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(Quinze heures treize minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Commission des Affaires sociales
M. LEVESQUE: M. le Président, tel que convenu entre les
différents représentants des partis à la commission
parlementaire des Affaires sociales, une séance de cette commission est
prévue pour demain, jeudi, au salon rouge, vers 16 heures, soit
après la période des questions.
Je fais donc motion pour que la commission parlementaire permanente des
Affaires sociales puisse siéger demain, pendant que la Chambre sera en
séance.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Changements à des commissions
M. PAUL: M. le Président, je voudrais faire motion pour que le
nom de M. Gauthier soit substitué à celui de M. Paul comme membre
de la commission des Affaires municipales et ce, pour aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que le nom de
M. Lamontagne soit substitué à celui de M. Bienvenue comme
président de la commission parlementaire permanente de la Justice.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que la
commission parlementaire permanente des Affaires municipales puisse
siéger à partir de 16 heures aujourd'hui, même si la
Chambre siège.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Au salon rouge, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. LEVESQUE: Article v).
Projet de loi no 274 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture du projet de loi intitulé Loi modifiant le
code municipal.
M. TESSIER: Ce projet de loi vise à permettre l'annexion de
municipalités locales situées dans des comtés
différents. En un tel cas, le territoire annexé passe dans le
comté de la municipalité qui l'annexe sans que soient
affectées, cependant, les procédures d'adjudication et de retrait
des immeubles vendus pour non-paiement des taxes. C'est un projet de loi qui
couvrira, entre autres, le cas de Saint-Adolphe.
DES VOIX: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article x).
Projet de loi no 277 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture du projet de loi intitulé Loi de
l'organisation municipale de certains territoires.
M. TESSIER: M. le Président, ce projet a pour principal objet de
permettre au gouvernement d'implanter une organisation municipale locale dans
des territoires où il n'en existe pas et où il ne semble pas
souhaitable, dans l'immédiat, de constituer une municipalité
suivant les lois générales régissant les
municipalités du Québec.
La municipalité qui sera créée en vertu de ce
projet sera régie par le code municipal sous réserve des
dispositions de ce code que le gouvernement déclarera non applicables et
sous réserve aussi des dispositions spéciales prévues au
projet.
Un administrateur désigné par le gouvernement dirigera la
municipalité à la place du conseil et des officiers et
fonctionnaires municipaux. L'administrateur pourra déléguer
à des personnes certains pouvoirs des officiers municipaux. Le projet
prévoit la possibilité de constituer, dans les parties
suffisamment peuplées, des localités à la tête
desquelles se
trouvera un comité nommé ou élu, à qui
l'administrateur pourra déléguer les pouvoirs du ressort d'un
conseil municipal.
La municipalité pourra, si elle le désire, demander sa
constitution en municipalité de ville ou de campagne en suivant les
procédures de la Loi des cités et villes ou du code municipal,
selon le cas.
Le gouvernement pourra décréter que les dispositions
prévues à ce projet seront applicables à toute
municipalité urbaine ou rurale si les conditions qui ont justifié
sa constitution ne se réalisent plus ou si les membres du conseil ne
peuvent plus être élus suivant la loi qui a constitué la
municipalité.
Le gouvernement paiera les dépenses qu'entraînera la
constitution des municipalités prévues à ce projet.
Celles-ci devront, toutefois, rembourser ces dépenses dans la mesure et
de la façon que fixera le gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou une
séance subséquente.
Déclarations ministérielles. L'honorable ministre de
l'Education.
Amendements au projet de loi no 28
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, depuis le dépôt,
en première lecture, du projet de loi no 28 concernant la
restructuration des commissions scolaires sur l'île de Montréal,
le gouvernement a reçu de nombreuses suggestions. D'ailleurs, la
commission parlementaire de l'Education a tenu neuf séances publiques
auxquelles ont participé, de façon très positive, les
membres de la commission et des représentants de plus de 40 organismes
intéressés. Ayant étudié toutes les suggestions et
recommandations sur le sujet, le gouvernement est disposé à
présenter certains amendements au projet de loi no 28.
L'Assemblée nationale aura l'occasion d'étudier en détail
ces amendements.
Il nous est cependant apparu opportun de faire part à la Chambre
immédiatement des principaux thèmes de ces amendements,
répondant ainsi à un désir exprimé par tous les
membres de la commission parlementaire de l'Education, compte tenu d'un
débat de deuxième lecture sur le projet de loi, qui doit
débuter demain.
Les amendements toucheront six aspects importants de la
législation proposée: 1. Les étapes de la mise en oeuvre
de la loi. 2. Les pouvoirs des commissions scolaires et du conseil scolaire. 3.
Les interventions du ministre de l'Edu- cation et du lieutenant-gouverneur en
conseil. 4. Le système électoral. 5. Les comités
confessionnels. 6. La composition des comités de parents.
A. Les étapes de la mise en oeuvre de la loi. Nous nous proposons
de reporter du 1er juillet 1973 au 1er juillet 1975 l'application
intégrale de la loi, les commissions scolaires nouvelles et le conseil
scolaire exerçant, à partir de cette dernière date, les
devoirs et pouvoirs prévus. Entre-temps, le conseil provisoire, dont la
formation devra être complétée avant le 15 février
1972 aurait, en plus des devoirs qui lui sont dévolus dans le projet de
loi no 28 tel que présenté en première lecture, les
responsabilités suivantes: a) Proposer au lieutenant-gouverneur, avant
le 15 novembre 1972, une répartition définitive du territoire des
commissions scolaires, tout en respectant un nombre minimum de sept et un
nombre maximum de onze commissions scolaires, et en visant le meilleur
équilibre démographique possible. b) Former, dès
l'approbation des territoires des nouvelles commissions scolaires par le
lieutenant-gouverneur en conseil, un comité d'implantation sur chaque
territoire des futures commissions scolaires, permettant aux responsables
actuels de l'éducation, tant catholiques que protestants, de chacun de
ces territoires, de préparer concrètement l'implantation des
nouvelles commissions scolaires, au 1er juillet 1975. c) Appliquer, à
partir du 1er juillet 1973, les sections de la loi portant sur la taxation et
le financement.
B. Les pouvoirs des commissions scolaires et du conseil scolaire.
Dans le cadre de ses pouvoirs de réglementation relativement au
financement, à la planification du fonctionnement et du
développement des commissions scolaires et à l'organisation de
services pouvant bénéficier à toutes les commissions
scolaires, le conseil devra, en priorité, mettre au point, par voie de
règlements, des mesures propres à assurer : 1. Une utilisation
des équipements scolaires à la fois rationnelle et juste, du
point de vue des diverses clientèles à desservir. 2. Le
rattrapage des milieux défavorisés en matière
d'éducation. 3. Le développement de l'éducation de
l'enfance inadaptée et de l'éducation des adultes. 4. Des
ententes entre les commissions scolaires, les municipalités ou tout
autre organisme, aux fins de favoriser le développement de services
communautaires.
De plus, étant donné la responsabilité du conseil
scolaire de voir à une répartition juste des fonds entre les
commissions scolaires, compte tenu, notamment, de certains milieux
défavorisés, il ne pourra pas, sans l'accord de la commission
scolaire concernée, ne pas lui permettre de recevoir au moins le minimum
de revenus correspondant à l'application des règles
régissant les dépenses normalisées des commissions
scolaires de la province.
C. Les interventions du ministre de l'Education et du
lieutenant-gouverneur en conseil.
A ce sujet, nous proposerons que la nomination du président et du
vice-président du conseil scolaire par le lieutenant-gouverneur en
conseil ne s'applique qu'aux premières nominations. De plus, nous
voulons que les sept membres du conseil provisoire qui doiyent être
recrutés parmi les commissaires de la CECM et de la PSBGM soient choisis
parmi et par ces commissaires.
Les deux personnes susceptibles d'être nommées lorsqu'une
minorité linguistique n'est pas représentée à la
suite d'une élection deviennent des observateurs avec tous les droits et
pouvoirs des commissaires, sauf le droit de vote. Une révision attentive
du projet de loi se poursuit en vue de diminuer le nombre d'interventions du
ministre ou du conseil des ministres sans mettre en cause la cohérence
nécessaire de l'ensemble du système d'éducation.
D. Le système électoral.
Nous proposerons l'élection en bloc des commissaires tous les
quatre ans, plutôt qu'un système de rotation, tel que prévu
par la loi actuellement, ainsi qu'un mandat de même durée pour
tous les membres du conseil scolaire.
E. Les comités confessionnels.
Le nombre de membres des comités confessionnels au niveau de la
commission scolaire sera porté de trois à sept. Ces
comités devront de plus veiller mandat additionnel qui leur est
confié à la promotion de l'éducation catholique ou
protestante, selon le cas. Le responsable des questions religieuses,
catholiques ou protestantes qui était mentionné dans la loi aura
la responsabilité de l'orientation et de l'animation religieuse des
écoles reconnues comme catholiques ou protestantes, selon le cas, dans
le cadre des règlements des comités catholiques et protestants du
Conseil supérieur de l'éducation.
Ce responsable sera à ce titre conseiller auprès du
directeur général, sous l'autorité de la commission
scolaire. Il sera de plus membre du comité confessionnel qui le
concerne. Enfin, il ne pourra être nommé par la commission
scolaire sans que celle-ci obtienne préalablement un avis du
comité confessionnel intéressé.
F. La composition des comités de parents à
l'échelon des commissions scolaires.
Etant donné le grand nombre d'écoles qui seront sous la
juridiction de chaque commission scolaire, nous prévoirons la formation
d'un conseil exécutif élu par le comité de parents pour
assurer une liaison plus réaliste entre ce comité de parents et
la commission scolaire. Il va de soi qu'en temps utile les textes précis
des amendements envisagés seront remis aux parlementaires, soit au
début des travaux du comité.
Nous espérons que ces modifications apportées par le
gouvernement au projet de loi no 28 recevront l'approbation des
différents groupes, puisqu'on retrouve dans les têtes de chapitre
certaines des appréhensions et des préoccu- pations des groupes
qui sont venus présenter des mémoires à la commission
parlementaire. Nous croyons fermement que ces amendements nous permettront
d'atteindre encore plus facilement les objectifs que le projet de loi
s'était fixés au départ.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, cette déclaration du
ministre a lieu à la fois de nous réjouir pour certains de ces
points, et peut-être de nous inquiéter aussi et d'inquiéter
la population. Je dis: de nous réjouir, tout d'abord, parce que le
ministre souligne dans son premier paragraphe que c'est grâce à la
collaboration très positive de tous les membres de la commission qu'il
vient présenter maintenant un nouveau projet de loi no 28, dont on ne
connaît pas le texte. Nous n'en connaîtrons le texte qu'au moment
de l'étude en comité plénier comme il le dit dans son
dernier paragraphe.
Je me réjouis aussi, parce que de fait, le ministre dans
son texte est vague à ce sujet et je le comprends c'est à
ma propre demande expresse et pressante que nous avons aujourd'hui cette
déclaration et ce document entre les mains. Le ministre l'a d'ailleurs
remis, je pense, à chacun des critiques des partis de l'Opposition. Je
sais que je suis un peu mal pris par les règles de la procédure,
je ne puis pas aller au fond des questions qui apparaissent sur ce document
puisque je ferais alors un discours de deuxième lecture du projet de loi
no 28, et vous me rappelleriez rapidement à l'ordre.
Le ministre aurait pu employer deux techniques qui, je pense, n'auraient
pas été non-orthodoxes et il aurait pu déposer la liste
des amendements, si ces amendements eussent été prêts, ce
qui nous aurait permis de travailler, en deuxième lecture, sur un
document qui ne donne pas ce plan des principes généraux mais qui
nous donne un texte précis. Parce que surtout dans le projet de loi no
28, concernant la restructuration scolaire de l'île de Montréal et
annexe au singulier ou au pluriel, les principes viennent de ce texte, puisque
c'est un changement radical de l'organisation scolaire de Montréal.
Il y a des principes concernant la langue. La déclaration du
ministre ne parle que d'observateurs mais est plutôt muette sur un
problème de fond qui a été soulevé à la
commission parlementaire, je désire l'indiquer. H y a un problème
de confessionnalité. Le ministre est ici plus précis et ceci,
heureusement, nous réjouit. C'est à la suite probablement de la
conversion d'un député péquiste à la religion
catholique que ces amendements sont proposés.
Nous sommes donc un peu mal pris de discuter de ce document puisqu'il
amende profondément le document déposé en première
lecture et étudié à la commission parlementaire de
l'Education pendant de nombreuses heures et où nous avons reçu
plus d'une quarantaine
d'institutions et de personnes. Il est quand même bon que nous
ayons devant nous ce document, ce qui nous permettra de voir quelles seront nos
positions vis-à-vis du projet de loi définitif.
Nous avons, quand même, devant nous un certain nombre de principes
généraux qui sont, pour le moins, corrigés par la
déclaration ministérielle. Je terminerai en rappelant à
cette Assemblée que ce que mentionne le ministre, au début de sa
déclaration, est strictement vrai.
Je pense que c'est un des cas où les membres de la commission
parlementaire, tout particulièrement ceux de l'Opposition officielle,
surtout mon collègue de Chicoutimi, ont fait un travail que je dois
souligner, qui a permis au ministre de réviser ses positions et de nous
présenter un nouveau projet de loi no 28 profondément
amendé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, la présente déclaration
ministérielle souligne, de fait, un effort d'intention de la part du
ministre à la suite des différentes recommandations qui lui
furent soumises à la commission parlementaire. A la fin des sessions de
cette dernière, le ministre avait signifié qu'il
déposerait, avant la deuxième lecture, les amendements qu'il
projetait d'apporter au bill 28. Aujourd'hui, il nous soumet des thèmes
d'amendement dont certains nous paraissent clairs et acceptables, alors que
d'autres demeurent obscurs, c'est-à-dire vagues et imprécis,
malgré que tous semblent loin d'être d'une importance
première, tel qu'a semblé vouloir le souligner le ministre.
On nous annonce, d'une part, la mise en application intégrale de
la loi pour juillet 1975, la répartition définitive des
territoires des commissions scolaires pour novembre 1972 et l'application de la
taxation et du financement pour juillet 1973. Il s'agit donc là d'une
progression qui n'existe que dans le temps, puisqu'elle ne s'applique pas au
niveau de l'école, ni, non plus, au niveau des mécanismes
d'application des structures comme telles.
En ce qui a trait à la confessionnalité, les
prétendus amendements proposés ne nous satisfont aucunement et
leur faiblesse se trouve dans les structures où aucun soutien juridique
ne leur est accordé. Il en est de même aussi, à notre avis,
des questions linguistiques. Je me demande s'il ne s'agit pas tout simplement
d'une déclaration généreuse et vague qui veut être
l'image anticipée d'une terre promise, annoncée de telle
façon dans les mots qu'elle puisse nous être refusée dans
les faits. Quoi qu'il en soit, quant à nous du Ralliement
créditiste, nous attendons avec impatience les amendements qui sont
encore à venir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, la grande majorité des
amendements présentés par le gouvernement au projet de loi no 28
reçoit notre approbation, à l'exception peut-être du retard
qu'on veut mettre à la mise en application du projet de loi.
J'ose croire que ces amendements s'inscrivent dans une ouverture
à des principes auxquels le projet de loi et ce qui tient lieu de
logique au gouvernement semblaient tout à fait perméables depuis
le début des travaux de la commission.
Je me permets de signaler à mon ami le ministre de l'Education,
et ce sans querelle partisane, que mon parti peut se retrouver à
l'origine de deux amendements en particulier, celui qui vise à inclure
un mandat pour avoir une politique de rattrapage des milieux
défavorisés au conseil scolaire et celui qui, comme l'a
signalé le député de Bagot, a spécifié le
rôle et les pouvoirs des comités confessionnels.
Cette hypothèse que nous avons qu'il s'agit là d'une
ouverture à des principes que nous avons défendus nous encourage,
à la veille du débat de deuxième lecture et surtout du
comité plénier sur ce projet de loi; car, si, c'est vraiment une
ouverture pour de nouveaux principes, nous ne comprenons pas pourquoi on
refuserait d'autres amendements du Parti québécois qui viendront
à la suite et qui sont basés effectivement sur les mêmes
principes.
