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(Quinze heures sept minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. BERTRAND: D.
Bill 91
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Wolfe propose la
première lecture de la Loi concernant les pouvoirs d'emprunt de Bishop's
University.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, attendu que ladite
corporation ne possède pas, par sa charte, les pouvoirs d'emprunt requis
pour lui permettre de réaliser adéquatement ses fins et qu'il y a
lieu de les lui accorder, le présent bill y pourvoit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, seulement une question que je poserai
au premier ministre vu qu'on ne pose pas de questions à des
députés. Le premier ministre voudrait-il s'enquérir afin
que je sois éclairé sur la situation du pouvoir d'emprunt des
universités McGill et Laval? Pour l'université de
Montréal, c'est clair dans sa charte.
M. BERTRAND: Les informations que j'ai obtenues sont à l'effet
que l'université McGill et l'université de Montréal...
M. LESAGE: Non, Laval.
M. BERTRAND: ... Laval possèdent ces pouvoirs.
M. LESAGE: Justement, je voudrais demander au premier ministre de
s'enquérir auprès...
M. BERTRAND: Oui, oui.
M. LESAGE: ... de ses conseillers juridiques de la législation
qui accorderait un tel pouvoir à ces deux universités. Dans le
cas de l'université de Montréal, cela va bien, car nous avons
nous-mêmes adopté une charte, ici à l'Assemblée.
Mais, dans le cas des universités McGill et Laval, ce sont ce qu'on
appelle des chartes royales. Or, je n'ai rien vu à ce sujet dans ces
chartes.
M. BERTRAND: Nous n'avons eu absolument aucune demande de leur part.
Deuxièmement, j'ai demandé qu'on vérifie et, apparemment,
les deux universités possèdent un tel pouvoir. A tout
événement, si d'ici l'étude du présent bill, on
découvrirait que les renseignements qui m'ont été
donnés ne sont pas exacts, nous verrions à accorder les
mêmes pouvoirs à ces deux universités.
M. LESAGE: Je serais intéressé de savoir, de la part de
ceux qui ont avisé le premier ministre que Laval et McGill avaient des
pouvoirs d'emprunt, en vertu de quelle législation elles ont de tels
pouvoirs.
M. BERTRAND: Parfait.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente. L'honorable
ministre du Travail.
Déclaration ministérielle Vacances
annuelles
M. BELLEMARE: M. le Président, je suis très heureux
d'informer, cet après-midi, cette Chambre que le gouvernement du
Québec vient d'approuver, par arrêté ministériel, la
nouvelle ordonnance de la Commission du salaire minimum portant la durée
des vacances annuelles à deux semaines et haussant l'indemnité de
congé de 2% à 4% du salaire gagné durant l'année.
La nouvelle ordonnance numéro 3 de 1969, entrera en vigueur le premier
janvier prochain.
A compter de cette date, tout salarié auquel s'applique la Loi du
salaire minimum commencera à acquérir progressivement, quelle que
soit l'année de référence dans l'établissement
où il travaille, un droit au congé de deux semaines au lieu
d'une.
A titre d'exemple, un salarié qui était régi par
l'ordonnance numéro 3 de 1967 aura droit,
au 30 avril 1969, à un congé d'une semaine et deux jours
et à une rémunération de 2% du salaire gagné entre
le premier mai et le 31 décembre 1968, plus une
rémunération de 4% du salaire gagné entre le premier
janvier et le 30 avril 1969. Un an plus tard, et subséquemment, son
congé annuel sera de deux semaines et l'indemnité de 4%.
L'indemnité de congé devra être versée au
salarié avant son départ en vacances. Un employeur pourra
fractionner le congé annuel de son salarié en deux
périodes d'une semaine chacune si l'intéressé en fait la
demande. Le congé annuel qui ne dépasse pas une semaine ne peut
pas être fractionné. Le salarié devra connaître au
moins seize jours à l'avance la période de son congé.
En cas de résiliation de son contrat de travail, il devra
recevoir une indemnité compensatrice de congé, égale: A)
à l'indemnité qui lui est due en vertu de l'ordonnance, s'il n'a
pu bénéficier du congé auquel il avait droit.
B) à 4% du salaire gagné depuis le début de
l'année de référence précédant la date de
son départ.
L'ordonnance accorde à environ 1,300,000 travailleurs le droit
à un congé annuel d'une durée d'au moins deux semaines. La
Commission du salaire minimum et le gouvernement sont d'avis que
l'accroissement de la durée du congé annuel n'aura pas de
conséquences inflationnistes sensibles ni de répercussions
défavorables sur les taux de chômage. Au contraire, cet
accroissement de la durée du congé annuel pour les 1,300,000
salariés sera une incitation au déplacement vers des
régions touristiques pour un plus grand nombre de personnes.
M. LAPORTE: Ce congé vaut-il également pour les
chômeurs dont le nombre augmente sans cesse?
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre.
Droits miniers sous-marins
M. BERTRAND: M. le Président, je dépose sur la table, et
j'en transmets photocopie au chef de l'Opposition, la lettre qui m'a
été adressée, le 29 novembre 1968, par le premier ministre
du Canada, dans laquelle il faisait allusion à la déclaration
qu'il avait l'Intention de faire à la Chambre des communes le lundi 2
décembre 1968.
Cette déclaration annonce les propositions du gouvernement
fédéral relatives aux droits miniers sous-marins et la
décision de tracer des lignes d'administration des ressources
minières au large des côtes est et ouest du Canada et de la Baie
d'Hudson.
Une copie pour le chef de l'Opposition. Et je tiens, M. le
Président, ici, à rappeler que lorsque ce problème s'est
posé pour la première fois à l'attention de la Chambre, le
chef de l'Opposition actuel était premier ministre et nous étions
de l'autre côté. J'avais, en tout point, au nom de l'Opposition
à l'époque, endossé les propos qui avaient
été tenus par le premier ministre du temps à l'effet que
l'opinion de la Cour suprême rendue en cette matière, des droits
miniers sous-marins n'était pas acceptée et que nous,
considérions ce problème comme étant un problème
non pas judiciaire, mais politique au sujet duquel nous réclamions
l'exclusive et entière autorité du gouvernement du
Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il serait possible d'avoir d'autres
copies à l'occasion? Le caucus libéral nous nourrit assez mal, ce
qui est normal. Y aurait-il moyen d'avoir d'autres copies de ces documents?
M. BERTRAND: Je pourrai en transmettre la photocopie au
député de Laurier.
M. LAPORTE: M. le Président, j'aimerais à ce
moment-là que tous les députés en reçoivent
également copie.
UNE VOIX: C'est ça.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais bien confirmer ce que le
premier ministre vient de dire à l'effet que la position du gouvernement
libéral était bien celle que vient d'énoncer le premier
ministre. Elle l'est encore, d'ailleurs.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Je serais fort intéressé et je suis
sûr que plusieurs députés le seraient, M. le
Président à consulter les cartes géographiques qui
accompagnaient la lettre.
M. BERTRAND: Vous en avez une.
M» LESAGE : On a tracé des lignes là-dessus sur ces
cartes?
M. BERTRAND: Je tiens à dire que la lettre est datée du 29
novembre et elle a été reçue à mon bureau le 2.
C'est aujourd'hui le 3. J'en al pris connaissance ce matin, en arrivant
à mon bureau.
M. LESAGE: M. le Président, si on me permet, un instant.
M. BERTRAND: Vous l'avez à la fin.
M. LESAGE: Oui. Je me demandais s'il y avait une carte concernant la
baie d'Hudson. Il y a une carte qui nous montre la côte de l'Atlantique,
une autre le golfe Saint-Laurent et une autre la cote Ouest, la côte du
Pacifique.
M. BERTRAND: Oui. Vous avez tout simplement un découpage
administratif des ressources minérales. C'est la première carte
qui indique d'un côté l'océan Atlantique, la baie
d'Ungava.
M. LESAGE: Oui, mais...
M. BERTRAND: Et l'autre...
M. LESAGE: Pas la baie d'Hudson.
M. BERTRAND: ... indique le golfe Saint-Laurent, l'océan
Atlantique et l'autre la côte du Pacifique. Mais la première
à laquelle j'ai fait allusion n'indique pas la baie d'Hudson.
M. LESAGE: C'est cela. On comprendra l'intérêt que j'ai
à poser une question au sujet de la baie d'Hudson. Si j'ajoute
cela fera partie de la question que je veux poser au premier ministre
qu'en 1964, 1965, 1966, particulièrement ces années-là,
des pourparlers avaient eu lieu entre le premier ministre de l'Ontario, le
premier ministre du Manitoba et celui du Québec au sujet du partage,
entre ces trois provinces et le gouvernement fédéral, comme
responsable des Territoires du Nord-Ouest, du lit et des îles de la baie
d'Hudson. Je devrais dire qu'une entente de principe était d'ailleurs
intervenue entre les trois premiers ministres provinciaux. Lors de la
transmission des pouvoirs, au mois de juin 1966, j'avais remis au
prédécesseur du premier ministre actuel un dossier complet sur le
sujet, en attirant son attention sur l'importance qu'il y avait, à mon
sens, d'en venir à une entente complète avec les deux autres
premiers ministres, afin d'être en mesure de présenter un front
commun à Ottawa et d'obtenir, pour les provinces, la
propriété du lit de la baie d'Hudson, ce qui entraînait
évidemment l'exercice des droits miniers sous-marins.
Le premier ministre pourrait-il nous dire si une telle entente est
intervenue dans les faits et le détail depuis juin 1966?
M. BERTRAND: A ma connaissance, M. le Président, je ne crois pas
qu'il y ait eu d'entente. Il y a eu, lors de la rencontre à Waskesiu, en
Saskatchewan, au début du mois d'août, discussion de ce
problème. Toutes les provinces y étaient
représentées. On voudra bien noter qu'il y a eu au Manitoba un
changement de premier ministre, qu'il y en a eu un également ici,
à Québec; quant à l'Ontario c'est le même.
De la discussion qui a suivi, il semblait que la plupart des provinces
partageaient le point de vue du Québec, y compris, bien entendu, le
Manitoba et l'Ontario.
M. LESAGE: J'aimerais que le premier ministre réfère
à ce dossier qui est un...
M. BERTRAND: Non. Non.
M. LESAGE: ... dossier particulier. Nous en étions rendus au mois
de juin 1966, au point où toute la documentation d'entente était
prête. Les cartes avaient été préparées avec
l'aide de M. Côté. Tout était prêt pour conclure une
entente en vue de faire parvenir la documentation à Ottawa.
Maintenant, en vertu de l'arrêté en conseil no 2209, du 24
novembre 1966, le gouvernement a créé la Commission
d'étude et d'enquête sur l'intégrité du territoire.
Le mandat du comité comporte l'étude du problème des
frontières entre le Québec et les provinces de l'Atlantique qui
mettent en cause la question des droits miniers sous-marins dans le golfe
Saint-Laurent. Est-ce que la commission a fait rapport? Sinon, est-ce que le
premier ministre a l'intention, étant donné l'acuité de la
question, de demander qu'on s'empresse de faire rapport? Le problème du
golfe Saint-Laurent en est un autre que le Québec a un très grand
intérêt à régler au plus tôt, comme celui,
d'ailleurs, de la baie d'Hudson.
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai déjà dit que
nous avions reçu une partie du rapport Dorion sur la capitale nationale
ou sur ce territoire qui est situé près de la capitale du Canada.
Quant au reste, je m'enquerrai pour savoir si tout a été
reçu. C'est un rapport volumineux si l'on regarde la partie que nous
avons déjà reçue.
Conseil d'arbitrage
M. LESAGE: M. le Président, dans un tout autre ordre
d'idées, est-ce que le gouvernement a l'intention de se rendre à
la demande des 70,000 enseignants du Québec et d'établir un
conseil d'arbitrage en vue du règlement de la grève
appréhendée?
M. BERTRAND: Mon collègue, le ministre d'Etat à la
Fonction publique, a préparé, avant son départ, un rapport
qui devait m'être soumis sur l'état des négociations entre
les enseignants, le gouvernement et la Fédération des commissions
scolaires. Je serai en meilleure posture, demain, pour donner une
réponse à la Chambre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
Hôpital Saint-Louis de Windsor
M. LAFRANCE: Je voulais prévenir le ministre de la Santé
de ma question, M. le Président. Comme je n'ai pas pu le voir avant la
séance, je m'en excuse. Est-ce que le ministre ou certains de ses
officiers ont été appelés à intervenir dans le
conflit qui oppose, depuis déjà quelques semaines,
l'administration de l'hôpital Saint-Louis de Windsor au personnel de cet
hôpital qui est complètement paralysé depuis deux
jours?
M. CLOUTIER: M. le Président, les officiers du ministère
de la Santé qui seront chargés de régler les questions de
travail sont actuellement à discuter des solutions de règlement
de ce conflit.
M. LAFRANCE: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministre est sans doute au courant que, depuis plusieurs années, les
conflits se sont multipliés entre les médecins, le personnel de
l'hôpital et l'administration. Est-ce que le ministre songe à
mettre cette institution en tutelle, s'il ne réussit pas à
régler le conflit, et à faire une enquête
générale sur l'administration de l'hôpital?
M. CLOUTIER: M. le Président, à Saint-Louis de Windsor, il
y a deux problèmes. L'un de ces problèmes a une incidence sur la
pratique de la médecine. Nous avons nommé une commission
d'enquête qui a effectivement fait son travail.
Les conclusions de cette enquête nous sont maintenant connues
puisque l'échéance du mandat était le 4 décembre.
J'ai d'ailleurs reçu vendredi dernier le rapport de cette commission
d'enquête présidée par le juge Trahan. Quant à
l'autre problème soulevé par le député de Richmond,
celui des difficultés d'ordre syndical à l'intérieur de
cette institution, il fait l'objet d'autres considérations. Non pas
d'une enquête, mais d'une tentative de règlement par les
mécanismes ordinaires des relations patronales ouvrières.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Fabre.
Compagnie de transport Mille-Iles
M. HOUDE: Mercredi, j'ai demandé au ministre du Travail s'il
avait des nouvelles concernant la grève de la compagnie de transport
Mille-Iles. Le ministre a répondu que ça semblait se
régler, qu'effectivement, les conventions étaient presque
réglées, sauf pour le cas des garagistes. Le ministre sait-il
qu'au cours du dernier week-end, le président de l'union des chauffeurs
d'autobus de la Compagnie Mille-Iles Transport et le groupe qui
représente le secteur des garagistes ont affirmé publiquement de
ne pas avoir eu l'occasion de négocier une seule fois depuis le 26
octobre dernier?
J'ai également une question supplémentaire. Hier soir, ce
même groupe de chauffeurs et de garagistes a réussi à faire
signer une longue pétition et à convaincre le conseil municipal
de Laval d'intervenir pour demander à la partie patronale et à la
partie ouvrière de bien vouloir s'asseoir et négocier. Est-ce que
le ministre a l'intention d'en faire autant? Peut-il répondre à
ce que les gars du syndicat nous ont dit?
M. BELLEMARE: D'abord, je dois dire à l'honorable
député que ce n'est pas tout à fait exact qu'il n'y a pas
eu de conciliation. M. Laporte a présidé quinze réunions
de négociation avant le conflit qui a éclaté le 26
octobre. Quelques jours plus tard, une offre a été faite par la
compagnie, qui a été acceptée par Métropolitain Sud
et Métropolitain Provincial, pour les chauffeurs, les garages
étant exclus des trois unités de négociation des Immeubles
Transport Provincial et Métropolitain Sud. Un peu plus tard il y
a bien des noms Métropolitain Provincial a accepté les
conditions. Les employés sont retournés au travail. Il a alors
été entendu entre les parties que M. Laporte travaillerait sur
l'unité de groupe de Métropolitain Sud, garage, afin
d'établir une base pour toutes les autres unités, du consentement
des parties. M. Laporte, à compter de ce moment-là, a
travaillé sans relâche. Il n'a pas passé une seule
journée sans rencontrer l'unité de négociation de
Métropolitain Sud, garage, pour tacher d'en arriver à une
solution qui, à mon sens, d'après le rapport qui m'a
été fait ce matin, n'est pas loin d'un règlement qui
s'appliquerait d'abord aux garages. Il resterait ensuite les conflits des
unités des Immeubles et des chauffeurs, à régler.
Je dois dire à l'honorable député que M. Laporte,
encore ce matin, a téléphoné à M. Guy Gagnon,
représentant de la compagnie, pour lui
offrir de siéger demain matin, mercredi. M. Gagnon lui a dit que
c'était un peu tôt, mais que cette entrevue devrait avoir lieu
d'ici la fin de la semaine. J'espère que je pourrai donner de bonnes
nouvelles à l'honorable député et à la population,
qui a véritablement raison de s'attendre à un règlement
prochain.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Mercier.
Taxis Murray Hill
M. BOURASSA: Une question au ministre des Transports. A la suite de sa
rencontre avec les représentants des conducteurs de taxi, la semaine
dernière, est-ce qu'il a l'intention de rencontrer les
représentants de la compagnie Murray Hill pour discuter du fait que des
chauffeurs de cette compagnie solliciteraient indûment des clients aux
portes des grands hôtels de Montréal?
M. LIZOTTE: Je remercie le député de Mercier qui m'a
donné un préavis de sa question la semaine dernière. Je
dois lui dire que nous rencontrerons les représentants de Murray Hill
jeudi.
J'ai même pris l'initiative de demander aux représentants
de Taxi Lasalle qui semblent à peu près dans la même veine,
de venir me rencontrer également jeudi. J'espère qu'avec toutes
ces rencontres, nous pourrons arriver à la solution d'un problème
qui existe depuis au-delà de vingt ans d'après le
président, M. Vincent.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre admet une juridiction de la province
sur le fait que des chauffeurs de la compagnie Murray Hill sollicitent des
clients aux portes des grands hôtels de Montréal?
M. LIZOTTE: Comme c'est une demande d'opinion, je pense que la question
est un peu hors d'ordre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Drummond.
Comité du camionnage
M. PINARD: Je regrette de ne pas avoir donné un préavis au
ministre du Travail. Je sais qu'il comprendra l'urgence de la question que je
lui pose. Est-il au courant du fait que, le 22 novembre, soit vendredi dans la
matinée, le comité spécial chargé d'étudier
tout le problème du camionnage de la province, a siégé
sans cependant que les membres de l'Opposition aient été
invités à le faire.
M. BELLEMARE: Je suis au courant. Nous sommes àterminer un
premier jet de rapport sur une formule qui pourra être reprise en dehors
des heures de la Chambre et en dehors des jours où la Chambre ne
siègera pas. Ce serait un comité tout à fait
spécial pour tâcher de trouver la seule et unique formule qui,
à mon sens, pourrait peut-être conduire ces travaux-là
à des recommandations à la Chambre. C'est pourquoi, nous avons
présentement eu ce rapport qui n'est pas terminé mais qui pourra
peut-être nous permettre de demander à la Chambre de former un
comité qui siégera après la session pour pouvoir
présenter une législation dès la reprise des travaux.
M. PINARD: Question supplémentaire. Le ministre pourrait-il nous
dire pourquoi les membres de l'Opposition n'ont pas été
invités à siéger ce vendredi, 22 novembre, en même
temps que les autres membres du comité, alors que les
représentants de l'Association nationale des camionneurs artisans
indépendants incorporée é-taient présents et
pouvaient faire valoir certaines...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas tout à fait cela. L'honorable
député est sûrement mal renseigné. Il y a eu
à un moment donné des menaces par les artisans de faire une
démonstration publique. Après avoir été mis au
courant, pensant que cela n'aiderait pas à trouver la solution du
problème, j'ai demandé à mon sous-ministre, M. Quimper, de
les recevoir ici au Parlement. C'est cela que fut la réunion. La
réunion a eu lieu ici au Parlement. Le sous-ministre avec, je pense, le
député de Joliette et M. Jasmin qui était notre
conciliateur, le représentant du ministère du Travail les a
reçus. Ils se sont entendus pour qu'il n'y ait pas de manifestation
à ce moment-ci, alors qu'on est actuellement à chercher une
solution qui va rendre certainement justice à toutes les parties et qui
va régler un problème qui a occasionné d'abord
l'enquête Lippé et qui va être, maintenant je pense, la
suite logique de cette enquête, avec la législation que nous
allons présenter dans cette Chambre, dès le début de la
prochaine session.
M. PINARD: M. le Président, me permet-teriez-vous une question
supplémentaire de façon à mieux m'éclairer? Je
pense que le ministre du Travail n'aura pas d'objection à me
répondre. Lors de cette réunion du 22 novembre, y avait-il quand
même une question urgente qui était posée à
l'intention du gouvernement par les camionneurs artisans?
M. BELLEMARE: Une question?
M. PINARD: Y avait-il une question d'urgence? Etait-ce au sujet, par
exemple, du transport en forêt que cette réunion a
été convoquée d'urgence?
M. BELLEMARE: Si l'honorable député veut me le permettre,
cela n'aiderait pas à la solution du problème que de commencer
à dire oui ou non. Je ne pense pas que ce soit ici qu'on puisse le
faire. Nous allons continuer notre travail. Nous allons avoir le rapport
écrit. Nous allons demander à un comité de la Chambre qui
va être formé à la fin de la session, de continuer et de
préparer une législation qui va rencontrer les désirs et
surtout les besoins de toutes les parties.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. LAPORTE: Puis-je me permettre, non pas de poser une question mais de
suggérer au ministre du Travail s'il avait l'assentiment du premier
ministre, que le comité parlementaire de la constitution siège
demain matin à 10 h 30 au lieu de siéger à 9 h 30?
M. BELLEMARE: Aucune objection.
M. LAPORTE: ... pour l'avis qui a été
préparé, qu'on demande au greffier, M. Bonin de le
repréparer avec nos excuses, évidemment, parce qu'il y a
peut-être des collègues qui ne sont pas actuellement en Chambre et
qui n'entendraient pas cet avis.
M. BERTRAND: Alors, qu'on lise mercredi, 4 décembre à 10 h
30 de la matinée, au lieu de 9 h 30.
Y aurait-il autre chose pour demain?
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai rencontré ce matin
l'honorable leader de l'Opposition. Pour les travaux de la Chambre, il a
été entendu que si nous pouvions recommander à la Chambre
la suite des travaux, cet après-midi, nous aurions le bill 285, Loi des
cités et villes, le bill 286, Loi modifiant de nouveau le code
municipal, et tant qu'il y aura des articles, des joueurs et des
combattants.
M. LESAGE: Pourquoi n'y en aurait-il pas? M. BELLEMARE: Pardon?
M. LAPORTE : Se pourrait-il que le combat se Uvre ailleurs?
M. BELLEMARE: Ailleurs peut-être. Ce soir, à dix heures,
nous pourrions ajourner la Chambre à jeudi matin, onze heures, pour
permettre au comité de la constitution de siéger demain matin,
à dix heures et trente. Si les bills 285 et 286 ne sont pas
terminés, demain après-midi, à deux heures et trente, les
honorables membres du comité pourraient peut-être continuer
à puiser largement dans la grande expérience de notre ministre
des Affaires municipales, pour faire meilleure et bien la loi qu'il a
présentée.
M. LESAGE: Sera-t-il permis à ceux qui ne sont pas membres de ce
comité d'y participer?
M. BELLEMARE: J'y serai, c'est certain. Maintenant, pendant que nous
sommes dans une bonne veine, il y avait eu ajournement d'un comité, lors
d'une séance assez tumultueuse, en bas, la semaine dernière. Le
comité des régies gouvernementales avait été
ajourné au 6 décembre. Il a été demandé par
le secrétaire des comités si nous devions quand même donner
les avis pour qu'il apparaisse demain au feuilleton que, le 6 décembre,
nous convoquerions le comité des régies gouvernementales à
caractère industriel et commercial.
Alors, j'ai demandé ce matin à l'honorable leader. Il m'a
dit: Je vais en parler au « boss ».
M. LAPORTE: M. le Président...
M. BELLEMARE: Je m'excuse, M. le Président, je retire cela.
M. BERTRAND: Le patron.
M. LAPORTE : Je n'ai certainement emprunté à l'Union
Nationale ni l'expression « boss » ni l'expression chef.
M. BERTRAND: Il a dit patron.
M. BELLEMARE: II a dit: Je vais en parler à mon patron.
M. LAPORTE: Ai-je dit patron?
M. BELLEMARE: II m'a fait signe que son patron...
M. LAPORTE: Je pense que j'ai dit: Je vais en parler à M.
Lesage.
M. BELLEMARE: Non, non, vous m'avez dit « boss ».
M. LAPORTE: J'ai dit « boss »?
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je proposerais que le
comité, sur consentement unanime de la Chambre, ne soit pas
convoqué.
