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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
M. BINETTE: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
quinzième Rapport du comité des bills privés.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LESAGE: Pour Monsieur Lapalme.
M. LE PRESIDENT: Pour Monsieur Lapalme, M. Lesage propose la
première lecture de la « Loi de la Place des Arts ». Cette
motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Le projet de loi a pour but de constituer une régie
qui aura le pouvoir d'acquérir et d'administrer à Montréal
un centre culturel, y compris l'actuelle salle de concert de la Place des Arts
et qui aura également le droit d'y monter des spectacles. Avec le
concours du Lieutenant-gouverneur en conseil et de la ville de Montréal,
cette corporation pourra assumer toutes les obligations actuelles du centre Sir
Georges-Etienne Cartier. La ville de Montréal sera autorisée
à garantir les emprunts et le gouvernement et la ville pourront
s'engager à défrayer à part égale le déficit
d'exploitation de la régie, y compris l'intérêt et
l'amortissement des emprunts contractés.
En plus, je dois dire tout de suite que pour ce qui est de la part que
la cité de Montréal peut être appelée à payer
sur les déficits, c'est-à-dire la moitié, elle sera
déduite de la taxe de vente qui est versée à la
cité de Montréal avant distribution.
M. LE PRESIDENT: La motion enpremière lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
Affaires du jour.
Le conflit à La Presse
M. BELLEMARE: Au ministre du Travail: le ministre du Travail avait
nommé le juge René Ouimet comme médiateur dans le conflit
au journal « La Presse ». On apprend que le médiateur
nommé par la province se serait désisté. Est-ce que le
ministre a un rapport à faire à la Chambre concernant le
désistement et les progrès que le médiateur a accomplis
dans ce conflit grave qui affecte de nombreux intéressés?
M. FORTIN: M. le Président, le médiateur a
été désigné par le ministre du Travail du
consentement des deux parties. Ce sont les employeurs et les employés
qui se sont entendus sur le choix de M. le juge Ouimet. Maintenant, il ne s'est
pas désisté; il a seulement suspendu les travaux de
médiation, disant que pour l'instant il avait épuisé tous
les moyens qui étaient à sa disposition et il a simplement
déclaré aux parties d'étudier encore une fois leur
proposition respective et lorsqu'ils auraient besoin de ses services, qu'il
était à leur disposition et qu'il attendait leur appel. C'est
tout ce que je peux dire.
M. BELLEMARE: M. le Président, une question supplémentaire
au ministre: est-ce que le ministre peut confirmer les rumeurs qui circulent
présentement concernant le syndicat des journalistes qui se sentent
directement visés et qui disent que cette grève est une
contre-grève ou un « lock out » pour affamer les
journalistes ou les obliger à signer une convention collective où
ils renonceraient, non pas tant à des avantages monétaires, mais
surtout à leur sécurité d'emploi. Et même d'autres
vont jusqu'à dire que ça serait une grève à
tendance politique. Est-ce que le ministre pourrait confirmer, ou infirmer
ça?
M. FORTIN: Je ne suis pas au courant de ces rumeurs et même si
j'avais des rapports à ce sujet-là le ministre du Travail ne fera
aucune déclaration en Chambre pendant la durée d'un conflit, car
ce sont les parties qui sont maîtresses de décider de leurs
griefs, de leurs différends et tout commentaire fait de la part du
ministre du Travail en Chambre ne serait que de nature à envenimer les
pourparlers. Je n'ai aucun commentaire à faire sur ces rumeurs.
M. GABIAS: Une question au ministre du Revenu. Est-ce que l'honorable
ministre a l'intention de modifier les instructions pour pré-
paration du rapport de la taxe de vente qui oblige la personne qui a
perçu ou qui aurait dû percevoir la taxe de vente à faire
son rapport dans les 15 jours du mois suivant et à son défaut
elle est pénalisée pour un montant de 10%?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je crois que premièrement
c'est une question qui devrait être déposée au feuilleton
et plus particulièrement pour la raison que ça demande une
réponse d'ordre technique. Je suggère au député de
Trois-Rivières d'inscrire sa question au feuilleton.
M. GABIAS: Avee plaisir. Viaduc
M. BELLEMARE: M. le Président, au ministre de la Voirie. Le
viaduc qui s'est effondré sur l'autoroute a fait huit blessés.
Est-ce qu'il y a eu des morts? Est-ce que cet effondrement est dû
à une négligence? Pardon?
M. PINARD: J'ai eu une conversation téléphonique
très longue ce matin avec le président de l'Office des
autoroutes, M. Guy Poliquin. Je n'ai pas entendu parler de l'effondrement d'un
viaduc...
M. BELLEMARE: Sur l'autoroute, la route des Cantons de l'Est.
M. COURNOYER: Il n'y a pas d'autoroute.
M. BELLEMARE: Pardon? M. le Président, ça vient
d'être annoncé à la radio et on a dit ceci, on a dit qu'il
y avait huit blessés et on n'est pas sûr qu'il y ait des
morts.
M. LESAGE: M. le Président, la route n'est pas ouverte à
la circulation.
M. BELLEMARE: Non, non, ce sont des travaux en construction sur
l'autoroute. M. le Président, le premier ministre prend feu sur une
question qui est très simple. Je me sens dans mon droit de demander au
ministre, dans l'intérêt public, cette question-là. Si le
ministre ne le sait pas, s'il n'est pas au courant il pourra nous
répondre que c'est possible qu'il ait eu un accident; c'est possible
qu'il y ait eu un viaduc qui a tombé...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. GERIN-LAJOIE: Tout est
possible!
M. BELLEMARE: Pardon? M. PINARD: M. le Président...
M. BELLEMARE: On ne blâmera pas plus le gouvernement, on ne fera
pas comme l'Opposition quand le pont de Trois-Rivières s'est
effondré.
DES VOIX: A l'ordre!
M. BELLELEMARE: Quand le pont de Trois-Rivières est tombé
on a fait tout une esclandre contre les autorités du temps.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: M. le Président, avec votre permission, j'aimerais
tout de même à dire qu'il est possible qu'il y ait eu effondrement
d'un viaduc après ma conversation téléphonique avec le
président de l'Office ce matin autour de 10 heures ou 10 heures 30 et il
est fort possible aussi que le président n'ait pas été au
courant de l'événement lui-même. Je ne sais pas de qui le
député du Cap-de-la-Madeleine tient ses informations...
M. BELLEMARE: De la radio. Pas du Cap-de-la-Madeleine, de Champlain.
M. PINARD: ... de Champlain, pardon, alors si l'événement
s'est produit vers l'heure du dîner, bien je ne suis pas au courant, je
l'apprends pour la première fois...
M. JOHNSON: Il n'y a que le ministre qui ne soit pas au courant.
M. PINARD: ... et nous ferons enquête. M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. PINARD: Le chef de l'Opposition non plus. Le chef de l'Opposition ne
le savait certainement pas puisque le député de Champlain l'a
appris par la radio il y a quelques minutes à peine.
M. BELLEMARE: Il y en a d'autres qui l'ont appris.
M. COURNOYER: Vous passez votre temps à la radio!
M. BELLEMARE: M. le Président, une question au procureur
général. J'ai appris avec
beaucoup de plaisir par les journaux que le poste de
Ste-Annne-de-la-Pérade était pour être réouvert.
Est-ce que le ministre peut nous dire, le procureur général peut
nous dire si ça se fera prochainement et quel sera le nombre
d'employés qui seront attachés à ce bureau?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Cette question doit être
déposée au feuilleton.
M. COITEUX (Duplessis): Quand ils vous auront battus!
M. GABIAS: Sur une question deprivilège...
M. BELLEMARE: Bien sûr qu'il ne le sait pas.
M. GABIAS: Sur une question de privilège. Jeudi dernier je
demandais à l'honorable premier ministre s'il avait pris connaissance de
la résolution suivante: Canada, province de Québec, district des
Trois-Rivières. La Corporation de la cité de
Trois-Rivières.
A une assemblée régulière du conseil de la
cité de Trois-Rivières tenue à l'hôtel de ville,
lundi le huitième jour de juin en l'an de Notre-Seigneur 1964 à
huit heures du soir, en la manière et suivant les formalités
prescrites par la loi, à laquelle assemblée étaient
présents certains membres du conseil... »
M. LESAGE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Si je comprends bien le député
de Trois-Rivières soulève une question de privilège. Je
lui demande...
M. GABIAS: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... de m'expliquer en quoi consiste sa question de
privilège.
M. GABIAS: Voici, M. le Président, j'ai demandé à
l'honorable premier ministre jeudi dernier s'il avait reçu copie de la
résolution que je suis en train de lire. Je crois que cela est
parfaitement légal...
M. LE PRESIDENT; A l'ordre. Je voudrais savoir la nature de la question
de privilège.
M. GABIAS: C'est une question de privilège, M. le
Président, et je crois que j'ai le droit, sur une question de
privilège, de référer à un...
M. PINARD: Quelle est la nature de la question de privilège?
M. GABIAS: ... un document officiel auquel j'ai fait allusion jeudi
dernier.
M. PINARD: Vous voulez absolument le lire.
M. LE PRESIDENT; Je demande encoreune fois au député de
Trois-Rivières, s'il vous plaît, de m'expliquer la nature de la
question de privilège qu'il voudrait soulever.
M. GABIAS: Bien voici, M. le Président, si je fais un
résumé de cette résolution et que je me trompe dans le
résumé, on pourra ensuite m'accuser d'avoir voulu induire la
Chambre en erreur. Je vais...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. M. PINARD: Asseyez-vous!
M. GABIAS: ... lire la conclusion, si vous le permettez...
M. PINARD: A l'ordre.
M. GABIAS: Il s'agit évidemment de l'implantation du complexe
sidérurgique...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je ne crois pas...
UNE VOIX: C'est un vrai complexe! UNE VOIX: Un complexe mental!
M. LE PRESIDENT: ... que le député va me soumettre que la
question de privilège est contre la déclaration ou le document
qu'il veut lire. Est-ce que le privilège est contre le document qu'il
veut lire?
M. GABIAS: Non.
M. LESAGE: Bon, bien alors!
M. LE PRESIDENT; En quoi consiste la question de privilège?
M. GABIAS: Bien voici, le premier ministre a répondu à
cette Chambre et à vous, M. le Président, qu'il n'avait pas pris
connaissance de cette résolution. Or, je peux démontrer à
cette Chambre que le premier ministre au moment où il m'a répondu
avait pris connaissance de la résolution dont il s'agit...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Il est évident que ce ne
peut pas être une question de privilège. Si je me rappelle
bien,...
M. GABIAS: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... le premier ministre en expliquant avait dit qu'il
n'avait pas pris connaissance des documents, que c'était possible que ce
soit rendu à son bureau. Mais le premier ministre en Chambre avait
déclaré qu'à ce moment-là il n'avait pas pris
connaissance et un député est obligé de prendre sa parole.
Il n'y a pas de question de privilège ou autrement.
M. GABIAS: Oui. M. le Président, si j'ai un document attestant le
contraire...
DES VOIX: A l'ordre.
M. GABIAS: ... est-ce que cela n'est pas parfaitement justifié de
ma part. Cela peut être une erreur de la part du premier ministre. Je
suis convaincu qu'il n'a pas voulu tromper...
UNE VOIX: Ce n'est pas d'intérêt public
ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. GABIAS: ... cette Chambre, mais je voudrais savoir si le document est
vrai ou ne l'est pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je considère qu'il n'y a
pas de question de privilège et je laisse la décision à la
Chambre.
M. GABIAS: Oui, il a répondu certainement. M. LE PRESIDENT:
Affaires du jour.
M. LESAGE: M. le Président, évidemment si le
député de Trois-Rivières a une lettre signée de ma
main accusant réception de la résolution, c'est très
bien.
M. GABIAS: Voici, j'ai une lettre signée du chef adjoint du
Cabinet du premier ministre mais voici comment elle se lit...
DES VOIX: Ah!
M. GABIAS: ... l'honorable Jean Lesage a reçu votre lettre du 11
juin...
M. LESAGE: Bien oui.
M. GABIAS: ... « ainsi que la copie de la résolution qui y
était annexée au sujet de l'emplacement de la sidérurgie
dans le Québec.
M. COURNOYER: C'est grave!
M. GABIAS: « Il m'a chargé de vous dire que le gouvernement
ne peut pas négliger l'avis des experts dans un problème d'une
gravité aussi exceptionnelle. » Il s'agit évidemment du
complexe sidérurgique de Bécancour...
M. CADIEUX: On connaît votre complexe.
M. GABIAS: « aussi exceptionnelle pour l'avenir industriel,
économique et financier de la province.