Je ne comprends pas, par exemple, comment on ne pousserait qu'à
demi une plus grande démocratisation du système scolaire en
insistant pour maintenir des commissaires non élus ou une structure
administrative parallèle; ce serait être illogique sur ces
nouveaux principes qui semblent être désormais ceux du
gouvernement.
Nous ne comprenons pas aussi comment des amendements qui apportent des
garanties à tant de personnes n'apporteraient pas de garanties
linguistiques plus profondes au groupe majoritaire francophone sur l'île
de Montréal.
Nous ne comprenons pas aussi comment, pour des comités de parents
auxquels on assure désormais un comité exécutif, on
resterait aussi silencieux quant aux pouvoirs qu'ils auront au niveau de
chacune de leurs unités.
Voilà des exemples, M. le Président, qui me font croire
que nos autres amendements, qui ne viseront qu'à aller dans le
même sens que semble avoir épousé désormais le
gouvernement, devront désormais être reçus.
Je me permets de signaler, comme dernière remarque, que, s'il en
était autrement, si ces amendements étaient le compromis ultime
du gouvernement, alors le danger que semble vouloir écarter le ministre
de l'Education ne pourrait qu'être plus grand -à mon avis car
l'incohérence de principe d'un article à l'autre ou d'une
disposition à l'autre du projet de loi ne serait qu'augmentée.
Vous auriez des dispositions où on pousse la démocratisation dans
le souhait de tous les groupes qui sont venus se faire entendre
et, dans une disposition plus loin, on restreindrait, à l'aide
d'un garde-fou, le pouvoir que l'on a reconnu dans un article
précédent à un groupe qui avait sur ce point
remporté une victoire.
Il me semble que si nous ne nous efforçons pas, lors des travaux
de deuxième lecture et lors du comité plénier, de donner
au projet de loi gouvernemental une cohérence de principe encore plus
grande que celle que les nouveaux amendements mêmes ne parviennent pas
à corriger, la structure scolaire de Montréal sera
hypothéquée dès son départ.
C'est avec beaucoup d'optimisme maintenant, à la suite des
amendements du ministre, que nous allons entreprendre dès demain,
sereinement, pour le plus grand bien de la population de Montréal, le
débat en deuxième lecture et le comité plénier sur
le projet de loi no 28,
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents.
M. TESSIER: J'ai l'honneur de déposer le rapport du Bureau
d'assainissement des eaux du Québec métropolitain.
M. LE PRESIDENT: Questions des députés.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Questions et réponses
Usine Alcan d'Arvida
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous me permettrez de
poser une question au premier ministre concernant la situation dramatique qui
prévaut actuellement à l'usine de l'Alcan à Arvida.
J'ai posé, hier, la question au ministre de l'Industrie et du
Commerce en l'absence du premier ministre. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce a déclaré qu'il en prenait avis. Je voudrais donc savoir
si le gouvernement est informé de cette situation, s'il a
contacté les autorités de l'Alcan et quelles sont les
dispositions qu'il entend prendre pour corriger cette situation.
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Chicoutimi n'a pas à se plaindre de quoi que ce soit. Je lui rappellerai
que j'ai pris avis de sa question, hier. Cette question...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne me suis pas plaint.
M. LEVESQUE: La façon dont le député s'est
levé avec son air triste et abattu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je regrette... M. le Président,
j'invoque le règlement...
M. PAUL: Qu'on ne commence pas là-dessus. Qu'on ne commence
pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, j'espère que cela ne fait
pas l'objet d'une question de privilège que d'avoir l'air triste et
abattu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je crois que le
ministre de l'Industrie et du Commerce et mon cher ami, le député
de Bonaventure, n'a pas de raison et n'a pas le droit non plus de qualifier de
la façon dont il l'a fait l'attitude que j'ai prise en posant ma
question au premier des ministres que le vent nous a rapporté
aujourd'hui.
J'ai posé hier une question et si j'avais l'air un peu triste,
c'est que la situation est dramatique et que le gouvernement n'a pas l'air de
s'en occuper.
M. LEVESQUE: Alors, j'attribuerai au dramatique de la situation l'air
triste et abattu du député de Chicoutimi.
M. PAUL: Cela, c'est vrai. Avec un gouvernement comme
celui-là...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'étais triste parce que je vous
regardais tous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai communiqué, à la
suite de la question du député de Chicoutimi, avec mon
collègue, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui, comme on le
sait, reçoit les avis de mises à pied plusieurs mois avant
qu'elles soient effectuées. Dès que le ministre du Travail sera
libéré des choses très pressantes qui le retiennent
présentement ailleurs, il se fera un plaisir de répondre à
la question du député de Chicoutimi.
Par contre, je tiendrais, comme ministre de l'Industrie et du Commerce,
à ajouter d'avance quelques renseignements que j'ai pu moi-même
obtenir sans cependant, porter atteinte à la réponse que donnera
très prochainement le ministre du Travail.
Je tiendrais simplement à signaler à rappeler
plutôt qu'on accusait M. Duplessis, dans le passé, de
répéter bien souvent le nombre d'implantations
manufacturières et le nombre d'employés qui y trouvaient du
travail.
Il le faisait tellement de fois au cours des mois et des années
successives qu'on se disait: Peut-être qu'il s'agit d'une nouvelle
industrie! Mais il s'agissait toujours de la même. Ces héritiers
pèchent, évidemment, dans le même sens. Mais lorsqu'ils
sont assis de l'autre côté de la Chambre, ils parlent des mises
à pied à tous les mois. Pendant une année, ce sont les
mêmes 450 personnes dont il avait été question le printemps
dernier et qui avaient fait l'objet d'un avis au ministre du Travail.
M. PAUL: Ce n'est pas une réponse. M. LEVESQUE: M. le
Président,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas drôle.
M. LEVESQUE: ...ce sont les mêmes 450 personnes qui ont fait
l'objet de questions précédemment, auxquelles nous avons
répondu dans le temps. Ce sera confirmé, d'ailleurs, par le
ministre du Travail lorsqu'il aura à répondre. S'il y a de
nouveaux avis, le ministre du Travail nous en fera part. Mais les
renseignements que nous avons au ministère de l'Industrie et du Commerce
indiquent que les mises à pied, parce que ce sont encore les mêmes
dont avait parlé et parle continuellement le député de
Chicoutimi, héritier d'une méthode qui a maintenant un peu
d'âge, sont dues...
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
M. LEVESQUE: ...à une surproduction... M. PAUL: M. le
Président,... M. LE PRESIDENT: L'honorable député... M.
PAUL: ...sur un rappel au règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Une question de
règlement. L'honorable député de Maskinongé.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable leader du gouvernement a perdu toute
notion de notre règlement qui prévoit que la réponse doit
être complète et de manière à ne pas soulever de
débat. Franchement, M. le Président, je suis sûr que vous
êtes inquiet, comme moi, du comportement de l'honorable leader du
gouvernement. Je suis sûr qu'après avoir repris son calme, la
logique habituelle qu'on lui reconnaît, il pourra répondre d'une
façon bien objective à une question fort intelligente et à
point de l'honorable député de Chicoutimi.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'aurais pu, moi-même, me
référer au règlement et, m'accrochant à je ne sais
quel article, dire que je n'avais pas à répondre à une
question qui avait déjà reçu réponse. Mais c'est
justement par un souci, peut-être exagéré, de notre sens
démocratique qu'il me fait plaisir de répéter certaines
réponses déjà données et de préciser comme
suit: ces mises à pied sont dues à une surproduction d'aluminium
à l'échelle mondiale. La compagnie Alcan s'organise pour produire
à environ 86 p.c. de sa capacité. Les 450 mises à pied
dans les usines d'Alma, d'Arvida et de Port-Alfred affectent les
employés qui travaillent dans des salles de cuves. On se rappelle qu'il
a été question de cela il y a des mois en cette
Chambre. Ces mises à pied, tel que les avis avaient
été donnés, cela pourrait être confirmé
évidemment par le ministre du Travail, doivent se faire de
décembre au 31 mars. Mais il s'agit, du moins dans l'esprit de la
compagnie, de mises à pied temporaires, justement parce qu'il y a une
production de 86 p.c. et non de 100 p.c.
En plus de ces ouvriers, le député a mentionné un
certain nombre de cadres qui seraient mis à pied. Le chiffre qu'il a
avancé est peut-être à peu près dans les proportions
où cela se produira mais il n'est pas question que ce soit simplement
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Il s'agit d'une opération à travers le pays et dans tous
les bureaux de l'Alcan. Quant au Saguenay-Lac-Saint-Jean, une vingtaine de
personnes seraient affectées. D'ailleurs, pour ces personnes, disons
qu'une retraite anticipée est prévue, dans la mesure du
possible.
A Port-Alfred, un séchoir de bauxite vient d'être
terminé, permettant, par contre, 24 nouveaux emplois. Si ce projet
n'avait pas pu se concrétiser, il y aurait eu une perte possible de 100
nouveaux emplois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a moins de chômage, mais plus de
chômeurs.
M. LEVESQUE: Alors, il faut prendre la situation comme elle se
présente. Le député, lorsqu'il a parlé d'un chiffre
hypothétique je ne sais pas où il l'avait pris,
celui-là assez astronomique, m'a réellement
inquiété. Je me suis dit: Le député doit avoir des
renseignements qui lui sont très personnels et exclusifs, mais les
renseignements que nous avons au ministère de l'Industrie et du Commerce
sont tels que je dois dire que ces chiffres sont complètement
situés dans l'esprit du député, quant à nous.
M. le Président, le ministre du Travail viendra sûrement
compléter ces renseignements, les préciser et les corriger, s'ils
ne sont pas exacts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, d'abord, je dois poser
la question de privilège, avant que de poser une question
additionnelle.
Une grande partie de ce que vient de dire le ministre de l'Industrie et
du Commerce est rigoureusement faux. J'ai posé, à quelques
reprises, des questions sur le problème...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement !
Ce n'est pas à l'occasion d'une question de
privilège...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...du congédiement temporaire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
La question de règlement.
M. LEVESQUE: ...qu'on peut dire qu'une réponse est fausse. Les
règlements prévoient que le ministre peut répondre ou ne
pas répondre. Ce qu'il répond doit être accepté. Ma
parole vaut celle du député de Chicoutimi. Il n'a qu'une chose
à prendre, selon les règlements, est ma parole. Si, par contre,
il croit qu'il y a là-dedans quelque chose de faux, il aura d'autres
occasions pour soulever un débat. Qu'il prenne ces occasions. Nous
supporterons ce débat et probablement que le député de
Chicoutimi, à ce moment-là, regrettera d'avoir prononcé de
telles paroles.
M. PAUL: M. le Président, est-ce une invitation que vous nous
faites?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il est d'abord assez
inusité que la question de privilège que j'ai posée ait
été interrompue par un rappel intempestif au règlement et
que vous l'ayez laissé passer. Cela a échappé à
votre attention, mais, M. le Président, sachez que je ne vous en fais
pas grief.
Je pose à nouveau la question de privilège, M. le
Président, pour dire le ministre se jugera qu'il est
arrivé à plusieurs reprises que j'aie posé des questions
au sujet de l'usine d'Alcan, au sujet de congédiements temporaires, au
sujet de ce qui s'est passé lors de la nationalisation de la Demerara
Bauxite en Guyane. Mais, là, la question que j'ai posée est une
tout autre question, puisqu'elle réfère à des faits
récents qui ont fait l'objet d'un communiqué de la
société Alcan.
Ici se termine, M. le Président, ma question de
privilège.
Si j'ai utilisé l'expression "faux" en parlant de ce que venait
de dire le député de Bonaventure, ce n'était pas pour
l'insulter ou lui dire qu'il trompait la Chambre, mais pour lui déclarer
qu'il avait très mal compris les questions que j'avais posées
auparavant. Vous voyez qu'il prend feu pour rien.
Le problème est le suivant. Je pose une autre question.
M. LE PRESIDENT: Question additionnelle?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle. Mais, ils sont
nerveux! Premièrement, à quel moment le ministre du Travail
a-t-il été saisi du problème? Et qu'est-ce qu'il a fait
pour le régler?
Deuxièmement, j'ai demandé ceci au premier ministre
au premier des ministres, il doit quand même y avoir un responsable dans
ce gouvernement : Est-ce qu'il y a eu entre la société
Alcan et le gouvernement des pourparlers afin de voir quelle est actuellement
la situation, quelles sont les perspectives d'avenir pour la
société Alcan et particulièrement pour ses usines qui se
trouvent dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
Troisième question, que j'ai posée hier: Est-ce qu'il est
exact puisque la rumeur a été répandue et les
gouvernements doivent en être informés, si cette rumeur est
fondée qu'aux 480 employés qui ont été
congédiés s'en ajouterait bientôt un nombre d'environ
1,200, et peut-être davantage? Ce sont des questions que j'ai
posées hier au ministre.
M. LEVESQUE: Dans la région de Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que ce soit dans la région de
Chicoutimi ou que ce soit dans d'autres régions, l'Alcan a des usines
à Shawinigan, par exemple.
M. LEVESQUE: Sur la côte du Pacifique, aux Etats-Unis?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois que l'honorable
député de Chicoutimi a pleinement l'occasion de poser trois
questions additionnelles. J'accorde couramment une certaine latitude sur les
questions additionnelles. A cette occasion-ci il y a un bloc de trois
questions. Il y aurait peut-être lieu de permettre au ministre de
répondre pour que ça ne devienne pas un
contre-interrogatoire.
Vous en avez posé trois. Je crois que j'ai été
très libéral dans ce droit que vous avez eu de poser ces
questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement avant qu'on ne me réponde. J'avais terminé.
C'est le ministre de l'Industrie et du Commerce qui m'a interrompu en me
demandant: Est-ce que c'est à travers tout le Canada ou dans tous les
pays? J'ai le droit de rétablir les faits.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Lorsque l'honorable ministre de l'Industrie
et du Commerce est intervenu dans la question du député de
Chicoutimi pour demander s'il s'agissait de la côte du Pacifique, c'est
moi-même qui me suis levé pour rétablir l'ordre et pour ne
pas permettre à l'honorable ministre d'intervenir dans la question du
député de Chicoutimi. C'est moi-même qui me suis
levé pour préserver tous les droits du député de
Chicoutimi. Et je ne vois pas dans ça le motif d'une question de
privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous me permettrez
d'invoquer le règlement et vous remercier d'abord de vous être
levé au moment où on m'a interrompu.
M. LE PRESIDENT: C'est mon devoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais le ministre prenait ma question par le
biais.
M. LE PRESIDENT: En ce qui me concerne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai le droit de rétablir les
faits.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas permettre un débat,
c'est moi-même qui ai... A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que le
ministre est prêt à répondre?
M. BOURASSA: M. le Président, en ce qui a trait au ministre du
Travail, le député est au courant que le ministre du Travail est
retenu à Montréal, actuellement. Il a siégé une
partie de la nuit, pour ce qui a trait au conflit de la Presse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec tous ses fonctionnaires?
M. BOURASSA: Avec la plupart de ses hauts fonctionnaires.
M. PAUL: Est-ce la Brinks qui les a transportés?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BOURASSA: Alors le ministre du Travail, s'il lui est possible, sera
présent en Chambre demain pour donner les explications en ce qui a trait
au conflit de l'Aluminium. Le ministre de l'Industrie et du Commerce a dit
tantôt qu'il y avait une surproduction dans le cas d'Aluminium, que ces
mises à pied étaient temporaires et que le gouvernement, par
l'intermédiaire du ministère du Travail et le ministère de
l'Industrie et du Commerce, était en contact constant avec les
autorités de la compagnie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, une question
additionnelle, une dernière question au ministre, au premier des
ministres. Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire à quel
moment il y a eu des rencontres récentes avec les responsables de
l'Alcan, que ce soit en Guyane ou ailleurs, là, pour satisfaire le
ministre qui m'a interrompu tantôt, à quel moment il y a eu des
rencontres, où ces rencontres se sont-elles tenues, et est-ce qu'on a
discuté des dernières mesures prises par la société
Alcan? C'est ça que nous voulons savoir nous, de la région.
