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(Dix heures dix-sept minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
L'honorable député de Bourget.
Commission permanente des Affaires municipales
M. SAUVAGE AU: M. le Président, la commission permanente des
Affaires municipales a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre
son deuxième rapport.
Votre commission a décidé de retourner à votre
honorable Chambre, pour prise en considération, le bill 75,
intitulé Loi de la Communauté urbaine de Montréal.
Votre commission a étudié ledit projet de loi en
conformité avec le mandat confié par la Chambre le 8
décembre 1969. Deux réunions publiques ont été
tenues, soit les 10 et 11 décembre 1969. Votre commission a entendu le
maire ou le représentant de chacune des municipalités de
l'île de Montréal, le président du comité
exécutif de la ville de Montréal et les deux représentants
du Front commun des employés municipaux.
Votre président déposera également des exemplaires
du journal des Débats, fascicules numéro 1 et 2, où
paraît le compte rendu des délibérations des séances
sus-mentionnées.
Respectueusement soumis.
M. LE PRESIDENT:
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics.
M. BERTRAND: A.
Bill 86 Loi sur les loteries et courses
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, au nom de l'honorable
ministre des Finances, propose la première lecture de laLoi sur les
loteries et courses.
L'honorable premier ministre.
M. BERTRAND: M. le Président, ce projet a pour objets principaux,
premièrement d'instituer un organisme sous le nom de Régie des
loteries et courses du Québec dont les fonctions seront de surveiller
les courses au Québec et, si le gouvernement lui en confie le pouvoir,
de délivrer des licences autorisant des personnes à conduire et
à administrer des systèmes de loteries conformément
à la loi et aux modalités prescrites par le gouvernement.
Deuxièmement, d'instituer un second organisme, sous le nom de
Société d'exploitation des loteries et courses du Québec,
qui sera un mandataire du gouvernement et dont les fonctions seront d'organiser
et de conduire des systèmes de loteries pour le compte du gouvernement
et, si un permis lui est délivré à cette fin par la
régie, d'organiser et de conduire des courses de chevaux ou d'autres
genres de courses déterminées par le gouvernement, il sera
interdit à toute personne de conduire ou administrer une course au
Québec, si elle ne détient un permis délivré
à cette fin par la régie. La régie, aussi bien que la
société, sera formée de trois membres nommés pour
dix ans par le gouvernement.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
Affaires du jour. M. BERTRAND: B.
Bill 89 Loi modifiant la loi des
infirmières
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, au nom de l'honorable
ministre de la Santé, propose la première lecture de la Loi
modifiant la loi des infirmières.
M. BOIVIN: Ce projet, M. le Président, a pour principal objet de
permettre aux infirmiers diplômés d'exercer leur profession et de
devenir membres de l'Association des infirmières. L'exercice de cette
profession et l'admission au sein de cette association étant
présentement réservés aux personnes du sexe
féminin, il modifie aussi le titre de la loi et le nom de l'association
pour tenir compte de ce changement. Le projet abaisse aussi de 20 à 18
ans l'âge minimum requis de toute personne qui aspire au droit d'exercer
cette profession. Il per-
met aux infirmiers, détenteurs d'un diplôme le 1er janvier
1970, d'être admis à l'exercice de cette profession sans examen et
accorde aux étudiants actuellement inscrits dans une école
reconnue par l'association le droit d'obtenir un certificat de
compétence attestant leur admission à l'étude de la
profession.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: A cette séance-ci.
M. LE PRESIDENT: A la même séance, de consentement
unanime.
Affaires du jour.
Questions et réponses
Enseignants de l'Abitibi
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais demander au ministre de
l'Education s'il a reçu un appel d'urgence de l'Association des
enseignants du Nord-Ouest québécois, en faveur de plusieurs
enseignants de la commission scolaire de La Motte, en Abitibi, qui n'auraient
pas eu de traitements depuis le mois de mai dernier, il semble que ces
enseignants ont d'autant plus d'amertume que le président de la
commission scolaire de La Motte est le vice-président de la
Fédération des commissions scolaires du Québec. Je fais
parvenir au ministre copie du télégramme que j'ai reçu et
je le prierais de bien vouloir prendre ma question comme avis.
M. CARDINAL: M. le Président, je remercie l'Opposition, il a dit
qu'il présente la question comme avis. Je suis, comme d'habitude,
passé par mon bureau ce matin et il n'y avait pas de tel
télégramme.
De deux choses l'une. Je vois que la copie qu'on m'a remise est
adressée directement au chef de l'Opposition ou bien je n'en ai
pas reçu ou bien le bureau du chef de l'Opposition, à cause des
règles de la fonction publique, du Conseil de la trésorerie et
autres, est organisé d'une façon plus rapide et plus efficace que
le ministère de l'Education et je la recevrai peut-être cet
après-midi.
M. LESAGE: C'est possible.
M. CARDINAL: II est possible que cela soit rendu dans un des 14
édifices du ministère.
M. LESAGE: Mon service est beaucoup plus centralisé.
M. CARDINAL: Avec l'aide du ministère des Travaux publics, d'ici
deux ans peut-être que je pourrai recevoir à temps ces
télégrammes, mais, de toute façon, j'agirai exactement
comme d'habitude. Des mon retour au bureau, des instructions seront
données pour que l'on voit quelle est la situation et qu'on y pare dans
la mesure du possible.
M, LESAGE: Je remercie le ministre de l'Education. Le repos du
Vieillard
M. LESAGE: J'ai reçu, ce matin, copie d'une longue lettre de M.
Bertrand Lepage, conseiller syndical de la CSN à Rimouski. Copie d'une
lettre adressée au ministre de la Santé, de la Famille et du
Bien-Etre social, au sujet de l'incendie du foyer, Le Repos du Vieillard, de
Notre-Dame-du-Lac. Les faits récités succinctement dans cette
lettre ne manquent pas de me troubler profondément. Il semble qu'il y
avait un conflit syndical sérieux.
Le ministre de la Santé n'est pas à son siège. Si
je me suis levé, c'est simplement pour qu'il prenne avis de la question
que je lui poserai sans aucun doute lundi, sur ce sujet.
M. BERTRAND: Parfait.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Ahuntsic.
Question de privilège
M. LEFEBVRE: Je me lève sur une question de privilège pour
faire une brève mise au point. Dans le journal L'Action d'aujourd'hui,
sous la signature du journaliste, M. Claude Marsolais, on peut lire notamment
les deux paragraphes qui suivent en rapport avec la discussion qui a eu lieu
hier sur le bill 62, concernant la restructuration scolaire: « Ce qui
semble inquiéter les députés libéraux, c'est la
détermination du ministre Cardinal d'assurer le développement et
l'épanouissement du français, ce qui se traduira par les
programmes d'enseignement anglophones dans les périodes beaucoup plus
prolongées de l'usage du français. »
Je continue: « Vous savez, a dit le député
d'Ahuntsic, M. Jean-Paul Lefebvre, un des grands principes défendu par
les libéraux est d'assurer les droits des minorités. Aussi je
suggérerais que le projet de loi contienne un mécanisme
additionnel dans les cas où la représentation des
minorités ne serait pas assurée équitablement au niveau
des commissions scolaires de l'fle de Montréal. Ces garanties, les
a-t-on au niveau de l'Assemblée nationale, a riposté M. Cardinal?
»
M. le Président, je ne veux pas en faire un drame. Je pourrais,
sans trop de malice, me poser la question à savoir si M. Marsolais fait
partie de « fan club » du ministre de l'Education, mais ceci serait
sans doute hors de propos.
Je tiens, cependant je crois que c'est un souci essentiel
d'équité à référer au journal des
Débats dont je n'ai pu obtenir la transcription parce qu'elle n'est pas
prête pour indiquer que ce compte rendu est inexact. Je mentionnerai le
seul fait suivant: quant à moi, j'ai bien indiqué que le
problème de la représentation des minorités au sein des
commissions scolaires dont les onze arrondissements scolaires prévus sur
l'île de Montréal est un problème qui intéresse
autant les Canadiens français que les Anglo-Canadiens. Quand je dis
autant, je ne dis pas dans la même proportion, mais c'est une question de
principe. En effet, nous savons tous qu'il y a, sur onze arrondissements
scolaires, neuf arrondissements où les gens de langue française
sont majoritaires et deux où ils sont minoritaires. Alors, le principe
de la représentation des minorités au sein des futures
commissions scolaires régionales à Montréal, c'est une
question qui intéresse tous les groupes ethniques, notamment les deux
principaux groupes. Je maintiens, sans en faire un drame, que ce compte rendu
est inexact et ne rend pas justice à la position des
libéraux.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-Mc-Gee.
Questions et réponses (suite)
Régime d'assurance-maladie
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de la Santé, mais je me permets de croire que
l'honorable ministre d'Etat est également au courant de la situation. Je
fais un court préambule pour l'intelligence de la question. Mardi de la
semaine dernière, le 2 décembre, le ministre de la Santé a
déclaré que les négociations avec la profes- sion
médicale pour la préparation du régime d'assurance-maladie
étaient en train de se dérouler de façon satisfaisante,
mais qu'elles étaient plus avancées dans le cas des
omnipra-ticiens que dans celui des spécialistes.
Aujourd'hui, dans le quotidien montréalais « the Gazette
», on trouve un article en première page intitulé; «
Doctors threaten boycott of Quebec medicare scheme ».
Il est indiqué dans cet article que, selon la
Fédération des spécialistes, une seule réunion a eu
lieu pour ces négociations et qu'à l'occasion de cette
réunion les représentants du gouvernement ont
déclaré qu'ils n'étaient pas mandatés pour discuter
les questions administratives qui ont, quand même, une influence
importante sur la pratique médicale.
Donc, je suis obligé de demander à l'honorable ministre
d'Etat où en est-on exactement avec ces négociations, en
particulier les spécialistes.
Est-ce que l'on peut compter sur la collaboration de ces
médecins, sans laquelle il sera, à mon avis, impossible de mettre
en vigueur un régime d'assurance-maladie?
M. BOIVIN: M. le Président, nous pouvons affirmer au
ministère qu'il y a eu plusieurs rencontres avec les omnipraticiens et
avec les spécialistes. J'ai pris connaissance, ce matin, des
déclarations qu'il y a dans les journaux et j'ai quelques rencontres
à faire avant de donner une réponse précise sur ce
sujet.
Je puis affirmer, dès à présent, qu'il y a eu
plusieurs rencontres avec les représentants des spécialistes.
Nous nous proposons de répondre aux affirmations de cette
fédération lorsque nous aurons pris connaissance des
déclarations parues dans les journaux, ce matin.
M. GOLDBLOOM: Alors, M. le Président, nous pourrons compter sur
une réponse plus élaborée au début de la semaine
prochaine? Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
Divisions territoriales scolaires sur l'île de
Montréal
M. CARDINAL: Simplement un renseignement, M. le Président. Le
chef de l'Opposition m'avait informé qu'il ne serait pas à la
séance de la commission de l'Education hier après-midi.
Cependant, il m'avait écrit une lettre, le 20 novembre dernier, dans
laquelle il posait trois groupes de questions portant sur des statisti-
ques financières, sur le nombre d'étudiants ou sur les
divisions territoriales concernant l'île de Montréal.
Je veux mentionner, devant cette Chambre, que J'ai remis, hier, à
tous les membres de la commission permanente, une documentation qui
répond à toutes ces questions sans exception, et à bien
d'autres. Unanimement, les membres de la commission ont demandé que tous
ces documents soient mis en annexe au journal des Débats. Par
conséquent, le chef de l'Opposition aura ses réponses par cette
voie, à moins qu'il ne désire avoir un dossier particulier qu'il
me fera plaisir de reconstituer et de lui remettre.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai été informé
du geste posé hier par le ministre de l'Education en réponse
à la lettre que je lui avais écrite à la fin de novembre,
et veuillez croire que je l'apprécie hautement. J'attendrai de lire le
fascicule imprimé rapportant la séance d'hier de la commission de
l'Education sur le bill 62. On m'a même informé que le ministre
avait poussé la gentillesse jusqu'à insister pour
qu'également, en annexe, soit transcrite ma lettre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Jacques-Cartier.
Services optométriques
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre de la Santé mais, en son absence, peut-être que
le ministre d'Etat pourra me donner une réponse. Est-ce que l'honorable
ministre est prêt à informer les membres de l'Assemblée
nationale si des décisions ont été prises relativement
à l'inclusion des services optométriques dans le régime
d'assurance-maladie prévu pour juillet 1970?
M. BERTRAND: En réponse au député de
Jacques-Cartier, je dois dire que la question a été posée
hier par le chef de l'Opposition, il en a profité, et nous en avons
profité, pour informer le groupe d'optométristes qui, de passage
à Québec, s'est rendu au Parlement pour une courte visite, et
j'ai alors répondu au chef de l'Opposition premièrement que ce
problème était très sérieusement examiné,
à l'heure actuelle, au conseil des ministres et que nous comprenions
l'inquiétude des membres de la profession; et, deuxièmement,
qu'il y avait là-dedans un problème également social
étant donné le rôle joué par les
optométristes dans la plupart des régions du Québec. Je
tiens donc à dire au député de Jacques-Cartier que ce
problème reçoit une très sérieuse
considération, et non pas dans le sens habituel que l'on donne aux mots
très sérieuse considération.
M. SAINT-GERMAIN: Une question supplémentaire, M. le
Président, si vous le permettez. Je devrais dire que j'aiposé
approximativement la même question, le 27 novembre de cette année,
à M. le ministre de la Santé qui m'a répondu qu'il me
donnerait une réponse dans une semaine. Dois-je considérer la
réponse du premier ministre comme étant cette réponse
promise par le ministre de la Santé?
M. BERTRAND: Je pense que vous pouvez prendre ma réponse comme
étant semblable à la réponse qu'aurait pu vous fournir le
ministre de la Santé à l'heure actuelle.
M. SAINT-GERMAIN: Je vous remercie. M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Grève à la compagnie Daly à Morin
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, au sujet de la grève de
Daly à Morin...
M. BERTRAND: Je reçois à l'instant une copie d'un dossier
relativement à Dalyà Morin.
Une note que je trouve en bas, lors d'une conversation
téléphonique avec l'avocat de la compagnie indique qu'on avait
été informé que la compagnie avait ce matin, en
référant au 9 décembre 1969, signé le bail pour la
construction de son usine à Cornwall, Ontario, ce qui voudrait dire que
la décision de la compagnie Daly à Morin serait
irrévocable et irréversible, malheureusement.
Je sais, d'autre part, que les autorités du ministère du
Travail ont été en relations constantes avec la compagnie et ses
représentants et avec le syndicat et ses représentants.
Malheureusement, on le constate, la décision de la compagnie, telle
qu'elle nous a été communiquée par son procureur, serait
finale. Est-il possible encore que la compagnie change cette décision?
J'ai demandé, hier, que l'on fasse toutes les démarches possibles
en vue d'essayer d'amener les parties à s'entendre, mais Je sais
l'énorme travail qui a été accompli par les
négociateurs au ministère du Travail. J'ai un dossier qui indique
les dates où il y a eu la conciliation, la médiation, la
médiation extraordinaire, en particulier de M. Claude Marineau, qui a
tenu six séances: le 28 novembre, le 1er décembre, le 2
décembre, le 3 décembre, le 4 décembre et le 5
décembre. Apparemment, malgré cette médiation
extraordinaire, malgré
l'insistance auprès des deux parties de la part des
autorités du ministère du Travail, cela a été un
dialogue de sourds. De plus, j'ai lu dans les journaux que le maire de Lachine,
M. Ga-riépy, a tenté lui aussi d'intervenir. Il a même
offert ses bons services aux parties en cause. Or, cette médiation
extraordinaire, peut-on dire aussi, de la part d'un homme représentant
l'autorité municipale n'a pas porté fruit.
J'essaierai d'obtenir, des autorités du ministère du
Travail, dès ce matin, de plus amples détails mais ceux que je
donne sont toutes les informations que nous avons pu obtenir jusqu'à
présent.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je sais que, depuis un certain
temps, la santé du ministre du Travail a été durement
éprouvée. Tout de même, puis-je demander au premier
ministre si le ministre du Travail...
M. BERTRAND: Je dois dire que le ministre du Travail a vaqué
à ses occupations hier.
Il est allé chez son médecin avant-hier, et comme je l'ai
indiqué en Chambre, malgré des pronostics qui étaient
plutôt sombres au début, ses médecins voient l'avenir avec
plus de confiance. C'est, d'ailleurs, ce qui a animé davantage la
combativité du ministre du Travail qui a déclaré qu'un
général n'abandonnait pas la lutte. Je dois dire qu'il
était à son bureau et que lui-même s'est occupé de
ce problème.
