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(Quatorze heures trente-quatre minutes)
M. LAVOIE: Qu'on ouvre les portes. A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées.
Retrait de projet de loi
M. PAUL: M. le Président, j'interviens, justement en vertu de la
définition de l'article présentation de motions non
annoncées. Dans le cours de la nuit, on a perdu une motion. Hier, au
feuilleton, apparaissait une motion, inscrite au nom de l'honorable
député de Saint-Laurent, au sujet de la commission scolaire de
Saint-Laurent, demandant le remboursement de certaines sommes d'argent. Cette
motion n'a pas été adoptée hier par la Chambre et on l'a
perdue. Alors, je ne sais pas si on peut la traiter comme une motion du
mercredi. Vu qu'il s'agit d'une demande de remboursement de deniers, je crois
qu'on aurait dû la laisser inscrite à l'ordre du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, les motions des
députés n'apparaissent pas autrement que le mercredi. Mais, comme
nous arrivons à la fin de la session, je pense que c'est une excellente
suggestion du député de Maskinongé. Je profiterais de
cette occasion pour faire adopter cette motion à l'article motions non
annoncées, malgré qu'elle a été annoncée et
ceci avec le consentement de la Chambre. Nous permettrions à la
commission scolaire de Saint-Laurent...
M. PAUL: C'est ça. C'est le voeu du comité.
M. LEVESQUE: ... si c'est le voeu du comité...
M. PAUL: C'est ça.
M. LEVESQUE: ... et ce l'était, je crois, de
bénéficier d'une exemption de droits.
M. PAUL: C'est ça. Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics. Déclarations ministérielles. L'honorable ministre de la
Santé.
Entente avec les spécialistes
M. CASTONGUAY: M. le Président, c'est avec plaisir que je
désire annoncer que j'ai signé, hier, avec le Dr Raymond
Robillard, président de la Fédération des médecins
spécialistes du Québec, une entente concernant les modes de
participation du médecin spécialiste, les conditions d'exercice
de sa profession et les normes de sa rémunération aux fins du
régime d'assurance-maladie. Cette entente remplace le document
sessionnel numéro 74, adopté par l'Assemblée nationale le
16 octobre dernier, en vertu du bill 40. L'entente régit et oblige tout
médecin spécialiste, autre que celui qui est un fonctionnaire au
sens de la Loi de la Fonction publique ou un médecin
résident.
L'entente prévoit la formation d'un comité
d'appréciation des relevés d'honoraires qui réunit quatre
membres, tous médecins, désignés de façon paritaire
par la régie et la fédération.
Ce comité doit être consulté par la régie
avant que celle-ci ne rende une décision en refus de paiement ou en
réclamation d'un remboursement. Cette consultation ne s'applique pas aux
relevés d'honoraires incomplets, mais couvre tout relevé
d'honoraires que la régie prétend irrecevable en vertu de la loi
ou de l'entente.
Rappelons que, dans la demande initiale de la FMSQ, des
représentants de la fédération au sein de ce comité
auraient constitué la majorité.
L'entente prévoit également la formation d'une commission
conjointe réunissant quatre membres, dont deux représentants du
ministre et deux de la fédération. La composition paritaire de
cette commission témoigne également du désir des deux
parties de s'associer pour assurer le bon fonctionnement du régime.
Cette commission conjointe a tout particulièrement la
responsabilité de surveiller l'application de l'entente, de
prévenir les abus dans la dispensation et la consultation des services
assurés ainsi que le déséquilibre des revenus entre les
médecins spécialistes. Dans l'exercice de son mandat, cette
commission conjointe doit évaluer les effets du tarif d'honoraires,
examiner les profils de pratique professionnelle, déterminer ceux qui
sont "déviants" et en rechercher les correctifs appropriés. Elle
peut aussi réviser les règles d'application du tarif d'honoraires
et, le cas échéant, la valeur relative de certains actes
médicaux.
De plus, l'entente contient un protocole en vertu duquel le ministre et
la fédération conviennent de l'opportunité de rechercher
les modes d'instauration de centres de santé compatibles avec les
objectifs du régime d'assurance-maladie et d'élaborer des normes
selon lesquelles la régie et le gouvernement contribueront au coût
des soins. Ce protocole prévoit également que les discussions
comprendront le réexamen du mode de désengagement et de
non-participation du médecin spécialiste dans le cadre du
régime d'assurance-maladie.
Enfin, il est prévu que l'entente entrera en vigueur le 15
janvier 1971 et prendra fin le 31 décembre 1972. Elle ne prévoit
aucune rétroactivité pour la période du 1er novembre 1970
au 15 janvier 1971. A cet égard, le président
directeur général de la Régie de
l'assurance-maladie m'a fait part de la difficulté que son organisme
éprouvera à payer rapidement, à partir du 15 janvier, les
médecins spécialistes, étant donné le court
délai qui lui est alloué pour organiser le système
administratif de la régie en fonction de l'entente qui vient
d'être signée.
Les représentants de la FMSQ sont conscients de cette
difficulté possible et ont promis que leurs membres apporteront toute la
compréhension nécessaire.
Cette entente constitue, à mon avis, une pièce
extrêmement importante dans la mise en oeuvre d'un régime
d'assurance-maladie orienté vers le bien des malades et vient
compléter le processus amorcé par la signature d'une lettre
d'intentions le 25 novembre 1970, l'adoption par cette Assemblée de la
Loi 54 et sa sanction, hier, qui ont eu pour effet d'abroger le bill 41.
Au niveau des clauses normatives, plusieurs dispositions contenues dans
des ententes antérieures, notamment celle du 30 juin 1967 relative
à l'assistance médicale, celle du 20 octobre 1967 relative aux
médecins radiologistes et celle du 9 avril 1969 relative aux
médecins pneumologues ont été éclaircies.
Par exemple, dans ces ententes précitées, la FMSQ
conservait un droit de veto complet sur toute convention ou entente
particulière que le ministre de la Santé ou un
établissement hospitalier aurait voulu conclure avec un médecin
spécialiste. Dans l'entente signée hier, ce droit de veto est de
beaucoup circonscrit puisqu'il ne s'applique qu'au travail
exécuté par un médecin spécialiste au titre de la
dispensation des services assurés dans le cadre du régime
d'assurance-maladie. Egalement, dans les ententes antérieures, on
trouvait une disposition faisant de l'adoption de loi ou de règlements
non conformes à l'entente un motif à la FMSQ de se
désengager de l'entente.
L'entente signée hier ne prévoit aucune telle disposition.
De plus, comme je l'ai mentionné précédemment, les
dispositions normatives de l'entente qui prévoit la formation d'un
comité d'appréciation des relevés d'honoraires et d'une
commission conjointe démontrent très bien le désir
réciproque des parties de s'associer dans la poursuite d'objectifs
communs, de même que l'esprit de collaboration qui présidera
à l'application du régime.
Ces mécanismes de collaboration permettront d'éviter que
se produisent certaines distorsions dans la pratique médicale,
susceptibles de se développer en permanence comme l'indique
l'expérience des dernières semaines. Ces mécanismes
permettront également d'apporter les ajustements qui pourraient
s'imposer afin d'assurer que l'exercice d'une médecine de qualité
ne soit pas pénalisé au plan de la rémunération.
L'entente conclue hier porte sur les actes médicaux
énumérés dans la nomenclature du tarif d'honoraires qui
apparaît à son annexe. Elle porte donc sur un tarif d'honoraires
et non sur une masse monétaire. Les nouveaux taux d'honoraires
comprennent divers ajustements par rapport à l'offre initiale du
gouvernement contenue dans le document sessionnel no 74.
Les notions d'examen complet et de consultation telles que contenues
dans le préambule du tarif d'honoraires ont été
précisées et des ajustements aux tarifs pour les examens et les
consultations ont été apportés de façon que
certaines spécialités, comme les pédiatres et les
internistes, aient un niveau de rémunération plus convenable.
De la même façon, des changements ont été
apportés en ce qui a trait au tarif de l'anesthésie afin qu'il
soit calculé en fonction d'un facteur de durée, soit la
durée de la procédure pour l'anesthésie. Pour les autres
spécialités, le tarif qui apparaît en appendice de
l'entente signée hier représente environ 85 p. c. du tarif de la
FMSQ.
Conpte tenu des modifications apportées aux règles
d'interprétation du tarif d'honoraires ayant pour objet de permettre
d'éviter des abus, le tarif d'honoraires de l'entente représente
environ 80 p. c. du tarif de l'Association médicale de l'Ontario avant
sa récente augmentation.
Ici je mentionne que la régie, en Ontario, je le rappelle, paie
90 p. c. de ce tarif. Au plan du coût du régime,
l'évaluation du rendement du tarif d'honoraires prévu au document
parlementaire numéro 74 a révélé qu'une
rémunération trop basse en découlerait pour certains
médecins particulièrement bien qualifiés oeuvrant en
milieu hospitalier. Aussi peut-on en conclure que le coût global du
régime avait été légèrement
surestimé. Au plan purement mathématique, le tarif prévu
dans l'entente signée hier représentera une augmentation de
$19,800,000 pour les médecins spécialistes, et si les
médecins omnipraticiens désirent se prévaloir des nouveaux
tarifs, elle sera de $2,200,000 pour les omnipraticiens.
Toutefois, on ne peut conclure qu'il s'agisse là d'une
augmentation brute de $22 millions puisque de nouveaux modes de contrôle
ont été instaurés. La commission d'appréciation des
relevés d'honoraires et la commission conjointe croient qu'un tarif plus
adéquat favorisera sûrement un certain autocontrôle de la
part des médecins spécialistes, et enfin qu'une diminution des
abus sera rendue possible par le resserrement qui a été
apporté aux règles d'interprétation du tarif d'honoraires,
tel par exemple en ce qui a trait à la consultation.
Aussi ne nous est-il pas possible de conclure, à ce stade-ci,
qu'il soit nécessaire pour nous conformer aux exigences de l'entente, de
hausser le taux de contribution prévu par la Loi de
l'assurance-maladie.
Je voudrais également mentionner que l'entente ne prévoit
pas de disposition relative au non-conventionnement.
Alors en terminant, M. le Président, je désire rappeler
que la collaboration de la profession médicale, si essentielle au
maintien du service
de santé de qualité et au bien-être de la
population, est acquise au gouvernement par la signature de cette entente.
C'est là un élément qui nous permet d'espérer que
le régime d'assurance-maladie du Québec fonctionnera de
façon adéquate et atteindra ses objectifs.
Nous avons également signé, hier, une entente avec
l'Association des spécialistes en chirurgie buccale, entente qui
remplace, quant à cette association, le document sessionnel 76. Je
dépose deux copies de l'entente et des tarifs et j'ai demandé
qu'on distribue à chacun des membres de cette Chambre une copie de ma
déclaration. Au lieu de remettre une copie du tarif complet
d'honoraires, j'ai fait dresser des tableaux donnant les principaux actes ou
services médicaux avec les tarifs et des comparaisons avec l'offre
initiale et également une copie de l'entente signée avec la
Fédération des médecins spécialistes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais un bref
commentaire. Avec la signature de cette entente, c'est véritablement le
départ du régime d'assurance-maladie avec tous ses effets
bénéfiques pour la population du Québec.
Je note particulièrement, dans les remarques du ministre des
Affaires sociales, certains points particuliers qu'il me semble bon de
mentionner; d'abord, les mécanismes de consultation et de participation
qui ont été établis entre le groupe des médecins
spécialistes et le ministère des Affaires sociales, entre autres
la commission d'appréciation des relevés d'honoraires et la
commission de surveillance.
C'est un groupe où il y a représentation paritaire. Je
crois que c'est là un élément important, et les
spécialistes ont fait preuve de collaboration et de bonne volonté
en acceptant cette disposition, alors qu'ils réclamaient une
représentation majoritaire. De toute façon, je crois que c'est
là un des éléments des plus positifs de la convention qui
permettra aux médecins spécialistes, au fur et à mesure de
son application, de participer à certaines corrections et aussi à
la surveillance, de façon à ne pas attendre au renouvellement de
la convention avant d'apporter des modifications aux règles
d'interprétation et aux tarifs eux-mêmes.
Je rappelle également, M. le Président, l'argumentation
que nous avions faite lors de tous les débats, ici en Chambre et
à la commission parlementaire, à l'effet que l'échelle de
tarifs offerte par le document sessionnel no 74 nous apparaissait trop
conservatrice et pouvait inciter les médecins spécialistes
à rechercher, par le biais de la convention collective, à
multiplier les actes médicaux pour augmenter leur
rémunération, de sorte que le contrôle de l'acte
médical aurait été rendu plus difficile.
Le ministre nous dit que la convention représente des
déboursés additionnels pour le gouvernement et des revenus
additionnels pour les médecins spécialistes de l'ordre de $20
millions. Si l'on divise le chiffre par environ 4,000 médecins
spécialistes, c'est donc dire que les spécialistes auront un
revenu moyen additionnel de $5,000. Tenant compte des pourcentages de la
province d'Ontario et du Québec, la nouvelle convention situe maintenant
le tarif de rémunération à 85 p. c. du tarif de la FMSQ et
à 80 p. c. du tarif de l'Ontario. Je crois que, maintenant, c'est un
écart qui est plus acceptable à l'échelle du continent
dans lequel nous vivons.
Le ministre a parlé également de la possibilité
d'augmenter le taux de cotisation que contient la Loi de l'assurance-maladie. A
la suite des ententes qui ont été conclues, évidemment en
tenant compte de la masse d'argent, il est possible qu'à un moment
donné le ministre ait à revenir devant la Chambre pour modifier
la loi et pour demander la hausse de ce taux de contribution. De toute
façon, les contribuables n'auront pas à payer pour plus que les
services qu'ils recevront.
Il y aura d'autres problèmes de taille à régler, M.
le Président, dont celui des médicaments. Le gouvernement nous a
annoncé qu'avant la fin de la présente session nous aurions
à réviser le projet de loi de l'assurance-maladie pour inclure
les médicaments à certains groupes. C'est là aussi un
problème extrêmement complexe. Je veux dire au ministre des
Affaires sociales que nous apporterons à l'étude de ce
problème des médicaments la même collaboration que nous
avons apportée tout au cours des débats de l'assurance-maladie,
afin de trouver, pour cette partie de population qui en a le plus besoin, les
meilleures solutions possible.
Il ne faudrait pas oublier, dans ces remarques d'aujourd'hui, qu'il y a
des groupes de professionnels de la santé, tels les omnipraticiens et
les optométristes qui ont déjà depuis plusieurs semaines
ouvert la voie à ces ententes, qui ont déjà signé.
Je crois qu'ils ont de cette façon facilité les ententes qui ont
été signées par la suite.
Ce sont ces points particuliers que je voulais noter. Je voulais aussi
mentionner que dans cette entente on semble avoir réussi je
vérifierai par les documents que nous a remis le ministre
à établir un certain équilibre désirable et
nécessaire entre certaines spécialités, entre certaines
disciplines de la profession médicale. Il y avait définitivement
des tarifs trop bas pour certains professionnels tels que les
anesthésistes, les médecins de médecine interne, les
gynécologues. Je pense que de ce côté on a réussi
par les discussions à rétablir un équilibre
nécessaire.
Je souhaite en terminant que les spécialistes, maintenant que
l'entente est signée, participent pleinement au régime et que
c'est à l'intérieur
du régime, et non pas en fuyant le Québec s'ils ne sont
pas satisfaits du régime de l'assurance-maladie, par les
mécanismes de participation, qu'ils vont pouvoir apporter les
améliorations qu'ils désirent apporter à ce régime.
Je crois que c'est l'attitude la plus positive qu'ils pourront démontrer
au Québec et à ceux qui sont responsables de cette
législation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, il me fait plaisir de constater qu'avec
l'entente que nous apporte aujourd'hui l'honorable ministre des Affaires
sociales nous arrivons à un point tournant dans l'administration du
projet global de l'assurance-maladie. C'est avec plaisir que nous constatons
que finalement le ministère a donné raison à une bonne
partie des réclamations qui constituaient la plus grande partie de
l'objet du litige, soit une révision raisonnable des barèmes
originaux qui auraient pu être discutés.
Nous sommes heureux d'apprendre que cette entente est arrivée
à sa signature parce que ceci amènera certainement dans la
province un climat de confiance de nature à bien servir les
intérêts de la population. Il y a aussi un autre point qui fait le
sujet de l'entente. J'espère qu'un jour ou l'autre l'honorable ministre
des Finances saura s'en servir quand même, surtout quand on discute de
l'intérêt qui sera versé sur les comptes en suspens en
faveur des médecins alors que, pour cet intérêt, on se sert
simplement du taux d'escompte de la Banque du Canada.
Je crois qu'il sera sans doute possible, un jour, d'avoir la même
pratique pour les sommes d'argent dont se servira le gouvernement dans ses
emprunts. Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, c'est sûrement là une
étape très importante du programme général de
sécurité sociale pour le Québec dont nous venons
d'apprendre la nouvelle aujourd'hui.
Je me réjouis, pour ma part, d'un certain nombre de faits; par
exemple, à l'article 17, on ne part plus du tarif de la
Fédération des spécialistes du Québec, mais l'on
mentionne simplement les prestations prévues en annexe, ce qui veut dire
que le régime des prestations est déterminé conjointement
par la fédération et par le gouvernement, comme cela devrait
être.
Je suis d'accord avec le ministre qu'il est difficile d'évaluer
la masse monétaire totale. Mais, je pense bien, jusqu'à plus
amples informations, d'après les chiffres qui nous ont été
soumis, que cette masse monétaire globale s'établit aux environs
de $175 millions, avec peut-être $2.2 millions de plus pour les effets
d'entraînement, en ce qui concerne la Fédération des
omnipraticiens du Québec. Ce qui veut dire, en somme, que le tableau des
recettes et des déboursés va s'équilibrer,
c'est-à-dire à peu près $339 millions. Il importe de dire,
cependant, que ce bilan va dépendre de la consommation prévue. On
avait prévu 35 millions d'actes. Peut-être, ce chiffre
était-il excessif. Mais, si le chiffre n'était pas excessif, s'il
devait être augmenté, on peut prévoir que le régime
d'assurance-maladie, en ce qui concerne les spécialistes, coûtera
plus cher que prévu.
Une question que je me suis posée c'est: Qu'est-ce que cela
représente de revenus par spécialiste? Si l'on considère
qu'il y a 2,984 spécialistes, on peut tirer la conclusion que ceci
correspond à $59,000 de revenus bruts par spécialiste. Ce qui
veut dire une augmentation nette de $7,000 plutôt que de $5,000, comme le
disait le député de Montmagny, par rapport aux offres initiales
de $156 millions. Mais, le revenu net est beaucoup plus difficile à
évaluer car il faut défalquer, de cette somme de $59,000 brute,
les frais de bureau et peut-être aussi les avantages sociaux. C'est donc
difficile à évaluer, mais il reste cependant que l'on peut
prétendre que le revenu des spécialistes se situe à un
niveau très confortable.
Ce revenu net sera beaucoup plus difficile à évaluer pour
certains types de médecins. Je pense, en particulier, à ceux qui
travaillent dans les hôpitaux. On n'a pas négocié encore
les conditions de travail pour les médecins couverts par
l'assurance-hospitalisation. Mais, je sais que l'on prévoit, pour ces
catégories de médecins, certaines allocations en ce qui concerne
les frais de gérance et les frais d'enseignement, allocations qui
s'ajouteraient aux tarifs dont on nous a annoncé l'établissement
aujourd'hui. C'est donc dire, M. le Président, qu'il sera difficile
d'établir, à l'intérieur du cadre des spécialistes,
quels seront les revenus minimums et les revenus maximums. Il sera difficile
d'établir comment un grand patron, par exemple, sera payé, ainsi
que l'écart qui peut séparer ceux qui seront moins payés
de ceux qui seront les plus payés. Cela serait une donnée
extrêmement intéressante.
Une autre question: Est-ce que l'on peut dire qu'avec l'entente dont on
nous a parlé aujourd'hui on peut prévenir les abus possibles? Le
ministre y a répondu ou a tenté d'y répondre à
l'avance dans sa déclaration, en disant qu'on avait prévu des
mécanismes de contrôle assez stricts.
Il reste cependant que ce n'est qu'à l'usage que l'on pourra
déterminer si les mécanismes de contrôle qui ont
été prévus à l'entente s'avéreront vraiment
efficaces en ce qui concerne, par exemple, le nombre des consultations
majeures, dont le taux a été majoré dans l'entente, et en
ce qui concerne le nombre des visistes, que celles-ci soient faites au lit du
malade ou que celles-ci soient faites à domicile.
Si, par malheur, les mécanismes prévus ne
parvenaient pas à contrôler ces abus possibles, le
coût total du régime pourrait s'en trouver sensiblement
augmenté, peut-être de quelques millions supplémentaires,
ce qui serait véritablement désastreux pour le régime. De
toute façon, la marge, maintenant, entre les déboursés et
les recettes s'avère extrêmement mince $1 million ou $2
millions à peine et il est possible qu'avec certaines
éventualités qui peuvent se manifester, la différence soit
encore plus minime et même que le régime coûte plus cher
qu'il ne rapporte, d'après le taux actuel des prestations.
De toute façon, on peut dire tout de suite qu'il n'y a pas de
coussin de prévu dans ce bilan pour l'extension du régime
à d'autres soins, comme les soins dentaires, comme les
médicaments, ce qui veut dire qu'à ce moment-là, nous
n'aurions le choix qu'entre deux solutions: ou augmenter le taux des
prestations de 0.8 p. c. à 0.9 p. c. , ou encore prévoir un mode
de financement différent.
J'espère que cette marge très mince entre les
déboursés et les recettes n'empêchera pas le gouvernement
d'étendre quand même, de la façon la plus rapide possible,
le régime pour qu'il couvre les médicaments, les soins dentaires
aux enfants et aux femmes enceintes et aussi le coût des
prothèses.
En terminant, je dis bonne chance au ministre. Je le félicite
ainsi que la FMSQ de l'immense effort qu'ils ont fait, afin qu'on en arrive
enfin à ce début de paix médicale et de
sécurité sociale. J'espère que chacun saura apporter
à la contrétisation de ce régime toute la collaboration
désirable.
M. CASTONGUAY: Avec votre permission, M. le Président, je
voudrais simplement, d'abord, remercier chacun des critiques des partis de
l'Opposition, et peut-être donner une couple de précisions en ce
qui a trait au taux des contributions; nous aurons l'occasion de discuter de
cette question. Je n'ai pas indiqué, présentement, comme l'a
peut-être laissé entendre le député de Montmagny,
qu'il y avait nécessité de hausser les contributions. Je crois
qu'avec les prévisions de revenus actuelles et les prévisions en
prestations, il est possible d'équilibrer le régime.
Je voudrais également mentionner au député de
Saint-Sauveur que nous n'avons pas trouvé une formule magique pour le
ministre des Finances, étant donné que l'intérêt
sera calculée au taux d'escompte de la Banque du Canada, auquel on
ajoute 1.5 p. c. , et non pas le taux direct d'escompte.
M. BOIS: Je voulais simplement mentionner à M. le ministre que
cela pourrait servir à l'honorable ministre des Finances.
M. DROLET: II en a pris bonne note!
M. CASTONGUAY: Enfin, deux des points mentionnés par le
député de Bourget lorsqu'il mentionne que le revenu par
spécialiste s'établirait maintenant à $59,000, ce qui
constituerait une augmentation de $7,000 par rapport aux offres originales, je
ne crois pas qu'il soit possible d'en conclure ainsi. J'ai une opinion qui m'a
été remise par l'expert du gouvernement, et à partir des
tests qui ont été faits pour un certain nombre de
médecins, on a tout lieu de croire, comme je l'ai mentionné dans
ma déclaration que pour les médecins, à tout le moins pour
ceux qui sont en pratique hospitalière, nos évaluations
étaient peut-être un peu surestimées.
Alors, le correctif apporté ne doit pas être ajouté
au complet aux chiffres de l'offre initiale. Le montant de $155 millions auquel
il se réfère est aussi assez aléatoire. Il est
peut-être de $152 millions ou de $150 millions.
De toute façon, ce qui me paraît le plus important, c'est
qu'avec les dispositions de la loi nous allons faire passer par la régie
tous les paiements qui se feront aux médecins en milieu hospitalier,
même ceux qui proviennent de l'assurance-hospitalisation, de telle sorte
qu'on puisse faire des recoupements entre les diverses sources de
rémunération. En vertu de l'article 20 du bill 30,
établissant la régie, il est possible de prescrire les
renseignements qui doivent être contenus dans le rapport annuel que la
régie doit déposer à cette Assemblée. Evidemment,
c'est mon intention de demander des renseignements aussi précis et aussi
détaillés que possible, de telle sorte que les membres de
l'Assemblée puissent juger en connaissance de cause des résultats
de l'application du régime.
M. LAURIN : Le ministre a bien compris, en effet, que mon but
était de voir s'il serait possible d'établir un profil de la
rémunération, des spécialistes, non seulement à
partir de la moyenne, mais à partir du minimum et du maximum, de
façon que nous nous fassions une idée plus exacte de la
rémunération des spécialistes.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres déclarations
ministérielles?
M. CASTONGUAY: J'en ai une autre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
Emprunt de l'Hydro-Québec
M. GARNEAU: Je voudrais informer la Chambre que l'Hydro-Québec a
contracté un emprunt de $75 millions sur le marché
américain, au taux de 8 3/4 p. c. au pair, donc rapportant 8 3/4 p. c.
à l'acheteur, dont l'échéance est fixée au 1er
janvier 1999, soit dans 28 ans. Ces obligations pourront être
rachetées sur préavis à compter du 1er janvier 1986.
Disons que la dernière émission d'obligations de
l'Hydro sur le marché américain avait été
faite au taux 9.5 p. c, pour un rendement à l'acheteur de 9.67 p. c.
C'est donc une nette amélioration.
M. BERTRAND: Quel est le montant qui a été acheté
par la Caisse de dépôt?
M. GARNEAU: C'est sur le marché américain.
M. BERTRAND: Ah, sur le marché américain. En entier?
M. GARNEAU: En entier.
M. VINCENT: Pour le dernier emprunt, quelle était
l'échéance? Celle-ci va jusqu'en 1999.
M. GARNEAU: Celle-ci est de 28 ans; l'autre avait une
échéance de 27 ans.
M. VINCENT: Vingt-sept ans.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Nous venons d'apprendre de la bouche du ministre le
nouvel emprunt de $75 millions pour financer l'Hydro-Québec, à un
taux de 8 3/4 p. c. Il y a diminution du taux d'intérêt par
rapport à la dernière émission d'obligations, parce que
nous savons que les taux d'intérêt sont à la baisse un peu
partout. Mais il est tout de même permis de constater l'énorme
différence qu'il y a entre le taux d'intérêt qu'a dû
payer l'Hydro sur le marché américain et celui qu'a dû
payer le gouvernement canadien, lors de la dernière émission de
ses obligations.
Maintenant, je trouve extrêmement regrettable que
l'Hydro-Québec soit obligé d'aller emprunter aux Etats-Unis,
alors que nous avons chez nous la Banque du Canada qui, actuellement...
UNE VOIX: Je pensais qu'elle était morte.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ah! elle est vieille.
M. ROY (Beauce): Elle est peut-être vieille, mais il y a beaucoup
de choses vieilles auxquelles, je pense, nous aurions intérêt
à revenir. Alors, je vais terminer mon commentaire là-dessus.
Je trouve extrêmement regrettable qu'on n'ait même pas
osé s'adresser à la Banque du Canada pour voir si elle est en
mesure de le faire. La Banque du Canada a consenti justement des prêts il
n'y a pas tellement longtemps pour des installations hydro-électriques
dans d'autres pays pour 50 ans avec dix ans de grâce sans
intérêt. Au cas où le ministre ne serait pas au courant je
me fais un plaisir de l'informer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, nous constatons évidemment avec
plaisir la baisse graduelle des taux d'intérêts et le fait que les
conditions d'emprunts sont maintenant plus favorables pour l'Hydro comme pour
le gouvernement du Québec. Nous devons constater avec plaisir
également qu'apparemment l'écart entre les obligations de
l'Hydro-Ontario et celles de l'Hydro-Québec vont en s'amenuisant.
Ce nouvel emprunt de $75 millions semble compléter le programme
d'emprunt que le gouvernement annonçait dans son budget et lui donnera
peut-être l'occasion de faire une pause et de profiter davantage dans
quelques mois d'une baisse plus accélérée, plusieurs
économistes prévoyant une baisse constante et graduelle des taux
d'intérêt au cours des mois à venir. Nous souhaitons donc
que le gouvernement profite de ces circonstances.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Santé.
Maisons pour personnes âgées
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais au point de
départ demander votre indulgence et celle des membres de cette Chambre
en raison de la longueur de la déclaration qui va suivre. Le sujet
traité, soit les nouvelles orientations gouvernementales dans le secteur
des ressources institutionnelles pour personnes âgées, est d'une
complexité et d'une importance telles qu'il requiert, je pense,
plusieurs explications.
Le programme de construction de foyers pour l'hébergement et le
logement des personnes âgées procède d'un modèle
élaboré en 1964 à partir de projets pilotes
destinés à remplacer la construction d'établissements de
type de l'hospice traditionnel.
Ce programme avait également pour but de favoriser la
décentralisation de cette sorte de ressources institutionnelles afin de
garder les personnes âgées dans leur milieu d'origine.
L'initiative des projets de foyers revenait à des corporations
locales qui au préalable mobilisaient l'intérêt du milieu
par le truchement de souscriptions publiques et grâce à diverses
contributions des municipalités. Le projet était ensuite
réalisé au moyen de crédit hypothécaire
accordé par la Société d'habitation du Québec et de
la reconnaissance à titre d'institution d'assistance publique par le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
En vertu de ce programme 171 projets évalués à $137
millions ont été élaborés au cours des exercices
financiers 67/68 à 70/71.
J'ai demandé, en mai dernier, qu'on procède à une
première révision du programme de construction et j'en ai
annoncé les résultats le 16 juin. Les décisions d'alors se
résumaient ainsi: La poursuite de 107 projets évalués
à environ $108 millions fut autorisée en raison soit des besoins
soit du stade avancé des travaux.
Par contre les 64 autres projets représentant des investissements
de l'ordre de $29 millions et qui n'avaient atteint qu'un stade
préliminaire dans leur préparation ou leur approbation avaient
été reportés en principe jusqu'à ce que de nouveaux
travaux d'analyse puissent être effectués.
Je rappelle que j'avais alors décrit les critères que nous
avions utilisés dans cette première révision. Je crois
également utile d'insister sur le fait que le programme de
développement de ressources pour l'enfance inadaptée ne fut
aucunement modifié à l'occasion de cette première
révision.
L'analyse de l'implantation du programme a permis par la suite diverses
constatations:
Premièrement, la réalisation des projets à partir
de l'initiative locale a donné lieu à une répartition
très inégale des foyers pour personnes âgées sur le
territoire québécois par rapport à la distribution de la
population.
Dans certaines régions, le nombre de lits excède, de
façon significative, les normes et, d'ailleurs, dans ces régions,
on nous a rapporté plusieurs cas où des responsables des foyers
ont dû faire du recrutement auprès des personnes
âgées afin d'occuper tous les lits disponibles.
Deuxièmement, la reconnaissance, à titre d'institution
d'assistance publique, par le ministère, et sa signification au plan de
la rentabilité ont trop souvent été le signal de
départ de projets ambitieux, à tel point que le coût de
construction des foyers s'établit à environ $10,000 par lit, en
moyenne, et les frais de fonctionnement à la charge de l'Etat, à
environ $2,000 par lit.
Aussi, malgré le fait que les crédits budgétaires
du ministère, au titre des foyers pour personnes âgées, ont
augmenté considérablement au cours des dernières
années: $14.1 millions en 68/69, $18.7 millions en 69/70 et $37.7
millions en 70/71, si l'on tient compte des $5 millions versés en
rétroactivité salariale à la suite des conventions
collectives signées cette année, cette augmentation a
contribué, très faiblement, à résoudre les
problèmes qui se posent au niveau de l'hébergement des personnes
âgées dans des établissements privés.
Quatrièmement, bien que nous n'ayons pas de données
précises, il semble que la formule de financement ait eu pour effet
d'inciter un certain nombre de personnes âgées à se
départir de leur avoir pour se rendre admissibles aux critères
d'admission dans les institutions d'assistance publique.
Cinquièmement, l'aide à l'hébergement des personnes
âgées accordée par le truchement des institutions, au lieu
de l'aide aux personnes elles-mêmes, semble également contribuer
à accentuer le phénomène de dépendance chez les
personnes âgées. Face à ces constatations, nous avons
entrepris une révision des politiques relatives aux personnes
âgées destinées à diversifier l'éventail des
ressources et à établir un meilleur équilibre entre
celles-ci et les besoins variés des personnes âgées, compte
tenu des ressources financières de l'Etat.
Dans cette révision, nous avons voulu également mettre
davantage l'accent sur l'aide à la personne âgée, rendue
possible en vertu de la Loi de l'aide sociale, plutôt que sur l'aide
à l'institution, qui procède de la Loi de l'assistance publique
de 1921. La Loi de l'aide sociale tient compte des besoins ordinaires et
spéciaux, y compris le besoin de logements pour les personnes
âgées.
Quant au développement des ressources, nous avons voulu que de
nouvelles formules soient rendues possibles afin d'inciter davantage les
populations locales à assumer elles-mêmes une saine administration
des foyers. C'est notre philosophie qui a donné lieu aux amendements
apportés la semaine dernière à la Loi de l'habitation
familiale.
Les amendements à cette loi permettent maintenant aux organismes
sans but lucratif, aux coopératives, aux associations et syndicats de
toute nature, de bâtir, à l'aide de crédits
hypothécaires provenant de la Société d'habitation du
Québec, des logements adaptés aux besoins des personnes
âgées ne requérant pas une protection continue. Ces
corporations ne seront toutefois pas admissibles aux bénéfices de
la Loi de l'assistance publique, mais leurs locataires
bénéficieront à la fois de la réduction des frais
provenant du rabais provincial et, si leur situation le nécessite, de
l'aide en vertu de la Loi de l'aide sociale.
Par ailleurs, toute nouvelle réforme, notamment en matière
de sécurité du revenu, visant à améliorer la
situation financière des personnes âgées, leur facilitera
d'autant la solution du problème de leur logement. Les amendements
à la Loi de l'habitation familiale permettent également
l'acquisition, par des personnes âgées, de logements en
copropriété et de bénéficier du rabais provincial,
ce qui réduira d'autant les frais de la propriété.
Cette formule de copropriété permet à ces personnes
d'investir les biens qu'elles peuvent posséder, de conserver leur avoir
et elle contribue au maintien d'une plus grande autonomie.
Si l'on examine de près ces nouvelles formules, on constate
qu'elles font appel à une plus grande part de responsabilité des
milieux intéressés quant à l'établissement des
besoins et à la saine administration des projets. En se sentant
davantage responsables, les populations locales devraient normalement
rechercher des formules plus économiques de construction et
des méthodes d'administration faisant davantage appel à la
participation des intéressés. Avec l'introduction de ces
nouvelles mesures, la Société d'habitation du Québec
assume les mêmes responsabilités en ce qui a trait au logement des
personnes âgées qu'à l'égard du reste de la
population.
Quant au ministère des Affaires sociales, il se départira,
à l'égard des projets réalisés en vertu de ces
nouvelles formules, d'une responsabilité qui, depuis la création
de la Société d'habitation du Québec, ne devrait plus
normalement être la sienne, soit celle de pourvoir aux besoins en
logement des personnes âgées qui ne requièrent pas une
protection continue. Il devra plutôt développer, de concert avec
la SHQ, des normes d'utilisation applicables aux logements construits en vertu
des nouvelles formules afin qu'ils répondent vraiment aux exigences de
vie des personnes âgées.
Le ministère pourra ainsi consacrer plus d'efforts et une partie
éventuellement plus grande de son budget au développement de
services destinés aux personnes âgées, qu'elles demeurent
dans leur milieu de vie traditionnel, dans des logements résultant des
nouvelles formules ou dans des foyers. Le développement de services
variés: cantines et repas à domicile, loisirs, aide
ménagère, infirmières visiteuses, etc., s'imposent sans
contredit. Nous croyons également que l'accent doit être mis sur
le développement du programme de pensions surveillées en raison
de ces caractéristiques particulières que ne peut refléter
la nouvelle politique de construction de logements pour personnes
âgées par la SHQ.
La formule des pensions surveillées permet à une, deux ou
trois personnes âgées de vivre dans des familles
identifiées par les agences sociales comme étant aptes à
fournir à ces personnes âgées l'attention
particulière que certaines d'entre elles requièrent, tout en leur
permettant de trouver un véritable climat familial. Par ailleurs, nous
pensons qu'il serait souhaitable que les programmes de financement
d'hôpitaux pour malades chroniques et de foyers pour soins
spéciaux intensifs soient reformulés de façon à
permettre l'utilisation de ressources destinées à des fins
médicales ou non médicales, mais qui requièrent
sensiblement la même organisation et les mêmes catégories de
personnel.
C'est d'ailleurs la position que j'ai adoptée lors de la
récente conférence fédérale-provinciale des
ministres de la Santé. Enfin, nous croyons nécessaire de
réviser les modes de financement des foyers d'hébergement
subventionnés en vertu de la Loi de l'assistance publique, dans le cadre
général de l'examen des modes de financement des institutions de
santé et de bien-être que nous entendons effectuer.
En ce qui a trait au programme de construction de foyers
d'hébergement pour personnes âgées, tel que
révisé en mai, un groupe de fonctionnaires a été
chargé depuis de l'étudier plus à fond à la
lumière des critères suivants: a) L'urgence de développer
des ressources dans les cas où des listes d'attente admissibles sont
identifiables, soit à cause d'une absence de ressources, soit en raison
de la mauvaise qualité des ressources existantes. b) Les investissements
faits par la population et par les municipalités. c) Les engagements
déjà pris, les coûts déjà encourus, les
coûts à prévoir tant pour fins de construction que pour
fins de fonctionnement.
A la suite de cette seconde analyse et des nouvelles possibilités
de développement des ressources institutionnelles pour personnes
âgées en raison des amendements à la Loi de l'habitation
familiale, le gouvernement a pris les décisions suivantes: des 107
projets de mai 1970 dont la poursuite des travaux avait été
autorisée, huit fonctionnent déjà. Parmi les autres, 52,
évalués à $38 millions, seront menés à
terme, leur construction étant déjà très
avancée. Quarante autres projets, évalués à environ
$53 millions et n'ayant atteint que différents stades
d'élaboration et non pas de construction, feront l'objet d'un examen par
une mission formée de représentants de la Société
d'habitation et du ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
Cette mission ira rencontrer les membres de la corporation, les
autorités municipales, les agences sociales, les conseils de
développement et de bien-être, afin d'examiner avec eux les
meilleurs moyens de satisfaire aux besoins des différentes
catégories de personnes âgées, à la lumière
des nouvelles orientations.
Nous espérons que plusieurs de ces 40 projets pourront se
réaliser assez rapidement avec la collaboration des
intéressés, dans le cadre des nouvelles formules. Suite au
travail de la mission, une nouvelle programmation de développement des
ressources institutionnelles dans ce secteur des personnes âgées
sera élaborée. Je voudrais également préciser que
ce n'est qu'à l'issue du travail de la mission qu'il sera possible
d'établir le montant des dédommagements financiers qui pourraient
être consentis dans d'éventuels cas d'annulation de projets.
Par ailleurs, huit foyers existants dont les caractéristiques de
sécurité ont été jugées inadéquates
seront reconstruits incessamment. Six de ces projets de reconstruction
faisaient partie du groupe des projets dont la poursuite avait
été autorisée en mai. Deux, par contre, avaient
été reportés et ont dû être
reconsidérés pour reconstruction immédiate, en raison
d'une sécurité inadéquate.
La SHQ a déjà été saisie de ces projets
prioritaires, qui n'ajouteront pas de façon sensible aux frais de
fonctionnement puisqu'ils émargent déjà au budget du
ministère. Deux autres foyers dont la mention avait été
omise dans ma déclaration de juin sont en construction. Il s'agissait de
projets qui ne sont pas
financés par la SHQ. Pour concilier les chiffres, il faut
mentionner qu'un projet dont la construction devait se poursuivre en mai a
été annulé dans le cadre d'un examen de ressources et des
besoins, tant ceux de bien-être que ceux de santé.
En ce qui a trait aux 64 projets reportés en mai, deux d'entre
eux ont donc donné lieu à des reconsidérations pour fins
de sécurité, comme je viens de le dire. Les 62 autres n'ont pas
été retenus. Enfin, nous avons demandé la collaboration
des dirigeants des foyers qui viennent d'entrer en activité ou qui le
seront sous peu ainsi que celle des agences sociales concernées, afin
que les nouveaux foyers répondent dans toute la mesure du possible aux
besoins jugés prioritaires. Et ici, je voudrais simplement rappeler le
rapport de la mission Gendron, rendu public cette semaine.
En résumé, les nouvelles orientations que je viens de
décrire sont destinées à permettre aux personnes
âgées de maintenir un plus large degré d'autonomie tout en
ayant accès à des services essentiels, rechercher un meilleur
équilibre entre les diverses ressources et les besoins variés des
personnes âgées, améliorer les conditions d'habitation des
personnes âgées et, enfin, inciter à la recherche
d'économies légitimes dans les frais de construction et de
fonctionnement des ressources pour personnes âgées.
Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne voudrais pas
faire de longs commentaires aujourd'hui; évidemment, le ministre vient
de faire une déclaration de la nouvelle politique du ministère,
la nouvelle orientation pour les personnes âgées. Il nous a
donné des listes détaillées de projets. Je voudrais,
à la lumière de ce document et des listes de projets, revoir les
documents qu'il nous avait remis antérieurement et ceux que j'ai
à ma disposition; en une autre circonstance, nous pourrons faire
l'examen complet et détaillé de cette politique, ce que nous ne
pourrions faire aujourd'hui, étant donné qu'il y a encore pas mal
de travail à l'ordre du jour.
Je voudrais noter que le ministre a fait la conciliation de 107 projets
et que, parmi les autres, une soixantaine n'ont pas été retenus,
sur les 171 du début. Je comprends que...
UNE VOIX: Ce doit être dans les comtés de l'Opposition.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne voudrais pas que le ministre ferme la
porte à cucune étude additionnelle. Si on lui prouve, à
l'intérieur des critères qu'il a énoncés et
à la lumière des études additionnelles qui seront faites
dans les régions à partir de leurs besoins l'urgence de ceux-ci,
je ne voudrais pas que les décisions du ministre soient
catégoriques. Mais je pense bien que les 108 comtés sont
affectés par cette nouvelle liste, ces nouvelles propositions.
Alors, je voudrais que le ministre retienne et écoute avec
bienveillance les nouvelles représentations qui pourront lui être
faites par les députés.
M. LAURIN: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: ... j'ai pris un très vif intérêt
à la lecture de cette déclaration ministérielle. Elle
constitue pour moi une critique rigoureuse du système actuel. J'avais
noté, moi-même, l'inadéquation de ce système par
rapport aux besoins, et je n'ai pas été surpris d'apprendre que,
dans certaines régions, on manquait de vieillards et qu'on était
obligé d'en recruter pour certains foyers. Ce qui m'a frappé
aussi c'est l'accent qui est mis dans cette déclaration sur l'aide
à la personne. Je crois que c'est très juste, surtout en ce qui
concerne les personnes âgées qui ont droit à un repos,
à une quiétude et à un bonheur que leur existence
antérieure leur a amplement mérités.
J'ai été frappé aussi par l'accent qui a
été mis sur l'individualisation des soins. Il n'y a pas de
catégories de population pour lesquelles cette individualisation
paraît plus nécessaire. Le ministre mentionnait ceux qui ont
besoin d'une protection continue, ceux qui ont juste besoin de secours
diversifiés, comme une cantine familiale, de ceux qui ont besoin
d'être placés dans des familles choisies où ils peuvent
trouver l'atmosphère dont ils ont besoin.
Je pense que le moment n'est pas venu ici de critiquer chacune de ces
formules qui ont été proposées par diverses agences
sociales. Je ne veux pas dire que je les approuve toutes, mais elles sont
toutes extrêmement intéressantes. Je pense que le progrès
qui a été fait par cette révision devra
éventuellement être continué, et il sera très
intéressant, lorsque le moment en sera venu, de contribuer à
l'élaboration d'une véritable politique pour les personnes
âgées, chose qui a toujours manqué au Québec, et je
pense qu'en raison de cette nécessité sociale, nous pouvons
promettre la collaboration de notre groupe pour que cette réforme soit
menée le plus rapidement et le mieux possible.
M. LE PRESIDENT: Dépôts de documents.
Rapport de Soquem
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, conformément
à la loi, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel de la
Société québécoise d'exploration minière
pour l'année 1969-1970.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres dépôts?
Questions des députés. L'honorable chef de
l'Opposition.
Questions et réponses
Route Villebois-Baie-James
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai reçu une documentation
volumineuse concernant un problème dans le comté d'Abitibi-Ouest.
J'aurais une question à poser au ministre des Terres et Forêts. Je
note qu'il est absent. Il était ici il y a un moment. Est-ce son
intention de parachever la route de Villebois à la baie James?
M. DRUMMOND: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas compris
toute la question.
M. BERTRAND: Est-ce l'intention du ministre ou du gouvernement de
parachever la route importante en Abitibi, route de Villebois à la baie
James?
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense qu'une telle
décision serait partagée. Je prends note de cette question.
M. BERTRAND: Très bien.
M. SAMSON: Question supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
supplémentaire. Evidemment, j'ai aussi un dossier assez volumineux sur
le sujet. A la suite de rencontres que nous avons eu l'occasion d'avoir avec
les représentants de ce projet, ainsi qu'avec le premier ministre et le
ministre des Richesses naturelles, il a été demandé par
les citoyens de cette région, qui ont déjà investi quelque
$400,000 pour cette route et qui auraient besoin de $170,000 pour les aider au
parachèvement, le premier ministre ou le ministre des Richesses
naturelles pourrait-il nous dire s'il y a des développements à ce
sujet et si ces gens doivent s'attendre à une réponse favorable
sous peu?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, à la suite de
cette rencontre dont vous parlez, le premier ministre m'a chargé de
faire l'étude de la demande de subventions des Pionniers du nord.
Nous sommes à étudier certaines demandes de
l'Hydro-Québec par rapport au projet de la baie James, de même que
cette demande de subvention. J'espère que, dans les prochaines semaines,
nous pourrons donner une réponse favorable.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Le français à la General Motors
M. LAURIN: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. On m'informe que la grève de la General motors est
réglée et que l'entente ne contient aucune clause en ce qui
concerne le français comme langue de travail. Etant donné
l'échec de la politique de persuasion qu'il a poursuivie, le premier
ministre entend-il donner suite à l'intention qu'il a manifestée
à cette Chambre de recourir maintenant à une mesure
législative?
M. BOURASSA: M. le Président, on doit d'abord constater que la
question monétaire a été réglée. Il y a eu
quelques gains sur des points de la part du syndicat. Il reste au gouvernement
à prendre les mesures nécessaires pour poursuivre sa politique de
français comme langue de travail.
J'en ai discuté avec le ministre du Travail, M. Jean Cournoyer;
j'en ai discuté également avec le président de la
commission Gendron, M. Gendron. La compagnie avait accepté en principe
l'usage du français comme langue de travail, mais il y a tout le
problème, comme je l'ai signalé à plusieurs reprises, des
implications pratiques et techniques de ce qu'on entend par langue de travail.
C'est pourquoi nous avons une commission d'enquête qui étudie la
question. L'Office de la langue française, également,
étudie cette question avec le comité interministériel
présidé par le ministre des Affaires culturelles, M.
Cloutier.
Nous pouvons, quand même, poser des actes dans l'intervalle, en
attendant le rapport de la commission Gendron et le livre blanc sur la
politique linguistique. C'est pourquoi le ministre du Travail, à ma
demande, demandera au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre de
faire les suggestions qu'il jugera appropriées pour que nos lois du
travail soient amendées de façon qu'aucun Québécois
ne soit traité en citoyen de deuxième classe parce qu'il parle le
français au Québec.
La compagnie a accepté certains points sur ce plan, notamment que
les griefs puissent s'exprimer en français. Elle a également
accepté l'accélération des cours de français
parlé aux dirigeants de la compagnie afin qu'ils puissent communiquer en
français avec les employés ou, en d'autres termes, que les
communications verticales entre employeurs et employés se fassent, dans
toute la mesure du possible, en français. Nous avons l'intention de
demander des suggestions précises du Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre pour que le code du travail soit amendé. Il ne
s'agit pas simplement de particulariser ou de singulariser le cas de la General
Motors, mais il faut que,
dans toutes les entreprises du Québec, les travailleurs
québécois francophones ne soient d'aucune façon
handicapés parce qu'ils sont francophones.
Donc, le gouvernement continue à poursuivre sa politique du
français comme langue de travail en discutant avec les entreprises. Je
rencontrerai le président de la compagnie General Motors du Canada pour
voir ce qu'on peut faire de plus, en pratique. Même si ce n'est pas,
strictement parlant, inclus dans la convention collective, plusieurs mesures
pratiques peuvent être prises. Le code du travail sera amendé
dès la prochaine session pour garantir ces droits à tous les
travailleurs francophones, dans toutes les entreprises du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Compte tenu de la déclaration que vient de faire le
premier ministre, dont nous le remercions, je voudrais lui poser la question
suivante: Etant donné que, dans le cas précis de la General
Motors, c'est un groupe d'employés qui, à toutes fins utiles,
porte tout le poids d'une revendication pour la reconnaissance de son droit de
parler le français, le gouvernement ne pourrait-il pas envisager, dans
l'immédiat, pour le cas particulier de General Motors et,
éventuellement, pour d'autres organismes et d'autres groupes de
travailleurs qui auraient les mêmes problèmes, une politique
spéciale de soutien à l'endroit des employés de General
Motors? Comme ce sont ces employés qui portent actuellement tout le
poids, je crois qu'il appartiendrait au gouvernement de leur indiquer...
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... par voie législative ou par une
assistance financière s'il a l'intention de les appuyer.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai eu l'occasion, et je le
répète aujourd'hui à l'Assemblée nationale, de
signaler le rôle qu'a joué le syndicat et les employés de
la General Motors pour mettre en relief le fait que le français doit
être la langue de travail. Je les ai félicités, et je
profite de l'occasion pour les féliciter de nouveau. Mais, encore
là, je l'ai répété la semaine dernière, il y
a des problèmes pratiques. Les employeurs on peut comprendre
qu'ils posent la question veulent savoir ce qu'on entend exactement par
français comme langue de travail, a quel niveau, on peut appliquer
cela.
On peut appliquer cela au niveau de l'usine, au niveau des cadres
intermédiaires, au niveau des cadres supérieurs, au niveau des
communications horizontales ou des communications verticales. C'est pourquoi
l'ancien gouvernement a formé la commission Gendron. C'est pourquoi,
nous, nous avons formé un comité interministériel. C'est
pourquoi nous avons demandé à la commission Gendron de
préparer un rapport prioritaire sur cette question. C'est pourquoi nous
voulons que le Conseil consultatif de la main-d'oeuvre et du travail nous fasse
des suggestions pour amender le code du travail, de manière que les
travailleurs francophones soient justement protégés sur cette
question.
Alors, cela s'appliquera au cas des employés de la General Motors
et, déjà, ils ont gagné plusieurs point là-dessus
dans leurs négociations avec la compagnie. C'est clair qu'ils ne sont
pas satisfaits, et c'est clair que le gouvernement non plus n'est pas satisfait
des concessions qui ont été faites par la compagnie. Mais nous
voulons procéder d'une façon logique, d'une façon
sensée et réfléchie. C'est pourquoi nous faisons appel aux
autorités les plus préparées pour nous faire des
recommandations là-dessus. Cela s'appliquera non seulement au cas de la
General Motors, mais à l'ensemble des entreprises du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Je pense que le premier ministre a compris partiellement ma
question qui est bien spécifique. Est-ce que dans le cas précis,
actuel, des employés de la General Motors, le gouvernement ne pourrait
pas envisager, dans l'immédiat, une politique de soutien,
financière même, pour leur permettre d'avoir gain de cause en
attendant que soient réglés les problèmes
généraux dont a parlé le premier ministre.
M. BOURASSA: Non! non! ce que demande le député de
Chicoutimi, c'est que le gouvernement finance la General Motors pour que le
français devienne la langue de travail. On n'a aucune espèce de
raison de financer la compagnie la plus riche du monde pour une chose aussi
essentielle que celle-là.
M. CHARRON: Une question supplémentaire, M. le
Président.
M. BOURASSA: J'ai signalé qu'il y avait plusieurs points qui
avaient été...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je réserve la question de
privilège, M. le Président...
M. BOURASSA: Est-ce que je peux compléter ma réponse, M.
le Président? J'ai signalé que plusieurs points avaient
été gagnés: la traduction, le français
considéré comme langue officielle. C'était
élémentaire et je l'ai dit aux dirigeants de la compagnie, ils
l'ont accepté. Il est inadmissible, intolérable que le
français soit considéré comme une langue secondaire au
Québec, même par General Motors, et ils l'ont accepté.
