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(Trois heures de l'après-midi)
M. PAUL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées.
M. BELLEMARE: M. le Président, qu'il me soit permis de faire
motion pour que le nom de l'honorable député de Bagot soit
ajouté au comité des régies gouvernementales à
caractère industriel et commercial, en remplacement du nom de
l'honorable député de Chicoutimi, Jean-Noël Tremblay.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Bill no 85
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Voirie propose la
première lecture d'une loi modifiant la Loi de la voirie et d'autres
dispositions législatives. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LAPORTE: Est-ce que le bill a été imprimé, M. le
Président?
M. JOHNSON: M. le Président, le bill sera distribué au
cours de la séance. Il s'agit tout simplement de transférer
à la compétence du ministre de la Voirie les pouvoirs
exercés par le ministre des Travaux publics relativement aux ponts. La
construction des ponts et leur -entretien, lorsqu'il y a lieu
évidemment, deviendront la responsabilité du ministre de la
Voirie plutôt que de celle du ministre des Travaux publics.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
Affaires du jour.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorion.
Question de privilège
M. François Aquin
M. AQUIN: M. le Président, je me lève sur une question de
privilège. Vendredi dernier, j'ai donné ma démission comme
membre du groupe parlementaire libéral et comme membre du parti
libéral. Je n'ai pu, en conscience, approuver la déclaration du
parti concernant le voyage du président de Gaulle sur la terre du
Québec. Le voyage du président, les propos qu'il a tenus, la
franchise avec laquelle il est allé au fond des choses constituent un
événement historique et un pas en avant dans l'accomplissement de
notre destin.
Après avoir connu l'occupation du conquérant, la tutelle
de l'étranger et les trahisons de l'intérieur, le peuple
québécois considère depuis quelques années que
l'Etat du Québec est l'instrument unique de son progrès. A cet
Etat québécois manque l'affirmation internationale, affirmation
aussi vitale pour un peuple que l'est pour un homme le besoin de communiquer
avec les autres. A cet Etat québécois manque la maturité
d'un statut constitutionnel propre qui lui donnerait tous les outils
nécessaires pour transformer sa situation dans le sens de l'humain et
dans le sens de la liberté.
Le général de Gaulle n'est pas venu ici nous dire quoi
penser ni quoi faire. Il est venu offrir l'appui de la France à la
marche de notre évolution nationale. Pourquoi refuser la main tendue?
Pourquoi brandir le mythe du Québec abandonné par la France,
mythe qui a été fabriqué pour masquer la francophobie de
nos notables et pour absoudre un conquérant qui pendant près d'un
siècle a empêché par la force toute communication avec la
mère patrie? Pourquoi chercher refuge dans le juridisme classique de
l'ingérence diplomatique? Pourquoi s'effrayer de la réaction des
forces qui veulent garder le Québec en servitude? Je suis de ceux qui
ont accepté la main tendue. Charles de Gaulle a compris les aspirations
profondes du peuple québécois désireux de
libération et d'affranchissement. Il a saisi le tréfonds du drame
vécu par nos compatriotes qui sont pauvres dans un pays riche, citoyens
de seconde classe dans leur propre cité, forcés de travailler
dans la langue des maîtres, étrangers sur le sol même de
leur patrie, déchirés entre ce qu'ils sont et ce qu'ils
voudraient être.
Au cri de « Vive le Québec libre! » c'est de
l'âme de tout un peuple opprimé et brimé qu'est
montée soudainement comme une réponse l'acclamation triomphale du
24 juillet. Il devenait exorcisé, ce mot de liberté, qu'avant
certains osaient à peine murmurer, ce mot de liberté qui
appartient pourtant a l'humanité, qui appartient aux nations, qui
appartient à l'homme.
Ce jour-là, le président a révélé le
Québec à beaucoup de Québécois et il a
révélé les Québécois au monde. La prise de
conscience de notre situation ne peut que coïncider avec celle de tous ces
autres peuples du tiers monde qui, eux aussi, marchent vers leur
réalité. Il en est des peuples comme des individus. C'est en
creusant leur propre liberté que peu à peu le chemin s'ouvre vers
les autres. Le président de Gaulle, en consolidant l'unité
culturelle de la francophonie,a plaidé depuis longtemps la cause d'un
nationalisme moderne, nationalisme progressiste, ouvert et pacifique qui
l'emportera un jour ou l'autre sur le nationalisme bourgeois, territorial et
guerrier des puissances colonisatrices. Cette cause, il l'a de nouveau
plaidêe sur toutes les routes du Québec. Et notre peuple, dont on
se plaît si souvent à nous dire qu'il est noyé dans une mer
de 200 millions d'anglophones, notre peuple s'est tenu debout. Il n'a pas
craint les remous, il n'a pas craint les ressacs.
Il a répondu avec enthousiasme au message de
décolonisation. Evidemment, pour ceux qui détruisent un peuple au
Vietnam et pour ceux qui les cautionnent dans le cadre de soi-disant accords
militaires, pour ceux qui tuent à Aden, et pour ceux qui les cautionnent
dans le cadre du Commonwealth pour ceux qui oppriment en Angola et pour ceux
qui les cautionnent dans le cadre de l'Otan, pour ceux que scandalise la
soi-disant ingérence d'une parole fraternelle mais qui
préfèrent l'envoi d'armées ou la livraison d'armes, la
présence même du général de Gaulle en
Amérique était un reproche vivant et ses paroles devenaient
inacceptables.
M. le Président, je voulais dire à mes collègues
comment j'ai vu, comment j'ai compris, comment j'ai senti au plus profond de
mon être les événements que nous avons vécus et qui
préfigurent de grandes choses pour notre destin au Québec et
notre destinée dans le monde. La prise de conscience du peuple, comme
peuple et comme peuple dans le monde, commande le respect de l'homme qui a
apporté ici l'étincelle. Elle commande aussi notre
solidarité à tous, bien au-dessus des frontières
partisanes autour du chef de l'Etat du Québec.
Celui-ci, vendredi dernier, a été, je le dis, égal
à la situation dramatique que nous vivons et il a agi comme un
véritable chef d'Etat.
Vous comprendrez qu'il m'était impossible dans l'optique de ce
que j'ai dit d'approuver la déclaration du parti de l'Opposition.
Reproche voilé mais direct au président de la République
française, attaque partisane contre le chef de l'Etat du Québec,
surenchère électorale, la déclaration dont je me suis
dissocié avait de plus l'effet de cautionner le geste du gouvernement
fédéral et de rassurer par le gel antidémocratique des
options constitutionnelles du parti, de rassurer la réaction
américaine et canadienne. La solidarité partisane,
l'efficacité dans un parti, le souci d'une carrière Individuelle
sont des objections qui ne tiennent pas lorsque dans l'histoire d'un homme se
pose la question fondamentale d'agir suivant tout ce qu'il est.
Je siège maintenant ici seul, libre de tous les partis mais
l'heure approche où chaque homme libre au Québec devra aller au
fond des choses et dire le fond de sa pensée. Jamais n'a
été aussi pressante l'oeuvre de la libération du
Québec, prisonnier d'une constitution tombée en
désuétude et qui tout en étant une entrave pour nous, est
devenue un tremplin pour le gouvernement du Canada. Abandonnons ces masques du
statu quo que sont le changement de la constitution canadienne et
l'évolutionnisme conservateur du statut particulier. Ce n'est pas en
points d'impôt que l'on bâtit le destin d'un peuple.
Par-delà les arguties et les juristes et les experts fiscaux, au plus
profond de lui-même, le Québec a choisi la liberté. La
liberté suppose que l'Etat du Québec possède en propre la
totalité des pouvoirs essentiels à transformer radicalement sa
situation économique, sociale et culturelle. Il y a plus d'un chemin
vers la liberté, mais si l'incompréhension des communautés
avec lesquelles nous sommes encore prêts à négocier
d'égal à égal ne nous laissait d'autre option, demain il
nous faudra choisir l'indépendance. Dans la construction de cette
liberté, les structures économiques et sociales devront changer,
devront se transformer l'homme québécois et la femme
québécoise qui deviendront collectivement responsables de notre
révolution dans la paix, dans la justice et dans l'amour.
M. le Président, j'ai voulu expliquer les raisons
particulières mais aussi les motifs généraux qui m'ont
amené à prendre une décision grave.
J'ai pensé au passé et au présent, mais surtout
à l'avenir, car la vérité est dans l'avenir. Dans 25 ans,
dans 50 ans, alors que depuis des décennies le Québec sera devenu
une patrie libre, alors que, par-delà les sociétés
colonisatrices révolues, il aura tendu la main aux autres territoires
libres d'Amérique, d'Asie, d'Afrique et d'Europe, alors qu'il fera le
poids de la megalopolis française sur le sol des Amériques, des
hommes et des femmes viendront dans cette enceinte et ils ne seront pas
intéressés par les débats partisans que nous y avons
tenus. A notre sujet, ils ne se poseront qu'une seule question: Est-ce que
c'étaientdes hommes libres? Vive le Québec libre! M. le
Président, je vous demande le privilège d'occuper un autre
fauteuil dans cette enceinte.
M. LE PRESIDENT: Ayant été prévenu delà
demande de l'honorable député de Dorion, j'ai fait les
consultations d'usage et il fut convenu et accepté que les honorables
députés d'Ahuntsic et de Dorion changeraient de siège.
L'honorable premier ministre.
Déclaration ministérielle M. Daniel
Johnson
M. JOHNSON: M. le Président, j'aurais une déclaration
ministérielle à faire. On comprendra qu'en qualité de chef
du gouvernement et de président du conseil des ministres, il nous
revenait de parler au nom du gouvernement et de faire le point quant à
ces circonstances que la province a vécues, circonstances historiques.
Sans commentaires envers qui que ce soit, mais tout simplement pour que
l'attitude du gouvernement soit consignée, je voudrais vous lire cette
déclaration ministérielle, puisque c'est la première
occasion qui m'est fournie de le faire devant les députés de
cette Chambre.
Le président de la République française, le
général Charles de Gaulle, a reçu de notre population un
accueil triomphal, sans précédent et sans équivoque. Le
gouvernement du Québec est heureux de l'avoir invité à
nous visiter et son passage chez nous restera inoubliable.
A l'occasion de cette visite, le général de Gaulle a pu
remarquer les progrès énormes que le Québec moderne a
accomplis. Percevant comme peu l'ont fait avant lui l'esprit qui anime ce
renouvellement, il a parlé d'affranchissement, de prise en main par le
Québec de ses destinées, de Québec libre. Il reprenait
ainsi, en des termes qui lui sont propres, des idées maintes fois
exprimées par les récents gouvernements du Québec. Il a
salué cette conviction, qui est de plus en plus celle du peuple
québécois, qu'il est libre de choisir sa destinée et que,
comme tous les peuples du monde, il possède le droit incontestable de
disposer de lui-même en déterminant librement son statut politique
et en assurant librement son développement économique, social et
culturel. Il a noté le fait indéniable que le Québec est
désormais engagé dans une évolution grâce à
laquelle démocratiquement il devient chaque jour davantage
lui-même.
Le Québec s'est réjoui de voir le président de la
République française s'appuyer sur les liens naturels qui
l'unissent à la France pour l'encourager dans cette tâche et
l'assurer de son appui. Courageux et lucide, le président de Gaulle a
été avec nous au fond des choses.
Le Québec n'en a pas été choqué.
Aussi nous faut-il déplorer amèrement que, sous la
pression d'éléments extrémistes, le gouvernement du Canada
se soit, pour sa part, cru obligé de faire une déclaration qui
forçait notre invitée à rentrer en France sans passer par
Ottawa. Quant à nous, nous n'oublierons jamais qu'en des mots qui
touchent le coeur de tous les Québécois, le président de
la République française a évoqué le problème
de l'identité distincte du Québec et son immense effort
d'affirmation.
Le Québec n'a jamais été une province comme les
autres. Ce fait élémentaire que d'aucuns, au Canada, trouvent
encore difficile à accepter, le monde entier maintenant le
connaît. On ne pourra bâtir le Canada de demain sans tenir compte
de notre situation particulière. On ne pourra non plus logiquement
s'opposer au développement de liens directs plus étroits entre le
Québec, la France et les autres pays francophones.
Le gouvernement du Québec poursuivra l'objectif fondamental qu'il
s'est fixé, l'adoption d'une nouvelle constitution qui consacre la
reconnaissance juridique et politique de la nation canadienne-française
et qui confie au Québec, compte tenu de l'interdépendance
caractéristique de notre époque, toutes les compétences
nécessaires à l'épanouissement de son identité.
Bien sûr, de telles réformes ne peuvent venir du jour au
lendemain, elles exigent beaucoup de réflexion et de nombreux
échanges de vue. C'est dans cet esprit que, dès janvier dernier,
le gouvernement du Québec a accueilli avec empressement l'annonce par le
premier ministre de l'Ontario d'une conférence qui permettra d'engager
les discussions nécessaires.
Le Québec vient de vivre des moments historiques. L'isolement
dans lequel il avait été plongé depuis deux siècles
est désormais chose du passé. Un lien vital qui s'était
graduellement rétabli depuis les accords franco-québécois
de 1965 vient d'être définitivement assuré. Des
perspectives nouvelles s'ouvrent à notre peuple. Perspectives que rend
possible son extraordinaire effort de persévérance et
d'épanouissement.
C'est cette réalité fondamentale que le
général de Gaulle a vue et qu'il a su exprimer avec
éloquence. Les Québécois doivent être à la
hauteur de la situation qui est la leur. Ils doivent redoubler leurs efforts
dans tous les domaines, être encore plus exigeants envers eux-mêmes
et ne pas craindre, en cette seconde moitié du vingtième
siècle, de manifester pleinement cet esprit d'entreprise et d'invention
qui, après leur avoir permis de survivre, facilitera leur
affirmation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. Pierre Laporte
M. LAPORTE: M. le Président, je prends la parole très
brièvement, avec votre permission, pour regretter l'absence bien
imprévue et bien imprévisible du chef de l'Opposition, du
député de Vaudreuil-Soulanges et du député
d'Abitibi-Ouest qui, rentrant d'un voyage de quelques jours en Gaspésie
ce matin en avion n'ont pu atterrir à Québec à cause du
mauvais temps, en dépit de tous les efforts du pilote. Ils ont dû
aller atterrir à Montréal. J'ai reçu un appel
téléphonique du chef de l'Opposition m'informant de ce
contretemps et m'annonçant qu'il serait probablement en Chambre vers
quatre heures ou quatre heures et demie , compte tenu du temps qu'il
ferait.
J'aurais aimé que le chef de l'Opposition fût ici, car il
aurait certainement, à la suite de la déclaration
ministérielle que vient de faire le chef du gouvernement, fait des
commentaires sur tous les gestes qui ont été posés au
cours des six dernières années par le gouvernement qui a
précédé celui du député de Bagot pour
préparer cet avènement à la maturité de la province
de Québec.
Le chef de l'Opposition aurait certainement rappelé à
cette Chambre que le début des relations de toute nature avec la France
date du passage au gouvernement du parti libéral. Le chef de
l'Opposition aurait certainement voulu après avoir à larges
traits brossé ce qui a été le passé du parti
libéral face à la préparation de l'avenir de la province
de Québec, conclure cette première partie de son exposé en
disant que tout ce que le général de Gaulle a vu dans la province
de Québec, tout ce qu'il a célébré, toutes les
transformations qu'il s'est plu à indiquer dans tous les endroits
où il s'est arrêté sont pour la plupart l'oeuvre presque
exclusive du chef de l'Opposition, chef du parti libéral.