Veuillez agréer, cher monsieur, l'expression de mes meilleurs
sentiments. »
Cela était adressé au greffier de la cité de
Trois-Rivières. Et signé: M. René Arthur.
M. LESAGE: M. le Président, sur la question de
privilège.Il y a plusieurs mois, j'ai donné instruction à
mon chef de Cabinet et à mon chef adjoint de Cabinet de bien vouloir
utiliser la formule qui a été employée par mon chef
adjoint de Cabinet toutes les fois que je recevrais des représentations
dans le sens de la résolution de la cité de
Trois-Rivières. C'est ce qui a été fait. Et je n'en ai pas
encore pris connaissance.
M. GABIAS: Si le Présidentm'avait laissé lire la
résolution...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! A l'ordre!
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Pas de discussion!
M. GABIAS: Non, non, pas de discussion. Si le président m'avait
laissé lire la résolution le premier ministre pourrait dire qu'il
en a pris connaissance.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. GABIAS: D'autre part, je suis satisfait de la réponse que
l'honorable premier ministre a donné...
M. LE PRESIDENT: Eh bien, affaires du jour.
M. GABIAS: ... parce que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
UNE VOIX: On est surpris de les voir... M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs! M. GABIAS: Si vous permettez...
M. LE PRESIDENT: Je considère que cet incident est clos.
M. GABIAS: Très bien. Je me soumets à votre
décision.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre du Travail a-t-il un
rapport à nous faire relativement à la grève ou à
la contre-grève de Dupuis Frères?
M. FORTIN: Je n'ai aucun rapport à faire, M. le Président,
car je n'ai reçu aucun communiqué à ce
sujet-là.
M. JOHNSON: C'est ce que j'ai dit: « grève ou
contre-grève ». Contre-grève c'est la traduction
française de « lock out ».
M. LESAGE: Vous avez dit « grève ».I1 n'y a pas de
grève.
M. JOHNSON: Je ne veux pas prendre parti, M. le Président, sur
cette question sans être entièrement renseigné. Je crois
qu'il s'agit ici...
M. LESAGE: Je pense que le chef de l'Opposition est bien
renseigné dans ce cas-là. Et de première main à
part de ça.
M. JOHNSON: Pourquoi ces insinuations? M. LESAGE: Je n'ai rien
insinué! M.BELLEMARE: Ah non, non, non!
M. JOHNSON: Ce n'est pas moi qui laisserais écrire que j'ai pris
connaissance d'un document quand je n'en ai pas pris connaissance.
M. LESAGE: Je regrette, M. le Président, ce n'est pas ce que dit
la lettre qu'a écrite M. Arthur.
M. BELLEMARE: Oui, oui! M. LESAGE: Non!
M. GABIAS: M. le Président, c'est la lettre que M. Arthur a
écrite.
UNE VOIX: C'est faux!
M. GABIAS: Je peux la relire... DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. COUTURIER: L'incident est clos!
M. GABIAS: Je peux la relire. Elle est bien signée: « Le
chef adjoint du Cabinet du premier ministre, René Arthur. »
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Copie de rapport d'impôt
M. JOHNSON: M. le Président, une question dans un autre
domaine...
M. LE PRESIDENT: Bon!
M. JOHNSON: ... et qui intéresse, je crois, toute la province.
Voici, au mois de mai, le ministère de l'Education maintenant, a
exigé d'un élève qui avait reçu un premier
versement de bourse qu'il produise une copie certifiée du rapport
d'impôt de son père avant l'autorisation du' deuxième
paiement. Ma question est la suivante: Est-ce que le premier ministre, le
ministre des Finances trouve que c'est régulier qu'on exige des copies
de rapports d'impôts, des rapports certifiés.
M. LESAGE: M. le Président, si le chef de l'Opposition veut bien
m'écrire confidentiellement, me donner tous les détails, je vais
examiner la question et je lui donnerai une réponse.
M. JOHNSON: M. le Président, je le ferai avec plaisir. Je pense
qu'il s'agit là d'une question de principe plutôt que d'une
question de faire...
M. LESAGE: Oui, oui. D'accord! Je suis bien d'accord et c'est pour
ça que j'ai répondu au chef de l'Opposition. Je considère
la question sérieuse et très sérieuse. Si un tel fait
s'est produit, je demande au chef de l'Opposition de m'en mettre au courant
confidentiellement parce que je considère que les rapports
d'impôts doivent être tenus absolument secrets et que même le
premier ministre n'a pas le droit de les voir.
M. JOHNSON: Très bien!
M. LESAGE: J'ai assez de voir le mien!
M. JOHNSON: Moi aussi.
M. GABIAS: Quand l'honorable premier ministre a-t-il l'intention de
présenter sa motion pour convoquer le Comité des
privilèges et élections?
M. LESAGE: M. le Président, c'est demain la journée des
députés. L'ordre du jour sera évidemment le suivant: c'est
que nous appelerons d'abord la motion qui apparaît au nom de M. Gabias et
qui porte le numéro 38.
M. GABIAS: Très bien!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: Ce sera le premier item à l'ordre du jour, demain, et
d'après tous les auteurs de procédures parlementaires,
après que la motion est présentée, d'après
l'article 196 évidemment, le député accusé a le
droit de faire une déclaration et d'exiger qu'elle soit inscrite au
procès-verbal. Ensuite, des amendements peuvent être
apportés à la motion et je déclare dès maintenant
que c'est mon intention de proposer, suivant l'usage établi, que
l'enquête soit faite par le Comité des privilèges et
élections et que le rapport soit fait par le dit Comité à
la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour!
M. GABIAS: Je posais la question parce que l'honorable premier ministre,
la semaine dernière, avait déclaré qu'il
présenterait immédiatement...
M. LESAGE: Oui, oui, mais mercredi; mercredi, c'est demain.
M. GABIAS: Parfait. Parfait.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: Numéro 12, pour M. Lapalme.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lapalme M. Lesage propose que, à sa
prochaine séance, la Chambre se forme en comité plénier
pour étudier la résolution relative au bill numéro 46
intitulé, Loi de la Place des arts. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: Numéro 1 M. le Président, c'est une question de
M. Lafontaine je crois, j'ai les réponses ici de trois
ministères, du ministère de l'Education, du ministère de
la Voirie, du minis- tère des Travaux publics, il me semble
toujours, un instant, oui, la réponse est volumineuse, je n'insiste pas,
mais il me semble que c'est un cas où il n'y a pas très grande
importance et, plutôt que de charger le procès verbal, la
réponse est très longue, vient de trois ministères, je
suggèrerais, je ne propose pas, si l'Opposition ne veut pas, très
bien, je suggérerais que la question soit transformée en motion
et que le document soit déposé.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Numéro 49, pardon le bill 49, c'est le numéro
15.
Bill 49
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la troisième lecture du bill
49, Loi de la contestation des élections provinciales, cette motion
sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: Adoptée.
M. JOHNSON: Non, M. le Président, un instant s'il-vous-plait.
M. GABIAS: Très rapidement en deux mots. Ce n'est pas pour
reprendre les arguments qui ont été soulevés en
deuxième lecture, en comité plénier, sur les articles 93
et 94. Nous continuons à prétendre que même si l'on veut
que la Loi des contestations des élections fasse en sorte que les
procédures ne soient pas retardées indûment, il ne faut pas
pour cela enlever au candidat élu, ou au candidat contesté, les
droits qu'il a en vertu du droit commun, soit les brefs de
prérogative.
Deuxièmement, l'article 94. Nous continuons à soutenir que
le requérant, dans une contestation d'élection, ne doit pas avoir
un sort privilégié, mais doit subir les rigueurs de la loi pour
ceux qui sont imprudents et, à cet effet, le recours en dommages devrait
exister contre le requérant imprudent aussi bien que dans toute autre
procédure. Même si nous sommes en matière de contestation
d'élections, il n'y a aucune raison valable pour que l'on fasse un sort
spécial à celui qui veut intenter une disqualification, ou qui
veut intenter des procédures en annulation. Nous trouvons que les deux
articles 93 et 94 sont incompatibles au droit commun, et vont à
l'encontre de la loi en général, et on ne nous a pas donné
de raisons valables pour permettre
que ces deux articles 93 et 94 soient inclus dans la Loi des
élections contestées du Québec.
Et, à cet effet, je propose, secondé par le
député de Yamaska, que tous les mots « après que
», dans la motion en discussion soient retranchés et
remplacés par les suivants: « le bill 49 intitulé Loi de la
contestation des élections provinciales, soit retourné au
comité plénier avec l'instruction de l'amender en abrogeant les
articles 93 et 94. »
M. LAPORTE: M. le Président, le député de
Trois-Rivières a commencé son allocution, parce que je
n'appellerai pas un plaidoyer, en affirmant qu'il ne voulait pas
reprendre le débat qui avait été fait et au comité
et en deuxième lecture et il a terminé en demandant de faire
disparaître de ce projet de loi deux des articles les plus essentiels
qu'il contienne si nous voulons que les citoyens soient enfin convaincus que
nous allons cesser de jouer avec la loi électorale et avec les sanctions
qui peuvent être imposées lorsqu'un candidat ou des candidats
violent la loi.
M. le Président, nous allons très brièvement
résumer ce que comporte le projet de loi qui est devant nous pour sa
troisième et dernière lecture, qui porte le numéro de bill
49 et qui s'appelle « La loi de la contestation des élections
provinciales ».
M. JOHNSON: Le député parle sur l'amendement
seulement?
M. LAPORTE: A moins que le chef de l'Opposition ne veuille
éterniser le débat, il est bien clair que nous pouvons sur cet
amendement-là, faire rapidement le tour du problème à
moins qu'il veuille absolument qu'on fasse deux discours, qu'on prenne deux
votes, puis je pense que ça va contribuer, même si ça n'est
pas tout à fait conforme à la lettre du règlement, je
pense qu'il est arrivé fréquemment que l'on a permis ces
choses-là. J'en demande la permission, si je ne l'ai pas, je vais me
limiter à ces deux articles-là et je reviendrai ensuite sur la
troisième lecture. Cela n'avancera rien.
M. JOHNSON: M. le Président, si on veut réellement
épargner du temps et ne pas faire des redites, je crois que le ministre
devrait donner l'exemple et s'en tenir uniquement à l'amendement, quitte
à reprendre la parole sur la troisième lecture si c'est
nécessaire.
M. LAPORTE: M. le Président, étant donné que les
deux articles que l'on veut retran- cher parlent d'amendements,
c'est-à-dire les articles 93 et 94, un a trait à la disparition
des brefs de prérogatives dans toutes les matières de
contestation d'élection. On sait ce que c'est. On pourrait citer de
nombreux cas où des candidats élus siégeant ont eu recours
à tout ce que le code de procédure civile contient de clauses
pour faire durer la cause pendant des mois et des années. On peut citer
un cas d'ailleurs où la contestation de l'élection de. celui qui
siégeait à l'Assemblée législative a duré
pendant les quatre années du mandat. On s'est servi de toutes les
procédures possibles, surtout des brefs de prérogatives.
Nous disons: si nous voulons que les citoyens se rendent enfin compte
que c'est sérieux et que si des élections doivent être
contestées contre un candidat élu auquel on va faire des
reproches, les citoyens seront convaincus que ça ne traînera pas
en longueur, ce qui est absolument essentiel si on veut atteindre cette
fin-là. Si on veut seulement feindre dans des discours de vouloir
limiter les contestations d'élections, et ensuite de réserver le
droit de les faire durer longtemps, on demande que les brefs de
prérogatives restent dans la loi.
Nous disons, nous: essentiel de les faire disparaître pour que ces
contestations se règlent rapidement; et deuxièmement, chose qui
est admise dans toutes les lois électorales des autres provinces du
Canada, on veut faire disparaître l'article 94 qui dit: « qu'un
citoyen peut, en toute tranquilité d'esprit porter contre un candidat on
contre un élu les accusations qui lui paraissent à lui
fondées, qu'il a raison de croire fondées » Pourquoi est-ce
qu'on a mis cette clause-là? parce que autrefois, les contestations
d'élections se faisaient devant un comité de l'Assemblée
législative, devant lequel les témoins jouissaient de la
même protection qu'il y a actuellement à l'Assemblée
législative, l'immunité. Comme c'était trop
compliqué et que ça prenait trop du temps de la Chambre, on a
décidé de référer ces causes-là aux
tribunaux ordinaires.