D'autres points aussi ont été acceptés, que j'ai
signalés tantôt. Ce n'est pas satisfaisant, ni pour le syndicat,
ni pour le gouvernement,
même si le syndicat a accepté de recommander le retour au
travail, faisant confiance au gouvernement pour poursuivre sa politique
d'application du français comme langue de travail. Et c'est ce que nous
avons l'intention de faire, comme je l'ai annoncé tantôt.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, d'abord, laissez-moi
poser la question de privilège pour signaler au premier ministre que ce
n'est pas du tout dans mon intention de demander au gouvernement d'aider la
compagnie General Motors. Mais je voudrais lui demander ceci: Est-ce que, dans
l'immédiat, il ne pourrait pas prévoir une politique de soutien
à l'endroit de ces employés? Il y a là une question
d'ordre social, et cela donnerait peut-être un exemple à la
compagnie General Motors de l'intention véritable du gouvernement de
mettre en application la politique dont a parlé le premier ministre.
M. BOURASSA: J'ai répondu à cela. J'ai dit que le code du
travail le ministre du Travail va en parler ce soir à une
réunion à Montréal sera amendé à la
suite de consultations et de discussions avec le comité consultatif du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Nous avons obtenu plusieurs
points. J'ai l'intention de rencontrer de nouveau les dirigeants de la
compagnie et également les dirigeants du syndicat. Ils ont
accepté de retourner au travail, si mes renseignements sont exacts. Ils
ont accepté ce matin de retourner au travail. Sur la question
monétaire, sur les autres questions et sur les gains qu'ils avaient
obtenus, ils no sont pas satisfaits, je l'ai dit, et nous non plus. Nous allons
poursuivre notre action à plusieurs niveaux. Au niveau des commissions
d'enquête qui sont créées, comme la commission Gen-dron, le
comité interministériel, au niveau des amendements qui seront
apportés au code du travail au cours de la prochaine session, et au
niveau des négociations directes avec le syndicat et avec la
compagnie.
Que veut de plus le député de Chicoutimi?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, question additionnelle.
J'aurais une question très simple, sans aucune acrimonie, à poser
au premier ministre. En attendant que toutes ces politiques très
importantes soient mises en application cela va prendre du temps
à les élaborer aux employés qui sont actuellement
à faire face à ce problème à la General Motors, le
gouvernement ne pourrait-il pas apporter une aide financière ou
politique de soutien qui serve immédiatement à leur faire
comprendre la volonté du gouvernement et, du même coup, faire
comprendre à la Société General Motors et aux autres
sociétés qui travaillent dans le Québec que la langue
française doit être respectée. Les ouvriers en souffrent
actuellement et vont en souffrir tant que les politiques qu'an- nonce le
premier ministre ne seront pas mises en application.
M. BOURASSA: M. le Président, deux points ont été
donnés: tout employé peut faire des griefs dans la langue de son
choix, évidemment dans la langue française, et il y aura
accélération des cours de français parlé de la
compagnie. Ce sont des points qui sont admis. Dans une déclaration de
principe, la compagnie a admis que le français devrait être la
langue de travail.
Avant de l'inclure dans la convention collective, la compagnie veut
savoir exactement quelles sont les implications pratiques, parce que nous
devons tous admettre que le français comme langue de travail, c'est une
formule assez générale. C'est pourquoi l'ancien et le nouveau
gouvernement ont demandé à la commission Gendron d'être
plus précise dans l'application de cette formule.
Le député pose une question fort pertinente, mais quand il
parle d'appui financier à la compagnie ou au syndicat...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas la compagnie, aux employés.
M.BOURASSA: Le député pourrait-il être plus
précis? Que veut-il dire exactement, quelle sorte d'appui veut-il que
nous donnions, avec les points qui sont déjà acquis, avec ce que
j'ai annoncé comme politique du gouvernement?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je l'ai dit tout à l'heure.
Actuellement, les employés sont à bout de souffle. Ils n'ont pas
les moyens financiers de faire les pressions nécessaires pour obtenir de
General Motors qu'on reconnaisse leur langue. Le premier ministre ne
pourrait-il pas envisager, dans l'immédiat, une aide? Et le premier
ministre pourrait-il nous dire, aussi, si le problème a
été déféré au commissaire
général aux langues, M. Ernest Pallascio-Morin, qui devrait
s'occuper de cette question? Le premier ministre ne pourrait-il pas demander
à son collègue des Affaires culturelles de demander au
commissaire aux langues d'aller voir les gens de General Motors, je veux dire
les employés, et de discuter, parce qu'il y a là
discrémination au sens de la loi 63.
M.BOURASSA: M. le Président, j'ai dit tantôt qu'il y aurait
des amendements au code du travail, pour respecter les libertés
fondamentales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En attendant.
M. BOURASSA: Ce sont des amendements qui devront être
respectés et que toutes les entreprises du Québec devront
respecter. N'est-ce pas quand même une mesure suffisamment précise
pour répondre à la question du député?
M. CHARRON: Question supplémentaire, M. le Président.
J'admets que l'échec de la politique du premier ministre en cette
matière l'oblige à ou le tente de retourner à la fameuse
consultation qui n'en finit plus. Comment se fait-il le premier ministre
devrait me répondre qu'on en soit encore, ici, à
être obligés de consulter et de définir ce qu'est une
langue de travail, car ce ne l'est pas? On n'a pas besoin de le définir
en Suède, ni en Italie, ni...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Pourquoi faudrait-il payer des employés, les appuyer
alors qu'on n'a pas le coeur de légiférer pour que ça
devienne la langue de travail?
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Bourassa): Nous sommes au Canada, pas en Algérie,
ici.
M. LEGER: C'est ça, le Canada.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est pour ça que vous êtes assis
là, aussi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: Etiez-vous heureux à Paris, en France, d'apprendre la
langue française?
M. BOURASSA: M. le Président, je l'ai dit tantôt. Si le
député de Saint-Jacques avait écouté mes
réponses...
M. CHARRON: Vous ne m'avez pas répondu.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai donné des intentions
précises...
M. TREMBLAY (Bourassa): II ne peut pas comprendre.
M. BOURASSA: Le député veut-il comprendre ou ne veut-il
pas comprendre? Le député veut-il absolument faire de la petite
politique sur une question fondamentale?
M. CHARRON: Le premier ministre veut-il ou ne veut-il pas
légiférer?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: J'ai annoncé tantôt des amendements au code du
travail. Que veut de plus le député?
M. LE PRESIDENT; A l'ordre! M. CHARRON: Que le français devienne
la langue de travail par une loi.
M. BOURASSA: Le député est incapable de définir
lui-même ce qu'est le français, langue de travail.
M. CHARRON: Dans le code du travail, ça ne donne rien. C'est une
loi que ça prend.
M. BOURASSA: C'est de la petite démagogie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: Prouvez que le fédéralisme rentable est
réellement rentable.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. CHARRON: Faites-en, une loi!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne permettrai plus de questions
supplémentaires sur ce sujet. Cela dure déjà depuis quinze
minutes et je crois que pour le moment la question a été
vidée. Cela devient un contre-interrogatoire.
L'honorable député de Mégantic.
Mauvais état de la route no 2
M. DUMONT: Pour en revenir au problème économique, qui
préoccupe beaucoup les Québécois, j'aurais une question
à poser au ministre de la Voirie. A la suite d'une pétition
d'au-delà de 800 noms, y compris ceux des hommes d'affaires de la
région, et considérant que l'entretien des chemins d'hiver sur la
route no 2, allant de Rivière-du-Loup au Nouveau-Brunswick passant par
Cabano est dans un état pitoyable, le ministre de la Voirie a-t-il
l'intention de rappeler ce contrat afin que la voirie puisse entretenir cette
route?
M. PINARD: M. le Président, c'est la première fois que
j'entends dire que l'entretien de la route no 2 est aussi déplorable que
l'affirme le député de Mégantic. J'aimerais rappeler
cependant qu'autrefois la voirie entretenait avec son équipement la
partie de la route no 2 qui va de Rivière-du-Loup jusqu'à la
frontière du Nou-veau-Brunswick, je crois.
Un peu plus tard, lorsque le nouveau gouvernement est arrivé au
pouvoir, une partie du contrat d'entretien du chemin a été
accordée à l'entreprise privée. Un problème se
situe à ce niveau et je ne sais pas si aujourd'hui la cause du mauvais
entretien relève de l'adjudication d'une partie du contrat à
l'entreprise privée. Je prends avis de la question, je fais
enquête à ce sujet et je donnerai une réponse plus
détaillée au député de Mégantic.
M. DUMONT: Question supplémentaire, M. le Président. Cette
action que le ministre de la Voirie n'a pas prise à la suite de la
pétition qu'il a reçue a fait congédier 52 employés
de la
voirie. Est-ce que ces 52 employés vont être
réembauchés à quelque autre endroit dans cette
région?
M. PINARD: M. le Président, je pense qu'il est peut-être
faux de prétendre que 52 employés ont été
congédiés; il faut comprendre que ces employés n'avaient
pas le caractère de permanence dans leur emploi, mais qu'ils
étaient considérés comme saisonniers.
Quand le ministère de la Voirie a pris complètement
à ses charges l'entretien de la route no 2, cela a grossi le nombre
d'employés saisonniers qui obtenaient du travail pendant l'hiver. Je
pense qu'il faut placer le problème dans son véritable contexte.
Si une partie du trajet est entretenue par l'entreprise privée, il peut
arriver que cela enlève du travail à des personnes qui en avaient
autrefois, durant l'hiver pour l'entretien de la route. C'est ce que je vais
vérifier, et je donnerai exactement les chiffres quant au nombre
d'employés qui n'ont plus cet emploi. Je donnerai également le
parcours entretenu par le ministère de la Voirie par rapport à la
longueur du parcours entretenu par l'entreprise privée. Je verrai si
vraiment ce problème se situe à ce niveau quant au mauvais
entretien de la route.
M. DUMONT: Une dernière question supplémentaire, M. le
Président. Le ministre de la Voirie a-t-il vérifié, pour
la partie de la route no 2 entretenue par un entrepreneur, si celui-ci est
compétent pour donner le service que le ministre a l'habitude d'accorder
sur ces routes numérotées?
M. PINARD: Nous demanderons au divisionnaire responsable de
l'enquête, qui est sur place, de faire son rapport et de vérifier
l'état et le nombre d'unités de l'équipement de cet
entrepreneur. Si cet entrepreneur avait déjà une partie de
l'entretien du trajet par adjudication de contrat, nous demanderons s'il a
véritablement fait un bon entretien dans le passé. Sinon, je
verrai peut-être à réviser ma décision à cet
effet.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Les frères Rose
M. PAUL: M. le Président, le ministre de la Justice pourrait-il
confirmer ou infirmer la nouvelle à l'effet que les forces
policières auraient récupéré les frères Rose
et un nommé Simard malheureusement peut-être impliqués tant
dans l'enlèvement que dans le meurtre de M. Laporte? Le ministre peut-il
nous informer s'il est vrai que certains otages seraient détenus pour
discuter de certaines conditions quant à leur arrestation?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je n'ai pas les plus
récents développements, mais je pense qu'il serait
prématuré d'annoncer que nous avons arrêté ou
encerclé les frères Rose ainsi que Simard.
Egalement, je crois qu'il est dans l'ordre pour moi d'infirmer la
nouvelle à l'effet qu'ils détiendraient un otage.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
Vente d'avions CL-215
M. LOUBIER: Ma question s'adresse au ministre des Transports. Est-il
vrai qu'il aurait profité de son voyage en Europe ma question ne
se termine pas là pour effectuer une ou des transactions
impliquant la vente d'un ou de plusieurs avions du type CL-215?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je remercie beaucoup le député de
Bellechasse de sa question. Seulement, j'ai vu ici, aujourd'hui, dans la
Gazette: "France may buy six more water bombers worth $8,400,000 from Cana-dair
Limited". Je crois que je devais rectifier cette déclaration, car, en
France, c'est la compagnie Canadair, parce qu'on ne les appelle pas des CL-215,
en France, mais des Canadair. De même si on demande des rôties le
matin, on nous dit qu'on n'a pas de rôties, mais des
"toasts",messieursles séparatistes!
M. PAUL: Continuez, c'est intéressant.
M.BERTRAND: Allez! continuez! Vous avez pris un bain de
français.
M. TREMBLAY (Bourassa): Seulement, M. le Président, une chose que
je peux dire, c'est que le gouvernement français, jusqu'à
maintenant, a eu un accident avec un avion. Il n'était pas dû
à l'avion, mais au pilote. On a déjà fait un nouvel achat.
Même qu'on m'a promis, réellement, que, cette année ou l'an
prochain sans faire de promesse, là on achèterait
cinq nouveaux avions, car on dit que le Québec qui est beaucoup plus
petit que la France, va posséder quinze avions Canadair.
Nous disons, nous, des CL-215 et, eux, ils appellent ça des
Canadair. Je voudrais rendre hommage à tous ceux qui ont
été, avant moi, soit ministres ou premiers ministres, soit du
gouvernement d'avant 1966 et de celui d'après 1966, d'avoir fait ces
transactions et de tout le travail qu'ils ont fait. Je veux leur rendre hommage
ici, dans cette Chambre, parce que de la politique, on ne fait pas ça
durant quatre ans; on fait ça durant cinq semaines. Alors, M. Bertrand
et d'autres, je vous rends hommage. Si vous voulez faire un voyage en Europe,
c'est-à-dire à Paris ou à Marseille, vous allez voir
que
vous allez être très bien reçus et, en plus, vous
allez savoir que nos CL-215 sont de très bons avions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils ont eu un accident.
M. TREMBLAY (Bourassa): II y a eu un accident, mais il n'était
pas causé par l'avion.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'ils ont juste perdu l'eau?
M.TREMBLAY (Bourassa): Ils ont perdu l'avion au complet.
Ce n'est pas mon habitude de lire des discours en cette Chambre; vous
savez comme moi...
M. BERTRAND: Allez-y.
M. TREMBLAY (Bourassa): Seulement, c'est la première fois que je
fais un voyage en Europe, payé par le gouvernement du Québec.
S'il y a des membres de cette Chambre qui se croient lésés par le
voyage que j'ai pu faire en Europe et par le coût, je voudrais qu'ils
soient très heureux de savoir que je peux payer mon voyage
personnellement.
M. PAUL: C'est parce qu'on était inquiet.
M. TREMBLAY (Bourassa): Alors, c'est une chose que je peux vous dire. Je
n'ai besoin de personne pour payer mes voyages, quand je veux aller chercher de
l'expérience personnelle. Par contre, on m'a confié un
ministère et j'ai compris...
M. CHARRON: C'est ce qui restait de la caisse électorale.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): La question, M. le Président.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, il n'y avait pas de
question. Je vous donne ici un petit résumé, parce que j'ai su,
hier, certaines choses. Les voyages que je vais faire, je peux les payer
moi-même. Seulement, ça n'a pas été un voyage que
j'ai fait moi-même: ç'a été un voyage que j'ai fait
pour la province. J'ai rendu hommage à l'ex-premier ministre, M.
Bertrand qui a fait un très bon travail...
M. LESSARD: Des liaisons dangereuses.
M. TREMBLAY (Bourassa): ...dont la France est très heureuse.
M. LESSARD: Vous allez le gêner. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne suis pas gêné du tout! Si
vous saviez comme je suis à l'aise!
M. LESSARD: Vous allez gêner le député de
Missisquoi.
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, je ne le gênerai pas, parce que le
député de Missisquoi, je le connais très bien. La seule
chose que je peux vous dire sans lire tout le texte je crois que lire des
textes pour moi, ce n'est pas bon .
La seule chose que je peux vous dire, je ne suis pas un de ceux qui
lisent des textes, mais seulement je suis un de ceux qui sont capables de
parler du coeur et de parler des choses qu'ils connaissent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous vous en sommes reconnaissants.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, je suis allé
à Marseille vérifier les...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oh! sur la Canebière!
M. TREMBLAY (Bourassa): ... CL-215, qu'on appelle les Canadair.
M. LESSARD: A Marseille?
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que je peux parler?
M. BERTRAND: Avez-vous rencontré Fanny?
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que je peux parler?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela devient une bouillabaisse, continuez.
M. LOUBIER: M. le Président, si le ministre me le permet, je
serais satisfait qu'il réponde simplement à ma question, à
savoir s'il y a eu transaction. Si le ministre commence à nous
détailler son périple, je serais tenté de lui poser des
sous-questions...
M. TREMBLAY (Bourassa): Bien oui, mais...
M. LOUBIER: ... qui seraient peut-être intéressantes, mais
embarrassantes. Je sais que là-bas...
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, mais...
M. LOUBIER: ... on dit des toasts et on dit des "respectueuses",
aussi.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'aurais de très bonnes questions pour
vous aussi.
M. LOUBIER: Si le ministre...
M. TREMBLAY (Bourassa): J'aurais de très bonnes questions pour
vous, surtout pour vous faire souvenir, mon cher collègue.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, je ne lirai pas le
texte, je ne lirai pas les quelques feuilles que j'ai ici, seulement une chose
que je peux dire, c'est qu'ici au Québec on nous a parlé des
CL-215 dont deux gouvernements ont fait l'achat...
M. CHARRON: Là-bas, ils appellent ça Ca-nadair.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... ont refusé et acheté de
nouveau, mais une chose que je peux vous dire, c'est qu'à Marseille,
à Paris, dans la France, ce sont de très bons avions. Je suis
très fier de mon voyage, car il y a une chose pour laquelle je voudrais
rendre hommage...
M. CHARRON: Est-ce vrai que, là-bas, on appelle ça des
Canadair?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M.TREMBLAY (Bourassa): Est-ce qu'on peut parler ou non?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'ils prennent l'eau dans
l'étang de Versailles?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je reconnais la bonne foi du ministre des
Transports, d'ailleurs je crois que c'est de notoriété publique.
Je ne voudrais pas, par contre, qu'il brime, peut-être sans le vouloir,
le droit des députés de l'Opposition de poser des questions. Moi,
je suis limité par la fameuse demi-heure...
M. PAUL: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: De cette manière, je crois que, sans le vouloir,
le ministre des Transports brime quelque peu le droit des députés
de l'Opposition de poser des questions.
M. LOUBIER: M. le Président, une chose que je voudrais savoir du
ministre des Transports, c'est s'il y a eu une transaction impliquant
effectivement oui ou non un ou plusieurs avions dans la vente.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai bien compris la réponse...
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, s'il vous
plaît.
M. PAUL: II est rendu à Marseille.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, la seule chose que je
voudrais dire, c'est qu'il y a eu un accident avec un avion...
UNE VOIX: Marius Tremblay...
M.TREMBLAY (Bourassa): ... et on m'a répondu qu'on était
pour acheter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils ont frappé des arbres.
M.TREMBLAY (Bourassa): ... un nouvel avion, pour faire un total de dix
avions. Ils m'ont dit deux choses, c'est que le Québec est plus petit
que la France...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M, TREMBLAY (Bourassa): ... et ils sont jaloux; nous, nous en avons
quinze, eux, en ont dix. Alors, nous avons de très bonnes chances
d'avoir un achat de cinq nouveaux avions CL-215. Alors, ça, c'est pour
le voyage. Pour la deuxième question, c'est-à-dire ce n'est pas
une question, mais des commentaires...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais...
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, un instant.
M. LE PRESIDENT: ... la collaboration du ministre des Transports.
M. LEGER: Modérez vos transports.
M.TREMBLAY (Bourassa): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais au ministre des
Transports...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, demandez-lui de faire
une petite tournée de reconnaissance dans les règlements.
M. LE PRESIDENT: Je pense bien que le ministre doit se considérer
satisfait d'avoir pu répondre à la question du
député de Bellechasse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jusqu'à Marseille.
M. LE PRESIDENT: Avec sa permission, je vais procéder à
une autre question.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, je demanderais plus que
ça, je demanderais seulement deux minutes, s'il vous plaft.
M. LE PRESIDENT: Vous n'êtes pas obligé de me
remercier.
M. BERTRAND: Laissez-le finir.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, je vous demande deux
minutes.
UNE VOIX: M. le Président, c'est "too much".
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est que toutes les personnes qui ont
acheté ces avions CL-215, ils les ont achetés, ils ne les ont pas
payés, ils ne les ont pas visités, mais, moi, je les ai
visités. C'est la seule chose que je voulais vous dire.
Si vous voulez me poser des questions sur les CL-215, je peux
répondre à toutes les questions. La deuxième des choses,
si vous voulez avoir de beaux souliers, demandez au député de
Bellechasse...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Bourassa): ... il connaît les places!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Propagande électorale de
fonctionnaires?
M. LESSARD: M. le Président, ce n'est pas une question
supplémentaire!
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas permis.
M. LESSARD: Etant donné qu'il y a quelque temps j'avais
posé une question au premier ministre concernant la route de Gagnon, je
me demande si avant Noël le premier ministre pourra faire une
déclaration là-dessus. Ce n'est pas ma principale question. Je
voudrais d'abord demander au premier ministre si l'on pourrait savoir si c'est
avec son assentiment et sa permission que certains fonctionnaires semblent
mousser la candidature d'un juge à la "cheffe-rie" de l'Union Nationale
et cela même pendant leur période de travail, semble-t-il.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre de la Justice, la
semaine dernière, a répondu à une telle question. Le juge
en question a fait une déclaration qui m'a semblé claire, quant
à moi.
M. LESSARD: Je ne pose pas de questions au sujet du juge. Je pose la
question au sujet de certains fonctionnaires qui sembleraient utiliser leur
temps de travail pour mousser la candidature de ce juge à la tête
de l'Union Nationale.
M. BOURASSA: Alors...
M. LEGER: II ne s'agit pas du juge comme tel. Il s'agit de certains
fonctionnaires dont on a parlé dernièrement.
M. BOURASSA: Le député doit savoir que le premier ministre
ne peut quand même pas, parce qu'il a quelque problèmes le
chef de l'Opposition peut en témoigner; il a déjà
été là surveiller toutes les allées et
venues de chacun des 40,000 fonctionnaires. Je prends avis de la question du
député et je vais m'informer si effectivement, des
fonctionnaires, au lieu de faire leur travail, moussent la candidature d'un
juge.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Berthier.
Traverse de Saint-Ignace
M. GAUTHIER: M. le Président, à une question que j'ai
posée à deux reprises concernant le maintien du service de nuit
des traversiers entre l'île Saint-Ignace et Sorel, le premier ministre
m'a apporté une réponse dont l'exactitude semblerait incertaine.
Est-ce que lui-même ou son ministre des Transports pourrait me dire si
oui ou non le service est maintenu?
M. BOURASSA: M. le Président...
DES VOIX: Des transports!
M. BOURASSA: ... j'ai communiqué hier avec le dirigeant de
l'entreprise et les dirigeants du syndicat. Je les ai convoqués pour les
rencontrer après la période des questions pour discuter de cette
affaire.
M. RUSSELL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je vais permettre trois dernières questions, aux
députés de Beauce, Shefford et Lafontaine.
Surtaxe de 6 p. c.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser à l'honorable premier ministre concernant la surtaxe temporaire de
6 p. c. qui avait été ajoutée à l'impôt sur
le revenu pour les années 1968 et 1969 et dont la loi,
sanctionnée le 5 juillet 1968, a été modifiée par
une loi qui a été sanctionnée le 9 juin 1969 pour que soit
ajoutée l'année d'imposition 1970. Or, considérant que
cette loi prend fin le 31 décembre 1970, est-ce que le premier ministre
pourrait nous informer s'il est dans l'intention de son gouvernement de mettre
un terme définitif à cette surtaxe?
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre du Revenu va
répondre.
M. HARVEY (Jonquière): Pour l'information du député
de Beauce, je ferai une déclaration ministérielle demain à
l'ouverture de la séance sur cette question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Shefford.
Centre de détention d'Orsainville
M. RUSSELL: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Travaux publics. Je l'ai prévenu de ma question à savoir quel
est le montant ou le coût de capitalisation et d'immobilisation du centre
de détention d'Orsainville et quel est le montant des travaux de
réparation ou d'amélioration qui ont été faits
à la suite des recommandations d'un certain gouverneur,
c'est-à-dire du gouverneur du centre?
M. PINARD: Le coût de construction de la prison d'Orsainville est
de $12,069,685.71; les honoraires de génie-conseil ont
coûté $1,221,524.16; l'ameublement a coûté
$98,946.34. Ce qui donne un coût total, jusqu'à présent,
c'est-à-dire au 2 décembre 1970, de $13,390,156.21. La
deuxième question du député de Shefford, c'est?
M. RUSSELL: Quel a été le coût... M. PINARD: Des
réparations.
M. RUSSELL: ... des améliorations, des réparations qui ont
été faites à la suite de recommandations du gouverneur ou
de certains personnages de la prison?
M. PINARD: Je ne pourrais pas dire précisément quel a
été le coût des réparations exécutées
à la prison d'Orsainville depuis son ouverture, à la suite de
certains événements que tout le monde connaît.
Nous faisons enquête là-dessus, en ce moment. Je ferai
très prochainement une visite de la prison avec des hauts fonctionnaires
de mon ministère.
Le ministre de la Justice a annoncé, l'autre jour, qu'il y avait
un bureau de génie-conseil et d'architecture, plus
spécialisé dans la construction des prisons, qui ferait
enquête pour savoir si cette construction donne toutes les mesures de
sécurité prévues lors de la décision du
gouvernement.
Alors avec tous ces renseignements qui devront être remis aux deux
ministères d'ici quelques semaines, nous serons en mesure de
répondre de façon plus précise et plus
détaillée au député de Shefford.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Permis retirés à des clubs
privés
M. LEGER: M. le Président, je dois adresser ma question au
premier ministre, étant donné que, depuis quelques jours, je
voulais la poser au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
mais nous n'avons pas vu son sourire depuis au moins quinze jours, en Chambre.
Je ne sais pas si elle est déjà partie en vacances.
Vers la fin de novembre, autour du 22 novembre, le ministre, au
congrès de la Fédération de la faune, avait
déclaré qu'il y avait 118 clubs privés de chasse et de
pêche auxquels le gouvernement avait retiré le permis. Serait-il
possible de déposer en Chambre il n'est pas nécessaire de
me donner une réponse aujourd'hui la liste de ces 118 clubs
privés ainsi que le territoire au nord de Montréal qui sera
réservé au public pour la chasse et la pêche?
DES VOIX: Au feuilleton!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: M. le Président, je dois dire que le ministre a
été retenu à la maison pour la maladie. C'est la raison de
son absence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! La période des
questions étant expirée, j'accorderai demain une priorité
à certains députés qui m'avaient laissé entendre
qu'ils avaient des questions à poser, entre autres les
députés de Gaspé-Nord, de Montcalm, de Nicolet, de
Saint-Maurice et de Maisonneuve.
L'honorable chef de l'Opposition sur une question de
privilège.
Question de privilège Article du Devoir
M. BERTRAND: M. le Président, une courte question de
privilège. Le journal Le Devoir, dans son compte rendu d'une
séance de la commission des Richesses naturelles, hier, en page 6, me
fait dire ceci: "II fût également question d'un ancien projet
relativement à une association de compagnies françaises avec le
gouvernement du Québec pour créer un centre de raffinerie de
pétrole au Québec. A une question du député
péquiste de Saguenay, l'ex-premier ministre Bertrand a refusé que
l'on blâme le gouvernement de l'Union Nationale pour ce projet qui,
finalement, a échoué, et a semblé plutôt jeter le
blâme sur le gouvernement de M. Trudeau."
Premièrement, M. le Président, le projet n'a pas
échoué. Deuxièmement, les démarches, au moment
où nous avons quitté le pouvoir, se poursuivaient.
Troisièmement, il s'agissait d'un projet où deux gouvernements
étaient impliqués, en même temps que certaines compagnies:
d'une part, le gouvernement français et, d'autre part, le gouvernement
du Québec. Il n'est donc pas question du tout, là-dedans, du
gouvernement du Canada. Le projet, s'il a été au ralenti, la
cause principale était que, du côté
du gouvernement français, on avait un problème avec les
fonds, l'argent. Tout projet, pour se réaliser, dans un domaine qui
exige des millions, doit permettre à un gouvernement de les investir.
Or, il y avait un problème de ce côté. Donc, à
l'époque où nous avons quitté, les pourparlers se
poursuivaient entre les deux gouvernements: et le gouvernement français
et le gouvernement québécois. Mais, je le répète,
le gouvernement canadien n'avait rien à voir là-dedans.
M. BOURASSA: J'avais déjà répondu, M. le
Président, que l'échec, disons, temporaire, je le souhaite, de
cette entreprise était dû au fait que le Mouvement Desjardins et
la Caisse de dépôt avaient retiré leur intention de
participer à un tel projet.
Alors il n'est question ni de l'ancien gouvernement, ni du nouveau
gouvernement, ni du gouvernement fédéral. Ce sont deux organismes
indépendants du gouvernement qui ont décidé de ne pas
participer au projet.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles,
également sur une question de privilège.
Sur le même article du Devoir
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, dans le même
quotidien, dans le même article, en première page ce matin,
à la suite de la discussion en commission des Richesses naturelles sur
le bill 59 tenue hier, une interprétation des paroles du
député de Roberval a été faite. On y lit: "Le
député libéral de Roberval, M. Robert Lamontagne, a
accusé le ministère des Richesses naturelles d'avoir
manigancé avec des compagnies minières pour donner de la
publicité à de fausses analyses du sol, leur permettant ainsi de
réaliser un coup de Bourse."
J'ai relu le compte rendu des Débats et, à aucun endroit,
on ne peut retrouver que le député a accusé le
ministère des Richesses naturelles d'avoir manigancé avec des
compagnies minières. La question de l'annonce ou de la publicité
fausse au sujet de nouveaux gisements miniers a effectivement été
abordée. On faisait remarquer que, dans certains cas,
l'intérêt public n'était pas respecté. Cela m'a
permis d'affirmer qu'une relation étroite existe entre la Commission des
valeurs mobilières et le ministère des Richesses naturelles afin
de protéger les acheteurs d'actions des compagnies minières.
Dans le journal des Débats, on indique, au contraire, que le
député de Roberval souhaite que le ministère des Richesses
naturelles puisse élargir les cadres de sa juridiction afin de mieux
protéger les consommateurs et, en l'occurrence, ceux qui s'adonnent
à la Bourse. A ce sujet, on relira les suggestions du
député de Roberval en pages R/22, R/23 et R/24 et on constatera
que le député a soulevé un problème réel qui
méritera certainement la plus grande attention de la part du
ministère que je dirige.
En tout temps, M. le Président, lorsqu'une publicité d'une
compagnie minière donne les moindres indices de fausseté quant
à la teneur du minerai, la Commission des valeurs mobilières est
avisée et elle demande des rapports d'analyse au ministère des
Richesses naturelles. Si un coup de Bourse se produit, le ministère des
Richesses naturelles ne peut être en aucun temps tenu responsable. La
responsabilité du ministère des Richesses naturelles est de faire
connaître à la Commission des valeurs mobilières la teneur
du minerai après analyse et le volume du minerai connu. Sa
responsabilité s'arrête là et nous collaborons
entièrement avec la commission.
Merci, M. le Président.
M. BERTRAND: M. le Président, si l'on me permet, pour ajouter aux
propos du ministre des Richesses naturelles, je crois qu'il y aurait lieu, pour
la Société québécoise d'exploration minière,
Soquem, de relever également cette partie du compte rendu où l'on
dit que le député de Roberval a profité de son
intervention pour rappeler qu'en 1968, sous le gouvernement de Daniel Johnson,
les dirigeants de la Société québécoise
d'exploration minière, Soquem, avaient comploté avec l'agence
Presse canadienne pour faire état d'une découverte
extraordinaire, faisant ainsi perdre la somme de $20 millions au Québec
dans une seule journée.
J'étais présent hier et je n'ai pas entendu ces
choses.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
Paroles du député de Bellechasse
M. CHOQUETTE: M. le Président, dans le même quotidien, le
journal Le Devoir et peut-être dans d'autres quotidiens, parce que
ce n'est pas le journal qui est responsable en page 3, on relate une
entrevue donnée par le député de Bellechasse, à la
suite d'une discussion qui eut lieu à la Chambre hier au cours de
laquelle vous lui avez demandé de retirer des paroles à mon
égard. L'honorable député de Bellechasse, après
avoir retiré ses paroles, s'est empressé de sortir de la Chambre
pour aller, évidemment, parler aux journalistes et peut-être
même à la télévision et pour réitérer
la même chose, malgré qu'il avait retiré ses paroles
ici.
M. le Président, je tiens, une fois de plus, à dire que le
cas du tirage de la Palestre nationale a été soulevé
auprès de moi, lundi matin, le 14, par le directeur de la police de
Montréal, monsieur Marcel Saint-Aubin, quoi qu'en dise le
députéde Bellechasse qui n'était pas là. M. le
Président, je voudrais profiter de cette mise au point pour vous
demander des directives.
Est-il régulier qu'un député, après
s'être rétracté en Chambre, revienne aussitôt
après sur sa rétractation et répète les mêmes
sottises qu'il avait été obligé de retirer en Chambre?
M. LOUBIER: M. le Président, je suis indirectement mis en cause.
Je pense que c'est au moins un droit strict que j'ai de répliquer au
ministre de la Justice.
D'abord, premièrement, on m'a invité; ce n'est pas de mon
propre chef que je suis allé me jeter dans les bras des
journalistes.
M. CHOQUETTE: Avez-vous...
M. LOUBIER: Deuxièmement, si j'ai retiré mes paroles,
hier, c'est parce que le président l'a exigé. Je n'ai jamais
voulu les retirer volontairement et je l'ai dit au ministre de la Justice. J'ai
offert, hier, au ministre de la Justice de lui donner des
éléments de preuve et j'ai été rappelé
à l'ordre, n'ayant plus le droit de parler. Cela, c'est situer la
question dans son véritable contexte.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Je le répéterai encore en dehors de la Chambre
et, si le président me le permet, je le répéterai en
Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. CHOQUETTE: C'est avec...
M. LE PRESIDENT: J'ai déjà rendu une décision. Les
règlements me donnent une certaine autorité en cette Chambre et,
au-delà des portes que nous avons à chaque bout de cette
enceinte, je n'ai plus et ne désire aucune autorité.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je demande au député
de mettre son siège en jeu, sur son affirmation.
M. PAUL: Cela, c'est l'argument des faibles, c'est défendu par
notre règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Cela a été soufflé par le ministre de
la Voirie, le même qui m'avait offert une assemblée
contradictoire, dans mon comté, et qui n'est jamais venu.
UNE VOIX: Une piste de course. M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. PINARD:
J'étais là avant. M. LOUBIER: Non, non!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... si je peux faire des encans.
UNE VOIX: Ne perdez pas la tête.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: Avec le consentement de cette Chambre, je me
réfère au feuilleton, numéro 44, du mercredi 16
décembre 1970, afin de répondre à quelques questions qui y
sont inscrites.
Question numéro 6, par M. Tétrault, réponse de Mme
Kirkland-Casgrain.
Lu et répondu pour Mme Kirkland-Casgrain.
Question numéro 8, par M. Tremblay (Sainte-Marie), réponse
de M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Question numéro 10, par M. Bois, réponse de
M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: M. le Président, qu'il me soit aussi permis de faire
motion pour que les questions numéro 11, 13 et 15 du feuilleton
numéro 44, du mercredi 16 décembre, soient transformées en
motion pour production de documents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: M. le Président,... M. SAMSON: M. le
Président...
M. PAUL: J'attire tout simplement votre attention à moins
que j'aie fait une fausse inscription, sur la question 3 le ministre
a-t-il mentionné le numéro 3?
M. LEVESQUE: Aujourd'hui, je n'ai pas mentionné 3, mais, hier,
c'était le festival "pop" de Manseau.
M. BERTRAND: On y a répondu, hier?
M. LEVESQUE: Oui. Je ne l'ai pas mentionnée, aujourd'hui.
M. PAUL: Vous demandez de la transformer en motion?
M. LEVESQUE: Non J'ai fait motion pour que les questions numéro
11, 13 et 15 soient
transformées en motion pour production de documents.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LEVESQUE: La motion est adoptée. Dans ce cas, M. le
Président, la question numéro 11, de M. Samson...
M. LE PRESIDENT: Je crois qu'il y avait certaines questions concernant
la dernière motion; le député de Rouyn-Noranda ou de
Beauce?
M. SAMSON; M. le Président, j'aimerais simplement savoir, puisque
la motion est faite pour que ce soit transformé en dépôts
de documents, si nous pouvons nous attendre que le document soit
déposé immédiatement.
M. LEVESQUE: C'est ce que je veux faire à l'instant.
UNE VOIX: Ah bon, d'accord. UNE VOIX: Instanter.
M. LEVESQUE: Alors, question numéro 11, de M. Samson, document
déposé par M. Massé.
M. MASSE (Arthabaska): Document déposé.
M. LEVESQUE: Question numéro 13, de M. Béland, document
déposé par M. Pinard.
M. PINARD: Document déposé.
M. LEVESQUE: Question no 15 de M. Béland; documents
déposés pour M. Saint-Pierre par le député de
Fabre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur une question de
procédure. J'aimerais demander au leader de la Chambre s'il a
l'intention de transformer la question no 1 et la question no 4, concernant les
limousines, dont il a été énormément question au
cours de la dernière campagne, en ordres de dépôts de
documents.
M. LEVESQUE: Disons qu'il y a deux questions qui se ressemblent et nous
sommes à essayer de joindre ces ceux questions, qui sont d'ailleurs
posées par des députés du Ralliement créditiste.
Nous allons poser, peut-être demain, une nouvelle question qui
comprendrait les deux réunies. A ce moment-là, j'ai l'intention
de proposer une motion pour que cette question soit transformée en
motion pour dépôt de documents avec l'intention de les
déposer aussitôt que possible, même si c'est entre les deux
sessions.
Il faut souligner le travail que cela a nécessité de faire
le tour de toutes ces voitures, de part et d'autre...
M. ROY (Beauce): L'inventaire.
M. LEVESQUE: ... de faire l'inventaire..,
UNE VOIX: ... fait pour la campagne électorale.
M. LEVESQUE: ... mais nous avons bien l'intention, aussitôt les
derniers renseignements entrés, de déposer ces
renseignements.
M. CROISETIERE: M. le Président, puis-je attirer l'attention du
leader du gouvernement sur la question no 16? Au paragraphe 2, on lit: "Est-ce
qu'un montant quelconque, sur les $40,000 votés, lors de l'étude
du budget 70/71, a été déduit de cette somme? " La
traduction anglaise mentionne: "Was any amount deducted from de $40
millions...
M. DEMERS: C'est payant!
M. CROISETIERE: ... voted in the 1970/71 budget? "
UNE VOIX: C'est payant!
M. CROISETIERE: II y a une différence, M. le
Président.
M. DEMERS: C'est un petit coup de la Brinks.
M. LEVESQUE: Si je comprends bien, on veut faire une correction; je n'ai
aucune objection.
M. DEMERS: On vient de perdre $39 millions.
M. CROISETIERE: II serait intéressant de savoir lequel est le
bon, $40,000 ou $40 millions.
M. LEVESQUE: Si je comprends bien, on a répondu à cette
question hier? Elle va disparaître et on ne la reverra plus.
M. CROISETIERE: Très bien.
M. LEVESQUE: Cinq, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La Chambre se forme de nouveau en comité.
Projet de loi no 66 Comité plénier
(suite)
M. LEDUC (Président du comité plénier): A l'ordre!
Projet de loi no 66, Charte de la ville de Percé, article 17, devenu
l'article 16.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais
apporter ici un amendement à l'article 4 du projet de loi. On a
attiré mon attention il en a été question assez
longuement hier à l'article 4, sur la sécurité
d'emploi de certains fonctionnaires.
Malheureusement ces fonctionnaires ne sont pas protégés
par une convention collective. On m'a dit: C'est bien beau, ils demeurent
jusqu'à leur démission ou leur remplacement, mais tout de
même ils ne jouissent pas d'une grande sécurité.
Or, après avoir songé à cela, j'ai cru qu'il
était bon d'accorder cette scurité aux fonctionnaires. Je propose
donc que l'on ajoute un second alinéa à l'article 4 qui se lirait
comme suit:
M. MASSE (Montcalm): Avez-vous des copies?
M. TESSIER: Oui, vous aurez des copies. Je pense qu'on est en train d'en
distribuer.
M. MASSE (Montcalm): Merci.
M. TESSIER: L'article 69 de la Loi des cités et villes s'applique
aux fonctionnaires et employés visés au présent article
quant à leur destitution et à la réduction de leur
traitement. "Ce qui veut dire, en d'autres termes, que l'article 69 de la Loi
des cités et villes prévoit qu'aucun employé ne peut
être destitué sans le vote majoritaire du conseil municipal et
qu'il y a droit d'appel dans le cas d'une destitution à la Commission
municipale. Je crois qu'ainsi ces fonctionnaires seront assez bien
protégés, même en l'absence d'une convention
collective.
M. MASSE (Montcalm): Je remercie le ministre d'avoir pris note de nos
observations, mais j'aurais une question à lui poser. Puisque l'article
5 du présent projet de loi dit que la ville est régie par la Loi
des cités et villes, par l'article 69 entre autres, qu'est-ce que cela
apporte de nouveau pour les fonctionnaires?
M. TESSIER: Cela apporte quelque chose de nouveau parce que l'article 69
s'applique simplement à une certaine catégorie de fonctionnaires.
Malheureusement, les fonctionnaires des municipalités concernées
ne tombent pas sous la protection de l'article 69 de la Loi des cités et
villes. C'est pourquoi il y a lieu de le spécifier nommément.
M. MASSE (Montcalm): Une autre question, M. le Président. Puisque
nous étudions à la chaîne, différents projets de
loi, celui de Gaspé, celui de Sainte-Scholastique, je tiens pour acquis
que le ministre présentera également son amendement pour les
autres projets de loi concernant Sainte-Scholastique et Percé.
M. TESSIER: C'est exact. C'est déjà prévu.
M. MASSE (Montcalm): Cela m'amène à lui poser une
question. Puisque, désormais, dans ces entités municipales,
Percé, Gaspé, Sainte-Scholastique, certains fonctionnaires seront
protégés par cet amendement, alors qu'ils ne le sont pas dans les
autres municipalités puisque cette loi et cet amendement s'appliqueront
seulement à Percé, Gaspé et Sainte-Scholastique, est-ce
qu'on peut demander au ministre s'il a l'intention d'amender l'article 69 pour
étendre à l'ensemble des fonctionnaires municipaux ce qui
deviendra un privilège pour certains fonctionnaires?
M. TESSIER: Non, ce n'est pas mon intention pour le moment. Là,
il s'agit d'une fusion sanctionnée par une loi pour des cas bien
précis que j'ai mentionnés hier. Ce sont des cas exceptionnels,
en somme. Vous avez le parc Forillon. Sans le parc Forillon, il n'y aurait
certainement pas eu cette fusion de municipalités. A
Sainte-Scholastique, s'il n'y avait pas eu l'expropriation pour la
création d'un aéroport, il n'y aurait pas eu, non plus, de
fusion.
Or, dans les cas ordinaires, en vertu de la Loi des fusions volontaires,
de même qu'en vertu des dispositions d'annexion de la Loi des
cités et villes, les municipalités qui fusionnent ou s'annexent
posent des conditions dans leurs règlements et protègent leurs
fonctionnaires.
C'est pour cela que je ne vois pas l'utilité d'amender
nécessairement l'article 69, quoique je prends la suggestion. Je ne
voudrais pas que l'on croie que je suis contre l'amendement tel qu'il m'est
suggéré. Je prends la suggestion, mais je me réserve tout
de même de l'examiner.
M. MASSE (Montcalm): Je remercie le ministre.
M. LE PRESIDENT (Leduc): L'amendement est-il adopté?
M. MASSE: (Montcalm): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Alors, on passe à l'article 17 qui est
maintenant l'article 16, je pense.
M. MASSE (Montcalm): C'est-à-dire qu'on est rendu à
l'article 15 qui est devenu l'article 16, je pense.
M. TESSIER: Là, c'est l'ancien article 17, devenu l'article
16.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Article 17 qui est devenu l'article 16.
M. MASSE (Montcalm): Alors, l'article 17 qui est devenu l'article 16, si
vous voulez. Est-ce que le ministre, à la suite des discussions d'hier,
peut nous éclairer un peu plus concernant la façon dont le
lieutenant-gouverneur va nommer
l'administrateur? Est-ce qu'il y aura un concours public? Est-ce que ce
sera fait à l'aide du ministère de la Fonction publique ou si ce
sera laissé au choix du ministre?
M. TESSIER: C'est mon intention, étant donné qu'il s'agit
d'un emploi tout à fait temporaire, de nommer un fonctionnaire actuel du
ministère des Affaires municipales. D'abord, il y aura une
économie de ce côté-là. En second lieu, nous avons
au ministère des fonctionnaires qui sont déjà
spécialisés, qui sont compétents en la matière et
qui pourront beaucoup mieux aider, je crois, le nouveau conseil municipal. La
même chose, d'ailleurs, pour les administrateurs. Il y en a
déjà un en place à Gaspé; c'est un fonctionnaire du
ministère. Je peux faire la même remarque en ce qui concerne
Sainte-Scholastique; ce sera également un fonctionnaire du
ministère, pour les mêmes raisons.
M. MASSE (Montclam): Etant donné qu'il y a déjà un
fonctionnaire administrateur à Percé, est-ce que le ministre a
l'intention de renommer le même?
M. TESSIER: Pardon?
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre a l'intention de nommer le
fonctionnaire déjà rendu à Percé pour appliquer
cette loi ou s'il en nommera un deuxième?
M. TESSIER: Je crois que le fonctionnaire qui est actuellement à
Gaspé parce qu'à Gaspé il a fallu commencer en
vertu de la Loi du parc Forillon, le bill 29, dont j'ai parlé hier
pourra s'occuper à la fois de Gaspé et de
Percé.
M. MASSE (Montcalm): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté. Article 18 qui est devenu
l'article 17, adopté?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, à cet article qui
est fort important, qui est la base même de cette loi, il y est dit que
le ministre des Affaires municipales doit préparer avant le 31
décembre 1971, donc dans le cours de l'année prochaine un plan
indiquant les affectations du sol du territoire de la ville.
Ce plan est déposé au bureau de la ville où tout
intéressé peut, à compter de cette date, en prendre
connaissance. Est-ce que le ministre peut nous donner des indications
concernant la façon dont le plan sera rédigé, si je peux
m'exprimer ainsi? Quels seront les groupes qui travailleront à la
rédaction de ce plan? Quels sont les mécanismes de consultation
avec la population et autres renseignements pertinents pour que les
législateurs puissent approuver cet article?
M. TESSIER: Ce plan est tout à fait technique. Nous devons
certainement avoir recours à des spécialistes qui vont d'abord
examiner la nature du sol, en somme, le terrain lui-même. Nous aurons,
évidemment, à préparer, au ministère, un devis sur
le travail à être accompli. Ce devis n'est pas encore prêt,
bien entendu. Nous attendons que la loi soit d'abord adoptée et
sanctionnée. Mais, aussitôt après l'adoption de la loi,
nous verrons à préparer un devis et nous procéderons
ensuite à l'engagement, par contrat, bien entendu, puisqu'il s'agit d'un
travail bien déterminé. Nous n'avons pas au ministère
toutes les compétences nécessaires pour faire ces études.
Il y a, entre autres, des études de sol. Nous n'avons pas
l'équipement pour faire ces études-là. Alors, nous
préparons un devis et nous demanderons ensuite à des
spécialistes de soumissionner sur ce devis.
M. MASSE (Montcalm): Quel est le coût approximatif de la
rédaction de ce plan?
M. TESSIER: Je n'en ai aucune idée, M. le Président.
M. MASSE (Montcalm): Le ministère n'a jamais demandé
d'études de ce genre, à nulle part, dans aucun territoire du
Québec?
M. TESSIER: Bien, on me dit que cela devrait se situer entre $50,000 et
$60,000.
M. MASSE (Montcalm): Entre $50,000 et $60,000. Est-ce que ce montant est
prévu au plan d'aménagement de l'Est du Québec et
partageable avec le gouvernement canadien?
M. TESSIER: II est prévu.
M. MASSE (Montcalm): II est prévu et il sera payé à
90 p. c...
M. TESSIER: A même le budget de l'ODEQ. M. MASSE (Montcalm): A 90
p. c?
M. TESSIER: A 75 p. c. 25 p. c. Le ministre nous a dit qu'il
recourrait aux services de personnes extérieures au ministère
pour rédiger son plan, qu'il n'a pas les compétences dans son
ministère pour le rédiger. Est-ce qu'il s'est informé
auprès des autres ministères si ceux-ci n'ont pas des
fonctionnaires compétents dans la rédaction d'un plan concernant
l'utilisation du sol?
M. TESSIER: J'étais en train de vous donner une précision,
de faire une rectification. Lorsque j'ai mentionné de $50,000 à
$60,000, c'était pour les deux villes de Gaspé et Percé.
Maintenant, je m'excuse, je n'ai pas compris, à cause de cela, votre
question.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre est tout excusé. Le ministre
nous a dit, tout à l'heure, qu'il n'y avait pas, dans son
ministère, des fonctionnaires compétents pour rédiger ce
plan et qu'il avait l'intention d'aller, à l'extérieur, recourir
aux services de firmes.
Est-ce qu'avant de poser ce geste il s'est informé auprès
des autres ministères pour savoir s'il n'y avait pas, dans l'ensemble
des dizaines de milliers de fonctionnaires du Québec, un autre
ministère ou un autre service qui pourrait répondre à la
compétence exigée par le ministre.
M. TESSIER: M. le Président, je ne me suis pas informé,
mais je tiens compte de la suggestion qui m'est faite. Je m'informerai
sûrement.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre, après avoir
vérifié cette chose-là, pourrait nous en informer? Il est
évident que nous n'avons pas l'intention de suspendre l'approbation de
cet article en attendant que le ministre s'informe. Mais, peut-il nous donner
l'assurance qu'il informera les membres de cette Chambre de cette
vérification qu'il fera auprès des ministères, organismes
de l'Etat, pour voir s'il n'y a pas de fonctionnaires compétents?
M. TESSIER: On me dit qu'on a déjà commencé les
pourparlers, et on a fait le tour de certains ministères, à
l'heure actuelle.
Apparemment, nous n'avons, dans aucun des ministères actuels, de
géomorphologue. Alors il faudra nécessairement, au moins pour ce
type de technicien, l'engager de l'extérieur.
Maintenant, quant à en informer la Chambre, je n'ai aucune
objection.
M. MASSE (Montcalm): Etant donné que le ministre a l'intention,
par la loi de l'acte constitutif de la municipalité de Gaspé,
ainsi que par l'acte constitutif de la municipalité de
Sainte-Scholastique, de voir à la rédaction de tels plans, n'y
aurait-il pas lieu pour l'Etat, puisqu'il semble qu'il en sera ainsi dans son
livre blanc ailleurs, de voir à l'engagement de ces spécialistes,
étant donné que la rédaction de ces plans deviendra un
travail quasi permanent? Je suis convaincu que le ministre des Finances,
connaissant l'intérêt qu'il a, comme ancien ministre de la
Fonction publique et, aujourd'hui, responsable des impôts du
Québec, s'il y a des économies à faire, je suis certain
que son collègue puissant au cabinet l'aidera dans cette demande.
M. TESSIER: Sans aucun doute, parce que je sais que le ministre des
Finances suit cela de très près.
M. MASSE (Montcalm): Très bien. Maintenant au cas où, pour
l'instant...
M. GARNEAU: Le député de Montcalm voudrait-il avoir un
emploi permanent?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le député de
Montcalm, pour l'instant, a son emploi, comme le ministre des Finances a, pour
l'instant, son emploi.
M. GARNEAU: Faites attention aux juges! Faites attention à
certains juges!
M. MASSE (Montcalm): Ma permanence est proportionnelle à la
sienne, M. le Président.
M. GARNEAU: Faites attention aux juges!
M. MASSE (Montcalm): Maintenant, étant donné qu'il
pourrait arriver et qu'il n'y ait pas, pour l'instant, de fonctionnaires
responsables, et que le ministre aura recours aux services de firmes
extérieures, est-ce son intention de faire des appels, comme il l'a dit,
des appels de services? Sur quelle base jugera-t-il telle ou telle firme?
Tiendra-t-il compte, en priorité, des firmes locales de la région
de la Gaspésie et du Bas-du-Fleuve en priorité pour la
rédaction de ce plan?
M. TESSIER: Certainement.
M. RUSSELL: M. le Président, sur quoi se base le ministre ou
celui qui l'a informé pour fixer le coût de ces travaux de 830,000
à $60,000?
M. TESSIER: Ce sont les renseignements, M. le Président, que j'ai
eus des fonctionnaires de mon ministère. Il y a eu d'autres plans de
préparés ailleurs, dans d'autres endroits dans la province et,
tenant compte de la superficie du territoire, on me dit que le coût peut
s'étendre entre $50,000 à $60,000 pour les deux plans.
M. RUSSELL: Les deux?
M. TESSIER: Pour les deux plans.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que les sommes sont prévues au budget
ou s'il y aura un budget supplémentaire?
M. TESSIER: C'est déjà prévu, M. le
Président, dans le budget de l'ODEQ.
M. MASSE (Montcalm): Dans le budget de l'ODEQ.
M. le Président, le ministre sera certainement d'accord avec nous
sur l'importance de la rédaction de ce plan qui déterminera la
qualité des sols et leur affectation future. Donc, le plan directeur,
dont il est question au paragraphe suivant dans la loi, découlera, selon
une certaine logique, de ce plan qui sera rédigé.