Le chef de l'Opposition, M. le Président, aurait certainement,
avec le premier ministre, déclaré, comme il l'a fait
déjà, la joie que nous avons tous ressentie à recevoir ici
le président de la France et les espoirs de relations plus
poussées, plus continues que sa visite a fait naître dans le coeur
de tous les Québécois. Le chef de l'Opposition aurait
certainement analysé le présent et se serait
certainementposé des questions, face à toute la population du
Québec, sur l'évolution de la province, sur les actes que pose le
gouvernement actuel pour continuer véritablement l'oeuvre qui avait
été commencée par le gouvernement qui l'a
précédé. Et je suis convaincu que le chef de l'Opposition
aurait parlé de l'avenir, aurait parlé de cette province de
Québec pour laquelle le parti libéral a travaillé
d'arrache-pied et avec succès au cours des quelques dernières
années. Il aurait sûrement déclaré que cet avenir,
que ce demain dont des députés ont parlé en cette Chambre
aujourd'hui et auquel a fait allusion le chef du gouvernement, que ce demain
n'a de limite que la volonté des Québécois
eux-mêmes.
Mais que cette volonté, c'est de vivre toujours davantage dans un
Québec qui soit à la mesure des ambitions des
Québécois eux-mêmes; que cet avenir, ou il ne sera pas, ou
il sera représenté par des gouvernements qui seront non seulement
progressistes en paroles mais qui le seront dans leurs actes et qui le seront
dans les faits.
M. le Président, nous aurons sûrement l'occasion de
reparler de toutes ces questions. Je voulais très brièvement dire
ce que personnellement je pense de ce que nous avons fait et dont nous sommes
fondamentalement fiers, au cours des six années où nous avons eu
la responsabilité du pouvoir. On n'a qu'à juger nos oeuvres.
Je voulais dire un mot du présent qui nous inquiète
profondément et je voulais parler de l'avenir qui reste encore une fois
l'oeuvre des Québécois eux-mêmes, Québécois
auxquels nous faisons pleinement et totalement confiance.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Santé et de la
Famille et du Bien-Etre social.
Déclarations ministérielles M. Jean-Paul
Cloutier
M. CLOUTIER: M. le Président, j'aurais deux déclarations
ministérielles à faire sur un sujet qui intéresse tous les
citoyens de cette province, qui concernent le domaine de la santé plus
spécifiquement les négociations en cours entre d'une part les
radiologistes et le gouvernement et d'autre part entre la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec et le gouvernement.
Au sujet du premier groupe, en ce qui concerne les radiologistes, voici
un communiqué qui sera rendu public, qui sera distribué aux
membres de la tribune de la presse immédiatement après que je
l'aurai lu: « Le ministère de la Santé négocie
actuellement avec l'Association des radiologistes de la province de
Québec une entente pour définir les conditions et tarifs
acceptables pour le remboursement des honoraires des radiologistes. «
Cette négociation rencontre actuellement des difficultés
sérieuses, et le ministère de la Santé entend clarifier
cette situation. D'une
part, l'Association des radiologistes a formulé au nom de ses
membres, deux demandes principales. Premièrement, le remboursement
à l'acte médical. Deuxièmement, le remboursement des actes
radiologiques posés en cliniques privées ou au cabinet. D'autre
part, le ministère de la Santé désire établir
conjointement avec les radiologistes une formule de rémunération
qui sans diminuer la qualité des services saura rendre justice aux
parties concernées. Le système actuel a permis qu'en 1965, 171
radiologistes travaillant dans les hôpitaux se sont partagé une
somme de $5,500,000. Il est à noter que cette somme ne constitue pas le
revenu total de ces radiologistes, mais seulement la partie de leur revenu
réalisé dans les hôpitaux ayant un contrat avec le
ministère de la Santé en vertu de la Loi de
l'assurance-hospitalisation. Les revenus d'autres sources ne nous sont pas
connus. La moyenne annuelle des honoraires versés aux radiologistes en
vertu de la Loi de l'assurance-hospitalisation pour l'année 1965 se
situe donc aux environs de $32,000. « Il est intéressant toutefois
de noter que dès sa première année complète de
travail le radiologiste réalise en moyenne $21,000 par année.
Après cinq ans d'exercice de sa profession, ces honoraires payés
en vertu de la loi de l'assurance-hospitalisation se chiffrent en moyenne
à $31,000. Soulignons en outre que 14 d'entre eux ont reçu au
cours de l'année 1965 $50,000 et plus et que 71 autres ont reçu
entre $30,000 et $50,000. Nous devons aussi ajouter que ces revenus ont
été réalisés grâce à l'utilisation
d'un équipement et d'un personnel technique entièrement
financés par l'Etat, de sorte que ces revenus ne sont pas des revenus
bruts, mais des revenus nets. « Quant à la deuxième demande
de l'Association des radiologistes à savoir l'extension des services de
radiologie payables en clinique privée ou au cabinet, le
ministère, tenant compte des capitaux que les radiologistes ont investi
dans cette entreprise, est prêt à envisager cette perspective. Il
va de soi que, dans une telle alternative, le ministère se doit
d'établir les règles qui assureront le bon fonctionnement de
cette opération. Il nous est apparu à la suite de ces
constatations que la création d'un comité technique, tel que
proposé par le ministère lors de la dernière rencontre
avec les radiologistes, est indispensable à la solution de ce
problème complexe. Le gouvernement s'engage à défrayer
entièrement le coût de ce comité. Il est bon d'ajouter que
les seuls médecins siégeant sur ce comité seront ceux
désignés par l'Association des radiologistes de la province de
Québec et que les représentants du gouvernement seront des
administrateurs. « Egalement, je voudrais compléter cette
déclaration en donnant le mandat spécifique qui sera
confié à ce comité. Ils seront chargés
d'étudier quatre points principaux: Premièrement, les
méthodes de rémunération qui peuvent être
conçues et appliquées dans le secteur hospitalier pour les
radiologistes premièrement à salaire, deuxièmement
à l'unité, troisièmement à salaire et à
l'unité. Deuxièmement, les modalités administratives
à développer pour en arriver àfaire
bénéficier de la loi générale le citoyen qui se
prévaut des services professionnels des radiologistes en clinique
privée. Troisièmement, les mécanismes à mettre en
place dans les cliniques privées pour assurer aux citoyens et à
la profession médicale un service satisfaisant. Quatrièmement, de
quelle façon doit-on s'y prendre pour obtenir une répartition
optimale des radiologistes dans la province de Québec. »
Les omnipraticiens
M. CLOUTIER: Je voudrais faire maintenant une autre déclaration
en ce qui concerne les négociations relatives à l'assistance
médicale. « L'entente signée le 17 mars 1966 entre le
ministre de la Santé et la profession médicale
représentée par la Fédération des omnipraticiens du
Québec et la Fédération des médecins
spécialistes du Québec stipulait que cette convention se
terminait le 30 juin 1967 ou lors de l'entrée en vigueur d'un
régime général d'assurance-maladie si un tel régime
entrait en vigueur avant le 1er juillet 1967. Il était également
stipulé que les parties en présence devaient, à partir du
1er avril 1967 et au plus tard le 15 avril 1967, se rencontrer pour
négocier quant à l'opportunité de renouveler la
présente entente et, le cas échéant, quant aux
modalités de son application. Tel que stipulé dans cette entente,
les négociations entre le gouvernement et la profession médicale
débutèrent le 15 avril 1967. Après de nombreuses
séances de négociations au cours du mois d'avril, mai et juin, il
fut impossible d'en venir à une entente complète entre les
parties en cause. Si, à la fin de juin, la Fédération des
omnipraticiens du Québec et les représentants du gouvernement
étaient d'accord sur les principales clauses d'une entente, il n'en
était pas de même de la Fédération des
médecins spécialistes. « Le 30 juin 1967, le jour
même où se terminait l'entente signée l'an dernier, j'ai
donc cru de mon devoir de conclure avec la Fédération des
omnipraticiens la première étape de l'entente tripartite
permettant la continuation du régime de l'assistance médicale.
Espérant que la Fédération des médecins
spécialistes compléterait l'entente dans les jours suivants.
« Dans l'après-midi du 30 juin, nous avons reçu un
télégramme du président de la Fédération des
médecins spécialistes nous disant que sa fédération
acceptait de prolonger l'entente de l'an dernier pour une période d'un
mois, c'est-à-dire jusqu'au premier août 1967 afin de permettre la
continuation des négociations. Il y eut donc des séances
très laborieuses de négociations dans le mois de juillet. Lors de
la dernière séance, les représentants du gouvernement ont
établi clairement leur position de la façon suivante:
Premièrement, le gouvernement désire une entente unique
signée par les trois parties en cause. Deuxièmement, les articles
paraphés ont été négociés de bonne foi par
les parties en cause, les principes de ces articles ne peuvent être
changés et nous ne pouvons qu'en modifier la phraséologie.
« Troisièmement, nous sommes prêts à discuter de tous
les articles non paraphés et de tout nouvel article qui ne vient pas en
contradiction avec ceux déjà paraphés. La
Fédération des médecins spécialistes a
refusé de poursuivre la discussion sur cette base que nous
considérons comme essentielle à la continuation des
négociations. Récemment, le président de la
Fédération des médecins spécialistes a
déclaré que l'entente entre sa fédération et le
gouvernement était terminée le premier août et que les
médecins spécialistes feraient parvenir leurs honoraires
directement aux assistés sociaux en demandant à ces derniers de
les envoyer au gouvernement pour obtenir un remboursement du montant
réclamé.
En vertu de la loi de l'assistance médicale, le gouvernement ne
peut, en aucune façon, rembourser directement l'assisté social.
Cette loi permet au gouvernement, lorsqu'il y a eu entente avec les parties en
cause, de rembourser directement aux médecins les honoraires, tel que
stipulé dans l'entente. Le gouvernement ne pourra, en vertu de cette
loi, rembourser aux assistés sociaux le montant des honoraires
réclamés par les spécialistes. Cependant, le
président de la Fédération des médecins
spécialistes a ajouté dans sa déclaration que, si les
assistés sociaux ne pouvaient payer les honoraires
réclamés, il n'y aurait aucune poursuite judiciaire contre eux et
qu'aucun médecin spécialiste ne refuserait de leur accorder les
soins nécessaires. « Je tiens, cependant, à dire que nous
surveillerons de très près cette situation et que nous prendrons
les moyens nécessaires pour que chaque citoyen de notre province
reçoive les soins que requiert son état de santé. Il est
entendu que nos représentants sont toujours à la disposition des
représentants de la Fédération des médecins
spécialistes. »
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy McGee.
Questions et_réponses
Les spécialistes
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que l'honorable ministre de
la Santé peut dire à cette Chambre s'il est au courant d'une
lettre émise par le président de la Fédération des
médecins spécialistes du Québec cette lettre a
été émise à la suite d'une rencontre de
l'exécutif de cette fédération avec l'honorable ministre
lui-même dans laquelle la Fédération disait que son
problème, le renouvellement du régime partiel pour les
assistés sociaux, serait résolu si celui des radiologistes
était résolu? Est-ce toujours vrai qu'on pourra faire d'une
pierre deux coups?
M. CLOUTIER: Est-ce que le député fait allusion à
une lettre qui aurait été adressée à chacun des
médecins spécialistes?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas reçu officiellement cette lettre. J'en
ai pris connaissance parce que quelqu'un me l'a procurée. Le
gouvernement n'a jamais voulu associer les deux tables de négociation.
Pour nous, il y a deux problèmes. Il y a un problème de
négociation avec les radiologistes et il y a un autre problème de
négociation avec les médecins spécialistes dans le cadre
de l'assistance médicale aux assistés sociaux.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que l'Association des
radiologistes a exprimé la volonté d'accepter la constitution du
comité dont vient de parler le ministre?
M. CLOUTIER: Non, M. le Président. L'Association des
radiologistes a rejeté jusqu'à présent l'idée de la
formation de ce comité dans une lettre adressée au ministre de la
Santé.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que le ministre, en faisant
état, dans la première partie de sa déclaration
ministérielle, de l'état financier des relations entre le
gouvernement, précisément le Service de
l'assurance-hospitalisation et les radiologistes de la province, a voulu faire
croire que c'est surtout cet aspect du problème qui constitue la pierre
d'achoppement?
M. CLOUTIER: Non, M. le Président. Le communiqué
établit les faits en partant de la
demande des radiologistes, demande qui a été
concrétisée dans deux points bien précis que j'ai
énoncés au début du communiqué.
M. GOLDBLOOM: Finalement, M. le Président, est-ce que la
déclaration du ministre peut être interprétée comme
l'acceptation de discuter avec les radiologistes la question de l'inclusion des
cabinets de consultation, des bureaux privés, dans le régime de
l'assurance-hospitalisation?
M. CLOUTIER: M. le Président, le communiqué que je viens
de lire est très explicite et le troisièmement, les quatre
parties de la formation du comité technique, le troisièmement est
très explicite également. Nous avons offert à
l'Association des radiologistes, par ce comité technique,
d'étudier les modalités suivant lesquelles nous pourrions
accepter que les soins donnés par les radiologistes en clinique
privée soient également couverts.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Compagnie Nord-Sud
M. MALTAIS: M. le Président, j'ai donné préavis de
ma question à l'honorable ministre des transports. Pourrait-il nous dire
s'il était présent hier lors d'une réunion qui se serait
tenue à son bureau ou à son ministère, réunion
à laquelle assistait M. Roméo Crevier, le directeur de la
compagnie Nord-Sud Limitée? Et pourrait-il renseigner la Chambre sur ce
qui s'est passé à cette réunion? Avant de dire à
l'ordre, attendez donc un peu! Cela va être plus à l'ordre
ainsi.
M. LIZOTTE: M. le Président, il n'est pas dans
l'intérêt public que je dévoile ce qui s'est passé
avec M. Crevier dans mon bureau à ce moment-là.
M. MALTAIS: Le ministre mepermettra-t-il une question
supplémentaire? Est-il au courant que le port d'attache du futur navire
serait Pointe-à-Michel, endroit situé près de la route 15,
entre Forestville et Bersimis dans le comité de Saguenay?
M. LIZOTTE: Je demanderais au député de préciser sa
pensée et de me dire exactement si l'avis ou le préavis qu'il m'a
donné avant la séance est exactement le préavis de la
question qu'il vient de poser.
M. MALTAIS: Bien, pour ce qui est de Poin- te-à-Michel, oui, je
vous en ai parlé, c'est que je vous ai...
M. LIZOTTE: Alors, je vais lui répondre, très bien.
Pointe-â-Michel - l'endroit dont il est question est situé
sur la rive nord du Saint-Laurent. Le fleuve Saint-Laurent est
nécessairement un cours d'eau naviguable. Il appartient donc au
gouvernement fédéral de faire les études
nécessaires pour y construire un quai à eau profonde.
M. MALTAIS: Mais est-ce que le ministre me permettrait une question
supplémentaire? Est-il au courant qu'à Pointe-à-Michel,
endroit que je connais bien puisque j'y vis, à marée basse un
caplan n'est même pas capable d'entrer ni de sortir?
M. LIZOTTE: Cela ne me surprend pas que le député ne soit
pas capable d'entrer ni de sortir à marée basse, il y a des fois
qu'il n'entre pas à marée haute.
M. MALTAIS: Est-ce que le ministre... M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M.
BELLEMARE: A l'ordre!
M. MALTAIS: Une question à un autre ministre...
M. LE PRESIDENT: Sans doute que l'honorable député
connaît parfaitement les dispositions de la note 3 de l'article 679 de
notre règlement qui prévoit que toute question additionnelle est
permise pour autant qu'on ne fasse pas subir un contre-interrogatoire à
l'honorable ministre vers qui on dirige ses questions, et je suis sûr que
cette question additionnelle de l'honorable député n'a pas
justement ce but de faire subir un contre-interrogatoire.
M. MALTAIS: Oh non! Le ministre pourrait peut-être prendre comme
préavis la question que je vais lui poser ici. Est-ce que le ministre se
propose de faire une enquête relativement à la transaction qui
s'est effectuée entre M. Crevier, un des bons directeurs de la compagnie
Nord-Sud Limitée, et ceux à qui le navire a été
vendu? Et si le ministre se propose de faire ou de faire instituer une telle
enquête, est-ce qu'on va pouvoir connaître les résultats au
plus vite, vu que c'est très urgent pour la Côté Nord et
que le premier ministre avait promis que le service ne serait pas
discontinué.