M. LEVESQUE: M. le Président, il n'est pas coutume de donner
notre ordre du jour, notre horaire à tous ceux qui nous posent des
questions comme celles-là...
M. PAUL: Les horaires de dîner, puis de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourquoi nous distribuez-vous, vos invitations
à vos pro- pres caucus? M. le Président, ils nous distribuent
leurs invitations.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. LEVESQUE: ...constant soit directement, soit par le truchement de nos
fonctionnaires avec diverses sociétés québécoises
et nous avons, avec l'Alcan en particulier, des communications continues et
chaque fois que des problèmes comme ceux-là se soulèvent,
il n'y a aucun doute que des communications se font entre la
société et le gouvernement. Mais, quant à tenir un
registre pour le député de Chicoutimi, non !
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf.
Protection du chef
d'Unité-Québec
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre de la Justice. Considérant que tous les membres de cette
Chambre doivent être adéquatement protégés, comme
l'avait souligné le député de Montcalm, la semaine
dernière, est-ce l'intention du ministre de la Justice de faire
immédiatement enquête sur les déclarations du chef
d'Unité-Québec, faites à Montréal, hier soir,
à l'effet qu'il était sérieusement menacé,
même d'être décapité par certaines puissances depuis
son élection comme chef d'Unité-Québec?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai vu le député de
Montcalm à la télévision hier soir et je ne sais pas si le
chef d'Unité-Québec faisait allusion au député de
Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, d'après ce qu'il y
avait dans le journal, ce n'est pas le député de Montcalm,...
M. BOIS: Une question additionnelle, M. le Président, et je pense
que c'est dans l'intérêt de tous les membres de cette Chambre. Si
le député de Bellechasse est vraiment menacé de
décapitation, le ministre de la Justice aurait-il l'intention de scruter
la déclaration faite au sujet de la mafia dans le parti de l'Union
Nationale du temps, déclaration faite à la suite d'un de leur
congrès par le député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Une question additionnelle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Une question additionnelle à quelle
réponse?
M. PAUL: Est-ce que, par la même occasion, le ministre pourrait
faire enquête sur la transaction du 6 avril 1963, au sujet de certains
députés créditistes transfuges?
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je suis prêt à
prendre avis de toutes ces questions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, pour permettre au ministre
justement, de donner une réponse complète...
M. LE PRESIDENT: Une question additionnelle du député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre de la Justice a lieu de croire,
à la suite des informations qu'il aurait obtenues de sa police, que le
député de Bellechasse voulait parler de Desjardins, André
Lagarde, Frank Cotroni et compagnie?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je considère toutes ces questions supplémentaires comme un
abus du règlement de la Chambre. Il s'agit, en somme, d'un
contre-interrogatoire, et je ne peux pas le permettre.
L'honorable député de Bourget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Envoyez-les donc à la Régie des
alcools.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
Vente prévue de la Prévoyance
M. LAURIN: Ce sont de pauvres hères! Ma question est
sérieuse, M. le Président, et elle s'adresse au premier ministre.
Elle porte sur l'examen par le conseil des ministres, ce soir, de la vente
projetée de la compagnie La Prévoyance à des
intérêts américains. Est-ce que le gouvernement est
prêt...
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement. Depuis quand demande-t-on ce
qui se passe au conseil des ministres?
M. LAURIN: Non, je ne demande pas ce qui se passe...
M. LEVESQUE: L'autre jour, c'était le député de
Saint-Jacques qui demandait: Qu'est-ce qui s'est passé au conseil des
ministres hier soir? Celui-ci demande ce qui va se passer au cabinet ce
soir.
M. BURNS: A l'ordre, M. le Président! Qu'il écoute donc la
question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Ecoutez la question, vous allez savoir quoi
répondre.
M. LAURIN: Est-ce que le gouvernement est prêt...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce qu'il ne se passe rien au
cabinet.
M. LAURIN: ...à adopter sans délai une
réglementation en vertu de l'article 83, paragraphe j), de la Loi des
valeurs mobilières, tel que modifié par le bill 63, de
façon à prohiber toute prise de contrôle d'une compagnie
d'assurance québécoise par des intérêts
étrangers?
M. BOURASSA: M. le Président, je constate avec bonheur que le
député a survécu à la réunion du PQ en fin
de semaine.
M. BURNS: Sans walkie-talkie.
M. BOURASSA: Le député comprendra...
M. LACROIX: Vous n'êtes pas assez fins pour les utiliser.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Nous n'avons pas besoin de walkie-talkies, nous autres.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! L'honorable premier ministre.
M. BOURASSA: Le député comprendra qu'il n'est pas dans
l'intérêt public, pour des raisons évidentes, que le
gouvernement fasse des déclarations publiques sur cette transaction.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
premier ministre est alors prêt à déclarer que son
gouvernement va prendre toutes les mesures utiles et nécessaires pour
que les intérêts étrangers ne prennent pas le
contrôle de nos institutions financières
québécoises...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: ...étant donné qu'un tel investissement
étranger n'apporte rien au Québec en termes de "know-how" ou de
technologie...
M. LEVESQUE: A l'ordre! Il ne s'agit pas d'une question, M. le
Président.
M. LAURIN: ...et peut, au contraire, mener à l'aliénation
de l'épargne québécoise.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Rapport Bouchard
M. LAURIN: Question additionnelle. Dans le même ordre
d'idée des investissements améri-
cains au Québec, est-ce que le premier ministre peut nous dire
s'il est exact que, dans sa campagne de dénigrement contre le rapport
Bouchard...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: ...et la Bourse de Montréal, le lobby torontois
s'agite...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais, s'il vous plaît, la
collaboration de tous les députés de cette Chambre. J'ai beaucoup
de difficulté, moi-même, à comprendre ou à saisir
les questions posées.
Je demanderais au député de Bourget de respecter le
règlement en ce qui concerne les questions.
M. LAURIN: Est-il exact que le lobby torontois, qui s'agite autour du
rapport Moore, fait des pressions actuellement auprès du gouvernement
pour exiger la démission du président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! Je ne peux
pas considérer cette question comme une question additionnelle à
la question principale qui concernait la vente d'une compagnie d'assurance
à des compagnies étrangères. C'est un autre sujet et je
donnerai peut-être l'occasion au député de Bourget de poser
sa question avant la fin de la période des questions, si c'est possible.
Je ne peux pas la considérer comme une question additionnelle.
M. LAURIN: M. le Président, je vous soumets très
respectueusement qu'il s'agit toujours du même problème...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LAURIN: ...du problème des investissements américains
au Québec...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: ...et que le gouvernement refuse systématiquement
à répondre à toutes nos questions à ce sujet depuis
des mois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Montcalm.
Le français et les tribunaux du
Québec
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'espère que ma
question ne soulèvera pas de tempête. Il y a déjà
plusieurs jours que je l'ai posée au premier ministre, et j'attends une
réponse concernant le droit des Québécois d'être
jugés en français dans les tribunaux du Québec.
J'aimerais savoir si le premier ministre pourrait me fournir une
réponse à cet effet.
M. BOURASSA: M. le Président, le député de Montcalm
est certainement au courant de l'article 133 de la constitution, qui exprime
très clairement qu'il ne s'agit pas d'un privilège, mais d'un
droit pour tous les Québécois de s'exprimer en anglais ou en
français.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, question
supplémentaire. Est-ce que le premier ministre, compte tenu de ce renvoi
à l'article 133, a l'intention de demander au ministre de la Justice de
préparer une note de direction pour les juges du Québec pour que
de telles déclarations ne se répètent pas, ce qui a, comme
conséquences, de placer la population dans un quiproquo?
M. BOURASSA: Il faudrait vérifier, M. le Président, si la
déclaration a été faite, dans quel contexte elle a
été faite et si elle a été rapportée telle
que dite.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le premier ministre a l'intention de le
vérifier? Très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Anne.
Saisies à Ville d'Anjou
M. SPRINGATE: My question is addressed to the Minister of Justice. Has
the Ministry of Justice launched on an investigation into the circumstances and
events which some bailiffs seized movables from numerous Ville d'Anjou
furnished apartments this past week-end?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai moi-même fait
enquête sur l'incident auquel le député de Sainte-Anne fait
allusion. Je puis assurer le député qu'il s'agissait d'une
saisie-revendication exercée par un nommé Jean-Paul
Deschênes à l'égard d'un défendeur du nom de Marcel
Chalifoux qui était lui-même sous le coup d'une ordonnance de
séquestre intérimaire dans une affaire de faillite.
Les huissiers se sont présentés au domicile d'une centaine
de locataires et ont procédé à saisir un certain nombre de
meubles dans la soirée du 26 novembre. Il reste à vérifier
si les huissiers étaient autorisés à procéder ainsi
en
dehors des heures normales de signification. Je n'ai pas pu encore
vérifier ce point à l'heure actuelle. Cependant, le 27 novembre,
c'est-à-dire au cours de la même nuit, le registraire des
faillites a rendu une injonction ordonnant aux huissiers de retourner les
meubles qui avaient été saisis, et au cours de la fin de semaine,
suite à cette injonction rendue par le registraire des faillites de
Montréal, les huissiers ont rapporté la presque totalité
des meubles dont avaient été soustraits les locataires en
question.
Etant donné que le tout est actuellement soumis au tribunaux, en
particulier à la juridiction des faillites de la cour Supérieure,
je ne peux pas faire d'autres commentaires que de décrire les
événements tels qu'ils se sont produits. Je puis enfin assurer le
député de Sainte-Anne que je continue à suivre ce dossier
et que si des mesures sont rendues nécessaires je les prendrai en temps
et lieu.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
Rapport sur la traverse de Lévis
M. ROY (Lévis): M. le Président, ma question s'adresse, je
crois, à l'honorable ministre des Transports, mais je regrette
d'être obligé de changer ma boussole L'honorable ministre
soit des Transports ou des Finances, je ne sais pas trop à qui
m'adresser a déclaré officiellement qu'il y avait eu sur
le péage de la Traverse...
M. HARVEY (Chauveau): Question.
M. ROY (Lévis): ... elle va venir et assez vite, c'est pour que
vous puissiez la comprendre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. ROY (Lévis): ... un rapport assez volumineux de 150 pages. Le
ministre pourrait-il nous dire si, avant de prendre des décisions, il
pourrait fournir à cette Chambre le rapport dont il est question avant
de remettre la Traverse de Lévis payante?
M. PINARD: M. le Président, en réponse à la
question du député de Lévis, je dois dire que ce rapport
existe bel et bien, que j'en fais actuellement l'étude avec un
comité de fonctionnaires et que je serai en mesure de faire des
recommandations au conseil des ministres à cet effet.
M. ROY (Lévis): Question additionnelle, M. le Président.
Est-ce que dans le rapport le ministre peut nous dire s'il prendra en
considération les sommes qui ont été
dépensées il n'y a pas tellement longtemps pour ériger des
ponts qui donnent des communications aux gens de la rive sud et de la rive
nord? Ne prendra-t-il en considération que les intérêts
payés pour l'en- tretien de ces ponts? Le prendra-t-il en
considération avant de remettre la Traverse de Lévis payante?
M. PINARD: Le rapport a permis de faire l'étude de tous les
sujets que vient de traiter le député de Lévis et je n'ai
aucun doute que cet aspect du problème nous permettra de prendre la
meilleure décision dans les circonstances.
M. ROY (Beauce): Question additionnelle, M. le Président.
Pourrais-je demander à l'honorable ministre s'il a l'intention de rendre
le rapport public ou s'il va le garder secret?
M. PINARD: Le rapport ne peut pas être rendu public tant et aussi
longtemps qu'il n'a pas été soumis au conseil des ministres.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Chèques d'allocations familiales
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des affaires sociales. Le ministre compte-t-il faire des
représentations auprès de son collègue, le ministre des
Institutions financières, pour qu'un règlement soit
adopté, en vertu de la Loi de la protection du consommateur, pour
défendre que l'on incite, par de la publicité et même par
des primes, l'échange des chèques d'allocations familiales du
Québec dans des conditions qui favorisent la dépense
désordonnée de ces allocations?
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai déjà saisi le
ministre de cette question et il me dit qu'elle était déjà
à l'étude au sein du comité consultatif.
J'espère qu'ils seront en mesure d'apporter des modifications aux
règlements pour contrôler ce type de publicité qui
déforme le but du régime des allocations familiales et qui
constitue une forme de publicité qu'on peut qualifier pour le moins de
fausse, en ce sens qu'elle s'adresse aux enfants pour qu'ils fassent pression
sur leurs parents.
J'espère que le ministre sera en mesure de recommander
très bientôt l'adoption de règlements pour contrôler
ce type de publicité qui est évidemment, à mon sens,
à réprimer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre croit qu'il peut utiliser des moyens
pour empêcher que ceux qui vont recevoir les premières
émissions de chèques d'allocations soient exploités? Cette
publicité ne s'adresse pas seulement aux enfants. Vous avez, dans le
journal ici, un magasin de Montréal qui annonce qu'il donne en prime des
bas-culottes aux femmes qui vont encaisser leur chèque...
UNE VOIX: Il est jaloux. Il n'a pas de bas-culotte.
UNE VOIX: Il n'y en a pas pour homme. Qu'est-ce que vous voulez?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je comprends que ce ne sont pas les hommes
qui vont encaisser les chèques. Alors cette publicité se fait
actuellement, et elle s'adresse aux adultes, non pas aux enfants.
M. HARVEY (Chauveau): Des niaiseries! M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs!
M. CASTONGUAY: La seule chose que je puis faire, c'est de demander aux
gens d'être en garde contre ce type de publicité tant et aussi
longtemps qu'il est possible et que les compagnies en cause ne semblent pas
vouloir cesser de le faire elles-mêmes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
Majoration des prestations sociales
M. GUAY: M. le Président, ma question s'adresse également
au ministre des Affaires sociales. Etant donné qu'une grande partie du
budget supplémentaire est affectée au ministère des
Affaires sociales, est-ce que le ministre a l'intention de majorer les
prestations des bénéficiaires d'aide sociale aux effets suivants:
nourriture, vêtements, besoins personnels et domestiques? Ou bien est-ce
seulement de l'assurance-chômage déguisée pour pallier la
carence manifeste dans la création des 100,000 emplois?
DES VOIX: Une autre brillante!
M. HARVEY (Chauveau): C'est une question qui ne mérite pas de
réponse.
M. LE PRESIDENT: Dernière question au député de
Bourget.
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre des Institutions
financières.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Président de la Commission des valeurs
mobilières
M. LAURIN: Est-il exact, à la suite des articles qui ont paru et
qui cherchent à impliquer les membres de la pègre dans la
Commission des valeurs mobilières du Québec, que des
personnalités de la haute finance torontoise font actuellement des
pressions auprès du gouvernement du Québec pour obtenir la
démission du président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec?
M. TETLEY: Non, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Affaires du
jour. M. LEVESQUE: Article 26.
Projet de loi no 67 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche propose la deuxième lecture du projet de loi no 67, Loi
modifiant la loi autorisant des prêts à certains pêcheurs
commerciaux.
Mme Claire Kirkland-Casgrain
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce bill et il en
recommande l'étude à la Chambre.
M. PAUL: Est-ce qu'il y a un discours de deuxième lecture?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est l'extension d'une loi qu'on a
déjà adoptée et c'est tout simplement pour une
période de deux ans. J'ai donné des explications techniques
à l'occasion de la présentation, la première fois. Un
fonctionnaire du ministère est ici et pourra répondre aux
différentes questions techniques que les députés auront
à poser en comité.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on peut aller en comité?
M. PAUL: Non, je regrette.
M. LEVESQUE: Le député de Maskinongé a un grand
discours en deuxième lecture?
M. PAUL: Peut-être pas un grand discours, mais j'ai un discours
à faire.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de
Maskinongé.