Mais nous disons: « les citoyens doivent avoir le droit de porter
les accusations qui leur semblent sérieuses, et on met un «
proviso » si on est en mesure d'établir la mauvaise foi de celui
qui porte accusation, à ce moment-là son immunité
disparaît, et il peut être poursuivi en dommages et
intérêts. » Deux choses: disparition des brefs de
prérogatives et immunité aux citoyens, c'est de cette
façon, je le répète en terminant, que nous allons
véritablement convaincre les citoyens que la démocratie,
ça n'est pas une chose qui se tran-
sige entre deux partis politiques, mais c'est une chose qui est faite
pour que nous ayons dans cette Chambre les candidats les mieux qualifiés
et pour s'assurer que les élections vont être menées de la
façon prévue par le bill que nous avons passé, et qui a
été reconnu, par bon nombre de journaux, comme la loi
électorale la mieux faite et la plus avancée au Canada.
Personnellement, je m'oppose fortement à la disparition de l'article 93
et de l'article 94, parce que c'est la négation même d'une grande
partie du travail que nous avons fait en commun pour améliorer la
situation.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement, je
répondrai au ministre des Affaires municipales, dont tout le
raisonnement se résume à ceci: « si l'on veut
sincèrement rendre efficace une méthode de contestation des
élections, il faudrait absolument y maintenir les articles 93 et 94.
»
A l'entendre, on pourrait avoir facilement l'impression que ceux qui
s'opposent aux articles 93 et 94, en plus de manquer à la logique, ne
sont pas sincères dans leur désir d'abréger les
délais, et d'ouvrir la porte à une contestation efficace des
élections. Le ministre a rappelé dans quelles circonstances cette
loi est venue devant nous. On se souvient que c'est en 1962 en même temps
que la loi électorale, et on se souvient aussi que, comme la loi
électorale avait été étudiée par un
comité spécial, le bill en question concernant la contestation
des élections provinciales avait également été
étudié par ce comité. En 1963, après les
élections de 1962, on a mis en vigueur la loi électorale, mais on
n'a pas eu le temps ou on n'a pas voulu s'occuper du bill concernant la
contestation des élections provinciales.
M. LAPORTE: M. le Président, le chef de l'Opposition pourrait
peut-être reprendre son affirmation puisque un comité avait
étudié la loi des élections contestées mais on n'a
pas eu le temps.
M. JOHNSON: Même en 1963?
M. LAPORTE; En 1963, non, on n'a pas eu le temps.
M. JOHNSON: Alors, voici: en 1964 le comité a repris ses
activités, et à chacune de ces occasions en 1962, 1963 et 1964,
l'Opposition, par trois députés tout spécialement, s'est
occupée de coopérer avec le gouvernement, et il y a eu des
discussions très amicales, des exposés juridiques très
savants, et on en est venu pratiquement à une entente sur toutes les
clauses du bill. Je rappelle ces faits pour bien établir que nous
n'avons pas d'objection à cette loi; au contraire, le principe de cette
loi a été approuvé avec enthousiasme, mais nous croyons,
comme le dénote l'amendement apporté par le député
des Trois-Rivières, que ça va un peu trop loin quand on veut
priver les citoyens d'un droit qu'ils ont, de temps immémorial, par
l'article 93, et deuxièmement quand on veut enlever à certains
citoyens la responsabilité de leurs actes devant la loi. Par l'article
93, on veut abolir les brefs de prérogative, soit le « quo
warranto » le « mandamus » et le « certiorari »
ou « de prohibition ». C'est inutile de rappeler aux avocats de
cette Chambre, qu'il s'agit là d'un droit fondamental qui remonte
très loin dans notre tradition juridique, et je comprends mal qu'un
avocat comme le député de Chambly puisse laisser entendre que, en
somme, la Cour supérieure, c'est un outil qui servirait volontairement
ou involontairement à délier, en somme à rendre un
déni de justice. Les droits de prérogative...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement, je
veux faire une mise au point. Il est clair que, ni de près, ni de loin,
ni directement, ni indirectement, je n'ai laissé entendre que la Cour
supérieure pourrait servir les fins dont parle le chef de l'Opposition.
Ce n'est évidemment pas elle qui a l'initiative, c'est la loi; et
généralement, toutes ces procédures-là finissent
par être rejetées. Mais le temps passe, ça dure trois ou
quatre, cinq ans, c'est ça qu'il faut éviter.
M. JOHNSON: M. le Président, ce n'est pas exact, que ça
dure trois, quatre, cinq ans, dans tous les cas.
M. LAPORTE: On va vous citer des cas tout à l'heure.
M. JOHNSON: Il y a des cas, M. le Président où ça a
duré trois, quatre, cinq ans, même six ans, et davantage...
M. LAPORTE: Je vais vous les citer tout à l'heure.
M. JOHNSON: ... dans les contestations d'élection. Mais les brefs
de prérogative, il s'en plaide tous les jours.
M. LAPORTE: Puis-je poser une question? M. JOHNSON: Pardon?
M. LAPORTE: Est-ce que le chef de l'Opposition n'est pas au courant que
c'était reconnu
partout ça, qu'une contestation d'élection ça dure
toute la durée du mandat?
M. JOHNSON: C'est pour ça qu'onacoopéré pour
tâcher de mettre fin à cette situation.
M. LAPORTE: Encore un petit bout là.
M. JOHNSON: Mais nous croyons qu'il y a moyen de raccourcir les
délais, de rendre efficace le recours en contestation d'élection
et de le rendre efficace en temps opportun sans nécessairement abolir
les brefs de prérogative ni sans édicter l'article 94.
En somme c'est une question d'opinion. Je pense qu'on peut se dispenser
du dogmatisme là-dedans et on peut surtout se dispenser de prêter
à ceux qui ne partagent pas l'opinion du gouvernement des intentions,
l'intention de rendre, en somme, vain tout recours en contestation
d'élection. S'il y a quelqu'un, s'il y a un groupe qui a
intérêt à ce que les contestations d'élection soient
rapides, c'est bien, en principe, l'Opposition. Alors, nous sommes parfaitement
au courant de cette situation et nous aurions aimé, nous avons
même songé à faire certaines contestations et devant
l'état actuel de la loi et devant la jurisprudence que nous
connaissions, nous avons renoncé à conseiller des contestations
dans plusieurs comtés.
Donc, nous sommes en faveur d'une justice expéditive, mais nous
ne voulons pas que pour en arriver là, on prive les citoyens d'un droit
qu'ils ont en d'autres matières et surtout, quant à moi, je ne
veux pas accepter l'article 94 qui donne ouverture à un genre d'abus
peut-être plus considérable que celui qu'on veut faire cesser. En
somme, n'importe qui, un insolvable et peut-être partiellement
inconscient, étant l'outil d'un parti politique ou d'un candidat,
pourra, si l'article 94 subsiste, attenter à la réputation d'un
député élu quel qu'il soit sans aucune preuve
sérieuse.
Evidemment, il reste toujours, je l'admets qu'on pourra établir
que celui qui a été l'objet d'une injustice ou se croit l'objet
d'une injustice, pourra établir que le requérant a fait preuve de
mauvaise foi. Mais, on sait par expérience, comme c'est
extrêmement difficile de faire la preuve de mauvaise foi. La preuve de
mauvaise foi c'est la plus difficile de toutes les preuves à faire. Il
semble qu'on n'a pas raison d'aller contre l'économie de notre droit,
où chacun, et c'est basé sur des principes de droit naturel,
où chacun est responsable des actes qu'il porte.
Et si quelqu'un accuse un candidat ou un député, si
quelqu'un traine un candidat ou un député en cour pour le faire
disqualifier, il doit être prêt à en assumer les
conséquences s'il manque son coup. Il doit être prêt
à subir les actions en dommage et toute autre pénalité
prévue par la loi. Mais là, par l'article 94, on le rend
irresponsable, quitte ensuite à celui qui a été la victime
de prouver, s'il en est capable, la mauvaise foi du requérant qui, comme
l'a dit un avocat qui a beaucoup plus d'expérience que moi, parce qu'il
pratique intensément, est présumé devant la loi être
de bonne foi, présomption qu'il faut détruire, M. le
Président. Non seulement il faut détruire la présomption
de bonne foi, mais il faut...
M. LESAGE: C'est une présomption «Juristantum ».
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui, « juristantum ».
M. JOHNSON: « Juristantum «évidemment. Mais ensuite
il faudra prouver la mauvaise foi et là, ça devient positif. Il
va falloir faire une preuve qu'il y a mauvaise foi chez le requérant, et
je pense que ça va trop loin. Même si nous sommes en faveur, et
nous l'avons prouvé par notre conduite et par notre vote en
deuxième lecture, si nous sommes en faveur d'une façon
expéditive et réaliste d'en arriver à contester des
élections, nous croyons que le présent bill va trop loin et que
l'amendement est justifié.
M. LESAGE: M. le Président, parlant sur l'amendement du
député de Trois-Rivières, je dois dire d'abord que je suis
bien de l'avis du chef de l'Opposition qu'il s'agit de part et d'autre de
question d'opinion et qu'il n'est aucunement question d'imputer des motifs
à qui que ce soit. Chacun est libre de son opinion.
M. BERTRAND (Missisquoi): Comment prouvé mauvaise foi?
M. LESAGE: Non...
M. BERTRAND (Missisquoi): Si on s'impute des...
M. LESAGE: ... je pense que je suis bien juste n'est-ce pas en disant
ceci: c'est que je n'impute à personne, je pense que ni l'Opposition
peut imputer des motifs au gouvernement, ni le gouvernement à
l'Opposition. Il s'agit d'une question d'opinion sur laquelle il est non
seulement possible, mais facile de ne pas s'entendre à mon sens.
Je voudrais dire quelques mots seulement
pour justifier les articles 93 et 94. La raison d'être de
l'article 93, eh bien! c'est la nécessité d'empêcher tout
ce qui est susceptible de retarder indéfiniment l'instruction d'une
contestation d'élection. Vu que cette procédure de contestation
d'élection n'empêche pas le député de siéger,
évidemment, il est clair et c'est normal et c'est humain que le
député a le plus grand intérêt à user de tous
les recours susceptibles de retarder la décision des tribunaux pour
pouvoir siéger pendant ce temps-là. C'est bien humain ça;
c'est un fait que personne ne peut nier.
Dans une cause de Plante contre Forest et Cormier qui est citée
à 61 BR page 8, la Cour d'appel a décidé qu'un bref de
prohibition pouvait être décerné à l'encontre d'un
juge procédant à un recomptage. Imaginez-vous comment on peut
étirer les procédures; et en se fondant sur ce
précédent notre Cour supérieure de la province de
Québec a admis le même recours contre un juge agissant en vertu de
la loi fédérale des élections contestées dans la
cause de Poulin versus Casgrain rapportée à 1950, rapport de
pratique, page 91.
Dans ce dernier cas, dans le cas de Poulin versus Casgrain, la
conséquence du retard causée par le bref de prérogative a
été que le mandat du député s'est terminé
avant qu'il y ait adjudication finale sur la contestation. C'est ça
qu'il faut éviter. Quels sont les moyens de le faire? Bien, les moyens
c'est l'article 93 et à mon sens ce n'est pas là un des cas
où l'on doit redouter la suppression des brefs de prérogative,
parce qu'en principe et d'une façon générale je suis
contre la suppression des brefs de prérogative, sauf lorsqu'il s'agit
d'éviter un plus grand mal, et c'est le cas ici.
Qu'on n'oublie pas qu'en vertu de la loi des élections
contestées l'article 59 prévaut à un droit d'appel; il y a
un droit d'appel tout de même où l'on peut invoquer toutes les
raisons de juridiction, toutes les raisons qui pourraient être à
la base de n'importe quel bref de prérogative que le défendeur
pourrait invoquer en Cour de première instance. Et il me semble que
c'est là, ce droit d'appel à l'article 59, une protection
adéquate contre l'arbitraire d'autant plus que les brefs ne sont
supprimés que relativement à une contestation d'élection,
pas pour d'autre chose.
A mon sens, les libertés civiles ne sont aucunement en
péril à cause du droit d'appel et il me semble qu'il n'est pas
besoin de conserver un recours au bref de « mandamus » contre des
officiers de la cour qui refuseraient de se conformer aux ordres du juge car,
et cela tous les avocats le savent et même tous les justiciables, c'est
un pouvoir inhérent à une cour de justice que celui de punir pour
outrage au tribunal l'officier qui manque à son devoir et le tribunal
peut le faire d'office. Pas besoin du bref de « mandamus ».
Le but de 93, c'est précisément d'empêcher que l'on
ait recours à des procédures interminables, ou que l'on peut
rendre interminables, quel que soit le parti politique, quelle que soit la
couleur politique de celui dont l'élection est contestée; c'est
d'empêcher que l'on ait recours à des procédures
interminables pour en arriver à ce résultat que l'on peut
atteindre directement par la procédure la plus sommaire qui soit,
c'est-à-dire contestation d'élection, droit d'appel où
l'on peut invoquer en appel toutes les raisons qui auraient pu motiver une
requête pour un bref de prérogative. Tant va pour l'article
93.