M. LIZOTTE: Si le député a des accusations à
porter, qu'il les porte et nous ferons enquête à ce
moment-là.
M. MALTAIS: Alors, je porte une accusation.
Messages du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Qu'il me soit permis de faire part de trois
messages reçus du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 27 juillet 1967.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement le bill suivant:
Bill numéro 97 intitulé: Charte de l'Université de
Montréal.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. » « Conseil législatif, le 27 juillet
1967.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants:
Bill numéro 71 intitulé: Loi modifiant la Loi des
tribunaux judiciaires.
Bill numéro 72 intitulé: Loi favorisant
l'aménagement et la modernisation d'usines laitières
régionales.
Bill numéro 277 intitulé: Loi modifiant la loi constituant
en corporation l'Association de bienfaisance et de retraite de la police de
Montréal.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. » « Conseil législatif, le 27 juillet
1967.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements qu'il l'a prie
d'agréer le bill suivant:
Bill numéro 114 intitulé: Loi modifiant la loi constituant
la Corporation générale des instituteurs et institutrices
catholiques de la province de Québec.
Bill numéro 182 intitulé: Loi concernant certaines
servitudes réelles de la Corporation de gaz naturel du
Québec.
Bill numéro 202 intitulé: Loi concernant la succession de
Cléophas Saint-Aubin.
Bill numéro 205 intitulé: Loi concernant le
séminaire de Chicoutimi.
Bill numéro 263 intitulé: Loi autorisant dame Florence
Klians-Goldberg à vendre des actions de Consumers Metal Corporation.
Bill numéro 282 intitulé: Loi concernant la succession de
l'honorable Trefflé Berthiaume et de la Compagnie de Publication de la
Presse Limitée.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. »
M. LE PRESIDENT: Est-il résolu unanimement que les amendements
proposés par le Conseil législatif à certains bills soient
réservés?
M. LAPORTE: M. le Président, j'ai examiné les amendements
aux bills que vous venez d'énumérer et nous n'avons aucune
objection à ce que ces amendements soient acceptés,
agréés par nous.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai examiné les amendements
et j'ai le plaisir de proposer qu'ils soient agréés et
l'extrême plaisir d'être secondé par le député
de Chambly.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de l'honorable premier ministre est-elle
adoptée?Adopté.
Affaires du jour.
Travaux de la Chambre
M. LAPORTE: Avant de passer aux affaires du jour ou en passant aux
affaires du jour, pourrais-je demander deux choses au premier ministre? Quel
sera l'ordre des travaux et deuxièmement lui serait-il possible
d'éclairer la Chambre sur la conduite des travaux et des heures de
séance aujourd'hui, demain et les quelques jours qui viendront?
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais d'abord attirer
l'attention de cette Chambre sur une motion qui parait en appendice au nom du
député de Champlain et qui donne suite à une motion
adoptée par cette Chambre le 12 avril 1967, motion qui avait
été proposée originairement par le député de
Chambly. Il n'y aurait peut-être pas d'inconvénient à ce
que nous adoptions immédiatement cette motion.
M. LAPORTE: Pas d'objection.
M. JOHNSON: Je comprends que le leader parlementaire de l'Opposition a
été pressenti quant aux noms des députés qui
doivent former ce comité provisoire. Alors, si on n'avait pas
d'objection à adopter cette motion, le comité
pourrait se mettre à l'oeuvre assez tôt.
Adoption de la motion de M. Bellemare
M. LE PRESIDENT: Le consentement unanime est-il donné, même
si un avis de motion apparaît comme appendice au feuilleton, que la
proposition de l'honorable premier ministre soit maintenant adoptée?
M. LAPORTE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON:: M. le Président, il y aura ce soir un autre
dîner d'Etat, cette fois en l'honneur du Vénézuéla,
ce pays rudement éprouvé ces jours derniers et dont le
représentant officiel sera accueilli par le gouvernement et quelques
invités ce soir, malgré la période de deuil qui frappe
cette nation rudement éprouvée, comme on le sait. Il y aura
également un dîner d'Etat demain soir alors que ce sera au tour de
la Jamaïque à être reçue par le gouvernement de la
province. Il y a, demain matin, selon le désir qu'en avait
exprimé le chef de l'Opposition, une séance du comité des
régies gouvernementales à caractère industriel ou
commercial pour entendre les gens de l'Hydro-Québec. Cette
réunion est convoquée pour neuf heures trente; donc avis aux
membres du comité dont les noms apparaissent dans le
procès-verbal de la deuxième séance de la session.
M. SEGUIN: A quel endroit?
M. JOHNSON: Il y a eu, cet après-midi, un amendement pour y
inclure le député de Bagot à cause de ses
responsabilités dans le domaine des richesses naturelles.
Cette réunion aurait lieu à la salle où
siège ordinairement le comité des bills privés.
Peut-être que POpposition aurait des changements à faire
également à la liste, si l'on voulait...
M. LAPORTE: Si le premier ministre mêle permet. Si la chose se
produisait, on nous autorisera, j'imagine, à le faire à n'importe
quel moment, jusqu'à la fin de la séance de cet
après-midi.
M. JOHNSON: C'est cela. Alors, nous ne siégerons donc pas ce
soir. Donc, à 9 h 30 demain matin. Dès cet après-midi, les
députés de l'Opposition pourront s'attaquer au
député de Champlain en sa qualité de ministre du Travail
lorsque nous appellerons l'article numéro 20. Un instant.
MM. BERTRAND et BELLEMARE: 28.
M. JOHNSON: L'article numéro 28, le bill 79. Nous pourrions
peut-être, avant d'entreprendre l'article 28, faire la troisième
lecture du bill 76 à l'article 24. Nous serons prêts à
appeler la loi du ministère des institutions financières ainsi
que la loi constituant le nouveau ministère et la loi modifiant la
charte de la Société générale de financement du
Québec.
Je crois que nous avons du pain sur la planche pour l'après-midi
et, demain, la Chambre pourrait siéger à onze heures
jusqu'à une heure et de deux heures et demie peut-être
jusqu'à cinq heures et demie. Nous verrons. Je ne pense pas qu'il y ait
lieu de siéger samedi et probablement pas lundi. J'aimerais avoir
l'occasion d'en causer avec le leader de l'Opposition. Le travail serait
peut-être plus avancé en faisant parvenir les documents au bureau
du chef de l'Opposition qu'en siégeant lundi. Il y a d'autres lois qui
seront appelées la semaine prochaine; elles ne seront pas tellement
complexes, mais on doit en donner avis quand même avec un temps
raisonnable à l'Opposition.
Alors, nous verrons, à mesure que la séance se poursuivra,
si nous devons siéger lundi. C'est très peu probable que nous
siégions lundi.
M. BERTRAND: L'article 28.
Bill no 79
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail propose la
deuxième lecture du bill 79, Loi modifiant la loi des accidents du
travail.
L'honorable ministre du Travail.
DES VOIX: Adopté.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE: Je voudrais dire au greffier de l'Assemblée
législative qu'il y a eu une erreur quant au crochet pour la
recommandation du lieutenant-gouverneur,parce que ce n'est pas
nécessaire dans l'explication qui va vous être donnée, M.
le Président.
C'est avec beaucoup de fierté que je me lève aujourd'hui
dans cette Chambre comme ministre du Travail pour annoncer à tous ceux
qui, dans la province de Québec, depuis plusieurs années les
attendent avec impatience, les améliorations à cette loi des
accidents du travail. C'est à titre aussi d'ouvrier et c'est avec
fierté que je le dis.
Cette occasion bien particulière dans ma vie me permet de
répéter à tous ceux qui pendant des années m'ont
fait l'insigne honneur d'être mes amis, les ouvriers, combien cette
légis-
lation progressive, nécessaire, arrive a son heure. Cette loi qui
existe depuis 1931 a été vivement combattue dans le temps par
ceux qui croyaient à un paternalisme d'Etat. Elle a subi de nombreux
changements. Au cours de son histoire, plusieurs gouvernements y ont
apporté des améliorations et aussi des changements assez
drastiques. Cette année, nous lui apportons des modifications qui
touchent à ses aspects les plus importants.
Merci à ceux qui, dans le public, parmi les journalistes, les
éditorialistes, ont écrit qu'il fallait que la Loi des accidents
du travail prenne un nouveau départ. Merci à ceux qui l'ont
critiquée en offrant des solutions tangibles. Merci à ceux qui
nous ont fait part de leur satisfaction de voir cette Loi des accidents du
travail s'améliorer. Je voudrais aussi dire un merci aux grandes
centrales syndicales, qui elles aussi nous ont fait des recommandations quant
aux aspects nouveaux que nous devons aujourd'hui envisager. Je tiens a
remercier aussi d'une manière bien particulière et souligner
à l'attention de toute la population celui qui paie aujourd'hui tous les
dommages des accidents du travail, l'employeur. L'employeur depuis 1931 a
payé une cotisation qui en certaines circonstances a été
fort onéreuse; mais quand même, il faut rendre ici un
témoignage à la vérité, l'employeur s'est bien
acquitté de ce devoir social qui est de payer sa contribution à
ses employés qui sont accidentés.
M. le Président, dans cette loi, les points principaux consistent
en des majorations très appréciables aux rentes payées aux
veuves et aux enfants et une revalorisation suivant les variations du
coût de la vie de toutes les rentes pour incapacité
permanente.
Plusieurs amendements ont été apportés au cours des
années. Si nous regardons son histoire, nous verrons que la loi de 1921
a subi en 1947 des transformations considérables, en 1952, en 1955, en
1960 et aussi sous le gouvernement libéral qui nous a
précédé, en 1964.
M. le Président, ces changements ont souvent été
apportés à cause de la variation des salaires, à cause
aussi de l'inflation et du coût de la vie. Si vous me le permettez, M. le
Président, sans entrer dans les détails, puisque c'est en
comité plénier que nous aurons l'avantage d'étudier tout
cet aspect, vous y verrez particulièrement que le salaire maximal en
vigueur en 1931 et sur lequel on s'appuyait pour payer 60% de la valeur du
salaire gagné, ne devait pas dépasser $2,000. C'est en 1947 que
la législature a monté le plafond à $2,500, salaire
maximal sur lequel on doit figurer le pourcentage qui sera payé. C'est
encore en 1952 que la Législature a changé le salaire maximal
à $3,000, et c'est en 1955 aussi qu'on a changé de 66 et deux
tiers à 70% le pourcentage calculé sur le salaire minimal qui
était porté cet année-là à $4,000.
C'est en 1960, applicable le 1er janvier, que le salaire maximal a
été porté à $5,000 avec un pourcentage de
compensation évalué à 75%. Aujourd'hui, M. le
Président, vous le verrez dans la loi, nous revalorisons toutes les
rentes permanentes à un taux de 75% sur un barème égal
à celui de $6,000.
M. le Président, chose assez extraordinaire, nos adversaires, nos
amis d'enface auront peut-être prétexté qu'en 1964 ils ont
eux aussi fait un pas, tous, et particulièrement celui qui vous parle et
qui était à ce moment-là dans l'Opposition, nous n'avons
que félicité le gouvernement d'avoir bien voulu accepter et
agréer les nombreuses critiques et les nombreuses revendications que
nous avions faites.
Quelques-uns de nos adversaires diront bien nous avons augmenté
les rentes de 60% de 1931 à 1947 et nous avons augmenté ensuite
les rentes qui devraient être payées sur un taux de 30, sur un
taux différent, je vous donne ma référence
immédiatement. De 40%, de 1947 à 1952 et du 31 janvier 1952 au
1er janvier 1955 de 27% et l'accident qui était survenu entre le 31
décembre 1954 au 1er janvier 1960 était porté à
10%. Cela, c'était la législation que nous avons adoptée
par la loi, passée par le parti libéral en 1964. On dira
aujourd'hui: Mais nous avons, nous les libéraux, porté le taux de
la compensation de la fixation des rentes à 60%. D'accord, mais nous
pourrons le discuter beaucoup plus longuement au comité plénier
et nous y verrons qu'une rente qui avait été fixée par
exemple à ce moment-là en 1931, 1932, 1933, 1934, 1935 à
une rente qui avait été fixée, qui s'établissait
à ce moment-là à $30 par mois avec l'augmentation qu'on
lui donnait en majorant sa rente de 60% en 1964, on lui accordait à ce
moment-là $18 ce qui voulait dire que l'accidenté qui recevait
une pension de $30 en recevrait une autre nouvelle en 1964 de $48, 60%. Et
cette année, si nous faisons les chiffres, si nous nous appuyons sur les
statistiques que nous avons pris du coût de la vie et de la
nécessité qu'il y avait de changer le barème, nous
arrivons avec 40% et nous disons que les 40% appliqués cette
année vont donner aux mêmes accidentés qui recevaient en
1935, par exemple $30 par mois et qui en 1964 ont vu leur rente monter à
$48 vont recevoir cette année $19.20 comparativement au 60% qui leur
accordait$18, ce qui va leur faire à ces accidentés en 1967 une
rente totale de $67.20.
Comme je ne veux pas rentrer dans tous les détails puisque le
règlement m'interdit de par-
1er des articles un par un, je voudrais vous signaler que nous avons
apporté une attention toute particulière aux pensions qui seront
payées aux veuves, aux orphelins de père, aux orphelins de
père et de mère aussi, aux orphelins. C'est une mesure
progressive. Nous n'avons rien innové, mais nous avons voulu consolider
un état de faits. Aujourd'hui dans le monde du travail, des accidents
malheureux se produisent qui mettent dans une insécurité et dans
un état difficile des pères de famille qui avec charge et
responsabilités qui sont inhérentes à leurs obligations
sont nécessairement dans une position difficile et sont des fois
extrêmement mal placés pour reprendre leur activité dans le
monde du travail après leur guérison. Mais nous avons à ce
sujet-là, je dois le dire avec beaucoup de fierté, un service de
réadaptation un service de réhabilitation au ministère du
Travail, c'est-à-dire à la Commission des accidents du
travail.
Chaque année elle remet sur le marché du travail des
centaines et des centaines de personnes qui, ne pouvant cumuler les mêmes
fonctions à cause d'un accident grave, sont dirigées vers une
autre organisation qui les occupe et, avec la compensation permanente de
pensions qui leur sont accordées elles peuvent plus facilement
rencontrer leurs obligations.
J'ai donc l'honneur de proposer à cette honorable Chambre la
deuxième lecture du bill 79.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Ahuntsic.
M. Jean-Jacques Lefebvre
M. LEFEBVRE: Je ne pense pas que le ministre du Travail doive
prévoir des séances de nuit sur ce bill. Il est bien
évident que, de. ce côté-ci de la Chambre, nous approuvons
le principe des rajustements des rentes payées aux accidentés du
travail et je n'ai pas l'intention, à ce stade-ci de la discussion, de
faire une intervention très longue. Cependant, puisque, le ministre en
conviendra, il s'est permis de faire allusion à plusieurs détails
du bill, j'aimerais regretter, quant à moi, que le bill ne contienne
aucune disposition concernant le rajustement des rentes dans l'avenir suivant
l'indice du coût de la vie. Pour éviter les revalorisations
après coup, comme on le fait présentement pour le passé
et le gouvernement libéral l'a fait en 1964, le ministre l'a
rappelé lui-même je crois que ceci est excellent, ceci
s'impose; il fallait rajuster, bien sûr.
Je pense que le quantum de certaines des rentes qui sont
proposées dans le bill est trop faible, mais je trouve surtout
inacceptable le fait qu'on n'ait songé apparemment ou le ministre
nous dira s'il y a songé pourquoi il a mis de côté cette
idée à faire en sorte que les rentes aux accidentés
du travail s'adaptent tout naturellement au coût de la vie. Je pense
qu'on aurait pu pour cela s'inspirer d'une procédure ou d'un mode de
calcul qui a été utilisé, par exemple, dans le cas de la
caisse de retraite. Personnellement, et de ce côté-ci de la
Chambre, il nous semble, encore une fois, qu'il eût été
bien plus normal de prévoir dans ce bill pour l'avenir et non seulement
pour le passé, puisque, de cette façon-ci, on devra presque
à tous les ans rajuster les rentes aux accidentés du travail.