Subventions scolaires
M. LESAGE: M. le Président, j'attendais des réponses du
député de Lévis, ministre d'Etat à l'Education. Je
n'ai pas l'intention de répéter les questions dont je lui ai
donné avis, dans deux cas par écrit, et dans un cas verbalement,
ce matin. Il pourra le faire en me donnant les réponses.
M. MORIN: J'attendais justement les questions. D'abord une question
concernant la commission scolaire de Sainte-Catherine-d'Alexandrie.
M. LESAGE: Cela, c'est celle de ce matin, au
téléphone.
M. MORIN: C'est ça. Alors j'ai été informé
que cette commission scolaire avait été avisée jeudi
dernier que, dans une dizaine de jours, elle recevrait les sommes dues.
Effectivement...
M. LESAGE: Combien?
M. MORIN: Au montant d'environ $60,000.
M. LESAGE: Pardon?
M. MORIN: $60,000 environ. Effectivement, les chèques devaient
être mis à la poste dès cette semaine, peut-être
même demain.
Maintenant, la question concernant le régionale
Honoré-Mercier, que le chef de l'Opposition m'a envoyée par
écrit. Il s'agissait d'un télégramme qui, en fait, ne
présentait pas un problème très grave. Au début de
chaque année scolaire, les professeurs doivent remplir des formulaires
dont l'usage sert à la compilation de statistiques sur l'inscription des
élèves. La coutume veut que les formulaires soient d'abord
adresses au directeur de l'école, avant de les faire parvenir à
la direction générale de la régionale.
Or, dans ce cas précis, les professeurs qui enseignent à
l'école de Farnham ont passé outre à ce règlement
en envoyant directement leurs formulaires au siège social de la
régionale à Saint-Jean.
Le directeur de l'école, qui, semble-t-il, en a été
blessé, a exigé qu'on lui remette les documents avant que les
professeurs puissent toucher leur salaire de la semaine dernière.
L'incident s'est produit la semaine dernière, vers dix heures
vendredi matin. Dans l'après- midi, tout était rentré dans
l'ordre et les chèques étaient distribués à tous
les enseignants.
Concernant la Commission scolaire de Saint -Maurice-de-Dalquier-Est, en
Abitibi, je pense, les enseignants de cette commission scolaire ont
été payés la semaine dernière jusqu'au 30 novembre
1968. Quant à la Commission scolaire de Senneville, en Abitibi-Est, la
direction générale du financement est entrée en
communication avec cette commission scolaire et des arrangements ont
été pris pour que les professeurs qui n'ont pas eu de retard
encore n'en aient pas davantage dans les mois à venir.
Collège Loyola
M. MORIN: Maintenant, concernant le collège Loyola, on se
souvient que j'ai déposé en cette Chambre, la semaine
dernière, deux arrêtés en conseil pour des approbations de
principe à des subventions totalisant une somma de $5,600,000 pour les
dépenses d'immobilisation au collège Loyola qui diffuse
l'enseignement aux niveaux collégial et universitaire.
Ces deux arrêtés en conseil ont été
adoptés sous l'autorité de la Loi concernant le financement des
investissements universitaires, 9-10, Elizabeth II, chapitre 34,
sanctionnée le 10 juin 1961.
Cependant, il est bien spécifié dans ces
arrêtés que les modalités de versement de cette subvention
seront déterminées par le lieutenant-gouverneur en conseil dans
les six mois de la date des présentes.
Or, il est clair qu'avant de verser ces subventions le gouvernement, de
concert avec les autorités en cause, devra établir certaines
modalités. Pour ce faire, il importe que le collège Loyola
présente un plan de son enseignement et que soit précisé
son statut dans le système d'enseignement.
M. LESAGE: M. le Président, en vertu de l'article 114, une
remarque tout particulièrement à l'intention du ministre du
Travail, comme leader de la Chambre. J'attire son attention sur la page 759 des
procès-verbaux. Il s'agit de la séance du 27 novembre, mercredi
dernier. Question de M. Brisson. « Premièrement, combien de permis
ou de licences le gouvernement a-t-il accordés à des industries
pour la fabrication de nouveaux produits, depuis le premier janvier 1967
jusqu'au 30 septembre 1968? »
Page 760, réponse de M. Beaudry: « Le ministère de
l'Industrie et du Commerce n'accorde pas de permis ou de licence aux Industries
qui fabriquent de nouveaux produits. »
Or, M. le Président, ce n'est que la réponse d'un
ministère. Nous savions que le ministère
de l'Industrie et du Commerce n'accordait pas de tels permis. Mais, le
ministère du Revenu en accorde, dans certains cas, de même que le
ministère de l'Agriculture, en particulier lorsqu'il s'agit de
succédanés des produits laitiers. Alors, la réponse
donnée par le ministre de l'Industrie et du Commerce vaut pour son
ministère, mais ne saurait valoir pour le gouvernement. J'attire
l'attention du ministre du Travail.
M. BELLEMARE: Numéro 5. M. le Président, je voudrais
proposer que le nom de M. Francis Boudreau, au comité des affaires
municipales soit remplacé par celui du député de
Champlain.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LESAGE: Je suis en chômage.
M. BELLEMARE: Je peux vous en fournir un.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Alors, il y a MM. Beaupré, Fournier, Laporte,
Lavoie, Picard, Saindon, Séguin et Tessier.
M. LESAGE: M. Picard ne sera pas ici demain.
M. BELLEMARE: Pardon, Lavoie? M. LESAGE: M. Picard.
M. BELLEMARE: M. Fernand Picard. Alors, M. le Président, j'ai
l'honneur de proposer que le nom de l'honorable député de
Louis-Hébert soit mis à la place de celui de M. Picard au
comité des affaires municipales.
M. LESAGE: Pour demain seulement.
M. BELLEMARE: Pour demain seulement.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. BERTRAND: Numéro 5. M. BELLEMARE: Numéro 5.
Bill 285
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture de la Loi modifiant de nouveau la loi des
cités et villes.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Robert Lussier
M. LUSSIER: M. le Président, avant l'ajournement de la Chambre,
l'été dernier, lors du débat en deuxième lecture
sur le bill 33, j'ai tenu des propos qu'il n'est pas inutile, je crois, de
répéter à ce moment-ci.
Voici donc les propos que j'ai tenus alors.
Dès que je suis entré en fonction, comme ministre des
Affaires municipales, je me suis préoccupé de la question de
savoir si les lois qui régissent nos municipalités étalent
à point ou si, au contraire, des modifications s'imposaient.
J'ai dû faire la même constatation que mes
prédécesseurs et réaliser que nous ne pouvions plus nous
contenter de quelques petits amendements à certains articles de la Loi
des cités et villes et du code municipal, mais qu'il fallait songer soit
à refondre ces lois, soit à les remanier en profondeur.
Une bonne partie du travail de refonte du code municipal était
terminée. C'est ce qui nous a d'ailleurs amenés à nous
poser une nouvelle question. En effet, avec les fonctionnaires de mon
ministère, je me suis sérieusement interrogé sur la
question de savoir si le temps n'était pas venu de colliger en une seule
loi tous les statuts qui touchent de près ou de loin aux affaires
municipales. J'ai demandé aux légistes de mon ministère de
parfaire l'étude du problème sous cet angle et de me faire
rapport dans le plus bref délai.
Les légistes se sont mis à la tâche. Ils m'ont fait
part récemment du fait que cette solution, qui serait idéale, ne
pouvait être atteinte sans que nous nous butions à des
difficultés diverses et nombreuses. D'après les légistes,
il faudrait mobiliser pour cette seule tâche deux ou trois avocats, qui y
consacreraient tout leur temps. Si les circonstances n'étaient pas ce
qu'elles sont, la chose pourrait peut-être s'avérer possible, mais
on me représente que, dans l'état actuel des choses, ce projet ne
peut être mené à terme à courte
échéance.
J'ai tout de même demandé que l'on pour suive le travail
dans cette optique, mais pour être réaliste, j'ai aussi
exigé qu'on mette d'abord l'accent sur les problèmes les plus
urgents et les plus criants. C'est pourquoi, dès l'automne, les Chambres
seront saisies de très nombreux et profonds amendements à nos
lois municipales,
amendements qui tiendront compte des réalités
d'aujourd'hui.
Le bill 285, présentement sous étude, est la
réalisation d'une partie des projets que je mentionnais
l'été dernier. Ce bill sera suivi, ces jours prochains, d'un
autre pour amender le code municipal. Que les amendements qu'apporte ce bill
soient nombreux, je pense que c'est l'évidence même. A la seule
lecture du bill, on est à même de se rendre compte que bien des
points ont été touchés, qui ne l'avaient été
depuis fort longtemps. Que ces amendements soient importants, ce n'est pas
moins vrai, bien qu'il s'impose que je m'explique là-dessus.
Plusieurs motifs ont servi d'inspiration aux amendements que j'ai
l'honneur de proposer aujourd'hui. Nous avons d'abord cherché à
prévoir des mécanismes susceptibles de dispenser les
municipalités de l'obligation, où plusieurs se trouvaient,
d'obtenir des pouvoirs spéciaux par bill privé. Nous avons
ensuite voulu donner suite à diverses promesses qui ont
été faites depuis quelques années aux
municipalités, spécialement lors de l'audition des bills
privés. Nous avons finalement voulu donner à la Loi des
cités et villes, ou du moins il certaines de ses parties, un visage
actuel qui, on s'en rendra compte, contraste avec ce qui n'a pas pu être
touché.
Depuis le dépôt du projet en première lecture, nous
avons préparé de nouveaux amendements pour tenir compte des
remarques qui ont été faites, tant aux fonctionnaires du
ministère qu'à moi-même, par l'Union des
municipalités du Québec, par des membres des conseils municipaux
et par des officiers municipaux.
Plusieurs articles du présent projet de loi devront donc
être étudiés en tenant compte de ces modifications.
Je dis tout de suite que bien qu'ils soient nombreux et importants, les
amendements que nous proposons aujourd'hui ne sont pas complets; nous sommes
les premiers à en convenir. Pour les raisons que j'invoquais
l'été dernier, il s'est avéré physiquement
impossible de tout faire en même temps.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'aurais une proposition à
faire, si vous me le permettiez. Il s'agit de quelques changements dans la
composition du comité du code municipal qui siégera demain, pour
que cela soit inscrit dans les procès-verbaux. M. Léonce
Desmeules sera remplacé par M. André Léveillé; M.
Roch Boivin sera remplacé par M. Rémi Paul; M. Georges Gauthier
sera remplacé par M. D'Anjou; M. Théorêt sera
remplacé par M. Marcel Plamondon.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. HYDE: Oui, mais avec entente que s'il y avait une chose similaire de
notre côté, nous pourrions faire la même chose.
M. BELLEMARE: Aucune objection. C'est parce qu'il y en a qui voudront
peut-être faire des séjours plus prolongés demain dans leur
famille.
M. HYDE: Je vais m'informer pour voir s'il y a d'autres changements.
M. BELLEMARE: Merci.
M. LUSSIER: Je poursuis. Cependant, les besoins demeurent, et il nous
faut trouver les moyens d'y apporter des éléments de solution.
C'est pourquoi, au cours de l'hiver, trois comités de travail seront
à l'oeuvre. Un de ces comités se chargera de la refonte
complète de la partie de la Loi des cités et villes qui a trait
aux élections. Cette refonte de la Loi électorale et municipale
sera faite de façon telle qu'elle puisse être appliquée
à toutes les municipalités, tant urbaines que rurales. L'autre
comité de travail verra à prendre les moyens nécessaires
pour qu'on en arrive le plus tôt possible à n'avoir plus qu'une
seule loi régissant les municipalités, tant urbaines que
rurales.
Comme je l'ai déjà dit, en effet, plus nous
étudions les amendements qu'il faut apporter à nos deux lois
générales, plus nous avons l'impression que ces deux lois n'ont
plus lieu d'exister séparément. Ce comité de travail verra
également à faire le ménage dans les autres statuts qui
ont des incidences municipales, de façon que les dispositions de ces
statuts puissent être incorporées à cette grande loi
municipale qui régira toutes les municipalités. Tout le monde
sait que ceux qui sont appelés à s'occuper de droit municipal,
aussi bien les avocats que les élus et les fonctionnaires municipaux,
déplorent depuis fort longtemps le fait qu'une multitude de lois
traitent d'affaires municipales.
Parallèlement, les fonctionnaires à l'emploi du
ministère, aidés au besoin de consultants, continueront à
mettre à jour les dispositions financières de nos lois
municipales, de façon qu'on puisse, le plus rapidement possible, mettre
de l'ordre dans les diverses méthodes de taxation de même que dans
les différentes façons d'imposer les licences, les taxes et les
permis. Ils poursuivront également, de façon
plus intense, l'étude des réformes à apporter en
matière d'évaluation municipale.
J'en arrive maintenant aux amendements qu'apporte à la Loi des
cités et villes le bill 285. Je me contenterai évidemment
d'évoquer à larges traits les nouveautés que ce bill
propose puisque, lors de l'étude en comité, j'aurai l'occasion de
fournir, sur chacun des articles, les renseignements qui pourront
s'avérer nécessaires. Sans aucun doute, parmi les changements
majeurs qu'apporte le bill 285, se trouvent ceux qui ont trait aux
élections et à la participation des locataires à toutes
les étapes importantes de la vie municipale.
Désormais, il sera possible à toute personne majeure et de
citoyenneté canadienne de se présenter comme maire ou conseiller,
pourvu qu'elle soit propriétaire ou locataire dans la
municipalité et qu'elle y soit domiciliée depuis deux ans.
Les causes d'exclusion sont par ailleurs réduites au strict
minimum. Voilà un changement fondamental dans notre monde municipal,
dans lequel, traditionnellement, seuls les propriétaires pouvaient
être appelés à occuper des postes de commande.
Je pense que ce privilège exclusif des propriétaires ne
peut plus se défendre aujourd'hui, si l'on songe que,
déjà, en 1966, les revenus municipaux provenant de la taxe
foncière atteignaient à peine 22% et que, de plus en plus, la
construction de maisons unifamiliales fait place à celle des maisons de
rapport.
Et personne ne peut soutenir avec sérieux que les
propriétaires sont les seuls à assumer le paiement des taxes
foncières. Une augmentation de taxes municipales ou scolaires a
immédiatement une répercussion sur le pris des logements, de
sorte que les locataires paient leur large part, bien que de façon
indirecte, des taxes foncières. Cela étant dit, on ne peut
permettre que se perpétue plus longtemps l'exclusivité de
l'accession aux charges municipales aux seuls propriétaires.
Les locataires étant taxés, ils ont le droit strict
d'être représentés et de pouvoir, au même titre que
les propriétaires, chercher à obtenir la confiance de leurs
concitoyens. Il sera donc dorénavant possible à tous les
propriétaires et à tous les locataires, quels que soient
l'évaluation des propriétés ou le montant du loyer, de
briguer les suffrages. Une réserve nous a cependant paru essentielle,
c'est celle de l'obligation du domicile dans la municipalité depuis au
moins deux ans.
Il ne faudrait pas, nous a-t-il semblé, qu'un nouvel arrivant
dans la municipalité puisse accéder à un poste de commande
avant de s'être fait connaître à ses concitoyens, et avant
d'avoir eu le temps de démontrer son intérêt pour la cause
publique. Sans distinction, les propriétaires et les locataires pourront
donc à l'avenir se faire élire maire ou conseiller. Ce premier
pas franchi, un autre s'imposait. Il fallait, pour les mêmes raisons que
je viens d'exposer, accorder le droit de vote à tous ceux qui,
directement ou indirectement, paient des taxes à la municipalité.
Désormais, non seulement les propriétaires, mais également
les locataires, auront le droit de participer à l'élection et
tous pourront dire leur mot dans le choix de leurs représentants.
Encore ici, cependant, et pour la même raison que j'ai
exposée tantôt, il nous a paru important de prévoir une
réserve. Pour avoir droit de voter à une élection, le
locataire devra être domicilié dans la municipalité depuis
au moins un an. Ce nouveau cens d'éligibilité et ce nouveau cens
électoral s'appliqueront à toutes les cités et villes du
Québec, à l'exception de Montréal et Québec, pour
des raisons que j'exposerai lors de l'étude en comité.
Comme nous entendons faire participer les locataires, aussi bien que les
propriétaires, aux étapes importantes de la vie d'une
municipalité, ils pourront également se prononcer sur le
changement de constitution de la municipalité, sur les règlements
d'annexion et sur tous les autres règlements au sujet desquels
l'approbation des seuls électeurs propriétaires est actuellement
requise.
Les propriétaires conserveront cependant en exclusivité le
droit de se prononcer sur les règlements d'emprunt et sur les
règlements de modification au zonage. Ces innovations ont rendu
nécessaires de profondes modifications quant à la confection, la
revision et l'entrée en vigueur des listes électorales.
Le nouveau système, inspiré le plus possible de la Loi
électorale provinciale, sera également applicable partout sauf
à Montréal, à
Québec et à Hull et elle entrera en vigueur à
compter de la prochaine année où il doit y avoir élection
générale dans chacune des municipalités.
Il faut noter que, dorénavant, toutes les élections
municipales dans les cités et villes devront avoir lieu en novembre,
soit le premier dimanche ou le premier lundi de ce mois et que la durée
du mandat des membres des conseils sera partout de quatre ans. Cette
uniformité est souhaitable à bien des égards, et plus
spécialement à l'égard des ententes intermunicipales dont
je reparlerai tantôt.
En vue d'assurer, dans toute la mesure du possible,
l'honnêteté du scrutin, le présent bill impose au greffier
d'une municipalité l'obliga-
tion d'agir comme président d'élection. S'il a des bonnes
raisons de ne pas agir, il devra les faire valoir au président de la
Commission municipale, qui, s'il permet au greffier de ne pas agir comme
président d'élection, désignera lui-même un
remplaçant. De plus, aucun étranger à une
municipalité ne pourra agir comme officier d'élection ou comme
constable spécial. En outre, c'est le président d'élection
qui nommera lui-même tant les scrutateurs que les greffiers du
scrutin.
Dans l'état actuel de la Loi des cités et villes, le
président d'élection qui en est en somme le grand responsable,
n'a pas suffisamment de pouvoirs, surtout quant aux nominations des officiers
d'élection pour contrôler la tenue d'un scrutin. Grâce aux
amendements que contient le bill à ce sujet, celui dont dépend la
marche de l'élection aura les pouvoirs qui lai sont
nécessaires.
Je veux souligner ici un point qui a son importance, la situation se
produisant plus fréquemment qu'on ne le croit. Si deux candidats
obtiennent un même nombre de suffrages, le président
d'élection devra demander au tribunal un nouveau dépouillement
des votes. Si l'égalité subsiste encore à la suite de ce
nouveau dépouillement, le président d'élection n'aura pas
à voter et procédera par tirage au sort. Je pense que cette
formule est de beaucoup supérieure à celle qui est en usage
présentement et que c'est encore la meilleure façon de ne
compromettre les droits de personne.
Nous savons tous que, présentement, le transport urbain par
autobus constitue en plusieurs coins du Québec un problème aigu.
Plusieurs municipalités nous ont demandé de leur accorder le
pouvoir de subventionner les compagnies de transport urbain par autobus de
façon qu'un service aussi essentiel soit assuré de façon
convenable pour le bénéfice des citoyens. Le présent
projet de loi prévoit que le contrôle de la Commission municipale
et du ministre des Affaires municipales, les conseils municipaux qui le
désirent, auront la faculté d'accorder des subventions aux
compagnies qui s'occupent du transport en commun. Nous sommes convaincus que ce
pouvoir nouveau que donnera la loi constituera un important moyen de contribuer
au bien-être de la population. Un autre amendement qui peut, dans
certaines villes, avoir son importance, est celui qui prévoit la
possibilité pour une ville d'établir et d'exploiter un
système d'antennes communautaires de radio et de
télévision. Des demandes en ce sens nous ont été
formulées et nous avons cru préférable d'accorder le
pouvoir par la loi générale plutôt que d'obliger les
municipalités à se présenter devant le comité des
bills privés.
Depuis certains événements douloureux encore tout
près de nous, la population du Québec a pris conscience de ce
qu'il en coûte en temps et en santé aux hommes publics.
Comme j'ai eu l'occasion de le déclarer au début de
l'automne, on ne peut plus raisonnablement s'attendre, dans le monde où
nous vivons, à du pur bénévolat. Nous avons donc
pensé qu'il était temps d'accorder par la loi elle-même aux
administrateurs municipaux un minimum de rétribution pour les services
qu'ils rendent à leurs concitoyens.
Le barème à employer n'a pas été facile
à établir. Mais, après de nombreuses consultations et de
très sérieuses études, nous en sommes venus à la
conclusion que cette rémunération devrait être basée
sur la population d'une municipalité.
Dès le 1er janvier, les administrateurs élus de toutes nos
municipalités de cités et villes auront donc droit à une
rémunération dont le montant est fixé par le
présent bill.
Ceux parmi nous qui siègent au comité des bills
privés sont bien au courant que, depuis quelques années, la
règle s'est établie d'accorder aux cités et villes de
50,000 âmes et plus le pouvoir de voter une pension aux membres du
conseil, après douze ans. Pour éviter aux municipalités
tous les frais de présentation d'un bill privé, nous accordons ce
pouvoir par la loi générale.
En songeant à faciliter l'accès à la chose publique
municipale, nous ne devions pas, pour autant, oublier ceux qui, souvent au prix
d'un dévouement que beaucoup ignorent, consacrent leur vie au service de
leurs concitoyens. Il nous est apparu absolument inique, compte tenu de
l'indispensable protection dont jouissent aujourd'hui tous les salariés
au sens du code du travail, de laisser sans aucune protection quant à
leur sécurité d'emploi les fonctionnaires et employés
municipaux qui ne peuvent faire partie d'un syndicat et dont les droits ne
peuvent être défendus adéquatement.
Par la modification qu'apporte le bill à l'article 69 de la Loi
des cités et villes, tous les fonctionnaires et employés qui
auront été au service d'une municipalité pendant six mois
et qui ne peuvent avoir de protection en vertu du code du travail ne pourront
subir une destitution ou une diminution de traitement sans qu'ils puissent
soumettre leur cas à l'arbitrage de la Commission municipale de
Québec.
A la suite de situations pénibles qui ont été
étalées au grand jour depuis un an ou deux dans certaines
municipalités, des mesures spéciales
de contrôle s'imposaient. J'ai déjà promis que je
les ferais connaître en temps et lieu. Voici donc comment nous entendons
protéger les intérêts des contribuables, sans
détruire l'autonomie de nos conseils municipaux et risquer de provoquer,
à plus ou moins brève échéance, la disparition de
nos municipalités.
A compter du 15 novembre 1970, toutes les municipalités de
cités et villes devront adopter et soumettre au ministère un
budget équilibré. Les taxes ne pourront être
imposées et prélevées tant et aussi longtemps que ce
budget n'aura pas été préparé et soumis au
ministère.
Evidemment, certaines municipalités auront de la
difficulté, au départ, à s'adapter à ce
système, mais nous verrons d'ici là à leur faciliter les
choses. On comprendra que, pour des motifs d'intérêt public et
pour la sauvegarde des droits des contribuables, il ne faut pas dévoiler
pour l'instant comment se fera la transition.
De plus, toutes les municipalités de cités et villes
seront tenues de faire parvenir par la poste les demandes de paiement de taxes,
de façon que le contribuable ne soit pas appelé à payer de
l'intérêt inutilement. D'ailleurs, les tribunaux sont à
établir une règle selon laquelle le contribuable qui n'a pas
contesté son évaluation dans les délais que prévoit
la Loi des cités et villes actuelle puisse le faire lorsqu'on exige de
lui le paiement des taxes.
Autres mesures de contrôle. Le huis clos des séances du
conseil est aboli et les avis publics devront, dans toutes les
municipalités, être publiés dans un journal.
En outre, les municipalités devront procéder par
enchère ou par soumissions publiques, lorsqu'elles voudront vendre les
biens de la collectivité.
En adoptant à l'unanimité le bill 87, nous avons
posé un acte de nature à protéger les contribuables,
j'oserais dire, contre eux-mêmes. Il n'est pas nécessaire de
revenir là-dessus plus longtemps, mais je tenais à le souligner,
pour attirer l'attention de cette Chambre sur deux modifications importantes
contenues dans le présent bill et relatives à la protection du
public contre certains indésirables.
Les procédures de contestation d'élection d'une personne
qui a été condamnée pour un acte criminel sont
réduites au minimum, et cette personne sera empêchée de
siéger tant qu'un jugement final ne sera pas intervenu sur la
contestation.
La seconde modification prévoit le cas où la
majorité des membres du conseil sont déchus de leurs charges par
un tribunal de première instance. Dans ces cas-là et on
sait par expérience qu'il peut s'en produire la
municipalité tombera immédiatement sous le contrôle de la
Commission municipale de Québec. Ce conseil, s'il siège, verra
tous ses faits et gestes obligatoirement soumis à la surveillance et
à l'approbation de la Commission municipale.
