discours sur le budget, les compagnies minières pouvaient obtenir une
réduction de leur montant de taxe de vente à payer sur leurs
achats d'équipement et de biens pour usage et consommation servant
à produire une matière exportée. Lors du discours sur le
budget, j'avais annoncé que cette mesure ne serait maintenue que pour
les entreprises minières qui se livraient à des opérations
de "smeltage" et d'affinage. Nous sommes maintenant en mesure de
préciser davantage cette politique.
Les règlements concernant la réduction de la taxe de vente
au détail en fonction des exportations et s'appliquant aux entreprises
minières seront modifiés de façon à prévoir
la réduction de taxe de vente au détail s'appliquant aux
équipements et achats pour usage et consommation servant aux fins
exclusives des opérations de traitement du minerai ultérieures
à l'extraction. Ces nouvelles règles toucheront les
équipements et autres biens pour usage ou consommation achetés
après le 1er avril 1975. Pour ceux achetés avant cette date,
l'exemption antérieure au budget sera maintenue dans la mesure où
ils seront livrés avant le 1er avril 1976.
Troisièmement, j'aimerais annoncer que la mesure actuelle
permettant la création, au moyen d'amortissements, d'une perte locative
déductible contre les autres types de revenu sera reconduite pour les
immeubles à logements multiples dont la mise en chantier aura
débuté avant la fin de l'année 1977.
Cette mesure, qui s'applique également ailleurs au Canada,
contribuera, je l'espère, à favoriser la construction de ce type
de logement chez nous.
Le Président: Le chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, voilà une
déclaration ministérielle qui confirme, bien enveloppé
dans le jargon technique, le recul du Québec sur la question des droits
miniers et apporte une mesure tout à fait insuffisante pour ce qui est
de la relance de la construction de logements.
En premier lieu, la déduction spéciale de 25% est la
concrétisation d'un compromis douteux intervenu entre le pouvoir
fédéral et les provinces, la concrétisation d'une
défaite du Québec et des provinces pour ce qui est des droits
miniers, pour ce qui est de la rente tirée des richesses naturelles,
qui, d'après la constitution, relèvent de leur compétence.
Les provinces ont tenté d'augmenter les redevances qu'elles
perçoivent sur leurs richesses naturelles, mais Ottawa a fait
échouer cette revendication, a fait avorter cette tentative en refusant
la déductibilité. Pourtant, il n'était que
légitime, il n'était que juste que le Québec, que les
provinces soient les seules à tirer une rente éco- nomique de
l'exploitation de leurs propres richesses naturelles. Ce compromis dissimule
mal un nouveau recul du Québec. Je me demande où en est le
fédéralisme rentable, à la suite d'une déclaration
comme celle-là.
En second lieu, nous sommes devant la reconduction des dispositions
spéciales permettant de rendre une perte locative déductible des
autres types de revenus. C'est une mesure bien insuffisante, à notre
avis, pour relancer la construction de logements. Le problème est bien
plus grave que cela dans la construction; nous savons que celle-ci a
baissé de façon dramatique, au cours de l'année
écoulée.
Il fallait une relance vigoureuse, il fallait une politique de
construction de logements favorisant non seulement les logements unifamiliaux,
mais sans doute les immeubles à logements multiples. Nous avons
suggéré au gouvernement d'agir, comme cela s'est fait ailleurs
dans d'autres provinces, même en Ontario, et de mettre à la
disposition de ceux qui construisent une nouvelle maison une prime, une
subvention de $1,000. Je sais que le ministre a déjà
refusé. Je ne m'attendais pas qu'il accepte de mettre de l'avant une
mesure qui aurait pu réaliser enfin un objectif social de cette
portée.
M. Garneau: Cela ne marche pas. Cela ne fonctionne pas.
M. Morin: M. le Président, en conclusion, nous sommes
encore devant des demi-mesures, des quarts de mesures même, alors que la
situation économique du Québec appelait un plan d'ensemble
vigoureux pour relancer l'économie.
Le Président: Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, cette déclaration
ministérielle, bien sûr, ne change pas le système actuel,
le système dans lequel nous vivons. Il n'y a aucun changement du
système économique. Nous assistons à un aménagement
au sein du système existant. Etant un représentant d'une
région minière, je dois vous dire, au nom des citoyens et de la
région que je représente, de ces nombreux citoyens qui prennent
leur source de vie à partir de l'industrie minière, que ces gens
ne sont pas des pelleteurs de nuages avec des pelles à charbon. Ce sont
des gens qui sont pratiques et qui préfèrent manger aujourd'hui
et garantir la sécurité de leur famille plutôt que
d'être dans l'attente de formules dans les nuages.
M. le Président, il y a un fait qui existe: c'est que la Noranda
Mines, qui devait construire une usine importante à Noranda, a dû
arrêter ses travaux parce qu'il y avait concurrence fiscale entre le
Québec et l'Ontario. Pendant le même temps, une compagnie, la
Texasgulf, à Timmins, contrui-sait une usine très importante, ce
qui pouvait risquer de faire avorter à jamais le projet de construction
de la Noranda, et cela se trouve dans la province de Québec.
Cet aménagement, quoique ne changeant pas le système,
comme je l'ai dit tantôt, harmonise un peu la situation entre les
provinces, nous ramène sur un plan plus concurrentiel. Pour l'instant,
c'est ce qui est important, d'être concurrentiel avec l'Ontario, sinon la
région minière de l'Ouest et du Nord-Ouest
québécois risque encore une fois d'être obligée de
faire appel au gouvernement pour faire vivre ses citoyens de l'aide sociale.
Quand on ferme une mine chez nous, on ferme souvent des villes. C'est pour
cette raison que je crois que bien que n'ayant pas atteint la perfection, le
ministre des Finances vient amoindrir, par sa déclaration
ministérielle, ce risque. Les gens de la région du Nord-Ouest
québécois en sont bien conscients.
Le Président: Dépôt de documents.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Modifications au projet de loi no 8
M. Levesque: M. le Président, je voudrais déposer
les modifications au projet de loi no 8, Loi modifiant la Loi de la division
territoriale, ce qui permettra aux députés de voir quels sont les
changements dans la description des districts judiciaires. C'est assez
technique. Peut-être que chacun des députés pourra voir si
cela affecte son district judiciaire plutôt que d'apporter les
amendements au moment même de l'étude de la loi. Cette
procédure permettra, autrement dit, à chacun des
députés de voir s'il est d'accord avec ces changements. C'est
plutôt d'ordre technique.
Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres
dépôts de documents?
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
Corresponsance au sujet de l'aluminerie de
Saint-Augustin
M. Saint-Pierre: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer deux copies d'une lettre en date du 3 décembre 1975
adressée à M. Armand Trottier, de la Communauté urbaine de
Québec, au sujet d'un projet d'aluminerie dans la région de
Québec.
Le Président: Questions orales des députés.
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Commission de la capitale nationale
M. Morin: M. le Président, ma question est destinée
au ministre des Affaires intergouvernementales, que j'avais le sentiment de
négliger depuis quelque temps.
Le ministre peut-il nous dire quand et comment il a été
informé de la décision de la Commission de la capitale dite
nationale, rendue publique le 27 novembre dernier, à l'effet de blo-
quer toute contribution financière de sa part à la construction
des autoroutes A-5 et A-50, tant que les travaux relatifs à
l'épuration des eaux par la Communauté régionale de
l'Outaouais ne seraient pas accélérés.
En second lieu, le ministre peut-il nous expliquer pourquoi, à la
suite de cet ultimatum car c'en était un de la Commission
de la capitale dite nationale, il a décidé de geler
les travaux de construction routière, plutôt que de
dénoncer le chantage dont il a fait l'objet de la part de la CCN?
Peut-il nous dire qui est le vrai gouvernement dans cette région du
Québec?
M. Cloutier: M. le Président, le député de
Hull, qui est ministre d'Etat aux Affaires intergouvemementales, est
chargé particulièrement de ce dossier. Alors, je crois qu'il
pourrait certainement nous apporter les informations souhaitées.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection, mais je m'adressais au
ministre des Affaires intergouvernementales.
M. Cloutier: J'ai répondu. Le député de
Hull, ministre d'Etat aux Affaires intergouvernementales, est
particulièrement chargé de ce dossier dont il s'occupe
quotidiennement.
M. Morin: Dois-je comprendre que la région de Hull ne fait
pas partie du Québec?
M. Cloutier: Je le prie donc de bien vouloir répondre.
C'est un signe de coopération au sein de notre gouvernement.
M. Morin: M. le Président, je croyais m'adres-ser au
ministre compétent! Dois-je comprendre que la...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Morin: ... région de Hull ne fait plus partie du
Québec?
Le Président: L'honorable ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales.
M. Parent (Hull): M. le Président, je suis
déçu de constater que le député de Sauvé
s'offusque du fait que je sois maintenant responsable d'un secteur du
ministère des Affaires intergouvernementales. Je pourrais lui dire
que...
M. Morin: C'est offusquant pour le Québec!
M. Parent (Hull): Oui, beaucoup plus pour le Parti
québécois qui prône l'intégrité du
territoire, quand le président régional du Parti
québécois dans la région de l'Outaouais vient de vendre un
terrain de gré à gré au gouvernement
fédéral.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Parent (Hull): Les propos que vous pouvez
engager continuellement dans votre démagogie quotidienne ne
valent nullement les piastres...
M. Morin: Vous fournirez des détails.
M. Parent (Hull): Oui, oui, j'y viendrai. Ne valent nullement les
piastres que retire un individu qui prône le séparatisme dans le
Québec...
M. Léger: La réponse, c'est quoi?
M. Parent (Hull): ... dans la région de l'Outaouais, en
vendant sa propriété, à 84 boulevard Saint-Joseph...
M. Léger: La réponse, c'est quoi?
M. Parent (Hull): ... au gouvernement fédéral pour
$135,000 de gré à gré.
Le Président: A l'ordre, messieurs! Revenons à la
question principale.
M. Parent (Hull): Ce sont ces gens, M. le Président, qui
viennent nous parler d'intégrité de territoire dans la province
de Québec. Franchement, c'est édifiant! Vraiment
édifiant!
M. Morin: La réponse à ma question, c'est quoi?
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Parent (Hull): M. le Président...
Le Président: Messieurs!
M. Parent (Hull): ... pour revenir à la question du
député de Sauvé, je pourrais lui dire d'abord qu'il n'y a
jamais eu de gel, qu'il y a un avis du gouvernement fédéral
à l'effet que, s'il n'y avait pas |'entente intervenue dans les
quinze jours pour assurer la protection de la rivière Outaouais,
éviter les déversements des égouts dans la rivière
et pour qu'un échéancier soit établi pour la construction
de l'usine d'épuration et de l'intercepteur régional, il y aurait
gel de la part du fédéral.
Nous sommes intervenus immédiatement et, hier soir, j'avais une
rencontre ici, à Québec, avec les autorités
fédérales; le tout est revenu à l'ordre. Nous nous sommes
entendus sur un échéancier et les deux parties ont
agréé. L'entente complémentaire a même
été agréée hier soir concernant l'augmentation des
coûts de $45 millions à $120 millions. Le gouvernement assumera
encore sa part du tiers du coût des travaux tel que prévu à
l'entente originale.
M. Morin: J'ai une question supplémentaire, M. le
Président. Puisque le ministre parle des coûts de ces travaux
je ne sais auquel je dois m'adresser, j'imagine...
M. Cloutier: Adressez-vous au gouvernement, nous
répondrons.
M. Morin: ... que c'est au même député. Le
ministre pourrait-il nous dire s'il est au courant de l'opinion émise
par le maire de Val-des-Monts, M. Laflamme, à l'effet que les travaux
relatifs à l'épuration des eaux pourraient coûter non pas
$45 millions, ce qui est déjà acquis d'après ce que le
ministre vient de nous dire non pas même $120 millions comme il vient de
l'affirmer, mais plutôt $200 millions? Le ministre peut-il nous dire qui
paiera les excédents de coûts si les travaux dépassent $120
millions comme il vient de l'affirmer?
Deuxièmement, advenant qu'on ne puisse poursuivre en même
temps le programme d'épuration des eaux et le programme de construction
routière, à cause des contraintes financières, pourrait-il
nous préciser lequel des deux programmes est jugé prioritaire par
le gouvernement?
M. Parent (Hull): Les deux programmes sont jugés
prioritaires. L'entente qui est intervenue hier soir sur la question de l'usine
d'épuration et de l'intercepteur régional était
déjà en gestation depuis plus de six mois alors que nous avions
prévenu la communauté régionale du projet d'une entente
complémentaire.
L'entente complémentaire prévoit le partage à un
tiers par le gouvernement fédéral du coût des travaux,
évalué actuellement en dollars 1975 à $120 millions, quoi
que puisse en dire le chef de l'Opposition. S'il y avait excédent dans
le coût des travaux, il serait partagé par les parties en cause,
c'est-à-dire le gouvernement du Québec et la Commission de la
capitale nationale, puisque l'apport de la communauté régionale a
été limité à $20 millions. En ce qui concerne le
réseau routier, la programmation et l'échéancier ont
été établis et approuvés par les deux parties en
cause et signataires de l'entente.
Le Président: Le député... Dernière,
dernière question supplémentaire.
M. Morin: Volontiers, M. le Président. Le ministre
pourrait-il nous dire s'il est exact que la CRO a décidé de
retirer son représentant du comité tripartite qui coordonne les
travaux dont j'ai parlé tout à l'heure et qu'elle aurait
exprimé au ministre ou à son collègue, je ne sais
trop de sérieuses réticences, de sérieuses
réserves devant la signature du projet d'entente tripartite qui lui a
été soumis le mois dernier?
M. Parent (Hull): M. le Président, le député
de Sauvé est mal informé. La communauté régionale
retire temporairement son représentant du comité technique de
l'usine d'épuration en attendant une rencontre avec celui qui vous
parle, rencontre qui a été fixée à lundi matin de
la semaine prochaine, pour discuter des amendements proposés par la CRO
à l'entente complémentaire sur l'usine d'épuration. Mais
déjà, ce matin, au cours d'une conversation
téléphonique avec le président de la communauté,
nous nous sommes entendus sur les principes qui prévaudront dans
l'entente complémentaire.
M. Gratton: Supplémentaire, M. le Président.
Le Président: Supplémentaire. Le
député de Gatineau.
M. Gratton: Le ministre d'Etat a parlé d'une transaction
quelconque avec le président du Parti québécois
régional, pourrait-il nous dire le nom de cette personne?
M. Parent (Hull): II s'agit bien de Pierre Pa-quin et de Marc
Paquin qui sont les deux propriétaires de l'immeuble en question, qui
est situé aux nos 84 et 86 de la rue Saint-Joseph. Il n'y a eu aucune
expropriation, ni par le gouvernement du Québec, ni par le gouvernement
d'Ottawa. Cela a été une vente de gré à
gré.
Le Président: Le député de Lafontaine.
Primes d'assurance-automobile
M. Léger: M. le Président, ma question concerne
l'assurance-automobile. En l'absence du ministre des consommateurs qui refait
le même voyage effectué par le ministre précédent
dans les provinces de l'Ouest pour trouver des "bibites" dans l'assurance
étatique de l'Ouest, je vais demander au premier ministre s'il a
été informé que les compagnies d'assurance-automobile
prévoient une augmentation de leurs primes, en février prochain,
dans une proportion variant de 10% à 25%. Deuxièmement, est-ce
que le gouvernement entend prendre des mesures, avant la fin de la
présente session, pour geler immédiatement le prix de
l'assurance-automobile, en attendant que le gouvernement se décide sur
des mesures provenant du rapport Gauvin?
M. Bourassa: M. le Président, j'avais déjà
posé une question au député, au sujet du document qu'il
avait rendu public et qui était un document gouvernemental. J'avais
posé la question à savoir s'il avait...
M. Léger: Voulez-vous répondre à la mienne?
M. Bourassa: Non, non, d'accord.
M. Léger: C'est parce que je n'ai pas le droit de vous
répondre. Je pourrais vous répondre si j'en avais le droit, mais
je n'en ai pas le droit. Répondez à la mienne; vous, vous avez le
droit de répondre à la mienne.
M. Bourassa: Mais je veux vous signaler que...
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Bourassa: Je voulais savoir, M. le Président, s'il
avait incité les fonctionnaires à la déloyauté pour
avoir ce document.
M. Léger: Réponse à ma question.
M. Bourassa: S'il l'a fait, c'est moralement...
M. Léger: Une question de privilège, M. le
Président. J'invoque le règlement...
M. Bourassa: ... inacceptable.
Le Président: Question de règlement.
M. Léger: M. le Président, le premier ministre sait
fort bien que je n'ai pas le droit de répondre à des questions en
Chambre. Alors, pour quelle raison ne répond-t-il pas à ma
question? Lui, il a le droit de répondre à ma question.
J'attends une réponse et non pas de la démagogie du
premier ministre du Québec.
M. Lacroix:... droit de donner des documents. Le
Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bourassa: En répondant, je pose simplement la question
si le député de Lafontaine...
M. Léger: Voulez-vous que je réponde
après?
M. Bourassa: ... a incité des fonctionnaires à la
déloyauté pour obtenir son document. Je pose simplement la
question. S'il l'a fait...
M. Léger: Ai-je la permission de la Chambre pour
répondre?
Le Président: A l'ordre!
M. Bourassa: II a fallu qu'il obtienne ce document d'une
façon ou d'une autre. Le chef de l'Opposition parlait à
l'occasion des crédits...
M. Léger: Est-ce que je pourrai vous répondre
après que vous m'aurez répondu?
M. Bourassa: ... des Affaires intergouvemementales; il disait
qu'il épiait les ministères, que le Parti québécois
épiait les ministères.
M. Léger: J'invoque le règlement. J'invoque la
question de privilège. Le premier ministre, plutôt que de
s'occuper des consommateurs qui voient les primes d'assurance augmenter, fait
de la démagogie.
Le Président: A l'ordre, à l'ordre!
M. Léger: Ma question de privilège est la suivante.
Le premier ministre m'a accusé d'avoir incité un fonctionnaire
à la déloyauté parce que j'ai produit publiquement...
M. Massicotte: Cela fait mal, cela fait mal! Le Président:
S'il vous plaît, messieurs! M. Léger: ... un document public. M.
Lacroix: Un document que vous avez volé.
M. Léger: Je tiens à dire au premier ministre qu'il
devrait être au courant qu'il y a huit mois ce document a
été publié dans le journal Le Devoir. Il le sait fort
bien. Il essaie de me retourner la balle. Ce que j'ai utilisé, c'est un
document qui provient d'un comité d'étude payé à
même la Fonction publique, à même les revenus des
Québécois. C'est justement dans le but de permettre au
gouvernement de bouger et de ne pas laisser augmenter les primes d'assurance
inutilement que j'ai donné à la publication, aux journaux, le
document entier qui avait déjà été publié
partiellement dans les journaux.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bourassa: Ah! Quel aveu! Partiellement dans les journaux. Le
document a été...
M. Léger: Je peux vous dire que je ne l'ai pas eu d'un
fonctionnaire.
Le Président: Messieurs!
M. Lessard: Vous cachez toutes les études. Sortez-les
donc, les documents publics!
M. Bédard (Chicoutimi): Sortez donc vos rapports!
M. Bourassa: Le député a
présenté...
M. Lessard: Ce n'est pas payé par les petits Simard,
ça!
Le Président: Messieurs! Messieurs! M. Bourassa: Le
député a présenté cela... M. Burns:
Arrêtez de nous... par cachettes. M. Bourassa: M. le
Président...
M. Charron: De toute façon, le document n'a pas
été publié pendant les heures de travail des
fonctionnaires.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bourassa: Le député de Lafontaine a
présenté le document comme une révélation.
M. Léger: J'invoque le règlement.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît, à
l'ordre! Je crois qu'il n'y a pas de débat 6ur cette question de
privilège. J'inviterais le premier ministre, s'il le désire,
à répondre à la question qui a été
posée en premier lieu.
M. Bourassa: Je suis tout à fait d'accord, mais le Parti
québécois ou les députés du Parti
québécois aiment bien jouer au dragon de vertu alors
qu'eux-mêmes emploient des méthodes très condamnables sur
le plan de l'éthique.
M. Léger: C'est quoi, ma réponse?
M. Bourassa: Ce n'est pas le seul cas, dans l'élection de
Johnson, il y avait un sondage truqué.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! M. Léger:
Ma réponse, c'est quoi?
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Bourassa: Je ne sais pas si le député de Johnson
se souvient du sondage truqué par le Parti québécois la
veille de l'élection.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît, à
l'ordre!
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Léger: Un instant, M. le Président! Le
Président: II n'y a pas de réponse.
M. Burns: M. le Président, la réponse! Quand
même!
M. le Président, j'invoque le règlement.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
messieurs!
M. Léger: M. le Président... Le
Président: Un à la fois.
M. Léger: Question des primes d'assurance, M. le
Président. Est-ce que le premier ministre peut redevenir, de temps en
temps, le premier ministre du Québec?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Posez une
question additionnelle.
M. Léger: Je vais poser une question additionnelle. Je
vais répéter, pour le premier ministre, les deux premières
questions qu'il n'a pas comprises. Est-ce que le premier ministre est au
courant que les compagnies d'assurance-automobile se préparent à
augmenter leurs primes d'assurance, en février, de 10% à 25%?
Deuxièmement, est-ce qu'il entend, avant la fin de la session,
geler les primes d'assurance au moins pour qu'il ait le temps de donner suite
au rapport Gauvin? Ma question supplémentaire, parce que je craindrais
qu'avec cela on noyaute...
Des Voix: On noyaute!
M. Léger: ... on noie le poisson. Est-ce que le
gouvernement a l'intention de se donner des pouvoirs immédiatement pour
rendre obligatoire une approbation préalable a toute augmentation
d'assurance-automobile par les compagnies avant qu'elles ne le fassent
d'elles-mêmes?
M. Bourassa: M. le Président, ceci étant dit, je
voulais simplement faire valoir certains points, mais je dois admettre que les
questions du député sont très importantes, parce qu'elles
touchent l'ensemble des citoyens québécois. Alors c'est beaucoup
plus sérieux que les questions sur les lignes ouvertes du chef de
l'Opposition, vendredi et mardi après-midi.
M. Morin: On voit que cela vous faisait mal.
M. Bourassa: Non. Nous discuterons, la semaine prochaine, au
retour du ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières puisque le ministre...
M. Burns: II n'y a pas de système là-dedans, ce
n'est pas un système, il n'y a pas de problème.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bourassa:... doit faire des propositions au conseil des
ministres dans les prochains jours.
M. Léger: Une question supplémentaire, M. le
Président.
Est-ce que le premier ministre compte prendre des mesures? Le ministre
actuel des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières fait le même voyage que l'ancien ministre a fait avant
dans les provinces de l'Ouest; il n'y a rien de nouveau. Est-ce que le premier
ministre a l'intention de prendre des mesures avant la fin de la session, qui
se termine très bientôt, pour geler les primes d'assurance et, en
même temps, pour régler un des problèmes majeurs qui fait
que les primes d'assurance augmentent? C'est le fait que les compagnies
d'assurance sont dans une période d'incertitude concernant la
décision du gouvernement. Est-ce qu'il va donner suite aux
recommandations du rapport Gauvin et étatiser bientôt
l'assurance-automobile les compagnies d'assurance veulent le savoir
est-ce que le premier ministre a l'intention de continuer à
servir les groupes intermédiaires qui font des profits avec
l'assurance-automobile, comme les avocats, les courtiers et les compagnies
d'assurance ou s'il va s'occuper des consommateurs? Est-ce que le premier
ministre peut nous répondre s'il va régler ce problème
avant la fin de la session de façon qu'en gelant les salaires, comme il
veut le faire, il gèle aussi les primes d'assurance? Ce sont les
mêmes consommateurs qui auront à payer ces augmentations en
double.
M. Bourassa: M. le Président, je dois rétablir les
faits. Les salaires ne sont pas gelés...
M. Léger: Ils sont limités par la loi.
M. Bourassa: ... ils sont contrôlés, il y a des
augmentations autorisées jusqu'à 10% et, dans certains cas, il y
a du rattrapage. On l'a vu dans le cas des ouvriers...
M. Léger: Les primes d'assurance.
M. Bourassa:... du secteur des affaires sociales. Oui, mais vous
dites des faussetés, j'ai le droit de rétablir les faits.
M. Levesque: Certainement.
M. Bourassa: Ce n'est pas du gel...
M. Léger:... vos faussetés.
M. Bourassa: Les dividendes sont gelés au niveau
antérieur, mais dans le cas des salaires c'est simplement un
contrôle avec des autorisations d'augmentation.
M. Léger: Les primes d'assurance.
M. Bourassa: Cela peut aller au-delà de 10% ou 12%, si
c'est soumis à la commission. La commission peut entériner
certaines augmentations dans des cas spéciaux.
M. Léger: Les primes d'assurance.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourassa: C'est complètement...
M. Levesque: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir
le silence?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Bourassa: C'est complètement faux de dire que les
salaires sont gelés alors qu'il n'y a pas...
M. Léger: Les primes d'assurance, s'il vous
plaît.
M. Bourassa:... pour ce qui a trait aux primes. Le
Président: A l'ordre!
M. Bourassa: ... le ministre des Consommateurs. Nous sommes dans
une période d'inflation...
M. Burns: Répondez aux questions, on ne vous interrompra
pas.
M. Bourassa: J'ai le droit de rétablir les faits quand il
se dit des faussetés.
M. Burns: Vous avez le droit.
M. Léger: Les primes d'assurance normales.
M. Burns: Parlez du sujet qui nous concerne.
M. Bourassa: Arrêtez de faire des erreurs dans les
prémisses de vos questions, puis les réponses vont être
plus courtes.
M. Léger: Les primes d'assurance.
M. Bourassa: Ce que je dis, c'est que nous sommes dans une
situation d'inflation et je pense...
M. Burns: Vous n'êtes pas au canal 10, ici.
M. Bourassa: ... le voyage.
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: Vous n'êtes pas au canal 10.
Le Président: A l'ordre, messieurs! Messieurs! Est-ce
que... A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît.
M. Bourassa: Avez-vous regardé l'émission? M.
Burns: Bien certain, j'avais tout le temps.
M. Léger: Vous n'avez pas l'air tellement
assuré.
M. Bourassa: Le ministre des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières, dans une période d'inflation, est
tout à fait justifié de voir les conséquences des formules
qui, dans un tel contexte, ont été adoptées ailleurs.
C'est pourquoi, dans les prochains jours, les prochaines semaines, probablement
mercredi prochain, le ministre pourra faire rapport au conseil des ministres
des mesures qui pourraient être prises.
M. Léger: Dernière question supplémentaire,
M. le Président.
Est-ce que le ministre peut me répondre rapidement? Allez-vous,
d'ici la fin de la session, geler les primes d'assurance-automobile, oui ou
non?
M. Bourassa: J'ai dit, M. le Président, que le ministre en
discuterait au conseil des ministres dans les prochains jours. Je crois qu'il y
a quand même une expérience qui se fait dans d'autres provinces et
on va tirer les conclusions de cette expérience. Je crois que le
député, qui est censé être spécialiste, doit
savoir ce qui s'est fait. Il ne s'agit pas d'être peureux; il s'agit
d'être responsable et de voir ce qui s'est fait ailleurs.
M. Charron: Vous êtes un peureux. M. Bourassa: Parce
qu'il peut y avoir...
M. Léger: Vous êtes impuissant et
incompétent.
Le Président: Messieurs, s'il vous plaît!
M. Bourassa: M. le Président, nous allons tirer
l'expérience de ce qui s'est fait ailleurs à la lumière
des études qui ont été faites, et la semaine prochaine le
ministre pourra répondre très précisément...
M. Léger: II ne compte pas, le rapport de l'autre ministre
qui est allé dans l'Ouest?
Le Président: Y en a t-il un autre qui veut
présider, s'il vous plaît? Un peu d'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Bourassa: La semaine prochaine, le ministre pourra
répondre aux questions du député. Je lui demande
d'attendre quelques jours avant d'avoir les réponses.
Le Président: Question additionnelle. Le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je voudrais demander au premier ministre, en question
additionnelle, s'il peut nous dire si le gouvernement...
Le Président: Question additionnelle.
M. Samson: ... est capable de faire quelque chose pour
empêcher les augmentations qui sont prévues et également
pour que les compagnies continuent d'assurer. Je pense qu'on est tous au
courant qu'il y a plusieurs compagnies qui refusent actuellement d'assurer les
risques des automobilistes. Le gouvernement peut-il faire quelque chose sur ces
deux questions?
M. Bourassa: Je pense que les lois actuelles s'il y a lieu
de les modifier, nous allons les modifier peuvent permettre au
gouvernement de poser des gestes. C'est ce que nous allons discuter dans les
prochains jours.
Le Président: Dernière question additionnelle. Le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: J'ai une question sérieuse à poser au
premier ministre.
C'est une question sérieuse, M. le Président, et je compte
sur une réponse sérieuse. Il y a trois semaines, j'ai
interrogé l'honorable ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières précisément sur cette question;
il m'a répondu qu'il étudiait la question. Le premier ministre
nous répond aujourd'hui qu'il étudie la question. Je veux savoir
du premier ministre quand le gouvernement va cesser d'étudier les
études et qu'il va passer à l'action. Cela fait deux hausses que
nous avons des primes d'assurance-automobile et cela fait deux ans que nous
étudions le dossier au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. Je veux savoir quand le
gouvernement passera aux actes et qu'on va cesser de dépenser les
millions des Québécois pour étudier des études et
considérer des considérations.
M. Bourassa: M. le Président, nous avons quand même
adopté 600 lois depuis que nous sommes au pouvoir. C'est quand
même un témoignage de l'action du gouvernement dans tous les
secteurs.
Le gouvernement va agir au moment opportun.
M. Léger: Un gouvernement épais.
Le Président: Le député de Rouyn-Noranda.
Question principale.
Hausse des tarifs de Bell Canada
M. Samson: M. le Président, question principale. Je
voudrais l'adresser au premier ministre pour lui demander si le Québec a
fait des représentations et quels ont été les
résultats de ces représentations concernant la demande de Bell
Canada d'une nouvelle hausse de ses tarifs?
M. Hardy: M. le Président, comme dans le passé, le
gouvernement du Québec, par le ministère des Communications,
s'est présenté devant la Commission canadienne des transports et
a tâché d'obtenir toutes les informations possibles sur la
requête de Bell Canada. Nous continuons, comme cela s'est fait dans le
passé, à contester les pouvoirs de la Commission canadienne des
transports et la façon...
M. Charron: La contestation permanente.
M. Hardy: Pardon?
M. Charron: La contestation permanente.
M. Hardy: Mais c'est une contestation plus intelligente que celle
que vous faites dans la rue.
M. Charron: Elle a donné quoi jusqu'ici? Elle a
donné quoi jusqu'ici aux Québécois?
Le Président: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre! ... A
l'ordre, messieurs!
M. Hardy: Cette contestation, qui a été entreprise
par le ministère des Communications sous mon prédécesseur
et que j'ai continuée, a pour effet d'obliger la compagnie Bell Canada
à dire pourquoi elle choisit telle forme d'investissement plutôt
que telle autre, de justifier les raisons d'être de son investissement,
de justifier pourquoi elle ne donne pas tel service plutôt que tel autre
et, finalement, de justifier ses demandes de hausse de tarifs.
M. Charron: Qui décide?
M. Hardy: Bien sûr, si on était de parfaits
irresponsables comme les gens qui siègent en face de nous, on se
contenterait de dire...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Hardy: J'ai dit en face de nous. Ce n'est pas
nécessaire.
M. Samson: Je tiens à ce que des nuances soient
apportées.
M. Hardy: M. le Président, ce n'est pas
nécessaire.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Hardy: II est évident je l'ai expliqué il
y a quelques jours que...
M. Charron: Vous oubliez ses états de service. Le
Président: A l'ordre, à l'ordre!
M. Hardy:... quand je parle d'en face de nous, je parle de ceux
qui sont immédiatement...
M. Samson: M. le Président, une question de
privilège.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Samson: M. le Président, je demanderais au
député de Saguenay de retirer ses paroles.
Le Président: Je n'ai pas saisi. Le député
de Saguenay n'avait pas la parole à ce moment-là. Je m'excuse,
mais je n'ai pas compris ce qu'il a dit. Il n'avait pas la parole. Je ne
voudrais pas même entendre ou que vous répétiez. Je ne peux
pas statuer sur des choses sur lesquelles je n'ai pas le contrôle.
L'honorable ministre des Communications.
M. Samson: Quand même, sur la même question de
privilège, je vais laisser faire le député de Saguenay. De
toute façon, si vous n'avez pas compris, c'est déjà une
bonne chose.
Je voudrais demander au ministre des Communications, quand il parlera de
ses amis d'en face, de considérer...
M. Marchand: Pas de courage!
M. Samson:... qu'en face il y en a de plusieurs sortes!
Le Président: A l'ordre!
M. Samson: II y a même des libéraux.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Hardy: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
l'expliquer l'autre jour en répondant au député de
Saint-Jean. Quand je parle des gens d'en face, ce n'est pas physiquement, c'est
selon la tradition parlementaire. Les gens d'en face, ce sont ceux qui,
temporairement, forment l'Opposition officielle.
M. Léger: On prendra le pouvoir la prochaine fois!
M. Lessard: Avant d'être au pouvoir!
Le Président: A l'ordre, messieurs! M. Burns: Votre avenir
est en face.
M. Hardy: Oui, mais vous, votre avenir est en dehors!
M. Burns: Votre avenir est en face.
M. Hardy: M. le Président, je disais donc que, si nous
manifestions le même sens d'irresponsabilité que les gens de
l'Opposition officielle, on se contenterait tout simplement de dire: Non, nous
nous opposons à l'augmentation des tarifs de Bell Canada. C'est
évident qu'il y a des gens qui diraient: Ils sont bons, ils s'opposent.
Ils ne veulent pas qu'on paie plus cher. Or, comme nous essayons d'assumer nos
responsabilités d'une façon honnête...
M. Charron: Comme vous n'avez pas le pouvoir.
M. Hardy: C'est cela de l'honnêteté.
M. Charron: Et comme vous n'avez pas le pouvoir de
décider.
Le Président: A l'ordre, messieurs! Pas d'argumentation,
s'il vous plaît.
M. Hardy: C'est très factuel, M. le Président. Je
dis que nous assumons nos responsabilités de façon honnête.
Y a-t-il quelque chose de plus factuel que cela?
Le Président: Est-ce que vous demandez le consentement
unanime de la Chambre?
M. Hardy: Dans nos représentations à la commission
canadienne, c'est-à-dire d'abord pendant les auditions, pendant l'examen
de la preuve de Bell Canada, nous avons tâché d'obtenir le maximum
d'informations et de renseignements. Finalement, le plaidoyer qui a
été déposé par le ministère,
substantiellement, dit à peu près ceci: Nous ne pouvons pas dire
si, oui ou non, les demandes de Bell Canada sont justifiées...
Des Voix: Ha! Ha!
M. Hardy: C'est cela! Je vous l'ai dit qu'ils étaient
irresponsables. Je vous l'ai dit.
M. Léger: On a le droit de rire quand c'est comique!
M. Hardy: Nous ne sommes pas capables de nous prononcer, parce
que...