Pour ce qui est de l'article 94, je considère, personnellement,
qu'il est nécessaire pour permettre devant le tribunal toutes les
accusations qu'il peut être utile de Juger. Dans toutes les autres
provinces, M. le Président, la loi générale, pas seulement
la Loi de la contestation des élections, la loi générale
accorde au plaideur l'immunité absolue sous la seule réserve du
droit du tribunal saisi de la cause de punir pour outrage au tribunal une
allégation malicieuse. Et ça, c'est la loi générale
dans les autres provinces. Ici, c'est restreint aux contestations
d'élections. En somme dans toutes les autres provinces, le plaideur a la
même immunité que le député à
l'Assemblée législative.
Il serait logique, il me semble, qu'il en fût ainsi puisque la
contestation d'élections est jugée par le tribunal, ne l'oublions
pas, comme mandataire de l'Assemblée législative, comme
mandataire du parlement provincial. Le juge qui juge une contestation
d'élections juge comme mandataire de l'Assemblée. Parce que,
comme l'a dit tout à l'heure le ministre des Affaires municipales,
autrefois c'était l'Assemblée législative elle-même
qui jugeait des contestations d'élections, et il y avait immunité
absolue. L'Assemblée législative a remis les décisions
quant aux contestations d'élections ou la juridiction, si vous voulez,
aux tribunaux de la province. Bien, je considère qu'il est normal que
les plaideurs devant ces tribunaux sur les contestations d'élections
puissent avoir les mêmes immunités que celles auxquelles ils
auraient eu droit si la loi n'avait pas été changée et
s'ils avaient à plaider leurs contestations devant le tribunal
suprême de l'Assemblée législative.
C'était le comité des privilèges et
élections qui jugeait les contestations autrefois. Et c'était
l'immunité absolue à moins que l'on prouve malice, même
chose que l'article 196 aujourd'hui. J'attire l'attention du
député de Trois-Rivières
là-dessus. Mais, le texte de loi qui est proposé va moins
loin en admettant un recours sur preuve de mauvaise foi. Evidemment que cette
preuve est difficile comme l'a mentionné tout à l'heure le chef
de l'Opposition. Mais, d'un autre côté, si l'on admet le recours
en contestation d'élections sans cette exigence, eh bien on rend
l'exercice du recours pratiquement impossible.
On ne peut pas demander aux citoyens d'avoir, dans un délai
très court après une élection, la preuve formelle des
irrégularités si l'on veut vraiment que celles-ci puissent
être réprimées. Il faut que l'on puisse intenter les
procédures en se fondant sur des renseignements. L'obligation de faire
un dépôt, de payer les frais au cas d'échec est
déjà une sanction suffisante dans le cas de bonne foi. Et c'est
une protection contre les procédures futiles.
Il faut un dépôt. On a parlé d'insolvabilité
du requérant. Cela ne s'applique pas puisqu'il faut un
dépôt pour garantir les frais.
Je ne sais pas si la Chambre est au courant, mais, par analogie, je
voudrais rappeler à la Chambre que la Cour Suprême des Etats-Unis
vient de décider que, dans les matières d'intérêt
public, la presse doit être libre de publier des articles fondés
sur de simples renseignements, sans encourir de responsabilité, si elle
a agi de bonne foi, même si les renseignements s'avèrent faux. On
a considéré, à la cour Suprême des Etats-Unis, que,
dans les matières d'intérêt public, il fallait accorder
à la presse la protection la plus absolue possible. Evidemment, si dans
un pays démocratique qui est notre voisin au sud, on va
jusque-là, pour la protection de la liberté de la presse,
à plus forte raison ne devrait-on pas craindre d'accorder, pour ce qui
est des procédures de contestations d'élections, la
liberté la plus entière, afin que ceux qui siègent dans
cette Chambre soient véritablement et justement les élus du
peuple.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement du député de
Trois-Rivières sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Non.
M. LE PRESIDENT: Vote enregistré?
M. JOHNSON: Sur division cela va faire pareil.
M. LESAGE: Très bien!
M. LE PRESIDENT: Rejeté sur division.
M. LESAGE: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture, adoptée sur
division.
M. LESAGE: Division.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: Numéro 23. M. Laporte pour M. Lapalme.
Loi des monuments historiques
M. LAPORTE: M. le Président, il s'agit d'un amendement à
la Loi des monuments historiques. La Loi des monuments historiques a
été votée, sanctionnée le 10 juillet 1963, et
à l'article 8, on prévoyait que tout arrêté
ministériel ayant décrété le classement d'un
immeuble, avant l'entrée en vigueur de la présente Loi, devra
être enregistré dans un délai d'un an. On sait comment les
choses se passent. Le ministère, en vertu de cette Loi, décide de
décréter qu'un immeuble est considéré comme site
historique, c'est-à-dire qu'il ne peut pas être modifié,
sauf avec l'approbation de certaines autorités, et pour que les gens
soient avisés officiellement de ce classement, il faut qu'il y ait
enregistrement.
Or, d'après les renseignements que nous possédons, sur un
nombre total de 94 immeubles classés, le rapport est du mois d'avril,
comme monuments historiques antérieurement à l'entrée en
vigueur de la présente Loi, 51 d'entre eux ont été
enregistrés, et en conséquence il en reste un nombre de 43
à faire enregistrer.
Les raisons pour lesquelles il a été impossible de
procéder dans le délai d'un an qui avait été
fixé, c'est qu'il a fallu faire des recherches plus longues qu'on ne
pensait, qu'il a fallu confier à des arpenteurs-géomètres
certains travaux, avec la conséquence qu'il n'a pas été
possible de procéder aux enregistrements dans le temps limité qui
avait été fixé. Le but de la Loi est simplement de porter
à deux ans, plutôt qu'à un an, c'est-à-dire jusqu'au
10 juillet 1965, la date limite pour cet enregistrement.
M. JOHNSON: M. le Président, la Loi est simple et facile.
Quelqu'un est en retard, soit le ministre, soit le directeur de la Commission
des monuments historiques. L'un ou l'autre n'a pas eu le temps de suivre les
prescriptions de
la Loi, et évidemment, nous serions mal venus, en dépit de
cette négligence, de pénaliser le public en faveur de qui
l'enregistrement est décrété, évidemment. Alors,
nous acceptons la Loi.
M. LAPORTE: M. le Président, j'ai l'intention d'exercer mon droit
de réplique. Si quelqu'un veut parler...
M. BELLEMARE; Non, non, voici, je voudrais poser au ministre seulement
une couple de questions, s'il me le permet, même en deuxième
lecture, tout en étant pour l'approbation de cette Loi, en vertu d'une
réponse qui m'a été donnée l'an passé qui
paraît dans les journaux de l'Assemblée législative
concernant deux monuments historiques qui ont été achetés
par la province un à Ste-Anne-de-la-Pérade et un autre à
Batiscan, j'ai demandé en Chambre ici dernièrement une question
à savoir si ces deux monuments historiques qui ont été
achetés pour l'accommodation du tourisme, l'an passé on m'avait
dit que des travaux urgents étaient à se préparer pour que
l'on puisse donner satisfaction et répondre à la mise de capital
qu'avait la province dans l'achat de ces deux monuments historiques, soit le
vieux presbytère de Batiscan et la Maison de Honoré Mercier, le
manoir de Madeleine-de-Verchères, alors, on m'a répondu oui, on
est après tracer un programme d'avenir, un plan qui d'ici à
quelques années répondra amplement aux demandes d'information du
député de Champlain.
M. LAPORTE: Je ne crois pas que ce soit trop long, c'est hors
d'ordre.
M. BELLEMARE: Non, non, ma question c'est celle-ci: le ministre du
Tourisme et de la Chasse m'a répondu, il y a l'année
passée, même au presbytère de Batiscan des recherches
archéologiques qui ont été faites, c'est
complètement à part de ça, la réponse du ministre
du Tourisme n'était pas adéquate, je n'étais pas satisfait
de sa réponse.
M. LAPORTE; C'est sur quel article du bill qu'on me questionne?
M. BELLEMARE: Sur le dernier, le dernier, le mis en application de la
loi.
M. LAPORTE: L'entrée en vigueur de la loi.
M. BELLEMARE: L'entrée en vigueur de la loi.
M. LAPORTE: Correct.
M. BELLEMARE: Alors, je dis au ministre que s'il pouvait me donner des
informations rassurantes...
M. LAPORTE: D'accord.
M. BELLEMARE: ... que ces montants qui sont considérables, cette
mise au fonds publics qui est considérable sera employée
véritablement pour rendre service aux touristes quand cela sera-t-il
fait?
M. LAPORTE: Etant donné que la question porte sur l'article 2, je
répondrai que la loi va entrer en vigueur le jour de sa sanction.
M. BELLEMARE: Oui, mais voici est-ce que en vertu de la sanction de ce
bill, est-ce que les deux monuments historiques font partie de cette liste?
M. LAPORTE: M. le Président, évidemment, c'est une colle
plutôt qu'une question, je ne suis pas au courant, tout ce que je peux
répondre, c'est qu'ils appartiennent encore à la province de
Québec.
M. BELLEMARE: Oui, mais est-ce qu'il est sur la liste des noms?
M. LAPORTE: Non, je ne l'ai pas, d'ailleurs, je ne peux pas dire. Je
n'ai pas de liste ici de monuments historiques, ça doit être
inscrit dans ça.
M. BELLEMARE: Oui, mais le ministre nous a dit tout à l'heure
dans son exposé, il a une quarantaine de monuments historiques qui ne
peuvent pas entrer en...
M. LAPORTE: Oui, mais ce n'est certainement pas, ça. Ça a
été acheté depuis l'entrée en vigueur de la loi, ce
sont des monuments qui ont été déclarés monuments
historiques avant l'entrée en vigueur de la loi de l'an dernier.
M. BELLEMARE: Oui, mais voici, ces monuments-là ont
été achetés avant aussi.
M. LAPORTE: C'est ça. Bien ils sont sur la liste.
M. BELLEMARE: Ils sont sur la liste? M. LAPORTE; Oui.
M. BELLEMARE: S'ils sont sur la liste est-ce qu'il va y avoir des
travaux?
M. LAPORTE: Ah bien ça, je n'ai aucune idée.
M. BELLEMARE: Si le ministre ne peut pas me répondre il pourrait
toujours me dire... Pour notre information...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
répondre à cette question-là, ça ne relève
pas de ce que l'on étudie actuellement et si le député
veut inscrire une question au feuilleton, bien il aura une réponse. Mais
c'est impossible qu'on me demande cet après-midi, à l'ordre de
l'étude que je défends pour un collègue de me demander des
questions précises, voir si on a trouvé quelques fossilles dans
les travaux d'archéologie, je ne le sais pas, je ne le sait pas.
M. BELLEMARE: Ah, ce n'est pas ça du tout. Cela ne regarde pas
l'archéologie pas du tout.
M. JOHNSON: Le ministre pouvait donner l'assurance au
député de Champlain que lui va parler à son
collègue, va insister, va plaider le cas soumis par le
député de Champlain...
M. LAPORTE: Je parle régulièrement, puis quelquefois au
député de Champlain.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est trop d'argent pour laisser ça dans
les mains...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Motion de deuxième
lecture.
M. BELLEMARE: $70,000 mon cher Monsieur pour faire rougir des
rouges.
M. LE PRESIDENT; Adopté. Deuxième lecture
adoptée.
M. BELLEMARE: $70,000 puis il parlera demain.
M. LAPORTE: Mon droit de réplique M. le Président... Je
m'excuse M. le Président j'avais laissé entendre que j'exercerais
mon droit de réplique.
M. JOHNSON: Trop tard.
M. LAPORTE; ... lorsque M. le ...
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture.
M. LAPORTE: Deuxième lecture, droit de réplique M. le
Président.
M. JOHNSON: C'est déjà adopté M. le
Président.
M. BELLEMARE: Vous étiez debout.
M. LAPORTE: C'est parce qu'on a parlé de négligence M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: J'attire mon attention sur le fait que...
M. LAPORTE: La mienne ne l'était pas.
M. LE PRESIDENT: ... la motion de deuxième lecture est
adoptée.
M. LAPORTE; C'est ça M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lapalme, M. Laporte propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plénier pour étudier le bill. Cette motion est-elle
adoptée? Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs.