Evidemment, pour ce qui est du rajustement des rentes passées, je
répète que nous sommes tout à fait d'accord sur le
principe. Cependant, il nous semble que, dans le cas du salaire minimum
hebdomadaire accordé à un accidenté, le gouvernement s'est
montré un peu trop conservateur. Je comprends que ce soit
peut-être sa tendance, mais nous aurions aimé qu'il fût plus
libéral dans la fixation du salaire minimum, de même que dans la
fixation de certaines rentes, par exemple, la rente mensuelle à la veuve
ou au veuf invalide.
Il nous semble que les sommes prévues par le bill auraient pu
être supérieures. Egalement, un point qui préoccupe
beaucoup les membres de ce côté-ci de la Chambre et qui
préoccupe énormément les travailleurs, c'est celui de
savoir à quel moment on augmentera la protection accordée par la
Loi des accidents du travail, autrement dit, quelles mesures seront prises. Je
crois que c'est l'occasion, dans le cadre de ce débat qui modifie la Loi
des accidents du travail, de demander au gouvernement de faire connaître
ses intentions sur ce point. A quel moment des mesures seront-elles prises pour
que le nombre de salariés protégés par la Loi des
accidents du travail soit augmenté?
Je me souviens qu'à l'occasion d'un autre débat je
sais que je ne dois pas y faire allusion longuement j'avais eu un court
échange de vues avec le ministre du Travail. J'avais affirmé que
près de 50% des salariés ne sont pas protégés
actuellement par la Loi des accidents du travail. Le ministre a contesté
mon chiffre, mais que ce soit 50, 40 ou 30, pour l'instant, je ne fais pas de
discussion sur le chiffre lui-même, mais sur le fait que des milliers et
des milliers de travailleurs ne sont pas encore protégés. Je
crois que c'est l'occasion de demander au ministre à quel moment des
mesures seront prises pour étendre la protection accordée par la
Loi des accidents
du travail. Telle sera notre intervention et pour ma part, en
deuxième lecture, ce sont là les seules remarques que je voulais
faire. Je répète que ce qui nous scandalise surtout, c'est que le
gouvernement n'ait pas songé, à la faveur de ces nouvelles
modifications à la Loi des accidents du travail, à inclure dans
son projet de loi un mécanisme de rajustement automatique des rentes
selon l'indice du coût de la vie.
M. BELLEMARE: Je voudrais simplement dire à l'honorable... Je
voudrais bien exercer mon droit de réplique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois rappeler aux honorables
députés que la réplique du ministre du Travail devra
nécessairement mettre fin au débat en deuxième lecture.
L'honorable ministre du Travail.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire
que j'ai entendu le député d'Ahuntsic avec beaucoup
d'intérêt. Surtout j'ai pris note de ses remarques. Quand il parle
de la revalorisation future des rentes aux accidentés et aux
dépendants suivant l'indice du coût de la vie, c'est-à-dire
un maximum auquel nous avions déjà pensé de 2%, jamais
rétrogradé, toujours en montant, je lui dirai que nous l'avons
envisagé d'une manière objective. Nous n'avons pas voulu cette
année en faire une disposition particulière dans la loi, bien que
nous y ayons songé et que les actuaires aient prévu simplement,
pour cette partie de la revalorisation des rentes annuelles, une somme de
$3,300,000 qui aurait été forcément ajoutée aux
$21,400,000 que nous allons imposer demain. A cause justement de ce fardeau que
nous allons demain imposer à tous les employeurs par cette nouvelle loi
sociale, par la majoration des rentes et surtout des pensions aux veuves et aux
orphelins, nous avons pensé que cette année, pour les employeurs
qui auront à payer les $21 millions nécessaires pour cette
nouvelle politique, nous avons pensé de le différer. Mais nous ne
l'avons pas abandonné. Nous sommes bien conscients du problème,
et le député d'Ahuntsic a parfaitement raison d'admettre que ce
serait beaucoup mieux pour l'Etat provincial, comme pour l'accidenté, de
pouvoir, lui, compter sur une loi qui lui dise: Lorsqu'il y aura augmentation
qui dépassera le coût de la vie de 2%, vous serez rajustés;
s'il baisse, aucun problème. Voilà pour répondre au
premier argument que m'a cité l'honorable député.
Maintenant, quant aux cas d'exception qui sont dans la Loi des accidents
du Travail, d'accord, le salaire minimal, me dit l'honorable
député d'Ahuntsic, n'est pas fameux. Mais il faut penser que ce
n'est pas un salaire. Ce salaire minimal, qui était de $25 par mois et
qui monte à $35 comme prix minimal, ne s'adresse qu'à des
commissionnaires, comme un gardien à la porte d'une école, qui a
déjà, lui, un salaire et qui, à un moment donné,
sera pris avec un accident assez bénin, mais qui ne devra pas être
au-dessous d'un salaire minimal. C'est pour ça que ce sont des cas
d'exception seulement. C'est pourquoi dans la loi il y a présentement un
salaire qui paraît un peu déraisonnable comme salaire minimum,
d'après le député d'Ahuntsic, mais ce n'est pas un salaire
minimum. C'est un salaire pour certaines classes d'exception qui, elles, ont
déjà un salaire ou une pension ailleurs, lesquels viendront
s'ajouter à ça.
L'autre argument qu'a apporté l'honorable député
sur la pension des invalides et des veuves, nous y reviendrons au comité
parce que c'est assez long d'en discuter.
Je voudrais garder un peu de temps pour dire à l'honorable
député que nous n'avons pas besoin d'amender la loi pour
assujettir tous les autres groupes de la province de Québec qui ne sont
pas présentement couverts, la partie de la main-d'oeuvre qui n'est pas
assujettie à la Loi des accidents du travail. Nous pouvons le faire
simplement par une décision de régie interne. Et c'est ce que
nous avons commencé à faire. L'honorable député
d'Ahuntsic disait 50%, je ne le chicanerai pas. Ce n'est pas 50%. Il y a
1,100,000 travailleurs couverts et, d'ici cinq années, tel que je vais
vous le lire sur le tableau, nous en ajouterons 400,000 d'ici cinq ans.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si le ministre le permet, on
pourrait peut-être régler notre différend
mathématique tout de suite. Le ministre dit qu'il y a 1,100,000
salariés couverts. Le ministre a-t-il en mémoire le chiffre exact
de la force ouvrière?
M. BELLEMARE: 1,977,364!
M. LEFEBVRE: A quelle heure? Mon collègue suggère de
demander à quelle heure, c'est une bonne question...
M. BELLEMARE: A quelle heure? Hier soir, M. le Président, quand
j'ai regardé la dernière statistique.
M. LEFEBVRE: Alors, je vais faire mon calcul, mais le ministre
remarquera que, lorsque je lui ai posé la question tout à
l'heure, j'ai bien dit qu'à l'occasion de la loi, nous espérions
de ce côté-ci de la Chambre qu'il annoncerait les mesures
appropriées...
M. BELLEMARE: Je l'annonce aussi, mais je n'ai pas pu l'annoncer...
M. LEFEBVRE: ... concernant la couverture.
M. BELLEMARE: Cela ne peut pas être dans la loi...
M. LEFEBVRE: Je le sais.
M. BELLEMARE: ... mais le député me fournit l'occasion de
lui dire que nous avons déjà à la Commission des accidents
du travail prévu, à la demande des grandes centrales
ouvrières et à la demande aussi de plusieurs personnes, y inclus
le député d'Ahuntsic, qui ont fait des représentations,
l'assujettissement de plusieurs centaines de milliers de travailleurs qui ne
sont pas couverts présentement. Cette année, je suis très
heureux d'annoncer à la population du Québec qu'à partir
du 1er octobre 1967, tous ceux qui sont dans l'exploitation d'hôtels, de
motels ou autres lieux d'hébergement, l'exploitation de restaurants, de
cantines, de tavernes, de bars, de clubs de nuit et autres services de
restauration, services de traiteurs, exploitation de gares, de terminus,
exploitations de salons ou d'établissements de coiffure, de soins des
pieds, de bains turcs, de massages, de cirage de chaussures et tous les
établissements connexes seront couverts. Il y a là 16,322
établissements qui comprennent 62,772 employés, premier
jalon.
Deuxième jalon, 1er octobre 1968, tous les transports de
passagers par ambulances, par autobus, taxis, ou autres véhicules non
compris dans la cédule il; exploitation d'ascenseurs publics, de
services de messageries, d'expédition, de pesage, d'inspection, non
compris dans la cédule 11, le louage de véhicules, tous ceux qui
sont dans l'exploitation des parcs de stationnement, la vente, la location, la
réparation, le service de machines lourdes, moteurs, équipement
et autres appareils similaires, le commerce du fer, de l'acier et autres
métaux avec manutention, le commerce de rebut de métal, la
démolition d'automobiles, le commerce de rebut autres que
métallique, les agences de détectives, de protection, de
gardiens, les associations, les fédérations syndicales, toutes
les associations professionnelles, toutes les associations forestières
de prévention, les clubs sociaux, les gens d'affaires et autres
connexes, seront couverts à partir du 1er octobre 1968, ce qui
représente 8,231 établissements ou industries et 27,043
employés.
M. LEFEBVRE: Il vous en manque, encore 700,000.
M. BELLEMARE: Je continue.
M. LEFEBVRE: Ah bon! C'est bien, continuez comme cela, c'est
parfait.
M. BELLEMARE: En 1969... nous avons une classification merveilleuse. Je
sais que le député va se lever pour nous féliciter. Je
n'en demande pas autant. Je sais qu'il va nous féliciter
sincèrement. Il va dire: Gouvernement progressif, gouvernement d'action,
qui bouge, qui réalise. Je n'en demande pas tant. Je vois à son
sourire qu'il accepte cela.
M. VAILLANCOURT: Donnez-nous le reste de votre liste.
M. BELLEMARE: Alors je continue. Pour 1969, ça commence un peu
lugubrement. Les services de pompes funèbres, l'exploitation de
cimetières, les crématoriums, les morgues, les fabriques de
statues de plâtre, il y en a, elles ne sont pas couvertes.
M. PINARD: Il y en a qui aime cela s'en fabriquer.
M. BELLEMARE: Ceux qui se prennent pour d'autres, je suppose. La
location ou l'exploitation de machines distributrices de denrées,
d'amusements et autres entreprises connexes, le commerce des animaux,
l'exploitation des écuries de louage, de fermes d'animaux,
l'élevage, l'insémination artificielle d'animaux, les couvoirs,
la classification des oeufs, l'alevinage, la taxidermie, la location des
vêtements, le repassage, le valet service, la photographie.
M. PINARD: Qu'est-ce que cela veut dire, la taxidermie?
M. BELLEMARE: Ceux qui font le commerce des peaux comme vous autres
quand vous les changez.
M. PINARD: Non, non. C'est ceux qui les remplissent.
M. COURCY: ... ce sont des beaux qualificatifs pour certains
députés.
M. BELLEMARE: Je dirais à l'honorable député qu'il
n'a pas droit de parole assis où il est.
M. COURCY: Ah, elle est vieille celle-là.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je constate qu'il est
revenu. Il a fait un voyage dans les airs... La photographie, l'exploitation
d'usines de filtration, l'exploitation de la radiodiffusion, de la
télévision, de la rediffusion, des
télécommunications, de la transmission par cables et autres
entreprises connexes, les agences de centrales téléphoniques,
l'exploitation d'usines de chauffage, de distribution de vapeur, non comprises
dans la cédule 11.
La culture des arbres, des fleurs, des pépinières,
reboisement et greffage des arbres, des travaux paysagers et autres connexes
dans les autres entreprises principales. Les travaux de ménage, le
louage d'immeubles dans une entreprise principale, laboratoire ou clinique
médicale privée, service d'infirmiers privés,
infirmières, foyers, maisons de convalescence, ramonage ou nettoyage des
cheminées ou des chaudières; 4,868 établissements qui
représentent 17,837 employés.
Le 1er octobre 1970, nous prendrons à ce moment-là tous
les commerces de gros et de détail, de désinfection, d'encans et
autres négoces connexes, toutes les universités, maisons
d'enseignement, bibliothèques, musées, conservatoires, les
productions de films, les troupes théâtrales, les orchestres,
l'exploitation de centres récréatifs, les arénas, salles
de quille, de billard, de danse, de parcs d'amusement, de terrains de camping,
de colonies de vacances, d'expositions et autres entreprises connexes
d'exploitation, d'agences de voyages, d'assurance d'immeubles maritimes, de
postes de publicité, de change, les banques, les caisses populaires les
chambres de compensation, les entreprises de fiducie, de prêts, de
crédit, de financement, de gestion de courtage, les corporations
personnelles et autres entreprises aux services financiers connexes; 5,093
industriels, maisons d'affaires; 89,907 employés. 1972...
M. LEFEBVRE: Vous êtes rendu loin, M. le Ministre.
M. BELLEMARE: Dans cinq ans.
M. LEFEBVRE: En quel siècle allez-vous arriver à la
totalité des travailleurs?
M. BELLEMARE: J'ai dit cinq ans, M. le Président.
M. LEFEBVRE: Cinq ans.
M. BELLEMARE: Cinq ans pour faire la pla- nification, je l'ai dit quand
j'ai répondu à l'honorable député lors de son
intervention ici en Chambre sur le discours du Trône.
M. LEFEBVRE: Mais cinq ans pour couvrir tout le monde?
M. BELLEMARE: Pour couvrir 437,953 employés; au grand total,
81,113 industries nouvelles.
M. LEFEBVRE: Il va vous en manquer encore un demi million.
M. BELLEMARE: Comment?
M. LEFEBVRE: Il vous manque encore un demi million de
salariés!
M. BELLEMARE: Non, M. le Président, parce que continuellement
nous en acceptons à tous les ans dans la cédule 11 où l'on
est déjà en position. Je pense qu'en 1972 nous aurons couvert,
d'après les experts de la Commission des accidents de travail qui m'ont
fourni les rapports complets, d'après la liste de toutes les industries
qui sont dans la province de Québec, dans le grand catalogue qui est
fourni par le commerce et l'industrie où toutes les industries sont
représentées avec un rapport qui est basé un peu sur celui
de 1961 par le bureau fédéral de la statistique mais aussi refait
par nos agents, qui donne à peu près le montant exact. Nous
aurons à ce moment-là, couvert, je pense, la grande
majorité, 99 point, je ne sais pas quoi, sur tous les
employés.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si le ministre...
M. BELLEMARE: Puisque j'exerce mon droit de réplique, je n'ai pas
d'objection, on peut aller en comité...
M. LEFEBVRE: J'allais vous demander la permission... D'accord.
M. BELLEMARE: Parce que j'ai terminé.
M. LEFEBVRE: Oui mais c'est parce que, article par article, la liste ne
reviendra pas, elle n'est pas dans le bill.
M. BELLEMARE: Non, non, c'est vrai ça.
M. LEFEBVRE: Alors ma question est la suivante: Quelles sont les
objections du gouvernement pour accélérer le rythme d'augmen-
tation de la couverture de la loi des accidents de travail?
M. BELLEMARE: M. le Président, deux grandes raisons: d'abord les
437,953 nouveaux employés qui sont là aujourd'hui mais qui vont
monter sûrement à 100,000 de plus d'ici cinq ans, demandent,
demain matin si on l'appliquait, 325 nouveaux employés à la
commission et aussi des bureaux. Actuellement la Commission des accidents de
travail, a un problème d'espace fantastique.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre est au courant qu'il y a du
chômage dans la province de Québec? Il n'y a pas de
difficulté pour trouver 325 employés.