M. Charron: Ils ne sont pas capables de se prononcer, M. le
Président, il a tout fait cela pour nous dire cela.
Le Président: S'il vous plaît, un peu de tenue, s'il
vous plaît!
M. Hardy: Tout simplement, M. le Président, parce que la
preuve fournie par Bell Canada n'est pas suffisamment explicite. Donc, M. le
Président, nous ne pouvons pas dire non plus que la requête est
fondée et nous ne pouvons pas déclarer, d'une façon...
M. Charron: Ne déclarez rien.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Hardy: ... et nous ne pouvons pas... M. le Président,
un instant, c'est facile de faire les bouffons comme ils le font en face,
très facile.
M. le Président, ce que nous réclamons...
M. Charron: II réclame, il réclame, M. le
Président.
Le Président: Messieurs, est-ce que vous...
M. Hardy: Vous êtes aussi imbéciles qu'un certain
nombre de ceux qui siègent en haut. Vous vous ressemblez bien. Quand on
vous écoute et qu'on lit certains écrits de ceux qui
siègent en haut, vous avez le même degré
d'imbécilité.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Hardy: Or, M. le Président, nous réclamons que
la procédure de la Commission canadienne des transports soit
modifiée de façon que la Commission canadienne des transports et
ceux qui comparaissent devant cette commission puissent obliger Bell Canada
à fournir toutes les explications dont nous avons besoin, avant que des
tarifs soient accordés.
M. Samson: Question supplémentaire, M. le
Président. J'espère que je pourrai avoir une réponse. Le
ministre peut-il nous dire si le Québec a appuyé la demande de
l'Ontario pour une coupure dans les demandes de hausse de tarifs de Bell Canada
de $25.3 millions?
M. Hardy: C'est-à-dire que nous avions notre propre
preuve. Je viens de vous dire que non seulement nous avons appuyé les
coupures mais nous avons dit que la façon de procéder
actuellement n'est pas satisfaisante, que pour pouvoir se prononcer, tant
à la Commission canadienne des transports que les intervenants, nous
avons besoin d'une autre formule pour pouvoir fouiller davantage les bilans,
les programmes d'investissements de Bell Canada. Alors, nous demandons, tout
simplement... en d'autres termes, c'est un peu comme pendant un procès,
où une des parties constate que la preuve offerte n'est pas suffisante,
ou les procédures qui sont en cours ne sont pas suffisantes et on
demande des motions pour détails. On déclare que telle que la
preuve est offerte, telle que la procédure est faite actuellement, nous
ne pouvons pas... Ce serait irréaliste, ce serait irresponsable de dire:
C'est 23%, c'est 25%; c'est peut-être 50% des coupures qui devraient
intervenir.
M. Lessard: ... Bell Canada va obtenir ces hausses.
M. Hardy: Mais, actuellement avant de se prononcer sur le montant
qui pourrait être accordé en augmentation ou s'il ne doit pas y
avoir d'augmentation du tout, on doit obtenir des renseignements plus
précis sur l'ensemble des opérations de la compagnie Bell
Canada.
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Samson: M. le Président...
M. Hardy: Si je peux compléter ma réponse, nous
allons au-delà de l'Ontario. L'Ontario dit 23%; nous, nous disons que
nous ne pouvons même pas consentir, actuellement, à une hausse de
tarifs, tant que nous n'aurons pas les explications que nous demandons.
M. Samson: M. le Président, à partir du
moment...
M. Burns: II y a un problème, vous étudiez et vous
allez trouver une solution.
Le Président: A l'ordre, messieurs! M. Samson: ...
à partir du moment où... M. Hardy: ... un tantinet
sérieux.
M. Samson: M. le Président, est-ce que je peux poser ma
question supplémentaire?
Le Président: Je vous invite à le faire.
M. Samson: Je vous remercie, M. le Président. A partir du
moment où le ministre nous dit qu'ils n'ont pas appuyé l'Ontario
dans sa demande de réduction de $25.3 millions; à partir du
moment où le ministre nous dit que, selon les représentants du
Québec, la preuve n'a pas été suffisante devant la
Commission des transports je ne connais pas le jargon des avocats, je ne
suis pas avocat est-ce que cela voudrait dire que le Québec
considère qu'il devrait y avoir un non-lieu, c'est-à-dire
retourner, c'est cela que cela veut dire?
M. Hardy: C'est cela que cela veut dire. Cela veut dire qu'aussi
longtemps que Bell Canada ne fournira pas d'explications
supplémentaires, nous considérons que la commission canadienne
devrait garder le statu quo.
Le Président: L'honorable député de
Laurier.
M. Marchand: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Je voudrais demander aux Affaires sociales s'il
est au courant que dans...
M. Lessard: Elles ne sont pas ici, les Affaires sociales.
M. Marchand: Vous avez fini?
Le Président: Alors, posez votre question. A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Marchand: Vous n'êtes pas debout pourtant! C'est pareil,
mais en tout cas vous n'êtes pas debout.
M. le Président, ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales. Je voudrais savoir...
M. Lessard: ... de trop, moi, ni sur la largeur, ni sur la
hauteur.
M. Marchand: Vous n'êtes pas dans un lieu de braconnage,
ici.
Le Président: Messieurs, s'il vous plaît! Posez
votre question.
Repas du personnel des hôpitaux
M. Marchand: M. le Président, j'aimerais qu'on
écoute. Ma question s'adresse au ministre des Affaires sociales. Je vais
la répéter pour la troisième fois, à cause de
l'interruption des membres du parti séparatiste.
Je voudrais savoir si le ministre des Affaires sociales est au courant
que dans les hôpitaux de Montréal et certains en particulier, les
étudiantes-infirmières, qui naturellement ont moins d'argent,
probablement, que les infirmières elles-mêmes, que les
médecins et tous ceux qui travaillent là, sont obligées de
payer le plein prix pour leurs repas.
En effet, tandis que les travailleurs, médecins et infirmiers
paient $0.50 le repas, les étudiantes-infirmières paient $1.50 et
plus. Je me demande si le ministre des Affaires sociales pourrait aider ces
étudiantes-infirmières à payer un prix raisonnable pour
leurs repas, tel que le font les employés de tels hôpitaux.
M. Forget: M. le Président, les services de santé
n'ont pas été institués pour distribuer des repas au
personnel ou aux visiteurs ou aux étudiants. Il demeure que des services
de cafétéria existent dans la plupart des établissements
de santé auxquels ont accès ces différentes
catégories de personnes. Une catégorie, et une catégorie
seule, a droit à des repas inférieurs au coût. Cette
catégorie est constituée par les employés syndi-cables et
syndiqués qui, en vertu de leur convention collective, se sont vu
garantir un plafond au prix qu'ils doivent payer pour un repas. Toutes les
autres catégories sans exception doivent payer un prix suffisant pour
rencontrer les coûts qu'entraîne le fonctionnement des services
alimentaires. Cette politique d'autofinancement des services alimentaires est
d'application générale tant dans la fonction publique que dans le
secteur des affaires sociales et celui de l'éducation.
M. Marchand: M. le Président, question
supplémentaire: Est-ce que lesdites cafétérias ne
sont pas des organisations déficitaires? Si je me trompe, vous me
reprendrez. Comme généralement, il n'y a pas plus que 20
étudiantes-infirmières et je dis le maximum pendant
quelques mois de l'année, dans un hôpital, qui vont prendre ces
repas -là, ce qui représente à peu près 40 jours
par année, ne pourrait-on pas, pour ces cas spécifiques, leur
donner la chance de payer le même prix que les employés de
l'hôpital? En plus de cela, tout le monde sait que les
étudiantes-infirmières font véritablement un travail
d'infirmière dans ces hôpitaux.
M. Forget: M. le Président, nous demandons aux
établissements hospitaliers non pas de faire des profits, ce qu'ils ne
font pas, je puis vous l'assurer, mais de s'autofinancer. Il est clair que,
s'il y en a qui font des profits, ils sont bienvenus de réduire ces
profits pour diminuer le prix des repas. Il demeure que cette invitation que le
député de Laurier nous fait de diminuer le prix des repas pour
les étudiantes doit s'évaluer dans le contexte d'un régime
de bourses et de prêts pour les étudiantes. Il doit
s'évaluer aussi dans le contexte où, contrairement au
passé, les infirmières qui sont en stage de perfectionnement
clinique dans les établissements hospitaliers ont été
effectivement remplacées par du personnel rémunéré
et qu'on ne s'attend plus qu'elles fassent un travail régulier. Elles
sont en formation; ce sont des étudiantes et elles reçoivent un
service plutôt que d'en fournir.
Le Président: Dernière question. L'honorable
député de Johnson.
M. Marchand: M. le Président, est-ce que je peux remercier
le ministre pour une réponse intelligente?
Le Président: Dernière question. L'honorable
député de Johnson.
Communications entre le CCTMO et le ministre du
Travail
M. Bellemare (Johnson): Ma question s'adresse, M. le
Président, au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je voudrais
demander à l'honorable ministre s'il a pris connaissance, dans le
sixième rapport de la CCTMO, des deux reproches très amers qu'on
fait à l'administration et principalement au ministre?
Premièrement, on dit que les liaisons opérationnelles avec le
ministre sont disparues et, deuxièmement, il est dit: "Dans
l'intérêt public, une telle relation positive et constructive
suppose toutefois, au départ, un réel désir du ministre de
dialoguer, un minimum à tout le moins de concertation et un plan de
travail cohérent et suivi. "Dans le premier alinéa, on dit
textuellement: "II existe malheureusement une cloison quasi étanche;
nous faisons ce constat pour mettre plus en lumière le besoin de trouver
immédiatement des voies et des moyens pour assurer une nouvelle
liaison."
M. le Président, je trouve ces deux allégations fort
surprenantes et je demande, dans l'intérêt public, parce que le
CCTMO représente pour tous les travailleurs un organisme très
intéressant et fort productif quand le ministre sait s'en servir...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, comme,
mardi matin, je le rencontrerai de nouveau, pour la deuxième fois depuis
que je suis assermenté comme ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre,
j'ai justement à l'ordre du jour une demande de détails
additionnels concernant la remarque du député de Johnson à
l'endroit du CCTMO, à l'endroit du ministère.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, comme question
supplémentaire et dernière question supplémentaire, est-ce
que le ministre admet qu'il y a eu un manque de liaison au point de vue de la
bonne entente avec le CCTMO ou bien s'il dit simplement: L'erreur que j'ai
commise ne se répétera pas?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le ministre
qui vous parle est conscient que certains rapports, souvent, et je mentionne
celui du Vérificateur général à l'endroit d'un
ministère que j'ai dirigé moi-même... Quand on fait venir
les gens qui ont écrit certaines remarques et qu'on leur demande de
préciser les remarques qu'ils ont faites, on en arrive souvent à
la constatation que s'il y avait eu rencontre avant d'écrire certaines
remarques, elles n'auraient jamais été écrites. Conscient
de l'expérience que j'ai vécue dans un ministère, j'ai dit
et je répète que je vais demander des informations additionnelles
concernant les remarques mentionnées.
Je voudrais faire remarquer également au député de
Johnson qu'hier j'avais l'occasion, dans un débat très serein,
à l'occasion d'une réponse, de lui signaler que lui-même,
à la tête du même ministère que je dirige, a
oublié de mettre en pratique des recommandations de certains
comités interministériels, ce qui était beaucoup plus
grave.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, mon passé
est garant de mon avenir, puis je voudrais bien que le député
puisse en dire autant dans vingt ans.
M. Côté: La margarine se vend moins bien
qu'avant.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, ma
dernière question. Vous m'aviez dit tout à l'heure que...
Le Président: C'est la dernière.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est bien, M. le Président,
je me soumets, M. le Président, seulement...
M. Morin: Je soulève une question de privilège,
s'il vous plaît.
Le Président: Qui vient de se produire à
l'instant?
M. Morin: Oui, c'est cela. Le fait vient de se produire.
Vérification faite, le député de Hull a menti à
cette Chambre tout à l'heure. M. Pierre Paquin n'a pas
d'intérêt dans les propriétés dont il a
été question. Je tiens à le dire, M. le
Président...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît! Vous l'avez maintenant... En général,
lorsqu'on porte une attaque contre un député, on attend qu'il
soit là, c'est une certaine coutume...
M. Morin: Le ministre vient de sortir. Qu'il revienne, je vais la
porter immédiatement.
Le Président: Vous en aurez l'occasion.
M. Lessard: Je soulève une question de règlement,
M. le Président. Tout à l'heure, lorsque le député
de Hull a répondu à une question d'un député du
parti ministériel, qui n'avait aucune relation avec la question qui
était posée par le chef de l'Opposition, vous avez permis au
député de Hull...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! Si vous aviez des remarques
à faire sur la réponse, si le ministre de la Fonction publique...
Voulez-vous vous asseoir, voulez-vous vous asseoir! Je voulais vous dire que si
vous aviez des remarques à faire, lors de la réponse du ministre
d'Etat aux Affaires intergouvernementales, il ne fallait pas les faire une
demi-heure après. On le fait à ce moment-là.
M. Morin: M. le Président, il fallait vérifier
avant d'affirmer...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre! Vous aurez l'occasion de revenir sur cette question. J'appelle les
affaires du jour. Cela a assez duré aujourd'hui.
M. Levesque: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, une question de
règlement. Une question de règlement. M. le Président, sur
une question de règlement...
M. Morin: Le ministre a menti.
M. Burns: ... vous avez un ministre...
Une Voix: C'est votre péquiste qui vous a menti.
M. Lacroix: Vous mentez au peuple à coeur de jour.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Burns: M. le Président, vous avez un ministre et c'est
ce que le chef de l'Opposition veut soulever... Bien sûr qu'il pourrait
le faire à une prochaine séance, en vous donnant avis. Bien
sûr, je vous dis d'avance que nous connaissons cette disposition du
règlement. La première connaissance cependant que nous avons du
fait que le ministre de la Fonction publique a menti à la Chambre, nous
venons de l'avoir, et c'est cela que le chef de l'Opposition veut
rétablir comme situation. Il me semble que c'est l'occasion que vous
devez lui donner, avant qu'éventuellement un certain nombre de
folichonneries soient transmises et ce qu'il y a de plus grave, via
l'Assemblée nationale à l'opinion publique. C'est cela qui
est grave, M. le Président, et c'est cela que le chef de l'Opposition
veut corriger.
Le Président: A l'ordre, à l'ordre! Je dois dire
que si on veut attaquer ou mettre la conduite d'un collègue en cause, il
y a l'article 68: "Une motion de fond annoncée est nécessaire
pour mettre en question la conduite du lieutenant-gouverneur, du
président ou d'un vice-président de l'Assemblée ou des
présidents des commissions ou d'un membre de l'Assemblée; cette
motion est privilégiée".
La réponse qu'il y a eu tout à l'heure attaque qui? Elle
attaque un individu?
Une Voix: Cela attaque le parti.
Le Président: Etes-vous le seul parti attaqué?
M. Léger: II ne pourrait rien prouver.
Le Président: Messieurs, affaires du jour.
M. Burns: Non, non. M. le Président,si vous me permettez
simplement ceci. Avant de passer aux affaires du jour, je pense que vous devez
permettre la possibilité de faire une mise au point, tout au moins en
vertu de l'article 96, au chef de l'Opposition. Il a été mal
compris, il a été mal cité. C'est ce que le chef de
l'Opposition voudrait rétablir comme faits. Je vous demande de mettre de
côté les dispositions concernant la question de privilège.
Je vous demande simplement de donner la parole au chef de l'Opposition en vertu
de l'article 96. Il me semble que c'est la justice la plus normale qui puisse
s'exercer relativement à une question.
Le Président: De toute façon...
M. Burns: Et il n'est pas question de repartir un
débat.
Le Président: A l'ordre! Si vous me donnez une assurance
écrite que cela ne partira pas de débat...
M. Burns: Oui.
Le Président: Bon, alors...
M. Burns: II me semble que ma parole vaut...
Le Président: A l'ordre! Je prends votre parole comme je
l'ai toujours prise, comme je l'ai toujours acceptée, mais vous ne
pouvez pas vous porter solidaire de tous les membres de l'Assemblée.
M. Burns: Je suis solidaire du chef de l'Opposition.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
De toute façon, concernant cette remarque ou cette digression qui
a été incluse dans la réponse du ministre de la Fonction
publique, je crois que, tout à l'heure, vous avez eu l'occasion de la
réfuter. Vous l'avez fait tout à l'heure. Vous l'avez dit et je
vais le répéter pour vous, si vous voulez, que la personne qui a
été mentionnée, d'après vous, d'après vos
renseignements, n'avait aucun intérêt dans la
propriété qui a été vendue au gouvernement
fédéral. Vous l'avez dit.
M. Morin: Aucun intérêt dans ces
propriétés.
Le Président: Vous l'avez dit et vous avez eu l'occasion
de le rétablir.
M. Morin: Je voudrais simplement demander au ministre de
répéter ce qu'il a dit en dehors de la Chambre.
Une Voix: A l'ordre!
Le Président: Répéter en dehors de la
Chambre, bon. Il pourra prendre connaissance de votre invitation au journal des
Débats.
Affaires du jour.
M. Morin: Mentir pour se tirer d'affaires!
Des Voix: Oh! Oh!
M. Lacroix: C'est ce que vous faites à la journée.
Vous ne vous en rendez même pas compte, bande d'hypocrites!
M. Léger: Si vous répondiez aux questions au lieu
de passer à côté, il n'y aurait pas ces
problèmes.
Le Président: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
M. Léger: Vous êtes toujours à
côté des questions, c'est pour cela qu'il y a des
problèmes.
M. Cloutier: M. le Président, question de
privilège. Je considère que j'ai une certaine
responsabilité en tant que titulaire du ministère des Affaires
intergouvernementales. Le chef de l'Opposition vient de dire textuellement, en
se référant à l'intervention du ministre d'Etat aux
Affaires intergouvernementales: Mentir pour se tirer d'affaires.
M. Burns: J'invoque le règlement. M. Cloutier:
Or...
M. Burns: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président: Pourquoi? Pour une question de
privilège?
M. Burns: SI c'est une question de privilège qui a trait
à la même question, M. le Président, je vous demande
d'utiliser la même règle...
M. Levesque: Un instant, M. le Président.
Des Voix: Privilège, privilège!
M. Levesque: Un instant, M. le Président.
M. Burns: ... à l'endroit du ministre des Affaires
intergouvernementales qu'à l'endroit du chef de l'Opposition.
M. Levesque: Je ne crois pas que le député de
Maisonneuve puisse intervenir sur une question...
Le Président: A l'ordre! Question de règlement?
M. Levesque: C'est la question de règlement que je
soulève. Je ne crois pas qu'à ce moment-ci, sur une question de
privilège du ministre des Affaires intergouvernementales, on puisse
laisser le député de Maisonneuve intervenir.
M. Burns: C'est sur une question de règlement que
j'interviens.
M. Cloutier: Je termine ma question de privilège.
M. Burns: Ce n'est pas plus une question de privilège que
celle du chef de l'Opposition.
Le Président: Question de privilège. A l'ordre! A
l'ordre, messieurs! Je mets fin à l'incident. De toute façon,
lorsque le chef de l'Opposition a pris la parole, il n'avait pas la parole,
justement. Je n'ai pas saisi ce qu'il a dit.
M. Cloutier: II a prétendu que l'intervention...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre, à
l'ordre! Affaires du jour.
M. Levesque: Non, non, M. le Président. On a vu le
député de Maisonneuve pouvoir établir, par une question de
règlement, une possibilité pour que vous ou le chef de
l'Opposition puissiez répéter ce qui avait été dit.
On n'a même pas laissé, un instant, au ministre des Affaires
intergouvernementales, la possibilité de faire valoir son point de vue.
C'est pour cela qu'il veut soulever une question de privilège. C'est une
question de privilège qu'invoque présentement le ministre des
Affaires intergouvemementales. Je ne vois pas qu'on puisse lui refuser,
à ce moment-ci.
Le Président: Bon, d'accord. J'ai bien compris que le
ministre des Affaires intergouvernementales soulevait une question de
privilège sur des propos qu'aurait tenus le chef de l'Opposition
à qui je n'avais pas accordé la parole sur la question de
règlement du député de Maisonneuve.
Le député de Maisonneuve a soulevé une question de
règlement pour que j'accorde la parole au député de
Sauvé, ce que je n'ai pas accordé. Je ne peux pas vous donner une
question de privilège sur un droit de parole auquel il n'avait aucun
droit.
M. Cloutier: Cela n'apparaîtra pas... Une directive, M. le
Président.
C'est donc dire que les propos malvenus du chef de l'Opposition...
Le Président: Je n'ai pas entendu ces propos.
M. Cloutier: ... n'apparaîtront pas au journal des
Débats.
Le Président: Je n'ai pas entendu ces propos.
M. Hardy: Au journal des Débats.
Le Président: Affaires du jour.
M. Cloutier: Je veux savoir.
Le Président: J'étais debout.
M. Cloutier: Je vous demande une directive. Est-ce que les propos
qui, à mon avis, vont à l'en-contre...
M. Burns: Article 27. Assoyez-vous. Il est debout.
M. Cloutier: ... de l'excellente intervention du ministre
d'Etat...
M. Burns: Assis.
M. Cloutier: ... vont apparaître au journal des
Débats?
Le Président: Je ne peux pas me prononcer. Je lirai la
transcription du journal des Débats et nous statuerons à ce
moment.
M. Cloutier: Si tel est le cas, à ce moment, je ferai ma
question de privilège.
Le Président: Affaires du jour.
M. Levesque: M. le Président, est-ce que je puis attirer
l'attention des membres de cette Chambre sur l'article 13)? On pourrait
peut-être libérer le feuilleton. Je pense que le chef de
l'Opposition est au courant.
M. Burns: Oui, d'accord.
M. Levesque: M. le Président, puis-je appeler l'article
13)? Troisième lecture?
M. Morin: Le rapport seulement.
M. Burns: Seulement le rapport. Troisième lecture
demain.
Le Président: Qui propose? Là ce sont
différents rapporteurs?
Rapports sur les projets de loi nos 59, 71 à
78
Le Président: L'honorable député de
Berthier, pour le député de Laporte, propose l'adoption du
rapport de la commission élue permanente des finances, des comptes
publics et du revenu qui a étudié les projets de loi suivants:
projets de loi nos 59, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77 et 78. Est-ce que ce rapport
est agréé?
M. Burns: Agréé, M. le Président. Le
Président: Agréé.
M. Levesque: Troisième lecture, prochaine
séance.
Travaux parlementaires
M. Levesque: M. le Président, je fais motion pour
que...
Le Président: Un peu de silence, s'il vous
plaît.
M. Levesque: ... les commissions parlementaires de la justice et
des affaires sociales poursuivent conjointement et immédiatement au
salon rouge l'étude de l'avant-projet de loi concernant la protection de
la jeunesse.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté, M. le Président.
Le Président: Adopté. Ces deux commissions peuvent
siéger conjointement, immédiatement.
M. Burns: M. le Président, ai-je besoin de signaler qu'il
y a consentement de la part de l'Opposition si jamais il y a une autre
commission qui siège?
M. Levesque: Ah bon! Merci.
M. Burns: Je vous le dis tout de suite.
M. Levesque: Ce n'est pas nécessaire pour le moment.
M. Burns: Si ce n'est pas nécessaire actuellement, on
verra, mais je vous dis tout de suite que, conformément à
l'entente que j'ai eue avec le leader, je suis toujours prêt à
permettre qu'une autre commission siège. Maintenant, apparemment, ce
n'est pas possible dans les circonstances.
M. Levesque: Non, mais il sera possible cependant de le faire
à partir de vingt heures quinze. La commission parlementaire des
finances, des comptes publics et du revenu siégera pour entamer
l'étude du projet de loi relatif aux mesures anti-inflationnistes, a
partir de vingt heures quinze, ce soir.
Si nous terminons l'étude en deuxième lecture du projet de
loi que je vais annoncer dans un instant, nous pourrons ajourner pour permettre
à cette troisième commission de siéger
également.
M. Burns: D'accord. C'était dans ce sens que je vous
donnais d'avance mon consentement, parce qu'il me semblait que, si jamais vous
appelez un certain projet de loi, ce serait préférable que cela
se fasse en commission élue plutôt qu'en commission
plénière.
M. Levesque: D'accord. Article 5).
Projet de loi no 9 Deuxième lecture
Le Président: L'honorable leader parlementaire du
gouvernement propose la deuxième lecture du projet de loi no 9, Loi
concernant le financement des partis politiques et modifiant de nouveau la Loi
électorale.
L'honorable leader parlementaire du gouvernement.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, à l'occasion du
discours inaugural, le gouvernement faisait part de son intention de
présenter à cette Assemblée un projet de loi visant
à mettre à la disposition des partis politiques les sommes
nécessaires pour les aider à jouer leur rôle d'animation et
d'éducation populaire et à assumer, au niveau de
l'Assemblée nationale, leurs responsabilités parlementaires.
C'est là le principe et l'objet du projet de loi no 9 concernant le
financement des partis politiques et, évidemment, modifiant de nouveau
la Loi électorale. Cette initiative du gouvernement s'inscrit dans le
cadre de la réforme de notre système électoral,
réforme que nous avons entreprise depuis maintenant près de cinq
ans. On sait que cette réforme a amené les membres de
l'Assemblée à poser des gestes décisifs sur des questions
aussi fondamentales que celles de la carte électorale, du recensement
électoral et de la Loi électorale en tant que telle.
Le projet de loi no 9 apporte également à la
réforme de notre Assemblée nationale un élément
additionnel. On sait tous les efforts que cette Assemblée a
consacrés depuis 1970 à moderniser son fonctionnement et à
accroître l'efficacité de son action. En mettant ainsi, M. le
Président, à la disposition des partis politiques une somme de
quelque $400,000, le gouvernement pose un autre geste décisif dans le
sens du renforcement de nos institutions démocratiques.
Le Québec a connu, au cours des dix ou quinze dernières
années, une évolution extrêmement rapide qui a
consacré un nouveau pluralisme au sein de notre société.
Ce pluralisme, dans les idées et dans les intérêts des
Québécois, constitue un élément déterminant
du dynamisme actuel de la collectivité québécoise. Notre
société est maintenant largement ouverte sur le monde et elle
devient, de ce fait, particulièrement sensible aux expériences et
aux idées que l'on retrouve dans la plupart des autres
sociétés occidentales.
Cette évolution des choses n'a pas manqué de rejoindre le
rôle traditionnel de nos partis politiques. En effet, la diversification
des intérêts et des aspirations des citoyens du Québec a
amené la constitution d'un nombre assez considérable de groupes
de pression de tous ordres qui opèrent au sein de notre
société un partage beaucoup plus équitable du pouvoir et
des connaissances que nous avons pu connaître dans le passé.
Autant cette situation peut-elle être dynamique et créatrice,
autant peut-elle entraîner des tensions et des difficultés qui,
laissées à elles-mêmes, pourraient compromettre le
consensus social minimum qui doit exister au sein de toute collectivité
qui veut assurer son développement et son progrès avec
équilibre et cohérence.
C'est la responsabilité première des partis politiques de
proposer à l'ensemble des Québécois des moyens
d'intégrer l'action des uns et des autres autour de grandes lignes de
force que constituent les options fondamentales de chacun de nos partis
politiques québécois.
Pour pouvoir ainsi assumer une responsabilité aussi importante,
les partis politiques doivent disposer des moyens et des ressources
nécessaires afin de mieux connaître la réalité
québécoise et de proposer avec autorité et avec justesse
les solutions adéquates aux problèmes de la
société.
C'est dans une telle perspective que la participation des citoyens de
toutes les régions du Québec à la vie des partis
politiques prend toute sa signification. Il faut donc que les partis politiques
puissent rejoindre directement les citoyens et disposer des structures
adéquates pour les accueillir.
Le projet de loi no 9, M. le Président, fournit à
l'ensemble de nos partis politiques les ressources financières minimales
pour les aider à remplir efficacement leur rôle au sein de notre
société. Ce rôle en est un de présence à la
vie québécoise. Il en est également un de consultation, de
dialogue et de participation pour l'ensemble des citoyens.
Parlant du parti politique auquel j'appartiens, tous mes
collègues du parti ministériel sont à juste titre fiers
d'appartenir à une formation politique qui a su, dans le passé,
assumer avec constance et détermination toutes et chacune des exigences
de son rôle dans la vie démocratique de notre
société.
Le Parti libéral du Québec a été le premier
à comprendre l'importance de son rôle d'éducateur et
d'animateur politique. En effet, depuis 1958, notre formation politique se
dotait de structures et de mécanismes nécessaires pour
opérer une réelle
démocratisation de son action. Depuis maintenant près de
20 ans, sans aucune forme de relâchement, le Parti libéral du
Québec a su jouer à ce titre un rôle de premier plan. Il
l'a fait à peu près sans aucune forme d'aide de la part de
l'Etat. Les militants libéraux ont pris sur eux de défrayer le
coût de cette présence du Parti libéral du Québec
aux besoins et aux aspirations des Québécois.
Tous les observateurs impartiaux reconnaissent que c'est parce que nous
avons su, dans le passé, assumer cette responsabilité que notre
formation politique a pu être l'instrument par excellence de la
modernisation du Québec et des développements politiques,
économiques, sociaux et culturels sans précédent que nous
avons connus depuis maintenant près de 20 ans.
C'est pourquoi, M. le Président, le Parti libéral du
Québec est particulièrement heureux aujourd'hui de participer
à la présentation de ce projet de loi qui garantit à tous
les partis politiques du Québec une assistance financière
significative de façon à leur permettre de payer les frais de
leur administration courante, d'assurer la diffusion de leur programme
politique et de coordonner l'action politique de leurs membres.
Cette initiative du gouvernement permet ainsi aux partis politiques
québécois de réaliser une meilleure intégration de
leur aile parlementaire et de leur aile militante et d'améliorer ainsi
l'efficacité de leur travail. Les $400,000 maintenant disponibles sont
payés à chacune des formations politiques au prorata des votes
qui leur ont été attribués lors des dernières
élections générales. Aucun parti politique ne pourra
recevoir une contribution moindre que $50,000. C'est dire que le partage
proposé est non seulement raisonnable mais il satisfait aux exigences
d'équité et de justice pour tous.
Le gouvernement a déjà fait part de son inten tion de
compléter cette première mesure importante en matière de
financement des partis politiques par d'autres dispositions concernant plus
spécifiquement le financement des élections. Lorsque ces deux
éléments fondamentaux de la politique gouvernementale auront
été mis en place, le Québec sera une fois de plus à
l'avant-garde du progrès dans un domaine extrêmement important
pour l'avenir de notre société, celui de la reconnaissance du
rôle des partis politiques au sein de la collectivité.
M. le Président, vous me permettrez de faire une requête
aux honorables membres de cette Chambre. Je dois m'absenter pour me rendre
à d'autres travaux. J'aimerais qu'on puisse permettre à mon
collègue, le ministre des Communications, d'utiliser les droits qui me
seraient autrement confiés ou dévolus.
M. Burns: M. le Président, sans aucune réticence de
ma part, je consens à ce que vient de demander le leader parlementaire
du gouvernement. Je sais qu'il est retenu à une autre commission
parlementaire. Je trouve cela parfaitement normal qu'il soit remplacé,
même avec moins de qualité, par le ministre des
Communications.
M. Hardy: Je suis le premier à le reconnaître.
M. Burns: Pour une fois que nous sommes unanimes!
M. Hardy: Vous êtes bien gentil de consentir, mais en vertu
du règlement, votre consentement n'est pas nécessaire, parce que
je pourrais intervenir à la fin des débats et cela ferait la
même chose.
M. Burns: Vous pourrez parler au nom du règlement.
M. Hardy: Pardon?
M. Burns: C'est-à-dire au nom du gouvernement.
M. Levesque: M. le Président, connaissant toutes les
grandes qualités du ministre des Communications et la coopération
de l'honorable député de Maisonneuve, je n'ai aucun doute que le
tout se passera comme dans le meilleur des mondes. Mais je ne voudrais pas
quitter au moment où déjà des différends semblent
s'annoncer.
M. Burns: Vous avez vu que ces choses-là ont
été dites avec un sourire.
M. Hardy: M. le Président, les différends entre le
député de Maisonneuve et moi-même existent depuis fort
longtemps et ils sont toujours marqués du coin de l'amitié.
M. Burns: C'est vrai, je suis d'accord avec le ministre.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Maisonneuve prend la parole?
M. Burns: Oui, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, le projet de loi no 9 contient
des dispositions affectant le financement des partis politiques et modifiant
certaines dispositions de la Loi électorale. Au nom de l'Opposition
officielle, je veux souligner, tout simplement, une inquiétude certaine
quant à certains changements affectant les listes électorales.
Pour l'instant, je me contenterai de souligner cette inquiétude. Je
pense qu'au niveau d'un discours de deuxième lecture je n'ai pas
à discourir là-dessus, mais, en même temps, j'ai
l'intention de vous souligner aussi l'intention de l'Opposition de
débattre de ces changements au moment de l'étude du projet de
loi, article par article, en commission parlementaire.
Les remarques que je veux faire, à ce moment-ci, seront, si vous
me le permettez, M. le Président, consacrées à ce chapitre
du projet de loi qui touche plus particulièrement le financement des
partis politiques. Le reste, à mon avis, pourra être
soulevé en commission parlementaire, parce que là on a affaire
à des techniques; là on a
nécessairement affaire à se référer à
des articles du projet de loi, ce qui, techniquement, selon le
règlement, ne me serait pas permis à ce stade-ci. De sorte que je
me retiendrai de le faire au niveau du discours de deuxième lecture.
Cependant, il y a un certain nombre de constatations
préliminaires que je dois faire relativement au projet de loi tel qu'il
est libellé. C'est quand même le projet de loi concernant le
financement des partis politiques et modifiant de nouveau la Loi
électorale. Dans ce sens, je me sens tout à fait dans l'ordre de
vous parler de l'un des deux aspects ou, si vous voulez, de l'un des deux
principes et particulièrement du nouveau principe qui apparaît au
projet de loi.
Il devient, M. le Président, en ce qui nous concerne, presque
gênant, aujourd'hui, de nous prononcer de nouveau en faveur d'une
contribution financière aux partis politiques de façon à
assurer, au moins partiellement, leur indépendance. Quand je dis
partiellement, nous avons eu l'occasion, lors des nombreuses séances de
la commission parlementaire de l'Assemblée nationale à ce sujet,
de dire que le principe de la contribution de l'Etat au financement des partis
politiques, en ce qui nous concerne, est quelque chose de tout à fait
acceptable. Nous avons, à plusieurs reprises,
énuméré les raisons qui nous permettaient de croire que
l'Etat tout en reconnaissant le fait que les citoyens membres d'un parti
politique se doivent de financer ce parti puisse contribuer à un
certain nombre de dépenses à l'endroit d'un parti politique.
En effet, M. le Président, c'est à la fondation même
du Parti québécois, c'est-à-dire en octobre 1968, que nous
avons commencé à prôner cette formule. Cette formule, dans
sa rédaction la plus récente, on la retrouve dans le programme du
Parti québécois, à la page 7, édition officielle de
1975. Permettez-moi, M. le Président, de vous la citer. Puisque le
leader du gouvernement s'est payé certaines flatteries à
l'endroit du Parti libéral, il me semble que je peux me payer la
même chose à l'endroit du Parti québécois.
