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(Dix heures trente-six minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que la semaine
prochaine, lorsque la commission parlementaire de la Justice siégera,
elle puisse siéger même si la Chambre est en séance.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LEVESQUE: M. le Président, article o )
Projet de loi no 275 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture du projet de loi intitulé Loi modifiant de
nouveau la loi de la Société d'habitation du Québec.
M. TESSIER: M. le Président, ce projet a pour objet de permettre
à la Société d'habitation du Québec, seule ou
conjointement avec une municipalité, d'accorder une subvention à
un propriétaire qui restaure un édifice résidentiel
situé en dehors d'une zone de rénovation pour le rendre conforme
aux normes d'occupation et d'entretien édictées par un
règlement de la société.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article p ).
Projet de loi no 280 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi intitulé Loi concernant le
paie- ment d'une indemnité et d'une pension à M. Armand
Courval.
M. CHOQUETTE: L'objet de ce projet est d'autoriser la ville de
Montréal à assurer à M. Armand Courval le paiement d'une
indemnité et d'une rente en raison du pardon qui lui a été
accordé par le gouverneur général du Canada.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. PAUL: Pour rester dans la logique des travaux du jour, est-ce que
l'honorable leader du gouvernement peut nous dire si ce projet de loi sera
déféré à la commission des bills privés et
des bills publics?
M. LEVESQUE: Le dernier? M. PAUL: Oui.
M. LEVESQUE: Il n'en était pas question. Est-ce qu'il y a des
raisons pour le faire?
M. PAUL: Je me demande à quoi va servir à l'avenir la
commission des bills privés et des bills publics. Je n'en ai pas contre
le principe d'une pension à M. Courval. Cela va nous donner quoi?
Surtout, c'est la ville de Montréal qui va être appelée
à lui payer une pension.
M. LEVESQUE: Je pense bien que cela a été fait avec le
concours de la ville de Montréal.
M. CHOQUETTE: Oui, M. le Président, la ville de Montréal
est intervenue directement pour que nous présentions ce projet de loi.
Maintenant, on comprend qu'à cause de toutes les
péripéties judiciaires dont M. Courval a été la
victime il est impérieux que l'Assemblée nationale donne
l'autorisation à la ville de faire le nécessaire
financièrement, quant à lui. Alors, je ne vois pas ce que le fait
de déférer ce projet de loi à la commission des bills
privés ajouterait dans les circonstances, à moins que le
député de Maskinongé n'ait des raisons
particulières d'insister pour que le bill actuel soit
déféré à la commission.
M. PAUL: M. le Président, c'est beaucoup plus le principe que
j'ai voulu soulever, mais, comme il semble que ce soit un geste
extrêmement humanitaire de la part de la ville de Montréal, nous
allons reprocher au gouvernement de ne pas avoir présenté ce
projet de loi plus tôt.
M. LE PRESIDENT: Déclarations ministérielles.
Travaux d'hiver
M. GARNEAU: M. le Président, je voudrais indiquer à cette
Chambre que le gouvernement du Québec a signé, avec le
gouvernement fédéral, l'entente concernant le prêt de $63
millions pour des travaux spéciaux durant l'hiver et, au cours des
prochains mois. Cette entente prévoit des prêts à des taux
d'intérêt correspondant à ceux que les provinces
reçoivent du plan de pension du Canada et elle prévoit
également que les trois quarts de l'argent qui sera
dépensé pour la main-d'oeuvre d'ici au 31 mai ne seront pas
remboursables.
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents. Questions des
députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Commission des valeurs mobilières
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au ministres
des Institutions financières. Des affirmations publiées dans le
Financial Post de Toronto du 27 novembre et reprises par des hommes d'affaires
influents au Québec comme au Canada sont à l'effet que la mafia
américaine se serait introduite soit à la Commission des valeurs
mobilières, soit à la Bourse canadienne et peut-être
même au ministère des Institutions financières.
Ma première question est la suivante: Le ministre a-t-il,
à ce jour, pris connaissance de ces affirmations qui ont perturbé
le monde de la Bourse et des affaires? Deuxièmement a-t-il
demandé une enquête spéciale, impartiale, pour
éclaircir les faits qui ont été apportés dans ces
déclarations? Troisièmement, le ministre, dans le même
ordre d'idée pourrait-il nous donner des éclaircissements quant
à l'enquête de la Bourse canadienne au sujet des transactions de
la Pan American Mines Limited, récemment suspendues. Et dont le
courtier, M. Harry Andrews, était également le président
de la Bourse canadienne?
M. TETLEY: M. le Président, je regrette que le chef de
l'Opposition ait été absent lorsque j'ai déjà
répondu à cette question la semaine dernière.
En effet, nous avons demandé une enquête conjointe avec le
ministère de la Justice et celui des Institutions financières. Je
crois qu'il a tort lorsqu'il parle de la pègre partout, parce qu'il n'y
a pas d'indice, aujourd'hui, que la pègre soit partout, surtout à
la commission ou au ministère. Il n'y a aucun rapport indiquant que la
pègre soit au ministère ou à la commission,
incidemment.
Aussitôt que nous aurons les renseignements, nous allons faire
rapport, comme je l'ai déjà dit en répondant à une
question d'un député du Parti québécois.
A la troisième question, j'ajoute que je ne mentionne aucun nom
parce que ce serait injuste. Personne n'est coupable avant d'être
trouvé coupable. Mentionner un nom serait donc injuste.
Je peux ajouter que la situation est importante mais pas grave. Le
Financial Post a mentionné plusieurs autres Bourses et juridictions hors
du Québec. Il n'a mentionné qu'un seul bureau de courtage ou
peut-être deux sur 70 à la Bourse canadienne et aucune maison
à la Bourse de Montréal.
Donc, je crois que le chef de l'Opposition a peut-être
gonflé un peu l'importance du problème.
M. LOUBIER: M. le Président, je pourrais évidemment
prétendre que le ministre veut me prêter des intentions ou des
sentiments de vouloir gonfler la chose, mais j'ai d'autres renseignements,
d'autant plus sérieux et d'autant plus intrigants que le ministre des
Institutions financières et c'est là que vient ma
question, rattachée toujours à ce problème dans un
communiqué qu'il a laissé émettre et sous sa
responsabilité...
M. LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît.
M. LOUBIER: ... vantait les mérites et également le
sérieux de l'exemple parfait de la Pan American Mines Limited comme
investisseur au Québec. Or, est-ce que le ministre, après
s'être engagé d'une façon aussi formelle par des
écrits pour vanter cette compagnie et après les
événements que l'on connaît, a l'intention d'ordonner
lui-même une enquête?
Autrement, je pense, ce serait assez tragique sa position comme
ministre.
M. TETLEY: M. le Président, je ne peux que répéter
que nous allons faire enquête sur toute compagnie et toute personne
mentionnées dans tout article. Mais je ne mentionnerai moi-même
aucun nom de compagnie.
Dans le cas de Pan American, il y avait une perte. Leurs parts ont
descendu énormément ce qui est la cause ordinairement de ce qu'on
appelle en anglais "a raid" de personnes de l'extérieur. C'est rarement
la faute de la compagnie. Mais je refuse de mentionner les noms de personnes et
des compagnies parce que ce serait injuste.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
ministre, afin de dissiper toute équivoque, toute confusion dans un
secteur aussi important, pourrait distinguer la politique du gouvernemnt en ce
qui concerne particulièrement le rapport Bouchard et l'action
menée par la Commission des valeurs mobiliè-
res, d'une part, et, d'autre part, l'enquête actuellement en cours
à la Bourse de Montréal et au ministère des Institutions
financières? Ceci, afin que l'opinion publique ne mélange pas les
deux problèmes comme cela est en train de se faire actuellement.
M. TETLEY: Je crois que c'est une bonne suggestion. Peut-être que
ce sera le sujet d'un avis public ou même d'une conférence de
presse. Mais n'oubliez pas que nos bourses et notre marché de capital
ont été en grave danger en 1968 d'être
transférés à Toronto. Les gens de la Bourse de
Montréal sont venus voir le premier ministre du temps, Daniel Johnson,
qui, avec l'aide des Bourses et de la Commission des valeurs mobilières,
a sauvé les Bourses pour Montréal. Chapeau bas à Daniel
Johnson. J'ai toute la correspondance sur cela.
Depuis ce temps-là, nous avons fait de grands progrès.
Lorsqu'une maison ou peut-être deux sont impliquées, dire que tout
le monde est en danger n'est pas vrai. Je crois que vous avez raison de noter
qu'il y a une grande différence entre le marché de capital qui a
été sauvé, qui est très sain et fort et certaines
personnes étrangères qui sont les sujets d'une enquête.
M. LOUBIER: A cause de la réponse du ministre, pourrais-je lui
demander si, le 23 novembre dernier, il a envoyé au moins un observateur
à l'enquête maison qui s'est faite à la Bourse canadienne
relativement au cas que je viens de citer?
M. TETLEY: Mais oui. Comme je l'ai dit ici, je crois, il y a une
semaine, en réponse à une question d'un député du
Parti québécois, l'enquête est menée par la Bourse
d'une certaine maison. Il y a une étroite coopération avec notre
ministère. En effet, les enquêteurs font rapport à la
Bourse et à nous-mêmes en même temps. Nos enquêteurs
travaillent main dans la main avec les leurs; autrement, il y aurait doublement
de travail.
M. LOUBIER: Il y avait un observateur du ministère ou du
gouvernement.
M. TETLEY: Plus qu'un observateur, M. le Président.
M. LOUBIER: Plus qu'un.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Fermeture du pavillon Claude
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
à l'honorable ministre des Affaires sociales. Selon nos informations, le
gouvernement s'apprêterait à fermer le pavillon Claude, de
Gatineau, le 8 décembre prochain. Evidemment, nous aimerions
connaître les rai- sons de cette fermeture, les raisons du transfert des
pensionnaires de cet endroit à un autre, soit à Aylmer.
Egalement, le ministre pourrait peut-être me dire s'il a l'intention de
déposer le document que j'ai demandé au feuilleton, le 25
novembre dernier.
M. CASTONGUAY: Oui, M. le Président, il est exact que c'est
l'intention du ministère de fermer le pavillon Claude qui est une
institution à but lucratif, ceci à la suite de nombreuses
plaintes reçues, entre autres, par les députés, membres de
votre parti, à Ottawa, d'associations de parents, etc. Ces plaintes nous
ont incités à aller faire des inspections plus poussées
à ce pavillon. C'est surtout à la suite des rapports reçus
par le personnel de la direction de l'accréditation que la
décision a été, premièrement, prise en juillet de
ne pas renouveler le permis et, finalement, de fermer ce pavillon.
Quant au dépôt de documents d'ailleurs, j'ai vu une
motion au feuilleton à ce sujet je ne crois pas qu'il soit,
à ce moment-ci à moins qu'on ne m'indique pour quels
motifs cela pourrait être utile dans l'intérêt public
de les déposer...
Je crois que les rapports de nos inspecteurs si nous
désirons qu'ils fassent leur travail correctement doivent
être protégés d'une certaine façon ou gardés
confidentiels. Pour contrecarrer la difficulté que pourrait
présenter cet aspect confidentiel des renseignements, nous proposons
d'ailleurs dans le projet de loi no 65 une certaine procédure pour les
appels faisant suite à des annulations de permis.
Si l'on m'indique quels pourraient être les motifs d'ordre public
qui pourraient justifier le dépôt de ce document, je pourrais
reconsidérer la question sur ce plan.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre est au courant qu'il y eut
dernièrement à Gatineau une assemblée publique de parents,
de personnes intéressées, de corps intermédiaires et
qu'à l'unanimité on réclame une enquête publique sur
cette question du pavillon Claude?
Est-ce que le ministre, s'il ne peut nous faire part du résultat
de l'enquête qui a été menée par les fonctionnaires
de son ministère, accepterait au moins d'ordonner une enquête
publique sur cette question afin que le public sache exactement ce qui en est
et qu'on n'ait pas la prétention de dire que dans cette histoire il y a
des priorités politiques?
M. CASTONGUAY: La question est très simple. Il n'y a aucun aspect
politique dans la question. Il y a des normes qui doivent être
respectées dans ces institutions pour la protection des enfants, pour la
protection des pensionnaires et c'est parce qu'on n'a pas respecté ces
normes que nous n'avons pas renouvelé le permis et que par la suite nous
avons décidé de fermer l'institution. Je ne vois pas encore ce
que pourrait révéler d'utile une autre enquête publique sur
ce plan.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, mais le ministre ne
semble pas vouloir répondre à mes questions.
M. CASTONGUAY: Bien, écoutez!
M. SAMSON: Quand on demande une enquête publique, c'est justement
parce qu'on ne peut connaître ni le contenu, ni le résultat de
l'enquête que vous avez fait faire par vos fonctionnaires. Et je pense
qu'il y a sûrement un danger d'injustice. Je me demande pourquoi le
gouvernement refuse de faire cette enquête publique s'il n'y a rien
à cacher ici. Qu'on nous donne une enquête publique.
M. CASTONGUAY: Je n'ai rien à cacher. Si le propriétaire
de l'institution subit un tort ou un préjudice, il a tous les recours
ordinaires devant les tribunaux et c'est là que la question sera
tranchée, à savoir s'il y a eu tort ou préjudice aux
propriétaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Regroupement municipal
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales.
Un journal du matin nous apprend que le ministre s'était confessé
encore une fois à un journaliste et qu'il lui avait fait part des
grandes lignes de sa politique de regroupement municipal destinée
à remplacer un livre blanc que le ministre n'endosse plus.
Ma première question est c'elle-ci. Est-ce qu'il faut accorder
foi à cette entrevue et aux déclarations du journaliste et, s'il
faut leur accorder foi, est-ce que le ministre pourrait enfin informer les
membres de cette Assemblée nationale des grandes lignes de sa politique
en ce qui concerne le regroupement municipal, en particulier pour l'île
de Montréal?
M. TESSIER: Comme presque toujours, les journalistes ont bien
rapporté mes propos. En effet...
M. DEMERS: Pour moi ce n'est pas ce que vous avez dit dans ce
cas-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TESSIER: ... il y a eu une entrevue à la demande d'un
journaliste du Devoir, qui m'a posé des questions sur les politiques
à venir au ministère des Affaires municipales. Je lui ai
exposé dans les grandes lignes ce que le ministère entrevoyait
pour les prochains mois, notamment qu'en ce qui concerne les communautés
urbaines il y avait lieu d'accorder une priorité pour regrouper les
municipalités à l'intérieur des trois communautés
existantes, dont en particulier celle de Montréal.
D'ailleurs, il n'y avait rien de nouveau dans cela puisque, le 18
août dernier, j'avais l'occasion d'assister à une réunion
du conseil de la Communauté urbaine de Montréal, à
l'hôtel de ville de Montréal, où j'avais fait une
déclaration identique. Pour préciser davantage, je pourrais
peut-être ajouter que je suis à mettre sur pied, au
ministère des Affaires municipales, un service d'étude qui
commencera d'ici une couple de semaines à faire des études au
sujet du regroupement dans les trois communautés existantes. Le mandat
sera que ces études devront être terminées dans un
délai de six mois, de manière que, pour la fin de 1972, nous
espérons en arriver à des solutions à ce sujet.
J'aurai l'occasion, probablement lundi prochain, de déposer un
projet de loi concernant les fusions ou le regroupement des
municipalités. Comme je l'ai déjà déclaré,
à cette Chambre, lors de la deuxième lecture de ce projet de loi,
je pourrai exposer beaucoup plus en détail la politique que le
ministère des Affaires municipales et le gouvernement entendent suivre
à ce sujet.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président: Etant
donné que le ministre a dit à ce journaliste que des
études n'avaient pas encore été effectuées en ce
qui concerne ce regroupement, peut-il nous dire sur quelle base il s'est
appuyé pour élaborer cette politique de regroupement?
M. TESSIER: C'est précisément parce que les études
n'ont pas encore été faites que je n'ai pas pu préciser le
nombre de villes qu'il y aurait après le regroupement.
J'ai dit qu'il devait y avoir regroupement, mais qu'on ne savait pas
encore si ce serait quatre, cinq, six ou sept villes. C'est seulement
après les études que nous le saurons. D'ailleurs, c'est ce que le
journal rapporte; pas le titre, mais l'article, si on le lit bien.