Je pense que voilà autant de mesures grâce auxquelles les
contribuables de nos municipalités risqueront moins de voir leurs
intérêts bafoués. Si l'expérience nous montre que de
telles mesures sont encore insuffisantes, on peut être assuré
à l'avance que nous n'hésiterons en aucune façon à
proposer aux Chambres tout autre moyen utile.
Dans l'administration journalière du ministère, nous avons
commencé et nous continuerons à surveiller
étroitement certaines administrations au sujet desquelles il est permis
d'avoir des doutes. Le nombre d'inspecteurs-vérificateurs a
été doublé; il sera encore augmenté dès que
nous réussirons à attirer au service de l'Etat les personnes
aptes à remplir cette importante fonction.
Depuis que la commission Sylvestre a recommandé pour la ville de
Québec une forme d'administration municipale par comité
exécutif, deux municipalités autres que Montréal et
Québec fonctionnent d'après un système similaire: Laval et
Hull. Quelques autres municipalités nous ont demandé depuis
d'avoir ce genre d'administration.
Nous avons étudié cette demande en profondeur. Nous avons
consulté de très nombreuses personnes compétentes en la
matière. Nous avons examiné le rendement que donne cette forme
d'administration dans une ville moyenne et nous avons apprécié
les arguments qui nous ont été fournis à l'appui de cette
demande.
Nous en sommes venus à la conclusion que la forme
d'administration par comité exécutif s'impose dans une ville dont
la population atteint 150,000 âmes mais qu'ailleurs, elle n'était
pas souhaitable. On ne trouvera donc rien, dans le présent bill,
concernant le comité exécutif et en autant que le
ministère est concerné, nous serons dans l'obligation,
étant donné la conviction que nous avons et que je viens
d'exprimer, de refuser les demandes qui nous seront faites en ce sens par les
municipalités d'une population inférieure à 150,000
âmes.
Par contre, le présent bill apporte quelques modifications quant
aux pouvoirs du maire. Dorénavant, le maire pourra voter comme tout
autre membre du conseil,, Si une résolution ne recueille pas la
majorité des voix, elle sera rejetée, Le maire conserve cependant
son droit de veto et il pourra l'exercer dans les quatre jours qui suivent la
séance.
A notre époque, on parle beaucoup de fusion,
de regroupement, de régionalisation. Tout le monde, ou à
peu près, semble d'accord sur la régionalisation des services,
comme prélude à une forme plus complète et plus
définitive de regroupement.
Le présent projet de loi, par un amendement à Particle 475
de la Loi des cités et villes, rendra d'abord opérante cette
disposition qui n'a à peu près pas été
utilisée et permettra aux municipalités de mettre en commun
toutes les fonctions municipales qu'elles estiment avantageux de
régionaliser.
Cette modification permettra en outre la création d'un
comité intermunicipal qui gérera, à la place des conseils
et sans que les tiers perdent pour autant leurs recours en dommages, les
fonctions mises en commun. C'est précisément l'absence du pouvoir
de créer de tels comités qui a empêché cet article
de loi de donner le rendement qu'on pouvait en attendre.
Nous sommes persuadés que ce genre de noviciat que pourront
connaître les municipalités qui le désirent, engendrera
à plus ou moins brève échéance et sans aucune
coercition de très heureux résultats.
M. le Président, l'ampleur et l'importance de ce projet de loi me
justifiaient de retenir l'attention de cette Chambre aussi longtemps que je
l'ai fait. Au rythme où évolue présentement la
société, avec les problèmes nombreux, variés et
complexes que nous vivons quotidiennement, avec les épreuves qu'a subies
depuis quelque temps, notre monde municipal il s'imposait, je crois, que le
Parlement intervienne dans tous et chacun des domaines touchés par le
présent bill. Comme je l'ai mentionné, plusieurs autres points
sont à revoir, et le personnel de mon ministère, avec l'aide de
consultants dont il pourra avoir besoin, continuera très
sérieusement l'étude de ce qu'il peut rester à faire.
J'ai déclaré à plusieurs reprises que j'avais foi
en notre système municipal. C'est précisément pour lui
permettre de survivre qu'il nous faut le ventiler des lourdeurs qui se sont
accumulées avec le temps et qui l'empêchent de vivre à
l'heure de 1968.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rimouski.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais donner mes impressions,
assez brièvement, sur le bill 285 qui, dans son ensemble, apporte des
améliorations sensibles à la Loi des cités et villes,
améliorations qui, d'ailleurs sont pour la plupart demandées
depuis plusieurs années par un nombre considérable de
municipalités, notamment par l'Union des municipalités du
Québec.
Cependant, il y a une chose qui est très urgente: c'est la
refonte complète de la Loi des cités et villes. Il y a
très longtemps qu'on en parle. Je comprends que c'est un travail
considérable. D'ailleurs, le ministre l'a souligné. Mais il me
semble qu'après tant d'années, il serait possible de hâter
les choses afin qu'une fois pour toutes nous ayons, dans le Québec, une
loi touchant toutes les municipalités. C'est-à-dire que le code
municipal devrait être, en même temps, fusionné avec la Loi
des cités et villes.
Je souhaite donc que le gouvernement prenne non seulement les
dispositions nécessaires je sais que ces dispositions-là
ont déjà été prises mais hâte le
travail afin que le dépôt de cette nouvelle loi soit fait devant
cette assemblée le plus tôt possible.
Il y a une chose que je dois souligner et qui, je crois, est une
amélioration sensible, c'est la permission qu'auront les
municipalités d'accorder une rémunération au maire et aux
conseillers municipaux.
En effet, il y a déjà trop longtemps que les membres des
conseils municipaux travaillent bénévolement. Ceci les exposait,
peut-être, à accepter, dans certains cas, des
rémunérations illégales. J'espère bien que cette
permission créera maintenant un assainissement de notre administration
municipale.
En ce qui concerne le vote, il y a amélioration, en ce sens que
les locataires pourront maintenant voter dans toutes les municipalités.
Je soumets, cependant, que ce n'est pas suffisant. La loi devrait aller
beaucoup plus loin et accorder le vote à tous les résidants
canadiens majeurs, quel que soit leur statut ou leur sexe dans la
municipalité. Je souligne que c'est là une carence du bill 285
que nous avons devant nous. Je me dois d'insister pour que ce droit de vote
soit étendu à toute la population d'une municipalité.
Quand je dis toute la population, je veux dire toute la population majeure.
En somme, un gouvernement municipal doit être assimilé aux
gouvernements de niveau supérieur, comme le gouvernement provincial ou
le gouvernement fédéral. Je ne vois pas pourquoi les citoyens qui
ont droit de vote dans d'autres élections ne l'auraient pas lorsqu'il
s'agit de leur gouvernement à eux, du gouvernement qui est le plus
près de la population et qui s'occupe en somma des problèmes
quotidiens de leur municipalité.
Il y a une chose que je trouve très mauvaise dans le projet de
loi; pas en principe, mais de la manière dont on voudrait en faire
l'application,
c'est la pension aux membres des conseils municipaux. Qu'il y ait une
pension, j'en suis. Je suis parfaitement d'accord pour dire que des conseillers
municipaux qui se sont dévoués pendant un certain nombre
d'années méritent de recevoir une pension.
Ce que je trouve mauvais, c'est que l'on fixe à douze ans la
durée du mandat nécessaire pour bénéficier d'une
telle pension. Nous voulons tous l'assainissement des administrations
municipales.
Ne croyez-vous pas qu'en forçant les conseillers municipaux
à servir pendant une période aussi longue que douze ans pour
pouvoir en bénéficier incitera dans bien des cas c'est ma
crainte de mauvais administrateurs à se présenter de
nouveau, peut-être à tenter de se faire réélire par
tous les moyens, dans le but de pouvoir bénéficier de cette
pension annuelle? Je suggérerais plutôt que l'on réduise
d'abord cette période de douze ans à dix ans pour accorder le
montant de base, qui me paraît juste, quant au montant lui-même,
déterminé par la loi à $1,500. Mais, je crois que tout
membre d'un conseil municipal qui aurait rempli un mandat de quatre ans devrait
pouvoir profiter de cette pension.
J'explique mon idée. Si l'on prenait $1,500 comme base de pension
pour une période de dix ans, ceci voudrait dire que tout conseiller,
tout maire, tout membre d'un conseil municipal qui aurait servi un minimum de
quatre ans, bénéficierait de la pension à raison d'un
dixième ou 10% par année. Exemple: Un membre d'un conseil
municipal qui aurait servi sa municipalité pendant huit ans devrait
pouvoir bénéficier à ce moment-là de 80% de la
pension de base ou de huit dixièmes. Dans ce cas-là justement,
ceci n'inciterait pas les membres d'un conseil municipal à vouloir
nécessairement et forcément se faire réélire pour
un troisième mandat. Mon opinion personnelle à ce sujet est qu'il
est bon que les cadres d'un conseil municipal soient renouvelés assez
fréquemment. Je suis parfaitement d'accord sur le mandant de quatre ans.
Je crois que cela s'imposait, parce que le mandat de deux ans était
réellement trop court. Mais, par contre, si l'on dépasse deux
mandats de quatre ans, je crois qu'une moyenne de huit ans ou deux mandats de
quatre ans me paraîtraient raisonnables, afin qu'il y ait un changement,
qu'on ait du sang nouveau dans une administration municipale.
Ma crainte est qu'en fixant à douze ans le minimum de temps pour
toucher la pension, un nombre assez considérable de conseillers
municipaux ou de maires qui devraient normalement être remplacés,
vont faire des efforts surhumains pour se faire réélire pour un
autre mandat uniquement dans le but de toucher une pension.
Je crois que ce n'est pas la bonne manière d'agir pour assainir
réellement nos administrations municipales.
Je ne vois pas pourquoi on limiterait cette pension, aux
municipalités qui ont une population de 50,000 habitants et plus. Ceci
me paraît très injuste et pas du tout équitable. Le salaire
comme la pension, je crois, doit être basé sur le travail
qu'accomplit un membre d'un conseil municipal, et il y a des
municipalités je suis sûr que vous en conviendrez
dont la population peut n'être que de 25,000 ou 30,000 habitants mais qui
par contre connaissent des problèmes très aigus qui peuvent
être occasionnés par exemple dans les cas d'annexion. On sait que
lorsqu'il se produit des annexions dans une municipalité, ceci apporte
un travail considérable pour les membres du conseil municipal.
Il peut y avoir également d'autres causes particulières,
en plus de l'annexion, qui forcent les membres d'un conseil municipal à
fournir une somme de travail considérable pour lequel, je crois, ils
méritent d'être traités sur le même pied que les
autres. Il y a également le fait que dans les municipalités plus
populeuses, il existe ou il pourrait exister éventuellement des
comités exécutifs. Or ce sont, comme on le saisies membres,dans
ce cas-là, du comité exécutif qui font tout le travail,
alors que dans bien des cas le travail des conseils municipaux des villes
où il y a des comités exécutifs, est excessivement
restreint.
Or ces gens-là par le seul fait qu'ils vont demeurer dans une
ville de 50,000 de population au plus, pourront bénéficier d'une
pension annuelle alors que, dans une municipalité de 25,000, 30,000 ou
40,000 habitants, les membres du conseil municipal, maire ou conseillers,
n'auront pas le droit à cette rente annuelle. Je dis que ceci est
injuste, que l'on devrait abaisser à 10,000 de population les
municipalités où les membres d'un conseil municipal auraient
droit à une pension toujours basée sur le système que j'ai
expliqué tout à l'heure.
Evidemment, je suis d'accord à l'effet que les membres d'un
conseil municipal, d'une municipalité de 10,000 ou 15,000 n'auront pas
droit à une rémunération égale à celle d'une
municipalité de 25,000 ou 50,000 et qu'il y aurait lieu de
réduire en conséquence à $1,500 la
rémunération de base qui est déterminée par le bill
285. On pourrait le réduire proportionnellement lorsqu'il s'agit par
exemple d'une municipalité de 25,000 ou de 15,000 ou de 10,000. Un autre
point également avant de terminer sur cette question de pension, c'est
la rétroactivi-
té. Afin d'être logique, je crois que l'on devrait porter
cette rétroactivité à dix ans si on adoptait que le dix
ans pourrait servir de base pour recevoir une fraction, pour recevoir la
totalité ou une fraction de la rémunération, ou de la
rente annuelle.
Quant au vote que l'on accorde au maire, je crois que la loi ne va pas
assez loin. Le bill 285 dit que le maire a le droit de voter mais je crois que
cela devrait être une obligation imposée non seulement au maire
mais à tous les membres d'un conseil municipal. Dans cette Chambre, je
ne crois pas qu'un député puisse s'exempter de voter. Evidemment,
il peut toujours être absent ou se retirer. Mais, s'il est
présent, je crois qu'il est obligé d'enregistrer son vote. Dans
le passé, l'expérience nous prouve que des membres d'un conseil
municipal ont refusé de voter. Je dis d'abord qu'ils manquent à
leur devoir à ce moment-là, qu'un individu qui accepte une charge
dans un conseil municipal doit en accepter toutes les obligations et que s'il
est présent à une séance de conseil, quel qu'il soit,
maire ou conseiller, il devrait être obligé d'enregistrer son vote
pour ou contre la mesure qui est devant le conseil au moment du vote.
Egalement, en ce qui concerne les vacances qui se produisent au sein
d'un conseil municipal, je ne suis pas du tout d'avis que lorsqu'il reste plus
de deux mois avant une élection générale,
c'est-à-dire, douze mois, deux ans ou trois ans, que la vacance puisse
être comblée par les membres du conseil municipal. Je crois qu'il
devrait y avoir élection. D'ailleurs, je suis parfaitement d'accord avec
l'article précédent qui, dans le cas d'un maire où,
lorsqu'il y a une vacance et qu'il ne reste plus que douze mois,
l'élection est obligatoire, dans le cas d'un maire. Je soumets que ce
qui existe pour un maire devrait exister également pour un conseiller
municipal, que la disposition devrait être identique et que, dans les
deux cas, lorsqu'il reste douze mois ou plus avant la fin d'un terme ou d'un
mandat, avant une élection générale dans une
municipalité, il devrait y avoir immédiatement élection
partielle dans les trente jours.
Un autre point également, c'est en ce qui concerne l'approbation
des règlements. Il y a une chose que je n'ai jamais admise, qui a
toujours été dans notre Loi des cités et villes et qui y
est encore, qu'on veut conserver, c'est le vote exigeant la majorité en
nombre et en valeurs. Or, je crois que c'est une erreur que d'exiger la
majorité en valeurs. Plusieurs sûrement dans cette Chambre ont eu
connaissance du fait que dans certaines municipalités, surtout dans
celles où vous avez parfois un seul ou deux ou trois gros
propriétaires, dans la plupart des cas, des grosses compagnies, de
grosses industries. En somme, ce sont ceux-là qui font la pluie et le
beau bemps parce que même si 75% de la population se prononce en faveur
d'un règlement, que ce soit un règlement d'emprunt ou un autre,
si le gros propriétaire ou la grosse compagnie vote contre, comme elle
détient une forte proportion du rôle d'évaluation, elle
peut bloquer tout règlement municipal, d'emprunt ou autre.
Je soumets que cette mesure de la Loi des cités et villes est
désuète, qu'elle est antidémocratique et qu'elle devrait
disparaître. Il n'est plus temps, en 1968, de laisser des
privilèges spéciaux aux gros propriétaires, aux grosses
industries qui contrôlent, dans certaines municipalités de la
province, l'administration municipale par ce que l'on peut qualifier en somme,
d'un droit de veto chaque fois qu'on est obligé de soumettre à
l'approbation des électeurs un règlement sur lequel il faut
à la fois la majorité en nombre et en évaluation. Je crois
que la majorité en évaluation devrait disparaître
définitivement de notre loi, laissant la majorité en nombre
seulement.
Je me réserve évidemment plusieurs autres suggestions que
j'aurai l'occasion de faire lors de l'étude du bill 285 en
comité. J'ai voulu, à ce moment-ci, en deuxième lecture,
souligner simplement dans les grandes lignes certaines choses qui
m'apparaissaient ne pas être tout à fait à point et qui
devraient définitivement être modifiées dans le projet de
loi qui est devant nous.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Baldwin.
M. Arthur Séguin
M. SEGUIN: Je pense qu'il ne s'agit pas de faire à ce moment-ci
de grands discours, car nous admettrons tous que la Loi des cités et
villes, telle que nous la connaissons depuis nombre d'années avec les
changements mineurs qui y ont été apportés, se doit
d'être amendée.
Depuis quelques années déjà, les villes du
Québec attendent avec impatience, pour ne pas dire avec angoisse,
certains changements à la législation qui les concerne. Je dois
féliciter le ministre d'avoir apporté, à l'occasion de
cette session, un certain nombre de changements a la loi municipale,
changements que nous attendons depuis longtemps.
Si je suis heureux de connaître les amendements que le ministre
des Affaires municipa-
les nous suggère dans le bill 285, je dois quand même
exprimer un certain désappointement, comme l'a d'ailleurs fait le
député de Rimouski, en ce qui concerne ce que le bill ne nous
apporte pas.
Au cours des séances relatives aux bills privés et tenues
durant les deux dernières années je dis les deux
dernières années parce qu'il m'a été possible
d'assister à ces délibérations à l'occasion
des demandes de revision de chartes municipales, l'ancien ministre des Affaires
municipales/ député de Saint-Jacques et ministre des
Finances, ainsi que l'ancien premier ministre, M. Johnson, remettaient les
demandes de plusieurs municipalités, à la refonte ou à la
revision totale de la loi générale. On disait: Attendez la
revision de la loi générale pour ce que vous nous demandez de
changer à votre charte. Nous allons y voir.
Eh bien, nous avons attendu et voici qu'un grand nombre de ces demandes
ne paraissent pas dans le bill 285, tel que présenté aujourd'hui
par le ministre des Affaires municipales. Je me souviens fort bien qu'au sujet
de la demande d'une législation qui permettrait aux municipalités
de taxer les hôpitaux par exemple demande qui aurait
été faite par la ville de Québec en particulier, et
probablement par d'autres - on nous promettait d'apporter à la loi
générale les changements voulus pour permettre aux
municipalités de percevoir au moins une partie, sinon la
totalité, de la taxe foncière due.
On a dit, dans ce cas-là: Attendez les changements que nous
apporterons à la loi générale. A la demande que les villes
pourraient exiger une servitude à l'occasion de l'approbation de plans
de subdivisions - une servitude, disons, de cinq pieds, afin de faciliter
l'installation des services publics à l'arrière de certaines
propriétés, surtout dans les milieux urbains - encore là,
on aurait répondu: Attendez les changements qu'on apportera à la
loi générale, et vous verrez que vos problèmes seront
résolus.
Le bill 285 ne fait pas mention de ce problème. J'aurais voulu
plus de précisions sur le contrôle de l'évaluation des
terres qui se trouvent entre les mains de spéculateurs. Encore ici, il
s'agit de villes en banlieue ou dans les centres métropolitains. On sait
que, depuis nombre d'années, la plupart des fermes avoisi-nant les
villes sont passées à la spéculation. L'on fait une farce
continuelle en rapportant ces terres comme des terres en culture, lorsque
réellement tout ce que ces gens attendent, c'est un prix favorable ou un
prix majoré pour la vente de ces terrains.
J'aurais voulu trouver dans la loi l'autorisation qui aurait permis aux
villes qui le désiraient de geler la taxe foncière pour les
personnes âgées propriétaires afin de les encourager
à demeurer dans leur maison une fois qu'elles auraient pris leur
retraite. Cela aiderait énormément lorsqu'il s'agit de
prévoir la construction d'institutions ou de logements pour personnes
âgées.
Je pense qu'il faudrait autoriser les municipalités qui le
désirent à adopter une formule afin de geler la taxe dans
certaines circonstances. En effet, on sait qu'une fois rendue à sa
retraite, la personne à sa pension est arrivée à un point
où son revenu est fixe. Il lui est impossible, à ce
moment-là, d'absorber, comme le travailleur peut le faire, la majoration
des taxes.
J'aurais voulu voir aussi, comme le disait le député de
Rimouski tout à l'heure, le droit de vote universel. Si ce droit de vote
universel n'est pas acceptable dans les municipalités, qu'on autorise au
moins - je dis au moins - l'époux ou l'épouse, selon le cas, qui
est propriétaire à exercer un droit de vote réel. Le bill
285, traite ces personnes, soit l'époux ou l'épouse, comme des
pensionnaires.
Je crois que c'est bien spécifique. Lorsqu'on dit, dans la loi,
que certaines personnes n'auront pas le droit de voter, on ajoute: «
telles que pensionnaires ou résidant dans certaines
propriétés ». Alors, l'époux ou l'épouse,
dans ce cas-là, est réduit à ce rôle-là et ne
peut pas exercer un droit que normalement cette ou ces personnes-là
devraient remplir.
Tout comme le député de Rimouski, j'aurais voulu que la
loi oblige tout conseiller ou échevin présent à voter,
à l'occasion d'une assemblée de conseil, tout comme notre
règlement 302 de la Chambre oblige les députés
présents à voter. Après tout, il s'agit d'être pour
ou contre et non pas s'asseoir sur la clôture éternellement,
surtout dans les cas où il peut y avoir discussion et où celle-ci
peut avoir une influence sur le vote à l'échevinage ou à
la mairie.
Je pense qu'il y aurait avantage à voir dans notre Loi des
cités et villes un règlement semblable à notre article 302
des règlements de la Chambre.
Je ne m'éterniserai pas sur mes propos, M. le Président,
parce que je crois qu'à l'occasion de l'étude en comité
des 175 articles de cette loi, j'aurai l'occasion de revenir, à maintes
reprises, non pas pour critiquer, mais plutôt pour suggérer, pour
essayer, en collaboration très étroite avec le gouvernement,
d'amender notre loi, j'allais dire une fois pour toutes, mais disons pour
quelques années à venir, afin que nous puissions, dans nos
municipalités, suivre une réglementation tout à fait
à la page et plus au diapason de nos temps modernes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. Pierre Laporte
M. LAPORTE: M. le Président, vous me permettrez, au début
de cette intervention que je souhaite brève, de dire au ministre des Aff
aires municipales, qui s'y attend probablement, que je le félicite pour
le travail que représente le projet de loi qui est devant nous.
Je le félicite, M. le Président, et je lui dis
qu'au-delà de mes félicitations, il aurait pu, avec la somme de
documents qu'il avait en sa possession, avec les études qui ont
été préparées au cours des années
passées, avec le climat de réforme qui existe actuellement dans
notre monde municipal, nous apporter plus et nous apporter mieux.
Le ministre des Affaires municipales vit dans un monde, le monde
municipal, où nous avons véritablement besoin d'une
révolution. Révolution tranquille, il va sans dire, mais il
apparaît à tous ceux qui ont oeuvré dans le domaine
municipal depuis quelques années, que ce soit au niveau de
l'administration provinciale, que ce soit au niveau des grandes
sociétés qui groupent nos municipalités Union des
municipalités et Union des conseils de comtés que ce soit
au niveau de la recherche dans nos universités ou que ce soit dans des
études à la fois intéressantes et fouillées qui ont
été préparées par des journalistes
spécialisés en ces matières, il est évident que
c'est un des domaines de juridiction provinciale où nous avons le plus
besoin de faire peau neuve.
Deux philosophies s'affrontent. L'une veut qu'étant donné
que nous vivons avec ces institutions depuis plus de cent ans, elles aient
acquis du fait de leur âge une valeur quasi immuable et qu'il faille,
dans ce domaine, procéder avec d'infinies précautions, n'apporter
des changements que très lentement, après avoir
épuisé et surépuisé tout le domaine de la
consultation. D'autres croient que, une fois les consultations
terminées, une fois les études faites, il existe, au niveau de
celui qui est responsable en dernier ressort de l'administration,
c'est-à-dire le gouvernement, et à l'intérieur du
gouvernement, le ministre, une nécessité de décision qui,
malheureusement, dans le cas actuel, me semble absolument inexistante ou me
paraît si faible qu'elle ne donne que des résultats utiles, sans
l'ombre d'un doute, mais bien en deçà de ce dont nous aurions
besoin.
Quels sont les très grands problèmes municipaux de
l'heure, problèmes auxquels le projet de loi qui est devant nous
n'apporte aucune réponse, problèmes qui ont été
étudiés sous tous leurs aspects imaginables? Il y a d'abord, M.
le Président, le problème de la régionalisation. Nous
vivons dans un monde municipal où la réalité s'est
transformée de façon totale depuis un certain nombre
d'années, mais où les structures sont restées presque ce
qu'elles étaient il y a deux ou trois décennies.