M. LAPORTE: M. le Président, je veux simplement relever en
comité une phrase qui a été prononcée dans cette
même Chambre en deuxième lecture, où l'on a parlé de
négligence.
M. JOHNSON: On a le droit de référer à un
débat antérieur.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, voici les raisons motivant la
demande d'un délai additionnel d'un an. L'arrêté
ministériel No 9 en date du 3 janvier 1956 classe comme monuments
historiques 18 immeubles, dont 14 églises et dans tous ces cas, la
désignation cadastrale est incomplète et insuffisante, c'est bien
clair que dans ce cas-là, puisqu'il a fallu des recherches
additionnelles, il n'y a pas eu négligence de la part du
ministère. Dans plusieurs cas où le travail d'un arpenteur
géomètre est requis, afin de préparer soit un certificat
de localisation, soit une subdivision du lot de terre sur lequel se trouve
situé le monument classé, un délai d'un mois en moyenne
s'impose afin que
l'arpenteur géomètre puisse exécuter le travail et
nous transmettre les documents requis, alors, M. le Président, un
travail très considérable a été accompli, il n'y a
pas eu de négligence, il y a eu simplement un délai trop court et
c'est la seule raison pourquoi nous voulons avoir un délai additionnel
d'une année.
M. BELLEMARE: Simplement pour ajouter après le ministre,
après ses constatations je vois qu'il y a négligence à
Ste-Anne-de-la-Pérade et à Batiscan aux monuments historiques
achetés par la province au prix de $70,000 et qu'il ne se fait rien
actuellement, il n'y a rien de prévu.
UNE VOIX: Adopté.
M. BELLEMARE: Adopté, sauf cette partie-là.
M. LAPORTE: Adopté, sauf cette partie-là. M. BELLEMARE:
Ah, non, non. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill No 32.
M. HYDE (président): Troisième lecture? UNE VOIX:
Troisième lecture. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: Le numéro 27.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la deuxième lecture de la loi
de la régie des eaux du Québec.
UNE VOIX: Adopté?
M. LESAGE: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Adopté en deuxième?
M. LAPORTE: M. le Président, je ne dirai que quelques mots en
deuxième lecture.
M. JOHNSON: On pourrait aller en comité immédiatement si
le ministre le voulait.
M. LAPORTE: Soyez patient, ce ne sera pas long.
M. le Président, je voudrais simplement dire dans quelles
circonstances, ça va prendre trois minutes, est né ce projet de
loi créant une régie des eaux du Québec. En 1960, est
née la régie d'épuration des eaux et nous avons
constaté à ce moment-là, principalement avec la
Corporation des ingénieurs de la province de Québec, qu'il
existait une multitude d'autorité différentes qui s'occupaient
soit de l'eau potable, soit du traitement des eaux usées ou soit encore
des systèmes d'égouts dans la province de Québec.
Non seulement ceci amenait des complications pour les
municipalités qui devaient se promener d'un ministère et d'un
bureau à l'autre pour faire approuver leurs divers projets, mais nous
avons également constaté qu'en définitive tous ces
systèmes, depuis la source de l'eau jusqu'à son retour à
la source, ne formaient en somme que diverses facettes d'un même
problème, qu'il était normal qu'une seule autorité
surveille et administre tout le problè- me de l'eau dans la province de
Québec. Nous avons constaté également qu'il y aurait
intérêt à ce que nous puissions mettre en commun
l'expérience, la science, la compétence des experts que nous
avons dans les différents bureaux qu'ils ont actuellement soit au
ministère des Affaires municipales, soit au ministère de la
Santé, soit à la Régie des services publics, et que nous
aurions intérêt à grouper ces compétences sous la
même administration.
Ce sont pour ces raisons que nous avons accepté, avec
empressement, les conclusions d'un mémoire que nous présentait il
y a environ un an, la corporation des ingénieurs de la province de
Québec, qui suggérait de créer une régie des eaux,
c'est le bill qui est actuellement devant la Chambre, et que nous aurons
l'occasion d'étudier d'ici quelques minutes, je le pense, en
comité.
M. DOZOIS: M. le Président, juste un mot pour dire que nous
acceptons le principe de ce bill, puisque l'an dernier, lors de l'étude
des crédits du ministère des Affaires municipales, j'avais
moi-même, au nom du parti de l'Union nationale, proposé et
suggéré au ministre la création d'une telle régie,
à cause de la multiplicité des démarches à droite
et à gauche que les municipalités étalent obligées
de faire. Je veux donc dire que nous acceptons d'emblée ce principe, ce
bill, et nous aurons quelques remarques à faire lors de l'étude
en comité, article par article.
M. LAPORTE: Je renonce à mon droit de réplique.
M. DOZOIS: Très bien, adopté.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme maintenant en comité plénier pour
étudier le bill 42. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 42,
article 1. Adopté. Article 2?Adopté?
M. JOHNSON: Un instant, vous en étiez à 2, M. le
Président. Il s'agirait évidemment d'un organisme qui serait
directement sous la responsabilité du ministre.
M. LAPORTE: Non, c'est un organisme qui a son autonomie, qui est une
régie comme la commission municipale, comme la régie des
transports, comme la régie des services publics, qui n'est pas
directement sous l'autorité du ministre, c'est une régie
indépendante du ministre, de la nature de la régie
d'épuration des eaux actuellement.
M. JOHNSON: Correct.
M. LE PRESIDENT: 2 Adopté. Article 3, 1er paragraphe?
Adopté. Article 4?
M.DOZOIS: Article 4, on ajoute «aqueduc », n'est-ce pas?
Article 4 c'est le même texte que 9, 10, article 4, sauf qu'on a
ajouté « aqueduc ».
M. LAPORTE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 5?
M. LAPORTE: S'occupe exclusivement de ce travail-là!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6?
M. LAPORTE: 6, nous mettons le siège social à
Québec plutôt qu'à Montréal, dans la loi actuelle,
nous mettons Québec, parce qu'il est essentiel, dans une affaire comme
celle-là, si nous voulons éviter les pèlerinages entre les
deux villes, que tout soit centralisé ici, dans la ville de
Québec.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M.DOZOIS: Je pense, M. le Président, pour la bonne
interprétation, j'ai compris que cette loi était la condensation
des pouvoirs qu'on trouve au chapitre 183, au chapitre 143 et 9, 10, Elizabeth
II, chapitre 16, et des amendements dans certains autres chapitres; et, la
plupart du temps, ce sont presque les mêmes textes.
M. LAPORTE: Exactement, c'est la récitation des textes qu'on
trouvait dans ces trois lois-là.
M. LE PRESIDENT: 6 adopté, article 7? Adopté. Article 8?
Adopté. Article 10? Adopté. Article 11?
M. LAPORTE: Ça reproduit l'article 10 de la régie
d'épuration des eaux.
M. LE PRESIDENT: 11, adopté. Article 12?
M. DOZOIS: A l'article 12, cependant, je remarque que l'on a
changé quelques textes dans le chapitre 143 où l'on disait qu'on
pouvait en appeler sur toute question de compétence et de droit. De
plus, l'article 68, chapitre 183, permettait un appel lorsque le ministre de la
Santé décrétait par exemple qu'une source
d'approvisionnement d'eau était polluée ou qu'une usine
d'épuration ne donnait plus satisfaction et obligeait la
municipalité à faire certains travaux, la municipalité
pouvait en appeler et plaider devant un tribunal d'arbitrage composé de
deux ingénieurs sanitaires et si ces deux ingénieurs ne
s'entendaient pas, il nommait un troisième ingénieur sanitaire
comme arbitre. Il me semble que c'était une protection pour les
municipalités, une façon de leur donner un recours pas trop
dispendieux et beaucoup moins compliqué que de se présenter
devant nos tribunaux qui sont souvent surchargés. On leur permettait de
faire un appel devant, en somme, des experts, des ingénieurs sanitaires
et je me demande pourquoi on n'a pas gardé ce même
privilège qui était acquis aux municipalités d'utiliser ce
droit d'appel.
M. LAPORTE: Est-ce que le député de St-Jacques me
donnerait sa référence pour les plaidoiries ailleurs que devant
la Cour Supérieure?
M. DOZOIS: L'article 68, chapitre 183. M. LAPORTE: Chapitre? M. DOZOIS:
183.
M. LAPORTE: 183.
M. DOZOIS: On dit: « Toute municipalité, corporation ou
personne atteinte par une décision du ministre rendue en vertu des
articles 65, 66 et 67, c'est ce qui concerne les prises d'eau, les
installations pour l'alimentation en eau potable et l'article continue
et qui n'est pas satisfaite de cette décision, peut en appeler dans un
délai de 15 jours à compter de la signification de la
décision. La question à débattre est soumise sans
délai, après l'expiration des délais ci-dessus, à
un arbitrage composé d'un ingénieur sanitaire nommé par la
municipalité, la corporation ou la personne qui demande la revision de
la décision et d'un autre ingénieur sanitaire nommé par le
ministre.
M. LAPORTE: Quel article s'il vous plait?
M. DOZOIS: 68, de 183: « Si les personnes ainsi choisies ne
s'entendent pas sur la décision à rendre, elles peuvent d'un
commun accord choisir un ingénieur sanitaire comme tiers arbitre et la
décision de la majorité des arbitres est finale. »
Il me semble que si le ministre ou la régie prétend que
telle source d'approvisionnement est polluée et que l'on veut imposer
des dépenses considérables...
M. LAPORTE: Oui, mais le ministre ne rend pas de décision en
vertu de cette loi-là. C'est la régie elle-même.
M. DOZOIS: Oui.
M. LAPORTE: Alors s'ils ne sont pas satisfaits de la régie, ils
iraient devant un arbitre.
M. DOZOIS: Oui, les arbitres, des ingénieurs sanitaires. Il me
semble que si on veut imposer des dépenses considérables à
une municipalité, c'était un moyen de défense que l'on
donnait aux municipalités de prouver que leur source d'approvisionnement
était bonne.
M. LAPORTE: Quand c'était le ministre qui rendait certaines
décisions en vertu des articles 6 5, 66 et 67, très bien. Mais
quand on a crée la régie d'épuration des eaux, alors que
c'est une régie avec pouvoir quasi judiciaire, on a fait
disparaître ça.
La régie d'épuration des eaux dit: « La régie
exerce relativement aux égoûts et aux installations pour le
traitement des eaux, des égoûts, les pouvoirs
conférés au ministre de la Santé et à la
Régie des services publics. » Alors quand c'était le
ministre qui rendait des décisions, on donnait un moyen d'appel facile,
mais là on les envoie déjà devant un tribunal quasi
judiciaire. Alors dans la loi de l'épuration des eaux, on a fait
disparaître ce recours-là et c'est la même chose dans la loi
que nous présentons aujourd'hui. C'est prévu explicitement.
M. LE PRESIDENT: Article 12 adopté. Article 13.
M. JOHNSON: A l'article 13, M. le Président, je ne
répéterai pas tous les arguments que vous avez entendus de ma
part chaque fois qu'une pareille disposition a été incluse dans
une loi.
Voyons d'abord ce que dit le 2e paragraphe, ou tout l'article et je
cite, article 13: « Dans l'exercice des pouvoirs qui lui sont
conférés par la présente loi, la régie peut, par
elle même, un de ses membres ou toute personne qu'elle désigne
enquêter sur toute matière de sa compétence.
A cette fin, la régie, chacun de ses membres et tout
enquêteur, avec une faute, désignés par elle sont investis
des pouvoirs et immunités des commissaires nommés en vertu de la
loi des commissions d'enquête, statuts refondus 1941, chapitre 9
».
M. le Président, le chapitre 9 des statuts refondus 1941 est ce
chapitre qui prévoit la formation de commissions royales
d'enquêtes dont l'origine remonte à 1882, si ma mémoire est
fidèle. C'est un système qui est dépassé. Ce
chapitre comprend des provisions qui ne sont plus d'accord avec
l'évolution de nos temps. C'est une loi désuète. Plusieurs
de ces provisions sont basées sur des concepts qui sont aujourd'hui
considérés comme arriérés et voici que par une loi
passée en 1964 on accorde à cette régie des pouvoirs
contre lesquels nous avons déjà argumenté et contre
lesquels se sont élevés des organismes aussi sérieux, par
exemple, que la Ligue des droits de l'homme. Et on ne se contente pas
d'accorder ce pouvoir à la régie comme tel mais on l'accorde
à tout membre ou à chacun de ses membres de la régie et
à tout enquêteur désigné par elle, par la
régie.