M. BELLEMARE: Comment?
M. LEFEBVRE: Vous êtes au courant qu'il y a du chômage dans
la province de Québec. Vous pouvez recruter les 325 fonctionnaires dont
vous avez besoin.
M. BELLEMARE: Oui, oui, mais il y a une loi de la fonction publique. Ce
n'est pas le ministre qui les choisit.
M. LEFEBVRE: Non, non, je comprends ça.
M. BELLEMARE: Et puis il sait combien c'est difficile d'avoir un
employé à la fonction publique. S'il ne le sait pas, dans dix
ans, quand il sera ministre, il va l'apprendre.
M. LEFEBVRE: C'est bien trop long dix ans!
M. BELLEMARE: A moins qu'il se décourage d'ici ce
temps-là! Au train que ça va là, ça va prendre
plutôt vingt ans. Mais je ne voudrais pas parler de chômage parce
que c'est un autre débat et je dis que la sélection du personnel
que ça nous prend 325 nouveaux employés pour assujettir le demi
million d'employés qui sont actuellement non assujettis à la Loi
des accidents du travail.
A part cela, l'espace est un problème immense, une grande
responsabilité. Nous allons, cette année, à cause des
27,043 nouveaux employés que nous assujettissons à la Loi des
accidents du travail, engager entre 60 et 75 nouveaux employés. Nous
allons aussi être obligés de faire des améliorations
considérables, des subdivisions pour cette année, dans le bureau
même de la Commission des accidents du travail. Nous devrons prendre une
immense salle qui est en haut et qui sert de salle de réunion et la
convertir en bureaux. Nous avons présentement devant nous une
étude très poussée pour bâtir un immeuble nouveau,
dans un endroit bien déterminé, pour prendre tout le surplus de
ces nouveaux employés qui seront assujettis d'ici cinq ans.
Ce sont des raisons économiques qui nous forcent à agir
ainsi. Je ne blâme pas les autres gouvernements, pendant six ans, de ne
pas avoir commencé avant moi. Je ne dirai pas que c'est mal; je ne dirai
pas cela, ce serait faire de la politique et je ne veux pas en faire.
Seulement, je suis obligé de commencer cette année avec un retard
de six années. Si on en avait pris cent mille par année, de 1960
à 1966, il y en aurait 500,000 de moins. Je ne dis pas cela pour
critiquer l'honorable député; je sais qu'il est bien conscient du
problème et qu'il nous fait confiance. Il sait comment nous sommes
désintéressés et que nous voulons, cette année,
commencer réellement une planification pour répondre à un
besoin urgent. Nous nous y mettons. Nous avons commencé, dès le
mois de septembre l'an dernier, à recueillir tous les chiffres qui sont
ici aujourd'hui pour tâcher d'abord d'apporter des améliorations
à la Loi des accidents du travail et aussi pour détecter les
meilleurs moyens à prendre pour réaliser V incorporation et le
nouvel assujettissement de ce demi-million d'employés.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre me permettra de faire
simplement la remarque suivante. S'il était lui-même un
travailleur à l'emploi d'une industrie qui sera couverte en 1972, et
qu'il avait entendu l'explication qu'il vient de fournir, à savoir qu'il
ne pourrait pas être protégé contre les accidents du
travail parce que le gouvernement a de la difficulté à trouver
les fonctionnaires et les locaux, je crois que ce travailleur aurait beaucoup
de peine à accepter les explications du ministre. Quant à moi, ce
n'est pas le passé qui m'intéresse, mais l'avenir.
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne permettrai pas un
débat, puisque c'est mon droit de parole, mais je dirai à
l'honorable député que si j'étais travailleur, je sais qui
je blâmerais.
M. LEFEBVRE: Oui, d'accord.
M. BELLEMARE: Je sais comment il s'appelle. Je sais dans quel parti il
est. Je ne voulais pas faire de politique et je suis tout près d'en
faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Ne réveillez pas M. Duplessis.
M. BELLEMARE: C'est terrible comme je suis prêt à en faire.
Je ne veux pas en faire cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Vous faites bien de rappeler l'honorable
député à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler à tous les honorables
députés les dispositions de notre règlement. La nature de
la discussion qui vient de se produire est fort intéressante, mais je
crois qu'elle trouverait un champ d'application plus pratique en
comité.
M. BELLEMARE: Je vous remercie d'avoir averti l'honorable
député. Je tiens à vous dire que ma réplique en
deuxième lecture est terminée. J'ai essayé d'être le
plus objectif possible et je veux démontrer à cette province que
ce n'est pas une question partisane,c'est une question qui relève, je
pense, de ces lois sociales qui sont nécessaires chez nous, dans les
autres provinces, dans le Canada ou même dans les autres pays. Nous
allons donner, encore cette année, une preuve évidente que la
province de Québec n'est pas en arrière nous avons des
statistiques pour le prouver dans le paiement des compensations et
surtout dans le paiement des rentes aux accidentés du travail.
J'ai donc l'honneur de proposer la deuxième lecture.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable ministre du Travail pour la
deuxième lecture du bill 79 est-elle adoptée? Adopté.
L'honorable ministre du Travail propose que je quitte maintenant mon fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
l'étude du bill 79, loi modifiant la Loi des accidents du travail. Cette
motion est-elle adoptée? Adopté.
M. FRECHETTE (président du comité plénier):
M. BELLEMARE: M. le Président, comme c'est la coutume dans cette
Chambre lorsque nous avons des « étranges », je vous
présente l'honorable juge Marineau, président de la Loi des
accidents de travail; le vice-président, le docteur Bellemare, qui n'est
pas parent avec moi, en passant; M. Lebrun, commissaire, M. Saint-Georges
White, commissaire.
Alors, M. le Président, l'article 1 du bill est rendu
nécessaire... Je voudrais faire parvenir à l'honorable
député un mémo qui va l'aider dans la discussion que nous
allons avoir. J'ai un mémoire plus personnel pour le
député d'Ahuntsic personnellement.
Alors, M. le Président, cet article 1 est nécessité
par une application aujourd'hui dans le monde du travail, par une obligation
à l'article 3 où l'on disait que l'employeur d'un ouvrier victime
d'un accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail dans un
emploi visé par la présente loi est tenu de payer la compensation
ci-après déterminée ou d'y pourvoir sauf... Et on
ajoutait, M. le Président, ici, à la quatrième ligne du
deuxième paragraphe: « Le présent article ne s'applique pas
à l'ouvrier indépendant ni à celui qui fait un travail
d'occasion ou étranger à l'industrie de l'employeur. » Et
on ajoute: « Sauf lorsque l'ouvrier est victime d'un accident sur la
propriété de son employeur pendant qu'il accompagne un inspecteur
de mines en vertu de l'article 266 de la Loi des mines. »
Alors, M. le Président, voici ce qui se produisait. Un inspecteur
de mines demandait à un ouvrier de l'accompagner pour visiter les mines.
A partir du moment où l'ouvrier laissait son travail, il n'était
plus couvert par la compagnie et si, à l'occasion d'une visite qu'il
faisait avec un inspecteur, il tombait une roche sur lui ou qu'il avait un
accident de travail, il n'était pas couvert. Alors, M. le
Président, les métallos, les unions ouvrières nous ont
fait remarquer que cela devrait être couvert à bien juste titre
quant à la responsabilité que la compagnie a de son
employé, même quand il fait un tour ou quand il fait une
inspection.
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président, il nous semble...
M. BELLEMARE: Oui, mais seulement, il faut qu'il soit
désigné par son union...
M. LEFEBVRE: Oui.
M. BELLEMARE: ... en vertu de l'article 266.
M. LEFEBVRE: Maintenant, est-ce que le ministre et ses conseillers ne
conviendraient pas que la rédaction actuelle de l'article risque de
créer des problèmes? Par exemple, faisons l'hypothèse
qu'un ouvrier nommé par son syndicat visite les mines et qu'un accident
survient alors qu'il est temporairement de passage sur un terrain de
stationnement ou sur un terrain quelconque qui n'est pas la
propriété de son employeur. Il me semble qu'il y a ici une
restric-
tion qui peut être dangereuse dans la pratique. Je ne dis pas que
c'est l'intention de ceux qui l'ont rédigée, mais n'y aurait-il
pas moyen de rédiger ça en terme...
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est qu'il y a dans la loi des
accidents du travail un article où il est dit que les commissaires ont
discrétion en certains cas, et cela en est un. D'abord, M. le
Président, on l'a refait à la suggestion justement des employeurs
qui sont venus nous voir et qui nous ont dit exactement ce que l'honorable
député vient de nous rapporter. Si cela arrivait par exemple sur
un terrain qui ne serait pas directement notre terrain? On a dit: Faites
confiance aux parties en cause et la commission sera, elle, le juge pour
délimiter ou définir si véritablement c'est un accident
qui relève du travail directement de l'employé qui accompagne
l'inspecteur.
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président, je ne suis pas
personnellement avocat et je me demande cependant...
M. BELLEMARE: Ah, moi non plus.
M. LEFEBVRE: ... qu'est-ce qu'un juge pourrait décider si une
contestation était faite en vertu du texte actuel, encore une fois, si
un inspecteur visite...
M. BELLEMARE: L'honorable député parle... Il n'y en a
aucune dans la loi des accidents du travail.
M. LEFEBVRE: Il n'y a pas de possibilité de contestation?
M. BELLEMARE: Non, aucune. Alors c'est déjà
réglé.
M. LEFEBVRE: Bon d'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 1 adopté.
M. BELLEMARE: Article 2, M. le Président, c'est le montant de
$5,000 qui est actuellement fixé à $6,000. C'est le salaire
maximum en vigueur actuellement dans la loi qui est à $5,000 qui est
porté à $6,000. Est-ce que l'honorable député
voudrait d'ailleurs il l'a devant lui là la liste des
autres provinces? Nous sommes actuellement à égalité avec
l'Ontario, la Saskatchewan, nous dépassons Terre-Neuve,
l'Ile-du-Prince-Edouard, la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick et 1'Alberta,
et nous avons juste le Manitoba qui a $600 de plus que nous ainsi que la
Colombie-Britannique.
M. BINETTE: Est-ce que c'est rétroactif ça, M. le
Président?
M. BELLEMARE: Non. Regardez la loi. M. BINETTE: Très bien.
M. BELLEMARE: La loi le dit dansun article, l'article 13.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
M. BELLEMARE: Article 3, M. le Président, c'est là qu'on
arrive avec le veuf ou l'invalide. Qu'est-ce que vous voulez? Ce sont des cas
d'exception. Cela ne peut pas être, c'est un invalide qui, à la
suite d'un accident de travail ou d'une invalidité totale, est chez lui
homme marié et sa femme travaille, sa femme meurt d'un accident, c'est
poussé à l'extrême, mais elle meurt d'un accident de
travail, le mari qui est invalide qui reste chez lui a le droit de retirer une
pension, même chose que s'il s'agissait d'une veuve ou d'une mère
nécessiteuse. Alors c'est l'article qui était déjà
dans nos statuts et qui à cause...
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président...
M. BELLEMARE: ... est changé pour donner une augmentation. C'est
parti de $40 en 1931, ç'a monté à $45, $55, $75 et cette
année, c'est porté à $100.
M. LEFEBVRE: M. le Président, de ce côté-ci de la
Chambre, il nous semble qu'un montant de $150 dans un cas comme ça
n'aurait pas été abusif. Le ministre dit que ce sont des cas
d'exception, justement, alors il ne peut pas invoquer un argument actuariel
pour...
M. BELLEMARE: Il faut aussi garder un certain barème à
travers toutes les autres Commissions des accidents de travail qui payent des
pensions similaires dans le Canada, et actuellement, celle qui paye le plus
dans un cas similaire c'est la Colombie-Britannique qui paye, elle, $122 dans
un cas similaire.
M. LEFEBVRE: Il me semble avoir entendu le premier ministre du
Québec dire récemment que le Québec se devait d'être
à l'avant-garde.
M. BELLEMARE: Oui, nous le sommes, d'ailleurs, vous allez le voir, dans
plusieurs autres articles. Nous le sommes parce que nous faisons un geste assez
considérable puisque nous augmentons d'un seul coup de 33 1/3 cette
pension-là.
M. LE PRESIDENT: Article 3 adopté?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. BELLEMARE: L'article 4 c'est l'amélioration que nous apportons
à l'article 34, l'article 37. Ah oui, l'article 34... Là est-ce
que l'honorable député voudrait qu'en même temps dans
l'article 3 l'on explique la rente aux enfants, ou bien si c'est
accepté?
M. LEFEBVRE: La rente aux enfants?
M. BELLEMARE: La rente aux enfants, aux pères aux
mères.
M. LEFEBVRE: Nous avons la même remarque à faire. Nous
aurions préféré un montant de $45 ou $50 plutôt que
de $35, c'est-à-dire la même remarque que j'ai faite tout à
l'heure concernant la rente à la veuve d'un invalide, je la fais
pour...
M. BELLEMARE: M. le Président, je dois dire que c'est la seule
province dans tout le Canada qui continue de payer après 18 ans,
à toute sorte d'âge, n'importe quel âge jusqu'à 25
ans, si les enfants sont aux études. C'est la seule province qui
continue à payer.
M. LEFEBVRE: Atout événement, nous sommes
évidemment favorables à la proposition, mais encore une fois les
barèmes nous apparaissent légèrement bas.
M. BELLEMARE: M. le Président, dans le cas des orphelins de
père et de mère les rentes sont remontées assez
considérablement, puisqu'elles sont portées maintenant de $35
à $55 par mois. Nous allons maintenant à l'article 4, l'article
37. Vous avez aussi dans l'article 34 une note un peu particulière
à 1-a). Je voudrais bien l'expliquer parce que c'est très
important, c'est une nouvelle forme à la législation des
accidents du travail. Lorsqu'un ouvrier est disparu, perdu dans un bois, qu'il
ne revient pas ou qu'il a été accidenté et qu'on ne le
retrouve pas comme dans le cas du pont de Trois-Rivières, par
exemple.
Alors, nous avons pensé qu'il serait temps de mettre un nouvel
article pour que les frais de la présente loi, jusqu'à preuve du
contraire, on puisse commencer à payer à la famille
immédiatement à partir de la date de l'accident.
Je pense que c'est une mesure sociale. Si on vient à le
retrouver, eh bien, la commis- sion, dans ce temps-là, pourra
décider, mais c'est très rare. Prenez, par exemple, le pont des
Trois-Rivières; il y en a eu douze ou treize qui se sont noyés et
cela a pris des semaines et des semaines avant de les retrouver. Les familles
étaient inquiètes. Alors, ça nous donne l'avantage de
pouvoir payer immédiatement.
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Dans un cas comme ça, si la personne est
retrouvée après coup, est-ce que la commission
récupère tous les paiements faits ou non?
M. BELLEMARE: Non, si on retrouve la personne?
M. GERIN-LAJOIE: Si on retrouve l'accidenté ou la personne
disparue?
M. BELLEMARE: Cela arrive rarement.Ce sont des hypothèses. Cela
peut arriver. La commission usera certainement de discrétion, je pense
bien, mais ça arrivera...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que la loi le prévoit? Quel article de la
loi s'appliquerait à ce moment-là?
M. BELLEMARE: L'article 34, 1-a). On a appliqué exactement le
même principe qu'à la Régie des rentes. Voyez-vous, le
régime des rentes du Québec, à l'article 108, est
exactement le même: « Lorsqu'un cotisant bénéficiaire
est disparu dans des circonstances où onpeut présumer son
décès, la régie peut délivrer un certificat
déclarant que, pour les fins de la présente loi, il doit
être réputé décédé à la date
indiquée. S'il est ultérieure ment prouvé que ce cotisant
bénéficiaire n'est pas décédé à la
date indiquée au certificat, celui-ci vaut jusqu'à la date de
cette preuve, mais devient par la suite sans effet. »
C'est à l'article 108 de la Loi de la Régie des rentes et
c'est pour ça que nous avons pensé, à la demande des
unions ouvrières la commission ayant passé plusieurs
castrés sympathiques et n'ayant absolument rien pour se couvrir
que nous devions ajouter l'article 34, L-a), tel que nous vous le soumettons.