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président, au
ministre des Affaires municipales. Le projet de loi, dont le ministre parle et
qui sera dépossé la semaine prochaine, est-il le même que
celui dont son sous-ministre, M. Blier, a exposé les grandes lignes
à Sorel cette semaine? Ce projet de loi impliquerait une somme de $40
millions qui serait donnée aux municipalités qui voudraient bien,
avec ces sommes d'argent, se fusionner volontairement.
M. TESSIER: En effet, il est prévu, d'après les
études qui ont été faites, qu'il sera nécessaire de
donner, sous forme de subventions directes aux municipalités pour
favoriser le regroupement, une somme d'environ $40 millions sur une
période de dix ans.
M. PAUL: M. le Président, question additionnelle. Est-ce que le
ministre prétend que c'est décent, de la part d'un sous-ministre,
de
donner des informations contenues dans un projet de loi, avant que les
députés de cette Chambre en prennent connaissance par l'appel de
la première lecture?
M. TESSIER: M. le Président, j'ai eu l'occasion, à maintes
reprises, de parler du sujet. Je n'ai pas donné le détail du
projet de loi, mon sous-ministre, non plus. Nous avons donné des
principes que j'ai annoncés, la première fois, lors du
congrès de l'Union des conseils de comté, à
Sainte-Adèle, à la fin de septembre. Nous avons donné les
grands principes d'une politique, mais sans entrer dans les détails et
la technique du projet de loi dont l'Assemblée nationale sera la
première à être saisie.
M. PAUL: Question additionnelle, M. le Président. Le ministre n'a
jamais mentionné lui-même la somme de $40 millions?
M. TESSIER: M. le Président, non; c'est exact. J'ai
mentionné, à plusieurs reprises, que les subventions pourraient
aller jusqu'à $15 per capita. Evidemment, si on fait les calculs, avec
le nombre de municipalités qu'on envisage pour les fusions au cours des
dix prochaines années, on arrive à peu près à ce
montant-là. Evidemment, c'est bien aléatoire de dire que c'est
$40 millions exactement. Cela peut bien être $35 millions et ça
peut être $42 millions.
M. PAUL: Est-ce qu'il est anormal, pour un sous-ministre, de capitaliser
pour arriver au montant de $40 millions? Comme sous-question: Est-ce que le
ministre des Finances a été consulté au sujet de la
disponibilité d'un tel montant pour la réalisation du projet de
loi du ministre?
M. TESSIER: Evidemment, le ministre des Finances a été
consulté! D'ailleurs, les études ont été faites par
le ministère des Finances et par le ministre des Finances
lui-même.
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que ce montant de $40 millions dont il a été question
remplacera des subventions qui sont déjà versées par le
ministère des Affaires municipales?
M. TESSIER: Non, ça ne les remplacera pas; ça vient
s'ajouter aux subventions actuelles.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
Travaux d'hiver
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Concernant les travaux
d'hiver, il y a douze jours j'avais posé une question au ministre des
Finances pour préciser une déclaration au sujet des 30
mois-hommes-travail ou 30 jours-hommes-travail. Le ministre, après avoir
étudié le dos- sier, peut-il maintenant nous donner une
réponse pour informer cette Chambre?
M. GARNEAU: Comme je l'avais indiqué personnellement au
député de Mégantic, il s'agit bien de 30 jours-mois ou 30
hommes-mois... De toute façon, il faut que cela corresponde à de
l'emploi pour 30 hommes pendant un mois; ce peut donc être 60 hommes
pendant quinze jours ou l'inverse. C'est bien le sens de la
réglementation. Il y a eu des discussions avec les autorités
fédérales à ce sujet et il a été convenu de
ne pas modifier cette norme parce qu'autrement on morcellerait
énormément les projets et on compliquerait davantage
l'administration. D'ailleurs, l'objectif du programme est de créer des
emplois.
M. DUMONT: Question supplémentaire, M. le Président. Comme
le ministre est très fort avec les chiffres, pour l'information
générale du public, devons-nous conclure, même avec de
nouvelles négociations avec le fédéral, que tout projet de
$25,000 et plus est acceptable mais que tout projet de $25,000 et moins, les
municipalités ne peuvent pas en bénéficier?
M. GARNEAU: Cela dépend du nombre de personnes employées.
Cela ne correspond pas nécessairement à l'argent
dépensé. Un projet de $10,000 pourrait employer 30 personnes
pendant un mois et il sera acceptable si vous vous référez
à cette limite relativement au nombre de personnes employées.
M. DUMONT: Il faut payer les matériaux.
M. GAGNON: M. le Président, question supplémentaire. Je ne
sais pas si elle s'adresse au ministre des Finances ou au ministre des Affaires
municipales. Pourrait-on informer cette Chambre du nombre de projets de travaux
d'hiver qui ont été définitivement acceptés et dont
l'autorisation a été donnée aux municipalités?
M. TESSIER: M. le Président, je peux répondre à
cette question. Il y avait hier douze projets d'acceptés. Aujourd'hui,
je vais consacrer une bonne partie de l'après-midi à revoir
plusieurs douzaines de demandes. Je ne sais pas combien seront
acceptées, mais celles qui répondent aux normes,
évidemment, seront acceptées.
M. VINCENT: Combien y a-t-il d'argent pour réaliser les douze
projets?
M. GAGNON: Combien y a-t-il d'argent pour les douze projets qui ont
été acceptés? Quelles sont les sommes globales et combien
de projets ont été reçues aux Affaires municipales?
M. TESSIER: Je ne pourrais pas, M. le Président, répondre
à cette question d'une
manière précise mais si le député veut
l'inscrire au feuilleton, je pourrai lui fournir les détails.
M. GAGNON: Je vais attendre mardi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
Semences d'insémination
M. BELAND: L'honorable ministre de l'Agriculture pourrait-il nous faire
part de la décision qu'il a prise concernant les 300 producteurs
laitiers membres de la coopérative Eastern Breever Inc. de l'Ontario, au
sujet de l'approvisionnement de semences d'insémination au même
prix que leurs confrères producteurs laitiers du Québec qui
s'approvisionnent à Saint-Hyacinthe?
M. TOUPIN: M. le Président, je pense que le député
se réfère à l'application de la loi relative à
l'insémination artificielle dans la province de Québec. Cette loi
devrait normalement entrer en vigueur le 1er janvier si ma mémoire est
fidèle. A ce moment-là tous les agriculteurs du Québec
seront sur un pied d'égalité mais certains producteurs du secteur
anglophone peuvent être plus ou moins pénalisés, du moins
à première vue.
Présentement, nous analysons l'ensemble du problème; s'il
y a véritablement injustice, j'en discuterai avec mes collègues
et, s'il y a lieu, le gouvernement interviendra économiquement ou
autrement.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président. Etant
donné que la loi va être mise en application à partir du
1er janvier, est-ce que le ministre a l'intention d'y apporter des amendements
pour faire en sorte que ces producteurs laitiers puissent être
placés sur le même pied que les autres producteurs qui
s'approvisionnent à Saint-Hyacinthe?
M. TOUPIN: Non, M. le Président, il n'y a aucun amendement
à apporter. Précisément, ils ne sont pas
présentement sur le même pied. C'est en appliquant la loi que tous
le seront. Néanmoins, un certain nombre de cas pris en particulier
peuvent subir certains préjudices. Il y a tout au plus une dizaine de
producteurs peut-être. Pour bien expliquer toute la situation, il
faudrait donner toute la technique qui entoure le problème. Mais je puis
assurer le député que, si des producteurs subissent
préjudice, nous regarderons sérieusement le problème. S'il
y a lieu d'intervenir, nous interviendrons.
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président. Afin
d'éclaircir le problème...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Question supplémentaire. Est-ce que vous êtes au
courant que les 300 producteurs laitiers qui sont compris dans ces normes
devront payer environ $25 de plus par insémination?
M. TOUPIN: Ce n'est pas vrai, premièrement. C'est très
clair. Il s'agit de la semence d'un certain nombre de taureaux
certifiés, deux en particulier: un se trouve en Ontario et l'autre au
Québec. Ceux qui achètent la semence de ce taureau de l'Ontario,
présentement, la paient un peu moins cher que les gars de l'Ontario qui
achètent cette même semence. De telle sorte que le Centre
d'insémination de l'Ontario favorise les agriculteurs du Québec
alors qu'il ne favorise même pas les siens dans sa propre province.
Alors, ce n'est pas préjudiciable à ces producteurs, dans
le temps, qu'ils soient appelés à payer le même prix que
leurs confrères de l'Ontario. Mais il est possible, parce que cette
semence est de très grande qualité, qu'ils soient appelés
à payer un peu plus cher. Il faut quand même tenir pour acquis que
le Centre d'insémination du Québec peut leur offrir exactement la
même chose à des prix exactement égaux.
Il s'agit seulement d'unité. C'est très technique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! S'il s'agit
seulement de deux taureaux, je me demande comment on pourrait considérer
cela d'intérêt public.
M. VINCENT: Question supplémentaire pour corriger une impression
que le ministre a pu créer en répondant à la question. M.
le Président, on a parlé d'amendements à la loi. N'est-il
pas vrai que celle-ci a été votée en 1969 et que ce n'est
pas la loi qui entrera en application le 1er janvier 1972, mais plutôt
les règlements?
M. TOUPIN: Non, M. le Président. Ce ne sont pas les
règlements. La loi doit être promulguée par un
arrêté en conseil. Elle entrera en vigueur au moment où le
gouvernement la promulguera.
M. VINCENT: Question supplémentaire. Est-ce que le ministre
pourrait déposer les règlements? Est-ce qu'ils sont
approuvés?
M. TOUPIN: Oui, les règlements sont approuvés. Us
deviendront publics. La loi va s'appliquer à compter du 1er janvier.
Quand la loi s'appliquera, il s'agira de la lire et vous allez constater quels
seront les nouveaux règlements qui régiront l'ensemble de
l'insémination artificielle au Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. LOUBIER: Il faut prendre le taureau par les cornes. Les
règlements ne sont pas dans la loi, voyons!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Amendements au projet de loi no 28
M. CARDINAL: M. le Président, je suis heureux de saluer
l'entrée du ministre de l'Education, mon cher ami de Verchères,
et de lui poser une question. S'il ne peut pas y répondre,
peut-être que le leader parlementaire le pourra.
M. le Président, vous me permettrez de placer la question dans
son contexte. Nous sommes présentement dans un débat de
deuxième lecture du projet de loi no 28; est-ce que la nuit qui vient de
passer a permis au ministre de l'Education une réflexion suffisante et,
au gouvernement une action suffisante, pour nous dire à quel moment
exactement les fameux amendements dont les termes nous ont été
procurés seront livrés sous forme de papillons aux membres de
cette Assemblée nationale?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, tout dépend de la
rapidité avec laquelle le débat de deuxième lecture va se
poursuivre. J'ai mentionné et je suis surpris pour en avoir
discuté en particulier avec le membre du Parti québécois
que la déclaration ministérielle sur les amendements au
bill no 28 qui me semblait assez complète ne dit pas
exactement qu'à l'article 585 on va changer tel mot mais on donne,
très en détail, la position du gouvernement. Je ne comprends pas
que, dans l'esprit du député de Bagot ceci soit insuffisant et
lui permette de porter jugement sur le principe du projet de loi no 28, compte
tenu de ses amendements. Quant aux papillons, les juristes, comme je l'ai
expliqué, sont à en parachever la rédaction. Je la
soumettrai au conseil des ministres. H me sera possible de les donner au plus
tard, il me semble, mercredi prochain. Mais, comme je l'avais mentionné,
j'espérais le faire au début du comité plénier
lorsque nous étudierons le bill article par article et que là, la
rédaction finale ou la rédaction d'un article particulier peut
avoir sa véritable importance.
Mais ce dont je puis l'assurer, c'est que la déclaration
ministérielle se veut un reflet le plus fidèle possible
du type d'amendements faits par les juristes, car les juristes partent
de la déclaration ministérielle pour faire la rédaction
finale des articles.
M. CARDINAL: Question additionnelle, M. le Président. Le ministre
vient de répondre à ma question en ajoutant une opinion qui lui
est personnelle. En parlant de mon opinion aussi, est-ce que je dois comprendre
de sa réponse, très précisément, que ce n'est
qu'après le débat de deuxième lecture que les amendements
seront déposes? Est-ce que j'ai bien compris cela? Deuxièmement,
dois-je comprendre que les amendements ne sont pas encore rédigés
et que, par conséquent, le gouvernement ne s'est pas encore
prononcé?
M. SAINT-PIERRE: Non, je m'excuse. Le gouvernement s'est prononcé
sur un texte qui est une déclaration ministérielle et qui a la
valeur qu'il faut pour dire ce qui va survenir dans le projet de loi. J'ai
donné des exemples, hier, dans le débat. Je ne voudrais pas les
répéter ici. Lorsqu'on dit qu'on va nommer le président et
le vice-président pour un premier mandat, il me semble qu'il est clair
que nous sommes à amender la rédaction pour
réfléter ceci. H y en a six pages de ces types d'amendements qui
ont été mentionnés.
Pour répondre à la question, plus spécifiquement,
au moment donné, ce que j'ai dit, c'est qu'au plus tard, mercredi
prochain il me semble, nous serions en mesure de déposer les papillons.
Si le débat de deuxième lecture n'est pas parachevé, cela
veut dire que les papillons seraient distribués avant la fin du
débat de deuxième lecture. Mais je pense que les papillons
étaient destinés surtout à l'approbation, article par
article, du projet de loi en comité plénier.
M. LE PRESIDENT: Question additionnelle. Le député de
Richmond.
M. BROCHU: Question additionnelle, au leader parlementaire, M. le
Président. Etant donné que les amendements ont été
déposés hier en prenant les termes mêmes du ministre, sous
forme de thèmes, est-ce que ce serait l'intention du leader
parlementaire de tenter, dans ses procédures à l'avenir,
d'éviter de telles situations parce qu'à l'heure actuelle, en
deuxième lecture, nous discutons d'un bill dont certains amendements
sont précis et dont certains sont très imprécis? Cela
constitue une situation fort anormale.
Est-ce donc l'intention du leader parlementaire, à l'avenir, de
suivre un certain procédé précis pour faire en sorte qu'on
discute vraiment des projets de loi et non pas d'un projet de loi qui est
modifié sans qu'on sache ce qui s'en vient?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, avec la permission du leader,
je répondrai à la question. Je ne la comprends pas du tout parce
que, justement, si nous avions eu 50 heures de séances parlementaires et
si nous n'avions apporté aucun amendement au projet de loi no 28,
l'Opposition et peut-être avec exactitude aurait dit : Le
gouvernement se sert de sa majorité pour ne pas changer un iota afin
d'améliorer son projet de loi. Nous avons fait
50 heures de séances et après cela, on apporte une
série d'amendements qui, à notre sens, améliorent le
projet de loi. Et on nous en fait un reproche! Je ne comprends pas du tout la
logique de ce que vous soulevez. On a tenté de réfléter
l'opinion de la population que vous nous avez donnée hier soir, et
là, vous nous en faites un reproche. Toute personne qui peut lire les
déclarations ministérielles comprend très bien dans quel
sens nous voulons améliorer le projet de loi et dans quel sens nous
avons accepté d'amender le projet de loi.
M. PAUL: Question additionnelle.
M. BROCHU: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait, pour informer cette Chambre et clarifier cette
situation, nous faire la différence entre le thème
général d'un amendement et un amendement précis qui est
déposé?
M. VEILLEUX: Vous ne comprendriez pas plus!
M. BROCHU: Je pense que la différence est fort grande et
appréciable pour nos débats.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député a des doutes sur le
sens des amendements que le gouvernement entend apporter au projet de loi no
28? S'il a des doutes, est-ce qu'il peut me donner le type de doutes qu'il a
à l'esprit, compte tenu d'une déclaration de six pages?
M. PAUL: M. le Président,...
M. BROCHU: M. le Président, qu'est-ce qui empêche le
gouvernement de déposer les amendements normaux qu'il doit
déposer avant la deuxième lecture?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, nous avons terminé les
séances de la commission mardi dernier; mercredi, cela était au
conseil des ministres; jeudi matin, c'était au caucus libéral, et
la déclaration ministérielle est survenue quelques jours
après. Est-ce que cela n'est pas tenter de répondre à un
besoin qui avait été exprimé par l'Opposition même
qui disait: On est incapable d'avoir un bon discours de deuxième lecture
si on nous laisse sous-entendre qu'il y a des amendements qui s'en
viennent?
C'est donc pour répondre aux voeux de l'Opposition que nous avons
apporté ces amendements par voie de déclaration
ministérielle, après avoir eu le consentement du
député de Mégantic, le consentement du
député de Bagot et le consentement du député de
Saint-Jacques.