Dans ce programme que je cite, à la page 7 de l'édition de
1975, on trouve qu'un gouvernement du Parti québécois
s'engagerait à: "Assurer la démocratisation des partis politiques
en les obligeant à faire la publication détaillée de leurs
dépenses et celle de toutes leurs sources de revenus et en procurant aux
partis reconnus le financement public de leurs services essentiels de recherche
et de documentation."
Le premier document, M. le Président, ai-je besoin de le
rappeler, dans l'histoire parlementaire du Parti québécois, a
été déposé en septembre 1970, ici même
à l'Assemblée nationale et, entre autres, ce document incluait
cette recommandation de même qu'une exhortation à agir rapidement.
J'en prends à témoin le ministre des Communications qui
était présent à cette commission parlementaire. La
commission permanente de l'Assemblée nationale a consacré, depuis
le 9 septembre 1970, pas moins de 30 réunions à la réforme
électorale dont bon nombre de ces réunions ont été
accordées à la réforme des finances des partis
politiques.
Dès la réunion du 30 mai 1973, soit il y a presque deux
ans et demi, nous avons proposé une formule de financement au prorata du
vote populaire, formule qui, à l'époque, était
refusée par le ministre responsable du dossier, j'imagine au nom du
gouvernement, peut-être pas en son nom personnel. A ce moment-là,
il nous faisait le message gouvernemental et j'avais compris, puisque
j'étais présent à cette réunion, que le
député de Terrebonne, l'actuel ministre des Communications, nous
opposait une fin de non-recevoir à cette demande d'établissement
ou de répartition du financement politique via un système
objectif, c'est-à-dire le prorata. Semble-t-il que, par le projet de loi
qui est déposé et que nous étudions aujourd'hui, on est
revenu sur ces positions et j'en suis très heureux, M. le
Président. Je n'ai vraiment pas à me plaindre de cette
modification de la politique gouvernementale.
A la réunion du 19 septembre 1973, soit encore il y a plus de
deux ans, le ministre a finalement annoncé que le gouvernement allait
bouger dans le sens que nous demandions. Et, écartant la formule de la
subvention au prorata du vote populaire, il annonçait une formule mixte
alliant l'importance relative des clientèles et la
représentativité à l'Assemblée, et ajoutant ceci,
je cite le ministre au journal des Débats du 19 septembre, page B-4435:
"C'est donc dire que c'est près de $750,000 que le gouvernement du
Québec est disposé à dépenser afin de permettre aux
partis politiques du Québec de jouer pleinement leur rôle."
Voilà, M. le Président, qu'aujourd'hui, plus de cinq ans
après l'amorce, plus de deux ans après l'annonce du projet de
loi, une élection générale en retard, le gouvernement
dépose le projet de loi no 9 prévoyant ce que nous avons
demandé depuis le début, soit une subvention au prorata du vote
populaire. Encore une fois, je ne m'en plains pas, cela prend peut-être
ce temps-là pour convaincre le gouvernement. Mais si c'est cela le fait,
je me dis qu'au moins on arrive avec un projet de loi qui rejoint, quant
à l'idée de la répartition, tout au moins la proposition
que nous faisions dès le départ. Je ne me plains tout simplement
que du retard excessif, à mon avis, qu'on a mis à
présenter le projet de loi devant l'Assemblée nationale.
Au fond, M. le Président, ce débat est si ancien que nous
ne sentons vraiment pas le besoin de dire, pour une nième fois, pourquoi
il est important de poser un geste qui contribue à l'indépendance
financière des partis et qui, éventuellement, opérera
peut-être une minibrèche dans la caisse électorale des
vieux partis politiques. Ceux qui, à l'époque où la
commission tenait ce débat, n'avaient pas encore saisi l'importance de
libérer les vieux partis politiques des liens douteux auront
sûrement eu, depuis ce temps, l'occasion de mûrir leur jugement
avec, entre autres, le rapport de la commission Cliche, avec le spectacle de la
CECO, avec le rapport sur la viande avariée et j'en passe. Il y aurait
bien d'autres que je pourrais citer et qui pourraient peut-être provoquer
des débats inuti-
les, en ce sens qu'on tenterait, de l'autre côté de la
Chambre, de se défendre d'un certain nombre de choses.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de ramener le
débat à ce niveau. Je veux le garder au niveau où,
jusqu'à maintenant, le leader du gouvernement l'a placé.
En ce qui nous concerne, M. le Président, nous
préférions dépasser l'étape des principes, si
souvent annoncés, pour aller à la substance du projet de loi. En
quelques phrases, je pourrais résumer notre attitude. Bien sûr, M.
le Président, nous sommes favorables à l'appui financier de
l'Etat aux partis politiques. Je n'ai pas besoin de revenir sur cet aspect que
nous avons traité longuement en commission parlementaire. Bien
sûr, nous félicitons le gouvernement de s'être finalement
rallié à notre recommandation d'établir ces subventions
sur une base proportionnelle au vote populaire. Nous prenons soigneusement note
de ce changement d'attitude du gouvernement, avec l'espoir que ce
critère, qui, à mon avis, est éminemment juste, soit dit
en passant, sera utilisé dans d'autres occasions où nous pourrons
parler de la présence des partis politiques à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, en troisième lieu, nous nous
interrogeons, cependant, très sérieusement sur les motifs qui ont
amené le gouvernement à ramener de $750,000 à $400,000 le
montant total prévu à cette fin, c'est-à-dire le montant
global qu'on mettra à la disposition des partis politiques pour leur
financement, en vertu de ce projet de loi.
Je lance tout simplement à l'endroit du ministre qui
représente le gouvernement pour projet de loi l'idée que,
peut-être, l'inflation, que le gouvernement, soit dit en passant, se
complaît à entretenir, aurait dû normalement faire augmenter
le montant initial plutôt que le faire diminuer.
M. Hardy: Vous encouragez l'inflation.
M. Burns: Bien, il me semble que cela fait votre affaire.
Là, vous avez timidement présenté un projet de loi. Vous
attendez, d'ailleurs, que le gouvernement fédéral adopte son
projet de loi C-73, afin d'être vraiment sûrs de ne pas commettre
une bourde, puis de ne pas mettre vos pieds dans les plats, pour ne pas
être obligés de revenir avec...
M. Hardy: Me permettez-vous...
M. Burns:... votre loi, puis de l'amender après que
certains amendements auraient pu être adoptés au
fédéral.
M. Hardy: Me permettez-vous une petite question?
M. Burns: M. le Président, votre regard m'indique que
j'enfreins le règlement et je pense que votre décision est sage;
je n'ai pas à m'éloigner du débat de la façon dont
je le fais.
M. Hardy: Une bonne façon de refuser la question
élégamment.
Le Président suppléant (M. Picard): Je crois que le
ministre des Communications voulait vous poser une question.
M. Burns: Si le ministre des Communications veut me poser une
question, j'accepte.
M. Hardy: Je voulais tout simplement vous demander: Vraiment
là, en toute conscience, êtes-vous sincère et
êtes-vous rigoureux intellectuellement quand vous allez prétendre
que le gouvernement encourage l'inflation?
M. Burns: M. le Président, je pense que le gouvernement a
en main un certain nombre de pouvoirs; je ne dis pas tous les pouvoirs. Je vais
être bien franc, bien honnête avec vous; je ne dis pas que le
gouvernement québécois a tous les pouvoirs pour juguler
l'inflation, bien sûr. Mais, quand je sais que le gouvernement
québécois a en main un certain nombre de pouvoirs et qu'il ne les
utilise pas, qu'il attend véritablement qu'un autre gouvernement se soit
prononcé à cet effet, je dis, à ce moment-là, que,
par omission tout au moins, il encourage cette inflation. Est-ce que cela
répond à votre question? On pourrait entreprendre un long
débat, vous comprenez, M. le ministre.
M. Hardy: Un long débat oui.
M. Burns: Si vous voulez me répondre, là je devrai
vous répondre.
M. Hardy: Disons que votre réponse va alimenter ma
réflexion pour un débat futur.
M. Burns: Possiblement. Je vous le souhaite. Deuxièmement,
M. le Président, devant cette diminution de $750,000 à $400,000
de l'enveloppe qu'on avait mise à la disposition des partis politiques
pour leur financement, je fais tout simplement la réflexion suivante. Le
passage de $750,000 à $400,000 produira-t-il et je pose la
question au ministre une baisse de la conviction des gouvernementaux
dans leur capacité et leur volonté de s'attaquer aux caisses
électorales?
M. le Président, je citerai en temps et lieu certaines
déclarations, peut-être en commission, avec documents à
l'appui pour ceux qui ne le croiraient pas. Après tout, le premier
ministre lui-même nous annonçait, le 27 avril 1970, son intention
d'abolir, et rien de moins, les caisses électorales.
Le montant exact de la subvention totale est, évidemment,
matière à évaluation de chacun et il y aura sûrement
justification à ce qu'il soit examiné en commission. On reviendra
justement sur cette affirmation que je cite et attachée à la
personne du premier ministre. Remarquez: Avant qu'il devienne premier ministre.
C'était une déclaration qu'il avait faite le 27 avril, à
Rouyn-Noranda, devant plus de 1,200 personnes. Simplement pour l'information.
J'en ai d'ailleurs des copies que je remettrai aux représentants du
parti gouvernemental à la commission, une copie de ce titre du
Nouvelliste: Bourassa promet d'abolir les caisses électorales. Il
s'agit là de la première page du Nouvelliste qui est
datée du 28 avril 1970.
On se souviendra que ce 28 avril était la veille des
élections, c'est-à-dire que le premier ministre actuel
était chef de l'Opposition. C'est évident que c'était une
promesse qu'il pouvait faire ne sachant pas et n'étant pas sûr
qu'il pouvait la mettre en application. Cela fait bientôt six ans qu'il a
fait cette promesse et cela fait bientôt six ans que de notre
côté nous attendons des mesures concrètes pour mettre fin
aux caisses électorales. En tout cas, c'est une déclaration qui a
été faite à Rouyn-Noranda, dans le beau comté de
mon deuxième député de droite.
M. Samson: C'est peut-être cela qui l'a fait battre
à Rouyn-Noranda.
M. Burns: Je ne le sais pas. Pour le reste, deux
considérations, en ce qui nous concerne, nous paraissent fondamentales
à examiner tout de suite. L'appui financier de l'Etat à la vie
interne des partis politiques constitue, en ce qui nous concerne, un principe
essentiel de reconnaissance du rôle des partis politiques dans le
processus démocratique. Par ailleurs, tout en reconnaissant que cet
appui de l'Etat ne devrait jamais être plus que supplétif, nous
tenons à préciser que le projet de loi du gouvernement a une
valeur qui dépasse à peine la signification symbolique.
On n'a qu'à se demander si c'est normal, pour une année
entière, pour les partis politiques reconnus, que ce soit le
gouvernement, que ce soit l'Opposition officielle, que ce soient les autres
partis reconnus ou reconnus via une disposition législative comme on
s'apprête à l'adopter dans le projet de loi. Cette somme de
$400,000 conserve-t-elle toutes les proportions requises dans une certaine
échelle des valeurs quand on sait que pour un seul party à
Mirabel on en a mis $427,000?
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Léger: Est-ce vrai ou pas? M. Burns: Est-ce vrai ou
pas?
M. Hardy: Bien non, ce n'est pas vrai, justement. Je le sais
d'autant plus que mon ministère a participé. C'est
dégoûtant, dire des choses semblables!
M. Burns: Si j'ai mal cité...
Le Président suppléant (M. Picard): A l'ordre! A
l'ordre, s'il vous plaît! Un appel au règlement.
M. Burns: Sur la question de règlement, moi aussi, M. le
Président.
M. Hardy: D'accord, je sais que je n'ai pas le droit de vous
empêcher de mentir comme vous le faites, mais je vais rétablir les
faits tantôt.
M. Burns: Vous avez le droit de venir me contredire
après.
M. Hardy: Non, même pas après, dans ma
réplique. Je vais vous dire...
M. Burns: Vous ferez cela.
M. Hardy: ... que ce que vous faites actuellement, je regrette de
le dire au député de Maisonneuve, qui, habituellement, est
honnête...
M. Burns: Vous reviendrez. M. le Président, j'invoque le
règlement. Il a le droit de le faire, mais après.
M. Hardy: ... mais c'est foncièrement malhonnête, ce
que vous faites.
M. Burns: Après, après.
Le Président suppléant (M. Picard): Est-ce que vous
faites un rappel au règlement?
M. Hardy: Je vais vous le dire. Je reconnais que je suis en
dehors du règlement, mais cela me révolte tellement, ces
mensonges et cette malhonnêteté, surtout de la part d'un homme
comme le député de Maisonneuve, qui, autrefois, était
honnête.
M. Burns: Vous...
M. Hardy: Mais qui a perdu son honnêteté depuis
qu'il fraie avec cette bande...
M. Burns: ... nous expliquerez cela.
M. Hardy: ... de fripouilles que constitue le Parti
québécois.
M. Burns: Mon Dieu Seigneur!
M. Léger: Mon Dieu Seigneur! Le ministre communique
mal.
M. Hardy: Je vous le dis, cela me révolte d'entendre
cela!
M. Burns: II est nerveux! M. Hardy: Je suis
révolté.
Le Président suppléant (M. Picard): A l'ordre,
messieurs!
M. Burns: On va vous donner une promotion jusqu'à sergent,
de la façon que vous criez là.
M. Hardy: Pardon?
M. Burns: On va vous donner une promotion jusqu'à sergent.
Je vais arrêter de vous appeler le petit caporal et je vais vous nommer
sergent.
M. Hardy: Ce n'est pas une question de grade, c'est une question
d'honnêteté personnelle.
M. Léger: Un major, ça crie plus fort.
M. Hardy: De la malhonnêteté comme celle que vous
faites actuellement, cela me révolte, cela me répugne. Je ne suis
pas capable de garder mon sang-froid.
M. Burns: Je viens de consulter le député de
Rouyn-Noranda et je pense que je n'ai pas d'affaires à vous donner le
grade de sergent. On va vous laisser à caporal.
M. Hardy: Cela me préoccupe très peu.
Le Président suppléant (M. Picard): Le
député de Maisonneuve.
M. Hardy: Mais, si vous étiez un peu plus honnête,
j'aimerais mieux cela.
M. Burns: Ainsi, après au moins cinq ans de
réflexion et de discussion parce qu'effectivement, je ne le nie
pas, il y a eu réflexion et discussion de part et d'autre, du
côté gouvernemental comme du côté de l'Opposition
il me semble que le gouvernement aurait pu, après ces cinq
années de réflexion et de discussion, être prêt
à apporter une réforme beaucoup plus complète dans tout le
champ des finances politiques.
La subsistance financière des partis appartient et devrait
toujours continuer d'appartenir aux citoyens eux-mêmes; que ce soit clair
dans l'esprit de tout le monde que malgré notre appui au projet de loi
nous continuons à considérer qu'un parti politique doit, d'abord
et avant tout, être appuyé financièrement par les
citoyens.
Cela ne veut pas dire qu'il faille écarter toute
possibilité d'aide de la part de l'Etat. Ce n'est pas cela que je veux
dire. Mais je suis encore prêt à affirmer, comme je le disais il y
a deux ans et comme je l'ai dit il y a près de cinq ans, que c'est
d'abord et avant tout la responsabilité des citoyens et
particulièrement des citoyens qui donnent leur adhésion à
un certain parti politique, quel qu'il soit. Que ce soit le parti
gouvernemental, que ce soit un des partis de l'Opposition, peu importe.
Là-dessus, M. le Président, notre position n'a aucunement
changé, tout en étant en accord sur cette aide supplétive
que le gouvernement s'apprête à donner aux partis politiques.
Mais cela ne peut être vrai, cet appui venant de la part du
gouvernement sous forme supplétive et les citoyens sous forme directe,
que si ces partis appartiennent financièrement et véritablement
aux citoyens en question.
M. le Président, en ce qui nous concerne, nous ne craignons pas
d'affirmer avec la plus grande fierté que cet effort a été
tenté avec succès et le sera de nouveau par le Parti
québécois. Je n'ai, pour appuyer ces dires, qu'un certain nombre
de chiffres à vous citer. Par exemple, en 1972, 24,000 souscripteurs ont
contribué au finance- ment du Parti québécois pour une
somme de $600,000. En 1973, 31,086 souscripteurs ont contribué pour une
somme de plus de $800,000. En 1974, 38,756 souscripteurs ont contribué
pour une somme de plus de $900,000, et je pense ne pas me tromper en vous
donnant le chiffre exact de $932,000.
M. le Président, en ce qui nous concerne, cela continue et vous
n'avez peut-être rien vu. Peut-être qu'on sera en mesure
d'annoncer, dès le printemps prochain, que nous sommes le premier parti
politique qui se fait financer par la contribution des citoyens pour une somme
d'au-delà de $1 million. C'est quelque chose qu'on verra. Je n'ai pas de
prédictions à vous faire, mais je vous dis simplement que cette
intention qui est marquée par la participation des citoyens qui veulent
contribuer à un parti politique entre autres, le nôtre, le
Parti québécois que cette attitude, dis-je, n'a
changé en rien et que, bien au contraire, nous avons tous les indices
normaux, possibles que cela devrait au lieu de diminuer, continuer
d'augmenter.
M. Hardy: Le député de Maisonneuve aurait dû
être au déjeuner, ce matin, et entendre le texte qu'a lu le
député de Rouyn-Noranda.
M. Léger: J'étais là.
M. Burns: M. le Président, le député de
Lafontaine était là, il pourra commenter dans son discours, si
vous le voulez et si le député de Lafontaine le veut...
M. Cote: Ce n'est pas mieux, il ne comprend rien. Il ne s'est pas
reconnu.
M. Burns: ... si cela en vaut la peine, les remarques du
député de Rouyn-Noranda.
M. Marchand: ... confiance...
M. Burns: Mais avec la présentation du projet de loi no 9,
il nous semble ce sont les choses qui nous paraissent les plus
évidentes que le gouvernement manque le bateau, rate plusieurs
occasions. Permettez-moi, très brièvement, de vous signaler
quelles occasions le gouvernement manque en présentant le projet de loi
no 9. Il manque l'occasion, d'abord, d'encourager la participation des citoyens
au financement des partis avec une politique de dégrèvement
d'impôt; cela, notre parti le demande depuis sa fondation en octobre
1968.
Ai-je besoin de vous rappeler un document qui est public, qui a
été distribué, qui s'appelle "La réforme
électorale", document de travail publié par le Parti
québécois le 23 septembre 1970? Je réfère nos
collègues aux pages 107 et 108 où ce problème est
discuté. Je me permets d'extraire de ce document la citation suivante
sous le titre "L'incitation fiscale aux contributions à un parti
politique"...
Est-ce que le ministre du Revenu a des objections à cette demande
que je fais?
M. Quenneville: J'ai des objections à cela.
M. Burns: J'aimerais bien entendre le ministre du Revenu
là-dessus, éventuellement.
M. Quenneville: On va vous écouter, pour commencer.
M. Burns: J'espère que vous le ferez en deuxième
lecture.
M. Quenneville: Allez, on va vous écouter.
M. Burns: Je comprends que le ministre du Revenu va, à un
moment donné, se sentir mis de côté dans tout ce
débat s'il ne vient pas à consentir à nous dire pourquoi
les partis politiques ne devraient pas, lorsqu'ils reçoivent des dons,
bénéficier, quant à ceux qui les donnent....
M. Quenneville: Ils en reçoivent tellement qu'ils n'ont
pas besoin d'avoir de dégrèvement.
M. Burns: ... de dégrèvements d'impôts.
J'aimerais et j'espère, j'invite même, je n'ai pas à le
faire, je ne suis pas le whip du Parti libéral, mais j'invite le
ministre du Revenu à nous dire pourquoi.
M. Hardy: Ah! dans votre parti, il faut que le whip dise oui pour
que vous parliez?
M. Burns: Pardon?
M. Hardy: Dans votre parti, il faut que le whip dise oui pour que
vous parliez?
M. Burns: Pas dans le nôtre. Dans le nôtre, c'est le
contraire, on se demande tous les jours qui ne parlera pas.
M. Marchand: Ce sont les hauts commandeurs.
M. Burns: Chez nous, évidemment, à cause d'un
certain nombre de facteurs dont le nombre...
M. Hardy: En effet, vous dites beaucoup de choses inutiles, vous
parlez beaucoup trop.
M. Burns: Ah! non, non. C'est à la demande même du
gouvernement qu'on est obligé d'intervenir. N'oubliez pas que le
processus législatif, c'est vous autres qui le décidez, et...
M. Marchand: Ce n'est pas le nombre de facteurs, c'est le nombre
de partis que vous avez à l'intérieur de votre parti.
M. Burns: ... ce que nous avons à faire, c'est de vous
pointer vos erreurs régulièrement, ce que nous faisons justement
dans le projet de loi actuel.
Je reviens, M. le Président, vous avez parfaitement raison de me
faire signe, je reviens au sujet tout en continuant et en maintenant mon
invitation au ministre du Revenu de nous dire pourquoi serait
irréalisable le texte que je m'apprête à lui citer, qui
apparaît dans un document qui s'appelle la réforme
électorale, qui a été publiée le 23 octobre 1970
par le Parti québécois.
On me signale que nous sommes loin d'avoir quorum. Voulez-vous faire
cette vérification?
Le Président suppléant (M. Picard): J'inviterais
les députés à prendre leur siège, s'il vous
plaît.
M. Hardy: M. le Président, le quorum c'est comme le
contingentement pour les films. Il est bien beau d'imposer quelque chose, mais
l'intérêt aide aussi.
Le Président suppléant (M. Picard): Nous avons
quorum.
Le député de Maisonneuve.
M. Hardy: L'intérêt pour l'orateur.
M. Burns: M. le Président, je lui pardonne, on aura bien
l'occasion de croiser le fer quelques fois encore, le député de
Terrebonne et moi. J'aurai bien l'occasion de le lui remettre, mais cela n'est
pas grave. D'ailleurs, je n'ai aucun esprit de vengeance à l'endroit du
député de Terrebonne.
Je citais donc ce document, que je ne rappellerai pas mais aux pages 107
et 108, on retrouve ceci qui est toujours d'actualité, même si
cela remonte à 1970. Il me semble que c'est une lacune dans le projet de
loi actuel, si on veut véritablement inciter les citoyens à
participer au financement des partis politiques.
Nous disions qu'un programme de dégrèvements
d'impôts sur le revenu des particuliers qui contribueraient à des
partis reconnus pourrait contribuer à résoudre ce problème
et assurer aux partis politiques les revenus indispensables à leur
fonctionnement. La commission Barbeau, continue le texte, a recommandé
un tel système de dégrèvements.
On trouvera, ci-après, une table de dégrèvements
qui s'inspire de celui proposé par la commission Barbeau. Je cite ce
tableau qui vient de cette commission, et que, sans doute, le ministre des
Communications connaît par coeur puisqu'on en a discuté
déjà dans le passé. Mais je le rappelle uniquement pour
les fins du débat.
Dans le cas d'une contribution jusqu'à $50, la commission Barbeau
suggérait un dégrèvement de 50% au point de vue
d'impôts; de $51 à $100, 40%; de $101 à $200, 30%; de $201
à $500, 20% et de $501 à $1,000, 10%.
Le ministre du Revenu remarquera qu'il n'y a rien d'illogique dans ce
tableau parce qu'il n'incite pas quelqu'un à donner plus parce qu'il va
dégrever plus, cela incite simplement quelqu'un à dire: Si je
donne un montant qui est appréciable, allant jusqu'à $1,000 je
vais, proportionnellement... Evidemment, si j'ai les moyens de donner $1,000
à un parti politique, j'ai peut-être plus les moyens que n'importe
qui d'autre de voir mon impôt main-
tenu en tout cas, peut-être ce que je dis est-il
contestable mais il me semble que si je suis en mesure de donner $1,000
à un parti politique, il y a peut-être de grandes chances que je
sois dans un état d'imposition ou dans un taux d'imposition assez
élevé.
Et justement pour qu'on ne tente pas d'utiliser cette formule, la
commission Barbeau, sagement, a décidé que le pourcentage de
dégrèvement diminuait, au fur et à mesure que le montant
de la contribution augmentait. Je pense qu'en commission on devrait se pencher
sur ce problème. Le ministre du Revenu, peu importe la perte de revenus
que cela pourra causer à son ministère, collecteur du
gouvernement, si on peut dire...
Il me semble que c'est très logique.
M. Quenneville: II y en a qui sortent parfois.
M. Burns: Je l'admets, c'est également le ministre qui
permet qu'un certain nombre de choses se paient. C'est bien sûr que, s'il
y a des entrées, il y a des sorties. S'il y a des sorties, il faut qu'il
y ait des entrées. On ne commencera pas une grande chicane
là-dessus. Ce sont des choses que tout le monde admet.
Je continue la citation du texte: "Une telle politique de
dégrèvement d'impôt implique nécessairement
l'existence d'un contrôle efficace. Si, pour obtenir ce
dégrèvement d'impôt, il suffisait à une personne de
produire un reçu émanant d'un solliciteur officiel, il y aurait
risque que les partis politiques distribuent avec une certaine
libéralité on l'a vu à Ottawa, d'ailleurs, avec le
parti de M. Caouette leurs reçus de façon à
s'attirer des faveurs. "Le meilleur mode de contrôle impliquerait que le
paiement de ces contributions se fasse obligatoirement par chèque et que
le chèque encaissé soit produit avec le rapport d'impôt
pour donner droit à un dégrèvement".
M. le Président, bien sûr, je me lance dans des
modalités, mais, si je le fais en deuxième lecture, c'est parce
que ce sont des modalités qui n'apparaissent pas actuellement au projet
de loi. C'est dans ce sens que je les soulève à ce stade-ci. Je
dis qu'il s'agit là d'une occasion que le gouvernement a ratée
par son projet de loi. J'espère que le gouvernement prendra la chance
que nous lui donnerons en commission parlementaire de se rattraper de ce
côté.
M. Hardy: II y aura une autre loi.
M. Burns: II y aura peut-être une autre loi, le ministre
des Communications me le dit, mais j'aimerais, tout au moins, que, s'il y a une
autre loi, elle soit concomitante ou qu'elle ait une date suffisamment
rapprochée pour donner un sens aux dispositions que nous nous
apprêtons à adopter en vertu du projet de loi no 9.
Nous pensons également, M. le Président, que le
gouvernement a raté une deuxième occasion, celle d'assurer que
cette propriété financière des partis politiques par les
citoyens ne soit pas at- teinte par les inégalités de revenus et
qu'ainsi un plafond de $1,000 un peu comme le suggère la
commission Barbeau soit fixé aux contributions, quitte à
ce que ce plafond soit hissé à $2,000 en période
électorale.
Cela, M. le Président, ce n'est pas nouveau. Nous l'avons
déjà réclamé formellement au moins à
quelques reprises depuis le mois de mai 1973.
En troisième lieu, nous pensons également que le
gouvernement, par son projet de loi, aurait pu s'assurer que la
démocratisation des partis et leur contrôle réel par les
citoyens puissent être une question de fait en obligeant les partis
à faire la publication détaillée de leurs dépenses
et celle de toutes leurs sources de revenus.
Cela, M. le Président, également, nous le réclamons
depuis octobre 1968 et nous en donnons l'exemple chaque année. Le
ministre des Communications, qui a été présent à
chacune des occasions où la commission de l'Assemblée nationale a
siégé relativement à ce problème, est en mesure
là-dessus, je me fie entièrement à son
honnêteté de nous dire que nous avons, à chaque
occasion qu'il nous a été donné de le faire,
réclamé que cette publication, une fois pour toutes, des finances
des partis politiques soit faite. Il n'y aura pas, à notre avis, de
véritable financement de partis politiques et de véritable
contrôle des finances des partis politiques sans qu'il y ait
dévoilement complet, total de cette méthode de financement.
Bien sûr, M. le Président, cela va embêter un tas de
gens. Je prévois les arguments du ministre des Communications qui va
nous dire en commission parlementaire: Oui, mais comment, dans les faits,
pouvons-nous voir à ce qu'une telle mesure soit mise en application de
façon sérieuse? Comment pouvons-nous contrôler cela?
M. le Président, j'aurai en commission parlementaire, je
l'espère, une discussion assez large et assez complète avec le
ministre des Communications là-dessus.
Un autre point, M. le Président c'est le dernier
que je trouve que le gouvernement aurait dû inclure dans son projet de
loi et qui n'apparaît pas au projet de loi no 9, c'est cette occasion
qu'il avait de purifier une fois pour toutes tout le secteur vital des finances
politiques par l'abolition réelle réelle, non pas de
façon purement accessoire, de façon purement ancillaire, comme on
tente et comme on tentera sans aucun doute de le faire croire à la suite
de l'adoption du présent projet de loi comme l'a promis l'actuel
chef du gouvernement, des caisses électorales.
A ce chapitre, M. le Président, est-il nécessaire, pour je
ne sais combien de fois, pour la nième fois, de vous lire cet extrait,
en première page des journaux du 28 avril 1970, la veille de
l'élection générale?
Mon collègue de Lafontaine me signale qu'il n'y aurait
peut-être pas quorum, M. le Président, et je pense que cela
vaudrait la peine qu'il y ait des députés libéraux qui
entendent cela.
M. Lessard: ... ramasser de l'argent.
Le Vice-Président (M. Blank): Je ne veux pas
déranger la commission...
M. Burns: Non, constatez qu'il n'y a pas quorum.
Le Vice-Président (M. Blank): Oui, je sais, mais je ne
veux pas déranger...
M. Burns: Non, non, sonnez les cloches, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Une minute, c'est moi qui
déciderai de sonner les cloches ou non. S'il y a des
députés en arrière...
M. Burns: M. le Président, vous n'avez pas le choix.
M. Léger: C'est le règlement, qu'est-ce que c'est
que cela?
M. Burns: C'est le règlement, il n'y a pas quorum, appelez
les députés.
M. Lessard: ... qui doit décider du règlement.
Le Vice-Président (M. Blank): Je peux appeler les
députés, pour voir s'il y en a dans ce coin-là. Est-ce
qu'on veut déranger une commission qui siège avec 20
députés?
M. Burns: Envoyez quelqu'un, envoyez un page leur dire qu'il n'y
a pas quorum.
M. Léger: On perd du temps!
M. Burns: C'est une question de quorum, c'est tout.
Le Vice-Président (M. Blank): II y a 20
députés.
M. Burns: Vous avez pris assez de temps, M. le Président,
pour le constater, qu'il y en a 20, c'est bien sûr.
Alors, M. le Président, cela valait la peine de rappeler au moins
deux ou trois députés libéraux, pour entendre cet extrait
de leur chef, jusqu'à nouvel ordre, le député de
Mercier...
M. Hardy: Voulez-vous vous mêler même de cela?
M. Burns: Pardon?
M. Hardy: Voulez-vous vous mêler même de cela?
M. Burns: Non, mais je veux dire il y a des choses qui sont quand
même assez apparentes qu'on ne peut pas s'empêcher de faire des
commentaires.
M. Lessard: M. le Président, question de règlement.
Bon, il vient d'arriver, attachez-le.
Nous sommes 20, pas un de trop, nous sommes 20.
M. Burns: M. le Président...
M. Lessard: Nous sommes 21, on les comptera sur le bout de nos
doigts si cela continue!
M. Hardy: M. le Président, voulez-vous demander au
député de Saguenay de respecter le droit de parole du
député de Maisonneuve?
M. Burns: Je ne me sens pas brimé, M. le Président,
par le député de Saguenay, quand il soulève des questions
de règlement, vous avez remarqué que je m'assois. Je ne me sens
pas du tout brimé par le député de Saguenay, je pense
qu'il intervient de façon tout à fait normale et dans le cadre du
règlement.
M. Hardy: C'est drôle, moi j'ai l'impression qu'il vous
donne bien de la misère!
M. Burns: Alors, M. le Président...
M. Marchand: De toute façon, le député de
Maisonneuve est le seul qui ne se donne pas de misère.
M. Burns: Je m'apprêtais, et c'était ce pourquoi je
voulais qu'il y ait plus de représentants du côté
ministériel, à vous rappeler, peut-être pour la
cinquième, sixième ou septième fois, sans compter les fois
où je l'ai rappelé devant des assemblées publiques, les
paroles mêmes du chef actuel du gouvernement, c'est-à-dire le
député de Mercier, avant qu'il soit chef de gouvernement. C'est
important qu'on se rappelle cela.
Il disait à cette fameuse rencontre du 28 avril 1970, il disait
ceci...
M. Hardy: A Saint-Paul-L'Ermite? M. Burns: Non, à
Rouyn-Noranda.
M. Hardy: II a dit la même chose à
Saint-Paul-l'Ermite.
M. Burns: Cela veut dire qu'à ce moment-là cela
prend un petit peu plus de valeur.
Dans cette nouvelle qui paraît dans le Nouvelliste du 28 avril
à la page 1, on peut lire ceci: "Le chef du Parti libéral, M.
Robert Bourassa, a promis devant 1,200 personnes, à Rouyn, dans le
comté de Rouyn-Noranda, d'abolir de façon définitive les
caisses électorales". C'est un bel énoncé, mais vous allez
voir qu'il va même plus loin que cela; votre chef était plus
audacieux quand il était dans l'Opposition; il allait pas mal plus loin
que cela. Il faudrait peut-être lui faire tenir ses promesses, maintenant
qu'il est chef du gouvernement. Continuons: "C'est là que cela
mène, les caisses électorales", dit M. Robert Bourassa, "alors
que des centaines de millions de dollars sont gaspillés.
Nous avons fait notre part", disait-il, "en 1965 pour améliorer
la situation et je me dois, dit-il, "de compléter le travail pour
éliminer les caisses électorales et donner la liberté",
écoutez cela, "complète aux gouvernants", a dit le chef du Parti
libéral du Québec.
Dans cette même causerie, si je peux dire, le chef du Parti
libéral du temps, chef de l'Opposition, disait: "II est temps que le
parti qui est au pouvoir ait les mains libres pour gouverner". Imaginez-vous,
ce n'est pas plus grave que cela au bout de cinq ans que de ne rien trouver,
dans un projet de loi comme celui portant le numéro 9, qui puisse
véritablement nous faire croire que les caisses électorales sont
abolies.
En tout cas, on aura l'occasion, M. le Président, en commission,
d'en jaser en long et en large, mais je m'en voudrais, à l'occasion d'un
discours de deuxième lecture, de ne pas souligner cette lacune
importante du projet de loi.
Bien sûr, en terminant, on peut féliciter le
gouvernement...
M. Hardy: Bon, enfin!
M. Burns: ... de présenter son projet de loi je
l'ai dit au début, je le répète maintenant...
M. Hardy: Oui, oui, c'est bien.
M. Burns: ... cela fait deux fois, si vous voulez
numéro 9 aujourd'hui. Mais on dépasserait toutes les normes du
bon sens si on omettait de souligner qu'il s'agit, à mon avis, d'une
goutte d'eau dans un océan de réformes. Il y a un tas de
réformes qui doivent éventuellement être apportées.