M. SAINT-GERMAIN: Je suis heureux des bonnes nouvelles du premier
ministre. Mais si j'ai posé ces prémisses en mentionnant la
santé du ministre du Travail, c'est que je voulais demander au premier
ministre si le ministre du Travail avait rencontré personnellement, dans
cette lutte syndicale, les deux parties.
M. BERTRAND: Je ne saurais répondre à cela. A l'heure
actuelle, je crois que le propriétaire de la compagnie est en dehors du
pays, l'avocat de la compagnie en tout cas. Je m'en-quiers aujourd'hui et
disons que lundi nous pourrons peut-être fournir plus de renseignements.
Malgré que tous les renseignements que je donne sont des renseignements
qu'on a eus hier.
M. SAINT-GERMAIN: Si vous me permettez, M. le Président,
j'aimerais dire au premier ministre que la disparition de cette compagnie dans
Lachine est certainement une dure épreuve, surtout pour les quelque 350
a 400 employés de la compagnie.
Alors, il m'a fait plaisir d'entendre le premier ministre dire qu'on
allait s'occuper de ce problème. Je lui demanderais, malgré la
situation dans laquelle tout le monde se trouve dans cette compagnie
aujourd'hui, s'il n'y aurait pas un moyen, malgré tout, d'inciter la
compagnie et le syndicat à s'entendre.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Olier.
M. PICARD (Olier): M. le Président, une question au ministre du
Travail que j'adresse en son absence au premier ministre; cela touche encore la
question de Daly à Morin. Ma question est celle-ci; Comment expliquer
cela c'est une des causes principales de ce conflit que le
ministère du Travail ait donné ce certificat d'affiliation de
l'industrie Daly à Morin à une industrie du vêtement alors
que tout le monde sait très bien que la compagnie Daly à Morin
n'est pas dans l'industrie du vêtement mais bien dans l'industrie des
stores de toile, des matériaux de plastique, ainsi que du tissu à
draperies?
M. BERTRAND: Ce n»est pas le ministère du Travail qui a
accordé cette certification; c'est la Commission des relations du
travail. Ce n'est pas la même chose. Cet organisme est un organisme
indépendant et autonome qui ne relève pas du ministre du Travail.
C'est la Commission des relations du travail, après enquête et
après audition des parties qui a pris cette décision. Alors, le
gouvernement ne saurait intervenir là-dedans, sans changer tout le jeu
de l'autorité de cette commission.
M. PICARD (Olier): Alors, le gouvernement ne peut pas intervenir dans
une telle question?
M. BERTRAND: On ne peut pas.
M. PICARD (Olier): Si le président me permettait un mot
d'explication, c'est que les conditions qu'a exigées le syndicat, qui
était un syndicat du vêtement, étaient celles qu'ils
avaient dans l'industrie du vêtement. A ce moment-là, s'ils
réussissaient à obtenir les mêmes conditions dans
l'industrie dont s'occupe la compagnie Daly à Morin, bien, je vous
assure franchement que les opinions que j'ai requises sont à l'effet que
toute l'industrie du textile de la province en serait affectée. Je
réfère, à ce moment-là, à la clause de
l'atelier fermé. C'est cela le point principal qui a fait qu'aujourd'hui
le Québec perd une autre industrie. Maintenant, si le gouvernement ne
peut rien faire dans ce domai-
ne-là, je me demande qui pourra faire quelque chose.
M. BERTRAND: Tout ce que J'ai dit, c'est que la Commission des relations
du travail jouissait d'une autonomie et d'une indépendance qui
empêchent un gouvernement, quel qu'il soit, d'intervenir lorsqu'il s'agit
de certification d'une fédération ou d'une union. A ce
moment-là, ce sont les employés de Daly à Morin qui ont
choisi eux-mêmes cette Fédération nationale des
travailleurs de l'Industrie du vêtement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, si la question a
été posée, je la retirerai en partant.
UNE VOIX: De la visite.
M. LEVESQUE (Laurier): Je vous jure que, si nous regardons les
proportions, comme parti, nous sommes assez bien représentés.
M. le Président, je voudrais simplement demander si le
gouvernement peut-être que ce serait mieux de m'adresser au
ministre de l'Industrie et du Commerce peut encore faire des efforts et
vérifier si cette industrie peut rester dans Québec ou si elle
doit définitivement partir. C'est parce qu'il y a eu un jeu je
m'explique en une demi-phrase entre deux adresses possibles en Ontario,
à l'intérieur de deux ou trois semaines, ce qui voudrait dire
peut-être qu'il y a des éléments de chantage
là-dedans. Est-ce que le premier ministre est au courant ou le ministre
de l'Industrie et du Commerce?
M. BERTRAND: Le député de Laurier n'était pas ici
tantôt, quand j'ai informé la Chambre que, d'après les
renseignements obtenus au ministère du Travail, le 9 décembre, un
bail aurait été signé...
M. LEVESQUE (Laurier): Aurait... Vous n'en savez pas plus long?
M. BERTRAND: ...ou a été signé par la compagnie
à Cornwall au sujet de la location d'un édifice. A tout
événement, je sais que le ministre du Travail s'en occupe
personnellement et je peux assurer la Chambre que je m'en occupe
moi-même. Article b).
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose, du consentement
unanime de la Chambre, la deuxième lecture du projet de loi 89, Loi
modifiant la loi des infirmières.
M. LESAGE: Je regrette, M. le Président.
M. BERTRAND: Nous pourrons le prendre plus tard, dans le courant de la
journée.
M. LESAGE: J'alreçuune épreuve, hier soir.
M. BERTRAND: Je pensais qu'on avait envoyé les
épreuves.
M. LESAGE: Nous avons siégé jusqu'à 11 heures
dix.
M. BERTRAND: Mon Dieu, il n'y a pas de problème.
M. LESAGE: Je n'ai même pas lu le projet de loi.
M. BERTRAND: Quand nous aurons la copie, dans le courant de
l'après-midi.
M. LESAGE: J'avais compris...
M. BERTRAND: Ce n'est pas urgent, d'ailleurs.
M. LESAGE: J'avais compris hier le premier ministre, lorsqu'il a fait sa
déclaration à 5 h 55 environ, que nous aurions le projet de loi
imprimé ce matin. J'ai relu les épreuves ce matin...
M. BERTRAND: Je tenais pour acquis, étant donné que je
l'avais, qu'il avait été distribué. Alors nous
pouvons...
M. LESAGE: II a été distribué, mais il vient de
l'être seulement.
M. BERTRAND: Nous pouvons attendre à cet après-midi.
M. LESAGE: Ah, nous pouvons attendre à lundi. Nous pouvons
attendre à mardi, mercredi.
M. BERTRAND: Ah, il n'y a aucune urgence.
M. LESAGE: Je l'ai lu en diagonale. Il n'y a rien d'urgent.
M. BERTRAND: II n'y a aucune urgence.
M. LESAGE: C'est-à-dire il y a quelque chose, c'est qu'on permet
au mâle d'être infirmier, c'est de la mécanique
législative. Mais je voudrais avoir au moins le temps de
vérifier, c'est tout.
M. BERTRAND: D'ailleurs dans les faits, d'ici lundi ou mardi, le genre
féminin va comprendre quand même le masculin.
M. LESAGE: II n'y a pas de doute. M. BERTRAND: Alors, le bill 75.
M. LESAGE: Quant aux courses et aux paris, j'ai gardé cela pour
étude en fin de semaine.
M. BERTRAND: II n'y a pas de problème. M. LESAGE: Lui, je ne l'ai
pas lu du tout.
M. BERTRAND: Vous allez le trouver intéressant. C'est un vrai
roman.
M. LESAGE: Est-ce que vous croyez que cela va être une incitation
au jeu?
M. BERTRAND: Le bill 75, la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat en deuxième lecture du
projet de loi no 75, Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. PAUL: En comité, M. le Président.
M. LESAGE: Je voudrais intervenir en deuxième lecture et, pour ma
part, je suis à faire un examen rapide d'une liasse volumineuse de
modifications que m'a remise ce matin le ministre des Affaires municipales. Je
ne pourrai intervenir en deuxième lecture que lorsque j'aurai lu ces
propositions d'amendements.
Je les lis rapidement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: D'ailleurs, d'après l'article 210 de nos
règlements, je me demande bien si on peut faire l'étude en
deuxième lecture du bill 75, dès aujourd'hui. Si je lis le
deuxième paragraphe de l'article 210 de nos règlements, je lis:
« Si elle est adopté, la motion principale et, s'il en avait
été proposé un, l'amendement dont la Chambre était
saisie deviennent caducs, de plus, l'affaire à laquelle la motion
principale se rapportait se trouve renvoyée au comité et elle
n'est plus inscrite au feuilleton tant que le comité n'a pas fait
rapport. »
M. BERTRAND: Le rapport a été fait.
M. PAUL: Je crois que l'honorable député n'était
pas ici au début de la séance, parce que, lorsqu'il y a eu appel
de présentation de rapports de comités élus, l'honorable
président, le député de Bourget, a fait rapport. Le
rapport a été reçu par la Chambre.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrais demander...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Non, en deuxième lecture. Deuxième
lecture.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrais demander au premier
ministre, vu qu'il y a cette liasse dont on parle, moi je fais partie des
députés de Montréal, cela nous intéresse à
un titre extreme. On n'a pas eu le temps de les lire. Enfin, je suis dans le
même casque le député de Louis-Hébert vient
d'évoquer. Il n'y aurait pas moyen de retarder à cet
après-midi? Ce n'est pas possible?
M. BERTRAND: Quel?
M. LEVESQUE (Laurier): C'est parce que ce débat, il faudrait
qu'on regarde un peu ce qui a été ressorti. Autrement, comment
voulez-vous qu'on donne une opinion?
M. BERTRAND: Je pense bien que si on en commençait la lecture,
est-ce qu'on a l'intention de passer en comité? Ou si on veut continuer
le débat de deuxième lecture.
M. LESAGE: Je ne suis pas intervenu en deuxième lecture, et je
voudrais faire une vérification des amendements qu'a l'intention de
présenter le ministre des Affaires municipales en regard des
discussions...
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne suis pas pressé, moi.
M. LESAGE: ... que nous avons eues en commission et
particulièrement, dans mon cas, des suggestions que j'ai faites lors du
débat sur la motion d'amendement du député de Chambly et
que j'ai faites également...
M. BERTRAND: M. le Président, nous n'avons aucune objection. Nous
allons suspendre jusqu'à deux heures quinze pour permettre à tous
les députés de prendre connaissance des amendements qui ont
été suggérés.
M. LESAGE: M. le Président, je n'aurais aucune objection à
ce que nous suspendions jusqu'à onze heures et demie. A onze heures et
demie, je serai prêt pour le bill des infirmières; j'ai assez
d'une demi-heure.
M. BERTRAND: Eh bien, j'étais plus libéral que le chef de
l'Opposition.
M. LESAGE: J'ai assez d'une demi-heure. M. BERTRAND: Alors, onze heures
et demie.
M. PAUL: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à onze heures et
demie.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à onze
heures trente.
Reprise de la séance à 11 h 35M. LEBEL
(président): A l'ordre, messieursl M. BERTRAND: La deuxième
lecture de B.
Bill 89 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose la deuxième
lecture de la Loi modifiant la loi des infirmières.
M. BERTRAND: Dr Goldbloom.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. Victor- C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quelques brefs mots seulement. Il
y a certaines professions qui sont, depuis à peu près toujours,
dominées par le sexe féminin, notamment celle d'enseignante et
celle d'infirmière. Depuis quelque temps, cependant, l'enseignement
intéresse de plus en plus les hommes. Avec le projet de loi que nous
avons à étudier aujourd'hui, la même tendance se dessine
dans la noble profession de Jeanne Mance et de Florence Nightingale.
A vrai dire, ce n'est pas un phénomène nouveau; depuis
plusieurs années déjà, les infirmiers, avec l'appui total
des infirmières, réclament la reconnaissance que le bill 89 leur
accorde.
Nous ne faisons donc aujourd'hui que reconnaître, confirmer et
consacrer un état de fait. Je crois que nous sommes tous très
heureux de le faire. Les infirmiers ont rendus d'insignes services, tout en
étant mal à l'aise en ce faisant, faute de la reconnaissance que
cette loi leur donnera.
Donc, je crois que nous sommes bien inspirés d'adopter ce projet
de loi. Je crois que nous régularisons une situation qui existe depuis
quelque temps. La seule lacune que j'ai trouvée dans le projet de loi
est peut-être l'absence d'une formule selon laquelle les infirmiers qui
ne sont pas présentement diplômés, mais qui ont
déjà suivi certains cours, pourraient éventuellement, en
suivant des cours de perfectionnement, accéder à une telle
reconnaissance. Nous aurons l'occasion d'en discuter en comité
plénier certainement.
Donc, je suis très heureux d'accueillir ce projet de loi,
d'autant plus que pour la première fois, je pense, dans l'histoire du
Québec une loi
obligera le genre féminin à comprendre le masculin.
M. BERTRAND: Très bien. M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais ajouter un mot seulement.
C'est tout de même quelque chose d'un peu extraordinaire que nous faisons
ce matin. Pendant des décennies et des décennies, les femmes, au
Québec et ailleurs dans le monde, ont dû se battre avec courage,
avec opiniâtreté et avec ténacité pour faire
reconnaître leur droit à l'exercice de professions qui
étaient réservées aux hommes.
Cela a été le cas de la médecine, le cas du droit,
Ici au Québec, et de plusieurs autrespro-fessions: l'architecture, les
sciences. Les femmes ont tout obtenu, tous les droits, et, enfin, aujourd'hui,
les hommes, après des décennies, peuvent faire reconnaître
par les femmes leur droit à l'exercice d'une profession. C'est un juste
retour des choses, même s'il arrive sur le tard.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier pour l'étude de ce projet de loi. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. FRECHETTE (président du comité plénier): Bill
89, article 1.
M. LESAGE: On fait bien de laisser le mot « infirmières
» avant le mot « infirmiers » dans le titre.
M. LE PRESIDENT: Adopté. UNE VOIX: Pourquoi?
M. LESAGE: La préséance du féminin.
M. PAUL: C'est parce qu'on a pensé à l'honorable
député de Marguerite-Bourgeoys.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: J'étais pour dire: II faudrait
peut-être appliquer la règle en cette Chambre.
M. LESAGE: Bien, je crois que nous l'appliquons en commission et dans
les caucus. On dit toujours madame et messieurs, même le
lieutenant-gouverneur le fait.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, je serais mal venue de me
plaindre; j'ai dit ça à la blague.
M. BERTRAND: Alors, dorénavant, quand on dira madame, ça
comprendra messieurs.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je n'en demande pas tant.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 1 adopté. Article 2?
M. LESAGE: Clairement, on a pensé que ce serait faire un travail
inutile que...
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: ... d'ajouter, partout dans la loi, les mots « et
Infirmiers. » C'est pour ça que les deux derniers
alinéas...
M. LESAGE: ... comportent la règle générale que le
genre féminin comprend le masculin.
M. BERTRAND: Cest ça. D'ailleurs les légistes m'ont dit
qu'en en causant avec les représentants de l'association, il est
probable que l'on procédera à une refonte de la loi une autre
année.
M. GOLDBLOOM: Cette refonte est attendue. Je me demande cependant si, au
neuvième paragraphe de l'article 1 de la Loi des infirmières, qui
parle du registre, il ne serait pas mieux de dire: Registre signifie une liste
des infirmières et infirmiers.
M. BERTRAND: C'est compris partout
M. GOLDBLOOM: Je comprends que c'est compris partout.
M. BERTRAND: C'est parce que si on s'y attache à cet article, il
y en a d'autres. De là est venu l'article, dont parlait le chef de
l'Opposition, qui s'applique tout le long de la loi. Une autre année, il
n'y a aucun doute qu'il faudra refondre cette loi.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 2 adopté.
Article 3. Adopté. Article 4. Adopté. Article 5.
M. LESAGE: Si je comprends bien il s'agit de l'admission à
l'étude, à l'article 27a).
M. BOIV1N: C'est parce qu'à tous ceux qui ont fait leurs
études à ce jour, il faut aussi inclure ceux qui viennent de
commencer leur cours et qui finiront dans trois ans.
M. GOLDBLOOM: Cet article leur donne droit au certificat de
compétence puisqu'ils sont déjà inscrits. C'est pour
régulariser leur statut puisqu'ils sont déjà inscrits de
façon qui, strictement parlant, est illégale.