M. BROCHU: M. le Président, ne serait-il pas logique...
M. LE PRESIDENT: Nous avons terminé la période des
questions. Mais est-ce sur le même sujet?
M. BROCHU: Une dernière question sur le même sujet, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas que cela
dégénère en débat.
M. BROCHU: M. le Président, étant donné que le
ministre a laissé connaître les thèmes des amendements,
cela laisse supposer que les intentions fondamentales du gouvernement sont,
quand même, arrêtées à ce sujet. Je demande donc
simplement au ministre s'il est possible que nous connaissions, avant la fin de
la deuxième lecture, les amendements précis et non pas simplement
les thèmes généraux.
M. LEVESQUE: M. le Président, il me semble que le ministre a
été clair dans sa réponse. On a simplement dit qu'il
restait une question de rédaction, que les principes sont connus et que
les légistes qui préparent présentement les amendements
pour les mettre dans une forme législative suivent ce qui est contenu
dans les principes énoncés dans la déclaration
ministérielle du ministre de l'Education.
M. DUMONT: Une question de privilège, M. le Président. Je
veux rétablir les faits. Le ministre de l'Education a
déclaré que le député de Mégantic avait
donné son consentement. Le ministre, à ce moment-là, avait
bien dit qu'il déposerait les amendements. Le fait que les amendements
devaient être déposés était une des conditions pour
lesquelles j'ai accepté, au nom de mon parti.
M. LEVESQUE: M. le Président, il s'agit simplement d'une
façon d'interpréter. Les propos du député de
Mégantic sont à l'effet que les amendements seraient connus. Ils
le sont. Quant à savoir s'ils seront inclus dans un ou deux amendements,
à tel ou tel article, selon telle ou telle forme de rédaction,
c'est une autre chose. Je crois que ce qui est important, ce n'est pas
tellement le contenant que le contenu. Le contenu, M. le Président, est
su, connu et vu de tout le monde.
M. PAUL: M. le Président, une question additionnelle à
l'honorable leader du gouvernement. N'est-ce pas suivant l'économie du
droit parlementaire et la logique que les amendements soient
déposés, dans leur texte final, plutôt que de
procéder sur des thèmes imprécis qui peuvent
évoluer au fur et à mesure que le travail des légistes se
fait dans la rédaction du texte?
M. LEVESQUE: M. le Président, je réitère ce que je
viens de dire à la suite des propos du député de
Mégantic et de ceux du député de Richmond, à
l'adresse du député de Maskinongé. Le député
de Maskinongé a suffisamment d'expérience pour savoir et se
rappeler, d'ailleurs, que, dans la plupart des lois, les amendements sont
apportés au stade du comité plénier.
Je comprends que ces amendements sont importants, dans ce cas-ci, et
peuvent même affecter le principe du bill. C'est pourquoi la teneur de
ces amendements a été rendue publique avant même le
débat de deuxième lecture. Le ministre a mentionné tout
à l'heure, en répondant au député de Richmond, que
si, dans la déclaration ministérielle, il y avait encore une zone
grise ou des imprécisions quant à la teneur de ces amendements,
il lui ferait plaisir d'apporter des précisions additionnelles. Alors,
s'il y a des choses qui ne paraissent pas claires dans la déclaration
ministérielle, je suis convaincu que le ministre se fera un plaisir
d'informer l'honorable député.
M. PAUL: Une question additionnelle, M. le Président. L'honorable
leader du gouvernement, qui siège dans cette Assemblée depuis
1956, pourrait-il nous dire combien de fois il est arrivé qu'un
ministre, parrain d'un projet de loi, soit dans l'obligation, entre la
première et la deuxième lecture, de le soutenir d'une
déclaration ministérielle?
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est parce que le ministre de
l'Education a un grand sens de la démocratie. Il a voulu que ce projet
de loi soit d'abord soumis à la commission parlementaire de l'Education,
avant même d'en discuter en deuxième lecture. Il n'a voulu
soumettre aucun des membres de cette honorable Assemblée à cette
difficulté qui pourrait exister de discuter du principe d'un projet de
loi ou des nombreux principes qui peuvent s'y trouver sans avoir l'occasion
d'entendre les diverses parties, personnes ou institutions qui voulaient se
faire entendre.
Pendant 50 heures le ministre de l'Education a soumis son projet de loi
à la considération non seulement des membres de la commission de
l'Education, mais également de tous ceux qui voulaient venir se faire
entendre.
Par la suite, avec un grand sens démocratique, le ministre de
l'Education a poursuivi cette procédure et a ajouté une
déclaration ministérielle contenant les amendements auxquels il
est arrivé justement pour refléter davantage l'opinion publique,
l'opinion de ceux qui s'étaient fait entendre, l'opinion des membres de
la commission, déclaration ministérielle dans laquelle il a fait
connaître à cette Chambre avant même le débat
de deuxième lecture quelle était la teneur de ces
amendements qu'il demandait aux légistes de mettre dans une forme
législative. Comment pouvait-il agir avec un plus grand sens de la
démocratie?
Cela surprend peut-être certains membres de l'Opposition qui
n'étaient pas habitués à cette procédure. J'en
profite pour féliciter le ministre de l'Education de ce souci qu'il a de
bien renseigner les gens de l'Assemblée nationale et la population du
Québec, particulièrement les parents qui sont
intéressés au plus haut point à l'avenir de leurs enfants.
Voici ce qu'a fait le ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, question de privilège.
M. LE PRESIDENT: Question de privilège?
M. CARDINAL: Le leader parlementaire a dit dans ses affirmations des
choses que je ne nie pas. Il a peut-être oublié que le père
du projet de loi no 28 a été déféré à
la commission parlementaire très démocratiquement par ce qui est
aujourd'hui l'Opposition officielle, après la première
lecture.
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'ai pas voulu attaquer plus un
cardinal qu'un autre dignitaire.
M. DEMERS: Les évêques n'ont pas le droit d'attaquer les
cardinaux.
M. LEVESQUE: Et si j'ai pu le faire, je m'en excuse et j'inclus toutes
les autorités ecclésiastiques, sans oublier
l'évêque.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
Société de gestion
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre de l'ODEQ que je voyais
tout à l'heure. Il y a deux semaines, je posais au ministre responsable
de l'ODEQ une question portant sur l'établissement d'une
société de gestion dans le territoire, sa composition, ses modes
de financement et les sources de ce Parlement.
Est-ce que le ministre est maintenant en mesure de répondre
à cette question?
M. QUENNEVILLE: Effectivement, nous avons reçu une demande du CRD
de l'Est du Québec au sujet d'une société de gestion. Je
peux vous dire que cette entente a été soumise au comité
de liaison fédéral-provincial qui doit déposer mardi
prochain une contre-proposition.
M. LE PRESIDENT: Deux dernières courtes questions. Le
député de Témiscouata.
M. SIMARD (Témiscouata): Ma question s'adresse au ministre
responsable de l'ODEQ. Depuis qu'il est responsable de l'ODEQ, le ministre a
répété à plusieurs reprises qu'on pouvait
espérer avoir des déblocages. Est-ce qu'il serait en mesure de
nous dire si de nouveaux développements se sont produits ces jours-ci?
A-t-il des nouvelles fraîches à nous donner plus
spécialement pour le projet de Cabano ou pour tout autre projet
d'envergure, étant donné que la population se pose des questions
à ce temps-ci de la saison?
M. QUENNEVILLE: Je voudrais dire à l'honorable
député de Témiscouata que, dès le début de
la semaine prochaine, il sera le premier informé des travaux qui se
feront dans son comté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Est-ce que le gouvernement a pris attitude sur cette position
et sur cette contre-proposition? Quelle est la position que le gouvernement a
prise?
M. QUENNEVILLE: Elle sera dévoilée mardi.
M. DEMERS: Les 100,000 positions.
Usine Chemcell à Montmagny
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une question à poser au
ministre de l'Industrie et du Commerce. Je lui en avais donné
préavis il y a déjà quelques jours. S'il n'a pas les
renseignements ce matin, il en prendra un autre préavis. C'était
au sujet de l'industrie Chemcell. Le ministre de l'Expansion régionale a
annoncé qu'une nouvelle industrie, la Consolidated Textile, viendrait
s'installer à Montmagny. D'autre part, son ministère et ses
fonctionnaires ont été associés de très près
au problème du remplacement de l'usine Chemcell et il reste encore
d'autres projets ma question s'en vient, M. le Président
à l'étude auxquels est mêlée la
Société de développement industriel.
Est-ce que le ministre, sans dévoiler à ce moment-ci des
renseignements qui nuiraient aux discussions, pourrait nous faire rapport sur
l'intervention possible de la Société de développement
industriel dans la réalisation des autres projets qui restent à
venir?
M. LEVESQUE: M. le Président, l'on se rappelle que nous avions
tous été un peu secoués par cette nouvelle que Chemcell
fermait ses portes à Montmagny. Il y a quelques mois que l'annonce a
été faite et, depuis ce temps-là, avec la collaboration
des autorités locales, régionales, fédérales et
avec la collaboration également du secteur privé, le
ministère de l'Industrie et du Commerce s'est acharné à
trouver des solutions à cette situation qui pouvait être
désastreuse pour Montmagny et les environs.
J'ai eu l'occasion, d'ailleurs, de rencontrer le député de
Montmagny à ce sujet-là, et dans la question qu'il vient de
poser, il a eu cette précaution de me laisser une certaine latitude afin
de ne pas compromettre le succès de cette opération. Mais je dois
dire, pour répondre précisément à sa question, que
la Société de développement industriel est intervenue, de
concert avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, pour apporter
une assistance financière à la compagnie Consolidated Textile,
pour assurer le succès de l'opération.
Ceci doit être complété, afin d'en arriver à
un nombre d'emplois aussi près que possible de celui qui était
affecté par la décision de Chemcell. Ceci devrait être
suivi d'autres enten- tes avec d'autres compagnies. Je ne veux pas commencer
à comparer les compagnies, mais disons que ces sociétés
pourraient compléter, dans un avenir prochain, l'ensemble du projet. Le
député connaît d'ailleurs le nom de ces compagnies, je ne
crois pas qu'il soit d'intérêt public que je l'annonce à ce
moment-ci, mais il a lui-même annoncé dans sa question, il a
lui-même dévoilé le nom de Consolidated Textile, c'est
connu maintenant. D'ailleurs, la Société de développement
industriel a apporté une contribution majeure à cette
décision de cette société de s'établir à
Montmagny.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question. Le député
de Beauce.
Commission des comptes publics
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser au leader du gouvernement. Est-ce l'intention du leader du gouvernement
de prendre les dispositions qui s'imposent, afin qui soit convoquée la
commission des comptes publics dès le mois de janvier?
M. LEVESQUE: M. le Président, pour compléter la
réponse à la question du député de Montmagny, vous
savez, il arrive plus souvent que, des choses réglées, on n'en
parle pas, des choses qui vont bien on n'en parle pas. Je veux remercier le
député de Montmagny au moins de m'avoir donné l'occasion
de parler des bonnes choses que fait le ministère et la
Société de développement industriel. Je veux
également souligner que j'ai apprécié le
télégramme de félicitations du conseil de ville de
Montmagny.
C'est toujours un peu plus encourageant, quand on réussit comme
ça une affaire, d'en entendre parler de cette façon-là.
Alors, je remercie le député et je remercie le conseil de ville
de Montmagny.
Quant au député de Beauce, évidemment dans
l'euphorie du moment, j'ai oublié la question qu'il me posait.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je vais reformuler ma question.
Est-ce l'intention du leader du gouvernement de prendre les dispositions qui
s'imposent, afin que soit convoquée la commission des comptes publics
après les Fêtes?
M. LEVESQUE: Je ne vois pas l'opportunité de le faire.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai posé la question
précisément le 14 juillet 1971, à 11 h 32
précisément et j'ai demandé au ministre si le gouvernement
avait l'intention de convoquer la commission des comptes publics avant la
reprise de la session à l'automne. Le ministre nous a répondu
non. Mais j'ai posé comme question supplémentaire: Pour quelle
raison? Le leader du gouvernement nous a alors dit: Franchement je n'y avais
pas pensé.
Il s'est écoulé exactement cinq mois depuis cette date et
je me demande pourquoi, après deux ans d'administration libérale,
le gouvernement ne semble pas vouloir convoquer la commission des comptes
publics. Je demande au leader du gouvernement, s'il n'a pas l'intention de la
convoquer, de nous dire pourquoi.
M. LEVESQUE: Il faut bien comprendre ce que c'est. Premièrement,
les députés ont l'occasion régulièrement, dans
l'étude des crédits de chacun des ministères, de poser les
questions qu'ils veulent sur toute l'administration du gouvernement.
Deuxièmement, il y a maintenant la commission des engagements financiers
où tous les engagements du gouvernement sont venus à la loupe par
tous les partis représentés à l'Assemblée
nationale.
Combien de fois cette commission des comptes publics a-t-elle
été convoquée depuis 20 ou 30 ans? Il s'agit d'avoir des
cas qui justifient la convocation de la commission des comptes publics. Je
comprends qu'avec l'administration que nous connaissons aujourd'hui il n'y a
pas de cas qui justifient cette convocation.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pourrais informer
l'honorable leader du gouvernement que nous, du Ralliement créditiste,
exigeons que soit convoquée la commission des comptes publics parce que
nous avons des questions précises à poser et voulons aller dans
les détails.
M. LEVESQUE: M. le Président, je conseillerais au
député de Beauce de profiter de la période des questions
pour commencer à poser ce genre de question.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Présentation de mémoires aux commissions
parlementaires
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, en vertu de l'article
114, je voudrais porter à l'attention du leader parlementaire le
problème suivant: Par suite de l'adoption d'un nouveau règlement,
les organismes qui veulent se présenter devant les commissions
parlementaires, à la suite de l'avis, ont trente jours pour
déposer les mémoires.
Actuellement, on a devant une commission le code des professions et des
lois viennent s'ajouter pour chacune des professions. Pour les professions,
quelques-unes des lois ne sont pas encore déposées; entre autres,
les pharmaciens nous ont fait des représentations. Le premier ministre a
reçu un télégramme et nous, des copies où l'on
porte à notre attention que le délai de trente jours, pour faire
des représentations sur la Loi sur la pharmacie, rendra très
difficile le travail de cette corporation professionnelle. Aussi d'autres
projets de loi ne sont pas déposés, concernant entre autres les
agrono- mes, les ingénieurs, les arpenteurs, les comptables, etc. Je
voudrais demander au leader parlementaire s'il n'y aurait pas moyen d'adopter,
dans ce cas précis du code des professions et des lois connexes, un
accomodement qui va satisfaire tous ces groupes qui ont à
préparer des mémoires pour la commission parlementaire.
M. LEVESQUE: M. le Président, je sais que vous aurez probablement
quelques remarques à faire à ce sujet parce que vous-même
avez été peut-être à l'origine de toute cette
nouvelle réglementation. Je tiens à faire remarquer à
l'honorable député, premièrement, que quant à ces
lois qu'il a mentionnées, par exemple la Loi sur la pharmacie, les gens
qui ont des mémoires à présenter sont déjà
au courant qu'une Loi sur la pharmacie sera bientôt
déposée.
Deuxièmement, lorsqu'elle aura été
déposée, il faudra attendre qu'il y ait un avis dans la Gazette
officielle, ce qui veut dire une autre dizaine de jours après que la loi
aura été déposée. A partir de cette parution de
l'avis dans la Gazette officielle commencent à compter les 30 jours.
Nous avons cru, les leaders parlementaires réunis chez le
président d'ailleurs, il était question de 20 jours,
à ce moment-là, et nous avons porté le délai, si on
se rappelle bien, de 20 à 30 jours qu'avec les avis qui
paraissent au feuilleton présentement, plus les dix jours additionnels
pour la Gazette officielle, plus 30 jours, que cela donnait suffisamment de
temps aux organismes en général pour présenter un
mémoire sur un projet de loi donné.
Personnellement, quant à moi, je n'ai pas d'objection, pour ce
genre de loi-là, à soumettre la question au président, qui
pourra peut-être examiner la situation de nouveau.
D'un autre côté, il faut bien comprendre que le processus
législatif devra, après, continuer, car, si nous n'avions pas des
limites comme celles-là, peut-être que nos législations ne
pourraient pas passer.
M. LOUBIER: Si le leader parlementaire me le permet. Si je comprends
bien, la Loi sur la pharmacie, entre autres, n'est pas au feuilleton
actuellement.
