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(Quinze heures neuf minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. LEVESQUE: M. le Président, article g).
Projet de loi no 261
Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable Solliciteur général propose
la première lecture du projet de loi intitulé Loi modifiant la
loi des arpenteurs.
M. FOURNIER: Ce projet de loi a pour but de modifier la Loi des
arpenteurs de façon à la rendre conforme au code des
professions.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LEVESQUE: M. le Président, article j.
Projet de loi no 267
Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
première lecture de la Loi des orthophonistes et des audiologis-tes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dispensé.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
Projets de loi déférés à
la commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que ces deux
projets de loi soient déférés à la commission
parlementaire étudiant les projets de loi des professions.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
M. SAINT-PIERRE: M, le Président, il me fait plaisir de
déposer deux copies du rapport d'avis juridiques touchant les
problèmes constitutionnels posés par la restructuration scolaire
de l'île de Montréal, préparé par MM.
François Chevrette, Herbert Marx ce n'est pas un parent de
l'autre et André Tremblay. Déjà, les porte-parole
des partis d'Opposition en matière d'éducation ont reçu
copie de ce document. Tenant compte de son importance, si des
députés désirent en avoir, ils pourront le signaler
à mon bureau et on se fera un plaisir de le leur faire parvenir.
M. LE PRESIDENT: Questions des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Conflit de la Presse
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre qui doit être, je pense, aussi bien informé que le
ministre du Travail, qui est attelé de façon assez drôle
actuellement à tenter de régler le conflit de la Presse. Est-ce
que le premier ministre a des nouvelles à nous donner sur l'état
des négociations? Deuxièmement, est-ce l'intention du premier
ministre d'intervenir, personnellement, soit par la convocation des parties en
cause ou d'une autre façon qui pourrait être efficace et
accélérer ou encore faire revivre des négociations en vue
d'un aboutissement, à brève échéance, de ce
règlement?
M. BOURASSA: M. le Président, par la présence constante du
ministre du Travail à la table des négociations, je pense que le
gouvernement a été impliqué. A ma connaissance, c'est
peut-être la première fois que le gouvernement ou le
ministère du Travail suit d'aussi près un conflit comme celui de
la Presse.
Je suis, quant à moi, en constante communication avec le ministre
du Travail. Je lui ai parlé ce matin. J'ai essayé de le rejoindre
avant l'ouverture de cette séance pour avoir les dernières
nouvelles. Je sais qu'il prépare des recommandations pour tous les
points qui n'ont pas été réglés. Comme
médiateur spécial, il fera de telles recommandations aux deux
parties, qui auront à les accepter ou à les refuser.
J'espère qu'après tous les efforts qui ont été
faits par le gouvernement, par le travail admira-
ble du ministre du Travail, dans ce conflit, ces recommandations, qui
sont le fruit d'un travail considérable, seront acceptées par les
deux parties.
M. LOUBIER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le premier ministre a-t-il l'intention de donner suite au désir qu'il
avait manifesté, à un moment donné, soit d'intervenir, le
cas échéant? Avec le prestige de sa fonction et sa
compétence, imparfaite mais qui, tout de même, se manifeste par
une très bonne volonté et un désir d'en arriver à
un règlement, dans ce conflit, va-t-il intervenir directement? Le temps
n'est-il pas venu d'intervenir directement et de faire en sorte que ce conflit
se règle le plus rapidement possible?
M. BOURASSA: M. le Président, je suis intervenu directement, de
fait. Les parties ne s'étaient pas rencontrées depuis quatre mois
et je les ai convoquées. A partir de ce moment, elles ont
négocié ensemble.
D'ailleurs, depuis le début je viens de le dire je
suis en communication avec le ministre du Travail. Tant du côté
patronal que du côté syndical, j'ai eu quelques communications
lorsque les négociations sont venues très près d'une
impasse. On doit donc conclure que le gouvernement est très
impliqué par le ministre du Travail, par le ministère et par les
interventions que j'ai pu faire dans le passé dans ce conflit de la
Presse.
M. ROY (Beauce): Sur le même sujet, M. le Président.
L'honorable premier ministre pourrait-il nous dire s'il a l'intention de nommer
un adjoint au ministre du Travail pour l'aider dans son travail? De ce
temps-ci, il semblerait qu'il est exclusivement occupé par le conflit de
la Presse alors qu'il y a beaucoup d'autres problèmes, beaucoup d'autres
domaines où nous aurions besoin de son intervention. A ce sujet, M. le
Président, j'aurais un dossier assez volumineux à remettre entre
les mains du ministre du Travail, pour qu'il puisse intervenir.
DES VOIX: Question!
M. ROY (Beauce): Ma question est la suivante: Le premier ministre a-t-il
l'intention de prendre des dispositions pour nommer un adjoint au ministre du
Travail, pour tâcher de régler les autres problèmes dans
d'autres secteurs au Québec?
UNE VOIX: Des suggestions!
M. BOURASSA: M. le Président, le député devrait
savoir que nous sommes l'un des endroits, actuellement, au Canada, où il
y a le moins de grèves. Je pense qu'il y a environ 1,000 personnes en
grève sur 2,500,000 qui travaillent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Personne ne travaille, il n'y a pas de
grève.
M. BOURASSA: C'est un des taux les moins élevés au
Canada.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que le rôle du
ministre du Travail consiste uniquement à s'occuper des grèves ou
à s'occuper d'autres problèmes également?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question au
premier ministre. Les statistiques officielles d'aujourd'hui nous
démontrent que le taux de chômage en novembre 1971 est de 7.3 p.c.
comparativement à 7.2 p.c. en 1970. Comme je considère que le
gouvernement a sûrement des dispositions à nous faire
connaître concernant les mesures qu'il entend prendre afin de faire
baisser ce taux de chômage, j'aimerais demander au premier ministre s'il
est en mesure de nous faire un exposé de ces excellents projets qu'il
pourrait nous annoncer.
M. BOURASSA: Je suis convaincu que le chef du Ralliement
créditiste est au courant du budget qui a été
annoncé par le ministre des Finances et le ministre de la Voirie, soit
quelque $120 millions, il y a quelques jours, et de toutes les autres mesures
qui ont été prises. Il doit constater par ailleurs que même
si nous avons un taux de chômage beaucoup trop élevé, il
reste que d'autres régions du Canada ont un taux de chômage plus
élevé que celui du Québec, alors qu'il y a un an ou deux
ans c'était l'inverse, nous avions le championnat du chômage.
Il est encore très élevé, mais si l'on tient compte
de toutes les mesures qui ont été annoncées par le
gouvernement, on peut espérer qu'il y aura une amélioration de la
situation.
Transformation des ressources naturelles
M. SAMSON: Question supplémentaire. Etant donné qu'au
Québec nous avons un taux de chômage de 7.2 p.c. et que pour le
reste du Canada c'est 5.8 p.c. je demanderais au premier ministre s'il a
l'intention de déposer bientôt une loi visant à obliger les
exploitants de nos ressources naturelles à transformer sur le territoire
du Québec ces ressources naturelles au moins deux fois avant
exportation?
M. BOURASSA: Le ministre des Richesses naturelles a déjà
répondu à cette question.
M. JORON: Question supplémentaire, M. le Président. Les
statistiques montrant également qu'il y a 35,000 emplois de plus par
rapport à
novembre de l'année dernière, comment le premier ministre
fait-il concorder ses chiffres avec les annonces qu'il fait publiquement de
52,000 et 56,000 emplois?
M. BOURASSA: Le député est au courant que les chiffres que
nous annonçons sont une moyenne sur onze mois. A certains mois nous
avons eu 90,000 nouveaux emplois par exemple au mois d'août
à d'autres mois ça a été 70,000, à certains
mois 30,000, ce mois-ci c'est 35,000 et c'est cette moyenne de nouveaux emplois
sur onze mois qui fait que nous avons actuellement entre 50,000 et 55,000
nouveaux emplois, c'est-à-dire très près de l'objectif que
le chef d'Unité-Québec s'était fixé.
M. LOUBIER: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire?
M. LOUBIER: Une question supplémentaire. Le premier ministre
pourrait-il me dire sur quelle affirmation du chef de l'Opposition il se base
pour dire que c'est un objectif du chef de l'Opposition officielle de
créer 62,000 emplois nouveaux par année?
M. BOURASSA: M. le Président, je pourrais citer le journal dont
le chef de l'Opposition officielle est actionnaire majoritaire,
Montréal-Matin, qui a mentionné à de très
nombreuses reprises je pourrais envoyer les "découpures" de
journaux au chef de l'Opposition officielle que le Québec devrait
créer au cours des cinq premières années...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Coupures de journal.
M. BOURASSA: ... 62,000 nouveaux emplois.
M. LOUBIER: M. le Président, je me permettrai très
amicalement de dire au premier ministre que c'est loin d'être un objectif
s'il veut être objectif lui-même dans ce qu'il a dit sur un
ton assez ironique que c'était ils sont nerveux, les
petits bonshommes tout simplement un impératif, pour
éviter...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Etant
donné que la moyenne de création des nouveaux emplois vient de
baisser, quelles sont les mesures que le gouvernement entend prendre pour
créer, d'ici la fin de l'année, les 43,000 ou 44,000 emplois
qu'il lui faut pour arriver à sa promesse de création de 100,000
emplois?
M. BOURASSA: M. le Président, tout ce que je puis dire, c'est que
si le Parti québécois avait été au pouvoir, cela
aurait été probablement un déficit de 100,000 emplois.
M. LAURIN: Ce n'est pas un commentaire que j'ai demandé, c'est
une réponse. Est-ce que le premier ministre peut nous dire si ce
commentaire équivaut à une incapacité de répondre
à la question que je lui ai posée et de remplir la promesse qu'il
a faite aux électeurs?
M. LACROIX: Vous avez pas mal de monde à employer à la
fabrication des bombes, de toute façon.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Une question supplémentaire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez votre question principale?
Très bien.
Démission du président de la Commission
des valeurs mobilières?
M. LAURIN: Elle s'adresse au ministre des Institutions
financières. Est-il exact que le président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec a fait parvenir sa démission
au ministère en tant que président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, et, si oui, pour quelles raisons? Est-ce
pour une raison de maladie, ou pour une raison reliée aux deux
enquêtes en cours à la Commission des valeurs mobilières du
Québec?
M. TETLEY: La réponse est non.
M. LOUBIER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre des Institutions financières pourrait nous
donner...
M. TETLEY: Je voudrais dire, si le chef de l'Opposition officielle le
permet, que la démission de toute personne est beaucoup plus qu'un seul
document. Il faut faire la preuve d'un manque de santé, etc. En tout
cas, la réponse est non.
M. LAURIN: M. le Président, je basais ma question sur des
rapports qui viennent de milieux très bien informés
habituellement.
M. LE PRESIDENT: La réponse est non. A l'ordre, messieurs!
Question additionnelle.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre est au courant que cette
démission peut arriver dans les quelques jours ou semaines qui
viennent?
M. TETLEY: Si votre démission arrivait, je l'accepterais avec
plaisir.
M. LE PRESIDENT: Question additionnelle. M. BURNS: Question
additionnelle sur ce
point, M. le Président. Est-ce que le ministre a pris
connaissance de la démission, même si ce n'est que verbalement?
Est-ce qu'il en a pris connaissance?
M. TETLEY: Je n'ai pas de commentaire à faire pour les raisons
suivantes...
M. BURNS: Ce n'est pas un commentaire que je vous demande; je vous
demande si vous en avez pris connaissance.
M. TETLEY: Il faut que je réponde à ma manière.
UNE VOIX: Il est sans connaissance.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. TETLEY: J'ai dit, il y a plusieurs jours, que le Financial Post a
publié un article mentionnant plusieurs personnes dans le Québec,
mais la plupart des compagnies étaient hors du Québec. Il y a,
tout simplement, une maison de courtage au Québec sur 70
mentionnées dans l'article. J'ai dit, au début, que
c'était injuste pour moi de parler des personnes mentionnées
avant qu'une étude complète ait été faite des
charges et des déclarations qui se trouvent dans ce reportage.
Donc, ce serait très injuste de parler de M. Lajeunesse. C'est
pourquoi je refuse de répondre.
M. BURNS: Est-ce qu'on doit comprendre, alors, que le ministre n'a pas
eu connaissance de cette démission? C'est cela, la question.
M. LEDUC: C'est une question stupide de la part du député
de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, le député de Taillon
trouve que c'est stupide, mais, évidemment, c'est de la projection dans
son cas. Je demande tout simplement si, par la réponse du ministre, je
dois comprendre qu'il n'a pas eu connaissance de cette démission. C'est
très précis, cela.
M. LEVESQUE: M. le Président, la réponse a
été donnée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Il y a eu une question principale
et au moins deux ou trois questions additionnelles. De la manière dont
j'ai compris la réponse du ministre, je crois que c'est assez
précis.
M. BURNS: M. le Président, j'insiste sur cette
question-là. J'ai le droit d'avoir une réponse, voyons donc!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je sais que le député de
Maisonneuve connaît très bien son règlement.
Personnellement, je suis satisfait de la réponse que le ministre a
donnée. On n'est pas dans une cour criminelle. De toute façon, le
règlement prévoit qu'une réponse soit satisfaisante ou
non, le député doit la considérer comme finale. C'est
littéralement ce que dit le règlement.
M. BURNS: ...la première réponse, c'est pour ça que
je pose une question additionnelle, M. le Président, pour savoir si j'ai
bien compris.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. TETLEY: Vous me permettrez de dire que j'ai déjà dit
non et que ce serait injuste au sujet de l'homme dont vous avez parlé ou
de toute autre personne d'en dire plus. Avant que l'enquête soit
terminée, je ne me prononcerai pas à ce sujet et au sujet de
certaines personnalités mentionnées dans l'article. C'est
ça la réponse. Votre question est peut-être juste, mais la
réponse serait très injuste.
M. BURNS: J'ai raison de comprendre alors que le ministre n'a pas
été informé de cette démission. C'est
ça.
M. BOURASSA: M. le Président, pour rétablir les faits, le
ministre vient de dire que, normalement, il devrait attendre la conclusion de
l'enquête avant de répondre à la question du
député. Il a admis que la question du député
pouvait être pertinente, mais qu'il serait injuste, tant que
l'enquête ne sera pas terminée, de répondre à la
question. Il me semble que c'est normal dans les circonstances.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. LOUBIER: Le ministre des Institutions financières pourrait-il
nous indiquer à quel moment l'enquête devrait prendre fin, s'il a
des informations à ce sujet-là, si d'autres personnes sont
suspendues actuellement ou s'il y a des personnes suspendues actuellement qui
sont impliquées directement ou indirectement dans le déroulement
de cette enquête?
M. TETLEY: Personne n'est suspendu en vertu de l'enquête.
Deuxièmement, je n'ai pas la réponse; je la donnerai
aussitôt que possible, mais n'oubliez pas que l'enquête va prendre
du temps parce qu'il faut visiter d'autres pays, il y a d'autres Bourses
d'autres provinces et pays impliqués. Si vous lisez le Financial Post,
vous verrez que les accusations ne sont pas très étendues. Le
ministre de la Justice et moi-même menons une enquête conjointe, et
je ne suis pas inquiet à ce moment de ce que nous avons
trouvé.
M. LOUBIER: L'enquête est-elle sous la
responsabilité et l'autorité du ministre de la Justice ou
du ministre des Institutions financières?
M. TETLEY: J'ai déjà dit que c'était une
enquête conjointe.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Duplessis.
Accusation contre M. Michel Chartrand
M. COITEUX: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
la Justice.
Pourrait-il informer cette Chambre s'il a déjà
donné des instructions à ses substituts de porter une accusation
d'assaut avec lésion contre Michel Chartrand?
Celui-ci a assailli et blessé publiquement le président de
la Commission scolaire régionale du Golfe, M. Jean-Louis Labbé,
au cours d'une assemblée de ladite commission scolaire à
Sept-Iles, le 6 décembre.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement...
M. LACROIX: Il a son avocat! Il a son avocat!
M. BURNS: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, messieurs! Question de
règlement, l'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je me demande si la question satisfait aux conditions de
l'article 668, l'intérêt public.
M. COITEUX: Vous n'y satisfaisez jamais, vous autres. Sur le point de
règlement...
M. LE PRESIDENT: Sur le point de règlement.
M. COITEUX: ... je peux dire que oui, et la raison pour laquelle, M. le
Président...
M. BURNS: Je l'ai demandé au président et non au
député de Duplessis.
M. COITEUX: ... il est tellement chatouilleux, c'est que Michel
Chartrand était l'invité spécial de l'ancien candidat
péquiste du comté de Duplessis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! DES VOIX: Ah! Ah!
M. COITEUX: M. le Président, c'est d'intérêt public,
parce que si on permet à ces énergumènes de courir la
province et de rire de tout le monde...
M. BURNS: M. le Président, à l'ordre! A l'ordre!
M. COITEUX: ... je pense que c'est d'intérêt public
d'émettre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Est-ce que d'autres
députés désirent parler sur cette question de
règlement? Il n'y en a pas d'autres?
UNE VOIX: Le petit, là-bas.
M. LESSARD: Le député de Duplessis vient de faire une
affirmation fause en disant que Michel Chartrand était l'invité
spécial de l'ex-candidat péquiste du comté de
Duplessis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît. A l'ordre!
Je rappelle à l'ordre le député de Saguenay. A
l'ordre!
Je ne pense pas que je puisse accepter cette question de
privilège, parce que je ne vois pas que quelque membre que ce soit soit
affecté dans son honneur ou autrement par l'affirmation du
député de Duplessis. A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
Par contre, je ne serais pas prêt à accepter la question du
député de Duplessis, parce que les agissements d'un individu,
qu'il soit chef ouvrier ou autres je n'ai pas besoin d'endosseur ou quoi
que ce soit...
Si la question était formulée autrement, peut-être,
mais, telle qu'elle est formulée, il s'agit d'un cas strictement
particulier, des agissements d'un individu, qu'il joue un rôle comme chef
ouvrier ou autrement. Enfin, je ne considère pas que ce soit
d'intérêt public et que cela respecte les impératifs de
notre règlement.
L'honorable député de Chicoutimi.
Opéra du Québec
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai une question qui
va remettre l'harmonie et permettre à tous les ténors de la
Chambre de se faire entendre. Je désirerais poser une question au
ministre des Affaires culturelles.