M. BOIVIN: Tous ceux qui finiront après 1970, ceux qui sont
inscrits aux écoles d'infirmières actuellement.
M. GOLDBLOOM: Oui, adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 6.
M. GOLDBLOOM: Cest le changement de l'âge...
M. LESAGE: Oui.
M. GOLDBLOOM: ... auquel on peut être admis, et là
aussi...
M. LESAGE: Est-ce « admis à la pratique » ou «
admis à l'étude »?
M. GOLDBLOOM: A l'exercice de la profession.
M. LESAGE: A 18 ans au lieu de 21 ans. M. BERTRAND: A 18 ans.
M. LESAGE: Est-ce que c'est fréquent qu'il y ait des personnes de
moins de 21 ans qui sont infirmières ou infirmiers?
M. BERTRAND: Oui, on nous dit qu'il y en a.
M. BOIVIN: Oui, cela arrive assez souvent. Alors, ils n'ont pas les
privilèges des infirmières aussi longtemps qu'ils n'ont pas
l'âge. Et l'âge, du moins pour la majorité...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BOIVIN: ... est 18 ans. Il y avait une question de sexe. Mais
aujourd'hui, il me semble, il n'y a pas lieu de retarder ceux qui finissent
avant 18 ans.
M. GOLDBLOOM: Oui, il est arrivé, dans le passé, que des
candidates au droit d'exercice de cette profession ont dû attendre
l'âge de 21 ans pour être admises aux examens. Aujourd'hui, avec le
changement des écoles d'infirmières qui ne seront plus aux
hôpitaux, mais qui seront aux CEGEP, les candidates seront plus jeunes.
Je crois que c'est normal que nous changions l'âge.
M. BERTRAND: A la suite du cours à l'école secondaire
polyvalente et les deux années de cours du CEGEP, on peut compter que,
dans l'avenir, il y en aura plusieurs qui, à l'âge de 18 ans,
auront terminé leurs études.
M. GOLDBLOOM: Je profite de l'occasion pour souligner à
l'attention de l'honorable ministre d'Etat à la Santé que nous
avons discuté à plusieurs reprises le problème de ce
transfert des écoles d'Infirmières des hôpitaux aux CEGEP,
il y a des transferts qui ont déjà été
autorisés. Si j'ai posé certaines questions sur l'ensemble du
problème, je n'ai jamais eu l'idée de faire arrêter des
transferts qui étaient déjà décidés. Donc,
je me permettrai, privément, parce que je crois qu'il serait fastidieux
de prendre le temps du comité pour le faire, je parlerai
privément avec l'honorable ministre d'Etat à la Santé pour
lui souligner des cas où tout le monde s'attend aux transferts, tout le
monde s'y prépare mais il semble que le transfert est mis en doute. Il y
aurait donc lieu de revoir ces cas particuliers.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 6, adopté?
L'article 7?
M. GOLDBLOOM: Là, M. le Président, je pense que je
voudrais faire ce bref commentaire. Je comprends parfaitement qu'en adoptant
une telle loi nous devons nous en tenir à ceux qui ont des
diplômes...
M. BOIVIN: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: ... qui peuvent se comparer aux diplômes des
infirmières, qui sont reconnus depuis très longtemps. Il y a
cependant des infirmiers qui travaillent depuis assez longtemps dans nos
hôpitaux et qui ont acquis une expérience très importante.
Je suggère, sans proposer d'amendement à la loi, que l'on se
penche sur ce problème de façon à créer un cours
spécial pour ces personnes au lieu de
leur dire: Puisque vous n'avez pas de diplôme, vous serez
obligés de recommencer tout votre cours d'Infirmier.
Il y aura des mesures transitoires à introduire à
l'Intention de ces personnes-là, et je pense bien que le ministre se
penchera là-dessus.
M. BOIVIN: II y a déjà une étude qui a
été faite, lors des négociations, où l'on
reconnaissait la valeur de certains diplômes et où l'on
prévoyait un recyclage pour inclure ces infirmiers-là au niveau
des auxiliaires. Ensuite, il y a un travail, sans doute, qui nous sera remis
par la commission Castonguay, contenant certaines recommandations, il y a aussi
une commission des professions auxiliaires de la santé qui doit nous
faire rapport ce mois-ci. Alors, nous tâcherons de corriger la situation
de certains infirmiers qu'on appelle aussi des infirmiers certifiés,
afin qu'ils soient inclus dans ces professions que nous avons actuellement qui
comprennent les auxiliaires et le groupe d'infirmières dont nous parlons
actuellement dans cette loi.
M. GOLDBLOOM: Exactement, M. le Président, nous connaissons
plusieurs situations de cette nature qu'il faudra régulariser avec le
passage du temps.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): Article
7 adopté. Article 8?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. FRECHETTE (président du comité plé-nier):
Article 8, adopté. Article 9, adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le
comité a adopté le bill no 89 sans amendement.
Troisième lecture
M. LEBEL (président): De consentement unanime, l'honorable
premier ministre propose la troisième lecture du projet de loi 89. Cette
motion sera-t-elle adoptée?
M. BERTRAND: Adopté.
M. PAUL: M. le Président, je proposerais la suspension des
travaux de la Chambre jusqu'à 2 h 15 cet après-midi.
M. LESAGE: Nous avions parlé de 2 h. 30, et comme il y a beaucoup
de députés qui ne sont pas en Chambre, je pense qu'il vaudrait
mieux s'en tenir à 2 h 30.
M. BERTRAND: D'accord, 2. h 30.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 2 h 30
cet après-midi.
Reprise de la séance à 14 h 29
M. LEBEL (président): A l'ordre, messieurs!
M. BERTRAND: Nous continuons l'étude du projet de loi 75, Loi
concernant la Communauté urbaine de Montréal.
M. LESAGE: M. le Président, sur une question d'ordre seulement,
je comprends qu'il n'y a que deux députés qui ont pris la parole
sur la deuxième lecture, soit le ministre des Affaires municipales, qui
a son droit de réplique, et le député de Chambly, dont le
droit de parole est épuisé.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté. L'honorable député de
Robert-Baldwin.
M. BERTRAND: Nous allons applaudir le député.
M. Arthur-E. Séguin
M. SEGUIN: Je n'attendais pas les applaudissements, M. le
Président.
Durant les deux derniers jours, nous avons assisté aux
délibérations de la commission permanente des Affaires
municipales où les membres de cette Assemblée nationale ont eu
l'occasion d'entendre les représentations des maires de la région
de Montréal, la banlieue et la métropole.
Je devrais dire, dès le début, que j'ai distinctement
l'impression qu'il n'y avait rien qui pouvait se dire à l'occasion de
ces rencontres à moins que cela ne vienne des représentants de la
ville de Montréal. Il n'y avait rien donc, dis-je, qui semblait
être acceptable ou sur quoi nous portions le moindrement d'importance.
C'était une impression personnelle. Je ne veux pas, encore là,
dire que c'était l'impression de la majorité, ni d'un groupe. Les
maires et les municipalités représentées par les maires
à ces séances, ont prétendu dès la première
journée et jusqu'à hier soir, tard, qu'ils avaient non seulement
l'Impression mais la conviction que cette loi, soit le projet de loi 75, allait
être adoptée avec beaucoup trop de hâte.
Je suis d'accord avec cette opinion. Pour un projet de loi de
l'importance de ce bill 75, nous semblons être pris d'épouvante;
c'est une course frénétique pour donner à la région
de Montréal un cadeau de Noël.
On semble mettre de côté beaucoup d'arguments qui ont
été apportés et qui sauraient probablement faire de ce
projet un modèle unique au Canada.
Malgré l'opinion contraire du ministre des Affaires municipales,
M. le Président, je prétends cela surtout pour les maires
de banlieue de la région de Montréal, car je ne connais pas du
tout les circonstances pour la ville de Montréal même
qu'une période de dix ou onze jours n'est pas suffisante pour permettre
à ces différentes administrations de banlieue d'étudier
à fond tous les articles et toute la portée de ce que pourrait
être, dans l'avenir, ce bill 75, en ce qui concerne les résidents
de l'île.
Ces maires sont des hommes d'affaires, des hommes qui occupent des
postes d'administration locale à temps partiel, contrairement à
ce qu'on peut dire pour les autorités de la ville de Montréal,
qui, elles, occupent leur poste à plein temps.
Donc, il devient quasi impossible, pour les administrateurs des villes
de banlieue, d'être omniprésents ou toujours présents,
où que ce soit, toujours facile ou possible pour eux de se rencontrer
pour prendre des décisions qui concernent toute cette
agglomération des 27 ou 28 municipalités concernées.
Il ne s'agit pas, je pense bien et je suis le premier à le
proclamer ou à le déclarer de mon siège d'une
procédure, d'un arrangement, d'une entente pour retarder l'adoption d'un
système de gouvernement métropolitain pour l'île de
Montréal. Il s'agit surtout de savoir où nous allons et de quelle
façon. Je pense que c'est une raison suffisante pour qu'on prenne tout
le temps nécessaire pour aller au fond des différents
problèmes, de façon à faire non pas l'unanimité,
car c'est impossible nous ne l'aurons jamais, tout le monde le comprend
mais, au moins, pour que la grande majorité ou que la
majorité simple, si vous voulez, de ces villes de banlieue, puissent
avoir la conviction et la connaissance nécessaire de ce à quoi
Ils s'engagent.
Tel n'est pas le cas, et les deux jours que nous avons passés
ensemble nous le prouvent.
Est-ce qu'on se procure un livre parce qu'il a une belle couverture ou
si on doit s'intéresser au contenu? Le fait qu'on a
déclaré, de part et d'autre, que le bill était bon, mais
qu'il était imparfait, qu'il demanderait des amendements ou des
changements au cours des années, est-ce là une ou des raisons
pour lesquelles ces maires ou ces administrateurs qui ont une
responsabilité et un mandat envers leurs citoyens seraient
obligés ou portés à accepter sans plus d'autres
détails d'information et de discussion un projet tel que celui que nous
avons devant nous?
Parce que quelques-uns jugent le projet comme étant bon, est-ce
là le critère qui nous obligerait tous à être
d'accord? J'aurais préféré personnellement, pour plus
d'assurance de l'excellence de l'administration dans l'île de
Montréal, l'application graduelle du principe qu'on préconise
dans le bill 75. J'aurais préféré me servir des structures
comme base, mais en donnant à cette organisation de la communauté
des pouvoirs limités, au moins pour le début. Je pense qu'il
serait bon de procéder de cette façon, parce que nous aurions
tout d'abord l'assurance ou au moins la possibilité de vérifier
la qualité et la portée de cette nouvelle structure politique
avant de la lancer dans la totalité ou la quasi totalité du
problème.
J'aurais donné à ce gouvernement métropolitain un
contrôle exclusif sur certains problèmes, dans certains secteurs,
que nous savons et que nous connaissons déjà comme étant
réellement d'ordre régional.
Et pour n'en mentionner que quelques-uns il y a ceux qui sont compris
parmi les différents secteurs dont il est question à l'article
112. Je mentionne tout ce problème d'évaluation normalisée
pour l'Ile, la planification régionale en ce qui concerne les routes
intermunicipales, les problèmes de pollution. Et encore là, les
problèmes de pollution avec une certaine réserve. On sait que,
dans l'Ile de Montréal, la partie ouest est la seule partie de l'Ile
où nous trouvons des centres d'épuration d'égouts, mais
non pas dans chaque ville. Il y a là au moins six ou sept centres ou
usines d'épuration, tandis qu'ailleurs, sur l'Ûe de
Montréal, il n'en existe pas.
Si on donne immédiatement le pouvoir de régir à la
communauté sur tout ce problème, qu'est-ce qui arrive ou
qu'est-ce qui arrivera des investissements déjà faits ou de la
planification qui prévoie des centres manufacturiers pour l'avenir dans
le secteur de l'ouest? On sait que Montréal a déjà
annoncé des dépenses en capital de quelque $100 millions ou $133
millions pour le problème des égouts. Où se trouve la
communauté vis-à-vis de ces dépenses annoncées,
puisqu'on donnerait à la communauté certaines
responsabilités en ce domaine?
Je vois aussi où on pourrait passer sans difficulté
à cette communauté des responsabilités quant à la
façon de disposer des ordures, parce qu'il y a déjà
là un problème urgent pour toute la ville, et la loi nous dit
qu'on est prêt à passer à la communauté les
responsabilités en ce sens. Je crois que là aussi il y a
possibilité de faire la vérification de la qualité du
service au fur et à mesure que la communauté s'en occupera.
J'aurais préféré, M. le Président, qu'avant
de s'embarquer avec un gouvernement métropolitain, le gouvernement ait
pour le moins réglé le problème fiscal. J'aurais
préféré que nous connaissions un peu plus les intentions
du gou-
vernement sur les propositions qu'il doit faire en ce qui concerne les
taxes et surtout la taxe scolaire. On étudie présentement le
projet de loi no 62 qui établira onze municipalités scolaires
dans l'île.
Je me demande aussi s'il y a une relation ou un rapport entre ces propos
de municipalités scolaires et l'éventuelle division municipale
pour l'fle. Je me demande si nous faisons un premier pas, tel qu'on l'a fait
à Toronto où, au début, en 1953, on avait
suggéré quelque 12 municipalités et, après treize
années d'expérience, on avait décidé d'en
réduire le nombre. Est-ce que les onze municipalités scolaires
proposées dans le bill 62 seront les onze municipalités de l'fle
dans trois ans ou dans cinq ans? Je pense que ce sont des choses que nous
devrions savoir non pas pour les combattre, mais pour pouvoir travailler dans
ce sens, pour faire un effort commun, si tel est le cas.
Nous avons le bill 75 devant nous et, déjà, avant que la
deuxième lecture soit tellement avancée, le ministre nous a fait
parvenir 77 pages d'amendements. Je m'explique, parce que Je ne voudrais pas
induire la Chambre en erreur; ce ne sont pas 77 pages complètes, mais 70
feuilles de papier sur lesquelles on trouve des propositions d'amendements
à la loi. Il y en a qui ont une ligne. Il y a beaucoup de papier, mais
n'empêche que je regarde l'épaisseur.
M. BERTRAND: Ce n'est pas long.
M. SEGUIN: II faut tout de même avoir, je pense,
l'opportunité de voir à ces amendements, puisqu'on les a vus
juste à l'heure du dîner. Je parcourais, ces jours derniers, ce
livre publié par le ministère de l'Industrie et du Commerce et
qui s'intitule « Analyse budgétaire, municipalités du
Québec, année financière 69/70. Ce volume est non
seulement intéressant, mais contient énormément de
chiffres, énormément de précisions sur la plupart sinon
toutes les municipalités de la province. Je fais allusion à des
commentaires qu'on fait, dès le début, dans l'introduction. A la
page 6, sous le titre « dépenses », on dit: « Le
service de la dette accapare de nouveau, cette année, une partie
importante du budget des municipalités de 5,000 habitants et plus, 28.7%
étant la moyenne pour les municipalités. »
Ce pourcentage est moins élevé que celui de l'an dernier,
soit 30.2%. Cette baisse d'importance relative à ce poste s'explique, en
bonne part, par le fait que dans le budget de Montréal ne sont plus
comptabilisés comme dépenses les services de la dette pour le
boulevard Métropolitain, remboursés par la province, ni la
quote-part du service de la dette pour le métro remboursée par
les autres municipalités desservies par la Commission de transport de
Montréal.
Pour comparer le service de la dette de Montréal à celui
des années précédentes, il faudra donc lui ajouter environ
$7 millions. Cet aspect-du problème, la dette de Montréal, la
dette des différentes municipalités et en particulier de celles
desservies par le boulevard Métropolitain et les voies latérales,
n'a pas été touché durant les discussions. Mais, il a
quand même une très grande importance lorsqu'on discute de la
formation d'un gouvernement métropolitain ayant pour
responsabilités les routes entre municipalités et, naturellement,
la répartition des dépenses.
On dit aussi un peu plus loin, dans la même brochure et à
la même page, au deuxième paragraphe, immédiatement sous le
petit tableau au centre, et, par ailleurs, le graphique que je viens de
mentionner et qui est situé juste au-dessus de ceci
intitulé « emploi du dollar par classe de population »,
indique que le service de la dette est particulièrement
élevé à Laval et relativement faible à
Québec passons. C'est la protection publique qui accapare une
part plus considérable du dollar tout comme à Montréal. Il
est intéressant d'y noter que c'est dans la classe des administrations
qui ont 50,000 à 99,000 habitants que les dépenses
administratives semblent prendre le moins d'importance, soit 10.6%,
comparativement à Montréal où elles en accaparent
davantage, soit 19.8%. Il en coûte donc à présent presque
le double pour l'administration de la métropole.