Les questions sur ce problème sont- les
suivantes: Le ministre demande le pouvoir, par l'article 18 de notre
projet qui devient l'article 17 de la loi, l'autorisation de préparer ce
plan. Il le prépare de la façon qu'il nous a décrite. Il
le dépose au bureau de la ville. Les intéressés peuvent en
prendre connaissance. Que se produit-il ensuite? Est-ce que le plan ainsi
déposé, les citoyens en ayant pris connaissance, peu importe ce
qu'ils ont à dire, le plan devient légal ou si, au contraire, on
tient compte de leurs remarques et selon quelle procédure?
M. TESSIER: Voici, M. le Président. C'est que ce plan qui sera
fait à même le budget de l'ODEQ, c'est-à-dire aux frais du
gouvernement provincial et du gouvernement fédéral, sera tout
simplement l'outil de travail, le document de base qui servira, par la suite,
au conseil municipal à préparer le plan définitif qui, en
somme, est le plan directeur d'urbanisme.
Comme mon savant collègue le sait sans doute, avant de
préparer un plan directeur, il faut d'abord préparer ce plan.
C'est pourquoi, je crois qu'il est normal que les contribuables puissent
prendre connaissance du document de base. Ils pourront, par la suite, faire des
représentations non pas au gouvernement, mais à leur conseil
municipal. Le conseil municipal pourra, comme tout conseil municipal quel qu'il
soit, tenir compte ou non des représentations qui peuvent être
faites par un ou des groupes de contribuables ou par des corps
intermédiaires pour la préparation du plan directeur.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, devant la bonne
volonté du ministre des Affaires municipales, étant donné
qu'il vient de nous dire que le plan sera, de toute façon,
approuvé par le conseil municipal, puisqu'il sera presque partie
intégrante du plan directeur...
M. TESSIER: II ne le sera pas, je m'excuse. Il n'a pas à
être approuvé. Le travail terminé, le plan sera remis au
conseil municipal, tout simplement. Le conseil municipal n'a pas à
l'approuver ou à le désapprouver. C'est un travail technique qui
va servir de base à la préparation du plan directeur.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, il faudrait bien relire la
loi, à moins qu'on ne comprenne pas le même sens français
des termes qui sont là. Il n'est pas indiqué dans l'article: Un
plan indiquant la qualité du sol du territoire, mais "un plan indiquant
les affectations du sol"; C'est donc dire qu'à un moment donné de
cette étude-là on fait des analyses concernant la qualité
du sol. Tant qu'on en est là, c'est tout à fait technique. Peu
importent les dires du conseil municipal, la qualité du sol est de telle
sorte.
Mais là, on va plus loin. On va indiquer les affectations,
c'est-à-dire que telles parties du territoire de Percé et puis,
plus tard, de Gaspé et de Sainte-Scholastique, selon les autres projets
de loi, seront affectées à l'agriculture; telle autre partie sera
affectée à l'industrie, telle autre au camping, telle autre
à une installation portuaire, etc. Cela va beaucoup plus loin, tel que
le texte est écrit ici. L'intention du ministre est peut-être
différente de ce qui est écrit là. Comme il s'agit d'un
plan d'affectation, je pense qu'il serait normal que les gens de cette
région soient, pour le moins, d'une part, consultés et,
deuxièmement, qu'ils aient au moins le pouvoir d'approuver l'affectation
des sols dans leur région. Le plan directeur, ensuite, va venir
entériner ça; on va faire des règlements de zonage, de
constructions et tout. On y reviendra tout à l'heure. Pour l'instant,
c'est l'affectation; c'est beaucoup plus que le ministre ne semble nous le
dire.
M. TESSIER: Ce n'est pas beaucoup plus. Je sais parfaitement bien ce en
quoi consiste le plan en question. En somme, pour employer une autre
expression, le plan d'affectation du sol, c'est un schéma
d'aménagement. J'ai parlé, tout à l'heure, de
géomorphologie. Bien, cela entre dans la technique de la
préparation du plan d'affectation. Précisément, pour les
raisons que le député de Montcalm vient de mentionner
étant donné que ça va servir de base à la
préparation du plan directeur et des règlements du zonage
nous exigeons que le plan en question, qui est un document de base et qui n'a
pas d'effet légal... Même si on parle d'un plan d'affectation,
pour qu'il ait un effet légal et qu'il soumette les contribuables
à des zones de construction, il faut que le plan directeur soit par la
suite sanctionné par règlement.
Justement, nous exigeons que le schéma d'aménagement soit
mis à la disposition, à la portée et à la vue des
contribuables pour que ceux-ci puissent faire des représentations dont
le conseil municipal pourra tenir compte ou ne pas tenir compte puisque,
en somme, c'est lui qui légifère dans la
préparation du plan directeur d'urbanisme et dans ses règlements
de zonage. Ce n'est pas à partir du moment où le plan
d'affectation du sol sera confectionné ou déposé, mais
seulement lorsque le plan directeur d'urbanisme sera sanctionné par
règlement que les contribuables seront tenus de s'y conformer. Je crois
que la procédure a une très grande souplesse de renseignement
vis-à-vis des contribuables et qu'il permettra à tous les
contribuables ou à tous les intéressés de faire des
représentations préalables à l'adoption du plan directeur
d'urbanisme. Et il y a le délai. Je vous ferai remarquer, M. le
Président, que le délai est assez long encore parce qu'il est de
deux ans. Deux ans après, cela veut dire en somme trois ans en tout.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre aurait-il objection à ce que le
début du paragraphe.
compte tenu de ce qu'il vient de lire, se lise: "Que la ville doit
préparer avant le 31 décembre 1971 un plan indiquant.. .etc."
M. TESSIER: Pardon?
M. MASSE (Montcalm): Le ministre aurait-il objection à ce que
cette responsabilité soit donnée à la ville. "La ville
doit préparer avant le 31 décembre 1971, etc."
M. TESSIER: Si c'est la ville qui le fait, la ville sera obligé
de payer.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, pas nécessairement.
L'on peut fort bien inscrire que cette responsabilité va à la
ville et que le ministre, dans sa générosité, va la
subventionner.
M. TESSIER: Quelle garantie aura la ville qu'elle recevra la subvention
nécessaire et que ce sera payé à 100 p. c. ? Même si
on mentionnait un certain montant, disons de $50,000, dans la loi, si cela en
coûte $60,000 ou $65,000, nous ne le savons pas.
M. MASSE (Montcalm): La bonne foi du ministre, M. le
Président.
M. TESSIER: Je crois qu'à ce moment nous irions à
l'inverse de la pensée de l'honorable député de Montcalm
qui veut protéger le contribuable. Je suis parfaitement d'accord avec
lui: je pense que la meilleure manière de protéger le
contribuable, de protéger la nouvelle municipalité, c'est
justement de donner la responsabilité au gouvernement de faire le
plan-type.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre laisse-t-il entendre que le plan
directeur qui sera la responsabilité de la ville devra être
payé à 100 p. c. par les contribuables locaux?
M. TESSIER: Non, je ne laisse pas entendre qu'il sera payé
à 100 p. c. par les contribuables locaux. Une subvention sera
sûrement accordée. Dans quelle proportion? Evidemment, mon
idée n'est pas encore arrêtée; ce sera à
discuter...
M. MASSE (Montcalm): La subvention est-elle prévue dans le plan
d'aménagement du BAEQ?
M. TESSIER: Un montant global est prévu, mais il n'y a pas de
pourcentage de prévu. Pas du moins dont je puisse me souvenir. Nous
avons prévu un montant global de subventions aux municipalités et
il pourra dépendre du nombre de municipalités. Il ne faut pas
oublier que dans le territoire appelé communément territoire
pilote, il n'y a pas seulement cette ou ces deux municipalités qui
pourront bénéficier de subventions pour un plan directeur. Il y
en a d'autres. Matane, Amqui, pourront en bénéficier, ainsi que
d'autres municipalités qui veulent faire ou compléter un plan
directeur.
Cela dépendra du montant dont nous pourrons disposer et des
demandes de subventions qui seront faites par les différentes
municipalités dans le territoire. Je ne peux certainement pas, à
ce moment-ci, prendre un engagement et dire que ce sera une subvention de 25 p.
c. , de 50 p. c. ou de 75 p. c. .
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je crois que nous n'avons
pas quorum.
Les banquettes libérales sont vides. On n'est pas
intéressé aux choses municipales.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Faites rapport.
M. FOURNIER: Nous avons quorum, M. le Président.
UNE VOIX: Combien, pour le quorum?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, si le leader parlementaire
veut faire entrer des libéraux dans la salle, nous pourrions
peut-être avoir quorum.
M. SAINDON: Faites donc entrer l'Union Nationale.
M. FOURNIER: M. le Président, je crois que vous pouvez constater
par vous-même que nous sommes suffisamment nombreux pour continuer le
débat. Je ne vois pas pourquoi nous ferions venir des comptables en
Chambre.
M. LE PRESIDENT (Leduc): J'ai l'impression, messieurs, après
avoir compté rapidement, que nous avons quorum.
M. MASSE (Montcalm): En comptant tous les libéraux qui
entrent.
M. GARNEAU: Ils ne seront pas obligés de faire venir les membres
de l'Union Nationale.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, puisque nous avons de
nouveau quorum, je peux continuer à parler car la séance est
légale. Pour une fois que j'étais prêt à prendre la
bonne foi du ministre en considération, il nous la refuse. Je vous
préviens, M. le Président, je ne m'y laisserai pas prendre deux
fois à accorder mon soutien à la bonne foi du ministre.
M. LEVESQUE: Le député de Montcalm a-t-il compté
combien de députés de l'Union Nationale l'appuient
présentement?
M. MASSE (Montcalm): II y a une chose
certaine, c'est que le leader parlementaire ne pouvait pas les compter
parce qu'il n'était pas là.
M. LEVESQUE: J'étais ici tout le temps et
j'écoutais...
M. GARNEAU: II était juste là.
M. LEVESQUE: ... presque comme un homme
désespéré...
M. MASSE (Montcalm): Je sais que le leader parlementaire a un parti
pris...
M. LEVESQUE: ... la rhétorique préélectorale...
M. MASSE (Montcalm): ... de tout ce que le gouvernement l'oblige
à faire.
M. LEVESQUE: ... du député de Montcalm.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Messieurs, à l'ordre! Si on veut bien
revenir à l'étude...
M. LEVESQUE: Nous n'avons pas tous des congrès à la
chefferie.
M. LE PRESIDENT (Leduc): ...de l'article 17 du projet de loi.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ce leader vient s'immiscer
dans le débat de façon inopportune et se plaint ensuite de la
lenteur des travaux de la Chambre. Je suis surpris de le voir ainsi s'immiscer
dans le débat. Le ministre nous a indiqué, tout à l'heure,
que le plan aurait telle ou telle responsabilité.
Si j'ai bien compris son exposé, il accepterait la suggestion
suivante de rédiger un plan indiquant la géomorphologie du sol du
territoire de la ville, etc., pour deux raisons. D'une part, ce ne sera pas un
plan qui va indiquer les affectations du sol, puisque c'est le plan directeur
qui va le décréter, mais au contraire, ce sera le plan de base
fait par des géomorphologues, comme il nous l'a dit, donc pas des
urbanistes. Or, c'est donc un plan de géomorphologie...
M. TESSIER: Non, pas du tout.
M. MASSE (Montcalm): ... et non pas un plan...
M. TESSIER: Pas du tout. Ce n'est pas ce que j'ai dit non plus. J'ai dit
que pour la confection, le député de Montcalm a fait une
suggestion...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, nous ne sommes que 23.
Voilà quelques autres libéraux, qu'on a appelés, et si on
pouvait aller vider le café, de l'autre côté, on finirait
peut-être par être 30.
M. GARNEAU: Où sont les députés de l'Union
Nationale?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 28,29.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce qu'ils
pourraient...
M. LE PRESIDENT (Leduc): Messieurs, à l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare que nous avons quorum et je demanderais que l'on
discute de l'article 17 du projet de loi.
M. LEVESQUE: Est-ce que le député de Montcalm voudrait
simplement...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, il ne s'agit pas que de
déclarer que l'on a quorum, encore faut-il les compter.
M. GARNEAU: Allez chercher les députés de l'Union
Nationale et on aura quorum.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allez donc chercher tous les ministres.
M. LEVESQUE: Le député cherche-t-il une raison pour ne pas
procéder? Qu'est-ce qui ne va pas?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ce qui ne va pas, c'est que
nous sommes censés avoir quorum dans cette Chambre. Ce n'est pas parce
que le leader parlementaire va faire une colère qu'on va
nécessairement avoir quorum.
M. LEVESQUE: Est-ce que...
M. MASSE (Montcalm): Qu'il s'occupe d'aller chercher les membres de son
parti et qu'il les fasse siéger à la Chambre et on aura
quorum.
M. LEVESQUE: Est-ce que le député a besoin d'une galerie
plus considérable pour entendre ses propos...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, c'est le respect du
règlement.
M. LEVESQUE: ... le genre de propos qu'il tient depuis tout à
l'heure?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'avais
demandé la parole avant le député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je vous ferai
remarquer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... j'avais pris la parole avant le
député de Jonquière.
M. HARVEY (Jonquière): Je ferai remarquer au député
de Montaclm que, s'il y a un collègue dans cette Chambre qui ne devrait
jamais parler du quorum, c'est bien lui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Règlement!
M. HARVEY (Jonquière): ... parce qu'il est ici uniquement pour la
galerie. Il est un de ceux, lorsqu'il était ministre, qui était
le plus souvent absent de la Chambre.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président... M. LE PRESIDENT (Leduc):
A l'ordre!
M. HARVEY (Jonquière): Un instant, je n'ai pas fini mon
intervention.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne pense pas que cela
ait quelque chose à voir...
M. HARVEY (Jonquière): II rétablira les faits
après.
M. MASSE (Montcalm): ... avec le fait d'avoir quorum en cette
Chambre.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je me souviens,
comme député du comté de Jonquière, avoir eu
à attendre, pendant sept jours consécutifs, pour obtenir une
réponse du député de Montcalm...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Règlement!
M. HARVEY (Jonquière): ... alors qu'il était ministre.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre! M.TREMBLAY (Chicoutimi):
Règlement!
M. HARVEY (Jonquière): Alors je lui demanderais, s'il vous
plaît d'être prudent.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre! M.TREMBLAY (Chicoutimi):
Règlement! M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, qu'est-ce que les
propos du député de Jonquière viennent faire...
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président!
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ecoutez, M. le Président, pas deux
poids, deux mesures.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): Vous l'avez laissé parler, M. le
Président.
DES VOIX: Règlement!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'en appelle de votre décision.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, il ne doit pas y avoir deux
poids, deux mesures dans cette Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a deux poids, deux mesures, dans cette
Chambre.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre!
M. TETLEY: Retirez vos paroles. A l'ordre! Retirez-les!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai demandé la parole pour vous faire
observer que les propos du député de Jonquière n'ont rien
à voir au débat, actuellement. Il a tout simplement
souligné le fait qu'il n'y avait pas quorum et que c'était votre
responsabilité d'exiger qu'il y ait quorum. Ce n'est pas une question de
savoir qui est présent ou qui n'est pas présent et qui l'a
été ou qui ne l'a pas été.
M. HARVEY (Jonquière): C'est le député de Montcalm
qui a parlé des absents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Faites taire encore une fois le
député de Jonquière.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, on n'avait pas quorum; je
l'ai fait remarquer à la Chambre.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont les affirmations que je voulais faire
sur ce rappel au règlement.
UNE VOIX: II a fait remarquer que les députés
libéraux entraient.
M. MASSE (Montcalm): Je ne vois pas pourquoi ce député de
je ne sais où vient dire qu'il y avait quorum, alors qu'il
n'était même pas en Chambre lui-même. Alors, comment peut-il
savoir si on était 23 ou 21?
UNE VOIX: Oui, il était ici. M. TETLEY: M. le
Président...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, vous devriez mettre de
l'ordre dans cette Chambre.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre, messieurs! J'espère qu'on va
considérer l'incident clos et qu'on va revenir à l'étude
de l'article 18, qui est maintenant l'article 17, du bill 66. Si ma
mémoire est bonne, c'est le député de Montcalm qui avait
la parole.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, à vos espoirs
j'ajouterai les miens, qu'à l'avenir le leader parlementaire sache faire
en sorte qu'il y ait quorum en cette Chambre.
M. TETLEY: M. le Président, c'est lui qui a commencé. Vous
ne l'avez pas rappelé à l'ordre.
M. TESSIER: M. le Président, je crois que le député
de Montcalm avait terminé son exposé en suggérant qu'au
lieu de parler d'un plan d'affectation du sol l'on parle d'un plan de
géomorphologie, uniquement. Or, j'ai dit tout à l'heure que
c'était une partie des études, la géomorphologie. Mais,,
le plan général d'affectation du sol requiert d'autres
spécialistes. Pour faire le schéma d'aménagement, en
d'autres termes, ça prend sûrement un urbaniste, des experts qui
vont étudier, par exemple, dans quelle partie de la ville les touristes
vont se diriger.
Toute une série de spécialistes doivent faire ces
études. C'est pourquoi on ne peut pas spécifier et qu'on emploie
un terme tout à fait générique, un plan d'affectation du
sol ou un schéma d'aménagement.
M. MASSE(Montcalm): Affectation, c'est un terme qui est fort.
UNE VOIX: Debout, lorsqu'on parle.
UNE VOIX: A sa place, quand on veut parler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais faire
quelques observations à cet article. On dit que le ministre des Affaires
municipales doit préparer, avant le 31 décembre 1971, un plan
indiquant les affectations du sol du territoire de la ville. C'est ça
qui nous inquiète, et on rejoint ici les préoccupations que nous
avons exprimées...
M. TESSIER: Qu'est-ce qui vous inquiète?
M. MASSE (Montcalm): C'est ce qu'on va vous dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissez-moi m'expliquer, M. le
Président.
Je sais que le ministre est avide de se renseigner; alors, je vais le
satisfaire. Il s'agit d'un plan...
M. LOUBIER Le député de Chicoutimi est calme, voyons!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... impliquant les affectations du sol du
territoire de la ville. Cela va être préparé par le
ministre des Affaires municipales, pas par lui-même
évidemment.
M. TESSIER: Je ne peux pas le préparer personnellement.
M. MASSE (Montcalm): On sait pourquoi. M. LOUBIER: On le sait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le problème est le suivant: lorsqu'on
parle des affectations du sol et le ministre nous a donné
quelques explications à ce sujet-là ça met en cause
toute une série de problèmes humains...
M. TESSIER: Certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de localisation, de relogement...
M. TESSIER: Parfaitement d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'utilisation du sol ou des sols, à
des fins déterminées. L'autre jour, nous faisions observer au
ministre qu'il était nécessaire de consulter les parties
intéressées, les citoyens intéressés.
Bien, on retrouve le même problème à l'article 17. A
partir du moment où les spécialistes qu'engagera le ministre des
Affaires municipales auront préparé ce plan, ils vont avoir, en
somme, virtuellement provoqué tout un bouleversement social. Le ministre
dit non.
M. TESSIER: Aucunement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils auront, en somme, préparé un
bouleversement virtuel de la population qui devra chercher à se reloger
à droite et à gauche.
M. TESSIER: Aucunement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour cela que, tout à l'heure le
ministre, pardon, le député de Montcalm faisait observer que ce
devrait être à la ville de préparer...
M. TETLEY: Futur chef.
M. MASSE (Montclam: Toi, tu ne le seras jamais.
M. VEILLEUX: Cela, c'est la meilleure.
M. MASSE (Montcalm): Cela ne t'arrivera jamais.
M. VEILLEUX: Quant à être ministre com-
me vous vous l'avez été, j'aime autant ne pas
l'être.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi a la parole.
M. VEILLEUX: Je ne serai pas le fossoyeur de mon parti, ça, c'est
sûr.
M. MASSE (Montcalm): Faites taire les députés
d'arrière-banc, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas le temps de ceuillir des
fraises.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): Le ministre des Finances est impatient. Son tour
viendra. Il est en suspens.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'accent n'est pas très bon, M. le
Président. C'est vrai que c'est un mot iroquois.
Alors, je disais que les affectations du sol, telles qu'elles seront
faites en vertu du plan directeur qui sera dressé par les
spécialistes, vont provoquer virtuellement je suis sûr
qu'en fait c'est ce qui va se produire des problèmes sociaux, des
problèmes humains. C'est le ministre qui va le faire préparer.
Pourquoi ce ne serait pas la ville, comme le suggérait tout à
l'heure le député de Montcalm? Parce que ce n'est pas le
ministre, ni les spécialistes qui vont devoir, plus tard, vivre sur
cette aire délimitée par le projet de loi que nous avons devant
nous. Pourquoi ne pas immédiatement demander à la ville
c'est-à-dire aux gens qui vont avoir à vivre ce plan, si je puis
m'exprimer ainsi, qui vont avoir à en subir les conséquences
bonnes ou mauvaises de préparer le plan, au lieu de laisser cela
à des spécialistes?
La ville pourra, naturellement, avec l'aide du ministre des Affaires
municipales, requérir les services de spécialistes, mais les gens
de la place, les premiers intéressés, qui sont là sur les
lieux et qui vont vivre l'expérience après, seront en bien
meilleure posture pour entendre les représentations qui seront faites,
tel qu'on l'indique à l'article 17 et à l'article 18, lorsqu'il
s'agira de déterminer par règlement quel sera
définitivement le plan, de le faire approuver, etc.
Je pense qu'en confiant au ministre des Affaires municipales la
responsabilité de dresser le plan on se prépare des
problèmes. Tous les mécanismes de consultation dont le ministre
nous a dit qu'ils avaient été mis en place, qu'ils avaient
fonctionné risquent de se trouver faussés par un plan qui sera
imposé de toute façon, qu'on le veuille ou non, en dépit
des représentations que pourront faire les citoyens.
On dit simplement: "Ce plan est déposé au bureau de la
ville où tout intéressé peut, à compter de cette
date, en prendre connaissance". Dans l'autre article, on dit le ministre
l'a souligné qu'à toutes fins utiles, ça va prendre
trois ans avant que ça ne fonctionne. Bon, d'accord. Trois ans,
ça peut paraître long, mais, lorsqu'il s'agit de provoquer des
bouleversements sociaux et humains aussi importants que ceux qui vont
découler de l'application de la loi que nous discutons à l'heure
actuelle, je crois qu'une période de trois ans, ce n'est pas très
considérable. On voit, d'ailleurs le ministre en a eu
l'expérience les problèmes que pose la question du
relogement des citoyens dans certains territoires du Québec est-ce que
le ministre ne prépare pas exactement les mêmes
problèmes?
Evidemment, cela n'intéresse pas le ministre! Le ministre n'est
pas intéressé, c'est clair... Il n'est pas
intéressé à entendre les députés qui
s'expriment au nom de la population. Il se promène d'une banquette
à l'autre. Il fait ses commission de Noël ou de Pâques, je ne
sais pas. Mais le ministre...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 17. Article 17.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...n'a pas l'air d'être
intéressé à entendre ce qu'on lui dit. Alors, M. le
Président,...
M. TETLEY: Le congrès à la "chefferie", est-ce aujourd'hui
ou le mois prochain?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que vous
pourriez demander au député de...
M. TETLEY: Notre-Dame-de-Grâce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...Notre-Dame-de-Grâce d'être
assez gentil pour se taire?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je demande à tous les
députés d'écouter l'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et au ministre!
M. TETLEY: M. le Président, je crois que le député
a quitté le sujet, un peu. C'est pourquoi je vous demande que le
député s'occupe de l'article en question et qu'il soit le plus
bref possible parce qu'il y a d'autres orateurs qui veulent reprendre ses
propos qui sont des répétitions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Chicoutimi
sur l'article 17.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...toujours l'article 17... Une fois
apaisée l'humeur du député de Notre-Dame-de-Grâce,
je reviens à mon propos qui est bien dans la ligne, qui est bien dans le
cadre de l'article que nous discutons. Je fais observer encore une fois au
ministre c'est son ministère que le ministre des Affaires
municipales, par son ministère, prépare un plan qui va mettre en
cause des gens, des êtres humains. Il y a, je le répète,
une série de problèmes sociaux qui vont virtuellement se poser du
fait du relogement.
M. BOSSE: Cela a déjà été dit tout à
l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La répétition est la mère
de la science. Nous y revenons pour faire comprendre...
M. BOSSE: Quand même!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...cela au ministre afin de l'inciter à
examiner davantage la proposition que nous avons faite à savoir que ce
soit la ville qui prépare le plan, c'est-à-dire les premiers
intéressés lesquels sont beaucoup plus près de la
population. Ils peuvent prévoir les risques d'une aventure comme celle
qu'on vit dans un autre secteur de la région de l'Est du
Québec.
M. BOSSE: II y en a seulement un qui va être élu chef!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, la proposition... M. le
Président!
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Afin d'accélérer les
délibérations du comité plénier.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas sûr que cela va accélérer
!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à vous
faire observer que moi, je ne suis pas pressé et que si les
députés veulent faire de l'opposition de l'autre
côté, nous, nous sommes de l'Opposition.
M. TETLEY: C'est une menace?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une menace. C'est tout
simplement...
M. TETLEY: Cela y ressemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...l'exercice d'un droit.
M. TETLEY: Exercez votre droit, mais ne menacez pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous ne m'aviez pas interrompu, j'aurais
exposé mon point de vue au ministre des Affaires municipales et il
m'aurait répondu. Vous m'avez interrompu, c'est pour ça que je
suis obligé de reprendre. Je reprends donc, M. le Président. Je
reprends donc, M. le Président.
M. TESSIER: M. le Président, il reste encore...
M. TETLEY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TESSIER: ...25 minutes au député de Chicoutimi.
M. TETLEY: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce qui invoque le règlement.
M. TETLEY: J'invoque l'article 679, lo: "II est irrégulier de
multiplier,avec de légères variantes, les questions sur le
même point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah!
M. TETLEY: Exactement. Je n'ai pas... Vous venez de poser la même
question trois fois au ministre...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, quel article?
M. TETLEY: Vous étiez absent.
M. MASSE (Montcalm): Je vous demande quel article.
M. TETLEY: L'article 679...
M. MASSE (Montcalm): L'article 679?
M. TETLEY: Oui...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. TETLEY: ...premièrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la période des questions!
M. TETLEY: Non, c'est tout simplement... Ah non!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sur un point de
règlement.
M. TETLEY: Dans premièrement... M. LE PRESIDENT (Hardy) A
l'ordre! M. TETLEY: II faut que je termine.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce va terminer l'exposé de sa question de
règlement. Je donnerai par la suite la parole à l'honorable
député de Montcalm.
L'honorable député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: D'accord, c'est sur une question, mais le
député de Chicoutimi vient de poser la même question. Ce
n'est pas un discours parce qu'il pose la même question au ministre. Il
veut savoir si on respectera les droits des citoyens des villes en question.
Qu'il pose, pour la dernière fois, sa question, mais non en faisant de
légères variantes sur le même point.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sur un point de
règlement. Je suis surpris de voir que le député de
Notre-Dame-de-Grâce se sert de l'article 679 pour rappeler mon
collègue à l'ordre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela s'applique à la période des
questions.
M. MASSE (Montcalm): L'article 679 se lit comme suit: "Une question
à laquelle on a pleinement répondu ou à laquelle on a
refusé de répondre ne peut être posée de nouveau
pendant la même session." Il y a la note 1: "II est irrégulier de
multiplier, avec de légères variantes, les questions sur le
même point."
M. le Président, je comprends difficilement pourquoi on cite
l'article 679 qui, manifestement, s'applique à la période des
questions. Le député de Notre-Dame-de-Grâce est si peu
présent en Chambre qu'il ne sait pas à quel moment se place la
période des questions par rapport au comité plénier.
M. TETLEY: Ce n'est pas vrai.
M. MASSE (Montcalm): Or, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je suis prêt à rendre
ma décision.
M. MASSE (Montcalm): ... nous sommes en comité plénier et
l'article 679 ne s'applique pas.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je déclare que la question de
règlement soulevée par l'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce ne s'applique pas en ce moment.
L'honorable député de Chicoutimi a la parole.
M. MASSE (Montcalm): Je remercie le président de sa connaissance
des règlements. J'espère qu'il en informera le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, au moment
où le tumulte s'est fait entendre de l'autre côté, j'en
étais donc à demander au ministre des Affaires municipales...
UNE VOIX: Plus fort!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en étais donc à demander, M.
le Président... J'ai haussé d'un quart de ton, d'un demi-ton.
UNE VOIX: Question!
UNE VOIX: Est-ce un opéra de Wagner?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voulez-vous avoir cela en dièse ou en
bémol? Comme vous voudrez. M. le Président, j'en étais
donc à dire au ministre des Affaires municipales qu'il devrait
considérer la suggestion qu'a faite le député de Montcalm.
Vu que le plan dont il nous a parlé, qui porte sur l'affectation des
sols, causera des problèmes sociaux et que les personnes qui seront
appelées à résoudre ces problèmes ne seront pas les
spécialistes qui auront dressé le plan, mais les administrateurs
de la ville, pourquoi ne pas immédiatement demander à la ville
d'assumer cette responsabilité de préparer le plan avec l'aide
des spécialistes?
Le ministre nous a dit, tout à l'heure, qu'il y aurait des
difficultés techniques, des questions d'argent, etc. Je pense que ce
n'est pas là un obstacle majeur, puisque le ministre devra intervenir,
de toute façon, à tous les stades de la procédure
d'application du projet de loi qu'il nous soumet.
Alors, je lui demande encore une fois si l'idée de participation
que nous avons mise de l'avant l'autre jour, au sujet de laquelle nous avons
éveillé son attention, qui s'était vraiment endormie, ne
serait pas appliquée de façon plus efficace s'il consentait
à accepter la proposition qu'a faite le député de
Montcalm.
M. TESSIER: M. le Président, je crois avoir fourni toutes les
explications nécessaires sur
l'article 17. J'ajouterai simplement ceci: Le plan d'affectation du sol
est un plan global qui couvrira les deux municipalités. Je crois que
ceci est une raison de plus pour ne pas confier aux municipalités la
confection de ce plan. Je ne veux pas me répéter quant aux autres
raisons que j'ai invoquées.
M. le Président, je demande le vote immédiatement sur cet
article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, non, non, un
instant.
M. MASSE (Montcalm): En vertu de quel article du règlement, M. le
Président?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai une question à poser au
ministre.
M. TETLEY: Ce n'est pas votre lutte à la chefferie?
M. MASSE (Montcalm): II ne peut pas demander le vote comme cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre vient justement...
M. TETLEY: Le prochain candidat à la chefferie !
M.TESSIER: M. le Président, j'ai demandé le vote!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le bâillon!
M. TETLEY: Combien de députés avez-vous? Deux
députés. Ils sont tous partis. Deux sur dix-huit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Président.
M. TETLEY: Où sont vos députés?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président,...
M. TETLEY: Demandez à votre whip de Montcalm de trouver vos
députés, le whip adjoint.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'en étais
à dire que la réponse que vient de fournir le ministre des
Affaires municipales, à savoir que le plan vaudra pour deux
municipalités, apporte un argument de plus à la
démonstration que je lui ai faite, savoir que...
M. TESSIER: M. le Président, est-ce que je peux avoir le vote ou
est-ce que je ne peux pas l'avoir?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, M. le Président, c'est le
bâillon, c'est le bâillon!
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre, à l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre ne veut rien comprendre!
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le bâillon.
M. LE PRESIDENT (Hardy): En comité, chaque député a
le droit de parler une heure sur chaque article; le député de
Chicoutimi, qui s'est énervé pour rien, n'a pas terminé
son heure...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous n'avez pas de
jugement à porter sur ce que j'ai fait.
M. LE PRESIDENT (Hardy): ... et je lui remets la parole. A l'ordre!
L'honorable député de Chicoutimi a le droit de parler une
heure sur l'article 17 et il n'a pas encore épuisé son temps de
parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avez-vous tenu compte des interruptions?
M. LEVESQUE: Vingt-cinq minutes, M. le Président.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remercie de la décision que vous
avez rendue. Vous avez dit que je m'étais emporté. D'abord, vous
n'avez pas le droit de porter un jugement sur ma conduite...
M. TETLEY: Très intéressant votre discours.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais, à tout
événement, amicalement, je vous remercie, M. le Président,
de la décision que vous avez rendue. Vous avez appris un point du
règlement...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Ce n'est pas par amitié, c'est le
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à des gens qui ne comprennent pas.
Moi, je vous remercie, M. le Président, par considération et par
amitié pour vous.
M. TETLEY: ... sauf le whip adjoint.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, voilà qu'au moment où
nous faisons des observations au ministre des Affaires municipales il
demande
le vote, parce que ça l'embarasse. Or, j'étais à
lui dire, quand il nous a dit que le plan, que doit dresser le ministre des
Affaires municipales aux termes de la loi, va servir aux deux
municipalités, que cela apporte un argument de plus à la
démonstration que nous avons faite et à l'appui de la
thèse de mon collègue, qui voudrait que ce soit la ville qui
prépare ce plan parce que les villes qui seront ainsi touchées
auront l'avantage de se consulter. L'idée de participation dont le
ministre a parlé avec emphase à maintes reprises prendra toute sa
valeur, toute sa dimension si on associe immédiatement les gens qui vont
devoir vivre dans le cadre qu'on va leur tracer en vertu de la loi. C'est pour
ça que je demande...
M. BOSSE: Cela a déjà été dit, c'est une
répétition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le
député pourrait se lever pour prendre la parole?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Pour le moment, je n'entends que le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président, mais, moi, j'ai
entendu des gens de l'autre côté, et je voudrais savoir qui a la
parole; je vous remercie de me dire que c'est moi qui l'ai.
Justement en utilisant l'argument qu'il nous a servi tout à
l'heure, soit l'existence de deux municipalités qui vont être
touchées par la préparation de ce plan, est ce que le ministre
des Affaires municipales peut justifier son argumentation et nous
démontrer que l'idée de participation va prendre une dimension
plus grande ou moindre, selon que ce sera la ville ou le ministre des Affaires
municipales qui dressera le plan? Le ministre des Affaires municipales, M. le
Président, n'est pas là, je lui ai posé une question,
alors j'attends qu'il reprenne son siège pour poursuivre.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre peut répondre
à la question...
M. TETLEY: C'est la meilleure partie de votre discours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai posé une
question au ministre des Affaires municipales, j'attends la réponse.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je suis surpris de
constater que le ministre des Affaires municipales n'est pas à son
siège alors qu'on discute d'une loi qui relève de son domaine.
J'aimerais bien qu'il réponde à la question qui a
été posée, avant que nous reprenions la discussion.
M. TESSIER: Aucune réponse, M. le Président, je n'ai
aucune réponse à donner.
M. MASSE (Montcalm); M. le Président, je...
M. TETLEY: II a déjà posé cette même
question.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je...
M. TESSIER: M. le Président, j'ai répondu au moins huit
fois à cette question.
M. MASSE (Montcalm): Je suis surpris, M. le Président, que le
ministre des Affaires municipales n'ait rien d'autre à nous
répondre que de nous dire qu'il a répondu, alors que nous ne
sommes pas satisfaits de sa réponse.
M. MARCHAND: Devant l'opposition systématique...
M. MASSE (Montcalm): ... et l'éditorialiste du Devoir de ce matin
avait fort raison de dire, dans son billet... "et ensuite elles auront le front
de conclure, comme cet esprit lumineux qui préside, à
Québec, aux Affaires municipales, qu'elle n'a rien donné". Je
pense, M. le Président, que la valeur, la qualité et la
compétence du ministre commencent à franchir les
frontières de cette Chambre...
M. BERTHIAUME: Article 17.
M. MASSE (Montcalm): ... et les gens de l'extérieur posent les
mêmes jugements que les députés ici.
M. le Président, ce que nous avons tenté de
défendre, jusqu'à maintenant, que le ministre n'a pas compris
mais que le leader parlementaire devrait, lui, comprendre...
M. LEVESQUE: Je comprends, je comprends exactement.
M. MASSE (Montcalm): ... c'est que ces citoyens qui, comme le disait le
leader parlementaire...
M. LEVESQUE: Je comprends trop bien.
M. MASSE (Montcalm): ... ont réussi à travailler, selon le
phénomène de participation, à la construction de leur coin
de terre, je ne vois pas pourquoi, à ce moment-ci, on retire aux
citoyens de ces régions le droit d'approuver eux-mêmes
l'affectation des sols dans leur propre région. C'est ça que le
ministre des Affaires municipales...
M. TESSIER: M. le Président, le député de Montcalm
ne comprend rien.
M. MASSE (Montcalm): Si les députés de cette salle, au
lieu de se surprendre qu'il y ait un débat sur ce point, se donnaient la
peine de lire la loi et d'en comprendre les implications, peut-être
seraient-ils les premiers à nous approuver, à ce moment-ci, de
tenter de persuader le ministre de comprendre une chose que les gouvernements
locaux ne sont pas comme le ministre voudrait qu'ils soient: des bras qui
exécutent tout ce que veut faire le ministre. Les gouvernements locaux,
jusqu'à maintenant, et quant à nous, continueront à avoir
des responsabilités dans la gestion des choses locales. Et y a-t-il
quelque chose de plus local que l'affectation des sols sur lesquels nous
vivons?
Or, que demande le ministre dans ce projet de loi? Lisez-le donc,
députés de l'autre côté de cette salle, plutôt
que de gueuler constamment parce que nous tentons de...
DES VOIX: Règlement!
M. LE PRESIDENT(Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): Lisez ce qui est inscrit. Il est inscrit dans cette
loi que le ministre des Affaires municipales, seul, prépare un plan
d'affectation des sols dans la région. Vous savez qu'il en est de
même dans la loi constituant Gaspé, et dans celle constituant
Sainte-Scholastique, et il en sera de même dans les autres lois. Et si ce
n'est pas maintenant que la loi est amendée, il est certain que nous
retrouverons cela partout.
Qu'est-ce que ça veut dire un plan d'affectation des sols? C'est
le ministre seul qui, premièrement, pourra engager qui il voudra pour
réaliser ce plan...
M. VEILLEUX: Vous autres, vous connaissez ça.
M. MASSE (Montcalm): ... Deuxièmement que feront ces gens? Ils
iront dans le territoire non pas nous l'avons réalisé ici
simplement pour... mais pour décider...
M. TESSIER: Une chose est certaine, M. le Président, c'est que je
n'engagerai pas le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): ... de l'affectation des sols, que telle
région de leur municipalité servira à des fins agricoles,
que telle région servira à des fins urbaines, que telle
région servira à des fins domiciliaires, que telle région
servira à des fins industrielles, que telle région servira au
camping et autres. Et les gens de cette région n'ont aucun mot à
dire. Qu'arrivera-t-il du plan qui servira de base, le ministre l'a dit, au
plan directeur qui, lui, d'accord, sera approuvé dans trois ans. Mais il
sera trop tard, si les gens de nos municipalités ne sont pas satisfaits
des affectations qui auront été données aux sols.
Que demandons-nous au ministre des Affaires municipales? Quelque chose
de tout simplement démocratique, quelque chose qui va dans la ligne du
plan d'aménagement de la Gaspésie, quelque chose qui sera dans la
ligne de la démocratie de participation. Que demandons-nous? Que la
municipalité ait le pouvoir d'approuver le plan d'affectation avant
qu'il serve de base au plan directeur. C'est ce que nous demandons.
Pourquoi le ministre veut-il refuser aux élus locaux ce droit que
nous réclamons? Pourquoi le ministre veut-il empêcher les gens qui
sont chez eux, les gens à qui appartient ce territoire, de
décider eux-mêmes de l'affectation? Le député de
Gaspé-Sud sera pris tout à l'heure avec sa loi concernant
Gaspé.
Il pourrait fort bien être d'accord avec nous, si le ministre des
Affaires municipales lui en donnait l'autorisation. Les autres
députés qui ont des territoires dans la région pourraient
fort bien s'inquiéter de la portée de cet article. Que
demandons-nous, si le ministre est certain de son point?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Gaspé-Sud.
M. FORTIER: En réponse au député de Montcalm, la
ville de Gaspé, dont j'ai été maire, a elle-même
fait son plan et l'a soumis au ministère des Affaires municipales.
M. MASSE (Montcalm): D'accord, M. le Président, c'est ce que nous
demandons.
UNE VOIX: Ils l'ont eu.
M. MASSE (Montcalm): C'est ce que nous demandons. Le
député vient justement de nous dire ce que nous voulons.
M. FORTIER: Seulement... Un instant!
M. MASSE (Montcalm): Qu'une municipalité fasse son plan...
M. FORTIER: M. le Président, sur un point d'ordre. Seulement,
nous aurions été heureux que ce soit le ministère des
Affaires municipales qui nous aide à payer pour la fabrication du
plan.
M. MASSE (Montcalm): Je suis fort heureux de l'intervention du
député, c'est exactement ce que nous demandons, que la
municipalité...
UNE VOIX: Le peuple de l'extérieur qui proteste.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre! Le député de
Montcalm.
M. BERTHIAUME: II a frappé une mauvaise note.
M. MASSE (Montcalm): Nous demandons justement ce que demande le
député de Gaspé, que la municipalité soit
responsable de la rédaction de son plan d'utilisation ou d'affectation
des sols. Nous demandons que la municipalité, comme le demande le
député de Gaspé, soit subventionnée par le
ministère des Affaires municipales et que la municipalité ait
l'autorité d'approuver son plan d'affectation des sols.
Peut-être sommes-nous obligés de reformuler cette demande
à plusieurs reprises et sous diverses formes, mais les réponses
qui ont été jusqu'ici apportées par le ministre des
Affaires municipales ne peuvent pas nous satisfaire pas plus qu'elles ne vont
satisfaire les futures municipalités qui se verront enlever cette
responsabilité première de décider de l'affectation des
sols de leur région. Si cette loi est adoptée comme cela, sans
amendement à cet article, nous verrons reparaître l'article
partout. Au lieu de faire tout simplement de la politique partisane et de dire,
bouche bée: Le ministre le demande, c'est bon et on va prendre le vote,
interrogez-vous donc sur la portée de l'article.
M. SAINDON: On n'a rien à cacher.
M. MASSE (Montcalm): Interrogez-vous sur la portée de l'article
pour voir jusqu'à quel point il ne va pas à l'encontre des
principes les plus élémentaires de gestion municipale. Il n'est
rien d'extraordinaire dans notre demande. Ce que nous demandons, c'est que la
ville...
M. TETLEY: Vous voulez être chef, voilà ce que vous
demandez.
M. MASSE (Montcalm): ... soit autorisée... M. TETLEY: II veut
être chef.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Ce que nous demandons...
UNE VOIX: Veut-il être chef du PQ ou de l'Union Nationale?
M. MASSE (Montcalm): Une chose est certaine, c'est que, dans le Parti
libéral, je rehausserais votre équipe.
M. MARCHAND: Oui, mais il y a une chose certaine: Je ne ferai pas battre
mon chef et mon parti pour le jeter à terre après.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): Vous ne ferez battre personne...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): ... c'est tout juste si vous réussirez
à vous faire réélire.
M. TETLEY: II a battu Lévesque.
M. MARCHAND: Je ne suis pas un fossoyeur de l'Union Nationale, par
exemple.
M. MASSE (Montcalm): Les gens du PQ pourraient peut-être
répondre.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Montcalm.
M. MARCHAND: J'ai été le fossoyeur du chef du PQ.
UNE VOIX: Voulez-vous l'avoir ou pas?
UNE VOIX: Si vous ne voulez pas l'avoir, il est à l'encan.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On demande au ministre des Finances de mettre
le député à l'encan.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mettez-le à l'encan!
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le député
étant...
M. MARCHAND: Je ne suis pas un traître à mon parti,
à part cela.
M. VEILLEUX: Sur une question de règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Si je vois bien, il y a trois
députés debout alors que le président est lui-même
debout. Est-ce que quelqu'un a un point de règlement à
soulever?
M. VEILLEUX: Ici, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Depuis quelques instants, l'honorable député
de Montcalm semble changer le sujet de son discours. A ce moment-là,
est-ce que je pourrais me prévaloir de l'article 348, M. le
Président?
M. MASSE (Montcalm): Ce que le député a oublié,
c'est que l'intervention a été faite dans le débat.
M. VEILLEUX: J'ai posé une question au président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lisez-le nous.
M. VEUILLEUX: "En comité plénier, le député
qui n'a pas encore pris la parole sur une question a la priorité sur
celui qui a déjà parlé sur cette question." Comme
l'honorable député de Montcalm a terminé ou semble avoir
terminé...
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas ce que dit l'article. L'article dit
que vous avez le droit de parole...
M. VEILLEUX: ... sa discussion sur l'article 17 du projet de loi no 66,
m'est-il permis de me prévaloir de l'article 348?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Quand l'honorable député de
Montcalm aura terminé son intervention, tout député, dont
l'honorable député de Saint-Jean, qui n'a pas déjà
pris la parole, aura priorité sur un autre député qui a
déjà pris la parole sur cette question.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je suis prêt, pour
autant que j'aurai le droit de reparler après, à laisser la
parole au député de Saint-Jean, s'il veut s'exprimer sur le
sujet.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Merci, M. le Président, je serai très court.
L'honorable député de Montcalm s'est référé
au ministre des Affaires municipales. Il a même lu un éditorial du
journal Le Devoir.
Il l'a critiqué et je crois que j'ai le droit de répondre
un peu à mon collègue...
M. MASSE (Montcalm): II n'est pas capable de répondre
lui-même.
M. TETLEY: II est capable de répondre, mais je crois qu'un
député...
M. MASSE (Montcalm): Vous pensez le faire mieux que lui?
M. TETLEY: Est-ce que j'ai le droit de parler? Je crois que j'ai le
droit de répondre. J'ai été moi-même conseiller
pendant quatre ans, lorsque le député qui est à l'heure
actuelle ministre des Affaires municipales était lui-même maire.
Il était reconnu comme expert en droit municipal, dans ce
temps-là. J'ai connu plusieurs ministres des Affaires municipales...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Est-ce que le député a invoqué le
règlement ou s'il parle sur l'article qui fait l'objet du
débat?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je regrette. Evidemment, ça
s'éloigne largement de l'article 17, mais c'est l'honorable
député de Montcalm qui a ouvert cette avenue en prétendant
que le ministre des Affaires municipales n'était pas
compétent.
M. MASSE (Montcalm): II y a fort longtemps, dans le débat.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Or, je pense que le député de
Notre-Dame-de-Grâce, comme tout autre député dans cette
Chambre, a le droit de répondre à cette intervention du
député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): II a pris du temps à le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah non, non! A l'ordre! M. le
Président, ce n'est pas parce qu'un député a fauté
à l'endroit du règlement qu'on va permettre à un autre de
le faire. C'était à vous de rappeler le député de
Montcalm à l'ordre à ce moment-là. Le
député, actuellement, est hors d'ordre et vous le laissez
poursuivre.
M. MASSE (Montcalm): Le président n'avait qu'à me rappeler
à l'ordre, s'il croyait que j'étais hors d'ordre.
UNE VOIX: Le député qui a fauté veut être
chef de parti.
M. LE PRESIDENT (Hardy) A l'ordre! La parole est à l'honorable
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous prenons acte de votre
décision.
M. TETLEY: M. le Président, je veux tout simplement dire que j'ai
connu et que je connais encore, évidemment, le ministre des Affaires
municipales. Depuis quatre ou dnq ans, en fait depuis Pierre Laporte, il n'y a
pas eu de ministre des Affaires municipales comme le titulaire actuel.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. MASSE (Montcalm): J'espère qu'il va réussir à
dire des choses plus importantes dans le débat que le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Saint-Jean veut parler?
M. VEILLEUX: Certainement. Je crois, M. le Président, que
ça fait assez longtemps que j'entends déblatérer quelques
membres de l'Opposition que je puis avoir quelques minutes pour parler sur
l'article 18.
M. DUMONT: Quelle opposition?
M. VEILLEUX: Disons officielle, pour le moment. Probablement qu'au cours
de l'année prochaine elle disparaîtra, si on se fie aux
journaux.
Hier, M. le Président, il y a eu une motion sur ce projet de loi
afin de le reporter à quelques mois. Je remarque, depuis une dizaine de
minutes, que le député de Montcalm reprend exactement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. VEILLEUX: ... la même argumentation qu'il tenait hier pour
faire adopter la motion...
M. MASSE (Montcalm): Le député n'était même
pas ici, hier.
M. VEILLEUX: ...motion qui nécessairement a été
débattue et battue. Les membres de l'Opposition se posent des questions
sur le fait que le ministre des Affaires municipales puisse, à un
certain moment, imposer ses vues quant aux affectations du sol du territoire de
la nouvelle ville. On sait fort bien que l'honorable ministre des Affaires
municipales a parcouru cette région, ce que l'ancien ministre n'avait
pas fait, lorsqu'il s'occupait de ce territoire-là.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, un rappel au
règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Quel article?
M. MASSE (Montcalm): Le règlement du bon sens et de la
vérité.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, le dictateur, là! Quand on
invoque le règlement, vous savez pourquoi. C'est toujours parce qu'il y
a eu une infraction; vous devez savoir ça.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Est-ce le député de Montcalm ou
le député de Chicoutimi qui invoque le règlement?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, pas de dictature, n'est-ce pas.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je suis bien prêt à
écouter la question de règlement invoquée par le
député de Montcalm, mais je voudrais, quand même, qu'il
l'explicite. Je ne suis pas ici pour faire respecter tel ou tel
règlement, mais le règlement de l'Assemblée nationale,
aussi longtemps qu'il existera.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Contre quel règlement
pèche-t-il?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, vous savez fort bien
ce n'est pas à moi de vous l'enseigner que notre livre des
règlements demande dans ses principes fondamentaux le respect de la
vérité en cette Chambre. Or, le député de
Saint-Jean vient de lancer que je n'étais pas allé dans ce
territoire, alors que j'étais responsable.
Je dois vous rappeler que c'est là une violation profonde
à notre règlement, parce qu'à maintes reprises,
contrairement à ce qu'il pense, je me suis rendu, dans l'exercice de mes
fonctions, sur ce territoire.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Tel que le demande le règlement,
l'honorable député de Saint-Jean doit prendre la parole de
l'honorable député.
M. VEILLEUX: Comme je le disais, M. le Président, depuis le 29
avril, l'honorable député, ministre des Affaires municipales, a
visité moult fois ce territoire et a participé à des
discussions avec les gens dudit territoire, ce que l'ex-ministre n'a pas
fait.
Je disais bien qu'avec cette formule de participation, cette formule
d'animation établie et exercée par le ministre des Affaires
municipales dans ce territoire, cela doit enlever toute préoccupation
qui pourrait quelque peu hanter l'esprit des honorables membres de l'Opposition
officielle et les empêcher de dormir tranquillement.
Je disais donc que cet article n'empêche pas cette participation
et cette animation de la part du ministre des Affaires municipales. Tous les
membres du Parti libéral, du parti auquel j'ai adhéré
librement et dans lequel je consens à demeurer je ne lance pas
d'ultimatum à mon chef les membres du Parti libéral
présents en cette Chambre sont tous d'accord pour reconnaître que
le ministre des Affaires municipales est une personne capable d'animer et de
participer aux décisions d'un milieu, ce qu'il fait très bien
d'ailleurs avec nous.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas ça, l'article.
M. VEILLEUX: Si nous lisons les quelques notes explicatives au
début de ce projet de loi, nous voyons que le ministre des Affaires
municipales devra préparer un plan indiquant les affectations du sol
dans le territoire de la ville. On dit bien "devra préparer." Et
lorsqu'un ministre ou un autre membre du gouvernement prépare un
document, c'est nécessairement pour permettre aux gens qui en prennent
connaissance de le discuter, d'y apporter des changements. D'ailleurs, c'est ce
que fait le Parti libéral depuis qu'il est au pouvoir, et nous avons eu
plusieurs exemples à cet effet. Si nous nous basons sur les discussions
sur le bill 8 à la
commission parlementaire, l'assurance-maladie...
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas dans le débat.
M. VEILLEUX: ... il y a eu participation.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas dans le débat, M. le
Président.
M. VEILLEUX: Si nous nous fions aux discussions qu'il y a
présentement au ministère des Institutions financières sur
la Loi de la protection du consommateur, il y a encore participation du public.
Alors, que je sache, le ministre des Affaires municipales est prêt,
d'ailleurs il l'a prouvé jusqu'ici, à procéder exactement
de la même manière avec les gens de la région de
Percé puisqu'on discute du projet de loi touchant la ville de
Percé comme il l'a fait avec ceux de la région de
Gaspé. D'ailleurs, l'honorable représentant du comté de
Gaspé mentionnait tout à l'heure qu'il y avait eu une
véritable participation, une véritable animation dans le milieu,
comme cela se fait présentement dans la région de
Sainte-Scholastique, et ce dont nous aurons à discuter.
Pour tous ces motifs, M. le Président, je ne vois pas pourquoi
les honorables membres de l'Opposition officielle, notamment des comtés
de Montcalm et de Chicoutimi, auraient peur aujourd'hui que le gouvernement ne
fasse pas participer la population. Peut-être ces gens-là ou ces
honorables représentants ont-ils peur que le présent gouvernement
procède exactement de la même manière que l'ancien
gouvernement a procédé entre les années 1966 à
1970. Mais ils n'ont pas besoin d'avoir peur, ce n'est pas...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président,...