M. LEDUC: Ah!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre des Affaires
culturelles a rencontré les membres de la Corporation de l'Opéra
du Québec? Est-ce qu'il est en mesure de nous dire quelle sera la
situation qui sera faite au directeur artistique, M. Leopold Simoneau?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je rencontre aujourd'hui
même les membres du conseil d'administration de l'Opéra du
Québec à la demande du président de cet organisme. Je
compte faire quelques recommandations touchant la structure et touchant
l'orientation de
l'Opéra du Québec. J'aurai une déclaration à
faire d'ici quelques jours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre, à l'occasion de cette
rencontre, va remettre en question le problème de l'axe
Québec-Montréal qui semble ne plus exister, ce dont se plaint la
population de toute la région de l'est du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je n'ai pas l'habitude
de préjuger des résultats d'une rencontre. J'attendrai, par
conséquent, d'avoir discuté avec les responsables de
l'Opéra du Québec. J'en tirerai mes conclusions en tenant compte
du mandat qui leur a été confié.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Machines à pluie
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre de l'Agriculture. Le ministre a-t-il pris
connaissance de la déclaration des trois fédérations de
l'UCC qui ont demandé, hier, que le gouvernement légifère
dans le domaine des machines à pluie pour l'ensemencement des nuages?
Est-ce que le ministre a des commentaires à faire sur cette
déclaration et peut-il nous dire si oui ou non il y a de ces
machines?
M. TOUPIN: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TOUPIN: ... je ne comprends vraiment pas la déclaration
conjointe des fédérations de demander de légiférer
parce qu'une loi a été adoptée en 1969. La loi existe.
Tout ce qu'il s'agirait de faire, ce serait de les informer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Contrat donné à la compagnie
Kiewit
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Richesses naturelles. A propos du contrat qui a
été accordé pour la construction de la route Matagami-baie
James, le ministre a dit hier que le contrat avait été
accordé à la compagnie Kiewit au lieu de la compagnie
Simard-Beaudry parce que cette dernière avait commis une erreur
technique dans sa soumission...
M. LEVESQUE: Question.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je la pose, M. le Président: Est-ce
que le ministre pourrait nous dire quel était le prix des deux
soumissions, soit celle de la compagnie Kiewit et celle de la compagnie
Simard-Beaudry? Quelle était la différence entre les
soumissions?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je pense qu'hier, j'ai
répondu à cette question du député de Sainte-Marie.
J'ai dit que je n'avais pas les montants...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MASSE (Arthabaska): ...de la soumission de la compagnie
Simard-Beaudry.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre pourrait déposer devant cette
Chambre le nom des compagnies qui ont soumissionné pour l'obtention de
ce contrat ainsi que le montant des soumissions?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. BOURASSA: M. le
Président... M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. BOURASSA: ...le député a travaillé à
l'Hydro-Québec. Il connaît l'endroit. Or, la procédure qui
a été suivie dans ce contrat est exactement la même que
celle qui a toujours été suivie par l'Hydro-Québec.
M. LE PRESIDENT: Justement, sur la question du député de
Sainte-Marie, d'autres moyens, des moyens normaux sont prévus dans les
règlements pour demander le dépôt de documents. Ce n'est
pas la période des questions.
M. LEDUC: Il faudrait le déniaiser.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais poser une question
supplémentaire au premier ministre, M. le Président.
Etant donné que ce contrat important a été
accordé à une compagnie américaine, le premier ministre
peut-il nous donner l'assurance qu'à l'avenir le gouvernement prendra
les mesures nécessaires pour que ces contrats soient octroyés
à des corporations québécoises?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai communiqué avec le
président de la société, hier, pour lui demander des
informations. La procédure qui a été suivie a
été exactement celle qui a toujours été suivie
c'est exactement ce que la société a fait à
l'occasion de ce contrat comme je viens de le dire, par
l'Hydro-Québec.
M. JORON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Doit-on comprendre par là que la politique de marge
préférentielle aux entreprises québécoises existe
déjà, de fait, à la Société de
développement de la baie James?
M. BOURASSA: M. le Président, on me dit que pour les contrats de
construction, cette politique n'existe pas quitte à questionner
les responsables lors d'une commission parlementaire mais qu'elle existe
pour les contrats d'équipement. Il y a une politique
préférentielle pour les contrats d'équipement mais non pas
pour les contrats de construction.
M. LESSARD: M. le Président...
M. ROY (Beauce): Une question supplémentaire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Saguenay, pour
une question supplémentaire.
M. LESSARD: Le premier ministre nous dit que cette politique n'existe
pas. Le premier ministre pourrait-il nous dire s'il est d'accord sur le fait
que cette politique, à l'avenir, devrait exister?
M. BOURASSA: M. le Président, le député est au
courant. Le Parti québécois a insisté sur l'autonomie
qu'on doit laisser à l'Hydro-Québec. Le même principe
s'applique pour la Société de la baie James. Mais cela
n'empêche pas les députés je l'ai dit hier et
les membres du gouvernement de questionner à loisir les responsables de
l'Hydro-Québec, comme ceux de la Société de la baie James,
sur l'opportunité de garder ou de modifier telle politique. C'est une
responsabilité du Parlement comme tel.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question additionnelle.
M. LAURIN: M. le Président, quand le gouvernement a-t-il
l'intention de faire siéger la commission parlementaire pour que nous
puissions questionner les représentants de la Société de
la baie James, comme le premier ministre s'y était engagé et
comme il s'y est encore engagé hier?
M. BOURASSA: Je l'ai dit hier, M. le Président. Mais le
député et les leaders parlementaires sont au courant
jusqu'à quel point le calendrier, d'ici la fin de la session est
chargé. Nous pourrions fixer une réunion au mois de janvier, mais
je n'ai aucune objection, s'il y a moyen, d'en fixer une d'ici les
Fêtes.
M. LAURIN: Nous sommes prêts à siéger tous les
jours, le 25 décembre compris.
M. BOURASSA: Je prends note de la suggestion du
député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je regrette mais j'ai reconnu, il y a quelques
instants, le député de Beauce. Immédiatement après,
vous pourrez poser votre question.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le même sujet. Etant
donné que le premier ministre nous offre de questionner, pourrions-nous
lui demander si son gouvernement a l'intention de faire des suggestions ou des
recommandations à la Société de la baie James pour
éviter, à un moment donné, que les gros contrats, les
contrats les plus intéressants soient effectués par des
entreprises étrangères?
M. BOURASSA: M. le Président, je peux répondre. Il est
clair que nous pouvons discuter avec les autorités de la
Société de la baie James. Il est clair que nous sommes d'accord,
en principe, sur une politique préférentielle. Nous l'avons
déjà énoncé pour ce qui a trait à
l'Hydro-Québec. Mais il y a quand même certaines limites. Je ne
parle pas du contrat en question.
Il y a quelques mois, j'ai autorisé l'octroi d'un contrat
à une entreprise publique alors que son prix était de 13 p.c.
supérieur à celui d'un concurrent. Les contribuables du
Québec sont bien prêts à encourager les entreprises du
Québec, mais nous ne devons pas financer sans limite les
problèmes concurrentiels que peuvent avoir ces entreprises.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le même sujet. Le
premier ministre, je pense, a un peu détourné la question. Il ne
s'agissait pas d'encourager des entreprises...
UNE VOIX: Question!
M. BACON: Ce n'est pas une question supplémentaire.
M. ROY (Beauce): ...qui avaient des prix plus élevés. Il
s'agissait d'entreprises à prix égal. A prix égal, on doit
au moins favoriser les entreprises québécoises.
M. BOURASSA: C'est évident.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai une question
additionnelle à poser au premier ministre au sujet du contrat dont on a
parlé.
Est-il exact que la décision d'accorder le contrat à la
société Kiewit aurait été prise à la suite
des avis donnés au premier ministre par ses conseillers en vue d'aider
au financement de la société par les Américains,
financement difficile, comme le sait le premier ministre?
M. BOURASSA: M. le Président, tout ce que je peux dire, c'est que
ces affirmations le député a le droit de poser la question
sont
absolument fausses. C'est une décision autonome de la
société après discussions et consultation avec
l'Hydro-Québec et en tenant compte de la procédure suivie par
l'Hydro-Québec. La décision de la société a
été prise en raison de cette erreur technique. Le
député pourrait, s'il s'informait auprès de ses anciens
collègues, avoir des cas où, pour de simples erreurs techniques
comme celle-là, des contrats très importants n'ont pas
été donnés à des entreprises strictement
québécoises.
Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Mais il n'y a
aucun rapport avec la question du financement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, sur le même
sujet. Est-ce que le premier ministre n'est pas d'avis que cela donne quand
même bonne bouche aux Américains?
M. LE PRESIDENT: C'est une question d'opinion.
M. BOURASSA: Le député devrait savoir qu'entre une
entreprise de construction et, disons, des institutions financières il
n'y a souvent absolument aucun lien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Jeux d'hiver du Québec
M. DEMERS: Ma question s'adresse au ministre de l'Education. Est-ce
qu'il est vrai qu'à la suite des succès obtenus par la
Corporation des jeux du Québec d'organiser les Jeux d'hiver du
Québec à Shawinigan on aurait décidé de les faire
dans la ville de Québec?
M. SAINT-PIERRE: J'en suis au même point que dans la
déclaration d'hier. Officiellement, il n'y a pas eu de communication de
la Corporation des jeux du Québec à l'effet que, donnant suite
à une rumeur parue dans certains journaux, la ville de Québec
donnerait les Jeux d'hiver du Québec. C'est encore au stade des
pourparlers entre les parties.
M. LOUBIER: Question additionnelle. Est-ce que le ministre peut nous
dire si les Jeux d'hiver du Québec auront lieu en 1972?
M. SAINT-PIERRE: J'ai déjà déclaré que, les
Jeux d'hiver impliquant une participation au niveau des régions
c'est là qu'on a réellement la participation de la masse
il n'y a aucun changement. Au niveau des régions, tout le monde a
respecté les règles du jeu et tous sont prêts à
faire un effort. C'est simplement au niveau de cette rencontre au sommet,
rencontre provinciale qui devait avoir lieu à Shawinigan, que le refus
de Shawinigan pose un problème, mais c'est à la corporation
autonome des jeux du Québec qu'il appartient de trancher la
question.
M. LOUBIER: Quelle est la date limite pour qu'on décide à
quel endroit auront lieu les Jeux d'hiver et que ça soit
réalisable? Est-ce que c'est au début de janvier, au 15
février ou au mois d'avril?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le 24 juin. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Je serais tenté de dire que c'était hier,
mais la corporation s'est donné jusqu'à la fin de semaine
prochaine pour annoncer une décision finale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député
de Maisonneuve.
L'assurance-chômage et les instituteurs
M. BURNS: Ma question s'adresse au ministre de la Justice. En date du 22
novembre, la Corporation des enseignants du Québec lui adressait une
lettre relativement à son interprétation, à titre de
conseiller juridique de l'Etat, des directives fédérales
relatives aux dispositions de l'assurance-chômage applicables dès
janvier prochain aux enseignants.
Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre a donné suite
à cette lettre et est-ce qu'il a donné l'opinion du gouvernement
relativement à l'application des directives fédérales en
matière d'assurance-chômage pour les enseignants en
particulier?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai accusé
réception de la lettre en question et je l'ai remise à mon
sous-ministre qui examine actuellement la question soulevée.
M. BURNS: Une question additionnelle, M. le Président. Etant
donné que je pense qu'un délai est fixé aux alentours du
1er janvier 1972, est-ce que le ministre peut nous donner une indication
à quel moment il sera en mesure de rendre publique la position du
gouvernement à cet effet?
M. CHOQUETTE: Dans les prochains jours.
M. PAUL: Une question additionnelle sur le même sujet: Est-ce que
le leader du gouvernement a transmis au premier ministre la même question
que je lui ai posée lundi, à la suite de son retour avec nous en
Chambre...
M. LEVESQUE: Cela a été transmis, oui.
M. PAUL: ... au sujet de directives du ministère du Revenu
fédéral émises au sujet de la soustraction des enseignants
aux dispositions de la loi de l'assurance-chômage?
M. LEVESQUE: J'avais dit à ce moment-là que c'est le
ministre de la Fonction publique qui répondrait, dès son
retour.
M. PAUL: Oui, je comprends, mais je pense bien que c'est encore le
premier ministre qui est le mieux placé puisque j'avais mentionné
en formulant ma question quelle était omnibus à cause de tous les
ministères qu'elle touchait.
M. LEVESQUE: J'ai fait, je crois, ce qui est de mon devoir et j'en ai
parlé au ministre de la Fonction publique qui s'est dit prêt
à répondre et qui, dès son retour, se fera un plaisir de
répondre à la question du député de
Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question. Le député
de Gouin.
M. JORON: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Est-ce que le premier ministre a l'intention, respectant l'article 18
de la loi no 50 qui vise à donner priorité aux
intérêts québécois dans les autres aspects du
développement de la baie James, de donner instructions à la
société de faire de Soquip le distributeur exclusif des produits
pétroliers dans le territoire?
M. BOURASSA: J'ai l'intention de respecter la loi, M. le
Président. Nous formerons dans quelques jours la filiale hydraulique,
nous ferons les nominations et ensuite nous formerons les autres filiales.
M. JORON: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que vous avez l'intention je répète la question
de faire une intervention, une recommandation directe auprès de
la société en ce qui concerne la distribution des produits
pétroliers sur le territoire qui va être considérable, il
va y avoir des achats de produits pétroliers considérables
pour faire de Soquip le distributeur exclusif? Est-ce votre intention?
M. BOURASSA: Sur une question comme celle-là, M. le
Président, qui n'est quand même pas d'une extrême urgence,
je ferai connaître en temps et lieu la politique du gouvernement.
M. LESSARD: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce qu'on peut savoir s'il existe encore un gouvernement au
Québec?
M. BOURASSA: Ah!
M. LACROIX: On sait qu'il y a un innocent dans Saguenay, de toute
façon.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales A l'ordre,
messieurs! aimerait répondre à une question posée
à une séance d'hier, je crois.
Hôpital Saint-Augustin
M. CASTONGUAY: On m'a demandé, M. le Président, à
quelle date ouvrirait l'aile addition- nelle de l'hôpital Saint-Augustin,
à Courville. La réponse c'est: au cours du mois de février
1972. Et l'explication du retard provient du fait qu'au moment où la
construction de l'aile a été terminée, on s'est rendu
compte que la cuisine n'était pas suffisante. Alors ceci démontre
la nécessité, du même coup, justement, d'une loi qui nous
permette d'exercer des contrôles plus directs sur la planification des
institutions.
M. DEMERS: Est-ce que vous répondez en même temps pour
l'hôpital de Shawinigan?
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, au feuilleton, article no 1,
question de M. Béland, réponse de M. Pinard, je fais motion, pour
que cette question soit transformée en motion pour dépôt de
document.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. PINARD: Document déposé.
M. LEVESQUE: Article 14, question de M. Drolet; réponse de M.
Bourassa.
M. BOURASSA: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 15, question de M. Drolet ; réponse de M.
Bourassa.
M. BOURASSA: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 56, une adresse de M. Charron; dépôt
par M. Bourassa.
M. BOURASSA: Document déposé.
M. CHARRON: Cela ne fait que six mois, c'est rapide!
M. LEVESQUE: Article 59, ordre de la Chambre au nom de M. Béland;
dépôt par le président de l'Assemblée nationale. Au
nom du président, document déposé.
Article 60, adresse de M. Lafontaine; dépôt par M.
Garneau.
M. GARNEAU: Document déposé.
M. LEVESQUE: Article 62, ordre de la Chambre au nom de M. Samson;
dépôt par M. Castonguay. Pour compléter une question de M.
Lavoie (Wolfe), dont réponse avait été
déposée par M. Castonguay le 27 octobre 1971, je fais motion pour
transformer cette réponse en motion pour dépôt de
document.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, afin qu'il n'y ait pas de confusion
au feuilleton, je fais motion pour que l'article b) soit retiré du
feuilleton, étant donné que ce projet de loi se retrouve
maintenant à l'article 34 sous le nom de Loi favorisant le regroupement
des municipalités.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 26.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Duplessis.
M. CARDINAL: M. le Président, relativement à l'article 114
concernant les travaux de la Chambre, pourrions-nous demander à
l'honorable leader ministériel si ce n'est qu'à quatre heures que
se réunit la commission de l'Education ou si c'est
immédiatement?
M. LEVESQUE: La commission de l'Education siège à la salle
81-A...
M. CARDINAL: Immédiatement?
M. LEVESQUE: ... immédiatement et la commission de la Justice, au
salon rouge.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait me
dire quel autre article viendra après le no 26, étant
donné que le bill 277 est rendu en dernière instance?
M. LEVESQUE: Dans un grand esprit de collaboration, M. le
Président, voici ce que nous nous proposons d'accomplir cet
après-midi. Premièrement, l'article 26, qui vient d'être
appelé, ensuite l'article 32, ensuite l'article 35 et enfin,
dépendant de la présence ou non de certains opinants, les
articles 24 et 25.
M. CARDINAL: Cela ne dépendra pas de leur présence, ils
seront en commission parlementaire.
M. LEVESQUE: Enfin, nous essayons d'ajuster les violons des quatre
partis. Ce n'est pas toujours facile pour un chef d'orchestre.
M. LACROIX: Surtout avec des contrebasses.
Projet de loi no 277 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Duplessis.
M. Henri-L. Coiteux
M. COITEUX: M. le Président, à l'ajournement hier soir,
nous en étions à l'étude en deuxième lecture du
bill 277, intitulé Loi de l'organisation municipale de certains
territoires.
Au début de mes remarques, j'ai essayé d'informer les
seuls opposants comme parti à ce bill, les gens du Ralliement
créditiste, de l'expérience que j'ai vécue dans ma
région, expérience qui, à mon sens, vu le succès
énorme remporté par le bill 23 créant la grande
municipalité de la Basse-Côte-Nord, a été
l'inspiratrice du bill actuel. Si les quelques remarques qui vont suivre
pouvaient en quelque sorte faire comprendre à nos bons amis les
créditistes à quel point un bill de cette nature peut être
bénéfique pour les paroisses ou les territoires non
organisés, j'en serais heureux.
Depuis presque dix ans, le bill 23, créé par le
regretté Pierre Laporte lorsqu'il était ministre des Affaires
municipales, a permis à toute une région de mon comté, sur
une distance par air d'environ 280 milles, de regrouper, avec une loi telle que
celle qui est présentée ou presque, ces municipalités
inorganisées jusqu'à 1962.