Une lois cette collectivisation des municipalités de l'île
accomplie, une lois que nous aurons groupé ces municipalités,
quelle est la projection, quel est le prix que nous allons payer pour
l'administration? Cela ne sera certainement pas moins que le 19.8
mentionné au tableau, du moins à ce moment-ci. Je n'ai pas de
chiffres ou il n'y a pas eu de chiffres qui ont été
présentés qui me porteraient à croire que nous ferions des
économies de ce côté-là.
Donc, il y aura je pense, comme c'est le cas dans l'industrie, dans les
affaires, dans les administrations qui deviennent de plus en plus grosses,
cette possibilité d'accroissement de dépenses et de coûts.
Et je continue. Les dépenses par habitant des unités
recensées varient de $45.02, je mentionne ici ce chiffre le plus bas qui
est à Bécancour donc en dehors de la région de
Montréal et je reviens au chiffre le plus haut de dépenses
par habitant de $441.07, cette fois-ci à Montréal-Est, une des
villes qui est appelée à faire partie de la communauté
urbaine.
Au moment de la préparation de ce tableau,
par le ministère de l'Industrie et du Commerce, on avait
constaté qu'à Montréal-Est, on dépensait $441.07.
Le graphique, dans ce même volume intitulé « Distribution
des municipalités selon la population et les dépenses par
habitant » indique, pour sa part, qu'il n'y a pas de corrélation
entre la population et les dépenses par habitant, donc il y doit y avoir
d'autres raisons.
D'ailleurs, le coefficient de corrélation linéaire n'est
que de .21 ce qui explique que les dépenses par habitant ne sont pas
proportionnelles à la population. Cette situation peut se comprendre du
fait que nous ne retrouvons pas des municipalités dont les biens-fonds
par habitant sont plus élevés à cause de leur
industrialisation plus poussée ou du statut socio-économique de
leurs habitants. C'est le cas et Je poursuis de celle de 111e de
Montréal et ce ne sont pas nécessairement les plus populeuses qui
dépensent davantage par habitant.
Montréal-Est, population, 5,798 âmes, dépense, en ce
moment, $441.07 par habitant, comparitivement à Verdun, dans le
même groupe de municipalités qui devront faire partie de cette
communauté urbaine, qui a une population de 89,091 et qui, elle, ne
dépense que $82.36 par habitant. Vous allez vous demander à quoi
riment ces chiffres. C'est que ce sont là de multiples problèmes
dont ni la commission, ni le ministre ne nous ont fait part. Il ne nous a pas
expliqué la péréquation, si vous voulez, ou le nivellement
qui se fera. Est-ce que les habitants, les résidents de
Montréal-Est pour lesquels, à ce moment-ci, leur administration
dépense $441 per capita devront voir diminuer ces dépenses, avec,
nécessairement, une diminution de la qualité des services? Si on
dépense moins, on en aura moins, parce que rien ne se donne. Dans le cas
de la ville de Verdun qui, aujourd'hui, dépense $82 per capita,
aurait-on raison de croire qu'il y aurait amélioration? Si tel est le
cas, si Montréal-Est peut diminuer ses services pour faire
l'équilibre, est-ce que nous pouvons nécessairement comprendre
qu'à Verdun ils seront améliorés?
Nous n'avons pas eu de preuve que tel serait le cas. Alors, je me
demande où se trouve le gain réel et de quelle façon nous
pouvons arriver à un gain réel pour la population des deux
banlieues mentionnées. Je continue à puiser dans le même
texte: « Certaines municipalités, malgré un faible
pourcentage d'évaluation des biens-fonds des compagnies, notamment
Westmount est une des villes en banlieue où il n'est que de 26.3%
peuvent avoir des dépenses par habitant très
élevées, soit $250.60 ». Quelle en est l'explication? Quel
sera l'effet de la com- munauté urbaine sur la ville de Westmount qui,
elle, ne changera pas ou à peu près pas l'évaluation des
biens-fonds des compagnies? « D'autres dépensent peu par habitant,
malgré un fort pourcentage d'évaluation ». On fait mention
d'une autre ville de la province qui n'a rien à faire avec la
communauté urbaine.
On explique ensuite la fréquence cumulée du nombre et de
la population des municipalités par un graphique des dépenses
totales par habitant, indiquant qu'environ un quart des municipalités
dans la province dépensent moins de $87 et un autre, plus de $144. Par
ailleurs, les trois quarts de celles qui dépensent le moins par habitant
ne groupent qu'environ 50% de la population de l'ensemble. Ici, je reviens plus
précisément. Cette situation s'explique par le fait que
Montréal se situe au 13e rang parmi les municipalités qui
dépensent le plus par habitant. Comment explique-t-on que
Montréal, avec toutes ses dépenses d'ordre majeur, arrive au 13e
rang?
J'aurais pensé que Montréal, qui est reconnue, je pense,
dans le pays comme étant une ville très d'avant-garde où
l'on se vante constamment des services, n'arrive qu'au treizième rang
dans la province de Québec après nombre d'autres villes de
banlieue prétendues, peut-être sans raison d'être, plus ou
moins bien administrées et qui trouvent encore moyen de dépenser
et de donner de meilleurs services à leurs citoyens.
Les dépenses par habitant, selon la fonction,
s'échelonnent de $0.00 à Lucerne à $156.36 à Anjou,
dans le cas du service de la dette. Anjou, $156.30 comme service de la
dette.
Cela varie entre $24, le troisième est$56, etc. Par ailleurs, la
majorité des municipalités affectent entre $10 et $20 par
habitant tant à la protection publique qu'à l'administration ou
qu'aux travaux publics, l'enlèvement de la neige, l'enlèvement
des déchets, les ordures ménagères, etc.
Plus de 60% affectent moins de $10 par habitant aux frais d'exploitation
des services d'utilité publique. Toutefois, certaines
municipalités peuvent affecter des sommes considérables à
l'un ou à l'autre de ces postes. Ainsi, Montréal-Est n'attribue
pas moins de $79.77 à l'administration; $118.01 aux travaux à
capital, l'enlèvement de la neige et l'enlèvement des ordures
ménagères; $47.47 aux services récréatifs et
communautaires. Hampstead, $76 à la protection publique.
Il y a ces disparités très grandes qu'on a reconnues, qui
existent parmi les villes en banlieue. Mais, également la ville de
Montréal, il y a toutes ces disparités qui existent, et nous
n'avons pas encore d'explication sur ce qui ad-
viendra une fois que la communauté urbaine de Montréal
sera en fonction, du sort, non pas politique, non pas social, mais du sort
administratif pour ces municipalités, les services dans chacune des
municipalités.
Quelles seront les municipalités qui seront appelées
à réduire la qualité qui existe présentement?
Lesquelles de ces municipalités seront appelées à recevoir
plus? Je pense que c'est important, et nous n'avons pas cette information.
Mr President, I think it is fair that I also use another language,
possibly because I am a little more familiar with it. And then I will ask: Why
the rush?
It seems extremely contradictory when, on one hand, the Department of
Municipal Affairs of this Province is so insistant that in each municipality of
this Province the administrators take such great precautions in the
administration of the tax dollar.
Il seems almost unbelievable to think that 29 or 30 administrators of
public funds on the island of Montreal, public funds that have to do with the
welfare of over two million people, that has to do not only with the welfare of
the individual but also the protection of property, the protection of
investment and values, that has to do with an ever increasing need on behalf of
these administrators to do their utmost at all times to further develop the
economy of the region; not only for the region but for the greater benefit of
this Province and the whole country.
It seems almost contradictory to think that a Minister or a Government
will call on these 29 administrators and their councils to adopt this bill
without really looking under the cover or under the crust of the pie, if you
will. It is almost unbelievable that we should be asked to adopt Legislation of
this type, the Montreal Urban Community, bill 75, without further information,
without further study and further detail. As I mentioned a moment ago, the bill
as proposed to us has many imperfections. The proof of the pudding is the
number of amendments that have already been presented, and they will be more to
come before we are finished the plenary committee study of the various
articles.
Amendments will be proposed by the Opposition and amendments, no doubt,
will be brought in by the Government. Knowing in advance that there are these
imperfections, knowing in advance that there are errors and mistakes, sections
or parts that have not been properly covered, it is unbelievable to think that
this House, this National Assembly, would be called on to vote on a proposal
being blind at least in one eye. There was a great deal said, Mr. President,
during the first day of the meeting with the mayors on this whole proposal of
reglonal-ising police protection.
I believe that this is right. There has to be, at least,
communication...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse d'interrompre l'honorable
député de Baldwin, mais je dois lui signaler que le temps qui lui
était réservé est maintenant expiré.
M. SEGUIN: Je termine, M. le Président. But I was about to cover
this problem of police, transportation and other services whereby I felt that
insufficient information had been provided.
The beauty of this, Mr. President, of this particular bill is that, this
time we have been able, not only Members of the Legislature but Members of the
administrations around the island, to agree on the principle, to agree that
this was a good thing. It seems that the only problem is one of uncertainty
from a financial point to view and I can only say, in closing, that I would
beseech the Government, the Minister of Municipal Affairs to give further study
to the proposal before us.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Olier.
M. Fernand Picard
M. PICARD (Olier): M. le Président, au tout début de mes
remarques, j'aimerais émettre l'opinion que la décision du
Parlement de convoquer les maires des municipalités de la banlieue de
Montréal de même que les représentants de la ville de
Montréal, ainsi que les représentants du Front commun des
employés municipaux, cette décision, à mon avis, a
été tris bénéfique.
Au cours des deux dernières journées, nous avons eu
l'occasion d'entendre les points de vue des deux parties principales qui sont
l'objet de ce projet de loi. M. le Président, je pense que la
présentation de ce projet de loi est tout à fait conforme
à la tendance que nous voyons dans le monde, aujourd'hui, à
l'effet de régionaliser les services municipaux. On a, au cours des deux
derniers jours, entendu plusieurs personnes mentionner le cas, par exemple, de
la ville de Toronto, de la ville de Winnipeg, où on a
procédé à une telle régionalisation de s ervices;
dans le cas de Toronto, en 1953, et dans le cas de Winnipeg, en 1960.
J'ai tiré, de ces réunions des deux derniers jours, la
conclusion qu'il y avait consensus sur
deux des principaux points en question, et je veux mentionner par
exemple la question des structures et de la procédure à suivre
pour choisir les personnes qui assumeront des responsabilités à
l'intérieur de ces structures, et deuxièmement les pouvoirs que
l'on donnera à ce nouvel organisme qu'on appelle la Communauté
urbaine de Montréal. A mon avis, il y a eu consensus. Tout le monde
semble d'accord qu'il y avait nécessité d'en arriver à une
telle législation. On a eu quelques arguments mineurs mettant en doute
par exemple les pouvoirs excessifs de l'exécutif, et j'ai moi-même
mis en doute laprocédure que l'on suivra pour l'élection des
membres du conseil de la communauté.
Mais, on peut dire que ces deux points fondamentaux, dis-je, ont
été acceptés par la majorité des membres qui
assistaient aux réunions de la commission, des deux côtés
de la barre.
Nous n'avons pas entendu de maires nous dire qu'ils s'objectaient
à la façon dont leur municipalité serait
représentée au sein du conseil.
Il reste un point sur lequel je ne suis pas tout à fait d'accord,
et c'est sur les dispositions financières. Je m'attarderai au cours des
prochaines minutes à vous exposer les raisons pour lesquelles je ne puis
pas lire complètement d'accord avec ce troisième point du bill:
l'aspect financier.
Au cours des deux derniers jours, nous avons entendu des personnes nous
exposer des séries de chiffres plus contradictoires les uns que les
autres. Je prendrai par exemple le cas où M. Saulnier, après un
exposé des estimations budgétaires, disait qu'il en
coûterait environ $0.15 par $100 d'évaluation de plus pour les
résidants des municipalités de banlieue. Quelques minutes plus
tard, c'était le maire Dawson, qui représentait les maires des
autres municipalités, qui nous arrivait avec un chiffre à l'effet
que cette augmentation serait de l'ordre de $0.20.
Personnellement, que ce soit $0.15 ou $0.20, j'ai fait un calcul et je
me suis dit: Si l'on prend le cas d'une propriété
évaluée à $10,000, ça représente quoi? Cela
représente $15 d'augmentation de taxes annuellement dans le cas de M.
Saulnier et, selon les chiffres de M. Dawson, $20 annuellement. Ce n'est tout
de même pas exorbitant. Mais ne pensez pas que j'approuve
complètement tout cet exposé qui a été
donné. Vous allez voir où je veux en venir tout à
l'heure.
Il y a également tous les autres services qui seront à
frais partagés, je dirais, avec toutes les municipalités. Je
n'approuve pas ce point de vue totalement, et je vais vous dire pourquoi tout
de suite. C'est que je trouve que le gouvernement de la province de
Québec tente, par ce bill, de se libérer d'obligations
financières à l'endroit de la population de la région
métropolitaine de Montréal, et ça, dans plusieurs
domaines. A la suite de questions, M. Saulnier a répondu hier
qu'effectivement le service de santé de la ville de Montréal
avait à faire son travail aussi loin que dans des abattoirs qui se
trouvent à 150 milles de Montréal, et ça, aux frais de la
métropole. Avec ce bill, ce sera aux frais de la communauté.
Dans le domaine de la police, on a entendu le président de
l'exécutif référer à l'aide qui était
fournie par la Sûreté de Montréal aux diverses
municipalités de la région environnante. Il n'a mentionné
aucun nom de municipalité, mais je peux vous en mentionner un, parce que
c'est public, cela a paru sur les journaux cette semaine. Vous avez sans doute
pris connaissance du vol dans une manufacture à Montréal-Ouest.
La police de Montréal-Ouest a été prévenue de ce
vol. Elle a, à ce moment-là, fait appel aux services de la police
de Montréal parce qu'elle considérait je ne sais pas si
c'était exactement ça que probablement ses policiers
n'avaient pas l'expérience requise pour faire face à ce genre de
banditisme. La ville de Montréal et ç'a paru dans les
journaux a envoyé douze policiers professionnels, des experts,
qui sont allés occuper l'usine et les bâtisses environnantes
quelques heures avant l'heure qui avait été fixée,
apparemment, pour ce vol. Effectivement, il y a eu fusillade. Un des bandits a
été blessé et, s'il n'y a pas eu de policiers de
blessés, c'est peut-être dû au fait que les policiers de
Montréal étaient des policiers expérimentés et qui
savent à quoi s'en tenir. Vous savez, M. le Président, lorsqu'on
tire de la mitraillette, il faut certainement être un professionnel pour
savoir oùi se placer pour ne pas être attrapé. Cela, c'est
seulement un exemple. Je me pose la question, maintenant. Est-ce que la ville
de Montréal-Ouest a payé pour les services des policiers de la
ville de Montréal: Il se peut qu'elle ait payé. Elle a
payé, peut-être, au taux de $4.67 de l'heure. Mais est-ce qu'elle
a payé pour les années de service, l'expérience qu'avaient
ces policiers, l'entraînement qu'ont subi ces policiers? Je ne le crois
pas, M. le Président. C'est là que Je trouve que les
communautés de la banlieue de Montréal bénéficient
des services réellement professionnels de la ville de
Montréal.
A la suite de l'adoption de ce bill, ce sera le service policier, de
protection publique qu'on dit, de la communauté qui assumera toutes ces
responsabilités. J'ai l'impression qu'à ce mo-
ment-là la Sûreté du Québec
déménagera complètement en dehors de l'île de
Montréal; elle ne s'en occupera plus du tout. Ce sera la même
chose pour le service de santé. Le gouvernement de la province de
Québec n'aura plus à s'en occuper. Voici un territoire où
le gouvernement de la province n'aura plus à assumer des
responsabilités et des dépenses.