M. VEILLEUX: Avez-vous une question à poser?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose la question au député:
Dans quel cas et dans quel domaine l'ancien ministre des Affaires municipales
aurait-il procédé selon des normes qui ne seraient pas conformes
à celles qu'exige la participation? Le député fait une
affirmation...
M. GARNEAU: L'ancien gouvernement...
M. VEILLEUX: Que je sache, M. le Président, je n'ai pas
mentionné l'ex-ministre des Affaires municipales. Je n'ai donc pas
à répondre à la question de l'honorable
député de Chicoutimi, puisque je n'ai mentionné d'aucune
façon l'ancien ministre des Affaires municipales.
Je disais donc, M. le Président, qu'il n'y a aucun danger que le
présent gouvernement agisse comme l'ancien gouvernement a agi.dans son
ensemble, puisque nous avons réellement prouvé depuis le
début que nous sommes un gouvernement prêt à gouverner avec
l'ensemble de la population. Nous sommes un gouvernement prêt à
appliquer le slogan qui nous a reportés au pouvoir le 29 avril dernier,
qui était de gouverner ensemble.
L'article 17 l'ancien article 18 devenu l'article 17 donne
donc au ministre des Affaires municipales toute la latitude possible pour faire
cette animation et cette participation. Merci, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne saurais vraiment
par quel bout prendre le discours du député de Saint-Jean. C'est
un plaidoyer en faveur du ministre, fort généreux, et il
prétend parler de l'article 18. Il passe complètement à
côté de la question en portant un jugement d'ensemble sur la
politique de l'administration qui a précédé celle du
gouvernement dont il est un serviteur. Je reviens donc aux propos que nous
tenions tout à l'heure, propos qui ont été
confirmés, en fait, par le député de Gaspé. J'ai
demandé au ministre de nous dire pourquoi, de nous dire plutôt
s'il ne croit pas que le fait de confier à la ville plutôt qu'au
ministre des Affaires municipales ne serait pas une meilleure façon de
faire participer la population à l'élaboration d'un plan qu'elle
va devoir vivre, si je puis prendre cette expression. Le ministre nous dit:
J'ai répondu à tout ça. J'ai répondu cent fois et
mille fois. Mais il ne nous a pas convaincus. Nous maintenons donc, M. le
Président, que l'idée de participation devait sous-tendre la
politique du ministre des Affaires municipales. On ne la retrouve pas ici dans
cet article et c'est précisément pour cela que nous
insistons...
M. GARNEAU: Lisez donc le nouvel article 18.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour que le ministre revise ses positions
à cet égard, pour qu'il se rende compte, une fois pour toutes,
qu'il ne suffit pas de voyager et de donner des coups de
téléphone pour régler le problème et
connaître exactement quelle est l'opinion des gens qui devront vivre dans
un territoire donné.
Le ministre ne veut pas nous répondre. Il ne veut pas
considérer nos observations, les suggestions que nous lui faisons. Nous
en prenons acte, évidemment, mais il reste que, M. le Président,
d'ici très peu de temps le ministre aura à s'expliquer, comme il
s'est expliqué récemment, à propos de certains
problèmes qui sont nés dans l'Est du Québec. Il aura
à répondre à la population et il aura à dire
pourquoi, il a refusé la suggestion que nous lui faisions d'associer
immédiatement les responsables de la ville de Percé et de la
ville de Gaspé à un travail d'élaboration d'un plan dont,
en som-
me, dépend leur vie sociale, économique, culturelle, etc.
C'est cela que le ministre ne veut pas comprendre.
Alors, devant son mutisme...
M. TESSIER: Je pense que c'est l'inverse, M. le Président. Moi,
je comprends très bien, mais le député de Chicoutimi ne
comprend rien à l'article 18.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... devant sa résistance
obstinée... M. le Président, est-ce que j'ai la parole.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Oui. L'honorable député de
Chicoutimi a toujours la parole.
M. TESSIER: Je pense que la meilleure réponse, M. le
Président, que je pourrais donner...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas
terminé mon intervention.
M. TESSIER: ... au député de Chicoutimi et au
député de Montcalm, c'est justement ce que je viens de lire dans
le Soleil de ce soir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que c'est moi
qui ai la parole?
M. TESSIER: II y a un article qui est intitulé: "Le maire de
Percé satisfait des projets de regroupement." Je pourrais continuer en
disant: "Le maire de Percé, M. Abner Biard, s'est montré
satisfait des projets de loi déposés par le ministre des Affaires
municipales à l'Assemblée nationale à l'effet que l'on
créera dès le début de janvier deux regroupements
municipaux importants autour de Gaspé et de Percé. Selon M.
Biard, ce regroupement favorisera le développement de ces deux
régions et, en particulier pour Percé, facilitera l'essor
touristique par une planification...
C'est cela, M. le Président, que le leader de cette Chambre
disait hier, lors du débat en deuxième lecture: c'est que l'Union
Nationale, pendant que le député de Montcalm était
ministre responsable de l'ODEQ, n'a rien fait pendant quatre ans pour mettre en
application précisément ce qui était dans le plan
d'aménagement.
UNE VOIX: II vient de perdre ses élections!
M. TESSIER: Ce que nous réalisons aujourd'hui par le projet de
loi numéro 66, c'est ce qui aurait dû être fait depuis
au-delà de deux ans par l'Union Nationale si on n'y avait pas
passé son temps à piétiner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. TESSIER: Je terminerai M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de Chicoutimi invoque
le règlement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous vous êtes rendu compte
qu'au moment où le député de Rimouski a pris la parole
j'étais en train de faire mes observations? Il me coupe la parole, vous
le laissez faire, il poursuit...
M. TESSIER: II y a des heures que vous parliez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, vous ne me
regardez même pas!
M. TESSIER: Leur droit de parole était expiré, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Etes-vous là pour le gouvernement ou
pour le Parlement?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi posait des questions avec insistance à l'honorable ministre
des Affaires municipales. Or, j'ai cru selon le bon sens et les
règlements que le ministre des Affaires municipales devait apporter des
réponses à l'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous avez cru...
DES VOIX: Règlement!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...à tort, et vous n'avez même
pas regardé de mon côté alors que je n'avais pas
terminé mon intervention; tout de suite vous avez été
fasciné par l'image fulgurante du député de Rimouski.
Alors, M. le Président, restons-en là.
M. DUMONT: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
crois, M. le Président, que le ministre a oublié de
préciser...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Sur un point du règlement?
M. DUMONT: S'il vous plaît! ... que, tout simplement, le
député de Montcalm, dans la demande qu'il fait du plan directeur
de tout le territoire de la municipalité, pour protéger le maire
de Percé, veut savoir s'il va y avoir une Maison du pêcheur libre
dans ces municipalités...
M. LESSARD: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Mégantic, en invoquant le règlement, a violé
lui-même le règlement d'une façon...
M. DUMONT: Je n'ai jamais violé personne...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, sur l'article 18, qui est devenu
l'article 17, on parle de la préparation d'un plan indiquant les
affectations du sol du territoire de la ville.J'estime, comme on l'a
indiqué hier, que toute cette procédure de planification et de
regroupement municipal a été faite à partir d'un plan,
à savoir le plan de l'ODEQ ou le plan du BAEQ.
M. TESSIER: C'est exact.
M. LESSARD: M. le Président, depuis 1962 qu'on fait de
l'animation dans le territoire pilote, qu'on interroge la population sur ce
qu'elle veut avoir et ce qu'elle veut obtenir, et c'est la question que
je pose, probablement que le ministre a déjà donné la
réponse est-ce que ce plan qui concerne l'affectation du sol du
territoire de la ville, sera basé sur des études qui ont
déjà été faites par l'ODEQ qui a travaillé
sur ce territoire?
M. TESSIER: C'est exact, M. le Président; des études
préliminaires et des recommandations ont été faites pour
le plan d'affectation du sol. Ce que vient de mentionner le
député, c'est absolument exact; nous nous conformons en tous
points aux recommandations faites dans le plan d'aménagement du BAEQ,
après consultation de la population durant une période de cinq
ans.
M. LESSARD: M. le Président, pour ma part, pour avoir
déjà visité les régions concernées, j'ai pu
constater qu'on était complètement fatigué de cette sorte
d'animation qui dure continuellement et qui n'apporte aucune
réalisation. Je ne comprends pas l'insistance de l'Opposition
officielle, au sujet de cet article, parce qu'il est tout simplement
basé sur le travail qui a été fait depuis des
années et des années. Je pense qu'aujourd'hui il faut en arriver
à des réalisations.
Si nous voulons valoriser la planification au Québec
depuis des années on a écoeuré la population avec
ça, non pas parce que ce n'est pas efficace, mais tout simplement parce
qu'on n'a jamais fait de réalisation il faut poser des gestes
concrets.
Dans l'autre partie, on dit: Ce plan sera déposé au bureau
de la ville où tout intéressé peut, à compter de
cette date, en prendre connaissance. Je crois que, si c'est réellement
basé sur des études qui ont déjà été
faites, les intéressés veulent que nous réalisions quelque
chose et non pas que nous recommencions tout simplement l'animation qui dure
déjà depuis des années et des années. Là, il
nous faut passer aux réalisations.
M. TESSIER: M. le Président, mon honorable collègue a dit
qu'il ne comprenait pas pourquoi l'Opposition officielle, l'Union Nationale,
s'attardait tant à faire perdre le temps de cette Chambre et protestait
tant au sujet de l'article 18...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. TESSIER: ... mais moi, je crois que je le comprends. C'est que le
député de Montcalm et le député de Chicoutimi sont
tous les deux dans la course à la chefferie de l'Union Nationale.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, quelques brèves
remarques avant d'approuver cet article.
M. GARNEAU: Que le député de Montcalm ne se "colle" pas
trop auprès du député de Chicoutimi; cela n'aide pas
à la "chefferie."
M. MASSE (Montcalm): D'une part, j'aimerais faire remarquer aux membres
de cette Chambre puisque le ministre a livré de façon
tronquée un document dans son plaidoyer tout à l'heure que
s'il lisait l'ensemble de l'article du Soleil qu'il a cité, il verrait,
dans le reste de cet article, ce qu'il a omis de dire et qui diminuerait
peut-être les applaudissements de ses collègues. Que pour sa part
le maire de Gaspé, le docteur Roy...
M. TESSIER: Ah oui! Mais...
M. MASSE (Montcalm): ... a quand même montré...
M. TESSIER: On n'est pas encore rendu au bill de Gaspé; on est au
bill de Percé. M. le Président, je m'oppose à ce qu'on
sorte du sujet.
M. MASSE (Montcalm): Comme en tous points ces deux lois sont
identiques...
M. TESSIER: Je tiens à souligner qu'on doit s'en tenir au bill 66
concernant Percé.
M. MASSE (Montcalm): ... je pense que...
M. TESSIER: .. quand on arrivera au bill 67 concernant Gaspé, mon
collègue pourra dire ce qu'il voudra. J'ai d'autre chose pour lui
répondre.
M. MASSE (Montcalm): ... le ministre peut se rasseoir là! C'est
lui-même qui nous a dit à plusieurs reprises que ces deux projets
de loi étaient similaires, que cela couvrait l'ensemble du territoire,
etc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le plan était fait pour les
deux.
M. MASSE (Montcalm): Que le plan directeur était fait pour les
deux. Le moins que je puisse dire je ne reviens pas là-dessus
c'est que tout le monde ne s'entend pas dans ce cabinet.
Deuxièmement, le point qui a été soulevé par
le représentant du Parti québécois est fort opportun et je
suis parfaitement heureux qu'il ait fait cette intervention. Je suis surpris de
constater par contre...
M. TESSIER: Cela fait encore partie de votre stratégie pour votre
campagne à la "chefferie"?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce que vous pouvez le
faire taire quelques minutes? Sortez-le de la Chambre!
DES VOIX: Ah!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, il est six heures, je
demande la suspension du débat.
M. TESSIER: Vous allez avoir du mal à me sortir.
UNE VOIX: Faites sortir les vôtres!
M. LE PRESIDENT (Hardy): Comme il est six heures, je suspends la
séance du comité jusqu%à huit heures.
Reprise de la séance à 20 h 13
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Article 17, adopté.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. VEILLEUX: M. le Président, question de règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'invoque l'article 347 qui dit: "Le député
qui avait la parole lors de l'interruption, de la suspension ou de la remise
d'une séance de comité plénier n'a pas le droit de parler
le premier à la reprise de la séance." L'honorable
député de Montcalm est censé connaître les
règlements. Il avait la parole lorsqu'à six heures nous avons
quitté la Chambre pour aller manger.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ferai observer que
c'est moi qui vous ai suggéré en prenant la parole le
dernier...
UNE VOIX: La dernière!
M. VEILLEUX: Non, M. le Président, c'était le
député de Montcalm qui avait la parole...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président, c'est moi qui
vous ai proposé l'ajournement, alors quant à nous...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je donne la parole au député de
Montcalm.
M. VEILLEUX: ... et je sais fort bien que le député de
Jean-Talon aurait quelques mots à dire.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de Saint-Jean venant de
parler, il a rétabli le règlement et le député de
Montcalm a maintenant la parole.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'approuve votre jugement.
A six heures, nous discutions de la question de ce projet de loi,
particulièrement de l'intervention qu'avait faite le
député représentant le Parti québécois.
Je tiens à redire ce qui a été exprimé au
cours de ce débat que, loin d'être contre la fusion, le
regroupement de ces municipalités, nous le favorisons...
M. VEILLEUX: Loin d'être contre. UNE VOIX: Adopté.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, loin d'être contre la
planification...
M. MARCHAND: II commence à se dédire. Ce n'est pas nouveau
d'ailleurs.
M. MASSE (Montcalm): ... nous la favorisons, M. le Président. Si
mes honorables collègues me demandent de me rendre jusqu'à
dix-huit raisons pour avoir la raison d'approuver, d'applaudir leur ministre,
cela peut se faire, mais je ne crois pas que ce soit de cette façon que
nous allons faire avancer le débat.
M. le Président, ce contre quoi nous nous sommes
élevés dans ce projet de loi, ce sont deux motions. S'il est vrai
que, d'une part, lors de la rédaction par le Bureau d'aménagement
de l'est du Québec, BAEQ, de certaines recommandations concernant
l'aménagement du territoire dans cette région, par contre, une
autre des idées qui a été mise de l'avant dans le plan du
BAEQ a été la participation des citoyens. Et ce contre quoi nous
nous sommes élevés dans cet article, c'est que, compte tenu du
plan d'aménagement de l'est du Québec, compte tenu, d'autre part,
de l'idée de participation des citoyens dans la réalisation de ce
plan d'aménagement, nous voyons mal pourquoi le ministre des Affaires
municipales impose à un secteur important de cette population un plan
d'utilisation des sols, un plan d'affectation des sols dans cette
région, sans pour autant soumettre à la population ce plan, ni,
d'autre part, le rédiger avec la collaboration de la population.
C'est une chose que de dire: Nous passons à l'action. C'en est
une autre que de respecter l'esprit du plan d'aménagement de l'est du
Québec. Il est facile, pour le ministre, de se promener
régulièrement dans le territoire et de dire à tous vents:
Nous passons à l'action, nous réalisons telle ou telle chose.
Mais, par contre, c'en est une autre que d'avoir à respecter le plan
d'aménagement de l'est du Québec, particulièrement dans
les phénomènes de participation et de construction par la
collectivité. C'en est une autre que d'accepter l'idée que
l'ensemble des recommandations de l'entente signée en 1968 entre le
Canada et le Québec et qui prévoyait que l'ensemble de cela se
faisait sur cinq ans. C'en est également une autre que de se demander:
Que s'est-il passé entre la rédaction et les recommandations du
BAEQ et la signature de l'entente? Et c'est là qu'on verrait,
contrairement à ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce nous
disait hier, la différence qu'il y a entre les deux. Ce n'est parce que
le gouvernement du Québec n'a pas fait son devoir ou des propositions,
mais c'est tout simplement parce que ceux avec qui on négociait ces
propositions les ont refusées.
Il est regrettable que le ministre des Affaires municipales ne veuille
pas accepter cette idée de participation des citoyens dans cette
question du plan d'utilisation ou d'aménagement de leur région.
Quant à nous, nous sommes prêts à adopter cet article sur
division.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 17, adopté sur division. Article
19 devenu article 18, adopté sur division?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sur l'article 19, j'aurais
quelques questions à poser au ministre.
L'article 19, qui est l'article 18, se lit de la façon suivante:
"La ville est tenue, dans les vingt-quatre mois suivant la date fixée
à l'article 18, d'ordonner, suivant l'article 429 de la Loi des
cités et villes, la confection d'un plan directeur de tout le territoire
de la municipalité et de rendre ce plan obligatoire; le règlement
à cet effet ou tout règlement le modifiant ne requiert que la
seule approbation du ministre des Affaires municipales".
La première question que j'aimerais poser au ministre, s'il veut
bien éclairer les membres de cette Chambre: Est-ce qu'il verra à
placer, dans son budget, des sommes d'argent pour aider la municipalité
de Percé à financer la rédaction de ce plan directeur?
M. TESSIER: M. le Président, j'ai déjà
répondu, avant la suspension de la dernière séance,
qu'effectivement il y a, dans le budget de l'ODEQ, des sommes prévues
pour aider les municipalités du territoire à financer leur plan
directeur d'urbanisme. Sûrement que c'est mon intention d'accorder
à la ville de Percé des subventions substantielles pour la
confection du plan directeur d'urbanisme.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne sais pas s'il y en a
d'autres qui ont des questions à poser, mais je suis bien heureux de
constater que le ministre a l'intention de subventionner largement la
municipalité de Percé pour la rédaction de ce plan.
J'aimerais que le ministre nous explique pourquoi la fin de son article donne
au seul ministre des Affaires municipales le pouvoir d'accepter des
modifications au plan.
M. TESSIER: D'abord, c'est une politique que le ministère des
Affaires municipales entend entreprendre. C'est peut-être un premier pas
vers cette nouvelle politique que j'aurai l'occasion d'expliquer plus en
détail au cours de la prochaine session, lorsque je déposerai
devant cette Chambre une loi de l'urbanisme provincial. Cette loi s'appliquera
à toutes les municipalités et soumettra l'urbanisme à un
certain contrôle de la Commission municipale et du ministère des
Affaires municipales. Evidemment, dans le cas de Percé, comme d'ailleurs
dans celui de Gaspé je suis aussi bien de le dire tout de suite
c'est nouveau.
II s'agit d'un territoire qui est agrandi considérablement. Je
crois réellement qu'il faut exercer un certain contrôle, non pas
dans le but de les bloquer, loin de là, mais dans le but de les aider
à avoir un plan d'urbanisme, un plan directeur qui soit le mieux
conçu possible. C'est la raison pour laquelle nous voulons aider ces
deux municipalités.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ce sont des raisons que le
ministre avance et je les prends pour ce qu'elles valent. Mais, n'y aurait-il
pas lieu, pour éviter tout acte discrétionnaire ou arbitraire de
la part d'un ministre des Affaires municipales pas nécessairement
celui à qui je m'adresse de prévoir que cette approbation
ou surtout ces règlements les modifiant l'approbation, cela va
bien, ce sont les règlements les modifiant soient sous le
contrôle d'un organisme quelconque? C'est parce qu'il y a des cas
particuliers qui se soulèvent dans une région, et on veut avoir
une approbation pour aller à l'encontre du plan directeur. Ne serait-il
pas mieux qu'il y ait un conseil ou un organisme quelconque plutôt que la
seule autorisation du ministre? Je ne sais, le ministre pourrait recommander un
autre système que celui d'attacher à sa seule personne ce droit,
quand même dangereux.
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai aucune objection à
tenir compte de la suggestion du député de Montcalm. S'il
préfère que ce soit soumis à l'approbation de la
Commission municipale plutôt qu'au ministre des Affaires municipales, je
n'ai aucune objection.
M. MASSE (Montcalm): Je remercie le ministre de prendre de façon
positive cette remarque. Je crois que c'est une protection autant pour le
ministre que pour les administrés de la municipalité ou la
population en général. On sait le danger qu'il y a dans la
modification des règlements de plans d'urbanisme et les pressions que
les conseils municipaux ou, désormais, le ministre des Affaires
municipales devra subir. Je crois que, si le ministre est d'accord, l'article
pourrait être modifié, amendé ou amélioré,
comme vous voulez, en inscrivant: Après consultation ou après
approbation de la Commission municipale.
M. TESSIER: Comme je vous l'ai dit, je n 'ai aucune objection à
accepter vos recommandations. Suggérez un nouveau texte, préparez
un papillon.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que votre conseiller, le sous-ministre, peut
rédiger un projet d'amendement?
M. TESSIER: Ah non! Si c'est vous qui faites une recommandation, une
proposition pour amender le texte, je crois que c'est à vous de la
rédiger.
M. LESSARD: M. le Président...
M. PAUL: On s'aperçoit que le ministre ne veut pas
travailler.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Saguenay.
J'avais d'abord donné la parole au député de Saguenay. Je
m'excuse auprès...
M. PAUL: Cela ne fait rien, pourvu que vous me la donniez plus tard.
M. LESSARD: On dit, suivant l'article 429 de la Loi des cités et
villes: "... la confection d'un plan directeur de tout le territoire de la
municipalité, et de rendre ce plan obligatoire." Est-ce que, selon
l'article 429, par exemple, de la Loi des cités et villes, il y a des
modalités qui sont nécessaires à la municipalité et
au conseil municipal pour que ce plan devienne obligatoire?
C'est-à-dire, est-ce que la municipalité, une fois qu'elle a
préparé ce plan-là, doit obtenir l'autorisation ou
l'approbation de la population par la suite, ou si c'est simplement le conseil
municipal qui prépare ce plan-là et, par la suite, le soumet au
ministre?
M. TESSIER: L'article 429 ne prévoit pas qu'il est obligatoire de
soumettre le règlement à l'approbation de la population. C'est
tout simplement un règlement adopté par le conseil municipal, et
sans approbation de la part de la population.
M. LESSARD: Maintenant, étant donné que la confection d'un
tel plan directeur touche à l'ensemble des citoyens d'une
municipalité parce que, quand même, cela peut avoir des
conséquences énormes sur chacun des citoyens il me semble
qu'on devrait, un peu dans le même sens dont il a été
question tout à l'heure, prévoir un mécanisme qui oblige
la municipalité à expliquer ce plan à l'ensemble de la
population et en obtenir l'approbation.
M. TESSIER: Si vous avez une suggestion à faire pour amender cet
article, je n'ai pas d'objection.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre est rendu coopérateur, monsieur,
c'est à...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Oui, M. le Président, merci de me donner la parole. Cela
me fait plaisir... Pour me rendre à l'invitation qu'a faite le ministre
des Affaires municipales au brillant député de Montcalm, je
suggérerais que le texte de l'amendement proposé se lise comme
suit, à la quatrième ligne ou troisième ligne et demie, en
commençant vers la fin du paragraphe:, "Le règlement à cet
effet ou tout règlement le
modifiant devra être approuvé par la Commission
municipale." Ce n'est pas forçant, hein?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Discussion sur la motion d'amendement.
M. TESSIER: Je ferais tout de même une remarque...
M. PAUL: Je comprends que vous avez présumé qu'il aurait
fallu que je dise "que les mots suivants soient remplacés par..."
M. TESSIER: ... à mon savant collègue. Mais on peut
peut-être s'entendre sur ce texte-là. Si vous dites que
"devra"...
M. PAUL: Sera.
M. TESSIER: Devra être approuvé par la Commission
municipale, cela ne règle pas, je crois, tout le problème.
DES VOIX: Non.
M. TESSIER: II peut y avoir des échelons intermédiaires,
mais si mon honorable ami suggérait tout simplement "ne requiert que la
seule approbation de la Commission municipale", nous éviterions
peut-être, en remplaçant les mots "ministre des Affaires
municipales" par "Commission municipale".
M. PAUL: Du moment que le ministre est remplacé, ça nous
satisfait.
M. TESSIER: Bon, d'accord. Moi aussi, je suis parfaitement
satisfait.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'article 19 est donc amendé en
remplaçant les mots "du ministre des Affaires municipales" par "de la
Commission des affaires municipales".
M. SEGUIN: M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Robert-Baldwin.
M. SEGUIN: Ne voulant pas parler autrement qu'à titre
d'intéressé en ce qui concerne l'article 18, peu importe que ce
soit le ministre qui ait l'approbation du règlement ou que ce soit la
commission, c'est du pareil au même. Plus ça change, plus c'est la
même chose. Je voudrais demander au ministre ce qui a inspiré ce
changement à une procédure normale. Si nous avions pu
étudier cet après-midi l'article 18 avant l'article 17, nous
aurions probablement pu gagner beaucoup de temps, éliminer des
débats et des efforts pour la simple raison qu'à l'article 18 que
nous étudions présentement, il s'agissait tout simplement de
faire en sorte que ces municipalités soient régies par la
Loi des cités et villes, article 426 et 429, et qu'en instituant
une commission d'urbanisme, elles aient à préparer leur propre
plan. C'est tout à fait normal.
Le point que je voudrais surtout souligner ici se rattache directement
à l'amendement et à l'article tel qu'il est rédigé.
C'est que nous avons très souvent dans les municipalités des
demandes de changement ou d'amendement aux règlements existants.
Je pense qu'on est immédiatement frappés par la
quantité, par le nombre, le volume de tous ces changements. Très
souvent, dans une ville de 25,000, 30,000 ou 40,000 habitants, vous allez avoir
des demandes d'amendements au règlement de zonage trois, quatre ou cinq
fois par séance de conseil. Ces demandes d'amendements qui changent en
quelque sorte la nature du plan de base sans l'affecter sérieusement se
rapportent très souvent, par exemple, au "frontage", à la
profondeur de la cour arrière ou à l'éloignement de la
maison de la ligne de propriété.
De par leur nature, ce sont nécessairement des amendements au
plan directeur d'urbanisme de la ville. Il le faut, puisque, dans un plan de
zonage, vous déterminez la surface de terrain qu'occupera chaque maison.
Sans cela, vous n'avez pas un plan de zonage; vous avez peut-être un
schéma indiquant des secteurs qui seront réservés au
commerce, ou à l'industrie et d'autres où l'on construira des
parcs, des maisons unifamiliales, des duplex, des triplex, des appartements,
etc. Ce sont autant de zones bien distinctes.
Je voudrais savoir s'il est nécessaire aux municipalités
d'aller à la commission ou au ministère chaque fois qu'il y a un
amendement à apporter pour effectuer ces changements mineurs. Je vois
là non seulement une charge énorme pour le ministère, mais
aussi un problème très sérieux pour les administrateurs de
la municipalité. Si ces règlements ou ces changements ne sont pas
compris dans ce qu'on dit ici, je pense qu'il serait préférable
d'avoir un article qui l'indique parce que, tel que c'est rédigé,
tout ce qui affecterait le règlement serait compris.
M. TESSIER: Le député de Robert-Baldwin me permettra de
lui dire que je ne connais évidemment pas la charte de Pointe-Claire,
dont il est le maire. Je ne sais pas s'il y a, dans la charte, des articles qui
peuvent déroger à la Loi des cités et villes. Il y a une
distinction à faire entre le zonage et le plan directeur d'urbanisme
qui, lui, détermine le zonage à l'intérieur des limites de
la municipalité. Ce règlement, lors de son adoption, fait qu'il
n'est pas nécessaire de le soumettre à l'approbation des
contribuables propriétaires.
Toutefois, s'il survient, par la suite, des changements de zonage dans
le plan d'urbanisme, il faut alors les soumettre aux électeurs-
propriétaires des quartiers touchés, non seulement du
quartier où on fait le changement, mais même des quartiers de la
périphérie qui peuvent être touchés par ce
changement. C'est ce qui existe dans la Loi des cités et villes, et il
ne faut pas confondre ces changements de zonage avec les règlements de
construction. Le député de Robert-Baldwin a fait allusion
à la situation des maisons, qui, dans certaines rues, peuvent être
à quinze pieds de la ligne de lot; par règlement, le conseil
municipal peut décider de mettre cette ligne de construction à 25
pieds ou à 35 pieds. A ce moment-là, il ne s'agit pas d'un
changement au plan directeur d'urbanisme, mais uniquement d'un changement au
règlement de construction. Il n'est pas obligatoire de soumettre ce
règlement de construction, en aucun temps, d'après la Loi des
cités et villes, aux électeurs-propriétaires. Le conseil
de ville légifère en dernier ressort, sans qu'il soit obligatoire
de soumettre ces règlements.
Je crois qu'il faut faire la distinction entre amendement au plan
directeur, en ce qui concerne le zonage, et amendement au règlement de
construction, en ce qui concerne les lignes de construction ou
différentes autres modifications; cela relève du règlement
de construction, qui est bien différent du règlement de
zonage.
M. SEGUIN: M. le Président, je ne veux pas engager de discussion
avec le ministre et je ne fais pas de conflit; je ne mêle pas les deux
règlements. C'est entendu qu'un règlement de construction
pourvoit aux exigences et à la réglementation de la construction
à l'intérieur de la ville. On peut parler, par exemple, du code
national de la construction avec les amendements que la ville pourrait y
apporter. C'est ça qui devient le règlement de construction de la
municipalité et ça qui a été adopté par 26
p. c. ou 30 p. c. des municipalités de la province.
Maintenant, revenons à ce règlement de zonage ou au plan
directeur. Si le plan directeur est bien fait, il doit nécessairement
définir tous les différents secteurs, les différentes
zones. En définissant les zones, il faut aussi que ce plan directeur
définisse l'occupation du sol, la grandeur des bâtisses; il le
faut nécessairement.
M. TESSIER: Non, non, ce sont les règlements de construction.
C'est là qu'il faut faire la distinction. La nouvelle ville de
Percé sera soumise à la Loi des cités et villes. Par
conséquent, si le conseil municipal de la nouvelle ville décide
d'amender son plan directeur d'urbanisme par un nouveau zonage, à ce
moment-là, nécessairement, il devra le soumettre à
l'approbation des contribuables intéressés.
Si, par contre, elle décide de changer son règlement de
construction, alors elle est libre de le faire sans approbation des
contribuables-propriétaires et sans approbation de la Commission
municipale.
M. SEGUIN: C'est que toutes les villes dans mon voisinage font cette
distinction que je notais tout à l'heure. Alors je vois maintenant
pourquoi on reconnaît ces villes comme étant bien
administrées, c'est parce qu'elles font la distinction que j'ai voulu
faire.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 19 devenu article 18 tel
qu'amendé, adopté. Article 20 devenu article 19, adopté.
Article 21 devenu article 20, adopté?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sur cet article, je
tiendrais tout d'abord à féliciter le député de
Robert-Baldwin de son apport dans le débat. Je tiens à le
souligner, d'autant plus que ses interventions ont été
précises, claires et que ce n'est pas une question de prendre notre
souffle ou de ne pas prendre notre souffle, je tiens à souligner que
voilà un député libéral qui a lu la loi, qui avait
des choses à dire et qui n'a pas craint la ligne de parti, etc., et qui
s'est exprimé. Je pense que c'est à souligner, ça arrive
rarement. Alors je le souligne, M. le Président.
M. DROLET: C'est parce qu'il est tellement près des
créditistes. Le rapprochement du Ralliement créditiste, ce n'est
pas mauvais.
M. MASSE (Montcalm): Ce qui prouve qu'une étude sérieuse
d'un projet de loi, ce n'est pas nécessairement de l'obstruction, comme
le disent les gens d'en face. Ils s'imaginent qu'à chaque fois qu'on
étudie, c'est de l'obstruction. On n'est pas ici pour approuver
béatement les lois, mais pour les discuter.
Alors, pour cet article 20 ou 21, selon qu'on le prend, le ministre nous
propose la rédaction suivante: "Toute construction, reconstruction,
transofrmation, addition ou implantation nouvelle de bâtiments, sauf pour
fins agricoles sur des terres en culture, est prohibée dans la ville
jusqu'à la date de la publication, par le ministre des Affaires
municipales, dans la Gazette officielle du Québec, d'un avis de
l'entrée en vigueur des règlements visés à
l'article 20".
Je crois qu'à sa rédaction même ce texte apporte des
questions. Il est prévu à l'article 20 que la ville est tenue
d'adopter et de soumettre à l'approbation du ministre des Affaires
municipales le règlement prévu au paragraphe 2 de l'article 68,
et aux paragraphes 1, la), 2, 3, etc., de l'article 426 de la Loi des
cités et villes. Ces règlements ou tout règlement les
modifiant ne requièrent que l'approbation du ministre.
Première question: II va s'écouler combien de temps entre
le moment de l'approbation de la loi et le moment de la publication de l'avis
dans la Gazette officielle?
M. TESSIER: Deux à trois mois.
M. MASSE (Montcalm): Deux à trois mois.
Est-ce que le ministre ne craint pas que ce soit dangereux que, pendant
ces deux à trois mois, aucune construction, transformation, etc., n'ait
lieu dans la municipalité?
M.TESSIER: Non, ce n'est pas du tout dangereux parce que, dans tous les
cas d'urgence, l'administrateur a les pleins pouvoirs pour accorder le permis
de construction.
M. MASSE (Montcalm): Bon, voilà exactement ce qui est dit dans le
paragraphe 3. Evidemment il y a toujours le problème que si, dans deux
ou trois mois, les règlements ne sont pas passés, ça
prolonge la durée.
Maintenant, il y a la question suivante: il est bien écrit que,
toutefois l'administrateur peut permettre une dérogation au
présent article. Selon quels critères ou quelles normes, quelles
directives l'administrateur agira-t-il? Est-ce que le ministre va transmettre
une espèce de petit règlement de normes concernant la
discrétion que l'administrateur pourra employer selon tel ou tel cas, ou
s'il sera laissé libre, dans toute cette affaire, de permettre les
modifications aux maisons pendant cette durée?
M. TESSIER: L'administrateur est déjà en place, en vertu
du bill 29 au sujet du parc Forillon.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais on en nommait un.
M. TESSIER: C'est le même administrateur, et pour l'information du
député de Montcalm, il a reçu, évidemment, des
instructions. A chaque fois qu'il ne s'agit pas d'un taudis et que la demande
est valable, il accorde un permis. Depuis le mois d'août jusqu'au mois de
novembre inclusivement, l'administrateur a déjà accordé,
dans les environs de Gaspé et de Percé, 239 permis. Je peux vous
en donner le détail, par mois, ainsi de suite, si vous le voulez. En
somme, il faut laisser au bon jugement d'un fonctionnaire compétent le
soin de décider si oui ou non un permis doit être accordé
ou refusé.
M. DUMONT: M. le Président...
M. TESSIER: En somme, cela revient à dire que lorsqu'une
commission d'urbanisme sera créée dans la nouvelle ville, il y
aura là un gérant en charge de la commission d'urbanisme. C'est
lui qui sera chargé d'émettre les permis de construction
conformément au plan directeur d'urbanisme et conformément aux
règlements de zonage et aux règlements de construction. Lorsqu'il
reçoit une demande de permis, s'il voit que tout est conforme, il
accorde le permis. Si ce n'est pas conforme, il le refuse. C'est un
fonctionnaire municipal intérimaire. Ce rôle est rempli par un
fonctionnaire du ministère des Affaires municipales.
M. DUMONT: M. le Président, j'ai eu l'occasion, lors d'une
rencontre à tout hasard en Gaspésie, de connaftre cet
administrateur qui n'a pas caché ses opinions politiques et qui
était fier de dire qu'un parti puissant était au pouvoir. Il me
vient à l'idée une pensée. On dit bien que
"l'administrateur peut permettre une dérogation au présent
article." Est-ce qu'il ne peut pas y avoir un danger de permettre une
construction ou d'émettre un permis quelconque parce qu'un parti a
protégé ce soi-disant administrateur, comme je vous le dis, qui
ne s'est pas caché pour se vanter de ses opinions politiques?
M. TESSIER: M. le Président, si le député veut
m'apporter la preuve d'une intervention politique alors que l'administrateur
aurait, simplement à la suite de pressions politiques, accordé
des permis qu'il n'aurait pas dû accorder ou qu'il aurait refusé
des permis qu'il aurait dû accorder, je le prie de me soumettre ce
rapport et je verrai à agir en conséquence.
M. DUMONT: Nous prenons votre parole. M. DROLET: Vous allez le
punir!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, l'intervention du
député de Mégantic prouve le danger de ce genre de loi
discrétionnaire. Le moins qu'on aurait pu demander au ministre à
l'occasion de ce débat, aurait été de fournir aux
parlementaires, dans le dossier qu'il aurait dû nous soumettre, la copie
de l'information ou de la directive qu'il a donnée à
l'administrateur. Cela nous aurait éclairés.
M. TESSIER: Non, M. le Président, il n'y a aucune directive
spéciale. Nous avons actuellement à Gaspé et à
Percé, en vertu du bill 29, un administrateur du nom de Pierre Picard
qui était ci-devant administrateur nommé par l'Union Nationale
pour la municipalité de la basse Côte-Nord.
C'est un fonctionnaire, je crois, très consciencieux,
compétent que le gouvernement précédent, d'ailleurs, a
nommé comme administrateur de la basse Côte-Nord. Il a
manifesté le désir, après y avoir passé deux ans ou
deux ans et demi, de revenir sur la côte sud et d'agir comme
administrateur à Gaspé et à Percé. J'ai fait suite
à sa demande. Il est en fonction depuis maintenant trois mois, environ.
Je dois dire à cette Chambre que je n'ai reçu aucune plainte
à son sujet. Je crois qu'il remplit très bien sa fonction. Si
jamais j'avais des plaintes, je m'empresserais immédiatement de faire
enquête. Mais je crois que l'on doit se fier au bon jugement et à
l'expérience de ce fonctionnaire.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le ministre admettra qu'on
ne fait pas les lois en fonction du fonctionnaire qui est là, mais en
fonction des principes qu'on a à adopter.
L'administrateur peut être compétent ou incompétent,
en soi ce n'est pas l'objet de l'article 21.
Je trouve que le pouvoir est discrétionnaire. Il est dangereux
dans le sens qu'il est très large. D'autant plus que j'avais cru
comprendre que le ministre avait donné des directives sous sa signature
concernant l'acceptation ou non des constructions. Vous aviez dit qu'on verrait
si c'était un taudis ou non. Alors, il y a ou il n'y a pas de telles
directives. S'il n'y en a pas, je pense que le ministre serait avisé,
avec ses fonctionnaires, de rédiger je ne dirai pas un
règlement une série de normes que l'administrateur
pourrait appliquer dans la région. Si ces normes existent, c'est d'elles
que je parlais lorsque je disais que le ministre aurait aidé les
parlementaires s'il nous les avait soumises dans son dossier.
M. TESSIER: J'ai dit, M. le Président, qu'il n'y avait eu aucune
instruction spéciale. J'ai laissé à l'expérience et
au bon jugement de M. Picard d'émettre ou de ne pas émettre les
permis. Il me semble que c'est assez simple. En somme, il est là encore
pour combien de temps? Deux mois, peut-être, trois mois tout au plus.
Après, ce sera la municipalité elle-même qui se chargera de
l'émission des permis. Le fonctionnaire municipal le remplacera et lui
aussi, comme être humain, sera soumis aux pressions qui peuvent
s'exercer: Que ce soit un fonctionnaire municipal ou un fonctionnaire
provincial, je crois que cela ne change pas beaucoup la situation.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, il y a quelque chose que je trouve
extraordinaire dans les données de l'article 21. Lorsqu'on parle de
"toute construction, reconstruction, transformation, addition", on arrive,
à un moment donné, dans un sujet où on n'admet que les
transformations pour des fins agricoles. Alors que dans tout le reste du bill,
dans le préambule et pendant la première lecture, on nous a dit
qu'on devait éventuellement amener du grand modernisme à cet
endroit, à l'heure actuelle, on n'admet que les transformations et les
implantations nouvelles de bâtiments pour des fins agricoles. Cela veut
dire que, dans la pratique, si on veut modifier des bâtiments sur le
territoire concerné, il faut quand même être
cultivateur.
M. TESSIER: Non.
M. BOIS: Autrement, il n'en demeure pas moins qu'avec l'article tel
qu'il est rédigé ici, M. le Président...
M. TESSIER: Non, non. Si vous me le permettez, je vais
préciser.
M. BOIS: Oui. Allez, M. le ministre.
M. TESSIER: Cela évitera peut-être une longue discussion
inutile.
Dans le cas des constructions, modifications ou transformations sur des
terres, il n'y a aucun contrôle. Si un cultivateur veut faire une annexe
à sa grange, il n 'a pas de permission à demander. Seulement,
s'il s'agit d'autres constructions domiciliaires ou commerciales, pour des fins
autres qu'agricoles, il doit demander à l'administrateur un permis de
construction ou de modification.
M. BOIS: M. le Président, je m'excuse, mais je dois quand
même différer d'opinion avec l'honorable ministre.
M. TESSIER: C'est ça que l'article dit; écoutez, ce n'est
pas moi qui l'invente. Lisez l'article. C'est ça qu'il dit.
M. BOIS: M. le Président, je m'excuse, mais je dois
différer d'opinion, parce qu'on dit dans l'article: ... "sauf pour fins
agricoles sur des terres en culture, est prohibée dans la ville
jusqu'à la date de la publication."
Ici, je demande considération absolue de cet article. Demain,
quelqu'un peut vouloir acheter une terre dans l'endroit concerné sans
qu'elle soit nécessairement en culture. Mais, l'acheteur, celui qui veut
se porter acquéreur de la terre, veut faire de l'agriculture. Cela veut
dire que cet homme-là, demain matin, devient aliéné
automatiquement de l'ambition qu'il aurait de se procurer une terre sur
laquelle il voudrait faire de l'agriculture. Parce qu'on mentionne ici, "toute
construction, reconstruction... ou implantation nouvelle de bâtiments,
sauf pour fins agricoles sur des terres en culture". Mais qui va prouver que,
celui qui a acheté, c'est pour des fins agricoles ou que ce n'est pas
pour des fins agricoles? C'est ça que j'aimerais savoir.
M. TESSIER: Bien oui, mais c'est bien simple. Je ne vois pas pourquoi on
fend les cheveux en quatre. Il n'y a rien qui prohibe la vente ou la location
d'une terre. Le nouveau propriétaire ou le nouveau locataire d'une
terre, s'il la cultive on dit bien "sauf pour des fins agricoles sur des
terres en culture" s'il continue à cultiver la terre, il peut
faire toutes les transformations qu'il veut aux bâtiments, sans demander
la permission à personne.
Mais, si après s'être porté acquéreur de
cette terre, il décide d'en vendre un lopin pour fins de construction
domiciliaire ou commerciale, d'en détacher un morceau, il devra avoir un
permis de construction de l'administrateur.
M. BOIS: Je donne absolument raison à l'honorable ministre des
Affaires municipales ici, mais par contre n'applaudissez pas trop
vite, s'il vous plaît dès qu'on arrive à la
question d'implantation nouvelle de bâtiments, c'est
précisément là le problème. On verra que le
prestige ou l'autorité d'un seul homme sera suffisant pour refuser
quelqu'un qui, vraiment, veut devenir agriculteur ou quelqu'un qui, vraiment,
veut cultiver la terre pour les fins auxquelles elle doit servir. C'est
justement là qu'on se servira de l'article 21 pour imposer une opinion
ou un jugement qui sera encore à l'extérieur des cadres de cet
article, parce qu'on dit "implantation nouvelle". Il reste le fait que c'est
laissé à la décision d'une seule personne, dans la majeure
partie des cas. C'est sur ce fait et surtout sur cette question d'implantation
nouvelle que je m'oppose. On n'a pas à juger des intentions d'un
individu. C'est comme quelqu'un qui serait qualifié en droit, mais qui,
dans la pratique, jugerait une cause par année. Il n'en est pas moins un
juge, M. le ministre.
M. TESSIER: Adopté sur division?
M. MASSE (Montcalm): Tout à l'heure, le ministre nous a
vanté l'administrateur et il nous a expliqué qu'il n'avait pas
besoin de directives, parce que l'administrateur était bon. Par contre,
on approuve ce texte pour Percé. Il y en a un autre pour Gaspé.
Il y en a d'autres qui vont venir. On n'est quand même pas pour promener
l'administrateur partout à travers la province, à chaque fois
qu'il y aura une loi semblable. Elles sont toutes similaires, les lois.
M. TESSIER: Non, je veux préciser tout de même, pour le
bénéfice du député de Montcalm, que
l'administrateur, je l'ai dit avant la suspension des travaux, sera le
même pour Gaspé et Percé. Il ne s'agit pas de le promener
à travers la province. Ce n'est certainement pas le même qui sera
nommé à Sainte-Scholastique, c'est évident.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre pourrait prendre tout
simplement en considération ma suggestion? Ce n'est pas du tout un
amendement à la loi.
Etant donné que ce citre d'administrateur avec ce type de pouvoir
va être de plus en plus fréquent dans l'organisation des
communautés locales, serait-ce trop demander au ministre que de voir
s'il ne pourrait pas y avoir à son ministère des fonctionnaires
qui rédigeraient une espèce de directive concernant l'application
de cette sorte d'article pour les administrateurs, lorsqu'il y aura lieu, et
faire en sorte que, même s'il faut puisque le ministre nous
explique que c'est nécessaire qu'il y ait un pouvoir
discrétionnaire que celui à qui on donne ce pouvoir
discrétionnaire puisse s'entourer de certaines normes dans son jugement,
d'un cadre, afin de ne pas faire en sorte qu'à un moment donné,
pouf! il éclate un scandale dans une municipalité parce que
l'administra- teur croyait qu'il était bon d'autoriser ou de ne pas
autoriser, et que, par contre, le ministre, lui, aurait été
d'accord, mais que le bonhomme n'a jamais eu de directive?
Alors, c'est autant pour la protection du ministre que pour la
protection du fonctionnaire et pour la protection de la population que je
prierais le ministre, au nom de mon parti et de l'Opposition, de voir s'il
était possible de rédiger un tel papier.
M. TESSIER: Je prends bonne note de cette suggestion.
M. MASSE (Montcalm): Je remercie le ministre de sa coopération
positive.
M. LESSARD: Sur ce sujet nous sommes aussi d'accord. C'est là un
pouvoir extrêmement discrétionnaire qu'on laisse à
l'individu. Alors je pense bien que, même étant donné qu'il
y aura d'autres regroupements qui se feront dans ce sens-là, nous ne
pouvons quand même pas laisser à une personne seulement le soin de
décider de déroger à la loi.
M. LE PRESIDENT (Brown): Adopté. M. MASSE (Montcalm):
Numéro 22.
M. LE PRESIDENT (Brown): Article 22 adopté.
M. MASSE (Montcalm): Oui.
M. LE PRESIDENT (Brown): Adopté. Article 23, adopté?
M. MASSE (Montcalm): Oui.
M. LE PRESIDENT (Brown): Adopté.
M. MASSE (Montcalm): L'article suivant, M. le Président.
M. LEVESQUE: Cet article est biffé.
M. MASSE (Montcalm): C'est-à-dire concernant le ministre de
l'Education.
M. BERTRAND: Vous l'enlevez. M. TETLEY: Biffé
complètement.
M. MASSE (Montcalm): Au sujet de l'éducation.
UNE VOIX: L'article 24 qui devient 23.
M. MASSE (Montcalm): L'article 23 qui devient 22.
Dans cet article, nous trouvons que le gouvernement "peut, sur
recommandation du ministre de l'Education, constituer de nouvelles
municipalités scolaires, diviser, annexer, fusionner les
municipalités scolaires ou en changer les limites dans le territoire
décrit à l'annexe A, de la présente loi, nonobstant les
dispositions de l'article 46 de la Loi de l'instruction publique". Le ministre
peut-il nous expliquer pourquoi ce pouvoir est nécessaire au
gouvernement nonobstant l'article 46? Pour quelles raisons?
M. TESSIER: C'est parce que, M. le Président, en vertu de
l'article 46 de la Loi de l'instruction publique, une division, annexion,
fusion ou changement de limites ne peut être effectué qu'à
la suite d'une résolution des commissaires ou des syndics
d'écoles de chaque municipalité scolaire concernée,
etc.
Alors, cela veut dire que si une commission scolaire, dans les cinq
municipalités qui sont fusionnées, s'opposait, cela voudrait dire
que le ministre de l'Education ne pourrait pas, à ce moment-là,
former une commission scolaire qui serait en concordance avec les limites
territoriales de la nouvelle municipalité. C'est justement pour
permettre de déroger à l'article 46, pour permettre au ministre
de l'Education d'avoir une commission scolaire dont les limites territoriales
coïncideront avec les limites de la nouvelle municipalité.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ce que je m'explique mal,
c'est pourquoi le ministre tient pour acquis que les gens vont s'y opposer?
M. TESSIER: Je ne le tiens pas pour acquis, mais nous prévoyons;
nous voulons enlever au ministre de l'Education certaines difficultés
dans sa nouvelle structure scolaire. C'est parce que nous, du gouvernement
libéral, nous nous entendons entre ministres, contrairement à
l'Union Nationale. Dans l'Union Nationale, c'était la division la plus
complète, alors que, dans le Parti libéral, c'est l'accord le
plus complet.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, la seule entente qu'il y a
entre deux ministres du Parti libéral, c'est de s'entendre sur le dos de
la population. Je ne pense pas que ce soit là un...
M. TESSIER: Cela, M. le Président, le député de
Montcalm est le seul à le dire. Et non pas la population.
M. LE PRESIDENT (Brown): Adopté.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre s'est mis dans une sorte de
colère.
M. LESSARD: M. le Président, depuis le début de cette
séance, les discussions se présentaient assez bien. Il ne
faudrait quand même pas mettre de l'animosité et faire des
interventions qui amènent des débats, si nous voulons nous en
sortir.
M. TESSIER: Vous en avez fait assez, d'animation!
M. LESSARD: Selon les explications qui nous sont données par le
ministre, cela voudrait dire que, simplement sur recommandation du
ministère de l'Education, on pourrait constituer de nouvelles
commissions scolaires. Est-ce que cela veut dire aussi que les gens qui sont
soumis à ces commissions scolaires, un peu comme je le disais tout
à l'heure pour l'administrateur et un peu comme on pouvait le faire
remarquer, par exemple, pour un autre article qui laisse beaucoup de pouvoirs
discrétionnaires, seront consultés?
Pour ma part, je voudrais savoir si les gens vont être
consultés. Il reste que même si globalement je suis favorable
à ce projet de loi, on sent quand même que tout cela est fait de
façon assez discrétionnaire sans doute pour limiter certaines
lourdeurs à l'intérieur de l'administration. A vouloir aller trop
vite, bien souvent, on crée dans la population certain
mécontentement. Je me rappelle très bien avoir demandé au
ministre en cette Chambre, lors de l'étude du projet du parc Forillon,
si toutes les personnes avaient été consultées. On avait
répondu qu'on avait consulté chacune des personnes. Pourtant,
quelques semaines après je constatais dans les journaux qu'une grande
partie de la population n'acceptait pas cette chose.
C'est pourquoi je pose ma question: Est-ce que l'on prévoit, si
l'on fait abstraction des dispositions de l'article 46, que la population sera
consultée dans ces décisions? On sait que certaines commissions
scolaires dans mon comté ou ailleurs, ont été
formées et que la population est aujourd'hui extrêmement
mécontente de cette situation.
M. TESSIER: M. le Président, le ministre de l'Education a
déjà annoncé de nouvelles structures scolaires. Il a
annoncé, d'ailleurs, à plusieurs reprises son intention de
regrouper un certain nombre de commissions scolaires à travers le
territoire du Québec. Maintenant, quelle est son intention de
consultation ou de non-consultation? Je ne peux pas répondre pour le
ministre de l'Education. Il est sûr qu'au cours de la prochaine session
le ministre de l'Education, comme il l'a déclaré à
quelques reprises, présentera une loi à ce sujet, une loi-cadre
du regroupement scolaire. Je suggérerais à mon honorable ami de
réserver sa question pour ce moment, alors qu'il pourra la poser au
ministre de l'Education.
M. LESSARD: M. le Président, on réserve une question
à une décision qui sera prise plus tard. A ce moment-là,
on l'aura approuvé, l'Article 23...
M. TESSIER: Non, mais...
M. LESSARD: ... et le règlement du ministère de
l'Education quel qu'il soit, ne pourra plus être changé.
M. TESSIER: II faut tout de même faire une distinction.
M. LESSARD: Vous nous demandez un mandat en blanc.
M. TESSIER: L'article 23 ne crée pas une commission scolaire
nouvelle. L'article 23 dit simplement que le ministre de l'Education
cela revient à dire cela pourra, avec une nouvelle structuration
des commissions scolaires, créer une commission scolaire dont le
territoire sera identique à celui de la municipalité. Cela ne
crée pas une commission scolaire.
M. LEGER: M. le Président, il pourra y avoir plusieurs
commissions scolaires à l'intérieur des limites de la ville.
M. TESSIER: C'est possible, oui.
M. MASSE (Montcalm): Ce qu'il y a de foncièrement dangereux dans
cet article...
UNE VOIX: Adopté.
M. MASSE (Montcalm): ... c'est de tenir pour acquis qu'une partie de la
population s'opposerait au regroupement scolaire. C'est parce qu'on tient pour
acquis qu'il y a une partie de la population qui va s'opposer qu'on demande de
ne pas tenir compte de l'article 46 de la Loi de l'instruction publique.