Dans une région aussi éloignée que celle de la
Basse-Côte-Nord, les villages de Kégashka, Romaine,
Tabatière et tous ceux qui s'échelonnent jusqu'à
Blanc-Sablon n'avaient aucune communication par air, par eaux, par routes, par
radio; la plupart d'eux n'avaient aucune communication journalistique. Vous
pouvez bien vous imaginer dans quelle position ils se trouvaient et ils ont
profité de tous les avantages que les différentes lois de la
province de Québec pouvaient leur offrir.
Cette municipalité est née après une prise de
conscience de votre humble représentant accompagné de Mgr
Scheffer alors que nous avions créé un conseil économique,
grand nom pour la chose. Tout de même cela a abouti, avec la
compréhension de l'honorable Pierre Laporte, qui a compris la situation
de ces gens, au bill 23 qui est identique au bill qu'on nous présente
aujourd'hui et qui couvre toutes les autres paroisses de la province qui ne
sont pas encore organisées.
Des populations comme celles de Tête-à-la-Baleine et de
Saint-Augustin sont constituées de pêcheurs et n'ont aucun lien
légal direct avec le gouvernement. Un jour on leur créera une
grande municipalité avec un administrateur nommé, et ici
permettez-moi une incidente; je parlerai de l'administrateur, étant
donné que je voudrais rassurer mon aimable collègue et ami, le
député de Saguenay, au sujet du choix de l'administrateur qui
doit être fait suivant certaines normes si on veut assurer le
succès.
Cet administrateur a, aux lieu et place du conseil municipal, tous les
pouvoirs légaux, avec modifications au code des municipalités,
exactement comme un maire d'une municipalité organisée. Dans la
Basse-Côte-Nord et c'est ce qu'indique l'esprit du bill
l'administrateur, après une année, a commencé d'inculquer
à cette population un esprit civique, un esprit de responsabilité
qu'elle ne connaissait pas avant. On a procédé graduellement par
des élections qui, aujourd'hui, sont absolument démocratiques,
tenues tous les deux ans dans chaque village qui choisissent un comité
local avec président et directeur.
Ces comités locaux, d'accord, n'ont qu'un pouvoir consultatif,
mais, d'après l'expérience vécue depuis quelques
années et devant l'activité de ces gens, je puis vous dire, M. le
Président, que, dans les faits, ce sont beaucoup plus que des
comités consultatifs. Ces gens-là se réunissent au moins
deux fois par mois dans chaque village. Les présidents . de chaque
village se réunissent une ou deux fois par année et l'on a
réussi à créer quoi? A créer un esprit
communautaire qui s'attaque réellement à tous les
problèmes de chaque municipalité, sans pour cela laisser l'esprit
de parti ou l'esprit individuel y pénétrer.
Les résolutions qu'on présente à différents
ministères je pense que le ministre des Affaires municipales en a
reçu avec l'appui de l'administrateur, ont prouvé à
l'évidence dans les résultats que cette population aujourd'hui
n'est plus seule. D'ailleurs, le ministre de l'Education du gouvernement qui
nous a précédés, comprenant l'efficacité d'un tel
organisme, a créé une grande commission scolaire avec le bill 41
et nommé un administrateur. Les résultats sont idéaux.
Naturellement, comme dans toute chose qui débute, la population, ou que
c'est absolument quelque chose de nouveau pour elle, doit d'abord s'y adapter.
C'est pourquoi il ne faut pas vouloir aller trop vite, les ériger en
municipalités séparées ou en commissions scolaires
séparées.
Je puis vous dire que, si l'administrateur est aussi un animateur
social, quelqu'un qui va prendre le temps d'expliquer aux gens tous les
côtés bénéfiques d'une pareille organisation, alors
les municipalités et les places qui sont inorganisées et qui sont
couvertes par ce bill n'auront qu'à remercier l'honorable ministre
actuel des Affaires municipales. On constatera alors, comme nous l'avons
constaté chez nous, à quel point pareil projet de loi peut
être utile pour donner à ces populations inorganisées un
espoir et surtout une certitude qu'à l'avenir, quel que soit le parti
politique au pouvoir, elles ne seront pas oubliées. Elles auront voix au
chapitre et profiteront de toutes les lois dont elles peuvent
bénéficier.
J'irai peut-être un peu plus loin pour vous dire que, devant les
résultats obtenus sur la basse Côte-Nord, certaines populations de
la moyenne Côte-Nord, qui sont actuellement érigées en
municipalités, avec maires et conseils municipaux, m'ont demandé
dernièrement, par groupes de trois ou quatre municipalités, si
elles ne pourraient pas demander que le ministère des Affaires
municipales leur nomme un administrateur.
La raison est bien simple. C'est que, devant la complexité et le
cheminement souvent long et difficile des lois municipales aujourd'hui, ces
gens-là se sentent dépassés. Ils veulent avoir un
administrateur parfaitement au fait de toutes les lois municipales. Ils se
sentiraient alors protégés. Cela n'enlèverait pas
l'autonomie des villages, mais l'administrateur pourrait leur expliquer
l'impact des lois et les faire travailler conjointement. Les résultats,
à mon sens, dépasseraient énormément ceux obtenus
actuellement lorsque chacun travaille pour son petit patelin.
J'espère que, si cette demande est faite, avec le même
esprit qui anime le ministre aujourd'hui dans le bill 277, on ira plus loin et
on trouvera, pour ces municipalités qui ne se sentent pas la
capacité et la compétence de bénéficier pleinement
des lois municipales, une formule par laquelle on donnera satisfaction à
ces gens.
On prétend nommer un administrateur et je me rappelle qu'en
boutade, lorsque l'on a présenté le bill 23, mon regretté
ami, le chef de l'Union Nationale dans le temps, M. Daniel Johnson, me disait
en souriant, comme il avait toujours l'habitude de le faire: Est-ce que
l'administrateur, ce ne serait pas l'institutionnalisation du patronage? Il a
vite compris, à l'usage, que ce n'est pas le cas.
On mentionnait hier, dans un discours je ne me rappelle plus
lequel qu'on devrait essayer de trouver quelqu'un du milieu, comme
administrateur d'accord.
Mais, par contre, il faut une connaissance très approfondie de
tous les rouages de l'administration municipale actuelle, il faut, au
départ, au moins jusqu'à ce qu'on ait quelqu'un de suffisamment
entraîné, avoir quelqu'un comme on a actuellement en
l'administrateur de la Basse-Côte-Nord, M. Daigle, quelqu'un qui a
trempé dans les affaires municipales, qui est parfaitement au courant
des lois et qui est doublé d'un esprit, en quelque sorte, de
missionnaire et qui va, à la lumière de ses connaissances,
diriger ces gens. Graduellement, il leur fera prendre conscience d'une
responsabilité qui, éventuellement, les mènera à
une prise de conscience complète et efficace, ce que d'ailleurs le
gouvernement vise, de leurs propres affaires.
M. le Président, je termine ici et au nom des populations qui
bénéficieront de ce bill, je dis merci au ministre car je sais
que si ce bill 277 ne rendait seulement que 50 p.c. des services qu'il a rendus
sur la Basse-Côte-Nord, ce serait déjà un excellent bill.
C'est la raison pour laquelle je voterai pour avec coeur.
M. LE PRESIDENT (Leduc): L'honorable député de Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, le ministre des Affaires
municipales nous a présenté son projet de loi no 277, Loi de
l'organisation municipale de certains territoires, et lors de l'exposé
qui a suivi la présentation de ce projet de loi, j'ai cru comprendre,
à un moment donné, que le ministre des Affaires municipales
voulait imposer à certains contribuables du Québec, à
certains résidents du Québec, une loi
obligatoire, leur imposer une loi par des règlements
dictatoriaux, leur défendre le droit à la dissidence, les
obliger, en quelque sorte, à accepter des subventions
gouvernementales.
M. le Président, j'ai cru, à un moment donné, que
le ministre irait jusque-là parce que son projet de loi a
été basé uniquement sur le fait que ces gens ne peuvent
pas, à l'heure actuelle, bénéficier de l'aide
gouvernementale, ne peuvent pas bénéficier de subventions pour
les chemins d'hiver, ne peuvent pas bénéficier de subventions
pour la construction de systèmes d'égouts et d'aqueduc, et ils ne
peuvent pas bénéficier, en quelque sorte, de différentes
subventions que le gouvernement se propose ou se proposerait de mettre à
leur disposition.
Or, on dit, dans les notes explicatives du projet de loi, même si
le ministre n'aime pas tellement cela lorsqu'on s'y réfère: "Ce
projet de loi a pour objet principal de permettre au gouvernement d'implanter
une organisation municipale locale dans des territoires où il n'en
existe pas..." Mais là où c'est plus subtil, M. le
Président, c'est que le ministre a ajouté: "...et où il ne
semble pas souhaitable..." C'est justement là qu'est le point: imposer
cela à des personnes dans des régions où il ne semble pas
souhaitable. Je me demande en vertu de quel principe le gouvernement peut
imposer une loi dans des endroits où ce n'est pas souhaitable, alors que
c'est lui-même qui déclare que ce n'est pas souhaitable.
M. le Président, je pense qu'il y a quelque chose qui ne tourne
pas rond dans notre gouvernement. Je ne sais pas s'il poursuit l'objectif de
présenter le plus grand nombre de projets de loi qui ne s'est jamais vu
au cours d'une session dans toute l'histoire, ou si le gouvernement s'oriente
à l'aveuglette dans l'administration, ou si le gouvernement a d'autres
points cachés derrière les projets de loi qu'il refuse de nous
dire.
J'ai écouté les propos qu'ont tenus certains
députés de cette Chambre à la suite du
député de Rouyn-Noranda, on a accusé le
député de Rouyn-Noranda de tous les crimes, on a accusé
les créditistes de vouloir refuser à certaines personnes
d'obtenir des territoires, d'obtenir des municipalités, alors qu'on sait
très bien que toutes les dispositions, à l'heure actuelle,
permettent à tout groupe de personnes qui le désire de se
prévaloir des lois existantes pour pouvoir se donner un statut
municipal.
Lorsque le député de Saguenay a parlé de l'homme
des cavernes, je me suis demandé s'il ne sortait pas lui-même des
cavernes étant donné qu'il ne semblait pas au courant, à
l'heure actuelle, que toute personne, dans le Québec, qui a
demandé à être administrée selon une juridiction
municipale, cela ne lui a pas été refusé. Le point que
nous avons soulevé, c'est justement ce point-là: là
où il ne semble pas souhaitable. Les paroles mêmes du
ministre.
J'ai écouté aussi les paroles du député de
Chicoutimi qui s'est lancé dans toutes sortes d'insultes à notre
endroit. Je n'ai pas l'intention de relever ces insultes.
Mais, lorsqu'il a parlé de justice distributive, je veux tout
simplement lui dire je demanderais à ses collègues de le
lui dire, étant donné qu'il doit assister aux séances des
commissions parlementaires ailleurs que nous n'avons pas de
leçons à recevoir ni de lui, ni de son groupe, en ce qui a trait
à la justice distributive. Je pense qu'Unité-Québec, le
parti qui a administré le Québec, ne nous a pas donné
d'exemples et ne nous a pas donné de leçons non plus sur la
justice distributive, lui qui était à peu près le champion
du patronage dans le Québec.
UNE VOIX: Distribué.
M. ROY (Beauce): Le patronage, justement, distribué mais
seulement à des amis du régime.
M. DEMERS: S'il avait patronné plus, vous seriez encore avec nous
autres.
M. SIMARD (Témiscouata): C'est le député de
Lévis qui a dit cela.
UNE VOIX: On ne patronnait pas assez.
M. ROY (Beauce): M. le Président, on a parlé de
système tribal. Il est évident qu'à défaut
d'arguments, lorsque l'on a à peu près rien à dire, on ne
trouve pas autre chose à faire que de la démagogie. On en a fait
et on nous a accusés d'en faire. Je laisse à ces gens leurs
propos, M. le Président. Qu'ils continuent à faire de la
démagogie; nous continuerons à défendre certains
principes.
M. le Président, le député de Duplessis s'est
permis à son tour de nous accuser, tout comme si c'était nous qui
présentions ce projet de loi. Je comprends que le député
de Duplessis veuille que ses municipalités aient des subventions pour
l'entretien des chemins, l'hiver. Mais lorsqu'on regarde la carte du
comté de Duplessis, M. le Président, on constate qu'il n'y a pas
de chemins dans son comté. Je pense donc qu'avant de tenter de
ridiculiser les autres, on devrait commencer par descendre les deux pieds sur
la terre et regarder les problèmes où ils sont.
M. le Président, ce que nous défendons en cette Chambre et
ce que nous avons répété à maintes et maintes
occasions, c'est que le problème actuel des municipalités n'est
pas un problème de structures. C'est un problème de capitaux
permettant de donner les services que la population réclame et attend.
Le problème est là. S'il y avait un gouvernement
créditiste au Québec, M. le Président, je suis convaincu
que le député de Duplessis se promènerait sur des chemins
pavés dans tout son comté. Cela ferait longtemps.
M. le Président, on se promène encore, dans certaines
régions du Québec, comme dans le temps de Jacques-Cartier ou de
Samuel de Champlain et on veut justement accuser les
autres. Ce que nous voulons et ce que nous réclamons, M. le
Président...
M. PAUL: L'honorable député me permet-il une question?
M. ROY (Beauce): Certainement.
M. PAUL: Il y a quelques minutes, le député a
reproché au député de Duplessis d'avoir participé
au débat et il a mentionné qu'il n'y avait pas de chemins dans
son comté, ayant en main une carte routière. L'honorable
député pourrait-il nous dire comment le Ralliement
créditiste au pouvoir pourrait paver ces mêmes chemins?
M. ROY (Beauce): M. le Président, premièrement, je tiens
à rectifier les faits.
M. DEMERS: Des promesses, oui!
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas reproché au député de
Duplessis d'avoir participé au débat. J'ai tout simplement voulu
souligner un point, un aspect que le député de Duplessis avait
soulevé.
Deuxièmement, lorsqu'un membre d'Unité-Québec me
demande s'il y a possibilité de paver des chemins là où il
n'y en a pas, je comprends pourquoi nous n'avons pas de chemins dans bien des
endroits de la province de Québec. Les membres
d'Unité-Québec ne le savent pas. Nous comprenons qu'il faut des
chemins. Eux, ils ne le savent pas encore et ils ont eu à administrer la
province de Québec.
M. le Président, je pense qu'une question se pose à ce
moment-ci: Le gouvernement veut-il absolument imposer des institutions aux gens
qui n'en désirent pas ou s'il veut donner aux gens qui désirent
des institutions et qui désirent des subventions gouvernementales, des
moyens, des structures pour leur faciliter la tâche?
M. le Président, la différence est là. Il y a des
gens qui désirent, à l'heure acutelle, s'organiser en
municipalité et il y a des gens qui ne le désirent pas pour des
raisons qui les concernent. Ce n'est pas au gouvernement à leur imposer
quoi que ce soit. Je reviendrai sur les territoires organisés tout
à l'heure, qui peuvent bénéficier des subventions
gouvernementales.
M. le Président, nous affirmons qu'un principe fondamental est en
cause. Est-ce que les institutions existent pour les individus, pour servir les
individus ou si les individus existent pour servir les institutions, pour
être au service des institutions? Je pense que ce problème est
fondamental. Il importerait, M. le Président, je pense bien, de
réfléchir sur ce point si on veut réellement une
véritable démocratie de participation, comme le gouvernement le
dit et comme le gouvernement l'annonce à chaque occasion où il
peut le faire.
Je me demande où est la participation lorsqu'on impose des
structures dans des endroits où il ne semble pas souhaitable de le
faire, comme le disait le ministre.
J'ai l'honneur de représenter un comté organisé en
municipalités et que le projet de loi ne concerne, en tant que
comté, à peu près pas, sinon deux petits territoires de
chasse et pêche, là où il y a quelques petits chalets.
Dans un comté organisé, où il y a des
municipalités d'organisées depuis le temps du régime
français, lorsqu'on va au gouvernement pour demander des subventions
pour les égouts et les aqueducs, il nous répond: Nous n'avons pas
de budget.
Lorsque nos municipalités font des plans, organisent des
programmes pour se protéger contre les incendies, on dit: Si vous voulez
attendre à l'an prochain, cette année nous n'avons pas de budget.
Cela c'est dans les territoires organisés.
Lorsque les municipalités demandent des subventions pour la
construction de rues, pavage de rues, construction de trottoirs et autres
services municipaux, on leur dit: Nous sommes limités, nous n'avons pas
suffisamment d'argent pour répondre aux demandes. Et, chose curieuse, le
gouvernement veut créer des territoires municipaux dans des endroits
où il ne semble pas souhaitable de le faire, pour imposer aux gens des
subventions municipales.
Il est à se demander réellement si le gouvernement est
sérieux. On a dit aussi que c'est alors plus facile pour ces territoires
d'émettre des obligations, parce qu'évidemment il va falloir
songer à les endetter. Je pense qu'il y a toute autre chose qui se cache
derrière ce projet de loi.
Ce projet de loi se réfère à d'autres projets de
loi qui sont actuellement à l'étude devant la Chambre. Je sais
que le député de Saint-Maurice a peur des communistes,
d'ailleurs...
M. DEMERS: Mais je n'ai pas peur de vous.
M. ROY (Beauce): ... il y a déjà eu le pont de
Trois-Rivières qui a été victime de sabotage communiste.
On se souvient de ça.
M. LOUBIER: Il y a même eu un congrès créditiste
fédéral des amis du fuhrer, M. Hitler. Il y a eu le chef des
nazistes au congrès fédéral du Crédit social
dernièrement.
M. ROY (Beauce): Quelque chose se cache derrière ce projet de
loi, et je pense qu'il y a tout de même un autre côté de la
médaille, que nous avons l'obligation de faire connaître afin
d'informer la population.
Nous savons qu'actuellement il y a devant la Chambre le projet de loi no
48 sur l'évaluation foncière; on veut, par ce projet de loi,
imposer un rôle d'évaluation scientifique et uniforme dans tout le
territoire québécois, de façon à
pouvoir taxer par la suite tous les propriétaires du
Québec où qu'ils soient, municipalités ou non.