Maintenant, au paragraphe c) nous remplaçons: « il est en outre
accordé à la veuve dépendante ou, si cette dernière
est décêdée, à cette mère adoptive, une somme
de $300. » Quand arrivait l'accident, la loi accordait $300 à la
mère pour s'organiser; achat de vêtements, et démarches de
toutes sortes pour assister aux funérailles. Alors
là, on dit qu'à ce moment précis, il y a une
dépense qui s'impose pour la famille. Alors, au lieu de $300, la
commission prétend qu'il serait nécessaire de mettre $500, au
lieu de hausser les frais funéraires qui sont présentement de
$600.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre me permet? Au sujet des personnes
disparues, le « peut » nous étonne un peu.
M. BELLEMARE: Le quoi? Le?
M. LEFEBVRE: Le mot «peut».« Lorsque l'ouvrier est
disparu à la suite d'un accident survenu par le feu ou à
l'occasion du travail dans des circonstances qui font présumer son
décès, la commission peut reconnaître. »
M. BELLEMARE: Oui.
M. LEFEBVRE: En fait, si les conditions auxquelles il est fait allusion
font présumer son décès, est-ce qu'on ne devrait pas lire
la « commission doit reconnaître »?
M. BELLEMARE: C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'obligation, tel
qu'il est spécifiquement donné dans la Loi de la Régie des
rentes. La Loi de la Régie des rentes ne peut pas être plus claire
et je crois que c'est à la suite de cet article passé dans la Loi
de la Régie des rentes que la commission s'est crue justifiée de
l'incorporer elle aussi dans la Loi des accidents du travail.
M. LEFEBVRE: Si je comprends bien, ça ne veut pas dire que la
commission, dans un cas, pourrait décider d'une façon et dans
l'autre, de l'autre.
M. BELLEMARE: Non, non. D'ailleurs, ils sont actuellement cinq membres
à la commission et je ne pense pas qu'il y ait jamais eu, à mon
sens, de décisions non unanimes.
M. LEFEBVRE: Je pense que là-dessus, nous faisons confiance aux
membres de la commission, mais encore une fois le mot « peut »,
à mon point de vue...
M. BELLEMARE: Dans la Loi de la Régie des rentes, ils disent que
s'ils peuvent présumer son décès, la régie peut
délivrer, elle aussi, un certificat. Je ne pense pas. Au point de vue
légal, on l'a soumis à tous les juristes; on a eu de longues
séances avec les légistes et ils nous ont dit: Cela devrait
être interprété dans ce sens-là.. Maintenant...
M. GERIN-LAJOIE: A ce sujet-là, tout de même, j'aurais une
question supplémentaire à poser. C'est que l'économie de
la Loi des accidents du travail prévoit des compensations auxquelles les
accidentés ont un droit et un droit absolu.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Or, la discrétion de la commission
elle-même... Une fois que la commission a jugé du cas, la
compensation est obligatoirement versée. Par exemple, si on s'en reporte
à l'article 3 de la loi elle-même...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: ... la commission est tenue de payer la
compensation.
M. BELLEMARE: Voyez-vous, si l'honorable député me le
permet, c'est simplement pour déclarer comme mort l'accidenté. On
a le pouvoir de le faire simplement pour qu'il puisse, après,
bénéficier de tous les avantages de la loi. C'est simplement pour
donner à la commission la chance de prendre action, de rendre
immédiatement service à la famille éprouvée,
à la veuve et aux enfants, pour ne pas attendre des semaines, des
semaines et des mois et des années. On n'avait pas le droit
autrement.
M. GERIN-LAJOIE: Mais on se demande pourquoi vous ne dites pas dans la
cinquième ligne: ... « la commission », au lieu de «
peut reconnaître », pourquoi ne dites-vous pas « la
commission doit reconnaître ou reconnaît »?
M. BELLEMARE: Bien, je crois qu'il y a là une obligation si on
met le mot « doit ». Il n'y a plus aucune... Supposons, par
exemple, que se présenterait un cas sur lequel on aurait un doute.
Quelqu'un qui est allé travailler pour une compagnie forestière,
dans le bois, pour faire de l'arpentage, pour faire des relevés
topographiques, des possibilités d'un chantier. Et il se passe deux,
trois, quatre jours, on ne le retrouve pas. Il s'est perdu. Un mois se passe.
On se dit qu'il a peut-être subi un accident de travail ou qu'il a
peut-être même été dévoré par des ours.
Un accident est peut-être arrivé. Alors, la commission peut,
à ce moment-là, décider qu'il y a réellement
absence. Mais si, à un moment donné, le contraire se produisait.
Si deux personnes, travaillant pour une compagnie forestière, partaient
elles aussi en exploration et que quelqu'un nous dise entretemps les avoir vues
dans un autre endroit, laissant à la commission un doute... Après
une
enquête, admettons que ce soit confirmé. Là, la
commission pourrait se réserver le droit de ne pas payer. C'est ainsi
que la commission se doit d'avoir une certaine discrétion mais 99% des
cas qui arrivent quand il y a absence prolongée surtout
sont, je pense, accidentels. Et c'est pourquoi il faut garder ce pouvoir
discrétionnaire qui n'est pas abusif à la commission. Jamais la
commission...
M. GERIN-LAJOIE: Là, on en est sur le texte de la loi. On n'en
est pas sur les personnes qui sont régisseurs. Je pense bien que le
ministre comprend que nous n'attaquons pas des personnes, présentement.
On regarde le texte de la loi en soi, la réflexion faite vient de
là.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, je pense que l'honorable député,
qui est un excellent avocat, sait que nous marchons sur des
présomptions. C'est sûr.
M. LEFEBVRE: Ce ne peut être absolu et automatique.
M. BELLEMARE: Non. C'est sûr et certain, comme le dit l'honorable
juge, que ce ne peut être absolu ni automatique. C'est pourquoi cela
existe. Je ne pense pas qu'il puisse s'y discerner des abus.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je voudrais bien que notre
point soit établi bien clairement. Je comprends ce que le ministre vient
de nous expliquer. Et je pense que, pour tenir compte de cela, il y a dans la
quatrième ligne tout ce qu'il faut, dans les circonstances, pour
présumer de son décès. Il faut que la commission
décide d'abord s'il y a présomption de décès ou
non. Ceci est la quatrième ligne. Quand la commission a
décidé, par hypothèse, qu'il y a présomption de
décès, nous soumettons que la commission ne devrait plus avoir de
discrétion, qu'elle devrait être obligée de
reconnaître, dès qu'elle a décidé qu'il y a
présomption. Alors, je veux bien qu'on laisse l'idée de
présomption mais qu'à la cinquième ligne la commission
soit placée dans l'obligation, comme on l'a fait aux autres articles, ce
n'est pas plus offensant que ça.
M. BELLEMARE: Au contraire, je trouve que l'argument soulevé par
l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges est fort
éloquent au point de vue légal. D'accord ! Mais je dis que s'il
lit bien le texte, la commission après avoir décidé, elle,
qu'il y a un décos présumé, peut alors appliquer tout le
reste de la loi. Elle peut le faire et, comme le dit l'article, peut
reconnaître, pour les fins de la présente loi. Mais elle se garde
aussi le pouvoir, si on le retrouve, de devoir prendre une action
différente. Et c'est pour ça qu'elle peut.
M. LEFEBVRE: Mais c'est ailleurs, ça, dans l'article.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est pour ça. D'ailleurs, si on relit
encore une fois... Dans la Loi de la Régie des rentes, il doit
être réputé décédé à la date
indiquée. Cela est un droit qu'ils ont, eux. Mais ils disent qu'ils
peuvent considérer le cotisant comme absent, et, dans la Loi de la
Régie des rentes, il doit être réputé
décédé à la date indiquée, mais la
Régie des rentes peut, comme le dit la Loi de la Régie des
rentes, à l'article 108, considérer ce cotisant comme absent.
Moi, je ne suis pas capable de continuer, au point de vue légal, cette
grande discussion avec les maîtres-avocats, mais je pense que simplement
dans l'application que nous avons de la Loi, surtout jusqu'à
présent, je comprends que les honorables députés vont me
faire confiance quant à mes qualifications de légiste je
n'ai pas eu tous mes diplômes. Mais en tout cas, chose certaine, je crois
que cela devrait satisfaire. Nous l'avons étudié très
sérieusement, nous l'avons soumis aux légistes, au comité
de la législation, nous avons fait certaines observations nous aussi, et
on nous a dit: Cela ne peut pas être plus clair que le texte qui est
là présentement.
M. LEFEBVRE: J'ai bien écouté les explications du ministre
du Travail, mais je suis d'accord avec mon collègue et, pour ma part, je
ne suis pas avocat, mais si les mots ont un sens, il m'apparaît
très clair que cet article-là est mal rédigé en
fe.it. Nous sommes d'accord avec les intentions du ministre, mais le texte ne
reflète pas les intentions du ministre. Alors que la discrétion
qu'on veut donner aux membres de la commission doit porter sur
l'évaluation de la présomption de décès
comme vient de le dire mon collègue tout à l'heure le
texte semble le dire ou en fait le texte dit que la discrétion des
membres de la commission est indépendante de la présomption de
décès. Je regrette, mais les mots ont un sens, et c'est cela que
nous lisons. Ce ne sont pas vos intentions, nous le savons...
M. BELLEMARE: Il y a peut-être un cas ou deux cas par
année.
M. LEFEBVRE: Non, mais ça ne fait rien.
M. BELLEMARE: La commission possède dans toute l'application de
sa loi tout ce pouvoir qui est un pouvoir discrétionnaire de
décider quant au montant de la prime, quant au montant de
l'évaluation de la plaie. Il y a partout discrétion. C'est
fantastique, c'est toute l'économie de la Loi des accidents du travail
qui est faite suivant ce barème. Je ne vois pas pourquoi on ferait une
chicane aujourd'hui, quand il y a un cas ou deux ou peut-être pas du
tout, ceci arrive très rarement. Mais si c'est simplement pour couvrir
la commission, et dires Vous avez le droit, comme l'ont la Régie des
rentes, d'appliquer la Loi quand ils sont réputés absents...
M. LEFEBVRE: Evidemment, il serait peut-être inutile à ce
stade-ci de soumettre un amendement parce qu'on connaît d'avance le sort
qui va lui arriver, le ministre semble résister absolument à
l'idée d'améliorer son texte...
M. BELLEMARE: Farouchement
M. LEFEBVRE: ... mais on n'en voit pas, nous, la justification, parce
qu'encore une fois, il me semble y avoir là une chose qui n'est pas
claire et sans mettre en doute du tout le dévouement et la sagesse des
membres de la commission, il nous semble que le texte ne dit pas ce que le
ministre explique, et je ne vois pas pourquoi le ministre refuserait de
corriger son texte.
M. BELLEMARE: Le ministre,bien condescendant, demande à
l'honorable président de l'accepter s'il-vous-plaît.
M. BINETTE: A la dernière ligne du paragraphe la), il est dit:
« La date de son décès est celle de l'accident ».
Est-ce que, dans le cas d'une disparition, comme expliquait le ministre tout
à l'heure...
M. BELLEMARE: Cela, c'est un accident.
M. BINETTE: Est-ce que la disparition est considérée comme
un accident? Et c'est la date de la disparition qui est...
M. BELLEMARE: Oui, oui. Dans l'administration, dans l'économie de
la loi, l'absence, si son travail...
M. BINETTE: Si ce n'était pas cela, il vaudrait mieux ajouter:
« ou de la disparition ».
M. BELLEMARE: Non, mais c'est compris.
M. BINETTE: L'interprétation dit que: disparition est accident,
est considérée comme un accident.
M. BELLEMARE: C'est ça. Adopté. Article 3.
M. BINETTE: Ce n'est pas clair.
M. BELLEMARE: Maintenant l'article de la rente minimale aux veuves avec
enfants, le dernier paragraphe. Le montant était fixé autrefois
à $100 avec un enfant. Il est porté aujourd'hui à $135
avec un enfant. Cela ne doit pas être en bas de ce minimum. S'il y a deux
enfants, autrefois la loi disait $125, nous disons aujourd'hui $170.
Autrefois, on disait pour deux enfants et plus, $150, pour deux et plus.
Nous autres, nous disons que $205, ça va être le minimum. Cela
veut dire toujours 75% de son salaire s'il gagne $6,000. Par exemple, je suis
un ouvrier qui travaille à $6,000 par année et j'ai chez moi sept
enfants et ma femme. Je suis accidenté à un moment donné,
j'ai un accident de travail mortel, je décède. A ce
moment-là, par la loi, ma femme va recevoir sept fois $35,
c'est-à-dire un montant de $245, plus sa pension de $100, ce qui va
faire à la veuve de cet accidenté, $345. Par la loi, en
application du 75% sur les $6,000, le maximum que je puis atteindre, c'est
$385. C'est-à-dire que je pourrais avoir huit enfants je serais encore
dans le cadre du salaire qui serait payable à ma veuve. Alors cet
article-là, c'est pour mettre des minima de $135. Supposons que
quelqu'un gagnerait $2,000, son 75% ne serait que $1,800. Alors il n'aurait pas
$135, mais là, il va l'avoir. S'il a un enfant, s'il a deux enfants,
c'est $170 au moins et s'il en a plus, c'est $205 au moins, ça ne peut
pas être en bas de ça. C'est la raison de l'article qui est devant
vous, le dernier article du numéro 3 qui fait suite à 34, 1-a, et
c'est l'explication que nous avons à donner.
Maintenant, l'article 4, 37, c'est une amélioration que nous
apportons à la loi. Aux pensions, par exemple, des veuves, aux pensions
des mères nécessiteuses, aux pensions de vieillesse. Je
décède le 2 du mois. Mon chèque arrive chez nous, ma veuve
reçoit le chèque de pension de viellesse le 2 pour le mois de
juillet. Elle le retourne avec un certificat d'inhumation, un certificat de
décès et une lettre disant qu'elle est exécuteur
testamentaire et alors, on retourne le chèque fait à mon nom pour
le mois. Autrefois, on était obligé de dire: l'employé est
mort le 2, il a droit à 2/30 de la pension. On
fait donc disparaître ça, on paiera tout le mois dès
qu'il y aura preuve du décès, certificat de décès
et que l'on saura à qui adresser le chèque pour ce qui est de
l'exécuteur testamentaire.
M. LEFEBVRE: Très bien. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Le numéro 5, M. le Président, bien c'est
l'échelle de la revalorisation des rentes, telle qu'elle apparaît
au tableau que j'ai remis à l'honorable député. Je pense
que ce n'est pas nécessaire de discuter tout ça. C'est
compréhensible. D'ailleurs, nous retrouverons le tableau à la fin
de la loi, il est là, à l'annexe A. Maintenant, à
l'article 6...
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté? M. LEFEBVRE: Oui,
adopté.
M. BELLEMARE: ...c'est l'aggravation,par exemple, d'un accidenté.
Vous avez, à un moment donné, un type qui a un accident de
travail. Au bout de quatre ans et huit mois, en travaillant il se démet
de nouveau le genou qui avait été accidenté il y a quatre
ans et huit mois. Il s'en va chez son médecin qui lui dit: « Bien,
c'est vrai, c'est à cause du premier accident ». Il s'en vient
chez nous à la Commission des accidents de travail et comme, il y a
quatre ans et huit mois, il gagnait $3,000 et que son salaire aujourd'hui est
de $6,000 nous sommes obligés, par la loi, de calculer son
indemnité de 75% sur les $3,000 qu'il gagnait il y a quatre ans et huit
mois parce que la loi dit « cinq ans ». Alors nous changeons
ça et nous le rapprochons plus de la réalité, nous mettons
trois ans. Après trois ans, s'il y a un accident qui est aggravé
à cause d'un premier accident, avec une preuve médicale nous le
paierons par rapport au salaire gagné, 75% de son salaire pourvu que
ça ne dépassera pas $6,000.