M. LEVESQUE: Nous l'écoutons. M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, je trouve curieux le silence du
ministre autour de ce projet de loi, alors que dans le cours de
l'été, plus précisément en date du 26 août
1971, il y avait un communiqué de presse émis par le Conseil
exécutif, par lequel on s'empressait de calmer les pêcheurs
commerciaux, tant en eau salée qu'en eau douce.
On annonçait la présentation, devant cette Chambre, d'un
projet de loi en vue d'amender et de prolonger la loi autorisant des
prêts par le gouvernement aux pêcheurs et aux commer-
çants affectés par la fermeture de la pêche
commerciale à cause de la pollution par le mercure. Le projet
d'amendement faisait suite, disait le communiqué de presse, aux
recommandations en ce sens faites par l'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce et par le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
On sait que le présent projet de loi qu'on veut amender est une
conséquence, un prolongement d'une loi qui fut adoptée par
l'Assemblée nationale au cours de la dernière session.
M. le Président, ce que je trouve curieux, c'est que, dans le
communiqué de presse, on informait les pêcheurs de l'intention du
gouvernement de venir en aide aux personnes et aux commerces affectés
par cette fermeture de la pêche commerciale, tant en eau salée
qu'en eau douce. La pêche commerciale, comme on le sait, a
été rouverte au cours du printemps pour certaines espèces
de poissons. Il était impossible, à l'époque du mois
d'août 1971, de déterminer si la pêche des autres
espèces, c'est-à-dire spécialement le doré,
l'achigan et le brochet, demeurerait interdite.
Devant cette situation, les ministres disait toujours le
communiqué de presse étaient censés continuer, pour
les deux prochaines années, la mesure d'assistance qui faisait l'objet
du principe du projet de loi no 30 maintenant devenu le chapitre 50 des
Statuts de 1970 que l'on avait adopté lors de la dernière
session.
Il était dit, toujours d'après le communiqué de
presse c'était sans doute dans le but de calmer l'association des
pêcheurs qui était en agitation devant l'inaction du gouvernement
pour trouver une solution aux véritables problèmes
qu'entraînait cette défense de la pêche commerciale en eau
salée et en eau douce qu'il avait été convenu que
les prêts pour le présent exercice financier et l'exercice
suivant, c'est-à-dire pour les années 1972 et 1973, devraient
être consentis selon un système d'aide décroissant.
Or, le projet de loi qui nous est soumis est tellement important qu'on
se contente de changer le millésime de la loi. Bien plus que cela, on
apportait des précisions. On signalait quels devaient être les
principes que l'on retrouverait dans cette loi qu'avait l'intention de
présenter le gouvernement pour venir en aide aux pêcheurs. Il
était dit que le prêt consenti à un pêcheur, pour
l'année 1970-1971, représenterait 80 p.c. de son revenu moyen des
trois dernières années, moins les profits réalisés
avant la fermeture de la pêche dans les cas où celle-ci
était commencée. On avait évalué à 20 p.c.
environ les profits qu'avaient pu réaliser les pêcheurs dans
l'exercice de leur commerce.
Le système d'assistance, pour les années 1971-1972 et
1972-1973, était le suivant: a) Pour 1971-1972, un prêt
correspondant à 50 p.c. du prêt actuel, c'est-à-dire celui
auquel le réclamant avait droit en 1970. C'est donc dire que si un
pêcheur avait eu un prêt de l'ordre de $2,000 pour l'année
financière 1970-1971, pour l'année 1971-1972, il aurait eu droit
à 50 p.c. de son prêt. b) Pour 1972-1973, un prêt
correspondant à 25 p.c. du prêt admissible en 1970.
C'était une politique dite d'assistance décroissante et
pour les pêcheurs dont les permis sont annulés pour la
première fois en 1971, un prêt pour cette année de 80 p.c.
du revenu moyen des années 1968, 1969 et 1970 et, ensuite, sur la
même base décroissante que ci-dessus.
Voilà, M. le Président, un excellent communiqué de
presse qui a satisfait, à l'époque, les journalistes toujours
soucieux de connaître les politiques gouvernementales, aux fins d'aider
les différentes classes de la société
québécoise.
M. le Président, on sait que, sur la recommandation des officiers
supérieurs de son ministère, le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche a, à un moment donné, autorisé
la pêche. Tout d'abord, ce n'est que trois semaines après
l'ouverture normale de la saison de pêche que le ministre a
décidé d'annoncer que les permis pour la pêche au verveux
seraient donnés à compter du 7 mai, ce qui veut dire, M. le
Président, que les pêcheurs, spécialement ceux qui sont
sous la tutelle ou l'administration du ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche, ont perdu trois semaines, au moins, de pêche à la
perchaude au début de la saison, alors que l'on sait que c'est la
période intensive de pêche qui rapporte davantage aux
pêcheurs, à cette période de l'année.
Mais ce n'est pas tout, M. le Président. On a également
empêché la pêche, au tout début, de la barbote et du
brochet. On sait qu'actuellement la pêche du doré et du brochet
n'est pas encore permise. Je ne mentionne pas, dans cette exclusion, la
pêche sportive qui a toujours été permise dans les eaux
douces du lac Saint-Pierre ou dans les îles de Sorel, dans la baie
Missisquoi et ainsi de suite.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, on sait que l'anguille offre des
revenus très intéressants pour les pêcheurs commerciaux. Ce
n'est que le 7 juillet 1971 qu'on a décidé de bouger, au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et au
ministère de l'Industrie et du Commerce, pour autoriser cette
pêche. Ce n'est que le 26 juillet que l'on a permis la pêche
à l'esturgeon, alors que la période de prise abondante
était déjà écoulée.
Je puis vous dire, M. le Président, que les officiers du
ministère préposés à l'échantillonnage des
eaux n'ont absolument rien fait pour juger et contrôler la valeur et la
qualité de l'eau dans le lac Saint-Pierre et dans les îles de
Sorel. C'est tellement vrai que c'est un nommé Gaston Dupuis, de
Louiseville, qui a pris sur lui de faire des prélèvements d'eau
pour les porter à Montréal, afin qu'on en fasse l'analyse. Durant
tout ce temps, M. le Président, on tentait de calmer
les pêcheurs en leur laissant croire que les ministères
pourraient adopter des politiques susceptibles de leur venir en aide, soit par
un montant de 50 p.c. de prêt pour l'année 1971 et 1970, par
rapport au montant qui leur avait été consenti pour
l'année 1970-1971 et ensuite, par voie décroissante de 25 p.c.
pour l'année 1971-1972.
M. le Président, la politique des ministères
concernés était incompréhensible. De ce fait, par suite de
cette indifférence dans l'application d'une politique de
vérification et de contrôle, les pêcheurs ont subi des
pertes qui auraient pu être évitées si on avait fait
diligence dans l'analyse de la qualité de l'eau.
Si les fonctionnaires qui travaillent sous les ordres du Dr Corbeil
s'étaient empressé de faire les examens de contrôle qui
s'imposent, je suis sûr qu'on aurait pu faire des prélevés
qui auraient justifié plus tôt les décisions
administratives et les droits de pêche qui ont été
accordés les 6 et 26 juillet 1971.
Les pêcheurs sont déçus, ils ne savent pas à
quoi s'en tenir. Et je me rappelle fort bien qu'à l'occasion de
l'étude du projet de loi, dans le cours du mois de juillet 1970, j'avais
mentionné que beaucoup de pêcheurs préféreraient
s'adresser au bien-être social plutôt qu'au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pour bénéficier des
avantages du projet de loi portant à l'époque si ma
mémoire est bonne le numéro 30 et que l'on retrouve sous
le chapitre 50 des statuts de 1970.
Je ne comprends rien dans la différence entre le projet de loi
insignifiant que l'on présente par le bill 67 et la politique que l'on
annonçait au mois d'août. Qu'on nous dise qu'on n'a pas eu le
temps d'en préparer un, très bien, mais qu'on laisse croire que
le changement de millésime dans la loi de 1970 va apporter l'abondance
aux pêcheurs commerciaux, je dis que c'est les décevoir et que
c'est tout à fait contraire à la politique que l'on
annonçait dans un communiqué de presse à force
publicité, émis par le Conseil exécutif en date du 26
août 1971.
Ce communiqué de presse, même s'il était émis
par le Conseil exécutif avait comme source de renseignement le service
de l'information du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
C'est donc un projet de loi innocent, sans politique des
ministères concernés, soit celui du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche et celui de l'Industrie et du Commerce. Par contre, il y a
certains avantages marginaux, une aide qui sera consentie à certains
pêcheurs. A quelles conditions? Basée sur quelle année?
Nous ne connaissons absolument rien de la politique, des règlements
administratifs et de l'application de cette loi.
On prétend nous offrir un pain, alors qu'on nous offre une bien
petite galette. Mais comme les pêcheurs sont dans le grand besoin,
considérant qu'ils ont encouru des pertes par suite de la
négligence administrative des fonctionnaires, spécialement du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, je dis qu'on
n'a pas le droit de refuser ce projet de loi. De toute façon, ils
pourront être aidés, non pas par la politique de grandeur et les
cadres de la grande publicité qui avait entouré le
communiqué de presse, mais tout simplement par l'espoir de leur apporter
un peu de secours ou de compensation pour les pertes qu'ils ont encourues par
suite d'une politique inexplicable de la part d'un ministre responsable et
soucieux de rendre réellement service à ceux qui dépendent
directement ou indirectement de son ministère pour subvenir à
leur besoins et à ceux de leur famille.
Je regrette amèrement que madame le ministre ne nous ait pas fait
part d'une politique plus substantielle, qu'elle ne se contente que de nous
inviter à changer de millésime. Il est à souhaiter que le
ministre, pris de remords, pourra nous offrir cette politique avant la
prorogation de la Chambre. Je comprends que cette prorogation n'aura pas lieu
avant la fin de janvier ou le début de février.
J'espère donc que le ministre, entre-temps, pourra discuter avec
son collègue le ministre des Finances, pour tâcher d'actualiser
dans une loi la politique vraiment encourageante qui nous était
annoncée par le comité de presse du comité du Conseil
exécutif du 26 août dernier.
Je dis donc, M. le Président, que les pêcheurs de chez nous
devront, cette année encore, ne se contenter que de la petite galette
que leur offre tant le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, que celui du Commerce et de l'Industrie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, on vient de nous rappeler un bill
portant le numéro 67, concernant plus précisément la
prolongation d'une loi qui a été agencée dans le but de
rétribuer des pêcheurs commerciaux. M. le Président, je
crois que, par ce bill, nous, avec notre logique habituelle, que l'on
connaît d'ailleurs, l'on essaie de nous forcer la main pour voter en
faveur de ce bill.
On essaie de nous forcer la main de cette façon-ci à
savoir, est-ce que nous pouvons être contre un bill de cette nature qui,
à prime abord, vise à récompenser pour une mauvaise
pêche ou pas de pêche du tout de petits pêcheurs commerciaux.
Or, à cause de cela précisément, nous ne pouvons pas
être contre, mais cependant, est-ce qu'aujourd'hui nous faisons un pas en
avant pour corriger une situation qui existe depuis trop longtemps
déjà? Est-ce qu'on vise à appliquer, comme à
l'habitude, simplement un cataplasme ou si on essaie de régler le
problème à la base?
Je pense que c'est là qu'il faut s'arrêter, pour
scruter davantage profondément la question qui concerne plus
spécifiquement tous les pêcheurs commerciaux de, la province de
Québec. Cependant, si on jette un bref regard sur ce qui a existé
au cours de l'été car il est entendu que la principale
partie de l'année où la pêche s'exécute, c'est bien
l'été, à moins d'avis contraire malheureusement, on
a accordé des permis à une certaine quantité de
pêcheurs, c'est bien le cas, mais à un temps où la
pêche était déjà quasi entièrement
terminée.
Alors on leur permet d'une main, mais avec grande difficulté. On
n'ose pas leur permettre à ces petits pêcheurs d'aller chercher
les sommes nécessaires pour pratiquer leur métier, tout en
pratiquant leur métier. J'ai eu l'occasion au cours de
l'été, de discuter avec des pêcheurs entre autres de la
basse Côte-Nord et également de la côte gaspésienne.
Plusieurs m'ont dit pas tous évidemment que, cet
été, la pêche a été beaucoup moindre que la
moyenne des années passées, pour certains poissons.
Mais cependant, si on regarde plus attentivement la question, il est
entendu que le bill vise principalement ceux qui ont eu à pêcher
dans le passé, dans des eaux qui, cette année, étaient
vues comme des eaux contaminées. Mais cependant en même temps, on
s'est rendu compte malheureusement, il n'y a pas tellement longtemps de cela,
environ un mois, un mois et demi, qu'une compagnie qui continuait à
polluer le Saint-Laurent avait été pénalisée pour
une modique somme de $100. Je crois qu'à ce moment-là
c'était tout simplement rire des pêcheurs, de la part de celui qui
a agencé la peine.
Mais cependant, si nous allons plus loin que cela, justement nous
constatons que de plus en plus la pêche se fait avec de gros
chalutiers.
Les petits pêcheurs doivent, malheureusement, soit changer
d'endroit pour pêcher, soit se contenter de très petites
quantités de poisson parce que les gros chalutiers sont organisés
de façon à pêcher en eau beaucoup plus profonde.
Est-ce que le ministre a pensé à cet état de fait
pour compenser d'une manière juste les pertes dues justement à
cette situation de fait vécue par ces petits pêcheurs? En ce qui
concerne ceux qui ont à pratiquer ce métier et qui,
malheureusement, étaient devant cet état de fait cet
été et pour une partie de 1970, est-ce qu'on a
préparé un genre de statistiques assez précises pour
pouvoir établir dans quelle mesure le gouvernement devrait
rétribuer ces pêcheurs malchanceux? Je ne le sais pas.
Peut-être que, tout à l'heure, le ministre nous le dira.
Cependant, j'ose espérer qu'il y a des chiffres précis
là-dessus.
Est-ce que l'on n'aurait pas dû, plutôt, s'organiser pour
régler définitivement le problème de ceux qui souffrent du
fait que la pêche en eau profonde se fait de plus en plus avec de gros
chalutiers? Est-ce qu'on n'aurait pas dû examiner la situation de
façon justement que les petits pêcheurs reçoivent une
compensation entière et finale, de façon également
à leur procurer la possibilité de se recycler dans d'autres
sphères d'activités ou professions? Est-ce qu'on n'aurait pas
dû penser également à la possibilité d'un
agencement, coopératif ou autre, pour les réunir dans une
même organisation de pêche?
Est-ce qu'on a pensé à tout cela? Peut-être que oui.
Cependant, dans le bill, rien ne stipule cela, parce que, justement, on ne vise
qu'une chose: appliquer ce que j'ai appelé au début un genre de
cataplasme non pas simplement pour l'année en cours, mais pour deux ans.
Est-ce que, dans deux ans, ce pêcheurs-là, qui ont vécu,
depuis un ou deux ans déjà, une situation quasi
intolérable, seront dans une aussi grande insécurité
qu'ils l'ont été depuis deux ans? Nous ne le savons pas,
précisément parce qu'il n'y a aucun barème et qu'aucune
échelle de compensation ne nous est présentée en
même temps que le bill 67.
Est-ce que, lors de l'étude en troisième lecture,
l'honorable ministre a l'intention d'élaborer davantage? Nous ne le
savons pas. Cependant, pour ma part, du moins, j'aimerais bien que nous le
sachions afin premièrement, d'être davantage, nous du Ralliement
créditiste, éclairés sur ce qui va exister en
réalité après qu'on aura accordé des
rétributions à cesdits pêcheurs; deuxièmement
et le plus important afin que, justement, après la lecture du
journal des Débats puisque tout sera compilé là
ceux qui ont à peiner lorsqu'ils pêchent dans leur petite
barque sachent exactement à quoi s'en tenir, qu'ils sachent exactement
quel sera le montant d'argent ou dans quelle mesure ils seront
rétribués pour des pêches qu'ils n'ont pas pu faire cette
année, en plus de savoir d'avance, parce qu'on déclare certains
cours d'eau pollués, etc., qu'ils ne pourront pas, d'ici un certain
nombre de mois, continuer à pêcher.