Pour mes savants collègues d'en face qui n'ont probablement
jamais lu cet article 46, l'article 46 dit la même chose, sauf que cela
doit se faire avec l'acceptation de la population. On tient donc pour acquis
que la population va s'opposer au regroupement scolaire parce qu'on dit...
M. TESSIER: Vous l'avez mal lu, l'article 46.
M. MASSE (Montcalm): ... qu'on ne tient pas compte de la population.
M. TESSIER: Lisez l'article 46 et vous allez voir que la population
n'est pas consultée.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. TESSIER: Vous n'avez jamais lu l'article 46.
M. MASSE (Montcalm): ... la population est consultée par ses
représentants.
M. TESSIER: Je mets, M. le Président, le député de
Montcalm au défi de me montrer où, dans l'article 46, la
population doit être consultée.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, la population est
consultée par ses représentants, dans l'article 46. Je ne vois
pas pourquoi.
M. TESSIER: Ah! La population est consultée par les commissaires
d'écoles. Qu'est-ce que c'est qu'il lit?
M. MASSE (Montcalm): Tout le système scolaire du Québec
est basé sur ce fait qu'il y a des pouvoirs
délégués qu'on appelle les commissions scolaires...
M. TESSIER: Or, si vous prenez ce principe là...
M. PAUL: M. le Président sur un point de règlement. Mon
"shift" commence seulement à neuf heures et demie, je ne serai pas long
M. le Président, invitez le ministre des Affaires municipales à
vous respecter; vous représentez l'autorité, il n'a pas le droit
d'intervenir comme il le fait actuellement, invitez-le au calme. Actuellement,
c'est le député de Montcalm qui a la parole.
M. TESSIER: Je serai très calme, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Brown): A l'ordre! C'était le
député de Montcalm qui avait la parole.
M. PAUL: Bon!
M. MASSE (Montcalm): L'argumentation est simple, je ne vois pas
pourquoi, régulièrement en cette Chambre, quand on apporte au
ministre les dangers et les inconvénients que comporte sa loi...
M. TESSIER : Est-ce que le député de Montcalm me
permettrait une question?
M. MASSE (Montcalm): Vous voyez, M. le Président.
M. TESSIER: Non, mais je demande la permission.
M. MASSE (Montcalm): Je vous la donne, vous allez la prendre de toute
façon, alors...
M. TESSIER: Je remercie le député de Montcalm. Lorsque
vous dites que la commission scolaire représente la population, est-ce
que vous ne devez pas admettre à ce moment-là que le conseil
municipal également représente la population?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président,
vous parlez d'un sophisme! Je me demande pourquoi un homme
sérieux comme le ministre de l'Industrie et du Commerce applaudit
à un sophisme aussi stupide.
M. LEVESQUE: J'applaudis devant votre déconfiture.
M. MASSE (Montcalm): Ecoutez, quand même, ce que vient de dire le
ministre des Affaires municipales. Il est vrai que le conseil municipal
représente la population. Il est aussi vrai que le conseil de la
commission scolaire la représente. Chacun dans son domaine, et nous
parlons d'un domaine scolaire. Que le gouvernement n'ait pas de raisons
sérieuses de proposer son projet de loi, cela se peut, mais de là
à essayer de le prouver avec des idioties ou des sophismes semblables,
il y a quand même une limite que le ministre de l'Industrie et du
Commerce lui-même ne peut pas accepter. Je suis convaincu que c'est par
distraction qu'il a applaudi au sophisme de son collègue.
M. LE PRESIDENT (Brown): Le bill, le bill. UNE VOIX: Un appui au
congrès.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, la demande est simple. Je
sais que les membres du gouvernement sont fatigués, pressés
d'aller en vacances...
UNE VOIX: Le député de Montcalm perd donc du temps!
M. MASSE (Montcalm): ... mais ça ne nous oblige pas à
adopter des lois sans même savoir pourquoi on les adopterait. Cela ne
nous oblige pas à adopter...
M. TESSIER: Cela ne me surprend pas que vous soyez en train d'adopter
des lois sans rien comprendre de ce qu'il y a dedans. Cela parait, à
part ça.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que l'honorable ministre des
Affaires municipales pourrait retenir ses expressions. S'il n'a pas de
considération pour les députés de l'Opposition, qu'il en
ait au moins pour ses propres collègues qui siègent dans son
parti. Quand il prétend que nous...
M. MARCHAND: Nous, nous ne nous plaignons pas.
M. PAUL: Vous, allez-vous en donc avec les Pee-Wee, les optimistes. Ne
nous faites pas assister ce soir à un clystère intellectuel.
M. MARCHAND: Non, mais ça fait assez longtemps qu'on entend vos
balivernes qu'on ne se plaint pas, nous non plus.
M. PAUL: Je dis, M. le Président, que le ministre des Affaires
municipales n'a pas le droit de porter des jugements sur l'esprit de travail
des députés dans cette Chambre, même s'il y en a de son
côté qui n'ont pas trouvé d'autres moyens de participer au
débat que par une participation tapageuse. Vous ne...
UNE VOIX: Vous m'avez l'air "marabout."
M. PAUL: ... voyez absolument rien de constructif de la part de la
majorité des députés qui siègent à votre
droite, M. le Président, si ce n'est que par des interruptions
saugrenues. Ils n'ont pas le courage de se lever puis de demander la parole et
de participer au débat.
M. TETLEY: Je demande la parole, M. le Président.
M. PAUL: M. le Président...
M. TESSIER: M. le Président, une question de
privilège.
M. PAUL: Ah!
M. TESSIER: J'ai été visé et je veux simplement
dire, M. le Président, que je ne veux pas participer, en tant que
député dans cette Chambre, à la campagne à la
"chefferie". de l'Union Nationale du député de Montcalm.
M. PAUL: Une chose est certaine, nous n'accepterons jamais de...
M. TETLEY: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Brown): A l'ordre! Nous discutons l'article 23 du bill.
Le député de Montcalm.
M. TETLEY: Je demande la parole en vertu de l'article 348. C'est mon
droit.
M. PAUL: Quel article?
M. TETLEY: Parce que l'autre a déjà parlé sur le
même sujet.
M. PAUL: M. le Président, en vertu de l'article 358, on a le
droit de parler une heure sur chaque article. Apprenez ça en
passant.
M. MASSE (Montcalm): J'ai été interrompu par le ministre.
Je lui ai donné la parole. Je ne vois pas pourquoi je n'ai pas le droit
de la reprendre.
M. PAUL: Vous avez le droit de parler une heure sur chaque article.
M. MASSE (Montcalm): Si le ministre veut
parler, je n'ai pas d'objection, mais peut-il me laisser terminer mon
intervention?
M. TETLEY: M. le Président, j'ai accepté le défi de
l'honorable député de Maskinongé parce qu'il
n'était pas ici cet après-midi et il n'a pas vu l'espèce
de cirque qui s'est passé de son côté de la Chambre.
M. PAUL: M. le Président, sur une question de
privilège.
DES VOIX: Quel article?
M.PAUL: Non, il n'y a pas de question de priviliège.
DES VOIX: Ah!
M. PAUL: Je fais un appel au règlement, M. le
Président.
M. TETLEY: Bon. UNE VOIX: Quel article?
M. PAUL: Cet après-midi, on a remarqué mon absence.
J'avais prévenu mes collègues que je serais absent de quatre
heures et demie jusqu'au début de la séance de ce soir. Je suis
allé étudier d'autres projets de loi. On n'est pas obligé
d'appeler quorum, comme ça s'est passé cet après-midi
surtout par suite de l'indifférence complète et totale des
députés qui siègent à votre droite, M. le
Président.
M. GARNEAU: ... Il avait deux députés de l'Union nationale
après-midi.
M. LE PRESIDENT (Brown): A l'ordre!
M. TETLEY: Ce n'était pas un point d'ordre, parce que
j'étais prêt à féliciter...
M. LE PRESIDENT (Brown): A l'ordre! Nous discutons la loi, on a
commencé avec cette affaire. Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je vous remercie, je
reconnais là votre sens du jugement. Quel est l'objet de la discussion
de l'article 23? C'est que le ministre demande des pouvoirs
discrétionnaires pour Percé en fonction de la Loi
générale du Québec. La Loi générale du
Québec dit que le lieutenant-gouverneur peut, sur recommandation du
ministre, proposer des annexions et autres fusions pour les commissions
scolaires, après qu'il y eu approbation des élus de la
population, les commissaires d'écoles.
La question que nous posons, puisque le ministre avec son projet de loi
66, fera de cette région un domaine d'exception, est celle-ci. Nous lui
demandons une chose tout à fait normale et simple qui n'est aucunement
de l'obstruction; nous demandons pourquoi il est nécessaire de
déroger dans cette région de Percé à la loi
générale pour l'ensemble du Québec et d'empêcher par
la législation les commissaires d'écoles de cette région
de Percé de se prononcer sur la fusion.
Et voici les questions que nous nous posons: Est-ce que le ministre
craint que les commissaires d'écoles s'opposent à des fusions?
Pourquoi le craint-il, si tel est le cas? Est-ce que ces gens-là sont
contre l'idée de fusion des commissaires d'écoles, et que nous
devons le leur imposer par cette législation? Quelles sont les raisons
qui ont motivé la rédaction de cet article? Je ne crois pas ce
soient là des questions auxquelles il est difficile de répondre.
Ou il y a des raisons et le ministre nous les explique, ou il n'y a pas de
raison. Et partant du moment où il n'y a pas de raison, pourquoi
l'inscrire dans un projet de loi, s'il n'y a pas de raison de déroger
à la loi générale?
C'est simple comme question. J'espère que la réponse du
ministre sera aussi claire que la question. Et partant de là, il sera
facile d'approuver son projet de loi.
M. TESSIER: La réponse va être très claire,
cherchez-la la raison.
M. MASSE (Montcalm): Ah! M. le Président...
M. BERTRAND: Cela, c'est insipide.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, on remarquera le peu de
sérieux des législateurs du gouvernement quand ils nous proposent
à la dernière minute de la session des projets de loi qui sont
fort importants. Et pourquoi sont-ils importants, ces projets de loi? A
plusieurs reprises, le ministre nous l'a laissé entendre: c'est que ce
sont là...
M. LEVESQUE: Communauté urbaine de Montréal.
M. MASSE (Montcalm): ... les pièces maîtresses pour les
autres...
M. LEVESQUE: Communauté urbaine de l'Outaouais.
M. MASSE (Montcalm): ... projets de loi. Or, nous demandons au ministre
des explications sur les motifs qui l'autoriseraient à avoir des
pouvoirs particuliers par rapport aux lois générales. Or,
qu'est-ce qu'il nous répond. Il nous répond tout simplement d'une
façon que je ne qualifie pas, parce que ce serait
antiparlementaire...
UNE VOIX: Le député de Montcalm a sorti des bills
importants pendant quatre ans.
M. MASSE (Montcalm): ... le moins que je puisse dire, c'est que ce n'est
pas sérieux. Si c'est de cette façon-là que le
gouvernement entend légiférer, je comprends pourquoi il tente de
passer à la sauvette ces projets de loi.
C'est parce qu'ils sont mauvais. Pourquoi gronder continuellement comme
on le fait depuis 48 heures, parce que les députés de
l'Opposition font leur travail de législateurs, attirent l'attention de
leurs collègues...
M. TESSIER: Ah! Ah!
M. MASSE (Montcalm): ... sur les dangers de leurs projets de loi et
expliquent à la population leur portée dangereuse?
M. TESSIER: Ah, ah!
M. MASSE (Montcalm): A ça, tout ce que le ministre peut
répondre c'est: Ah! Ah! Ah! en se tapant sur le ventre comme un
père Noël!
M. BERTRAND: M. le Président... M. MASSE (Montcalm): C'est
ridicule.
M. TESSIER: Arrêtez donc de faire l'acteur!
M. BERTRAND: ... je crois que, pour la dignité de la Chambre, le
ministre devrait répondre. Le député de Montcalm lui a
posé une question polie sur un problème important. Pourquoi
déroge-t-il à la loi générale dans le domaine des
fusions ou des annexions des commissions scolaires? Le ministre répond:
Cherchez-la, la raison. On n'acceptera pas de réponse comme
celle-là! Le ministre va donner une réponse ou nous allons faire
de l'obstruction. C'est clair!
M. TESSIER: M. le Président, le chef de l'Opposition nous annonce
qu'il va faire de l'obstruction. Cela fait trois jours que l'Union Nationale en
fait. Alors, celle-là, elle n'est pas nouvelle. Mais, je vais me
répéter.
UNE VOIX: Encore!
M. TESSIER: ... parce qu'il semble que, du côté de l'Union
Nationale, on n'a pas encore compris qu'il y a une collaboration très
étroite entre les différents ministres dans le présent
gouvernement. Le ministre de l'Education a annoncé, à plusieurs
reprises, son intention de faire une réforme scolaire. La politique
actuelle au ministère de l'Education, en collaboration et après
études, avec le ministre des Affaires municipales j'ai eu
l'occasion de le mentionner, d'ailleurs, à quelques reprises au sujet du
projet de livre blanc c'est que, dorénavant, les limites des
commissions scolaires puissent coïncider avec celles des
municipalités. Contraire- ment à ce que le député
de Montcalm a mentionné tout à l'heure, ce n'est pas un pouvoir
qui m'est donné, à moi, en tant que ministre des Affaires
municipales.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux poser une question
au ministre?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Laissez terminer le ministre et vous
poserez votre question après.
M. TESSIER: C'est un pouvoir qui est donné au
lieutenant-gouverneur en conseil, sur recommandation non pas du ministre des
Affaires municipales, mais du ministre de l'Education, de créer, dans
cette nouvelle ville, une nouvelle commission scolaire dont les limites vont
coïncider avec celles de la ville. Il semble que c'est logique. Il semble
que c'est le simple bon sens, c'est de la planification. Il ne faudrait pas
que, parce que, sur cinq commissions scolaires, il y en a une seule, à
un moment donné, qui s'oppose, pour quelque raison que ce soit, cela
vous empêche de regrouper les cinq commissions scolaires en une seule,
comme on le fait présentement au point de vue des
municipalités.
M. LEVESQUE: II y a 5,000 habitants.
M. TESSIER: C'est ça, 5,000 habitants. Alors, il me semble que
c'est la logique même et je m'étonne que le député
de Montcalm ne puisse pas comprendre le bon sens en ce qui concerne le
regroupement tant municipal que scolaire.
M. LEGER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: ... est-ce que je pourrais poser une question au ministre? Sur
ce que vient de dire le ministre, je suis parfaitement d'accord, mais cela ne
répond pas à la question qui est posée. Attendez,
n'applaudissez pas tout de suite; ce n'est pas fini. Que ce soit le ministre de
l'Education ou le ministre des Affaires municipales, pour quelles raisons n'y
aurait-il pas, quand même, une consultation, selon l'article 46 qui dit
que les commissaires pourraient être consultés? Alors, pour
quelles raisons ne pourraient-ils pas être consultés quand
même? Cela ne répond pas à la question.
M. TESSIER: Oui, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas
consultation, M. le Président. Cela veut dire, cependant, que si, comme
je l'ai mentionné il y a un instant, il y a quatre commissions scolaires
qui sont d'accord et qu'il y en a une qui n'est pas d'accord, à ce
moment-là, on doit, en démocratie, tenir compte de l'opinion de
la majorité des gens concernés.
Si c'est quatre contre un, je crois qu'à ce moment-là, en
toute logique, en toute démocratie et en toute équité,
respectant l'opinion de la majorité, il y a lieu de les former en une
seule commission scolaire.
M. LESSARD: M. le Président, je suis bien d'accord. Nous ne
voulons pas, nous, faire de l'obstruction systématique. Ce n'est pas du
tout notre intention. D'ailleurs, comme je le soulignais tout à l'heure,
je pense que, depuis le début de cette séance, cela allait
très bien dans les discussions. Alors, de l'autre côté de
la Chambre, nous vous demandons aussi de continuer dans le même sens.
Mais moi, la question que je me pose, c'est qu'étant donné
qu'on enlève l'article 46 combien est-ce que cela prendra de commissions
scolaires? Est-ce que cela en prendra trois sur cinq, deux sur cinq, quatre sur
cinq? Est-ce qu'on enlève l'article 46 seulement à cause du fait
que, peut-être, une commission scolaire peut empêcher le
regroupement? Qu'est-ce qui nous dit qu'il y aura une consultation
véritable? Qu'est-ce qui nous dit qu'on ne viendra pas à sens
unique, du côté du ministère de l'Education comme tel,
imposer le regroupement à des commissions scolaires?
C'est dans ce sens, M. le Président, que nous voulons savoir
où est la démocratie. Comment ce regroupement scolaire se
fera-t-il? C'est cela qui est fondamental. Nous sommes complètement
d'accord avec le bill, comme tel. Mais, nous sentons, peut-être pour
simplifier les procédures, peut-être pour aller plus vite, qu'il y
a de la discrétion, qu'il y a énormément de mesures
discrétionnaires. Il y a énormément de choses qui
étaient auparavant prévues par la loi et qu'on enlève
à ces municipalités. Pourquoi les leur enlève-t-on? Parce
que cela allait mal, avant?
Et, aujourd'hui, on nous dit tout simplement: Bien voici, il y aura un
projet de loi, prochainement, en ce qui concerne le regroupement des
commissions scolaires. D'accord, mais nous adoptons un article auquel nous
serons soumis, par la suite, parce que nous l'aurons adopté.
Sans vouloir faire d'obstruction systématique, pour ma part, le
fait qu'on enlève l'article 46 de la Loi de l'instruction publique ne me
plaît pas. Qu'on prévoie, au moins, un autre système de
consultation auprès des commissions scolaires. Mais, on ne nous dit
absolument pas du tout comment se fera cette consultation.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, nos amis d'en face devraient se
rendre compte que la réforme scolaire volontaire est en cours depuis
deux ou trois ans. Elle n'a guère marqué de résultats
jusqu'à maintenant, pour la bonne raison qu'une seule commission
scolaire dans un groupe peut bloquer une fusion.
Dans les nouvelles communautés urbaines et régionales, il
faudra absolument que le territoire scolaire corresponde au territoire
municipal. Etant donné que nous allons employer les facilités
scolaires pour le domaine des loisirs et que les écoles seront
intégrées, qu'on pourra se servir des locaux, des
équipements, il est absolument important que le territoire couvert par
la communauté scolaire soit le même que le territoire de la
municipalité régionale.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, est-ce que le député de
l'Assomption parle au nom du ministre de l'Education, à ce
moment-ci?
M. PERREAULT: Je parle en mon nom personnel, à titre de
député de l'Assomption.
M. DUMONT: Mais, vous annoncez le projet de loi comme tel, comme le
député des Iles-de-la-Madeleine l'a fait pour le projet de loi
65.
M. PERREAULT: Je n'annonce aucun projet de loi. J'annonce le bon
sens.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense que le
gouvernement a laissé percer son intention. C'est bien vrai lorsque je
dis que, depuis le début de ce débat, chaque article de ce projet
de loi est un article de portée générale qui s'applique
dans ce cas particulier, mais qui sera de portée générale.
Encore une fois, cela se confirme. Le gouvernement vient d'exprimer clairement
son intention de présenter un projet de loi pour forcer le regroupement
des commissions scolaires, peu importent les intérêts, les
intentions des gens, selon la décision, et la décision seule du
ministère de l'Education. Je crois que c'est cela l'intention du
gouvernement. Ils viennent de l'exprimer.
M. le Président, pour reprendre les suggestions qui ont
été faites...
M. LEVESQUE: Vous aurez amplement l'occasion de poser la question au
ministre de l'Education, si vous restez avec nous.
M. MASSE (Montcalm): Si votre collègue, le ministre de
l'Education, était en Chambre, je pourrais lui poser la question. Mais
comme d'habitude, il brille par son absence. Je ne peux pas lui poser la
question et, deuxièmement, c'est le ministre des Affaires municipales
qui le demande dans un projet de loi qu'il parraine lui-même. Il devrait
savoir au moins ce qu'il nous demande de voter.
M. LEVESQUE: Le ministre de l'Education
était ici aujourd'hui. Vous avez eu amplement l'occasion de lui
poser la question.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le leader parlementaire
aurait été le premier à se lever, comme un ressort, de son
siège pour crier: A l'ordre! On n'est pas à cet article. Nous
sommes maintenant à l'article et je ne vois pas le ministre de
l'Education. Je ne pouvais pas la poser avant, vous m'auriez rappelé
à l'ordre et vous savez avec quelle fidélité je veux
suivre le règlement.
M. TETLEY: Vous n'êtes que trois en Chambre.
M. MASSE (Montcalm): Et c'est suffisant pour tout le groupe qui est en
face de nous.
DES VOIX: Ah oui! Ah oui! M. TETLEY: Le grand héros...
M. MASSE (Montcalm): Et j'ai sauté un mot dans ma phrase. M. le
Président, je crois que si on veut, encore une fois, sans vouloir
abuser, tenir compte de la bonté et du vouloir de coopération du
ministre dans l'amélioration de son projet de loi, étant
donné ce qu'il a dit, étant donné les remarques qui ont
été faites, est-ce qu'il accepterait l'amendement suivant qui se
lirait: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur recommandation du
ministre de l'Education, après consultation des commissions scolaires
intéressées, constituer de nouvelles municipalités,
etc.?
Je pense que la loi ne ferait que dire en termes législatifs la
pensée profonde de notre ministre des Affaires municipales et son
intention la plus marquée de ne pas vouloir brimer les droits sans, au
moins, consulter les gens.
M. TESSIER: Je suis d'accord d'ajouter les mots "après
consultation avec les commissions scolaires"...
M. MASSE (Montcalm): Encore une fois, je tiens à souligner
l'esprit de coopération du ministre.
M. TESSIER: Merci. Merci.
M. MASSE (Montcalm): Lorsqu'il ne s'emporte pas, lorsqu'il s'en tient au
projet de loi, lorsqu'il comprend nos argumentations rapidement, il se plie
à nos demandes et accepte les suggestions de l'Opposition que
lui-même reconnaît comme très bonnes.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre! Adopté,
maintenant. C'est adopté. Article 22, adopté. Article 23 devenu
article 22, adopté tel qu'amendé.
M. MASSE (Montcalm): Pas trop vite.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 25 devenu article 23,
adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): M. le Président, j'ai l'honneur de vous
faire rapport que le comité a adopté le bill no 66 avec des
amendements.
M. LAVOIE (Président): Ces résolutions sont-elles
agréées?
M. PAUL: Oui, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Troisième
lecture? M. PAUL: L'article 570, 2e, le défend. M. BERTRAND: Demain.
M. LEVESQUE: Je ne sais pas quelle est l'intention des membres de la
Chambre, mais comme il semble bien que le bill 67 est exactement de la
même nature que le bill 66 et qu'il a exactement la même
rédaction, les mêmes articles, je me demande s'il n'y aurait pas
lieu d'appeler ce bill. Dans les circonstances, M. le Président, article
12.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas un règlement.
M. LEVESQUE: Bien, vous verrez ce qu'il y a de différent.
Projet de loi no 67 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi no 67, charte de la ville de
Gaspé. Cette motion sera-t-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre.
M. LE PRESIDENT: En comité. M. LEVESQUE: Adopté. M. PAUL:
Non, non.
M. MASSE (Montcalm): Nous attendons l'exposé de principe du
ministre.
M. PAUL: Est-ce que le ministre a un discours de présentation
à faire?
M. LEVESQUE: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'aller en comité
directement?
M. PAUL: Non, nous avons une motion. DES VOIX: Ah oui! La grosse
Bertha.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, je ne sais pas si quelques membres
de l'Opposition ont l'intention de répéter les remarques et les
longs et laborieux discours qu'ils ont fait sur le bill 66, mais, pour ma
part...
M. PAUL: M. le Président, je soulève un point d'ordre. Je
rappellerai au ministre des Affaires municipales qu'il n'a pas le droit de se
référer à un débat qui s'est déjà
déroulé en cette Chambre.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai donc pas l'intention, pour
ma part, de répéter tout ce qui a été dit, depuis
trois jours, sur le bill 66. En conséquence, je crois que ce projet de
loi no 67, qui est identique, sauf deux différences: la description du
territoire et le nombre des conseillers de quartier, devrait être
adopté toutefois mutatis mutandis, c'est-à-dire avec les
mêmes amendements qui ont été apportés à
certains articles correspondants du bill 66. Nous sommes d'accord pour que les
amendements qui ont été apportés au bill 66 soient
également incorporés au bill 67.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, nous avons écouté les
remarques du ministre des Affaires municipales. Malheureusement, nous ne
pouvons, nous, appliquer la règle mutatis mutandis. A ce
moment-là, le ministre serait obligé de nous dire qu'il a
consulté les parties intéressées.
Je crois qu'avec le projet de loi numéro 67, nous voulons donner
une nouvelle administration municipale à la ville de Gaspé. C'est
un territoire qui sera démantibulé à la suite de
l'adoption de certaines mesures législatives et spécialement la
mise en vigueur de la Loi du parc Forillon.
Ce projet de loi est imposé de force par le ministère des
Affaires municipales. Sans doute que le ministre pourra nous dire, dans sa
réplique de deuxième lecture, qu'il a fait les consultations
habituelles, qu'on aurait délégué quelqu'un du
ministère pour informer les gens de toutes les implications et du
processus de déroulement de la centralisation de ce nouveau territoire
qui sera désigné comme celui de la Communauté municipale
de Gaspé.
Ce projet de loi est imposé de force, sans consultation. Si, dans
le cas de Percé, le ministre nous a dit qu'il y avait eu contestation,
nous avons été obligés, en vertu de règles qui
régissent nos travaux, d'accepter sa parole. Mais, cette fois-ci, je
voudrais porter à votre attention la teneur de certains
télégrammes qui se lisent comme suit: "Désirons protester
éner-giquement contre décisions en voie d'être prises par
la loi numéro 67, sujet: Communauté municipale de Gaspé.
Stop.
Considérant l'absence de consultation avec les
intéressés, considérant les facteurs géographiques,
économiques et sociologiques du territoire compris et considérant
les promesses de consultation déjà faites, nous insistons pour
que cette loi soit retirée. Que consultation ait lieu avec les
intéressés et qu'une étude plus élaborée
soit faite avant décision finale. Chambre du commerce de
Rivière-au-Renard, par M. Z. Veillette, président.
Un autre télégramme, il est collectif celui-là. Il
est adressé à l'honorable Jean-Jacques Bertrand, chef de l'Union
Nationale. Il se lit ainsi: Sujet: dépôt, Assemblée
nationale, numéro 67, plus spécifiquement partie concernant
municipalité de Gaspé. Sommes pour le moins étonnés
de constater l'empressement du ministre dans question.
M. le Président, vous me permettrez de suspendre mes remarques,
parce que l'on parle d'un personnage important et je sais qu'il est
actuellement à discuter d'un problème sans doute très
urgent avec M. le leader du gouvernement. M. le Président, avec votre
permission, je suspends temporairement mes remarques.
M. DROLET: Parce qu'il est question qu'il retire le bill.
UNE VOIX: C'est un hiatus.
M. DROLET: Je pense qu'il discute de retirer le bill. Vous allez avoir
la réponse à votre télégramme dans la minute.
M. PAUL: Tout à coup, M. le Président, qu'on serait en
train de planifier une décision pour retirer le bill. Je ne veux pas les
déranger dans leur discussion.
UNE VOIX: Ils se replacent.
UNE VOIX: C'est un "testhiatus" au lieu d'un hiatus.
M. PAUL: Je suis content que le ministre soit revenu intellectuellement
dans cette Chambre pour reprendre. C'est un véritable papillon.
M. DROLET: II vient de s'envoler.
M. LE PRESIDENT (Lavoie): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je sais que je suis obligé de
passer par vous, mais je voudrais le frapper en même temps aussi.
UNE VOIX: II va se faire "tessier".
M. PAUL: M. le Président, si l'honorable ministre pouvait
s'humilier quelques instants pour écouter le télégramme
que j'ai en main, il pourrait demander à ses collègues de
l'applaudir pour la 29e fois.
UNE VOIX: On l'a lu.
M. PAUL: Vous l'avez lu. Je comprends, c'est un petit Harvey! Il n'a pas
lu ça! On en est rendu qu'on n'est plus à discuter dans les
zones, on discute les zones. Je dis...
M. HARVEY (Chauveau): Vous faites ça en double.
M. PAUL: ... que le ministre des Affaires municipales devrait tenir
compte de la teneur du télégramme que je reprends. "Sommes pour
le moins étonnés constater empressement ministre dans cette
question contrairement aux affirmations du parrain de la loi...
UNE VOIX : II manque une marraine.
M. PAUL: ... et de ce qu'on nous avait promis. Il n'y a pas eu
consultation avec les intéressés. Sommes d'opinion que
regroupement projet secteur Forillon est illogique. Nous doutons qu'on ait tenu
compte des facteurs géographique, économique et sociologique du
territoire compris entre Cap-Desrosiers et Saint-Maurice-de-1'Echouerie
vis-à-vis de Gaspé. Insistons sur le retrait de la loi et
demandons étude plus élaborée de la question.
Signé: "
M. VEZINA: Claude Wagner. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, cela leur fait du bien, ils sont
tellement comprimés, que cela leur fait du bien de rire de temps en
temps. Us n'ont aucune liberté; nous pouvons toujours les laisser
rire.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais rappeler le député de
Maskinongé à la loi et à l'ordre.
M.PAUL: Très bien, M. le Président. Je m'aperçois
que vous ne voyez pas le désordre qu'il y a à votre droite.
M. LE PRESIDENT: Je passe par dessus.
M. PAUL: C'est signé: Bernard Bourget, maire de
Rivière-au-Renard.
M. VEILLEUX: Un bleu!
M.PAUL: Elphège Huet, maire de Saint-Majorique.
M. VEILLEUX: Un autre bleu!
M. PAUL: Victorin Jalbert, maire de Saint-Maurice-de-1'Echouerie.
M. VEILLEUX: Encore un bleu!
M.PAUL: Ernie O'Connor, maire de Cap-des-Rosiers.
M. VEILLEUX: Cela s'en vient "caille".
M. PAUL: Benoît Whitey, maire d'Anse-aux-Griffons. Et le ministre
viendra nous dire qu'il a consulté! Consulté qui? Consulté
quand? Au sujet de quoi? En vue de quoi? Comment? Combien de fois? Et pourquoi?
Voilà autant de questions qui restent sans réponse pour nous et
pour des personnages aussi respectueux. Et là, si le ministre vient nous
dire en deuxième lecture, en réplique, qu'il a consulté,
j'en perdrai à l'avance mon latin.
UNE VOIX: Good.
M. PAUL: Je dis que, devant des témoignages de personnes encore
en autorité, tant et aussi longtemps que cette loi que l'on nous propose
d'adopter ne l'aura pas été par cette Chambre, les
différentes corporations municipales sont représentées par
des conseils ou des maires, et s'il y a quelqu'un en mesure de se faire
l'écho de la voix du milieu et des implications, de l'inquiétude
des populations frappées par ce projet de loi, je dis que ce sont au
moins les maires des municipalités concernées.
M. le Président, je dis que c'est la Chambre de Commerce de
Rivière-au-Renard. Lorsqu'on connaît le dynamisme des membres des
jeunes chambres, on sait que c'est une classe de gens soucieux de travailler
pour le bien de la collectivité où eux-mêmes vivent.
Je crois que le ministre des Affaires municipales a oublié de
nous parler de consultation lors de la présentation en deuxième
lecture de son projet de loi. Considérant que l'on veut imposer une
forme de dictature à un territoire désigné par le projet
de loi 67, je dis: Halte-là, M. le ministre! Halte-là! M. le
Président, voudriez-vous rappeler le vice-président à
l'ordre? Le règlement doit s'appliquer pour lui comme pour tous les
autres. Lorsqu'on veut intervenir, on doit avoir la décence, la
délicatesse, la politesse de connaître au moins l'article
286 et demander à l'opinant la permission de lui poser une
question.
M. HARDY: Je n'ai rien dit.
M.PAUL: Pardon?
M. HARDY: Je n'ai rien dit.
M. PAUL: M. le Président, nous lui prouverons...
M. DROLET: C'est dans ce temps-là que vous êtes le
meilleur.
M. PAUL: ... combien de fois il est intervenu illégalement dans
les débats, plus tard, dans le cours de la session je ne sais pas
quand...
UNE VOIX: II nous questionne parfois.
M. PAUL: ... je ne le sais pas, mais cela viendra. Il ne perd rien pour
attendre.
M. le Président, je dis donc que nous ne pouvons pas, dans les
circonstances, accepter un tel projet de loi, parce que nous, de l'Opposition,
nous avons le sens de la démocratie. S'il y en a qui sont soucieux de
présenter à la population de ce secteur de la province une
législation qui réponde aux véritables besoins du milieu,
je crois que c'est l'Opposition qui doit jouer ce rôle.
Je ne comprends pas, M. le Président, pourquoi le gouvernement
veut employer une machine à vapeur ou un rouleau compresseur pour nous
faire adopter ses lois.
M. le Président, depuis le mois de juillet, le ministre doit
être sensibilisé aux problèmes qui existent dans ce milieu,
alors je me demande pourquoi il n'a pas, avant aujourd'hui,
présenté un avant-projet de loi pour permettre aux corps
intermédiaires et aux conseils municipaux, par la voie des
délégués, de venir rencontrer les membres de la commission
municipale de l'Assemblée nationale, et là, d'étudier la
justification de chacun des articles qui seront présentés dans
cette loi.
Et quand, M. le Président, nous entendons le ministre, comme seul
argument en deuxième lecture, nous inviter à adopter le principe
de cette loi, on a plutôt à l'oreille "mutatis mutandis". Quant
aux modifications qui ont été apportées à un autre
projet de loi, M. le Président, nous ne serons pas complices d'une telle
insouciance.
C'est pourquoi, M. le Président, et pour ne pas blesser
l'attention éveillée de l'honorable député de
Mégantic, j'aurais l'intention de présenter une motion pour
demander que le présent projet de loi ne soit pas adopté
maintenant mais seulement dans trois mois afin que, entre-temps... y
aurait-il des gars qui sont prêts à parler? J'ai entendu,
M. le Président: On va voter. Pas tout de suite.
M. VEILLEUX: On est prêt à parler, nous aussi.
M. PAUL: M. le Président, nous faisons cette motion afin de
permettre... Mais, est-ce qu'on a peur de la démocratie, du dialogue, M.
le Président? Est-ce qu'on a peur des représentations qui peuvent
nous venir de messieurs les maires de cette région du comté de
Gaspé-Sud? M. le Président, nous sommes inquiets, et ce soir, il
y a une autre population qui est plus inquiète que celle qui forme
l'Opposition: c'est la population affectée par le territoire
désigné dans le projet de loi 67. Et dans les circonstances, M.
le Président, nous ne pouvons pas concevoir et accepter qu'on aura
l'audace, qu'on connaîtra l'indécence de rejeter, du revers de la
main, les autorités en place pour mieux contempler une
personnalité beaucoup plus soucieuse de recevoir les applaudissements
déraisonnés et déréglés d'un certain
nombre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dix-huit.
M. PAUL: ... de partisans plutôt que de recevoir les
doléances, les demandes, les revendications, les à propos, les
représentations qui peuvent être faites par des porte-parole des
populations concernées et affectées par la présentation du
projet de loi 67.
Motion de renvoi à trois mois
M. PAUL: Dans les circonstances, M. le Président, je propose donc
que la deuxième lecture du projet de loi n'ait pas lieu maintenant, mais
soit différée à trois mois. Cette motion est faite et
appuyée par l'honorable député de Missisquoi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Mégantic,
sur la motion du député de Maskinongé.
M. Bernard Dumont
M. DUMONT: M. le Président, tel que le député de
Maskinongé vient de le dire, je ne dirais pas qu'il a intentionnellement
proposé un amendement mais, enfin, puisqu'il apprend si bien, depuis la
leçon que, à l'unisson, nous avons servie hier soir, nous le
félicitons...
M. BERTRAND: N'en donnez pas plus que le client en demande.
M. DUMONT: ... nous aussi nous sommes d'accord, sauf qu'il faudrait
peut-être ajouter dans cet amendement qu'il y a et je pense que
c'était le désir du député de Maskinongé
14 municipalités, donc 14 maires, et tous les conseillers qui
devront être consultés si ce projet de loi est reporté
à trois mois. Je
comprends que nous verrons encore, lors du vote enregistré qui
aura lieu, une certaine quantité de députés de cette
Chambre qui ont appuyé le gouvernement hier, qui se prétendent
députés nationalistes et qui ont rejetés cette motion que
nous avions présentée de retarder à trois mois pour la
consultation populaire, les membres, dis-je, d'un certain parti qui se dit
nationaliste de façade ou plutôt électoral appuyer le
gouvernement tout simplement parce que dans notre motion...
M. CHARRON: Parce que nous sommes "tannés" de vous entendre.
M. JORON: Parce que nous sommes tannés de vous entendre!
M. DUMONT: ... nous demandons la consultation, nous demandons, M. le
Président, de la démocratie en action pendant que ces
représentants, puisqu'ils s'identifient...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. DUMONT: Je n'ai même pas nommé le parti, ils
s'identifient en essayant de m'interpel-ler, donc ils s'identifient
eux-mêmes. Ils nous prouvent évidemment que pour eux faire de la
consultation, accepter de remettre à trois mois pour inviter les maires
et les conseillers.
M. CHARRON: Consultation médicale.
M. DUMONT: ... ce ne sont pas des habitudes chez eux parce que ce sont
toujours des méthodes socialistes qu'ils approuvent plutôt. Nous,
conscients de ce nationalisme vivant, nous allons accepter cette motion car
nous sommes conscients que pour une véritable démocratie, pour
que la vérité éclate aux yeux de tout le monde et pour que
la population de toute la province de Québec sache que les
députés qui se sont identifiés tout à l'heure, les
membres du Parti québécois, sont en faveur de mesures socialistes
et non pas de consultation telle que la motion le présente que toute la
population le sache qu'ils acceptent les ententes
fédérales-provinciales, que le parc Forillon nous a
obligés d'avoir ces projets de loi 67 et 66 auxquels nous avons
apporté des amendements hier et aujourd'hui, mais ils voteront avec le
gouvernement car pour eux les ententes fédérales-provinciales
pour le parc Forillon leur conviennent. Mais nous voulons les amendements
présentés afin que ce projet de loi 67 respecte la liberté
d'expression de tout ce peuple gaspésien qui, comme le reste de la
province de Québec, ne veut pas du socialisme mais veut bien d'une
démocratie vivante.
M. LE PRESIDENT: L'Honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, je serai très bref dans mes
commentaires. Nous voterons évidemment contre le renvoi de ce projet de
loi pour deux raisons que je tiendrais à énoncer.
La première, c'est que nous favorisons le principe du
regroupement des municipalités au Québec. Il a été
prouvé depuis longtemps que le nombre des municipalités est
beaucoup trop élevé et que ceci constitue un facteur de
stagnation pour la plupart des petites municipalités, qu'elles ont tout
intérêt à se regrouper pour se donner les services
municipaux, les parcs industriels et toutes les mesures de progrès
social qui sont absolument nécessaires à la population.
De plus, nous savons très bien que ces regroupements rencontrent
nécessairement de l'hostilité, pas nécessairement au sein
de la population, mais au sein de certaines élites locales qui ont
profité ou qui profitent encore des postes qu'offre la direction de ces
municipalités. Ceci ne nous étonne pas du tout de voir que ce
regroupement, aussi bien au niveau des municipalités que des commissions
scolaires, se heurte à certaines difficultés. Donc, en raison du
progrès de notre Québec, de la modernisation nécessaire de
notre Québec, nous pousserons toujours au regroupement le plus rapide
possible de nos municipalités. Le projet de loi qu'on nous
présente est une explicitation de ce principe.
Nous allons voter contre ce renvoi pour une autre raison. C'est que
précisément ce projet de loi touche à la Gaspésie,
une région qui depuis cinq ans a été parcourue par des
nuées d'animateurs sociaux qui ont sensibilisé la population
à tous ces problèmes de regroupement. Nous avons entendu hier le
leader parlementaire nous lire quelques extraits...
M. BOIS: Les amis des pêcheurs!
M. LAURIN: ... les rapports qui ont été écrits par
ces missions de planification. Il est devenu bien évident,
d'après ce que nous avons entendu, qu'il y a un courant majoritaire au
sein de la population de la Gaspésie pour le regroupement des
municipalités, justement parce qu'il apparaît à ces
populations que c'est là une mesure absolument essentielle si la
Gaspésie doit un jour sortir du marasme économique dans lequel
elle se trouve. Je ne dis pas que c'est là la seule condition, mais
c'est là une condition préalable, un prérequis. C'est la
raison pour laquelle nous croyons que c'est absolument nécessaire. Bien
sûr, tout n'est pas parfait. Peut-être, d'ailleurs, le ministre
nous dira-t-il, tout à l'heure, que certaines consultations ont eu lieu
ou qu'elles auraient pu avoir lieu d'une autre façon. Je remarque,
d'ailleurs, qu'il y a seulement cinq municipalités qui ont envoyé
des télégrammes. Etant donné que le projet '
regroupe douze municipalités, les sept autres sont
peut-être d'accord. Peut-être aussi qu'il y a eu d'autres formes de
consultation dont nous ne connaissons pas les résultats. De toute
façon, le ministre nous l'expliquera sans doute tout à l'heure,
mais je ne crois pas que, même si cinq municipalités protestent
contre cette fusion, cela suffise à contrebalancer tous les avantages
que nous voyons à l'adoption dès la présente session du
projet de loi en question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, parlant sur
l'amendement proposé par mon collègue, le député de
Maskinongé, je voudrais, au départ, faire une observation sur les
propos que vient de tenir le député de Bourget. Le
député de Bourget a invoqué comme argument à
l'appui de sa thèse le fait que son groupement politique favorisait les
fusions et les regroupements. Or, c'est précisément parce que
nous aussi, nous favorisons les regroupements que nous nous opposons, ce soir,
à la proposition du ministre des Affaires municipales qui voudrait nous
voir adopter rapidement ce projet de loi.
Nous nous opposons à ce projet de loi et nous voudrions que
l'examen en soit reporté à une date ultérieure, parce que
nous croyons cela est normal; tout le monde va l'admettre que les
regroupements ne doivent pas être faits de n'importe quelle façon.
Cela ne doit pas se faire à la vapeur, bien entendu, et cela, surtout,
ne doit pas se faire sans le consentement des gens intéressés. Le
député de Bourget faisait observer, tout à l'heure, qu'il
était temps que la Gaspésie puisse jouir de certains avantages
économiques ou sociaux qu'elle attend depuis des années. Je suis
parfaitement d'accord avec lui, mais le fait que nous voulions aider les gens
qui vivent sur cet immense territoire de la Gaspésie nous incite
à scruter davantage les projets qui visent précisément
à aider ces populations.
Or, nous avons devant nous un projet de loi qui est sensiblement le
même que celui que nous avons examiné auparavant, le projet de loi
66. Nous avons un projet de loi dont le but est, évidemment, de
regrouper un certain nombre de municipalités. Mais voilà que se
pose, dans le cas présent, le même problème que dans le cas
du projet de loi que nous avons examiné antérieurement: le
problème de la volonté des citoyens, de leur désir de se
regrouper et de voir ce regroupement se faire à des conditions qui
correspondent exactement à leur situation, à leur désir,
à leur volonté et, plus particulièrement, aux exigences
qui sont les leurs, exigences de bien commun pour cette population des
paroisses, des villages, des municipalités qui doivent être
regroupés en vertu du projet de loi 67.
M. le Président, pour que ces conditions soient remplies, pour
qu'on obtienne l'assentiment de la population, encore faut-il que cette
population ait été consultée, qu'elle l'ait
été en bonne et due forme, que cette consultation ait
été faite aussi auprès de tous les
intéressés. Mon collègue, le député de
Bourget disait tout à l'heure: II y a cinq municipalités qui
semblent, et pas seulement qui semblent, qui s'opposent au projet de loi,
à l'heure actuelle. Il y en a cinq sur un certain nombre, dit-il, et il
se pose la question: Est-ce que cela est suffisant pour arrêter la marche
de ce regroupement? Mais, M. le Président, cinq municipalités sur
douze, est-ce que ce n'est pas suffisant pour inciter le ministre des Affaires
municipales à reconsidérer sa décision, à
procéder à des consultations, puisqu'il appert, des
télégrammes que le député de Maskinongé a
lus, que ces populations n'ont pas été consultées comme
elles devaient l'être et comme elles s'attendaient à l'être
et comme elles désirent l'être.
C'est une façon de violenter la population, M. le
Président, que de lui imposer d'autorité, par voie
législative, des institutions qui vont la régir pour des
années à venir. Or, il y a et nous en avons eu le
témoignage cinq municipalités qui s'opposent à ce
projet de loi tel qu'il est présenté à l'heure actuelle,
parce que, disent leurs porte-parole, elles n'ont pas été
consultées. Je ne reviendrai pas, M. le Président, parce que je
n'en ai pas le droit, sur la discussion du projet de loi 66, mais lorsque nous
en avons parlé de ce projet de loi en seconde lecture, nous avons fait
porter notre argumentation précisément sur ce problème de
la consultation, et nous avons essayé de savoir du ministre des Affaires
municipales quels avaient été les mécanismes de
consultation.
C'est exactement la même situation dans le cas du projet de loi no
67. Quels ont été les mécanismes de consultation? Est-ce
qu'il y a eu consultation? On n'est même plus au niveau des
mécanismes de consultation, de la nature des consultations, de la
façon que cela s'est fait, mais on est en présence d'une
situation qui nous indique très bien que, non seulement on a le droit de
s'interroger sur la façon dont les populations ont été
consultées, mais on nous indique de façon nette que ces
populations n'ont pas été consultées. Le ministre a fait
grand état, et ses collègues nous l'ont
répété à l'envi, qu'il s'était
promené à travers tout le territoire de la Gaspésie pour
consulter. Mais est-ce qu'il aurait oublié ces municipalités qui
ont envoyé un télégramme au chef de l'Opposition
officielle, protestant parce qu'elles n'ont pas été
consultées?
Alors, lorsque le député de Maskinongé, par son
amendement, demande qu'on diffère l'examen de ce projet de loi, il
répond, non pas, M. le Président, à des impératifs
politiques, à des
impératifs partisans, mais à l'expression d'une
volonté populaire, à l'expression d'un groupe de citoyens qui
demandent, avant que d'être condamnés, d'être entendus. Le
ministre des Affaires municipales va certainement revenir nous dire qu'il a
consulté. Parce que nous avons fait une proposition formelle
d'amendement, il devra nous expliquer clairement, d'abord s'il y a eu
consultation, comment ces consultations ont été faites, qui
a-t-il consulté, et pourquoi aurait-il choisi, en faisant ces
consultations, tel et tel groupe, laissant de côté tel et tel
autre groupe? C'est là quelque chose d'assez inquiétant, c'est
là quelque chose d'assez étrange de la part d'un ministre qui
est, je le sais fort bien, respectueux des droits de la démocratie.
Ce serait là un fait assez étrange d'avoir oublié
un certain nombre de municipalités qui, par la voix du chef de
l'Opposition officielle, déclarent, dans un message qu'elles ont
été oubliées lors des consultations si de telles
consultations ont existé, qu'elles n'ont pas été
consultées, qu'on n'a pas pris contact avec elles ou, tout au moins,
qu'on n'a pas pris suffisamment contact avec elles pour qu'elles se rendent
à l'évidence de la nécessité d'adopter le projet de
loi que nous propose le ministre des Affaires municipales.
Le ministre des Affaires municipales, M. le Président, ne semble
pas s'intéresser à l'amendement qui vient d'être
proposé. Son lit est fait; il a, d'ores et déjà,
décidé que nous accepterions son projet de loi. Ah! Je veux bien
croire qu'à partir du moment où l'on fera jouer les
mécanismes de la Chambre et qu'on mettra la question aux voix nous ne
pourrons pas avoir gain de cause, mais je voudrais que le ministre des Affaires
municipales se rende compte, une fois pour toutes, que le nombre en Chambre
n'est pas nécessairement identifiable à la valeur. Même si
les porte-parole de l'Opposition sont moins nombreux que les porte-parole du
gouvernement je dis les porte-parole; c'est une façon de parler
car ils ne disent pas un mot le ministre des Affaires municipales
devrait penser que, lorsque nous prenons la peine de nous lever en Chambre pour
faire valoir le droit des citoyens à être consultés, nous
ne le faisons pas pour le plaisir de le faire.
Nous sommes en fin de session et aussi désireux que le sont tous
les membres du Parlement de regagner nos foyers. Dans mon cas, c'est une
situation très particulière; je suis très libre jusqu'au
24 au soir à minuit, pour la messe. Cela, c'est pour mon ami, le
député de Mégantic. Alors, M. le Président, nous
sommes aussi désireux que n'importe qui dans cette Chambre de
hâter les travaux parlementaires. Toutefois, avant de partir pour les
vacances de Noè"l, il nous faut penser, en même temps qu'aux
réjouissances que nous préparons pour nous, à ces
populations qui vont être traumatisées du fait qu'on ne les a pas
consultées. Elles vont se sentir, en quelque façon,
menacées par l'initiative du gouvernement qui, sans même avoir
pris la précaution de les rencontrer, veut les regrouper contre leur
gré.
Le ministre pourra aussi invoquer l'argument qu'a invoqué le
député de Bourget: II n'y a que cinq municipalités sur
douze. Il ne s'agit pas là, M. le Président, d'un principe
démographique; il s'agit de voir ce que représente chacune de ces
municipalités qui nous ont fait savoir, ce soir, qu'elles n'ont pas
été consultées. Ce n'est pas simplement un problème
numérique; c'est un problème de respect de la démocratie
en regard de certaines réalités que constituent ces
entités municipales que l'on veut, en quelque façon, faire
disparaître pour créer cette plus grande municipalité, que
nous propose le projet de loi.
M. le Président, j'ai souvenir, parce que c'est très
récent, des quolibets, des lazzi que l'on a faits de l'autre
côté de la Chambre lorsque nous avons demandé, à
propos du projet de loi 66, que les populations soient consultées.
Je me souviens très bien de cela, je sais très bien que
l'on va procéder encore de la même façon. Là, par
exemple, le ministre ne pourra pas nous dire: Je me suis promené, j'ai
téléphoné, j'ai consulté, j'ai vu du monde, tout le
monde est d'accord, j'ai fait un grand discours à Rimouski et j'ai eu 18
applaudissements, indiqués toujours par l'astérisque...
M. TESSIER: C'est toujours plus que ce que vous avez
présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...dans le discours. M. le Président,
le député me permettra de lui faire cette petite incise à
propos de son discours où l'on a noté les applaudissements. Il y
a eu un grand applaudissement quand il a dit : Je donnerai jusqu'au dernier
souffle de ma vie pour Rimouski. Ce que j'ai noté, c'est qu'à la
fin de son discours il n'y avait pas d'indication montrant qu'il y avait eu des
applaudissements.
Le ministre est décidé à donner jusqu'au dernier
souffle de sa vie pour Rimouski, mais je pense qu'il en est à enlever le
dernier souffle à cinq municipalités avant de leur demander le
droit de les assassiner. Que le ministre nous indique maintenant...
M. TESSIER: Les assassins ne sont pas de ce côté-ci de la
Chambre.
DES VOIX: Oh! Oh!
M. MASSE (Montcalm): Qui a les mains rouges, dans cette Chambre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous n'avez même
pas daigné vous lever pour rappeler le député à
l'ordre. Alors, j'observe comme vous le même silence à l'endroit
de cette insanité que vient de proférer le ministre des Affaires
municipales. Le ministre des Affaires municipales s'explique toujours avec
beau-
coup de clarté, de précision et d'élégance.
Alors, je lui demande ceci : Quand a-t-il consulté les
municipalités? M. le Président, je dois faire une petite pause
pour permettre au réseau français de se raccrocher ou de se
débrancher. N'ajustez pas votre appareil, M. le Président.
M. VEILLEUX: Vous pouvez continuer, cela ne change absolument rien.
M. BOSSE: De toute façon, c'est la même bobine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): H faut en conclure, M. le Président,
qu'il en est des membres de la Chambre comme des CRD : nous ne sommes pas des
interlocuteurs valables pour le ministre des Affaires municipales. Le ministre
des Affaires municipales poursuit, avec son collègue de Bonaventure, un
dialogue. Evidemment, c'est plus rassurant que s'il ne faisait que soliloquer,
parce qu'à ce moment-là, des gens qui parlent tout seuls on dit
qu'ils sont fous. Je pense que le député de Bourget serait
d'accord avec moi. C'est de la psychanalyse, à ce moment-là.
N'ajustez pas votre appareil, M. le Président.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre veut écouter?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai des questions très précises
à poser au ministre des Affaires municipales.
M. HARVEY (Chauveau): Cela fera moins de "conneries" à lire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour cela, il faut qu'il soit à
l'écoute. Le ministre des Affaires municipales, ayant rallumé son
téléviseur, peut donc maintenant entendre les questions que je
vais lui poser.
Premièrement, est-ce qu'il y a eu consultation?