M. LEFEBVRE: Le salaire gagné il y a trois ans?
M. BELLEMARE: A l'époque de sa blessure, dans la période
de trois ans.
Mais si cela fait trois ans et un mois, nous le paierons sur le salaire
gagné; 75% sur le salaire qu'il gagne après trois ans. On avait
cinq ans avant, de toute façon.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je crois bien comprendre les
explications du ministre, mais est-ce qu'en fait, il ne serait pas normal qu'un
travailleur qui, aujourd'hui, a une blessure qui est la suite d'un premier
accident soit compensé selon son revenu actuel et non pas selon son
revenu d'il y a trois ans? Je comprends que c'est une amélioration de
racour-cir de cinq à trois ans, je suis d'accord...
M. BELLEMARE: C'est que nous ne sommes pas les seuls à payer.
M. LEFEBVRE: ... mais en équité là.
M. BELLEMARE: Il y a un homme qui s'appelle l'employeur aussi. Il a son
mot à dire, parce que si on le ramène à cela, il est
obligé de payer, à ce moment-là. Mais on est assez large.
Dès qu'il y a un certificat médical qui prouve que c'est à
la suite du premier accident qu'il y a une aggravation, on ouvre le dossier
immédiatement, on le réexamine, on paie les hôpitaux, les
transports, on l'opère de nouveau, on lui paie sa compensation pleine et
entière, comme s'il n'y avait rien. Mais au lieu de garder cela
jusqu'à cinq ans comme le voulait la loi, on la change et on dit: Cela
sera maintenant trois ans. Avec les années, on viendra peut-être
à mettre ce délai plus court, mais il faut faire attention. Il y
a, parmi les accidentés du travail, une petite clientèle
très minime qui joue avec ces certificats. Il faut garder une certaine
discipline et un certain ordre. Ils vont voir un médecin et ils
obtiennent un certificat médical, peut-être parce que ce sont de
bons gars ou de bons clients. Que voulez-vous? Il arrive avec un certificat, on
ouvre le dossier et on risque quelquefois de décevoir l'accidenté
en lui disant: Monsieur, on ne peut accepter cela. Alors, pour être bien
sûr, on dit qu'après trois ans, s'il y a un nouvel examen et que
la commission le prouve, avec les certificats médicaux que nous a
fournis l'intéressé, là on rouvrira le dossier, et on le
paiera sur le salaire gagné.
M. LEFEBVRE: Le ministre vient de faire allusion aux médecins.
Lors de la discussion de ses crédits, il avait mentionné que les
salaires des médecins à l'emploi de la commission seraient
rajustés en vertu du nouveau budjet. Est-ce que je peux ouvrir une
paranthêse et lui demander s'ils l'ont été?
M. BELLEMARE: Il est dedans celui-là! Il est juste dedans.
M. LEFEBVRE: Eh bien! Est-ce que c'est aujourd'hui?
M. BELLEMARE: Je ne sais pas si c'est aujourd'hui, demain ou
après-demain, mais c'est déjà décidé, c'est
fait, c'est en ligne pour signature par le conseil des ministres. Cela peut
être demain, cela peut être après-demain. On a eu des
péripéties que je conterai personnellement au
député, mais on a toute une odyssée dans cela.
M. LE PRESIDENT: L'article 6 est-il adopté?
MM. LEFEBVRE et BELLEMARE: Adopté. M. BELLEMARE: Article 7. M. LE
PRESIDENT: Article 7.
M. BELLEMARE: Le numéro 7, c'est le fameux salaire minimum dont
parlait tout à l'heure l'honorable député. Il faut
comprendre que l'article en question s'applique à des cas qui peuvent
être appelés exceptionnels. Ainsi, par exemple, un jeune homme
peut agir comme commissaire un soir ou deux par semaine, à des heures
réduites chaque jour, ou encore un individu retraité ou
handicapé peut travailler quelques heures par jour pour une commission
scolaire, comme les préposés à la sécurité
pour protéger les enfants. Alors, c'est là que s'applique pour
lui ce 25 à 35% de minimum. Il n'y a pas de problème, je ne pense
pas.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Article 8. C'est un article de concordance pour prendre le
$5,000 et le placer à $6,000 comme revenu, pour déterminer ce que
la commission croit le plus approprié aux circonstances.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Le salaire n'est pris en considération que
jusqu'à concurrence de $5,000 de l'ancienne loi et il est reporté
à $6,000.
M. LEFEBVRE: Adopté.
M. BELLEMARE: L'article 90, M. le Président, c'est encore une
concordance qui dit $6,000 au lieu de $5,000, à la cinquième
ligne.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. LEFEBVRE: Adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que le ministre me permet,
est-ce qu'on a sauté l'article 10?
M. BELLEMARE: Comment?
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'on a passé l'article 10?
M. BELLEMARE: Non, non. Je discute l'article 10. Et je dis que c'est
pour enlever les dernières lignes de cet article qui prévoit
également que la commission peut accepter une réclamation,
même après cinq ans si la chose lui paraît juste, et, avec
le texte actuel, si la pneumoconiose est accompagnée d'une complication,
la demande doit être rejetée. En terme profane, dans cette
question d'ordre médical, il ne peut être noté
qu'après cinq ans, la Commission des accidents de travail peut accepter
une pneumoconiose simple, mais qu'elle doit refuser une pneumoconiose
accompagnée ou compliquée d'une autre maladie. La disposition
actuelle est injuste...
UNE VOIX: C'est la même chose.
M. BELLEMARE: ... et de nature à priver les travailleurs de
compensations auxquelles en équité et en justice ils peuvent
avoir droit. C'est pour ça, M. le Président, que nous l'enlevons
complètement et que nous paierons avec complications.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il est clair que l'amendement
proposé par le ministre est un pas en avant et rend justice aux
travailleurs. Je me demande si le ministre ne voudrait pas profiter de cette
occasion pour amender davantage la loi qui définit la pneumoconiose en
relation avec la poussière siliceuse. Il est connu, M. le
Président, que d'autres poussières industrielles peuvent causer
des maladies semblables. Il y a eu l'expérience du béryllium qui
est appliqué, ou était autrefois appliqué...
M. BELLEMARE: Les honorables messieurs, mes conseillers les meilleurs,
surtout le docteur Bertrand Bellemare qui a fait des études très
poussées, dit que c'est tout couvert par la loi. Alors, je ne voudrais
pas, M. le Président...
M. LEFEBVRE: Par 108?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais souligner
à...
M. BELLEMARE: M. le Président, dans la loi des accidents du
travail, à la page 68, tout est déterminé tel que le veut
l'honorable député de D'Arcy-McGee, paragraphe 12: « Toute
ma-
ladle caractéristique d'un emploi, métier ou
procédé industriel qui lui est particulière, est
déclarée être une maladie industrielle au sens de la loi
des accidents du Travail. » Vous allez trouver ça à la page
68, à l'article 12, « genre de maladies ». Alors c'est
couvert.
M. LEFEBVRE: L'article 12 de la loi.
M. BELLEMARE: Non, l'article 12 de la page 68, chapitre 159, accidents
du travail. Vous allez voir les genres de maladies. Douzièmement,
« toute maladie caractéristique d'un emploi, métier ou
procédé industriel qui lui est parti» culiêre, est
déclarée être une maladie industrielle au sens de la loi
des accidents du travail. » C'est couvert et nous opérons
présentement dans ce sens-là.
M. GOLDBLOOM: Bon! Alors, le fait que le deuxième alinéa
de l'article 106...
M. BELLEMARE: On l'ôte. Trop fort ne casse pas.
M. GOLDBLOOM: Non, je ne trouve pas ça...
M. BELLEMARE: Non, trop fort ne casse pas. Vu qu'il était dans la
loi et que c'était un handicap, nous avons pensé que
c'était mieux de le supprimer à cause des complications qui
peuvent avoir lieu et que certaines personnes nous disent: Ce n'est pas...
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. GOLDBLOOM: D'accord, M. le Président, c'était seulement
sur la possibilité que la définition de la pneumoconiose
était trop restrictive que je voulais intervenir.
M. BELLEMARE: Merci infiniment c'est justement dans le ton.
M. LE PRESIDENT: Article 10 adopté.
M. LAPORTE: Entre médecins vous vous comprenez bien.
M. BELLEMARE: C'est ça, puis je n'ai pas eu la mastication.
L'article 11 c'est la loi modifiée en remplaçant 118.
C'est le tableau qui apparaît et qui entre là pour protéger
les rentes qui ont été augmentées par le tableau de 1964
qui est dans la loi. A l'article 12, il y a peut-être...
M. LE PRESIDENT: Article 11 adopté?
M. LEFEBVRE: Oui.
M. BELLEMARE: ... un petit amendement à apporter. Il faudrait
ajouter après les articles 2, 7, 8 et 9, l'article 10 parce que les
employeurs craignent énormément la rétroactivité de
l'application de cette maladie qu'on fait disparaître avec les
complications et que certains employés puissent faire des
réclamations si elle n'est pas rentrée dans les articles qui
deviennent en opération à partir du premier septembre 1967. On
ajouterait le paragraphe 10 de la présente loi. D'accord?
M. LE PRESIDENT: Article 12 adopté.
M. BELLEMARE: Alors, après les articles 2,1, 8, 9 et 10 on ajoute
ça.
M. LEFEBVRE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 13.
M. BELLEMARE: Article 13 c'est encore pour donner la date de
l'application de la loi, ça concerne les rentes des veuves et des
enfants qui doivent s'appliquer non seulement pour les rentes futures, mais
aussi pour toutes celles qui sont actuellement existantes. Cela c'est à
partir du 1er septembre 1967.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: L'article 14 c'est relativement aux aggravations et ne
doit s'appliquer... ah oui, ça aussi c'est pour empêcher que
ça s'applique seulement pour les aggravations qui seront prévues
dans l'avenir.
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. BELLEMARE: Merci. Je voudrais remercier les honorables
députés de leur bonne collaboration si vous me le
permettez les officiers aussi, les membres de la Commission de leur
généreux apport qu'ils nous ont apporté, à la
préparation de cette loi.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je tiens au nom de l'Opposition
à souhaiter bonne chance aux membres de la Commission dans l'application
de la loi telle qu'amendée et à les remercier de leur
collaboration.
UNE VOIX: Vous allez augmenter les salaires des commissaires.
M. BELLEMARE: Ils sont bien heureux. Ils le sont à tous les
matins.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail propose que
l'amendement adopté par le comité plénier soit maintenant
reçu, lu et agréé. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Troisième lecture
M. BELLEMARE: Est-ce que les honorables députés seraient
prêts pour la troisième lecture?
M. LE PRESIDENT: De consentement, l'honorable ministre du Travail
propose la troisième lecture du bill 79, Loi modifiant la Loi des
accidents du travail. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député d'Huntingdon est
prêt?
M. LAPORTE: Il est en haut. Il doit faire des retouches.
On n'était pas censé prendre 24. Si on passait à la
troisième lecture de 24?
M. JOHNSON: S'il m'arrive une chose incompréhensible, c'est
peut-être déjà arrivé à d'autres
députés de cette Chambre d'être subitement pris...
M. LESAGE: Je me demande si le premier ministre ne devrait pas se rendre
à Sainte-Anne de nouveau.
M. JOHNSON: Oui, pour un vrai miracle. M. LAPORTE: Des choses
confidentielles.
M. JOHNSON: Au moins sur un ton confidentiel. Voici, je serais
prêt, évidemment j'attends mon dossier à
proposer la loi prévoyant la formation du nouveau ministère. Mais
je ne voulais pas affliger les députés de cette voix qui
subitement s'est détériorée mais temporairement, qu'on ne
s'en fasse pas, je sais que tous les députés prient pour qu'elle
revienne très rapidement, mais si on voulait passer plutôt
à cet article du discours sur le budget, on pourrait demander au
député d'Huntingdon de prendre la parole ou tout en lui
réservant la parole, de laisser la parole à un
député de l'Union Nationale qui est prêt à parler
tout en réservant le droit du député d'Huntingdon.
M. LAPORTE: Tout en réservant le droit du député
d'Huntingdon.
M. JOHNSON: Alors, le suspense durera plus longtemps.
Débat sur le budget
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, le droit de parole de
l'honorable député de Huntingdon est réservé,
conformément aux dispositions de l'article 261 et suivants de nos
règlements et je reconnais l'honorable député de
Témiscouata sur la reprise du débat sur la motion de M. Dozois.
Reprise du débat sur la motion de M. Dozois proposant que M. le
Président quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme de
nouveau en comité des voies et moyens.
L'honorable député de Témiscouata.
M. Montcalm Simard
M. SIMARD: M. le Président, étant dans le commerce de
l'automobile, de même que mon collègue de Bonaventure, et en plus
membre de l'Association provinciale des marchands d'automobiles du
Québec Inc., permettez-moi d'attirer l'attention de cette Chambre sur la
situation dans laquelle se trouvent un certain nombre de commerçants
face à des lois ou réglementations qui ne correspondent plus aux
besoins de 1967. Avant de suggérer quelques mesures au nom de notre
association, j'aimerais avec l'aide de quelques statistiques démontrer
en cette Chambre l'importance et le rôle primordial que joue ce groupe de
commerçants sur l'économie de la province de Québec. En
1965, le nombre d'employés dans les garages ayant une franchise pour la
vente d'automobiles et de camions dans la province de Québec
était de 23,209, pour une somme de $67,186,521 en salaires.
Deuxièmement, pour la même année, soit 1965, il
s'est vendu 182,707 automobiles dans le Québec pour un montant de
$591,221,000. Toujours pour la même année, 1965, le nombre de
camions neufs vendus dans la province de Québec était de 22,620
pour un montant de $98,708,000. En 1964, la taxe sur la vente des voitures et
des camions a rapporté 19.7 du revenu total de la province, les frais
d'enregistrement, (licenses) 4.8%, la taxe sur l'essence, 14.8%, soit 39.3 du
revenu provincial. En 1966, il y avait dans la province 1,733,256
enregistrements et en 1970 ce chiffre dépassera les deux millions de
véhicules.
A la fin de 1966, il y avait 800 marchands avec franchise dans la
province de Québec, dont 490 étaient membres de notre
association
provinciale. L'ex-ministre des Transports et Communications se
souviendra sans doute que de nombreuses rencontre s eurent lieu. Des hauts
fonctionnaires au transport, le directeur du Service des
véhicules-automobiles et quelques membres de l'Association, tous
étaient conscients qu'il y aurait lieu d'améliorer le
système d'émission des permis. Tous étaient conscients des
nombreux vols d'automobiles qui existent dans la province et aussi des nombreux
accidents de la route qui consternent les familles du Québec et causent
des dommages matériels pour des centaines de millions de dollars. Tous
étaient conscients que des voitures volées étaient vendues
à des acheteurs de bonne foi et que ces voitures étaient mises
sur le marché en mauvaise condition sans aucune garantie du vendeur.
Qu'a-t-on fait devant un présent état de chose? Rien. Je
suis confiant que le ministre actuel des Transports et des Communications saura
trouver une solution à un problème aussi important. Que
propose-t-on? Une régie provinciale de l'automobile, laquelle pourrait
contrôler en quelque sorte le commerce au détail. Cette
régie pourrait être composée de représentants de
notre association, du gouvernement ainsi que de membres indépendants.
Plusieurs avantages pourraient découler de l'établissement d'une
telle régie. Aucune licence provinciale de commerçants
d'automobiles ne serait accordée à un individu ou une compagnie
sans que la régie enquête dans chaque cas. A l'heure actuelle,
trop de commerçants obtiennent des licences sans se soucier de la
protection du public.