Vous avez sans doute lu, M. le Président, dans des études
fort savantes qui nous venaient soit des Nations Unies, soit de quelques grands
spécialistes américains ou français des problèmes
urbains, que l'un des phénomènes les plus considérables
qui confrontent actuellement notre monde, c'est l'urbanisation.
Si l'urbanisation était limitée à la province de
Québec, où vous avez graduellement la très grande ville
tentaculaire qui attire chez elle les gens, et parce que les gens y sont,
l'industrie, et parce que l'industrie y est, les gens, dans un cercle sans fin,
s'il n'y avait que ce problème d'urbanisation dans la province de
Québec, il serait déjà suffisamment urgent et grave pour
que nous lui accordions plus qu'une attention discrète.
Mais c'est un phénomène qui est à l'échelle
du monde, ce qui veut dire qu'en consultant les grands urbanistes du
Québec, les grands urbanistes américains, en consultant ceux qui,
en France ou en Angleterre, s'efforcent actuellement d'éviter que Paris
ou Londres ne deviennent les seules grandes unités française ou
britannique, en consultant les études de ces experts, nous pourrions
tirer, de ce qu'ils ont fait et des problèmes qu'ils ont tenté de
résoudre, des leçons qui pourraient nous être infiniment
utiles.
La régionalisation, c'est, entre autres choses: la
possibilité pour quelques municipalités sises dans une
région particulière de mettre en commun leurs ressources. Quand
on parle de ressources, on pense toujours aux finances, mais il y a bien plus
que cela. Il y a les ressources de civisme de toute une collectivité qui
veut régler des problèmes qui lui sont communs. Vous avez les
ressources intellectuelles ou scientifiques de certains experts, dont le nombre
est si limité qu'il est absolument impossible d'imaginer que nous en
ayons, dans un temps prévisible, assez pour répondre aux besoins
de la communauté québécoise. Mise en commun,
également, des ressources financières et de ce besoin de forcer
tous les citoyens à faire chacun leur part. Nous disions, à
l'époque où nous avions l'honneur d'avoir la
responsabilité de l'administration: Que chacun ne fas-
se que sa part, mais qu'il fasse toute sa part. Mise en commun de toutes
ces ressources diverses afin de résoudre des problèmes qui
n'existaient qu'en puissance au moment où nos structures municipales ont
été créées. Je pense à l'urbanisme, au
transport en commun, à la protection des biens et des gens, à la
lutte contre la pollution de l'eau et de l'air, aux loisirs qu'on imagine
toujours en termes de terrains de jeux, de piscines ou de pistes de courses,
mais qu'on doit, de plus en plus, imaginer avec une dimension bien nouvelle,
bien essentielle qui s'appelle les loisirs culturels qui sont aussi
nécessaires que le sont les services d'ordre matériel qu'une
municipalité met à la disposition de ses citoyens.
Mise en commun des ressources afin que, de région en
région, nous puissions cesser de parler de problèmes et les
régler. J'entendais, ce matin, un commentateur qui citait je ne sais
plus quel homme d'Etat qui disait: II y a des gens qui parlent des
problèmes et il y a des gens qui règlent les problèmes. Je
voudrais que le ministre des Affaires municipales qui a acquis, depuis
qu'il est ministre, une très grande faculté de s'exprimer, ce qui
est bien ait aurant de virtuosité pour régler les
problèmes qu'il en a pour en parler.
Problème de l'évaluation municipale dont il n'est à
peu près pas question dans le projet de loi qui est devant nous et qui
sera je vous le dis, M. le Président la pierre
d'achoppement de toute la politique du ministère des Affaires
municipales, si on n'y voit pas. Le ministre pourra, aussi fréquemment
qu'il le désirera, nous entretenir de la nécessité
d'uniformiser les subventions, de mettre de l'ordre dans ces sommes d'argent
très considérables que le gouvernement verse chaque année
aux municipalités; il pourra discourir sur cette question autant qu'il
le voudra, mais tant qu'il n'aura pas résolu le problème de
l'uniformisation de l'évaluation municipale, il n'aura pas atteint
l'objectif qu'il recherche. Comment voulez-vous, entre deux
municipalités de mon comté prenons-les au hasard:
Saint-Bruno et Jacques Cartier accorder à l'une et l'autre une
subvention qui vous apparaisse juste, si vous ne savez pas quelle est la mesure
de l'effort fourni par les citoyens de chacune d'elles?
Vous n'y atteindrez pas à moins que vous n'ayez
l'évaluation municipale uniformisée. Il y a des
municipalités qui vont voir le ministre pour dire qu'elles sont
très lourdement taxées, qu'elles paient $2 ou même $3
d'impôt par $100 d'évaluation, alors que les municipalités
voisines ne payent que $1.50 ou $0.80, comme c'est le cas chez nous, à
Saint-Lambert,, Mais lorsque vous comparez l'évalutation, vous constatez
que Saint-Lambert est évalué à 90% de la valeur
réelle, alors que d'autres municipalités sont
évaluées à 20%, 25%, 30%, 40%, 50%, 60%. Il y a
actuellement dans ce domaine une désorganisation qui a certainement
retenu l'attention du ministre, j'en conviens, mais qui aurait dû, depuis
deux ans et demi qu'il a, avec un collègue qui l'a
précédé, le député de Saint-Jacques, la
responsabilité de l'administration municipale, l'amener à
proposer une solution. Cette solution aurait été d'autant plus
facile, M. le Président, qu'en 1966, lorsque nous avons quitté le
pouvoir, il y avait un projet de loi inscrit au feuilleton. Ce n'était
plus un simple projet, c'était un bill qui avait été
reçu par cette Chambre en première lecture, créant un
office de l'évaluation municipale avec un commissaire et qui aurait
aidé les municipalités à franchir cette étape
nécessaire dans la réforme de l'administration municipale.
Rien de cela dans le bill qui est devant nous.
Réforme des conseils de comté. L'on a fréquemment
dit que les conseils de comté étaient probablement l'organisme
municipal qui avait rendu le plus de services dans la province de Québec
et que c'était probablement l'organisme le plus original, dans le sens
le meilleur du mot, qui avait été imaginé par les
Québécois vers les années 1850 ou 1860. Le conseil de
comté avait pour mission, et il l'a encore d'ailleurs, de régler
les problèmes intermunicipaux, chemins, cours d'eau, drainage
intermunicipal, et lorsque vous aviez des problèmes non plus
intermunicipaux, mais inter-comtés, vous aviez le Bureau des
délégués, qui entrait en fonction. Or le vice du
système en 1968, c'est que ne font partie des conseils de comtés
que les municipalités qui sont régies par le code municipal.
C'est la loi.
Or, malheureusement, dans les endroits de la province de Québec,
région de Montréal, par exemple, région de Québec,
où les problèmes intermunicipaux sont devenus plus aigus et plus
nombreux que jamais, la plupart des municipalités ne sont plus
régies par le code municipal, mais par la Loi des cités et
villes, si bien que les conseils de comté ont graduellement perdu la
plupart de leurs membres et n'ont plus aujourd'hui qu'une existence
théorique.
Dans le comté de Chambly, chez nous je m'excuse de citer
cet exemple une fois de plus, c'est parce que je le connais bien, M. le
Président toutes les municipalités faisaient partie du
conseil de comté, il y a cinquante, soixante ans. Aujourd'hui, vous avez
un nombre infiniment plus considérable de problèmes à
régler, il n'y a plus qu'une seule municipalité qui en fait
partie, c'est Saint-Basile. En sont sorties graduellement, Préville,
Saint-Lambert, Longueuil,
Boucherville, Chambly, Saint-Bruno, Greenfield Park, Lemoine,
Jacques-Cartier. Alors, vous avez aujourd'hui un organisme qui existe encore
sur papier, en théorie, mais qui ne rend absolument plus les services
qu'on était en droit d'en attendre et qu'il a rendus dans le
passé.
Réforme des conseils de comté. Nous avions fait dans ce
domaine un travail considérable en 1964 et 1965, et nous avions
réussi à faire approuver un projet de réorganisation par
l'Union des conseils de comtés et l'Union des municipalités.
Plusieurs réunions de l'exécutif des deux organismes
avaient eu lieu conjointement au bureau des affaires municipales. Nous avions
proposé et il avait été accepté de
créer une quarantaine de nouveaux conseils de comté dont auraient
fait partie toutes les villes et cités, ainsi que les
municipalités régies par le code municipal. La carte
prévoyant les quarante comtés était prête.
Plus de nouvelles depuis deux ans et demi! Disparue, oubliée
jusqu'à ce que le ministre des Affaires municipales et il semble
malheureusement, je le reproche au ministre, que ce soit une tâche du
gouvernement actuel dans trop de domaines de s'ingénier à mettre
de côté un travail extrêmement sérieux qui avait
été fait par le gouvernement précédent, apparemment
simplement sous le prétexte que cela avait été fait par le
gouvernement précédent après deuxans et demi de
silence, le 5 octobre 1968, déclare qu'il avait complètement mis
de côté les quarante conseils de comté prévus par le
gouvernement qui l'avait précédé parce que c'était
utopique.
Je cite une phrase du ministre, qui est guillemétée dans
le journal L'Action du 5 octobre 1968. Il aura tout le loisir de corriger si la
citation ne lui paraît pas exacte: « II est utopique, dans
l'état actuel des choses, de vouloir mettre sur pied une structure
unique à l'intérieur de laquelle seraient tenus de vivre de
force, et partout dans le Québec, l'urbain et le rural ».
L'urbain et le rural cohabitent dans tous les domaines, que le ministre
veuille l'accepter ou non. L'urbain et le rural sont aux prises avec le
problème de l'urbanisation. L'urbain et le rural sont aux prises avec le
problème de la pollution de l'eau et de l'air. Tous les problèmes
urbains ont décidé, comme beaucoup de citadins, d'aller
s'installer à la campagne. Mais en dépit de cette présence
quotidienne des mêmes problèmes chez les mêmes gens, on ne
saurait les faire cohabiter, dit le ministre.
Comme le ministre s'exprime fréquemment sur ces questions, il lui
arrive de se contredire.
Le 13 septembre 1968, à l'occasion du congrès de l'Union
des municipalités tenu à Montréal, le ministre des
Affaires municipales prononçait un discours d'une facture
intéressante où il insistait sur des choses sérieuses. En
particulier sur l'importance de l'éducation civique au niveau municipal.
Nous aurions aimé qu'il posât des gestes concrets pour y
atteindre. Il a affirmé, la nécessité pour le gouvernement
actuel de se battre pour que la constitution soit respectée et que le
gouvernement du Québec ait pleine juridiction en matière
municipale. Mais le ministre a parlé également de la Loi des
cités et villes et du code municipal. S'il est une façon de faire
cohabiter les cités régies par la Loi des cités et villes
et les municipalités régies par le code municipal, c'est de
fondre les deux lois en une seule. Cela ne devient plus de la cohabitation;
ça devient de F unification. Or, le ministre qui, le 9 octobre 1968,
déclarait qu'il était utopique de vouloir faire siéger
ensemble municipalités urbaines et rurales, déclarait quelques
jours plus tôt, le 13 septembre, à l'hôtel Reine-Elisabethr
« Je me suis sérieusement interrogé sur la question de
savoir si le temps n'était pas venu de colliger en une seule loi tous
les statuts qui touchent de près ou de loin aux affaires municipales.
J'ai demandé aux légistes de mon ministère de parfaire
l'étude du problème sous cet angle et de me faire rapport dans
les plus brefs délais ».
Il faudrait que nous nous entendions. Ou c'est utopique de faire
cohabiter l'urbain et le rural, et, alors, il ne saurait être question
dans l'esprit du ministre de donner à cette province une seule loi
organique pour les municipalités. Ou bien, il y a
nécessité de la créer, cette loi organique unique. Il n'y
a rien d'utopique dans ce que proposait, il y a quelques années, le
ministre des Affaires municipales de l'époque, en voulant créer
quarante conseils de comtés réorganisés et
revalorisés.
Mon avis, c'est que, pour la création d'une loi organique unique,
le temps n'est plus aux études, le temps n'est plus à se poser
des questions, mais à l'action. Vous avez entendu tout à l'heure
l'ancien président de l'Union des municipalités de la province de
Québec, le député de Rimouski. Vous pourriez consulter les
dirigeants de l'Union des conseils de comtés et tous vous diraient qu'en
ce qui concerne les anciennes municipalités rurales et les petites et
grandes villes urbaines vous avez des problèmes qui demandent que les
lois soient les mêmes et que les pouvoirs accordés aux unes et aux
autres soient uniformisés.
Nous savions, dès 1964, qu'il serait probable-
ment assez long de préparer ce document. Mais si, au lieu de
s'interroger, en 1968, sur l'utilité de cette fusion de nos deux grandes
lois organiques, on avait utilisé les études qui ont
été faites, on serait aujourd'hui en mesure de faire rapport
à cette Chambre que le travail est commencé, que les
consultations avec les grands organismes municipaux se font et qu'avant
longtemps la province de Québec aura une seule loi municipale qui
s'appliquera à tout le monde.
Rien dans le projet de loi sur les finances municipales. Depuis 1966
là, je regarde particulièrement le député de
Saint-Jacques on a fait toutes sortes de promesses aux
municipalités, mais on a oublié de livrer la marchandise. Quel
est l'état des finances municipales actuellement dans la province de
Québec? Nous le savons par un document relativement récent,
puisqu'en février 1968 l'Union des municipalités de la province
de Québec présentait un mémoire aux autorités
municipales et affirmait que des revenus supplémentaires étaient
requis de façon urgente pour le progrès normal des
municipalités. On donnait, dans ce mémoire qui a
été présenté aux autorités provinciales, des
chiffres extrêmement révélateurs sur l'urgence d'accorder
plus de revenus aux municipalités. On se souviendra que celui qui a
été le premier ministre des Affaires municipales du
deuxième régime de l'Union Nationale, le député de
Saint-Jacques, a-vait dit aux municipalités:
J'étudie actuellement une formule en vertu de laquelle,
progressivement, l'impôt foncier pourra éventuellement être
remis en entier aux municipalités. Il a même dit en cette Chambre,
en 1967, qu'il espérait, dans les douze mois qui suivraient, avoir des
résultats.
Or, qu'est-il arrivé après les douze mois? Le ministre des
Finances a annoncé aux municipalités: Contrairement à ce
que je vous ai dit, vous ne recevrez rien de neuf de l'impôt foncier. Les
municipalités se sont trouvées alors dans le même
état, état qui était, j'imagine, aggravé non
seulement parce que la province et le gouvernement fédéral
prennent de plus en plus de sources de taxation, mais parce que l'espoir que
l'on avait fait naître auprès des municipalités avait
disparu. Disparu seulement temporairement, parce que le ministre des Affaires
municipales y est revenu au mois de juin 1968, déclarant, dans un
discours prononcé devant l'Institut des officiers municipaux de finance
et d'administration, à quatorze heures, le 11 juin 1968 à Sainte-
Foy: « Cependant cependant résume en un seul mot toutes les
doléances financières des municipalités le ministre
des Finances, M. Do-zois, a répété l'autre soir à
l'Assemblée lé- gislative qu'on poursuivait fébrilement
les études visant à donner progressivement aux
municipalités tout le champ de la taxation foncière. M. Dozois a
même espéré qu'on puisse faire un premier pas en ce sens
dès l'an prochain ».
J'espère que les études vont se faire de plus en plus
« fébrilement », parce qu'au rythme où vont
actuellement les choses, non seulement il ne restera plus rien pour les
municipalités, mais les contribuables eux-mêmes n'auront plus rien
à donner. En somme rien pour régler tous ces grands
problèmes de l'administration provinciale.
Je dis que le ministre nous apporte des amendements intéressants,
mais qu'on doit classer dans le domaine des « réformettes »,
parce qu'il n'y a absolument rien de fondamental. Il n'y a absolument rien dans
les structures municipales qui ait été modifié par le
projet de loi qui est devant nous.
Voilà deux ans et demi qu'on étudie; deux ans et demi
qu'on dit aux administrations municipales: L'an prochain. Bientôt.
Demain. Nous verrons. En temps et lieu... Et voici de quoi on a
accouché. De quoi? De choses intéressantes, mais qui avaient
toutes été pensées, qui avaient toutes été
préparées, et dans la majorité des cas mises en pratique
par l'administration précédente.
Sans doute plusieurs de mes confrères journalistes et plusieurs
de ceux qui suivent l'administration municipale ne sont pas tenus d'avoir sur
toutes ces questions des dossiers suffisamment complets, mais le vote universel
au municipal a été créé par l'ancienne
administration pour la ville de Québec.
C'était la première fois, et vous verrez tout à
l'heure - je me garde bien, M. le Président, de parler des articles du
bill que l'on a est-ce que le mot « émasculé
» est permis dans cette Chambre? ce que nous avions proposé
pour la ville de Québec.
Appeler les cités des villes, excellent changement. On ne saurait
dire que c'est une révolution. Au point de vue de la langue
française, c'est une heureuse amélioration, mais qui avait
été pensée, imaginée et mise en pratique par le
gouvernement précédent. La ville de Laval, par exemple, a
été la première cité, si vous le voulez, qui se
soit appelée ville. L'exemple a ensuite été suivi par
là plus grande cité du Canada, la cité Montréal,
qui a eu l'excellente idée de modifier sa charte pour s'appeler
ville.
Le mandat de quatre ans. Je crois qu'il est normal que nos
administrateurs municipaux administrent pendant quatre années, pour
qu'au niveau municipal on ne soit toujours en élection
ou en instance d'élection. C'est une chose qui avait
été prévue dans des lois qui existaient déjà
et qui a effectivement été utilisée pour la ville de
Montréal, pour la ville de Québec, pour la ville de Laval, pour
Sherbrooke, probablement pour Rimouski, Verdun. Enfin, on pourrait nommer toute
un kyrielle de municipalités.
Sécurité d'emploi: Nécessité
élémentaire d'accorder à tous les employés
municipaux la sécurité. Mais là encore, c'est une
initiative qui avait été prise par le gouvernement
précédent.
M. le Président, je le dis non pas pour nous vanter
c'étaient des réformes municipales préliminaires, qui nous
sont apparues nécessaires mais pour dire que le ministre actuel
ne nous apporte pas une loi municipale qui innove, qui laboure dans du terrain
vierge. Il étend, dans toute la province de Québec, ce qui est
bien, des réformes qui avaient été imaginées par le
gouvernement précédent.
Qu'aurait-il pu faire, s'il avait voulu, avec ses principaux
conseillers, savoir, de première source, quels sont les besoins
immédiats dans l'administration municipale? Il aurait pu consulter deux
documents récents. Le premier, dont je vous ai parlé il y a
quelques minutes, est le mémoire soumis au gouvernement du Québec
en février 1968 par l'Union des municipalités de la province de
Québec. Il demandait essentiellement trois choses. Premièrement,
des revenus nouveaux pour assurer le progrès normal des
municipalités. Rien, aucun écho dans le projet de loi.
Deuxièmement, permettre aux municipalités d'occuper en
exclusivité le champ de l'impôt foncier. Rien, aucun début,
aucun écho. Troisièmement, établir une régie de
l'évaluation foncière. Rien, zéro.
M. le président, un autre document a été remis au
gouvernement le 5 avril 1968, par l'Union des conseils de comtés de la
province de Québec. Qu'y demandait-on? Le ministre, qui fait preuve
d'une telle pusillanimité, quand vient le temps de réformer les
conseils de comtés, prétend que les cités et les villes ne
sauraient cohabiter avec les municipalités rurales.
Il disait, le 8 septembre 1968, que c'est uto-pique. Or, que lui
demandait l'Union des conseils de comtés le 5 avril 1968?
Restructuration des conseils de comtés. « Les cités et les
villes - je cite le mémoire devraient en faire partie. »
Rien, dans le projet de loi, qui donne suite à cette demande de l'Union
des conseils de comtés.
Deuxième grande demande: Confection des rôles
d'évaluation, création d'un organisme de comté. Rien dans
ce qu'on nous donne actuellement qui réponde à cette demande.
La seule demande importante qui a été acceptée,
c'est la rémunération du maire et des conseillers. Je n'ai rien,
bien au contraire, contre la rémunération du maire et des
conseillers, mais je trouve étonnant que dans un projet de loi que l'on
veut le fruit d'études très nombreuses depuis deux ans et demi,
la seule chose à peu près que l'on accorde de neuf, ce soit
l'imposition en somme d'une taxe nouvelle d'au moins $0.30 par personne, qui va
toucher en gros à peu près trois millions de personnes dans la
province, si je ne tiens pas compte de ceux qui reçoivent
déjà une rémunération.
Je n'aurais pas eu d'objection, loin de là, et je n'en ai pas
aujourd'hui à ce qu'on accorde cette rémunération au
maire, mais je regrette infiniment que l'on se soit cantonné dans la
facilité. Cela, ça faisait plaisir à monsieur le maire?
Alors, on l'a accordé. Mais toutes les choses qui auraient
été, au sens le plus français du mot, exigeantes pour la
municipalité, tout ce qui l'aurait obligée à s'adapter aux
horloges de 1968, là, on ne marche plus, on étudie, on se pose la
question, on s'interroge, on demande aux fonctionnaires de faire des rapports
additionnels.
M. le Président, j'aurais aimé que, d'une part, on dise
à messieurs les maires et messieurs les échevins de la province
de Québec: Vous avez le droit, comme tous les serviteurs publics,
à une rémunération, d'accord, mais vous avez
également l'obligation, que nous allons exécuter tous ensemble,
en collaboration, de poser les gestes essentiels que nécessitent les
problèmes municipaux de 1968. Mais non, rémunération,
d'accord, obligations nouvelles, on verra plus tard!
M. le Président, même dans les choses que l'on accorde dans
ce projet de loi, je trouve qu'il y a des façons de procéder que
le ministre devra nous expliquer avec infiniment de soin s'il veut que nous les
acceptions. Il y en a deux en particulier. En vertu de quel principe
démocratique, puisqu'il pose le geste aujourd'hui, limite-t-il le droit
de vote et le cens de l'éligibilité, c'est-à-dire le droit
de se présenter à des postes municipaux, à ceux qui
paient?
Dans la ville de Québec, tout citoyen de 18 ans ou plus qui
habite dans la municipalité depuis douze mois est un électeur et,
dès qu'il a 21 ans, il a le cens de l'éligibilité. C'est
ça que nous appelions, nous et c'est une chose que j'ai
prêchée assez souvent pour y croire et pour espérer qu'on
va donner suite à ce que nous avons demandé le citoyen
municipal. Nous avons le citoyen fédéral: 21 ans, tout le monde
vote sans discrimination de race, de religion, d'âge ou d'argent. Il n'y
a personne qui va de-
mander, au fédéral, si vous payez des impôts pour
élire les administrateurs» Vous avez le citoyen provincial, toute
personne qui a 18 ans dans la province de Québec est un électeur
pourvu qu'elle remplisse les conditions. A 18 ans dans la province de
Québec, que vous soyez contribuable ou non, vous êtes
électeur.
Pourquoi cela a-t-il été fait? Cela a été
fait parce que les administrateurs municipaux sont convaincus qu'il y a moyen
d'aller chercher chez les jeunes, qui ne sont pas encore engagés au
point de vue pécuniaire, au point de vue de leur profession c'est
d'ailleurs une chose qui arrive brusquement et qui dure tour, le reste de la
vie il y a moyen de tirer de ces jeunes une conception de la politique
qui répondrait justement à l'un des objectifs recherchés
par le ministre, au moins en paroles: celui d'assurer l'épuration de la
vie municipale.
Au gouvernement fédéral: 21 ans, tout le monde; au
gouvernement provincial: 18 ans, tout le monde; au municipal, ce que nous avons
fait, nous, à Québec: tout le monde. Nous avons eu à
l'époque des critiques sévères de gens qui disaient que
nous allions trop loin. L'expérience a établi que pour la ville
de Québec, cela avait été un bienfait.
Je suis convaincu que dans des villes comme Saint-Michel,
Pointe-aux-Trembles qu'on en nomme d'autres, autant qu'on voudra
le vote universel serait plus efficace que n'importe quelle commission
d'enquête ou n'importe quel jugement de cour pour assainir
l'administration municipale. Je dis au ministre que nous attendons des
explications, que nous espérons qu'il ira au bout de sa bonne
volonté et qu'il donnera le vote à tout le monde, sans exception.
Même celui qui ne paie pas peut avoir un intérêt dans la
bonne administration de sa ville. Comment peut-on imaginer que ceux qui paient
actuellement ont un intérêt tellement vrai dans l'administration
de leur ville, quand les contribuables, qui ont seuls le droit de vote,
l'expriment dans une proportion de 25%, 30%, 32%, 40%? Quand cela se rend
à 50% du vote dans une municipalité, c'est un succès
extraordinaire. Où est-il l'intérêt?