Maintenant, si on regarde dans d'autres domaines, on parle de donner la
responsabilité du contrôle de la pollution de l'air et des eaux
dans la région métropolitaine de Montréal. Je me dis que
ça, c'est une responsabilité qui, si elle ne relève pas
entièrement du gouvernement de la province, devrait faire l'objet par le
gouvernement de la province d'une certaine coordination. A quoi servirait
à la Communauté urbaine de Montréal de faire des
dépenses en immobilisation pour la construction d'usines de filtration
le long des rives du Saint-Laurent, du côté de l'île, le
long des rives de la rivière des Prairies, du côté de
l'île, si de l'autre côté des rives du Saint-Laurent ou de
la rivière des Prairies on déverse dans le Saint-Laurent et dans
la rivière des Prairies les eaux usées et les égouts? A ce
moment-là, je ne vois pas pourquoi ce serait la communauté
urbaine qui s'occuperait du problème de la pollution des eaux, il faut
que ce soit à l'échelle de toute la région, et je pense
que c'est la responsabilité de la province d'y voir. S'il n'y a qu'un
côté de la rivière où on s'abstient de jeter des
eaux usées...
M. LUSSIER: M. le Président, le député me
permettra-t-il...
M. PICARD (Olier): ... et là je pense...
M. LUSSIER: ... une légère mise au point? Toute l'affaire
de l'assainissement des eaux et de l'aqueduc au niveau de la Communauté
urbaine de Montréal est toujours soumise à la régie.
C'est la régie qui, elle, coordonne, au niveau provincial, tous
les travaux dont M. le député, je pense bien, très
logiquement, dit que cela doit être coordonné et supervisé
par la province. Actuellement, nous le faisons et nous essayons de le faire de
mieux en mieux.
M. PICARD (Olier): Je remercie le ministre de ses explications, mais je
ne suis pas très impressionné par son « de mieux en mieux
». Tous se rappelleront que cela fait à peu près cinq ans
que la ville de Montréal a présenté un projet à la
régie pour la construction d'une usine d'épuration au coût
de... je ne sais pas exactement le montant, mais je crois que c'est environ
$150 millions, et on attend encore après une décision de la
régie pour procéder à la construction de cette usine. Et
la régie ne paie pas, elle n'a qu'une décision à rendre.
Ce n'est pas elle qui paie.
M. LUSSIER: Est-ce que je peux aussi vous donner un renseignement? Cela
fait moins longtemps que cinq ans, cela fait un an et demi ou deux ans, je
pense. Par la communauté urbaine, nous allons régler ce
problème avec un égout inter municipal et une usine
d'épuration. Parce qu'il n'existait pas d'autorité
régionale qui pouvait bâtir et administrer un système
d'égout sanitaire intermunicipal avec une usine d'épuration, il
était à peu près impossible que cette chose puisse se
faire.
Avec l'organisme régional de la communauté urbaine, ceci
pourra se faire très facilement, très normalement et très
économiquement.
M. PICARD (Olier): M. le Président, je ne veux pas
entraîner un débat sur ce point, mais le ministre sait très
bien qu'il n'y a aucune nécessité d'avoir un organisme
régional pour répartir le coût. Il pourrait tout
simplement, par arrêté ministériel, dire que l'on partage
au prorata de la population ou au prorata de l'évaluation
foncière, et ville d'Anjou, ville de Montréal-Est, vous aurez
à payer tant, tant, tant; cela se fait dans tous les autres domaines.
Cela ne prend pas obligatoirement un organisme régional. Cela se fait
autrement, et cela s'est fait dans le passé.
De toute façon, M. le Président, je n'ai pas l'intention
de faire un débat sur ce point, je veux tout simplement essayer
d'illustrer le fait que, même si le gouvernement de la province
prévoit donner, pour l'année financière 1970 et 1971, $1
par habitant pour l'établissement de la communauté urbaine, ce
qui voudrait dire pour ces deux années $4 millions, étant
donné qu'on évalue la population à environ 2 millions
d'habitants, alors, pour ces deux première années, il y aura $4
millions payés par le gouvernement de la province pour
l'établissement du système, et pour les années 1970, 1971
et 1972, ce sera $3 par habitant, ce qui fera un total de $18 millions, plus
les $4 millions pour la mise en marche, ce qui voudrait dire un grand total de
$22 millions qui seront versés à la communauté, comme il
est dit dans le bill, à tous les six mois, et cela au rythme de $8
millions par année.
Mais je vous assure, M. le Président, que lorsque vous regardez
de plus près toutes les économies que réalisera le
gouvernement de la province dans l'établissement de cette commu-
nauté urbaine, je vous garantis que le gouvernement de la
province s'en sauve à bon marché. Et c'est sur ce point que
j'aimerais attirer l'attention du gouvernement. Je sais qu'il n'est pas
possible à un député de présenter une motion
d'amendement qui aurait pour effet de dépenser les fonds publics, mais
je fais appel au sens de justice du premier ministre à l'endroit de
cette population de la région métropolitaine de Montréal,
qui, à elle seule, paie peut-être 60% des revenus de la province.
Ce n'est pas grand-chose ce que je demande, mais qu'on essaie donc, si la chose
était possible, de doubler cette subvention. Le gouvernement de la
province va chercher cela tous les ans à coups de $100 millions dans la
région de Montréal. Est-ce qu'il ne serait pas juste pour les
petits propriétaires qui auront à assumer une augmentation de
taxes au cours de l'année 1971 et des années subséquentes,
ne croyez-vous pas, M. le Premier ministre, qu'il y aurait lieu de traiter
cette population avec un peu plus de justice?
C'est ça que j'aimerais voir, M. le Président.
Il reste que, dans l'ensemble, je suis favorable à la
présentation de ce bill je ne peux pas dire sous la réserve, mais
dans l'espérance que le gouvernement aura entendu mon appel. J'attendrai
donc la décision du gouvernement sur ce point.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Claire Kirkland-Casgrain
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, je serais portée
à utiliser une expression anglaise, comme cela m'arrive parfois à
l'occasion, pour décrire les sentiments que je ressens devant le bill
75. Il faudrait peut-être tout de suite que je vous dise qu'en
étudiant ce bill, « I have mixed emotions ». Il est certain
qu'à l'exemple du Toronto métropolitain, il était fatal
qu'un Jour un projet de loi proposant un type de communauté urbaine pour
l'Ile de Montréal soit présenté pour étude aux
membres de cette Chambre.
En ce qui me concerne, je réside, comme on le sait, dans une
ville de banlieue, ville Saint-Pierre, qui a une population de 7,225
habitants.
Le comté que je représente est évidemment
formé par la ville précitée et, en plus, par LaSalle et
Montréal-Ouest, il faut que j'ajoute une portion de
Notre-Dame-de-Grâce, celle qui se trouve située au sud des voles
ferrées menant à la gare Windsor et qui est
délimitée par le canal de Lachine.
Je dois vous dire qu'à ville Saint-Pierre, les services
municipaux que nous recevons, au point de vue police ainsi que les autres
services tels que le déneigement, l'enlèvement des ordures
ménagères, etc., sont d'excellente qualité. Devant un bill
comme celui qui est présenté, la grande question que se posent
les citoyens de ma ville est la suivante; Conserverons-nous la même
excellence de services au cas de l'établissement d'une communauté
urbaine? Et pour les propriétaires et locataires: Nos taxes et loyers
respectifs augmenteront-ils?
Hier soir, à la commission des Affaires municipales, j'ai
été fort déçue par la divergence existant entre les
chiffres divers qui nous ont été fournis quant au coût de
certains services. Le ministre des Affaires municipales avait ses chiffres
à lui. D'autres en avaient des différents. Qui nous dit,
aujourd'hui, devant une loi où les coûts paraissent fort
hypothétiques, lequel des interlocuteurs aura raison?
Maintenant, pour être honnête, si je me réfère
au tableau comparatif et hypothétique des coûts actuels et futurs
pour les services de police de l'île de Montréal, je dois dire que
deux des municipalités de mon comté sont avantagées, si je
peux me fier aux chiffres qui n'ont pas, d'ailleurs, été
contredits qui ont été fournis par les maires des
municipalités de banlieue. Ainsi, ville Saint-Pierre paiera $78,000 de
moins. Montréal-Ouest paiera $69,000 de moins. Par contre, LaSalle aura
une augmentation de $302,000. Tout en étant pour le principe de ce bill,
je ne puis m'empêcher de souligner l'inquiétude non seulement de
celle qui vous parle, mais des personnes qu'elle représente et
particulièrement, vous en conviendrez avec moi, des habitants de la
ville de LaSalle.
Ici, vous me permettrez de citer un télégramme
émanant du maire d'une des villes les plus populeuses de mon
comté, LaSalle, 70,000 habitants, et, par la même occasion, un
autre télégramme, celui du maire de Montréal-Ouest. Vous
me permettrez de citer le premier, je pense, parce que ce
télégramme traduit sûrement le souci des
représentants du peuple relativement à ce bill
présentement à l'étude. Avec votre permission, je vous en
donne lecture.
Il m'est évidemment adressé. « Avons reçu
copie du bill 75, texte modifiant sensiblement le mémoire
présenté par la CCL Demandons au gouvernement de former une
commission parlementaire afin de permettre à chaque municipalité
d'étudier le projet et de faire valoir ses droits devant ledit
comité ». C'est signé Docteur Lionel Boyer, maire de la
cité de LaSalle.
Voici un autre télégramme du maire Mac-Queen de
Montréal-Ouest, qui m'est également
adressé: « Whereas bill 75 will have very serious effect on
the tax burden of residents of the town of Montreal-West and whereas bill has
not provided for full review of the simplifications on cost, Montreal-West Town
Commission urges in strongest possible terms that bill be delaid until full
impact has been studied in usual democratic manners in the interest of a united
community: Adopted unanimously ». Il donne la date, et c'est signé
par le maire et les échevlns.
Après avoir pris connaissance de certaines des questions
posées par certains de mes collègues, et je pense en particulier
à mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce hier soir, au
président du conseil exécutif de Montréal devant la
commission des Affaires municipales, je suis persuadée que les
électeurs de mon comté qui habitent dans cette portion de
territoire qui fait partie de Montréal doivent, pour une certaine partie
d'entre eux, être heureux de penser que l'établissement de cette
communauté urbaine va apporter un profit additionnel à la ville
où ils résident. Ce n'était pas hier soir, Je pense, qu'on
a fait ressortir ce point, mais la veille. Par contre, les trois autres villes
qui font partie du comté de Marguerite-Bourgeoys sont peut-être
plus inquiètes et même, je dirais, méfiantes, puisque le
ministre des Affaires municipales a été loin de répondre
à notre satisfaction aux questions que ces gens pouvaient se poser, aux
questions que les membres de la commission des Affaires municipales et aux
questions que les députés libéraux ont posées.
Par ailleurs, le présent gouvernement, toujours fidèle
à lui-même, arrive, à la dernière minute et
d'autres le lui ont dit avec une loi et, ce qui est pire encore, avec
une quantité volumineuse d'amendements, en donnant nettement
l'impression de vouloir passer cette loi à la vapeur.
Remarquez, M. le Président, que je dois réitérer le
fait que je favorise le principe de ce bill, mais Dieu sait qu'il
nécessitait nombre de modifications, de changements importants, de
conciliations d'envergure entre, d'une part, les opinants que nous avons
entendus et qui représentaient la ville de Montréal et, d'autre
part, ceux qui représentaient les municipalités de banlieue.
Sur ce point, je vais vous demander maintenant la permission de vous
parler, non pas comme représentante du comté de
Marguerite-Bourgeoys, mais comme citoyenne à temps partiel du
comté de Robert-Baldwin, de l'Ile Bizard, où se trouve la maison
d'été de ma famille.
Ici, je me permets une confession publique. J'ai voté pour le
présent maire de l'Ile Bizard, mais je ne partage pas toutes les
opinions qu'il est venu émettre devant la commission. A mon sens, il est
essentiel, dans un plan d'ensemble, que ce coin de terre, nommé en
l'honneur du colonel Bizard, fasse partie du plan d'ensemble de la
Communauté urbaine de Montréal. C'est le seul moyen de
protéger ce pittoresque coin de la région de Montréal qui,
par plusieurs aspects, est demeuré un havre de paix et de
tranquilité au milieu de l'agitation frénétique de notre
métropole.
Cette île constituera, à mon avis, un coin qui sera
protégé et où les Bizaillons c'est ainsi qu'on
nomme les habitants de l'Ile Bizard; d'ailleurs, je pense que vous êtes
en mesure de le connaître, puisque vous avez des parents qui habitent sur
l'île pourront continuer à profiter de l'air pur, de la
belle nature, et où les Montréalais, dont les plus
éloignés peuvent atteindre l'Ile en vingt minutes, s'ils
empruntent évidemment les grandes voies de la circulation.
Les Montréalais, dis-je, pourraient venir respirer un air sain et
non pollué, se baigner dans les eaux du Lac de Deux-Montagnes qui n'est
pas encore entièrement pollué, et voir, comme nous, pendant les
fins de semaine d'automne, les perdrix courir dans les champs.
Enfin, je suis heureuse de voir que le projet n'ait pas retranché
l'île Bizard de la Communauté urbaine de Montréal,
même si, à certains égards, ceci pourrait exiger certains
sacrifices de la part de ces habitants. Il faut quand même convenir d'une
chose, M. le Président: les Bizaillons, à l'heure actuelle sont,
à mon sens, très mal desservis par nos lois. Ils sont en quelque
sorte des citoyens de deuxième classe, puisqu'ils n'ont aucun service de
protection contre l'incendie.
Quant à la police remarquez que je ne veux rien enlever
à la police provinciale qui les dessert les principaux postes se
trouvent au pont de Sainte-Anne-de-Bellevue et au pont Mercier, dans la ville
de LaSalle. On se rend compte, pour ceux qui connaissent un peu le territoire
de l'île de Montréal, quelle distance il y a à parcourir
lorsqu'on fait appel à la protection. Je pense qu'il faut être
pratique. Au point de vue des services de la police et des pompiers ce bill est
à l'avantage des citoyens de l'île Bizard; il les favorisera et
les protégera.
D'autres remarques, peut-être plus pertinentes, ont
été faites par certains de mes collègues. Je pense, en
particulier, aux remarques faites par le député de
Robert-Baldwin, lui-même maire d'une municipalité de banlieue, qui
s'est toujours vivement intéressé à la question. Je fais
miennes les remarques qu'il a faites. Bien que je ne donnerais pas un
chèque
en blanc au ministre des Affaires municipales quant au coût
qu'occasionnera le projet proposé dans ce bill c'est, d'ailleurs,
la réserve que je fais je pense, toutefois, que Je peux faire
miennes les opinions exprimées par mes collègues libéraux
qui ont parlé avant moi, et en particulier les remarques et les
critiques qui vous seront, tout à l'heure, faites par l'honorable
député de Louis-Hébert.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourassa.
M. Georges-E.Tremblay
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, après toutes les
remarques qui ont été faites à ce comité depuis
deux jours, je n'aurai peut-être pas la même opinion que certains
de mes collègues, il faudrait comprendre que nous ne représentons
pas les mêmes comtés, que nous sommes dans des comtés
différents. Je vous demanderais de bien comprendre que, sur la question
du fond du bill j'en étais pourtant assez sûr, il y a
quelques jours plus cela va et plus je l'étudie, moins j'en suis
sûr.
C'est surtout après avoir entendu, hier ou avant-hier, à
la commission, les réponses faites par le président du
comité exécutif aux questions posées par le chef de
l'Opposition ou par un autre membre du comité, alors qu'on a
demandé à M. Saulnier ce que cela réglerait, il est clair
que c'était pour régler il l'a dit franchement des
problèmes de budget de la ville de Montréal. A ce
moment-là, ce n'est pas seulement pour donner de la
sécurité aux villes de banlieue, mais, premièrement, pour
régler les problèmes du budget de la ville de
Montréal.
Hier soir, le maire, en terminant son discours de professeur des
années 1900, nous a dit: Les gens disent que je rêve, mais j'ai
les deux pieds par terre. Si on voulait repasser son administration, on verrait
que ses pieds n'ont pas toujours été à terre; ils ont
été, à quelques reprises, sur des bancs ou sur... Non,
non, je reviens au bill. Cela fait toujours partie du bill; c'est pour amener
mon argument. Non, je n'irai pas trop loin; je vais rester dans les
limites.
Pour être clair, je pense qu'il a fait trop de dépenses, et
que, maintenant, cela prend les villes de banlieue pour renflouer le
budget.
Je suis désappointé du gouvernement, en ce sens qu'on a vu
dans les deux derniers jours je ne voudrais pas passer ça sous
silence, et je veux leur rendre hommage deux hommes, même s'ils
ont perdu pied de temps en temps, on a vu deux hommes prendre 26 maires de
banlieue, les ministres, le gouvernement, l'Opposition aussi et en faire ce
qu'ils voulaient.