Je pense que c'est là le point; c'est qu'actuellement plusieurs
territoires au Québec ne sont pas organisés en territoires
municipaux et le gouvernement constate de ce fait, au nom de la justice
distributive selon le principe établi par le député
de Chicoutimi hier qu'il doit aller les taxer. Il veut
récupérer plus d'argent pour permettre aux municipalités
mieux organisées les plus grosses municipalités de
se servir des pouvoirs d'emprunt des petites municipalités ou des
municipalités éloignées afin de continuer à
emprunter de l'argent pour être capables de donner les services à
leur population, services dont elle a besoin. Pourquoi? Parce que le
gouvernement est en face d'un problème financier qui l'écrase,
problème financier qui est en train d'étouffer le Québec,
d'étouffer toutes nos structures municipales au Québec et qui est
en train de déposséder les Québécois de leurs
propriétés, de leurs richesses naturelles et même de leurs
salaires.
Mais ça le gouvernement ne veut pas y toucher. Avec toutes sortes
d'autres projets de loi, il tente, par des moyens très subtils,
présentés de façon très bien agencée, de
faire avaler ça à la population. Mais celle-ci se réveille
six mois, un an ou deux ans après pour constater quel vilain tour elle
s'est fait jouer.
Lorsque la population le réalise, elle change de gouvernement,
voyage du rouge au bleu, du bleu au rouge, du rouge au bleu. On constate que
sur ce projet de loi, il n'y a pas d'autre opposition. Le Parti
québécois nous a démontré qu'il serait aussi taxeux
que les autres s'il était au pouvoir et Unité-Québec
approuve le projet de loi du gouvernement libéral. Il n'y a aucun
changement dans ces partis politiques, aucun d'eux n'est
intéressé à s'attaquer au fond du problème,
à sa racine, qui est le problème économique numéro
un, le problème financier dans lequel le Québec doit se
débattre.
Or, je vois que le ministre des Finances, M. le Président, semble
très intéressé par mes propos. Je suis convaincu qu'il va
en prendre bonne note pour nous annoncer de bonnes nouvelles, lors du prochain
discours du budget, qui va être présenté en mars
prochain.
M. GARNEAU: Je propose aux créditistes de soumissionner pour une
machine à piastres. Le plus bas soumissionnaire, ça va être
le Ralliement créditiste.
M. ROY (Beauce): M. le Président, le ministre de l'endettement
public au Québec va certainement écouter avec beaucoup
d'attention nos recommandations. Je suis convaincu que, s'il prenait la peine
de transmettre au conseil des ministres les suggestions et les recommandations
que nous lui faisons à l'occasion, il deviendrait, lui aussi, un
ministre très populaire au Québec et il pourrait peut-être
être ministre des Finances longtemps. Mais au train où vont les
choses, je crains pour lui, pour sa situation dans quelques années,
c'est-à-dire aux prochaines élections.
M. GARNEAU: Si le député de Beauce veut changer de
comté, il sera le bienvenu dans Jean-Talon.
M. ROY (Beauce): Le député de Rouyn-Noranda dit que nous
n'avons pas un ministre des Finances, mais un ministre sur la finance.
M. GARNEAU: Comment dites-vous ça?
M. ROY (Beauce): M. le Président, dans ce projet de loi, il y a
aussi un autre point...
M. MARCHAND: Puis, vous autres, vous avez le chef des croisades.
M. ROY (Beauce): ... et je pense que nous devons le souligner. Est-ce
que le député veut aller reprendre son siège, s'il lui
plaît?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que, depuis quelque temps, j'ai
fait preuve de patience. J'aurais pu, à plusieurs reprises, rappeler
à l'ordre les collègues de l'Assemblée nationale. Que je
sache, le seul qui, jusqu'ici, a été reconnu par le
président pour adresser la parole, c'est le député de
Beauce et je suis convaincu que nous voulons tous bien l'entendre.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. Je disais donc que
certaines dispositions dans ce projet de loi ont pour objet d'imposer aux
organisations municipales locales, dans les territoires où cela ne
semble pas souhaitable, un administrateur désigné par le
gouvernement.
M. TESSIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. ROY (Beauce): Oui.
M. TESSIER: J'aimerais savoir du député de Beauce
où il voit, dans le texte du bill 277, qu'il y a une imposition ou une
obligation. Où est-ce qu'il voit ça?
UNE VOIX: Il ne l'a pas lu.
M. TESSIER: Non, c'est parce que ça fait au moins cinq fois que
le député de Beauce mentionne ça depuis le début de
son allocution.
M. ROY (Beauce): M. le Président, dans les notes explicatives que
vous nous avez fournies, à moins qu'elles ne soient contradictoires avec
votre projet de loi. "Ce projet a pour principal objet de permettre au
gouvernement d'implanter une organisation municipale locale dans les
territoires où il n'en existe pas et où il ne semble pas
souhaitable, dans l'immédiat, de
constituer une municipalité suivant les lois
générales régissant les municipalités du
Québec".
Alors, pour l'information du ministre, c'est à la première
page de son projet de loi, dans les notes explicatives.
M. TESSIER: M. le Président...
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas droit de citer des articles lors d'un
débat de deuxième lecture. Et ça, le député
de Matane devrait le savoir.
M. TESSIER: Au lieu de parler des notes explicatives, parlez donc du
texte de la loi. L'article 2 dit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
délivrer..." Pas doit, mais peut.
M. SAMSON: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda, sur un point
de règlement.
M. SAMSON: Le ministre sait fort bien qu'en deuxième lecture on
ne peut se référer aux articles. On est obligé de parler
sur le principe.
M. TESSIER: Pas les principes.
M. SAMSON: Si on ne peut pas se fier aux notes explicatives
données par le ministre, M. le Président, pour parler sur le
principe, il vaudrait mieux pour le ministre de ne jamais se présenter
en Chambre, parce que, si ses notes explicatives ne donnent pas les faits
réels ou ce qui se passe dans le bill, à ce moment-là, on
mettra en doute la compétence du ministre.
M. TESSIER : Ce ne sont pas les notes explicatives qui créent une
obligation.
M. PAUL: Sur un rappel au règlement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé, sur un
point de règlement.
M. PAUL: Si, à l'occasion de l'étude d'un projet de loi en
deuxième lecture, on doit en analyser le principe, il y a une autre
article de notre règlement qui dit que les remarques doivent être
pertinentes au débat. Je vous inviterais, M. le Président,
à écouter attentivement l'opinant et, à moins qu'il n'y
ait un excès de prudence de sa part, je serais fort surpris si vous
n'étiez pas obligé de le rappeler à l'ordre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je remercie le
député de Maskinongé pour la pertinence de son
intervention. Alors, il est évident, que dans certains articles de ce
projet de loi... Je pourrais même en citer un, avec votre permission. "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut délivrer des lettres patentes pour
constituer en municipalité toute partie du territoire du Québec
qui n'est pas comprise dans une municipalité de cité, de ville,
de village ou de campagne et où, de l'opinion du ministre, il ne serait
pas souhaitable de constituer dans l'immédiat une municipalité de
ville ou de campagne." Or, nous savons que le mot "peut" pour le gouvernement
peut aussi bien vouloir dire "doit".
DES VOIX: Ah! Ah!
M. ROY (Beauce): Une fois ce projet de loi adopté, une fois que
le projet de loi no 48 sera également adopté, une fois que
d'autres dispositions législatives présentement à
l'étude seront adoptées, nous savons que le gouvernement pourra
utiliser cette loi à sa guise là où il le voudra, tant
qu'il le voudra, au moment où il le jugera à propos.
Je veux revenir sur la question de l'administrateur
désigné par le gouvernement qui dirigera la municipalité
à la place du conseil et des fonctionnaires municipaux. Les frais et
salaires de cet administrateur devront être comptés aux personnes
administrées ou régies par cette corporation municipale. C'est le
gouvernement qui engage, c'est le gouvernement qui paie, c'est le gouvernement
qui décide et ce sont les citoyens qui ne le désirent pas qui
devront payer.
Nous ne sommes pas contre le progrès au Québec; loin de
nous l'intention de refuser à qui que ce soit, à quelque groupe
que ce soit le droit de se constituer en municipalité dans le territoire
du Québec. Loin de là nos intentions. Ce qui me semble anormal,
c'est que le gouvernement demande la permission de l'imposer dans des endroits
où il ne semble pas souhaitable de le faire. Toute la différence
est là.
Nous sommes d'accord pour dire qu'il faut nécessairement donner
des structures municipales; nous sommes d'accord pour dire qu'il faut donner
des structures administratives, mais de là à les imposer à
certaines populations qui n'en veulent pas, je pense que le gouvernement fait
preuve d'un peu trop de pouvoir autoritaire. J'estime que c'est aux
administrés, aux populations concernées de dire ou de
réclamer ce qu'elles veulent lorsqu'elles le désirent. Ce n'est
pas au ministre des Affaires municipales ni à ses fonctionnaires de
l'imposer.
Nous craignons, de ce côté-ci de la Chambre, que le
gouvernement ouvre une porte, par la nomination de ces administrateurs,
à la nomination de "patroneux" officiels. Il faut appeler les choses par
leur nom. Nous savons que souvente-fois ces nominations se font de cette
façon. Des "patroneux" officiels bien payés pour prendre
l'intérêt du parti, prendre l'intérêt du gouvernement
et en faire payer les frais aux personnes régies par la
municipalité, aux personnes administrées par la
municipalité.
Etant donné toutes ces considérations, nous n'avons pas
d'autre choix que de nous opposer à ce projet de loi no 277 parce qu'il
constitue un projet de loi non essentiel au Québec, un projet de loi qui
n'est pas nécessaire du tout, un projet de loi non désiré
et un projet de loi qui ne nous apportera aucune amélioration,
étant donné que les gens qui désirent déjà
s'organiser en territoires municipaux ont tout le loisir de le faire en vertu
des lois actuelles.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, je pourrais difficilement ajouter
aux propos intelligents tenus par la presque majorité de ceux qui ont
exprimé leur opinion sur le bill 277. Je ne voudrais pas indûment
faire perdre le temps de cette Chambre, soit en faisant vibrer la corde de la
démagogie, à coloration strictement électorale, soit
encore en voulant pontifier de façon juridique.
Je vous dirai tout simplement que je trouve fort curieux et
extrêmement déplorable que des membres de cette Assemblée
nationale discutent de ce projet de loi en le condamnant parce que certains
individus pourraient ne pas être d'accord, alors que ces mêmes
membres de l'Assemblée nationale sont les premiers ténors dans le
Québec à exploiter, d'une façon très
démagogique la pauvreté, la diversité régionale,
les inégalités sociales.
Ils font fortune sur le plan électoral en faisant vibrer ces
cordes que je qualifierais pour le moins d'extrêmement artificielles.
Lorsqu'on parle de traiter les problèmes en profondeur et d'essayer
d'aller aux racines des problèmes et qu'on les effleure d'une
façon aussi verbaliste, je me demande ce que peuvent
véritablement apporter ces débats en cette Chambre.
De toute façon, j'ai pratiquement l'impression qu'il n'y a que
quelques députés de cette Chambre qui ont le pas, et que 90 p.c.
des députés de cette Chambre, à entendre certains
orateurs, sont des gens qui manquent d'honnêteté,
d'intégrité, de vision, de compréhension des
problèmes et qui sont totalement dépourvus de jugement et
d'intérêt à l'endroit des différentes classes de la
société.
Ce projet de loi démontre que le gouvernement et les
différents partis sauf le parti du Ralliement créditiste
lorsqu'il y a des intérêts extrêmement humains qui
sont en cause et qui rejoignent des préoccupations
socio-économiques extrêmement importantes, sont capables de faire
passer au-dessus de la partisanerie politique les intérêts
supérieurs de ces populations qui sont désorganisées, je
ne dirais pas non organisées, je dirais qui sont complètement
désorganisées.
On avait raison de souligner hier, des deux côtés de la
Chambre, qu'à ces gens-là, qui vivent disséminés
sur un immense territoire parfois, qui n'ont aucun mécanisme de
participation ou de regroupement de leurs intérêts, soit sur le
plan social, soit sur le plan économique, il est important, urgent et
essentiel que le gouvernement donne au moins un mécanisme de
départ pour leur permettre cette participation, ce regroupement des
intérêts communs aux différents individus. Et en même
temps, par ce regroupement, qu'il leur donne une structure telle que ces
populations dispersées et désorganisées puissent au moins
bénéficier des subventions générales du
gouvernement, que ces subventions viennent du ministère de l'Education,
du ministère des Affaires sociales, du ministère de la Voirie ou
de tous les ministères du gouvernement. Qu'ils aient au moins un
organisme, une structure qui serait représentative de leurs
intérêts communs.
Je pense, M. le Président, que le bill 277 témoigne que la
majorité des députés de cette Chambre considère que
l'Etat a un rôle social qui va rejoindre tous les
Québécois, où qu'ils se trouvent au Québec, et
à plus forte raison, justement, dans cette société
d'abondance, si l'on compare à 90 p.c. des autres pays dans le monde,
afin d'assurer une justice distributive pour faire en sorte qu'il y ait un
partage plus équitable des richesses, des revenus. Aux plus
défavorisés, aux plus éloignés, aux plus
désorganisés, qu'on permette, par le truchement d'une loi comme
le bill 277, de bénéficier des émanations de ces richesses
que nous possédons et de ces sources de revenus.
Je ne voudrais pas discourir plus longuement sur le sujet, mais je
voudrais tout simplement dire que lorsqu'on utilise des arguments, plus
ça change plus c'est pareil, que ce soit bleu, que ce soit rouge... Il
est facile pour des gens qui, depuis 30 ou 40 ans, prêchent une doctrine
qui n'a jamais été appliquée nulle part dans le monde
d'essayer démagogiquement de traiter d'un sujet de cette importance
parce qu'ils savent fort bien que jamais ils n'auront la responsabilité
du pouvoir.
Mais ils veulent à tout prix, par de tels arguments, essayer au
moins de conserver de petits fiefs pour, par l'étouffement et
l'exploitation de la liberté de l'individu, essayer de garder une
certaine popularité ou, au moins, un petit contingent de
représentation.
Je trouve extrêmement déplorables ces attitudes et je pense
qu'au Québec il est aussi dangereux de verser dans l'extrême
droite que dans l'extrême gauche. Il est temps que l'on cesse de traiter
des projets comme le bill 277 de façon passionnelle. Il faut
plutôt tenter d'organiser, même sur les territoires les plus
éloignés, non pas des gens que l'on voudrait enrégimenter
dans des tribus pour leur donner le statut ni plus ni moins de primitifs, mais
des gens qui dans le Québec, dans tous ses territoires, même les
plus éloignés, pourront avoir un peu plus de bien-être. Il
faut que ces gens puissent bénéficier de toutes les
générosités et en même temps
de tous les droits qui leur sont dus par l'Etat, donc la
collectivité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. Marcel Masse
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le ministre des Affaires
municipales nous présente, par ce projet de loi no 277, une loi-cadre
concernant l'organisation municipale de certains territoires du
Québec.
Je crois qu'il est normal que le ministre des Affaires municipales
présente un projet de loi-cadre de cette importance et il est bon que
son ministère s'intéresse à l'organisation des territoires
non organisés du Québec au point de vue municipal.
Je pense que c'est un projet de loi auquel nous devons être
favorables, parce que c'est un peu un non-sens qu'il y ait, sur l'immense
territoire du Québec, des secteurs qui, au point de vue de
l'organisation municipale, n'ont aucune responsabilité ou ne
relèvent aucunement de son ministère.
Mais, si le but du projet de loi est souhaitable, divers moyens que le
ministre préconise dans ce texte le sont un peu moins,
particulièrement dans cette question du choix de l'administrateur. Il
est surprenant que le ministre demande aux parlementaires de lui signer un
chèque en blanc concernant la nomination de l'administrateur, lequel
sera imbu de la totalité des pouvoirs d'un conseil municipal et qui aura
autorité sur tous les citoyens qui relèvent de ce territoire, en
fonction du secteur municipal, sans que nous sachions selon quels
critères, selon quelles normes il fera porter son choix.
Je crois, au contraire, que ces normes pour le choix de l'administrateur
devraient être publiquement connues avant que le ministre n'arrête
son choix sur telle ou telle personne. Autrement, il prête le flanc
à diverses accusations qui ont été lancées dans
cette Chambre et qui peuvent porter, parce que le ministre n'a aucun
critère, aucune norme pour nommer l'administrateur.
Il en est de même de son traitement. Quel traitement sera
accordé à l'administrateur? Selon quelles normes
décidera-t-on que l'administrateur gagnera $5,000 ou $10,000 ou $15,000
ou $25,000 ou $50,000? On n'a aucune espèce de suggestion dans ce projet
de loi.
Egalement, ce qu'il y a de très important dans ce domaine de la
nomination, c'est que le ministre, dans son projet de loi, indique clairement
que l'administrateur peut cesser ses fonctions sans nous dire pour quelles
raisons il les cesserait. C'est une épée de Damoclès qu'il
laisse sur la tête de l'administrateur, et je pense que cela n'est
certainement pas un bon principe démocratique.
Egalement, cet administrateur pourra, en vertu de ce projet de loi,
déléguer ses pouvoirs à une ou à plusieurs
personnes habitant cette municipalité ou même de
l'extérieur sans qu'il nous soit indiqué quels pouvoirs pourront
être délégués, en vertu de quelles raisons les
pouvoirs pourront être délégués. Il n'est même
pas spécifié à qui ces pouvoirs pourront être
délégués.
Je pense que voilà beaucoup de points concernant le choix de
l'administrateur et beaucoup qui laissent un arrière-goût un peu
mauvais dans la gorge des législateurs.
Le ministre aurait intérêt à demander à la
commission municipale, qui relève de son ministère, de rendre
publiques des normes qui pourraient guider son choix dans l'ensemble de ce
secteur.
Egalement, ce projet de loi implique un deuxième principe fort
important, qui est celui du comité local. Je pense qu'il est bon que le
ministre nous présente cette suggestion de l'existence d'un
comité local à chaque endroit où habiteront au moins 100
personnes.
Mais là où je ne peux être d'accord avec le
ministre, c'est que je crois que l'administrateur devrait être
obligé de créer un comité local dans un délai
raisonnable, alors que le projet de loi laisse tout simplement entendre que
l'administrateur peut créer un comité local.