Nous sommes devant ces points d'interrogation présentement.
Nous devons présentement et malheureusement je dis bien
malheureusement prendre position alors qu'il y a tellement peu de choses
explicitées dans ce bill. Nous ne pouvons absolument pas être
contre ces petits pêcheurs dans le sens d'une rétribution
concrète et positive d'une façon normale, d'une façon
adéquate, mais nous sommes contre des situations semblables parce que
l'on ne règle pas définitivement le problème.
Nous devons donc nous fier aux principes très
génériques du bill qui visent à compenser dans l'ensemble
les pêcheurs commerciaux. Automatiquement, à cause de cette grande
logique, comme je le disais au début, nous serons obligés de
voter pour à cause de cette grande généralité qui
existe mais qui ne règle pas le problème. J'espère que
lorsque nous l'étudierons en troisième lecture, l'honorable
ministre apportera plus de précision afin que nous sachions et que les
pêcheurs surtout sachent exactement à quoi s'en tenir à la
suite
de ce bill qui deviendra projet de loi, qui sera donc probablement mis
en application. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de D'Arcy-McGee
M. Victor-C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Lotbinière a demandé des éclaircissements; je me
permettrai d'en fournir quelques-uns. Il y a des problèmes aigus et il y
a des problèmes chroniques. La loi adoptée en 1970,
intitulée Loi autorisant des prêts à certains
pêcheurs commerciaux, avait pour but d'aider au règlement d'un
problème aigu. Le gouvernement ayant constaté ce problème
a agi, et je pense que les pêcheurs qui ont dû très
soudainement et sans avertissement arrêter leurs activités ont
obtenu une compensation raisonnablement généreuse et que nous
avons par la suite suivi de très près le problème.
Les services que j'ai l'honneur de diriger ont contribué au
travail du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Nous avons
constaté cette année certaines améliorations, mais nous
avons aussi constaté que le problème n'est pas encore
définitivement réglé.
Le but du projet de loi qui est devant nous présentement est donc
de prolonger des mesures qui ont démontré leur valeur et de
continuer à venir en aide aux pêcheurs qui sont aux prises avec ce
problème aigu.
Le député de Lotbinière a parlé d'un
règlement définitif d'un grand problème, mais je dois
souligner deux choses. Premièrement, que l'on n'a pas
démontré que ce grand problème est attribuable à la
pollution des eaux. Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Le
député lui-même a parlé des grands chalutiers qui
s'en vont maintenant à la pêche. Est-ce que l'on pêche de
façon trop intense depuis un certain temps? Est-ce qu'il y a d'autres
facteurs que nous sommes justement à étudier en
collaboration avec nos voisins qui sont également
intéressés, les provinces Maritimes qui contribuent
à la baisse des récoltes? Il faut le savoir, déterminer
quelles en sont les causes, savoir ce qu'il y a moyen de faire pour corriger
cette situation, s'il y a moyen de le faire. Alors, il nous faut nous limiter
à ce que nous faisons aujourd'hui: poser un geste utile pour continuer
de régler un problème qui existe, qui est défini, qui peut
être mesuré, et auquel, puisqu'il peut être mesuré,
on peut continuer d'apporter des solutions.
Mais, dans les problèmes très généraux, il
faut avoir beaucoup plus de données que nous n'en possédons
présentement pour être en mesure de dire: Voici, il y a moyen de
régler définitivement le problème économique de la
pêche côtière au Québec.
Il y a une deuxième chose que je voudrais souligner. Le
député de Lotbinière a fait allu- sion à des
amendes qu'il trouve, avec raison, minimes, imposées à certaines
compagnies qui déversent leurs égouts des substances plus ou
moins polluantes, selon le cas.
Je tiens à souligner que les lois existantes ne prévoient
pas d'autres amendes. C'est pour cela que les chiffres qui sont connus ont
été imposés par les juges. Le maximum prévu est de
$500. Il y aura bientôt une nouvelle loi qui modifiera ces chiffres
considérablement. Mais, le maximum étant actuellement de $500,
les juges ont cru bon de tenir compte des efforts faits par certaines
compagnies pour réduire leur pollution, pour ne pas imposer le
maximum.
M. DUMONT: Est-ce que le ministre me permettrait une question à
ce stade-ci?
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président.
M. DUMONT: Au Japon, récemment, on a même condamné
à trois ans d'emprisonnement un président de compagnie qui avait
pollué les eaux. Est-ce l'intention du ministre, en collaboration avec
le ministre de la Justice, d'imposer des peines aussi sévères
pour qu'on vienne à bout de la pollution?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai normalement l'habitude de
répondre directement à toutes les questions, mais je regrette de
n'être pas en mesure de donner une réponse précise à
celle que vient de poser l'honorable député de Mégantic.
Il s'agit d'un projet de loi qui sera bientôt déposé. Je
suis obligé, par notre règlement, d'en attendre le
dépôt pour que le député de Mégantic
connaisse son contenu.
Je reviens à ce que je disais. Une échelle est
prévue par les lois actuelles. Elle a été utilisée
par les juges et voilà le résultat. J'insiste encore, ce n'est
pas prouvé que, dans le cas particulier, la pollution dont l'usine en
question a pu être responsable a eu directement un effet sur la
pêche côtière.
Donc, je résume mes remarques en disant que la distinction que
j'ai essayé de faire me semble importante. Nous avons reconnu un
problème. Nous lui avons apporté une solution. Nous maintenons
cette solution pour la durée de ce problème, pour au moins les
deux prochaines années comme prévoit le projet de loi que nous
avons devant nous. Nous étudions, entre-temps, un problème
beaucoup plus complexe, qui n'est pas nécessairement lié à
la pollution, quoique la pollution doit être un des facteurs
étudiés, pour essayer de régler définitivement,
comme le voudrait le député de Lotbinière, le
problème global de la pêche au Québec.
M. BELAND: M. le Président, est-ce que l'honorable ministre me
permet une question? Etant donné que vous avez parlé de cette
possibilité d'une trop grande pêche à certains
endroits, est-ce que vous avez constaté, tout au cours de
l'été, que même des usines flottantes japonnaises ont
circulé alentour de la péninsule de Gaspé pour ramasser le
poisson?
M. GOLDBLOOM: Je ne l'ai pas constaté de mes yeux, mais je suis
allé en Gaspésie et aux Iles-de-la-Madeleine, cet
été. J'ai parlé avec les pêcheurs pour être
mieux renseigné sur les problèmes. Celui soulevé par le
député de Lotbinière, dans sa question, est
évidemment de juridiction fédérale. Je suis certain que
madame le ministre est en communication régulière avec le
gouvernement fédéral à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. Charles Tremblay
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le projet de loi no
67, en somme, prolonge de deux ans la Loi autorisant des prêts à
certains pêcheurs commerciaux, chapitre 50 des lois de 1970. Dans la loi,
on disait que certains prêts seraient accordés aux pêcheurs
qui font la pêche commerciale, étant donné qu'ils
étaient obligés de discontinuer leur commerce à cause de
la pollution des eaux. On disait aussi que, dans les mêmes circonstances,
on pouvait consentir un prêt à une personne exerçant un
commerce qui dépend directement d'une telle pêche.
Madame le ministre nous a déjà fait part, je crois, qu'il
y avait eu des prêts consentis à des pêcheurs qui
étaient obligés d'abandonner leur activité, mais on n'a
jamais su si ceux qui exerçaient un commerce qui dépendait
directement d'une telle pêche avaient reçu, eux aussi, des
prêts en vertu de la loi.
Dans l'article 3 de la loi, on disait: "Le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche peut, avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur
en conseil, conclure une entente avec le gouvernement du Canada pour
l'application de la présente loi." J'espère que le ministre, dans
sa réplique en deuxième lecture, pourra nous dire s'il y a eu de
telles ententes avec le gouvernement fédéral qui doit contribuer
aux prêts consentis aux pêcheurs et à ceux qui exercent des
commerces et dépendent de la pêche.
On disait aussi à l'article 2 une chose dont nous n'avons pas
été informés: "Le ministre de la 'Justice peut se joindre
à un ou plusieurs emprunteurs dans les recours que ceux-ci peuvent
observer contre la personne responsable des dommages qu'ils subissent dans leur
activité commerciale en raison de la pollution des eaux." Alors, nous
nous posons la question: Est-ce qu'il y a eu des recours en dommages contre
ceux qui sont responsables de la pollution? Est-ce que ces recours ont
été pris avec le ministère de la Justice? S'il y en a eu,
nous nous demandons quels ont été les résultats.
Ce sont des questions que nous nous posons. Nous allons voter
nécessairement en faveur du projet de loi en deuxième lecture.
Mais nous aimerions avoir ces informations afin de savoir si la loi a
été efficace, si la loi a joué son rôle et si elle a
réellement aidé les pêcheurs qui ont été
obligés de discontinuer leur activité.
Alors, dans ce bref discours en deuxième lecture, M. le
Président, ce sont surtout quelques précisions que je voudrais
avoir du ministre étant donné que nous allons voter pour la loi,
en deuxième lecture. Nous aimerions avoir ces informations sur
l'efficacité de la loi. Merci.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président...
M. PAUL: M. le Président, sur un appel au règlement, avec
mes excuses auprès de l'honorable ministre. Je voudrais savoir en vertu
de quel principe le ministre peut exercer son droit de réplique alors
qu'elle n'a pas parlé au soutien de la motion de présentation en
deuxième lecture. Je voudrais également, M. le Président,
vous rappeler les dispositions de l'article 260 de notre règlement qui
dit que l'auteur d'une motion principale est censé avoir
parlé.
M. LE PRESIDENT: Quel article? L'article 250?
M. PAUL: Non, l'article 260. UNE VOIX: C'est le bâillon!
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Ce sont des renseignements que je pourrai donner
en comité plénier et en troisième lecture.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous aurions aimé les avoir avant de
voter en deuxième lecture, mais tout de même!
M. PAUL: Nous, nous savons où nous allons.
M. LACROIX: Le député de Maskinongé a l'habitude
d'être plus galant que cela!
M. PAUL: En quoi ne suis-je pas galant? J'ai présenté mes
excuses au ministre.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est exact.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le député de
Maskinongé a raison. Mais ce n'est qu'une question de procédure
car le ministre peut répondre à tous les renseignements
demandés en comité plénier ou en troisième lecture.
Je déclare que le ministre n'a pas de droit de réplique. Je
demande si la Chambre est prête à se prononcer sur la
deuxième lecture du bill no 67.
La motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche fait motion pour que je quitte maintenant le fauteuil et que la
Chambre se forme en comité plénier pour étudier le bill
67.
Le motion est-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. BLANK (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. BURNS: J'aurais simplement une brève question, qui est
beaucoup plus au niveau de la technique législative, qu'autre chose que
j'adresse au ministre. Ce n'est pas la seule loi mais il arrive très
souvent que nous avons de ces lois qui, constamment, sont amendées
simplement en changeant le millésime d'année en année.
Est-ce que, dans le cas présent, il y a des raisons particulières
pour lesquelles on ne fait que changer le millésime plutôt que
d'en faire une disposition constante, c'est-à-dire qu'il y ait une
possibilité constante du ministre, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, peu importent les années, d'accorder
ce genre de prêts-là.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, lorsque la
première loi autorisant des prêts à certains pêcheurs
commerciaux a été adoptée, j'avais à
l'époque on s'en souviendra peut-être
mentionné qu'il ne s'agissait pas de créer un
précédent. D'ailleurs, nous ne pouvons pas
légiférer sur les conditions de la pêche pour les
années à venir.
Comme on le sait, l'historique de la pêche commerciale et le fait
de ne pas ouvrir cette pêche commerciale est d'assez récente date.
La pollution par le mercure, comme on le sait, on a été conscient
de son danger, je dirais, au mois de février ou de mars 1970. C'est le
gouvernement fédéral qui avait établi le degré
permis de pollution par le mercure. Quand le degré de danger a
été tel que nous avons dû penser fermer la pêche
commerciale ou ne pas l'ouvrir, si on veut, le ministère que je dirige
alors que je n'y étais pas, remarquez a été
saisi du problème, au mois de février ou de mars 1970.
Cette époque, M. le Président, si on se souvient de
l'histoire politique du Québec, c'était peu de temps avant une
élection. L'Ontario, devant des conditions absolument analogues, a
décidé de fermer la pêche commerciale à cause des
analyses qui étaient faites et de la haute teneur en mercure dans les
poissons. Lorsque je suis arrivée à ce ministère, on
attendait une décision. Il est certain que nous avons pris nos
responsabilités face au danger et face aux recommandations des
biologistes. Cette décision aurait dû être prise
sûrement deux ou trois mois avant qu'elle ne l'a été. Mais,
à cause du climat politique, encore une fois, de l'élection et le
reste, il n'y avait pas eu de décision de prise au même moment
qu'en Ontario.
Je pense qu'il est important de souligner le fait que par cette loi nous
n'avons pas voulu créer un précédent. D'ailleurs,
l'entente fédérale-provinciale se limitait à une
année. A mon sens, elle a été extrêmement utile. Les
pêcheurs commerciaux eux-mêmes, dans l'ensemble, ont
été satisfaits parce que ceux qui ont perdu des revenus
considérables ont été rémunérés.
M. le Président, je sais que je n'avais pas le droit d'apporter
une réplique tout à l'heure, mais je pense qu'il est significatif
de faire remarquer aux membres de cette Chambre que, si nous n'avons pas
donné plus d'explications, c'est encore une fois parce que c'est une loi
d'exception. Nous ne voulons pas créer de précédent.
L'été dernier, il y a eu une amélioration dans cette
pêche commerciale parce qu'effectivement, il y a de nombreuses
espèces de pêches qui ont été rouvertes. Mais elles
ont été quelquefois rouvertes un peu plus tard que nous
l'espérions. Toutefois, nous étions à la merci des
recherches de nos fonctionnaires.
Ici, je fais reproche au député de Maskinongé de
dire que, sous la direction du Dr Corbeil, les fonctionnaires de mon
ministère n'ont pas fait leur travail. Des analyses ont
été faites quotidiennement, hebdomadairement. Tant que ces
fonctionnaires n'ont pas pu se prononcer avec certitude sur les dangers que
comportait l'ouverture de la pêche, il est clair que les dates
d'ouverture n'ont pas été annoncées. Lorsque ces dates ont
été annoncées, c'est parce que les recherches nous
permettaient de le faire.
Je ne sais pas si cela répond à la question du
député, mais c'est l'explication, en somme, qui devait être
donnée.
M. BURNS: Cela répond exactement à ma question. Merci.
M. PAUL: M. le Président, le ministre peut-il nous dire si tous
ceux qui avaient droit à un prêt, en vertu de l'adoption du projet
de loi no 50, ont été payés ou si le prêt leur a
été consenti?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Tous les pêcheurs commerciaux,
excepté approximativement cinq ou six, ont été
rémunérés. Evidemment, les commerçants n'ont pas
été rémunérés.
Evidemment, les commerçants n'ont pas été
rémunérés, mais tous les pêcheurs commerciaux l'ont
été, ce qui veut dire un nombre d'environ 400.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire depuis quand ils ont tous
été rémunérés?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Pour savoir les dates exactes, je pourrais
probablement
apporter un document à la Chambre. Le règlement de 400 cas
va nous demander des recherches et, si le député de
Maskinongé le permet, je pourrai, dès que ces renseignements
seront prêts, les remettre aux députés de la Chambre.
M. PAUL: Dans un but de collaboration avec le ministre, qu'il me soit
permis de lui lire une lettre du 23 septembre 1971, sous la signature de
H.-Etienne Corbeil, directeur général, adressée à
moi-même, où il est dit ceci: "Certaines difficultés
rencontrées dans l'obtention et la vérification des documents
nécessaires à la détermination du montant des prêts
aux pêcheurs nous ont empêchés de présenter pour
paiement, avant la fin de l'année fiscale, la liste complète de
tous ceux qui avaient droit à un tel prêt. Les prêts
destinés aux commerçants et aux pêcheurs, qui n'ont pas
été réglés au cours de la dernière
année fiscale, seront accordés dès que l'amendement
à la loi nous autorisant à faire des prêts pour
l'année fiscale 71/72 aura été approuvé par
l'Assemblée nationale."