Je suis représentant d'un comté, je suis réellement
déçu et, franchement, je suis un peu gêné de rentrer
dans mon comté ce soir. Je ne sais pas si le ministre est heureux de
rentrer à Re-pentigny, mais moi, à Montréal-Nord, je vais
rentrer sans faire de bruit. Je n'appellerai pas la police, c'est certain.
M. le Président, on n'a eu aucun chiffre précis, et ma
demande, à la commission, d'attendre à l'ouverture de la nouvelle
session, c'était pour ceci. C'est parce que nous, les
députés, nous avons la responsabilité, dans cette Chambre,
de voter des lois. Alors, il n'y a pas un chiffre, même ici je vais vous
donner des chiffres dans quelques instants; je suis convaincu que le ministre
va me contredire, mais il va être très mal pris pour me
contredire. Celui qui m'a donné ces chiffres-là, c'est un homme
qu'il vient de nommer à $24,000 par année, le maire de
Montréal-Nord. Alors, s'il contredit les chiffres de celui qu'il vient
de nommer, les chiffres qu'il va donner au gouvernement dans trois ou quatre
ans, je ne sais pas si on pourrait les prendre. Les chiffres que je vais donner
ici, dans quelques instants je comprends que le ministre va
peut-être me contredire mais je veux en venir au fait qu'on n'a eu
aucun chiffre précis. C'est pour cette raison, ce n'est pas la question
d'unifier les policiers, même le président des policiers, M.
Marcil, me disait qu'àun moment donné, sur certains rapports, les
villes de banlieue ont des dossiers, la ville de Montréal a des dossiers
pour les criminels. A ce moment-là, s'ils étaient tous ensemble,
ils pourraient administrer beaucoup mieux, je l'accepte, mais le point que je
n'accepte pas, c'est que je vols très mal, cette année, les
villes de banlieue et Je vais vous donner les chiffres dans quelques
instants être obligées de prendre les dépenses de la
ville de Montréal. Je n'accepte pas ça, M. le
Président.
Alors, en revenant à mes chiffres, ça va être long
un peu, mais c'est mon privilège, j'ai trente minutes, je n'ai pas
l'habitude d'être long, je vais être un peu plus long aujourd'hui.
C'est mon privilège de prendre trente minutes. Sur une loi de quatre
cents articles, je peux bien prendre trente minutes de la Chambre.
Ville d'Anjou, et si ce taux de taxes est si élevé,
là je demanderais au ministre de faire une étude, c'est que
où on a des rabais de taxes, c'est où la population est forte,
l'évaluation est
la plus basse. C'est donc dire que les villes où il y a beaucoup
d'augmentation, ce sont dans les villes où il y a des industries.
On se plaint ici au Québec qu'on n'a pas assez d'industries,
qu'on veut en amener pour faire travailler ceux qui sont en chômage. Ces
industries qui sont ici à l'heure actuelle, vous allez le voir, je vais
vous donner les chiffres, ce sont les villes où il y a des
industries.
Nous travaillons de deux façons pour aider Montréal
à renflouer son budget en éloignant nos industries qui s'en
retournent dans l'Ontario. C'est ça qu'on fait, et je vais vous donner
les chiffres. Ville d'Anjou, qui a des industries, $330,000 de plus pour 1970.
C'est le tableau d'un des amis de M. le ministre. Baie-d'Urfé, $100,000,
là c'est parce que c'est une nouvelle ville, je crois qu'il n'y avait
pas de service policier, si je vois bien. Beaconsfield, $150,000 de plus.
Côte-Saint-Luc, $150,000 de plus. Dollard-des-Ormeaux, $107,000 de plus.
Dorval, $280,000 de plus. Hampstead, $19,000 de plus. Kirkland, $28,000.
Lachine, $391,000 de plus. Ville LaSalle, $302,000. Vous voyez
ladifféren-ce là où il y a de l'industrie? Vous le voyez
immédiatement. Montréal-Est, $96,000 je ne comprends pas
qu'elle s'en tire à aussi bon marché, mais de toute façon.
Montréal-Nord, $41,000; on est privilégié, vous pouvez
voir que je ne parle pas seulement pour moi-même, je parle pour ceux qui
sont visés là-dessus. Ville Mont-Royal, $502,000. Outremont,
$80,000. Pierrefonds, $250,000. Je me demande où cette ville va trouver
l'argent pour payer ça; franchement je suis en peine pour elle. Cela va
prendre des bonnes compagnies de finance. Pointe-aux-Trembles, $151,000.
Pointe-Claire, $527,000, des industries.
Roxboro,$116,000.Sainte-Anne-de-Bellevue, Hampstead, $19,000 de moins.
M. le ministre nîa pas à rire, je n'ai personne pour
préparer mes chiffres. Je dois les préparer moi-même. Je
peux donc me tromper.
M. LUSSIER: Je ne ris pas de ça.
M. TREMBLAY (Bourassa): Sainte-Anne-de-Bellevue, $47,000 de moins;
Sainte-Geneviève, $10,000 de moins; Saint-Laurent, $648,000 de plus.
C'est une ville qui a des industries. Saint-Pierre, $70,000 de moins; Verdun,
$500,000 de moins, pas d'industries, beaucoup d'habitations, cela se comprend
par le tableau. Pour la ville de Montréal, je pourrais dire $7 millions,
comme quelques-uns l'ont dit hier, mais disons que je serai libéral et
je vais dire $6 millions de moins. C'est donc pour ces raisons que je trouve,
après les études qui ont été faites, que c'est
difficile à accepter. D'une ville à l'autre le coût monte
ou descend. Par contre, je crois que ceux qui payaient leurs taxes sont
d'accordpour continuer, mais qu'est-ce qu'on fait des industries dans ce cas?
Il y a des industries qui sont obligées de faire des tours de
passe-passe dans la province pour venir à bout de boucler et qu'est-ce
qui va arriver alors? Les personnes âgées, les personnes du
Canadien Pacific qui sont à leur retraite, etc., comment voulez-vous
qu'elles absorbent une augmentation de taxes? Leur pension n'augmente pas. Si
elles ne sont pas au bien-être social, elles n'ont pas de carte de
maladie. Alors, si on leur apporte de nouvelles taxes... Mon ami Picard, le
député d'Olier, a parlé d'une évaluation de $10,000
qui entraînerait une augmentation de $20 ou $25. J'aimerais bien qu'il
regarde sur le rôle d'évaluation de Montréal ou des villes
de banlieue pour voir s'il y a beaucoup d'évaluations de $10,000. Ce
sont des évaluations de $15,000 et plus. Un député, $25,
$30 ou $40 d'augmentation, il est capable de les payer, d'accord. Mais il y a
des gens il ne faut pas oublier ça, il ne faut pas rêver
il y a des gens qui ne sont pas capables de les payer. Hya des
pères de famille qui gagnent $75 par semaine. Ils ont un duplex, le
loyer d'en haut, mais tout est compté à un cent près.
Est-ce qu'on oublie ça, ici dans cette Chambre? On oublie ça
complètement. C'est bien beau, nous, nous vivons bien. Je ne vois pas un
député ici qui a des pièces aux coudes à son habit.
Mais nous représentons ici un public qui ne vit pas comme nous vivons.
Il ne faut pas oublier ça.
Pour toutes ces raisons que je vous apporte, je vois le gouvernement
avec une subvention de $22 millions, soit $8 millions la première
année, un autre $8 millions, pour arriver à $22 millions. La
dernière sera peut-être de $5 millions. Le ministre pourra nous
donner des chiffres à la fin. Quand on dit que Montréal
représente 70% du budget de la province de Québec! Je ne suis pas
contre ce projet de loi, mais pourquoi le gouvernement du Québec
n'intervient-il pas quand Montréal a des besoins? S'il veut adopter le
budget, qu'il l'adopte, mais qu'il absorbe au moins 90% du coût. C'est
ça que la province de Québec devrait faire. Quand on sait que
Montréal a le taux le plus élevé du chômage de la
province de Québec! Pensez-vous qu'il n'y a pas des propriétaires
en chômage? Quand on dit que 70% du budget de la province de
Québec vient de l'argent du Montréal métropolitain...
Savez-vous ce que c'est $6 millions ou $8 millions pour la ville de
Montréal? C'est un « na-nan », c'est un bonbon, un
bâton fort qu'on lui donne. Quand je vois le ministre qui dit qu'il fait
des faveurs à Montréal... Soyons honnêtes
pour les gens de Montréal. Donnons donc une subvention que...
Il y a seulement une chose qui m'effraie dans tout ce projet de loi.
C'est que ce sont deux hommes qui vont conduire ça. Il y en a d'autres
qui vont intervenir. Cela me fait un peu peur, parce qu'il y a une limite aux
capacités des hommes, il n'y a que vingt-quatre heures par jour et cela
m'apeure. Etre contre la Communauté urbaine de Montréal par
elle-même? Je ne suis pas contre. Je suis convaincu que
l'évaluation, beaucoup de choses peuvent intervenir, la taxation...
C'est sûr que si c'est seulement une machine IBM qui va faire tout le
travail, on peut peut-être économiser là-des-sus, mais qui
paiera? Les contribuables ne peuvent plus payer. C'est pour cette raison que
j'interviens. Je demanderais au ministre, au lieu de faire absorber aux villes
immédiatement des montants aussi élevés que ceux que l'on
voit ici, de faire en sorte que le gouvernement n'intervienne pas seulement
pour un an, deux ans, trois ans. Qu'est-ce que l'on va faire après trois
ans? Surtout avec le gouvernement qu'on a là. Si jamais ça
arrivait, mais, je n'y crois pas. Avant longtemps.
Ils ne seront pas là avant longtemps! Mais si jamais ce malheur
arrivait..
M. LUSSIER: Cela va régler le problème!
M. TREMBLAY (Bourassa): ... ne pensez pas qu'on va être mieux
qu'on est là.
M. DE MERS: Cela va régler le problème!
M. TREMBLAY (Bourassa): On s'en va en descendant la côte. Mais
cela ne m'inquiète pas.
M. LUSSIER: Bon!
M. TREMBLAY (Bourassa): D'ici six mois ou un an...
M. DE MERS: ... dans le Parlement!
M. TREMBLAY (Bourassa): Disons que je fais un discours, que je vais
peut-être couper, je ne parlerai pas longtemps. Il y en a qui vont avoir
de petites surprises parce que le public, surtout lorsque l'on voit des choses
semblables, il s'en rappelle, ne vous trompez pas. S'il ne s'en rappelle pas,
on va l'aider à s'en rappeler, pour ces raisons-là.
M. le Président, je n'ai pas toujours partagé les opinions
du ministre de l'Education. Au début, disons, je ne sais pas, sa
personnalité ne me frappait pas, ses réponses aux questions non
plus.
Mais je dois lui rendre l'hommage de nous présenter un bill, le
bill 62, et de répondre aux questions. Je suis obligé de
reconnaître une certaine démocratie dans cet homme. Il nous
présente un bill et il nous donne le temps de l'étudier. Hier, il
nous a convoqués. Nous y sommes allés, on a posé des
questions, il répond à nos questions. On n'est pas poussé
par un bulldozer, un D-8, si vous voulez. On est convoqué. On a le temps
de rencontrer les gens, on a le temps de rencontrer les professeurs, les
contribuables et on a le temps de savoir ce que la population veut.
Mais quand on arrive au député de l'Assomption, il nous
présente des patentes semblables, tellement peu complètes!
Regardez-moi donc les amendements! Un catalogue d'amendements en plus! Donc,
faites-vous l'idée, il n'aurait pas eu besoin de ce catalogue
d'amendements s'il avait fait comme le ministre de l'Education, nous amener un
bill et nous dire: ici en cette Chambre, on aura le temps, il y a des choses
qu'il faut changer là-dedans. Je suis d'accord. On va l'étudier
ensemble. Mais là, ce n'est plus travailler ensemble;on vient de passer
deux jours en bas; là, on avait le ministre avec le marteau et on avait
les deux gars de Montréal, vous savez les deux messieurs de
Montréal. Eux, ils poussaient. Alors, c'est ça qu'on a
accepté, nous les députés. Pour toutes ces
raisons-là, M. le Président je vais laisser ma place
à d'autres parce que je sais qu'il y en a beaucoup qui sont plus
éloquents que moi en autant que moi je suis concerné,
voter sur des affaires comme ça, en tout cas, je vais y penser.
Merci.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député de Westmount.
M. J.-Richard Hyde
M. HYDE: M. le Président, très brièvement. Je me
pose une question, et je vais essayer de répondre. La question est
très simple: Pourquoi prend-on le temps de cette Chambre, aujourd'hui,
pour étudier ce bill qui a été soumis à la
commission des Affaires municipales pendant deux jours: Il me semble que si on
avait décidé de choisir un observateur impartial, si on avait
été capable de le trouver, premièrement, si on l'avait
choisi, pour suivre les travaux de cette commission pendant les deux
dernières journées, je suis convaincu que cet observateur
impartial aurait suggéré à cette Chambre, aurait
suggéré au ministre, au moins de donner une chance à ces
messieurs, les maires des banlieues, d'étudier votre projet
de loi, d'étudier ses implications et essayer de les
réconcilier avec, comme disait mon préopinant, les deux messieurs
de Montréal, qu'est-ce que l'on veut régler avec ce bill, M. le
Président? On veut régler un problème qui existe depuis 40
ans dans la région de Montréal.
Le ministre va nous dire et je serais d'accord parce que
moi-même je suis en faveur du principe général du bill -
qu'il faut régler un problème qui existe à
Montréal. Le ministre va nous dire que tous les maires des banlieues
semblent être d'accord sur le principe. Mais si le ministre voulait
prendre comme témoin ces mêmes maires des banlieues pour dire
qu'ils sont tous en faveur du principe, je crois que le ministre devrait
accepter l'opinion unanime de tous ces maires excepté le maire de
Montréal et le président du conseil exécutif qui
ont dit qu'ils n'avaient pas eu la chance d'étudier cette loi durant le
temps qui leur a été réservé.
Ce bill, M. le Président, est le résultat, d'après
le maire Drapeau, de quinze ans d'étude. On pourrait dire que c'est le
résultat de 40 ans d'expérience. On avait commencé, en
1921, avec la Commission métropolitaine de Montréal. Elle a
été un commencement; elle a peut-être atteint les fins pour
lesquelles cela a été créé. On est arrivé,
en 1957 ou en 1958, avec la Corporation du Montréal métropolitain
qui a donné lieu à tous les espoirs que l'on connaît.
Même avec des amendements qui ont été apportés
après, cela ne s'est pas avéré un grand succès.
Le maire Drapeau est venu devant la commission hier soir pour dire: Au
moins, essayons d'adopter quelque chose. On a étudié pendant
quinze ans, on a considéré le problème, on a essayé
toutes sortes de discussions, on a fait des tables rondes. Mais, c'est
seulement depuis deux semaines que ces messieurs, autour de n'importe quelle
table, ont un projet de loi précis, spécifique, sur lequel ils
pourraient commencer à étudier.
Je n'ai pas l'intention, évidemment, de reprendre les arguments
du député de Baldwin qui a cité des chiffres, qui a
donné des exemples de l'imprécision de la loi. On peut trouver
toutes sortes d'arguments contre l'adoption de la loi, à ce moment-ci.
Il y a l'aspect financier, mais cela a été
répété combien de fois devant le comité
d'étude? On avait cinq tableaux de chiffres différents. Comment
voulez-vous, M. le Président, que nous puissions étudier les
implications d'un projet de loi si nous avons cinq tableaux de chiffres
différents pour essayer de trouver des réponses?
Sur la question des structures et de la repré- sentation il y a
eu toute une longue discussion. Est-ce qu'on devrait, au lieu de former un
conseil des représentants des municipalités, choisir la formule
qu'on a trouvée, pour la Communauté urbaine de Québec,
c'est-à-dire un vote par mille de population? Je ne donne pas d'opinion
là-dessus; je ne crois pas être qualifié pour le faire.
Simplement, c'est un problème qu'il faut régler et ce n'est pas
avec le bill 75 que nous allons le régler. C'est bien beau de dire,
comme le disait M. Saulnier hier soir: Adoptons le bill et, l'an prochain, ou
chaque année nous reviendrons devant la Législature pour faire
des améliorations. Cela nous amène à ce que nous pourrions
appeler l'épée de Damoclès du bill: l'article qui
prévoit que quand la communauté urbaine manque d'adopter telle ou
telle procédure... Et, on retrouve cela partout dans le bill.