Je pense que, si 100 personnes habitent de façon
régulière, ce territoire, ces gens sont des citoyens à
part entière du Québec, qui ont tous les droits, tous les moyens
et toutes les connaissances qu'ont les autres citoyens du Québec pour
être en mesure d'exercer, du moins en partie, étant donné
la difficulté de ces territoires non organisés, des pouvoirs et
des responsabilités qui sont donnés à d'autres citoyens du
territoire du Québec.
Egalement, il est spécifié que ce comité local peut
être nommé ou peut être élu. Je crois, au contraire,
qu'il devrait être élu par les citoyens qui habitent cette
région-là et non pas nommé par le ministre, comme le
projet de loi en laisse la possibilité.
Je pense également que ce projet de loi met en doute un principe
fondamental de notre système démocratique au Québec, celui
d'être obligés de payer pour des dépenses d'administrateurs
que nous n'avons nous-mêmes choisis. Je pense que c'est un peu
exagérer d'obliger des citoyens du Québec à payer pour des
dépenses qui sont faites par des administrateurs, alors qu'ils n'ont
aucune possibilité de les choisir ou de les contrôler.
Je ne peux que m'élever, comme beaucoup de parlementaires en
cette Chambre, contre cet accroc incroyable à la démocratie au
Québec, qui fait que l'on veut obliger des citoyens à payer des
taxes pour les gestes d'administrateurs qu'ils n'ont aucunement choisis. C'est
en vertu de ce principe fondamental de notre démocratie que je me vois
dans l'obligation de demander au ministre d'exiger l'élection des
comités locaux dans un délai raisonnable. Je
demande qu'à ces comités locaux, on distribue une partie
possible des pouvoirs qui sont actuellement accordés à
l'administrateur.
Je conclus, M. le Président, en disant tout simplement que le
principe du projet de loi de l'organisation des territoires dans certaines
régions du Québec est valable, mais quant aux instruments
présentés par le ministre pour arriver à ce but,
particulièrement la question de l'administrateur et celle des
comités locaux, je pense que nous ne pouvons nous prononcer en faveur de
ces deux accrocs à notre système démocratique.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Sud.
M. GAGNON: Nord. M. LE PRESIDENT: Nord. Mes excuses. M.
François Gagnon
M. GAGNON: M. le Président, voici que nous étudions un
projet de loi qui, somme toute, est assez important. J'ai écouté,
avec beaucoup d'intérêt, plusieurs députés de cette
Chambre qui ont exposé leur point de vue. Ceux qui sont à ma
gauche m'ont fait penser, un peu, aux Juifs du temps du Christ, que ce dernier
conspuait fortement parce qu'ils ne voulaient pas que le peuple
bénéficie des mêmes services qu'eux se donnaient.
Je crois que nous, avec nos responsabilités de citoyens et de
législateurs, nous devons essayer de faire bénéficier tous
les citoyens du Québec, dans la mesure du possible, des services que la
société met à leur disposition. Bien sûr, ces
citoyens-là ne sont pas inconnus des gouvernements du Québec et
d'Ottawa nos amis du Ralliement créditiste ne doivent pas
s'inquiéter puisqu'ils paient déjà des impôts
provinciaux et des impôts fédéraux. Ils paient
déjà des taxes de vente lorsqu'ils font des achats.
Comme l'a dit hier le ministre des Affaires municipales, comment
voulez-vous, M. le Président, que nous, les législateurs, nous
refusions à ces gens qui paient des taxes de vente lorsqu'ils vont faire
des achats, de la même façon que tous les citoyens du
Québec, les bénéfices de cette ristourne de la taxe de
vente qui revient à chaque municipalité ou territoire
organisé afin qu'ils puissent bénéficier de ces avantages
financiers pour mieux s'organiser? Je crois que, déjà, ils ont
été privés assez longtemps de ce revenu qui leur
appartient parce qu'il s'agit d'une somme qu'ils ont payée
eux-mêmes. Nous devons donc faire tout ce que nous pouvons pous les en
faire bénéficier.
Ces gens qui se sont construit dans des territoires non
organisés, à certains moments, sont des squatters qui se sont
bâti parfois à proximité des limites des villes, alors que
les villes, par des expansions industrielles, doivent s'agrandir.
Elles doivent parfois englober ces territoires alors qu'il n'y a pas eu
de prévisions, qu'il n'y a rien eu dans l'organisation des rues, dans
les plans d'urbanisme ou n'importe quoi, et qu'il en coûte parfois des
fortunes à des municipalités pour mettre sur pied une
réorganisation du territoire.
Dans ces territoires, M. le Président, il n'y a aucune rue. On
fait ce qu'on appelle des chemins de pieds. Il n'y a aucun service quel qu'il
soit, pas même des services de police, dont ils pourraient certainement
bénéficier, ni des services d'ordures ménagères.
Mais tout de même, sans doute qu'ils bénéficient de
l'électricité car il est nécessaire, pour
l'Hydro-Québec, d'aller porter le service de l'électricité
lorsque des citoyens en font la demande et qu'ils répondent aux
exigences des règlements de l'Hydro-Québec.
C'est dire que déjà, M. le Président, ils ont cru
bon de bénéficier des serices qu'il leur était possible
d'avoir. En organisant ces territoires, je crois qu'ils
bénéficieront des avantages des lois municipales. Il faut avoir
été secrétaire municipal pour savoir qu'il y a des lois,
dans le code municipal, qui font bénéficier le citoyen
d'avantages énormes sans qu'il lui en coûte un sou. Je parle,
à ce moment-ci, de l'hygiène, par exemple. On sait que dans les
territoires non organisés je l'ai vu moi-même il y a
parfois près de certaines propriétés pas toutes
des amoncellements de détritus qui sont pour les jeunes des
endroits d'infection et de maladie, que l'Etat paie parce que ces gens
bénéficient, aux plans de l'assurance-hospitalisation et de
l'assurance-santé, des mêmes avantages.
Nos amis du Ralliement créditiste n'ont pas à
s'inquiéter du fait qu'ils ne bénéficient pas de certains
avantages de la loi, au niveau du Québec ou d'Ottawa, car ils en
bénéficient. Et nous, nous avons le devoir d'essayer de trouver
des solutions.
Il y a également ce qu'on appelle les devoirs de voisins, que le
code municipal réglemente très bien sans qu'il en coûte un
sou. A l'intérieur des articles du code municipal, on sait que la loi
permet à des organismes de nommer des gens, sans qu'il en coûte un
sou à l'organisation municipale, pour voir au bien-être des
citoyens et au bon ordre à l'intérieur de ces territoires.
M. le Président, il y a également d'autres services
spéciaux. Il y a le service d'incendie. Que voulez-vous que nos amis les
créditistes fassent, au contraire, pour que ces gens puissent
bénéficier d'une assurance sur leur propriété? Les
territoires non organisés, suivant ce que je connais, ne peuvent pas
bénéficier d'une assurance parce que les compagnies, voyant que
ces territoires ne sont pas organisés, qu'ils n'ont pas de rues, qu'ils
n'ont pas de service contre l'incendie, refusent carrément d'assurer
leurs propriétés. Ces gens qui, pourtant, peinent toute une vie
pour accumuler un petit avoir sont privés des services d'assurance sur
la
propriété. Voyant ces problèmes et voyant que s'il
arrive un incendie ou une conflagration, parce qu'à certains moments,
ces territoires, regroupés d'assez près, retomberaient sous la
charge du gouvernement les gens sont bien disposés à se
protéger, à protéger leurs propriétés, parce
que nos amis du Ralliement créditisté seraient contre le fait
qu'ils bénéficient de cet avantage qui est à la
disposition de tous les citoyens, à savoir une assurance-feu sur la
propriété, moi, comme législateur, parce que je vois le
gros malin, je refuserais à ces gens des avantages dont moi, je
bénéficie?
C'est impensable, M. le Président. Il faut favoriser ces gens
pour qu'ils puissent avoir toutes les protections possibles, parfois sans qu'il
n'en coûte rien. Cela ne coûtera rien s'il y a un territoire
organisé pour bénéficier de l'assurance-incendie sur les
propriétés. Je dois voir l'aspect positif du bill, non pas son
aspect négatif et me reporter dans le temps aussi loin que
Noé.
M. le Président, il y a également la question du
porte-parole, à l'intérieur de ces organismes. Il y a des gens
qui désirent avoir des titres de propriété. Je donne un
exemple précis. Il y a, dans Gaspé-Nord, sur la route
transgaspésienne, un endroit qu'on appelle Cap-Seize. Les gens y sont
établis depuis quinze ou vingt ans. Ils y sont assez bien
regroupés et veulent avoir des titres de propriété. Ils
viennent me rencontrer. Il n'y a personne comme porte-parole. Ils ne peuvent
pas s'organiser avec un porte-parole. S'ils ont une organisation qui permet
d'avoir quelque chose sur place, qui peut parler avec les autorités en
place du ministère des Terres et Forêts ou d'autres, comment
voulez-vous, M. le Président, que moi, étant dans un milieu
où je constate la nécessité d'un présence qui
pourrait être un interlocuteur valable je puisse les priver de cet
organisme sous prétexte que le méchant loup peut les manger?
Il y a également, M. le Président, l'organisation interne
de ces territoires. Comme je le disais, l'organisation interne est toujours de
nature à favoriser le groupe qui compose tel territoire. A
l'intérieur de ce projet de loi, il y a des avantages, il y a
peut-être des désavantages.
Si le ministre me le permettait, je lui ferais peut-être des
suggestions. On nommerait un administrateur pour avoir soin d'un territoire. Il
y a peut-être des cas spéciaux; dans un territoire très
vaste, où les maisons sont éparpillées un peu partout
à des distances considérables, et je crois que l'administrateur
devient une nécessité.
Mais, si le ministre me permet, dans des territoires qui sont assez bien
regroupés, il pourrait sans doute, en vertu de la loi, obliger à
des élections peut-être trois membres qui formeraient un
comité; parmi ces trois membres élus, on pourrait se choisir un
président.
Pourquoi procéder par élection? Il y a bien des avantages.
D'abord, déjà vous cristallisez les citoyens autour d'un
intérêt particulier, soit celui de leur territoire. Et ils ont
intérêt à placer à des postes de commande des gens
qui vont connaître leurs problèmes concrets, qui vont essayer de
trouver des solutions, qui vont discuter avec l'autorité. Parce qu'un
administrateur on le voit venir de loin et, lorsqu'il est sur place, on ne
collabore pas entièrement avec lui. Ce n'est pas de nature à
apporter tous les résultats qu'on attendait.
Si les gens de cet organisme étaient élus, ça
motiverait les citoyens à participer à l'organisation, à
la planification et à tirer tous les avantages possibles d'un tel projet
de loi ou du code municipal pour des territoires comme ceux-là. Cela
permettrait à l'individu de connaî tre de nouvelles dimensions, de
se faire valoir à l'intérieur de son petit territoire et, par
conséquent, extérieurement. Cela permettrait aux administrateurs,
étant près du peuple, de faire valoir leur point de vue d'une
façon objective, positive, auprès du gouvernement.
Et tous ces avantages feraient sans doute que le ministère des
Affaires municipales aurait la tâche facilitée dans l'exercice de
ses fonctions. Bien sûr, le ministère des Affaires municipales
pourrait contrôler les dépenses pour éviter celles qui
seraient inutiles. Pour éviter aussi des investissements qui ne seraient
pas utiles même si la masse le voulait. Il faudrait qu'ils aient
reçu une étude des personnes qui connaissent la
nécessité de tels investissements et également les
possibilités de paiement, même si tout le monde était
d'accord.
Cela permettrait aussi d'éviter des ententes avec d'autres
territoires ou municipalités qui seraient au désavantage des
citoyens dudit territoire.
Encore une fois, il s'agissait de suggestions à l'intention du
ministre. Mais je crois que le projet de loi, quoique non parfait sur toute la
ligne, permet à des citoyens de bénéficier de certains
avantages auxquels ils ont droit. Dans notre société de 1971, il
convient qu'eux aussi soient aussi favorisés que moi, tout en tenant
compte des possibilités et sans que le méchant loup de la taxe ou
n'importe quoi puisse les engouffrer. Mais que ça soit bien
planifié.
D'ailleurs, on a l'exemple de territoires qui ont des administrateurs,
qui sont à peu près dans des conditions semblables et il n'y a
pas eu de gros méfaits. Tout au contraire, je crois, suivant
l'expression du député de Duplessis, que les avantages qui ont
été connus ont satisfait toute la population.
Ce sont là les remarques que je voulais faire dans le meilleur
intérêt de ces groupements et de ces territoires.
M. LE PRESIDENT (Giasson): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. Ronald Tétrault
M. TETRAULT: M. le Président, après avoir
écouté les quelques remarques des députés de
l'Opposition, les députés des zéros, je peux
comprendre pourquoi ils ont choisi leur chef; c'est la totalité
des zéros qui égale zéro.
Le projet de loi no 277 présenté par le gouvernement nous
propose d'ériger en municipalités certains territoires. Je
voudrais faire un peu l'historique au ministre des Affaires municipales.
Lorsque sa délégation est venue dans le comté
d'Abitibi-Est, que je représente, il a suggéré à
l'Association des maires de comtés de se former en territoires
organisés. J'aimerais lui rappeler la réponse catégorique
qu'il a obtenue: Non.
Aujourd'hui, on entend toutes sortes d'explications données par
certains députés des zéros. Nous ne pouvons pas
comprendre, lorsqu'on parle de demi-mesures et de justice en 1971, que ces
députés qui ont été au pouvoir peuvent nous dire
qu'une demi-mesure est meilleure qu'une mesure totale.
Donc, je peux comprendre pourquoi le ministre veut imposer le bill 277
par les notes explicatives, dont il nous dit qu'elles ne sont pas
véridiques.
M. le Président, si le ministère des Affaires municipales
avait à coeur de résoudre le problème des citoyens des
régions des territoires non organisés, il leur permettrait de
s'organiser tels qu'ils le sont présentement. Lorsqu'ils demandent des
paroisses marginales ou autre chose au gouvernement, une des oppositions
principales est celle du ministre des Terres et Forêts et celle des
Affaires municipales.
M. le Président, un deuxième rapport provient encore des
Affaires municipales. Lorsque toutes les sommes ramassées par le conseil
de comté doivent être distribuées à des
régions qui en ont besoin ou aux territoires non organisés,
l'objectif principal est encore le ministre des Affaires municipales.
Donc, je peux comprendre aujourd'hui pourquoi ce refus global de ces
territoires de vivre convenablement, c'est que le ministre avait à
l'idée le bill 277 et qu'il ne voulait pas donner des explications
à la population. M. le Président, après avoir vécu
l'expérience des affaires municipales, dans la région
d'Abitibi-Est, je ne peux pas voir de quelle façon le gouvernement
entend implanter ce bill, implanter une organisation municipale avec les grands
ministres ou les ex-ministres du gouvernement Union Nationale. Lorsqu'il y a eu
des fusions de territoires, tels que la ville de Val-d'Or, Lac Lemoine et
Bourlamaque, on avait promis des subventions spéciales pour aider ces
municipalités, exactement comme le ministre nous le propose dans son
bill 277. Et ces mêmes grands défenseurs de la liberté, de
la foi, de la démagogie, de tout ce que vous voudrez, des grands totaux
zéro, s'en viennent nous dire que ce bill est bon aujourd'hui.
M. le Président, les municipalités de Val-d'Or se sont
fait refuser cette subvention d'amalgamation, et aujourd'hui, on le revoit
encore dans le bill 277, les petits frères proposent aux cousins, puis
les cousins disent oui, M. le ministre. C'est pour ça qu'on pourra
appeler cette opposition officielle non officielle.
M. le Président, je ne peux pas comprendre pourquoi le
gouvernement, qui se croit dans un pays démocratique, dans une province
où la liberté existe, où la liberté veut être
reconnue, impose un tel projet de loi, lorsqu'il a fait une tentative, dans une
région précise qui s'appelle le comté d'Abitibi-Est, et
où il a eu une réponse catégorique qui était
non.
Donc, M. le Président, je peux comprendre que, dans certaines
régions, dans certains comtés de cette province où il n'y
a aucune étendue de territoire, l'amalgamation obligatoire du
gouvernement pourra s'implanter. Mais lorsque vous arrivez dans un territoire
comme le comté d'Abitibi-Est, où le gouvernement parle de faire
des territoires municipaux qui vont couvrir jusqu'à 50 milles ou 60
milles de long, et peut-être 30 milles ou 40 milles de large, je ne peux
pas voir de quelle façon il pense implanter un gouvernement qui pourrait
satisfaire toute une population et lui donner tous les services qui lui sont
dus ou qu'ils veulent.
M. le Président, le député de Gaspé-Nord
nous a parlé de droits que la population voulait, de droits que les
citoyens demandaient et qu'il n'y avait absolument personne pour les leur
donner. Je dois lui rappeler un fait très important, c'est exactement
pour ça qu'il a été élu député, pour
aider les territoires non organisés, et le gouvernement met à sa
disposition toutes les lois nécessaires pour qu'il puisse s'occuper de
ses citoyens.
M. le Président, vous avez entendu comme ils nous ont
traités, comme l'a fait si éloquemment le député de
Chicoutimi, que c'est du verbiage bien appliqué, du grand
théâtre de M. Cloutier, qui nous dit que le Ralliement
créditiste profite des occasions, qu'il profite de tout ce que vous
voulez pour faire de la politicaillerie. J'écoutais tout à
l'heure les interventions du chef de l'UQ et ça me faisait penser
à son émission de Trois-Rivières, qui était
strictement de la propagande politique.
Nous avons quelques points ici que nous aimerions que le ministre puisse
changer. Lorsqu'il parle de désigner un administrateur, nous ne pouvons
pas concevoir qu'un territoire qui est non organisé, qui va être
obligé de vivre aux dépens du gouvernement devra payer un
administrateur. M. le Président, cas ces territoires-là,
présentement, dans les paroisses marginales ou dans les conseils de
comté, ce sont des gens bénévoles ou avec de faibles
revenus qui s'occupent de ces territoires.
Aujourd'hui, le gouvernement parle d'un administrateur
désigné par lui, je ne parlerai pas de patronage parce que
ça semble choquer l'UQ. M. le Président, je ne peux pas voir de
quelle façon ces gens vont pouvoir se payer le luxe...