Je dis que ce qui crée chez le citoyen le désir de
participer à la vie municipale et à l'administration de sa
municipalité, ce n'est pas le compte de taxe, petit ou gros, qu'il paie.
Il y a une infinité de citoyens dans laprovince de Québec qui
paient des comptes de taxe, gros ou petits, et qui se
désintéressent complètement de l'administration
municipale.
Deuxièmement, la protection qu'on accorde aux fonctionnaires
municipaux. Pourquoi, en vertu du projet de loi, suspend-on l'application de
cet article jusqu'au 1er juin 1969, je crois? Si cette protection est
nécessaire, pourquoi ne l'est-elle pas tout de suite? Je dis que tous
les employés municipaux qui seront congédiés entre le
moment où la loi sera sanctionnée et le 1er juin 1969 n'auront
aucune protection. Je connais un cas particulier où l'on est entrain, en
douce, d'exécuter un très haut administrateur municipal. Non pas
parce qu'il n'a pas fait son travail à la satisfaction des
contribuables. Non pas parce qu'on lui reproche une mauvaise administration,
mais précisément parce qu'il a résisté à des
échevlns qui voulaient lui faire faire des choses qui n'étaient
pas nécessairement illégales, mais qui ne correspondaient pas
à son sens de l'éthique de l'administration. Si cet article
n'entre en vigueur que le 1er juin 1969, combien de fonctionnaires municipaux
dans la province de Québec passeront par la guillotine? Sur ces deux
articles, nous attendons des éclaircissements.
M» le Président, je précise ce que j'ai dit tout
à l'heure. C'est encore plus sérieux, puisque l'article en
question je remercie mon collègue de Robert-Baldwin qui me le
signale n'entrera pas en vigueur le 1er juin 1969, mais le 1er juillet.
Nous voulons savoir pourquoi. C'est pour protéger ou ne pas
protéger qui? Ou alors, cela répond à quelles normes,
cette remise de l'article qui veut protéger les fonctionnaires? M. le
Président, telles sont les remarques que j'avais a faire en
deuxième lecture.
L'ancien ministre des Affaires municipales, député de
Chambly, a eu la réputation, d'ailleurs fort exagérée,
d'être un homme dur à l'administration municipale. On s'est
ingénié, aux quatre coins de la province, à lui
créer la réputation d'être une espèce de petit
dictateur qui voulait tout transformer et mettre tout le monde au pas.
Disons que c'était à l'occasion d'une campagne
électorale et que, bien souvent, malheureusement, au cours de ces
expéditions politiques, les paroles dépassent ce que l'on veut
dire. Mais une chose est certaine, c'est que j'avais la conviction de vivre
dans un monde où nous devions, sinon provoquer, du moins, accompagner
des changements en profondeur. Nous avions l'impression en 1966, aussi bien
parmi les fonctionnaires du ministère que dans les municipalités
de la province de Québec, que nous avions réussi. Par les
tournées que nous avions entreprises dans la province, nous avions
réussi à convaincre tout le monde que ce n'était pas
l'oeuvre du ministre, que ce n'était pas le travail des maires, des
échevins ou des fonctionnaires. Nous les avions convaincus que
collectivement nous avions envers la province de Québec une
responsabilité majeure qui allait certainement coûter des
désagréments et peut-être des larmes à un
certain nombre d'administrateurs municipaux, mais que l'avenir
était en jeu.,
Depuis deux ans et demi, M. le Président, je n'ai rien vu qui
puisse me convaincre que cet avenir n'est pas plus en danger que jamais. Nous
aurions besoin à la tête du ministère des Affaires
municipales et je n'en fais pas un grief personnel au ministre
d'un homme très fort. Quand on relit tous les discours du ministre, qui
s'en fait d'ailleurs une gloire, on constate que, partout, on étudie, on
hésite, on parle, on se contredit, on avance d'un pas pour reculer le
lendemain, pour aboutir finalement, après deux ans et demi, à ce
qu'on nous apporte aujourd'hui. Quelque chose d'excellent? Oui. Je l'ai
déjà utilisé dans un autre débat et je m'excuse de
le rééditer: On nous apporte un mini-bill pour régler des
maxi-problèmes dans la province de Québec. Si le ministre nous
dit c'est une étape, je ne dirai pas: D'accord, mais je vais dire: A
quand le pas suivant?
Si le ministre croit avoir transformé l'administration municipale
de la province de Québec, je lui poserai un certain nombre de questions.
En vertu de quel article ou de quels articles de ce bill la région que
j'habite va-t-elle pouvoir régler en commun ses problèmes? En
vertu duquel de ces articles, dans tous les coins de la province de
Québec, va-t-on pouvoir régler une fois pour toutes, en
évitant les palabres qui n'en finissent plus, le problème de la
pollution de l'eau, par exemple, où l'on a assisté, qu'on le
veuille ou non, depuis dix ans, à un excellent exercice qui consiste
à se décharger sur le voisin de ses responsabilités? En
vertu de quels articles de ce projet de loi va-t-on créer
véritablement dans la province de Québec ce climat municipal?
J'aurais certainement espéré, cela existait encore une fois dans
les dossiers que les élections aient lieu tous les quatre ans, mais
j'aurais espéré que l'on trouvât le moyen de faire toutes
les élections municipales dans la province de Québec le
même jour de la même année, partout. Qu'est-ce que cela
aurait créé? Vous auriez mis comme au provincial, comme au
fédéral, pendant quelques semaines, tous les journaux, tous les
madia d'information, tous les citoyens dans un bain de problèmes
municipaux. Ceci aurait certainement contribué, comme c'est le cas en
Europe, comme c'est le cas particulièrement en France et en Angleterre,
à ce que tout le monde, à une certaine époque, tous les
quatre ans, ne parle à peu près que de problèmes
municipaux.
Je termine sur ces propos. Nous n'allons pas quereller le ministre sur
les articles de son projet de loi, sauf quelques-uns. Ce sont des choses qui
nous conviennent presque toutes. Ce sont des choses qui répondent
à quelques-uns des besoins les plus extérieurs, les plus
secondaires en général. Je lui dis que, malheureusement, ce n'est
pas un projet de loi à la hauteur des besoins. Nous aurions eu besoin,
comme on a eu besoin en Turquie, lorsqu'il a fallu rebâtir, nous aurions
eu besoin, dans le monde municipal, d'une espèce d'Ataturk; je regrette,
jusqu'à nouvel ordre, que nous n'ayons qu'un Robert Lussier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Outremont.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: Je voudrais, au cours de mon intervention, me limiter
à quelques points majeurs qui me paraissent ressortir du projet de loi
présenté par le ministre des Affaires municipales. Tout d'abord,
sur la question du vote accordé aux locataires, sans doute devons-nous
trouver dans cette mesure le principe principal si on me passe le mot
de ce projet de loi.
A ce point de vue, cet élargissement de l'électorat
municipal est-il louable? Comme l'ont dit mes collègues de l'Opposition
qui m'ont précédé dans ce débat, cet
élargissement est-il suffisant dans les circonstances actuelles?
Le ministre des Affaires municipales pense peut-être qu'il
accomplit un pas de géant en présentant cette mesure qui
accorderait le droit de vote aux locataires. En ce faisant, je pense qu'il est
de notre devoir, nous de l'Opposition, de lui dire que ce pas ne comporte rien
de gigantesque, rien de révolutionnaire, rien en quelque sorte qui nous
indique de la part du ministre, qu'il ait une pensée d'avant-garde sur
le plan municipal, même si, comme je le disais, le geste est louable.
Si l'on fait un peu d'histoire et que l'on revient sur
l'évolution du suffrage universel, on s'aperçoit que, tout au
cours du XIX siècle, alors que les régimes en France et en
Angleterre se succédaient et que de plus en plus on élargissait
l'électorat, on s'aperçoit dis-je que plus on
allait, plus on restreignait les qualifications foncières ou les
qualifications de fortune requises de la part des électeurs à qui
on conférait le droit de vote. De telle sorte qu'aujourd'hui dans toutes
les démocraties occidentales, européennes et Nord
américaines, il n'y a plus aucune qualification foncière ou de
fortune qui soit requise de la part de l'électeur.
Je sais bien que l'on rencontre des gens qui nous disent qu'on devrait
plutôt peser le cerveau des électeurs maintenant plutôt que
de peser leur fortune ou leur richesse de façon à les qualifier
comme électeurs. Mais, en définitive, aucune de
ces solutions qui procèdent de l'idée de faire une
discrimination entre les électeurs, soit sous le rapport de la fortune
ou sous le rapport des connaissances ou de l'intelligence n'a retenu
l'attention. Aujourd'hui, l'évolution du suffrage universel s'est
terminée. Nous sommes arrivés à mettre tous les
électeurs sur un pied d'égalité.
L'honorable ministre, en présentant son projet de loi, nous
disait que la raison qui le poussait à vouloir que le projet donne le
vote aux locataires était que le locataire payait effectivement les
taxes foncières, municipales et scolaires par le truchement ou le moyen
de son loyer. Or, ceci est sans doute exact. A ce point de vue là, je ne
querellerai pas le ministre des Affaires municipales. Mais, il me semble que
c'est une logique un peu courte qui préside en quelque sorte à la
proposition que fait le ministre, à partir de cette constatation. C'est
en vertu de cette logique un peu courte qu'il se limite à n'accorder aux
électeurs muiicipaux, aux locataires dis-je, que le droit de vote, sans
étendre le droit de vote à toutes les personnes qui peuvent, soit
avoir atteint l'âge de 18 ans ou soit encore avoir atteint la
majorité.
En effet, si le ministre avait voulu avoir une conception un peu plus
large et un peu plus libérale s'il me permet le mot - il aurait
sans aucun doute introduit dans son projet de loi le principe du suffrage
universel au plan municipal.
Je dis donc que c'est en vertu d'une conception périmée,
d'une conception que je qualifierais de nettement conservatrice, que le
ministre des Affaires municipales se raccroche en quelque sorte
même au moment où il fait un pas un avant à ce
besoin de trouver une justification matérielle au vote de ce nouvel
électeur qui va faire son entrée sur la scène municipale,
le locataire.
Ce mouvement du suffrage universel, du scrutin
généralisé, s'est accompagné il faut bien
l'avouer d'une évolution dans nos institutions municipales.
Aujourd'hui, les institutions municipales ne jouent plus seulement un
rôle au point de vue de l'organisation strictement matérielle de
la municipalité. C'était bien la fonction de la
municipalité à son origine. Elle avait un rôle très
limité au point de vue de l'organisation de la voirie. Plus tard, elle a
évolué vers l'organisation de services municipaux de plus en plus
compliqués et de plus en plus étendus; par exemple, le service
d'eau, les égouts, la police et ainsi de suite.
Mais, aujourd'hui, la municipalité évolue dans le sens,
par exemple, du service social, dans le sens des cliniques, dans le sens des
loisirs, toutes des activités qui touchent l'électeur de
près, non pas comme propriétaire, mais comme personne humaine. A
ce point de vue, si le ministre avait été conscient de
l'évolution qui se passe sur le plan municipal et également des
conceptions beaucoup plus larges qui doivent présider à la
législation en 1968, il aurait été amené à
accorder ou à proposer dans son projet de loi le scrutin universel.
Fallait-il je pose la question accomplir ce pas de donner
le vote aux locataires? Fallait-il se contenter, ni plus ni moins, d'une
expérience? Peut-être le ministre nous dira-t-il tout à
l'heure, au cours de sa réponse ou au cours du débat en
comité plénier, qu'au fond il tente une expérience en
donnant le vote aux locataires.
Eh bien, nous avons dépassé l'expérience à
l'heure actuelle, nous avons dépassé ce stade. Si le ministre
nous apporte cette justification ou cet argument, nous dirons qu'il se trompe
manifestement. En effet, même dans le code municipal actuel, nous avons
presque le suffrage universel quand on regarde le nombre de personnes qui ont
le droit de vote en vertu de cette loi.
Entre autres, les électeurs, en vertu du code municipal, sont les
propriétaires, les locataires, les conjoints des propriétaires
résidants, les fils et les filles majeurs des propriétaires
résidants qui demeurent depuis au moins un an chez leur père ou
chez leur mère, si cette dernière est veuve.
On avouera que cette énumération couvre presque tout le
monde qui peut se trouver dans une municipalité. Par conséquent,
je dis que le code municipal est plus avancé à l'heure actuelle
que îe projet que le ministre des Affaires municipales est en train de
présenter à la Chambre.
M. le Président, je ne sais pas si le ministre a consulté
le code municipal avant de présenter son projet de loi. S'il l'avait
fait, il se serait rendu compte qu'il est en retard sur une loi, le code
municipal, qui s'applique à des municipalités rurales, qui
s'applique à des municipalités de campagne tandis que là,
il arrive avec un projet qui va réglementer l'activité dans les
villes, dans les grands centres urbains, et il ne va même pas au bout des
conclusions qui ont été adoptées au niveau du code
municipal.
J'ai consulté un volume qui est une autorité en
matière municipale: « Canadian Municipal Government », de
Crawford, volume très respecté et qui date de 1954. Pourtant Dieu
sait qu'il y a eu des réformes dans le domaine municipal dans d'autres
provinces depuis cette date. Or, la Nouvelle-Ecosse, patrie de M. Stanfield, le
chef de l'Opposition conservatrice
à Ottawa, donne le droit de vote universel aux gens dans les
municipalités, et personne ne fera croire que la Nouvelle-Ecosse est une
province révolutionnaire où les gens sont prêts à
approuver des mesures qui dépasseraient, en quelque sorte, la
maturité de notre temps. Eh bien, c'était en 1954. Aujourd'hui,
je ne serais pas surpris... Peut-être le ministre pourra-t-il nous
répondre et nous dire parce qu'il a sans doute fait ces
études-là ou les a fait faire par ses officiers dans
quelles provinces on a donné le droit de vote universel aux gens dans
les municipalités. Je donne simplement ces exemples du code municipal et
de la Nouvelle-Ecosse pour dire qu'après tout, il n'y a rien de si
étonnant, rien de si bouleversant, rien de si révolutionnaire
à vouloir intéresser l'électeur, qu'il soit
propriétaire, locataire ou qu'il ait un autre titra, dans la
municipalité.
On se plaint et tout à l'heure, l'ancien ministre des
Affaires municipales le mentionnait de l'absence de participation des
gens et souvent, il faut le dire, des locataires à la vie municipale. On
peut se poser la question, à savoir si cette absence de participation de
la part des locataires à la vie municipale ainsi que des citoyens en
général ne vient pas justement de ce qu'on leur a donné
des droits au compte-gouttes.
Si on avait vraiment voulu apporter un projet de loi qui aurait, en
quelque sorte, revitalisé la vie municipale au point du vue de la
participation des citoyens à leurs institutions locales, il me semble
qu'il incombait au ministre de pousser les conclusions, de pousser ni plus ni
moins jusqu'au bout l'idée qui a présidé à son
projet de loi, l'idée étant évidemment
l'élargissement du scrutin au niveau municipal.
M. le Président, je n'insisterai pas plus longtemps sur cet
argument. Mes collègues de l'Opposition l'ont fait et je pense que le
parti libéral qui, dans le passé, s'est toujours
avéré être à la fine pointe du progrès
démocratique dans la province prouve une fois de plus qu'il est en
avance, et de beaucoup, sur le parti ministériel. Et malgré que
je reconnaisse que le ministre des Affaires municipales soit rempli de bonne
volonté, qu'il voudrait faire quelque chose et a fait un effort, avec
les officiers de son ministère, pour apporter un projet de loi
substantiel, il n'a pas, M. le Président, l'inspiration qu'il faut pour
nous apporter un projet qui serait satisfaisant dans l'état actuel des
choses.
M. le Président, je passe à un second point que j'ai
déjà traité dans cette Chambre, c'est la question de la
taxe des locataires, telle qu'elle existe en vertu de la Loi des cités
et villes, à l'article 525.
Je constate, M. le Président, qu'il est six heures.
M. DOZOIS: Il n'est pas encore six heures.
M. LESAGE: On n'est tout de même pas pour couper une phrase en
deux.
M. DOZOIS: Qu'il continue.
M. LESAGE: On n'a jamais demandé ça au
député de Saint-Jacques.
M. LE PRESIDENT: Pendant que le débat va se continuer sur
l'heure, disons que la Chambre suspendra ses travaux jusqu'à huit heures
et quinze.
M. LAPORTE: Huit heures et quinze.
Reprise de la séance à 20 h 27
M. LEBEL (président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. le Président, au moment de l'ajournement du
débat, j'avais abordé la question de la taxe locative, telle
qu'elle est autorisée dans la Loi des cités et villes, plus
particulièrement par l'article 525. La même taxe locative est
également autorisée par l'article 699 du code municipal. Je
déplore que le ministre des Affaires municipales, en présentant
son projet de bill, n'ait pas cru dans l'intérêt de la justice et
de la bonne administration en matière municipale de suggérer
l'abrogation de l'article 525. Il en a déjà été
question dans cette Chambre en d'autres occasions, plus particulièrement
à l'occasion du discours du budget, alors que je soulevais plus
particulièrement la question d'une certaine taxe locative de 7%
imposée aux locataires de la ville d'Outremont.
Evidemment, la taxe locative imposée aux locataires de la ville
d'Outremont est le cas qui, à ma connaissance, est le plus
caractéristique de l'usage de l'article 525, puisque la taxe locative
imposée aux locataires d'Outremont est de 7%, tandis que d'autres taxes
locatives qui peuvent exister dans d'autres municipalités du
Québec s'élèvent peut-être à 2% ou 3% de la
valeur locative annuelle des baux. La taxe de 7% sur un loyer de $1,000 par
année qui n'est pas un loyer très élevé, on
en conviendra - représente quand même $70. Pour des gens qui
paient un loyer de $1,000 par année, $70 c'est beaucoup, quand on pense
que beaucoup de ces gens-là sont, soit, des retraités, soit des
pensionnés de guerre, des veuves ou des personnes qui, en somme, n'ont
pas un revenu très considérable.
M. le Président, cet aspect humain que je soulève n'est
pas purement gratuit. Je pense qu'il est soutenu par la logique puisqu'on sait
très bien, comme le reconnaissait tout à l'heure le ministre des
Affaires municipales, lors de la présentation de son projet de loi, en
disant qu'il voulait conférer aux locataires le droit de vote aux
élections municipales, et également conférer aux
locataires le cens d'éligibilité dans les élections
municipales.
Eh bien, en reconnaissant ce droit, le ministre s'appuyait sur la
constatation que le locataire paie les taxes foncières municipales et
scolaires, au même titre que le propriétaire de l'immeuble. Quand
je dis au même titre, ce n'est pas, évidemment, au sens juridique
du terme; je veux dire que le locataire paie sa part et que le
propriétaire répartit le coût d'administration de son
édifice qui comprend les taxes foncières, le chauffage,
l'assurance, enfin tous les frais d'administration sur les locataires de
l'édifice et sur lui-même comme propriétaire, s'il occupe
une partie de l'édifice.
En somme, M. le Président, cette taxe locative est une surtaxe,
parce qu'il faut admettre au départ et le ministre l'a reconnu au
cours de son argumentation que le locataire paie sa part des
impôts fonciers, puisque le ministre est prêt, à ce
titre-là, à leur conférer le droit de vote aux
élections municipales.
L'équité fiscale commande je le soumets à la
Chambre et au gouvernement une répartition équitable du
fardeau fiscal sur les citoyens des villes suivant leur richesse. En imposant
une taxe locative, on pénalise souvent ceux qui justement sont les moins
riches. A ce point de vue là, je dirais que la taxe locative est une
injustice sociale qu'il faut corriger.
Ayant déjà, à d'autres reprises, discuté de
la question avec le ministre des Affaires municipales, je m'étonne que
lui, soucieux de justice n'ait pas profité de ce projet de loi pour
corriger cette anomalie dans la Loi des cités et villes et dans le code
municipal.
Je sais que le ministre nous a dit que des comités
étudieraient la taxation municipale, la taxation foncière, mais,
pendant ce temps-là, le mal se fait. Pendant ce temps-là des gens
qui, comme je le disais tout à l'heure, sont des petits, eh bien, payent
cette taxe. Malheureusement, ils ne pourront pas obtenir de remboursement,
malgré les bonnes intentions du ministre et malgré
peut-être des correctifs qui seront votés
éventuellement.
Je m'appuie justement dans ma demande sur un rapport très
respecté des deux côtés de la Chambre, le rapport de la
commission Bélanger. Je ne lirai pas tout le texte qui traite de la
question de la taxe sur les loyers à la page 339.
Je tirerai l'extrait suivant: « La taxe sur les loyers a pu jadis
permettre aux conseils municipaux d'augmenter leurs revenus sans hausser le
taux de l'impôt foncier. Elle ne peut plus remplir cette fonction
aujourd'hui puisqu'elle n'a rapporté, en 1962, que $2.1 millions dans
l'ensemble des municipalités, soit environ 0.5% de tout le revenu
municipal. Elle est, au surplus, injuste dès lors qu'elle
équivaut à une deuxième imposition sur le locataire qui
porte déjà le fardeau de l'impôt foncier à titre
d'usager de la propriété. En conséquence, nous
recommandons que cette taxe soit abolie. » Suit la recommandation
formelle de la commission, recomman-
dation 13/16 : « La taxe sur les loyers dont la perception est
autorisée par l'article 679 du code municipal et l'article 525 de la Loi
des cités et villes devrait être abolie. »
Peut-on trouver conclusion aussi catégorique que celle que je
viens de lire à la Chambre? Cela saute aux yeux. C'est une question de
bon sens. C'est une question de justice. C'est une question
d'équité. Je ne dis pas qu'une taxe sur les occupants, suivant la
valeur locative des biens qu'ils occupent dans une municipalité, ne
pourrait pas être une taxe équitable, pour autant qu'elle
s'appliquerait autant aux locataires qu'aux propriétaires, mais
l'article 525 de la Loi des cités et villes et l'article 699 du code
municipal font reposer cette taxe locative seulement sur les locataires,
à l'exclusion des propriétaires. En me levant pour soutenir
l'abolition de cette taxe, je pense que le projet de loi que le ministre nous
présente est une occasion toute rêvée pour que le ministre
en propose lui-même l'abolition. S'il ne le fait pas, je le ferai
moi-même par un amendement. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Duplessis. M.
Henri-L. Coiteux
M. COITEUX: Seulement quelques minutes relativement à ce projet
de loi. Mes collègues, au cours de l'après-midi ont fait
ressortir auprès du ministre certaines faiblesses qu'ils ont cru
déceler dans ce projet de loi, tout spécialement en ce qui a
trait au vote universel. La présentation de ce projet de loi semblait
être l'occasion tout indiquée pour régler une fois pour
toutes ces anomalies qui sont pour nos municipalités la source de
problèmes considérables.
Il y a tout de même un aspect bien particulier qui touche aux
villes minières et qui n'a pas été souligné au
cours de ce débat en deuxième lecture.
Je voudrais parler du problème qui a été
présenté à maintes reprises au gouvernement, puisque
si je me rappelle bien en 1963 la ville de Chibougamau
présentait déjà un bill privé qui, à ce
moment-là, avait été référé au
comité d'étude des institutions financières qui a produit
en 1965 le rapport Bélanger. Les mêmes problèmes ont fait
surgir les mêmes demandes de la part de Sept-Iles, ville minière
qui, à cette époque, voyait elle aussi la solution de son
problème dans une annexion du territoire, ce qui, d'après moi
exprimant ici une opinion bien personnelle lorsque les distances
sont trop grandes devient sinon un non-sens, du moins une anomalie. En effet,
si une ville minière était installée dans un territoire
inorganisé et qu'on procédait par annexion, cela voudrait dire
qu'éventuellement on pourrait s'étendre à des milles et
des milles de distance.
A ce moment-là le projet de loi et c'était sous
notre administration de la ville de Sept-Iles avait été
refusé d'une façon très polie avec l'argument suivant
et je crois qu'il était logique de le faire à ce
moment-là, puisque c'était au début des installations de
la compagnie Wabush à Pointe-Noire qu'il était
prématuré.