Je crois qu'il y a deux, trois, quatre ou cinq différents
endroits où on trouve dans le bill que la communauté doit
adopter, dans un tel délai, trente jours, six mois, cinq ans. Si ce
n'est pas adopté, si telles choses ne sont pas adoptées par la
communauté, d'après la loi, d'après le texte, c'est le
ministre qui va régler le cas; d'après les amendements, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui va régler le cas; d'après,
je crois, la majorité des gens qui ont paru devant la commission, ce
doit être le Parlement.
Ainsi, comme disait M. Saulnier, tout le monde est d'accord avec le bill
dans l'état actuel. On ne pourrait jamais éviter que ce
problème vienne devant l'Assemblée, chaque année; au
moins, pour cet aspect-là, l'épée de Damoclès,
qu'on ne laisse pas ces décisions entre les mains du ministre,
même entre les mains du lieutenant-gouverneur en conseil. Si on
prévoit qu'un bill va être amené annuellement devant
l'Assemblée nationale, au moins qu'on laisse ces problèmes
être réglés par l'Assemblée nationale.
Tout ça pour dire, et c'est évident qu'on pourrait parler
pendant des heures et des heures, si le règlement nous le permettait, de
toute sorte de problèmes, de toute sorte d'arguments, mais je
résume tout ça en demandant au gouvernement de penser très
sérieusement au lieu d'insister pour adopter une loi à la vapeur.
M. Drapeau dit: Même au mois de février, on n'aura pas
l'unanimité. C'est évident. On n'aura jamais l'unanimité
sur un problème comme celui-là; mais, au moins, je crois qu'il
n'y aurait pas de difficulté à arriver, dans un temps
raisonnable, à un consensus de ces maires, et, au moins, on aura
donné à ces messieurs le sentiment d'avoir au moins eu l'occasion
d'exprimer leur point de vue et au moins
d'avoir eu l'occasion de se renseigner sur les implications de la loi
telle qu'elle existe actuellement ou telle qu'elle pourra être
amendée.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député de Laurier.
M. René Lévesque
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, très
brièvement, je voudrais dire quelques mots dans le sens de la
deuxième lecture, c'est-à-dire sur l'ensemble du bill, sans
reprendre en détail les quelques brèves remarques que j'ai pu
faire au moment où la commission siégeait en bas, sauf celles-ci.
C'est que, forcément, je parle à titre de Montréalais,
citoyen de la ville de Montréal, qui est fortement impliquée dans
le bill 75, mais également en essayant de me faire une mentalité
de citoyen métropolitain, puisque c'est ça que nous annonce le
projet de loi. Je crois qu'à ce point de vue-là on est devant une
grande étape. C'est le commencement, et ça commence à
temps. Cela va être le commencement de la modernisation des structures de
nos grandes administrations urbaines, une modernisation qui a été
trop longtemps attendue et surtout trop longtemps et trop
systématiquement retardée. Je voudrais commencer en
félicitant très sincèrement le ministre des Affaires
municipales pour son opiniâtreté tranquille sur ce
point-là.
M. BERTRAND: Très bien!
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, je n'ai pas fini. Et je ferais aussi...
M. HYDE: Attendez l'ensemble.
M. LEVESQUE (Laurier): ... la même remarque par anticipation, en
ce qui concerne les communautés urbaines qui sont annoncées pour
le Québec métropolitain et pour les villes de la région de
l'Outaouais.
Je crois qu'avec cela, nous pouvons dire que nous entrons enfin, avec un
retard sérieux; mais il semble que ce genre de retard est plus ou moins
le cas de toutes les sociétés modernes dont l'urbanisation s'est
faite très vite, depuis la deuxième guerre mondiale surtout, et
s'accélère continuellement.
En tout cas, il semble qu'enfin nous allons entrer sérieusement
dans l'ère des grands ensembles métropolitains. Ce que je veux
dire, c'est que, si on regarde l'ensemble du bill, encore une fois, on a
l'impression qu'on va pouvoir commencer à chercher pour de bon le bien
commun, dans le cas de Montréal, de quelque 2 millions de citoyens et de
leur famille, dans le sens de services communs mieux coordonnés et
surtout financés plus équitablement, plutôt que de
continuer à ménager à outrance comme, trop longtemps on
s'est cru obligé de le faire, alors que toute une ribambelle de petites
administrations dépassées exerçaient ou, trop souvent,
n'exerçaient pas justement des responsabilités qui les
dépassent de plus en plus.
Il me semble que les grands regroupements de services
métropolitains qui sont prévus dans le projet de loi vont
commencer à briser pour de bon cette mentalité artificielle qui a
créé des ghettos de luxe dans certains cas et, dans d'autres cas,
des ghettos sous-équipés dans la région
métropolitaine. C'est une mentalité qu'on a maintenue trop
longtemps avec ou sans clôture dans un bon nombre de coins de
l'agglomération métropolitaine de Montréal.
Je suis convaincu, pour ma part, que l'évolution des esprits dans
l'ensemble de la population est bien en avance sur cette mentalité qu'on
a trop longtemps essayé de maintenir.
Sans allusions, je fais une parenthèse d'une minute.
C'est-à-dire que c'est une allusion, mais que je ne veux « tirer
aucune couverte ».
Il me semble que ce projet de loi nous souligne aussi une chose, c'est
qu'il y a un moment, dans l'histoire de l'évolution normale d'une
société, où les grandes transformations finissent par
être plus simples et en réalité bien plus praticables et
bien plus vivables que les petits changements mesquins dans lesquels on s'est
trop longtemps enfermé.
Aussi, il finit par être nécessaire de faire du neuf dans
la société d'aujourd'hui, au lieu d'éternellement
s'acharner à rafistoler et à raccommoder des vieilles
étoffes qui sont usées jusqu'à la corde.
Je reviens au bill, sans souligner à quel point ça
pourrait s'appliquer à des ensembles plus grands que le Montréal
métropolitain.
Ce que je considère aussi comme un des résultats probables
et extrêmement souhaitables de cette communauté qui est
prévue dans le bill 75, c'est qu'assez rapidement ça va amener
certaines fusions de municipalités, qui sont absolument
nécessaires pour qu'on aboutisse, dans l'ensemble de l'Ile de
Montréal, avec les pouvoirs qui leur resteront, à quelques villes
qui soient viables, qui puissent vraiment administrer la partie
régionale, si on veut, de la communauté qui leur restera. Ces
quelques villes auraient des structures et des tailles modernes pour remplacer,
au plus tôt, une bonne partie de cette poussière de
municipalités artificielles qui continuent à se perpétuer
dans tous les coins.
Donc, en deuxième lecture pour ma part, je
voterai pour le projet de loi. Si, par hasard, je devais être
absent à cause des grandes précipitations de fin de session, je
dis tout de suite que je serais en faveur, d'autant plus que ça rejoint,
au moins sûrement plus que n'importe quel autre programme je n'en
fais pas un cas de grand mérite, puisqu'on a travaillé sur un
programme politique plus que les autres partis qui étaient autrement
occupés un des points essentiels, en ce qui concerne
l'administration régionale, du programme du Parti
québécois.
Maintenant, avant de terminer, M. le Président, je voudrais faire
quelques remarques sur certaines sections de ce bill qui est très vaste,
en tenant compte des amendements à ce que le député de
Bourassa appelait, à juste titre, le catalogue que le ministre nous a
distribué. Dans ce domaine des amendements, qui nous ont
été annoncés, il y en a un surtout qui me frappe.
Apparemment, qui ne dit mot consent, cela a l'air de satisfaire les
intéressés. On pourra vérifier en fin de semaine pour
être plus sûr. On avait très sérieusement, je crois,
sous-évalué dans le projet de loi initial la protection
nécessaire pour les droits des employés dans une foule de
domaines. Je crois qu'à ce point de vue, le bloc d'amendements qui
concerne ce domaine doit satisfaire au moins l'essentiel des demandes
très justifiées qui avaient été
présentées, il y a quelques jours, par le Front commun des
employés concernés dans les municipalités.
Maintenant, n'empêche qu'une fois après avoir parcouru
rapidement ce catalogue des amendements, cela peut laisser des réserves
extrêmement sérieuses sur plusieurs points ou en tout cas sur
quelques points importants. Il me semble que le gouvernement devrait être
bien sûr que, passée la deuxième lecture, le comité
plénier de la Chambre aura tout le temps voulu pour travailler
consciencieusement sur une foule de modalités de la communauté
telle qu'elle est prévue et dessinée dans le projet de loi. Quand
je parle du projet de loi, je le prends dans son ensemble, en y incorporant
d'avance les amendements que le ministre a présentés.
Vous savez, il y a eu un avant-projet il y a quelque temps. Je crois que
c'était une très bonne stratégie, parce que je pense que
c'était une stratégie de la part du ministre, il y a eu un
avant-projet qui a permis une discussion et une réflexion
extrêmement fécondes. On sait à quel point, d'ailleurs, il
y a eu des changements; la plupart, je crois, étaient indiqués
entre le moment de l'avant-projet et le projet de loi 75, tel que nous l'avons.
Maintenant, depuis quelques jours nous sommes quand même arrivés
à ce catalogue d'amendements auquel le ministre a ajouté encore,
d'ailleurs, au début de la séance de cet après-midi, dans
le cas de la Commission des services électriques. A mon humble avis,
c'est un sujet que j'ai déjà pratiqué quand je
fréquentais l'Hydro-Québec en particulier, qui est relié
à ce service-là, et je crois que c'est une très bonne
décision.
Il s'agit vraiment d'un service métropolitain, de sa nature
même, et non pas d'un service local. Mais, encore une fois, un dernier
amendement, pour l'instant, nous a été fourni par le ministre
tout à l'heure, il me semble qu'on a déjà la preuve,
depuis quelques semaines, qu'autant il semble bien qu'il se dégage un
concensus sur l'ensemble du projet de loi, autant, vu qu'il s'agit d'une
très vaste structure qui, en fait, sera le plan pilote par rapport
à la Communauté urbaine de Québec, à celle des
villes de l'Outaouais. Il ne faut pas oublier, et je pense bien que le ministre
l'oublie encore moins que nous, actuellement il est aux prises avec ces
problèmes-là. Un de ces jours, il y aura probablement une
communauté urbaine dans la région du Saguenay. Il y a des cas qui
crèvent les yeux et j'espère que la contagion va
s'étendre. Dans le même ordre d'idée, on pourra
créer de vraies métropoles régionales et probablement le
même sujet reviendra ou des projets du même genre dans la
région de l'Estrie, par exemple. Je prends simplement des cas qui me
frappent.
J'oublie forcément le.s grandes villes de la région de la
Mauricie. Dans toutes nos régions, ce problème-là va se
poser. A toutes fins pratiques, le bill 75, puisque c'est lui qui est devant
nous, est le projet pilote le plus massif de tous ceux qui sont concevables
mais le projet pilote de la fusion métropolitaine pour l'ensemble du
Québec, une chose qui sera forcément requise d'Ici quelques
années. Je me souviens et le chef de l'Opposition s'en souvient
encore mieux que moi que, dans les derniers milles du gouvernement
précédent, on était arrivé à cette notion
des métropoles d'appui; je pense que c'est le jargon à la mode
aujourd'hui. On voulait régionaliser le Québec. Malheureusement,
cela s'est très ralenti depuis, et je crois que si la perspective que
j'évoque...
M. LESAGE: Les pôles de croissance.
M. LEVESQUE (Laurier): Si la perspective, que j'évoque, des
fusions des régions métropolitaines dans chaque région est
exacte et je crois qu'elle est inévitable on reprendrait
au moins ce travail qui, je crois, a été dangereusement
négligé, depuis trois ans et demi au moins, au niveau des
structures administratives, c'est-à-dire de donner à chaque
région, le plus vite
possible, une métropole, une sorte de centre-ville
régional qui soit bien articulé, bien organisé de
façon que la région puisse profiter de cet assainissement de son
agglomération urbaine principale.
Pour toutes ces raisons, il me semble qu'il faudrait se ménager
le temps d'être bien sûr. Je ne connais pas toute la
procédure, mais je ne crois pas que ce soit chinois. Dieu sait que nous
avons été obligés de la pratiquer accidentellement il y a
quelques semaines, mais c'était dans un tout autre domaine. Il me semble
que ce n'est pas la fin du monde de concevoir quelque chose comme ceci: Que
nous votions en deuxième lecture le projet de loi de façon qu'il
soit bien clair et qu'il n'y ait pas de réticence de la part de
l'Assemblée nationale, si la majorité est telle qu'elle semble
bien se dessiner en ce moment soit que ce projet de loi dans son principe est
accepté, que la Communauté urbaine existera.
Mais, vu le travail extrêmement important et substantielle crois
qu' il va falloir faire en comité et les réflexions qui vont
sûrement s'ajouter en cours de route au point de vue des
modalités, est-ce qu'il ne serait pas possible qu'il y ait une entente
parce qu'on est vraiment sur les derniers milles, à la vapeur,
c'est une grosse brique pour que le projet de loi, une fois vraiment et
clairement accepté par l'Assemblée nationale, en cette fin de
session-ci, en deuxième lecture quitte à ce que le travail
de comité soit largement entrepris ne soit pas
complètement terminé et qu'on puisse le reprendre, après
entente, au moment où le Parlement reviendra. Il suffirait d'une
entente, je crois, et d'une bonne foi suffisante de la part de tous les
intéressés pour être bien sûr que ça ne
compromettrait pas la suite. Autrement dit, ce projet ne mourrait pas comme le
veut la tradition un peu superficielle de la procédure parlementaire,
mais il serait entendu qu'il reviendrait dans l'état où il aurait
été laissé. Cela, sans qu'il soit « bulldozé
».
Je ne parle pas cette fois-ci comme si j'étais contre le projet
de loi. On a connu récemment le cas d'une autre loi qui, je crois,
était foncièrement mauvaise; mais, dans ce cas-ci, il s'agit
d'une loi qui est foncièrement bonne et dans l'intérêt
général des grandes administrations québécoises. Il
est d'autant plus important, il me semble, de se donner le « respir
», si on me permet l'expression, de la bien parfaire.
Maintenant, quant à moi, il y a deux points sur lesquels je
voudrais insister en parlant des réserves qui me viennent à
l'esprit. D'autres ont évoqué et je ne voudrais pas
reprendre ce qu'ils ont dit des réserves qui leur parais- sent
sérieuses au point de vue économique ou, si on veut, des
perspectives financières. J'en parlerai très peu ou à peu
près pas. Ce n'est pas parce que je sous-estime l'importance, loin de
là, de ce problème qui est fondamental, mais si je m'abstiens
d'insister c'est pour deux raisons; d'abord, prace qu'il y a un bon nombre de
députés de banlieue dans cette Chambre, c'est-à-dire des
banlieues de la métropole, qui font de vaillants efforts pour retarder
ou du moins pour adoucir les échéances dans
l'intérêt de ceux qu'ils représentent ici. Alors, je ne
vols pas pourquoi j'ajouterais des efforts de ce côté-là en
tant que Montréalais, parce que je crois que beaucoup d'efforts se font
dans ce sens-là.
La deuxième raison pour laquelle je n'insisterai pas
là-dessus, c'est qu'au fond, sans être un fanatique, je suis un
Montréalais, citoyen de Montréal, contribuable de
Montréal, de la ville de Montréal. A mon avis, encore une fois de
façon très pondérée, il me semble qu'il est plus
que temps qu'on amorce vigoureusement la démocratisation fiscale
à l'échelle de toute la métropole, parce qu'il y a assez
longtemps, tout de même, qu'il y a des gens qui, dans ces banlieues qui
entourent le centre-ville, la grande ville de Montréal, profitent
il faut le dire brutalement et calmement à toutes fins pratiques
de l'effort excessif qu'on demande aux citoyens de la ville qui constitue le
coeur de l'agglomération; ils en profitent, mais ils ne payent pas leur
part.
J'ajouterai juste une chose qui me paraît souligner le fait que
ça ne serait pas mauvais qu'on ait un petit peu plus de temps pour y
penser avant de tout terminer. Dans le domaine financier, il y a des
subventions qui sont prévues à la Communauté urbaine de
Montréal. J'ai regardé comme tout le monde les chiffres que le
ministre nous a fournis sur la première année, la deuxième
année, prima facie il est évident que ça justifie la
subvention qui est calibrée par tête d'habitant, mais qui finit
par aboutir à ce résultat-là. Seulement, j'ai
remarqué une chose, c'est qu'on ne voit pas de lien rationnel entre
cette subvention pour Montréal, on voit autant de critères qui
puissent s'appliquer de façon commune à la communauté qui
est prévue à Montréal, à celle qui est
prévue à Québec, que j'ai regardée très
rapidement.