Je n'accepte pas, je ne peux pas de façon logique accepter que le chef
du gouvernement se promène un peu partout à travers le
Québecet il continuera sans aucun doute de le faire, que ce soit
à ses émissions du dimanche matin ou à ses
réunions...
M. Hardy: Pas pour des années à venir.
M. Burns: ... in camera avec des journalistes en disant:
Nous avons fait une réforme totale...
M. Hardy: Pas pour des années à venir.
M. Burns: ... en matière électorale. Mais c'est
absolument faux. Je veux lui dire d'avance qu'il s'apprête à
mentir s'il continue à dire cela. Il s'apprête à mentir
à la population...
M. Hardy: On n'a pas fait de réforme électorale?
Depuis cinq ans?
M. Burns: Ce n'est pas une réforme globale, c'est ce que
je suis en train de vous dire. D'après le premier ministre, il l'a
répété en Chambre ici, évidemment, c'est une
question d'opinion, je n'allais pas soulever...
M. Hardy: Que c'était fini?
M. Burns: ... une question... Ah bien oui! Il a dit: On a
terminé notre réforme, on a fait tout le tour de la
réforme électorale.
M. Hardy: C'est effrayant!
M. Burns: Ecoutez-le, le dimanche matin, vous allez voir les
conneries qu'il est capable de sortir.
M. Hardy: Le premier ministre n'a jamais dit cela.
M. Burns: Vous allez vous en rendre compte. Il n'a jamais dit
cela! Bien voyons donc! Au tout début de la session, il nous a
exposé brillamment que c'était la session qui ferait vraiment le
tour de la réforme électorale.
M. Hardy: ... jalon plus important encore.
M. Burns: II avait commencé par faire une réforme
en matière de subdivision des comtés; il s'était ensuite
attaqué à la Loi électorale et, par la suite, il nous
amenait le fin des fins à cette session-ci, l'abolition des caisses
électorales. Il va sûrement continuer à le dire, mais je
voudrais d'avance lui dire qu'il mentira à la population.
M. Hardy: C'est faux ce que vous dites.
M. Burns: Ce n'est sûrement pas, M. le Président, de
cela qu'il s'agit dans le présent projet de loi. Je continue à
maintenir qu'il s'agit véritablement d'une goutte d'eau dans l'ensemble
de la réforme qui doit être apportée en matière
électorale.
M. Hardy: Cela coûte cher à votre parti, vous... M.
Burns: Deuxièmement, M. le Président... M. Hardy:
...$120,000, une goutte d'eau.
M. Burns: ... je m'en voudrais de ne pas souligner que ce montant
de $400,000 ne va guère compenser pour le fait que... et je cite
également le premier ministre dans les mots qui suivent: "Des centaines
de millions de dollars sont compensés". Je vous ai donné cette
citation tout à l'heure, c'était devant 1,200 électeurs
à Rouyn.
M. le Président, on est en train d'assister, malgré la
valeur du projet de loi mais je ne veux pas que ce projet de loi on nous
le présente comme plus qu'il n'est à un accouchement, de
la part de l'éléphant libéral, d'une souris,
véritablement d'une souris législative. Pour quel siècle
c'est la question que je me pose peut-on véritablement
espérer voir, selon les mots mêmes du premier ministre,
compléter le travail pour éliminer les caisses électorales
et donner la liberté complète au gouvernement? Quand serons-nous
en droit de nous attendre à des mesures qui vont nous amener à
cela?
Ceci nous amène à une deuxième considération
qui, à mon avis, est également fondamentale, de même
qu'à une série de recommandations
pour des modifications au projet de loi. Au-delà des engagements
de principe du style "abolissons les caisses électorales", ce à
quoi personne véritablement, fondamentalement, ne peut s'opposer, quand
aurons-nous l'occasion de voir un projet de loi qui offrirait au gouvernement
l'occasion unique de procéder au moins au resserrement sérieux
des contrôles publics sur les finances des partis? Ai-je besoin, M. le
Président, de rappeler chose qui a été mal
contredite par le premier ministre qu'il y a des caisses
électorales? et en particulier celle du gouvernement qui
sont, à l'occasion, comblées par des individus aussi peu
recomman-dables que William O'Bront et autres.
Quand, M. le Président, aurons-nous une assurance
véritable, claire, nette, que des messieurs comme William O'Bront ne
contribuent pas à des caisses électorales. Ou tout au moins s'ils
le font, qu'ils le fassent de façon publique, de sorte que l'ensemble de
la population sera en mesure de juger qui contribue à une caisse
électorale.
Moi, je n'ai pas d'objection que William O'Bront contribue à la
course à la chefferie du Parti libéral en 1969. Je n'ai pas
d'objection à cela. Ce sur quoi, par exemple, j'ai un certain nombre de
réticences, c'est que ces choses ne soient pas publiques. C'est que ces
choses ne soient pas connues de l'ensemble de la population, et je pense que
c'est particulièrement important.
M. Hardy: Est-ce que je peux savoir qui fournit à votre
parti?
M. Burns: Pardon?
M. Hardy: Vous pouvez me dire là, ce soir, qui souscrit
à votre parti politique?
M. Burns: Moi je peux vous dire qui souscrit à mon parti,
oui, je peux vous dire cela.
M. Hardy: Pouvez-vous me dire cela? Oui.
M. Morin: Nous avons des listes.
M. Burns: Je peux vous dire cela.
M. Hardy: Oui, j'aimerais bien cela le voir.
M. Burns: Je sais que vous aimeriez bien cela dans votre
comté, parce que cela vous aiderait très sérieusement
à votre pointage sur la liste.
M. Hardy: Non, non, non, c'est-à-dire que je sais. Non,
non, non justement je sais très bien que certaines personnes souscrivent
à votre parti, puis elles sont loin d'être de la Croix de
Saint-Louis. Vous saurez cela. Je le présume déjà, puis
là j'aurai la preuve. J'en connais dans le comté de Terrebonne
qui souscrivent à votre parti puis ils sont loin d'être de la
Croix de Saint-Louis.
M. Burns: Je sais, M. le Président, que vous aimeriez bien
cela. Cela vous aiderait au pointage de votre liste pour les prochaines
élections. Cela je le sais.
M. Hardy: Non, cela confirmerait...
M. Morin: Ces insinuations ne sont pas dignes d'un ministre.
M. Burns: En ce qui nous concerne, M. le Président...
M. Hardy: Pardon?
M. Burns: En ce qui nous concerne actuellement, je vous dis que
c'est très clair, les finances...
M. Hardy: Je peux avoir la liste? M. Burns: ...
elles-mêmes...
M. Hardy: Je peux me présenter à votre bureau puis
je peux avoir la liste?
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre s'il vous
plaît.
M. Burns:... finances elles-mêmes du parti politique que je
représente à l'Assemblée nationale sont ouvertes, ont
toujours été ouvertes. On a invité les journalistes
à venir les voir. Ils sont effectivement venus les voir.
M. Hardy: Ah! Ah! Ah!
M. Burns: Bien oui, imaginez-vous donc! Bien oui! ils sont...
M. Léger: ... Ils n'avaient pas les yeux
fermés...
M. Burns: ... effectivement venus voir les livres, chose que le
Parti libéral n'a pas encore faite, imaginez-vous et...
M. Morin: Ils n'osent pas.
M. Burns: ... je vais aller plus loin que cela, je vais aller
plus loin que cela, le seul parti politique actuellement au Québec, je
ne le dis pas de façon méchante à l'endroit de mes autres
collègues de l'Opposition, mais le seul parti politique actuellement au
Québec qui se plie à une vérification comptable de son
financement, le seul...
M. Hardy: Voyons donc! On a cela, le Parti libéral a cela
depuis vingt ans.
M. Burns: Ah, vous avez cela!
M. Hardy: Bien tiens!
M. Burns: Quand est-ce que vous...
M. Hardy: Qu'est-ce que vous faisiez quand vous étiez dans
le Parti libéral? Aviez-vous les oreilles, les yeux fermés quand
vous étiez dans le Parti libéral?
M. Burns: ... quand est-ce que vous allez... Je n'ai jamais
été dans le Parti libéral, monsieur, je n'ai jamais
été...
M. Hardy: Tous les ans, tous les ans, au congrès annuel,
il y a la présentation du rapport du vérificateur. Vous n'avez
jamais été dans le Parti libéral? Ah! vous faisiez
seulement les élections.
M. Burns: Ah! vous ferez semblant là, vous me trouverez
une carte de membre à l'intérieur du Parti libéral.
M. Hardy: Ah! oui c'est cela, vous faisiez seulement les
élections, oui.
M. Burns: Oui, oui, oui, vous me trouverez une carte de membre
dans le Parti libéral.
M. Léger: J'expliquerai cela tantôt. On vous
répondra.
M. Burns: De toute façon, je pense que le
député de Lafontaine a un certain nombre de remarques qu'il
pourra vous faire à très bon droit et à très bon
escient là-dessus.
M. Léger: Vous prendrez une carte de membre
après.
M. Burns: M. le Président, je veux terminer ici mes
remarques, dans les quelques minutes qui vont suivre. Au-delà des
engagements de principe, du style abolition des caisses électorales, M.
le Président, comme je le disais tout à l'heure, il nous semble
que ce projet de loi que nous étudions actuellement est l'occasion de
faire de véritables correctifs. De ce point de vue, le projet de loi,
à notre avis, est d'une timidité gênante, d'une pudeur
absolument désarmante. Voilà que l'Etat, M. le Président,
s'apprête à utiliser des fonds publics ce n'est pas une
mince tâche que nous avons à faire actuellement pour
contribuer au fonctionnement d'organismes aussi publics que des partis
politiques.
Et pourtant, une fois le geste posé, on constate, sans vous citer
l'article parce que ce serait hors du sujet, dans le projet de loi, on
retrouvera, quelque part, que seul le président général
des élections et son agent vérificateur peuvent consulter la
demande de paiement, l'état et les pièces justificatives
visés par le projet de loi, c'est-à-dire les pièces
justificatives qui justifient le paiement cette division au prorata des
$400,000. Le président général des élections, c'est
cela qu'il y a de plus extraordinaire, ne pourra en délivrer des copies
ou des extraits.
M. Hardy: Vous n'avez pas confiance au président
général des élections.
M. Burns: J'ai absolument confiance au président des
élections, mais je ne pense pas qu'on doive faire reposer sur ses seules
épaules le fait de connaître ce qui se passe à
l'intérieur d'un parti politique, tout au moins pour la partie qui
concerne les fonds publics. Je sais ce qui va arriver. On sort de quelques
semaines de discussions avec le Vérificateur général
relativement à des remarques qui ont été faites par lui
quant à l'administration d'un certain nombre de ministères.
Bien sûr, j'ai confiance au Vérificateur
général, mais je suis capable de reconnaître
également les limites de son mandat. Il est le premier à les
reconnaître. Il est le premier, par exemple, à me refuser, parce
qu'il dit qu'il n'a pas le mandat pour le faire, des questions aussi
fondamentales que de savoir où est passé, dans la fonction
publique, René Gagnon, à partir du moment où il a
été mis dehors de la fonction publique. Il n'est pas capable,
parce que son mandat le limite, de me dire ce qu'il est advenu de René
Gagnon, ce tripatouilleux avec la pègre, qu'à un moment
donné on a, à reculons, expulsé de la fonction publique.
Ce tripatouilleux s'est promené à l'intérieur de la
fonction publique pendant quelque temps.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Burns: Ecoutez, je vous donne cela comme exemple.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre! Sur une
question de règlement, l'honorable ministre des Communications.
M. Hardy: Le député de Maisonneuve pourra
interroger amplement le ministre de la Fonction publique lors de l'étude
de ses crédits sur ce qui est arrivé à tel ou tel
fonctionnaire. Il pourra, par exemple...
M. Burns: J'ai eu un bon exemple, hier soir, du genre de
réponse que je peux avoir du ministre.
M. Hardy: Laissez-moi terminer ma question de règlement.
Le député de Maisonneuve pourra par exemple, s'informer, s'il
continue à être aussi scrupuleux, à savoir si c'est
conforme à la Loi de la fonction publique que certains fonctionnaires
vendent des abonnements du Jour et demandent des souscriptions au journal Le
Jour pendant les heures de travail.
M. Lessard: Et les fonctionnaires qui communiquent sur les lignes
ouvertes.
M. Burns: Est-ce avant six heures ou après onze heures le
soir?
M. Hardy: J'ai dit pendant les heures de travail.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! J'inviterais
l'honorable député de Maisonneuve à revenir à son
intervention.
M. Hardy: M. le Président, vous admettrez qu'il m'a un peu
tenté.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je n'ai rien à admettre ici, moi.
M. Burns: Vous avez bien raison, M. le Président. Je
reviens à mon propos. La tentation, soit dit en passant, était
pas mal plus forte pour moi que pour vous.
M. Hardy: Mais vous succombez plus facilement aux tentations,
vous.
M. Burns: Non, c'est parce que...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns:... la tentation était plus forte venant de
vous.
Je continue tout simplement cette remarque qui appuie mon argumentation
à l'effet que ce projet de loi, tout en étant meilleur que la
situation actuelle, est d'une timidité assez extraordinaire. Par
exemple, quant à cet état des pièces justificatives,
visé à l'article 390 g) du projet de loi, que le président
des élections ne peut délivrer à qui que ce soit sous
forme de copie ou sous forme d'extrait, le projet de loi continue à nous
dire que, dans les trente jours du paiement de l'allocation prévue
à l'article en question, le président général des
élections doit publier, sous sa signature, dans la Gazette officielle du
Québec un état sommaire, dit la loi, de tout montant versé
au représentant officiel de tout parti politique.
Ce ne sont pas des états sommaires dont on a besoin. On a besoin
de savoir comment les partis politiques se financent, comment les partis
politiques utilisent leurs fonds. C'est cela, la question, et rien de moins,
qu'on se pose au moment où on dit: II faut, selon les termes mêmes
du député de Mercier, le premier ministre actuel, "abolir les
caisses électorales". Je me demande, à ce stade-ci, pourquoi tant
de discrétion et pourquoi autant de cachettes. Pourquoi si peu de monde
impliqué? Il n'y a pas grand monde d'impliqué quand on parle du
président général des élections et de ses
oollaborateurs. Pourquoi peuvent-ils consulter, ces gens-là, et non
contrôler? Pourquoi craindre les copies et les extraits? Pourquoi se
contenterait-on d'un état sommaire? C'est une série de questions
qu'il vaut la peine, je pense, de se poser à ce stade-ci, encore une
fois si on veut laisser croire à la population qu'on fait une
réforme sérieuse en matière de caisses
électorales.
Autrement, pourquoi le financement des partis politiques? Cela n'a aucun
sens si on ne veut pas aller, éventuellement et surtout dans
l'immédiat, au coeur du problème, à la source des maux
dans ce domaine.
M. le Président, le porte-parole gouvernemental,
c'est-à-dire l'actuel ministre des Communications, n'a pas
été étouffé, lui, par la discrétion et la
timidité quand il a dit, je le cite au journal des Dé- bats, le
19 septembre 1973, page B/4435: "Le gouvernement du Québec, à
l'occasion du financement permanent des partis politiques, innove, non
seulement au Canada, mais en Amérique du Nord; c'est l'ouverture d'une
voie nouvelle à la démocratie, en même temps qu'un facteur
fondamental de rajeunissement de notre contexte politique et social". Je ne
trouve pas cela dans le projet de loi. J'aimerais bien, éventuellement,
que le ministre des Communications nous dise où il voit ce facteur
fondamental de rajeunissement de notre contexte politique et social, à
moins que le ministre dise des choses qui dépassent sa pensée,
auquel cas j'accepterai une certaine reprise de son affirmation.
M. Hardy: Je n'ai jamais été membre de votre
parti.
M. Burns: J'accepterai également qu'il revienne à
la position plutôt timide qu'on retrouve dans le projet de loi. Il n'y
avait dans cette affirmation, de la part du ministre des Communications,
sûrement, aucune timidité. La voie nouvelle à la
démocratie, comme il dit, s'est muée cependant en interdiction de
faire des copies. C'est là un dégonflement plus
accéléré encore que les $750,000 qui ont été
dégonflés à quelque $400,000. Tout en étant
prêt à nous avancer, comme le demande le ministre, sur une
nouvelle voie de la démocratie, nous craignons cependant de constater
que le gouvernement semble ignorer complètement l'existence de la
Federal Elections Campaign Act de 1971 aux Etats-Unis, Nous craignons que le
gouvernement ne se rende pas compte de l'importance d'une telle loi, lorsque le
ministre nous disait: En Amérique du Nord, nous serons les premiers.
Ai-je besoin de rappeler au ministre des Communications que c'est sous
l'empire de cette loi que les poursuites de l'affaire Watergate ont pu
être menées et qu'un président des Etats-Unis
d'Amérique a pu être, à toutes fins pratiques,
déposé?
M. Hardy: Vous confondez les choux et les raves.
M. Burns: C'est dire le caractère rigoureux de cette loi.
Qu'on ne vienne pas me dire, après cela, qu'on est les premiers en
Amérique du Nord.
M. Hardy: Ce n'est pas digne de votre talent de juriste,
cela.
M. Burns: S'il n'y avait pas eu la Federal Elections Campaign
Act, vous n'auriez jamais eu de Watergate, et je vous prie de tenter de
contredire ce que je viens de dire là.
M. Hardy: Attendez.
M. Burns: Vous n'auriez jamais eu...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'or-
dre, s'il vous plaît! J'inviterais le ministre des Communications
à prendre quelques notes pour son intervention de tout à
l'heure.
M. Hardy: M. le Président, vous avez entièrement
raison. Mais de même que tantôt, je ne pouvais souffrir la
malhonnêteté du député, maintenant, je ne peux
souffrir qu'un juriste de sa classe fasse des choses comme celles qu'il fait.
Que le député de Lafontaine dise des choses...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! ... A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît. ... A
l'ordre!
M. Léger: Est-ce que vous allez calculer, M. le
Président une directive le temps que le ministre a pris
pendant l'heure du député de Maisonneuve pour parler en
même temps que lui? Il l'a interrompu à peu près...
M. Hardy: Oui, oui, on a tout calculé cela.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je puis assurer le
député de Lafontaine que nous avons de savantes manières
de calcul de nos officiers qui vont être très justes.
M. Léger: II est intervenu 150 fois.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je réitère
l'affirmation que je faisais...
M. Hardy: Je vous répondrai.
M. Burns: ... avant. Vous me répondrez deux fois, si vous
voulez.
M. Hardy: Très bien.
M. Burns: Je réitère l'affirmation qu'il n'y aurait
pas eu d'affaire Watergate s'il n'y a avait pas eu de Federal Elections
Campaign Act.
M. Hardy: II n'y aurait pas eu de Watergate?
M. Burns: II n'y aurait pas eu d'affaire Watergate, comme on l'a
connue publiquement. Il n'y aurait probablement pas eu déposition de
facto d'un président des Etats-Unis...
M. Hardy: Voyons donc!
M. Burns: ... s'il n'y avait pas eu la Federal Elections Campaign
Act de 1971. J'aimerais bien que vous me prouviez le contraire. Parce que vous
saurez que les journalistes qui ont découvert, ce qu'on appelle
maintenant l'affaire Watergate l'ont su par la publicité donnée
à un certain nombre d'informations quant aux sommes
dépensées en matière électorale. Bien oui, si le
ministre ne le sait pas, il faudra qu'il apprenne cela. S'il le veut, je lui
donnerai les références directes aux deux journalistes...
M. Hardy: Attendez.
M. Burns: ... qui ont fait cela. Si le ministre ne le sait pas,
il est peut-être temps qu'il l'apprenne.
M. Hardy: Attendez, je vais vous montrer ce que je sais...
M. Burns: II est peut-être temps qu'il l'apprenne.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît.
J'inviterais le député de Maisonneuve à s'adresser
au président, et au ministre des Communications de se souvenir de la
suggestion que je viens de lui faire.
M. Hardy: II me provoque constamment.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Résistez.
M. Hardy: Pardon?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Résistez.
M. Hardy: Oui, mais il y a une limite à la vertu.
M. Burns: M. le Président, le ministre des Communications
devrait être patient, lui qui a pris combien d'années pour faire
son droit. Cela lui a pris un certain temps.
M. Hardy: Le même nombre d'années que vous, sauf
que...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'inviterais le député de Maisonneuve à
terminer son intervention. A l'ordre, s'il vous plaît! J'inviterais
l'honorable ministre des Communications à l'ordre pour la
première fois.
M. Hardy: D'accord.
M. Burns: Quoiqu'il en soit, je continue à croire que
c'est le caractère rigoureux de cette loi fédérale
américaine, en même temps que sa vocation de grande protectrice
des électeurs, qui a permis cette intervention, contrairement à
ce que peut penser le ministre des Communications.
Nous aurons l'occasion, de toute façon, de revenir sur ces
prescriptions particulières en commission. Mais pour l'instant,
l'Opposition officielle, je tiens à le réitérer, croit que
le projet de loi se contente d'apporter une aide symbolique aux partis
politiques. Il aurait pu et aurait dû constituer l'occasion unique pour
établir des mécanismes de contrôle absolument rigoureux au
nom des citoyens sur les finances politiques.
Le gouvernement, à mon avis, s'était engagé
à abolir les caisses électorales. Il me semble que je n'ai pas
besoin de revenir à nouveau sur les ex-
traits des discours du député de Mercier, l'actuel premier
ministre. Nous allons lui offrir, en ce qui nous concerne, l'occasion de
remplir ses promesses par rétablissement de contrôles
sérieux sur les partis politiques, et je cite: en les obligeant à
faire la publication détaillée de leurs dépenses et celle
de toutes leurs sources de revenus. Cette dernière citation, M. le
Président, n'est pas du premier ministre, elle est du programme du Parti
québécois.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Pour la deuxième fois, en l'espace d'une
douzaine de mois, nous revoyons un projet de loi semblable qui est
déposé devant l'Assemblée nationale. En effet, un projet
de loi concernant le financement des partis politiques était
déposé l'an dernier, à peu près à cette
date, et n'a pas passé l'étape de la deuxième lecture. La
différence, cependant, est que, cette année, le projet de loi a
été assaisonné avec des amendements qui viendront modifier
de nouveau la Loi électorale sous d'autres rapports. Ce qui veut dire
que ce projet de loi aurait pu tout aussi bien contenir une réforme
électorale en profondeur. Je crois savoir, cependant si ma
mémoire est fidèle qu'un autre projet de loi aurait
été déposé l'an dernier également, un projet
de loi qui regardait le financement des partis politiques, mais sur une autre
base, c'est-à-dire sur la base du recueil des fonds auprès de la
population avec une possibilité de déductions pour fins
d'impôts.
Il se pourrait je ne sais pas, je ne connais pas les intentions
du gouvernement peut-être que nous ayons un projet de loi
semblable qui vienne un peu plus tard pour compléter celui-là.
Cependant, quant à la partie de ce projet de loi qui concerne les
modifications à la Loi électorale, je soutiens qu'il aurait
été probablement très valable que le gouvernement profite
de la situation pour nous présenter une réforme un peu plus
complète, c'est-à-dire peut-être même revoir le mode
de scrutin. Je sais que nous avions eu, déjà en 1970, plusieurs
commissions parlementaires où des experts étaient venus
comparaître pour nous parler des différents modes de scrutin dans
différents pays.
Bien sûr, je ne crois pas qu'il ait, dans le monde, des modes de
scrutin parfaits. Peut-être que, dans certains endroits, on a des modes
de scrutin qui sont supérieurs aux nôtres et, dans certains autres
endroits, c'est peut-être pire.
Je pense qu'il y aurait lieu de revoir l'ensemble des modes de scrutin
et de tenter de former un consensus autour d'un mode de scrutin qui pourrait
peut-être donner un peu plus la réalité. Actuellement,
point n'est besoin de vous dire, M. le Président, qu'avec un certain
pourcentage de voix, un parti politique n'est pas nécessairement
représenté en Chambre selon le suffrage reçu. Il y aurait
peut-être lieu de revoir cette situation pour qu'il y ait au moins un
rapprochement entre le dé- sir, les votes émis le jour du scrutin
et la traduction de cette réalité en cette Chambre par un nombre
de députés qui se rapproche, en tout cas, au moins de
l'équivalent du nombre de votes reçus.
Il y a dans certains pays des modes de scrutin qu'on qualifie de mode de
scrutin à la proportionnelle. Il peut y avoir aussi des collèges
électoraux semblables aux nôtres mais avec une certaine proportion
de comtés dont les députés pourraient être
élus plutôt par le mode universel ou à la liste encore. Je
ne veux pas par là faire une suggestion précise parce que je
considère qu'il y aurait lieu d'assister à d'autres commissions
parlementaires.
Si j'ai dit tantôt que le gouvernement aurait pu l'apporter en
même temps, c'est qu'on aurait peut-être pu tenir ces commissions
parlementaires ayant. Mais c'est valable. On est aujourd'hui le 4
décembre. Le projet de loi étant ce qu'il est, on ne peut pas,
bien sûr, demander au gouvernement de changer le mode de scrutin du jour
au lendemain. Cela mérite une grande réflexion à partir
des documents que nous avions déjà eus et à partir des
discussions que nous avions déjà eues en 1970/71. Il y aurait
peut-être la possibilité d'un certain nombre de
députés élus selon un mode de suffrage universel à
travers le Québec, ce qui permettrait peut-être une meilleure
représentation et en même temps une représentation plus
juste.
Ce que le gouvernement s'est contenté de faire, malheureusement,
M. le Président, c'est un découpage électoral en 1973, qui
a eu lieu un petit peu avant les élections de 1973, découpage
électoral dans lequel le gouvernement a solidifié ses
positions.
Nous aurons bientôt aussi, probablement, un projet de loi qui nous
apportera un autre découpage électoral. On parle d'ajouter deux
circonscriptions. A partir de ces additions, il y a évidemment des
modifications territoriales. Ces modifications territoriales me semblent
être préparées, pas par la commission Drouin mais par ceux
qui en ont discuté par la suite et me semblent s'acheminer vers un
résultat qui donnera, je pense, dans le même panneau qu'en 1973,
c'est-à-dire un découpage électoral qui consolidera les
positions du gouvernement. Je pense que ce n'est pas de cette façon que
nous pourrons sauver la démocratie au Québec, si nous croyons en
un système démocratique.
L'honorable député d'Outremont me demande si elle est en
danger. J'ai l'impression qu'il n'est pas sorti avec elle dernièrement
pour se poser ce genre de questions. Je pense qu'il y a un danger assez
évident vis-à-vis de la démocratie au Québec,
surtout avec l'élection, en 1973, de 102 députés
libéraux. Proportionnellement au vote reçu, il me semble que
c'était un danger qui était assez évident. Il s'est
peut-être un peu amoindri mais si peu, M. le Président, depuis
quelque temps.
De toute façon, je crois raisonnable de dire que notre parti
verrait d'un bon oeil je pense que là-dessus plusieurs partis en
cette Chambre sont d'accord une refonte plus en profondeur que celle qui
nous est proposée.
M. le Président, bien sûr, la partie majeure de ce projet
de loi, puisque nous parlons de modifier la Loi électorale, les
modifications à la Loi électorale comme telle sont des
modifications qui m'apparaissent mineures et de concordance.
Mais, la partie majeure de ce projet de loi, c'est le financement des
partis politiques.
M. le Président, nous pourrions, bien sûr, devant ce projet
de loi, avoir des réactions de différentes formes, mais j'ai
souligné tantôt, et je le répète, que c'est la
deuxième fois qu'on dépose ce projet de loi. Je ne crois pas, en
tout cas, que personne ait manifesté, en 1974, à l'occasion du
dépôt de ce projet de loi, qui était sensiblement le
même à quelques exceptions près, parce qu'en 1974, si ma
mémoire est fidèle, le projet de loi plafonnait le financement
électoral pour tous les partis politiques en cette Chambre à
$400,000. La différence qui m'apparaît le ministre me
corrigera si je me trompe, parce que c'est en toute bonne foi et en fouillant
dans ma mémoire, que je le fais est la suivante: c'est que le
montant de $400,000 peut être dépassé, considérant
le minimum pour les partis. C'est la différence, au point de vue du
financement, que je crois me rappeler. Je me rappelle également n'avoir
entendu personne se débattre contre ce projet de loi à ce
moment-là, sauf pour réclamer davantage, sauf pour dire que ce
n'était pas suffisant. Je pense que là-dessus plusieurs partis,
en tout cas, ont manifesté la même intention.
M. le Président, même si cela s'appelle projet de loi
concernant le financement des partis politiques, on ne peut pas croire que les
sommes qui seront affectées au financement des partis politiques via la
loi no 9, sont des sommes exorbitantes et susceptibles de financer les partis
politiques effectivement. Au contraire, M. le Président, ces sommes ne
sont que des gouttes d'eau, en quelque sorte, dans le verre, parce que cela
coûte plus cher que cela pour maintenir un parti politique, même en
faisant appel au bénévolat, même en faisant appel à
toutes les bonnes volontés possibles. Nous savons, à titre
d'exemple, que seulement les dépenses matérielles que nous
devons, au cours de l'année, effectuer dépassent de beaucoup ces
sommes-là. Bien sûr, évidemment...
M. Harvey (Charlesbourg): Des gouttes d'eau.
M. Samson: Vous autres, oui, je m'imagine. Pour les fins du
journal des Débats, M. le Président, je répondais au
député de Charlesbourg. Je m'imagine, oui, que le Parti
libéral a certains problèmes de ce côté, parce que
ses dépenses sont sûrement supérieures à celles de
notre parti. D'ailleurs, M. le Président, c'est connu de tout le monde.
Je n'ai, évidemment, pas à juger des dépenses qu'a
à faire le Parti libéral; seul le Parti libéral doit
décider du genre de dépenses qu'il fait entre les
élections, puisque, jusqu'à ce jour, seule la Loi
électorale régit les partis pour fins des dépenses.
Si nous nous retrouvons dans un système où seulement, en
temps électoral, les dépenses sont limitées et
surveillées, bien, entre les élections, les dépenses des
différents partis politiques ne sont pas, à ce que je sache,
limitées et, jusqu'à ce jour, ne sont pas non plus
surveillées par la Loi électorale.
Alors, nous pouvons en déduire, puisque personne ne semble faire
de rapport avec vérification complète et totale, que, lorsqu'un
parti politique annonce qu'il a récolté un certain montant
d'argent et qu'il fait cela annuellement, il a besoin de ce montant, ou tout au
moins d'une partie qui approche ce montant. Je n'ai jamais entendu dire que
quelqu'un se soit vanté, dans ce mode de financement populaire, d'avoir
de l'argent de trop. Si on se vantait d'avoir de l'argent de trop, on aurait
des difficultés de financement, dans ce genre de financement populaire.
Or, cela veut dire que nous pouvons en déduire que le million par
année ou presque le million par année, par exemple, que le Parti
québécois récolte par le moyen de souscription populaire
est utilisé. Un autre parti nous dit par la voie des journaux qu'il a un
certain montant en caisse et qu'il l'utilise également, qu'il utilise
l'intérêt d'une certaine somme placée. Le parti au pouvoir,
je ne sais pas quel est le montant qu'il dépense mais je m'imagine qu'il
ne doit pas dépenser moins que les autres. Je pense que le Ralliement
créditiste est, de tous ces partis, celui qui dépense le moins,
qui a des sources de revenus peut-être moindres que les autres et qui
dépense le moins.
Malgré tout cela, il n'y a pas de gêne à dire que
les sommes qui sont prévues à ce projet de loi, qui sont de
l'ordre de $50,000 pour le Ralliement créditiste, de $50,000 pour
l'Union Nationale et de $120,000 pour le Parti québécois et le
reste pour le parti au pouvoir, ne sont pas suffisantes.
M. Hardy: Non?
M. Samson: Oui, c'est clair. Je ne suis pas un hypocrite, moi. Ce
n'est pas suffisant. Ce n'est pas suffisant parce que seules les
dépenses matérielles minimes, sans compter le travail fait par
les gens un peu partout dans la province pour un parti politique je ne
parle pas du nôtre en particulier, cela coûte plus cher que cela.
Donc, il faut aller chercher cet argent chez nos membres par des souscriptions
de toutes les sortes, populaires. Il reste une chose, c'est que,
évidemment, on pourrait aussi à ce moment-ci de la discussion
jouer à la démagogie. Ce serait tellement facile, tellement
facile de revivre le débat que nous avons vécu l'automne dernier,
à l'occasion du bill 87. Ce serait tellement facile de revivre cela, M.
le Président, en disant: Bien, cela va être pris dans les taxes.
Et on n'a pas le droit, on est scrupuleux. On pourrait faire cela, M. le
Président.
Je rappelle à ceux qui seraient tentés de le faire, s'il y
en a qui sont tentés de le faire, que la Loi électorale
prévoit une récupération pour tous les candidats qui
reçoivent 20% ou plus des votes à l'occasion d'une
élection générale ou d'une élection partielle. Ceci
veut dire que tous les députés en cette Chambre ont
récupéré leurs dépenses
électorales via la Loi électorale. Je n'ai encore entendu
personne s'en plaindre.
Je n'ai encore entendu personne venir nous manifester son scrupule
d'avoir pu récupérer une partie des dépenses qu'il a
dû encourir lui-même ou son organisation ou son agent
électoral, durant une élection. Alors la somme de $50,000 que
nous voyons là, qui est un minimum, mais qui serait ce que le Ralliement
créditiste et l'Union Nationale recevraient, cette somme
représente, M. le Président, environ l'équivalent de la
récupération de cinq députés à la
dernière élection.
Imaginez-vous donc cela. C'est cela qu'on offre à un parti
politique. On va appeler cela le financement d'un parti politique puis on va
tenter peut-être de faire croire à la population qu'avec cela les
finances des partis politiques sont devenues démocratiques, puis qu'avec
cela on a réglé tout le problème et que,
évidemment, il n'y a plus de parti avec des caisses électorales
occultes, parce qu'on a réglé ce problème.
M. le Président, cela ne changera pas cette partie du
problème. Les caisses électorales occultes, pour ceux qui veulent
en parler, M. le Président, je pense qu'il y a beaucoup
d'interprétation possible là-dessus. A quel moment cela devient
occulte et à quel moment cela ne l'est plus? Les partis politiques ne
sont pas les seuls à quêter. Il y en a d'autres qui quêtent
aussi. Et, M. le Président, il y a des organisations respectueuses qui
font la quête, respectueuses...
M. Hardy: Oui, il y en a déjà même qui ont
fait de l'argent en quêtant.
M. Samson: ... et je n'ai jamais entendu dire... Pardon?
M. Hardy: II y en a qui se sont enrichis en quêtant.
M. Samson: Je serais peut-être...
M. Hardy: Ah! Le député de Lafontaine lève
la tète.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: ... tenté de répondre au ministre, mais
je résiste. Je résiste...
M. Léger: N'importe qui s'enrichit en travaillant.
M. Samson: ... M. le Président, mais un fait demeure,
c'est que des organisations très respectueuses font aussi des demandes
de souscriptions pour aider les pauvres, pour aider les malheureux, pour aider
les malades, etc., etc. Et, à ce que je sache, on ne s'en offusque pas.