M. LEVESQUE: Elle est au feuilleton, mais seulement en avis.
M. LOUBIER: C'est-à-dire qu'elle n'est pas imprimée, je
m'excuse.
M. LEVESQUE: Non.
M. LOUBIER: Donc, personne n'a pu en prendre connaissance. Même si
les gens ont été sensibilisés, ils peuvent difficilement
présenter un mémoire. Mais, si je comprends bien, ils auront un
délai de dix jours dès la parution dans la Gazette
officielle.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire que ça prend à peu
près dix jours entre le moment où la loi est
déposée et la parution de l'avis.
M. LOUBIER: Le délai pour remettre le mémoire compte
à partir de la parution dans la Gazette officielle pour un laps de temps
de 30 jours.
Actuellement, les pharmaciens n'ont pas à s'inquiéter
parce que, justement, la loi n'est pas déposée. Cela n'a pas paru
dans la Gazette officielle. Donc, ils ne sont aucunement
pénalisés et aucunement bousculés; ils ont le même
délai.
M. LEVESQUE: Exactement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous le permettez, M. le Président,
le problème qui se pose, c'est qu'ils ont aussi à déposer
un mémoire sur le code des professions. Ils ne peuvent pas
étudier le code des professions sans connaître la Loi sur la
pharmacie. C'est là que les délais compromettent l'étude.
C'est le même problème pour les autres professions. Alors, il y a
une question de concordance de législations.
M. LE PRESIDENT: Justement, hier, j'ai tenté d'entrer en
communications avec le Dr Roy, du Conseil interprofessionnel. Je n'ai pas pu
l'atteindre, mais je tenterai de nouveau de le faire aujourd'hui, parce qu'il y
a déjà eu de la correspondance avec le secrétariat
permanent des commissions. J'ai entendu dire que le Conseil interprofessionnel
désirait un délai de 90 jours. Maintenant, personne n'a
l'autorité d'accorder ces délais-là. Il faudra que les
leaders parlementaires de chaque parti soient consultés pour qu'il y ait
dispense ou prolongement, parce que ces délais de 30 jours sont
impératifs.
Actuellement, je compte entrer en communications avec toutes les
professions pour leur faire parvenir une copie du projet de loi et une copie de
nos règles de pratique. J'entrerai en communications avec les leaders
des partis pour savoir ce qu'ils désirent faire et s'il y a lieu
d'étendre ce délai, surtout dans l'étude de projets de loi
aussi importants.
Loi du Haut Commissariat à la jeunesse
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le leader parlementaire
pourrait-il, par la même occasion, nous informer si c'est l'intention du
ministre de l'Education de faire étudier par une commission le bill 278
ou s'il a l'intention, au contraire, de le présenter en deuxième
lecture avant Noël? Il s'agit de la Loi du Haut-Commissariat à la
jeunesse.
M. LEVESQUE: Non, il ne sera pas déféré à
une commission.
M. MASSE (Montcalm): Il ne sera pas déféré à
une commission. Il n'y aura pas de présenta- tion de mémoire
d'aucun organisme de loisirs, mais la loi sera-t-elle discutée avant
Noël?
M. SAINT-PIERRE: En principe, oui.
M. LOUBIER: Je m'excuse de revenir, mais, actuellement, les
ingénieurs et les pharmaciens, parce que leur loi spécifique
n'est pas déposée, sont-ils tenus de respecter les délais
en vertu du dépôt de la loi-cadre ou si les délais, pour
eux, ont trait à la loi spécifique qui sera
déposée, après sa parution dans la Gazette officielle?
M. LEVESQUE: Je ne sais pas, M. le Président, ce que vous en
pensez, mais, quant à moi, je serais d'accord pour que les
délais, et pour la loi-cadre, et pour leur loi spéciale soient
les mêmes. Autrement dit, pour les pharmaciens, vu que leur loi n'est pas
encore déposée, leurs représentations sur la loi-cadre
seraient prolongées jusqu'à l'expiration du délai qu'ils
ont quant à leur propre loi individuelle.
M. LOUBIER: Cela serait parfait, parce que ça leur permettrait de
se prononcer sur leur loi spécifique.
M. LEVESQUE: Et sur la loi-cadre. M. LOUBIER: Très bien. M. LE
PRESIDENT: Affaires du jour. M. LEVESQUE: Bill 28.
Projet de loi no 28 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre responsable de la qualité
de l'Environnement.
M. Victor C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne pourrais parler du projet de
loi no 28 sans rendre hommage à un homme qui, il y a vingt mois,
était un inconnu mais qui s'impose depuis par son
intégrité, sa franchise et sa patience.
Le député de Verchères s'est
révélé un des grands hommes de notre époque. Tout
le Québec lui témoigne son respect et son estime. J'entends dire
parfois, surtout en milieu anglophone: "Si Guy Saint-Pierre pouvait demeurer en
permanence ministre de l'Education, on ne craindrait pas le bill no 28."
M. le Président, on sait que les ministres passent et que les
lois demeurent et qu'il y aura à l'avenir, comme il y en a eu par le
passé, d'autres bons ministres de l'Education. Le projet de loi no 28
n'est ni l'idée, ni l'oeuvre d'un seul homme. S'il est devant nous
aujourd'hui, c'est parce que des milliers, probablement des millions de
personnes partagent la sincère détermination du ministre et du
gouver-
nement de bâtir, pour tous les Québécois, un
meilleur système d'éducation et, par le truchement de celui-ci,
un meilleur Québec.
Le projet de loi no 28 n'est pas parfait aux yeux de tous. Il est
impossible qu'il en soit autrement. La population montréalaise est
tellement variée qu'aucun projet de loi ne pourrait satisfaire
intégralement les désirs de tout le monde. Le bill no 28 se veut
un juste milieu entre les préoccupations linguistiques des uns et
confessionnelles des autres, entre la préservation absolue de
l'identité et la mise en commun des ressources et valeurs des divers
éléments qui composent le Québec.
A chacun donc de mettre possiblement un peu d'eau dans son vin, et de se
demander si un geste quelconque qu'il pourrait poser pour mettre en doute la
validité de cette loi, quoique parfaitement légale et même
légitime, serait un geste parfaitement responsable.
M. le Président, le 24 novembre, un professeur de droit de
l'université McGill, qui a aussi travaillé à Sherbrooke,
au Centre de recherches en aménagement régional, m'a écrit
une lettre. Je me permets d'en citer quelques phrases: "I recall once reading
of a psychological experiment in which boys at a camp were divided into two
groups of a dozen or so each. Rivalry and competition were promoted among them
to the point where they ate, slept and gathered totally apart. There was almost
no interaction among members of the two groups. This led to hostility, fights
and numerous associated problems. "The next step in the experiment was to stage
a series of incidents in which the boys were called upon to meet challenges,
for example, extricating a truck from the mud or repairing the water system, in
which neither team alone could carry out the tasks. It was found that after a
time the major loyalties of the boys began to shift from their rival groups to
the common challenges that were put to them. Ultimately, they became a single
integrated team working in close co-operation to accomplish what was demanded
of them."
Mr. Speaker, I have been five and a half years a public servant, and for
seventeen and a half years before that I was another kind of public servant, a
practising physician. Throughout those years, I have adopted a basic principle,
which is that one should approach the solution of a problem in terms of the end
result one hopes to achieve.
I think that the quotation which I have just read from the letter of
Professor Lyon gives an indication of the kind of end result that I would hope
to achieve.
There are some people in this province who feel that I have not been
sufficiently vocal and aggressive in the defense of the rights of
English-speaking people. Mr. Speaker, I have tried to be the agent of
understanding and communication. I refuse to be the agent of conflict. I refuse
to contribute to the poisoning of relationships between our two groups. There
are rights to be defended, I stand squarely for them. The right to use the
English language in this province is an inalienable right, and I will not see
it set aside. I feel that I serve it not only when I speak English, but also
when I speak French.
The right to have English schools: Bill 28 preserves them, and provides
administrators to run them. The right to have English taught in all our
schools: this is not only a right but a necessity. We are part of the North
American economy, and it cannot be otherwise.
There is, however, Mr. Speaker, a subtle but important difference
between the right to use English and the right not to use French.
The right that needs to be defended more than any other is the
right to full participation in Quebec which is more than just the right
to simultaneous translation.
It is possible to live entirely in English in Quebec. It will probably
continue to be possible to do so. But I do not consider that it is really
possible to participate fully in Quebec in English alone, just as I do not
believe it is possible to participate fully in North America in French
alone.
Most of those people, probably all of them, who wish the rights of the
English defended say at the same time: We want one Canada. I want one Canada,
Mr. Speaker, but I do not want two Quebecs: one English and one French.
I support Bill 28, knowing full well that it does not satisfy everyone,
because I believe that two Quebecs cannot survive, and with them one Canada.
There are people who write to me or talk to me and say, in English: I am going
to move to Cornwall or Hawskesbury, to Toronto or Vancouver.
I wonder if they understand, Mr. Speaker, that they can do that,
but the French-Canadian cannot. It is here that he must make his stand
not in France or Algeria, not in St-Boniface or Maillardville, not in
Saint-Pierre or Miquelon: it is here, in Quebec. What does Quebec want? What
does French Canada want? Ontario said it for us at Expo 67: A place to stand
and a place to grow.
Mr. Speaker, 212 years ago, just across the street, events took place
which changed the course of History in this province and this country. I say to
you with the poet Longfellow, "Let the dead past bury its dead." The
battle-field of the Plaines of Abraham is now a part. Let the battlefield of
Bill 28 be the ground on which we build not only a better educational system
but a means of living together and working together, to a common purpose and
towards a common future.
Mr. Speaker, I shall repeat what I said on a recent occasion: The choice
before us is simple and clear:
Either we are neighbours, living side by side in two separate houses, or
we are members of the same family, living together under the same
roof. Ou nous sommes des voisins, habitant deux maisons l'une à
côté de l'autre, ou bien nous sommes membres de la même
famille, habitant la même maison.
M. le Président, c'est dans cette maison que, moi, je veux
habiter. C'est à cette maison que j'invite tous les
Québécois.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Mégantic.
M. Bernard Dumont
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Je rends d'abord hommage,
avant d'énoncer les remarques de mon discours, au ministre de
l'Environnement pour son appel à la bonne entente et à la
cordialité. Nous espérons qu'également, après les
remarques que nous ferons, il transmettra au cabinet des ministres les
pensées et les paroles de l'Opposition, qui sont aussi, du moins celles
de notre parti, des pensées et des paroles venant du peuple, parfois un
peu plus éloigné de Montréal, d'une population qui, aussi,
aime à faire entendre sa voix par ses représentants, que nous
sommes, des comtés ruraux ou semi-ruraux, une population qui a, elle
aussi, des problèmes très graves à régler, surtout
en ce qui concerne ce bill 28.
M. le Président, en présence de ce projet de loi no 28,
Loi de la restructuration scolaire sur l'île de Montréal, qu'on
veut étendre, selon le dire du ministre, plus tard à toute la
province, je pense qu'il est normal, après les protestations que nous
avons déjà faites au sujet du bill 27, qu'on écoute aussi
avec attention les recommandations que nous avons à faire, et qui ont
déjà été faites par des membres de notre parti,
afin d'éviter les erreurs monumentales que le gouvernement serait le
premier à regretter.
Considérant la quantité de mémoires de protestation
que nous avons lus et entendus en commission, nous pouvons dire, M. le
Président, à juste titre, que ce bill est impopulaire. C'est une
expérience-pilote qu'on veut tenter dans Montréal en 1975 mais
qu'on étendra, comme je l'ai dit tout à l'heure, à toute
la province par la suite.
Si, autrefois, Maurice Duplessis rendait ses lois rétroactives,
aujourd'hui l'administration du Québec les rend retardataires: une loi
est sanctionnée en 1971 pour être appliquée en 1975. Il est
vrai, M. le Président, qu'il faut se douter qu'il y a sans doute
anguille sous roche car il n'y a aucun doute que le gouvernement camoufle ses
véritables intentions. D'ailleurs, dans la déclaration du
ministre de l'Education, où, en même temps, nous attendions le
dépôt des amendements, déclaration en date du 1er
décembre, on peut y trouver cette perle: "Appliquer, à partir du
1er juillet 1973, des sections de la loi portant sur la taxation et le
financement".
Voilà, M. le Président, les véritables intentions
du gouvernement. Le projet de loi est aujourd'hui adopté, il sera
appliqué en 1975 mais, en 1973, nous serons taxés. C'est
là la véritable intention et le pourquoi de l'urgence que le
ministre semble avoir, de faire adopter cette loi avant la fin de
l'année.
D'ailleurs, comme on l'a souligné tout à l'heure lors de
discussions, si les amendements n'étaient pas prêts, pourquoi
n'avons-nous pas attendu à mardi prochain, afin d'avoir ces amendements
avec précision? Mais non. Dans la hâte de faire adopter ce projet,
sachant d'avance que nous aurions de sérieuses objections à
apporter, on a voulu commencer les discussions, même si les
députés de cette Chambre n'ont pas les informations requises.
Même encore à ce jour, nous recevons des télégrammes
et des téléphones de gens intéressés à
connaître ces amendements précis.
Tous sont obligés de s'en remettre à la déclaration
de bonnes intentions que le ministre a faite le 1er décembre.
Le ministre veut mettre en application par l'entremise de son
ministère, car on sait qu'il est surtout obligé ou poussé
à le faire ce projet de loi, malgré son
impopularité, malgré les objections sérieuses que nous
avons exprimées et que le public en général a
exprimées. Nous le répétons, c'est une aventure
administrative dont les résultats sont douteux, sauf dans le cas de la
taxation où les contribuables sont certains qu'au 1er juillet 1973 ils
subiront des augmentations de leurs comptes de taxes.
Nous sommes contre ce projet de loi, car actuellement la majorité
silencieuse n'en veut pas. Parce que nous l'avons consultée, parce que
nous sommes avec le peuple et parce qu'il n'y a qu'une simple minorité
tapageuse qui veut vendre ce produit ou, si vous aimez mieux, qui veut
l'imposer démocratiquement, nous disons au ministre qu'il fait erreur
d'écouter cette minorité tapageuse qui veut l'obliger à
poser un geste qui, à mon sens, est aussi beaucoup trop rapide.
Le ministre a déclaré qu'il veut donner une fonction plus
importante à la confessionnalité. Pourtant, dans sa
déclaration, on se rend compte que le tout ne demeure que dans la
consultation. Aucun droit de décision n'est accordé aux parents.
C'est pourquoi, même avec ces supposés amendements que nous
espérons recevoir bientôt, nous sommes obligés d'être
contre ce projet de loi no 28, qui est, je le répète, une erreur
administrative. Le gouvernement actuel sera le premier à le
regretter.
Plus que jamais j'en ai l'absolue conviction le monde
scolaire a besoin de personnes qui peuvent susciter des réflexions et
provoquer, par le fait même, un art de vivre et de penser inspiré
du message chrétien. Si nous tenons à l'école
chrétienne, c'est parce que nous pensons que nous formons là un
type d'hommes dont la société d'aujourd'hui va avoir
particulièrement besoin.
Hier, le chef du Ralliement créditiste, le député
de Rouyn-Noranda, a très bien situé le
problème en disant que les membres de cette Assemblée
nationale ont été préparés par ce système
confessionnel que nous avions. Pourtant, les gens se vantent je suis
d'accord avec tous ceux qui se réclament d'être des
compétences d'être de bons administrateurs et disent qu'ils
veulent conduire la province de Québec à bon port.
Nous n'avons pas un esprit de sectarisme, mais nous avons, au contraire,
une confiance profonde dans la valeur chrétienne. C'est pourquoi nous
trouvons les amendements apportés ou les supposés amendements
trop tièdes, constatant que le tout n'apporte des droits qu'à la
consultation, mais rien au sens des décisions. D'ailleurs, cette
précision que nous n'avons pas ne prête que des bonnes intentions
au ministre et nous aimerions immédiatement le voir faire ce
dépôt d'amendements qu'il doit apporter pour que nous puissions
discuter en connaissance de cause.
On parle souvent de cette majorité silencieuse, et, quand elle
agit parce que nous allons la consulter on s'en balance et on
relègue au second rang les parents en face même de cette
monstruosité qu'est le bill 28 par les articles que nous y
découvrons.
Ces droits des parents pour leurs enfants sont admis en principe, mais
jamais dans les faits. Ici, je voudrais citer un exemple assez sérieux
de ces droits que parfois il faut défendre jusque devant les tribunaux,
si nécessaire.