Est-ce que le ministre peut ajouter des commentaires sur cette lettre de
M. Corbeil?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Il s'agit, justement, des cinq ou huit
pêcheurs qui n'ont pas été rémunérés
et des commerçants qui restent. Je devrais ajouter peut-être que
les 400 cas auraient été rémunérés avant la
fin de la dernière année financière.
M. DUMONT: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si l'entente avec
le fédéral a été renouvelée pour deux ans,
tel que la loi présentement nous le demande?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Le fédéral a contribué
pendant une année et, cette fois, c'est le provincial qui prend à
sa charge cette rémunération.
M. DUMONT: Quelle a été la part du fédéral
quand il a contribué?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Cinquante pour cent, ce qui représentait,
si ma mémoire est fidèle, à peu près $250,000.
M. DUMONT: Est-ce qu'il a remboursé les intérêts ou
le prêt était-il fait sans intérêts?
M. BIENVENUE: La Banque du Canada va y voir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Seulement une question. Je l'ai posée
dans mon discours en deuxième lecture. Probablement que j'étais
hors d'ordre, mais on m'a laissé la poser quand même. A propos des
droits de recours des pêcheurs, recours qu'ils devaient prendre
conjointement avec le ministère de la Justice, est-ce qu'il y en a eu de
pris en vertu de la loi?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je sais que nous, ici au Québec, nous
avions une difficulté additionnelle, c'est qu'il n'y avait pas, à
l'époque de l'adoption de la première loi, d'association groupant
tous les pêcheurs et pouvant faire front commun avec le ministère
de la Justice pour intenter une action contre les gens qui auraient
causé la pollution, comme il en existait en Ontario. En Ontario, il y
avait ce genre d'organisation.
Le ministère que je dirige, ainsi que les gens
intéressés, se sont rencontrés à quelques reprises
et ce genre d'association a été formé. De là
à dire qu'à l'heure actuelle il y a eu des actions
d'intentées, je ne pourrais pas répondre à cette question.
Je pense qu'il faudrait l'adresser au ministre de la Justice, à moins
que le ministre responsable de l'environnement n'ait d'autres détails
d'intérêt public à nous faire connaître.
M. GOLDBLOOM: Je pourrais ajouter que, pour intenter une poursuite
je m'excuse de le dire sans être avocat il faut avoir une
preuve, et cette preuve doit être suffisante pour convaincre le tribunal
que la compensation doit être accordée ou que l'amende doit
être imposée.
Dans le cas de l'Ontario, qui a intenté une poursuite contre la
Dow Chemical à Sarnia, il y a eu une relation très directe de
cause à effet et la source du déversement de mercure était
très près de l'endroit où les échantillons ont
été pris. Donc, il y a eu ce qui semblait être une preuve
suffisante pour justifier la poursuite par la province. Dans notre cas, nous
nous trouvons très loin de cet endroit et, sur tout le parcours des
Grands lacs et du fleuve Saint-Laurent, il y a d'autres sources possibles de
mercure.
C'est pour cela que, quand on m'a interrogé à ce sujet,
j'ai dû indiquer qu'il y avait plusieurs sources possibles et que, pour
avoir une preuve, parce qu'il n'y a pas moyen d'identifier le mercure comme
venant de telle ou de telle usine, il aurait fallu identifier toutes les
sources possibles et procéder à une poursuite contre chacune des
compagnies.
Ici au Québec, nous avons identifié quatre sources
particulières de mercure, dont la plupart, c'est-à-dire, si ma
mémoire est fidèle, trois sur quatre, n'étaient pas
directement impliquées. Donc, nous sommes intervenus auprès de
ces quatre compagnies. Nous avons réussi à faire diminuer le
déversement de mercure, par un pourcentage d'au moins 95 p.c.
Peut-être que ceci a contribué à l'amélioration que
l'on a pu constater cette année. Je ne suis pas pour l'affirmer, mais
j'espère que c'est un facteur.
Mais, puisqu'il n'y avait pas moyen d'attribuer à cette seule
compagnie, ni même aux trois autres compagnies québécoises,
la responsabilité de la présence de mercure dans nos poissons, il
a fallu demander à des collaborateurs, surtout au ministère de la
Justice, d'étudier toute la question et d'arriver à une poursuite
globale ou
individuelle contre toutes les compagnies qui auraient pu contribuer
à la pollution. Autrement, chacune aurait répondu; Vous n'avez
pas prouvé que nous en sommes la source, vous auriez pu trouver un autre
coupable.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
si c'est son intention de présenter un peu plus tard, dans le cours de
la session, une législation conforme au communiqué de presse
ayant comme source le service d'information du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche concernant cette politique de son
ministère et celle du ministère du Commerce et de l'Industrie,
dans le cadre de l'information contenue dans le communiqué de presse
émanant du Conseil exécutif?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, il n'y a pas de
contradiction entre le communiqué de presse et la loi qui est
présentement devant cette Chambre. Ce communiqué de presse a
été rendu public après qu'une décision a
été prise au conseil des ministres relativement aux
problèmes auxquels nous avions à faire face. Mais à
l'heure actuelle, avant de pouvoir mettre en vigueur le système d'aide
décroissant la saison vient de se terminer et elle n'est pas
encore totalement finie, à certains endroits il est
extrêmement important que nous recevions et établissions les
montants exacts permettant des compensations. Lorsque nous aurons obtenu tous
les détails, il sera possible d'agir conformément au
communiqué de presse, selon la décision qui avait
été prise au conseil.
M. PAUL: M. le Président, est-ce qu'il y aurait
possibilité de savoir de madame le ministre sur quelle base les
règlements seront effectués, pour l'année fiscale
71/72?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est toujours basé sur le revenu moyen
des trois années antérieures à la fermeture.
M. PAUL: Est-ce que les revenus de l'année 1971 d'un
pêcheur vont être considérés dans
l'appréciation du besoin du prêt?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, M. le Président.
M. PAUL: Si le ministre a l'intention de tenir compte des revenus d'un
pêcheur, est-ce que madame le ministre peut nous dire quel montant de
revenu net d'un pêcheur aura pour effet de l'exclure des
bénéfices et avantages de cette "loisette"?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, je pense bien que le
député de Maskinongé va comprendre qu'on va payer sur le
déficit de revenu pendant les trois années et d'une façon
décroissante, tel que rendu public dans le communiqué, pour les
deux années à venir.
M. PAUL: Dois-je comprendre qu'un pêcheur qui aurait
réalisé, dans le cours de l'année 1971, des revenus
supérieurs à ceux qu'il a réalisés durant la
moyenne des trois dernières années sera exclu des avantages de
cette loi?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, M. le Président.
M. PAUL: Est-ce que madame le ministre peut nous dire à combien
de pêcheurs cette loi va bénéficier?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: A l'heure actuelle, étant donné
qu'on n'a pas reçu toutes les réclamations et tous les
renseignements, il n'est pas possible de dire à cette Chambre le nombre
exact de pêcheurs auxquels cette loi va bénéficier.
Je me souviens d'un calcul qui avait été fait et qui
était hypothétique. Si ma mémoire est fidèle,
grosso modo, cela pouvait monter à $225,000.
M. PAUL: Est-ce que madame le ministre peut nous dire si un
pêcheur qui n'a pas exercé son métier dans le cours de
l'année 1971 se verra également qualifier par la moyenne de ses
revenus des trois années de pêche ou si le ministère va
également inclure, comme moyenne de revenu, l'année blanche de
1971?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, si le pêcheur a
refusé de pêcher lorsque la pêche était ouverte, je
pense bien que le député comprendra que le ministre, le
ministère ou le gouvernement ne peut pas intervenir.
M. PAUL: Si un pêcheur, M. le Président... Vous n'avez pas
besoin de vous fatiguer, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La pêche...
M. PAUL: Vous n'avez pas besoin de vous fatiguer, pas besoin de me faire
signe, cela ne changera rien dans les questions que j'ai à poser.
D'ailleurs, ce n'est pas votre rôle. Du moment que mes questions sont
légales, vous êtes obligé de me laisser aller.
M. BIENVENUE: Le député est là pour s'instruire, et
c'est très bien.
M. PAUL: C'est cela. Dieu sait combien vous auriez avantage, vous,
à vous instruire! C'est surtout fort intéressant quand vous
recevez des cours de législation de la part de l'honorable Jean Lesage,
comme il vous en a donné lundi après-midi et lundi soir.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Hors d'ordre, M. le Président.
M. PAUL: Je reviens, M. le Président, à la
pertinence de ma question. Est-ce que l'honorable ministre est en mesure
de nous dire, pour une personne, par exemple un pêcheur, qui
réaliserait des revenus surtout et exclusivement par la pêche au
doré et au brochet pêche qui n'était pas permise
cette année sur quelles normes, sur quelle base le
ministère va calculer ses revenus ou ses pertes?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Si cette pêche n'a pas été
ouverte au cours de l'été, ce sera pour les trois années
antérieures.
M. PAUL: De pêche?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est exact.
M. LE PRESIDENT: L'article no 1...
M. DUMONT: Est-ce que l'honorable ministre a demandé à ses
officiers du ministère d'étudier le fait j'avais fait la
remarque lorsqu'on a adopté ce projet de loi l'année
dernière puisque l'eau douce se rend jusqu'à
Saint-Jean-Port-Joli, que beaucoup de pêcheurs, tant de Montmagny que de
Bellechasse, ne peuvent pas profiter de cette loi?
N'y aurait-il pas une possibilité qu'à un moment
donné moi, je suis convaincu que l'eau salée est à
Saint-Jean-Port-Joli les pêcheurs d'eau douce puisse
bénéficier...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, ils peuvent en profiter,
mais cela relève du ministère de l'Industrie et du Commerce. Il
n'est pas question d'exclure les pêcheurs commerciaux qui se
trouvent...
M. DUMONT: J'avais toujours eu l'impression que madame le ministre
était responsable des pêcheurs en eau douce. Comme l'eau douce se
termine à Saint-Jean-Port-Joli, je pensais que sa juridiction allait
jusque-là.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, il y a eu un amendement
dont le député ne se souvient peut-être pas et qui a inclu
l'autre partie de la pêche, la pêche en eau salée, pour les
pêcheurs commerciaux.
M. DUMONT: C'est parce que nous recevons beaucoup de plaintes des gens
de cette région.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est probablement un manque de renseignement.
Nous soulignerons le fait au ministère de l'Industrie et du Commerce qui
pourra peut-être voir à apporter plus de publicité à
ses propres projets.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que l'honorable ministre peut
nous dire si les biologistes de son ministère continuent à faire
régulièrement des prélèvements d'eau pour
connaître la possibilité de permettre la pêche au brochet et
au doré au cours de la prochaine année?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, M. le Président. Je tiens à
souligner que ce ne sont pas des prélèvements d'eau, mais des
analyses de poisson.
M. PAUL: Est-ce qu'il n'y a pas également des
prélèvements d'eau?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Par le ministère de l'Environnement du
gouvernement provincial et également par le gouvernement
fédéral, le ministère de la Santé.
M. PAUL: Le ministre est-il en mesure de nous dire qu'il n'y a aucun
biologiste de son ministère attaché au bureau de Montréal,
qui a charge et fonction de procéder à l'analyse de la
qualité de l'eau?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Il y a un travail de collaboration intense qui
s'exerce, M. le Président, et il ne faudrait pas que le
député tente de laisser croire aux lecteurs du journal des
Débats que cette collaboration n'est pas efficace. C'est un travail
d'équipe qui se fait et c'est pourquoi nous pouvons dire que nous avons
des relevés hebdomadaires et même plus fréquents et que
nous sommes toujours au courant des développements au point de vue du
degré de pollution.
M. PAUL: Je n'ai jamais eu l'intention, M. le Président, de
reprocher quoi que ce soit aux officiers du ministère.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est ce que le député de
Maskinongé a fait dès le début, dès qu'il a
commencé à parler en cette Chambre.
M. PAUL: Non, le député de Maskinongé a voulu
être réaliste et rappeler au ministre ses responsabilités,
plutôt que de jouer dans le patronage comme elle le fait. Nous vous en
reparlerons en temps et lieu, avec de petits documents.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, ce sera un échange
sympathique.
M. THEBERGE: Nous avons des petits documents, nous aussi.
M. PAUL: Oui, des petits documents sur le parc de Mastigouche. Nous
allons chercher les limites de chemins qui ont été faites.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, cela ne m'inquiète
pas du tout.
M. PAUL: Ce n'est pas ma question. Je dis, M. le Président...
M. THEBERGE: Les bons docteurs.
M. PAUL: ... que je ne suis pas en divorce avec mes
responsabilités...
M. LACROIX: Le bill 67.
M. PAUL: ... et que c'est mon droit de savoir.
M. TETLEY: Quelle honte!
M. LACROIX: M. le Président, le bill 67.
M. PAUL: Justement, j'ai dit...
M. LACROIX: Vous parlez d'autre chose.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, une question de
privilège. C'est la deuxième fois en cette Chambre que l'on fait
allusion...
M. PAUL: Je regrette, M. le Président, il n'y a pas de question
de privilège en comité.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: J'invoque le règlement.
M. PAUL: Ah! très bien.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est la deuxième fois en cette Chambre
que l'on fait allusion à un divorce. M. le Président, c'est la
requérante dans une cause de divorce qui vous parle. Je pense que le
député de Maskinongé est au courant et il n'a pas le droit
d'y faire allusion. Si l'on voulait entrer 'dans la vie personnelle de
plusieurs des députés de cette Chambre, ce serait facile de le
faire. Du moment que le député représente son
comté, qu'il fait son devoir, j'aimerais bien, une fois pour toutes, que
la question soit vidée. Cela fait dix ans que je représente mon
comté et je l'ai toujours...
M. PAUL: M. le Président, en vertu de quoi...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Un instant. M. TETLEY: A l'ordre!
M. PAUL: ... allons-nous maintenant assister à la biographie
autopersonnelle du ministre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. TETLEY: Je vais répondre.
M. PAUL: Assoyez-vous et demandez la permission pour parlez, vous. J'ai
obtenu la permission du président pour parler. Si vous ne connaissez pas
le règlement, prenez-le et assoyez-vous pour le moment.
M. TETLEY: Je demande la permission de parler.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le député de
Maskinongé a ouvert une porte en faisant une allusion que tous les
membres de cette Chambre ont comprise et le ministre a le droit de
s'expliquer.
M. PAUL: M. le Président, je n'ai fait allusion à
rien.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: C'est vous-même qui avez tenté de m'arrêter
dans mes questions.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai rendu une décision; nous ne
parlons pas de la même chose maintenant. Le ministre a le droit de
parole.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Tout ce que je dirai, M. le Président, car
il est peut-être temps que je rétablisse les faits, c'est que je
suis...
M. PAUL: Pourquoi?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... la requérante, d'accord, dans un
divorce...
M. PAUL: Cela ne nous intéresse pas, M. le Président.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, parce que ça fait deux fois...
M. LE PRESIDENT: J'ai rendu une décision qui donne droit au
ministre de s'expliquer.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... M. le Président, que deux
députés du parti Unité-Québec font allusion
à ce fait.
M. PAUL: A quoi?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je tiens à dire, une fois pour toutes, que
c'est moi qui suis requérante dans une action en divorce, et je ne veux
plus en entendre parler.
M. PAUL: Cela ne nous intéresse pas.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Cela ne m'empêche pas de servir loyalement
les représentants de mon comté et mon parti.
M. PAUL: M. le Président, cela ne m'intéresse pas.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Non, non!
M. PAUL: Ce que je veux...
M. SAINT-PIERRE: N'en parlez pas.
M. PAUL: Regardez donc Saint-Pierre qui revient sur la terre, avec sa
"loiselle".
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Si le député
de Maskinongé a des questions sur le bill 67, qu'il
procède!