La ville de Sept-Iles est revenue à la charge et le bill a
été présenté une deuxième fois, demandant
cette fois l'annexion. On a refusé l'annexion c'est logique
jusqu'à un certain point, cela se défend en se retranchant
derrière un projet de loi éventuel qui est celui d'aujourd'hui,
où on devait profiter de l'occasion pour régler le cas. La
situation est bien particulière et je citerai ici, pour être bien
compris, la page 319 du rapport Bélanger: « L'imposition des
biens-fonds en dehors des territoires organisés. Certaines
municipalités vous me pardonnerez, M. le Président,
étant donné que je crois que c'est la façon la plus
concise et la plus claire d'exprimer l'idée que je veux
développer sont entourées de territoires qui ne sont pas
organisés en municipalités. Nous songeons principalement à
quelques villes minières habitées par les employés de
sociétés dont les biens-fonds sont situés en
totalité ou en partie en dehors des limites municipales. Pareilles
entreprises ne sont donc tenues à aucune contribution foncière
municipale sur leurs biens, même si leurs employés
bénéficient des services municipaux, comme c'est le cas de
quelque cinq cents employés de la Wabush à Sept-Iles. « II
arrive ainsi que ces entreprises profitent indirectement des services
municipaux qu'elles devraient fournir elles-mêmes en l'absence
d'organisation municipale. En outre, est-ce que ces sociétés ne
tirent pas elles-mêmes parti de la présence d'une
municipalité proche, pour le recrutement et la stabilité de leur
personnel? « En conséquence, il nous semble juste qu'elles
contribuent au financement des dépenses municipales. Nous proposons donc
c'est le rapport de la commission Bélanger que je cite
qu'un impôt foncier provincial soit levé sur les biens-fonds ainsi
situés en dehors des limites des territoires organisés, ceci pour
la bénéfice des municipalités en cause.
Le gouvernement fixerait le taux de cette
taxe, en tenant compte de la situation particulière à
chaque cas. S'il arrivait que les employés des sociétés,
propriétaires des biens-fonds, fussent établis dans plus d'une
municipalité environnante, le revenu de l'impôt foncier provincial
pourrait être réparti entre les diverses municipalités en
proportion du nombre d'employés résidant dans chacune d'elles.
»
La commission Bélanger terminait par la recommandation suivante,
recommandation 1224: « Un impôt foncier provincial devrait
être levé sur les biens-fonds des entreprises situées
près d'une ou plusieurs municipalités, mais en dehors des limites
municipales afin d'en verser le revenu par un système de
péréquation ou autre à cette ou ces municipalités
».
La réponse qu'avait eue la ville de Sept-nes, lors de la
présentation de son dernier bill, avait laissé entrevoir que lors
de la révision de la Loi des cités et villes ce point serait
corrigé. Cela éviterait à la ville de revenir sur cette
question, d'aucuns pourront me dire: la ville de Chibougamau n'est pas revenue
à la charge, elle a pris des ententes avec les compagnies auxquelles
elle avait affaire.
Mais je crois que si nous ne profitions pas de l'occasion de la
présentation d'un pareil bill et si nous laissons à l'humeur du
maire d'une paroisse ou à l'humeur d'un directeur de compagnie le soin
de décider et de discuter chaque année quel sera le montant
qu'ils verseront, et ceci avec grand fracas en disant qu'ils feront un cadeau
à la municipalité...
Des études sérieuses ont été entreprises
dans la ville chez nous afin d'analyser le coût d'une municipalité
comme la nôtre, à savoir ce qu'il en coûtait par
propriétaire en se basant sur l'évaluation d'un territoire
occupé par un résident avec une maison privée. Pour les
lots occupés dans un territoire comme Sept-Iles, avec
l'évaluation à 90%, on en arrivait pour la construction des rues,
des égouts, des aqueducs, des trottoirs et pour toutes les
facilités municipales nécessaires à un chiffre, pour fin
de raisonnement actuel et pour la facilité de compréhension,
à $900.
Or, il a été prouvé que les revenus provenant de
l'individu, du propriétaire privé étaient d'environ $525,
ce qui veut dire qu'une municipalité doit, pour combler son
déficit, pour faire face à ses dépenses obligatoires,
recourir à l'industrie.
Lorsque l'industrie est établie dans les limites d'une
municipalité, il n'y a pas de problème. Mais lorsque comme chez
nous tous les employés ou presque j'oserais dire dans 95%
demeurent à Sept-Iles, la municipalité est obligée
d'ouvrir de nouveaux quartiers, de construire des rues, des aqueducs, de voir
à l'enlèvement de la neige, des ordures ménagères.
A ce mo-ment-là l'industrie qui profite des bienfaits du travail de ces
employés-là n'est pas appelée à contribuer en
aucune façon au maintien de la ville où ces employés
habitent.
Je suis bien d'accord pour concevoir que le même taux
d'application de taxe foncière dans des cas particuliers tels que
celui-là ne peut pas être appliqué comme pour une compagnie
qui bénéficie effectivement de plus de services comme l'aqueduc
et ces choses-là.
Mais je crois que, pour régler le problème une fois pour
toutes et surtout pour éviter ces longs pourparlers, ces
quémandages, un bill comme celui-ci serait une occasion facile
d'ailleurs c'était la promesse de l'ancien premier ministre
d'insérer dans ce bill un paragraphe qui réglerait d'une
façon efficace et juste à mon sens, ce problème, une fois
pour toutes.
J'ose croire que, lors de l'étude en comité, le ministre
voudra bien considérer effectivement les suggestions que nous lui ferons
à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
L'honorable ministre des Affaires municipales propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier, pour l'étude du bill 285. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. FRECHETTE (Président du comité plénier): Article
1.
M. LUSSIER: M. le Président, avec votre permission, honorable
député de Chambly, nous pourrions garder en suspens les articles
1, 2 et 3, car ces articles traitent du champ d'application de la Loi des
cités et villes. Au cours de la discussion en comité
plénier, il y aura peut-être certains changements que nous
apporterons et qui auront une concordance avec ces articles 1, 2 et 3.
M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. LUSSIER: Article 4, un instant.
J'avais mentionné, au cours du discours de deuxième
lecture, que nous avions certains amendements et certaines modifications
à apporter, et je voudrais en faire parvenir des copies à vous,
M. le Président, et aux membres de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté? M. LESAGE: Un instant. Pas de
course.
M. CLICHE: Le ministre pourrait-il nous dire le but de l'amendement?
Nous sommes rendus à l'article 4.
M. LUSSIER: L'article 4. M. CLICHE: Oui.
M. LUSSIER: Le paragraphe qui a été retranché
définissait les mots de « charges municipales ». Cette
définition était assez vaste et ambiguë. Elle englobait
toute fonction remplie par une personne, au service d'une municipalité.
L'article 123 exigeait notamment qu'on soit majeur pour remplir une charge
municipale, avec le résultat que tous les employés mineurs, et
ils sont nombreux, étaient passibles de disqualification.
Le paragraphe qui a été ajouté assure la
concordance avec les nouveaux textes de l'article 69. A cet article
d'amendement, ces gens s'appelleront fonctionnaires et employés
municipaux.
M. LAPORTE: L'article 36 est remplacé par l'article 14?
M. LUSSIER: C'est ça. Et on traite aussi du domicile d'une
personne.
M. LAPORTE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté.
M. CLICHE: Si le ministre me le permet, le paragraphe 6 de l'article 4
de la loi définissait l'expression « charges municipales ».
Cela comprenait les fonctions exercées par le maire et par les membres
du conseil. On remplace cette définition-là par l'expression
« fonctionnaires ». Ce n'est pas du tout la même chose, parce
qu'on dit qu'un fonctionnaire c'est, en résumé, tout
employé qui n'est pas membre du conseil. Alors, ce n'est certainement
pas un article qui remplace celui-là. On a tout simplement rayé
la définition « charges municipales ». Pourquoi la rayer? On
doit y référer sûrement dans la loi.
M. LUSSIER: On enlève le paragraphe 6...
M. CLICHE: Pourquoi?
M. LUSSIER: ... et on clarifie. C'est par- ce que c'est ambigu; la
définition était trop vaste. Chaque fois que l'on veut parler
ailleurs d'un membre du conseil, c'est spécifiquement noté dans
les amendements.
M. LAPORTE: Mais, dans la définition « les membres du
conseil », demande le député d'Abitibi-Est, que deviennent
les mots « les membres »? Ce sont le maire et les conseillers.
M. LUSSIER: Les conseillers et le maire.
M. LAPORTE: Oui, oui, mais comment sont-ils dépeints dans votre
paragraphe 14 que je cite: « L'expression « fonctionnaire ou
employé de la municipalité » signifie tout fonctionnaire ou
employé de la municipalité à l'exclusion des membres du
conseil. »
M. LUSSIER: A cause des amendements que nous avons* apportés,
nous n'avons plus besoin de dire que les membres du conseil occupent une charge
municipale.
M. LAPORTE: II vaudrait peut-être mieux garder cet article en
suspens, avec un, deux et trois, pour y revenir à la fin. On aura
compris, à ce moment-là, et tout sera en règle.
M. LUSSIER: Je n'ai pas d'objection parce qu'on y reviendra tout
à l'heure à l'article 69.
M. LAPORTE: D'accord, alors on y reviendra.
M. LUSSIER: Ce sera plus clair, je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. LUSSIER: Le paragraphe 1 de l'article 5 indique qu'à l'avenir
l'échevin sera désigné sous le nom de conseiller.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6, adopté?
M. LAPORTE: Un instant, M. le Président. Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté?
M. LAPORTE: Juste une seconde pour voir si mes collègues n'ont
pas de questions à poser.
M. LE PRESIDENT: Article 7, ça va? Article 8.
M. TESSIER: A l'article 7, au paragraphe 13, dans le bas de la page
complètement, on parle de maire ou de promaire. Or, c'est le seul
endroit dans la loi où on mentionne le mot « promaire ».
Partout, on parle du maire suppléant. Je crois que le terme «
maire suppléant » est beaucoup plus français que promaire.
Un promaire, si on se réfère à un proconsul, ce serait
plutôt un ancien maire.
M. LUSSIER: Cela se passe lorsqu'une municipalité de paroisse
veut devenir ville. Dans le code municipal, ce n'est pas le maire
suppléant, c'est le promaire.
M. LAPORTE: Je ne vois pas pourquoi on n'aurait pas la même
expression dans les deux lois.
M. TESSIER: On n'est pas pour employer deux expressions...
M. LUSSIER: Mais promaire existe déjà dans le code
municipal.
M. LAPORTE: Je pense que le ministre a raison sur les deux plans. Il
voudrait, dans la Loi des cités et villes, appeler ça le maire
suppléant, ce qui est normal.
M. LUSSIER: Je ne veux pas. On peut le changer quand le bill 286 va
venir et l'appeler maire suppléant au lieu de l'appeler promaire.
M. LAPORTE: Alors, il faudrait l'enlever ici. Là, on est
d'accord.
M. LUSSIER: De toute façon, c'est parce que le code municipal
n'est pas changé. Dès que le bill 286 sera sanctionné...
On s'entend...
UNE VOIX: Immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 7? Adopté.
M. LUSSIER: Les articles 7,8 et 9 se tiennent.
M. LE PRESIDENT: Articles 7, 8 adoptés. Article 9?
Adopté.
Article 10? Adopté. Article 11?
M. LAPORTE: Une seconde.
M. TESSIER: Article 11. L'article 18 de la loi est abrogé.
N'est-il pas déjà abrogé?
M. LUSSIER: Je n'ai pas bien entendu.
M. TESSIER: A l'article 11 de la présente loi on dit: L'article
18 de ladite loi est abrogé. Or, est-ce que, dans la Loi actuelle des
cités et villes, l'article 18 n'est pas déjà
abrogé? Dans la loi que j'ai devant moi, on dit qu'il a
été abrogé par les articles 11 et 12, Elizabeth II,
chapitre 45, article 3.
M. LUSSIER: C'est une explication assez technique. Les statuts ont
été refondus depuis ce temps, et cela est réapparu. En
fait, c'est cela.
M. TESSIER: Cela est réapparu.
M. LAPORTE: Comment? Par l'opération du Saint-Esprit?
M. LUSSIER: II y a eu un renumérotage lors de l'acceptation des
Statuts refondus.
M. LAPORTE: Autrement dit...
M. TESSIER: Qu'est-ce que dit l'article 18, actuellement?
M. LAPORTE: La première élection se fait d'après la
liste des électeurs...
M. LUSSIER: Voulez-vous que je vous le lise?
M. TESSIER: La première élection générale se
fait... Ce serait l'article 19 d'autrefois?
M. LAPORTE: Oui, c'est l'article 18 de la nouvelle loi.
M. TESSIER: Des articles 19 à 21 dans les Statuts refondus.
M. LAPORTE: Si je comprends bien, c'est pour corriger une erreur des
Statuts refondus de 1964, ou c'est réapparu alors que cela avait
été abrogé?
M. LUSSIER: Ce n'est pas cela. C'est un nouveau renumérotage.
C'est un article dont on n'a plus besoin actuellement, l'article 18.
M. LAPORTE: Mais le député dit qu'il a déjà
été abrogé.
M. DOZOIS: C'est-à-dire qu'avant les Statuts refondus de 1964,
l'article 18 des Statuts refondus de 1941 avait été
abrogé.
M. LAPORTE: Bon.
M. DOZOIS: Mais quand on a refait les statuts de 1964, un des articles,
19, 20 ou 21, je ne sais pas lequel, est devenu l'article 18 dans les Statuts
refondus de 1964. A la recommandation du ministre, on abroge ce nouvel article
18 des Statuts refondus de 1964.
M. LAPORTE: Qui n'est pas l'article 18 qui existait avant?
M. DOZOIS: Non.
M. TESSIER: C'est pour cela que je voudrais savoir comment se lit
l'article 18 qu'on abroge.
M. DOZOIS: La première élection générale se
fait d'après la liste des électeurs, s'il en est, ou le
rôle d'évaluation, etc.
M. TESSIER: Bon, d'accord.
M. DOZOIS: C'était l'article 19, quoi?
M. TESSIER: Ce sont les articles 19 et 20.
M. DOZOIS: Je n'ai pas les vieux statuts. J'ai une charte, une loi
à jour.
M. LE PRESIDENT: Article 12.
M. LUSSIER: Nouveau texte. Il y a une correction, en fait.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TESSIER: Un nouveau texte?
M. LAPORTE: II y a un amendement là.
M. LUSSIER: II y a un amendement, oui.
M. TESSIER: Un amendement sur l'article 12.
M. LAPORTE: Attendez un petit peu.
M. LUSSIER: « A l'enchère par soumission publique ou de
toute autre façon approuvée par la Commission municipale de
Québec ». C'est un amendement apporté à la
suggestion de l'Union des municipalités, parce qu'il pouvait arriver
que, dans une municipalité, on ait à vendre des objets de menue
importance et à demander des soumissions publiques dans un tel cas, il
peut y avoir des cas assez spéciaux. La Commission municipale sera le
frein ou le contrôle.
M. TESSIER: Ajoutez-vous les mots: « Toutefois la Commission
municipale peut accorder le privilège de vente de gré à
gré aux conditions qu'elle détermine »?
M. LUSSIER: Non, après les mots: « par soumission publique
», on ajouterait: « ou de toute autre façon approuvée
par la Commission municipale de Québec ».
M. TESSIER: D'accord.
M. SEGUIN: Le ministre, dans ce cas, vise surtout une vente de
gré à gré, par exemple, dans le cas d'un petit lopin de
terre où il faut nécessairement que ce soit le
propriétaire voisin qui se le procure, que cela ne se vende pas
ailleurs. La loi, tel que vous l'exigez ici, oglige-rait soit à une
vente à l'enchère ou autrement?
M. LUSSIER: Ce peut être cela.
M. SEGUIN: L'amendement, pourriez-vous le répéter s'il
vous plaît, je n'ai pas..
M. LUSSIER: « Ou de toute autre façon approuvée par
la Commission municipale de Québec. » On ajouterait ces
mots-là.
M. SEGUIN: Bon, c'est ça. Alors, ça comprendrait ce
problème de vente de gré à gré dans certains
cas.
M. LUSSIER: Il y a des cas très spéciaux où la
vente par soumission publique ne tient pas.
M. SEGUIN: Oui, oui. Cela va.
M. LE PRESIDENT: Alors article 12, adopté avec amendement.
Article 13, adopté?
M. SEGUIN: Est-ce que le ministre pourrait me dire à cette
occasion-ci, à l'article 13 section 30.
M. LUSSIER: Article 13?
M. SEGUIN: Oui, on vient de passer, je pense, à l'article 13 du
bill no 285.
On dit ici: « Si la municipalité n'est pas divisée
en quartiers ou si le nombre des quartiers, etc? Est-ce que le gouvernement a
une politique bien établie ou ferme sur ce principe de quartiers ou si
le ministère actuel chercherait par exemple à abolir dans les
municipalités le système de quartiers pour tenir les
élections dans toute la ville ou toute la municipalité?
Cela ne concerne pas directement l'article mais je pose la question tout de
suite parce que ça revient plus tard.
M. LUSSIER: Cet article sera étudié par le groupe de
travail que j'ai annoncé cet après-midi et qui s'occupera de la
refonte de la Loi électorale municipale.
M. CLICHE: Est-ce que le ministre a l'intention de définir,
d'amender dans le sens que le candidat à l'échevinage soit
assigné à un quartier et qu'il soit élu uniquement par les
électeurs de ce quartier ou s'il sera élu par l'ensemble du
territoire, mais assigné à un quartier en particulier?
M. LUSSIER: Cela aussi sera étudié lors de la session de
ce groupe d'étude,
M. CLICHE: Mais actuellement, je pense que la loi est à l'effet
que le conseiller, le candidat à l'échevinage est élu pour
un quartier désigné, mais par les électeurs de tout un
territoire, de toute une municipalité. Est-ce que le ministre a
l'intention de garder cette situation-là ou s'il a l'intention de la
changer?
M. LUSSIER: Actuellement, l'élection se fait quartier par
quartier.
UNE VOIX: Pas dans ma ville.
M. SEGUIN: Non, dans certains milieux. Ce n'est pas universel.
M. LE PRESIDENT: Article 14.
M. LAPORTE: M. le Président, le problème de
l'élection des conseillers par quartier est évidemment
soulevé par l'article 13. Je comprends qu'un groupe d'étude
s'apprête à faire des suggestions au ministre, lorsque l'on va lui
proposer la refonte de la Loi électorale municipale. Mais, comme le
ministre plonge assez profondément, dès cette année, dans
la structure des élections municipales, il me semble que cette Chambre
serait en droit de savoir de la part du ministre, comme c'était le cas
autre-fols, quel est, à son avis, la politique que devrait suivre son
ministère, ou ce qu'il pense, lui, de cette politique qui veut
qu'à certains endroits des conseillers soient élus par quartier
et qu'à d'autres endroits ils soient élus par l'ensemble des
électeurs de la municipalité, puisqu'il y a dans les deux cas des
avantages et des désavantages. Cette Chambre serait heureuse de savoir
quel est l'avis du ministre à ce sujet.
M. LUSSIER: Actuellement, il y a deux villes où les
échevins sont élus par la majorité, c'est-à-dire
l'ensemble de la population. Ce sont les villes de Chicoutimi et de
Trois-Rivières...
M. CLICHE: La ville de Val-d'Or également.
M. LUSSIER: ... évidemment je puis vous donner...
M. LAPORTE: Saint-Lambert.
M. LUSSIER: Il n'y a pas de quartiers, ce sont des sièges. Ce
sont des sièges que vous avez à Val-d'Or, ce ne sont pas des
quartiers. Nous parlons ici de quartiers. Evidemment, si vous voulez
connaître mon opinion, qui est bien personnelle et qui n'engage ni le
ministère, ni le gouvernement, actuellement, ce que je pense, c'est
qu'il doit exister des conseillers qui viendraient du quartier et ils
pourraient être élus par la population en
général.
A ce sujet, j'ai bien hâte de connaître l'opinion du groupe
qui fera ce travail, en plus de bien d'autres.
M. TESSIER: A l'article 14 qui remplace l'ancien article 35,
sous-paragraphe b), on dit: « l'heure à laquelle ils sont
convoqués et qui ne doit pas être avant sept heures du soir ni
après huit heures du soir ». Pourquoi ne simplifierait-on pas
cette phrase pour dire: « et qui doit être entre dix-neuf et vingt
heures, au lieu de dire: Pas avant et pas après? N'est-il pas temps de
commencer à employer les vingt-quatre heures dans nos textes de loi?
M. LUSSIER: Le texte lui-même est Identique à celui qui
existait dans la loi avant qu'elle ne soit amendée. S'il faut utiliser
l'heure européenne, il va falloir le changer dans toute la loi, ce qui
demande un travail très considérable.
M. LAPORTE: Cela demande au moins vingt-quatre heures
d'étude!
UNE VOIX: Beaucoup plus de travail que d'étude.
M. TESSIER: Il serait peut-être temps de l'adopter en
principe.
M. LE PRESIDENT: Article 15? Adopté.
M. TESSIER: A l'article 14 qui remplace l'article 36, on parle encore du
maire suppléant ou du promaire, à la sixième ligne.
M. LUSSIER: C'est pour les mêmes raisons; on le corrige.
M. TESSIER: On fait disparaître « promaire ».
Maintenant, dans le même article 14 qui remplace l'article 36, on
dit qu'on laisse au secrétaire-trésorier ou greffier le soin de
fixer le jour du vote. Etant donné que le maire ou le maire
suppléant doivent être présents, ne devrait-on pas
plutôt laisser au président du conseil municipal
c'est-à-dire au maire ou au maire suppléant - le soin de fixer le
jour de la votation au lieu que ce soit le greffier?
M. LUSSIER: C'est parce que le maire pouvait faire de l'obstruction en
ne fixant pas la date. C'est pour cette raison.
M. CLICHE: Une question concernant l'article présentement
à l'étude. J'aimerais revenir sur le débat soulevé
par le député de Duplessis quant à l'annexion de
territoires qui, évidemment, sont voisins de ceux d'une
municipalité, mais qui font partie de territoires non organisés.
Ces derniers sont occupés par des corporations, des compagnies
minières en l'occurrence. Je pense à un endroit où le cas
se présente régulièrement; c'est à Chibougamau ou
dans des villes comme Chapais ou des installations minières sont
absolument en dehors des limites de la municipalité. Elles payent, parce
qu'elles le veulent, à la suite d'une entente avec le conseil de la
municipalité de Chibougamau, un certain montant qui tient lieu de taxes,
mais qui n'est évidemment pas le montant qu'elles devraient payer
régulièrement si elles étaient évaluées de
la même façon que les autres biens-fonds de la même
municipalité. Puisqu'il s'agit de procédures d'annexion au
présent article, je veux savoir du ministre s'il a l'intention de
présenter une solution à ce problème.
M. LUSSIER: C'est un problème, évidemment, qui nous a
beaucoup préoccupés. On peut dire que nous avons trouvé
une solution et qu'actuellement nous rédigeons la loi qui permettra
à ces municipalités de jouir d'un statut bien à elles.
M. CLICHE: Il ne s'agit pas de former une municipalité. Il s'agit
d'une municipalité qui est déjà formée et qui
annexe des territoires. Les territoires dont nous parlons, les endroits
où sont situées les industries ne peuvent pas lire annexés
par vingt-cinq municipalités; c'est par une municipalité. Il
n'est pas question qu'une installation minière, à dix milles de
Chibougamau soit annexée à Saint-Félicien.
C'est une impossibilité. Je veux savoir de quelle façon le
ministre va proposer une solution à ce sujet-là pour que la ville
puisse annexer ces territoires-là, en supposant, évidemment, que
la corporation s'oppose à l'annexion. Quelle procédure la ville
devra-t-elle suivre?
M. LUSSIER: Vous parlez d'annexion forcée d'un territoire?
M. CLICHE: Annexion.
M. LUSSIER: Annexion forcée ou annexion volontaire?
M. CLICHE: Annexion.
M. COITEUX: Cela rejoint les remarques que je faisais tantôt. Vous
allez prendre le cas spécifique de Sept-Iles, par exemple. Tous les
employés de Wabush Mines résident à Sept-Iles dans une
proportion de 98%. Les installations évaluées pour la Commission
scolaire de Wabush Mines sont à dix-neuf milles de Sept-Iles. Elles sont
évaluées à quelque $175 millions ou $200 millions. Il n'y
a aucune loi qui oblige actuelle ment la compagnie Wabush à payer une
redevance fixe à Sept-Iles. Faisant suite aux recommandations du rapport
Bélanger, c'était le but de mon intervention, tout à
l'heure, je spécifiais qu'il semblait à mon sens idéal que
l'on inclue la recommandation du rapport Bélanger. « ... un
impôt foncier provincial devrait être prélevé sur les
biens-fonds des entreprises situées près d'une ou de plusieurs
municipalités, mais en dehors des limites municipales, afin d'en verser
le revenu à cette ou ces municipalités ».