M. LOUBIER: M. le Président, un rappel au règlement.
Est-ce qu'on a le droit, en vertu des règlements, de prêter
des sentiments ou des intentions à quelque membre de cette Chambre? Le
député de je ne sais où on ne l'entend jamais
parler et je ne sais pas quelle circonscription électorale il
représente, sauf que, par son langage, je sais à quel groupement
il appartient m'a prêté, à l'instant même, des
intentions. Je vous demanderais, M. le Président, des directives
à ce sujet-là, à savoir s'il a le droit de le faire,
même dans un discours qui résonne je ne dis pas qui
raisonne, mais résonne de cette façon.
M. SAMSON: M. le Président, sur le rappel au règlement. Je
ne pense pas que le chef de l'Opposition officielle puisse vous demander cela
en vertu de l'article 667 dont il a fait mention tantôt. Il accuse le
député d'Abitibi-Est de lui prêter des intentions. Si on
voulait bien s'efforcer de croire ce que vient de dire le chef de l'Opposition,
on pourrait le reporter à ce qu'a dit, hier soir, l'honorable
député de Chicoutimi, à ce qu'il a fait lui-même
dans son intervention. Si nous voulions être aussi offensants qu'ils
l'ont été, il faudrait que nous travaillions encore beaucoup plus
fort que nous ne l'avons fait et que ne le fait actuellement le
député d'Abitibi-Est.
M. LE PRESIDENT (Giasson): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, je ne voudrais pas commencer un
débat sur la procédure, mais j'aimerais me servir d'une parole
que j'adresserais au chef de l'Opposition officielle: Avant de prêter des
intentions, c'est comme de l'argent, il faut en avoir.
UNE VOIX: Un prêt sans intérêt.
M. TETRAULT: C'est cela, sans intérêt. Ce sera toujours
mieux que ce que vous avez fait et que vous allez faire, honorables
collègues. Donc, M. le Président, nous nous apercevons qu'il y a
encore quelques directives que le gouvernement veut donner dans son projet de
loi, qui ne sont pas conformes à toutes les autres lois qui
existent.
On parlait de l'administrateur, avant d'être interrompu par
l'éloquent chef d'Unité-Québec. Nous voulons que
l'administrateur ne soit pas désigné par le gouvernement, que ce
soit fait exactement comme le député de Montcalm l'a si bien
souligné, c'est-à-dire qu'il soit élu par la population et
que le comité soit formé de membres élus par les personnes
concernées dans ce territoire.
Nous demandons cela parce que nous savons que la députation
libérale, appuyée par l'Opposition officielle, va pouvoir adopter
le bill sans aucun problème. Nous aimons avoir la conviction de nos
idées et nous les défendons, n'en déplaise à qui
que ce soit. Nous aimerions voir cet article amendé afin que
l'administrateur ne soit pas désigné par le gouvernement, mais
élu par la population.
Nous aimerions aussi, du même fait, que, lorsque le gouvernement
dit qu'il paiera les dépenses qu'entraînera la constitution des
municipalités prévues à ce projet, il dise exactement
à la population...
M. COITEUX: M. le Président, sur un point d'ordre. Le
député d'Abitibi-Est, à ce moment-ci, fait un discours
qu'il devrait faire en comité plénier. Ce sont des articles
précis. Les remarques qu'il fait actuellement sont complètement
déplacées dans une étude en deuxième lecture, qui
doit considérer le principe du bill.
M. TETRAULT: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le député
d'Abitibi-Est...
M. TETRAULT: ...je me fie aux notes explicatives.
M. LE PRESIDENT: ... à continuer son intervention sur le principe
et à ne pas toucher aux articles du bill.
M. TETRAULT: M. le Président, j'aimerais vous faire remarquer que
c'est dans les notes explicatives. Je ne touche à aucun article du
bill.
M. LEDUC: Parlez du principe et puis vous reviendrez sur chacun des
articles après. C'est trop facile de dire que c'est dans les notes
explicatives.
M. TETRAULT: Oui, M. le député de Taillon; oui, M. le
député à la barbe.
M. LEDUC: Soyez sérieux, et on va peut-être vous
écouter jusqu'au bout.
M. TETRAULT: Aussi sérieux que vous, monsieur, ce serait
impossible dans cette Chambre.
Donc, nous voulons confirmer encore ce que le chef du Ralliement
créditiste a dit et nous nous voyons dans l'obligation de refuser ce
bill tel qu'il est présenté. Nous allons voter contre le bill
277.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, il est bien évident que je
n'aurais pas parlé sur ce projet de loi, mais je le fais devant
l'escalade verbale à laquelle nous assistons. Cela a commencé, de
façon assez anodine, avec le chef du rassemblement hier soir; cela a
monté graduellement et,
aujourd'hui, on est rendu qu'on a perdu les pédales dans ce parti
politique, à tel point que je peux féliciter l'Eglise catholique
d'avoir changé un peu la liturgie en traduisant le Kyrie eleison en
Seigneur, prends pitié!
M. le Président, on a tantôt, en blaguant peut-être,
fait allusion au fait qu'à Trois-Rivières on avait
déjà craint les communistes. Il n'y a pas d'objection à
ça. Ceux qui ne les ont pas craints n'étaient certainement pas
prudents. On a vu, à un certain congrès, une certaine formation
politique qui fait des guerres de crucifix, de soutanes, de barettes et de tout
appareil vestimentaire de même acabit inviter le chef des nazistes et
aujourd'hui on vient nous parler de vertu et on semble pratiquer autre
chose.
Le bill 277 est le bill le plus anodin qui ait été
présenté en cette Chambre. C'est un projet de loi pour donner des
structures à des territoires qui en sont dépourvus. Cela respire
le bon sens et la grosse raison. Ce n'est pas le ministre des Affaires
municipales qui l'a préparé, c'est certain, car c'est un des bons
bills que nous avons eus ici. Je ne vois pas pourquoi, en voulant essayer de
politiser au maximum, on pourrait sortir quelque chose qui ne se tienne pas
là-dedans.
UNE VOIX: Ne gaspillez pas votre discours.
M. DEMERS: Ah! tiens, l'écho de la couette! Je ne vois pas quelle
misère, quel reproche on puisse faire à ce projet de loi sur les
territoires non organisés. Il faut ne pas avoir touché à
une administration municipale, ne pas avoir passé par un conseil
municipal pour refuser de donner ce qu'il y a d'élémentaire
à une population, des services qu'on trouvait chez les Indiens et chez
les sauvages. Nous avons des gens dans la province qui en sont
dépourvus.
Le gouvernement veut donner ces structures et nos faux papes n'en
veulent pas. Ils prétendent que c'est pour taxer. Je n'ai jamais vu
déplacer une situation comme ça de ma vie. Ils ont assez horreur
des taxes! Ils ont peut-être pensé qu'ils pourraient ramasser 35
ou 40 votes dans ce coin-là. Nous leur donnerons des votes s'ils en ont
besoin, mais qu'ils nous laissent adopter des lois qui ont du bon sens. Il y a
des limites pour pousser la comédie et le fanatisme sur des...
Oh! C'est quand j'ai entendu le député de Beauce:
Où c'était souhaitable... "Ce projet a pour principal objet de
permettre au gouvernement d'implanter une organisation municipale locale dans
les territoires où il n'en n'existe pas, où il ne semble pas
souhaitable..." On ne sait pas ce que cela veut dire. C'est que là
où ce serait une folie de donner des structures comme le code municipal
le demande, on nomme un administrateur, car il n'y a pas les organismes qu'il
faut pour faire un conseil municipal réellement organisé.
"Souhaitable", peut-être pourrait-on changer le mot. J'espère que
le ministre le leur expliquera pour leur enlever leurs craintes. Ils ont peur
de tout et ils cherchent tout ce qu'il faut pour faire une petite parade, un
petit coup de crucifix. Ils étaient contre le bill 28, hier.
Aujourd'hui, ils sont contre ce projet-là. Pour quoi seront-ils
tantôt? Pour la collecte, la quête, et où iront les
dividendes? A la maison-mère d'Ottawa ou s'ils garderont ça au
club ferme?
Il y a assez longtemps qu'en cette Chambre on fait de la comédie
et de la bouffonnerie, qu'on s'habille avec toutes sortes de manteaux. Je
demande que l'on cesse ces propos et que l'on agisse en hommes sérieux
et en parlementaires. Si nous voulons être crus par une population, qu'on
arrête de la prendre pour des "tarlas".
Les gens de ce coin-là seront enchantés lorsqu'ils vont
réaliser que nos amis du Ralliement créditiste, qui ont pour
vocation de sauver le peuple, de donner des routes, de creuser des
rivières et de tout faire, n'ont même pas voulu leur donner des
principes élémentaires pour leur permettre d'avoir des
subventions et des chemins.
C'est exactement comme la fable de Lafontaine: "L'âne et le petit
chien. Ne forçons point notre talent.
On ne ferait rien avec grâce.
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse.
Ne saurait passer pour galant.
Peu de gens que le ciel chérit et gratifie ont le don de recevoir
avec l'habit..." C'est un bien qu'il faut laisser, M. le Président, et
ne pas ressembler à l'âne de la fable qui, pour plaire à
son maître, alla le caresser.
On caresse l'électorat, on lui passe la patte dans le visage, on
est prêt à le tuer et à le ruer quand ce n'est pas le
temps. On cherche toutes sortes de moyens pour se ramasser des votes. Mais ce
n'est pas notre rôle. Ici, nous faisons les campagnes électorales
quand c'est le temps des campagnes électorales et nous
légiférons quand c'est le temps.
M. le Président, le bill 277, poussez l'affaire et tâchez
que ça passe et que ça finisse, ces folies-là.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M.SAMSON: M. le Président, en vertu de l'article 270. J'ai
été très heureux d'apprendre de la part du
député de Saint-Maurice que cela fait bien longtemps qu'il se
fait de la comédie en cette Chambre. Ce qu'il a dit me permet de
comprendre que cela avait commencé avant qu'on arrive.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement. Si
l'honorable député de Rouyn-Noranda citait les propos du
député de Saint-Maurice et référait à une
déclaration qu'il a faite, hier, dans son discours de deuxième
lecture, il pourrait se prévaloir des dispositions
de l'article 270, mais il ne peut pas l'utiliser pour essayer, tout
simplement, d'introduire des idées nouvelles ou des propos
abracadabrants, comme il a l'habitude d'en tenir.
M.SAMSON: M. le Président, je constate que le
député de Maskinongé ressemble à l'autre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Si vous le voulez bien, nous
allons revenir en deuxième lecture, au principe du projet de loi no 277.
Si d'autres membres de l'Assemblée nationale désirent adresser la
parole, ils sont les bienvenus. Sinon, je crois que le ministre des Affaires
municipales pourrait exercer son droit de réplique.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: En effet, M. le Président, je désire prendre
quelques minutes pour exercer mon droit de réplique et vous dire tout
mon étonnement lorsque j'entends nos collègues du Ralliement
créditiste en cette Chambre et, en particulier, leur chef. J'ai
toujours, comme tous les gens sensés en cette Chambre et en dehors de
cette Chambre, compris que les créditistes étaient des gens
irréalistes, mais, je ne croyais pas qu'ils étaient, pour autant,
aussi rétrogrades.
En effet, lorsque le chef du Ralliement créditiste a
déclaré que, dans sa région, c'est-à-dire dans le
Nord-Ouest québécois, on était contre le projet de loi,
que personne n'était intéressé dans les territoires non
organisés à obtenir un statut de municipalité, j'ai
été des plus surpris. En effet, je connais personnellement, je
sais pertinemment toutes les démarches, tous les efforts qui ont
été faits, depuis plusieurs années, par des groupements,
par des agglomérations de population, des hameaux, certaines paroisses
pour obenir justement le statut de municipalité que nous voulons leur
donner.
A titre d'exemple, je voudrais citer une agglomération qui
s'appelle Beaucanton, dans le comté d'Abitibi-Ouest où, encore
tout dernièrement, en date du 28 octobre 1971 ce n'était
pas la première démarche on écrivait au ministre
des Affaires municipales: "Depuis que la taxe de vente de 6 p.c. et de 8 p.c.
est en force, les paroisses érigées en municipalité
reçoivent en retour de la taxe de vente 2 p.c. Nous, comme nous ne
sommes pas organisés en municipalité, nous ne recevons rien.
Où vont ces montants d'argent? C'est suivi de cinq points
d'interrogation. "Il nous semble que nous devrions avoir droit à ces
retours de 2 p.c. aussi pour la raison qu'étant une population de 900
personnes nous payons passablement de taxes à 8 p.c".
M. GAGNON: Nous d'Unité-Québec, nous avons dit cela.
M. TESSIER: "De plus, voilà à peu près six ans,
nous nous sommes donné un service de lumières de rues dans le
village. Depuis ce temps, nous ramassons de l'argent de toutes sortes de
manières, soit en vendant des billets, en quêtant de porte en
porte et, lorsque nous n'avons plus de fonds, nous organisons une soirée
parce que, si nous ne les payions pas, l'Hydro-Québec viendrait les
fermer".
M. GAGNON: Heureusement qu'on a lu la lettre avant.
M. TESSIER: "Alors, comme nous voulons les conserver, parce que nous
pensons qu'en 1971 ce n'est pas un luxe mais une nécessité pour
le bien-être de la population, nous vous demandons donc, M. le ministre,
par la présente, de faire diligence dans notre cas, soit de nous faire
verser des sommes par la corporation du comté d'Abitibi qui a X montants
dans ses goussets et qui ne sait pas quoi en faire ou encore présenter
le projet de loi auquel vous avez fait mention dans votre lettre du 4 mai
1971."
Voici, M. le Président, un témoignage...
M. GAGNON: Vous lirez mon discours.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TESSIER: Sûrement.
M. GAGNON: Attention, c'est glissant!
M. SAMSON: Est-ce que le ministre pourrait nous dire qui a signé
cette lettre?
M. TESSIER: Cette lettre se termine comme suit: "Agréez, M. le
ministre, nos remerciements anticipés et nos salutations les meilleures.
"Nous demeurons, "le Comité municipal de citoyens de Beaucanton,
Abitibi-Ouest, "par Florent Villeneuve,
secrétaire-trésorier."
M. SAMSON: Est-ce que le ministre pourrait me dire...
M. GAGNON: ...écouté mon discours.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre pourrait me dire quel est son
âge et son poids?
M. SAMSON: ...à quel passage de cette lettre on lui demande
d'amener cette loi no 277?
M. TESSIER: M. le Président,...
M. GAGNON: Est-ce qu'il savait le numéro, M. Villeneuve? M.
Villeneuve ne savait pas le numéro.
M. TESSIER: ...encore une fois, le chef du Ralliement créditiste
n'a rien compris. C'est
pourtant clair. Je viens de le lire textuellement, je ne l'invente pas:
"Ou encore présenter le projet de loi auquel vous avez fait mention dans
votre lettre du 4 mai 1971," alors qu'au cours de représentations
antérieures, à la fin du mois d'avril,...
M. SAMSON: J'aurais une autre question. Est-ce que le ministre
accepterait de nous lire la lettre du mois de mai antérieur?
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai pas apporté ici, en
cette Chambre, tous les dossiers du ministère des Affaires municipales.
Mais j'ai voulu ramasser quelques lettres...
M. SAMSON: Est-ce la seule lettre que vous avez eue du territoire?
M. TESSIER:... à titre d'exemples.
M. SAMSON: Est-ce que c'est la seule lettre que vous avez reçue
de l'ensemble de ce territoire vous demandant...
M. TESSIER: Attendez un peu, vous allez voir que j'en ai d'autres.
M. SAMSON: Bien, sortez-les!
M. TESSIER: Vous allez voir que j'en ai d'autres.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que nous pourrions savoir des
députés créditistes si cela leur arrive de visiter leur
paroisse de temps en temps pour voir les problèmes qui y existent?
M. SAMSON: M. le Président, quand le député de
Saguenay aura fait tout ce que j'ai fait, il va avoir la langue sortie pas mal
long.
M. TESSIER: M. le Président, je demanderais de ramener à
l'ordre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs! A moins
que le ministre, qui exerce son droit de réplique, ne permette qu'on lui
pose une question, il est, que je sache je m'excuse de me
répéter, mais il me semble qu'à force de
répéter l'on se fait bien comprendre le seul qui a le
droit de parole actuellement.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai voulu simplement, par cette
lettre, démontrer qu'il y avait des territoires non organisés
dans le Québec, qui, depuis longtemps, demandent à obtenir le
statut que la présente loi va leur donner. Voici d'autres exemples,
parce que je ne veux pas lire toutes les lettres, des représentations
ont été faites dans le même sens par un endroit non
organisé, encore dans l'Abitibi, qui s'appelle Val-Paradis. Si on veut
connaître le nom du signataire, c'est M. Georges Gilbert,
secrétaire du Comité de citoyens de Val-Paradis, Abitibi.
M. SAMSON: Lisez la lettre.
M. TESSIER: Egalement dans la région du Nord-Ouest
québécois, la région des créditistes,
l'agglomération non organisée qui s'appelle Villebois et, depuis
1964, un autre endroit non organisé de l'Abitibi-Ouest qui se nomme
Guyenne demandent que le gouvernement adopte une loi qui pourrait leur
permettre d'obtenir un statut de municipalité. Il y a plus, la
corporation du comté d'Abitibi, c'est-à-dire le conseil municipal
de l'Abitibi, demande également depuis plusieurs années qu'une
telle loi soit adoptée.
M. GAGNON: Il n'est pas organisé, en Abitibi, mais il veut
s'organiser.
M. PAUL: L'honorable ministre peut-il dire combien tout cela peut
représenter de votes?
M. TESSIER: Pardon?
M. PAUL: L'honorable ministre pourrait-il nous dire combien cela peut
représenter de votes, tous ces intéressés dont il veut
nous faire part?
M. TESSIER: Je ne suis pas en mesure, M. le Président, de
répondre à cette question.
Je voudrais tout de même terminer peut-être par deux autres
exemples qui intéresseront sûrement mais qui renseigneront surtout
les créditistes sur ce qui se passe dans le Nord-Ouest
québécois, ce qu'ils semblent totalement ignorer.
En date du 9 septembre 1968, sous le gouvernement
précédent, une requête était adressée
à mon prédécesseur, contenant 90 noms. Cette requête
venait du village de Sullivan, dans l'Abitibi-Est, qui justement
demandait...
M. TETRAULT: C'est chez nous. Voulez-vous le débattre, le
problème de Sullivan?
M. TESSIER: ...un statut de municipalité. C'est ce que nous
allons leur accorder par le projet de loi no 277.
M. TETRAULT: M. le Président, le ministre me permet-il une
question?