Je pense, M. le Président, d'abord, que ce n'est pas
nécessaire de donner de tels pouvoirs et, deuxièmement, que si on
doit les donner, on devrait les limiter à la régie. On va
vraiment trop loin. On participe à une philosophie qui est
dépassée. C'est tout à fait vexatoire en 1964 et quand on
sait l'attitude que j'ai tenue dans le passé, on ne sera pas surpris
devoir que je veuille qu'on refuse à une régie des pouvoirs que
je voulais voir refuser à des ministres entre autres au ministre de la
Colonisation et de l'Agriculture lorsqu'on a édicté la loi en
1961.
M. LAPORTE: M. le Président, la réponse est très
simple, est très brève. Il y a, évidemment, une
quantité de travail très considérable actuellement
à la Régie d'épuration des eaux. Il y a
énormément de travail à la section eau qui relève
du ministère de la Santé et s'il fallait que seul les membres de
la régie puissent faire des enquêtes nous aurions de deux choses
l'une, ou des dossiers qui s'accumuleraient, ce qui me déplaît
infiniment et qui évidemment nuirait à un tas de
municipalités ou alors nous devrions avoir une régie de 10, 12,
15, 20 commissaires.
Il faut bien se rendre compte que les pouvoirs que nous voulons donner
aux commissaires sont normaux. Ils ont des tâches extrêmement
importantes. Ils ont des cas d'une gravité très
considérable à régler. Il est donc normal qu'ils aient des
pouvoirs d'enquête. Quant aux enquêteurs à qui ils peuvent
déléguer leurs pouvoirs, ce ne sont pas des gens qui rendent des
décisions, ce sont des gens que l'on envoie à divers endroits de
la province de Québec reçueuillir les faits, qui les rapportent
aux commissaires qui eux seront appelés à rendre des
décisions. Alors ceux qui seront investis des pouvoirs d'enquête
et qui ne seront pas des commissaires sont simplement des gens qui vont faire
rapport et ça va simplifier le travail et permettre de le hâter.
Quant aux commissaires, avec le genre de besogne qu'ils auront à
accomplir, il est normal qu'ils aient des pouvoirs d'enquête que nous
prévoyons dans la loi actuelle.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre pourrait-il nous dire
pourquoi il déroge au texte qui accordait ces pouvoirs à la
régie? Il s'agit du chapitre 143, article 4, 2e paragraphe où
l'on édicté, et je cite; les articles 6, 9, 10, 11, 12, 13, 16 et
18 de la loi des commissions d'enquête chapitre 9 s'appliquent «
mutatis mutandis »? Alors là dans le texte que nous avons devant
nous, on veut appliquer toute la loi. Quelle raison y a-t-il d'étendre
les pouvoirs qui étaient déjà accordés? Ce qui est
intéressant pendant que le ministre...
M. LESAGE: Si le chef de l'Opposition voulait me permettre, je viens de
sortir le chapitre 9 et je voudrais qu'il me répète les articles
qu'il vient de mentionner. Je vais suivre dans le texte. Un instant, s'il vous
plaît.
M. JOHNSON: Et pour éclairer le ministre des Affaires municipales
je vais citer le paragraphe au complet...
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas nécessaire.
M. JOHNSON: ... il y a un autre aspect qui intéresse le
ministre.
M. LESAGE: Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait
répéter ce qu'il vient de citer?
M. JOHNSON: Chapitre 143, article 4, 2e paragraphe, je cite les
articles, 6, 9, 10,11, 12, 13, 16 et 18...
M. LESAGE: 6, 9, 10, 11, 12, 13, 16 et 18...
M. JOHNSON: ... de la Loi des commissions d'enquête, chapitre 9,
s'appliquent « mutatis mutandis » à toutes les
enquêtes tenues en vertu du présent article. Dans le cas où
ces enquêtes sont tenues par une personne autre qu'un régisseur,
elle est tenue de prêter le serment prévu par l'article 3 de la
même loi. »
M. LESAGE: Bien oui, mais dans ce cas-ci... M. JOHNSON: M. le
Président...
M. LESAGE: Oui, mais ce qu'il y a c'est que, en vertu de l'article 13
actuel...
M. DOZO1S: Dans la Régie des transports.
M. JOHNSON: C'est la Régie des transports et communications,
chapitre 143.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Alors, dans le chapitre 9...
M. LESAGE: Dans le chapitre 9, l'article 2 ne s'applique pas
évidemment; 1 non plus; 3, évidemment s'il s'agit d'une personne
qu'elle désigne, étant donné que toute la loi s'applique,
3 s'appliquera, ce qui est un avantage; 4 a été cité; 5...
on n'a pas besoin de 5; on n'a pas besoin de 7 non plus. On n'a pas besoin de
désigner les articles; toute la loi s'applique.
M. LAPORTE: L'autre, c'est la Régie des Transports. Ils n'ont pas
besoin de plus que ça, là.
M. LESAGE: Bien non.
M. LAPORTE: Et d'ailleurs, c'est simplement une procédure plus
souple, plus facile. Ce sont les régisseurs qui rendent les
décisions.
M. JOHNSON: M. le Président, on donne ici à l'article 13,
deuxième paragraphe, les mêmes pouvoirs qu'on donne aux
commissai-
res nommés en vertu du chapitre 9 et on les investit des
mêmes immunités. Et là, on les dispense même
d'être assermentés, comme c'est le cas dans la Loi de la
Régie des transports. Alors n'importe quel commissaire, n'importe quel
inspecteur délégué par la Régie des eaux sans
être assermenté pourra avoir les mêmes immunités
qu'un juge de la Cour supérieure. On met sur le même pied un
organisateur politique qu'on a nommé inspecteur et on n'exige même
pas qu'il soit assermenté. Je crois, qu'on va vraiment trop loin.
M. LAPORTE: M. le Président, si...
M. LESAGE: Si c'est le chapitre 9 qui s'applique il faut qu'il soit
assermenté....
M. LAPORTE: ... le député veut lire à l'article 3:
« Les commissaires ainsi nommés prêtent au préalable
un serment... »
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: Mais oui, mais si le ministre veut lire l'article 13.
L'article n'édicte pas qu'on doit suivre les formalités du
chapitre 9, mais l'article 13 dit tout simplement « La Régie,
chacun de ses membres et tout enquêteur désigné par elle
sont investis des pouvoirs et immunités des commissaires nommés
en vertu de la Loi...
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... des commissions d'enquêtes. »
M. LAPORTE: Devoir et obligation.
M. JOHNSON: Cela veut dire tout simplement qu'on donne tous les pouvoirs
et qu'on leur donne le bénéfice de toutes les immunités
mais ça ne veut pas dire qu'on doit suivre la procédure du
chapitre 9 de l'assermentation et de tout ce que l'on veut.
M. LAPORTE: Ajoutons le mot « et obligation », ils vont
être assermentés. Parce qu'il faut que le chef de l'Opposition
prenne une position ou l'autre. Quand il dit: « Comment il se fait que
dans un cas on n'applique rien des articles 4, 5, 6, 7, 8, 9, et là
c'est tout le chapitre, tout s'applique? » Alors le commissaire qui fera
enquête en vertu de l'article 13 devra être assermenté.
M. JOHNSON: M. le Président, je suis contre l'octroi même
aux commissaires de tous ces pouvoirs, mais si on doit les donner à tout
ce monde-là...
M. LAPORTE: Très bien.
M. JOHNSON: ... au moins qu'on prenne la même précaution.
Il ne sera pas nécessaire d'assermenter les régisseurs, ça
n'aurait pas de sens. Ils le sont déjà eux...
M. LAPORTE: Je ne parle pas des régisseurs.
M. JOHNSON: Mais qu'on édicté la même provision
qu'au chapitre 143, article 4 et qui se lit comme suit: « Dans le cas
où ces enquêtes sont tenues par une personne autre qu'un
régisseur, elle est tenue de prêter le serment prévu par
l'article 3 de la même loi. » Voulez-vous prendre ça, M. le
Président?
M. LESAGE: Bien le mieux c'est de donner au président du
comité le texte., n'est-ce pas?
M. LE PRESIDENT: Le texte de cet article-là.
M. JOHNSON: Article 4, chapitre 143, deuxième paragraphe,
dernière phrase...
M. LESAGE: Oui, mais il faut qu'il l'écrive à la longue
main. Ce n'est pas mieux.
M. LE PRESIDENT: Alors article 13 adopté sur réserve de
cet amendement-là.
M.JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Egalement on pourra enlever le « s »
à enquêteur, « Tout enquêteur » au
singulier.
M. JOHNSON: C'est sur division évidemment.
M. LAPORTE: Enlever le « s » sur division?
M. JOHNSON: Non.
M. LAPORTE: Chacun la moitié.
M. LE PRESIDENT: Article 14.
M. DOZOIS: Est-ce que ça va comprendre toutes les sources
d'approvisionnement d'eau ou même les puits privés?
M. LAPORTE: Le ministère de la Santé continue à
avoir autorité sur les sources d'approvisionnement privées. Il
s'agit simplement des sources publiques, des adductions d'eau pour les
municipalités, les aqueducs. Alors, c'est simplement pour les choses
d'ordre public.
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre se rend compte qu'il est en train
d'éplumer le ministre de la Santé! Ce pauvre ministre de la
Santé, on lui enlève tous ses pouvoirs.
M. LAPORTE: Le ministre de la Santé et le ministre des Affaires
municipales se sont rendus compte conjointement, unanimement, et avec beaucoup
de satisfaction, que c'est un progrès pour la province de
Québec.
UNE VOIX: Oui, oui!
M. DOZOIS: Je dois faire remarquer au ministre des Affaires municipales,
et en vertu du chapitre 183, que tous ces pouvoirs étaient contenus; les
pouvoirs du ministre de la Santé, étaient contenus dans les
articles 56 à 70; et en vertu de l'article 36 du bill on dit: «
Les articles 56 à 70 de la dite loi sont abrogés. » Ils
n'existeront plus. Et dans ces articles, de 56 à 61, je crois que
ça comprenait les sources d'approvisionnement d'eau par puits, les
sources privées, de même que ça comprenait le drainage
privé.
Je trouve que l'on a résumé dans cet article, l'article 14
je crois, que nous étudions, dans quelques lignes tous les pouvoirs qui
étaient contenus dans les articles 56 à 70. Il n'y a pas d'erreur
que c'est une rédaction très générale, qui embrasse
un peu de tout, mais je me suis demandé si ça comprenait
également les puits privés.
M.LAPORTE: Le ministre de la Santé conserve le droit, parce qu'on
a laissé le troisième paragraphe de l'article 16, de
prévenir et faire disparaître les conditions non
hygiéniques et les causes d'insalubrité ou de maladie. C'est une
obligation qui lui reste.
Article 14 adopté. 15.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 15, adopté. Article 16,
adopté. Article 17.
M. JOHNSON: A 17, M. le Président, certains ingénieurs,
à tort ou à raison, se demandent si les droits de la corporation
sont suffisamment protégés. Mon opinion c'est qu'il...
M. LAPORTE: Disons juste un mot sur ça... excusez si vous
n'avez pas terminé.
M. JOHNSON: Voici: « aucune municipalité, dit l'article, ou
personne ne peut établir un aqueduc, une prise d'eau d'alimentation, des
appareils pour la purification de l'eau, ni procéder à
l'exécution des travaux d'égouts ou à l'installation de
dispositifs pour le traitements des eaux usées, avant d'en avoir soumis
les plans et devis à la Régie et d'aboir obtenu son autorisation.
» C'est bien mon opinion moi, que la présente loi doit être
interprétée évidemment à la lumière de la
Loi des ingénieurs. Or la loi des ingénieurs dit que « les
plans et devis en ce qui concerne les travaux de cette nature doivent
être préparés par des ingénieurs. »
Est-ce que la Loi des ingénieurs prévoit, par exemple,
l'exclusivité des ingénieurs en matière d'appareils pour
la purification de l'eau, car c'est là que survient la
difficulté. Certaines compagnies ont des voyageurs qui arrivent pour
vendre des appareils de purification de l'eau, et avec la vente de ces
appareils, on garantit à la municipalité où à
l'acheteur possible, les plans et devis pour l'installation. Est-ce que le
ministre est d'avis que les plans et devis dont il est question ici,
particulièrement en ce qui concerne les appareils pour la purification
de l'eau, doivent être nécessairement préparés par
des ingénieurs membres de la corporation des ingénieurs de la
province de Québec.
M. LAPORTE: M. le Président, j'ai reçu, comme le chef de
l'Opposition sans doute, un certain nombre de lettres, les unes venant de
certains bureaux d'ingénieurs; aucune de la Corporation? oui
du secrétaire de la Corporation des ingénieurs de la
province de Québec quelques-unes.