Je raconte un fait qui s'est déroulé un peu loin d'ici,
mais qui démontre évidemment qu'il y a aussi, dans certains pays,
des gens courageux. Lors d'une crise sérieuse concernant les
écoles privées à Bombay, en Inde, l'Etat revendiquait le
droit d'arrêter le choix de l'école pour un élève.
Un père de famille courageux porta cette question touchant un droit
fondamental devant les tribunaux.
Les juges allèrent jusque devant la cour Suprême à
Delhi, il gagna sa cause, son avocat ayant surtout fait valoir, jamais encore
invoqué dans un tribunal, que les parents ont le droit de choisir, pour
leurs enfants, le type d'éducation qu'ils préfèrent. Et
cette argumentation, M. le Président, trouvait appui dans un principe
introduit dans un document officiel de l'Office international de l'enseignement
catholique à Genève.
Si des pays comme les Indes peuvent nous donner des exemples de la
liberté des parents de faire instruire leurs enfants de la façon
qu'ils le désirent, je pense que dans ce Québec qui se veut
être l'exemple dans le monde de bien agir, de bien faire, nous devrions
suivre ces exemples. Ce principe, M. le Président, constitue un point de
référence, symbole de liberté qui assure selon cette
déclaration que nous avons eue de l'Office international de
l'enseignement catholique à Genève, qui assure, dis-je, aux
écoles catholiques une protection légale.
Constatant ce succès obtenu dans ce pays lointain, j'ose
espérer qu'une association don- née, dans le Québec,
pourra entreprendre devant les tribunaux semblables contestations, pour que le
ministère retire le projet de loi, car la neutralité, qui a
été hier bien définie et que nous y trouvons, nous prouve
que le tout ne sera qu'une expérience tentée sur l'île de
Montréal pour développer des cadres et pour mettre en danger le
constant de la moralité et l'avenir de notre civilisation.
M. le Président, les civilisations qui meurent ne peuvent
ressusciter. Et je sais que le gouvernement a assez de difficultés
à administrer, à l'heure actuelle, qu'il ne devrait pas nous
apporter un bill si incohérent, tant discuté. Pourtant il sera en
vigueur aujourd'hui, appliqué en 1975 et nous serons taxés en
1973.
M. le Président, je voudrais ici citer une lettre dont le chef du
Ralliement créditiste a parlé hier, mais en deuxième
partie, je voudrais citer la première partie. C'est une lettre qui a
été envoyée au premier ministre et au ministre de
l'Education. Elle est datée du 8 octobre et elle est de M. Maurice
Frenette. Là je veux faire une contestation vis-à-vis de certains
mémoires qui peuvent être lus et entendus, et je prendrai sa
déclaration pour prouver que, parfois, même si on prétend
permettre aux gens de s'exprimer, tel n'est pas toujours le cas.
Il disait, dans sa lettre qu'il a envoyée au premier ministre et
au ministre de l'Education: "Pour certains groupements qui ont pris la peine
d'étudier sérieusement le bill 28, de consulter d'autres
associations ou des personnes plus renseignées, de rédiger un
mémoire et de dépenser leur temps, leur énergie et leurs
finances, leur présence devant la commission parlementaire a
été beaucoup plus un affrontement difficile qu'un échange
d'idées et d'information pour le bien général. "Cet
affrontement disait-il m'a laissé l'impression
pénible que le gouvernement et au moins deux partis de l'Opposition sont
résolus à adopter le bill no 28 coûte que coûte, et
que les sessions de la commission parlementaire sont un leurre et une farce
monumentale." C'est la déclaration de M. Maurice Frenette qui, avec son
association, était venu déposer un mémoire et il a
constaté que justement cette voix de la majorité silencieuse qui,
parfois, devrait être entendue ne l'a pas été, comme il l'a
souligné.
M. le Président, je voudrais de plus, à la suite des
protestations sérieuses que nous logeons, vous faire part de
résolutions qui ont été adoptées et qui devraient
être incluses aux amendements qui doivent nous être
présentés pour permettre de faire entendre la voix des parents,
puisque cette assemblée s'est tenue justement à Montréal,
une assemblée du 17 octobre sur ce fameux bill no 28. Et par vote
à l'assemblée sur les huit recommandations suivantes que nous
faisons, dont nous prenons la défense, je veux les citer textuellement,
parce qu'elles ont été adoptées. C'est un désir par
le fait même de la population.
Première recommandation: Que les onze
divisions territoriales décrites à l'annexe du projet de
loi no 28 soient érigées en municipalités scolaires comme
territoire de juridiction de onze commissions scolaires catholiques dont les
membres seront élus par les parents et les contribuables qui, au cours
de recensements périodiques, auront opté pour l'école
catholique. Une abstention à la suite de l'adoption de cette
recommandation.
Deuxièmement, nous recommandons, disaient les parents, que la
population qui opte pour des écoles autres que catholiques soit
consultée sur les cadres juridiques des écoles de son choix.
Adopté, deux abstentions seulement.
Troisièmement, nous recommandons que la loi garantisse à
tous les parents la liberté d'inscrire leurs enfants au système
catholique ou à un autre système sans aucune limitation ni
pénalité d'ordre financier. Adopté unanimement.
Quatrièmement, il était recommandé que le Conseil
scolaire de l'île de Montréal soit formé uniquement des
délégués des commissions scolaires de l'île.
Adopté, deux votes contre et deux abstentions.
Cinquièmement, nous recommandons que le président et le
vice-président, comme les autres membres de l'exécutif de ce
conseil, soient élus par les délégués des
commissions scolaires de l'île.
Sixièmement, nous recommandons que le seul mandat légal du
Conseil scolaire de l'île de Montréal soit: a) d'étudier
les budgets des commissions scolaires de l'île; b)d'établir un
budget global qui sera présenté au ministre pour approbation
finale et, c) de fixer les taux annuels de taxation en fonction de ce budget.
Adopté, unanimité complète.
Septièmement, il était recommandé que toute autre
fonction du conseil de l'île qui lui serait confiée par ses
membres exige le consentement de chacune des commissions scolaires et
l'approbation du ministre. Adopté à l'unanimité
complète.
Huitièmement, il était recommandé que le ministre
de l'Education, en collaboration avec l'autorité religieuse et les
universités, assure le maintien et la promotion d'institutions
spécialement chargées de la formation chrétienne des
maîtres en fonction des besoins des écoles catholiques. Là
aussi, adopté à l'unanimité complète.
En présence de ces résolutions présentées
par les parents, en présence de projets de loi qui ont parfois
été présentés malgré, parfois, les
bonnes intentions de certains ministres qui sont toujours poussés vers
plus de centralisation je voudrais ici faire part à la Chambre de
l'effet d'un bill qui a déjà apporté beaucoup de confusion
et beaucoup de discussions. Je suis persuadé qu'à la suite de ce
bill 27 qui a été adopté, de ce bill 28 qui arrive,
l'effet que nous ressentons déjà, est cité dans une lettre
adressée au journal
Plein Jour, lettre par le fait même adressée au ministre
Guy St-Pierre, le 5 octobre 1971, qui disait: "Lorsque vous ferez partie de la
régionale des Bois-Francs, ce sera sans condition." Cet avertissement
qu'avait donné le président de cette régionale aux
commissions et aux parents de la région est vite devenu une
réalité avec l'adoption du bill 27. Si cela est vrai pour le bill
27, cela deviendra très vrai pour le bill 28.
C'est ce qui nous inquiète, surtout quand le ministre dit
qu'après l'avoir appliqué dans Montréal, on
l'étendra à toute la province. On continuait, dans cette lettre,
en disant: "Ce qui a pour effet d'obliger la commission scolaire de Ham-Nord,
dans le comté de Wolfe, à se fusionner à la
régionale des Bois-Francs." Désormais donc, à cause de
cette fusion, les enfants de cette municipalité devront faire
quotidiennement jusqu'à 60 milles en autobus pour se rendre à
l'école. On peut, devant ces faits, s'interroger sur le sens que donnent
certains planificateurs à l'expression "accessibilité de tous
à l'éducation".
Face à une telle situation, les commissaires de la commission
scolaire de Ham-Nord ont décidé d'en appeler au ministre de
l'Education. Nous reproduisons le texte de la lettre dans laquelle ils exposent
leurs griefs que j'ai résumés dans cette déclaration. Je
cite ici une déclaration montrant déjà les effets du bill
27 qui apporte le désarroi dans la province de Québec. Nous
sommes convaincus que la même chose existera pour le bill 28 et à
plus forte raison quand on voudra l'étendre au reste de la province de
Québec.
Quand nous voyons des déclarations aussi sérieuses de la
part de gens qui se rendent compte déjà de l'effet de certains
projets de loi, ce dont nous avions averti le ministre... Nous l'avions
à ce moment-là prévenu du désarroi que cela
apporterait.
Mais, comme nous n'avons pas la majorité, le gouvernement, sans
s'occuper des recommandations que nous faisons, continue d'appliquer ces
projets de loi qui apporteront, sans aucun doute, le désarroi en son
sein même.
C'est pourquoi nous déclarons que, lorsque nous serons au
pouvoir, nous ferons amender ce projet de loi no 28, car nous savons que le
gouvernement va, par sa majorité, l'adopter quand même, mais pour
1975. C'est une abdication des devoirs à accomplir par ce gouvernement
qui veut ménager la chèvre et le choux. Cela démontre,
évidemment, la faiblesse de ce même gouvernement.
Je l'ai dit en commission, je le répète à nouveau:
Les bills 62 et 63 ont défait le gouvernement de l'Union Nationale; les
projets de loi nos 27 et 28 seront aussi la perte du Parti libéral.
Quant à nous, je le redis, lorsque nous serons au pouvoir, nous verrons
à amender ce bill 28 selon les recommandations que je viens
d'énumérer.
Merci, M. le Président.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, je désirerais me
prévaloir de mon droit de parole en cette Chambre. J'aimerais
également formuler quelques idées sur le projet de loi no 28.
Cette loi concernant la restructuration des commissions scolaires sur
l'île de Montréal a fait couler beaucoup d'encre depuis un certain
temps. Qui n'en a pas parlé? Plusieurs groupes l'ont commentée
à plusieurs reprises sévèrement, voire condamnée.
D'autres l'ont défendue à tort ou à raison. On a vu des
membres parlementaires qui s'en sont servi et qui s'en servent encore pour
justifier les erreurs du passé qu'ils regrettent, mais je dis qu'on ne
corrige pas un mal par un mal plus grand.
C'est peut-être pour cette raison que tous les groupes qui se sont
fait entendre à la commission parlementaire ont soumis des amendements
qui modifient en profondeur le projet de loi et changent même certains de
ses principes.
Le ministre lui-même a dit qu'il était conscient que, dans
ce projet de loi no 28, il était allé peut-être un peu
loin. C'est à ce moment-là qu'il a présenté
certains amendements, encore définis d'une manière un peu floue,
qui nous permettent de dire du moins, pour ma part, je me permets de le
faire que, de la façon dont cette restructuration est
proposée dans le projet de loi no 28 l'enseignement deviendra
pratiquement une industrie.
Avant de chambarder tout un système, surtout dans le domaine de
l'éducation, il aurait sans doute été valable de regarder
ce qui se passe ailleurs. Nous pourrions aller faire un tour chez nos voisins
du sud et leur demander, dans l'application du système qu'ils ont,
à quels problèmes ils ont à faire face actuellement. Quel
est le premier, le plus grand problème de l'éducation
américaine actuellement?
J'ai eu l'occasion, l'été dernier, d'aller faire un tour
chez des parents aux Etats-Unis et j'ai eu la chance de discuter avec des
étudiants et des professeurs qui s'exprimaient en français. Ils
m'ont donné l'occasion de faire une certaine consultation, après
avoir lu, évidemment, certains volumes sur l'éducation
américaine. On m'a signalé que le plus grand des problèmes
que vivent actuellement nos voisins américains est bel et bien le statut
non confessionnel des écoles.
M. le Président, on pourrait discuter longuement sur un mot qui
semble quand même assez facile à comprendre mais qui n'existe pas
dans les faits: la neutralité. On retrouve de plus en plus ce mot. La
neutralité absolue, surtout dans le domaine de l'enseignement, dans le
domaine de l'éducation, est purement une utopie. A certains moments, on
s'est servi de ce nom pour définir certaines choses.
On a qualifié les commissions scolaires qui deviendront neutres
de multiconfessionnelles. Le projet de loi no 28, dans sa rédaction,
veut dire à peu près ceci: A l'intérieur de la
neutralité, tout existera. Et on sait fort bien que la neutralité
absolue n'existe pas.
Je crois, M. le Président, qu'il s'agit, avant d'établir
tout nouveau processus éducatif, de rechercher d'abord le pourquoi de
l'éducation. Ce pourquoi, on le trouvera en répondant tout
d'abord à deux autres questions tout à fait fondamentales qui
sont les suivantes: D'abord, qu'est-ce que l'homme? Deuxièmement, quelle
est sa fin?
Si on oublie ces deux questions fondamentales, il y a de grands dangers
qu'on fasse fausse route. Un de ces plus grands dangers pour la
société, c'est que cette société tienne uniquement
par des structures matérielles. On pourrait également citer le
passage d'un petit volume, écrit par Tamerlan: "L'expérience nous
fait voir qu'une puissance qui n'est pas appuyée sur la religion ne
gardera pas longtemps son état et sa force."
Qu'est-ce que l'homme? Quelle est sa fin? C'est à partir de
là seulement que l'on peut éduquer. C'est à partir de
là seulement que l'on peut établir des valeurs humaines et une
échelle de ces valeurs. Ce sont ces mêmes valeurs qui feront la
qualité de l'ensemble de tout l'enseignement. Ce sont ces valeurs qui
vont constituer directement le thème de la formation morale. Tout le
reste leur sera subordonné, car l'art premier que l'on doit enseigner
est l'art de vivre. L'art de vivre humainement, c'est-à-dire
conformément aux exigences de la nature humaine. Vivre
conformément avec la nature humaine, pour le chrétien, l'homme
historique, l'homme réel, c'est l'homme prédestiné et
associé à Dieu en s'identifiant comme tel.
Ce n'est un secret pour personne que l'homme n'agit pas sans motif et
que cette motivation instinctive et naturelle existe parce qu'il faut un sens
à la vie. Ce n'est donc pas sans raison que l'Eglise a fait de la
confessionnalité un article de son code et proclamé le droit de
l'enfant catholique à l'école confessionnelle, la seule où
il puisse recevoir intégralement une éducation catholique. Et le
projet de loi no 28, en quelque sorte, supprime l'école confessionnelle,
l'école catholique.
Le projet de loi dit qu'un comité confessionnel devra veiller
à la promotion de l'éducation catholique ou protestante, selon le
cas. Je suis quand même ravi d'apprendre que le nombre de membres de ce
comité est porté de trois à sept. Le ministre a fait quand
même un effort à cet effet.
Mais je trouve quand même curieux que même si nous
augmentions encore davantage le nombre de sept à cent, si nous ne
donnons aucun pouvoir aux membres de ce comité nous ne sommes pas plus
avancés. Je pense que nous
avons même tenté de mentir une fois de plus en disant que
c'est une garantie confessionnelle. Plusieurs groupes, d'ailleurs, l'ont
mentionné lors de leur passage à la commission parlementaire, et
nous le déplorons.
Puisque ce comité confessionnel n'aura aucun pouvoir, la
commission scolaire, alors neutre, peut prendre des décisions contraires
aux désirs des membres du comité confessionnel. Ces derniers n'y
peuvent rien alors qu'ils ont une très grande responsabilité tout
en étant dépourvus de pouvoirs. M. le Président, c'est
illogique. Quand nous voyons, dans la loi présente, que chacun des
ministres se donne tous les pouvoirs possibles à l'intérieur d'un
ministère, c'est illusoire de laisser croire que ie comité
confessionnel pourra changer quoi que ce soit à l'intérieur de
l'école, à l'intérieur de la commission scolaire et
à l'intérieur de toute l'île de Montréal.
A l'intérieur du projet de loi no 28, je pense qu'il n'y a pas
seulement que cela qui est illogique. Mais le point qui me semble de
première importance est de savoir, si le comité confessionnel n'a
aucun pouvoir, quel est son rôle, quelle est sa raison d'être. Des
parents ont mentionné que le projet de loi riait tout simplement des
parents en leur disant: Regardez, mais ne touchez pas.