On en parle ici; c'est l'annexion. Théoriquement, on a
demandé l'annexion. En fait, où s'arrêtera-t-on, si on
permet l'annexion à dix-neuf milles et que, dans trois ans, une autre
compagnie d'aluminium dont les résidants seront de Sept-Iles s'intalle
à quarante milles de Sept-Iles? Il faudrait profiter de cette
loi-là pour que le problème soit réglé une fois
pour toute, qu'un comité soit constitué. Je pense qu'il serait
facile d'insérer un paragraphe qui décrirait la situation et qui
permettrait aux municipalités d'espérer un règlement dans
un avenir rapproché. C'est un problème qui est soulevé
depuis nombre d'années, qui cause des ennuis considérables aux
gens qui veulent préparer un budget pour une municipalité.
M. LUSSIER: Le cas de la ville de Wabush est très particulier et
la charte de la ville de Sept-Iles a été amendée de telle
sorte que l'annexion puisse se faire. Mais ce n'est pas une annexion
forcée.
M. COITEUX: Wabush n'est pas une municipalité. Wabush est
l'endroit qu'on appelle la Pointe-Noire, où les installations
minières de bouletage sont établies, et où les
employés demeurent à Sept-Iles. C'est le même cas pour
Chibougamau, où les compagnies minières ont leurs grosses
installations en dehors de la ville. Le problème a été
soulevé en 1963, 1964, 1965. Lors de la présentation
récente d'un bill privé de la ville de Sept-Iles, on nous avait
promis que la recommandation du rapport Bélanger à la page 319
serait mise en vigueur.
M. LESAGE: Wabush est une place située dans Terre-Neuve. Le
député parle de Wabush Mines Corporation, qui est établie
à Pointe-Noire.
M. LUSSIER: D'accord. Wabush Mines, c'est ce que je veux dire»
C'est que la charte de Sept-Iles a été amendée de telle
façon...
M. LESAGE: ... une usine de bouletage.
M. LUSSIER: ... qu'elle puisse annexer le territoire de Wabush Mines,
non contre son gré, mais avec son consentement.
M. LESAGE: Avec le gré de qui?
M. COITEUX: Est-ce que le ministre...
M. LUSSIER: Les propriétaires du territoire.
M. COITEUX: ... déclare publiquement que la charte de la
municipalité de la ville de Sept-Iles sera amendée de telle sorte
que la ville de Sept-Iles puisse annexer le territoire de Pointe-Noire, avec
entente préalable avec la compagnie Wabush Mines? Est-ce que c'est
exact? Ai-je bien compris l'expression du ministre?
M. LUSSIER: Oui, on me dit qu'elle a eu ce privilège
l'année dernière.
M. LAPORTE: A la dernière session? UNE VOIX: Ah non!
M. COITEUX: Certainement pas l'année dernière, parce que,
l'année dernière, l'ancien premier ministre de regrettée
mémoire, M. Johnson, avait dit: Cela va être réglé
en même temps qu'on va reviser la Loi des cités et villes.
D'ailleurs, le gouvernement qui vous a précédé a permis
à la Commission scolaire de Sept-Iles de taxer les installations de
Wabush Mines à Pointe-Noire sur la même base d'évaluation
que les résidants de Sept-Iles, étant donné que les
enfants viennent dans nos écoles. Comme je le disais tantôt, je
conçois que le taux de taxation ne sera peut-être pas le
même qu'à la Wabush Mines, qui est à dix-neuf milles de
Sept-Iles que celui d'Iron Ore qui fait partie intégrante du territoire
septilien, parce qu'il n'a pas d'aqueduc et pour différentes autres
raisons.
L'on proposait dans le rapport Bélanger que la taxe basée
après entente par un comité bipartite soit perçue par le
gouvernement et redistribuée par péréquation suivant le
nombre de personnes habitant dans telle ou telle municipalité.
Actuellement, il y a peut-être dix familles qui demeurent à Clark
City. Cela a tendance à accroître. D'autres demeurent à
Sainte-Marguerite, quelques-unes à Port-Cartier, mais la plupart des
employés de Wabush Mines, c'est-à-dire de Pointe-Noire, demeurent
à Sept-Iles.
Le ministre devrait prendre cinq minutes ce soir pour lire deux
paragraphes de la page 319 du rapport Bélanger qui a été
écrit spécifiquement pour régler ces cas qui causent
infiniment de problèmes. C'est réglé pour la question
scolaire, mais je voudrais que le ministre profite de ce bill 285 pour
régler aussi la question municipale. C'est un problème qui nous
affecte depuis de nombreuses années. Il n'est pas question d'annexer le
territoire si l'on ne veut pas, si l'on prétend que les distances sont
trop grandes, c'est de trouver un moyen terme par lequel le gouvernement
pourrait percevoir lui-même les taxes. Les modalités, je m'en fous
pourvu que le principe soit admis.
M. CLICHE: J'espère que le ministre comprend bien que la
proposition que l'on émet est à l'effet que, soit que le
gouvernement intervienne par une taxation directe de ces corporations, de ces
biens-fonds situés en dehors des municipalités en des territoires
non organisés évidemment, soit que l'Etat le fasse lui-même
par une taxe qu'il imposerait selon la suggestion du rapport Bélanger,
ou lorsque l'on amendera la Loi des cités et villes. Que l'on accorde
à une ville le droit d'annexer le territoire sur lequel est
installée la corporation ou l'organisation que l'on veut taxer et qui
devrait rapporter des taxes à la municipalité, qui normalement
devrait faire partie du territoire de la municipalité.
Je dis ceci au ministre: Ce que nous exposons, le député
de Duplessis et moi-même, ne s'applique pas dans la partie sud de la
province parce que tout le territoire y est organisé. Si une compagnie,
une usine quelconque s'installe, nécessairement elle fait partie d'une
municipalité. Mais lorsqu'elle s'installe dans les régions du
nord, soit dans mon comté ou dans le comté de Duplessis ou dans
différents autres comtés au nord, ces installations peuvent
être faites dans des territoires qui ne sont pas organisés.
Et ces corporations ne payent pas les taxes qu'elles devraient payer et
qu'elles paieraient si elles étaient installées dans d'autres
provinces. Alors l'Etat peut les rejoindre et leur faire payer ce qu'elles
doivent payer, en donnant à la ville le droit d'annexer le territoire
sur lequel les usines sont installées. Ou bien, que l'Etat intervienne
lui-même en imposant une taxe directe, selon la suggestion du rapport
Bélanger.
Je pense que la suggestion la plus pratique, c'est d'amender la Loi des
cités et villes pour permettre à une ville, à certaines
conditions comme la permission du lieutenant-gouverneur en conseil, si le
ministre prétend que cette con-dition-là devrait être
imposée. On devrait y mettre des conditions sérieuses, mais on
devrait permettre à ces villes nouvelles qui ont besoin de revenus d'y
adjoindre les territoires avec droit d'imposition au même titre que les
autres biens-fonds dans la même municipalité.
Alors ce problème a été présenté,
notamment lorsque la ville de Chibougamau a dû, par un bill
spécial, demander à la Législature le droit d'imposer les
biens-fonds d'une ou de plusieurs compagnies minières situées en
dehors du territoire de sa municipalité. Il a fallu que la ville vienne
dépenser une somme assez élevée pour présenter un
bill spécial afin d'obtenir ce droit. On ne l'a pas eu, le droit. On a
convenu à la fin que les deux parties devaient s'entendre, et
effectivement il y a eu entente.
Mais l'entente ne rapporte sûrement pas ce qu'elle devrait
rapporter. A tout événement, c'est une suggestion, c'est une
demande que je fais au ministre de bien vouloir considérer cette
situation et d'y apporter une solution.
M. LUSSIER: Nous considérerons certainement la situation, mais
nous ne sommes pas prêts à faire d'annexion forcée.
M. CLICHE: Etes-vous ou n'êtes vous pas en faveur de
ça?
M. BOURASSA: Que pense le ministre de ça?
Ce problème a été étudié. Le ministre
a-t-il pris une décision?
M. LUSSIER: Pardon?
Vous parlez du rapport Bélanger. Si nous tombons dans
l'étude et les opinions du rapport Bélanger...
M. BOURASSA: Non, non, c'est un problème concret qui a
été soulevé par l'ancien ministre.
M. LUSSIER: Nous sommes à l'étude article par article, et
nous allons nous en tenir à ça pour ne pas prolonger le
débat.
M. CLICHE: II est question d'annexion de territoire. C'est une
procédure d'annexion que l'on décrit à l'article que nous
étudions présentement.
Je présente un problème d'annexion, un problème qui
existe. Je demande au ministre de corriger cette situation-là. D'y
apporter un remède. Qu'elle est sa réponse?
M. LUSSIER: Si vous parlez d'annexion, vous savez que nous avons une
politique bien établie, c'est que nous sommes contre les fusions
forcées...
M. CLICHE: II n'est aucunement question de fusion.
M. LAPORTE: M. le Président,...
M. LUSSIER: ... ou les annexions forcées.
M. LAPORTE: ... le ministre est contre les annexions forcées?
Quand nous étudions le dossier des annexions, nous nous apercevons qu'il
est contre les annexions tout court! Puisque depuis qu'il a l'honneur...
M. LUSSIER: Cela est faux, complètement faux.
M. LAPORTE: ... d'administrer les affaires des municipalités,
c'est la stagnation complète dans ce domaine. Mais ce n'est pas ce que
nous discutons. Nous aurons l'occasion d'y revenir.
Il se pose actuellement un problème. Des citoyens qui
reçoivent chez eux la presque totalité des employés d'une
compagnie qui n'est pas située dans la municipalité sont
obligés de se taxer davantage pour organiser des services qui profitent
à une compagnie qui, parce qu'elle est située dans un territoire
non-organisé, ne paie pas de taxes.
Je pose deux questions au ministre. Est-il au courant de ce
problème? Deuxièmement, entend-il, à la suite des
études qui ont été faites, prendre des dispositions pour y
mettre bon ordre, justement pour que l'adage que j'ai utilisé cet
après midi, que chacun ne fasse que sa part, mais fasse toute sa part,
puisse se réaliser? Pendant combien de temps encore, les citoyens de
Sept-Iles seront-ils obligés d'avoir la double taxation, en fait, pour
servir les fins d'une compagnie qui est installée dans un territoire
non-organisé?
M. DOZOIS: M. le Président, je pense que relativement à ce
problème de Sept-Iles, qui est soulevé par le
député de Duplessis, de même que par le
député de Chambly, l'on doit se rappeler qu'il y a eu deux bills
de la ville de Sept-Iles, qui a demandé précisément cette
annexion de la Wabush Mines, située à Pointe-Noire ou
Terre-Noire, je ne me rappelle plus.
M. COITEUX: A Pointe-Noire.
M. DOZOIS: Pointe-Noire. Le premier bill a été
présenté, de mémoire, vers les années 63/64.
M. COITEUX: Au début.
M. DOZOIS: Et c'est le gouvernement libéral du temps qui a
refusé catégoriquement cette demande du conseil de la ville de
Sept-Iles. La ville de Sept-Hes est de nouveau revenue à la charge en
1967, et c'est pourquoi on retrouve à la page 645 des Statuts de 66/67,
une disposition qui permettait à la ville de Sept-Iles de donner suite
à sa demande, sauf qu'à ma connaissance, la ville de Sept-Iles
n'a jamais adopté la résolution qu'elle était en droit
d'adopter, et le lieutenant-gouverneur en conseil n'a été saisi
d'aucune résolution de la ville de Sept-Iles.
Or, il y a là un mécanisme qui est prévu, que
Sept-Iles aurait pu utiliser. Pourquoi ne l'a-t-elle pas utilisé? Je
l'ignore. Mais le mécanisme est là, et lorsque la ville de
Sept-Iles présentera une résolution, comme le prévoit
cette loi, le lieutenant-gouverneur prendra connaissance de la
résolution et y donnera suite, s'il y a lieu.
M. COITEUX: M. le Président, je voudrais tout de même faire
une mise au point.
J'étais présent lorsque le bill de Sept-Iles a
été présenté, une première fois, en 1963.
Que l'ancien ministre des Affaires municipales se rappelle bien ceci: lorsque
le bill de Sept-Iles a été présenté pour une
première fois, c'était au début et on avait posé
différentes questions...
M. DOZOIS: Au début de quoi?
M. COITEUX: Au début des opérations de Wabush Mines qui
commençait à peine à bâtir son usine de bouletage.
Je crois, M. le Président, que je suis bien au courant des choses qui se
passent chez nous. Je ne prétendrai pas dire comment il y a de tabagies
dans le comté de Saint-Jacques, mais, pour la question de Pointe-Noire,
que l'ancien ministre des Affaires municipales ne mette pas en doute ma
parole.
Je lui dis que c'était au début et ç'a
été l'argument principal pour lequel ç'a été
refusé. On n'a pas refusé catégoriquement; on a dit ceci
aux représentants de Sept-Iles: Votre demande d'annexion, à ce
moment-ci au départ vous ne savez pas combien il y aura de
familles, ou d'employés est prématurée.
M. DOZOIS: En quelle année?
M. COITEUX: En 1963. Alors, c'est ce qu'on a répondu. Ils sont
revenus à la charge, l'année dernière ou il y a deux ans,
utilisant une nouvelle porte de sortie. Si on refuse l'annexion, on permettra
au moins l'application, de la suggestion du rapport Bélanger, à
la page 319. Il y a deux solutions possibles. L'annexion, si on trouve des
arguments contre techniquement, qu'on la refuse.
M. DOZOIS: Il y a un mécanisme qui est prévu là.
J'ignore pourquoi la ville de Sept-Iles ne l'a pas utilisé.
M. COITEUX: Elle a demandé l'annexion lors de la
présentation de son dernier bill. Maintenant, je ne suis pas avocat, je
ne sais pas si on a fait des procédures, mais l'annexion en tant que
telle a été refusée catégoriquement cette
fois...
M. DOZOIS: Oui.
M. COITEUX: ... parce que, à ce moment-là...
M. DOZOIS: C'est ça qui a été voté par les
Chambres.
M. COITEUX: ... M. Johnson, l'ancien premier ministre, leur a dit ceci:
Inutile de penser à l'annexion, vous êtes trop loin. L'argument
qu'il invoquait dans le temps, je m'en rappelle très bien: Si, demain,
une autre compagnie étant donné que c'est en territoire
non organisé, qu'il n'y a pas de ville organisée vient
s'installer disons à trente milles de Sept-Iles, vous allez
procéder encore par annexion. A ce moment-là, l'ancien premier
ministre s'est ser-
vi de l'argument suivant; il a dit: Etant donné que l'annexion
peut conduire à des abus, on va se prévaloir de la recommandation
de la commission Bélanger, à la page 319 et, lors de la revision
de la Loi des cités et villes, le problème sera
réglé en créant un comité bipartite ou tripartite
où sera présent le gouvernement qui décidera d'un montant
de taxe fixe qui sera perçue par lui et redistribué par
péréquation. C'est la deuxième solution. A ce
moment-là, si on refuse l'annexion, je crois que c'est le temps d'en
discuter et qu'on nous dise au moins de quelle formule on se servira.
Nous de Sept-Iles, verrons-nous notre population s'augmenter
jusqu'à 50,000, avec lespré-visions industrielles qu'on a, et ces
gens-là profiter du fait qu'ils ne sont pas dans les limites
territoriales de la ville, pour aller placer leurs gros investissements
à 7, 8, 10 ou 15 milles de Sept-Iles? Nous de Sept-Iles, serons-nous
obligés de construire des rues, de construire des aqueducs, de voir aux
ordures ménagères, à la protection contre le feu, et
à la police pour des gens qui, en définitive, de par leur
travail, créeront des profits à cette compagnie-là? Cela
me semble être une situation absolument injuste.
M. DOZOIS: M. le Président, je pense que, si on regarde le texte
qui a été adopté au mois de juillet 1967, on doit
considérer que la ville de Sept-Iles ne pouvait pas procéder pour
annexer le territoire qu'elle convoitait en vertu des articles que l'on
retrouve à la Loi des cités et villes, puisque c'est un
territoire non organisé. Il ne pouvait pas y avoir de règlement
accepté par le conseil de ville de Pointe-Noire; il n'y a pas de conseil
de ville.
C'est pour cela qu'il était difficile pour le comité des
bills privés de déterminer purement et simplement que la ville de
Sept-Iles annexait ce territoire. Du fait qu'il est éloigné de 18
milles, il arrive que, par des organisations industrielles semblables, ces gens
ont leur propre service de police et peut-être, leurs propres services de
pompiers, d'aqueduc et d'égouts.
Ce ne sont pas les services que fournirait la ville de Sept-Iles. C'est
pour cela que nous avons mis une disposition dans laquelle nous disons:
«Passez une résolution, présentez-la au
lieutenant-gouverneur. Et, après avoir négocié avec la
compagnie pour tenir compte de tous ces faits...
M. LAPORTE: Négocié quoi?
M. DOZOIS: Négocié précisément à
quelle condition cette partie du territoire fera partie, à l'avenir, de
la ville de Sept-Iles, étant donné qu'ils ont peut-être
leur propre service de pom- piers, leur propre service d'aqueduc ou
d'égouts et leur propre service de police. Il faut être juste dans
ces tractations. Il ne faut quand même pas, si on annexe cette
partie-là, qu'on fasse payer les mêmes services qui sont
donnés dans l'autre partie, l'ancienne partie de la ville, et qu'on ne
tienne pas compte, dans leur taux de taxe, du fait qu'ils se fournissent
eux-mêmes ces services. C'est la raison pour laquelle nous avons dit:
Entendez-vous avec ces gens. Vous nous présenterez une résolution
qui énumérera les conditions. Si le lieutenant-gouverneur en en
conseil juge que c'est raisonnable, que c'est équitable pour la ville de
Sept-Iles ou pour la compagnie, nous ratifierons la résolution.
M. COITEUX: M. le Président, voici...
M. DOZOIS: D'ailleurs, dans toute annexion c'est la
procédure habituelle quand une municipalité adopte un
règlement d'annexion, elle doit énumérer les conditions de
l'annexion, soit après entente mutuelle, en vertu de la Loi des fusions
volontaires qu'avait fait adopter l'ancien ministre. Il appartient au
lieutenant-gouverneur en conseil de changer les conditions, s'il le juge
à propos. C'est l'économie de ces lois-là. Cela est fait
dans le même but, que cette résolution devait être
présentée par le conseil, être votée par les
électeurs-propriétaires de Sept-Iles. En veulent-ils ou n'en
veulent-ils pas de ce territoire? Après qu'ils l'auraient
approuvée, le lieutenant-gouverneur ratifierait la résolution.
C'est un mécanisme qui a été donné à la
ville de Sept-Iles. On ne s'en est pas servi encore, du moins pas à
notre connaissance.
M. COITEUX: M. le Président, je regrette infiniment. Il y a eu
référendum à ce sujet-là avant la
présentation du dernier bill; je vérifierai. Le ministre disait
que ces compagnies-là ont leur propre aqueduc, je peux informer le
ministre de ceci: La compagnie Iron Ore, qui paie 100% de ses taxes, qui est
dans le territoire de la ville de Sept-Iles, a sa propre police, son propre
aqueduc, sa propre installation de protection-incendie; elle a tous ses
services privés et ne s'oppose pas à payer les taxes dans la
ville de Sept-Iles.
M. DOZOIS: Cela peut faire partie des conditions que l'on
présente dans la résolution.
M. COITEUX: Ce que l'on veut, ce n'est pas créer des injustices
à l'égard des industries. On veut que le gouvernement donne
à la ville de Sept-Iles les instruments par lesquels, nous, les
citoyens...
M. DOZOIS: La ville de Sept-Iles l'a l'instrument, qu'elle s'en
serve.
M. COITEUX: Parfait. Je vais certainement...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. DOZOIS: Cela a été adopté pour cela.
M. CLICHE: Mais, l'argumentation du député de
Saint-Jacques ne répond pas, à mon point de vue, aux situations
qui sont créées par le fait que des installations sont faites en
territoire non organisé, en dehors des territoires de
municipalités comme Chibougamau, Matagami, Cha-pais, etc. Cela arrive
dans notre région. Alors, je voudrais que les villes en question aient,
lors de chambardements semblables à celui qu'apporte le bill 285, le
pouvoir d'annexer, à certaines conditions qu'imposera le
lieutenant-gouverneur en conseil, ou qu'exigera le lieutenant-gouverneur en
conseil. Mais, on devrait quand même donner un mécanisme qui
permettrait à ces municipalités-là d'évaluer et
d'imposer à leur juste valeur ces usines, ces corporations.
Autrement, on les force à prendre des ententes qui ne
répondent pas à la situation, et qui, certainement, privent une
municipalité de revenus auxquels elle aurait droit.
M. LUSSIER! Au début de la discussion, je vous avais
mentionné qu'un projet de loi était en préparation et qui
servirait à résoudre les cas dont vous venez de faire mention. Il
y a une autre loi.
M. LAPORTE: Ne me dites pas qu'il y a une autre loi en
préparation?
M. CLICHE: Une loi qui amendera la Loi des cités et villes pour
donner des pouvoirs nouveaux aux municipalités dans ce
sens-là?
Est-ce le projet de loi que le ministre a à l'idée?
M. LUSSIER: Dans le temps, vous verrez quelle législation nous
apporterons à ce sujet.
M. LAPORTE: Pour le moment, c'est la seule réponse à nos
questions!
M. LUSSIER: Pardon?
M. LAPORTE: Chaque fois qu'on va soulever un problème, va-t-on
nous dire: II y a un projet de loi, c'est à l'étude, nos
fonctionnaires étudient ça? Vous avez des comités
d'experts...
M. LUSSIER: Non, non, on est aussi sérieux que l'honorable
député de Chambly.
M. LAPORTE: M. le Président, la différence fondamentale
qu'il y a entre l'attitude que nous avons prise à l'endroit de Sept-Iles
et des autres municipalités qui sont dans le même cas, c'est que,
quand le problème de Sept-Iles nous a été soumis en
1963,...
M. MURRAY: Vous n'étiez pas ministre.
M. LAPORTE: Ah, ce qu'il est fin, celui-là. Allez donc
régler vos problèmes chez vous. Vous allez perdre votre
dépôt à la prochaine élection, et tout le monde sera
content, y compris vos propres collègues.
M. MURRAY; Vous viendrez vous présenter contre moi, puis ils vont
m'élire. Je vais vous passer le savon, moi. Vous viendrez vous
présenter dans Terrebonne, je vais vous savonner.
M. LAPORTE: Cela ne sera même pas nécessaire. Un petit
candidat sera bien assez pour vous battre.
M. MURRAY: Vous viendrez. Vous viendrez. M. LAPORTE: M. le
Président...
M. MURRAY: Cela m'a l'air qu'il serait à l'aise, si
j'étais là. On vous parlera d'annexion forcée, puis
d'ordonnances, à coup de millions, que vous avez faites comme ministre,
dans le comté de Terrebonne.
M. LAPORTE: On parlera de tout ça, et vous allez vous faire
mettre vos propres vérités sur le nez. En...
M. MURRAY: Vous viendrez nous voir.
M. LAPORTE: ... parce que ça ne sera pas toujours possible
d'affirmer des choses en l'air, comme vous le faites, sans jamais rien prouver.
Tâchez de faire votre petit...
M. MURRAY: S'il y a des gens qui déclarent des choses en l'air,
c'est vous autres. Vous ne comprenez rien.
M. LAPORTE: Qui l'a réveillé comme ça? Avez-vous
soupé ici?
M. MURRAY: Non, non, je suis bien réveillé; ça fait
longtemps, à part ça. C'est en 1960
que je me suis laissé endormir par vous autres, mais je suis
réveillé depuis six ans. Cela va?
M. LAPORTE; M. le Président,... M. CHOQUETTE: Le réveil
brutal.
M. MURRAY: Oui, oui, ne vous inquiétez pas. Ne vous
inquiétez pas.
M. LAPORTE: M. le Président, depuis la fin de la grève de
la Régie des alcools, c'est la première cruche qui se
débouche!
M. MURRAY: Ne vous inquiétez pas, je suis bien à jeun.
D'ailleurs, je me suis débouché l'autre jour, quand je l'ai
bouché, celui-là. Il a voulu parler de patronage. Je me suis
débouché bien avant ça.
M. LAPORTE: Est-ce qu'on peut revenir au bill, M. le Président?
Je suis prêt à continuer sur ce ton-là encore un bout de
temps, mais ça n'avance pas la discussion.
M. le Président, sur le problème des annexions, je crois
que le ministre devrait voir assez rapidement, la différence qu'il y a
entre 1963 et aujourd'hui. C'est qu'en 1963, et j'ai ici un document clair qui
l'établit et qui avait été préparé par le
ministère des Affaires municipales à ma demande, nous avons dit
à Sept-Iles: Attendons les conclusions de la commission Bélanger
sur la taxation. Or, en décembre 1965, la commission Bélanger
nous a apporté un rapport et, à la page 319, on dit qu'un
impôt foncier provincial devrait être levé sur les biens
fonds des entreprises situées près d'une ou plusieurs
municipalités, mais en dehors des limites municipales, afin d'en verser
le revenu à cette ou ces municipalités.