M. TESSIER: Laissez-moi continuer.
Il y avait, dans d'autres parties de la province... A ce moment-ci, je
tiens à remercier mon collègue, le député de
Duplessis, qui a donné un excellent exemple de ce qui se passait dans
son comté. Lui, contrairement aux créditistes, sait ce qui se
passe dans son comté. Il sait que c'est une bonne chose. Il sait
également que l'administrateur qui est nommé, qui est en
fonction
dans la municipalité de la Basse-Côte-Nord, remplit
très bien son rôle, rend d'immenses services à la
population de la municipalité de la Basse-Côte-Nord. Ce n'est pas
de la politique qu'il fait mais bien de l'administration pour rendre service
aux gens qui sont privés de conseils municipaux et qui ne sont pas assez
nombreux pour être régis en vertu des dispositions du code
municipal ou de la Loi des cités et villes mais qui peuvent
bénéficier, justement, de subventions.
J'entendais, hier, le chef du Ralliement créditiste dire: Les
gens de l'Abitibi, ils n'en veulent pas de subventions. Ils n'en veulent pas de
la taxe de vente. Ils n'en veulent pas de subventions pour l'entretien des
chemins. Je crois que j'ai donné quelques exemples contraires.
Le village, l'agglomération ou le hameau de Franquelin, dans le
comté de...
M. COITEUX: Saguenay. M. TESSIER: ...Saguenay...
M. LESSARD: ......... mon comté, M. le
Président.
M. TESSIER: ...adressait, le 13 juin 1968, une requête qui
contient 140 noms environ, demandant également que le gouvernement
adopte une loi semblable à celle qui est présentement
débattue devant cette Chambre.
M. TETRAULT: L'Union Nationale, c'était fort dans ce
temps-là.
M. TESSIER: M. le Président, je crois que ceci comporte tout de
même un nombre suffisant d'exemples pour montrer, non seulement
l'irréalisme mais l'esprit rétrograde des membres du Ralliement
créditiste en cette Chambre.
M. TETRAULT: Le ministre me permettrait-il une question?
M. TESSIER: Tout à l'heure. Je voudrais souligner que la loi est
claire. La loi n'impose pas d'obligations. Il ne peut être question
d'appliquer le projet de loi no 277 à tous les territoires non
organisés mais de l'appliquer au fur et à mesure que des demandes
seront soumises, au fur et à mesure que les besoins s'en feront sentir
et que la population de ces territoires voudra justement
bénéficier des avantages que cette loi leur offrira.
Quant au comité local de citoyens, puisque la question a
été soulevée tout à l'heure l'article 10 de
la loi permet précisément que ce comité puisse être
électif, que la population puisse choisir elle-même les membres de
ce comité. C'est, en somme, la formation d'un petit conseil municipal,
mais où le choix se fera d'une manière beaucoup plus facile, sans
qu'on soit obligé de suivre toutes les prescriptions contenues au code
municipal. La loi prévoit, dans les articles 10 et suivants, comment
l'élection doit se faire, à quelle époque, etc. Ce sont
là les quelques remarques que je voulais faire pour clarifier je
l'espère davantage la situation et démontrer, en
même temps, combien certains de nos collègues de cette Chambre,
ceux du Ralliement créditiste, sont ignorants de ce qui se passe dans
leurs propres comtés, dans leur propre région.
M. SAMSON: M. le Président, en vertu de l'article 270, j'invoque
le règlement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda sur un point
de règlement.
M. SAMSON: Le ministre vient de dire que j'ai dit hier qu'aucune
paroisse ne voulait être organisée en municipalité. Je
regrette; ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit que la majorité
ne voulait pas l'être. J'ai dit hier je le répète au
cas où le ministre ne le comprendrait pas encore, car il semble qu'il a
de la difficulté à comprendre que ces municipalités
sur leur demande...
M. COITEUX: Il n'y a pas de réplique.
M. SAMSON: Je rectifie des propos. Le ministre m'a cité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il n'est pas question pour quelque
député de cette Chambre d'exercer un droit de réplique
à la réplique. Notre règlement prévoit, cependant,
qu'un député peut, sur un point de règlement, faire une
correction sur des propos qui ont été mal
interprétés sans, cependant, soulever de débat et sans
apporter d'autre argumentation que celle qui justifie l'appel au point de
règlement. J'espère avoir la collaboration de tous et chacun
là-dessus.
M. SAMSON: Merci, M. le Président. Le ministre a dit que j'avais
dit hier que nos citoyens ne voulaient pas du produit de la taxe de vente et
des subventions.
Je regrette, c'est faux. Ce n'est pas ça que j'ai dit; le
ministre m'a, encore une fois, mal compris.
M. VEZINA: C'est rectifié.
M. SAMSON: Si j'étais obligé de rectifier tout ce que le
ministre a dit de faux sur le discours que j'ai fait hier, il faudrait que j'en
fasse un autre. Comme ce serait trop long et que je veux, quand même,
collaborer aux travaux de la Chambre, je vais m'arrêter.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. SAMSON: Sur division, M. le Président.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LEVESQUE: Comité plénier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité. Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
Comité plénier
M. CARPENTIER (président du comité plénier): Bill
no 277. Article 1?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2?
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais lire l'article 2, comme
c'est un article très important, et je demande au ministre de bien
vouloir m'accorder son attention: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
délivrer des lettres patentes pour constituer en municipalité
toute partie du territoire du Québec qui n'est pas comprise dans une
municipalité de cité, de ville, de village ou de campagne et
où, de l'opinion du ministre, il ne serait pas souhaitable de
constituer, dans l'immédiat, une municipalité de ville ou de
campagne."
Comme le ministre a dit tantôt je voudrais que vous me
corrigiez si j'ai mal compris qu'il n'était pas question par ce
bill d'imposer quoi que ce soit, c'est-à-dire que ça devrait se
faire sur demande des populations concernées.
Est-ce qu'on ne pourrait pas retrouver à l'article 2 une
disposition qui nous dirait de façon assez précise que tout ceci
se fera à la demande de la majorité des personnes
concernées dans un territoire donné?
Est-ce que le ministre accepterait d'ajouter à l'article 2 des
dispositions qui nous donneraient certaines garanties, à savoir que dans
un territoire donné, si la majorité de la population est
d'accord, on procédera suivant les dispositions du bill 277 et si, par
contre, la majorité de la population concernée n'est pas
d'accord, on ne procédera pas suivant les dispositions de ce bill?
Est-ce que le ministre accepterait ça?
M. TESSIER: Non, M. le Président.
M. SAMSON: Cela veut dire que vous n'acceptez pas que ce soit aussi
libre que vous l'avez dit tout à l'heure.
M. TESSIER: Ce n'est pas ça. C'est que la majorité de la
population, ça veut dire tout simplement que ça va nous obliger
à faire une enquête. Il va falloir commencer par faire une
énumération de la population, un recensement et on ne veut pas
créer des dissensions inutiles. Je crois que lorsqu'un comité de
citoyens est formé parce que dans ces endroits-là,
ordinairement ça commence toujours ainsi et qui s'occupe de faire
signer une requête, d'adresser une demande, qu'il tient des
réunions, discute de l'opportunité ou non d'obtenir un statut de
municipalité et adresse une demande, c'est le devoir du ministre de
déléguer un fonctionnaire du ministère pour aller
rencontrer le comité de citoyens. Si, d'après le rapport qui lui
est soumis, il croit que c'est dans l'intérêt public de le faire,
c'est le devoir du ministre de soumettre un rapport au lieutenant- gouverneur
en conseil afin que des lettres patentes puissent être émises.
M. DEMERS: M. le Président, j'appuie le ministre dans cette
décision qui est sage, surtout dans la région où ça
va se produire. Pour prouver qu'ils sont ce qu'ils sont, ils pourraient faire
une campagne électorale là-dessus puis retarder le
développement de la région. Vous avez raison.
M. COITEUX: Ne votez pas pour ça.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député n'a pas demandé le droit de parole.
M. DEMERS: On la lui donne.
M. SAMSON: Comme ça doit se faire, M. le Président, je
vous demande le droit de parole. Est-ce que je peux l'avoir?
M. COITEUX: ... à chaque fois...
M. SAMSON: M. le Président, je pense que je suis d'accord avec le
ministre sur les bonnes intentions qu'il manifeste présentement. Si
ça doit se faire de cette façon, si, à la suite de la
demande du comité de citoyens on se rend sur place, on
délègue un fonctionnaire qui rencontre le comité de
citoyens, qui fait enquête et qui, par la suite, fait un rapport, nous
n'aurions rien contre ça.
Mais à quel moment, dans le bill, à quel endroit est-on
assuré qu'on pourra procéder de cette façon? A ce
moment-ci, je pense que je rencontre une opinion émise
dernièrement par le député de Chicoutimi qui disait qu'une
loi doit être faite tout comme si elle devait être appliquée
par le pire des hommes. Cela veut dire que la loi sera là, une fois que
le ministre sera parti. Elle sera là pour un autre. Le ministre nous
fait part de ses bonnes intentions, mais qui sera son successeur? On ne le sait
pas. Donc, nous devons avoir des garanties dans la loi et c'est à ce
moment-ci que je demande au ministre de nous donner des garanties de ce qu'il
vient de nous exposer.
M. le Président je veux que ce soit bien clair nous
serions d'accord sur cette procé-
dure à la condition que nous en ayons la garantie juridique.
M. TESSIER: M. le Président,...
M. DEMERS: J'ai une remarque à faire dans le même ordre
d'idée. C'est que je suis d'accord avec le député de
Rouyn-Noranda pour appliquer le principe du député de Chicoutimi
à l'effet que les lois doivent être faites comme si elles devaient
être appliquées par le pire des hommes. On a le pire actuellement,
alors laissons-la comme ça.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais tout de même, pour
clarifier ma réponse, expliquer que dans certains cas il serait
impossible de donner un statut de municipalité à certains
territoires. Nous avons le cas de Lebel-sur-Quévillon où il n'y
avait pas un seul résidant.
Nous avons le cas et cela va se produire de plus en plus avec les
découvertes de mines de la création d'un village minier
où, au tout début, sur la Côte-Nord dans le
Nouveau-Québec, il y aura la nécessité de donner une
certaine structure afin de mettre en place certains services essentiels avant
même que la population n'arrive. Evidemment, c'est une période
transitoire, c'est un statut temporaire en attendant qu'il y ait suffisamment
de population, qu'il y ait une organisation de mise sur pied. Par la suite, si
l'agglomération est suffisamment populeuse, il y aura lieu d'accorder
tout simplement un statut permanent de municipalité.
C'est pour cela que la loi prévoit qu'on peut donner un statut de
municipalité, en vertu du bill 277, sans qu'il n'y ait même aucun
résidant sur les lieux.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, puisque lorsqu'on vote un
projet de loi il faut en connaître la portée exacte, est-ce que le
ministre, qui aura le pouvoir par l'article 2 de former de telles
municipalités, peut nous donner un aperçu? Il a parlé de
Lebel-sur-Quévillon il a été longuement question de
certaines municipalités dans la région de Saguenay, mais est-ce
que cela s'applique sur tout le territoire québécois?
Est-ce que, dans l'extrême nord de la région, disons
Povungnituk et toutes ces municipalités qui, actuellement, à ma
connaissance, ne sont pas couvertes par le code municipal le seront?
UNE VOIX: Beaucoup moins à Montréal.
M. TESSIER: Est-ce que le député de Montcalm veut savoir
si ça s'applique à l'ensemble du territoire du Québec?
M. MASSE (Montcalm): Oui. Le territoire occupé
présentement par les Esquimaux, par exemple, est-ce que le ministre a
l'intention de se pencher sur ce problème-là et leur donner un
administrateur ou si c'est uniquement en fonction de certaines régions,
des découvertes forestières?
M. TESSIER: L'article 2 parle de toute partie du territoire du
Québec. Alors, c'est tout le territoire du Québec au complet.
M. MASSE (Montcalm): C'est justement ce que je voulais me faire
confirmer par le ministre. Partant de là, est-ce qu'il a l'intention de
se servir de ce projet de loi uniquement dans les régions qu'il a
mentionnées jusqu'à maintenant, particulièrement dans la
région de Saguenay ou de l'Abitibi, ou, au contraire, a-t-il l'intention
de former un groupe de travail à son ministère pour voir s'il n'y
aurait pas lieu d'organiser les territoires québécois où
habitent des centaines de citoyens, entre autres les Esquimaux qui sont 3,000
en gros et qui habitent certaines régions comme Povungnituk ou
Ivungnituk, enfin tout de coin-là?
Est-ce qu'il a l'intention de voir s'il n'y aurait pas lieu,
indépendamment de tout ce à quoi il a pensé jusqu'à
maintenant, de commencer dans ces régions un processus, même si
celui qui existe n'est pas tellement démocratique concernant les
comités locaux? Est-ce qu'il a l'intention de vérifier pour voir
s'il n'y aurait pas lieu de faire un premier pas, de nommer dans ces
régions-là un administrateur, d'habituer les gens, par un
comité local, à administrer leurs biens pour faire en sorte que
ces citoyens qui habitent dans le Grand-Nord québécois puissent
également profiter de la loi, non pas uniquement dire qu'elle s'applique
sur tout le territoire? En pratique, est-ce que le ministre a l'intention,
même s'il n'y a pas pensé jusqu'à maintenant,
d'étendre la loi à ses régions?
M. TESSIER: J'avoue bien franchement que nous n'avons pas
envisagé, au ministère des Affaires municipales, le Grand-Nord et
la partie habitée par les Esquimaux. Nous avons surtout
présenté ce projet de loi à la suite de plusieurs demandes
que nous avons eues. Le but principal de la loi est de satisfaire de nombreuses
demandes en suspens depuis longtemps.
Il y a des possibilités, évidemment, que l'on puisse
étendre éventuellement à d'autres territoires plus
éloignés les bienfaits de cette loi.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3, adopté.
Article 4?
M. TETRAULT: M. le Président, on dit à l'article 4 "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, par lettres patentes, modifier le
territoire de la municipalité en lui annexant tout autre territoire
contigu qui ne possède pas d'organisation municipale locale".
D'accord?
Le ministre, tout à l'heure, a soulevé le point
très intéressant d'une municipalité que j'aimerais donner
comme exemple, la municipalité de
Sullivan. Elle a fait une demande, en 1968, pour être
annexée à la ville de Val-d'Or ou être formée en
territoire.
Le ministre, avec cette loi no 277, se donne-t-il le pouvoir d'obliger
la ville de Val d'Or, située à trois milles de là,
à annexer Sullivan, et du même fait l'obliger, pour un cas
spécifique, à annexer Jacola qui est bâtie sur un cap de
roc où aucun service d'aqueduc et d'égout ne peut être
installé?
M. TESSIER: Ce n'est pas en vertu de cette loi là qu'on peut
annexer Sullivan à Val d'Or.
UNE VOIX: Etes-vous pour le bill?
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté. Article 5, adopté.
Article 6.
M. LESSARD: A l'article 6, M. le Président, nous avons
écouté...
M. TESSIER: M. le Président, à l'article 5, j'aurais une
proposition d'amendement, en insérant, à la deuxième
ligne, après le mot "municipal" les mots suivants: "ou par la Loi des
cités et villes, selon que le détermine le lieutenant-gouverneur
en conseil." On procède présentement à la distribution du
papillon.
M. PAUL: M. le Président, le ministre pourrait-il nous dire
pourquoi il modifie son propre texte? A-t-il une explication à nous
donner? Des représentations lui furent-elles faites? Dans quels cas
verrait-il plus avantageux qu'un territoire soit soumis à la Loi des
cités et villes plutôt qu'au code municipal?
M. TESSIER: C'est afin de donner la latitude de pouvoir procéder
en vertu d'une loi ou de l'autre, c'est-à-dire du code municipal ou de
la Loi des cités et villes, suivant les circonstances. Ainsi, s'il y
avait lieu, par exemple, de constituer en municipalité la
localité de Fermont qui est à établir la compagnie Quebec
Cartier Mining, au mont Wright, on appliquerait, dans ce cas-là, la Loi
des cités et villes vu qu'on est à créer un environnement
à caractère urbain. Par contre, dans d'autres circonstances
où l'agglomération est beaucoup moins nombreuse, on se servira
évidemment des dispositions du code municipal. C'est afin de pouvoir,
suivant les circonstances, opter entre l'une et l'autre des deux lois.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté tel qu'amendé?
M. SAMSON: J'aurais une question à poser au ministre.
Le ministre envisage-t-il aussi de se servir de la Loi des cités
et villes, comme exemple, sur le territoire nouveau que l'on ouvre
présentement qui est le vaste territoire de la Baie James?
Croyez-vous être obligé de vous servir aussi des
dispositions de l'article 5 tel qu'amendé dans ces cas là?
M. TESSIER: C'est déjà prévu par une autre loi.
UNE VOIX: La loi de la baie James en parle.
M. TESSIER: Il y a eu justement une loi je l'ai ici qui a
créé, c'est le bill 50, le territoire de la baie James, qui l'a
érigé en municipalité.
M. SAMSON: Elle n'est pas soustraite aux dispositions de...
M. TESSIER: C'est déjà érigé en
municipalité.
M. SAMSON: C'est correct.
M. TESSIER: Cela l'a été par une loi spéciale.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté tel qu'amendé. Article
6.
M. LESSARD: M. le Président, nous avons dit, à l'occasion
de la deuxième lecture, que nous étions d'accord sur le principe
de la loi qui concerne l'organisation de certains villages qui n'étaient
pas organisés actuellement. Cependant, nous avons dit que nous
étions d'accord mais non pas à n'importe quelle condition.
Les questions que j'ai surtout soulevées concernent la nomination
de l'administrateur, le rôle et les fonctions de cet
administrateur-là et la façon dont les administrés
pourront contrôler l'administrateur.
Je sais que le député de Duplessis a tenté de
répondre à nos inquiétudes à ce sujet, mais, pour
ma part, je ne crois pas qu'on ait véritablement répondu à
ces inquiétudes. Je sais même qu'au début, dans la
municipalité de la Basse-Côte-Nord, il y a eu des problèmes
concernant le premier administrateur. S'il doit y avoir une personne
nommée par le lieutenant-gouverneur en conseil pour administrer des
territoires non organisés, pour aller même imposer des
décisions, des réglementations à ces municipalités,
il me semble que les populations de ces municipalités ou de ces
territoires devraient, au moins, avoir voix au chapitre pour la nomination de
cet administrateur.