M. le Président, ce comité n'ayant aucun pouvoir, nous
connaîtrons, j'en ai bien peur, dans l'avenir, une espèce de
laisser-aller. Des personnes nous ont dit, à une commission
parlementaire: Pourquoi tant chercher à conserver l'école
catholique puisque plusieurs catholiques, plusieurs croyants ne professent plus
leur religion? Je pense que c'est justement une raison qui vient appuyer notre
désir de voir l'école confessionnelle. Cette raison, c'est pour
ne pas laisser disparaître complètement ceux qui abandonnent de
plus en plus les rangs de la profession catholique.
Puisque ce projet de loi sera adopté de toute façon, j'en
ai bien peur, il y aurait certains voeux à formuler. Je ne voudrais pas
répéter tout ce qui a été dit au sujet de la
confessionnalité, au sujet de tous les points importants du projet de
loi. Mais j'aimerais quand même attirer l'attention du ministre. Je pense
que le ministre, pour voir les grands dangers dans l'application de ce projet
de loi, a les pieds un peu trop dans le système. Vous savez, quand on
est trop près d'un édifice de 40 étages, on ne le voit
pas. On ne peut pas en voir la dimension. Encore moins quand on est à
l'intérieur de cet édifice. Il faut quand même se rendre
compte de la réalité. Je trouve bien malheureux qu'on se serve
d'une restructuration administrative pour faire disparaître
l'école confessionnelle. M. le Président, bien sûr, nous
sommes parfaitement d'accord que l'éducation soit ouverte à tous,
que les masses soient invitées à bénéficier d'un
meilleur système d'éducation, je dis bravo, mais dans des cadres
et d'après des formules qui ne sonneront pas le glas de notre culture.
C'est la peur que nous avons avec la disparition de nos écoles
confessionnelles.
M. le Président, le projet de loi no 28 est purement et
simplement une amorce à la séparation de la morale et du droit.
On a mentionné certains amendements j'y reviens à
l'intérieur du projet de loi, mais ceux qui ont été soumis
ne sont pas satisfaisants. Comme l'a mentionné le chef du Ralliement
créditiste, le député de Rouyn-Noranda, hier soir, on se
fait croire un tas de choses, dans le projet de loi no 28. Nous sommes
peut-être un peu, comme on le dit souvent, incrédules, mais, tant
et aussi longtemps que nous n'aurons pas les garanties suffisantes inscrites au
projet de loi, nous serons dans l'obligation de voter contre cette
législation.
Merci M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Vous voyez, M. le Président, que petit à petit
mes paroles convertissent ceux qui siègent à votre droite.
Cet après-midi, M. le Président, je voudrais apporter une
humble contribution, bien imparfaite, parce que, malheureusement, je n'ai pas
eu l'avantage d'assister aux séances de la commission parlementaire de
l'Education.
Ce que j'ai trouvé d'incompréhensible je n'en fais
pas un reproche à mes amis du Ralliement créditiste c'est
que l'on veuille prétendre que, dans le projet de loi no 28, nous
n'aurons plus la confessionnalité. C'est un aspect que, personnellement,
je ne conçois pas comme tel. Sans doute que d'autres mécanismes,
au sein du ministère de l'Education, verront à ce que le
comité confessionnel puisse avoir réellement voix
d'autorité, voix de surveillance, voix de recommandation effective au
niveau de la commission scolaire pour qu'à ceux qui veulent un
enseignement religieux, soit chez les catholiques, soit chez les protestants,
cet enseignement confessionnel soit dispensé.
M. le Président, le projet de loi no 28, à mon point de
vue, n'aurait pas dû être appelé si vite pour l'étude
de la deuxième lecture.
M. VEZINA: Cela va trop vite!
M. PAUL: M. le Président, je serai fort heureux d'entendre, tout
à l'heure, la voix de Montmorency, pour voir quelles pourront être
les implications des principes du projet de loi dans cette disparition de la
commission scolaire de Saint-Adolphe. On sait qu'éventuellement...
M. HARVEY (Chauveau): Elle s'en vient dans Chauveau.
M. PAUL: M. le Président, dans ce projet de
loi, il y a des principes qui, éventuellement, pourront trouver
champ d'application dans tout le Québec.
M. le Président, on n'aurait pas dû appeler le projet de
loi si vite parce que le ministre ou, du moins, les légistes n'ont pas
arrêté le texte définitif des amendements que le ministre
se propose de soumettre pour étude, et probablement pour acceptation, en
comité plénier.
J'ai admiré, ce matin, le patinage à la Sonja Henie du
leader du gouvernement lorsqu'à une question que je lui posais quant
à l'économie et quant aux principes du droit parlementaire,
l'honorable leader du gouvernement, dans un grand geste magnanime, nonobstant
son infirmité passagère, nous a fait un patinage de fantaisie,
allant même, comme pièce de résistance, jusqu'à
féliciter le ministre pour l'esprit démocratique qu'il manifeste
dans la présentation de ce projet de loi.
Je me demande, M. le Président, s'il n'aurait pas
été plus logique, même pour tous les
députés... Je comprends que nous n'avons pas tous le
désavantage de participer au caucus libéral. Le ministre nous a
dit qu'il y avait eu un caucus libéral où on avait, sans doute,
étudié les grands thèmes des amendements qui
étaient la justification de la déclaration ministérielle
que nous faisait le ministre de l'Education mercredi dernier.
Je n'ai pas une vaste expérience parlementaire, mais pendant les
14 années que j'ai siégé dans l'une ou l'autre des
Chambres, il ne m'est pas arrivé de voir un ministre soutenir d'une
déclaration ministérielle le principe d'un projet de loi.
C'est la première fois que j'ai vu cette innovation. Je comprends
que notre droit parlementaire doive lui aussi être en évolution
constante... Est-ce que par hasard mon bon ami le député de
Montmorency a une question?
M. VEZINA: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. PAUL: Certainement.
M. VEZINA: Est-ce que le député est contre le fait que,
même dans le droit parlementaire, on fasse du droit nouveau, vu que dans
toutes les autres branches du droit on évolue?
M. PAUL: Voyez-vous, quand on n'est pas tout à fait mûr au
point de vue du droit parlementaire même si on a été
consacré et confirmé dans certaines fonctions d'adjoint au leader
parlementaire c'est l'erreur que l'on commet. Je disais justement
au moment où j'ai jeté un regard vers le siège qu'occupe
mon honorable ami et où j'ai vu qu'il était quelque peu
traumatisé par cette phrase que nous devions accepter certaine
évolution, certains changements dans notre droit parlementaire.
Mais ce changement doit répondre à un besoin. Et dans le
cas présent, justement, cette innovation de la part du ministre de
l'Education, soutenant le principe d'un projet de loi par cette
déclaration ministérielle, répondait à une carence
dont il a lui-même constaté l'existence, c'est la
précipitation avec laquelle il présentait son projet de loi.
Pourquoi ne pas l'avoir appelé seulement mardi ou mercredi de la semaine
prochaine, alors que nous aurions pu connaître le texte quasi
terminé des amendements que se propose de nous soumettre le
ministre.
Nous avons eu cette grande déclaration ministérielle
où l'on parle de thèmes d'amendement. Le mot thème
défini par Larousse dit bien que c'est un sujet, une matière que
l'on se propose de développer. Jusqu'à quel point? La
développer comment? La développer dans quel cadre? Dans quel
texte? Voilà ce qui nous inquiète, nous, de l'Opposition
officielle.
Nous ne sommes pas contre le principe de l'unicité de la
commission scolaire sur tout le territoire de l'île de Montréal.
Nous ne sommes pas non plus contre le principe de la création d'un
conseil scolaire pour l'île de Montréal. Mais nous avons le droit
de nous interroger quant aux raisons qui poussent le ministre à presser
l'adoption de la deuxième lecture de son projet de loi, alors qu'en
même temps il est incapable je ne lui fais pas un reproche
à lui personnellement de ne pouvoir le faire; n'étant pas avocat
ou notaire, on comprend facilement que le ministre, malgré tout le
génie que lui a apporté sa profession, en soit incapable
d'arrêter dans un texte des amendements qui correspondent à la
traduction réelle des thèmes qu'il se propose de nous soumettre
pour approbation.
Dans ces thèmes il y a des principes nouveaux que nous retrouvons
dans le projet de loi. Ainsi, par exemple, on a cru bon de reporter
l'application intégrale de ce projet de loi sur le territoire de
l'île de Montréal du 1er juillet 1973 au 1er juillet 1975. Pour
quelle raison? Est-ce que par hasard Mgr Grégoire aurait eu un effet
bénéfique sur la planification primaire du ministre de
l'Education? Je me pose la question.
Est-ce que par hasard 1975 n'est pas une année qui suivra la
tenue d'élections générales au Québec et
qu'entre-temps on aura l'occasion de replâtrer, de couvrir les
défauts que cette loi pourra nous offrir dans son application?
Je sais, M. le Président, que nous allons, par l'application du
projet de loi no 28, innover dans le domaine scolaire de l'île de
Montréal, et le principe de la démocratie qu'on va y retrouver
est excellent. Il y a de bonnes choses dans cette loi, mais le ministre me
permettra sans doute de m'interroger quant au délai d'application de
cette loi. Est-ce que le délai ne lui avait pas été
signalé avant les séances de la commission parlementaire ou
est-ce qu'il lui a paru comme absolument nécessaire à la suite
des recommandations de Son Excellence monseigneur Grégoire? Je ne
voudrais pas lui prêter le motif que
certaines conversations avec le grand penseur du Parti libéral,
Papa Doc, auraient pu l'y inciter, lui qui, même jusque là, aurait
cru nécessaire d'inviter le ministre à la prudence et à se
laisser une porte de sortie pour satisfaire les désirs de la population
ou pour obvier au mécontentement de la population scolaire sur
l'île de Montréal, avant l'entrée en vigueur de la loi et
surtout à l'occasion de la tenue d'une élection
générale à travers le Québec.
M. le Président, c'est un principe au sujet duquel on a le droit
de s'interroger. Ce qu'il y a, à mon humble point de vue, de quelque peu
inquiétant est que le conseil provisoire, dont la formation est
prévue dans la loi, proposera au lieutenant-gouverneur avant le 15
novembre 1972 une répartition définitive du territoire. Est-ce
que le texte du thème qui nous est proposé oblige le ministre
à suivre les recommandations du conseil provisoire?
Est-ce qu'il ne s'agit pas, dans les circonstances, d'une certaine
délégation de pouvoirs administratifs de la part de
l'Assemblée nationale? Il était question, dans le texte original
du projet de loi, de onze commissions scolaires. Tout à coup, nous
rétrogradons à sept, avec un éventail possible de onze.
Pourquoi ces modifications? Est-ce que par hasard on veut assurer la population
de Montréal d'une meilleure représentation au sein des
différentes commissions scolaires? C'est ce conseil provisoire qui
suivant le thème que nous propose le ministre, dans sa
déclaration ministérielle, va former, dès l'approbation
des territoires des nouvelles commissions scolaires par le
lieutenant-gouverneur en conseil, un comité d'implantation.
Que va venir faire ce comité d'implantation? Quels vont
être ses pouvoirs? Quel va être son mandat? Quelle sera sa voix
d'autorité? Quelle sera son influence et quelles pourraient être
les conséquences, si par hasard les recommandations de ce comité
d'implantation n'étaient pas suivies?
Il est permis de se demander, M. le Président, ce que le ministre
veut dire exactement, ce qu'il attend de ce comité d'implantation sur
chaque territoire des futures commissions scolaires, permettant aux
responsables actuels de l'éducation, tant catholique que protestante, de
chacun de ces territoires de préparer concrètement l'implantation
des nouvelles commissions scolaires au 1er juillet 1975.
Sans doute, le ministre, en réplique à la deuxième
lecture, ne pourra pas le dire.
Les amendements n'ont pas encore été approuvés par
le conseil des ministres. Les thèmes ne l'ont pas été non
plus; c'est encore plus grave. Je me demande comment il se fait que le ministre
puisse nous présenter un projet de loi qui comportera des thèmes
d'amendements. J'espère qu'il a au moins demandé la signature du
premier ministre, comme cela se fait chaque fois qu'on doit présenter un
projet de loi ou des amendements.
Ce comité provisoire verra à appliquer, à partir du
1er juillet 1973, des sections de la loi portant sur la taxation et le
financement. Ce n'est pas l'Assemblée nationale qui va
légiférer. Ce n'est pas l'Assemblée nationale et ce n'est
même pas les commissions scolaires qui vont décider du
problème de la taxation et du financement. Ce sera le conseil
provisoire, qui agira sur la recommandation de qui? Sur les instances de qui?
Sur les besoins qui seront exposés par qui? Voilà autant de
questions qu'on est en droit de se poser. Je n'ai aucun doute que le ministre
pourra, en temps et lieu... Je suis certain que ce ne sera pas dans son
discours de réplique mais ce sera, je l'espère du moins, lors de
l'étude de ce projet de loi en comité plénier, alors que
nous devrons avoir, à ce moment-là, les amendements au texte que
se propose de présenter le ministre. Les thèmes, ça ne
marchera plus, ça ne sera pas suffisant. Il faudra que nous ayons un
amendement tel que nous allons le retrouver et l'adopter, pour que ce texte
soit imbriqué dans le texte de loi 28.
Nous assistons à l'élaboration d'un nouveau principe. Nous
pouvons lire toujours en nous référant à la
déclaration ministérielle de l'honorable ministre de l'Education
lorsque nous nous référons aux pouvoirs des commissions
scolaires et du Conseil scolaire de l'île de Montréal: Dans le
cadre des pouvoirs de réglementation relativement au financement et
à la planification du fonctionnement et du développement des
commissions scolaires et à l'organisation de services pouvant
bénéficier à toutes les commissions scolaires, le conseil
devra, en priorité, mettre au point, par voie de règlement, des
mesures propres à assurer, etc. C'est un nouveau principe; c'est le
conseil scolaire provisoire de l'île de Montréal, ce ne sont pas
les commissions scolaires qui vont adopter ces politiques-là. C'est ce
comité provisoire qui, par voie de règlement...
Le ministre me fait signe que non. Il est possible que j'erre dans ce
domaine-là. Je suis celui qui accepte facilement qu'on me signale mes
erreurs lorsque j'en commets. Si c'est la première que je commets, M. le
Président, jusqu'à présent, je suis fort aise que le
ministre en prenne note. Il me corrigera lorsqu'il verra, en temps opportun,
à analyser cet aspect du projet de loi.
Mon collègue, le député de Montmagny, me dit que ce
n'est peut-être pas une erreur, que c'est peut-être une
interprétation différente. Vous qui êtes notaire, M. le
Président, je constate que vous m'approuvez déjà.
Ce comité provisoire aura entre autres pour effet ou pouvoir,
comme devoir, une utilisation des équipements scolaires à la fois
rationnelle et juste du point de vue des diverses clientèles à
desservir. Comme c'est beau! Mais dans le sens pratique, qu'est-ce que cela
veut dire? Je suis certain qu'à part le ministre, pas un seul
député dans cette Chambre n'est en mesure de nous décrire
exactement ce que veut dire ce sous-thème du thème b).
Le rattrapage des milieux défavorisés en matière
d'éducation, excellente politique, mais, encore là, il faudra que
l'on envisage toute l'assiette fiscale. Du même coup, le ministre ne
devrait-il pas nous présenter sa loi sur la fiscalité scolaire,
loi qui a traumatisé son collègue, le ministre des Affaires
municipales, lorsqu'on lui a annoncé, à la commission des
Affaires municipales, que le ministre de l'Education projetait de la
présenter? Son collègue en a été renversé.
Nous aimerions savoir en vertu de quels principes cette fiscalité
scolaire va entrer ou jouer dans le mécanisme d'application du
rattrapage des milieux défavorisés en matière
d'éducation.
Je comprends qu'il y aura certaines clauses pour les immeubles
évalués à moins de $100,000 et pour ceux qui seront
évalués à un montant supérieur à
$100,000.
Un autre point que je voudrais signaler, c'est, dans la
déclaration ministérielle, le troisième thème; les
interventions du ministre de l'Education et du lieutenant-gouverneur en
conseil. Le lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire le ministre,
au lieu de nommer quatre commissaires pour le premier conseil n'en nommera
maintenant que deux. Ce n'est pas encore ça? Je regrette, M. le
Président: "A ce sujet, nous proposerons que la nomination du
président et du vice-président du conseil scolaire..." J'ai dit
quoi, le conseil?
M. SAINT-PIERRE: C'est parce que vous avez parlé de quatre
commissaires; c'est dans la loi, mais, ici, il s'agit simplement de
l'amendement.