Depuis, la ville de Sept-Iles est revenue, et nous croyions qu'ayant en
main les conclusions du rapport Bélanger, il aurait été
possible de régler le problème. J'espère que le ministre
nous apportera assez rapidement une solution.
L'autre problème à l'article 14 de ce que nous
étudions, le nouvel article 36, et le nouvel article 37
prévoient, je crois, une procédure nouvelle quant à
l'annexion de parties de territoire. Je demande au ministre en vertu de quoi et
pour répondre à quel principe il déclare, à
l'article 36, que vingt personnes intéressées ou au moins le
quart d'entre elles si leur nombre est inférieur à vingt se
présentent et demandent que le règlement soit soumis pour
approbation par voie de scrutin à toutes les personnes
intéressées, le secrétaire-trésorier ou le greffier
doit fixer sur-le-champ le jour du vote.
Est-ce que je dois comprendre que s'il vient 20 personnes, ça
prend 20 votes, mais que si elles ne sont que quatre personnes
intéressées, et que si une d'entre elles demande qu'il y ait un
scrutin, on devra tenir un scrutin? Est-ce que j'interprète mal
l'article ou si c'est ça que ça veut dire?
M. LUSSIER: C'est ça que ça veut dire, monsieur le
député.
M. LAPORTE: Vous voulez dire qu'une seule personne, dans une
municipalité, pourra demander un scrutin?
M. LUSSIER: Si elles sont quatre.
M. LAPORTE: Oui, oui, s'ils sont quatre. S'il n'y en a qu'une
évidemment, vous ne la couperez pas en quatre pour qu'elle puisse
demander un scrutin. Je comprends ça.
Mais, M. le Président, en vertu de quel principe une seule
personne dans une municipalité pourrait-elle demander un scrutin sur une
chose comme celle-là? Cela répond à quel principe
démocratique?
M. LUSSIER: Le scrutin va être demandé, mais ça va
être un scrutin pour quatre personnes, et la définition des
personnes intéressées se trouve à l'article 38.
M. LAPORTE: Cela va être un scrutin pour quatre personnes?
Est-ce que le ministre nous affirme que seulement les quatre personnes
qui vont demander le scrutin vont voter?
M. DOZOIS: Bien non! bien nonl
M. LAPORTE: Je regrette. Le ministre me dit: Cela va être un
scrutin pour quatre personnes.
M. LUSSIER: La définition des personnes
intéressées...
M. LAPORTE: Oui, c'est dit plus loin. M. LUSSIER: ... est à
l'article 38. M. LAPORTE: Bon.
M. LUSSIER: Alors là, vous avez la réponse à votre
question.
M. LAPORTE: Nous allons nous comprendre facilement, clairement. On veut
annexer un ter-
ritoire où il y a 25,000 personnes. A l'assemblée qui est
convoquée par le greffier, quatre personnes se présentent. Sur
les quatre personnes qui se présentent, il y en a une qui demande un
scrutin et on va imposer le scrutin aux 25,000 personnes. Enfin, j'imagine que
j'interprète mal l'article. J'aimerais que le ministre
m'éclaire.
M. LUSSIER: Dans le dernier cas que vous citez, il faut vingt personnes
intéressées.
M. LAPORTE: En vertu de quoi? Je lis: « A l'heure fixée
dans l'avis de convocation, le secrétaire-trésorier ou le
greffier de la municipalité où se trouve le territoire dont
l'annexion est projetée, en présence du maire, du maire
suppléant ou, en leur absence, d'un conseiller de cette
municipalité, lit le règlement aux personnes présentes. Si
dans les deux heures qui suivent l'heure fixée dans l'avis de
convocation, vingt personnes intéressées, ou au moins le quart
d'entre elles, si leur nombre est inférieur à vingt, se
présentent et demandent que le règlement soit soumis pour
approbation par voie de scrutin à toutes les personnes
intéressées, le secrétaire-trésorier ou le greffier
devra fixer sur-le-champ le jour du vote. » Comment dois-je
interpréter ça?
M. LUSSIER: Si dans un territoire où une municipalité veut
annexer une autre municipalité, il y a moins de vingt personnes à
l'intérieur de ce territoire, c'est le quart...
M. LAPORTE: Ce n'est pas ça que ça dit.
M. LUSSIER: Oui, c'est ça que ça dit. La
phraséologie peut être changée si vous pensez que ce n'est
pas assez clair.
M. LAPORTE: C'est bien. Il faut que vingt personnes
intéressées...
M. LUSSIER: S'il y a moins de vingt personnes.
M. LAPORTE: S'il y a moins de vingt personnes intéressées,
dans le sens de la loi, c'est le quart d'entre elles. D'accord.
M. DOZOIS: S'il y en a plus de vingt, ça en prend au moins
vingt.
M. LAPORTE: Très bien. Est-ce que c'est au même
article?
M. SEGUIN: C'est au même article.
M. LUSSIER: On peut biffer les mots « d'entre elles » pour
les remplacer par «les personnes intéressées ».
M. LAPORTE: Ceux qui liront cela seront plus intelligents que moi, ils
comprendront.
M. SEGUIN: A l'article 14, section 38...
M. LAPORTE: Excusez-moi, je vais parler de 37 avant. A l'article 37,
c'est du droit nouveau également.
M. LUSSIER: Pardon?
M. LAPORTE: Au haut de la page 8, je pense.
M. SEGUIN: Je n'ai pas le même texte.
M. LAPORTE: « Si le conseil de la municipalité où se
trouve le territoire dont l'annexion est projetée désapprouve le
règlement ou ne se prononce pas sur le règlement dans les 30
jours de la date à laquelle le greffier ou le
secrétaire-trésorier l'a reçu, le conseil de la
municipalité qui désire l'annexion peut tenir le règlement
pour approuvé comme s'il l'avait été conformément
aux articles 35 et 36, si demande lui en est faite par une requête
signée par les deux-tiers de toutes les personnes
intéressées. » Il y a une requête qui s'en va
à la municipalité A, venant de la municipalité B.
La municipalité A néglige ou refuse dans les trente jours
ou d'approuver ou de désapprouver le règlement. A ce
moment-là, la municipalité B ou n'importe quel individu peut
faire signer une requête et si elle est signée par les deux tiers
de toutes les personnes intéressées, le règlement est tenu
pour approuvé. Est-ce que j'Interprète bien cet article?
M. LUSSIER: C'est cela, c'est comme actuellement.
M. LAPORTE: C'est le cas actuellement. J'Inviterais le ministre...
M. LUSSIER: Les proportions ne sont pas les mêmes.
M. LAPORTE: Je ne parle pas des proportions, je parle du principe de la
requête. Disons que, dans notre droit municipal, l'une des choses qui
devraient, à mon avis, disparaître le plus rapidement possible,
c'est ce genre de requête quant aux annexions ou aux changements de
territoires. A mon avis, c'est probablement la procédure la plus
antidémocratique, la plus sujette
à des erreurs de toutes sortes, la plus soumise aux influences
les plus occultes et la moins convaincante que l'on puisse imaginer. Je dis la
plus antidémocratique parce que c'est probablement la façon la
plus facile pour des gens qui ont des intérêts particuliers
à défendre, la façon la plus facile d'exercer des
pressions sur des citoyens, parce qu'il n'y a personne quipeut vérifier
ce qui se dit de maison à maison, les arguments que l'on invoque, les
gestes que l'on pose pour amener le signataire à signer.
Je dis également que c'est la procédure la plus
contestée parce que, le ministre est certainement au courant, puisqu'il
exerce sa fonction depuis déjà plusieurs mois, qu'il arrive
très fréquemment que, relativement à la même
annexion de territoire, nous recevons au ministère des requêtes en
sens Inverse signées dans une proportion importante par les mêmes
personnes. Cela se produit à peu près comme ceci. Une personne
s'en va chez un voisin, un ami, une connaissance. Elle lui propose de signer
une requête en faveur de l'annexion. Cela serait une bonne chose,
dit-elle, les taxes vont diminuer, et le reste. La personne signe. Deux, trois,
quatre, cinq, dix, quinze, vingt autres signent. Le lendemain ou le
surlendemain, les adversaires de l'annexion se rendant compte que la
requête a été signée, vont revoiries mêmes
personnes pour leur dire: Tu me dis pas que tu as signé cela? Les taxes
vont monter, tu t'es fait attraper. Ah! ne me dis pas que c'est comme cela, je
vais signer l'autre requête. Et vous avez sur les documents qui
parviennent au ministère il y a un exemple très
récent qui est peut-être arrivé au ministre
où plus de 25% des signataires sur les deux requêtes pour et
contre l'annexion étaient les mêmes personnes.
Je trouve que le ministre devrait étudier très
sérieusement la possibilité de priver à l'avenir notre
droit municipal de ce système désuetpour le remplacer par une
chose qu'il prévoit, d'ailleurs.
Il devrait le remplacer par l'enquête ordonnée par la
Commission municipale de Québec qui, elle, pourrait après coup
faire des recommandations au ministre qui, à ce moment-là,
prendra ses responsabilités.
J'aimerais que, sur ce problème de la requête, le ministre
nous dise son avis et nous dise de quelle façon nos lois pourraient
être amendées afin que ce qui m'apparaît être une
anomalie disparaisse.
M. LUSSIER: Ce que l'honorable député de Chambly a
mentionné, ce sont des faits, ce sont des choses qui peuvent se passer.
Ce qu'il y a de nouveau dans ces amendements, c'est bien l'article 43 où
la Commission municipale de Québec doit, si le ministre des Affaires
municipales le requiert, tenir une enquête publique dans le but de
s'enquérir de l'opportunité de l'annexion projetée.
Cela, c'est nouveau, et la disposition de la requête, maintenant
que cette disposition existe, cela fait deux façons d'obtenir l'opinion
des gens: une qui est peut-être discutable, celle de la requête et,
à l'article 43, l'enquête de la Commission municipale, celle qui,
je crois bien, est supérieure. Nous avons deux dispositions au lieu
d'une, ce qui rend l'affaire meilleure.
M. LAPORTE: Je ne serais pas loin d'être d'accord avec le ministre
s'il acceptait de modifier l'article 43 pour aller aussi loin que nous sommes
allés dans le bill sur la fusion volontaire où les citoyens, avec
un nombre de demandes à être déterminé, pourraient,
eux, obtenir le droit d'une enquête par la Commission municipale. Ici,
c'est seulement le ministre qui peut l'ordonner. Si les citoyens qui sont
mécontents avaient le droit d'obtenir eux-mêmes l'enquête,
je serais à peu près satisfait, parce qu'il peut bien arriver que
la requête ait été signée de façon, je ne
dirai pas illégale, mais immorale, que des citoyens s'en soient rendu
compte, qu'ils s'adressent au ministre et qu'ils n'aient pas satisfaction.
Il faudrait qu'un nombre de citoyens prévu par la loi, comme dans
la Loi sur la fusion volontaire des municipalités, puissent obtenir
directement l'enquête par la Commission municipale.
M. DOZOIS: Je vous dirai, M. le Président, que dans la Loi de la
fusion volontaire, il n'y a pas d'enquêtes automatiques.
M. LAPORTE: Ah oui!
M. DOZOIS: Non, de mémoire...
M. LAPORTE: On va vérifier cela.
M. DOZOIS: Je pense que le député de Chambly fait mieux
d'être prudent dans ses affirmations. De mémoire, c'est toujours
à la discrétion du ministre. Si 10% des intéressés
demandent une enquête, le ministre peut en ordonner une.
Maintenant, il faut se rappeler, M. le Président, que l'article
42, qui existe présentement, prévoit que, si un conseil municipal
refuse de façon catégorique de se prononcer sur un
règlement d'annexion adopté par une municipalité qui ne
veut pas bouger, 75% des propriétaires de la partie de l'autre
municipalité qui est annexée
et 50% en valeur présentent la requête et
c'est comme si le règlement avait été adopté.
M. LAPORTE: Je suis d'accord. M. DOZOIS: Alors, on remplace...
M. LAPORTE: Qu'arrive-t-il si la moitié des... Je vais poser le
problème clairement. Dans Saint-n'importe-quoi, une requête est
signée. Il est presque prouvé légalement qu'il y a un
nombre important de bonshommes qui ont signé moyennant
considération. La Commission municipale ne pourrait-elle pas, à
ce moment-là, à la demande des intéressés faire une
enquête?
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président...
M. DOZOIS: Si le député de Montmorency me permet de
répondre à cette question.
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui.
M. DOZOIS: Je pense que, si le cas se présentait tel que le
dépeint le député de Chambly, ces gens avertiraient le
ministre que de telles choses se sont passées et le...
M. LAPORTE: Quelle sorte de choses?
M. DOZOIS: ... ministre demanderait précisément à
la Commission municipale de faire enquête. Même s'il y a
requête, il faut que le lieutenant-gouverneur en conseil se prononce et
approuve l'annexion. Alors, je pense que c'est un peu dans le même esprit
que la Loi de la fusion volontaire. Je ne sais pas si le député
de Chambly a vérifié.
M. LAPORTE: M. le Président, l'article 10 de la Loi de la fusion
volontaire des municipalités: « La commission doit tenir une
enquête publique si le ministre le requiert droits du ministre
ou si, dans une municipalité requérante, le nombre de
propriétaires qui se sont opposés à la fusion en la
manière et dans le délai prescrit est d'au moins 20, s'il s'agit
d'une municipalité où le nombre des propriétaires
inscrits, etc. »
Alors, dans la Loi de la fusion volontaire des municipalités,
vous avez le ministre qui a le droit d'ordonner une enquête et vous avez
les citoyens qui ont le droit d'obtenir une enquête. Si le ministre veut
aller aussi loin et compléter le droit des citoyens... Je l'ai entendu
à moult reprises, vanter avec émotion le droit inaliéna-
ble du citoyen; c'est l'occasion de reconnaître le droit des citoyens
d'avoir leur enquête quand ils sont en nombre suffisant.
M. DOZOIS: II faudrait peut-être définir qu'est-ce qu'une
municipalité requérante.
M. TREMBLAY (Montmorency): Le cas en définitive s'est
présenté. Vous avez eu l'exemple de la cité de
Québec qui a voulu annexer une partie du centre industriel de Vanier,
l'an passé, si vous vous souvenez.
Je prends par exemple une municipalité où il y a un parc
industriel qui représente peut-être quatre ou cinq
propriétaires plus un nombre de locataires, dix, douze, quinze ou vingt.
Le cas se présente actuellement en banlieue de Québec. Alors,
à ce moment-là, une municipalité convoitant enfin un
secteur qui semble bien organisé pourrait tout simplement intervenir et
puis, à l'aide de la signature du plus grand nombre des locataires et
des quelques propriétaires, obtenir enfin l'annexion de cette partie de
territoire parce que l'autre municipalité atout simplement
désapprouvé le règlement.
Alors, je pense que le règlement, la loi telle que faite
actuellement ou telle qu'exprimée peut amener des litiges pour l'avenir
en ce qui concerne les municipalités. Et le problème va
sûrement se présenter puisqu'il s'est déjà
présenté, je pense bien, dans le passe.
M. LUSSIER: Nous n'avons pas d'objection, mais uniquement lorsqu'il
s'agira du cas de l'article 37, c'est-à-dire du cas des
requêtes.
M. LAPORTE: Je suis d'accord.
M. LUSSIER: Et les légistes pourraient préparer...
M. LAPORTE: Pour l'article 47.
M. LUSSIER: ... cette rédaction et vous la présenter pour
ne pas retarder inutilement.
M. SEQUIN: L'article 14, article 38... M. LUSSIER: Pardon? M. LAPORTE:
Article 38.
M. SEGUIN: Dans cet article, on fait la définition des personnes
intéressées et puis on décrit cette personne comme
étant quelqu'un dont le nom serait inscrit sur le rôle
d'évaluation. Deuxièmement, que cette personne-là soit
majeure et ensuite on dit que cette personne-là doit
aussi être citoyen canadien. Je me demande par quel raisonnement,
on a voulu inclure ici cette citoyenneté canadienne parce qu'il ne
s'agit pas ici d'une liste électorale ni d'un référendum
d'emprunt, il s'agit tout simplement de permettre aux propriétaires
réels du sol ou de l'immeuble de se prononcer si, oui ou non, il veut
aller avec telle ou telle autre municipalité. Je pense que le fait
d'insister pour une citoyenneté ici dépasse un peu les intentions
de l'article.
M. LUSSIER: C'est un droit politique, ce n'est pas du droit nouveau,
c'est dans l'esprit de toutes les lois et la loi en général des
cités et villes ne fait pas exception à ça. C'est un droit
politique qui existe dans tous les pays.
M. SEGUIN: Oui, mais nous avons dépassé, je pense, dans un
cas qui est un cas d'annexion comme nous le suggérons ici, ce qu'on peut
appeler un droit politique.
C'est un droit réel. C'est un droit que la possession de
propriétés doit autoriser ou permettre. Il faut penser qu'il y a
beaucoup de terres, soit en culture, soit des secteurs ou des sections de
territoires, qui appartiennent à des gens qui ne sont pas des citoyens
canadiens. Ils doivent avoir le droit de se prononcer dans un
référendum ou un projet d'annexion. Après tout, c'est leur
bien qui est concerné.
D'accord, il faut qu'ils soient sur la liste, il faut aussi qu'ils
soient majeurs, tant mieux. Mais, d'un autre côté, je pense qu'on
place ici une restriction inutile sur ces personnes-là, à moins
que le ministre s'il veut insister sur la citoyenneté canadienne,
dans un cas comme celui-là permette un vote par procuration pour
les propriétaires de ces terrains-là. Eux, à ce
moment-là, pourraient mandater un citoyen canadien qui s'exprimerait
pour eux. De ce côté-là, je pense que vous posez des
barrières, que vous mettez une clôture qui empêche un peu le
propriétaire réel de se prononcer. Je pense qu'il y a
injustice.
M. LUSSIER: Vous savez qu'il y a un ministère de l'Immigration
qui vient d'être créé. Il ne s'agit pas de changer cela
ici. S'il y a quelque chose qui change, il faut que cela change à un
autre niveau que simplement un amendement à la Loi des cités et
villes. Le ministère de l'Immigration statuera certainement sur cette
question.
M. SEGUIN: Oui, mais encore ici, je ne vois pas pourquoi il faudrait
référer ce cas au ministère de l'Immigration.
M. DOZOIS: Au terme de la Loi des cités et villes et du code
municipal, il n'y a que les citoyens canadiens qui doivent voter, se prononcer
sur ces questions.
M. SEGUIN: Oui, je suis d'accord avec cela.
M. DOZOIS: Dans le moment, il y a d'abord le ministre
fédéral, qui a annoncé qu'on revisait toute cette question
de la citoyenneté canadienne. Nous-mêmes, nous avons
créé un ministère de l'Immigration. Le nouveau ministre a
été assermenté ce matin. Il y aura probablement une
recommandation de sa part pour changer cela. Je pense qu'on doit laisser
l'occasion au ministre de l'Immigration du Québec d'étudier cette
question et de nous faire des recommandations. C'est toute l'économie de
la loi qui est basée là dessus, que ceux qui se prononcent dans
le domaine municipal sont des Canadiens.
M. CHOQUETTE: Pourrais-je poser une question au ministre des Finances?
Quelle est la raison de cette qualité de la citoyenneté pour
voter au municipal? Pourquoi avoir ces exigences en rapport avec la
citoyenneté?
M. DOZOIS: Je pense que, depuis toujours, ceux qui peuvent voter aux
élections fédérales, provinciales et municipales sont des
citoyens canadiens.
M. CHOQUETTE: Oui, aux élections provinciales et
fédérales, nous savons que ce sont des citoyens canadiens. Mais,
je veux dire que sur le plan municipal, je ne vois pas en quoi la
sûreté de l'Etat peut être atteinte par le fait que ce
seraient des citoyens non canadiens qui voteraient.
Il y a même des lois municipales, je pense, dans d'autres
provinces où on ne requiert pas la citoyenneté.
M. DOZOIS: C'est une question que notre ministère de
l'Immigration étudiera et il pourra même nous faire des
recommandations.
M. CHOQUETTE: Peut-être le ministre pourrait-il nous donner sa
philosophie sur cette question-là, étant donné que dans le
projet qu'il présente, il requiert évidemment la
citoyenneté.
M. LAPORTE: Le ministre va finir par être cousu de diplômes
avec toutes ces études!
M. CHOQUETTE: Je veux dire que le ministre pourrait peut-être
expliquer à la Chambre pourquoi il exige la citoyenneté des
électeurs municipaux. C'est ça que j'aimerais savoir.
M. DOZOIS: Est-ce que le député d'Outremont pourrait nous
exposer sa philosophie? Pourquoi n'aurions-nous pas le droit?
M. CHOQUETTE: Bien, écoutez, puisque vous me posez la question...
Remarquez que je ne suis pas obligé de répondre aux
questions.
M. DOZOE: Mais moi non plus. Pas à celle-là.
M. CHOQUETTE: Oui, vous êtes obligé.
M. DOZOIS: Non pas à celle-là. Ce n'est pas moi qui
présente le bill.
M. CHOQUETTE : Bien, justement. Quand je parlais du ministre, je ne
parlais pas du ministre des Finances.
M. LAPORTE : Ah, ça, ce n'est pas mal.
M. CHOQUETTE: Non, non, écoutez. J'ai dialogué avec le
ministre des Finances parce qu'il est venu à la rescousse du ministre
des Affaires municipales, mais puisqu'il veut lui renvoyer la balle, je suis
prêt à continuer avec le ministre des Affaires municipales. Je
voudrais être éclairé par le ministre des Affaires
municipales pour savoir...
M. DOZOIS: Expliquez nous ça, votre philosophie.
M. CHOQUETTE: ... quelle était sa pensée sur cette
exigence de la citoyenneté quand dans d'autres lois municipales, dans
d'autres provinces, on ne requiert par la citoyenneté.
M. DOZOIS: Mais c'est une chose qui existe dans le moment. Est-ce que le
député d'Outremont pourrait nous donner de bonnes raisons pour
changer ce qui existe?
M. CHOQUETTE: Je pourrais vous donner une raison que je tire du discours
du ministre lors de sa présentation du projet de loi. Il a dit: Nous
essayons de réduire le plus possible les exigences au point de vue de la
qualification de l'électeur, et je trouve que c'était une assez
saine philosophie, une façon assez positive d'aborder le
problème. J'étais d'accord avec lui. Maintenant, c'est vrai qu'on
a laissé tomber beaucoup de choses. On a élargi en fait le droit
de vote, on a élargi le cens électoral...
M. DOZOIS: On ne prive pas un électeur, il n'est pas
électeur, lui.
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. DOZOIS: On ne prive pas un électeur, ce n'est pas un
électeur.
M. CHOQUETTE: Oui, mais je me demande pourquoi on a maintenu la
qualification de la citoyenneté? Je voudrais savoir, pas de la part du
ministre des Finances, mais de la part du ministre des Affaires
municipales...
M.LUSSIER: Vous n'êtes pas sérieux.
M. CHOQUETTE: Comment, je ne suis pas sérieux? C'est très
sérieux. C'est très sérieux.
M. DOZOIS: Bien là, vous nous faites de la peine.
M. SAUVAGE AU: Il est dix heures, M. le Président.
UNE VOIX: C'est bien la première fois. M. LAPORTE: J'admets
ça.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et demande la permission de siéger
à nouveau.
M. LEBEL (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance.
M. LAPORTE: Je crois comprendre que, demain, notre étude se
poursuivra devant le comité du code municipal...
M. DOZOIS: A deux heures trente.
M. LAPORTE: ... à deux heures trente, au comité des bills
privés du Conseil législatif, puisque le comité sur la
constitution doit théoriquement siéger demain matin et demain
après-midi ici en bas.
M. DOZOIS: Demain après-midi également?
M. LAPORTE: Théoriquement. Nous aviserons en temps et lieu. Je
m'excuse, je retire ces mots qui appartiennent au gouvernement Nous aviserons
demain.
M. DOZOIS: Le comité du code municipal à la salle des
comités de l'Assemblée législative, chambre 81-A, à
deux heures trente.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais signaler à
l'honorable ministre qu'il faut une motion pour référer le
bill au comité des affaires municipales.
M. LUSSIER: Je formule la motion pour référer en
comité.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. DOZOIS: Jeudi, onze heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à jeudi, onze heures.
M. LAPORTE: Vous me permettrez une seconde de réflexion? Je
voudrais proposer un changement, que le nom de M. Lavoie (Laval) soit
remplacé par celui de M. Choquette.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
UNE VOIX: Promotion.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à jeudi, onze heures.
(22 h 5)