J'ai étudié ces lettres. Nous avons demandé une
opinion aux conseillers juridiques du ministère, et aux conseillers
juridiques du gouvernement, et l'on répond ceci: « Maintenant que
le champ de la pratique des ingénieurs professionnels a
été défini avec précision par le bill 98, je ne
vois aucune raison d'insérer dans la Loi de la régie des eaux,
une disposition ayant pour objet de protéger le monopole professionnel
des ingénieurs. Au point de vue de technique législative il
est...
M. JOHNSON: Le ministre voudrait-il reprendre la première phrase?
Je n'ai rien compris. Le ministre marmotte.
M. LAPORTE: Le ministre marmotte?
M. JOHNSON: Oui.
UNE VOIX: On n'entend pas?
M. LAPORTE: Vous n'entendez pas!
M. BELLEMARE: On comprend mais on n'entend pas!
M. LAPORTE: S'il n'y eût que le chef de l'Opposition, je me serais
posé des questions, mais si vous êtes plusieurs, je
recommence.
M. le Président,...
M. JOHNSON: Bon, très bien!
M. LAPORTE: Vous avez compris?
M. BELLEMARE: Ah, là c'est meilleur!
M. LAPORTE: ... maintenant que le champ de la pratique des
ingénieurs professionnels jusque là, c'est compris
a été défini avec précision par le bill ce
doit être à cause de mes lunettes, c'est la première fois
que je les mets a été défini avec précision
par le bill 98, je ne vois aucune raison d'insérer dans la Loi de la
régie des eaux une disposition ayant pour objet de protéger le
monopole professionnel des ingénieurs.
Du point de vue de techniques législatives, il est
extrêmement désirable d'éviter de multiplier des lois sur
le même sujet car lorsque l'on a des dispositions éparses dans
diverses lois, c'est une source de conflit d'interprétation et
d'incertitude. C'est pour cette raison que l'on a pas cru devoir reproduire la
partie du texte de la Loi de l'hygiène publique qui exigeait la
signature de l'Ingénieur. Alors, nous sommes, le chef de l'Opposition
semble de cet avis, nous sommes convaincus que le monopole des
ingénieurs est protégé, qu'il n'est pas besoin de le
répéter à chaque fois, pas plus que lorsque nous
édictons de nouvelles dispositions législatives, nous disons
à chaque fois que cette procédure devra être prise par un
avocat.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté.
M. DOZOIS: M. le Président, j'ai d'autres observations sur
l'article 15. M. le Président dans cet article on volt que l'on a
condensé également plusieurs pouvoirs qui existaient dans les
chapitres que j'ai mentionnés, il y avait cependant, une disposition
dans le chapitre 143, qui disait que tout propriétaire d'une entreprise
publique entre autres un aqueduc ne pouvait cesser ses opérations ou
interrompre le service sans en obtenir l'approbation de la Régie et je
n'ai pas retrouvé dans cette loi une telle disposition. Il me semble que
ça serait bien important si dans une municipalité l'aqueduc est
opéré par une compagnie et que si cette compagnie décide
du jour au lendemain d'interrompre son service, que ses contribuables ne soient
pas dépourvus d'un service aussi essentiel. C'était l'article 13
du chapitre 143 qui se lisait: « Tout propriétaire d'entreprises
publiques » et dans ce chapitre on avait une définition ça
comprenait les aqueducs qui est l'entreprise publique, « doit obtenir
l'autorisation préablable de la Régie pour cesser ou interrompre
ses opérations ou pour étendre ou modifier son entreprise.
» Je pense que dans l'article 17, on retrouve le pouvoir de modifier ou
d'extentionner son service étendre ou modifier son entreprise, mais je
n'ai pas vu de dispositions qui l'empêchent de cesser ses
opérations ou de les interrompre. Il me semble que c'est bien important
si une population est desservie par une entreprise privée que la
Régie y volt, s'ils veulent cesser le service.
M. LAPORTE; Disons que je vais faire étudier ce point-là
en particulier et puis s'il y a quelque chose bien, de nécessaire, on le
fera mettre à l'occasion de la troisième lecture; on y fera faire
un amendement.
M. DOZOIS: Maintenant M. le Président, le dernier paragraphe de
l'article 17 dit: « Lorsqu'il existe dans le territoire d'une
municipalité un système d'aqueduc autorisé par la
Régie, celle-ci ne peut sans avis au propriétaire y permettre la
construction ou l'extension d'un aqueduc municipal. » Je crois comprendre
par ce texte que s'il y a un aqueduc privé, la Régie de vra
donner tout simplement un avis au propriétaire.
Je préférais de beaucoup le texte que l'on retrouve, qui
avait été voté en 1962 dans 10,11, Elizabeth II chapitre
38 qui amendait précisément l'article 2 du chapitre 143, qui
disait: « Une corporation municipale ne peut sans l'autorisation
préalable de la Régie ordonner ou commencer la construction ou
l'extension d'un aqueduc lorsqu'il existe dans la municipalité une
entreprise publique d'aqueduc autorisée par la Régie. » Le
présent alinéa s'applique à toute corporation municipale
même lorsque son aqueduc est entièrement dans son territoire. Je
trouve que ça, quand ça a été voté en 1962,
c'était une disposition très sage, puisqu'on sait ce qui est
arrivé avant sa disposition; des municipalités avaient
bénéficié pendant 10, 15 ou 20 ans ou 25 ans d'un aqueduc
qui avait été bâti aux frais d'une entreprise
privée. Souvent cette entreprise privée avait été
obligée par la Régie de faire des dépenses
considérables et la municipalité arrivait pour construire son
propre
aqueduc au détriment de l'entreprise privée qui avait
investi des capitaux importants.
Alors, j'estimais que l'amendement de 1962 était raisonnable. La
corporation ne peut sans l'autorisation et un préavis ordonner ou
commencer la construction ou l'extension d'un aqueduc lorsqu'il existe dans la
municipalité un tel service.
Là tout ce que l'on dit, c'est lorsqu'il existe dans le
territoire d'une municipalité un système d'aqueduc
autorisé par la Régie, celle-ci ne peut sans avis au
propriétaire y permettre la construction et l'extension d'un aqueduc
municipal. Il me semble que les intérêts de ces gens-là ne
sont pas sauvegardés bien que je déplore que dans bien des cas,
ces aqueducs existent; mais nous sommes devant une situation de faits, que
ça existe dans certaines municipalités depuis 10, 20, 30, 40
ans.
A l'époque, ç'a été jugé une bonne
chose de laisser établir un aqueduc privé, mais j'estime qu'on ne
doit pas quand même spolier ces gens-là et puis les
déposséder injustement. L'amendement de 1962 corrigeait quelque
peu cette situation. Il me semble qu'on fait machine arrière...
M. LAPORTE: Je ne vois pas la différence entre les deux.
M. DOZOIS: Bien, il y en a une, il me semble. Il me semble que
là, la Régie va se contenter de donner un avis...
M. LAPORTE: Oui, mais approuver les plans.
M. DOZOIS: Non, pas nécessairement...
M. LAPORTE: Le début de l'article! bien il faut lire le
début de l'article...
M. DOZOIS: Oui, oui, ils approuvent tous les plans, tout ça.
M. LAPORTE: « Aucune municipalité ou personne ne peut
établir un aqueduc, une prise d'eau d'alimentation des appareils et le
reste, sans avoir soumis les plans et devis à la Régie, d'avoir
obtenu son autorisation. » Et à la fin, étant donné
qu'il faut qu'on accorde une protection à ceux qui ont
déjà un réseau privé, on dit: « Vous devrez
donner un avis », et puis s'il veut aller plaider sa cause, il sera
avisé d'y aller à ce moment-là. C'est là que je ne
vois pas... il y a peut-être une nuance de style...
M. DOZOIS: Oui, il y en a une assez considérable.
M. LAPORTE: ... mais ça aboutit aux mêmes deux choses:
approbation des plans obligatoire pour tout le monde maintenant...
M. DOZOIS: Oui, d'accord.
M. LAPORTE: ... et deuxièmement avis si on veut...
M. DOZOIS: Je signale cette différence. Je ne l'aime pas
beaucoup. Il me semble que ces gens ont le droit d'être
protégés. Se contenter d'envoyer un avis, je me demande si c'est
suffisant. En somme, on met une lettre à la poste puis l'aqueduc va se
construire quand même.
M. JOHNSON: Est-ce pour régler le cas de Contrecoeur?
M. LAPORTE: Pour régler le cas de quoi? M. JOHNSON: De
Contrecoeur.
M. LAPORTE: Si vous pouvez m'aider dans le cas de Contrecoeur, vous
êtes le bienvenu.
M. JOHNSON: Non, non, mais est-ce que ça permettrait cela
à la Régie de permettre un système qui contourne
Contrecoeur en négligeant le système actuel de Contrecoeur?
M. LAPORTE: Est-ce que ça permettrait au chef de l'Opposition
d'avoir des renseignements qui ne sont pas fondés, puis de faire des
déclarations aussi en l'air que celle-là? Si le chef de
l'Opposition veut sortir le dossier de Contrecoeur, qu'il le sorte, mais qu'il
se prépare, je suis prêt.
M. JOHNSON: M. le Président, je pose une question très
simple au ministre...
M. LAPORTE: J'ai donné une réponse aussi simple que la
question parce que je le vois venir...
M. JOHNSON: Qu'a-t-il à être aussi nerveux?
M. LAPORTE: Je vois venir le chef de l'Opposition cent mille dans la
brume. Je sais qui l'a informé, puis je sais qu'il se trompe, puis je
sais où à part de ça. Alors s'il veut sortir le dossier de
Contrecoeur, qu'il ne se gêne pas...
M. JOHNSON: M. le Président, si j'étais aussi peu
scrupuleux dans mes affirmations que le ministre, ce ne serait pas drôle.
Je dirais, moi: je sais qui le ministre protège dans Contrecoeur, qui il
veut favoriser et qui...
M. LAPORTE: Alors, qu'il le dise donc, c'est le temps là. Je n'ai
pas d'objection.
M. JOHNSON: Mais là on parle de la loi...
M. LAPORTE: Oui, bien parlez-en de la loi ou parlez de Contrecoeur, mais
je suis prêt à parler de l'un et l'autre.
M. JOHNSON: Je n'en parlerai pas à contrecoeur...
M. LAPORTE: Non, je sais que vous n'en parlerez pas, dès qu'on
vous pousse: je vous n'en parlerai plus. Parlez-en de Contrecoeur, c'est le
temps là.
M. JOHNSON: M. le Président, je demande... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... je demande une question très simple. Le ministre
sait...
M. LAPORTE: Très simple, mais très insidieuse, à la
manière du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: ... exactement qu'à Contrecoeur, en 1958, nous avons
été pris avec ce problème. Il y avait un système
d'aqueduc...
M. LAPORTE: Posez des questions. Renseignez-vous tout en parlant
maintenant que vous êtes dans l'eau là, allez-y, nagez
maintenant.
M. JOHNSON: Non, non. Comment, mais qu'est-ce qu'a le ministre à
se choquer comme ça?
M. LAPORTE: C'est parce que je connais toute la petite manigance de ce
côté-là, tout ça. Je sais qu'ils sont après
essayer de former un dossier à Contrecoeur, mais je vous dis encore une
fois: venez-vous en, je vous attends.
M. JOHNSON: Qui est après faire un dossier à Contrecoeur?
Contre qui?
M. BELLEMARE: Contre qui?
M. LAPORTE: Contre moi, soi-disant, mais venez-vous en, j'ai hâte.
Je vous attends, mais soyez prêts parce que je le suis.
M. BELLEMARE: Pourquoi prendre feu pour rien?
M. LAPORTE: On ne prend pas feu, on parle de l'eau.
M. BELLEMARE: Bien voyons donc! Pour l'éteindre.
M. JOHNSON: Cela m'a l'air que le système de gicleur du ministre
ne fonctionne pas très bien.
M. LAPORTE: C'est-à-dire, disons qu'il y a des cas où
ça devient un peu plus chatouilleux pour l'épiderme; quand on
passe des semaines et des mois à tâcher de régler un
problème, puis qu'on essaie de nous faire glisser sur une pelure de
banane politique... ça devient désagréable quand on
consacre le temps que j'ai consacré à tâcher de
régler ce problème-là pour finalement leur dire: «
Messieurs, allez-vous en au ministère de la Santé, je ne
m'occuperai plus de vous-autres. » C'est tout, j'ai essayé de
sauver $200,000 aux contribuables, c'est tout,
M. JOHNSON: Est-ce que ç'a paru dans Le Devoir?
M. LAPORTE: Ah ça, c'est encore un hors-d'oeuvre qui n'est pas
nécessaire.