Je suggérerais qu'une régie dûment constituée
puisse établir des normes et exiger du requérant un permis de
commerçant, qu'il fournisse certaines qualifications qui, à mon
sens, sont indispensables et voici les plus importantes: Premièrement,
le requérant devra avoir un local d'affaires reconnu;
deuxièmement, le requérant devra s'occuper principalement
d'acheter, de vendre, et d'assurer le service d'entretien des véhicules
moteurs; troisièmement, le requérant devra être en
état d'opérer d'une façon compétente un commerce de
marchand d'automobiles; quatrièmement, le requérant devra
employer les services de mécaniciens qualifiés;
cinquièmement, le requérant devra avoir en sa possession un
équipement adéquat àlaréparation des
véhicules moteurs et tout ce qui est nécessaire dans ce domaine
pour la protection du public; sixièmement, le requérant devra
être honnête, fournir des preuves de solvabilité, et n'avoir
aucun dossier judiciaire relatif au commerce de l'automobile. Une telle
régie rendrait service au public en classifiant les commerçants
de véhicules moteurs, et permettrait de revaloriser le standard de leur
commerce.
Après avoir rencontré des dépositaires du
Nouveau-Brunswick où une telle régie a été mise en
place depuis trois ou quatre ans, nous avons constaté que tous ces gens
ne voudraient plus revenir à l'ancien système, car l'on
prétend que l'ordre a été mis dans un commerce des plus
important.
Dans un autre domaine qui touche encore le commerçant
d'automobiles, je veux parler des permis de location d'automobiles à
court terme. M. le Président, dans la province de Québec, les
marchands d'automobiles doivent s'adresser à la régie des
Transports pour leurs demandes de permis de location. Lorsqu'il s'agit d'une
demande de location à long terme, 12 mois, 24 mois ou 36 mois, le
marchand obtient généralement son permis sans difficulté,
mais lorsqu'il est question d'une demande pour un permis à court terme,
« daily rental », les difficultés surgissent.
L'association des « drive yourself » s'oppose chaque fois
qu'un marchand d'automobiles formule une demande, cette opposition automatique
du seul fait que le demandeur est un marchand de véhicules est
érigée presqu'en système. Les opposants brandissent
l'argument de concurrence déloyale.
J'aimerais souligner que les exploitants de « drive yourself
» bénéficient de la part des manufacturiers d'automobiles,
d'un traitement de faveur. Tantôt ce traite ment de faveur consiste dans
des annonces à la télévision sur les réseaux
nationaux, dans une publicité tant à la radio que dans les
journaux, tantôt sous la forme d'un subside ou d'un rabais. Toujours dans
le même ordre d'idée, même s'il est vrai que notre
association ne s'est jamais objectée aux demandes de permis faites par
les exploitants de « drive yourself », il n'en demeure pas moins
que ces derniers ont envahi, et continuent de pénétrer dans le
champ d'action propre des marchands d'automobiles.
Par exemple, directement ou indirectement, par personnes
interposées ou par le truchement de compagnies subsidiaires dont les
intérêts sont au fond les mêmes que ceux des exploitants de
« drive yourself ». Ces derniers effectuent eux-mêmes les
réparations à leurs véhicules, achètent avec
escompte des garagistes des pièces de rechange, procèdent aux
travaux de débosselage et de peinture, exploitent des postes d'essence
et voient eux-mêmes à la vente des véhicules usagés
une fois que ces derniers ne peuvent plus servir à des fins de location.
Toutefois, nous voulons nous placer à un échelon supérieur
et
envisager le bien commun de la population. Nous voulons aider nos
clients.
Il est devenu d'usage presque universel que le propriétaire d'un
véhicule endommagé en confie la réparation au marchand de
qui il en a fait l'acquisition. Autrefois, non seulement par courtoisie, mais
en fonction des bonnes relations et pour soigner et conserver sa
clientèle, le marchand prêtait un véhicule à son
client pour la période nécessaire aux réparations.
Aujourd'hui, vu le très grand nombre de cas de ce genre, les exigences
des assurances et la complexité des textes de loi, le marchand doit
pouvoir recourir à la formule de location à court terme pour
continuer à rendre service à son client, dans le but,
évidemment, de soigner sa clientèle. En d'autres termes, les
temps ont changé.
Par le truchement d'un permis de location à court terme, disons
que le marchand viendrait aider son propre client en panne. Par exemple,
l'automobile d'un client devra demeurer au garage parce qu'il s'écoulera
plusieurs jours avant qu'on puisse obtenir une pièce de rechange. Le
client demande à son marchand s'il peut lui louer un véhicule. Ce
n'est pas dans l'intention des marchands d'automobiles de faire la location de
leurs véhicules à tout venant, mais bien d'accommoder leur
clientèle, de rendre service à leurs clients propriétaires
d'une automobile dont ils sont temporairement privés de l'usage.
Je suis assuré, M. le Président, qu'un amendement pourrait
être apporté à la loi afin de nous permettre d'obtenir nos
permis de location directement du ministère des Transports et des
Communications, sans avoir à transiger dans ce cas avec la Régie
des transports.
Ce ne sont, en résumé, que quelques points particuliers;
il y aura lieu, à l'occasion, d'élaborer le sujet et, par ce
fait, de corriger des problèmes, à la satisfaction de la
population du Québec.
Avant de terminer, à la suite d'une intervention du 20 juin,
inscrite au journal des Débats, page 4254, une phrase entre autres ne
traduisait pas ma pensée et je m'explique. A la suite des remarques du
député de Mercier, qui s'inquiétait d'un montant de taxes
de vente non distribué placé dans un fonds spécial,
j'avais ajouté que certaines municipalités du Témiscouata
avaient été privées, de 1963 à 1966, d'un montant
d'audelà de $200,000. Dernièrement, sur demande de certains
conseils municipaux, une revision de ces cas a été faite et on a
constaté des erreurs de montants assez considérables. Ceci prouve
une fois de plus, au dire de certains ex-ministres libéraux, le fouillis
indescriptible qui existait dans certains ministères et cela sous leur
administration.
Je me fais le porte-parole de ces huit maires de mon comté pour
remercier le ministre du Revenu, le député de Pontlac, de leur
avoir enfin donné justice et, par ce fait, permis, tout en soulageant
les contribuables de rétablir leur situation financière.
Le ministre des Affaires municipales est conscient que nous, maires de
petites localités, travaillons d'arrache-pied pour donner à nos
concitoyens au moins les services essentiels qu'exige le vingtième
siècle. Je suis convaincu que des mesures seront prises pour nous donner
de nouvelles sources de revenu qui nous permettront de donner aux
propriétaires résidents de nos petits centres, les services
qu'ils attendent de leurs gouvernants.
Je remercie à l'avance le ministre qui saura se rendre à
notre demande dans le plus bref délai possible.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Huntingdon.
M. Kenneth Fraser
M. FRASER: Mr. President, I must say that this speech has been in a
drawer for some considerable time. There has been quite a little water gone
under the bridge since it was prepared. I hope that it has not been out-dated
completely.
Now, if I can find the first page... In the budget for 1967-68, as
presented by the Minister of Finances, as a member from an agricultural county,
I was interested to see what would be the programs of the Department of
Agriculture to help solve the farm problems facing the farmers of this
Province. Everyone who knows agriculture knows that the problem is a very
complex one with many complications, international, national as well as
provincial. I was disappointed therefore to see there in a speech that covers
nineteen pages in the Journal des Débats, the Minister has devoted one
small paragraph to the Department of Agriculture, and only 3.7% of the total
budget.
Mr. Speaker, the budget deals with the finances of the Province,
money.
I would like to assure the Minister of Finance, that the farmers are
interested in money, money and more especially the lack of money is the cause
of the decline of agriculture and the reason why thousands of farmers' sons
have left the farm to go into other easier and more lucrative employment. The
basic solution to this problem is money. In the United States recently, the
farmers there, in the same predicament financially as the farmers in Quebec,
were on
strike, withholding cattle and hogs from market and dumping thousands of
gallons of milk. They say they are being forced out of business by low
prices.
The farmer in Quebec, the Canadian farmer, finds himself competing with
the American farmer who has been subsidized to some extent. The climate in
Pennsylvania and the neighbouring States or even in Wisconsin, gives their
farmers a great advantage over the farmers in Quebec who must keep their cattle
in the barn for six and a half months of the year, seven months this last
winter.
We are also in direct competition with the New Zealand farmers who can
produce cheap butter, because their cattle are outside twelve months of the
year and need extra feed only two or three months. The same thing is true for
farmers in the British Isles, in Denmark, in Holland and in the other countries
in Europe.
Mr. Speaker, to help solve the farm problem, the. government has cut the
budget of the Department of Agriculture by $4 1/2 million in ordinary
expenditures. The government is introducing crop insurance. This is a good
thing but it is not a cure-all, nor will it perform any miracles. It will act
in the same way as fire insurance. It will prevent a loss from being a
disaster, but it will cover only 80% of the loss, not 100%. It will be another
bill to pay in an industry that has already only been able to keep its head
above water under the best conditions and with considerable federal aid. The
federal program of subsidies on industrial milk has been the greatest step in
the right direction, in my humble opinion, that has ever been done for the
dairy industry in Canada. In 1966, the Federal Government helped Quebec farmers
to the tune of $24 1/2 million.
I would ask the Minister of Agriculture to be very vigilant in making
sure that these subsidies do not serve to deliver milk to the companies at a
lower price and allow them to take big profits at the expense of the taxpayer.
For the benefit of the honorable members who have not had the benefits and
privileges of a life on the farm, I would like to point out a few figures.
Many speakers In discussing the farm problem say that the farmers must
become more efficient. An Interesting article in « La Presse »
gives figures to prove that the Canadien farmer is the most efficient farmer in
the world by a considerable margin.
M. BELLEMARE: Cela a déjà été dit.
M. FRASER: Using 1957 to 1959 period as a base of 100, the total
production in Canada has risen to 109 in 1960 in the United States it is
106 - to 128 in 1963 in United States It is 112 - to 144 in 1966
compared to 113 in United States. The same thing is true of production per
person employed in Canada in 1957. It equals 100. It has risen until 1966. It
is 124, that is much higher than in any other country. The number of people
employed in agriculture in Quebec in 1941 was roughly 250,000 persons or 13.1%
of the population. In 1966, there are only 109,000 people or 5% of the
population who are producing our food. To show up part of the economy, what
contribution it gives to the economy, the dairy industry in Canada produced 17
billions pounds of milk, 34% of this was produced in Quebec, 37% in Ontario.
This milk was sold to 1,300 dairy plants for $600 millions giving employment to
30,000 persons other than farmers whose wages amounted to over $140
millions.
Now, Mr. Speaker, what benefit will the new policies of the Government
be to the farmer in the Huntingdon County, who, last year, fed his grain to 40
hogs? He fed them for five months and he lost $5 per hog,that is $200 on his
winter work. The same thing is true of the broiler industry. The people raising
broiler chickens, they are working on a very very small profit, they are
practically working for nothing. The same thing is true with the potato
industry and many other farming ventures where the people are working on a very
very small profit. No profit at all in some cases.
My argument is this. Why should we insure our crop at an extra expense,
when the farmer after all his work and hopes sells the end products at cost or
at a lost? The fluid milk producer is also in difficulty. Ile has had some
increases during the last year and I will give you figures to show how little.
There was much publicity when the price of fluid milk was raised by $0.02 or
$0.03 a quart in Montreal and in the other markets too, besides an increase of
$0.01 last summer. Since one year, the dairies in Montreal have had an increase
of $1.90 for a hundred pounds, the farmer an increase of $0.90. As a producer,
I received in November of last year $4.83 on average price for total production
or $0.12.1 per quart. In February, after the increase, I received $5.04 for a
hundred pounds or $0.12.6 a quart. One half cent a quart extra with the
supposed increase in price.
The consumer in Montreal Is paying $0.08 to $0.10 a quart to have his
milk delivered to his door. One delivery man with the only investment of a
truck made $6,900.00 last year, more than any farmer producing on the market.
The price of delivery should not be included in the price of milk.
I cannot understand why the marketing board maintains a minimum price
for milk. This only protects the profits of the big dairies; it limits
competition and maintains a system that is inefficient and very costly to the
consumer. Let the dairies compete and let efficiency replace disorder. The
present price received by the farmer is not enough to stop the many farmers who
are selling out nor is it enough to encourage young men to undertake the great
investment that modern farming demands. The solution to the farming problem is
not a Chamber of Agriculture or a crop insurance alone. The solution lies in
setting up in cooperation with the other provinces and the Federal Government a
system of floor prices for farm products that will stop the bottom falling out
of the market, that will stop the fluctuation of prices that rob the farmer of
his livelihood, fluctuations that more often that not are not reflected in
prices to the consumer. The floor price must be high enough to insure the
producer a fair return for his labour and his capital invested.
In the socialistic State in which we live, where family allowances,
pensions and social aid protect the livelyhood in such a large percentage of
our population, the man who works and produces our food must be assured of a
decent return for his labor or he will loose interest in working. There must be
another difference between the worker and the one who does not. May I comment,
Mr. Speaker, on another aspect of the budget? The exclusions given to those
earning less than $2,000 in the case of a single man or for $4,000 for a
married man, I have two employees on my farm, and farm employees are not
supposed to be at the highest pay in the country, but these exclusions will not
benefit either of them.
On the family allowances, I am in favor of them as I stated in the first
speech I have ever made In this house. Ilowever, Mr. Speaker, on speaking about
social aid given to the people of this province, $261 million, that was up $25
million from last year, may I say that the worker who is paying this in taxes
and every one who pays taxes is carrying an enormous burden. The farmer who has
an average income in Quebec of $2,100 must pay half of the pension fund for his
employees, must buy unemployment insurance stamp for them since April first and
pay the property school taxes which will continue to increase. I see in the
budget an item for $20 million for social aid to employable persons. Mr.
President, can Quebec afford to continue giving money to people who are able to
work but do not. I consider it a waste of money to give a man money for doing
nothing. I would rather see twice this amount spent to give employment in the
rural areas of this province, there are thousands of farmers who need fences
built, ditches dug, brush cut, barns painted or repainted, who have not the
time or the money to hire men to do this work. The present system of social
service is creating and will perpetuate for generations a class of people who
will not work. If the children of a family are brought up in this kind of an
environment deux minutes in this kind of an environment, they
will, in a great majority of cases, end up as a burden on society, on the man
who works and pays taxes.
The only way to break this chain, the terrific hold of environment, is
to make work available and an obligation for those who are able.
If a man is dependent on the State for his livelihood, he should be made
an employee of the state and produce in some way for what he receives.
Mais, est-ce que je peux demander l'ajournement?
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable député
d'Huntingdon est-elle adoptée? Adopté.
De consentement unanime, la Chambre pourrait-elle revenir aux affaires
courantes afin de permettre à l'honorable député de
Chambly de présenter une motion non annoncée.
M. LAPORTE: Je propose qu'au comité des régies
gouvernementales à caractère industriel ou commercial, les noms
de MM. Choquette, Gérard-D. Lévesque et Michaud soient
remplacés par ceux de MM. Lesage, René Lévesque et
Binette.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. JOHNSON: J'ai déjà annoncé que le comité
siégerait à 9 h 30 a. m. et la Chambre de 11 h 00 à 1 h 00
p.m. et ensuite 2 h 30 p.m. si nécessaire jusqu'à 5 h 00p.m. pour
permettre...
M. LESAGE: Si le travail du comité n'est pas terminé et
étant donné que les membres de la Régie de la Commission
hydroélectrique seront venus de Montréal, si le comité n'a
pas terminé ses travaux, à 11 h 00 a,m., que se passera-t-il?
Après tout, c'est le premier ministre qui est le ministre des Richesses
naturelles.
M. JOHNSON: Nous aviserons...
M. LESAGE: Si je comprends bien, il y a deux bills à son nom.
M. JOHNSON: Nous aviserons à ce moment-là mais
peut-être aura-t-il lieu d'ajourner la Chambre la semaine prochaine pour
permettre l'étude en comité. Nous verrons.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! De consentement unanime, la Chambre ajourne
ses travaux à demain avant-midi à 11 h.