M. TESSIER: C'est la quatrième fois que vous posez cette
question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre des
Affaires municipales aura l'occasion, lorsqu'il nous donnera la réplique
ou lorsqu'il parlera sur l'amendement, de répondre aux questions que je
vais lui poser. Primo, est-ce qu'il y a eu consultation? Secundo, quand,
comment, avec qui, et pourquoi n'a-t-il pas consulté les
municipalités qui nous ont fait parvenir le télégramme lu
tout à l'heure par mon collègue le député de
Maskinongé?
Il me semble que ce sont là des questions auxquelles le ministre
se doit de répondre. Autrement, nous serions obligés de penser
que le ministre procède d'autorité. Je ne dis pas que c'est un
geste dictatorial de sa part, parce que, pour être un dictateur, il faut
avoir de la force, de la vigueur, et des idées aussi.
M. le Président, je dis que le ministre doit répondre
à ces questions afin de nous prouver qu'il procède dans le plus
grand respect de la démocratie et qu'il entend bien appliquer cette
politique de participation dont il nous a parlé depuis des semaines avec
moult contradictions, redites, etc. Cela, nous le savons. En passant, je n'ai
pas encore eu la bobine de son discours, où il y a les applaudissements
dont je parlais tout à l'heure.
M. le Président, j'attends du ministre des Affaires municipales
qu'il réponde à ces questions de façon précise.
Qu'il prenne les noms de chacune des municipalités dont il est fait
mention dans le télégramme et qu'il nous dise à quel
moment il les a consultées, comment il les a consultées, avec qui
il a pris contact dans le cas des cinq municipalités en question. Dans
le cas des autres, est-ce qu'il y a eu aussi consultation, de quelle
façon s'est-elle faite et qui a-t-on consulté? M. le
Président, devant l'évidence, il nous apparaît, à
nous, conformément à l'amendement qu'a proposé mon
collègue, que l'étude de ce projet de loi doit être
différée, afin de permettre aux gens de Gaspé...
M. HARVEY (Chauveau): Est-ce qu'il veut avoir le plaisir d'avoir un
compte rendu de son discours...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député n'est pas à son siège. De toute
façon, il n'est jamais à son siège.
M. HARVEY (Chauveau): Les journalistes de la tribune de la presse sont
intéressés à beaucoup d'autres choses que ce qui vous
intéresse.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je disais donc que le
ministre devrait considérer l'amendement qui a été
proposé par le député de Maskinongé et
différer l'étude de ce projet de loi. Il est aussi important de
se demander, et c'est une autre question que je pose au ministre des Affaires
municipales, quelle est l'urgence qu'il y a à adopter
immédiatement ce projet de loi. Et parlant d'urgence, M. le
Président, je crois que ce qui s'impose d'abord, ce qui est plus urgent
dans les circonstances, c'est d'aller consulter les gens là-bas.
Evidemment, les conditions sont moins favorables ce soir, elles ne
permettraient pas au ministre d'aller courir jusqu'en Gaspésie. Mais,
j'imagine que, pendant le temps des Fêtes, il aura l'occasion d'aller
voir les gens de la Gaspésie. Qu'il se fasse inviter par ses
collègues, les députés de Bonaventure et de Gaspé,
et qu'il aille consulter les municipalités qui nous ont envoyé le
télégramme.
II n'y a pas là matière à rire, M. le
Président; au contraire, il y va du droit des citoyens à
être entendus, il y va du droit des citoyens à être
traités selon des normes de justice, de démocratie, selon des
normes qui correspondent à leurs besoins. Comment peut-on
procéder selon les normes que j'indique, si l'on n'a pas auparavant
requis l'avis de ceux qui vont devoir vivre dans le territoire de la
municipalité qui est décrit dans le projet de loi que nous
propose le ministre des Affaires municipales?
M. le Président, en terminant, je demande au ministre des
Affaires municipales d'accorder beaucoup d'attention à la requête
qui a été faite par le député de Maskinongé.
J'estime que l'amendement qu'il a apporté s'impose, parce que c'est une
question de justice de savoir si ces gens acceptent cette sorte de carcan dont
ils n'ont pas du tout l'air d'être satisfaits. J'imagine que le ministre
des Affaires municipales va répondre à nos questions et j'estime
que l'étude de ce projet de loi devrait être
différée comme l'a demandé le député de
Maskinongé.
M. LEDUC: Ainsi soit-il.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ainsi soit-il, c'est exact.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Laurent.
M. Léo Pearson
M.PEARSON: M. le Président, je serai encore plus bref que le
député de Bourget. J'ai l'impression que cet amendement n'a
été apporté, avant et autour de longs discours, que pour
étirer le temps avec peut-être l'espoir de vider la Chambre en fin
de semaine...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. VEILLEUX: Quel numéro? Quel article?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député n'a pas le droit de
nous prêter des motifs. Il n'est pas question d'étirer le temps.
Il est question d'obtenir les renseignements dont nous avons besoin pour voter
en toute lumière les projets de loi qui nous sont proposés et qui
intéressent une grande partie de la population du Québec.
M. PEARSON: M. le Président, j'ai dit: "J'ai l'impression...
UNE VOIX: Mauvaise.
M. PEARSON: ... avec l'espoir de vider la Chambre en fin de semaine car
il y en a eu, il y en aura probablement d'autres, peut-être par crainte
d'autres projets de loi à venir, dans l'espoir peut-être que
certains de ces projets soient renvoyés à l'autre session. La
seule conséquence de si longues interventions, à mes yeux, c'est
d'abrutir les députés sinon de les dégoûter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ceux du Parti libéral le sont
déjà!
M. PEARSON: J'ai dit "impression", M. le Président, car je n'ai
pas le droit, d'après les règlements de prêter des motifs,
mais impression bien près de la certitude.
Au nom de la liberté d'expression en cette Chambre, que de
tourments nos oreilles et notre patience doivent endurer ! Boileau disait: "Ce
que l'on conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le
dire viennent facilement". Il n'a pas dit longuement...
M. LOUBIER: Pas facilement, aisément.
M. PEARSON ... ou éternellement. J'ajouterais que certains
députés devraient être sourds; ainsi ils ne trouveraient
pas autant de plaisir...
M. LOUBIER: M. le Président, sur un point de
règlement.
M. VEILLEUX: Chef! Chef!
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que le député
d'en face...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... est rendu tellement nerveux et traumatisé que
dès qu'un député se lève...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... du côté de l'Opposition, quel qu'il soit,
avant même que le député se soit exprimé, vous
avez...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... cette caricature de député de l'autre
côté qui tout de suite...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... se lève pour que les gens s'assoient?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TETLEY: Le président est debout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Vous aussi, vous êtes assis et vous allez y rester
longtemps.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Bellechasse
invoque le règlement sur le discours du député de
Saint-Laurent?
M. LOUBIER: M. le Président, j'ai été
impressionné par les principes émis par le député
de Saint-Laurent, sauf qu'amicalement, quand il cite M. Boileau, je pense qu'il
veut bien rendre la pensée de M. Boileau...
M. PEARSON: C'est ça.
M. LOUBIER: ... mais il n'a pas le droit de trituer ou
d'interpréter le texte de M. Boileau. M. Boileau a dit ceci: "Ce que
l'on conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire
arrivent aisément".
M. PEARSON: Très bien, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas son cas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Saint-Laurent.
M. MARCHAND: Premier rang, en avant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec le tonnage qu'il a, il ne devrait pas
être ici.
M. PEARSON: Mon ami le député pourra faire faire la
correction au journal des Débats. J'ajouterais, pour terminer, que
certains députés devraient être sourds; ainsi ils ne
trouveraient pas autant de plaisir à s'écouter parler et ils
épargneraient à ceux qui ne le seraient pas le déplaisir
d'être obligés de les entendre.
Enfin, je voterai contre cet amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous le savions. Ce n'était pas la
peine de le dire.
M. PEARSON: J'ai le droit de le dire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. DROLET: Cela n'a même pas rapport à l'amendement.
M. Armand Bois
M. BOIS: M. le Président, il me fait plaisir ici de parler sur
l'amendement de l'honorable député de Maskinongé pour
diverses raisons. Une des premières, c'est que j'ai été en
administration municipale pendant cinq ans et demi et que durant la même
période, il m'est arrivé de voir certains règlements
municipaux scrutés, discutés et commentés par la
population pour finalement en venir à un vote ou à un
référendum.
Ici, ce qui est agréable de constater dans le bill qui nous est
présenté et ce sur quoi l'amendement porte d'ailleurs, M. le
Président, c'est qu'on veut exactement empêcher ce que d'autres
municipalités ont déjà subi.
On parle de fusion et de regroupement. La municipalité dans
laquelle j'ai vécu, j'ai agi pendant plusieurs années, s'est
fusionnée avec la ville de Québec à compter du 1er janvier
1970. Nous devons absolument traiter de l'amendement qui nous est
présenté. Je dois cependant dire que ces fusions devraient, quand
même, demeurer volontaires, mais surtout être
étudiées ou préparées.
L'honorable ministre des Affaires municipales disait: Les assassins ne
sont pas de ce côté-ci de la Chambre. M. le Président, vous
savez que, jamais, je n'oserais regarder l'honorable ministre des Affaires
municipales comme un assassin, loin de là. Cependant, il est toujours
permis à quelqu'un, comme à ce grand oiseau de mer, de s'entrer
le poignard dans le coeur, vous savez. L'homicide involontaire est toujours
permis, même lorsque l'on discute d'amendements municipaux et de lois
comme celle-ci. Il faut quand même se rendre à l'évidence:
un de ces jours, à la suite de l'amendement qui nous est soumis par
l'honorable député de Maskinongé, on aura à
répondre de ses actes devant la population de Gaspé qu'on est en
voie de réunir, sous prétexte de l'enrichir, dans la
pauvreté qui a été sienne pendant de nombreuses
années. Est-ce pour la départir de ses nombreux commerces ou pour
faire d'elle un "A.P. fish" et un "Steinberg fish"?
M. VEILLEUX: II parle anglais!
M. BOIS: Je peux vous prouver que je le parle, monsieur, si c'est votre
désir.
M. VEILLEUX: Félicitations.
M. BOIS: Je crois encore devoir m'en tenir à sa majesté la
langue française, parce que je trouve que c'est la langue
prédominante de la province de Québec. Cependant, si jamais
j'avais affaire à l'honorable député en d'autres
circonstances, il me ferait plaisir, à sa demande, de parler une autre
langue. Avec le bill qui nous est proposé et l'amendement que nous avons
présentement à envisager, nous devons simplement nous demander
ceci: Au lieu de considérer l'implantation nouvelle de bâtiments
dans la région de Gaspé, est-ce que nous ne devrions pas
plutôt analyser, à l'heure actuelle, l'implantation
présente des anciens de Gaspé qui ont été le
réservoir humain de la province de Québec depuis au-delà
de 50 ans? La Gaspésie, cette chère Gaspésie, a fourni
à l'armée, à toutes les villes du Québec une
population qui, sans cesse, a été brave et ne s'est jamais
démentie dans tous ses principes généraux.
Je désire revenir à la charge pour dire que
l'amendement de l'honorable député de Maskinongé,
concernant un délai de trois mois, permettra aux administrateurs
municipaux... C'est ça que je voulais évoquer, au début,
en mentionnant que, lorsque des villes de la banlieue de Québec se sont
affiliées, tous les citoyens ont vu des réunions annoncées
pendant une semaine. Tous les citoyens ont pu se prononcer. Ils ont eu
l'occasion de parler avec des spécialistes, avec les maires et les
administrateurs des diverses villes. Cela n'a pas été fait
simplement dans le but d'exercer de la coercition et surtout de l'implantation
nouvelle. L'implantation nouvelle de quoi? Simplement, d'un colosse que,
demain, on ne pourra plus administrer. C'est pourquoi l'amendement de
l'honorable député de Maskinongé doit absolument
être appuyé par cette Chambre. Ou l'on a de la fusion volontaire,
ou l'on a des regroupements forcés par l'autorité
supérieure qui n'est pas toujours sur les lieux, mais qui a, quand
même, le privilège de signer son homicide involontaire. Je vous
remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: Quelques mots, M. le Président. Je ne voudrais pas
prêter d'intention au député de Rimouski, sauf que je
trouve assez curieux les propos qu'il a tenus il y a à peine une
semaine, le 8 décembre, en cette Chambre, propos que nous retrouvons
à la page 2052 du journal des Débats. A maintes reprises, au
cours de sa courte intervention, le ministre des Affaires municipales a dit:
"C'est pourquoi il faut faire confiance aux administrateurs municipaux". Deux
paragraphes plus bas: "Je répète qu'il faut faire confiance aux
administrateurs municipaux". Deux paragraphes plus bas, il insiste encore une
fois pour dire: "Je crois que nous devons faire confiance à nos
municipalités, etc".
M. le Président, le ministre des Affaires municipales, il y a une
semaine, prêchait la nécessité absolue de faire confiance
aux administrateurs municipaux et aux municipalités, ce qui veut dire
respecter leur désir, leur volonté et, en même temps, leur
procurer toutes les facilités requises pour que ces gens puissent
s'administrer selon leurs besoins et selon leurs aspirations.
Or, M. le Président, dans le bill soumis par le ministre des
Affaires municipales, le bill 67, nous avons l'expression ou le reflet d'une
mentalité qui est en train de caricaturer le ministre, mentalité
qui est à l'effet qu'il n'aime pas la consultation, qu'il continue cette
croisade de sabotage des organismes qui se sont dévoués pour la
consultation et la coordination. J'ai à l'esprit le CRD. Vous savez de
quelle façon, M. le Président, le ministre des Affaires
municipales a qualifié et traité le CRD, organisme de
consultation, de coordination, d'animation sociale.
Or, aujourd'hui, le même ministre méprise, à mon
sens, le désir et la volonté des municipalités qui ont
signé le télégramme parvenu au chef de l'Opposition, le
député de Missisquoi; il méprise la volonté de ces
municipalités, de ces administrateurs qui, selon l'expression du
ministre, la semaine dernière, doivent recevoir la confiance du
gouvernement et des administrateurs provinciaux. Le député de
Chicoutimi a couvert, par son argumentation, tout le champ d'une façon
très éloquente, et je pense qu'aujourd'hui le ministre des
Affaires municipales arrive en cette Chambre avec un bill qui est, encore une
fois, le reflet du mépris de la consultation absolument
nécessaire pour un regroupement de municipalités. Je pense que
c'est un mariage forcé et, si vous me le permettez, littéralement
par procuration que l'on est en train d'exiger ou de créer avec ce bill
67.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On voudrait nous le faire bénir, en
plus!
M. LOUBIER: M. le Président, on demande aux députés
de cette Chambre d'accepter cette façon de procéder, alors que
nous avons la preuve éclatante que 40 p. c. de toutes ces
municipalités affirment, d'une façon non équivoque,
qu'elles n'ont pas été valablement consultées. Le
député de Chicoutimi le mentionnait tout à l'heure,
même s'il y a eu, en place, un simulacre de mécanisme de
consultation, si en fait, véritablement, il n'y a pas eu de
consultation, on est en train, par ce bill, de faire une farce monumentale
autour de ce phénomène de la consultation. A mon sens, c'est un
accroc considérable à notre façon d'agir, à notre
système démocratique. C'est, je pense, la négation ou le
reniement complet et éclatant des principes émis la semaine
dernière par le ministre des Affaires municipales.
L'amendement proposé par le député de
Maskinongé est à l'effet que l'on pourrait, premièrement,
permettre à ces institutions municipales de faire connaître leur
point de vue, et, deuxièmement, leur procurer l'occasion, la
possibilité de recevoir plus de détails, pour que ces
municipalités puissent décider volontairement d'un regroupement
et pour qu'on sache lucidement, à ce moment-là, quels seront les
avantages sur le plan économique, sur le plan social ou même sur
le plan du gouvernement politique.
M. le Président, j'écoutais le député de
Saint-Laurent. Il mentionnait tout à l'heure qu'il avait l'impression
qu'on tentait, dans l'Opposition, d'étirer le temps. Il disait qu'il
avait l'impression qu'on voulait écorcher les oreilles de nos honorables
amis d'en face avec des balivernes ou des argumentations mal
charpentées ou encore des argumentations qui seraient frivoles.
Je pense que lui-même...
M. LEVESQUE: Ce n'était pas pour le député de
Bellechasse en particulier...
M. LOUBIER: Non, mais je sais que si cela avait été
après mon discours, j'aurais été placé dans le
même sac...
M. LEVESQUE: Ah! Pas sûr, pas sûr. M. BERTHIAUME: C'est
possible.
M. LOUBIER: Or, M. le Président, je fais appel à la bonne
foi du député de Rimouski. Je sais qu'il a à coeur le
développement de sa région. Je sais également qu'il fait
des efforts pour que l'on se mette le plus rapidement possible en action
là-bas. Je sais qu'il veut à tout prix que les gens de sa
région soient heureux et qu'ils puissent enfin connaître un
certain épanouissement sur le plan social et sur le plan
économique. Nous présumons de la bonne foi du ministre des
Affaires municipales, mais nous voulons également que, dans son
désir d'accélérer le rythme de l'action, dans son
désir et sa détermination de bâtir enfin quelque chose
de l'équipement, des mécanismes, des structures sur le
plan social, sur le plan économique, sur le plan politique il ne
se sacrifie pas à ce moment-là un principe absolument
supérieur en démocratie, celui d'une consultation réelle,
réaliste et positive. Je souscris donc de plein coeur et à 100 p.
c. à l'amendement proposé par le député de
Maskinongé. Je suis certain que le ministre des Affaires municipales va
différer l'étude de ce projet de loi et qu'entre-temps, il
donnera satisfaction à toutes ces municipalités en les consultant
d'une façon valable. Je suis certain qu'il verra à faire en sorte
que ce regroupement, que ce mariage forcé ne soit pas suivi, demain, de
chicanes, de divorces. Je dis que si, lui qui désire tellement implanter
la prospérité et le bien-être et le bonheur dans sa
région, il est foncièrement sincère dans cette
détermination, il a l'occasion de prouver d'une façon très
claire, non seulement sa détermination, mais sa bonne foi et
également sa volonté de travailler en étroite
collaboration avec les gens de la région qu'il veut aider.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Sud
M. Guy Fortier
M. FORTIER: M. le Président, je vais tenter de façon
brève de démontrer qu'il y a intérêt et urgence
à adopter le bill 67 visant à fusionner les douze
municipalités environnantes de la ville de Gaspé en une seule
pour une fin qui intéressera tous les citoyens de mon comté, soit
celle d'une administration plus moderne, plus efficace et à la
portée des besoins actuels de cette population.
Cette fusion donnera à la ville de Gaspé une population de
16,893 habitants...
M. PAUL: M. le Président, à moins que je ne me trompe, je
pense que le vote ne s'est pas encore pris, alors j'inviterais, par votre
entremise, M. le Président, l'honorable député de
Gaspé-Sud à s'en tenir à la motion qui est
présentement à l'étude. Nous pourrons l'entendre lors de
la deuxième lecture.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons été
très larges dans l'interprétation du règlement, je ne vois
pas pourquoi nous ne profiterions pas à ce moment-ci du discours du
député de Gaspé afin de l'entendre, dans un seul discours,
donner les raisons pour lesquelles il croit qu'il est urgent d'adopter...
M. MARCHAND: II n'est pas encore onze heures.
M. LEVESQUE: ... cette loi, et que la motion qui veut que ce projet soit
remis à trois mois soit rejetée. Mais si on insiste pour faire de
la procédure, eh bien, je suis sûr que le député de
Gaspé-Sud fera deux discours, un pour dire comme c'est urgent, et un
autre pour revenir encore parler sur le principe du bill.
M. PAUL: II va nous faire plaisir deux fois.
M. LEVESQUE: A moins qu'il ne veuille parler simplement que sur le
principe du bill. C'est son droit. Mais je trouve, M. le Président, que
nous nous perdons dans la procédure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai écouté les discours des
députés et je pense bien que nous avons laissé une
certaine latitude, jusqu'à maintenant, aux opinants qui ont pris la
parole sur cette motion. Le climat est très sain ce soir, et je sais que
le député de Gaspé-Sud n'en abusera pas.
M. FORTIER: M. le Président, je vous remercie de votre
décision. Je vais donner les raisons pour lesquelles je trouve que ce
projet est urgent et qu'il faut l'adopter le plus tôt possible. Ayant
moi-même rempli la charge de maire de Gaspé pendant plusieurs
années, à ce titre j'ai connu et côtoyé des maires
et des administrateurs des municipalités environnantes, et je voudrais,
à ce moment-ci féliciter ces maires et les remercier
sincèrement de tout le travail qu'ils ont accompli. Mais les moyens et
les ressources très limités dont ils disposaient rendaient leur
tâche doublement difficile. Aussi je suis très heureux de
constater que la population considère cette loi non seulement, comme
absolument nécessaire à une nouvelle et une
meilleure administration, mais bien plutôt comme un besoin
réel afin de pouvoir améliorer, de façon notable, la
situation de chaque citoyen de cet environnement.
Je ne voudrais pas reprendre, analyser, disséquer chacun des
motifs, chacune des raisons, chacun des principes qui ont incité, il y a
quelques années, les représentants de cette Chambre à
voter la loi de fusion des municipalités, mais qu'il me soit permis de
signaler que ces mêmes principes se retrouvent aujourd'hui dans la loi
actuelle qui s'applique à fusionner les municipalités
environnantes de Gaspé.
Il est évident qu'une municipalité qui regroupe à
peine 2,500 personnes ne peut pas offrir à ses contribuables
malgré toute l'honnêteté, la bonne volonté et la
détermination de ses administrateurs, les services, les avantages
auxquels ces citoyens ont droit en vertu des taxes qu'ils doivent payer.
Tous ensemble, je le répète, malgré leur bonne
volonté, ils n'ont pas les moyens de se payer les services techniques,
le luxe de spécialistes dans divers domaines, même les plus
urgents. Actuellement il y a, comme on l'a dit et comme l'a
répété le ministre, une urgence en raison de
l'aménagement du parc Forillon, à cause de l'investissement de
sommes importantes qui doit se faire; il y a aussi des plans d'urbanisme et de
zonage qui doivent se faire, et c'est une question urgente qu'il faut
régler dans l'immédiat.
Sur le plan de l'efficacité, comment concevoir des
résultats heureux alors qu'au départ tous et chacun des
administrateurs de ces petites municipalités disposent de moyens
très limités.
Cette situation est tellement vraie que, dans certains cas, on en arrive
à considérer les charges municipales comme un titre d'honneur
exclusivement. On a l'impression, en exerçant ces fonctions, que, de
toute façon, même l'administrateur le plus doué, le plus
brillant ne pourrait apporter aux problèmes existants que des
demi-solutions qui, finalement, ne seraient d'aucun secours à la
population.
M. le Président, la fusion de ces municipalités est
peut-être le seul moyen d'en arriver à une plus grande
planification au niveau des décisions gouvernementales ou autres qui
doivent se prendre dans l'intérêt de plusieurs de ces
municipalités. Ce n'est un secret pour personne en cette Chambre que,
lorsqu'un projet d'envergure régional est en voie de se réaliser
dans un endroit de la province, chaque maire de ces municipalités
considère la sienne comme la mieux située, la plus centrale, le
seul et exclusif endroit propice à ce projet. Jamais, il ne sera
possible d'avoir l'unanimité sur cette question, même au risque de
perdre à tout jamais ce projet qui pourrait être des plus
profitables à toute la population.
Que l'on prenne, M. le Président, chacun des motifs que je viens
d'énumérer, il est impossible de ne pas les adapter à la
situation de l'administration municipale de Gaspé, comme on l'a fait
pour Percé et ses environs.
Il est impérieux pour cette population de se doter d'une
administration efficace, imposante, à la hauteur des problèmes de
1970 et dégagée de toute partisanerie locale qui, en plusieurs
occasions dans le passé, lui était totalement nocive.
De nombreux et importants projets dont présentement à
l'étude pour la région que je représente. Ces projets se
chiffreront par plusieurs millions de dollars. Je pense aux investissements
pour l'amélioration du réseau routier, à la
réalisation du parc Forillon, à la construction des maisons
à loyer modique et à combien d'autres projets encore.
Ce n'est pas dans des discussions éternelles avec 50 maires, mais
en dialoguant avec un maire et un conseil municipal quasi régional que
la population tirera le plus d'avantages de ces gros investissements
gouvernementaux.
C'est donc en vue d'avoir enfin dans ce coin de la Gaspésie une
ville où tous les avantages du gouvernement pourront être
distribués. Nous aurons alors une ville de 16,000 âmes et nous
pourrons parler d'égalité avec les villes de Rimouski, de Matane
et les autres villes importantes de la province de Québec. Je suis
réellement sincère et c'est avec confiance que je suis pour ce
projet de loi et que je rejette la motion d'amendement présentée
par le député de Maskinongé.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, je n'étais pas
censé prendre la parole lors de l'étude de ce projet de loi,
mais, à la suite de l'intervention du député de
Saint-Laurent, je me permets de prendre mon droit de parole pour prouver que
nous n'avons pas besoin d'attendre seulement les campagnes électorales
pour faire semblant de défendre la population, mais que nous pouvons
exercer nos droits pour la défendre dans ce Parlement.
On nous a présenté deux projets de loi. En ce qui concerne
le projet de loi qui touche la ville de Percé, je dirai tout de suite
que nous appuierons la motion du député de Maskinongé
parce que d'après nous ce projet de loi ne réglera absolument
rien. Tout à l'heure, on a dit qu'il était dans
l'intérêt de la population et qu'il était urgent de
regrouper ces municipalités.
Mais, M. le Président, on refuse de nous le prouver. On refuse
d'entendre dans cette Chambre les représentants de ces
municipalités, les maires; on refuse d'entendre la population. Alors,
qu'on nous prouve que c'est dans l'intérêt de la
municipalité qu'il est urgent de le faire.
Si on veut parler d'intérêt, nous pourrions peut-être
nous interroger aussi quant à savoir quels intérêts seront
protégés. Qui sera mieux?
II y a une population de 15,000 âmes, nous a-t-on
déclaré, qui se retrouverait groupée dans un genre de
communauté urbaine. Alors, qui sera le mieux parmi les 15,000 citoyens?
Et qu'est-ce qui sera amélioré par le simple fait, justement, de
regrouper ces municipalités?
Personne n'a parlé des problèmes que ceci pourrait causer.
Or, nous savons d'avance que d'énormes problèmes surgiront. Nous
n'avons qu'à regarder tous les problèmes qui ont surgi au
ministère de l'Education lorsqu'on a fait le regroupement.
En ce qui a trait au développement du réseau routier, je
ne peux voir ce que le réseau routier peut faire dans le regroupement
municipal, puisque le réseau routier relève du ministère
de la Voirie et non des municipalités du Québec.
On a aussi parlé des investissements gouvernementaux. A ce sujet,
avec l'argent dont le gouvernement dispose à l'heure actuelle, alors que
nous sommes dans une austérité productive, alors que le
gouvernement n'a pas d'argent pour régler les problèmes du
chômage qui nous concernent, qu'est-ce que les investissements
gouvernementaux feront là-dedans et quels sont justement ces
investissements que le gouvernement veut faire?
Encore là, M. le Président, ce sont seulement des voeux,
de bon vieux voeux comme nous nous sommes habitués d'en entendre depuis
l'ouverture de la session. Je crois plutôt que là-dessous il y a
tout simplement une manoeuvre politique; une manoeuvre politique de
centralisation arbitraire parce que justement on ne veut pas dévoiler
les vraies raisons et les vrais problèmes qui concernent ces
municipalités. Qu'est-ce qui empêche ces municipalités de
se développer? Je ne sache pas que ce soit un manque de projets, je ne
sache pas que ce soit un manque d'initiative et je ne sache pas non plus que ce
soit un manque de dévouement de la part de la population. M. le
Président, c'est que le gouvernement actuel n'a pas d'argent; il est mal
pris financièrement. Les municipalités ont besoin d'argent pour
être capables de se développer et le gouvernement n'en a pas.
Alors, on déplace les problèmes comme on est habitué
à le faire. On fait un regroupement et pendant qu'on parle de
regroupement, eh bien, évidemment, on ne discute pas des
problèmes de budget.
Je dis que si le gouvernement est sincère, que si le gouvernement
veut réellement être un gouvernement démocratique, on
devrait au moins permettre aux membres de cette Chambre, aux membres de la
commission de pouvoir consulter ces gens, consulter les représentants de
ces populations, consulter les maires, afin que nous puissions connaître
leurs besoins, connaître également et pouvoir étudier leurs
vrais problèmes, être capables d'étudier avec eux les
projets qu'ils ont à nous soumettre de façon que justement le
gouvernement puisse leur offrir des solutions acceptables et des solutions qui
soient dans leur intérêt réel.
Ce qui est inconcevable, c'est qu'on a accepté, lors du conflit
de la construction, d'étudier et d'écouter toutes les
revendications, tous les mémoires qui ont pu être
présentés lors des séances de la commission parlementaire
pour tout ce qui regardait l'industrie de la construction; on a
également permis, lors de l'étude du projet de loi de
l'assurance-maladie, de consulter tous les intéressés. Encore
à l'heure actuelle on permet, pour l'étude du projet de loi pour
la protection du consommateur, d'interroger de tous les
intéressés et de faire valoir leur point de vue.
Il est incompréhensible que le gouvernement refuse
systématiquement de recevoir les gens, de recevoir les revendications,
les doléances de ces gens et de les entendre pour que nous puissions les
consulter. M. le Président, ce refus est un camouflage. J'en conclus que
le gouvernement a peur de la consultation, a peur de la vérité.
J'en conclus également que le gouvernement est en train de créer
des précédents dangereux, des précédents
antidémocratiques.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Gaspé-Nord.
M. François Gagnon
M. GAGNON: M. le Président, voici que dans un laps de temps de
deux jours...
M. MARCHAND: Vous avez bien dormi?
M. GAGNON: Nous avons les projets de loi 66,67, et actuellement...
M. MARCHAND: On s'aperçoit que les députés de
l'Union Nationale arrivent. Ils ont bien dormi et ils reviennent veiller. Vous
êtes les bienvenus, on vous accepte.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. GAGNON: ... nous sommes plus réveillés que jamais, et,
d'ailleurs, le message que j'ai va le dire.
M. PAUL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Maskinongé.
M. CARON: La Communauté urbaine de Montréal, l'an
passé, vous avez passé cela à la course.
M. PAUL: Je ne comprends pas, M. le Président, que vous
n'interveniez pas d'office, en vertu de l'article 67, pour demander aux
députés de respecter le règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Pour le moment, j'entends l'honorable
député de Maskinongé.
M. PAUL: Voici, M. le Président, je dis que vous devez intervenir
d'office, en vertu de l'article 67, et quand vous entendez les membres du petit
choeur de chant, en arrière, c'est votre devoir de les rappeler à
l'ordre, comme vous le faites à l'endroit de ceux qui siègent
à votre gauche.
M. MARCHAND: Je pense que le député de Maskinongé
n'aime pas la musique.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A condition de les entendre. L'honorable
député de Gaspé-Nord.
M. PAUL: Je vous conseille d'aller chez le médecin.
M. GAGNON: Cela ne changera pas grand-chose, un psychiatre
peut-être.
M. le Président, il y a une motion devant cette Chambre demandant
de reporter à trois mois l'étude du projet de loi 67 qui concerne
l'érection en une seule ville d'un territoire qui comprend Gaspé
et douze municipalités.
Il s'agit d'un cas extrêmement important, et là, encore
plus qu'hier, il devient nécessaire que le ministre réponde
favorablement à la motion d'amendement. J'ai ici, devant moi, un message
des maires de ces municipalités, élus démocratiquement,
qui ont reçu un mandat des contribuables du territoire, des maires qui
connaissent très bien le milieu qu'ils sont appelés à
administrer, des maires qui sont au courant de cet immense territoire de 60
milles de longueur, soit deux fois plus que celui que nous avons
étudié d'hier. Il y aura une population d'environ 12,000
âmes dans ce territoire qu'on veut convertir en une seule ville, suivant
la Loi des cités et villes.
Or, M. le Président, suivant un message qui j'ai ici devant moi,
les maires demandent précisément de reporter l'adoption de cette
loi à plus tard, afin que les corps publics, les corps
intermédiaires et les autres orgamismes se fassent entendre. Ce message
est signé par le maire de Rivière-au-Renard, municipalité
de 4,000 âmes; par le maire de Saint-Majorique; par le maire de
Saint-Maurice-de-1'Echouerie; par le maire O'Connor, de Cap-des-Rosiers; et par
le maire Whittey, de l'Anse-au-Griffon.
Donc, M. le Président, ces maires ont même devancé
la motion de cette Chambre en demandant que soit reportée à plus
tard l'adoption du projet de loi 67 qui forme en une seule ville connue sous le
nom de Gaspé un territoire de 60 milles de longueur. Je connais
très bien le territoire. Je sais pertinemment, M. le Président,
qu'entre Gaspé et Rivière-au-Renard, il y a une distance de vingt
milles, dont il y a au moins dix milles de forêt; que sur un territoire
de 60 milles de parcours, il y a environ 12,000 de population qui sera
dispersée dans une région où les services sont surtout
donnés, je dirai, à la ville de Gaspé, une partie à
la ville de Rivière-au-Renard et une partie à la
municipalité de Saint-Maurice-de-1'Echouerie.
On présente devant la Chambre un projet de loi, mais on va
s'apercevoir qu'il s'agit d'un monstre financier. Les maires des
municipalités, les conseillers, que tous les corps
intermédiaires, tels que la Chambre de commerce de
Rivière-au-Renard suivant un message qu'elle me fait parvenir
désirent se faire entendre, et ils vont expliquer au ministre
qu'il n'y a pas eu de consultation, contrairement à ce qu'il nous a dit
hier.
Cinq maires de municipalités, ainsi qu'un représentant de
la Chambre de commerce aussi importante que celle de Rivière-au-Renard,
qui compte plus de 200 membres, nous disent, dans leurs messages, qu'il n'y a
pas eu de consultation, alors que le ministre dit qu'il est allé
consulter sur place.
M. le Président, le ministre ne peut pas refuser la demande de
tous les intéressés, refuser la demande de ceux qui ont
reçu un mandat par un scrutin, tel que celui que nous avons reçu,
mais dans l'exercice de leur charge de maire de municipalité, de
conseiller ou d'échevin, et qui désirent se faire entendre afin
d'éclairer le législateur sur ce projet de loi extrêmement
important qui va leur imposer le carcan de dépenses incroyables. Je le
dis le ministre, et le journal des Débats sera là pour le prouver
plus tard, des dépenses incroyables, M. le Président. Vous me
permettrez une parenthèse, même si elle ne se rattache pas au
projet de loi: Voyons, M. le Président, le problème de
l'éducation dans les commissions scolaires. Je n'en dis pas plus long.
M. le Président, mais les commissions scolaires ont des budgets
déficitaires de $1 million, alors que le gouvernement leur verse 90 p.
c. du budget. Et on va aller créer des municipalités, des villes
de 60 milles de parcours, soit des territoires aussi grands que ceux des
commissions scolaires régionales? Et on va faire supporter à des
contribuables, dans une région très défavorisée
économiquement, des taux de taxes incroyables? Les services de police
seront obligés de se déplacer sur des distances de 60 milles pour
12,000 habitants, soit trois fois la grandeur de la ville de Montréal.
On verra des services à incendie se déplacer sur des distances de
60 milles, de même que les gens qui iront rencontrer leurs corps
municipal, les conseillers et les échevins.
M. VEILLEUX: M. le Président, est-ce que l'honorable
député de Gaspé-Nord me permet une question?
M.GAGNON: Tout cela, M. le Président, pour prouver la
nécessité de faire entendre tous les corps publics par un
comité de la Chambre qui recevrait les doléances, qui pour-
rait entendre les maires et les conseillers et qui pourrait donner au
ministre des Affaires municipales de sages conseils qu'il sera en mesure de
comprendre, je l'espère. Je dis au ministre, lui qui a été
maire de la ville de Rimouski, si on lui avait confié la
responsabilité de Rimouski, qui aurait eu un territoire
s'étendant jusqu'à Matane, je lui pose la question: Comment
aurait-il pu administrer la ville de Rimouski avec un territoire qui se serait
rendu jusqu'à Matane, qui aurait eu 60 milles de parcours, soit le
même que celui qu'on veut créer en vertu du bill 67? Il aurait
été le premier à s'opposer, il aurait été le
premier à dire que cela n'avait pas de sens. Faites entendre les corps
publics. Si les représentants des municipalités, les maires, les
conseillers, les corps intermédiaires, les autres organismes valables
dans ce territoire avaient dit, devant un comité de la Chambre, à
tous les législateurs: Nous désirons ce projet de loi, nous
l'aurions accepté.
Ce n'est pas cela, M. le Président. Quant il voit les messages
qui nous ont été envoyés, signés par cinq maires de
municipalités, qui demandent de reporter à plus tard ce projet de
loi, le ministre ne peut pas rester insensible. Le ministre est-il
réellement un démocrate, est-il un homme qui a à coeur le
bien des corps publics d'une région défavorisée de la
Gaspésie? Actuellement, on y dresse des monstres financiers. Le ministre
ne sera peut-être plus là plus tard, mais les contribuables
devront oeuvrer, travailler dans le territoire pour faire face aux obligations
que l'on aura créées dans un projet de loi mal pensé
technocratiquement. On ne se sera pas occupé de l'aspect humain,
l'aspect humain, j'entends, M. le Président. Tous ces aspects qui
imposent aux contribuables de travailler, de peiner pour arriver à payer
les taxes qui leur seront imposées par ces projets de loi.
C'est plus grave que le ministre ne le pense. Ce n'est pas avec un
sourire qu'on reçoit cela, c'est avec tout le sérieux que cela
demande. Si le ministre était réellement allé dans la
région qui fait l'objet du présent projet de loi, il n'aurait pas
rencontré ce qu'il dit avoir rencontré lors de sa dernière
visite. Il faut que le ministre soit extrêmement sérieux, qu'il ne
prenne pas à la légère ce projet de loi qui est un carcan,
qui est un monstre financier pour les contribuables.
Si le ministre est capable de prendre ses responsabilités, il
fera venir les corps publics, les maires devant un comité et leur dira
qu'il s'engage à donner toutes les sommes voulues pour mettre en marche
une pareille ville et qu'il s'engage également à supporter des
services extrêmement déficitaires.
Il faut avoir oeuvré dans ce territoire, il faut avoir agi comme
vérificateur des municipalités pour savoir ce que les services
coûtent dans des territoires qui, à cause de leur topographie,
sont, surtout en hiver, extrêmement difficiles à parcourir. Le
ministre, s'il y était allé, ne l'aurait pas pris à la
légère et, même si les administrateurs lui avaient
demandé d'aller présenter un projet de loi en vertu de la loi des
cités et villes, il aurait été le premier à refuser
parce qu'il aurait connu le problème. Encore une fois, M. le
Président, je crois que c'est une nécessité. Je demande au
ministre d'entendre ceux qui font appel à lui par des messages. Ils ont
fait appel au représentant du comté de Gaspé-Nord. Je ne
sais pas si le député du comté de Gaspé-Sud a
reçu de semblables demandes j'aurais voulu le voir pour le lui
demander mais je sais que semblables documents...
M. TETLEY: Plus fort.
M. GAGNON: ...ont été déposés ici devant la
Chambre. Le ministre, qui en a pris connaissance par la lecture que je viens de
lui en donner, ne peut pas reculer. Il doit accepter la demande de tous ces
intéressés. C'est là une nécessité conforme
aux exigences des responsables de l'administration publique dans ce secteur. Je
dois dire que je serai en faveur de la motion et j'ose espérer que le
ministre y mettra tout le sérieux que cela peut demander.
M. LE PRESIDENT (Brown): Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. SAMSON: M. le Président, s'il était d'habitude...
M. VEILLEUX: M. le Président, une question de
privilège.
UNE VOIX: Bon! Regardez donc cela!
M. VEILLEUX: Pourriez-vous demander à l'honorable
député de Maskinongé d'arrêter de faire certains
signes qui conviennent beaucoup plus au burlesque qu'au sérieux de cette
Assemblée?
M. SAMSON: II n'y a pas de privilège là-dedans, M. le
Président.
M. VEILLEUX: II ne perd rien pour attendre mon discours, parce que je
vais répéter certaines gratuités émises par l'Union
Nationale depuis le début.
M. SAMSON: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT (Brown): A l'ordre!
M. LOUBIER: M. le Président, sur ce point d'ordre, il y a des
endroits que l'on appelle des jardins zoologiques où les gestes que les
autres peuvent faire impressionnent certaines entités
de chair. Si le député se donne le droit
d'interpréter les gestes des députés en Chambre, il y a
des fois où lui-même serait le premier gêné si
quelqu'un interprétait les siens.
M. VEILLEUX: A ce moment-là, vous soulèverez un point
d'ordre, comme je l'ai fait.
M. LE PRESIDENT (Brown): A l'ordre! Le député de
Rouyn-Noranda.
M. LOUBIER: C'est une façon de se défouler.
M. SAMSON: Nous comprenons, M. le Président, que certains membres
sont habitués à interpréter des signes plus que les
paroles, parce qu'ils n'ont pas l'occasion de parler trop souvent. S'il
était permis, s'il était dans l'ordre et s'il était de
tradition de féliciter les adversaires, je me ferais un devoir de
féliciter chaleureusement l'honorable député de
Gaspé-Nord pour le magnifique exposé qu'il vient de nous
faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celui de Gaspé-Sud l'a fait à
temps, à part cela, parce que, cinq minutes plus tard, il n'aurait plus
été capable de le faire.
M. SAMSON: L'honorable député avait raison d'appuyer la
motion d'amendement de l'honorable député de Maskinongé.
Nous étudions aujourd'hui un bill semblable à celui qu'on nous a
présenté hier, avec exactement les mêmes implications. Pour
les mêmes raisons, nous avions, nous aussi, présenté hier
un amendement visant à en reporter l'étude à plus tard,
comme on le fait aujourd'hui. Je crois que, même si le gouvernement a cru
bon, pour des raisons que je ne connais pas, de repousser cet amendement hier,
il devrait aujourd'hui entendre nos justes revendications. Si le bill 67
ressemble au bill 66, les arguments présentés devant nous ont
changé.
En effet, hier, le ministre nous faisait part de son souci de
consultation. On nous a même dit qu'il y avait eu consultation et que ces
consultations avaient été faites de la façon la plus
démocratique possible. Je me ferai un devoir de ne pas
répéter mon discours d'hier parce que, M. le Président, je
pense que nous avons aussi le devoir d'être objectifs et de tenter de
passer à travers la législation dans les plus brefs délais
possibles. Loin de nous l'idée de faire de l'obstruction, loin de nous
l'idée de vouloir retarder les travaux de la Chambre, mais, M. le
Président, on nous a quand même fait des affirmations hier. J'ai
bien voulu, ainsi que notre groupe, donner le bénéfice du doute,
mais aujourd'hui les choses sont changées. J'ai, comme les autres
députés, comme le chef de l'Opposition officielle aussi,
reçu des télégrammes, M. le Président. Ce sont des
télégrammes en provenance des maires. Ce sont justement
ceux-là que nous demandons de consulter, ceux-là que nous
pourrions consulter, grâce à la motion visant à reporter
à trois mois le bill, nous permettant ainsi de consulter les maires de
ces différentes municipalités ainsi que les conseillers de ces
municipalités. Nous recevons aujourd'hui des télégrammes
qui nous disent exactement le contraire de ce que nous a dit le ministre
hier.
M. le Président, à moins qu'on ait justement changé
les maires durant la nuit, que ce ne soient pas les mêmes qu'ils aient
consultés, mais je ne pense pas que ça se soit fait comme
ça. M. le Président, nous le croyions sérieusement quand
on nous a dit hier: Tout le monde a été consulté,
ça s'est fait démocratiquement. On ne voudrait rien imposer. Nous
avons cru tout ça, mais nous avons aujourd'hui la preuve du contraire.
Je pense qu'il y a des limites à se jouer de l'Opposition, il y a des
limites aussi à se jouer des représentants qui ont
été élus dans ces municipalités de façon
très démocratique.
Or, M. le Président, on assiste actuellement à
l'imposition, de la part du gouvernement, d'un bill visant à regrouper
les municipalités malgré elles, et ça, c'est inacceptable.
C'est la raison pour laquelle nous avions demandé par la motion de faire
comparaître les représentants de ces différentes
municipalités. Nous avions tellement raison hier qu'on nous apporte la
preuve aujourd'hui que nous devons les consulter. S'il y a consultation, M. le
Président, je crois que même le gouvernement qui veut actuellement
imposer ses directives et sa volonté, ne pourra pas, après
consultation à la commission de l'Assemblée nationale, devant la
population, devant le public, se permettre de laisser ce bill. Le gouvernement
devrait reculer devant l'opinion publique, mais c'est de ça, je crois,
que le gouvernement a peur, d'être obligé de reculer devant
l'opinion publique. Or, si nous demandons de reporter ce bill à trois
mois, à ce moment-là, dans la région de la
Gaspésie, l'opinion publique va se former, vous aurez des contestations.
Non seulement les maires nous enverront des télégrammes, non
seulement les conseillers des différentes municipalités nous
feront parvenir des télégrammes, mais encore la population de ce
coin nous enverra probablement des lettres en nous disant de nous opposer
à ce bill jusqu'à ce que soit faite une étude plus
approfondie, une étude plus sérieuse que celle que nous avons
connue ou qui a été faite auparavant. Qu'on donne donc la chance
à ces gens-là de venir s'exprimer librement. Qu'on donne donc la
chance aux maires et aux conseillers de ces municipalités de venir
rencontrer le gouvernement, les honorables députés de
l'Assemblée nationale, les députés de l'Opposition qui
n'ont pas nécessairement les mêmes questions à poser
à ces maires que ceux de l'autre côté des banquettes, que
ceux du gouvernement.
C'est ça, la démocratie, M. le Président, et
c'est pour ça que nous nous battons depuis longtemps.
Hélas, lorsque les problèmes arrivent, lorsque les grands
troubles arrivent, on nous demande de nous élever au-dessus des lignes
de parti, au-dessus des idéologies pour faire front commun pour sauver
la démocratie.
Après qu'on l'a sauvée, le gouvernement est le premier,
par un bill qu'il nous apporte aujourd'hui et qui veut imposer sa
volonté, à vouloir bafouer cette démocratie.
Actuellement, avec la majorité du gouvernement, nous savons tous
qu'en n'importe quel temps on peut nous imposer n'importe quoi. Nous savons
tous qu'en n'importe quel temps on peut adopter n'importe quel genre de loi
grâce à la majorité du gouvernement. Mais la
majorité, la quantité n'a pas toujours raison, et c'est ce que
nous sommes en train de prouver ici. C'est la quantité encore une fois
qui agira alors qu'on laissera de côté les raisons valables, les
vraies raisons, alors qu'on laissera de côté la logique
même.
Je crois que les gens de la Gaspésie sont des gens
extrêmement patients...
UNE VOIX: Intelligents.
M. SAMSON: ... pour endurer intelligents sûrement parce que
ces gens ont su survivre malgré tous les problèmes
économiques qu'ils ont connus de se voir imposer, comme le fait
le bill 67, un regroupement de municipalités malgré leur
volonté. Bien qu'ils n'aient pas été consultés, il
se le font imposer et ils se contentent de procéder par les voies
normales, c'est-à-dire faire écrire les maires. Les maires nous
envoient des télégrammes. Dans d'autres régions, ça
ne se passerait pas comme ça. La population se lèverait et je
vous garantis parce que j'ai eu connaissance qu'il semble que certaines
personnes parlent aussi de regroupement dans ma région que si on
tentait la même chose dans la région du Nord-Ouest
québécois, ce ne seraient pas des télégrammes que
nous recevrions. Je vous garantis que les maires signeraient le
télégramme et qu'ils viendraient le porter eux-mêmes
à Québec. Et en plus des maires il y aurait aussi la population
qui se dérangerait pour venir contester de telles choses, de telles
impositions de la volonté du gouvernement.
Nous assistons encore une fois et c'est pourquoi la motion du
député de Maskinongé pour reporter ce bill à trois
mois est tellement à point à de la centralisation. Nous
assistons à l'éloignement de l'administration. Alors
qu'aujourd'hui le peuple a déjà beaucoup trop de
difficulté, hélas, à dialoguer avec ses administrateurs,
on éloignera de plus en plus l'administration du peuple. Pourquoi? Parce
que je crois que le gouvernement a de plus en plus peur de dialoguer avec la
population. Le gouvernement a de plus en plus peur d'être devant des
faits, d'être devant le fait que la population et il le sait
ne sera pas toujours d'accord avec ce qui se produit. C'est ce dont a
peur le gouvernement. C'est ce genre de chose qu'il semble que le gouvernement
veut absolument éviter. J'avais bien raison de dire hier que,
malgré les 18 applaudissements qu'a reçus le ministre, il est
encore permis de se poser des questions quand ça dépasse . 08
parce que je crois que ce ne sont pas les maires qui ont été
consultés mais peut-être certaines personnes qui n'avaient pas de
mandat de la population. Je n'ose pas donner de nom, je n'ose pas nommer de
fonction, mais nous pouvons quand même nous poser toutes sortes de
questions.
Aujourd'hui, par le bill 67 si cette motion est refusée
par le gouvernement nous assisterons tout simplement à
l'installation d'un carcan sur les différentes municipalités qui
sont concernées. Nous pourrons, et ça nous semblera absolument
logique, comparer ce carcan à une prison. Encore, si c'était la
prison d'Orsainville, je dirais ce n'est pas trop mal, mais ce serait pire que
ça...
UNE VOIX: C'est le zoo qui est à Orsainville.
M. SAMSON: ... ce serait une vraie prison une prison d'où
personne ne pourrait s'échapper une fois que ces gens seraient
"encarcanés".
C'est pour cela qu'avant de laisser le gouvernement faire une
bêtise, l'Opposition officielle et l'Opposition créditiste croient
de leur devoir de réagir et d'expliquer au gouvernement qu'il est encore
temps de revenir sur ses pas afin de faire des choses que la population
admirera de lui s'il accepte de reporter ce projet de loi à trois mois
pour permettre d'en faire une étude plus approfondie et de consulter
réellement les maires, même si, aujourd'hui, on nous a dit qu'ils
sont ou qu'ils semblent contre ce projet.
Si on les consulte, si on les amène à la commission
parlementaire, nous pourrons dialoguer avec eux. Nous pourrons faire
connaître nos points de vue et ils pourront dire ce qu'ils en pensent. Le
dialogue, c'est encore la meilleure façon de faire respecter la
démocratie. Actuellement, le gouvernement, qui se dit toujours
prêt à dialoguer avec la population, est prêt à le
faire, mais en prenant bien soin, avant, de bâillonner son
interlocuteur.
Nous demandons au gouvernement, à ce moment-ci, de retirer le
bâillon à son interlocuteur et de le laisser s'exprimer librement.
Si, à la suite d'études sérieuses, d'études
approfondies, d'études réellement objectives, on a réussi
à nous prouver que ce projet de loi est bon pour cette population, nous
voterons en faveur. Actuellement, non seulement on ne nous l'a pas
prouvé, mais je pense qu'on a prouvé une certaine mauvaise
volonté. Je ne sais pas de qui l'a fait, mais les
télégrammes parlent par eux-mêmes. Ce n'est pas nous qui
les avons écrits; nous les avons reçus...
M. TESSIER: Ah! cela on ne le sait pas.
M. SAMSON: ... et nous devons les prendre ne considération, chose
que le gouvernement ne semble pas habitué à faire. Il ne semble
pas que le gouvernement soit habitué à prendre en
considération les justes revendications de la population. Si le
gouvernement n'est pas habitué à cela, je pense que c'est le
temps qu'il commence à le faire parce que des justes revendications de
la population, il en viendra d'autres. N'attendons pas qu'elles se transforment
en contestation, parce que, quand c'est transformé en contestation, on
fait appel à tout le monde et on dit: Venez nous aider parce qu'il y a
du monde qui conteste et c'est dangereux quand ça conteste.
Si on ne veut pas que cela arrive, qu'on leur donne donc la chance de
s'exprimer en toute liberté. Cela respectera ce que nous, de ce
côté-ci de la chambre, sommes habitués à respecter:
la démocratie.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député, de
Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, je veux, à la suite de mon
collègue, le député de Gaspé-Sud...
UNE VOIX: Nord.
M. DEMERS: ... de Gaspé-Nord, je m'excuse celui de
Gaspé-Sud dirait la même chose, s'il était libre de le
faire je veux ajouter ma modeste opinion dans ce débat. Je veux
appuyer la motion du député de Maskinongé non pas pour
être conforme à une ligne de parti, mais bien en me basant sur ces
documents que j'ai reçus, moi aussi. C'est étrange, il n'y a que
le ministre qui n'en reçoit pas.
M. TESSIER: Oui, je les ai reçus.
M. DEMERS: Vous les aviez cachés hier soir.
M. TESSIER: Non. A quelle heure les avez-vous reçus?
M. DEMERS: A quatre heures, cet après-midi.
M. TESSIER: Parfait, moi aussi. Alors, comment vouliez-vous que j'en
parle hier soir?
M. BERTRAND: Ce soir, vous les aviez. M. DEMERS: Dans ledit
télégramme...
M. TESSIER: Je n'ai pas encore parlé. Je vais parler tout
à l'heure.
M. DEMERS: ... on fait mention...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous les aviez consultés avant, vous
les auriez reçus avant.