On trouve même cela très bon. Alors, quand le gouvernement aide
les partis politiques, par un montant nominal, il ne faut pas trop s'en
offusquer non plus, parce que dans l'Opposition, on sait cela pas mal plus
qu'au gouvernement, on est obligé d'aider les pauvres souvent, parce que
si on laissait seulement le gouvernement prendre la défense des
malheureux, prendre la défense de ceux qui sont au bas de
l'échelle, je vous assure qu'ils seraient encore plus malheureux qu'ils
ne sont. Il faut donc venir à la défense de ces gens-là.
Alors, quand on vient à leur défense, c'est autant aider les
pauvres que de quêter pour les associations de charité.
M. le Président, je pense que nous devons regarder la situation
bien en face et ne pas jouer aux hypocrites. Cela serait trop facile de jouer
à l'hypocrisie à ce moment-ci, surtout quand on sait que personne
d'entre nous n'a refusé sa récupération. Je pense qu'on
peut le demander au président des élections, il va être
prêt à nous le dire n'importe quand. D'ailleurs, les
dépenses électorales et la récupération ont paru
publiquement. C'est la loi. Cela se fait depuis 1966, M. le Président:
1966, 1970, 1973, cela fait trois élections où tous les
députés qui ont été élus en cette Chambre
ont reçu une récupération de leurs dépenses
électorales et personne ne s'est levé sur une question de
privilège pour s'en plaindre.
Donc, cela veut dire que chacun des députés élus a
accepté une récupération de ses dépenses
électorales. Aujourd'hui, on parle d'un parti. Un parti, cela peut
être un groupe de députés ou ce peut être un
député, mais avec bien du monde en arrière et cela a les
mêmes besoins. Ce n'est pas par le nombre de députés qu'on
a en Chambre qu'on limite les besoins; c'est, évidemment, par le nombre
de personnes que nous avons.
M. Hardy: Ceux qui sont en arrière.
M. Samson: Oui, évidemment, si nous avions un mode
électoral différent, on aurait plus de députés en
cette Chambre.
M. Hardy: Vous en auriez en arrière.
M. Samson: Nous serions plus nombreux en cette Chanbre si nous
avions un mode électoral plus régulier, plus réaliste.
Mais, pour le moment...
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Samson: Qu'est-ce qui ne va pas?
M. Hardy: Ce n'est pas conforme, ce que le député
de Rouyn-Noranda dit.
M. Léger: II est bien nerveux, le ministre!
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre
des Communications, question de règlement.
M. Hardy: Vous voulez avoir un mode de scrutin pour avoir plus de
députés et, quand vous en avez, vous les mettez dehors.
M. Léger: II est bien nerveux, le ministre! Il est
nerveux, le ministre!
M. Lessard: Ils étaient assez nombreux pour se
disputer.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: Je pensais que le ministre était plus
sérieux que cela.
M. Hardy: C'est sérieux, mettre un député
dehors?
M. Samson: Non, vous n'êtes pas sérieux.
M. Hardy: II y en a qui partent, mais vous, vous les mettez
dehors.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'or-dre, s'il vous
plaît!
M. Samson: Vous n'êtes pas sérieux! Si vous aviez
été pris avec lui, vous l'auriez mis dehors bien avant cela,
vous.
Des Voix: Ah! Ah! Ah!
M. Samson: M. le Président, on n'attend pas le CECO pour
faire le nettoyage chez nous, nous autres.
M. Morin: Oui, mais, du moins, il ne frayait pas avec la
pègre.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
L'honorable député de Rouyn-Noranda. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: A part cela, vous autres, avec ceux que vous avez
perdus, vous n'avez pas grand-chose à dire!
M. Choquette: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député d'Outremont, question de règlement.
M. Choquette: Est-ce que, vraiment, le député de
Rouyn-Noranda ne rougira pas des paroles qu'il est en train de prononcer quand
il les relira dans le journal des Débats, demain? Le
député de Rouyn-Noranda est en train de dépasser,
vraiment, la mesure de ce qui est acceptable.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je n'ai rien dépassé, je n'ai rien
à retirer. Si le député d'Outremont veut défendre
son poulain, ce sont ses affaires. De toute façon, je dis au
député d'Outremont que je lui souhaite bonne chance, il en aura
besoin.
M. Lessard: II est mieux... M. Samson: II en aura
besoin.
M. Lessard: ... de ne pas accepter le député de
Rouyn-Noranda, cela va aller mal.
M. Hardy: Peut-être qu'à ce moment-là le
député d'Outremont va bleuir.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: Soyez donc chanceux de ne pas avoir le
député de Saguenay avec vous, ce serait encore pire.
Je disais que ces sommes sont presque ridicules quand on veut parler
d'un financement de parti politique. Quand on veut parler d'une loi qui va
démocratiser les caisses électorales, c'est presque ridicule.
M. Choquette: Mais vous allez voter pour quand même.
M. Samson: Voulez-vous demander à l'honorable
député d'Outremont, M. le Président, de me laisser
parler?
Je sais que je lui fais un peu mal là, parce qu'il
s'apprête à dire le contraire de ce qu'il disait, il y a un an
passé. Il va le dire tantôt. Il s'apprête à se
contredire, M. le Président, mais, ne vous en faites pas, ce ne sera pas
la première chose semblable qu'il va faire. Il a découvert le
ciel tout à coup, lui, le député d'Outremont. Cela ne fait
pas longtemps qu'il a découvert le ciel.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Revenez à l'intervention en deuxième lecture sur le
projet de loi no 9.
M. Samson: Le ciel est bleu, l'enfer est rouge, on se rappelle
donc cela. Il vient de découvrir cela, il s'apprête à
contredire ce qu'il disait déjà. C'est drôle qu'en
changeant de siège cela change les hommes.
Mais, je vous mentionnais la loi fédérale pour le
financement des partis. Je n'ai entendu personne en cette Chambre non plus
crier trop fort contre cette loi et, pourtant, elle existe au Canada. Elle
existe au Canada. Il se recueille beaucoup plus d'argent en vertu de cette loi
que jamais on va pouvoir en retirer, nous autres, en vertu de la loi qui nous
est présentée. On ne nous a pas présenté une loi
semblable.
Bien sûr, le ministre pourrait peut-être invoquer que la loi
fédérale n'est pas tout à fait rodée, c'est vrai.
Il y a des problèmes de différentes sortes. La loi permet
certaines choses, puis en pratique ils ont des problèmes. Est-ce qu'on
peut envi-sag r un jour d'avoir une loi qui permettrait à des gen:. qui
veulent souscrire honnêtement à un parti politique de
récupérer via le ministère du Revenu, via les impôts
sur le revenu? Pour le moment, on n'a pas cela. On est pris avec une loi qui va
nous limiter à $50,000.
M. le Président, $50,000, nous avons... Il y en a peut-être
qui vont rire à côté, surtout à ma droite.
M. Choquette: On n'a plus le droit de rire maintenant?
M. Samson: De toute façon, cela ne change pas
grand-chose.
M. le Président, l'information, tous les partis politiques
doivent en faire, de l'information directe, s'ils ne veulent pas être mal
interprétés. Vous savez cela, je m'adresse au ministre,
actuellement, des Communications. Il sait cela que, si nous voulons faire de
l'information qui est en conformité avec ce que nous disons, il faut que
l'information soit la plus directe possible.
Cela veut dire du producteur au consommateur. Quand cela passe par la
presse, cela n'arrive pas toujours au consommateur de la même
façon. Cela est une réalité, M. le Président, que
tout le monde connaît. Il y a également l'imprimerie, les
dépenses de secrétariat, les dépenses de voyages, etc.
Tout cela est là. Mais à ceux qui voudraient se sentir
scandalisés ou qui voudraient se montrer scrupuleux outre mesure, je
serais peut-être tenté de demander de faire une comparaison entre
ce qui sera dépensé pour permettre aux partis politiques de faire
leur travail, de faire une petite comparaison entre ce qui sera
dépensé par le gouvernement pour cela et ce qu'il en coûte
au gouvernement pour maintenir et garnir certaines tablettes.
Faisons une petite comparaison et nous verrons que cela ne coûtera
pas cher ici aujourd'hui. Faisons une petite comparaison entre ce que cela va
coûter pour permettre aux partis politiques de faire leur travail et ce
que cela a coûté... On a parlé tantôt de Mirabel, des
$427,000 pour son "party", mais on peut parler des $600 millions de
déficit des Jeux olympiques aussi. Cela sera pris aussi dans les taxes
de la population. Si nous faisons des comparaisons pour avoir des rapports nous
permettant de savoir à quel moment on est équilibré, je
dis que c'est une goutte d'eau dans le verre, les $400,000 pour permettre
à des partis politiques de faire leur travail et de faire leur
devoir.
On a dit $50,000 minimum. Cela veut dire pour le Ralliement
créditiste et l'Union Nationale. Evidemment, il y en a qui vont s'en
offusquer, mais justement dans un journal du mois de novembre, pour vous
permettre de faire des comparaisons et pour nous permettre de faire des
comparaisons, dans le Montréal-Matin du 14 novembre dernier, on annonce
$50,000 de subvention à la Butte à Mathieu. Il me semble qu'un
parti politique qui fait son travail, cela doit valoir autant que la Butte
à Mathieu. Cela doit valoir autant, sinon plus, M. le
Président.
Mais personne n'a chiâlé contre cela. On n'a pas dit un mot
là-dessus. Je ne chiâle pas non plus, mais on peut se permettre de
faire des comparaisons. Le gouvernement a considéré va- lable de
donner $50,000 de subvention à la Butte à Mathieu là
où, évidemment, des chansonniers se rendent
régulièrement.
Ces chansonniers n'ont pas besoin de se faire tordre les bras par des
fonctionnaires sur les tablettes pour chanter le séparatisme au
Québec. Si on a jugé bon de donner $50,000 de subvention,
là, je ne vois pas pourquoi on se scandaliserait d'avoir $50,000 pour
faire marcher un parti politique.
M. le Président, aussi longtemps que le financement des partis
politiques pourrait provenir des fonds publics surveillés, aussi
longtemps nous pourrions avoir la certitude que les caisses électorales
servent à des fins démocratiques, si c'est ce que nous
recherchons, la démocratie. C'est pourquoi je voterai pour ce projet de
loi no 9.
M. Hardy: Ah bon!
M. Samson: Oui, je voterai pour le projet de loi no 9. Je vous ai
dit pourquoi je voterai pour et je vous ai dit aussi ce que j'aimerais avoir
comme changements dans ce projet, ce que j'aimerais avoir aussi comme
réformes au point de vue électoral. Ce n'est pas complet. Je sais
que le ministre ne pourra pas nous compléter cela demain matin. Je lui
ai, d'ailleurs, suggéré la tenue de commissions parlementaires
sur la question de la réforme électorale, surtout sur la question
du mode de scrutin. Je demande au ministre d'en tenir compte tout simplement,
pour le moment. Je ne peux pas lui demander de nous apporter un projet de loi
demain matin, mais, de grâce, qu'il en tienne compte, parce que cette
partie de la question devrait être réglée avant longtemps
si nous voulons, au Québec, maintenir un régime
démocratique. Sinon, on pourrait glisser assez rapidement vers
l'anarchie, ce que personne de bonne volonté ne voudrait. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je demande la suspension
jusqu'à huit heures quinze.
M. Hardy: M. le Président, que le député de
Lafontaine se contente de demander la suspension du débat et je
demanderai la suspension de la séance.
M. Léger: Le caporal a donné la permission?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'Assemblée
suspend ses travaux jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 24
Le Président: A l'ordre, messieurs! L'honorable
député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, le projet de loi no 9
concernant le financement des partis politiques devrait plutôt s'appeler
loi pour les subventions aux partis politiques. C'est la raison pour laquelle
je pense que, ayant lu, dans ce projet de loi, beaucoup de choses acceptables
et en acceptant le principe de cette loi, nous allons voter pour le principe de
la loi. Cependant, on ne peut faire autrement qu'éprouver un malaise, en
discutant de ce projet de loi.
Au Québec et en Amérique, je pense qu'un proverbe est
facilement applicable: en politique dis-moi qui te finance et je te dirai qui
te contrôle. Quand le plus grand nombre élit un parti politique,
ce parti politique doit représenter les intérêts de ce plus
grand nombre. Quand un plus grand nombre finance un parti politique, un parti
politique au pouvoir doit défendre les intérêts du plus
grand nombre. Mais quand c'est l'inverse et qu'un petit nombre finance un parti
politique, le parti politique, à ce moment-là, est obligé
de défendre les intérêts du petit nombre, contrairement
à la philosophie présentée auparavant.
M. le Président, je pense que le petit nombre qui finance
n'importe quel parti politique a les moyens, par la suite, d'exiger en retour
que le gouvernement en place s'occupe des intérêts du petit nombre
au détriment des intérêts de la collectivité. Alors,
je pense que ce projet de loi ne va pas assez loin. Il est bon que l'Etat
finance les partis politiques, mais je pense que l'Etat devrait aussi
prévoir, dans sa loi, des mécanismes permettant de faciliter,
à l'ensemble des citoyens du Québec, une participation
financière aux partis politiques et, ainsi permettant à plus de
gens de financer directement l'instrument qu'ils désirent avoir pour
diriger les destinées de leur pays. Si on est nombreux à
participer au financement d'un parti, c'est donc dire que ce parti est
réellement le représentant d'une majorité de citoyens.
M. le Président, ce qu'il manque dans ce projet de loi, c'est la
possibilité de permettre l'amélioration des financements et de
l'autofinancement populaires des partis politiques en ayant ajouté
spécialement la possibilité de déduction d'impôt
pour ceux qui participeraient au financement d'un parti politique.
C'est là-dessus, M. le Président, que je veux baser mon
argumentation, puisque, plus le parti s'autofinance, plus il a l'appui des
citoyens, plus il colle à la réalité
québécoise. C'est donc dire qu'un gouvernement qui se veut
démocratique devrait faciliter la participation financière des
citoyens à un parti politique. A ce moment-là, nous n'aurions pas
des partis politiques qui demeurent artificiellement dans le décor,
parce qu'ils ont obtenu une aide financière de petits groupes, mais qui
ne correspondent plus aux besoins et aux désirs d'une population.
C'est la raison pour laquelle les caisses électorales occultes,
qui ont été constituées à 80% ou 85% par de petits
nombres, par de petits intérêts, maintiennent à la
tête du Québec ou maintiennent dans le décor politique du
Québec un groupe et un mouvement politique qui ne répond pas
nécessairement au désir de la population, mais qui n'est
là que parce qu'il a l'argent pour se maintenir en place.
Je n'ai pas dit que j'attaquais uniquement le Parti libéral en
disant cela, M. le Président.
M. Hardy: Je sais bien que vous n'attaquez pas le Parti
libéral, avec 55% des voix.
M. Léger: Je parle en général du
principe...
Le Président: Pas d'interruption, s'il vous
plaît.
M. Léger: M. le Président, toute organisation
humaine fixe ses objectifs en fonction de ceux qui la financent. La libre
entreprise du début du dernier siècle était
financée par une multitude de petits épargnants qui
étaient actifs comme actionnaires. Leur assemblée était
maîtresse, le jeu des contrepoids jouait à leur avantage. Une
assemblée d'actionnaires qui est maîtresse des destinées
d'une compagnie ou d'une organisation peut diriger cette organisation selon les
bons vouloirs de la majorité. C'est la démocratie.
Le Parti québécois est un parti qui a été
financé par ses membres uniquement, par ses milliers de membres, et
c'est la raison pour laquelle son assemblée est maîtresse. Je dois
vous dire, M. le Président...
M. Lafrance: M. le Président, est-ce que l'honorable
député me permet une question?
M. Léger: J'ai la parole, M. le Président.
Le Président: Est-ce que vous accordez une question?
M. Léger: Est-ce que je peux avoir la paix? Vous poserez
les questions à la fin de mon intervention.
Le Président: Bon. A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Léger: M. le Président, il y a des choses qui
doivent être dites à l'occasion de ce projet de loi et le
député de Terrebonne, ministre du cinéma, devrait
écouter attentivement ce que je veux dire, parce qu'il va apprendre
beaucoup.
Il va être surpris de voir comment un parti politique peut se
financer démocratiquement.
M. Hardy: J'en connais trop sur votre affaire.
M. Léger: Je parle d'une chose que je connais à
fond, puisque c'est moi qui l'ai mise en place dans le parti politique du Parti
québécois. M. le Président...
M. Lessard: On peut vous le prêter, si vous voulez.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
M. Léger: ... tenter une campagne de financement
démocratique auprès des membres d'un parti politique était
un défi que le Parti québécois devait relever. Depuis sa
fondation, le programme politique du Parti québécois était
issu de la base. Démocratiquement le parti avait adopté des
résolutions sur le plan politique, social, culturel et
économique. Des congrès de comté, de région et de
toute la province avaient réuni des délégués qui,
ensemble, avaient étudié les résolutions et adopté
un programme politique.
Mais pour faire triompher ses idées, M. le Président, il
fallait que le Parti québécois demeure libre de toute attache
financière et demande à tous ses membres de ne pas uniquement
accorder un appui moral. Il fallait qu'ils aillent plus loin et qu'ils lui
donnent aussi les moyens financiers de réaliser ses objectifs
politiques. La situation, quand le projet a été
présenté en 1972, était tragique. La caisse du parti
politique était vide. Pour atteindre ces objectifs il fallait trouver
une technique de financement interne, tenant compte des objectifs suivants,
c'est-à-dire atteindre à ce moment-là les 76,000 membres
en règle du parti, pour les renseigner, les motiver sur les besoins
financiers du parti.
Après avoir fait approuver, M. le Président, par
l'exécutif national et le conseil national du parti, les méthodes
et les techniques de cette opération, il fallait établir une
autodiscipline à tous les paliers des structures du parti, que ce soit
au palier de l'exécutif national, des députés, des
exécutifs de comté, des comités régionaux et
nationaux et des membres de tout le Québec. Il fallait, utiliser au
maximum les disponibilités, le bénévolat, le talent, les
spécialités qui existaient déjà dans le parti et
donner la priorité et l'exclusivité durant le mois de mars
à cette opération financement sur toutes les activités du
parti. Il fallait la formation d'un comité de spécialistes dans
ce domaine, monter une structure dans tout le Québec qui
exécuterait le plan proposé et adopté par les plus hautes
instances du parti et à tous les paliers du parti.
Il a fallu, M. le Président, mettre sur pied une organisation
à tous les paliers du parti et obtenir des résultats qui ont
amené depuis quatre ans ce que disait le député de
Maisonneuve, soit $600,000 et plus au début à près de
$900,000 cette année. Et, cette année, M. le Président,
près de 40,000 membres du parti ont souscrit une moyenne de $22 par
année, soit par chèques échelonnés au cours de
l'année, soit par paiements complets d'une seule source.
Ceci a amené comme résultat politique et c'est
là-dessus que je veux que le député de Terrebonne me
comprenne bien l'importance dans la vie d'une collectivité qu'un
parti politique appartienne à la collectivité et non pas à
des sources occultes ou à des intérêts particuliers,
privés, qui primeront sur des décisons qui doivent être
prises pour le bien-être de la collectivité.
M. Veilleux: La CSN.
M. Léger: Le financement du Parti québécois
a permis de faire réaliser à la population la
nécessité de nouvelles moeurs électorales et la
possibilité du financement démocratique d'un parti politique.
Avant que le Parti québécois fasse son financement
démocratique et s'autofinance, on ne croyait pas possible au
Québec qu'un parti politique majeur, représentant les
Québécois, soit capable de s'autofinancer. Nous avons fait la
preuve, avec le Parti québécois, qu'il était possible de
l'autofinancer avec la particiaption et les subventions de tous les membres,
morceau par morceau, dollar par dollar, sans aucune somme qui arrive don ne
sait où, de groupes intéressés pour défendre des
intérêts intéressés. Cela a été la
particiaption des membres du Parti québécois.
M. Veilleux: Les CLSC.
M. Léger: L'opération a créé un
réveil et une réelle admiration de la population pour le Parti
québécois. Cette opération a fait réaliser à
la population que le Parti québécois devenait maintenant un parti
majeur au Québec, qui est propre, qui est libre de toute attache
financière et capable de diriger le prochain gouvernement.
M. Veilleux: M. Net.
M. Léger: La libre entreprise dont je parlais
tantôt, le capitalisme du début du siècle a beaucoup
évolué.
M. Bienvenue: Le député me permettrait-il...?
M. Léger: Non, après mon intervention. Vous me
poserez des questions et je répondrai à ce que vous voudrez.
M. Bienvenue: Après?
M. Léger: Le capital, depuis la dernière guerre,
s'est concentré dans les mains de grandes banques et institutions
financières, contrairement au début, où il était
entre les mains des petits actionnaires et des milliers d'épargnants.
Cela s'est concentré, depuis la dernière guerre, à
l'intérieur des banques et des institutions financières.
Le petit épargnant du début du siècle, le petit
actionnaire en est maintenant réduit à un rôle secondaire.
Ce sont les banques qui sont les sources principales de financement de
l'entreprise grande et moyenne. L'entrepreneur d'autrefois, souvent
détenteur du capital lui-même, n'avait à répondre
qu'à ses actionnaires pour son expansion. Mais, graduellement, il a
été remplacé par l'administrateur qui, souvent,
détient très peu de capital. Il est choisi par cooptation, il est
choisi par ses pairs, lesquels sont les mêmes qui gèrent les
banques et les institutions financières. De plus, les grands
gestionnaires des compagnies, les grands administrateurs sont formés
dans les mêmes universités. Le capital qui provient des petits
épargnants
est maintenant entre les mains d'un petit nombre et
contrôlé par un petit nombre.
Sur le plan politique, la monarchie a été
déplacée par la bourgeoisie, classe plus dynamique.
M. Bienvenue: M. le Président...
M. Léger: Cette bourgeoisie, M. le Président...
M. Bienvenue: J'invoque le règlement.
M. Léger: L'essence libérale... Si vous voulez me
permettre, vous pourrez répondre à votre tour.
Le Président suppléant (M. Pilote): Sur une
question de règlement, le ministre de l'Immigration.
M. Léger: L'essence libérale nous a
donné...
M. le Président, j'espère que vous ne m'enlèverez
pas cela sur mon temps, parce que j'ai des choses importantes à
dire.
M. Bienvenue: M. le Président, j'ai lu le projet de loi,
j'ai même modestement participé à sa rédaction et je
n'ai rien vu dedans qui traite des banques ou de la monarchie ou du
capitalisme. Est-ce qu'on est bien sur le projet de loi?
M. Hardy: No 9, le financement des partis.
M. Bienvenue: M. le Président, je vous pose la question au
sujet de la pertinence du débat. C'est la question de règlement
que je soulève.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre,
messieurs! Le député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Présiddent, sans vous rappeler l'article
120, je pense que nous avons à étudier un projet de loi qui
concerne justement le financement des partis politiques. Je pense que le
député est en train d'expliquer comment un parti politique, le
Parti québécois, s'est financé. C'est un exemple, si le
Parti libéral veut lui aussi se démocratiser, en vue de l'aider
à se démocratiser. Je pense que la question de règlement
du ministre de l'Immigration n'a aucune raison d'être.
M. Bienvenue: M. le Président, je regrette et je
maintiens...
M. Lessard: Règlement, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Pilote): Est-ce que
c'est sur une question de règlement?
M. Bienvenue: Toujours sur ma question de règlement.
M. Lessard: A l'ordre! M. le Président, il a
soulevé...
Le Président suppléant (M. Pilote): Sur une
question de règlement.
M. Lessard: Pour la deuxième fois?
M. Bienvenue: Je ne vois pas, je regrette infiniment ou alors
j'ai mal lu, ce que la monarchie et les grandes institutions
démocratiques ou capitalistes du siècle dernier et les banques
ont à faire dans ce projet de loi.
M. Lessard: Vous êtes contrôlés par les
capitalistes, c'est tout simplement cela.
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre!
A l'ordre!
M. Léger: M. le Président, j'espère qu'on ne
m'enlèvera pas sur mon temps ce que j'ai à dire.
Le Président suppléant (M. Pilote): Allez.
M. Léger: Je suis en train, M. le Président,
d'amener tranquillement...
M. Lessard: Je vais vous le dire tantôt, moi.
M. Léger: ... le gouvernement à comprendre
l'importance du financement et de l'autofinancement des partis politiques.
M. le Président, au cours de son histoire, l'idéologie
libérale s'est imposée et a réussi a y intégrer ses
opposants. Aujourd'hui, les grands partis traditionnels se ressemblent parce
que leurs objectifs se ressemblent. Et ils se sont fixés en fonction de
la puissance derrière eux, c'est-à-dire le capital, lequel est
concentré entre les mains des banques, des institutions
financières.
Voici la raison pour laquelle le député de Crémazie
pourra comprendre mon intervention. Dans une déclaration, Richard
Lafferty, de Laf-ferty, Harwood, affirmait, il y a quelques années, que
les banques contrôlent les partis politiques. Et je cite: "Les banques
à charte canadiennes constituent probablement les plus importants
fournisseurs de capitaux aux caisses électorales des partis politiques.
En conséquence, les banques dirigent les partis en arrière du
rideau".
Plus loin, M. Lafferty dit: "Les députés des
différentes régions du Canada doivent oublier les
intérêts de leurs électeurs au profit de la machine
centrale du parti politique et aucune différence philosophique n'existe
entre les deux principaux partis canadiens à ce moment."
Plus loin M. Lafferty, de la firme Lafferty Harwood, affirme que la
concentration des pouvoirs politiques a entraîné la centralisation
du système bancaire canadien. Trois banques du Canada contrôlent
65% des actifs bancaires. Plus loin, M. Lafferty souligne, à ce sujet,
que de nombreux percepteurs de capitaux pour la caisse des partis politiques
proviennent des milieux juridique et financier.
Le citoyen d'hier, membre d'une société politique, devenu
maintenant un consommateur,
membre d'une société économique, est celui qui
finance les partis politiques, mais par l'intermédiaire des banques et
des institutions financières sans leur avoir donné de mandat,
sans contrôler les décisions des banques qui financent les
moyennes et les grandes entreprises finançant les partis politiques.
C'est avec l'argent de cet épargnant qu'on crée des
caisses occultes à cause des intermédiaires. Le citoyen
consommateur doit, à l'avenir, financer ses partis politiques d'une
façon ouverte, directe, mais comment? Ces sommes sont
détournées par l'intermédiaire, c'est-à-dire celui
qui est le canal de toute l'épargne des Québécois et qui
finance les partis politiques en place pour défendre les
intérêts du petit nombre.
Ces sommes, détournées par l'intermédiaire, doivent
être versées plutôt en impôts pour qu'on voie à
ce que ces compagnies, ces banques et ces institutions financières
paient l'impôt pour permettre au gouvernement, par la suite, d'aider les
partis politiques à se financer.
L'Etat est une création de ses membres et doit financer les
partis politiques. C'est pour cela que nous approuvons le principe de la loi,
mais partisans et militants peuvent y ajouter s'ils le désirent, comme
le fait le Parti québécois.
Avec le financement des partis par l'Etat, les individus se chercheront
un parti qui colle à leurs idées, à leurs aspirations et
à leurs espérances. Avec le financement des sources occultes, les
partis traditionnels se chercheront des partisans, se chercheront même
des chefs et ils imposent les aspirations et les visées de ceux qui
alimentent les sources occultes.
Par le financement des partis, l'Etat bloque les sources occultes. Le
financement de coulisses agit dans le sens de la vraie démocratie, une
démocratie dont l'assemblée de ses membres reste maîtresse
de ses espérances. Car, si on ne bloque pas les espérances des
individus, on n'aura jamais à parler de la révolte des
espérances, comme l'a fait M. Trudeau dernièrement.
M. le Président, un gouvernement qui se nourrit à des
sources occultes dégénère. Un parti qui s'alimente
à des sources occultes meurt. Un parti qui s'autofinance
régénère et régénère la
démocratie. Un gouvernement qui finance les partis politiques peut
nourrir la démocratie. Tous ceux qui sont à la source du
financement de coulisses sont des charognards de la démocratie et la
caisse occulte est le plus haut symbole de la vasectomie politique.
M. Veilleux: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Une question de règlement.
M. Veilleux: Charognard, est-ce un terme parlementaire?
M. Léger: Oui, M. le Président.
Le Président: II est appliqué dans le sens
très large, je crois.
M. Léger: Je le répète, M. le
Président, pour le député de Saint-Jean: Tous ceux qui
sont à la source du financement de coulisses sont des charognards de la
démocratie et la caisse occulte est le plus haut symbole de la
vasectomie politique.
Si cela peut vous faire plaisir, M. le Président, c'est encore
une chose que...
M. Veilleux: Cela veut dire quoi, la vasectomie, M. le
Président?
Des Voix: Ha! Ha!
M. Léger: Les contributions massives aux campagnes de
certains candidats des partis politiques sont des investissements dont le
rapport rendement-coût est le plus élevé qui soit.
M. Hardy: Vous en êtes rendu à vous inspirer de
drôles de sources.
M. Léger: Si le député pouvait
écouter, M. le Président. Je n'ai jamais vu un ministre aussi
nerveux que le député de Terrebonne depuis cet
après-midi.
Le Président: Allez, allez, continuez.
M. Léger: II a interrompu le député de
Maisonneuve 25 fois et il est toujours en dehors du sujet.
Le Président: II vous reste quelques minutes. M.
Léger: Combien de temps? Le Président:Quelques minutes. M. Veilleux: Une minute.
M. Léger: Le but, M. le Président, de toute
réforme dans le financement des partis politiques est de diminuer
l'importance excessive de l'argent sur la vie politique de la nation et de
remettre la politique aux citoyens. Toute réforme du financement d'un
parti politique doit inclure le contrôle du "lobby", car tous ces groupes
de pression doivent avoir un accès égal au gouvernement, non
seulement ceux qui ont la puissance de l'argent pour acheter cet accès,
mais tous les citoyens.
L'intention démocratique trouve son plus grand support dans la
réforme du financement des partis politiques. Le financement des partis
par l'Etat veut dire changement des règles du jeu démocratique,
mais cela doit se faire si on désire et si on a la volonté de
faire évoluer la démocratie dans le sens du progrès pour
l'homme.
Selon certains qui ont de l'expérience dans le financement des
partis politiques traditionnels, 80% des finances proviennent de larges
contributions par un petit nombre, alors que 20% viennent de petites
contributions. Ce qu'il faut, c'est inverser le rapport. C'est pour cela que ce
projet de loi ne permet pas l'autofinancement des partis politiques via les
petits épargnants. Il faut que la majorité des citoyens fournisse
à des partis politiques.
Le gouvernement n'a pas eu le courage de présenter dans son
projet de loi le financement des partis politiques qui aurait pu être une
version corrigée du financement des partis politiques
fédéraux. Au Québec, il y a un impôt qui se paie.
Dans les autres provinces, on reçoit une partie du financement par le
gouvernement fédéral, mais, au Québec, nous avons notre
propre impôt.
Il aurait été facile pour un gouvernement qui voulait
réellement aider le financement populaire des autres partis de permettre
une déduction d'impôt sur le financement des partis politiques. On
ne l'a pas voulu. Est-ce parce que le gouvernement libéral provincial
est à la solde du gouvernement libéral fédéral et
qu'il peut puiser à la même source de financement? Est-ce que les
gens qui vont fournir au Parti libéral fédéral pourront,
en même temps, dire: Donnez-en une partie à la même
organisation libérale du comté pour le provincial, et le diminuer
de l'impôt comme financement au parti fédéral?
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Léger: Est-ce que c'est pour cela qu'on n'a pas voulu
l'inclure...
M. Hardy: Question de règlement.
M. Léger: ... dans le projet de loi pour le
financement...
Le Président: Question de règlement, question de
règlement.
M. Hardy: M. le Président, le député de
Lafontaine ne semble pas savoir que dans le règlement c'est
indiqué que lorsqu'un autre député se lève il doit
reprendre son siège?
M. Léger: M. le Président, c'est absolument faux;
même si un député se lève cela ne veut pas dire
qu'il a le droit de se lever.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
à l'ordre! Quelle est votre question de règlement?
M. Léger: Avez-vous une question de règlement?
M. Hardy: M. le Président, je veux tout simplement vous
rappeler que l'honorable député de Lafontaine, l'opinant actuel,
a commencé son intervention à 20 h 25 et qu'en vertu du
règlement il a 20 minutes.
Le Président: Est-ce que je pourrais vous demander...
M. Léger: M. le Président, j'ai été
interrompu.
Le Président: Je vous ai accordé, jusqu'à
présent, trois minutes pour les interruptions que vous avez eues.
Pouvez-vous arriver à la conclusion en dedans d'une minute?
M. Léger: ... en dedans d'une minute, M. le
Président.
M. le Président, nous devons maintenant investir non dans nos
mythes actuels, mais dans un avenir défini par notre bon sens commun.
Les citoyens doivent redécouvrir le "nous" collectif, faisant ainsi
disparaître le "il" impersonnel d'un gouvernement. Le "nous" collectif,
c'est celui dont je parlais au début. Quand il y aura un plus grand
nombre de gens qui financeront un parti politique, cela correspondra
réellement au plus grand nombre de gens qui seront d'accord avec ce
parti politique. Quand un parti réussit à s'autofinancer par des
moyens populaires, c'est-à-dire qu'il rejoint la population, qu'il
s'autofinance et qu'il est un parti majeur, c'est parce que ce parti correspond
à la réalité québécoise.
Il est grand temps que l'on favorise l'autofinancement des partis
politiques et non pas uniquement la subvention, comme le projet de loi le fait.
C'est par le financement par l'Etat de l'aspect opérationnel de la
démocratie, c'est-à-dire des partis que nous y arriverons.
Je termine, M. le Président, en disant que, quelles que soient
les dispositions définitives du projet de loi, le Parti
québécois n'entend pas renoncer à sa méthode
privilégiée de financement populaire. Non seulement
amène-t-elle les membres à poser un geste qui les fait participer
directement aux affaires publiques, mais elle a aussi l'avantage d'en faire les
seuls véritables propriétaires d'un parti politique, ce qui n'est
pas le cas pour les autres partis politiques actuellement.
M. Bienvenue: M. le Président, le député de
Lafontaine, tout à l'heure, m'a promis que je pourrais lui poser une
question à la fin de son intervention. La question que je lui pose est
la suivante: Est-il exact que de grosses corporations ont souscrit à la
caisse électorale du Parti québécois à la
dernière élection?
M. Lessard: C'est faux. M. Léger: M. le
Président...
M. Bienvenue: Je pose ma question au député de
Lafontaine; comment l'autre peut-il le savoir?
M. Lessard: C'est faux.
M. Léger: M. le Président, pour répondre au
député, au ministre et député de Crémazie,
en vertu de nos règlements, tous les dons supérieurs à
$100 ne provenant pas de particuliers sont automatiquement refusés.
Toute contribution d'individu supérieure à $2,500 doit être
approuvée par le conseil exécutif national. Le trésorier
du parti, qui est élu au scrutin secret par le congrès national a
l'obligation de présenter et défendre annuellement l'état
des revenus et dépenses du parti, vérifiés par une firme
reconnue de comptables agréés. Les
états financiers du parti, qui ont présenté, la
dernière fois, 40,000 souscripteurs, ont été
vérifiés et contrôlés et les journalistes ont
été invités à venir voir l'état des finances
du Parti québécois et ils sont effectivement venus voir.