En fait, je dois avouer que je l'ai regardée surtout par les
journaux, je n'ai pas eu le temps d'aller plus loin. Enfin, ils ont
donné les chiffres, et le chef de l'Opposition a sûrement plus
étudié ça parce que le problème de Québec
est plus près de lui. J'ai regardé aussi ce qu'on a l'air
d'anticiper pour la région de l'Outaouais, il y a une chose qui me
frappe. Je ne vois pas
de raccordement rationnel entre ces systèmes de subventions.
J'aimerais bien être sûr d'une chose, c'est qu'on n'emploie pas les
fonds publics et il me semble que c'est l'intérêt de tout
le monde, du gouvernement en premier lieu comme une espèce de
carotte sans avoir d'abord établi des critères parce que c'est
tellement dans la ligne de l'avenir, cette fusion des régions
métropolitaines, qu'il va y avoir fort probablement une avalanche d'ici
quelques brèves années de ces ensembles
métropolitains.
Il faudrait être bien sûr que si on doit subventionner
et je crois que jusqu'à un certain point c'est justifiable, selon
les limites des moyens du gouvernement on ait au moins établi des
critères rationnels selon lesquels ça pourra s'appliquer et qu'on
ne soit pas obligé de revauder continuellement un système de
subventions qui aurait été plutôt mis au point, je dis bien
qui aurait plutôt, parce que je me pose des questions, mais qui aurait
plutôt été mis au point dans le genre ad hoc. Ad hoc comme
ceci pour Montréal, ad hoc comme cela pour Québec, ad hoc
autrement pour l'Outaouais, et on pourrait finir par tomber
financièrement dans une espèce de cafouillis qui pourrait
être très dangereux.
Sur ce, je quitte le domaine financier pour dire quelques mots avant de
terminer sur deux sujets qui concernent la qualité démocratique
des institutions de la communauté qui est prévue, parce que je
crois qu'il y a deux choses qui méritent d'être soulignées
et qui méritent aussi qu'on soulève des réserves.
Premièrement, il y a la question de la procédure du vote.
Le vote qui est prévu, la façon dont les décisions seront
prises au conseil de cette communauté. En lisant les amendements, j'ai
remarqué qu'il n'y avait pas eu de changement sauf, si je ne me trompe
pas, que le tiers est devenu la moitié dans le cas des décisions,
ce qui me paraît une amélioration. C'est en tout cas un aiguillon
pour qu'il y ait des présences plus massives et que si l'on veut des
décisions, on ait vraiment l'impression qu'il y a des majorités
qui se décident. Mais il reste que ça ne répond pas
à la suggestion qui a été faite par le chef de
l'Opposition et que j'ai endossée en comité qui me
semble de plus en plus valable à mesure qu'on y pense,
c'est-à-dire que le vote soit pondéré. Qu'on continue
à garder physiquement un représentant pour chaque
municipalité, puisqu'elles vont continuer à exister dans la
période où nous nous engageons, d'accord, mais que le vote que
ces gens auront soit pondéré selon la population qu'ils
représentent me semble être une étape absolument
essentielle. D'autant plus qu'on l'a prévu, sauf erreur, dans le cas de
la Communauté urbaine de Québec.
Il me semble donc qu'on devrait resonger à cette étape
nécessaire d'un minimum de démocratie parce qu'il ne faut pas
oublier que les dés sont pipés au point de vue
démocratique, de toute façon, à cause des quorums et
à cause de la présence requise de la proportion de la
moitié, maintenant, qui était un tiers aussi bien au point
de vue du quorum, si j'ai bonne mémoire, qu'au point de vue de la
décision, des représentants des banlieues qui sont tout de
même à peine un tiers de cet ensemble de 2 millions de citoyens
qui constituent la communauté.
On leur a déjà donné, il me semble, dans
l'ensemble, assez de protection pour leurs « droits acquis »,
depuis le temps qu'on se gargarise avec ces histoires de banlieue. Il me semble
qu'on leur en a laissé assez pour qu'au moins, premièrement, le
vote soit pondéré, de façon qu'à tout le moins ces
populations de banlieue soient représentées selon leur
véritable importance et qu'on n'ait pas cette caricature d'un vote
égal pour monsieur de Hampstead et ses 6,000 confortables concitoyens,
par rapport aux 90,000 pékins de Verdun, par exemple. Cela, ça ne
tient pas debout. Ce serait vraiment entretenir une sorte de truc
moyenâgeux.
Maintenant, j'ajouterais ceci à la suggestion du chef de
l'Opposition, et il me semble que cela vaut la peine d'y penser. Est-ce qu'on
ne pourrait pas prévoir si l'on accepte que le vote soit
pondéré, mais qu'on maintient, pendant la période
d'établissement de la communauté, la présence de toutes
les municipalités et les quorums requis et aussi les proportions
requises pour les décisions qu'à la fin des étapes
d'établissement de la communauté, c'est-à-dire en 1972, on
aboutira à un système de majorité démocratique
normale, pour l'amour du bon Dieu! Autrement dit, que ces gens-là
continuent tous, une fois le vote pondéré en fonction des
populations, pendant les étapes qui sont prévues jusqu'en 1972,
à avoir cette espèce de balise qui empêcherait, si l'on
veut, le gros méchant monstre de Montréal de les dévorer
tout d'un coup, etc.
Pourtant, il s'agit, quand même, des deux tiers des citoyens de
l'agglomération. Bon, d'accord, on les protège. Il faut la
moitié des voix, il faut des quorums, etc. Mais, qu'on prévoie
qu'au bout des étapes, quand la communauté sera établie,
c'est-à-dire en 1972, on pensera immédiatement à un
système de majorité normale. Tous les citoyens communautaires
seront des citoyens de cette communauté une fois établie et qu'il
y aura une majorité normale qui se dégagera. Alors il faudrait
que ce soit le vote normalement majoritaire.
Entre nous, je ferais remarquer au ministre
que ça donnerait un aiguillon pas ordinaire à ces
messieurs des banlieues de profiter de la période de transition, qui va
quand même durer deux ans et quelque chose, pour s'entendre
convenablement pendant qu'ils ont encore leurs droits acquis, au point de vue
de la pondération des décisions. Autrement dit, ça met,
comme on le dit en anglais, « l'incentive » dans leur dos, parce
que cela leur donne deux ans de privilèges prolongés, mais aussi
l'obligation de s'entendre, s'ils ne veulent pas, à un moment
donné, que l'entente se fasse sans eux. Parce qu'autrement cela a
été évoqué par le député d'Ahunt-sic
et par d'autres on risque d'avoir cette guerre des blocs à
l'intérieur de la communauté, qui retarderait toutes les
étapes.
En terminant, M. le Président, je ferais quelques remarques sur
le conseil de sécurité qui est prévu aussi au point de vue
policier. Alors, cela est censé être l'instrument de
l'intégration policière, partielle ou totale, dans la
région métropolitaine.
Il me semble que c'est le bon sens qui nous demande de faire
l'intégration des corps de police, de les faire travailler ensemble, de
briser les frontières artificielles, dans certains cas,
d'atténuer ou de résorber des mentalités invraisemblables
de différences entre les corps de police et même parfois certaines
petites barrières d'hostilité qui se sont élevées.
Moi, je suis bien d'accord avec cette coordination administrative et avec cette
coordination des services aussi complète qu'il sera requis,
nécessaire.
M. Saulnier, le président du comité exécutif de
Montréal, pendant les séances, disait, à un moment
donné: Le crime n'a pas de frontière, lui, entre les
municipalités. C'est parfaitement vrai.
Alors, je ne vois pas pourquoi il y aurait ces petites frontières
artificielles entre les corps de police chargés quand même
d'éliminer la criminalité ou du moins de la contrôler
convenablement.
Seulement, il y a une chose - et c'est très grave, à mon
humble avis on commence à regarder ce conseil de
sécurité dans la loi et il a l'air consultatif, à toutes
fins utiles, au début, à la façon dont on le
décrit. En fait, le mot-clé c'est: recommandations. Il fait des
recommandations, mais quand on regarde plus loin, à travers les articles
215 en particulier, je ne veux pas m'attacher au détail des articles,
c'est juste pour évoquer ce que je veux dire, mais quand on regarde ce
qui arrive dans les environs des articles 215, 217 et le bloc que constituent
les articles 219 et 220, on s'aperçoit que ce conseil, qui paraît
consultatif et recommandatif, si l'on veut, au début, est en
réalité un instrument extrêmement puissant.
Dans la pratique, il sera d'une puissance qui m'inquiète un peu,
surtout à cause de la façon dont il est constitué. C'est
bien beau de dire qu'il va être sous l'autorité du conseil pour la
plupart des décisions qu'on lui confie dans les articles que j'ai
mentionnés. C'est sûr qu'il y aura la haute autorité du
conseil, mais il ne faut pas se faire d'illusion. On sait à quel point,
dans n'importe quelle ville moderne, le travail de police finit par obtenir une
très grande autonomie, surtout en ce qui concerne les relations internes
et l'esprit qui peut s'en dégager, parce que c'est très
spécialisé, c'est extraordinairement le genre de métier
qu'on critique très souvent, mais que très peu de gens qui sont
en dehors accepteraient pour leur part, ce qui fait qu'il se crée un
climat très particulier dans les corps de police.
Alors, le seul amendement que j'ai vu, encore une fois sauf erreur,
c'est qu'au lieu de trois messieurs pour coiffer cet instrument impressionnant,
il va maintenant y en avoir quatre. Il y aura un honorable juge, les deux chefs
de police qui étaient déjà prévus et un chef de
police de banlieue qui sera choisi, enfin peu importe, mais qui viendra
s'ajouter à ses deux collègues. Alors, il y aura un magistrat et
trois éminents policiers pour coiffer cet instrument.
Moi, à mon humble avis, M. le Président, je demanderais au
ministre et au gouvernement d'y repenser, c'est très très
insuffisant. S'il s'agissait seulement d'intégration administrative, de
pure efficacité mécanique, on pourrait accepter, mais cela va
beaucoup plus loin dans le texte, et potentiellement, cela peut aller encore
plus loin. Cela peut toucher les conditions de travail, cela peut toucher tout
le climat. Cela va toucher tout le climat du travail policier de 4,000 ou 5,000
défenseurs de la loi et de l'ordre.
Justement, il ne s'agit pas seulement d'efficacité
administrative, il s'agit d'un instrument qui peut devenir celui je dis
bien qui pourrait d'une certaine notion de « law and order »
qui doit toujours être surveillée, et au besoin
contrebalancée avec le plus grand soin dans une société
démocratique.
Vous savez, il y a une façon de voir les choses, des gens, de la
police et, même dans certains cas, des magistrats qui risquent souvent,
dans les moments de tension, dans les moments d'ébullition, d'être
portés à faire bon marché, au moins temporairement, des
droits fondamentaux des citoyens, qui sont censés être libres, de
leur droit d'assemblée, de leur droit d'expression, enfin, pas besoin de
se faire de dessins.
Maintenant, qui gardera ces trois ou quatre gardiens, comme on le dit
dans le vieux pro-
verbe latin? Qui surveillera les surveillants? Il me semble que le
conseil est trop loin. J'ai fait une hypothèse pour illustrer ce que je
veux dire. Je n'ai pas eu le temps d'approfondir quelle serait je ne
prétends pas la fournir non plus la réponse à tout
ça. Mais il me semble qu'une chose pourrait être
prévisible, et J'en fais simplement une hypothèse pour illustrer,
au risque que cela provoque des sourires. Vous avez quatre messieurs qui sont
là, un juge qui va présider et trois chefs de police. Pourquoi
serait-il exclu qu'on porte ce nombre à sept? Cela n'a pas
été la fin du monde d'ajouter un chef de police pour faire
plaisir aux banlieues. On est passé de trois à quatre. Cela
prouve que ce n'était pas mathématique. On est rendu à
quatre. Quatre, cela fait curieux, parce que cela peut être deux et deux.
De toute façon, j'ai une phrase...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse d'interrompre l'honorable
député de Laurier. Je dois lui faire remarquer que je l'ai
laissé argumenter sur ce point, mais j'ai des scrupules, parce que je
pense que c'est le genre de débat qui devrait se tenir lors de
l'étude en comité plénier.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, M. le Président. S'il n'y a pas
d'objection, je voudrais juste terminer l'illustration, j'ai bien dit que j'en
faisais une illustration, je ne l'ai pas approfondie. Est-ce que vos scrupules
me permettrait de terminer ma phrase, M. le Président? Simplement pour
dire ceci: Puisqu'on est monté à quatre, est-ce qu'il serait
inconcevable que trois autres personnes, mais qui ne seraient pas des chefs de
police, qui ne seraient pas contre non plus, il ne s'agit pas de les contrer,
il ne s'agit pas de les paralyser, mais qui pourraient aérer ce genre de
travail? Je verrais, par exemple, un homme de loi, un avocat
particulièrement versé du côté des droits de
l'homme. Pas nécessairement un de ceux qui sont toujours dans la rue,
mais quelqu'un qui s'intéresse aux droits civiques. Il y en a dans le
Québec.
UNE VOIX: Lemieux.
M. LEVESQUE (Laurier): Peut-être pas celui-là, mais disons
qu'il y en a d'autres. Et ce serait conforme à une tradition
d'évolution démocratique qui ne serait pas mauvaise. Je verrais
également qu'il y ait au moins un représentant des corps de
police eux-mêmes, je veux dire au niveau des agents, au niveau des
employés.
Ce serait une toute petite amorce, bien modeste, de cogestion, mais je
te jure qu'on en aura besoin, d'un certain esprit de cogestion si on tient
compte de certains des articles de la loi en ce qui concerne justement les
fusions, la façon dont on devra regarder les droits acquis, etc.
Alors, pourquoi ne pas profiter de quelques jours pour essayer de mieux
équilibrer en tout cas d'y penser sérieusement cet
organisme d'intégration policière qui pourrait devenir une
machine dangereuse et, si elle le devenait, bien alors assez difficile à
contrôler de nouveau parce qu'il y a des habitudes qui se créent
vite dans ce domaine?
Il me semble que ça vaut la peine d'y penser. En tout cas, moi
j'avoue, en terminant, que c'est peut-être la réserve la plus
sérieuse que me pose, surtout si on tient compte de l'urgence qu'on y a
mise c'est la première des urgences cette grande fusion
des corps de police de tout l'ensemble métropolitain. Qu'on se donne
donc certaines garanties! Encore une fois, pas pour paralyser. Qu'on choisisse
les hommes avec soin parce que pendant la première période ils
vont être choisis, de toute façon. Il n'est pas question d'autre
chose, mais de contrebalancer un certain climat exclusif et une certaine
puissance administrative qui dans ce domaine peut vite déborder
l'administration et affecter tout le climat de la vie collective.
En dépit de ces réserves, comme je l'ai dit au
début, quant à moi je voterai en deuxième lecture pour le
projet de loi. Mais encore une fois, j'aimerais bien qu'on trouve le moyen de
ne pas le « bulldozer ».
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, avec votre consentement et le
consentement de la Chambre, je demanderais l'ajournement du débat.
M. PAUL: M. le Président, nous pourrions nous réunir de
nouveau lundi après-midi à quatre heures pour continuer
l'étude de deuxième lecture de ce projet de loi et ensuite
l'étude en comité plénier.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, le leader de l'Opposition
nous dirait-il s'il est prévu moi j'ai un problème
particulier, il peut s'appliquer à d'autres que la commission sur
l'Hydro, Manic 3 et l'ensemble de ces choses vient aussi lundi?
M. PAUL: Cela aura lieu àdixheures et demie lundi matin.
M. LEVESQUE (Laurier): II est peu probable que ce sera
épuisé dans la matinée, quand on tient compte de
l'ampleur...
M. BERTRAND: Nous pourrions siéger de deux heures quinze à
quatre heures moins dix. Si ce n'était pas terminé.
M. PAUL: Jusqu'à trois heures cinquante. M. LEVESQUE (Laurier):
Merci.
M. LESAGE: Quand le leader du gouvernement m'a demandé tout
à l'heure si nous pourrions siéger à trois heures lundi,
mon opposition était justement de la nature de celle que vient de
mentionner le député de Laurier. J'ai cru, moi aussi, que nous ne
pourrions peut-être pas terminer les travaux de la séance de la
commission des Richesses naturelles dans la matinée.
M. PAUL: M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre
à lundi après-midi, quatre heures.
M. LE PRESIDENT: A l'ajournement, il y aura sanction de lois.
La Chambre s'ajourne à lundi, quatre heures.
(Fin de la séance: 16 h 32)