M. DEMERS: M. le Président, on a tellement entendu le ministre
des Affaires municipales qui, de sa voix de crécelle, nous a endormis
depuis deux jours sur les projets, qu'il me laisse donc faire mon intervention!
Tantôt, lorsque ce sera son tour de parler, il prendra le temps qu'il
faut et il endormira la Chambre encore une fois. Sur une distance de 60 milles,
tel que l'a décrit tantôt un type de l'endroit, le seul qui
connaisse cela, le seul qui ne soit pas lié, le député de
Gaspé-Nord...
M. TESSIER: Ce n'est même pas dans son comté.
M. DEMERS: ... M. le Président... M. LOUBIER: II ne savait pas
ça.
M. DEMERS: On a donc peur de mon intervention! Laissez-moi donc parler,
s'il vous plait!
UNE VOIX: On n'en a pas peur, parce que c'est inutile.
M. DEMERS: Tiens, ça vous inquiète.
M. TESSIER: Ah non! Pas du tout, pas du tout.
M. DEMERS: Les communautés urbaines de Hull, s'il vous
plaît!
M. PARENT: C'est inutile.
M. DEMERS: Si un homme ne peut pas parler de communauté urbaine,
il me semble que c'est le député de Hull. Douze mille de
population, nous avons le télégramme de M. Bernard Bourget, maire
de Rivière-aux-Renard; 3,000 de population, M. le Président, il
est contre le projet de loi.
M. TESSIER: C'est un bleu.
M. DEMERS: Peu importe! C'est la preuve que, dans votre affaire, il n'y
a pas que des maires intelligents. Cela presse. Trois mille contre.
Elphège Huet, maire de Saint-Majori-que...
M. TESSIER: Un autre bleu!
M. DEMERS: Ce sont seulement des bleus! Mille de population, ça
fait 4,000, M. le Président. Victorin Jalbert, maire de
Saint-Maurice...
M. TESSIER: Un autre bleu.
M. DEMERS: ... dans le comté du député de
Gaspé-Nord. Deux mille de population. Je suis rendu à 6,000, soit
50 p. c. M. le Président, ça commence à être
inquiétant.
M. TESSIER: Pas encore, c'est minoritaire.
M. DEMERS: M. O'Connor Herwick, Cap-des-Rosiers, 600 de population,
contre le pro-jet.
M. TESSIER: Un autre bleu!
M. DEMERS: ... 5,600, non 6,600; Benoît Whittey, maire de
l'Anse-au-Griffon, 800 de population; 7,400, M. le Président.
M. CARON: Un autre bleu!
M. DEMERS: ... Il nous dit qu'il les a consultés! Il est
passé un soir, à la brunante, M. le Président, il a pris
un échantillon sur le bord de la mer, puis il est revenu en Chambre, et
il nous a dit hier: On les a tous consultés. M. le Président, on
n'a pas le droit de mettre en doute la parole d'un collègue mais,
franchement, il était mal informé, notre ministre des Affaires
municipales, parce que, ce soir, sur 12,000 de population, nous avons 7,400
personnes qui nous demandent, à la suite de tous ces gens, à la
suite d'un député qui vient de l'endroit...
M. VEILLEUX: Ce n'est pas vrai.
M. DEMERS: ... qui est né là, qui a vécu là,
qui n'est pas venu se promener en été dans le mois de juillet, et
de retarder le projet à trois mois.
Il n'y a pas péril en demeure, on a le temps, trois mois. Ces
gens vont venir se promener à Québec, ils vont connaître le
ministre des Affaires municipales et ils vont voir que ce n'est pas drôle
d'avoir un ministre des Affaires municipales comme ça.
M. CARON: Qu'est-ce que ç'a donné l'an passé?
M. DEMERS: Ils vont venir à la commission, on va discuter avec
eux, on va leur poser des questions et quand on aura ouvert ça à
tout le monde, on va avoir 12,000 sur 12,000.
M. CARON: Qu'est-ce que ç'a donné l'an passé, quand
tout le monde de Montréal est venu? Vous avez passé ça
à la course, ça n'a rien donné.
M. DEMERS: Un instant. J'y étais.
M. CARON: J'y étais moi aussi, il y avait bien plus de monde que
6,000 ou 7,000 personnes.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Attendez donc tantôt! Le petit gras de Verdun parlera
tant qu'il voudra et je ne l'arrêterai pas... Il a essayé l'autre
jour. Il avait un petit papier mais il n'a pas pu le lire.
M. LE PRESIDENT (Hardy): S'il vous plaît.
M. DEMERS: Qu'on me laisse la paix, qu'on me laisse parler! Qu'on laisse
parler le grand monde! M. le Président, je comprends, mais ça
devient "achalant".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce qu'il a son tonnage.
M. DEMERS: II y a un proverbe que je voudrais citer mais ça ne
serait peut-être pas à propos. M. le Président, je
voudrais, à la suite de la motion du député de
Maskinongé, faire appel à la raison, au sens commun que le
ministre dit avoir. On parle de sa main de fer dans un gant de velours, j'ai lu
ça dans le Devoir, imaginez! On n'a pas le droit de nommer les journaux?
Mais là, il va avoir un gant de fer, une main de fer il va tout
casser et puis un coeur de fer. Il y a une population de 8,000
âmes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II va se retrouver avec une gueule de
bois.
M. DEMERS: ... qui demande de surseoir au projet, M. le
Président.
M. VEILLEUX: C'est un hélicoptère.
M. DEMERS: J'appuie la motion de mon collègue de
Maskinongé et, à la suite des gens de ce côté-ci qui
veulent que la démocratie soit sauve, qui veulent qu'on bâtisse
quelque chose de bien et de sérieux dans le Québec, je demande
qu'on surseoie à trois mois et qu'on appuie cette motion afin qu'on
puisse venir s'expliquer, afin que les gens de Cap-des-Ro-siers, que les gens
attendez une minute, il y en a de Rivière-au-Renard, de
Saint-Majori-que même si ce sont des bleus, me dit-on, ce ne sont
pas tous des imbéciles vous allez voir qu'ils vont être
assez bons pour vous faire comprendre des choses que vous n'avez jamais
comprises.
Mon cher M. le Président, je vous remercie de m'avoir entendu et
je demande que le ministre entende, s'il ne comprend pas, ce qu'on lui
demande.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Montmorency.
M. Louis Vézina
M. VEZINA: M. le Président, j'ai écouté avec un vif
intérêt ce débat sur la motion du député de
Maskinongé, je l'ai même fait sans interruption...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un ténor léger!
M. VEZINA: ... si ce n'est une petite interruption de deux mots pour
dérider cette Assemblée. Cette motion du député de
Maskinongé, je dois l'admettre, M. le Président, offrait à
première vue une certaine saveur pour ceux qui étaient
prêts à mordre dedans. Le premier fut le député de
Mégantic. Il a réellement étayé la motion;
jusqu'à un certain point, je le confesse, il a su apporter les bons
arguments. Encore là, on avait mis un peu plus de saveur. De ce pas, il
y a eu un troisième à croquer dedans, mais déjà la
saveur commençait à être un peu moins attirante.
C'était en quelque sorte du réchauffé, des arguments
réchauffés. Le député de Chicoutimi sait que je
parle de lui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président.
M. VEZINA: C'est pure taquinerie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ténor s'exprime bien, mais il ne
chante pas bien.
M. VEZINA: Mais, je me suis rappelé une parole du
député de Maskinongé qu'un avocat, lorsqu'il a une bonne
cause, y va avec calme, qu'un avocat, lorsqu'il a une bonne cause, expose avec
sérénité ses arguments. Je me suis convaincu que cette
motion était pour le moins chancelante quand j'ai vu le ton et le style
des discours du député de Gaspé-Nord, du
député de Rouyn-Noranda et le dernier mais non le moins
suave du député de Saint-Maurice.
M. le Président, je m'interroge sérieusement sur ce que
pourrait donner la consultation, si nous reportions à trois mois
l'étude de cette loi. Nous avons dans cette Chambre, ce soir, une forme
de consultation pour connaître précisément le pour et le
contre de cette motion, de la loi elle-même ou d'autres lois. Vous en
conviendrez, M. le Président, si cette futurible consultation
revêtait les mêmes caractères, je me permets dès
immédiatement d'ajouter que cette consultation ne serait pas à
tout le moins la meilleure.
J'ai vécu ce que c'était que la consultation par cette
Chambre et ses commissions. On parle de sauvette, on veut retarder le projet
à trois mois pour faire de la consultation. Or, lorsque l'on a
créé, quasi en mon absence, la Communauté urbaine de
Québec, j'y représentais certains honorables membres de
cette Cham- bre s'en souviennent non pas 5,000, 8,000, ou 10,000 mais
70,000 personnes. Nous avons adressé non pas deux, trois, quatre, mais
des dizaines et des dizaines de télégrammes. Nous avons fait des
dizaines et des dizaines de suggestions dans mémoire sur mémoire.
Ceux qui oeuvraient à ce moment-là dans cette Chambre se le
rappellent, aucune de nos suggestions n'a été admise. Or,
aujourd'hui, on nous crie: On veut de la consultation. Mais je dis:
Pourquoi?
Quel est le véritable motif pour remettre cette loi à
trois mois? Il fallait être citoyen du Québec depuis des
années pour constater dans les journaux, jour après jour, semaine
après semaine, les activités du BAEQ. Cela en était
assommant. On se demandait, nous, des autres régions, s'il resterait de
l'argent pour d'autres études, parce que tout semblait aller
là-bas. Nous qui voyagions à Rimouski, le lundi matin, à
l'aréoport de Québec, les avions étaient pleins de
diplômés de toutes sortes, volumes en dessous du bras, et on
partait faire de l'animation, on partait faire de la consultation. Des
années et des années de temps, et, aujourd'hui, on dit: On n'a
pas consulté. On n'a pas consulté. Tout le monde a
été vu, un par un et bien des fois, à part ça. On
dit: II faut retarder de trois mois! Mais cette motion, je me demande si ce
n'est pas un piège, et un savant piège, tendu au gouvernement
pour l'inviter à gouverner dans le style du gouvernement
précédent: Remettre de trois mois en trois mois!
M. le Président, il faut reconnaître que les propos du
député de Gaspé-Nord doivent être pris très
au sérieux. Il connaît la région. Il nous l'a dit. Il y a
vécu. Il a été le vérificateur de corporations
municipales. Il sait comment c'est difficile d'organiser la vie municipale dans
cette région. Il sait les nombreux problèmes auxquels on doit
faire face. Je veux me servir de l'argument de mon bon ami, le
député de Bellechasse, qui a cité le ministre des Affaires
municipales, à la page 2052 du journal des Débats, où
à deux reprises, dans la même colonne, il disait: "II faut faire
confiance aux administrateurs municipaux". Or, je vous le demande, n'est-ce pas
faire confiance aux administrateurs municipaux que de leur créer une
structure qui va leur permettre, à eux, de relever les défis
énoncés par le député de Gaspé-Nord? Ce
n'est pas en les endormant de discours, c'est en leur donnant des structures
qui leur permettront de travailler, dans le milieu, à relever ces
défis. C'est pour cela qu'il ne faut pas remettre cette loi à
trois mois.
M. LOUBIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. VEZINA: Oui.
M. LOUBIER: Si ces mêmes édiles, ces mêmes
conseillers municipaux ne veulent pas de
cette structure, est-ce qu'il faut encore faire confiance aux
administrateurs?
M. VEZINA: M. le Président, il est prouvé, dans le monde
municipal, et le député de Bellechasse sait combien je
côtoie ce monde depuis des années, qu'il y a toujours eu, et c'est
la nature humaine, quelques petits roitelets locaux qui lancent un dernier cri
lorsqu'on leur enlève leurs petits privilèges. Cela, c'est
connu.
M. GAGNON: Pas des roitelets...
M. VEZINA: Mais on sait ceux qui ont rencontré toute la
population, ceux qui ont vu les corps intermédiaires, ceux qui ont
consulté tout le monde; ils sont arrivés avec d'immenses volumes
qui ont été déposés, en quelques années, en
cette Chambre. Nous les avons tous consultés, on y retrouve les propos
du leader parlementaire du gouvernement, qui disait: II faut restructurer,
c'est essentiel. On parle de grands territoires. L'honorable
député de Gaspé-Nord me permettra de lui signaler une
expérience que j'ai vécue. En 1965, le 17 octobre
exactement...
M. LOUBIER: A quelle heure?
M. VEZINA: Onze heures et quart du soir! Le ministre des Affaires
municipales d'alors...
M. GAGNON: C'est une expérience de "planning", ça.
M. VEZINA: ...remettait...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. VEZINA: Est-ce que le député veut poser une
question?
M. DROLET: Vous aviez veillé si tard que ça?
M. GAGNON: C'est une expérience de "planning", à onze
heures et quart du soir!
M. VEZINA: Le ministre des Affaires municipales d'alors...
M. LOUBIER: Ce doit être vers la même heure que le
député de Rimouski a consulté ces maires-là.
M. VEZINA: Le ministre des Affaires municipales d'alors, l'honorable
Pierre Laporte, remettait la charte de la ville de Bécancour le 17
octobre 1965. On faisait, de onze municipalités rurales...
M. MASSE (Montcalm): Qu'est-ce que cela a donné?
M. VEZINA: ... étendues sur 202 milles carrés, une
municipalité de ville.
M. GAGNON: Oui mais...
M. VEZINA: Depuis ce temps où j'ai eu l'honneur de travailler
avec eux, je puis vous dire que c'est un grand succès, un très
grand succès sur le plan administratif, sur le plan municipal. Ne
demandez pas à cette population qui, au début, avec raison,
regimbait un peu à cette idée, ne leur demandez pas aujourd'hui
de revenir en arrière.
C'est pour cela, M. le Président, et vous le comprenez de plus en
plus, j'en viens à ma conclusion que je vous annonce que
je serai contre la motion du député de Maskinongé.
Une autre raison, M. le Président elle est
sérieuse, celle-là je me demande si cette motion n'est pas
un grave danger pour nos amis de l'Opposition officielle. Je me permettrai de
leur rendre ce petit service, entre amis. Je me demande s'ils ne se sont pas
tirés un peu à corps perdu dans les bras, dans les idées
et dans la philosophie de leurs voisins de gauche puisque, plus que jamais, la
philosophie de ces partis se conjugue, puisque, plus que jamais, on se
rencontre sur la méthodologie à employer pour faire de
l'opposition...
M. DROLET: La philosophie des péquistes...
M. VEZINA: ... on se fait dire, M. le Président: II n'y a pas
d'opposition en Chambre! Je leur dis: Non attendez! Ils vont s'unir. Attendez
un peu. Et ce soir, c'est ce premier germe qui pousse tranquillement.
M. DROLET: Nous n'avons pas peur de nous unir, nous, pour la bonne
cause.
M. VEZINA: Je ne dis pas, M. le Président, qu'ils ont tort ou
qu'ils ont raison. C'est à eux de décider de leur propre
destin.
Enfin, M. le Président, je crois me faire le haut-parleur...
M. LOUBIER: Pas le haut, le beau.
M. VEZINA: ... de toute cette population qui est
représentée, ici, par notre distingué collègue, le
député de Gaspé-Sud qui a su, lui, nous dire pourquoi...
Il a su, M. le Président, nous dire, lui qui est dans le milieu, lui,
justement, qui est le premier à être consulté: On veut la
pyramide, on commence par la base. On s'est arrêté aux maires,
trois ou quatre maires. Montons au député: II les
représente tous, ces gens-là. Il nous dit: Vite, ça
presse, pour ma région, pour mon comté, pour ma population.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. VEILLEUX: M. le Président, après avoir entendu les
aberrations, que je pourrais qualifier de mentales, de certains de l'Opposition
officielle et officieuse...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On n'entend pas vos aberrations, on les
constate.
M. VEILLEUX: ... dans les arguments qu'ils ont apportés en faveur
de cette motion présentée par l'honorable député de
Maskinongé, je ne puis comprendre ce soir, M. le Président...
M. LOUBIER: Sur un point de règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Bellechasse invoque un article du règlement.
M. LOUBIER: Je comprends que, pour le député, cela puisse
devenir une question d'appréciation et, à ce moment-là,
que cela le conduise à employer les termes antiparlementaires
d'aberration mentale des députés de l'Opposition officielle, etc.
Disons que ce sont des accusations qui ont beaucoup de barbe mais qui ne sont
pas conformes aux règlements. Je pense que le député, au
lieu d'accuser les opinants qui l'ont précédé de souffrir
d'aberration mentale, devrait discuter d'une façon un peu plus sereine
et constructive en imitant, par exemple, le député de Montmorency
qui a su, sur un ton très agréable, exprimer son opinion.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Bellechasse
pourrait-il me...
M. LOUBIER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): ... citer l'article sur lequel repose...
M. LOUBIER: ... est-il nécessaire...
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Bellechasse sait fort bien, comme je le mentionnais il y a quelques minutes,
qu'on ne s'adressait pas à lui.
M. LOUBIER: Ah non?
M. LEVESQUE: Voyons! Voyons!
M. LOUBIER: Non, mais M. le Président, si on veut éviter,
surtout à une heure aussi tardive, que les débats ne
s'enveniment...
M. VEILLEUX: Disons des affirmations gratuites.
M. LOUBIER: ...je pense qu'on devrait demander au député
d'avoir un langage un peu plus serein que celui d'accuser, par exemple, ceux
qui ont parlé tout à l'heure d'aberration mentale. Chacun a
exprimé son opinion d'une façon constructive, je pense, et d'une
façon très sincère, de quelque parti politique que ce
soit. Le député devrait, au moins, s'efforcer d'imiter ceux qui
l'ont précédé sur ce plan.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A moins que d'autres députés ne
me le prouvent, je ne vois pas en quoi le terme "aberration'' peut-être
antiparlementaire. "Aberration", cela veut dire erreur, cela veut dire que l'on
erre. Je pense bien qu'il est normal que des députés...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, souvent on ignore sa
propre maladie. Attention!
M. LE PRESIDENT (Hardy): II est fort possible que des
députés puissent errer, parce que ce sont des humains. Alors, je
ne vois rien d'antiparlementaire dans les propos du député de
Saint-Jean.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Errare humanum est.
M. LOUBIER: M. le Président, je prends bonne note que vous
acceptez que des termes comme celui d'aberration mentale puissent être
accrochés, à l'un ou l'autre des membres de cette Chambre. J'en
prends bonne note, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A moins que l'on ne me prouve que c'est
antiparlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est une
décision aberrante.
M. LOUBIER: Est-ce que vous savez votre français, M. le
Président? Vous n'avez qu'à regarder dans le dictionnaire la
définition d'aberration mentale et, si la partisanerie ne vous bloque
pas complètement l'esprit, vous allez en connaître la
signification.
M. LEVESQUE: A l'ordre! Nous ne pouvons pas laisser passer de tels
propos à l'adresse de la présidence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, votre décision
est aberrante.
M. LEVESQUE: Voyons! Voyons!
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. LEVESQUE: Si nous laissions passer de tels propos, il serait
impossible de garder un certain ordre et une certaine dignité dans nos
délibérations. Je sais fort bien que le député de
Bellechasse n'avait pas d'intention comme celle
qu'on pourrait lui attribuer après avoir entendu ses propos. Au
contraire, je crois que, lorsque le député de Saint-Jean a
parlé d'aberration, il a certainement voulu dire erreur et non pas
aberration mentale, sens que voudrait lui attribuer le député de
Bellechasse et qui veut dire autre chose.
M. LOUBIER: C'est ce qu'il a dit.
M. LEVESQUE: Je suis sûr que la présidence également
avait interprété cela de cette façon. De toute
façon, M. le Président, si le député de Saint-Jean
me le permet, je me fais son interprète pour dire qu'il n'avait jamais
eu à l'idée le député de Bellechasse, dont on
connaît très bien la gentilhommerie et l'objectivité.
M. VEILLEUX: M. le Président...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque à mon
tour le règlement. Je remercie le leader de la Chambre et, pour montrer
notre esprit de collaboration, je vais envoyer au député de
Saint-Jean un dictionnaire français.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. Jacques Veilleux
M. VEILLEUX: D'abord, disons, pour faire plaisir aux honorables membres
de l'Opposition, des affirmations gratuites.
Je ne puis concevoir, ce soir, M. le Président, que des gens, en
1970, mettent en question le principe du regroupement et de la fusion. En
effet, si nous avons écouté les honorables
réquisitoires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question de privilège.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi, sur une question de privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): H a été établi de
façon précise par le député de Maskinongé,
par les autres collègues qui ont parlé et par moi-même que
nous ne mettons absolument pas en cause le principe du regroupement. Nous avons
simplement mis en cause les modalités de regroupement que le ministre
des Affaires muncipales nous propose dans le cas du projet de loi. Alors,
j'aimerais que le député se rende compte que nous sommes tout
à fait d'accord avec le principe du regroupement et qu'il ait un tant
soit peu de respect pour la vérité.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'aimerais bien, quand je commence à m'exprimer,
qu'on attende la fin de ma phrase afin de bien comprendre ce que je vais dire.
J'ai dit et je répète que quelques membres de l'Opposition ont
mis en question l'idée de regroupement. Quand, notamment l'honorable
député de Gaspé-Nord a donné comme exemple le fait
que des commissions scolaires qui avaient été regroupées
ont aujourd'hui des déficits de plusieurs centaines de milliers de
dollars, il a mis en jeu l'idée du regroupement scolaire.
Il est parti de cet argument pour justement appuyer la motion de
l'honorable député de Maskinongé.
Je veux prouver à l'honorable député de
Gaspé-Nord qu'il est comprètement faux de dire que le
regroupement scolaire a entraîné des déficits dans les
commissions scolaires. J'ai vécu dans le milieu scolaire pendant de
nombreuses années. J'ai pu constater, surtout pendant les quatre
dernières années, le pourquoi des déficits des commissions
scolaires, notamment des régionales, tout simplement, comme le disait
l'honorable député de Montmorency tout à l'heure...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. VEILLEUX: ... parce que de petits roitelets...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi invoque le règlement.
M. GAGNON: Le député de Saint Jean me permettrait-il une
question?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Il faudrait quand même que les
honorables membres de l'Opposition s'entendent. L'un invoque le
règlement et l'autre pose une question.
A l'ordre! l'honorable député de Chicoutimi sur une
question de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais simplement, invoquant le
règlement, vous demander une directive. Discutons-nous d'un amendement
ou si nous parlons d'un problème scolaire? Je crois que la règle
de la pertinence du débat devrait être examinée ici et que
vous devriez rappeler au député qu'il doit s'en tenir au texte de
l'amendement proposé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je suis parfaitement d'accord avec l'honorable
député de Chicoutimi pour reconnaître que le débat
actuel doit porter sur la motion d'amendement. Par ailleurs, je crois
comprendre qu'auparavant l'honorable député de Gaspé-Nord,
pour étayer sa thèse à l'effet que le projet de loi devait
être retardé, a amené comme argument le regroupe-
ment des commissions scolaires. C'est dans la même veine, dans le
même style que l'honorable député de Saint-Jean reprend
cette argumentation.
Vous comprendrez avec moi qu'il est très difficile d'arriver
à fixer d'une façon absolument précise les limites d'un
débat comme celui qui a lieu présentement. Je ne vois donc pas en
quoi les propos de l'honorable député de Saint-Jean sont hors
d'ordre présentement que ceux de l'honorable député de
Gaspé-Nord antérieurement.
L'honorable député de Saint-Jean.
M. GAGNON: Le député de Saint-Jean me permettrait-il une
petite question?
M. VEILLEUX: Justement, M. le Président, pour montrer la
démocratie qui existe dans le Parti libéral, contrairement
à ce que l'honorable député de Gaspé-Nord a fait
tout à l'heure, je lui permets une question.
M. GAGNON: Très bien. Ce n'est pas une question qu'il avait
à me poser tout à l'heure.
Le député de Saint-Jean pourrait-il me dire à
combien de reprises il a visité le territoire qui fait actuellement
l'objet du bill 67?
M. VEILLEUX: M. le Président, lorsqu'on met en question le
principe du regroupement, si on se promène quelque peu à travers
la province, les avantages et les désavantages du regroupement, sont
sensiblement identiques d'une place à l'autre.
Face au regroupement des commissions scolaires, notamment dans le milieu
dans lequel je vis, je puis vous dire avec certitude que si les commissions
scolaires ont des déficits, ont des difficultés d'administration,
ce n'est pas dû au fait qu'on rencontre des commissions scolaires
régionales au niveau secondaire, mais c'est dû au fait que le
gouvernement précédent n'a pas voulu prendre ses
responsabilités...
M. GAGNON: En 1960?
M. VEILLEUX: ... face au regroupement des commissions scolaires au
niveau élémentaire.
On a dit subitement: Laissons le regroupement se faire volontairement
avec le résultat que nous nous retrouvons encore en 1970 avec mille
commissions scolaires.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. VEILLEUX: II est temps, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. VEILLEUX: ... qu'au niveau municipal...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que la
latitude que vous avez accordée aux autres orateurs a été
peut-être assez large, assez souple mais actuellement il ne s'agit plus
du tout de l'amendement. Il ne s'agit même plus de problèmes
scolaires, il s'agit de juger de l'administration qui a
précédé celle du gouvernement actuel. J'aimerais quand
même qu'on s'en tienne, même avec une certaine latitude, dans des
limites normales qui nous permettent de cerner le problème qui fait
l'objet des discussions que nous avons.
M. LEVESQUE: M. le Président, je comprends évidemment
l'inquiétude du député de Chicoutimi vis-à-vis
d'une infraction au règlement. Je connais son grand souci pour le
respect de ces règlements. C'est un peu dans cette veine que je
comprends qu'il se soit levé, mais il s'est levé juste au moment
où le député de Saint-Jean arrivait après
avoir passé par la subordonnée à la phrase
principale où il disait que ce regroupement municipal...
Il y arrivait justement. Au moment où le député de
Chicoutimi se levait, il revenait justement dans le sujet. Je comprends que le
député de Chicoutimi va lui permettre de revenir à
l'ordre.
M. SAMSON: Comment le savez-vous?
M. LE PRESIDENT (Hardy): J'invite évidemment l'honorable
député de Saint-Jean à revenir au débat.
M. VEILLEUX: Comme l'honorable député de Bonaventure le
disait, en français, il n'y a pas seulement des dictionnaires qui
peuvent nous aider à comprendre, mais il y a aussi la grammaire. Je
crois que l'honorable député de Chicoutimi a oublié peu
à peu sa grammaire. Comme l'honorable député de
Bonaventure le disait, j'arrivais à ma principale. Il est temps...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Hello, le petit instituteur!
M. LE PRESIDENT (Hardy): Messieurs, à l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II nous donne une copie qui n'a pas
été corrigée.
M. VEILLEUX: II est temps que le gouvernement prenne ses
responsabilités et regroupe. Etant donné que la volontariat dans
le regroupement a constitué un échec au Québec, tant dans
le domaine scolaire que municipal, il est temps que le gouvernement prenne ses
responsabilités et fasse un regroupement par voie législative.
C'est d'ailleurs ce que se propose de faire l'honorable député de
Rimouski.
Je voudrais cependant que l'Opposition officielle n'oublie pas que ce
projet de regrou-
pement municipal dans le secteur de Gaspé découle du parc
Forillon. Je sais pertinemment bien que le ministre responsable de la
création... Oui, vous pouvez aller chercher l'honorable
député de Montcalm, cela me ferait plaisir.
M. LOUBIER: M. le Président, je voudrais soulever un autre point
de règlement, je suis obligé de le faire. Je vais rencontrer
à l'arrière du trône le premier ministre et d'autres
personnes qui sont en train de discuter. Il est tellement traumatisé ou
effrayé je ne sais pas quoi qu'il prétend que je
vais chercher le député de Montcalm. S'il est rendu comme Jeanne
d'Arc et qu'il entend des voix, ça commence à être
grave.
M. VEILLEUX: J'entends des voix, mais je sais que le
député de Montcalm en entend d'autres.
M. LOUBIER: Vous seriez mieux, à ce moment-là de le raser
encore une fois avec le règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je disais que le ministre responsable de cette
création du parc Forillon sous l'ancien gouvernement, aujourd'hui petit
député de Montcalm, a retardé volontairement pendant un
an...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'en appelle au
règlement, aux articles 61 et 62, puisque vous vouliez que l'on
spécifie les articles. Les articles 61 et 62 spécifient si
vous voulez vous porter à votre livre de règlements, que
durant les séances, les députés doivent tous observer le
règlement et garder le décorum. L'article 62 explicite entre
autres le décorum. Je ne pense pas que le député actuel
peut-être à cause de son inexpérience de la Chambre
respecte le règlement. J'aimerais que l'on n'ait pas besoin
continuellement d'invoquer les articles en citant les numéros. Ce n'est
pas une question qu'on n'est pas capable de le faire, on peut le faire aux
articles 61 et 62 mais il importe de ne pas continuellement interrompre
les travaux de la Chambre en demandant aux députés de respecter
l'ordre de cette Chambre. Je pense que c'est votre rôle et que c'est
à vous de le faire, pas uniquement quand ce sont des
députés de l'Opposition mais aussi lorsque ce sont des
députés de la majorité ministérielle.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'aimerais bien que l'honorable député de
Montcalm lise le règlement 62, lorsque l'on parle de sortir de
l'enceinte et d'y entrer. A ce que je sache, l'honorable député
de Montcalm n'a pas fait le salut au président tel que le prescrit
l'article 62. Avant d'invoquer des articles vis-à-vis du
député de Saint-Jean, il y aurait peut-être lieu que
l'honorable député de Montcalm lise ces articles.
UNE VOIX: Ce n'est pas mieux, c'est du pareil partout.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur le règlement...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): Le député exagère un peu et
j'aimerais le rappeler à son règlement. Que dit le
règlement? Il dit que, lorsque les députés sortent de
cette Chambre, ils doivent être découverts et je
l'étais.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je vois de tous les
côtés de la Chambre des députés qui demandent des
rappels aux règlements. Je pense que, des deux côtés de la
Chambre et à tous les niveaux, on respecte plus ou moins le
règlement, actuellement, et qu'on y respecte plus ou moins le
décorum.
Je fais appel autant à ma gauche qu'à ma droite pour qu'on
revienne à un peu plus de sérénité. Surtout, que
personne ne s'imagine être exempt du manque de décorum qui existe
présentement. L'honorable député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, il est temps, dis-je, que le
gouvernement prenne ses responsabilités et fasse du regroupement
municipal afin d'assainir...
M. PAUL: J'en appelle au règlement. En vertu de l'article 273, je
vous demande de faire respecter la règle de la pertinence du
débat. Actuellement, nous sommes à discuter une motion
d'ajournement à trois mois et je ne crois pas que le
député puisse aller au fond de la question et traiter de toute
autre question que celle qui est la seule recevable actuellement: la pertinence
du débat, soit de reporter l'étude de ce projet de loi à
trois mois. C'est l'article 273.
M. LEVESQUE: M. le Président, je respecte évidemment la
rigueur avec laquelle le député de Maskinongé...
M. PAUL: Nous suivrons le règlement, nous le respecterons.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... la rigueur avec laquelle de député de
Maskinongé veut que l'on suive le règlement.
M. PAUL: M. le Président, voudriez-vous demander au singe de
sortir?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. PAUL: Nous n'accepterons pas de grimaces...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je veux bien faire appliquer le
règlement dans la mesure où cela est possible. Mais l'honorable
député de Maskinongé...
M. PAUL: Article 71.
M. LE PRESIDENT (Hardy): ... sait très bien que lorsqu'un autre
député est debout, invoquant le règlement, il n'a pas
à se lever lui-même, l'honorable député de
Bonaventure.
M. LEVESQUE: Je dirai également au député de
Maskinongé que, lorsqu'il se relira demain dans le journal des
Débats, j'aimerais qu'il se lève de nouveau à ce moment
pour dire que les paroles qu'il a prononcées n'étaient pas
à mon endroit.
M. PAUL: M. le Président, je réponds à cette
aimable invitation. Je dis que le député de
Notre-Dame-de-Grâce ne doit pas se comporter comme un singe dans cette
Chambre et faire des grimaces aux membres de l'Opposition.
M. TETLEY: M. le Président, j'ai noté que le
député de Maskinongé était debout bien que son ami,
le leader de la Chambre, ait été debout et parlait. J'ai
demandé l'ordre et je demande encore l'ordre.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. TETLEY: II ne faut pas demander l'ordre à tout le monde
without doing it yourself. You have a responsibility as much as anybody in this
House to follow the rules.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Go on, go on.
M. TETLEY: You follow the rules and we will follow you.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Go, Leafs, go.
M. LEVESQUE : En revenant à un peu plus de
sérénité, je reprendrai les dispositions auxquelles notre
savant confrère de Maskinongé a référé et je
dirai qu'il y a quelques minutes j'avais l'occasion de répondre à
un point d'ordre soulevé régulièrement, je crois, par le
député de Maskinongé, alors que le député de
Gaspé-Sud avait pris la parole. Il me semble que la présidence
avait dit alors qu'il y avait eu une certaine latitude dans
l'évaluation, dans l'appré- ciation des débats. Je crois
que le député de Saint-Jean en respecte sinon la lettre du
règlement, du moins l'esprit. Et si on veut rétrécir le
champ du débat et s'en tenir exclusivement aux mots de la motion, je
pense que le député de Gaspé-Nord, par exemple, a enfreint
le règlement. Je crois que les honorables députés... Oh!
je ne parlerai pas du député de Chicoutimi...
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député...
M. LEVESQUE: ... je sais qu'il proteste et je ne veux pas allonger
inutilement la discussion...
M. PAUL: II y a un article, M. le Président, qui me permet de
demander à l'honorable député c'est l'article 286;
lisez-le en attendant S'il me permet de lui poser une question?
M. LEVESQUE: Je l'accepte, mais je sais que le député de
Maskinongé, fort conscient de la situation dans laquelle il se place
présentement, sait qu'il ne peut à ce moment-ci, alors que je
soulève un point de règlement, apporter un point d'ordre sur un
autre point d'ordre.
M. PAUL: Je regrette, M. le Président, je demande à
l'honorable député s'il me permet de lui poser une question.
M. LEVESQUE: Avec la même libéralité qui nous
caractérise...
M. PAUL: Bon.
M. LEVESQUE: ... de ce côté-ci de la Chambre.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député conviendra que le
député de ne je sais pas trop où pourra toujours parler du
principe...
M. VEILLEUX: Vous ne perdez rien pour attendre...
M. PAUL: ... sur la deuxième lecture du projet de loi et que
l'honorable président...
M. VEILLEUX: ... vous, vous aurez...
M. LEPRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. PAUL: ... vient de nous inviter, les deux côtés de la
Chambre, à respecter le règlement. Alors, je lui pose cette
question.
M. LEVESQUE: II me fait plaisir de répondre que j'ai très
bien compris le message du président. Je crois qu'il portait
plutôt sur le décorum que sur le fait d'être rigoureux
lorsqu'il s'agit de savoir si un discours appartient
plus à la motion qu'à la deuxième lecture.
Evidemment, la règle de la pertinence, comme vient de nous le dire,
à la suite du député de Maskinongé, le
député de Chicoutimi, a son importance, mais je crois que
l'efficacité doit primer. Je crois que nous avions convenu,
jusqu'à un certain point, à moins qu'il n'y ait réellement
un abus, de laisser une certaine latitude aux députés de cette
Chambre. Je connais suffisamment le député de Saint-Jean pour
savoir qu'il n'en abusera pas.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je disais donc qu'il faut absolument voter contre la motion
présentée en cette Chambre afin de permettre au gouvernement de
procéder à la fusion de certaines municipalités et
d'accélérer le processus d'assainissement de l'administration
municipale.
Prendre comme argument celui qu'apportait ce soir l'honorable
représentant de Saint-Maurice à l'effet que les
télégrammes représentaient 7,400 personnes sur 12,000,
c'est fausser quelque peu la note, puisqu'à l'intérieur des
municipalités qu'il a mentionnées il est fort possible qu'une
bonne partie de la population soit en faveur d'un tel regroupement. Il ne faut
donc pas apporter comme argument massue que le simple fait que le maire d'une
municipalité signe un télégramme implique que
nécessairement toutes les personnes vivant à l'intérieur
de la municipalité acceptent la décision du maire.
Si vous avez eu l'occasion d'assister quelque peu, M. le
Président, à des assemblées tenues par des conseillers
dans de très petites municipalités, vous sauriez que, très
rarement, on y fasse l'unanimité.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, et afin que les
honorables membres de l'Opposition officielle cessent de toujours invoquer le
règlement pour m'empêcher de m'exprimer, je demande tout
simplement aux honorables membres de cette auguste Assemblée de voter
contre la motion.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, un rappel au
règlement. Est-ce qu'en vertu de l'article 62 vous pourriez demander au
premier ministre, qui est derrière votre fauteuil, de discourir moins
fort pour qu'on puisse entendre les parlementaires?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! UNE VOIX: Cela, c'est bien
important.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. Maurice Tessier M. TESSIER: M. le Président, le projet de loi
qui est en discussion j'ai l'intention de parler contre la motion
d'amendement est la suite logique de l'entente qui a créé
le parc Forillon. J'ai donc l'intention d'apporter certaines rectifications sur
ce qu'ont énoncé les collègues qui m'ont
précédé.
D'abord, il y a un motif tout particulier pour la création d'une
grande ville de Gaspé, qui n'existait pas au sujet du bill 66 qui
concerne Percé. Dans le cas qui nous concerne, quatre
municipalités ont été touchées directement par
l'expropriation du parc Forillon. Par conséquent, ces quatre
municipalités: l'Anse-au-Griffon, Cap-des-Rosiers, Grande-Grève
et Baie-de-Gaspé-Nord ont été morcelées de leur
territoire. Il y a donc, par conséquent, urgence, vu l'incapacité
d'au moins quatre des douze municipalités, c'est-à-dire le tiers,
de les regrouper à cause, précisément, des expropriations
qui ont été faites comme conséquences de la
création du parc Forillon, du déplacement des populations. Il
faut restructurer non seulement les quatre municipalités qui ont
été affectées par l'expropriation, mais, ces populations
étant déversées dans les municipalités
environnantes du parc Forillon, il y a donc lieu de les regrouper. C'est
ça, le motif principal, lequel, je le souligne encore, n'existait pas
pour Percé, mais il existe pour Gaspé. Il y a lieu de
créer, de toute urgence, une nouvelle ville qui aura des structures bien
établies. Cette population est obligée de déménager
et est actuellement en train de déménager; une bonne partie de la
population expropriée a déjà quitté ces habitations
et attend pour se reloger. Il y a donc urgence de construire, je l'ai
déjà déclaré à maintes reprises, des
habitations à loyer modique, de construire de nouveaux logements.
Or, comme on le sait, la Société d'habitation du
Québec ne peut pas avancer les fonds nécessaires pour la
construction de ces habitations afin de reloger ces familles sans qu'il y ait,
au préalable, la formation d'un office municipal d'habitation. Or,
aucune de ces petites municipalités n'a la structure nécessaire
pour établir un tel office municipal d'habitation. Même si ces
municipalités l'avaient, pourquoi faire les dépenses de
créer douze offices municipaux d'habitation, alors qu'un seul est
suffisant? Encore là, c'est pour épargner de l'argent aux
contribuables et dans le but de leur offrir un meilleur service.
Je tiens, de plus, à préciser que, contrairement aux
chiffres que l'on a mentionnés, d'après les dernières
statistiques officielles du ministère des Affaires municipales, le
regroupement n'est pas de 12,000, mais bien de 16,559 personnes. Nous allons
donc, par cette loi, établir une municipalité d'au-delà de
16,500 habitants, par conséquent une municipalité moyenne qui
aura tous les éléments, tous les pouvoirs nécessaires pour
établir les services dont la population a besoin de toute urgence.
J'entendais mon collègue de Gaspé-Nord,
tout à l'heure, parler d'une nouvelle municipalité de 60
milles. J'ai l'impression qu'il a dû mesurer avec un gallon
élastique...
M. GAGNON: C'est le maire qui m'a dit ça. M. TESSIER: ... ou il a
calculé...
M. GAGNON: C'est le maire de Gaspé qui m'a dit ça.
M. TESSIER: ... le périmètre de la nouvelle ville en
tenant compte de toutes les anses et les baies et les caps. En tenant compte de
tout ça, je suis bien d'accord que cela peut faire 60 milles de
contour.
Mais la distance, le diamètre d'un point à l'autre le plus
éloigné, d'après le député de
Gaspé-Sud c'est son comté serait d'environ 25
milles. Alors, il y a déjà là...
M. GAGNON: II faut qu'ils circulent sur les routes.
M. TESSIER: ... une grosse différence entre les chiffres qui ont
été mentionnés tout à l'heure et ceux qui m'ont
été fournis. Je crois qu'il y a lieu d'en tenir compte.
Il ne faut pas oublier, également, qu'il y a urgence pour bien
des raisons. D'abord, parce que le député de Montcalm, qui
était alors le ministre responsable de l'ODEQ et de l'OPDQ...
M. VEILLEUX: Le ministre irresponsable!
M. TESSIER: ... a retardé pendant au-delà d'un an, au
détriment de la population de la Gaspésie, l'établissement
du parc Forillon. Il a fallu qu'il y ait des élecions, le 29 avril, pour
que la population change de gouvernement et qu'en conséquence il y ait
un nouveau ministre responsable pour que nous signions cette entente avec le
gouvernement fédéral, dans le but de créer le parc
Forillon.
Et comme conséquence logique de la construction de ce parc, pour
les raisons que je viens de mentionner, il est devenu de plus en plus urgent de
regrouper ces municipalités qui ont été
complètement diminuées dans leurs pouvoirs, municipalités
qui ont été morcelées dans leur territoire, afin, je le
répète, de leur donner-les structures nécessaires.
Quant à la consultation, puisqu'on a fait grand état d'un
manque de consultation, je mentionnerai d'abord que, sur douze
municipalités concernées, nous avons reçu cinq
télégrammes seulement, le sixième étant de la
même municipalité, soit de la chambre de commerce.
M. DROLET: C'est pas mal de monde!
M. TESSIER: Or, de qui viennent ces cinq télégrammes? Ils
viennent de cinq individus...
M. DROLET: Maires!
M. GAGNON: Maires! Ce n'est pas pareil.
M. TESSIER: ... de maires, mais non pas de conseils municipaux.
M. GAGNON: Ils représentent...
M. TESSIER: Nous n'avons aucune preuve que les maires en question, dont
la plupart, je l'ai dit tout à l'heure, sont des "bleus"...
M. GAGNON: Ah non! M. le Président, je soulève un point
d'ordre! Le ministre des Affaires municipales n'a pas le droit d'aller sonder
les reins et les coeurs, dans les boîtes de scrutin, et dire que ce sont
des maires "bleus". Ce n'est pas cela. Je ne le sais même pas, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. GAGNON: C'est un point d'ordre. Ces personnes ne sont pas ici pour se
défendre.
UNE VOIX: Vous avez sollicité les télégrammes.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Il n'y a absolument aucun article du
règlement qui empêche l'honorable ministre des Affaires
municipales de soutenir ce qu'il vient de prétendre.
M. DROLET: Ils n'ont pas été sollicités. Ils sont
"bleus" de rage.
M. VEILLEUX: Et vous, vous êtes "rouges"!
M. TESSIER: M. le Président, ces cinq télégrammes
de cinq maires ne prouvent pas que les conseils municipaux, que la population
elle-même que représentent ces conseils municipaux a
été consultée. D'autre part, comme je l'ai signalé,
la population a été animée et "suranimée" et
"surconsultée" pendant des années. La population a
été prévenue, dès le début de juillet,
lorsque j'ai présenté devant cette Chambre le projet de loi 29 au
sujet du parc Forillon, que, dès cette présente session, il y
aurait deux projets de loi qui seraient présentés pour le
regroupement de ces municipalités.
De plus, il y a tois mois, presque jour pour jour, accompagné du
député de Gaspé-Sud, je me rendais sur les lieux, je
rencontrais la plupart des maires et des conseillers municipaux.
Je rencontrais une grande partie de la population, parce que je me
souviens qu'à cette assemblée à Cap-des-Rosiers, il y
avait là, dans la salle, le soir, 500 ou 600 personnes. Je
n'exagère pas. Par conséquent, il y avait là une grande
partie de la population concernée. Je
leur ai exposé justement le regroupement qui s'en venait. Je leur
ai expliqué en substance ce en quoi consisterait ce regroupement. Depuis
ce temps-là, depuis au-delà de trois mois, aucune
résolution n'a été adoptée par aucun de ces
conseils municipaux pour protester. Aucune résolution n'a
été adoptée par aucune chambre de commerce. Aucune
requête n'a été présentée par les citoyens
concernés. Et là, cet après-midi, à quatre heures,
quelques minutes avant, l'on reçoit cinq télégrammes de
cinq maires...
M. DROLET: C'était urgent...
M. TESSIER: ...et un sixième d'une chambre de commerce. Depuis
des mois et des mois, la population savait que ces projets de loi seraient
déposés en Chambre. Aucune protestation. Or, je dis, M. le
Président, que la population qui a été consultée,
qui a été animée à ce sujet, l'a été
plus que suffisamment.
Je n'ai pas l'intention de prolonger davantage mes remarques sur le
sujet, parce que je crois que la majorité des députés de
cette Chambre, comme la majorité de la population concernée, est
certainement favorable à avoir une nouvelle ville bien
structurée, et elle sait que c'est urgent.
M. Marcel Masse
M. MASSE (Montcalm): M. le Président... DES VOIX: Vote. Vote.
M. MASSE (Montcalm): ...sur la motion d'amendement de mon
collègue, le député de Maskinongé, j'aimerais
ajouter quelques mots au débat qui a eu lieu, et noter tout d'abord que,
hier comme aujourd'hui, le ministre a enveloppé son argumentation de la
consultation qu'il aurait tenue.
Le ministre, hier, nous avait parlé de la même consultation
et pourtant, nous avons découvert, depuis, que tous les gens n'avaient
pas effectivement été consultés, ce qui est possible, mais
par contre, que des municipalités importantes n'avaient pas eu
l'occasion de se faire entendre sur ce projet de loi et cela, c'est beaucoup
plus grave.
On pourrait prétexter que le ministre était au courant et
dire qu'il a trompé la Chambre, hier. On pourrait ajouter, par contre,
qu'il ignorait probablement que des municipalités importantes n'avaient
pas été consultées, ce qui nous permettrait de ne pas
conclure que le ministre a trompé la Chambre. Certes, il y a eu, dans la
région, de nombreuses consultations. Il y a eu le plan
d'aménagement, le Bureau d'aménagement de l'Est du Québec
qui, globalement, a étudié l'ensemble du territoire, a fait des
recommandations dans un certain nombre de secteurs, et le ministre, à
plusieurs reprises, s'en est tenu dans son argumentation, aux supposées
conclusions du rapport du BAEQ.
Or, dans le rapport du BAEQ, il n'a jamais été fait
mention d'un projet de loi comme celui qu'on nous apporte. Il a
été fait mention, il a été recommandé un
regroupement, un fusionnement des municipalités. Nous avons toujours
été, dans cette Chambre, depuis le début de ces
débats, favorables au regroupement, favorables à la fusion d'un
certain nombre de municipalités.
Mais, par contre, tout en étant d'accord avec le principe des
fusions ou des regroupements, nous ne sommes pas d'accord avec les
modalités que le ministre apporte pour instaurer ou appliquer ce
regroupement. Et c'est là-dessus, M. le Président, qu'ont
porté nos discussions, c'est là-dessus qu'ont porté nos
argumentations.
Nous voyons mal pourquoi certains députés de cette
Chambre, à diverses reprises, ont insinué que les groupes qui
faisaient opposition à ces lois étaient contre les fusions ou
contre les regroupements dans ces régions. Je ne pense pas que ce soit
là la vérité. Et déjà je
m'élève, M. le Président, contre le fait à peu
près certain que le ministre ira dans le territoire tenter de persuader
la population que nous étions contre le regroupement.
Immédiatement, je pose devant vous la question de privilège pour
vous avertir que ce sera faux. Le ministre n'a pas le droit, je le
répète encore une fois, d'aller dans le territoire dire que les
gens du Ralliement créditiste et les gens de l'Union Nationale
étaient contre le regroupement. Ils ne sont pas contre, ils sont en
faveur. Mais c'est une chose que d'être en faveur d'un regroupement, et
c'est une autre chose que d'être en faveur de la façon dont on
veut imposer ce regroupement. Et c'est contre ça que nous en avons.
M. le Président, le leader parlementaire du Parti
québécois s'est exprimé, au début de cette motion,
et nous a expliqué qu'il était favorable à ce projet de
loi pour deux raisons: tout d'abord, que ce projet de loi favorisait le
regroupement des municipalités. Je ne voudrais pas revenir sur ce que je
viens de dire à l'instant, nous sommes également en faveur du
regroupement des municipalités. Le leader parlementaire a
également expliqué que la population de la région avait
suffisamment été animée, était suffisamment
sensibilisée à ce programme de regroupement. Je ne crois pas, M.
le Président, qu'on ait soumis à la population les projets de loi
qu'on nous soumet actuellement. Je ne crois pas, M. le Président, que la
population à qui on a expliqué les avantages d'un regroupement,
on lui ait expliqué à l'aide de ce projet de loi, avec les
articles maléfiques qu'on veut imposer à la population.
Je crois qu'on a consulté la population sur le regroupement, mais
pas sur les outils pour faire ce regroupement. Et c'est contre les outils que
nous nous élevons, et non pas contre le principe du regroupement.
Voilà pourquoi, M. le Président, tout en étant d'accord
avec les argumenta-
tions qui ont été apportées par le leader du Parti
québécois, face aux outils dangereux, nous ne pouvons être
d'accord avec le gouvernement, et voilà pourquoi nous avons
demandé de reporter à trois mois la discussion de ce projet de
loi pour permettre à la population d'être bien au courant des
outils, bien au courant des articles de ce projet de loi, et de venir nous dire
si, tout en étant d'accord avec le regroupement, elle est d'accord avec
l'instrument du regroupement. Et c'est contre cet instrument que nous nous
élevons.
M. le Président, le député de Saint-Laurent est
également intervenu dans ce débat pour faire, de façon
quasi démagogique, sans intention de démagogie, M. le
Président, mais quasi démagogique dans le ton, son petit boniment
sur "l'obstruction de l'Opposition". M. le Président, ce n'est pas la
première fois...
M. PARENT: C'est quasi vrai.
M. MASSE (Montcalm): ... qu'un député du gouvernement se
lève pour parler d'opposition systématique ou de termes
semblables. C'est d'ailleurs un des rares cas où des membres de
l'équipe ministérielle se lèvent pour parler en Chambre.
On les voit peu souvent, comme le député de Joliette, par
exemple, qui m'écoute attentivement depuis plusieurs mois en cette
Chambre, se lever et exprimer ce qu'ils pensent des lois...
M. QUENNEVILLE: Quand je vous écoute, c'est une raison de plus
pour ne pas me lever, par exemple.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, s'il pouvait au moins se
lever pour m'interrompre, ça lui donnerait l'occasion de venir dans son
comté et dire: A l'Assemblée nationale, je me suis
levé...
M. QUENNEVILLE: Les gens me connaissent et savent pourquoi je ne me
lève pas.
M. MASSE (Montcalm): II ne daigne même pas se lever. Il explique,
par contre, à maintes reprises, qu'il est là pour apprendre. M.
le Président, je ne crois pas qu'on soit ici à des cours de
formation pour adultes...
M. QUENNEVILLE: Pas quand je vous écoute, par exemple.
M. MASSE (Montcalm): Ah bon! Alors au moins il travaille, pendant ce
temps-là. M. le Président, revenons au débat. Le
député de Saint-Laurent s'est élevé contre la
supposée Opposition qui travaillerait mal.
Aux yeux du gouvernement, une opposition c'est une chose qu'on aime bien
parce que ça ne dit rien. Une opposition, aux yeux du gouvernement, ce
sont des gens qui sont face à nous pour nous envoyer des coups d'encens.
On aime ça. Pour le gouvernement l'Opposition ce sont ceux qui
rapidement approuvent à la sauvette les projets de loi que le
gouvernement sachant qu'ils sont mauvais impose au Parlement
à la dernière minute. Le ministre des Finances est mieux de ne
pas dire un mot parce qu'il va entrer dans le débat et il va encore se
faire prendre dans une trappe. Il est suspendu sur une voie de garage depuis
deux jours le ministre des Finances. Il attend pour passer son projet de loi.
Qu'il se repose pendant ce temps-là, comme le ministre de l'Agriculture,
et puis il reviendra.
Le rôle premier de l'Opposition n'est pas de faire ce que le
gouvernement actuel fait devant Ottawa à plat ventre, s'empressant de
signer.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le projet de loi 67.
M. GAGNON: Cela touche au parc Forillon.
M. MASSE (Montcalm): De toute façon, je ne crois pas que
l'Opposition suive l'exemple du gouvernement sur certaines discussions avec
d'autres gouvernements. Au contraire! Le rôle de l'Opposition est de
mettre en évidence ce que nous croyons être mauvais dans les
projets de loi. C'est de souligner, pour que la population en tienne compte et
en prenne note, ce que nous croyons être mauvais dans les projets de loi.
C'est ça, le rôle de l'Opposition. Je suis surpris qu'à
chaque fois qu'un membre de l'Opposition se lève sur quelque projet que
ce soit, sur quelque question que ce soit, pour poser une question ou faire
valoir ses idées, automatiquement ces gens se lèvent pour crier
à l'obstruction.