Les portes sont ouvertes; tous ceux qui sont dans le domaine
journalistique peuvent venir voir l'état financier du Parti
québécois. Je doute fort que le Parti libéral oserait le
faire.
M. Bienvenue: M. le Président, avec la permission,
toujours, du député de Lafontaine, Je le remercie de m'avoir
répondu, il vient de me faire lecture des règlements du parti. Il
me raconte que des journalistes sont allés voir. Mais je lui pose de
nouveau la question à laquelle je n'ai pas eu de réponse:
M'affirme-t-il, de son siège, que des grosses corporations n'ont pas
souscrit...
M. Léger: Nommez-les, je vais vous dire... M. Lessard:
Lesquelles?
M. Bienvenue: Je m'adresse au député de Lafontaine,
M. le Président.
M. Lessard: Lesquelles?
M. Léger: Donnez-moi le nom d'une corporation, je vous
dirai si elle a souscrit ou non.
M. Bienvenue: M. le Président, ma question...
M. Lessard: Une grosse corporation a pu fournir $5.
Le Président: Terminez votre question
M. Lessard: Elle a pu fournir $5.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! La
question n'est pas posée à vous.
M. Lessard: Bien oui, General Motors a pu donner $5.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Messieurs,
un peu de décorum quand même, on est à peine une vingtaine
et on ne peut pas se comprendre. Allez!
M. Bienvenue: Ma question, M. le Président, si on me
permet de la finir, est au député de Lafontaine et non pas celui
de Saguenay. M'affirme-t-il, de son siège, qu'aucune grosse corporation
n'a souscrit de montant important au Parti québécois à la
dernière élection provinciale?
M. Léger: M. le Président, important cela veut dire
quoi? Quelle grosse corporation? Posez-moi une question précise et je
vous répondrai. Je ne sais pas moi, de mon siège, vous me
demandez...
M. Hardy: Ah! vous ne savez pas!
M. Léger: ...si une corporation a fourni. Qu'entendez-vous
par corporation? Donnez-moi un nom.
M. Hardy: Une multinationale.
M. Bienvenue: M. le Président, une compagnie...
M. Léger: De toute façon, les règlements
nous le défendent, je viens de vous le dire.
Le Président: A l'ordre!
M. Bienvenue: Une compagnie au sens de la Loi des compagnies du
Québec. Une compagnie au sens de la Loi des compagnies du Québec,
et je lui demande de m'affirmer cela de son siège.
M. Lessard: Je l'affirme, moi, de mon siège.
M. Bienvenue: Non, non, je ne veux pas qu'il y ait deux
sièges en jeu, un seul. Je m'adresse au député...
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard: Vous avez essayé, vous avez essayé.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bienvenue: Je m'adresse au député de Lafontaine,
M. le Président, qui m'a répondu très aimablement
jusqu'à présent et dont j'attends la collaboration sur cette
question.
M. Léger: Je viens de lui dire que nos règlements
défendent...
M. Hardy: Ah! vous ne répondez pas à la
question.
M. Léger: ... à des individus, des corporations de
contribuer...
M. Hardy: II ne répond pas.
M. Léger: ... et je viens de lui dire que les
contributions ne provenant pas de particuliers sont automatiquement
refusées et toutes contributions d'individus supérieures à
$2,500. Nous observons les règlements chez nous. Si vous voulez me
nommer des cas, je vous dirai, à ma connaissance, si quelqu'un a
donné, mais je suis convaincu qu'on a suivi les règlements de
notre parti.
M. Bienvenue: Pour bien se comprendre... Une Voix: Une
distillerie, c'est une chose?
M. Bienvenue: ... si le député de Lafontaine est
convaincu qu'on a bien suivi le règlement, donc il m'affirme que la
réponse à ma question est non, n'est-ce pas? C'est bien cela?
M. Léger: Donnez-moi donc... Moi, de toute façon,
ce que je veux savoir du ministre, c'est quelle corporation, quelle somme,
qu'est-ce qui est important pour lui? En ce qui me concerne, à ma
connaissance, il n'y a aucune corporation qui a fourni un montant
important.
M. Bienvenue: M. le Président, cela me satisfait.
M. Hardy: C'est très révélateur, très
révélateur.
Le Président: L'honorable député
d'Outremont.
M. Jérôme Choquette
M. Choquette: M. le Président, je crois que la
qualité du débat que nous avons eu jusqu'à maintenant sur
ce projet de loi en dit assez long sur le sérieux qu'il comporte. En
effet, toutes les interventions que nous avons entendues à la Chambre
ont porté exclusivement sur ces dispositions du projet de loi qui
concernent ces "candies" que l'on va donner aux divers partis politiques
actuellement représentés dans cette Assemblée nationale ou
qui ont déjà eu une certaine représentation dans la
Législature précédente.
En effet, le projet de loi est non seulement généreux dans
une certaine mesure à l'égard des partis politiques qui ont fait
élire un certain nombre de députés ou qui ont obtenu un
certain nombre de voix aux dernières élections, puisqu'il leur
donnera le droit de se séparer une somme d'environ $400,000, mais,
à cette liste des participants à ce fonds collectif, à ce
"candy", n'est-ce pas, qui devra être partagé, il ajoute, ceux qui
malheureusement s'en sont moins bien tirés lors des dernières
élections et il va jusqu'aux élections antérieures pour
donner une certaine légitimité au partage des
dépouilles.
M. le Président, je pense que le simple examen de ce que ce
projet de loi envisage comme formule de partage et comme participants à
cette générosité du pouvoir est assez pour
démontrer que ce projet de loi est fort discutable et qu'à mon
sens il ne devrait pas être adopté par cette Assemblée
nationale. En effet, est-il si sûr que le gouvernement ait un devoir
à remplir à l'égard des partis politiques? Est-il si
évident qu'il aille de soi que le gouvernement doive employer des fonds
publics pour permettre aux partis politiques de fonctionner en dehors des
périodes électorales?
Je sais très bien que, par la Loi électorale et par
d'autres lois, on a prévu que les participants à des
élections, les partis politiques ont le droit de se voir rembourser
certaines dépenses électorales. Je pense que personne ne se
plaint de cette situation qui permet aux partis politiques, qui ont obtenu un
minimum de voix ou qui se sont classés premier ou second dans les
diverses circonscriptions électorales, d'obtenir un remboursement
partiel de leurs dépenses électorales.
C'est une chose qui est déjà prévue par la loi. Je
sais aussi que, par la loi de l'Assemblée nationale que vous administrez
avec tant de compétence, M. le Président, les partis politiques
principaux représentés à la Chambre ont déjà
à leur disposition un personnel et des services de recherche qui
viennent les aider à soutenir leur action parlementaire. Je pense que ce
ne serait pas exagéré d'affirmer que ce personnel ne remplit pas
exclusivement une fonction parlementaire auprès des partis politiques,
mais qu'il peut être employé également pour des fins qui
concernent les partis dans leur action générale et pas seulement
dans leur action parlementaire.
Donc, M. le Président, je suis extrêmement perplexe devant
un projet de loi qui vient ajouter, en somme, à des dispositions assez
défendables, me semble-t-il, quant aux mesures qu'elles mettent à
la portée des partis politiques. Il vient, en somme, leur ajouter un
fonds additionnel de $400,000 et plus, au nom d'objectifs, au fond, assez mal
définis. Le premier objectif que l'on a soulevé pour justifier le
sens de ce projet de loi, c'est qu'il aurait tendance à réduire
l'importance des caisses électorales dites occultes, c'est-à-dire
des caisses électorales qui sont remplies à même des fonds
fournis par les grandes corporations, des intérêts financiers ou
autres.
Or, le projet de loi ne fait absolument rien pour empêcher quelque
parti politique que ce soit de continuer à entretenir lesdites caisses
électorales occultes. Le projet de loi ne fait absolument rien pour
obliger les partis politiques à divulguer le nom, l'identité ou
le montant des contributions qui leur sont faites. Par conséquent, tout
ce que le projet de loi fait, c'est donner de l'argent additionnel aux partis
politiques qui sont représentés ou qui ont déjà
été représentés, mais sans leur imposer la moindre
obligation de se conformer au fameux objectif de la disparition des caisses
électorales occultes.
Je dis donc que ce projet de loi est un leurre, c'est un projet de loi
image, à l'image du gouvernement qui est devant nous. C'est un projet de
loi qui est une illusion pour la population et c'est un projet de loi qui est
néfaste parce qu'il emploie les fonds publics, il emploie les taxes
prélevées chez les contribuables, au fond, pour venir ajouter un
baume additionnel aux partis.
M. Hardy: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Choquette: Oui, vous pouvez toujours.
M. Hardy: Le député se rappelle-t-il que l'actuel
projet de loi, substantiellement la même chose, avec les mêmes
principes, le même contenu, a été présenté
à la dernière session, donc qu'il était solidairement
responsable du dépôt d'un projet de loi exactement semblable?
M. Choquette: Je n'ai pas participé à la
rédaction de ce projet de loi.
M. Hardy: Ah! Ah!
M. Choquette: Comme tant d'autres projets de loi, il est
arrivé ici par divers chemins et je ne me sens pas responsable, en
aucune façon, parce que ce que je dis aujourd'hui, je l'aurais dit dans
le temps si on m'avait saisi du problème.
M. Hardy: Ohl
M. Choquette: Mais non. D'ailleurs, est-ce que le
député de Terrebonne, ministre des Communications, voudrait que
je divulgue des choses qui ont été discutées au conseil
des ministres?
M. Hardy: Oh non! Je veux que vous ne divulguiez rien.
M. Choquette: Non? Ah!
M. Hardy: Mais en vertu du principe de la solidarité
ministérielle.
M. Choquette: Alors, s'il ne le veut pas, est-ce qu'il voudrait
que je fasse part des objections que j'ai formulées a
l'époque?
Une Voix: Calmez-vous!
M. Hardy: Vous avez été responsable en vertu du
principe de la solidarité ministérielle.
M. Choquette: Vous me posez une question, je vous
réponds.
Le Président: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
Continuez, s'il vous plaît.
Une Voix: Vous n'avez rien à dévoiler.
M. Choquette: Je dis donc que le projet de loi ne fera rien pour
assainir la caisse électorale du Parti libéral, du gouvernement
actuel. Est-ce clair? Les fonds de cette caisse électorale continueront
à être perçus par les méthodes traditionnelles.
Est-ce clair? Il n'y a rien, dans ce projet de loi, qui permette au
gouvernement de sauver la face.
J'ai entendu aussi avec intérêt les partis d'Opposition
qui, tout en exprimant des réserves à l'égard du projet de
loi, ont semblé conclure qu'ils voteraient pour. On a dit qu'il
était bon que l'Etat participe au financement des partis politiques. On
a dit qu'il était normal que l'Etat joue un rôle supplétif
dans la finance des partis politiques. Pour ma part, je ne vois pas d'où
on tire ce principe.
Je ne vois pas ce qui justifie qui que ce soit d'affirmer qu'il est
nécessairement bon que le gouvernement vienne donner de l'argent aux
partis politiques, car les partis politiques appartiennent à leurs
membres, ils appartiennent à ceux qui se sont regroupés à
l'intérieur de ces partis politiques. Ils n'appartiennent pas au
gouvernement. Je ne vois pas en quoi le gouvernement a une
responsabilité immédiate à l'égard des partis
politiques. Donc, je trouve que c'est très ténu de faire reposer
le principe de ce projet de loi sur une obligation quelconque du gouvernement
à l'égard des partis en présence. Ceci d'autant plus qu'on
le fait à l'égard des partis élus et
représentés en Chambre annuellement, mais aussi des partis qui
ont subi des revers électoraux et qui ont existé dans le
passé et qu'en somme on continue d'entretenir par un cadeau
appelons les choses par leur nom qui vient à même les fonds
publics.
M. le Président, ce projet de loi ne fera donc absolument rien
d'utile, sinon, peut-être, de satisfaire les partis présentement
représentés, dans ce sens qu'ils obtiendront évidemment
des montants additionnels pour les aider dans leurs activités annuelles.
Mais sur le plan de l'intérêt public, sur le plan de la population
québécoise, je ne vois pas ce qu'on aura gagné avec ce
projet de loi.
C'est la raison pour laquelle je le trouve indéfendable sur le
plan des principes. Si le gouvernement avait le moindre respect humain, il le
retirerait. Il n'insisterait pas devant un projet de loi qui est loin de se
situer dans un contexte ou une philosophie générale
d'assainissement des finances des partis politiques, comme a cherché
à le faire la loi fédérale, puisque cette loi
fédérale, comme on l'a mentionné, prévoit que des
citoyens peuvent faire des contributions, que ces contributions sont
déductibles sur le plan de l'impôt sur le revenu et qu'ainsi la
loi fédérale permet aux citoyens d'alimenter les finances des
partis politiques, mais sans imposer un fardeau immédiat et direct
à l'Etat. D'autant plus aussi que la loi fédérale fait ce
que la présente loi ne fait pas: elle oblige la divulgation des
contributions électorales qui sont faites aux partis politiques.
Donc, M. le Président, on se trouve devant un projet de loi qui
est une illusion et qui est encore une façon de tromper le public. Mais
et je le dis à mes anciens collègues ils vont le
payer un jour devant l'opinion, ce genre de législation. On me dira:
C'est une goutte d'eau, c'est $400,000. Comme l'a dit le député
de Rouyn-Noranda, qu'est-ce que c'est à côté du
déficit des Jeux olympiques? $400,000, c'est évident que ce n'est
rien à côté des $600 millions. Il a employé la
comparaison de la subvention faite à la Butte à Mathieu pour dire
que cette subvention était de $50,000, disant ainsi que cette subvention
justifiait ces cadeaux faits aux partis politiques.
M. le Président, c'est la logique, évidemment, habituelle
du député de Rouyn-Noranda que de comparer des pommes et des
oranges. Est-ce que les erreurs faites dans le domaine des Olympiques, qui vont
coûter des déficits formidables au Québec, est-ce que...
J'ai le droit de faire des comparaisons et de le suivre.
M. Hardy: Vous n'êtes pas obligé d'errer comme
lui.
M. Choquette: Ecoutez, M. le Président, j'ai le droit de
faire cela. Certainement que j'ai le droit. Ces comparaisons sont-elles
légitimes? Elles ne sont sûrement pas légitimes. C'est
justement ce que je tente d'expliquer au ministre qui a pris la
responsabilité du projet de loi. Ce n'est pas parce qu'il y a eu des
erreurs de commises dans les Olympiques que cela justifie de commettre une
erreur bénigne de $400,000. Je répète à mes anciens
collègues qu'ils finiront pas se faire étiqueter, avec ce qenre
de projets de loi, car un jour on verra que ce sont des lois illusoires, que ce
sont des lois comiques, des lois de comédie qui sont
présentées et qu'au fond, le gouvernement est en train
lui-même de se caractériser par ce type de législation.
Un dernier argument en terminant. Nous sommes actuellement, et ceci est
manifeste, dans une période d'austérité. Le gouvernement a
été obligé de couper les budgets de la plupart des
ministres, et il est manifeste qu'au gouvernement fédéral on fait
des efforts pour diminuer les budgets gouvernementaux en raison des effets
inflationnistes des dépenses gouvernementales. Sait-on que 2/5 du
produit national du Canada passent en dépenses publiques, en
dépenses gouvernementales? C'est ce qui est probablement la cause
principale de l'inflation que nous connaissons au Canada qui nous oblige
à adopter des mesures antiinflationnistes, qui oblige le gouvernement
fédéral à faire machine arrière par rapport
à ses positions antérieures, qui oblige, d'une certaine
façon, le gouvernement du Québec à copier ou imiter le
gouvernement fédéral et à adopter une loi identique.
Est-ce sérieux, M. le Président, dans une période
où les gouvernements sont censés prendre leurs
responsabilités vis-à-vis de l'inflation, que de venir encore
trouver une occasion minable et petite de jeter $400,000 par les
fenêtres?
Je trouve que ce n'est tout simplement pas sérieux. Si le
gouvernement avait la moindre colonne vertébrale, la moindre
épine dorsale, et s'il voulait faire autre chose que de la
législation illusoire, il aurait le courage de retirer
immédiatement ce projet de loi. En ce qui me concerne, je vais voter
contre.
Le Président: Le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Louis-Philippe Lacroix
M. Lacroix: M. le Président, ce projet de loi a
été présenté à maintes reprises au caucus
auquel a participé ou aurait dû participer le député
qui vient de s'asseoir. Cela ne veut pas dire que je ne partage pas certains de
ses points de vue. Quand je vois l'Opposition officielle nous combattre sur les
dépenses extravagantes du gouvernement, sur les besoins
nécessaires pour subvenir aux besoins des gens
défavorisés, quand je vois ce parti politique, le plus riche au
Québec qui dépense le plus d'argent pour faire une
publicité qui est, à mon point de vue, plus ou moins valable
vis-à-vis de la population du Québec, je me demande moi aussi si,
dans une période d'austérité, on doit dépenser des
sommes aussi considérables pour permettre à un groupe
d'individus, minime mais combien bruyant, de continuer à combattre, non
pas un gouvernement mais l'autorité, lui permettre d'abattre, de saper
à la base la société même.
Aujourd'hui, nous prétendons que la société est
malade parce que le gouvernement est faible. Parfois je me demande si le
gouvernement n'est pas faible par sa force, sa force morale à donner une
trop grande liberté à ceux qui n'ont pas la force morale
d'exercer un certain respect de la liberté que nous leur offrons.
Avec le projet de loi actuel, M. le Président, il serait bon, je
crois... Je vois de nombreux journalistes ici. Il y en a peu. J'espère
que lui en est un bon. De toute façon...
M. Lessard: On voit de nombreux députés aussi.
M. Lacroix: ... les propos que je tiens, M. le
Président...
M. Lessard: De très nombreux députés.
M. Lacroix: Veuillez donc vous asseoir et vous taire. Je ne vous
ai pas interrompu. Comptez! Vous ne savez même pas compter et vous
êtes un ancien professeur.
M. Lessard: On est 20, juste le quorum.
M. Veilleux: C'est correct.
M. Lacroix: C'est correct.
Le Président: S'il vous plaît, messieurs!
M. Lacroix: M. le Président, je voudrais que l'on sache
que, dans cette Chambre, un député libéral, en comptant
son salaire, son allocation de dépenses et toutes les dépenses
inhérentes à la fonction de député, coûte
à la province $40,000 par année. Dans les mêmes conditions,
avec la nouvelle loi, la rémunération du député,
son allocation de dépenses, le bureau de recherche et, aujourd'hui, ce
que l'on permet, un député séparatiste va coûter
$70,000 par année.
M. Lessard: Vos fonctionnaires.
M. Lacroix: Vos fonctionnaires, voulez-vous, on va vous en
parler? Pour six députés, vous avez sept fois le nombre de
fonctionnaires qu'a un député libéral. Cela, c'est sans
compter toute l'infiltration que vous avez à l'intérieur des
ministères, qui est basée exactement sur le schéma
d'infiltration de l'Ordre de Jacques-Cartier dans tous les ministères
où vous avez...
M. Lessard: Dont vous étiez probablement membre.
M. Lacroix: Ne vous fatiguez pas. J'ai des informations qui sont
aussi précises que les vôtres, parce que j'ai aussi des amis.
M. Lessard: C'est dépassé cela.
M. Lacroix: Mon beau-frère a été, à
un moment donné, chef communiste de la province de Québec; vous
le connaissez très bien parce qu'il était un de vos amis.
M. Burns: Oui, M. Fortin. Le Président: S'il vous
plaît!
M. Lacroix: Depuis deux ans, naturellement, nos relations sont un
peu élastiques. De toute façon, M. le Président, je
pourrais vous dire que le projet de loi que nous présentons à
l'heure actuelle aux partis d'Opposition est un projet de loi
que, personnellement, je n'approuve pas comme tel, mais, comme membre
d'un parti, je ne le désapprouverai pas. Mais je veux que la population
sache, à travers un seul journaliste qui a le coeur d'être ici...
Il n'aura pas, cependant, l'écho de ses collègues parce que cela
ne représente pas, cela ne reflète pas l'opinion de l'Opposition
socialiste-communiste que nous avons face à nous.
M. Burns: Le gros méchant! Qu'on est donc
méchant!
M. Léger: On mange les petits enfants!
Le Président: S'il vous plaît, messieurs! S'il vous
plaît!
M. Lacroix: Un député libéral...
M. Veilleux: Qu'il aille à sa place, le
député de Lafontaine!
M. Lacroix: ... coûte à l'Assemblée
nationale, coûte au peuple de la province de Québec exactement
$40,000 par année. Un député séparatiste...
M. Lessard: A 98, vous coûtez cher!
M. Lacroix: ... qui veut détruire la
société, un député séparatiste qui veut
détruire le Canada, un député séparatiste qui veut
détruire l'autorité... Je défie celui... Je n'ai pas le
droit, M. le Président, de défier. Je retire cette parole. Je
signale à celui qui a gagné sa vie...
M. Burns: Vous ne voulez pas le relever. C'est peut-être
cela.
M. Lacroix: ... avec les collectes d'église, avec son
pourcentage qu'il retirait avec ses collectes d'église, avec ses
enveloppes, je dirai qu'un député péquiste coûte
$70,000 par année aux contribuables de la province de Québec; un
député cré-ditiste coûte $100,000; un
député de l'Union Nationale coûte $125,000. Et c'est
cela...
M. Lessard: ... Québec, combien un libéral?
M. Lacroix: ... et aujourd'hui nous disons que cela coûte
$40,000 par année un député libéral pour
bâtir la province, pour bâtir le pays, alors que cela coûte
$70,000...
M. Lessard: Des cadeaux aux compagnies.
M. Lacroix: ... par année pour bâtir un
traître comme vous êtes, vous les séparatistes.
M. Lessard: Des cadeaux aux compagnies, des cadeaux aux
compagnies.
M. Lacroix: Et cela, je l'ai dit à la grandeur de la
province de Québec et je n'ai pas honte; ma carrière
politique...
M. Léger: C'est bien plus cher, vous vendez le
Québec au...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Lacroix: ... je n'en ai pas honte. Et cet enfant, ce petit
enfant, ce petit traître, ce petit gars est peut-être un bon
organisateur, un bon menteur, mais il n'est pas un homme qui a bâti
quelque chose dans la province de Québec. Prouvez-moi le seul emploi
qu'il a créé dans sa vie! Cet homme-là coûte $70,000
par année à la province de Québec, et on envoie tous ces
gens-là parcourir la province pour essayer de détruire le
système? Où en sommes-nous rendus, M. le Président? A
l'heure actuelle, on détruit l'autorité de la famille, on
détruit l'autorité de l'Eglise, on détruit
l'autorité sous toutes ses formes. Mais ces hommes-là...
M. Lessard: Louis XIV disait la même chose.
M. Lacroix: ... ne veulent qu'une seule chose, c'est un
socialisme...
M. Lessard: Louis XIV disait la même chose.
M. Lacroix: ... qu'ils ne sont même pas capables de
s'imposer eux-mêmes...
M. Burns: ... plaît.
M. Lacroix: ... l'égalité des salaires qu'ils
réclament pour les autres. M. le Président, ma carrière
politique, je m'en fous; elle est derrière moi, elle n'est pas devant
moi. Mais, avant de partir, je vous garantis une chose, M. le Président,
je serai encore candidat aux Iles-de-la-Madeleine aux prochaines
élections et je me ferai réélire, uniquement pour
dénoncer ces démagogues, ces menteurs et ces hypocrites qui
veulent détruire la société, qui veulent détruire
l'autorité.
Quant à moi, on dira que je suis de la même famille que le
député d'Outremont; de ce côté je m'en vante et j'en
suis fier; parce que, quant à moi, l'autorité compte pour quelque
chose, mais il y a une autre chose qui compte aussi dans ma vie. Dans ma vie
privée et dans ma vie politique, il y a une certaine discipline qu'il
faut respecter. Seuls, nous sommes faibles, mais ensemble nous sommes forts et
ce ne sont pas $120,000 de plus, ajoutés à ces hypocrites qui
forment le parti le plus riche au Québec parce que nous, et je
suis membre du comité exécutif du Parti libéral depuis sa
fondation, je suis le seul qui y est depuis sa fondation, nous n'avons pas les
moyens de nous payer des émissions de télévision et de
radio chaque semaine. Nous ne faisons pas comme le député de
Lafontaine. Nous ne tenons pas des réunions où on force les gens
à souscrire de l'argent à un parti politique.
Nous sommes un parti traditionnel où nous avons des gens qui
croient en nous, à tort ou à
raison, et qui nous aident à l'occasion. Mais, M. le
Président, avec cette loi nous donnons $120,000 par année
à des traîtres, à des gens comme René
Lévesque qui refusent l'indexation pour les pauvres mais qui l'accepte,
lui, dans sa pension.
Alors qu'il recevait $11,000 de pension de retraite il y a quelques
années, après avoir oeuvré comme membre d'un parti dont il
se vantait non pas de le servir mais de s'en servir, cet homme qui aujourd'hui,
à partir d'une pension de $11,000, a accepté toutes les
augmentations valables à cause de l'indexation, cet homme n'a pas
parlé de l'indexation parce qu'il est trop lâche pour cela, parce
qu'il est le reflet exact des six traîtres qui sont
représentés ici en Chambre.
M. le Président, nous donnons $120,000 des fonds de la province
de Québec pour combattre le Canada, pour combattre la province de
Québec, pour combattre l'autorité et, demain, ces mêmes
gens, les forces qu'ils réclament, la liberté qu'ils
réclament avec l'argent que nous leur donnons, avec l'argent que nous
leur donnons par cette loi, ils s'en serviront pour enlever la liberté
de l'immense majorité de la population du Québec. Ce sont des
lâches, ce sont des traîtres qui aujourd'hui prétendent
défendre les gens de toutes les classes de la
société...
M. Lessard: M. le Président...
M. Lacroix: ... ce sont des gens qui se servent...
M. Lessard: M. le Président, question de
règlement.
M. Lacroix: M. le Président, j'ai le droit de parole.
Le Président: Question de règlement.
M. Lessard: M. le Président, question de règlement.
Je voudrais que les députés libéraux entendent le discours
du député des Iles-de-la-Madeleine et je vous indique que nous
n'avons malheureusement pas quorum.
Le Président: L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: M. le Président, naturellement, le
député de Saguenay ne sait pas compter. Je veux en revenir au
fait que je voterai pour la loi parce que nous, du Parti libéral, sommes
toujours pour l'extrême liberté, pour la liberté absolue;
nous permettons même à des députés de pousser des
fonctionnaires à trahir leur serment; nous leur donnerons tous les
avantages possibles pour détruire la société. Mais je peux
vous dire une chose, c'est que je sortirai de la politique à un moment
ou à un autre, au moment que je choisirai. Lorsque j'en sortirai, ce ne
sera pas pour aller militer dans un autre parti politique. A ce
moment-là, je dirai, par exemple, toute l'hypocrisie qui peut exister
derrière certains individus, certaines personnes qui jouent les purs et
qui sont pourtant les plus grandes putains publiques que l'on puisse
connaître.
M. le Président, je suis "tanné", je suis
écoeuré ma femme l'est également et mes enfants
aussi de me faire traiter de charognard par des gens qui sont des hommes
qui ne méritent même pas le titre d'homme. M. le Président,
la vie politique est trop dure aujourd'hui pour permettre à un homme
honnête, à un homme qui veut demeurer honnête de se
soumettre aux questionnaires, aux insinuations de tristes petits individus dont
les six représentants ici devant nous ne sont que le triste reflet,
parce qu'ils ne sont pas capables, M. le Président, de
représenter leurs propres intérêts ou leurs questions.
Ils ne sont pas capables de poser leurs questions. Leurs questions leur
sont téléguidées d'en haut, leurs questions leur sont
téléguidées de Montréal. Si vous voulez, à
un moment donné, lorsque je serai sorti de la politique, je paierai
personnellement une émission de télévision pour aller vous
dire, par exemple, que l'un de vos principaux piliers, qui est un communiste
notoire, qui est un socialiste notoire, était celui qui écrivait
les textes de mon beau-frère, alors qu'il était l'adjoint de Tim
Buck ici au Québec.
Ce n'est pas facile de dire cela, M. le Président, et le
député de Beauce-Sud l'a affronté, mon beau-frère,
lorsqu'il était dans les chantiers. Il sait de qui je parle. On en a
discuté hier. Il y a toujours une maudite limite à se faire
berner par des gens qui veulent nous parler de la démocratie, par des
gens qui veulent instaurer un système socialiste, un système
maoïste. M. le Président, lorsque j'entendais, il y a quelques
jours, les plaintes qui nous venaient du service social de Montréal,
parce qu'on les intégrait au ministère des Affaires sociales,
c'est peut-être y aller par le bord de la bande. M. le Président,
avant que vous me rappeliez à l'ordre, je vous rappellerai que celui qui
était le chef, était l'ancien secrétaire du
président de la future présidence de la province, du pays
présidentiel au Canada.
Mais, de toute façon, cette loi donne aux partis de l'Opposition
une facilité de donner de l'argent à des partis et
particulièrement à un parti politique qui est le parti politique
le plus riche au Canada, le parti politique financé par des bourgeois.
Mais cela, c'est la couverture, parce que le reste de la finance vient de
l'extérieur et de l'intérieur également. Regardez, par
exemple, le journal Le Jour, regardez à l'intérieur de ce
journal, la publicité qui y est. Vous y trouverez les CLSC, vous y
trouverez les CEGEP et c'est tout l'argent du gouvernement du peuple de la
province de Québec que vous retrouverez derrière ces faces
hypocrites, ces sépulcres blanchis, ces gens qui sont des traitres non
seulement à leur nation, non seulement à leur population, mais
qui sont des taitres à eux-mêmes, parce qu'ils veulent essayer de
bâtir une société sur la détérioration de
l'autorité, l'autorité familiale, l'autorité sociale,
l'autorité sous toutes ses formes.
Mais, M. le Président, où se trouve là-dedans,
où se trouve la famille, ou se trouve le gouvernement, où
se trouve l'Eglise? Il faut se poser une question, aujourd'hui. J'appuie cette
motion pour nous aider à nous combattre, mais je m'abstiendrai de voter,
parce que je ne puis pas accepter, en principe, que l'on donne de l'argent
à un parti politique, qui en a déjà trop, pour
détruire la société, pour détruire la famille, pour
détruire en fait tout ce qu'il y a de valable dans notre système.
Et qu'est-ce qu'on a à reproduire?
J'aurais encore des choses à dire et pendant combien longtemps!
J'en sais beaucoup.
M. Léger: Nous sommes d'accord. M. Lacroix: J'en
connais beaucoup. M. Burns: Allez-y. M. Léger: On est
d'accord.
M. Lacroix: Si vous me le permettez, je vais terminer en
disant...
M. Burns: Consentement, M. le Président. Le
Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. Léger:
Consentement unanime.
M. Lacroix: ... que le gouvernement est peut-être valable
en proposant des mesures pour permettre aux partis d'Opposition d'avoir des
moyens valables, mais pas à une Opposition destructrice; une Opposition
qui se veut positive, d'accord, mais une Opposition aussi déficitaire,
aussi néfaste que celle que nous connaissons à l'heure actuelle,
je m'y oppose avec toute la force que je puis avoir.
J'admets qu'il faut aider les partis les plus faibles parce que ces
petits bourgeois représentent une infime partie de la population
concentrée dans un certain milieu. On paie, nous, le Parti
libéral, et le gouvernement, pour l'infiltration. Dans mon comté,
j'ai douze organisations payées par le gouvernement, infiltrées
par le PQ pour me combattre, mais c'est de même que le gouvernement se
détruit, c'est de même que l'on détruit la
société. Ce projet de loi est une continuation aux CLSC. Je vous
remercie.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président: L'honorable député de
Saguenay.
M. Lessard: ... il me fera plaisir...
M. Burns: Je m'excuse auprès du député de
Saguenay.
M. Lessard: Je voudrais que le député des
Iles-de-la-Madeleine demeure.
M. Burns: Est-ce que le député des Iles-de-
la-Madeleine veut que je voie à ce que son abstention soit
enregistrée au moment du vote?
M. Hardy: J'invoque le règlement. On passera à la
mise aux voix en temps et lieu.
M. Burns: C'est parce que je le vois s'en aller. Il a
peut-être de bonnes raisons de s'en aller.
M. Hardy: Le député des Iles-de-la-Madeleine,
contrairement...
M. Burns: Non, il a peut-être de bonnes raisons de s'en
aller.
Le Président: A l'ordre messieurs! A l'ordre!
M. Hardy: Question de règlement.
Le Président: Oui, allez.
M. Hardy: Le député de Maisonneuve va totalement
à rencontre du règlement. Je lui rappelle que le
député des Iles-de-la-Madeleine, contrairement à la
plupart d'entre vous, sait prendre ses responsabilités. Il ne les
délègue pas et il ne se cache devant personne.
M. Lacroix: Je serai là au moment du vote et je voterai
pour la loi...
M. Léger: Ah! Il a changé d'idée encore.
M. Lacroix: ...même si elle ne me plaît pas.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Léger: Vous avez changé d'idée
encore.
Le Président: L'honorable député de
Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: II m'a quand même fait plaisir d'entendre le
député des Iles-de-la-Madeleine ce soir parce que cela me
rappelle un peu les Oraisons funèbres de Bossuet où, à un
moment donné, l'autorité venait de Dieu et il ne fallait pas la
contester. Il me fera plaisir de relire le discours du député des
Iles-de-la-Madeleine...
M. Lacroix: René Lévesque, ce n'est pas mon
dieu.
M. Lessard: ... parce que cela me rappellera un peu l'Oraison
funèbre d'Henriette d'Angleterre où Bossuet, justement, parlait
de l'autorité de Louis XIV, de l'autorité des rois disant qu'on
ne pouvait pas y toucher. Je pense que ce temps est révolu. Je dois dire
une chose: Je respecte quand même le député des
Iles-de-la-Madeleine parce que, quand il fait une intervention comme celle
qu'il a faite ce soir, on peut dire qu'il croit malheureusement, c'est
dépassé au moins, ce qu'il af-
firme, alors qu'il y a tellement de députés
libéraux qui font de la politique simplement pour essayer, quelquefois,
de tromper plutôt leur population.
Quoique ce soit une oraison funèbre, ce qu'a affirmé le
député des Iles-de-la-Madeleine est quelque chose qu'il ressent
véritablement. Même si on est en un autre temps, il faut
considérer que ce sont des choses qui sont dites avec coeur, ce sont des
choses qui sont dites de bonne foi. On ne peut pas dire la même chose de
certains députés libéraux.
Revenons au sérieux et parlons maintenant du projet de loi qui
nous préoccupe. C'est un projet de loi très important que nous
avons à discuter ce soir.
Il s'agit pour la première fois d'une loi qui a pour but de
tenter de démocratiser les finances de la vie politique au
Québec.
M. le Président, il faut quand même se poser un certain
nombre de questions importantes. Qu'est-ce qu'un parti politique? Je pense que
c'est là une question qui a son importance, parce que nous vivons dans
un système démocratique. Nous vivons dans un système
où les différents partis politiques sont
représentés à l'Assemblée nationale. Si on en
croyait le député des Iles-de-la-Madeleine, nous retournerions
probablement ici à l'Assemblée nationale à une
véritable dictature. Il faut reconnaître que le Parti
québécois, comme d'autres partis politiques, a été
élu par la population. Or, le parti politique est l'instrument
fondamental à l'intérieur duquel se retrouvent les citoyens pour
faire valoir leurs revendications politiques. C'est l'instrument qui et
ceci est normal a l'intention, un jour ou l'autre, s'il est dans
l'Opposition, d'atteindre le pouvoir. C'est l'instrument qui aura, s'il atteint
le pouvoir, quelle que soit l'étiquette que nous représentons,
des responsabilités très importantes, à savoir prendre des
décisions politiques et aussi des décisions
économiques.