M. PAUL: Oui, le projet de loi parle de quatre et, dans la
déclaration ministérielle, c'est seulement deux.
M. SAINT-PIERRE: Qui touche les amendements à la loi.
M. PAUL: Oui, nécessairement, nous serons dans l'obligation
d'amender la loi. Le gouvernement ne nommera plus maintenant quatre
commissaires ou conseillers appelez-les comme vous voudrez il
n'en nommera que deux. Même si le principe du projet de loi no 28 que
nous avons devant nous prévoyait la nomination par le
lieutenant-gouverneur en conseil de quatre conseillers, nous tombons à
deux.
Je soutiens que le ministre devrait relire son texte: "A ce sujet, nous
proposerons que la nomination du président et du vice-président
du conseil scolaire par le lieutenant-gouverneur en conseil ne s'applique
qu'aux premières nominations. De plus, nous voulons que les sept membres
du conseil provisoire qui doivent être recrutés parmi les
commissaires de la CECM et du PSBGM soient choisis parmi ces
personnalités."
La, on introduit un principe nouveau. Que viendront faire les
observateurs pour protéger le droit des minorités linguistiques?
Ils ressemble- ront à des détenteurs d'actions
privilégiées dans des corporations, qui n'ont pas le droit de
vote. Ils auront le droit d'assister aux assemblées, mais pas le droit
de vote, pas le droit de participation.
Alors, les observateurs auront tous les pouvoirs, sauf le droit de vote.
Ce seront des paracommissaires. Dans le projet de loi no 28, tel que nous
devons l'étudier, ces observateurs devenaient des commissaires. Le
ministre nommait deux personnes qui devenaient commissaires, mais, là,
avec l'amendement à sa loi, le ministre nommera des observateurs, avec
tous les droits et pouvoirs des commissaires, sauf le droit de vote. A qui ces
observateurs feront-ils rapport? J'aimerais que le ministre réponde
à la question.
Si c'est pour protéger les droits linguistiques des
minorités, à qui vont-ils faire rapport de leur travail, de leur
participation au niveau de la commission scolaire?
M. SAINT-PIERRE: Vous permettez que je réponde?
M. PAUL: Oui, certainement.
M. SAINT-PIERRE: Il faut bien réaliser que ces deux commissaires
que nous avons dans la loi seraient nommés par le gouvernement
uniquement dans les commissions scolaires il n'y aurait aucun
représentant de la minorité linguistique.
M. PAUL: C'est ça.
M. SAINT-PIERRE: Effectivement, le seul cas qui peut venir à
l'esprit et qui est probable, c'est particulièrement la commission
scolaire de l'Ouest de l'île de Montréal où les
francophones ne forment que 16 p.c. de la population; compte tenu qu'ils sont
dispersés sur le territoire, ils risquaient au Québec de se
retrouver sans aucun commissaire francophone. D'après la loi, le
gouvernement nomme deux commissaires qui ont un seul but: permettre au moins
à la minorité, dans des choses qui la touchent de près,
d'avoir une oreille sur ce qui se passe à la commission, de ne pas
être dans cette atmosphère de dire: On trame des choses contre
nous; on veut faire ci, on veut faire ça.
Or, en commission parlementaire, les gens et je pense que c'est
avec raison ont dit que c'était un accroc substantiel à la
démocratie d'avoir autour de la même table des gens qui ont un
mandat du peuple et d'autres qui sont nommés. Je dois dire que la
nomination se ferait pas la consultation des comités de parents de la
minorité linguistique. Ce sont eux qui choisiraient ces deux
partenaires.
A la commission parlementaire pour répondre à ce besoin
que la minorité linguistique puisse avoir une oreille sur ce qui se
passe à la commission scolaire, on a dit: Très bien, on va
retenir l'idée d'avoir deux personnes, sauf que
ces personnes, pour ne pas faire accroc à la démocratie,
n'auront jamais le droit de vote. Elles auront tous les droits et pouvoirs des
commissaires, c'est-à-dire droit d'accès aux documents, droit de
participation aux assemblées délibérantes, mais lors du
moment du vote, d'une prise de décision, elles n'auront pas le droit de
vote.
Il me semble que l'amendement correspond à un désir
exprimé par plusieurs groupes qui étaient satisfaits que les
francophones aient au moins quelqu'un qui sache ce qui se passe dans une
commission scolaire unifiée. Cela pourrait s'appliquer pour des
anglophones, mais je pense que c'est plus probable pour les francophones
à la commission scolaire de l'Ouest de l'île de Montréal,
celle de Lakeshore. D'autre part, pour ne pas faire un accroc à la
démocratie, on leur enlève le droit de vote.
M. PAUL: M. le Président, je remercie le ministre. C'est un
excellent principe que de vouloir sauvegarder les droits linguistiques des
minorités. Le principe est excellent. Mais je me demande pourquoi, dans
son thème de mercredi dernier, il rétrograde et du pouvoir total,
complet, absolu qu'avaient ces observateurs, qui étaient ceux d'un
commissaire d'école, on ne leur fait jouer maintenant qu'un
demi-rôle. C'est pourquoi je les appelle des paracommissaires.
J'espère que ce n'est pas en vertu du même principe que le
secrétaire du ministre, M. Loiselle, écrivait non pas au
député, mais à un candidat du nom d'André Picotte.
J'espère que ce n'est pas en vertu de ce même principe. Je le
souhaite sincèrement. Mais, farce à part, je vois que le ministre
prend cela jovialement. C'est ainsi qu'il faut le prendre. Du moins, c'est
ainsi que je l'ai pris, moi.
Je demande donc à qui ces observateurs vont faire rapport.
M. SAINT-PIERRE: Aux comités de parents.
M. PAUL: Au groupe linguistique qu'ils représenteront. Je le
suppose. Mais est-ce que nous le trouverons dans le texte de l'amendement que
nous proposera le ministre? Je sais qu'il n'est pas capable de répondre
maintenant, parce qu'il n'est pas chargé de la législation, de la
rédaction des grands thèmes dont il parle mais qu'il ne peut
soutenir. Il peut soutenir les grands principes, mais il ne peut pas en
soutenir l'application et les modalités. L'exécution
complète. C'est pour ça que je dis que le projet de loi n'aurait
pas dû être appelé en deuxième lecture avant... C'est
pour protéger le ministre... Le ministre sait toute l'amitié que
j'ai pour lui. Le ministre aurait dû exiger des officiers légistes
qu'on lui remette le texte des amendements qu'il aurait pu distribuer. Son
collègue, le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives est probablement le ministre qui a le plus véritable
sens démocratique.
Cela vous surprend que je vous louange aujourd'hui?
M. TETLEY: Cela ne me surpend pas du tout. Il y en a d'autres du
même esprit dans notre parti aussi.
M. PAUL: Pardon?
M. TETLEY: Non, pas du tout. Il y en a beaucoup d'autres qui ont le
même esprit dans notre parti.
M. PAUL: Pardon?
M. TETLEY: J'en connais beaucoup d'autres du même esprit dans
notre parti.
M. PAUL: Ils ont le même esprit mais ils n'ont pas les actes.
M. TETLEY: En effet, il y en a 71 autres!
M. PAUL: Y compris les grands botteurs de l'équipe? Alors, je dis
donc que ces observateurs feront rapport aux minorités linguistiques. Si
les minorités ne sont pas satisfaites des renseignements que peuvent
leur communiquer leurs observateurs, à qui devront-elles s'adresser pour
leur remplacement? Autrefois, elles auraient pu être obligées de
passer, elles aussi comme tous les commissaires, par voie d'élection
plutôt que par voie de sélection. C'est donc un principe qui nous
rend quelque peu songeurs et inquiets.
Le ministre nous parle également de la composition des
comités de parents à l'échelon des commissions scolaires.
Ce rôle des comités de parents ne devrait pas être que
consultatif. C'est un principe nouveau que l'on introduit dans l'étude
du projet de loi no 28. Mais quelle sera la rédaction finale de ce
principe nouveau que nous retrouvons dans la déclaration
ministérielle du ministre de l'Education? Nous ne la connaissons pas. Il
y aura danger que ces comités de parents soient des comités
d'agitation et il faudrait prévoir, peut-être, un mécanisme
de surveillance de la part du ministère de l'Education pour que ces
comités de parents ne s'occupent réellement que des
problèmes d'éducation dans leur milieu et qu'ils ne deviennent
pas également, à l'occasion de la tenue de ces réunions,
des propagandistes de philosophies politiques douteuses dont les
résultats ne seront pas toujours appréciés par ceux qui en
seront victimes.
M. le Président, le comité consultatif dont parle le
ministre dans sa déclaration ministérielle devrait recevoir
réellement des pouvoirs. Lesquels? Pour combien de temps? A quelles
conditions? Pas de réponse. Pourquoi? Parce que nous n'avons pas le
texte. Je suis sûr que le ministre réalise déjà
qu'il aurait mieux valu pour lui de distribuer le texte. Là, il va
donner l'impression d'être un ignorant et ce n'est pas le
cas. Il va donner l'impression d'être un incapable au sens du code
civil. Cela, c'est grave. Tandis qu'en réalité, ce n'est pas le
cas. Pour ce qui est d'être tout à fait puissant, j'en doute.
J'espère qu'en fin de semaine il va presser les conseillers juridiques
pour que nous puissions avoir, lundi, le texte des amendements. Quand nous
avons étudié la loi de la baie James, l'honorable premier
ministre ne s'est pas gêné et n'a pas craint de nous distribuer
les amendements. Je comprends que les créditistes avaient eu un
traitement de faveur parce qu'ils ont voté sur l'information qu'il y
aurait des amendements tandis que nous, nous ne les avons connus que le
lendemain. J'espère que le ministre comprend que nous avons raison de
nous plaindre de cette façon de procéder qui, sous le couvert de
la prétendue démocratie, est anormale, illogique; elle n'a pour
effet que de retarder la marche normale de l'étude de ce projet de
loi.
Même si nous acceptons les buts visés, les idéaux
quelques-uns appelleront cela les principes autres que ceux de
l'unicité scolaire et la création du conseil scolaire sur
l'île de Montréal, je dis que même si nous visons à
l'égalité des services sur tout le territoire, principe excellent
qui aurait dû être mis en application...
D'ailleurs, M. le Président, nous avions commencé
certaines réformes, nous avions préparé le projet de loi
no 62. Quelques-uns nous diront: Nous aurions dû présenter le
projet de loi no 62 avant le projet de loi no 63. C'est sujet à
discussion. Mais ce qui importe, c'est que dans le projet de loi no 62, comme
dans le projet de loi no 28, nous retrouvions ce principe
d'égalité des services sur tout le territoire, afin de permettre
à tous les étudiants de compléter leur formation
scolaire.
M. le Président, je sais que j'ai peut-être
dépassé de quelques minutes le droit de parole qui m'était
accordé. Je m'en rapporte bien humblement, d'une façon bien
soumise, à mes collègues de l'Assemblée nationale. S'ils
veulent que je termine immédiatement mes remarques, je le ferai. Sinon,
je pourrais peut-être compléter dans quatre ou cinq minutes.
M. TETLEY: Avec plaisir. Me permettez-vous une question?
M. PAUL: Certainement.
M. TETLEY: Avez-vous d'autres compliments pour notre parti? Vous pouvez
passer deux ou trois heures à faire des compliments.
M. PAUL: Oui, oui! Certainement, M. le Président. Mais cela ne
veut pas dire que les réponses que je vous donnerai seront
sincères, cependant. C'est ce qui est grave.
M. TETLEY: Cela, c'est grave.
M. PAUL: Je dis donc, M. le Président, que la
démocratisation de l'administration est un autre principe qui s'impose
et qui est acceptable. Participation des parents: j'espère que ce ne
sera pas qu'un pouvoir théorique que l'on retrouvera dans le projet de
loi no 28, comme on le retrouvait dans le projet de loi no 62, mais qu'il y
aura une véritable participation au niveau du comité des parents
qui seront, eux, en mesure d'arrêter les politiques nécessaires et
qu'ils jugeront les plus valables pour qu'elles soient appliquées par la
voie du principal, chargé de l'éducation.
M. le Président, les parents devront réellement participer
et s'arrêter à l'étude des problèmes
d'éducation dans leur milieu. Si, autrefois, les parents se sont
plaints, dans l'île de Montréal, à savoir qu'ils n'ont
jamais eu un mot à dire dans l'enseignement, j'espère que, quel
que soit le groupe ethnique auquel on appartient, on s'arrêtera pour
étudier les besoins de l'enseignement, de la confessionnalité
s'il y a lieu, au sein et au niveau de l'école. C'est un excellent
principe.
M. le Président, mon collègue, le
prédécesseur du ministre actuel de l'Education, avait
également énoncé un autre principe, celui du respect du
pluralisme religieux. Malheureusement, le ministre n'en fait pas un
critère de base. Je comprends cependant que, par incidence, il veuille
l'insérer soit sous la rubrique de l'égalité des services
sur tout le territoire ou sous le service de la participation des parents.
M. le Président, le présent projet de loi, avec les grands
thèmes d'amendements que nous a proposés le ministre, reste
acceptable dans ses principes mais incertain dans ses modalités. Quelle
sera la position définitive que nous prendrons, en tant que groupe? Nous
ne sommes pas encore fixés, non pas parce que nous sommes contre les
grands principes de ce projet de loi, que nous retrouvions dans le projet de
loi no 62, mais parce que les modalités d'application de ces principes
n'ont pas encore été arrêtées et acceptées
par le gouvernement et parce que le ministre n'est pas en mesure de
répondre à nos questions.
Voilà pourquoi, M. le Président, nous espérons
qu'au cours de la fin de semaine, le ministre puisse hâter le
comité de législation à la rédaction finale des
textes des amendements qui nous permettront de voter, en dernier ressort pour
le principe du projet, mais, en étant dans l'obligation de voter pour le
principe du projet, nous n'aimerions pas être obligés de voter
contre le projet de loi en troisième lecture.
Je félicite tous ceux qui ont travaillé au sein de la
commission de l'Education. Ils ont entendu de nombreux mémoires. Je
crois que leur participation sérieuse aux neuf séances de la
commission parlementaire et l'étude approfondie d'au-delà de 40
mémoires ou commentaires nous permettent à nous à
la lumière des discussions que nous avons eues avec les membres qui ont
siégé à la commission de l'Education d'obtenir des
renseignements et un
éclairage suffisants pour mieux comprendre le problème
complexe de l'enseignement scolaire sur l'île de Montréal.
Je m'en voudrais, en terminant, de ne pas lancer un dernier appel. Je ne
sais pas si, actuellement, on parle de loisirs ou d'éducation dans
l'entourage du ministre, mais j'espère qu'au moins des conseils lui
seront donnés. Par exemple, le ministre des Affaires culturelles, lui
qui a charge de la sauvegarde des droits des minorités
linguistiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai charge de cela, moi?
M. PAUL: Oui, vous avez charge de ça, M. le ministre.
Avec toute la compétence, toute la volubilité qu'on lui
connaît, avec le vocabulaire riche qu'on lui attribue et que nous buvons,
nécessairement et obligatoirement, lorsqu'il se lève pour faire
de grandes déclarations ministérielles et à cause du
multiculturalisme le ministre n'a pas le droit de rester indifférent
devant l'étude du projet de loi. Je suis sûr qu'il se fera le
porte-parole de l'Opposition officielle, qu'il sera ce chevalier qui finira par
convaincre son collègue, le ministre de l'Education, de nous donner,
pour lundi après-midi, les amendements que nous réclamons
à bon droit et à juste titre pour pouvoir constater si les grands
thèmes que nous a développés le ministre dans sa
déclaration ministérielle correspondent réellement, dans
le texte de la loi, à ces principes que l'on vise et que l'on veut
atteindre par l'adoption de ce projet de loi no 28 en deuxième
lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmorency.
M. Louis Vézina
M. VEZINA: M. le Président, il est évident que les
problèmes soulevés par le projet de loi no 28 sont excessivement
complexes et difficiles à aborder dans toute leur étendue.
J'ai suivi avec un vif intérêt un certain nombre des
séances de la commission parlementaire. J'ai écouté,
quelquefois sans intérêt, quelquefois avec beaucoup
d'intérêt, les propos qui ont été prononcés
dans cette Chambre depuis le débat en deuxième lecture sur ce
projet de loi.