M. PAUL: Oui, j'en ai, M. le Président.
M. LACROIX: M. le Président, le député de
Maskinongé nous a habitués à plus de gentil-hommerie.
Quand il relira les propos qu'il a tenus tantôt, dans le journal des
Débats, je suis convaincu qu'il n'en sera pas fier.
M. PAUL: Est-ce que, par hasard, l'honorable député
était jaloux quand j'ai parlé de patronage?
M. LACROIX: A n'importe quel moment, je suis prêt à en
discuter avec n'importe quel député de cette Chambre, M. le
président, mais cela se fera en temps et lieu. Si on a des accusations
à porter, je suis prêt à y faire face. Si on veut en
parler, en temps et lieu je l'ai déjà offert et je l'offre
de nouveau je suis prêt à déposer mon bilan sur ce
que j'ai fait depuis que je suis entré en politique jusqu'à
aujourd'hui. Que d'autres députés en fassent autant et on verra
lesquels ont fait du patronage.
M. BIENVENUE: M. le Président, sur ce qui a été
soulevé, qu'on l'appelle une question de règlement, d'ordre ou de
privilège, je suis convaincu que le député de
Maskinongé, celui de Missisquoi, celui de Mégantic, celui de
Montmagny et tous ceux que j'oublie de nommer de ce côté-ci de la
Chambre, celui de Chicoutimi que je vois, seraient heureux que nous revenions
à l'étude du bill 67 en comité plénier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas en cause. Je viens
d'arriver.
M. PAUL: M. le Président, j'ai posé une question. J'ai dit
que personne ne m'empêcherait de m'enquérir de la politique du
ministère en autant que c'est en relation avec le projet de loi no
67.
M. LE PRESIDENT: Très bien, posez votre question.
M. PAUL: Or, je trouve que ceux qui siègent à votre droite
ont la peau courte aujourd'hui. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je ne
sais pas. J'ai dit que jamais je n'ai voulu attaquer les officiers du
ministère. Madame le ministre est montée dans les rideaux
immédiatement. Depuis le début...
M. BIENVENUE: Je demande...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Nous n'avons qu'à relever les notes...
M. PAUL: ...je dis que je voudrais savoir... Pardon?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Nous n'avons qu'à relever tout ce qui a
été dit, dans le journal des Débats, et on se rendra
compte qu'il y a eu une attaque contre les fonctionnaires,
M. PAUL: Je dis que, lorsqu'il s'agira de discuter du budget du
ministre, on analysera la politique de certains fonctionnaires. Ce n'est pas le
moment. J'ai demandé au ministre s'il y avait des fonctionnaires de son
ministère qui procédaient à des analyses d'eau, soit dans
le fleuve Saint-Laurent, aux fins d'apprécier en même temps que
sur les poissons la quantité de mercure qu'on pourrait y trouver. Comme
deuxième question, je voudrais savoir du ministre... Pardon?
DES VOIX: Allez-y! Allez-y!
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je vous écoute, c'est tellement
intéressant.
DES VOIX: Allez-y! Allez-y!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'est pas pressé. On l'a attendue un
mois, elle.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais savoir également si
ces analyses que l'on fait quant à la quantité de mercure chez
les poissons se font également au niveau du gouvernement
fédéral. Qui, en dernier ressort, prend les décisions
quant à la quantité de mercure qui peut être jugée
dangereuse pour la consommation?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, le député
est dans cette Chambre depuis assez longtemps pour savoir qu'il y a eu, en
1961, la création d'une Régie des eaux. Dès lors, les
biologistes qui ont été embauchés à la régie
ont été ceux qui ont été chargés de faire
l'analyse des eaux et de faire des recommandations quant à la pollution,
etc. C'est donc dire que si, pendant un temps, cela a été la
Régie des eaux, aujourd'hui, il y a le ministère de
l'Environnement qui s'occupe du problème de l'analyse de l'eau. Mais, du
côté du ministère que je dirige, un travail de
collaboration se fait avec les biologistes de ce ministère, mais je
répète encore que nous faisons une analyse des poissons. Nous
faisons une analyse d'après les résultats qu'obtiennent les
biologistes du ministère de l'Environnement.
M. PAUL: Alors, madame le ministre...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous me permettrez peut-être
d'ajouter quelque chose. Il y a deux problèmes qu'il faut
séparer: la présence de mercure dans l'eau contribue
évidemment à la présence du mercure dans la chair des
poissons. Mais ce qui compte, pour les fins de ce projet de loi, c'est la
concentration dans la chair des poissons qui varie d'espèce en
espèce.
Quant à la présence de mercure dans l'eau, il y a des
analyses qui se font régulièrement, notamment à la prise
d'eau potable de la région métropolitaine et à d'autres
endroits où il y a des raisons de faire de telles analyses. Dans nos
services, on a constitué une équipe spéciale sur le
mercure. Cette équipe travaille en collaboration avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et avec le
gouvernement fédéral. Des rapports conjoints sont soumis aux
intéressés.
M. LE PRESIDENT: Le bill 67 est adopté en comité?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Les articles 1, 2, adoptés.
M. DUMONT: Adopté.
M. BLANK (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le bill no 67 est
adopté sans amendement.
M. BROWN (président): Adopté.
M. PAUL: M. le Président, puis-je vous signaler qu'il y a des
étrangers dans cette Chambre?
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture est-elle
adoptée?
M. PAUL: M. le Président, en troisième lecture de cette
loi, nous avons le droit d'exprimer nos regrets sur les lacunes, sur l'absence
d'une législation dynamique de la part du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, de même que de la part du
ministère de l'Industrie et du Commerce pour venir au secours des
pêcheurs afin de les aider dans les pertes qu'ils ont subies au cours de
l'année écoulée. Je dis donc que nous aurions aimé
que cette loi soit plus complète. Malgré tout, nous voterons pour
ce projet de loi en troisième lecture, tout en étant conscients
que nous allons aider un tantinet ceux qui ont comme profession la pêche
commerciale.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. BIENVENUE: Article 15, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Nous n'avons pas le même...
M. BIENVENUE: Ah, je m'excuse, je lisais le feuilleton d'hier. J'ai
été en retard toute ma vie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il était encore en haute-mer.
M. BIENVENUE: Article 31. Nous avons sauté 16 chiffres depuis
hier.
Projet de loi no 90 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Richesses naturelles propose la
deuxième lecture du bill no 90, Loi sur le commerce des produits
pétroliers.
M. J.-Gilles Massé
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, le lieutenant-gouverneur
a pris connaissance de ce bill et en recommande l'adoption par cette
Chambre.
Il est inadmissible que dans un secteur économique vital comme
celui du commerce des produits pétroliers, il n'existe jusqu'à
présent aucune législation ou réglementation d'ensemble
couvrant la distribution de ces produits, si ce ne sont les lois du revenu
élaborées pour fins fiscales.
C'est pour pallier cette lacune que je soumets aujourd'hui ce projet de
loi qui a pour but de réglementer ce commerce et de régler une
foule de problèmes s'accumulant depuis plusieurs années, entre
autres chez les distributeurs et marchands d'huile à chauffage et les
exploitants de postes d'essence.
Au ministère des Richesses naturelles, une Direction
générale de l'énergie a été mise sur pied en
avril 1970, comme on le sait, et l'une des branches de cette direction, soit la
Direction des hydrocarbures, a eu précisément pour mandat
l'étude et l'élaboration d'une législation du commerce des
produits pétroliers.
En effet, le secteur de la distribution des produits pétroliers
est l'un des points sensibles de la politique de mise en marché des
hydrocarbures, à la fois pour l'industrie et pour le gouvernement. Ceci
s'explique de plusieurs façons. En premier lieu, autant pour ce qui est
du commerce de l'huile à chauffage que dans le domaine de la
distribution d'essence et de carburant diesel, un malaise certain existe. Le
nombre d'individus ou d'entreprises s'occupant de la distribution de ces
produits est très élevé: 750 détaillants
québécois dans le commerce de l'huile à chauffage; en
1968, on dénombrait 13,520 postes d'essence au Québec.
Il arrive que des aventuriers viennent tenter leur chance, à
l'occasion, dans ce commerce en expansion rapide et souvent par le moyen d'une
concurrence déloyale à l'endroit des marchands sérieux
dont la réputation est établie.
Certains camions de distributeurs d'huile sont mal entretenus, non
assurés et constituent un danger pour le public en cas d'accident.
Certains pompistes ou tenanciers ne se préoccupent pas d'offrir
des services adéquats au consommateur quant à la qualité
des produits et aux normes de sécurité.
Donc, on trouve de l'amateurisme au sein de cette profession à
laquelle tous ont accès, sans restriction aucune. Par l'exigence d'un
permis, on pourra non pas limiter l'accès à la profession mais
exiger un certain standard de qualité dans les services offerts et
l'équipement utilisé.
M. le Président, le permis qui sera émis après
l'obtention de certains renseignements précis sera renouvelable tous les
ans et exigé de tout exploitant d'un commerce de produits
pétroliers. Ces personnes devront, dans l'exercice de ce commerce, se
conformer à des normes précises tel que spécifié
dans les règlements qui découleront de ce projet de loi quant
à la qualité des produits pétroliers, quant aux
établissements, à l'équipement et aux véhicules
utilisés aux fins de ce commerce.
Cette législation, qui aura pour effet de protéger le
commerçant sérieux, vise aussi à protéger le
consommateur. Comment le client peut-il savoir si l'essence ou l'huile fournie
aujourd'hui est bien celle de qualité supérieure pour laquelle il
paie et non pas un produit inférieur ou mélangé? Les
consommateurs sont sans défense face à certains distributeurs peu
consciencieux, à cause du manque de contrôle de la qualité
du produit et du service. Désormais, le client sera
protégé grâce à un système d'inspection
prévu dans ce projet de loi. Des inspecteurs du ministère des
Richesses naturelles auront les pouvoirs requis pour prélever un
échantillon de tout produit pétrolier et pour le faire
analyser.
On assure donc ainsi de deux façons la qualité du service
rendu au consommateur, en garantissant la compétence du distributeur et
en certifiant l'excellence du produit vendu. Cependant, il est un
troisième aspect qu'il faut souligner, quant à la protection du
client; par une inspection sérieuse des équipements, des
véhicules et des installations de stockage des produits
pétroliers, on éliminera des risques réels d'accident
comme les incendies, les explosions ou la contamination de nappes d'eau
souterraines causée par des installations en mauvais état.
Jusqu'à maintenant, aucune norme et aucun organisme
gouvernemental ne prévoient la protection du public en
général contre ces possibilités d'accident provenant de
produits pétroliers. C'est un souci de protection de l'environnement et
du public, comme vous pouvez le constater, qui est à l'origine de ce
projet de loi.
M. le Président, il est un autre aspect important de cette
réglementation qu'il faut souligner. H existe présentement des
possibilités très grandes de fraude dans ce commerce. D'une part,
fraude à la clientèle à partir de l'équipement.
Certains marchands peuvent tromper leurs clients avec une utilisation
malhonnête du compteur et ne livrer qu'une partie de la marchandise pour
laquelle ils paient. D'autre part, certains marchands évitent de payer
la taxe de vente sur leurs produits en substituant au carburant diesel, pour le
fonctionnement des véhicules, de l'huile à chauffage qui, elle,
n'est pas soumise à la taxe de vente. Cette situation se solde par une
perte estimée à $17 millions par année dans les coffres du
trésor québécois.
L'inspection, telle que prévue dans ce projet de loi, peut
être faite dans tout établissement ou tout véhicule
où sont entreposés, traités, mis en vente ou
transportés des produits pétroliers. On parviendra donc à
éliminer cet échappatoire fiscal par suite d'ententes entre le
ministère du Revenu et le service d'inspection de la Direction des
hydrocarbures du ministère des Richesses naturelles.
Un effet indirect de ce projet de loi sera d'obtenir de meilleures
informations ou statistiques sur la distribution des produits
pétroliers, donc une meilleure connaissance de ce secteur, ce qui
permettra de compléter la politique énergétique du
Québec.
Cette réglementation du commerce des produits pétroliers
est l'aboutissement de nombreuses consultations auprès des
différentes associations de ce secteur.
On a vu les nombreux problèmes qui sévissent dans ce
secteur depuis des années. D'autres provinces possèdent une
législation dans ce domaine dont l'Alberta, la Saskatchewan, l'Ontario
et l'Ile-du-Prince-Edouard. Il est temps que le Québec songe à
mettre un terme au désordre actuel qui règne dans ce domaine.
Les associations de commerçants du secteur réclament avec
impatience l'adoption de cette loi et le public en général ne
pourra à son tour qu'en bénéficier largement. Cette
législation sera assurée d'une efficacité, grâce au
renouvellement annuel des permis, à la possibilité d'annulation
ou de suspension de ces permis, si leurs détenteurs ne se conforment pas
aux exigences de la loi.
Dans les cas d'infraction, des pénalités sont
prévues allant de $50 jusqu'à $2,500 en cas de récidive.
De plus, cette réglementation du commerce des produits pétroliers
ne sera ni rigide, ni définitive mais souple et capable de s'ajuster
à l'évolution que subit cette profession.
M. LE PRESIDENT (Caron): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous signale simplement qu'il n'y a pas
quorum.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
M. LE PRESIDENT (Blank): Il y a certainement quorum, nous continuons la
séance. Le député de Missisquoi.
M. Jean-Jacques Bertrand
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai écouté les
commentaires du ministre. On ne peut pas dire qu'il a péché par
excès.
Cela a été diablement court pour un projet de loi qui,
d'après lui, est très important. Peut-être l'est-il, mais
il n'en a pas établi la preuve.
D'abord on intitule le projet de loi: Loi du commerce des produits
pétroliers. Et à la lecture de tout le projet de loi, le titre
m'apparaît absolument fallacieux. Ce projet de loi devrait s'intituler:
Loi autorisant le lieutenant-gouverneur en conseil à réglementer
le commerce des produits pétroliers. On demande une autorisation pour
réglementer le commerce des produits pétroliers. Alors je
m'interroge, produits pétroliers, je me tourne vers la loi, j'en cherche
la définition, il n'y en a pas. Il me faudra nécessairement
attendre les règlements.
Et l'on m'invite, M. le Président, comme on invite tous les
députés de cette Chambre à se prononcer sur un projet de
loi dans lequel l'élément principal du commerce n'est pas
défini. Comment veut-on qu'intelligemment la députation puisse
prononcer un jugement sur l'opportunité, le bien-fondé de
l'adoption d'un projet de loi de cette nature puisqu'il s'agit d'un projet de
loi, comme le ministre nous en a informés et comme on le sait, qui est
le premier dans ce domaine.
Nous avions nous-mêmes, en avril 1970, comme il l'a
déclaré, établi une direction générale
chargée de s'occuper de ce domaine important du pétrole sous tous
ses aspects. Le comité sans doute a siégé. Le
comité sans doute a présenté un rapport. Le comité
sans doute a fait des recommandations. Et après tout ce travail, on
accouche de quoi? D'un projet qui retourne le tout au conseil des
ministres.
M. le Président, examiner le projet de loi, non pas dans ses
détails, je n'en ai pas le droit, mais je suis obligé, puisque je
dis que le titre est fallacieux, de le prouver. Le titre, ai-je
déclaré tantôt, devrait plutôt dire qu'on veut
autoriser le lieutenant-gouverneur en conseil à réglementer.
S'agit-il des produits pétroliers? "Tout produit pétrolier
liquide déterminé comment? par règlement."
Personne ne pourra faire le commerce des produits pétroliers
déterminés par règlement, à moins que ça ne
soit conforme aux normes établies par règlements.
Et si vous avez un établissement, de l'équipement, un
véhicule pour transporter, pour entreposer, pour transformer des
produits pétroliers... Lesquels? Vous le saurez par règlement.
Quelles sont les normes que l'on devra respecter pour la tenue de
l'établissement, de l'équipement, du véhicule? Le tout,
suivant les normes encore établies par règlement.
Voulez-vous savoir ce que fera l'inspecteur, dont le ministre a
parlé tanôt, qui sera chargé de protéger le
consommateur, de protéger le public en général soit dans
les établissements, dans l'équipement, par l'utilisation des
véhicules?