Si certains pays peuvent se permettre d'avoir des partis politiques qui
sont financés et j'aurai l'occasion d'en parler tout à
l'heure par de grosses compagnies, je pense que le Québec ne peut
pas se permettre d'avoir des partis politiques qui sont financés par les
autres. En effet, le parti politique est peut-être dans un pays où
nous sommes si peu nombreux, comme le Québec, le seul organisme
important, actuellement, chez nous qui a à prendre des décisions
importantes. C'est un centre de décisions politiques et
économiques. Et, s'il est une maladie que certains pays très
vastes, dont la population est importante, peuvent torérer, il est une
maladie que nous, les Québécois, ne pouvons pas tolérer,
à savoir le contrôle de nos partis politiques par les grandes
compagnies multinationales. Je pense que ceci est extrêmement
important.
Je suis d'accord avec le député d'Outremont lorsqu'il dit
que ce projet de loi ne changera absolument rien. Ce projet de loi
n'empêchera pas les vieux partis politiques d'être
contrôlés par les grosses compagnies. Ce projet de loi va
continuer, tant pour le Parti libéral que pour d'autres partis
politiques, de permettre, dis-je, au Parti libéral de se financer par
les moyens occultes. Je suis d'accord avec le député d'Outremont
à ce sujet, parce que les montants qui nous sont donnés par ce
projet de loi ne correspondent aucunement aux véritables besoins que
peut avoir un parti politique pour être contrôlé de
façon démocratique. Mais là où je ne suis pas
d'accord avec le député d'Outremont, c'est lorsqu'il nous dit que
les partis politiques ne devraient pas être financés par l'Etat.
Je pense que les partis politiques sont une création indirecte de
l'Etat. Je pense que, si l'Etat se continue actuellement, c'est parce qu'il y a
des partis politiques. Et les partis politiques permettent à la
population de décider, dans un système parlementaire, qui aura le
contrôle gouvernemental, qui aura la responsabilité
d'administrer.
Je souligne donc que les partis politiques sont des instruments
fondamentaux dans la vie politique québécoise, comme dans la vie
politique de tous les pays du monde.
Je comprends, M. le Président, lorsque nous parlons du
financement des partis politiques et particulièrement du financement de
vieux partis politiques, que certains députés libéraux
viennent nous dire: Mais quant à moi, je n'ai jamais été
influencé par les grosses compagnies, je n'ai jamais été
influencé par des forces occultes. Je comprends, M. le Président,
que ces députés n'ont pas conscience ou n'ont pas eu connaissance
véritablement de ce qui se passe à l'intérieur de leur
parti politique. Je voudrais quand même rappeler aux
députés qu'ailleurs, dans un autre pays, aux Etats-Unis, il se
fait actuellement une enquête sur les partis politiques et leur
influence.
Je voudrais donner tout simplement deux exemples où on a
clairement démontré que les grosses compagnies finançaient
des partis politiques. Vous avez eu le cas de General Motors qui a
financé des partis politiques pour $10 millions. Vous avez eu le cas
aussi, M. le Président, d'ITT-Rayonier, International Telephone &
Telegraph, qui a été confondue devant une commission
d'enquête et où il a été prouvé que cette
compagnie, pour essayer d'éviter de l'impôt, avait financé
des partis politiques.
Pourquoi, M. le Président, ces grandes compagnies multinationales
ont-elles investi dans des partis politiques? Pas pour les beaux yeux des
partis politiques, pas pour l'intérêt de la population, pas pour
l'intérêt du peuple, mais pour avoir des avantages particuliers.
Je pense que ceci est clair, c'est pour avoir des avantages particuliers.
Or, ce qui a été prouvé ailleurs, je pense que cela
peut s'illustrer aussi chez nous. Je voudrais prendre quelques minutes pour
vous expliquer que chez nous aussi cela s'illustre, ces faits. L'un des seuls
rapports que nous ayons sur l'analyse des finances...
M. Veilleux: Prouvez-le.
M. Lessard: ... des partis politiques est le rapport Barbeau de
1966, le seul exposé sérieux sur lequel on peut se baser pour
prouver ce que le
député de Saint-Jean me demande et qui ait jamais
été fait au Canada concernant les finances des partis politiques.
A la page 254 du rapport Barbeau, nous trouvons cette citation...
M. Veilleux: ...
M. Lessard: ... après avoir fait une étude... Que
le député le lise donc!
M. Veilleux: Non, non. Il n'y a pas...
M. Lessard: Ce n'est pas le rapport Barbeau, M. le
Président. L'intelligence M. le Président, n'est pas ce qui est
de plus commun dans le Parti libéral.
M. Veilleux: Question de règlement, M. le
Président.
Ecoutez, le député de Saguenay dit: J'ai le rapport
Barbeau, j'ai lu le rapport Barbeau, je cite la page 254, et il a un livre de
dix pages, M. le Président. Il peut m'interroger.
M. Lessard: II n'y a rien à faire. On ne peut pas lui
donner ce qu'il n'a pas.
M. Roy: C'est chronique, son affaire.
M. Lessard: Je cite, M. le Président, la page 254 du
rapport Barbeau où on dit: Après avoir fait une étude
poussée des finances des partis, Harrill signalait, en 1953, que 50% du
revenu du Parti libéral, à l'échelle nationale,
provenaient d'entreprises industrielles ou commerciales; 40% d'hommes
d'affaires liés à certaines compagnies, et 10% seulement de
particuliers. Je voudrais aussi, M. le Président, continuer en citant le
paragraphe suivant, qui est à la page 261 du même rapport,
où on dit: La plupart des sociétés contribuent à la
fois à la caisse des libéraux et à celle des
conservateurs.
M. le Président, nous n'avons pas quorum...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
L'honorable député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je continue donc de citer
toujours le seul rapport que nous ayons qui ait fait une étude
sérieuse sur le financement des partis politiques, à savoir le
rapport Barbeau, où on retrouve à la page 308 cette citation:
"Les partis provinciaux qui ont joué un rôle important dans le
Québec appartiennent à la catégorie des partis dits de la
bourgeoisie. Il semble que la structure financière de ces partis ait
été essentiellement la même que sur le plan
fédéral, c'est-à-dire qu'ils étaient
essentiellement financés par le monde des affaires".
M. le Président, je pense que ceci, étant dit non pas par
le Parti québécois, mais par une commission d'enquête qui a
eu l'occasion d'étudier le financement des partis politiques, nous
amène à nous interroger puisque ce même rapport affirme et
démontre, par exemple, qu'en 1957, la campagne électorale
libérale fut financée par environ 400 dons, certains atteignant
$75,000. Ces dons provenaient plus particulièrement du monde des
affaires. En 1968, aux mêmes sources aux 9/10 affairistes, c'est $9
millions qu'a coûté la victoire de Pierre Elliot Trudeau.
Mais le problème important, M. le Président, que nous
devons nous poser, c'est que pour ces pourvoyeurs de fonds...
M. Veilleux: Combien la vôtre?
M. Lessard:... il s'agit en définitive de s'attirer les
bonnes grâces du parti au pouvoir et ainsi d'obtenir le maximum de
contrats du gouvernement. C'est le cas de toutes les occupations
dépendant plus particulièrement des contrats gouvernementaux:
ingénieurs, avocats, entrepreneurs, milieux financiers, agences de
publicité. Des cas précis de patronage ont été
apportés justement par la commission Barbeau.
Pour ne citer qu'un cas parmi des centaines, prenons l'exemple d'une
agence de publicité, là où il est facile de savoir en quoi
consiste le patronage. L'agence publicitaire Cockfield Brown & Cie qui
avait travaillé pour les libéraux au cours des années
cinquante, les a laissé tomber après leur défaite en 1957.
L'agence de publicité MacLaren a alors offert ses services au parti et
mis à sa disposition un publicitaire à temps plein. L'agence
MacLaren obtient maintenant la plus grande partie des contrats publicitaires du
gouvernement.
M. le Président, puis-je vous citer l'exemple de l'agence de
Morin, Tremblay Inc. qui a reçu, depuis moins d'un an, la somme de plus
de $3 millions sous forme de contrats?
M. Veilleux: C'est faux!
M. Lessard: Imaginez donc, M. le Président, le...
M. Veilleux: C'est faux!
M. Lessard: ... paquet qu'on a dû mettre au cours de la
campagne électorale de 1970 et de 1973 alors qu'un parti politique
nouveau, le Parti québécois, proposait des changements majeurs
qui auraient permis aux Québécois de prendre leur affaire en
main.
Je voudrais, M. le Président, maintenant répondre à
une question qui est importante, je pense, à savoir qui finance les
vieux partis politiques et particulièrement qui finance le Parti
libéral. Pour ce faire, je voudrais utiliser des gens qui ont
été à l'intérieur du Parti libéral. Voici
une série d'extraits du journal La Presse sur la campagne au leadership
du Parti libéral du Québec qui débuta le 28 août
1969 lorsque Jean Lesage démissionna comme chef du Parti
libéral.
D'abord, certains extraits de la série de six articles du
chroniqueur Gilles Racine, intitulée les "Etapes inédites de
l'ascension de Robert Bourassa", où on écrivait "Robert Bourassa
est d'ori-
gine modeste, mais son mariage avec Andrée Si-mard, fille de J.
Edouard Simard, de Sorel, et héritière de l'une des plus grandes
fortunes du Québec, mit à la portée de ses ambitions
politiques un atout de valeur. Cela lui permit de jouir de capitaux que l'on
pourrait sous-qualifier de sympathiques".
Autre citation des mêmes articles: "Le 22 septembre 1969, les amis
de Robert Bourassa font parvenir 70,000 cartes-réponses aux militants
libéraux, leur demandant s'ils appuieraient la candidature de Robert
Bourassa. Parallèlement à ce travail...
M. Bienvenue: M. le Président...
M. Lessard: ... on nomme 28 responsables régionaux et 108
responsables de circonscription".
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bienvenue: M. le Président...
M. Lessard: "Le 9 septembre au matin..."
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bienvenue: Le député de Saguenay me
permettrait-il deux ou trois petites questions?
M. Lessard: Non, M. le Président.
M. Bienvenue: J'ai demandé poliment, M. le
Président.
M. Lessard: M. le Président, il ne me reste que quelques
minutes.
M. Bienvenue: Mais, après son intervention, est-ce qu'il
voudra?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: D'accord, d'accord. Je vais vous citer autre
chose.
M. Bienvenue: Merci.
M. Lessard: "Parallèlement", donc, "le 9 septembre au
matin, les amis de Robert Bourassa louaient 60 panneaux-réclame dans la
ville de Québec et réservaient l'antenne du canal 4 pour la nuit
précédant le vote. De plus, toujours le 9 septembre, les amis de
Robert Bourassa réservaient pour la durée du congrès un
millier de chambres d'hôtel et motel de Québec et de la
banlieue".
Je pense, M. le Président, qu'une telle organisation devait
coûter cher et cela devait prendre des finances quelque part! Ce
n'étaient certes pas les étudiants qui finançaient la
campagne du Parti libéral et particulièrement de Robert
Bourassa.
Je voudrais, de façon particulière, citer deux individus
qui ont été dans le Parti libéral et que les
libéraux ont déjà respectés, à savoir M.
Pierre Laporte et M. Claude Wagner.
M. Veilleux: René Lévesque.
M. Lessard: Laissons maintenant la parole à deux candidats
à la succession de M. Jean Le-sage, soit Claude Wagner et Pierre
Laporte.
M. Bienvenue: Vous pouvez dire monsieur!
M. Lessard: "M. Laporte...
M. Bienvenue: Dites monsieur!
M. Lessard: ... a notamment promis de redonner, lors de cette
campagne à la chefferie, le Parti libéral à ses membres et
de l'enlever à la Grande-Allée et à la rue Saint-Jacques".
Publié dans la Presse, 8 janvier 1970, page 2.
On se rappelle aussi, M. le Président, que l'organisation
Bourassa avait invité au congrès des personnes dont elle
défrayait les dépenses, puisque c'est encore M. Claude Wagner qui
avait déclaré qu'il avait en main les lettres qui confirment que
l'un des candidats à la direction du Parti libéral défraie
les dépenses de logement et de transport de personnes qui voudront
participer au congrès. Il s'agit, disait M. Wagner, de Robert Bourassa.
La presse, 8 janvier 1970, page 6.
Toujours M. Wagner, M. le Président, qui analysait les vertus de
l'argent. Toujours dans la Presse, le 12 janvier 1970: M. Claude Wagner s'en
est donné à coeur joie...
M. Veilleux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
L'honorable député de Saint-Jean, question de
règlement.
M. Veilleux: Je ne sais pas si je comprends bien le
député de Saguenay. Je lis le titre du projet de loi no 9 "Loi
concernant le financement des partis politiques". Pourriez-vous m'expliquer, M.
le Président, ce que fait une course à la chefferie dans le
financement des partis politiques? Il faudrait qu'il me l'explique parce que
j'ai nettement l'impression qu'il est complètement en dehors du
sujet.
M. Lessard: M. le Président, M. Wagner...
M. Bédard (Chicoutimi): II est en train de nous dire
combien cela coûte une campagne à la chefferie.
M. Lessard: ... expliquait les vertus de l'argent. Alors,
assoyez-vous et je vais vous expliquer cela.
M. Bédard (Chicoutimi): II parle de financement et il
parle d'argent.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Avez- vous
terminé?
M. Veilleux: Non, mais M. le Président, je vous ai
posé une question. Est-ce que le député de Saguenay,
d'après vous, est dans le sujet?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je vais le suivre de
très près.
M. Veilleux: Parce que nous allons en parler, nous aussi, des
congrès à la chefferie dans ce parti, tout à l'heure.
M. Lessard: Mais, vous en parlerez!
M. Veilleux: Si vous me donnez la parole après, M. le
Président, j'en parlerai.
M. Lessard: M. Wagner, M. le Président, expliquait les
vertus de l'argent.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai peur que certaines provocations ne nous mettent
complètement hors du sujet. Il est évident je pense que
l'honorable député de Saint-Jean nous l'a rappelé à
tous que le but du projet de loi no 9 est le financement des partis
politiques. Tout en faisant allusion à une campagne ou à ce que
vous voudrez, il ne faut pas que ce soit, tout de même, la
majorité de votre intervention, comme c'est le cas actuellement. Je
pense que je vous ai permis une certaine latitude et je ne voudrais pas que
vous en abusiez.
M. Lessard: M. le Président, je vais continuer dans le
même sens...
M. Roy: M. le Président, l'article 120; je m'excuse, sur
un point de règlement...
M. Lessard: ... et je ne désirerais pas, soyez-en
assuré, que vous m'empêchiez de continuer dans le même
sens.
M. Roy: Question de règlement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je pense que c'est normal pour moi de répondre. Vous savez,
ce n'est pas toujours facile de présider l'Assemblée nationale.
Que vous le vouliez ou non, j'ai le devoir de rappeler les
députés qui ne sont pas dans le coeur du sujet et je ne manquerai
pas à mon devoir parce que vous me demandez de faire le contraire.
L'honorable député de Beauce-Sud, question de
règlement.
M. Roy: Sur un point de règlement, M. le Président.
J'ai écouté l'honorable député de Saguenay et je
vous invite à examiner les dispositions de l'article 120 de notre
règlement. L'article 120 est très clair; nous sommes en train
d'étudier un projet de loi concernant le financement des partis
politiques. L'honorable député de Saguenay parle des
congrès à la chefferie, du financement des campagnes à la
chefferie. Cela concerne les partis politiques. On peut en parler à
l'occasion de ce projet de loi parce qu'il n'y a rien dans ce projet de loi
comme tel qui touche à cet aspect du problème du financement des
partis. Un député peut déplorer que le projet de loi n'ait
pas amené certaines dispositions à ce sujet.
M. le Président, je ne voudrais pas que le député
de Saint-Jean, qui passe son temps à faire des appels au
règlement, oublie lui-même les dispositions de l'article 120, qui
dit qu'une motion de deuxième lecture doit être restreinte
à la portée, à là-propos des principes fondamentaux
et à la valeur intrinsèque du projet de loi et à tout
autre moyen d'atteindre sa fin. On oublie les derniers mots.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je voudrais tout de même apporter une nuance qui est
peut-être importante dans les circonstances. Ce n'est pas pris sur votre
temps mais je suis tout de même ici pour donner certaines directives. Une
campagne à la chefferie d'un parti politique n'est jamais
financée par un parti politique. C'est donc hors du contexte de la loi
que nous étudions actuellement. Si vous dites qu'un parti politique fait
tel financement ou tel projet, je suis d'accord avec l'honorable
député de Beauce-Sud; mais, lorsqu'un individu se présente
à la chefferie d'un parti politique, ce n'est pas le financement d'un
parti politique.
M. Roy: II y a des dépenses qui sont payées quand
même.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Non, non, pas par le
parti politique. Je pense qu'il y a une nuance fort importante et,
actuellement, depuis un certain temps, l'honorable député de
Saguenay parle de campagne à la chefferie. Ce n'est pas du financement
d'un parti politique.
M. Lessard: M. le Président, dites-moi qui a élu le
chef et je vous dirai pour qui va gouverner le parti politique. Je pense que
c'est d'une certaine importance. Je tente de vous prouver l'influence de
l'argent non seulement dans les campagnes électorales mais dans toute
l'organisation des partis politiques. L'organisation d'un congrès
à la chefferie concerne le financement d'un parti politique. Il est
extrêmement important qu'on continue de suivre l'argumentation, qui n'est
pas faite par le député de Saguenay mais par d'anciens de vos
collègues, que vous avez d'ailleurs connus, M. le Président.
En effet, M. Claude Wagner analysait les vertus de l'argent dans un
parti politique. M. Wagner s'en est donné à coeur joie contre M.
Bourassa, qu'il a accusé de faire des dépenses électorales
inconsidérées. "Celui disait-il qui a choisi comme
slogan: Wagner en 1970 ou Lévesque en 1975 a laissé entendre
clairement que, s'il devenait chef du Parti libéral du Québec et
premier ministre, il serait très réticent à confier un
portefeuille à
quelqu'un qui a montré aussi peu de pondération dans les
dépenses. M. Wagner a de plus conseillé aux
délégués de prendre bien garde de se laisser manipuler par
les vertus de l'argent."
Je voudrais aussi vous rappeler, M. le Président, certaine
déclaration de M. Pierre Laporte qui, revenant à la charge
à propos des dépenses électorales de son rival, Robert
Bourassa, a demandé au chef sortant du Parti libéral, M. Jean
Le-sage, de rappeler à la raison et à la sobriété
les candidats à la succession. Dans un communiqué décrit
comme un appel à l'unité très menacée du Parti
libéral, M. Laporte fait état d'un "party" organisé par M.
Bourassa, dimanche, au Reine Elizabeth, "party" qui, affirme-t-il, pourrait
fournir des arguments aux adversaires du Parti libéral. Voici ce
qu'affirmait M. Laporte: "Nous sommes scandalisés de ce qui se passe
actuellement. Il en coûte $1 million pour tenter de convaincre 1,636
délégués; combien en coûtera-t-il pour convaincre
quatre millions d'électeurs?"
M. le Président, ces questions m'apparaissent très
importantes et...
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre
des Communications, question de règlement.
M. Hardy: D'abord, évidemment, le député de
Saguenay n'est pas très pertinent mais cela, il ne faut pas demander
l'impossible. D'autre part, je vous rappelle qu'il a commencé son
intervention à 9 h 33.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Oui, oui? Une Voix:
Pardon?
M. Hardy: J'ai dit qu'il avait commencé à parler
à 9 h 33. Il a 20 minutes et je pense bien qu'il a eu ses 20 minutes,
plus les interventions.
M. Lessard: 9 h 33? Je regrette, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Nous allons
vérifier.
M. Lessard: Vérifiez.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A quelle heure? 9 h
33.
Une Voix: Merci.
M. Veilleux: M. le Président...
M. Lessard: M. le Président, est-ce qu'on me permet une
minute pour terminer?
M. Choquette: Oui.
M. Hardy: Non, M. le Président, je regrette, j'invoque le
règlement, le député d'Outremont ne parle pas pour
l'ensemble de la Chambre.
M. Choquette: Je parle pour moi.
M. Hardy: Bon, très bien. M. le Président, en
principe, je n'ai pas habituellement d'objection à ce que quelqu'un
dépasse sa période, mais il faudrait qu'il conclue assez
rapidement, parce que de toute façon, les trois quarts de son discours
ont été en dehors du sujet. Alors, peut-être que pendant
une minute il pourrait revenir au sujet.
M. Burns: M. le Président, le député de
Saguenay a été interrompu, pour des questions de
règlement. Je pense que tout à l'heure, sans que je vous pose la
question formellement, vous m'avez fait signe que les questions de
règlement n'étaient pas comptées à
l'intérieur de son discours. Si tel est le cas, M. le Président,
j'aimerais qu'on me détermine combien de temps les questions de
règlement ont pris.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): II y a environ sept ou
huit minutes d'écoulées en plus de son temps, alors on va inviter
le député de Saguenay à terminer le plus rapidement
possible.
M. Lessard: M. le Président, je terminerai et je pense
avoir toujours parlé sur le projet de loi en essayant de
démontrer quelle est la relation entre la finance des partis politiques
et l'importance que ça peut avoir sur la démocratie au
Québec, parce qu'il y a un principe fondamental qui en fait on peut
résumer comme suit: Dis-moi qui te finance, je te dirai pour qui tu
administres. M. le Président, on peut dire aussi: Dis-moi qui t'a
élu, je te dirai pour qui tu vas gouverner. Or, en terminant je dis que
la démocratie est complètement faussée par le financement
des partis politiques tel que cela existe actuellement et continuera
d'être faussée. Pour le Parti libéral comme pour les
autres, comme pour tous les vieux partis, la politique s'est
résumée souvent dans le fait d'obtenir de l'argent des riches et
d'essayer d'obtenir le vote des pauvres ou de voler le vote des pauvres.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Papineau.
M. Mark Assad
M. Assad: M. le Président, cela fait quelques heures que
j'écoute les divers discours concernant ce projet de loi, mais je
voudrais simplement signaler brièvement quelques points que je trouve
importants dans ce débat.
Premièrement, depuis 1964 ou 1965, nous avons une loi qui touche
le financement des candidats dans leur comté respectif. Il n'y a pas de
doute que c'est une innovation dans ce domaine, pour sauvegarder ceux qui
voulaient se présenter mais qui n'en avaient pas les moyens. Depuis ce
temps, nous avons vu différentes réformes de la Loi
électorale et je trouve que le bill 9 va dans la suite des idées
que je vais mentionner durant ce
débat. A l'été de 1973, ici à Québec,
il y avait un représentant de la Législature de l'Etat de
Missouri qui avait rencontré les dignitaires du gouvernement et,
à un moment donné, il avait demandé s'il y avait quelqu'un
de disponible pour une heure ou deux, car il voulait avoir un historique de la
province de Québec.
Donc, mon nom a été suggéré et j'ai
été appelé pour discuter de cette question avec lui.
Durant notre discussion, il a été extrêmement surpris
d'apprendre j'avais expliqué la loi qui existait pour le
financement des candidats dans des comtés qu'il y avait une
limite et qu'à l'intérieur de cette limite, même si
quelqu'un pouvait se procurer une caisse électorale parallèle, il
ne pouvait pas en faire grand-chose vu qu'on avait besoin des...
M. Lessard: J'ai le droit de rire.
M. Assad: M. le Président, le droit de rire... Est-ce que
ce n'est pas vrai? Je ne sais pas si vous aviez aussi la loi dans votre
comté, mais quant aux sommes qu'on avait à notre disposition, il
fallait avoir des reçus pour des journaux, la télévision,
la radio et toutes les annonces. Qu'est-ce que quelqu'un pouvait faire avec une
caisse électorale parallèle s'il en avait une?
M. Lessard: Quand vous n'avez pas de reçu vous pouvez
dépenser comme vous voulez. Il n'y a personne qui vous en
empêche.
M. Veilleux: M. le Président, c'est faux ce qu'il vient de
dire là.
M. Assad: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Lessard: C'est faux en vertu de la loi, mais allez donc
prouver...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre s'il vous plaît! Mon Dieu! Le
député de Papineau.
M. Assad: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Assad: Si le député de Saguenay essaie de nous
induire en erreur, une chose est certaine, c'est que toutes les dépenses
électorales durant une campagne doivent être produites au
président des élections sous forme de reçus.
Que ce soit pour les journaux, la radio ou la télévision,
toute annonce ou propagande possible.
M. Carpentier: C'est vrai.
M. Lessard: Si tu connais le maximum de tel montant, tu peux bien
dépasser.
M. Assad: De quelle façon? Expliquez-moi cela. De quelle
façon?
M. Hardy: J'invoque le règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
L'honorable ministre des Communications.
M. Hardy: Je ne voudrais pas être désagréable
à l'endroit de mon collègue...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Hardy: J'invoque le règlement. Je ne voudrais pas
être désagréable à l'endroit de mon collègue
de Papineau, mais, de grâce d'abord c'est contraire au
règlement ne commencez pas une discussion avec le
député de Saguenay, cela ne va tourner à rien.
M. Assad: D'accord. Si vous me permettez de continuer dans cette
veine, le montant d'argent qui va être mis à la disposition des
partis est dans la suite des idées qui, j'espère, un jour vont
conduire à un système où les caisses électorales
comme telles seront illégales. Je vais m'expliquer en quelques mots et
ce n'est pas complexe. Ce n'est pas moi qui ai lancé l'idée, mais
j'ai déjà cité des débats sur cette question.
Si on croit vraiment à la démocratie, un jour viendra
où l'Etat va financer tous les aspects d'une campagne électorale.
Effectivement, dans le moment, ceux qui se présentent comme candidats
officiels d'un parti dans leur comté respectif, en vertu de la loi,
doivent obtenir 20% du vote populaire pour avoir droit à peu près
à 60% de remboursement de l'Etat. Ensuite, ils doivent trouver le
financement pour compléter le total auquel ils ont droit, et c'est
réglementé par le président des élections.
Donc, si on fait un pas en avant, nous allons non seulement limiter les
dépenses de chaque candidat officiel d'un parti établi, mais
même les partis reconnus dans le province auront une limite aux
dépenses durant une campagne électorale et. eux aussi, devront
produire des reçus provenant des postes de télévision et
de radio, des journaux, etc. Ce financement pourrait être fait par
l'Etat. En d'autres mots, il ne sera pas nécessaire, pour des partis
politiques, d'aller chercher des fonds à l'extérieur. Je crois
que c'est ce à quoi on doit en venir un jour parce que c'est la logique
même. Si on croit en la démocratie, il n'est pas normal que ce
soient de grosses compagnies ou de gros intérêts qui peuvent
influencer des partis politiques.
D'ailleurs, le premier ministre, durant ses discours de 1970, a fait
allusion à cela.
M. Lessard: II y en a un qui s'en souvient, toujours.
M. Assad: J'espère...
M. Veilleux: Ne lui parlez pas, continuez.
M. Assad: Evidemment, cette loi va avoir des suites. C'est facile
de démontrer que, dans notre système actuel, évidemment,
il y a des intérêts et que les intérêts peuvent
influencer les partis politiques. C'est normal de voir à les
éliminer. Présentement, en Allemagne, ils ont un régime
qu'on pourrait adopter pour nous aider au financement des partis politiques.
Pour chaque pourcentage de vote qu'un parti politique obtient durant une
campagne électorale, il peut recevoir un certain montant. Je crois que
c'est $1.15; c'est à-dire que si un parti politique obtient 1,500,000
voix, il aura droit à une caisse électorale, pour la prochaine
année ce peut être pour deux ou trois ans
d'au-delà de $1 million et demi.
Ce n'est pas une proposition que je fais, mais je crois qu'il sera
possible d'ici quelque temps qu'une étude soit faite sur la question,
à savoir si c'est possible que l'Etat assume toutes les dépenses
d'une campagne électorale afin d'éloigner tout
intérêt qui pourrait influencer un gouvernement en place.
M. le Président, en terminant, ce projet qui alloue $400,000 peut
être simplement au début et je crois que ce que cela coûtera
à l'Etat en financement des partis politiques pourra être
extrêmement bénéfique. Je crois que le chiffre de $400,000
avec lequel on a commencé est assez considérable. On se penche
sur la question et, d'ici très peu de temps, serait-il possible que
l'Etat assume la totalité des dépenses électorales des
partis politiques?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Saint-Jean.
M. Jacques Veilleux
M. Veilleux: M. le Président, je me réjouis de ce
projet de loi, mais je suis réellement déçu des propos
qu'ont pu tenir les députés de l'Opposition depuis le
début, parce que la seule chose qu'ils ont trouvée belle dans ce
projet de loi, c'est le montant de $400,000. Cela les a frappés, ces
hommes purs, $400,000. Ce n'est pas cela qui me frappe dans le projet de loi;
ce ne sont pas les $400,000 que je trouve importants. C'est dommage que le
député de Saguenay ne prenne pas la peine d'aller s'asseoir
à sa place, de prendre le projet de loi, les notes explicatives,
troisième paragraphe, et de suivre attentivement la lecture que je vais
faire. "Cette assistance financière est accordée aux partis
politiques pour leur permettre de payer les frais de leur administration
courante, d'assurer la diffusion de leur programme politique et de coordonner
l'action politique de leurs membres." Je trouve ce paragraphe important.
Important, parce que ce parti a pensé à cela avant que le projet
de loi soit déposé.
Il y a un certain chef de ce parti séparatiste, lors d'un
congrès, qui disait: II faut se servir, à même les fonds
publics émanant des commissions scolaires, émanant du
ministère des Affaires socia- les, que ce soit dans les CLSC ou les
garderies. Il faut se servir de ces fonds pour coordonner l'action politique de
nos membres. Puis, le député de Lafontaine a eu l'audace de venir
dire qu'il s'était donné comme mission, parce que c'est un
missionnaire... Il a commencé à quêter dans les
églises pour gagner sa vie, cela a rapporté pas mal, puis, une
bonne journée, il est venu au parti séparatiste, puis il a dit:
Moi, je continue ma mission, je vais continuer à "collecter". Il dit:
Nous, avant de commencer à "collecter", par exemple, comme dans les
églises, on va faire des sermons au monde. Vous vous souvenez, lorsqu'un
père blanc d'Afrique venait je me souviens quand j'étais
jeune ou encore les pères oblats pour les Chinois, on en a
payé des Chinois dans notre vie. On venait en chaire, on nous faisait
des discours, puis, après cela, on passait le chapeau.
Je reviens. Je dirais au député de Beauce-Sud de faire
attention, d'attendre parce que je parle sur le projet de loi.
C'est André Le Corre qui l'a dit dans un rapport: On s'est servi
des fonds publics à la régionale de Chambly, on s'est servi des
professeurs, on s'est servi des manuels, on s'est servi du matériel
didactique, on a préparé des cours, on a fait notre mission pour
convaincre le monde. Après cela, le député de Lafontaine
est venu à une réunion du Parti québécois, du parti
séparatiste dans le comté, et il a passé le chapeau.
M. le Président, je suis content que ce projet de loi dise: On va
se servir de cette somme globale pour aider le député de
Lafontaine à accomplir sa grande mission.
Là, M. le Président, une fois pour toutes, ils ne pourront
pas dire: On doit se servir de ces autres fonds, parce que la loi dit: On ne
pourra se servir que des fonds prévus par la loi, et pour eux, cela
totalise $120,000.
M. le Président, il s'en est dit des mûres et des pas
mûres. Le député de Lafontaine en a dit et surtout le
député de Saguenay. Le député de Saguenay, il n'est
pas grand, mais il est pur, a oublié de dire que lors de la
dernière...
M. Tardif: Braconnier.
M. Veilleux: ... campagne... Il parle des grosses compagnies qui
fournissent au Parti libéral, des présidents de ces compagnies,
des vice-présidents de ces compagnies, mais ces vice-présidents
ne sont pas des individus. Parce qu'ils travaillent pour une compagnie, ils ne
sont pas des individus. Pour lui, ce sont toutes des compagnies. Il y a
seulement 10% des autres qu'il considère comme des individus. Il a
oublié de dire que dans son parti politique, dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, à la dernière campagne, il est venu un
gars avec un beau chèque de $10,000 pour mettre cela à la caisse;
ils ont retourné le chèque. Des purs! Ils ont retourné le
chèque de $10,000 et ils ont dit au gars: Faites-nous en donc dix de
mille.
C'est la pureté du Parti québécois, M. le
Président? Je ne crois pas à ce genre de pureté.
Une Voix: Sépulcre blanchi.
M. Veilleux: M. le Président, pour diffuser son programme,
pour accomplir sa mission le grand quêteux du Parti
québécois, le député de Lafontaine en sait
quelque chose, le Parti québécois, dernièrement dans le
comté, a dit: On va organiser une réunion apolitique.
Imaginez-vous! C'est la présidente du Parti québécois, une
Mme Poulin qui communiquait avec tout le monde. Elle a dit: C'est une
réunion apolitique.
M. Marois était venu dans le comté d'Iberville, une
semaine avant et avait dit: Le député de Saint-Jean, on va le
ramasser pour les inondations, on va lui faire quelques petites
réunions. La semaine suivante, on prépare une réunion,
mais elle est apolitique.
On fait venir quatre fonctionnaires du ministère des Richesses
naturelles de Québec à Saint-Jean. Cela coûte quelque chose
au gouvernement, M. le Président, quatre fonctionnaires de Québec
à Saint-Jean pour donner des explications sur les inondations. Je n'en
veux pas aux fonctionnaires parce que la même dame a dit aux
fonctionnaires: Ce sont des citoyens qui se réunissent; on veut informer
la population. On a menti aux fonctionnaires, on les a fait se déplacer.
Heureusement que le député de Saint-Jean était vigilant.
Heureusement que le député de Saint-Jean était vigilant
parce que le député n'est pas allé à la
réunion, lui. Mais avoir su qu'on avait invité les
fonctionnaires, j'aurais averti les fonctionnaires que cela n'était pas
une réunion apolitique.
A partir du moment où on aura voté cette loi, lorsque ces
messieurs voudront faire venir des fonctionnaires, ils prendront cela dans les
$120,000. Ils leur paieront leurs dépenses, leur hôtel, leurs
repas, mais ils seront dans l'obligation d'arrêter de se servir des fonds
d'un autre ministère à des fins strictement politiques.
C'est pour cela que je suis pour ce projet de loi. Il est important
parce qu'une fois pour toutes, on va arrêter de prendre des moyens
détournés pour se financer. Passez, M. le Président, au
deuxième étage de l'édifice A ici. Un soir, je me trouve
à passer là...
M. Lessard: ...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je demanderais au
député de Saguenay de retirer les paroles qu'il vient de me dire.
Je lui demande de prendre son siège.