Nous ne crions pas, nous, quand le gouvernement nous impose à des
heures semblables de continuer à discuter ces mauvais projets de loi.
Nous travaillons, M. le Président. Les membres de l'Opposition
devraient, comme les gens des partis de l'Opposition, étudier les
projets de loi, ne pas craindre de les critiquer, indépendamment de la
ligne de parti, comme le député de Robert-Baldwin l'a fait tout
à l'heure. Vaillamment, il s'est levé et il n'a pas craint de
dire au ministre certaines choses. C'est ça, un député qui
fait son travail. S'il y en avait plus en Chambre, les lois seraient
meilleures. Nous ne sommes pas ici automatiquement pour les approuver, mais
pour les bonifier s'il y a lieu, et pour ces lois, il y a lieu de le faire, M.
le Président.
Je ne crois pas que le député de Saint-Laurent ait fait
avancer en quoi que ce soit le débat ce soir.
M. le Président, le député de Gaspé-Sud
s'est également levé. On ne pouvait quand même pas
s'attendre à moins. Quand un député se fait bouffer la
quasi-totalité de son comté, il ne peut quand même pas le
faire sans parler au
moins. Connaissant son expérience des choses municipales, je peux
assurer les membres de cette Chambre qu'il aurait fait un tout autre discours
s'il avait eu la liberté de se prononcer en fonction des
intérêts de sa région...
M. FORTIER: M. le Président, sur un point d'ordre. J'ai
parlé ici en toute liberté et bien convaincu des paroles que j'ai
exprimées.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, si le député
a parlé en toute liberté, il n'a pas tenu compte de son
expérience.
UNE VOIX: Renseignez-vous.
M. MASSE (Montcalm): ... parce que son expérience lui aurait
dicté d'autres paroles. Il connaît assez bien son territoire pour
savoir les problèmes immenses que ce genre de projet de loi va causer
à sa population. Il le sait fort bien. Je suis convaincu qu'il tentera
par tous les moyens possibles, par des pèlerinages chez le ministre des
Affaires municipales, de corriger à la sauvette les inconvénients
du projet de loi. Nous lui souhaitons bonne chance et nous espérons que
son collègue des Affaires municipales saura mieux le comprendre, meiux
l'entendre qu'il nous a compris et nous a entendus depuis deux jours en cette
Chambre.
M. LEDUC: Cela fait partie de la motion?
M. MASSE (Montcalm): Je pense que là-dessus je me sers de la
libéralité du leader parlementaire.
M. LEVESQUE: Malgré les avertissements du leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. PAUL: M. le Président, je suis surpris de voir que l'on
m'attaque.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, on est également
surpris en cette Chambre que sur ce projet de loi spécifique il y ait eu
union nationale entre les membres de ce parti et ceux qui siègent
à ma gauche. Je ne vois pas pourquoi là, il y a surprise de la
part des gens d'en face. C'est ce que nous avons fait depuis hier. Deux partis
politiques ont fait un front commun de la liberté des corps publics
contre la dictature technocratique que le ministre, dans son
incompétence veut nous imposer. C'est ça, l'unité de
travail des deux partis.
M. BOURASSA: Des petits clins d'oeil.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, pour une fois que le
premier ministre est en Chambre, il pourrait au moins s'intéresser au
projet de loi dont on parle.
M. BOURASSA: Au projet de loi, mais pas à ce que dit le
député.
M. MASSE (Montclam): De quoi parlons-nous, ce soir, M. le premier
ministre?
M. BOURASSA: Le député répète des niaiseries
depuis...
M. MASSE (Montcalm): Si on se base sur ce que...
M. BOURASSA: Actuellement, nous n'avons aucune idée de ce dont il
est question.
M. MASSE (Montcalm): J'aimerais au moins qu'il me cite le numéro
du projet de loi, il saurait de quoi je parle. Peut-il au moins citer le
numéro du projet de loi?
UNE VOIX: 42
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, son silence est
révélateur de l'ignorance qu'il a du projet de loi que son
gouvernement entend nous imposer, et là-dedans, il n'y a rien
d'antiparlementaire, M. le leader.
M. LEVESQUE: Non, mais il y a beaucoup de choses provocantes...
M. MASSE (Montcalm): Peut-être, M. le Président.
M. LEVESQUE: ... alors que nous faisons des efforts inouis de ce
côté de la Chambre pour ne pas interrompre le député
de Montcalm, malgré les nombreuses tentations qui nous assaillent
à ce moment-ci. J'espère que le député de Montcalm
n'ira pas plus loin dans cet esprit de provocation que nous avons de la
difficulté à accepter.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'espère que vous
saurez faire partager votre sacrifice d'intervention avec votre
collègue; c'est tout ce que nous pouvons vous demander.
M. le Président, le ministre est venu nous expliquer ce qu'il n'a
pu nous dire dans son discours de deuxième lecture. Entre autres, il est
venu nous expliquer qu'il présentait ce projet de loi comme étant
une suite de l'entente du parc Forillon. Or, je vois difficilement ce que, dans
ce projet de loi, il y a comme suite logique à la réalisation du
Parc Forillon, par exemple dans toute la question du regroupement des
commissions scolaires. Je ne vois pas en quoi, pour l'existence des commissions
scolaires, l'article de ce projet de loi qui en traite, l'article 23, va
à l'encontre de la réalisation du parc Forillon.
Je ne dis cela que pour illustrer jusqu'à quel point ce sont des
artifices dont se sert le
ministre pour imposer son projet de loi plutôt que contre le
regroupement. Je ne vois pas en quoi certains articles du projet de loi vont
à l'encontre de la réalisation du parc Forillon. Je ne vois pas,
par exemple, pourquoi on crée un territoire de 300,000 pieds de
longueur, de 45,000 pieds linéaires de largeur pour un total de
1,000,350,000 pieds carrés, ce qui en divisant les lots par 80 pieds sur
100 pieds, soit 8,000 pieds carrés par lot, donnerait 1,700,000 lots
à bâtir pour y reloger environ 250 familles. Vous vous souvenez
que le ministre est venu expliquer qu'il avait, entre autres, besoin de
créer cette ville, d'avancer son projet de loi en nous expliquant qu'il
fallait reloger les 250 familles. Or, si vous calculez la superficie de la
ville qu'on veut créer, cela donnerait des lots...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PARENT: II ne faudrait pas oublier les espaces verts, les rues, les
trottoirs.
M. LE PRESIDENT: Ce qui nous intéresserait beaucoup plus que la
superficie de la nouvelle ville de Gaspé ou que la superficie que chaque
citoyen devrait occuper, ce serait, je pense, pour la Chambre de savoir si on
doit procéder dans trois mois ou immédiatement.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, vous avez parfaitement
raison. C'est pour cela que je ne comprenais pas pourquoi vous ne rappeliez pas
à l'ordre le ministre lorsqu'il nous apportait des arguments semblables
pour expliquer l'urgence du projet de loi. C'est tout simplement pour
répondre à ce genre d'arguments que j'ai été
obligé à mon tour de violer votre règlement, M. le
Président. Je m'en excuse en mon nom et au nom du ministre des Affaires
municipales...
M. LE PRESIDENT: ... très bien...
M. MASSE (Montcalm): ... qui certainement le regrette à
l'instant.
M. le Président, le ministre des Affaires municipales est
arrivé pour dire qu'il est contre la motion, parce que cette motion est
non valide, parce que les télégrammes que les parlementaires ont
reçus sont des télégrammes en provenance de maires
"bleus".
Ce qui nous intéresse, c'est que ce sont des maires, et des
maires de municipalités importantes du territoire. C'est comme venant de
maires que nous tenons compte des arguments qu'ils ont eux-mêmes
amenés au nom de leur population, pour exprimer les dangers qu'il y
avait de passer cette loi et surtout pour exprimer le fait qu'ils
n'étaient même pas au courant de l'existence comme telle de ce
projet de loi.
Pourquoi? Nous sommes au courant de la nécessité,
favorables au regroupement, mais pas nécessairement à cette loi
que le gouvernement a présentée à la sauvette, à la
dernière minute, sans que personne s'en rende compte. Si l'Opposition
n'avait pas fait son travail de vigilance, ces lois-là seraient
déjà dans les statuts, sans que les gens concernés soient
même mis au courant.
M. le Président, c'est contre cette forme de gouvernement que
nous en avons. Qu'est-ce que le premier ministre a à ajouter
là-dessus?
M. LEVESQUE: Voyons, voyons!
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce que le député
de Montcalm pourrait se calmer un peu?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense que j'aurais
d'autant plus de facilité à me calmer si le premier ministre ne
tentait pas d'intervenir à gauche et à droite dans le
débat, sans même savoir quoi dire.
M. BOURASSA: Les pitreries du député de Montcalm. On
dégrade le Parlement.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, c'est le premier ministre
qui est devant nous, qui parle de dégradation du Parlement, quand on
sait le peu d'efforts qu'il fait...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! a ma connaissance, l'honorable premier
ministre n'a pas participé au débat.
M. MASSE (Montcalm): C'est ce qu'on lui reproche, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au député de Montcalm de
revenir à la motion d'amendement de l'honorable député de
Maskinongé.
M.PAUL: C'est parce qu'il met son petit "fion".
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, la contribution la plus
importante que le premier ministre devrait faire pour respecter ce
Parlement...
M. BOURASSA: La motion. M. VEILLEUX: La motion.
M. MASSE (Montcalm): ... serait d'imposer la discipline à ses
adulateurs des banquettes arrière.
M. BOURASSA: La motion. M. VEILLEUX: Motion.
M. MASSE (Montcalm): Nous n'aurions pas été obligés
de présenter cette motion qui
offusque le premier ministre dans son efficacité technocratique
contre les désirs de la population si ce dernier avait accepté
les motions que nous avons mis de l'avant, demandant la convocation de la
commission qui a la responsabilité de l'ODEQ. Son ministre des Affaires
municipales, il va se voir bientôt, vers le 10 janvier, obligé de
le contredire, encore une fois, lorsqu'il va recevoir l'exécutif des
conseils régionaux de développement. Nous aurions pu savoir
jusqu'à quel point est profond le mal que tente de faire le ministre des
Affaires municipales dans l'ODEQ et dans la réalisation du plan. Nous
aurions pu entendre les gens de la région sur un ensemble de projets,
particulièrement ceux de Sairte-Paula à qui le premier ministre
est allé dire: En six mois, je vais tout régler. C'est depuis ce
temps-là qu'ils préparent une révolution.
M. LEVESQUE: M. le Président, il me semble que nous avons
été assez patients. Nous avons manifesté un esprit de
collaboration inoui' et même héroïque.
M. MARCHAND: Assis.
M. LEVESQUE: II me semble que nous pourrions avoir un minimum de
collaboration de la part du député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Eh bien, M. le Président, à cette
commission, nous aurions pu discuter du reste, mais aussi de ce dont on parle
ce soir, du regroupement et de la façon dont on l'aurait fait. Cela
aurait évité à l'Opposition de faire ce travail et de
présenter cette motion si le gouvernement avait voulu ce que
l'ancien gouvernement a fait régulièrement, sans aucune crainte
parce qu'il n'avait rien à cacher convoquer la commission
responsable de l'ODEQ, soumettre aux parlementaires la documentation...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): ... et leur permettre d'interroger les
fonctionnaires. On n'avait rien à cacher.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! DES VOIX: A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): Surtout pas le ministre.
M. MARCHAND: Vous n'aviez rien à cacher; vous n'avez rien
fait.
M. LE PRESIDENT: Je sollicite de la part du député de
Montcalm une certaine collaboration. L'ODEQ n'a aucun rapprochement direct avec
le projet de loi en question. Il est toujours facile de faire un tour d'horizon
général sur la politique du gouvernement. J'ai connu le
député de Montcalm alors qu'il siégeait ici en cette
Chambre et ça m'étonne c'est vrai qu'il est tard de
voir ce non respect des règlements. Cela me surprend de sa part.
Je demanderais vraiment au député de Montcalm de la
sollicitude pour ses collègues de la Chambre et surtout pour votre
règlement, car ce n'est pas le mien.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je m'excuse de m'être
levé à l'encontre de l'article 64, mais je croyais que vous aviez
terminé.
Je m'excuse si je viole le règlement. C'est une question
d'interprétation entre vous et moi. Je ne croyais pas le violer, vous le
croyez. Je me rends à votre décision et je reviens au
début de façon plus serrée.
M. LE PRESIDENT: A la motion.
M. MASSE (Montcalm): La motion, que dit-elle? La motion demande de
reporter à trois mois la discussion en deuxième lecture de ce
projet. Pourquoi demandons-nous trois mois? Entre autres choses, pour permettre
aux gens de la région et au ministre de s'expliquer à une
commission ou ailleurs. Qu'a-t-il contre ces municipalités?
On sait tous que ces municipalités exercent un pouvoir
délégué du gouvernement du Québec, et
particulièrement du ministère des Affaires municipales. Ont-elles
abusé de leurs pouvoirs, ces municipalités, M. le
Président? Ont-elles mal servi les pouvoirs qu'on leur avait
donnés? Puisqu'on leur enlève ces pouvoirs, c'est soit qu'elles
n'en avaient pas suffisamment ou soit qu'elles se soient mal servi des pouvoirs
qu'elles avaient. Là-dessus, encore une fois, c'est le silence du
ministre qui nous a obligés à apporter cette motion.
On a mentionné, dans le débat, la ville de
Bécancour. On connaît l'échec de cette chose. Or, on sait
fort bien la façon dont cela avait été imposé. Ce
n'est quand même pas un exemple à nous apporter pour nous
encourager à voter à l'aveuglette, comme on le voudra, ce projet
de loi pour ces municipalités, municipalités qui n'auront aucune
entité sociologique, municipalités qui n'auront rien de plus
comme aide pour régler leurs problèmes, aide qui n'est pas
déjà prévue dans le plan de l'aménagement et dans
l'entente entre le Canada et le Québec.
M. le Président, c'est parce que nous aurions aimé
entendre les gens de la région venir nous dire ce avec quoi ils sont
d'accord et ce avec quoi ils ne sont pas d'accord que nous avons
présenté cette motion. Et convaincus du sens démocratique
du ministre il l'a manifesté quand il a voulu coopérer
pour bonifier son projet de loi, enfin à maintes reprises, il nous a dit
qu'il avait un sens démocratique nous sommes certains que le
ministre saura revenir
sur son intention d'imposer à la vapeur, de façon quasi
dictatoriale, un projet de loi à une population, sans même savoir
si celle-ci est d'accord sur les techniques de regroupement. Tout le monde le
sait fort bien, le gouvernement, l'Opposition comme la population, tous sont
d'accord sur le regroupement. Ce sont sur les outils que nous aimerions
entendre parler la population.
Vote sur l'amendement
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la Chambre est prête à se
prononcer?
M. LEVESQUE: M. le Président, je suggérerais que nous
enregistrions le même vote et je crois que c'est le voeu de chacun
des partis dans cette Chambre que nous utilisions le
procès-verbal d'hier, je crois, ou d'avant-hier, sur le vote qui a
été pris sur la motion du député de
Mégantic, et que ceux qui n'ont pas eu l'occasion de voter
s'identifient, et nous sommes d'accord pour ajouter leur nom s'ils en
manifestent le désir.
M. PAUL: M. le Président, dans un grand geste de collaboration,
nous sommes d'accord. Et même j'irai jusqu'à suggérer
à l'honorable leader du gouvernement, pour ne pas gêner ceux qui
étaient absents hier, qu'ils viennent donner cela discrètement
à la table.
M. LEVESQUE: Très bien.
M. SAMSON : Dans un geste de collaboration reconnue, nous sommes
d'accord.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Je suis bien d'accord pour accepter votre geste
unanime. J'ai besoin, cependant, du consentement unanime.
M. LEVESQUE: Le silence est une approbation.
Puis-je suggérer, M. le Président, que vous quittiez votre
fauteuil, à moins que, de consentement unanime...
M. PAUL: Nous sommes à la deuxième lecture.
M. LEVESQUE: Ah! Alors, M. le Président, je m'incline.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sur la deuxième
lecture,...
M. LE PRESIDENT: Je préviendrai le député de
Montcalm de parler sur la motion de deuxième lecture !
M. MASSE (Montcalm): ...dans un geste évident de collaboration,
nous sommes prêts à passer en comité plénier.
M. SAMSON: M. le Président, comme c'est le droit et le devoir de
tous les députés de cette Chambre de faire entendre leurs justes
revendications, je crois qu'il est de mon devoir de faire entendre le
bien-fondé des revendications de notre groupement.
M. le Président, nous l'avons dit tantôt et je le
répète je tiens à le répéter
nous n'avons aucunement l'intention de faire de l'obstruction. Je n'aimerais
pas qu'on nous accuse d'en faire. Ce n'est pas notre désir. Mais il y a
quand même, M. le Président, des choses qu'il faut dire.
Lors de ce débat de deuxième lecture, je pense que nous
aurions le droit nous l'avons et nous le pouvons, puisque l'amendement
qui a été proposé par l'honorable député de
Maskinongé a été rejeté de présenter
un amendement qui reporterait à six mois ce bill, M. le
Président. Nous l'avons dit tantôt, en le reportant à trois
mois, cela nous aurait permis de consulter les maires des différentes
municipalités. En présentant un amendement pour le reporter
à six mois, cela nous permettrait aussi de consulter les conseillers, en
plus des maires.
M.DEMERS: C'est bon! Six mois, une demi-année.
M.SAMSON: M. le Président, je résiste difficilement
à l'idée de présenter cet amendement...
M. DEMERS: Présentez-le!
M.SAMSON: ... mais, dans un effort de collaboration extraordinaire, je
pense que je vais résister.
M. DEMERS: Ne résistez pas!
M. DUMONT: Le ministre des Affaires municipales n'est pas...
M.SAMSON: Tout ceci pour dire, M. le Président, que si nous
voulions absolument faire de l'obstruction, nous pourrions le faire
indéfiniment. Ce n'est pas notre but. Je pense que nous avons
suffisamment fait connaître nos points de vue. Si nous les
répétions le reste de la nuit, nous en arriverions, vers sept ou
huit heures demain matin, au même résultat.
M. VINCENT: Nous pourrions déjeuner, manger des oeufs!
M. SAMSON: Probablement que le gouvernement ne nous paierait pas le
déjeuner si nous le tenions aussi longtemps.
M.VINCENT: Oui, oui! Le ministre de
l'Agriculture nous a garanti des oeufs pour demain matin!
M. SAMSON: A condition qu'on ne les casse pas cette nuit !
M. le Président, nous sommes bien disposés mais, encore
une fois, en réaffirmant notre souci de voir les maires et les
conseillers consultés. Peut-être, qu'en comité, le
ministre, dans un effort de bonne volonté dont nous lui serions
reconnaissants d'ailleurs, se laissera-t-il tenter d'accéder à
nos demandes. Jusque là, il est permis, M. le Président,
d'espérer. Qu'on invite au moins ceux qui nous ont fait parvenir des
télégrammes à venir nous rencontrer, même si ce
n'était que pour vérifier s'il est bien vrai qu'ils nous ont
envoyé ces télégrammes, parce qu'il semble qu'on en a
douté tantôt.
De toute façon, je termine là-dessus en laissant le
ministre des Affaires municipales avec cette intention que nous avons de voir
consulter les gens. Nous espérons qu'il le fera. Si ce n'est pas fait,
nous reviendrons en comité, M. le Président. Nous aurons
probablement d'autres revendications à faire. Pour le moment, j'ai
résisté difficilement, M. le Président, mais je
l'ai fait au désir de présenter une motion pour reporter
le projet à six mois.
M. LEVESQUE: M. le Président, deuxième lecture. Je
m'imagine que ce serait le voeu de l'Assemblée, à moins que je
sois très présomptueux, de ne pas déranger le
Président après la deuxième lecture pour revenir en
comité alors que les mêmes amendements...
M. BERTRAND : Les mêmes amendements.
M. LEVESQUE: ... que ceux que l'Opposition seront acceptés...
M. PAUL: Considérés.
M. LEVESQUE: ... avait suggérés.
M.GAGNON: M. le Président, il y a une information que je veux
avoir le leader de la Chambre pourra peut-être me la donner
à l'article 4, concernant les employés. Il ne se pose pas le
même problème, surtout pour la ville de Gaspé en
particulier, que pour le bill 66. C'est-à-dire que l'article 4 dit:
"Tous les fonctionnaires et employés des municipalités
mentionnées à l'article 2 passent au service de la ville et y
demeurent jusqu'à leur démission ou leur remplacement". "Ou leur
remplacement": Cela suppose que les employés, comme les
secrétaires-trésoriers, je crois, ont un droit d'appel
auprès du ministre des Affaires municipales, s'ils sont
destitués.
S'il est destitué, est-ce qu'il continue de
bénéficier du même avantage?
M. TESSIER: M. le Président, j'ai l'impression que le
député de Gaspé-Nord n'a pas pris connaissance de
l'amendement qui a été apporté au bill 66, en ajoutant un
paragraphe. Evidemment, cela s'applique également au bill 67.
M. GAGNON: Précisément, je veux en être
convaincu.
M. TESSIER: J'ai dit que tous les amendements apportés au bill 66
sont également apportés au bill 67.
M. LEVESQUE: Sauf, peut-être, les deux articles qui ont
été biffés dans le bill 66.
M. TESSIER: Oui, je suis d'accord.
M. LEVESQUE: II ne faudra pas oublier qu'ils ne sont pas biffés
dans le bill 67.
M. TESSIER: Les articles 15 et 24, évidemment, demeurent.
M. PAUL: M. le Président, je comprends que vous êtes tout
gêné d'entendre ces propos; ce sont des discussions trop viles
pour vous, en pratique. De toute façon, avec les demandes, les
recommandations et les informations que nous transmet le leader, nous nous
rendons à l'invitation que nous avait faite le ministre au début
de la deuxième lecture de ce projet de loi et nous acceptons cette
procédure nouvelle.
M. GAGNON: M. le Président, je constate une chose à
première vue. Le ministre peut-il nous dire pourquoi, alors que le
projet de loi 66 concernant la ville de Percé a 25 articles, celui de la
ville de Gaspé en a 26? Est-ce qu'il peut nous dire quel article est
différent?
M. TESSIER: Ouais! La différence, c'est qu'il y a deux articles
de plus.
M. MASSE (Montcalm): Pour l'information du ministre, c'est l'article
25.
M. TESSIER: Lequel?
M. MASSE (Montcalm): Du projet de Gaspé. Vous ne les avez pas
étudiés, vos projets de loi? Vous avez l'article 25 qui
n'apparaît pas dans le projet de Percé, mais qui apparaît
dans le projet de Gaspé, parce que cela se rapporte au parc Forillon.
C'est la raison pour laquelle le ministre présente sa loi.
M. LEVESQUE: C'est parfait.
M. MASSE (Montcalm): J'aurais cru qu'il aurait, au moins, pu savoir la
raison pour laquelle il y a un article de plus.
M. LEVESQUE: Le député de Montcalm devrait nous
remercier...
M. TESSIER: Nous vous donnons raison.
M. LEVESQUE: ... de lui avoir donné l'occasion de nous prouver
qu'il avait lu le bill.
M. GAGNON: M. le Président, je déplore que cette
information me soit donnée par mon collègue de la gauche.
M. DUMONT: M. le Président, est-ce que je pourrais demander au
ministre des Affaires municipales si l'administrateur de la ville de
Gaspé sera le même que celui de la ville de Percé?
M. TESSIER: J'ai déjà répondu à cette
question. En effet, ce sera le même.
M. DUMONT: Alors, il sera absolument impossible d'avoir comme adjoint le
candidat défait de Gaspé-Nord.
M. TESSIER: II n'y a rien d'impossible.
M. LEVESQUE: M. le Président, je proposerais donc la
deuxième lecture du projet de loi, le comité et la
troisième lecture.
M. PAUL: Oui.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. PAUL: M. le Président, comme c'est un bloc, les bills 66 et 67
on avait réservé la troisième lecture pour le bill
66 nous les adoptons du même coup, du même voyage.
DES VOIX: Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Ces motions de troisième lecture des bills 66 et
67 sont-elles adoptées?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: J'avertis les leaders parlementaires de chaque parti
qu'il va falloir tenir compte de ces nouvelles procédures...
M. PAUL: C'est par accident. M. LEVESQUE: ... dans la refonte.
Projet de loi no 61 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi 61, Loi modifiant la loi de la
Communauté urbaine de Québec.
DES VOIX: Adopté.
M. TESSIER: Adopté.
UNE VOIX: II n'y a pas de discours?
M. PAUL: C'est mieux qu'il n'y en ait pas.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier pour l'étude de ce bill. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (Président du comité plénier): A l'ordre!
Article 1?
M. VINCENT: Je pense que le ministre avait des observations à
faire.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté?
M. PAUL: Quelle est la portée pratique de l'article 1?
M. TESSIER: L'article 1 retranche les mots "sauf quant au
président", parce que ces mots-là ont été inclus
par inadvertance et créent une ambiguïté puisqu'ils donnent
l'impression que les vacances à la charge de président ne sont
pas comblées de la même façon...
M. BERTRAND: Adopté.
M. TESSIER: ... qu'une vacance à une autre charge.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté.
Article 2, adopté. Article 3, adopté. Article 4,
adopté. Article 5, adopté.
M. BERTRAND: Concordance.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 6, adopté.
Article 7, adopté.
Article 8, adopté. Article 9, adopté. Article 10,
adopté. Article 11, adopté. Article 12, adopté.
M. DUMONT: M. le Président, nous vous faisons remarquer que si
nous acceptons aussi rapidement tous ces articles, c'est que c'est une loi qui
permet de modifier la Loi de la communauté urbaine et non pas de la
créer, autrement nous aurions eu encore des objections et des
amendements à présenter. Mais telle que la loi est
présentée, nous l'acceptons.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Nous en prenons bonne note.
M. HARDY (Président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
étudié le bill 61 et l'a adopté sans amendement.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture.
L'honorable ministre des Affaires municipales propose la
troisième lecture du projet de loi numéro 61.
Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. BERTRAND: Adopté. M. LEVESQUE: Article 13.
Projet de loi no 68 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Hull, ministre
d'Etat, propose la deuxième lecture du projet de loi numéro 68
intitulé Loi modifiant la loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction.
M.BERTRAND: Le lieutenant-gouverneur ayant pris connaissance...
M. Roy Fournier
M. FOURNIER: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande
l'étude à la Chambre.
M. le Président, le but du bill 68 est de préciser
davantage le champ d'application de la Loi sur les relations de travail dans
l'industrie de la construction, et de prévoir des moyens souples et
pratiques afin d'assurer la bonne application de la loi et du décret,
tout en protégeant les droits des employeurs et des salariés de
la construction, de même que des employeurs et des salariés des
autres industries qui pourraient être affectés par une application
insuffisamment contrôlée de ladite loi et du décret rendu
sous son autorité.
En vertu de la Loi des décrets de conventions collectives, avant
l'adoption de la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction, des décrets étaient rendus dans l'industrie de la
construction dans toutes les régions de la province. Le champ
d'application industrielle et professionnelle de ces décrets
était négocié par les parties contractantes et inclus dans
le décret lui-même, avec la conséquence inévitable
que les champs d'application industrielle et professionnelle de ces
décrets variaient d'une région à une autre, avec le
résultat que certains travaux, certains employeurs et certains
salariés étaient assujettis dans une région et ne
l'étaient pas dans une autre.
On comprendra facilement aussi que de nombreuses difficultés
d'interprétation survenaient puisque les textes étaient
différents d'une région à une autre.
Permettez-moi d'indiquer que, lors de l'ordonnance numéro 12, il
y avait quinze décrets différents qui s'appliquaient dans la
province relativement à la construction. Si l'on regarde les
différents champs d'application industrielle et professionnelle
négociés par les parties contractantes sous l'empire de la Loi
des décrets de conventions collectives, on se rend vite compte que, dans
certains cas, le champ d'application ne correspondait pas exactement à
l'industrie de la construction, telle que nous l'entendons.
Ce serait le cas si le ministre devait analyser le texte de champ
d'application et insérer certaines exemptions ou exceptions afin que le
décret ne s'applique qu'aux employeurs professionnels et aux
salariés de l'industrie de la construction, le tout conformément
à la lettre et à l'esprit de la Loi des décrets de
convention collective.
Lors de la préparation de la Loi sur les relations de travail
dans l'industrie de la construction, nous avons inséré dans la
loi elle-même son champ d'application, et la loi énumérait
aussi aux article 28 et 29 les dispositions qui devaient ou pouvaient contenir
un décret de sorte qu'il soit dorénavant bien entendu que le
champ d'application ne ferait plus partie du contenu du décret et, par
conséquent, ne serait pas négocié par les parties
elles-mêmes. En vertu de la loi existante, le champ d'application de la
loi apparaît à l'article 2, lequel se lit comme suit: "La
présente loi s'applique aux employeurs et aux salariés de
l'industrie de la construction. Toutefois, elle ne s'applique pas aux
exploitations agricoles ni aux salariés permanents d'entretien
embauchés directement par un employeur autre qu'un employeur
professionnel." Aussi le législateur a pris soin de définir le
mot "construction" de la façon
suivante et je cite encore la loi existante, paragraphe e) de
l'article 1: "Construction signifie les travaux de fondation,
d'érection, d'entretien, de rénovation, de réparation, de
modification et de démolition de bâtiments et d'ouvrage de
génie civil exécuté sur les lieux mêmes du chantier
et à pied d'oeuvre, y compris les travaux préalables
d'aménagement du sol."
Nous voyons donc dans cette loi le souci du législateur de cerner
le plus près possible le champ d'application de la loi, mais
hélas! nous nous sommes rendu compte depuis qu'il reste quantité
de ce que nous avons pris l'habitude d'appeler des zones grises, qu'il est
très difficile sinon impossible de délimiter. La loi que nous
présentons présentement tente d'apporter une solution à la
définition de ces zones qui sont appelées zones grises, parce
qu'il est difficile de distinguer le champ d'application des employeurs en
construction et des employeurs industriels. Cela s'explique et se comprend
assez bien car les salariés et les employeurs de l'industrie de la
construction oeuvrent après tout tout à côté
d'autres employeurs et salariés qui peuvent aussi toucher à la
construction. On comprendra alors que ceci complique singulièrement la
tâche de déterminer de façon définitive le champ
d'application de la loi. Ainsi, en s'en tenant au champ d'application actuel de
la loi, on n'aurait pas pu appliquer le décret aux travaux
d'installation, de réparation ou d'entretien de machinerie et
d'équipement effectués par des salariés de l'industrie de
la construction. On n'aurait pas pu réglementer le travail
exécuté partie en atelier et partie sur chantier, lequel travail
dans le passé était exécuté parfois par les
salariés de la construction et parfois par des salariés
d'atelier. On n'aurait pas pu non plus prévoir au décret la
rémunération du salarié pour ses déplacements entre
chantiers ou de la place d'affaires de son employeur à un chantier
éloigné et j'en passe.
Donc, pour assurer la bonne application de cette loi, des
règlements rendus sous son autorité et du décret
lui-même, nous croyons qu'il faut d'abord apporter certaines
modifications au champ d'application de la loi et aussi prévoir un
système souple et pratique en vertu duquel des décisions rapides
pourront être prises avec l'aide de toutes les parties
intéressées. On se souvient qu'au cours des auditions tenues par
la commission du Travail et de la Main-d'Oeuvre de l'Assemblée nationale
en exécution de l'article II du bill 38, de nombreuses
représentations ont été faites au sujet du champ
d'application de la loi où l'on insistait que la loi soit
modifiée à ce sujet. Permettez-moi de signaler que presque toutes
les associations et les groupements qui se sont présentés devant
la commission parlaient tous du champ d'application de la loi et c'est à
même ces discussions que le champ est étendu par le présent
projet de loi, le bill 68.
Le ministère, avant d'aboutir à la rédaction de ce
bill, a constitué un comité formé des représentants
des employeurs et des salariés de l'industrie en général
et de l'industrie de la construction, en particulier.
Ce comité était présidé par le sous-ministre
adjoint, M. Réal Mireault; il a tenu sept séances au cours
desquelles les intéressés ou ministères ont eu l'occasion
d'étudier en détail tous les aspects du problème.
De toutes les études et discussions sur le sujet, nous retenons
un point sur lequel tout le monde est d'accord: II faut que le champ
d'application colle le plus possible à la réalité et ne
vienne pas bouleverser l'état actuel des choses. Nous voyons dans le
projet de loi dont cette Chambre est saisie le moyen le plus sûr de
parvenir à cette fin, d'abord, en explicitant davantage le champ
d'application au niveau de la loi elle-même ensuite en prévoyant
la nomination d'un commissaire de la construction et la formation d'un
comité consultatif constitué de représentants de tous les
intéressés.
Pour la première fois dans l'histoire de l'industrie de la
construction, il n'y aura qu'un seul décret pour réglementer
cette industrie dans toute l'étendue de la province. Nous estimons qu'il
est préférable de bien préparer la formation de
l'organisme qui sera chargé de la mise à exécution de ce
décret et pour cette raison, le projet prévoit l'application du
décret pour une période déterminée, à savoir
six mois, par la Commission du salaire minimum. Il ne faut pas nous surprendre,
messieurs, qu'il nous faille apporter certaines modifications à cette
loi qui innove sur de nombreux points. Son application demande de la
compréhension et de la collaboration de la part de tous les
intéressés, et comme toute nouvelle loi, il est presque
inévitable qu'on y apporte certains ajustements et certaines
modifications.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, seulement quelques mots pour signifier
notre accord de principe avec le projet de loi 68. Le 8 août dernier, a
été sanctionné par l'Assemblée nationale le bill 38
qui définissait clairement la position du gouvernement par une loi
d'exception dans le conflit de la construction.
Mais nous avons entendu depuis ce temps à une commission
parlementaire plusieurs groupes qui sont venus s'exprimer; plusieurs de ces
groupes avaient évidemment demandé l'exclusion de la loi de la
construction. Ils pouvaient le faire, c'était leur droit, et
c'était même là un signe que le mot "construction"
n'était pas clairement défini. Cela semblait également le
gros problème des gens qui venaient s'exprimer: Qu'est-ce qui
était ou qu'est-ce qui est construc-
tion et qu'est-ce qui n'était pas compris dans la
construction?
Dans le bill 68, on remarque une chose qui est fondamentale, à
mon sens, on y redéfinit le mot "construction". Là où j'ai
été un peu surpris, c'est que d'abord on élargit le sens
du mot "construction", c'est-à-dire qu'on dit à peu près
ceci dans l'article 1: En outre le mot "construction" comprend et on a
le deuxième paragraphe de l'article 1 mais à la fin de ce
même paragraphe, on dit aussi: "mais uniquement dans les cas
déterminés par règlement".
En un mot, je crois que le bill 68 ne vient pas changer tellement de
choses sur les relations de travail dans l'industrie de la construction. Ce
projet est également, à mon humble avis, une faible partie de la
politique du gouvernement dans le domaine de l'industrie de la construction.
J'ai l'impression que c'est une pilule ou que c'est une petite dose que nous
fait absorber le gouvernement. Sans doute que c'est dans cet esprit que le
projet de loi a été présenté; c'est peut-être
la meilleure façon également de rapprocher les parties.
Evidemment, à petites doses, on n'absorbe beaucoup mieux un
médicament qui serait sans doute mortel à trop fortes doses dans
certains cas.
M. le Président, je dis que c'est un projet qui, à mon
sens, est un peu somnifère, car, de toute façon, dans les
différends, c'est le commissaire de la construction que décidera,
après avoir consulté le comité consultatif. J'ajoute que
c'est sans doute une façon assez élégante de dire à
la population que les problèmes de l'industrie de la construction ne
sont pas résolus, et que dans le contexte actuel, ils sont bien
difficiles à résoudre.
C'est sans doute la plus belle façon c'est du moins la
façon la plus habile de nous faire avaler probablement le
décret de la construction qui s'annonce pour bientôt. Ce projet de
loi permet au gouvernement de se soustraire à la publication
immédiate de sa politique dans le domaine de l'industrie de la
construction.
M. le Président, par contre il me fait énormément
plaisir de constater la soustraction de certains travaux à l'application
de la loi. Ces exclusions, bien sûr, avaient été
demandées lors des auditions de la commission parlementaire du Travail
et de la Main-d'Oeuvre. C'est là que nous voyons l'utilité et
l'avantage pour les législateurs d'entendre à une commission les
intéressés afin de rendre un projet de loi le plus parfait
possible. Que le gouvernement ait pris en considération ces
revendications, nous en sommes très heureux.
C'est pour ces quelques raisons que nous sommes favorables à ce
principe du projet de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, après une étude
attentive des articles de ce projet de loi, nous ne trouvons aucune raison de
nous y opposer. Nous avons suivi avec attention les travaux de la commission
parlementaire et nous avons reconnu que la plupart de ces articles font suite
à certaines représentations qui ont été faites au
sein de la commission parlementaire. Le gouvernement a opté pour une des
thèses en présence qui voulait que l'industrie de la construction
comprenne également l'installation et la réparation de machines,
et nous trouvons que ceci est absolument justifié.
Par ailleurs, nous nous étonnons quand même un peu, sans
nous y opposer, du fait que le projet de loi prévoit la disparition des
comités paritaires. Je pose simplement la question. J'espère que
lors de la discussion en comité plénier le ministre responsable
du Travail et de la Main-d'Oeuvre nous expliquera, nous donnera les raisons
probantes pour la disparition de cette commission paritaire, ce qui, à
première vue, n'est pas sans susciter quelques questions, quelques
réserves et peut-être même quelque inquiétude dans
notre esprit. Mais nous lui faisons confiance pour qu'il nous donne des
explications qui sauront nous rassurer.
Donc, sans plus, nous accordons notre accord à cette
législation.
M. BERTRAND: Nous n'avons pas l'intention d'ajouter aux propos qui ont
été tenus. Nous aurons l'occasion en comité de faire part
au ministre de certaines représentations.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gatineau, ministre
d'Etat, propose que je quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se
forme en comité plénier. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (président du comité plénier): Article
1.
M. BERTRAND: Est-ce que le projet de loi a été soumis au
conseil consultatif du Travail et de la Main-d'Oeuvre?
M. FOURNIER: Les hauts fonctionnaires du ministère sont ici. Il y
a M. Mireault qui est
sous-ministre adjoint, M. Bernier qui est directeur du service de
l'extension juridique et M. Marius Dupuis qui s'occupe de l'administration des
comités paritaires. Juste un moment...
On m'informe qu'il a été soumis aujourd'hui même au
conseil consultatif.
M. BERTRAND: Est-ce qu'il a été approuvé?
M. FOURNIER: Oui.
M. BERTRAND: Et le comité consultatif est composé de
représentants patronaux et de tous les représentants
syndicaux?
M. FOURNIER: C'est ça.
M. LAURIN: Est-ce le moment de demander au ministre la réponse
à la question...
UNE VOIX: C'était hier que cela a été soumis.
M. BERTRAND: Hier.
M. FOURNIER: Ah, hier, avant minuit.
M. LAURIN: Est-ce le moment de demander au ministre la réponse
à la question que je lui posais sur la disparition des comités
paritaires?
M. FOURNIER: II s'agit de l'article 4, je crois que...
M. LAURIN: Ah bon! D'accord.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté. Article 2.
M. VINCENT: A l'article 2, j'aurais une question à poser. Nous
avions en 1968, comme définition des exploitations agricoles: "Une ferme
mise en valeur habituellement par l'exploitant lui-même ou par
l'entremise de moins de trois salariés embauchés de façon
continue".
Est-ce que nous pourrions demander au ministre qu'il s'informe
auprès de ses fonctionnaires pour savoir si le ministère a
reçu plusieurs demandes d'organisations ou d'exploitations agricoles qui
auraient voulu être exemptées et qui avaient plus de trois
salariés embauchés de façon continue? En 1968, on avait
quand même fait une vérification et on croyait que cela englobait
la grande majorité des exploitations agricoles. Comme les fermes ou les
exploitations agricoles s'agrandissent de plus en plus prenons, par
exemple, l'élevage de poulets de gril et les gros poulaillers il
arrive qu'il y a des exploitations agricoles qui ont plus de trois
salariés embauchés. Est-ce que le ministère a reçu
plusieurs demandes d'exemption de groupes comme ceux-là?
M. FOURNIER: Je dois dire que, s'il y a eu des demandes de faites dans
le passé, elles auraient été faites au comité
paritaire qui appliquait le décret dans les différentes
régions. Depuis le 30 mai, alors que c'est la Commission du salaire
minimum qui applique la réglementation, on m'informe qu'il n'y a pas eu
de demande. Mais, depuis le 30 mai 1970, par l'ordonnance numéro 12, les
différents comités paritaires sont disparus. D'ailleurs, ils
avaient pris fin parce que les conventions collectives étaient
expirées. On a renouvelé ces conventions et on a soumis leur
application à la Commission du salaire minimum.
M. VINCENT: M. le Président, on dit: "La présente loi
s'applique aux employeurs et aux salariés de l'industrie de la
construction; toutefois, elle ne s'applique pas aux exploitations agricoles."
Est-ce qu'il y aurait possibilité ce n'est qu'une suggestion que
je fais au député de Gatineau, afin que les fonctionnaires du
ministère du Travail puissent, au cours des prochaines semaines et des
prochains mois, faire une vérification de faire une étude
assez exhaustive de cette définition d'exploitations agricoles? Advenant
le cas où plusieurs exploitations agricoles seraient handicapées
par cette loi, ne pourrait-on pas revenir à la prochaine session et lui
apporter des modifications, s'il y a lieu? Je pose simplement la question et je
vous suggère de faire une vérification assez exhaustive au cours
des prochaines semaines pour ne pas priver des avantages de la loi certaines
exploitations agricoles qui emploieraient quatre ou cinq salariés
à plein temps.
M. FOURNIER: Le conseil consultatif réétudie, de toute
façon, l'application de la Loi des relations de travail dans l'industrie
de la construction. On m'informe qu'un nouveau projet de loi sera probablement
soumis avec certaines modifications. De toute façon, le comité
consultatif peut faire l'étude de la question. Nous notons
particulièrement l'intérêt que porte l'ancien ministre de
l'Agriculture à cette exemption qui s'applique dans la loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 2, adopté? Adopté.
Article 3?
M. LATULIPPE: Sur l'article 2 troisièmement, M. le
Président, j'aimerais savoir, en ce qui concerne les exemptions pour les
corporations municipales, si une très petite municipalité,
disons, qui n'a pas d'employés permanents pour son service d'entretien,
lorsqu'elle est obligée d'engager des employés temporaires pour
faire certains travaux d'entretien, soit pour la construction de trottoirs ou
pour la canalisation, fait partie du décret de la construction ou si
elle bénéficie d'une exemption.
M. FOURNIER: L'article exempte de l'application de la loi les
salariés qui sont à l'emploi de la municipalité pour fins
d'entretien, de façon habituelle, de sorte que, si elle a des
employés qui sont presque permanents ou qui sont habituellement à
son emploi eh bien, ceux-ci ne tombent pas sous le coup du décret parce
que l'article 2 prévoit des exemptions à l'application de la
loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 2, adopté?
M. GUAY: A l'article 2, M. le Président, j'aurais une petite
question. Est-ce que la décision du commissaire de la construction sera
finale et sans appel?
M. FOURNIER: Si vous examinez l'article 2d, de même que l'article
2c, ces articles établissent que la décision du commissaire est
sans appel. Elle est exécutoire dans les quinze jours de l'homologation.
Il s'agit de l'article 31 de la loi existante qui mentionne ceci: "La
décision arbitrale doit être rendue dans les soixante jours de la
nomination de l'arbitre ou dans les cinq jours de la fin de l'enquête".
On ajoute au paragraphe 31c: "La décision de l'arbitre est
exécutoire quinze jours après la date à laquelle elle a
été homologuée". Nous retrouvons les mêmes
dispositions, les mêmes délais et la même force
légale dans les articles 9 à 12 et 16 à 17 de la Loi des
commissions d'enquête, de sorte que c'est doublement
précisé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 2, adopté.
Article 3, adopté?
Article 4.
L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: C'est le moment, je crois, de poser ma question au
député de Gatineau.
M. FOURNIER: Voici. La loi générale prévoyait,
évidemment, un comité paritaire composé de
différentes personnes qui devaient voir à l'application du
décret ou d'une convention collective qui aurait été
établie volontairement entre les parties. Cependant, nous constatons
que, depuis le mois de mai, pour ce qui s'agit des quinze conventions
collectives, en vertu de l'ordonnance numéro 12, c'est la Commission du
salaire minimum qui voyait à l'application des conventions collectives.
Nous avons constaté que cette commission a rendu d'énormes
services et qu'il n'y a pas eu de difficultés d'application.
Présentement, s'il nous fallait établir un comité
paritaire, juste pour commencer à appliquer le décret, il y
aurait des délais, et nous ne savons pas de quelle façon cela
marcherait au début. C'est pourquoi j'ai mentionné, dans le
discours de deuxième lecture, que pour une période de six mois,
nous prétendons qu'il est mieux de se servir de la commission existante,
la Commission du salaire minimum, qui administre déjà les
conventions collectives qui sont périmées, pendant une
période déterminée.
C'est là la raison principale. Nous voulons que toute l'affaire
marche sur une base solide, étant donné que l'application du
décret sera sur une période donnée. C'est pourquoi nous
avons mentionné une période limitée, une période de
six mois. Nous ne voulons pas que cela s'éternise entre les mains de la
Commission du salaire minimum. Nous prétendons qu'il peut
s'établir un comité paritaire choisi par les parties ou en vertu
de la loi mais durant que les premiers six mois, de façon à ce
que cela fonctionne magiquement et...
M. LAURIN: Le député de Gatineau prévoit que le
comité paritaire sera éventuellement institué.
M. FOURNIER: Soit le comité paritaire ou une formule du
même genre, mais la Commission du salaire minimum continuera à
s'appliquer dans les cas où il n'y a pas de décret. Là
où il y a des décrets, ce sera la loi générale qui
s'appliquera.
M. LAURIN: Mes inquiétudes viennent de disparaître.
M. BERTRAND: Est-ce que le décret de la construction a
été adopté par le conseil des ministres? Est-ce que le
député de Gatineau pourrait, même s'il doit être
publié dans la Gazette officielle demain matin, en avoir des exemplaires
pour les députés, demain matin, à l'ouverture de la
Chambre?
M. FOURNIER: J'ai vu le décret, qui est d'une épaisseur
assez considérable. Il doit paraître dans la Gazette officielle de
samedi. Des explications ont été données, à ce
qu'on me dit, ce matin...
M.BERTRAND: Alors puisqu'il doit paraître dans la Gazette
officielle demain, ce matin, pourrait-on en avoir déposer des
exemplaires sur la table?
M. FOURNIER: Il est actuellement à la composition. Dès que
l'édition sortira...
M. BERTRAND: Aussitôt qu'il aura été composé,
demain matin, si vous pouviez en déposer...
M. FOURNIER: Nous verrons à en déposer en Chambre.
M.BERTRAND: ... en remettre au moins quelques exemplaires...
M. FOURNIER: Si la session n'est pas finie.
M. BERTRAND: ... à chacun des groupements, disons.
M. FOURNIER: Voici, ce matin, on m'informe que le ministre...
M. BERTRAND: Oui, la copie delà Gazette officielle.
M. FOURNIER: Dès que la Gazette officielle sortira, nous verrons
à la faire distribuer. Mais le ministre du Travail en a donné un
résumé, ce matin, aux journalistes.
M. BERTRAND: Nous ne l'avons pas ici.
M. PAUL: Si j'ai bien compris l'honorable ministre, l'article 4 donne
encore un espoir de survie au comité paritaire. Au point de vue
pratique, c'est qu'on les maintient encore en tutelle pendant six mois.
J'emploie le mot tutelle non pas dans un sens péjoratif, mais disons que
les comités paritaires peuvent quand même se réorganiser ou
espérer pouvoir voler de leurs propres ailes d'ici six mois. Est-ce que
le ministère du Travail a reçu beaucoup de représentations
sur ce point précis des différents comités paritaires?
Peut-être que les conseillers du ministre pourraient nous dire combien il
y a de comités paritaires qui demeurent encore ou qui demeureront
effectifs à compter de cette échéance de six mois?
M. FOURNIER: En réponse à l'honorable député
de Maskinongé, il existait au mois de mai quinze comités
paritaires qui étaient situés dans différentes
régions, Chicoutimi, Arthabaska, Drummond, Duplessis, Saguenay, etc. Il
y en avait quinze. Et lorsque l'ordonnance no 12 a été
approuvée, le 30 mai 1970, les comités paritaires qui
appliquaient les conventions dans les différentes régions sont
disparus pour faire place à l'application des conventions collectives.
C'est fait par la Commission du salaire minimum. L'on m'informe que depuis
cette date, étant donné qu'il y a un corps unique et non pas
quinze comités paritaires, les difficultés ont été
aplanies et que l'opération est beaucoup plus logique et normale avec la
Commission du salaire minimum. Donc, en réponse à la question, il
n'existe pas de comités paritaires présentement. La Loi des
décrets de convention collective prévoit la formation de
comités paritaires ou d'un mécanisme différent, mais de
toute façon, la Commission du salaire minimum ne doit pas fonctionner
pour plus de six mois en appliquant le décret de la construction.
M. PAUL: Mais là où la Loi des décrets s'applique,
c'est de concert avec la Commission du salaire minimum qu'on doit
établir les politiques de réorganisation, d'application
éven- tuelle ou de liberté éventuelle
désirée, soit après l'expiration d'au plus six mois.
M. FOURNIER: Oui.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 4, adopté? Adopté.
Article 5? Adopté.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais une petite question, avec le
consentement du comité. A l'article 1, on parle de
déménagement de bâtiments. Je m'excuse, peut-être
aurais-je dû poser ma question avant, mais c'est passé tellement
vite. Quand on parle de déménagement de bâtiments, est-ce
que cela comprend uniquement les maisons construites en usine ou si cela
comprend également les spécialistes en déménagement
de bâtiments?
M. FOURNIER: Pour fins d'explication, je dois dire que le mot
construction reste comme il était avant. Cependant, on établit un
nouveau cadre qui va permettre l'adoption d'un règlement. Sur la
question particulière du déménagement de bâtiments,
ce que le ministère a en vue, c'est que la personne qui s'occupe de
transport de bâtiments ne tombe pas sous la juridiction des
métiers de la construction. Mais si cette personne est un entrepreneur
qui transporte des bâtiments, bâtit des solages et les installe
dessus, cela devient de la construction. Le règlement stipulera
exactement la marge ou la zone dans laquelle ce serait construction ou
entreprise industrielle.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT (Hardy): M. le Président, j'ai l'honneur de vous
faire rapport que le comité a procédé à
l'étude du bill no 68 et qu'il l'a adopté sans amendement.
Troisième lecture
M. LAVOIE (Président): L'honorable ministre propose la
troisième lecture du projet de loi no 68. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. BERTRAND: Demain?
M. LEVESQUE: Demain, c'est-à-dire aujourd'hui, c'est le chef de
l'Opposition qui m'a induit en erreur.
M. VINCENT: Demain aussi.
M. LEVESQUE: Alors, aujourd'hui, nous pourrions commencer par
l'étude du projet de loi numéro 64, Loi modifiant la loi de
l'admission à l'étude des professions et autres dispositions
législatives. Je suggérerais que nous étudiions ce projet
de loi en premier lieu à cause
d'engagements antérieurs de la part du ministre concerné,
dans l'après-midi. Si nous pouvions commencer la matinée avec ce
projet de loi, nous pourrions par la suite prendre le projet de loi no 60, Loi
concernant les environs de l'aéroport international. Je ne sais pas
lequel des deux viendra en premier mais les deux autres projets de loi au nom
de M. Castonguay, ministre de la Santé, sont les projets de loi nos 43
et 44.
Je ne sais pas dans quel ordre ces projets de loi viendraient selon la
disponibilité des ministres concernés.
M. PAUL: Vous savez que nous sommes toujours prêts.
M. LEVESQUE: J'en suis fort aise.
Par la suite, s'il restait du temps, nous passerions aux autres bills
qui apparaissent au menu.
M. VINCENT: L'opération 55 sera pour une autre fois.
M. PAUL: Comme le dit le député de Nicolet,
l'opération 55 sera pour un autre jour.
M. LEVESQUE: L'opération 55, oui, c'est justement une
opération. Le projet de loi numéro 55 a été
laissé sur une voie d'évitement à un moment donné,
le train va passer, de même que le bill 76. Un instant, il est un peu
tard, je ne voudrais pas être mal interprété demain.
M. le Président, je proposerais l'ajournement de la Chambre
à 10 heures 30 ce matin.
M. LE PRESIDENT: Avant de procéder à l'ajournement des
travaux de la Chambre, je voudrais dire aux membres que j'ai fait venir pour
ceux qui désireraient se restaurer quelques sandwiches et du
café. On les trouvera dans les fumoirs...
M. BERTRAND: Où?
M. LE PRESIDENT: Dans les fumoirs ici. J'invite aussi le personnel de
l'Assemblée et les gens de la Tribune de la presse. Cela devrait
être prêt dans quelques minutes.
M. BERTRAND: Vous êtes un bon père de famille, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à 10 h 30 ce
matin.
(Fin de la séance: 1 h 38)