Il est bien évident que ceux du Parti libéral qui ont
parlé avant moi ont voulu, chacun à leur façon, suivant
leurs connaissances et leur expérience, apporter leurs modestes
lumières dans cette discussion. Le représentant du Parti
québécois s'est joint à ce mouvement et, bien
préparé, il a su nous donner son opinion d'une façon
calme, posée et pondérée.
Nous venons d'entendre et nous en avions entendu auparavant
les représentants d'Unité-Québec qui, eux aussi,
malgré le fait c'est peut-être très méritoire
pour eux qu'ils aient été comme balayés de
l'île de Montréal, s'intéressent encore aux
problèmes de Montréal et très objectivement nous ont fait
connaître leurs positions, leurs griefs ou enfin leur approbation en tout
ou en partie de ce projet de loi, au niveau des principes.
Il y a eu malheureusement des représentants de l'Opposition
créditiste qui ont parlé. Pour revenir aux propos
échangés, le député de Maskinongé, au
début de son discours, nous disait qu'il trouvait que le bill venait
trop vite. Evidemment, c'est matière d'opinion. Il aurait
préféré attendre mardi ou mercredi et avoir dans les mains
le texte législatif qui correspond aux thèmes d'amendements que
l'on retrouve dans la déclaration ministérielle.
Je trouve, M. le Président, ce reproche fort mineur, parce qu'il
est bien évident que notre discussion en deuxième lecture doit
porter sur les principes de la loi; sur les façons, les modalités
dont ces mêmes principes seront appliqués, il y aura le
comité. Mais les principes eux-mêmes doivent être le seul
objet de notre discussion. Il aurait peut-être été plus
facile de se prononcer contre les principes en deuxième lecture, en
faisant bifurquer la discussion sur des textes précis de
législation.
Cela eût été d'abord contre nos règlements et
ça n'eût pas permis une véritable discussion au niveau du
principe de base du projet de loi no 28 compte tenu évidemment
des thèmes d'amendements qui est tout de même la
réorganisation de la vie scolaire sur l'île de Montréal,
par les Montréalais, dans des structures qui devront être
pensées en fonction des Montréalais et du contexte tout à
fait spécial de la population de ce secteur; aussi, pour s'assurer que,
contrairement et c'est malheureux à ce qui existait tant
à Montréal qu'à Québec, l'on mette fin au
régime des commissaires nommés dans d'aussi importantes
commissions scolaires. Je pense que les trois partis qui ont discuté
sérieusement de ce projet de loi s'accordent sur ce principe qu'il faut
démocratiser la représentation des personnes chargées
d'administrer la vie scolaire à Montréal, à Québec
ou ailleurs dans la province.
Sur les propos que j'ai entendus concernant les thèmes contenus
dans la déclaration ministérielle, je voudrais faire quelques
remarques additionnelles. D'abord, il faut bien comprendre que ce projet de loi
n'a pas cette prétention de vouloir régler à la fois le
sort économique, culturel, social ou tout autre sort des citoyens de
l'île de Montréal.
Ce serait d'une prétention absolument aberrante. Il faut
étudier ce projet de loi dans la perspective de savoir si la population,
avec ces nouvelles structures, sera capable de se donner une vie scolaire
valable. Autrement, c'est faire biaiser le débat. Ceux qui ont dit, par
exemple, devant la commission parlementaire c'était, si ma
mémoire est fidèle, le secrétaire général de
la FTQ qu'il était inutile de penser réorganiser la vie
scolaire à Montréal sans d'abord
rappeler la loi no 63, je leur ai dit ce soir-là que
c'était tout simplement faire de la démagogie intellectuelle.
Précisément, sur les principes tout au moins, ils
n'auraient que des accords à donner sur le contenu de la loi. Comme ils
se sentent absolument incapables de se dire en accord avec quelque chose qui
n'émane par d'un gouvernement FTQ, CSN, CEQ, CCM, ils sont
obligés de nous dire: Ce serait bon, mais parce que vous ne rappelez pas
la loi no 63, on est obligé de vous parler de la loi 63. Nous avons
discuté de la loi no 63 alors que nous pensions connaître
l'opinion de cette importante centrale syndicale importante par le
nombre et la qualité des membres de la base sur la
réorganisation scolaire de l'île de Montréal.
Vouloir se prononcer contre la loi no 28, pour tout autre
prétexte que ceux qui sont rééllement contenus dans cette
loi, c'est vouloir être démagogue, c'est vouloir faire de
l'électo-ralisme du plus mauvais goût. Evidemment, quand ce style
de politique se greffe parfaitement aux genres de cerveaux qui viennent nous
servir de telle ribambelles, il est normal qu'on nous tienne de tels propos. On
ne peut pas accoucher d'autre chose que de ce qu'on a conçu.
M. DUMONT: Des ribambelles par en-dedans.
M. VEZINA: Je vois l'approbation du député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Des ribambelles, j'en ai.
M. VEZINA: Il me fait plaisir de voir qu'il a le courage d'admettre la
véracité de mes propos. Je suis certain qu'il se lèvera
à son tout pour déplorer ceux qui, avec le projet de loi no
28...
M. AUDET: Démantibuler.
M. VEZINA: ... font de la démagogie électorale, que ce
soit à l'intérieur ou à l'extérieur de cette
Chambre.
M. DUMONT: T'auras ton tour.
M. VEZINA: Je suis certain qu'il appuiera ceux qui veulent,
indépendamment des avantages électoraux, faire quelque chose pour
réorganiser la vie scolaire sur l'île de Montréal et qui ne
penseront pas en fonction du quatrième rang de la dernière petite
paroisse de leur village. En adoptant ce projet de loi, on doit penser à
la population de l'île de Montréal.
M. DUMONT: En attendant que cela aille dans la province.
M. VEZINA: Sur les thèmes d'amendements, je pense qu'il y a eu
une confusion chez mon ami le leader de l'Opposition officielle lorsque,
traitant des pouvoirs des commissions scolaires et du conseil scolaire, il a
affirmé que c'est le conseil provisoire qui devra, par voie de
règlement, adopter les mesures nécessaires pour assurer les
différents points mentionnés à la page 4 de la
déclaration ministérielle.
C'est exactement le contraire en ce sens que ce n'est pas le Conseil
provisoire, c'est le Conseil scolaire, tel qu'il est prévu, je pense,
à l'article 1, sous-article 600 du projet de loi no 28. C'est tout de
même très différent du Conseil provisoire.
L'énoncé ici, le sous-paragraphe b) à la page 3,
s'intitule: "Les pouvoirs des commissions scolaires et du Conseil scolaire".
C'est le paragraphe précédent qui parlait du Conseil provisoire
dans le sous-paragraphe a) de la page 2.
Je pense qu'il ne faudrait pas confondre les deux institutions, si je
peux dire, lorsque l'on emploie le mot conseil, à la page 4, ou qu'on
l'emploie à la page 3, le premier référant au Conseil
scolaire et le second au Conseil provisoire.
Il est bien évident qu'en ce qui concerne les délais de
mise en application de cette loi, personnellement, j'aurais peut-être
préféré que, dès juillet 1973, le tout soit
totalement en application. Mais, il faut tenir compte, et c'est ça le
but des commissions parlementaires, des représentations qui nous sont
faites à la commission parlementaire et non pas à
l'extérieur. Je suis certain que c'était dans notre
intérêt immédiat que ce soit le 1er juillet 1973. Mais,
devant les représentations qui nous sont faites par les gens du milieu,
par les gens qui, je pense, sont capables de nous donner des opinions
très objectives et qui nous suggèrent de retarder, je ne vois pas
pourquoi, sur une question, je pense, relative par rapport à l'essence
du bill, on ferait exprès pour refuser à ces gens du milieu cette
demande qui me paraissait très légitime.
C'est comme les changements au point de vue électoral et nominal
par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est à la suite de ces
nombreuses représentations et c'est en tenant compte de ce que toujours
les gens du milieu viennent nous dire que nous sommes capables d'apporter des
changements que nous croyons plus près de la réalité
montréalaise ou de la véritable conception que se font les gens
du milieu. C'est beau de dire: Gouvernons ensemble. C'est plus difficile de le
faire. C'est dans des occasions comme ça, je pense, que tous ceux qui
sont appelés à gouverner, à quelque titre que ce soit, et
à quelque niveau que ce soit, doivent tenir compte de l'opinion de gens
qui sont capables de nous éclairer objectivement, non pas en
défendant leurs intérêts mesquins, qu'ils soient
électoraux ou autres, mais en essayant d'avoir, suivant leur jugement et
conscience la meilleure loi possible. Ces gens-là nous pouvons les
suivre, les écouter, ce n'est pas s'abaisser.
Ceux qui profitent, par exemple, de ce projet de loi pour essayer de
nous faire croire
qu'il y en a qui sont contre la religion, que l'on va descendre les
crucifix, etc., sont de petits démagogues de dernière classe.
Nous ne devrions même pas nous en occuper, je pense, dans la vie
politique du Québec; nous sommes plus élevés que ça
un peu, nous avons avancé, il y a eu...
M. PAUL: Mon honorable ami me permettrait-il une question?
M. VEZINA: Certainement.
M. PAUL: Pourrait-il me promettre qu'il ne se laissera pas influencer
dans ce sens-là par son voisin qui vient d'arriver, le
député de Saint-Jean?
M. VEZINA: Au contraire, puisqu'il fait partie de la classe des gens
dont je vous parlais tantôt qui veulent à tout prix avoir la loi
la plus valable possible pour régler la vie scolaire sur l'île de
Montréal.
M. VEILLEUX: D'ailleurs, je vais m'exprimer, la semaine prochaine,
là-dessus.
M. LOUBIER: M. le Président...
M. VEZINA: La semaine prochaine, le député de Saint-Jean
fera connaître ses vues et l'expérience qu'il a dans
l'enseignement, qui nous a permis justement de déposer ce bill
très valable devant la Chambre.
M. LOUBIER: M. le Président, je connais trop bien le sympathique
député de Montmorency pour croire qu'il se laissera influencer
par son voisin et que les crucifix seront en veilleuse.
M. VEILLEUX: On veille au grain.
M. VEZINA: Je disais donc qu'il est, tout de même, heureux de voir
que la très grande majorité des gens qui sont venus devant la
commission parlementaire, on le sentait, nous offraient une collaboration
franche, honnête et sincère pour nous transmettre leur
expérience, leur connaissance du milieu surtout et des gens qui y
vivront. Je comprends que les membres du Ralliement créditiste ont une
connaissance profonde des problèmes de l'île de Montréal.
Ils sont enracinés dans le milieu.
M. BOIS: C'est vrai, ça. Vous n'avez jamais si bien
parlé.
M. VEZINA: Ils savent représenter dans cette Chambre les
véritables problèmes que doit affronter cette population. C'est
connu. Mais nous qui ne connaissons rien par rapport à ces apôtres
de la lumière et de la vérité.
M. AUDET: Il a raison.
M. VEZINA: ... nous qui sommes obligés de consulter pour avoir
une idée valable des véritables problèmes de
Montréal...
M. BOIS: Vous venez de le dire. Continuez.
M. VEZINA: Le député de Saint-Henri, qui vient de ce
milieu, qui y vit, lui, ne connaît rien par rapport à ces grands
maîtres de la pensée chrétienne et les seuls
véritables défenseurs de la foi en cette Chambre que sont nos
douze apôtres créditistes.
M. BOIS: Il n'a jamais si bien dit.
M. DUMONT: C'est beau de se prendre pour un autre.
M. VEZINA: M. le Président, nous qui sommes obligés
d'aller consulter, d'aller dans le milieu via les commissions parlementaires,
nous qui, aujourd'hui, travaillons tous ensemble, peut-être par des
moyens un peu différents, peut-être même par une vue du
problème un peu différente...
M. BOIS: Des subterfuges.
M. VEZINA: ... pour arriver à bâtir quelque chose d'un peu
meilleur sans avoir nullement la prétention d'être, n'est-ce pas,
à ce point supérieurs que nous ne puissions même pas
endurer la critique, nous avons, tout simplement, l'intention d'organiser
quelque chose qui pourra marcher. Dans un an, deux ans, trois ans,
peut-être à la lumière de l'expérience vécue,
notamment par les nombreux créditistes élus sur l'île de
Montréal...
M. AUDET: Mais qui marche de moins en moins.
M. VEZINA: ... on pourra peut-être apporter des amendements, mais
toujours en vue de donner une restructuration valable sur l'île de
Montréal.
Le député de Maskinongé, traitant des principes de
ce bill, nous dit: Il y a dans ce projet de loi et dans la déclaration
ministérielle qui s'y ajoute, des principes de droit nouveaux.
C'est vrai et je suis certain qu'il en est très heureux. Cet
homme qui a toujours été en faveur de l'évolution de notre
droit a aujourd'hui, une autre fois dans son illustre carrière,
l'occasion de participer à l'élaboration de ces principes de
droit nouveau. Je suis certain qu'il veut me poser une question!
M. PAUL: M. le Président, vous voyez que mon ami a vu juste parce
que je voulais lui poser la question suivante: Est-ce qu'il n'a pas
l'impression que ce droit nouveau ne doit pas être au détriment
des pouvoirs et obligations des membres de l'Assemblée nationale,
d'abord? C'est sous cet aspect que j'ai soulevé ce
problème en mettant en garde le ministre contre cet abus de
délégation de pouvoir.
M. VEZINA: M. le Président, il est bien évident que je
souscris aux propos du député lorsqu'il dit que les principes de
droit nouveau ne doivent pas être faits au détriment des membres
de l'Assemblée nationale. Je serais, évidemment, le premier
à me plaindre d'une telle situation. Mais, les principes de droit
nouveau contenus dans ce projet de loi et dont le député de
Maskinongé nous a entretenus, je ne vois pas pourquoi on peut affirmer
qu'ils vont à l'encontre des droits et privilèges des membres de
cette Assemblée.
Si, par exemple, il fallait demander à l'Assemblée
nationale, après une telle déclaration ministérielle,
d'étudier le projet de loi en comité plénier, sans avoir
eu l'occasion de recevoir, préalablement, le texte précis des
amendements, là je dirais que cette façon de procéder va
à l'encontre des droits et privilèges. Mais une chose est
certaine: Etant donné qu'une discussion doit porter uniquement sur les
principes de ce projet de loi no 28, il est bien évident que cette
déclaration ministérielle est amplement suffisante pour faire
connaître les principes qui sous-tendront les textes législatifs
précis qui seront déposés au début de la
semaine.
Or, je ne pense pas, M. le Président, que la loi soit venue trop
vite. Bien au contraire, certains nous ont même dit devant la commission
parlementaire: C'est depuis trois, quatre, cinq, six ou sept ans que cela
aurait dû être adopté. Je ne pense pas que ce soit trop
vite, bien au contraire. Je ne pense pas qu'il y ait des principes de droit
nouveau qui puissent nous créer des difficultés quelconques comme
membres de cette Assemblée.
En terminant, je veux féliciter le ministre et tous ceux qui, de
près ou de loin, pendant des années puisque ce n'est pas
un projet de loi qui peut aboutir dans quelques mois à quelque
titre que ce soit, anciens ministres, anciens fonctionnaires ou quoi que ce
soit, ont travaillé pour finir par aboutir à une solution, si
imparfaite puisse-t-elle être, de ce problème excessivement
difficile.
Je veux également, M. le Président, souhaiter que les
Montréalais de toute l'île de Montréal, non pas seulement
de la ville, qui seront appelés, à quelque titre que ce soit,
à travailler avec le projet de loi no 28 le fassent de la façon
la plus objective possible, de la façon la plus calme, la plus
pondérée, en se disant que ce projet de loi n'est pas la fin du
monde et qu'il pourra, s'il s'avère, sous certains points, non complet,
être complété.
J'espère enfin, M. le Président, le problème
scolaire de l'île de Montréal cessera de faire inutilement la
manchette des journaux, dans toutes sortes de parascandales et que nous aurons
une véritable administration scolaire moderne, efficace et
chrétienne.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, comme il est une heure trente,
puis-je proposer l'ajournement du débat?
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à lundi, 15 heures.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mardi ou lundi?
M. CARDINAL: Il vient de dire lundi.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. CARDINAL: Malgré le fait qu'on remplace les tapis, au
café du parlement, que le café sera fermé et que les
députés seront dans une situation difficile pour fonctionner?
M. LEVESQUE: Nous tenterons d'accommoder les députés le
mieux possible.
M. CARDINAL: Est-ce une invitation du leader ministériel à
déjeuner, au sens français du terme, lundi?
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. La Chambre ajourne ses travaux à
lundi, 15 heures.
(Fin de la séance à 13 h 31 )