Pour cela, il y aura des normes établies par règlement.
L'exploitant qui sollicitera un permis devra le faire suivant la forme
prescrite et les documents prévus par règlement.
Le ministre, qui aura l'autorité de délivrer ce permis, le
fera suivant des conditions prescrites et on devra verser les droits prescrits
par les règlements. Pour l'affichage du permis, pour les moindres
détails, les détails mineurs, de même que pour les choses
substantielles dont on énonce quelques éléments dans le
projet de loi, immédiatement après, on conclut que tout cela sera
fait par règlement. Nous n'avons rien de cela, M. le
Président.
L'article le plus substantiel permet d'appliquer le principe que le
ministre a en vue: protection du public, protection du consommateur dans les
établissements, dans l'équipement, par l'utilisation des
véhicules. Vous dites au ministre, mes chers collègues: Vous irez
chez le lieutenant-gouverneur en conseil, où vous vous réunissez
chaque semaine, et vous définirez le produit, vous déterminerez
les documents, les catégories de permis, la forme et la teneur des
demandes, les rapports qui doivent être fournis, l'entreposage, la
manutention, le transport. Il y a, à l'article 18, environ une dizaine
de modalités et tout cela, c'est par règlement.
Moi, quand, ici, je dois adopter des pénalités pour
infraction à cette loi des produits pétroliers, je ne sais pas de
quoi il s'agit. On me demande de sanctionner en blanc des infractions qui
peuvent être commises et dont je ne connais aucun des
éléments.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne sait même pas si les toilettes
sont régies par cela.
M. BERTRAND: S'agit-il d'une première infraction? On inscrit un
montant. Pour une deuxième, un autre. Cela va même jusqu'à
$1,000. Ces produits pétroliers, quels sont-ils? S'agit-il d'huile
à lampe ou de produits, comme on les appelle, lampants que je
transporterai depuis le magasin, depuis la station-service jusqu'à mon
domicile? Me faudra-t-il un permis? Je ne le sais pas. Parce que je peux en
transporter chez-moi en petite quantité pour en revendre, je ferai du
commerce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour les briquets, aussi.
M. BERTRAND: M. le Président, moi qui ne suis pas un expert dans
le domaine des produits pétroliers, j'ai eu la curiosité
tantôt de m'adresser à ce génie qui s'appelle le Petit
Larousse...
M. CHARRON: Je pensais que c'était moi.
M. BERTRAND: Non... Il y a un étranger... A la page 769, le
ministre pourra réaliser la portée de son projet de loi dans une
page bien descriptive où l'on parle de la transformation du
pétrole brut dans une raffinerie et des applications principales de ses
dérivés. On a toute une série de produits qui viennent,
comme on le sait, par distillation, par des procédés de cracking,
de reforming. Le ministre pourra s'instruire. Il y a donc une série
de
dérivés: l'essence pour les avions, pour les autos, les
solvants, le pétrole lampant, le kérosène, le gaz, le fuel
oil industriel, les huiles industrielles, la cire de pétrole, la
paraffine, le bitume, et il y en a encore...
M. PAUL: C'est bien trop pour lui.
M. BERTRAND: ...beaucoup plus. Soyons sérieux. Comment le
ministre peut-il croire que nous puissions procéder à une
étude intelligente de ce projet de loi à moins d'avoir avec nous
la réglementation? Et je demande au ministre? Cette
réglementation est-elle prête, peut-il la déposer? Je lui
permets de me répondre immédiatement.
M. MASSE (Arthabaska): Non. UNE VOIX: C'est incroyable!
M. PAUL: Non? Il n'y a pas de presse à adopter la loi.
M. BERTRAND: Y a-t-il urgence telle, M. le Président? Ou il y a
urgence ou il n'y a pas urgence. S'il y a véritablement urgence, c'est
donc que l'on veut mettre en application le texte de loi, mais dans le
présent cas c'est l'accessoire, le principal, ce serait la
réglementation. Donc, il faut avoir la réglementation avant
d'adopter l'accessoire car s'il y a véritablement urgence, le
comité qui a été formé en avril 1970 a
déjà préparé toute la réglementation de
manière que, sans délai, dès la sanction de cette loi,
elle puisse s'appliquer.
Or, le ministre dit non. Je suis donc bien fondé de conclure
qu'il n'y a pas urgence. Et s'il n'y a pas urgence... D'ailleurs, il y a un
autre élément qui nous permet de conclure qu'il n'y a pas
urgence, c'est que cette présente loi entrera en vigueur non seulement
à la date fixée par proclamation, mais on dit "à la date
ou aux dates" au pluriel, fixées par proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. le Président, on est dans un domaine très important,
j'en conviens, mais il semble que l'on puisse attendre encore quelque temps
pour, d'abord, que le ministre puisse nous soumettre la réglementation
qui s'appliquera; deuxièmement, effectuer une consultation qui s'impose
dans un domaine comme celui-là. Consultation des organismes les plus
représentatifs qui travaillent, qui exercent un commerce dans ce domaine
très important de l'ensemble des produits pétroliers, qu'on ne
définit pas pour l'application de cette loi. Mais, si le ministre
présente la réglementation pour étude par les
députés, nous saurons alors quelle est la limite qu'il impose
à sa définition des produits pétroliers.
Donc, pour toutes ces raisons, je crois que je suis bien fondé
à proposer, appuyé par le député de
Maskinongé, suivant les règlements, que ce bill ne soit lu une
deuxième fois que dans six mois...
M. LEDUC: Ah non!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ah oui! Ah oui!
M. BERTRAND: Ceux qui disent non...
M. PAUL: C'est parce qu'ils ne comprennent rien.
M. BERTRAND: ...seront les premiers à se rendre compte, quand
nous aurons lu la réglementation, qu'il était sage d'en remettre
l'étude. M. le Président, je termine par ces mots: Ce n'est pas
le projet de loi qui doit être examiné en premier. Ce qui doit
être examiné en premier lieu, c'est la réglementation, qui
est le fondement du projet de loi. C'est la réglementation qui est le
principal alors que le projet de loi n'en est que l'accessoire. On met la
charrue devant les boeufs. C'est pourquoi j'invite la Chambre et le ministre en
particulier à retirer, s'il le veut, son projet de loi, à le
remettre lui-même à la prochaine session pour que, pendant ce
temps, il puisse avec ses fonctionnaires, avec le comité que nous avons
mis en oeuvre en avril 1970, élaborer cette réglementation qui
sert de fondement au présent projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Il y a une discussion sur la motion d'amendement.
M. BERTRAND: Je l'ai ici.
M. LE PRESIDENT: Oui, est-ce que je pourrais avoir une copie?
M. ROY (Beauce): Sur l'amendement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La motion pour remettre l'étude de ce bill
à six mois peut être débattue. Est-ce qu'il y a d'autres
opinants sur la motion?
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, suite à la motion que
vient de présenter l'honorable député de Missisquoi, je
vais vous dire que nous allons appuyer cette motion. Après avoir fait la
lecture de ce projet de loi et après en avoir étudié
toutes les implications ainsi qu'après avoir tenté de trouver
quelle sorte de réglementation le gouvernement a l'intention de
présenter suite à l'adoption de ce projet de loi, en ce qui nous
concerne, nous avions l'intention de proposer une motion visant à
retirer le projet de loi.
Devant ce fait, étant donné que la motion a
été présentée pour le reporter à six mois,
cela va permettre au gouvernement de rédiger un nouveau projet de loi,
cela va permettre au gouvernement, en rédigeant ce projet de loi, de le
rendre plus conforme, plus explicite, autrement
dit de le rendre plus complet de façon à laisser le moins
de place possible à la réglementation. Ceci permettra
également aux membres de cette Chambre de s'informer auprès des
propriétaires, auprès des personnes concernées afin de
savoir ce qu'elles pensent du projet de loi.
Nous avons un gouvernement qui se veut le champion de la consultation.
Les séances des commissions parlementaires se multiplient les unes
après les autres. C'est une bonne chose en soi que l'on fasse de la
consultation. Mais il faudrait faire, en plus, de la véritable
consultation non pas auprès de certains organismes, mais faire de la
consultation auprès de personnes et de propriétaires
intéressés. Or, ce délai de six mois permettrait
justement, je pense, la tenue d'une séance ou deux de la commission
parlementaire où tous ceux qui sont intéressés par ce
présent projet de loi pourraient se faire entendre.
C'est pourquoi je dis que nous appuierons cette motion.
En effet, nous nous demandons réellement si le gouvernement a
perdu les pédales, en ce sens qu'il en est rendu à
présenter des projets de loi qui, autrement dit, autorisent le
lieutenant-gouverneur en conseil à préparer une
réglementation. On pousse même l'audace jusqu'à dire que le
projet de loi entrera en vigueur par proclamation du lieutenant-gouverneur en
conseil.
Il est évident, M. le Président, que ce projet de loi
devra être refait, qu'il devra être repensé. Il devra non
seulement être retardé de six mois, mais refait en entier.
Avant, j'aimerais demander au ministre: Est-ce l'intention du
gouvernement d'exiger des permis pour toute profession ou pour tout commerce et
pour toute entreprise dans la province de Québec? Nous sommes en droit
de nous poser cette question. Nous sommes rendus à un point où
nous ne pouvons plus sortir de la maison, où personne ne peut tenter
d'occuper un emploi ou d'exploiter un petit commerce quelque part sans avoir un
permis du gouvernement ou sans être obligé de payer des droits.
C'est une forme nouvelle de taxation. Le gouvernement ne veut pas augmenter les
taxes, mais nous savons qu'il a besoin d'argent. Alors, il organise une
réglementation visant à obliger tout le monde à avoir des
permis pour faire n'importe quoi. De ce fait, le gouvernement perçoit
des sommes supplémentaires.
Nous sommes en train de nous demander, M. le Président, où
va la libre entreprise dans le Québec. Je pense que le projet de loi no
90 nous en donne un exemple des plus concrets.
M. LE PRESIDENT: Je veux attirer l'attention du député de
Beauce sur le fait qu'on discute la motion d'amendement et non pas le principe
du projet de loi.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je veux tout simplement dire
que nous appuyons la motion, mais je veux aussi expliquer pourquoi nous
l'appuyons.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, un instant. Je veux aussi annoncer que le
ministre d'Etat a demandé qu'il y ait une sanction à six
heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une sanction de quoi?
M. LE PRESIDENT: La sanction de bills. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Lesquels? UNE VOIX: Y en a-t-il eu d'adoptés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il faut annoncer les
projets de loi qui doivent être sanctionnés.
M. LE PRESIDENT: Pas nécessairement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah oui, ah oui!
M. LE PRESIDENT: Le lieutenant-gouverneur les annoncera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non. Il n'a pas le droit de dire un
mot.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je disais donc que nous
appuierons la motion de l'honorable député de Missisquoi. Nous
demanderons, de plus, au gouvernement de nous présenter un autre projet
de loi dans six mois, même si on retarde celui-ci de six mois. Je peux
assurer le gouvernement que nous demanderons, si le projet de loi est
représenté comme tel, de l'annuler ou, tout simplement, de le
retirer. Ce projet de loi, tel quel, est complètement inacceptable.
Nous ne l'accepterons jamais parce qu'il y a des principes je ne
veux pas revenir sur le principe du projet de loi en cause dans ce
projet de loi qu'il serait important de définir, non pas le projet de
loi lui-même mais l'ensemble des dispositions qui semblent motiver le
gouvernement.
Je termine là-dessus. Nous aurons l'occasion de revenir sur le
principe de ce projet de loi une fois que la motion de l'honorable
député de Missisquoi sera débattue. Mais, en ce qui nous
concerne, je tiens à dire encore une fois que nous allons appuyer cette
motion.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les remarques du député de
Missisquoi et, dans l'ensemble, je les fais mien-
nes: c'est pour ces raisons que nous voterons en faveur de la motion
qu'il a faite.
Il base principalement son argumentation sur le fait qu'il s'agit d'un
projet de loi qui n'est pas mûr, qui ne devrait même pas être
présenté devant l'Assemblée nationale. A une question
directement posée, le ministre nous dit même que la
réglementation qui doit soutenir cette législation, qui s'appelle
pompeusement la Loi sur le commerce des produits pétroliers, n'est
même pas prête.
Je vous avoue que quand j'ai lu ce projet de loi je me suis
demandé sérieusement ce que les députés de
l'Opposition venaient faire en Chambre, si nous ne devrions pas tout simplement
rester chez nous et attendre que le gouvernement légifère par
décret et que, de temps à autre, nous venions au parlement pour
voir ce qui se passe.
Pour me convaincre davantage, même si je l'étais
déjà par les arguments émis par le député de
Missisquoi, je me suis livré à un tout petit exercice de
mathématiques. J'ai examiné les articles du projet de loi; sans
m'y référer directement, je peux vous dire qu'il y a onze
et il faut remarquer qu'il y a 26 articles dans ce projet de loi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec le titre.
M. BURNS: Sur les 26 articles, il y en a onze qui se
réfèrent directement à la réglementation. J'ai
compté également qu'il y en avait cinq qui se
référaient au permis. Or, le permis, selon le projet de loi,
n'est décerné qu'à des exploitants, des exploitants de
quoi, on ne le sait pas. On ne sait pas ce qu'est un produit pétrolier.
La réglementation va le déterminer.
On est rendu à seize articles si on les additionne
et il y a quatre, plus particulièrement, qui s'appliquent aux
poursuites, qui sont à toutes fins utiles des copies de la Loi des
poursuites sommaires. De sorte que sur 26 articles il n'y en a que 20 qui
tentent de justifier ce titre pompeux de la Loi sur le commerce des produits
pétroliers...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des pompistes.
M. BURNS: ... et qui sont à toutes fins utiles des articles de
réglementation.
Des six qui nous restent, un nous dit quand la loi sera mise en vigueur
et un autre nous dit que le ministre des Richesses naturelles sera
chargé de l'application. Alors je dis que c'est, en ce qui me concerne,
absolument ridicule d'étudier un projet de loi qui tout le monde
va l'admettre de ce côté-ci de la Chambre se veut une
réglementation d'un domaine très important. Déjà
les différents ministres, tant des Richesses naturelles que des
Institutions financières, ont reçu des représentations de
diverses parties. Je pense, entre autres, à une enquête qui a
été demandée sur la hausse du prix de l'essence, à
une enquête qui a été demandée par le ministre des
Institutions financières également sur la gazoline. Alors nous
n'avons pas, je le soumets, à être convaincus qu'il s'agit d'un
domaine très important, d'un domaine où il y a des malaises, d'un
domaine où il est nécessaire de légiférer.
Jusque-là, nous sommes entièrement d'accord avec le gouvernement
qu'il est nécessaire de légiférer dans ce domaine, mais,
moi, je veux savoir, en tant que député de cette Chambre, sur
quoi je vais légiférer.
C'est pour cela que nous voterons, de gaité de coeur, avec nos
collègues de l'Opposition en faveur de cette motion.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'allais vous donner
des raisons pour lesquelles j'appuie la proposition d'amendement du
député de Missisquoi, mais m'apercevant qu'il est six heures, je
demande l'ajournement du débat.
Ajournement
M. LE PRESIDENT: La motion d'ajournement est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, je demande l'ajournement des
travaux de la Chambre à demain après-midi, trois heures.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable leader adjoint me permettrait une
question? Est-ce que nous pourrions connaître le menu qu'a l'intention de
nous offrir demain le gouvernement? Je sais qu'il a été question
du projet de loi no 28. Est-ce que nous étudierons également ce
même projet vendredi?
M. BIENVENUE: Tout d'abord, M. le Président, je permets la
question. Nous étudierons demain le projet de loi no 28 et je suis
embêté de répondre si nous continuerons vendredi parce que
j'avais l'impression qu'il serait adopté dès demain.
M. PAUL: Changez d'impression, ça presse.
M. BIENVENUE: J'ai l'impression que demain le bill 28 nous occupera
toute la journée, et qui vivra verra vendredi.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain, quinze
heures.
(Fin de la séance à 18 h 4)