Prenez votre siège, s'il vous plaît. Quand vous venez
à mon fauteuil dire certaines paroles, ayez le courage de les dire de
votre siège.
M. Hardy: M. le Président, question de règlement.
Evidemment je suis totalement en désaccord avec ce que vient de faire le
député de Saguenay, mais tout en étant très
respectueux de la présidence et très conscient de mes propres
faiblesses, je vous rappelle que cette tolérance que la
présidence a de laisser les députés debout sur le parquet
de la Chambre amène des situations semblables. J'en profite pour vous
demander et demander à tous ceux qui occupent le fauteuil, que ce soient
des gens de la droite comme de la gauche, qu'on libère le parquet. Il y
a des fumoirs, il y a l'arrière du fauteuil.
Demandez donc aux députés qui veulent fumer ou qui veulent
causer d'aller en arrière du fauteuil ou dans les fumoirs de
façon qu'il y ait un certain décorum dans cette Chambre.
M. Tardif: Retire tes paroles, Lulu!
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement, je voudrais...
M. Tardif: Retire tes paroles!
M. Lessard: En quoi? Je n'ai pas...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je vous ai
demandé de retirer vos paroles tout simplement.
M. Tardif: As-tu compris?
M. Lessard: Je regrette, M. le Président. Quelles paroles
voulez-vous que je retire? M. le Président, je voudrais...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Vous le savez. Tout de
même, j'accepte qu'on ne soit pas d'accord avec mes décisions mais
j'exige qu'on les respecte.
M. Lessard: M. le Président, vous m'avez demandé de
prendre ma place. Je prends ma place et je soulève une question de
règlement. Vous allez m'entendre sur la question de règlement.
C'est mon droit.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Bien oui, parlez.
M. Tremblay: S'il vous plaît!
M. Lessard: M. le Président, je voudrais vous indiquer
l'article 10 des règlements. Tout à l'heure, à deux
reprises, au cours de mon intervention, vous vous êtes levé pour
m'indiquer la pertinence du débat. Je voudrais vous rappeler aussi
l'article 10 des règlements, où vos fonctions sont très
bien décrites, en particulier le paragraphe 4 de l'article 10, où
il est dit ceci...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A I ordre, s'il vous
plaît! Je n'ai pas besoin de l'honorable député de Saguenay
pour me rappeler les devoirs de ma charge.
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lessard: Je vais continuer, M. le Président, et
terminer ma question de règlement. Vous me répondrez
après.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Un instant! A l'ordre,
s'il vous plaît! Il est peut-être tard. Il
est tard également pour nous et pour vous. Je vous invite
à beaucoup de respect vis-à-vis de l'institution qu'est la
présidence. Soyez respectueux, au moins un peu plus que vous ne l'avez
été tout à l'heure.
M. Lessard: M. le Président, je pense qu'il est du devoir
d'un député, en vertu du règlement, de se lever lorsqu'il
s'aperçoit que le règlement n'est pas respecté. Justement,
M. le Président, je me lève. Tel que vous me l'avez
demandé, j'ai pris ma place et je me suis levé pour vous indiquer
que le règlement n'était pas respecté.
Je vous rappelle toujours l'article 10, 4e paragraphe, où il est
dit que "le président fait observer le règlement et dirige les
travaux de l'Assemblée". Au cours de mon intervention, vous vous
êtes levé à deux reprises pour me parler de la pertinence
du débat mais vous avez laissé le député de
Saint-Jean parler alors qu'il était complètement en dehors du
projet de loi dont nous avons à discuter ce soir. Je vous indique donc,
M. le Président, que vous avez la responsabilité d'appliquer le
même règlement pour le député de Saint-Jean comme
vous avez tenté de le faire pour le député de
Saguenay.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, la vérité,
cela fait mal.
On se promène. Cela adonne, M. le Président, qu'on prend
le deuxième étage. Je vais voir des collègues au fond du
corridor. Je visite mon collègue de Verdun, un de mes grands amis. On
était ensemble en 1970, au troisième étage, avec le
député de Laurier. Je vais les voir souvent. Un soir je passe, M.
le Président. Je dis que ce sont des fonds publics cela. Je dis que cela
doit être pris dans les $120,000 qui leur reviennent. Tant de
secrétaires le soir, M. le Président, qui font des sondages sur
la connaissance que les gens ont de la mission du député de
Lafontaine. Ce sont des fonds publics, cela, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): ... sondage sur la baisse du Parti
libéral.
M. Veilleux: C'est le financement des partis, cela, M. le
Président. Ce n'est pas une campagne à la chefferie, cela, M. le
Président. Ce sont des faits qu'on constate chaque jour. Je me
réjouis du projet de loi parce qu'à ce moment-là ils
seront obligés de déduire cela de leurs $120,000.
Il y a un seul endroit où on va pouvoir puiser dans les fonds
publics. C'est là. On vient me dire que les méchants, les
méchants bailleurs de fonds du Parti libéral nous disent: Toi, tu
votes de même. Tu va te lever à telle heure, telle minute pour
voter de telle façon ou tu ne voteras pas ou tu va t'abs-tenir! M. le
Président, il me fait rire, le député de Saguenay.
Moi, M. le Président, je suis depuis 1970 en cette Chambre.
Jamais je le dis de mon siège de député un
bailleur de fonds n'est venu me dire de quelle façon voter!
M. Lessard: Pour l'influence que vous avez!
M. Veilleux: Jamais, M. le Président, on ne l'a fait. Je
ne pourrais pas en dire autant du député de Saguenay, par
exemple. Je me souviens, lorsqu'on votait l'augmentation des
députés, il était contre. Pourquoi était-il contre?
Parce que le chef extérieur lui a dit: Lucien, non je ne peux pas
dire cela, M. le Président l'honorable député de
Saguenay, tu vas voter contre la loi; tu ne perdras rien, les autres vont voter
pour; tu iras la chercher ton augmentation, mais cela paraît bien, tu
voteras contre.
Pas plus tard que la semaine passée, des influences
extérieures il y en a bien plus dans ce parti-là que dans
le nôtre M. le Président, je vous le dis, pas plus tard que
jeudi soir passé, il y a eu une entente entre le leader du gouvernement
et le chef de l'Opposition en l'absence du leader de l'Opposition officielle
qui était malade il nous a manqué, la semaine
passée, celui-là il y a eu une entente entre les
deux...
M. Burns: Arrêtez donc cela! Voyons donc!
M. Veilleux: Tout à coup, M. le Président,
quelqu'un d'en haut, deuxième ou troisième étage, je ne le
sais pas, dit: Le chef de l'Opposition, tu redescends en bas et tu dis,
l'entente que tu as faite n'est pas bonne, et on siège le lendemain.
Cela, ce sont des influences extérieures. Je sais que le
député de Chicoutimi n'aime pas cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Tu es "bavasseux", ça n'a
pas d'allure!
M. Veilleux: II m'a dit que j'étais "bavasseux"...
Le Président: S'il vous plaît, messieurs!
M. Veilleux: C'est la vérité, M. le
Président, c'est la vérité que je vous dis.
M. Burns: ... de second étage.
M. Veilleux: Sur les $120,000, M. le Président...
M. Burns: Bien voyons donc! Le Président: S'il vous
plaît!
M. Veilleux:... on serait obligé de prendre des lettres
qu'on a envoyées dans des comtés le 12 mars 1975...
M. Burns: Venez donc nous dire la couleur de vos...
Le Président: S'il vous plaît, messieurs!
M. Veilleux: ... le 12 mars 1975, M. le Président, du
cabinet du chef de l'Opposition, où on invite des gens à
rencontrer le chef de l'Opposition officielle. Je n'ai rien contre cela,
jusqu'à ce que je voie la signature. Lorsqu'une lettre émane du
chef de l'Opposition qui se rend personnellement dans un comté, dans une
ville, Brossard, rencontrer des gens, qu'il les invite à venir le
rencontrer, c'est à lui à signer la lettre d'invitation. Il faut
signer cela par des militants du Parti québécois, il se sert de
papier de l'Assemblée nationale. Cela, avec le projet de loi no 9, sera
pris à même les $120,000. C'est pour cela que, moi, je suis en
faveur de la loi 9 et je demande à mes collègues du Parti
libéral d'appuyer le député de Terrebonne, le ministre des
Communications, qui parraine ce projet de loi. Une fois pour toutes, on pourra
surveiller ce que ces gens font depuis au moins six ans des fonds publics, tant
dans le secteur de l'éducation, des affaires sociales, que de
l'Assemblée nationale. Merci, M. le Président.
M. Léger: Question de règlement, M. le
Président. Me référant à l'article 96, je voudrais
rectifier des affirmations qui ont été une mauvaise
interprétation de mon discours, de la part du député de
Saint-Jean, quand il a affirmé que j'étais allé comme
collecteur dans le comté de Saint-Jean et qu'une personne avait souscrit
$10,000 et que son chèque a été refusé et
divisé...
M. Hardy: J'invoque le règlement.
Le Président: Un instant, question de règlement. Je
vais vous entendre tous les deux.
M. Léger: ... la vérité.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Hardy: M. le Président, je ne sais pas si c'est
consciemment ou inconsciemment que le député de Lafontaine viole
ou interprète mal l'article 96.
L'article 96 dit ceci: Si un opinant, au cours de son discours, cite mal
un discours antérieur, celui qui est mal cité peut, à la
fin du discours de l'opinant, se lever et rétablir les faits. L'article
96 ne dit pas que vous pouvez contredire l'opinant. Même si vous
n'êtes pas d'accord avec ce que le député de Saint-Jean a
dit, même si, par hypothèse, je suis convaincu que c'est faux,
mais si, par hypothèse, le député de Saint-Jean avait dit
des choses inexactes, vous ne pouvez pas invoquer l'article 96. Or,
actuellement, vous essayez de dire que certains propos du député
de Saint-Jean n'étaient pas exacts; ce n'est pas cela l'article 96.
L'article 96 vous le permettrait si le député de Saint-Jean vous
avait cité. Je l'ai bien écouté, il ne vous a pas
cité une seule fois. D'ailleurs, le député de Saint-Jean a
d'autres sources d'inspiration.
M. Léger: M. le Président, à l'article 96,
il est dit: "Le député qui prend la parole pour donner des
explications sur le discours qu'il a déjà pro- noncé
c'est moi ne peut le faire que lorsque le discours qui les
provoque celui du député de Saint-Jean est
terminé..." M. le Président, le député de
Saint-Jean a affirmé...
Le Président: Pour qu'on comprenne très bien
l'article, je vais continuer la lecture et je vais également mentionner
les trois dernières lignes. "Les explications doivent être
brèves et ne doivent apporter aucun élément nouveau dans
la discussion et elles ne peuvent engendrer de débat' . D'accord? On se
comprend.
M. Léger: M. le Président... M. Burns:
Parfait.
M. Léger: ... dans mon discours, c'était dans mon
discours du parti, j'ai bien dit qu'en vertu de nos règlements les dons
supérieurs a $100 ne provenant pas de particuliers sont automatiquement
refusés et que toute contribution d'individus supérieure à
$2,500 doit être approuvée par le conseil exécutif
national.
Alors, le député de Saint-Jean a affirmé qu'une
personne a fait un chèque de $10,000 qui a été
refusé par le parti et qu'on lui a demandé d'en donner dix de
$1,000, ce qui est absolument faux, contraire aux règlements que j'ai
cités dans mon article, puisque cela ferait $10,000 dans une
année. Alors, c'est cela que je...
M. Veilleux: J'ai oublié de parler des 10,000 lettres
envoyées pour le RCM, à même les fonds du gouvernement.
J'ai oublié de parler des 10,000 lettres.
M. Bienvenue: Est-ce que le député de Lafontaine me
permettrait une petite question?
M. Léger: Certainement.
M. Bienvenue: Le député de Lafontaine vient de
dire: "Dans mon discours...
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement unanime?
Des Voix: Oui, oui.
Le Président: A l'ordre!
M. Bienvenue: Le député de Lafontaine vient de dire
et on le retrouvera au journal des Débats demain "dans mon
discours du parti"; qu'est-ce qu'il veut dire par là?
M. Léger: Pardon?
M. Lessard: Vous ne comprenez rien au financement
démocratique.
M. Léger: Répétez, je n'ai pas compris.
M. Lessard: Vous ne comprenez rien au financement
démocratique.
M. Bienvenue: Le député vient de dire, en donnant
des explications: "Dans mon discours du parti".
M. Lessard: Venez chez nous, on va vous expliquer cela.
M. Bienvenue: Qu'est-ce que c'est, cela? M. Léger:
Je n'ai pas dit discours de parti. M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: Peut-être quand j'étais parti dans
mon discours.
M. Bienvenue: Non, non.
M. Léger: Je n'ai pas du tout parlé de discours de
parti.
Le Président: Bon.
M. Léger: Mais j'aimerais savoir si le ministre, lui
aussi, de son siège peut nous affirmer...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Léger: ... qu'il n'y a eu aucune contribution...
Le Président: A l'ordre! ...A l'ordre! Est-ce qu'il y a
d'autres opinants? Est-ce qu'il y a d'autres opinants?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président: L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): ... une directive. Le
député qui vient de parler prétend dire la
vérité et je le laisse avec ses prétentions, mais je
voudrais un éclaircissement sur une affirmation qu'il a faite dans cette
Chambre.
Le Président: Posez-lui une question.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça, je vais lui poser
la question.
Le Président: Posez-lui la question.
M. Bédard (Chicoutimi): II a affirmé, concernant le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, qu'un don de $10,000 aurait été offert
au Parti québécois et que le Parti québécois aurait
retourné le chèque et aurait demandé à la personne
concernée ou à l'organisme ou quoi que ce soit de retourner au
parti dix chèques de $1,000. Pour faire une telle affirmation, je
voudrais que le député de Saint-Jean me donne les preuves et
explicite.
M. Veilleux: M. le Président, il relira mon intervention
demain.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non, non.
M. Léger: C'est ça, des placotages en l'air,
n'importe quoi.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela, un "placoteux" et un
"bavasseux".
M. Léger: On dit n'importe quoi.
Le Président: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre! ...
Est-ce que vous voulez prendre la parole?
M. Marchand: Devant cette discussion...
Le Président: Dites-moi pourquoi vous prenez la
parole.
M. Marchand: M. le Président, sur le projet de loi.
Le Président: Sur le projet de loi en deuxième
lecture.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
posé une question très précise. C'est mon droit de
demander un éclaircissement.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
Bédard (Chicoutimi): Je veux savoir...
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je l'ai invoqué, le
règlement.
M. Hardy: Moi aussi, je l'invoque.
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-moi finir ma question de
règlement.
M. Hardy: Non, je l'invoque.
Le Président: A l'ordre! Question de règlement, je
vous inviterai après. Allez! Question de règlement.
M. Hardy: M. le Président, je regrette. Je comprends que
ce n'est pas facile de maintenir l'ordre en Chambre, il y a des
tempéraments difficiles, mais il y a quand même un minimum de
règles à observer. Ce que fait le député de
Chicoutimi actuellement, c'est absolument hors d'ordre. Le député
de Saint-Jean a terminé son intervention; il n'a pas à lui poser
de questions, d'autant plus que le député de Saint-Jean a
signifié...
M. Burns: M. le Président, il a accepté.
M. Hardy: ... d'une façon très claire et
très précise qu'il n'avait pas l'intention de répondre
à la question.
Le Président: Bon, c'est cela.
M. Hardy: Bon. Alors, le député de Chicoutimi ne
peut pas revenir.
Le Président: Alors, bon.
M. Hardy: Si le député de Chicoutimi veut
intervenir, faire un discours, qu'il le fasse, mais, à ce stade-ci, il
n'a pas à poser de questions.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je
vais soulever une question de privilège en vertu de l'article 48. "Une
violation des droits de l'Assemblée ou d'un de ses membres, constitue
une question de privilège". Je crois qu'il y a un droit de
l'Assemblée nationale, c'est d'être informé correctement et
de ne pas être, quelque membre que ce soit de cette Assemblée,
induit en erreur par des propos d'un député en cette Chambre.
Or, M. le Président, je vous soumets respectueusement que
l'affirmation dont j'ai fait état tout à l'heure et pour laquelle
j'ai posé une question au député de Saint-Jean, je vous
soumets, M. le Président, que l'affirmation faite par le
député de Saint-Jean est fausse. Je voudrais...
M. Marchand: Vous n'étiez pas là.
M. Bédard (Chicoutimi):... à ce moment, M. le
Président, que le député de Saint-Jean, puisqu'il a pris
la peine d'affirmer une chose aussi importante que cela, un fait aussi
important que cela, ait au moins le coeur de se lever puis de nous dire...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Là, je ne sais
plus si c'est une question de règlement ou une question de
privilège. De toute façon, l'article 171, deuxièmement...
A l'ordre, s'il vous plaît! Un ministre ou un député peut
toujours refuser de répondre à une question sans donner de raison
et son refus ne peut être discuté d'aucune façon.
M. Bédard (Chicoutimi): II peut être
interprété, par exemple.
Le Président: Messieurs! Le député de
Laurier.
M. Marchand: M. le Président, devant l'absurdité
des membres du parti séparatiste, je me crois obligé
d'intervenir. On vient de dire au député de Saint-Jean qu'il
avait tort. Je dirai au député de Lafontaine...
Le Président: Voulez-vous vous adresser au
président, s'il vous plaît?
M. Marchand: M. le Président je vous dirai que le
député de Lafontaine, lorsqu'il essaie de se défendre
devant les affirmations véridiques du député de
Saint-Jean, s'est servi des fonds de l'Assemblée nationale pour faire la
campagne du RCM à la dernière élection, à
Montréal, en envoyant au moins 10,000 à 15,000 lettres, au nom de
l'Assemblée nationale, pour gagner des électeurs au RCM.
Voici ce traître public...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. Marchand: M. le Président, je m'adresse toujours
à vous, je suis tanné de ces faux purs, ces sépulcres
blanchis...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Une question de
privilège.
M. Léger: Une question de privilège. M. le
Président, je demanderais au député de son siège,
de prouver que j'ai envoyé des lettres pour le RCM, sinon de retirer ses
paroles.
Une Voix: On a les preuves?
M. Marchand: M. le Président, je n'ai même pas
dépassé ma pensée, puis je n'ai pas fini à part
cela.
M. Léger: Donnez des preuves à ce que vous venez
d'avancer là.
M. Marchand: Si vous parlez de financement, on va parler d'une
campagne électorale en 1973. M. le Président, je m'adresse
à vous, on va parler des "smart", des purs qui veulent jouer aux purs.
Dans un comté où le président du Parti
québécois se présentait, dans le comté de Dorion
je voyais mon ami Bossé tout à l'heure assis ici à
cette Assemblée nationale, et je vais vous dire quelque chose la
première chose qui a été distribuée, c'est une
pochette, un disque...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Lacroix: Comment, le règlement?
Le Président: A l'ordre!
M. Marchand: Vous voulez...
Une Voix: On a le droit de savoir la vérité.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Marchand: Je vais vous ramasser. Le Président: A
l'ordre! A l'ordre!
M. Marchand: Vous êtes trop petits pour moi, mes petits
purs.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! M. Burns:
Je n'ai pas crié.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas crié, je
vous prends à témoin, je n'ai pas crié, je vous de-
mande simplement de voir à l'application de l'article 120.
Le Président: Pertinence du débat?
M. Burns: C'est cela.
M. Marchand: M. le Président...
Le Président: A l'ordre! Je suis prêt à
rendre ma décision, je crois. Non, j'ai suivi le débat, je crois
qu'il...
M. Hardy: Je voudrais rappeler que tantôt on a parlé
du débat à la chefferie.
Le Président: ... a été assez large sur le
financement des partis et tout. Si on parle du financement, allez-y sur le
financement d'une campagne électorale, d'un parti politique, mais quand
même, tentez de garder le respect de l'Assemblée.
M. Marchand: Si les faux purs veulent jouer aux purs, on va jouer
tous ensemble, M. le Président. On va leur montrer ce que c'est que le
financement des partis. En 1973 et demi, si vous voulez être mieux
situé à part cela, il y avait une pochette de distribuée
dans le comté de Dorion où votre président, le
président du parti séparatiste se présentait. Il
s'était d'ailleurs présenté en 1970 dans le comté
de Laurier, il a subi une arrière défaite il a continué
à faire la même chose et il va continuer à faire la
même chose à la prochaine élection.
M. le Président, on distribuait une pochette, 25,000 disques dans
une très belle pochette imprimée en trois couleurs. Comme je suis
un imprimeur, je sais le prix et je sais qu'un disque vaut au moins $0.50 et
que la pochette vaut au moins $0.50.
Cela fait $25,000 et ça dépasse déjà le
rapport financier d'un candidat dans un comté. Mieux que cela, ils sont
encore bien plus hypocrites que cela, ils font présenter un candidat
dans Robert-Baldwin. Un professeur au CEGEP d'Ahuntsic. Le même
professeur ne va pas dans son comté du tout, il s'en va comme
organisateur en chef dans le comté des hypocrites, comme l'a si bien dit
le député des Iles-de-la-Madeleine, il s'en va comme organisateur
en chef dans le comté de Dorion. Ce sont ces purs qui viennent nous
chanter des chansons. Ils distribuent des tracts pendant une campagne
complète, ils dépensent environ $50,000; ils prennent le budget
du comté de Robert-Baldwin, une partie du budget du comté de
Laurier et, ensuite, ils vont déclarer un petit compte de $10,000 ou
à peu près dans le comté de Dorion. Imaginez-vous donc ces
traîtres purs!
C'est épouvantable! Ces gens-là, ces purs... Je regarde le
petit député de Saint-Jacques, qui me regarde en pleine face; je
vais le regarder, lui aussi.
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
Est-ce que je pourrais vous lire... Vous avez le droit d'avoir beaucoup de
force dans votre discours...
M. Marchand: M. le Président...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît, un
instant! Je vous demanderais de rester calme. A l'article 99, il y a
certainement un paragraphe qui couvre cela. Un instant, un instant, je n'ai pas
besoin d'aide. Il n'est pas permis de se servir d'un langage violent ou
blessant à l'adresse de qui que ce soit ou irrespectueux pour
l'Assemblée. Allez.
M. Marchand: J'allais dire, M. le Président, toujours en
m'adressant à votre personnalité, que ces fous purs essaient de
jouer avec la population du Québec, avec le financement des partis
depuis toujours. L'argent du public. Je viens de vous prouver combien cela a pu
coûter seulement dans un comté qu'ils voulaient gagner et qu'ils
ont perdu, heureusement. Avec le financement des partis, c'est de cela qu'on
doit discuter, je vous le dis. C'est épouvantable.
Je vois que le député de Saint-Jacques ne voulait pas que
je lui parle, il s'est en allé. Je lui parlerai la prochaine fois.
M. Léger: II est en arrière. M. Marchand: Pardon?
M. Léger: II est là, encore.
M. Marchand: Voulez-vous que je vous parle de
Saint-Jean-Berchmans, de Saint-Jean-Vianey, vous? Je peux vous parler des
enveloppes. Je pourrais vous parler des compagnies que vous avez mises en
faillite.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, si nos débats
étaient télévisés ce soir, je me demande quel est
le citoyen du Québec qui pourrait approuver un parlementaire de voter
pour qu'on distribue $400,000 aux partis politiques. Nous avons devant nous un
projet de loi qui demande une somme de $400,000, prise dans le fonds
consolidé du revenu, pour distribuer aux partis politiques. J'ai entendu
nos collègues du côté ministériel accuser les
députés de l'Opposition de tous les péchés, qu'ils
avaient $100,000, qu'ils ont fait ceci et cela.
Aucun d'entre eux n'a dit à l'Assemblée nationale que le
Parti libéral se vote, lui, $200,000 dans ce projet de loi. Pourquoi?
Parce que le premier ministre du Québec s'est engagé devant
l'électorat à assainir les caisses électorales occultes,
omnipuissantes qui contrôlent les parlementaires, qui contrôlent
les élus du peuple.
M. Lacroix: Est-ce que le député de...
M. Roy: Je ne permets pas que la capharnaûm recommence.
M. Lacroix: Parce que c'était une question bien
importante.
M. Roy: Vous poserez la question après.
Oui, assainir les caisses électorales occultes, les caisses
électorales qui contrôlent les élus du peuple, qui dominent
les partis, qui enlèvent, une fois élus, la liberté des
partis de vraiment représenter leurs électeurs. Parce que le
premier ministre a promis cela, on nous dépose un projet de loi
aujourd'hui par lequel on va distribuer $400,000 aux partis politiques sans
aucune obligation en retour, sinon des petits détails.
On pourra peut-être dire que j'ai changé d'idée
depuis quelques semaines. Si quelqu'un a des doutes, qu'on relève les
propos que j'ai tenus à l'Assemblée nationale, en commission
parlementaire, le mardi 28 janvier 1975. Qu'on relève les propos que
j'ai tenus à ce moment et on se rendra compte que je n'ai pas
changé d'idée depuis cette date, parce que nous sommes en face de
la même hypocrisie que j'ai dénoncée à cette
occasion.
Il n'y a absolument rien dans ce projet de loi qui va garantir aux
électeurs du Québec d'être à l'abri des abus
épouvantables qu'on découvre durant les périodes
électorales, durant les campagnes électorales. Celui qui vous
parle est bien placé pour en parler pour avoir été le seul
sur la rive sud du Saint-Laurent à avoir réussi à
traverser la mer rouge durant la dernière campagne, dans un comté
où on avait à peu près tout mis pour s'assurer que ce
serait libéral, de Gaspé jusqu'à Montréal, sur la
rive-sud du Saint-Laurent.
M. Lacroix: Cela vous a coûté combien?
M. Roy: Cela m'a coûté, de ma poche, mes
dépenses et mes repas et j'ai eu assez de bénévolat parce
qu'il y a une population dans Beauce-Sud qui a assez de coeur au ventre pour se
tenir debout.
M. Lacroix: Même chose pour moi.
M. Roy: Une population qui a démontré qu'elle
n'était pas à vendre et je tiens à rendre hommage aux
électeurs et aux électrices de Beauce-Sud, une organisation qui
était majoritairement composée de femmes, dans tout le
comté.
M. Mailloux: Vous ne rendez pas hommage aux autres comtés
en disant cela.
M. Roy: M. le Président, j'ai dit ce que j'ai dit et je
n'ai pas de nuances à faire, parce qu'il y en a qui devraient être
gênés de ce qui s'est passé.
M. Lacroix: Pensez-vous que tout le monde a volé ses
élections?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît.
M. Roy: M. le Président, qu'est-ce qu'il y a dans ce
projet de loi, actuellement, qui nous permet de constater et de croire qu'il va
y avoir un assainissement des caisses électorales occultes? Le
député des Iles-de-la-Madeleine nous a dit, tout à
l'heure, qu'il a failli, des trémolos dans la voix. Il était
d'une tristesse qui nous a fait même croire que le Parti libéral
était à la veille de la mendicité, tellement que j'ai eu
envie de lui faire parvenir $0.25 par un page.
M. Lacroix: On est plus pauvre que vous autres.
M. Roy: Mais le député des Iles n'a pas
parlé, par exemple, des $200,000 que le Parti libéral se donne,
alors que lui a la responsabilité de gouverner le Québec, de voir
à préparer les législations alors qu'il y a des
recommandations qui ont été faites dans les commissions
parlementaires. Il y a des recommandations qui ont été faites par
le Parti québécois, des recommandations que j'ai faites
moi-même, que d'autres ont également faites.
Il y a des mémoires qui ont été
déposés, il y a eu bien des éditoriaux qui ont paru dans
les journaux, parce que ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de
l'assainissement des caisses électorales. Ce n'est pas d'aujourd'hui
qu'on en parle. Il s'en parle régulièrement, quotidiennement;
cela a commencé dans les années 1960, 1961 et 1962. Et que
fait-on? On présente des lois à la population qui ne sont que du
mirage pour faire croire aux Québécois, en leur faisant payer
$400,000, que dorénavant la démocratie au Québec sera en
meilleure posture, sera mieux assurée.
C'est cela. Je pense que nous nous devons de dire ces choses
aujourd'hui. Il y a un autre point sur lequel on insiste beaucoup. D'ailleurs,
personne actuellement, parmi les gens bien pensants au Québec, n'est
contre le fait qu'il y ait un réaménagement de fait, qu'il y ait
des lois, des correctifs apportés de façon que les caisses
électorales des partis politiques soient moins obscures et ne
contrôlent pas les élus du peuple.
M. le Président, la première responsabilité d'un
député est de représenter les électeurs de son
comté, c'est d'être à leur service et, dans notre
système, il y a évidemment les partis politiques. Un parti
politique, c'est quoi? Un parti politique, c'est une structure qui permet
à un groupe d'hommes qui partagent les mêmes objectifs, qui
partagent les mêmes vues, qui veulent travailler en équipe, en
étroite collaboration, de travailler pour la cause publique, travailler
à faire la promotion d'un programme politique, d'un programme
économique et d'un programme social.
Depuis quand un parti politique est-il une fin en soi? A-t-on bien
pensé à cette chose? Depuis quand un parti politique est-il une
fin en soi? Un parti politique demeure un moyen, un outil qui permet à
une équipe de personnes de travailler en étroite collaboration
ensemble.
Les partis politiques sont la propriété de qui? Des
multinationales? De l'Etat ou de la population, du peuple? Il va falloir faire
le choix. On a déploré trop longtemps et on déplore encore
que les grosses caisses électorales viennent de grandes
sociétés, de grandes entreprises, voire de multinationa-
les. A cause de leurs moyens quasi illimités, à cause de
leur puissance, de leurs pouvoirs, elles consacrent aux partis politiques les
plus grosses sommes d'argent pour être capables de dominer ces partis une
fois au pouvoir, pour être capables d'avoir les privilèges qui
peuvent découler d'une telle situation.
Cela, personne n'en veut parmi les citoyens du Québec. Il y a
longtemps qu'on demande qu'il y ait des correctifs qui soient apportés
de ce côté. Va-t-on corriger la situation en faisant en sorte que
ce soit l'Etat qui va financer les partis politiques? Je suis autant contre, et
je tiens à bien peser mes paroles, je suis autant contre le fait que
l'Etat en vienne à financer intégralement les partis politiques
que les grosses entreprises qui les financent. Nous aurons au Québec des
partis étatisés et à ce moment je me poserai de
sérieuses questions sur l'avenir de la démocratie. Ce seront des
partis étatisés qui deviendront des partis parasites et pour
prendre les paroles qu'a prononcées le député de Saguenay,
qu'il a bien dites, tout à l'heure, M. le Président: Dis-moi qui
te paie et je te dirai qui tu sers.
Si c'est l'Etat qui finit par financer les partis, on aura des partis
étatisés qui deviendront des partis parasites pour maintenir des
"establishments" qui domineront éventuellement à
l'intérieur des partis les élus du peuple par un autre moyen, par
d'autres subterfuges.
M. le Président, je dis encore que, si nous voulons une
véritable démocratie chez nous, nous devons faire en sorte que
les partis politiques soient l'affaire de la population, soient l'affaire des
électeurs. Sur ce point, nous nous devons, comme premier critère,
de faire en sorte que notre loi respecte ce premier principe qui est la
souveraineté de l'électorat, la souveraineté de
l'électeur. Il faut que dans nos lois on puisse lui permettre de
participer à un parti politique, de contribuer soit par son travail,
soit par des petits dons, soit par de la collaboration à son parti
politique.
C'est comme cela et comme cela seulement qu'on réussira à
avoir une véritable démocratie. Nous ne réussirons pas
à en avoir une autrement. On me dira que c'est peut-être difficile
mais nous n'avons pas le choix. Entre choisir des liens qui attachent au niveau
de grandes sociétés multinationales et d'autres liens qui
attachent par l'entremise de l'Etat, je dis que la situation est la même.
Le parti politique va être là l'affaire d'une population,
décider d'une population qui peut elle-même choisir son parti. Je
pense que c'est extrêmement important. C'est le premier reproche que je
fais au projet de loi quant à sa composition.
Pour quelle raison n'aurait-on pas permis des déductions au
niveau de la fiscalité, au niveau des impôts comme cela s'est fait
au niveau fédéral? D'ailleurs, le député
d'Outremont l'a très bien expliqué ce soir. Pour quelle raison
n'aurait-on pas permis d'organiser notre affaire de la même façon,
de sorte que ce ne soit pas le gouvernement qui décide tel et tel
montant qui va à tel ou tel parti politique? Mais que ce soit
l'électeur, le citoyen qui choisisse, lui, son parti politique et qu'il
puisse y contribuer de façon raisonnée et raisonnable et que le
plus grand nombre de citoyens puissent y participer.
M. le Président, à ce moment-là, cela aurait
coûté quoi à l'Etat, cela aurait coûté quoi au
gouvernement? C'est la question, je pense, qu'il faut se poser à ce
moment-ci. Je dis que ce principe premier n'a pas été
respecté, ce principe n'a pas été mis de l'avant, n'a pas
été retenu malgré toutes les suggestions que lui ont
faites tous les députés de l'Opposition qui ont
siégé en commission parlementaire.
M. le Président, cette loi, il faudra songer à
l'appliquer; il faudra songer à distribuer ces $400,000. Aujourd'hui,
c'est $400,000; tantôt, évidemment, cela pourra être un
montant plus élevé. Ce qui nous préoccupe actuellement, ce
sont les $400,000.
A qui va-t-on les distribuer? En vertu de quels critères? Il
pourrait y avoir une situation assez cocasse pour le gouvernement actuel dans
la distribution de ce montant.
Je tiens à lui dire qu'il n'y en aura pas, parce que je n'en
ferai pas; je n'en ferai pas, mais la situation qui se présente
aujourd'hui pourra se représenter. Qui sera juge dans une situation de
ce genre? Que le gouvernement examine réellement dans quelle situation
il se place.
M. Bienvenue: M. le Président...
M. Roy: Ce qui veut dire et c'est là où je
veux en venir, M. le Président que les partis politiques du
Québec ne sont régis par aucune loi.
M. Bienvenue: M. le Président...
M. Roy: II n'y a aucune loi qui régit les partis
politiques actuellement dans la province de Québec. Il y a bien la Loi
électorale qui régit les élections comme telles...
M. Bienvenue: M. le Président...
M. Roy: ... mais les partis politiques comme tels ne sont
régis par aucune loi.
M. Bienvenue: Le député de Beauce-Sud me
permettrait-il une question, dont je lui garantis qu'il ne la regrettera pas?
Je suis très sérieux. Le député de Beauce-Sud
est-il d'accord qu'il serait heureux si le gouvernement retirait ce projet de
loi?
M. Roy: M. le Président... Une Voix: Oui ou
non?
M. Roy: ... je vais répondre. Je dis que ce projet de loi
est un mirage et je n'ai jamais voté à l'Assemblée
nationale pour des mirages. Ce n'est pas une question d'être heureux ou
non; ce n'est pas une question d'appréciation personnelle en ce qui
concerne le député de Beauce-Sud. Je pense que nous devons
être honnêtes envers l'électorat du
Québec et envers les contribuables du Québec. C'est
à ce niveau que je prends le projet de loi.
M. le Président, puis-je vous faire remarquer qu'il est onze
heures? Je propose la suspension...
Le Président: C'est automatique, oui.
M. Hardy: Je propose l'ajournement de la Chambre à demain,
dix heures.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux
à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 57)