Je n'ai pas, pour ma part, de proposition à présenter
à ce sujet. Mais je voudrais demander au ministre si, actuellement,
étant donné l'expérience qu'on a eue dans le comté
de Duplessis, il existe des façons pour les administrés de
pouvoir avoir voix au chapitre pour la nomination. On sait, par un article qui
viendra plus tard, que l'administrateur aura le droit de veto sur les
comités locaux. Cela veut dire que les fonctions
de l'administrateur sont exactement celles d'un maire ou de tout autre
organisme municipal. Cet administrateur a exactement les mêmes pouvoirs,
mais est-ce qu'il a les mêmes responsabilités? Est-ce qu'il devra
rendre compte, annuellement ou tous les trois mois par exemple, de son
administration aux administrés?
Je voudrais que le ministre élabore et nous donne des
explications sur la façon dont sera nommé cet administrateur et,
surtout, sur la possibilité de consultation qui existera au niveau des
populations concernées, parce que ce sont elles qui auront à
subir un mauvais administrateur ou à avoir, comme le disait le
député de Duplessis tout à l'heure concernant la
Basse-Côte-Nord, un bon administrateur. Est-ce que ces
administrés, s'ils constatent que leur administrateur n'est pas
satisfaisant, ne fait pas un bon travail, pourront intervenir auprès du
ministre pour faire changer cet administrateur?
Alors, pouvoir de nomination, pouvoir de consultation, pouvoir
d'intervention et pouvoir de changer la décision du ministre, s'il y a
lieu.
M. TESSIER: M. le Président, pour répondre au premier
point à l'effet que c'est la population qui devrait choisir
l'administrateur, je dois dire deux choses. C'est que, dans la plupart des cas,
sauf exception, ce sera un fonctionnaire permanent du ministère des
Affaires municipales qui sera nommé administrateur. C'est ce qui existe
présentement. Il y a des administrateurs qui sont nommés, par
exemple, la nouvelle ville de Sainte-Scholastique, avec un adjoint. Il y a un
administrateur qui est nommé à Percé. Il y a un
administrateur qui est nommé à Gaspé, avec un adjoint. La
même chose pour la municipalité de la Basse-Côte-Nord, mais
on ne veut pas se limiter.
Il peut arriver que, dans certains cas, ce soit une personne autre,
temporairement, qu'un fonctionnaire si, au ministère, nous n'avons pas
le personnel disponible.
Deuxièmement, il va certainement arriver, très
fréquemment, qu'un seul administrateur aura à s'occuper de plus
d'une municipalité, peut-être cinq, six ou même dix
municipalités. Si, dans un certain territoire, il y a plusieurs
agglomérations non organisées qui se prévalent des
dispositions de la loi, si ce n'est pas trop considérable, pourquoi
avoir un administrateur? Pourquoi ne pas prendre un fonctionnaire et lui donner
la charge d'être l'administrateur de sept ou huit de ces territoires
organisés où il pourra faire une tournée, rencontrer le
comité des citoyens de chaque endroit? Il est évident,
d'après les dispositions de la loi, que l'administrateur doit être
en contact constant avec les comités de citoyens. Les comités de
citoyens, en somme, sont les conseillers, ils agissent comme conseillers de
l'administrateur. C'est ce que la loi prévoit.
M. LESSARD: Nous ne savons même pas s'il va y en avoir des
comités locaux, M. le Président. Dans la loi, on dit "peut".
M. TESSIER: Maintenant, si l'administrateur fait une erreur ou ne rend
pas une ordonnance qui est conforme, disons, aux désirs du comité
de citoyens, ce qui peut fort bien arriver, l'administrateur, comme
fonctionnaire ou en dehors de la Fonction publique, peut mal administrer. Or,
il est justement prévu le pouvoir de désaveu dans les six mois
par le ministre ou le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est l'article 9 qui
donne ce pouvoir. Alors, il est évident que, dans la pratique, si une
municipalité créée en vertu de ce projet de loi se plaint
du travail de l'administrateur au ministre des Affaires municipales, il sera du
devoir, à ce moment-là, du ministre de désavouer ces
décisions et d'ordonner même une enquête par la Commission
municipale et également, évidemment, s'il est prouvé qu'il
s'agit d'un personnage incompétent, de le remplacer. Il n'est pas
nommé à vie. Alors, le lieutenant-gouverneur en conseil pourra le
remplacer à n'importe quel moment s'il ne fait pas son devoir et s'il ne
donne pas satisfaction aux populations qu'il est chargé
d'administrer.
M. DEMERS: M. le Président, à l'article 6... Le ministre
vient de nous dire que l'administrateur devrait être un fonctionnaire. La
loi ne le spécifie pas.
M. TESSIER: A l'article 7, M. le Président, dernier
paragraphe.
M. DEMERS: C'est dit "pourrait". Mais si, un matin là je
comprends que nous avons un excellent ministre et tout le monde en parle
ou un soir il plaisait à un ministre de nommer une créature
politique, il n'y a rien dans la loi qui l'en empêcherait.
Y aurait-il possibilité d'inclure dans la loi l'obligation que le
conseil des ministres aurait de nommer un fonctionnaire?
M. TESSIER: C'est cela qui est important. Justement, vous venez de
corriger votre première phrase. C'est que ce n'est pas le ministre qui
le nomme.
M. DEMERS: Non, non. C'est le conseil des ministres.
M. TESSIER: C'est le conseil des ministres.
M. DEMERS: Quand les ministres sont un peu bas, c'est le conseil des
ministres.
M. TESSIER: Alors, ce n'est pas un individu. C'est le gouvernement qui
nomme l'administrateur.
M. LOUBIER: Le ministre, s'il me le permet, reconnaîtra facilement
que c'est le ministre des Affaires municipales qui recommande au conseil des
ministres...
M. TESSIER: D'accord. C'est normal.
M. LOUBIER: Je ne penserais pas que le gouvernement soit si à
court de problèmes qu'on puisse s'étendre pendant des heures
à discuter des capacités ou de la compétence de la
personne en question. Alors, comme question de fait pratico-pratique, c'est le
ministre des Affaires municipales. Et là, je ne fais pas
d'insinuations.
M. TESSIER: D'accord.
M. LOUBIER: Il fait la recommandation qui est ratifiée par le
conseil des ministres.
M. TESSIER: Ce qui est tout à fait normal, d'ailleurs. Comme je
l'ai dit, la population...
M. DEMERS: M. le Président, sur le même article.
M. TESSIER: ...les comités de citoyens ont toujours le recours,
s'ils ne sont pas satisfaits de l'administrateur, de s'en plaindre. Je crois
que si, à ce moment-là, le ministre des Affaires municipales ne
recommande pas au gouvernement de changer d'administrateur, il manque à
son devoir.
M. LOUBIER: Le ministre pourrait-il sans l'insérer parce
que ce serait un sacrilège à l'endroit de toute l'économie
de nos lois s'engager à ce que l'administrateur soit nommé
après consultation auprès d'un comité de citoyens ou
encore que les gens de la région puissent avoir un certain choix quant
au candidat qui pourrait éventuellement se présenter, sans que ce
soit une obligation inscrite dans un texte de loi?
M. TESSIER: Je pense que j'ai déjà répondu, M. le
Président, à cette question tout à l'heure, lorsque j'ai
dit qu'il y a bien des endroits où il n'y a pas de population.
Je voudrais également souligner que la nomination d'un
administrateur n'est pas faite uniquement dans le cas où on veut
créer une municipalité. C'est également dans le cas
où il y a lieu de liquider des biens. Je vous donne un exemple. En
Gaspésie, actuellement, il y a une douzaine d'endroits, de paroisses
religieuses où la population a été ou est en train
d'être relocalisée. Certains de ces endroits ne sont pas
érigés en municipalités. Ils sont érigés en
paroisses religieuses mais non pas en municipalités. Tout de même,
il existe encore là certains biens. Des comités de citoyens, dans
un cas que je connais, s'occupaient de l'entretien des chemins d'hiver. Ils
s'étaient procuré une charrue et une souffleuse à neige.
Aujourd'hui, il n'y a plus personne. Les biens sont encore là et il faut
les liquider.
Même s'il y a eu un conseil municipal, il n'y a pas eu
d'élection, parce qu'il n'y a plus personne pour élire un
conseil. Il n'y a ni maire, ni secrétaire-trésorier sur les
lieux. Il faudra nécessairement se prévaloir du présent
projet de loi pour nommer un administrateur qui, pendant quelques mois, va
s'occuper de liquider ce qui reste des biens de la municipalité. Mais on
ne peut pas demander qu'il y ait consultation; il n'y a plus rien, la paroisse
est vidée.
M. PAUL: A Saint-Jean-Vianney, là où il y a eu le
désastre, par exemple, l'administrateur aurait-il le pouvoir de liquider
les biens qui restent, s'il en reste?
M. TESSIER: Exactement. C'est pour couvrir aussi le cas de
Saint-Jean-Vianney.
M. PAUL: Très bien.
M. GAGNON: Simplement pour revenir sur ce que le ministre a dit
concernant les paroisses marginales où il y a eu relocalisation. Dans
les cas que je connais, l'ODEQ qui fait l'expropriation et qui paie tout,
s'empare de tout après.
M. TESSIER: Non.
M. GAGNON: Eglise, presbytère, école.
M. TESSIER: Je voudrais éclairer mon collègue et ami de
Gaspé-Nord.
M. DEMERS: Mais le ministre n'est pas spécialiste dans
l'ODEQ.
M. TESSIER: Je connais un peu l'affaire. UNE VOIX: Rien qu'un peu. M.
DEMERS: Ce n'est pas votre spécialité. M. LOUBIER: Le ministre
est honnête.
M. TESSIER: Je n'y ai pas été tellement longtemps, mais
j'y ai été tout de même pendant suffisamment de
temps...
UNE VOIX: Il a fallu aller chercher un gars de Joliette.
M. PAUL: Ils ont trouvé que vous y aviez été trop
longtemps.
M. TESSIER: ... pour savoir ce qui s'y passe. A l'ODEQ, on a
donné des primes de relocalisation, on a exproprié les
bâtiments, on a procédé au rachat de certaines terres, mais
on n'a pas touché aux biens mêmes de la corporation municipale.
Ces biens-là sont encore à être liquidés. Il y avait
donc une certaine urgence à adopter ce projet de loi pour pouvoir
procéder à la liquidation de certains de ces biens.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté?
M. LESSARD: Non, M. le Président. Cela ne veut pas dire que,
parce que ça va être un
fonctionnaire, la population va nécessairement être capable
de faire changer ce fonctionnaire-là, lorsqu'elle ne sera pas
satisfaite. Sans personnaliser, on peut donner des cas où la population
a tenté d'intervenir, de demander des enquêtes auprès du
gouvernement.
Le gouvernement n'a pas agi, puis il donne toujours raison à ses
fonctionnaires.
M. le Président, on pourrait continuer sur ça; je n'ai pas
l'intention de faire une lutte très longue, mais je pense que ce qu'on
fait là, c'est choisir l'option de la facilité. Etant
donné que ça poserait quelques problèmes d'aller consulter
la population, on dit: Cela serait trop compliqué.
M. TESSIER: Quand il n'y a pas de population, comment peut-elle
être consultée?
M. LESSARD: M. le Président, si on organise des
municipalités non organisées, c'est parce qu'elles existent ces
municipalités-là. Dans certaines régions elles n'existent
pas.
M. TESSIER : J'ai donné des exemples bien précis où
il n'y a pas de population. A Saint-Jean-Vianney, il n'y en a pas de
population; qui va-t-on consulter pour nommer l'administrateur qui va liquider
les biens à Saint-Jean-Vianney?
M. LESSARD: M. le Président, dans d'autres régions
données il y en a des populations. A Franquelin, il y a une population,
à Rivière-Pentecôte, à Sainte-Marguerite-Gallix il y
en a une. Elles ont pris graduellement l'habitude de s'administrer par
elles-mêmes, même si elles n'avaient pas les pouvoirs. Elles ont
pris l'habitude de la démocratie, M. le Président. Ayant pris
cette habitude, elles vont au moins tenter d'exiger du gouvernement que,
lorsqu'on en viendra à nommer un administrateur, elles soient au moins
consultées. On ne sait même pas pour combien de temps cet
administrateur va être nommé; pour combien de temps, M. le
Président, à vie?
On dit que le lieutenant-gouverneur peut changer l'administrateur, mais
de quelle façon? Alors l'administrateur n'est même pas
protégé, c'est-à-dire qu'on ne précise pas pour
combien de temps il est nommé.
M. TESSIER: C'est évident qu'il n'a aucune protection.
M. LESSARD: Aucune protection. Alors ça sera la créature
du gouvernement plutôt que de représenter les
intérêts des municipalités concernées; il saura
toujours que le gouvernement aura le droit, à n'importe quel temps, de
le faire disparaître.
M. TESSIER: C'est évident et c'est justement là qu'est la
protection pour la population. A titre d'exemple, il y avait un administrateur,
dans la municipalité de la Basse-Côte-Nord, et pour certaines
raisons l'administrateur, qui est un fonctionnaire, a demandé
d'être changé d'endroit. Nous avons agréé sa demande
et nous l'avons nommé administrateur à Gaspé.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre a parlé tout
à l'heure de comités locaux. On ne sait même pas si ces
comités locaux seront formés. Disons qu'on reviendra tout
à l'heure sur l'article 10.
Toutefois, lorsque l'administrateur sera désavoué par
l'ensemble des comités, par la majorité des comités locaux
de paroisse, il serait possible de prévoir dans la loi que cet
administrateur-là serait remplacé.
M. TESSIER: C'est le simple bon sens, M. le Président. On nomme
un administrateur pour rendre service à une population. Il est bien
clair que si, à un moment donné, une population ne s'entend pas,
s'il y a un conflit d'intérêts, un conflit de personnalités
entre l'administrateur et le comité local des citoyens, on va le
changer; c'est sûr et certain.
M. LESSARD: Ce sont de belles intentions qu'on a eues dans le
passé et qu'on a encore.
M. TESSIER: C'est de la pure administration de tous les jours. Lorsqu'un
fonctionnaire ne fait pas l'affaire à un poste, évidemment, on le
change de poste et on essaie de lui trouver un autre emploi où il peut
rendre service à la population, tout en évitant un conflit de
personnalités.
M. DEMERS: On le nomme dans les parcs, quand ça ne fait pas.
M. LESSARD: Quand on connaît...
M. DEMERS: On les envoie dans les parcs.
M. LESSARD: ... les opinions du ministre sur ce sujet, on peut
craindre.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8?
M. LESSARD: On ne peut pas soumettre la population à un
dictateur.
M. LE PRESIDENT: Adopté avec l'amendement. Article 8.
M. LESSARD: M. le Président, je vous rappelle qu'il est six
heures.
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté avec amendement. Article
9?
M. TESSIER: Adopté avec amendement. M. LE PRESIDENT: Oui. Article
10. M. TESSIER: Article 9, adopté.
M. LESSARD: M. le Président, à l'article 10 j'aurais un
amendement. Si on veut le passer. Au lieu de "doit", M. le
Président...
UNE VOIX: Il est six heures.
M. LESSARD: D'accord, il est six heures. A la prochaine séance,
je suis bien d'accord.
DES VOIX: Prochaine séance.
M. LR PRESIDENT: Avons-nous le consentement unanime de la Chambre pour
continuer?
DES VOIX: Non.
M. CARPENTIER (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité a
adopté des résolutions et qu'il demande la permission de
siéger à nouveau.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Ajournement
M. LEVESQUE: M. le Président, si je me le rappelle bien, nous
avions convenu qu'à la commission parlementaire de l'Education les
membres pourraient ajourner, de consentement, de jour en jour. Dans les
circonstances, je crois qu'il serait opportun, à ce moment-ci, de faire
une motion omnibus afin que l'on puisse changer, là même, les
membres de la commission selon les besoins et que ce privilège soit
accordé à chacun des groupements. Je fais cette motion-là
pour que, tant et aussi longtemps que l'étude du bill 28 se poursuivra
en commission parlementaire de l'Education, les divers groupes puissent changer
la composition de la commission, évidemment selon les proportions qui
s'y trouvent déjà.
M. SAMSON: A la commission même?
M. LEVESQUE: Oui parce qu'on ne revient pas toujours en Chambre. Je
pense que c'est hier qu'on a permis à la commission d'ajourner
d'elle-même. Alors, peut-être qu'ils vont ajourner à demain
matin et on ne reviendra pas en Chambre. Afin qu'il y ait plus de
flexibilité à la commission et qu'on puisse changer chacun des
membres de la commission selon les besoins, je fais une motion omnibus
applicable au bill 28 en commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, demain, nous continuerons, à
partir de quinze heures, l'étude du projet de loi en cours,
c'est-à-dire le projet de loi no 277. Par la suite, nous pourrons passer
avec diligence...
UNE VOIX: Vous êtes optimiste!
M. LEVESQUE: ...au projet de loi no 275, suivi de l'étude du
projet de loi no 93. Ensuite, selon les circonstances, nous prendrons l'un ou
l'autre des trois projets de loi suivants projet de loi no 86, projet de loi no
90 et projet de loi no 276, Loi favorisant le regroupement des
municipalités.
M. le Président, je propose...
M. PAUL: M. le Président, l'honorable leader du gouvernement ne
pourrait-il pas appeler un projet de loi fort litigieux en troisième
lecture, afin de le dégager du feuilleton? C'est l'article 22,
troisième lecture du projet de loi no 66.
M. LEVESQUE: J'ai eu le même désir que celui que vient
d'exprimer le député de Maskinongé, mais d'autre part le
ministre de la Justice m'a dit qu'il y avait quelques amendements mineurs et
qu'il pense pouvoir les apporter peut-être demain. Dès que les
amendements seront prêts, nous pourrons passer en troisième
lecture après l'avoir révoquée pour revenir en
comité plénier et retourner adopter la troisième
lecture.
M. PAUL: Est-ce que c'est la cour Suprême qui doit envoyer les
amendements?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas d'idée de la nature des amendements,
mais je crois qu'ils sont mineurs.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain, quinze heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain
après-midi, quinze heures.
M. LEVESQUE: Je voudrais rappeler aux membres de la Chambre qu'il y a la
commission parlementaire sur la réforme électorale, demain
matin.
(Fin de la séance à 18 h 5)