M. JOHNSON: Non, mais ma question est très simple. Elle est
polie: est-ce que ça permettra, le dernier paragraphe, de régler
le problème de Contrecoeur?
M. LAPORTE: Cela le permettra infiniment plus que les manigances dont je
viens de parler.
M. BELLEMARE; Ah bon, c'est pour ça...
M. JOHNSON: Qu'est-ce que le ministre entend par manigance? Il m'a l'air
plus renseigné que moi, M. le Président, sur ce qui se passe dans
son comté.
M. LAPORTE: Bien c'est ça, c'est le danger du chef de
l'Opposition, c'est qu'il parle sans être renseigné.
M. JOHNSON: Je parle d'un cas pratique, M. le Président,
Contrecoeur.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il n'y a pas un problème à
Contrecoeur?
M. LAPORTE: Il y a un problème à Contrecoeur.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il n'y a pas un problème de juridiction
entre deux aqueducs?
M. LAPORTE: Il y a même un problème où le chef de
l'Opposition est en train de dire: « Je pourrais dire qui le ministre
protège et de telle façon. » Et j'aimerais ça qu'il
le dise.
M. JOHNSON: Non, j'ai dit: si j'étais aussi léger que le
ministre, j'avancerais des choses pareilles.
M. LAPORTE: Ah bon...
M. JOHNSON: Il m'accuse de manigances, de dossier...
M. LAPORTE: Alors, le chef de l'Opposition a une façon de
s'avancer..., comment? Quoi?
M. JOHNSON: Il m'accuse de manigances, de dossier, de mauvaises
intentions envers lui. Si le ministre avait la conscience en paix, M. le
Président, l'épiderme devrait être moins chatouilleux.
M. LAPORTE: Disons que mes crédits vont revenir l'an prochain,
puis on peut se donner rendez-vous sur ce dossier-là. On va avoir du
plaisir.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que l'article, le dernier
paragraphe de l'article 17 permettra au ministre de régler, de faire
régler par la Régie le problème de Contrecoeur? Entre
autres, c'est un exemple.
M. LAPORTE: Oui, malgré que ce pouvoir-là existe
actuellement au ministère de la Santé.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté. Article 18,
adopté? Adopté. Article 19, est-il adopté?
M. BELLEMARE: Le ministre ne veut pas en parler.
M. JOHNSON: Non.
M. LE PRESIDENT: Article 19,pas d'objections? Article 20, adopté?
Adopté. Article 21, adopté? Adopté. Article 22,
adopté. Article 23, adopté? Adopté. Article 24,
M. JOHNSON: Un instant, j'ai quelque chose sur 24, non c'est sur 25.
M. LE PRESIDENT: Article 24 est-il adopté?
M. JOHNSON: Oui, c'est sur 25.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 25.
M. LAPORTE: M. le Président, on est rendu à l'article 25.
Je voudrais proposer un amendement pour qu'au dernier paragraphe de l'article
on change les mots « approbation du ministre » par «
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil ».
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la proposition d'amendement serait
agréée?
M. JOHNSON: Un instant. Tout l'article, M. le Président, est un
exemple, l'exemple le plus fantastique de l'illogisme du gouvernement.
M. LAPORTE: De quoi?
M. JOHNSON: De l'illogisme du gouvernement. Voici un gouvernement dont
le ministre des Richesses naturelles le disait hier qu'il est inspiré
par une philosophie dont le principe se résume à ceci: L'Etat
doit avoir un rôle actif; enfin, enfin, M. le Président, on met de
côté, comme dit le ministre des Richesses naturelles, le
système de la philosophie désuète et poussiéreuse,
philosophie du 19e, sinon du...
M. LAPORTE: Du 18e.
M. JOHNSON: 18e siècle. Voici un gouvernement qui a
procédé à la nationalisation de
l'électricité et le mot n'est pas juste comme on le sait,
à l'achat à grosse prime, 20% des parts détenues par du
capital étranger surtout, dans un système de distribution
d'électricité, services publics, or, voici qu'on établit
une législation pour prévoir l'installation de ce qui peut
facilement être classé comme un système ou un organisme de
services publics. Voici qu'on va procéder, et j'espère à
un rythme accéléré, régler ce problème du
traitement des aux. Mais c'est un service public, je le crois; il est en tout
cas de la nature des services publics, autant que l'aqueduc, l'égout et
l'électricité, la distribution de l'électricité.
Or, ce gouvernement qui a nationalisé, quand il s'est agi de
l'électricité, veut maintenant se réserver le pouvoir en
vertu de l'article à l'étude, d'affermer à l'entreprise
privée ce droit pour une période n'excédant pas 25 ans.
Comment le ministre peut-il expliquer ça?
M. LAPORTE: Cela va y être.
M. JOHNSON: Oui, mais je veux poser une question, qui va faciliter la
réponse au ministre.
M. LAPORTE: D'accord.
M. JOHNSON: Comment peut-il concilier ces deux attitudes? Est-ce que le
gouvernement a eu des propositions d'un groupe de personnes
intéressées à financer pareil projet? Est-ce parce que le
gouvernement manque d'argent? Est-ce parce que les municipalités
manquant d'argent? Le gouvernement ne peut pas leur venir en aide suffisamment
pour qu'on aille assez vite dans le traitement, dans l'installation d'usines de
traitements des eaux? Est-ce parce qu'on a oublié de faire la
péréquation qui devait passer dès 1961? J'aimerais
à comprendre la philosophie poussiéreuse qui porte le
gouvernement actuel à remettre à l'entreprise privée le
soin d'organiser un service public.
M. LAPORTE: M. le Président, toutes les friandises qui ont
été mises autour de la déclaration du chef de l'Opposition
se ramènent à bien peu de chose...
M. JOHNSON: Ce n'est pas...
M. LAPORTE: Eh bien, les dentelles se ramènent à bien peu
de chose. Pourquoi est-ce que cet article a été
inséré dans la loi? Pour deux raisons bien simples. Plusieurs
municipalités nous ont suggéré qu'il serait
peut-être possible de confier à l'entreprise privée la
construction de ces édifices publics, et deuxièmement nous avons
cru que c'était là une nouvelle source de crédits pour les
municipalités de la province de Québec; et afin de nous assurer
que ces municipalités ne soient pas aux prises avec des contrats trop
onéreux, et c'est véritablement le danger, nous avons
exigé que le contrat soit non seulement approuvé par le ministre
des Affaires municipales, mais comme je le suggère, par le
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est tout ce qu'il y a dans cet
article-là.
M. DOZOIS: M. le Président, personnellement...
M. JOHNSON: Ce n'est pas fort comme réponse.
M. DOZOIS: ... je trouve inconcevable qu'en 1964 on insère dans
une loi comme celle-ci une telle disposition.
On se plaint et toutes les municipalités se sont plaintes que
dans les limites de certaines municipalités, il y avait
précisément l'entreprise privée pour la distribution de
l'eau. C'est un problème épouvantable dans toutes les
municipalités qui sont desservies par l'entreprise privée. Et
voici que l'on veut donner l'autorisation à l'entreprise privée
de construire des usines d'épuration. Il me semble, M. le
Président, que ces gens qui représentent
l'entrepriseprivée et qui veulent construire, qui sontprêtes
à construire ces usines, vont le faire pour en retirer un
bénéfice.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est élémentaire.
M. DOZOIS: S'il y a un bénéfice à retirer, pourquoi
la municipalité ne le retirerait-elle pas pour le bien-être de ses
contribuables? Pourquoi permettre pendant 25 ans à l'entreprise
privée de faire des bénéfices avec une usine
d'épuration sur le dos des contribuables? C'est inconcevable, M. le
Président, que l'on insère, dans une loi en 1964,
précisément comme le dit le chef de l'Opposition, après
que le gouvernement se soit vanté d'étatiser entre autres,
l'électricité, et le ministre des Richesses naturelles, encore
hier, le chef de l'Opposition le disait, les services publics devraient
être la charge des autorités publiques.
Moi, personnellement, je trouve ça inconcevable. C'est un
problème, je le répète, dans toutes les
municipalités, dans la très grande majorité des
municipalités qui ont eu des services d'aqueduc privé. On ne
savait plus comment sortir de ce bourbier, et voilà que l'on veut par le
truchement de l'article 25, revenir à ce système qui était
peut-être bon il y a 40 ou 50 ans, et peut-être permettre à
des gens de faire de l'argent sur le dos des contribuables. C'est inconcevable.
Personnellement, je pense ainsi que mes collègues de l'Opposition ne
l'acceptent pas, ne peuvent accepter une telle disposition.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est tellement illogique aussi.
Si le ministre y pensait un peu sérieusement, il retirerait cet
article-là, parce qu'au point de vue strictement municipal, si on
applique ce principe pour le traitement des eaux, on peut l'appliquer aussi
pour les vidanges, on peut l'appliquer pour la construction des routes, des
chemins, on peut dire à un contracteur: « Vous allez vous charger
des chemins ». Vous allez le bâtir, l'entretenir et nous allons
vous donner le pouvoir d'imposer une taxe au pied linéaire.
M. LAPORTE: Est-ce que le député de Champlain
prétend que ça ne se fait pas actuellement pour les vidanges?
M. BELLEMARE: Bâtir un incinérateur et que ça
appartienne à une entreprise privée.
M. LAPORTE: Confier ça à l'entreprise privée.
M. BELLEMARE: Que l'entreprise privée pourrait bâtir un
incinérateur, l'exploiter en chargeant une taxe aux
propriétaires? Non, M. le Président. C'est un non-sens, surtout
après une déclaration aussi sensationnelle qu'on m'a faite hier,
après une condamnation du système, comme l'a fait le ministre des
Richesses naturelles, aujourd'hui, on trouve dans le texte de loi, quelque
chose diamétralement opposée.
Le ministre qui se dit progressiste n'a certainement pas relu, surtout
pas étudié àfondcet article-là. J'ai reçu de
la part de certaines municipalités certaines protestations, et comme le
dit le député de St-Jacques, si ça doit être payant,
ça doit être conservé à l'intérêt
public, et ça ne doit pas être remis à
l'intérêt privé. Je suis convaincu, M. le Président,
que le ministre va retirer cet article-là.
M. LAPORTE: Vous allez avoir des déceptions. D'abord les
municipalités qui ont protesté, c'est, évidemment, parce
qu'elles n'ont pas eu le temps de lire l'article 25. Elles sont parfaitement
libres de l'utiliser ou non. Si la municipalité veut continuer à
avoir son service financé à même des obligations, c'est
parfaitement son droit. Nous disons simplement, que les municipalités de
la province de Québec auront à dépenser d'ici une dizaine
d'années, d'ici quinze ans, des sommes de capital extrêmement
considérables.
Le député de St-Jacques nous disait l'an dernier: «
Vous n'avez pas pensé à créer des sources de revenus
nouvelles? Vous devriez créer une banque ». On est en train
d'étudier ce problème-là. Mais nous nous sommes
demandés en même temps s'il n'y avait pas d'autres moyens de
trouver des sources de financement pour les municipalités.
M. BELLEMARE: La péréquation.
M. LAPORTE: La péréquation on l'a commencée pendant
que vous en parliez. On vient de la faire. Tous les chèques sont
partis...
M. JOHNSON: Comment ça marche en Israël?
M. LAPORTE: Si on voulait, j'ai interrompu tantôt, je m'en excuse,
c'est un argument sérieux, j'aimerais à l'exposer à ma
manière après ça on pourra répondre. Je dis
qu'actuellement, nous cherchons des sources de crédit nouvelles pour les
municipalités, des sources de financement. Il est évident que la
municipalité peut bâtir elle-même l'usine d'épuration
des eaux. Il est évident que très bientôt la
municipalité pourra et devra se pourvoir d'une usine de traitement des
ordures ménagères. Il est évident qu'à mesure que
les municipalités se développent, il faut augmenter les services
d'eau et d'aqueduc. Tout cela va coûter des sommes très
considérables.
L'ancier président, de la commission municipale, feu M. Lambert,
avait mentionné le chiffre $1,000,000,000 d'ici 20 ans. Nous disons:
s'il est possible de protéger la municipalité en lui assurant un
contrat sérieux, ça c'est le problème, j'avoue que c'est
le problème, s'assurer que les municipalités aient des conditions
qui soient acceptables, mais si nous pouvons, ceci étant assuré,
donner une nouvelle source de crédit à la municipalité,
parce qu'il y a des capitaux qui s'offrent comme ça pour bâtir,
pas tellement des systèmes d'aqueduc, ça je n'en ai pas entendu
parler jamais, mais bâtir des usines d'épuration des eaux,
ça pourrait être une source de crédit très
considerable pour doter la province de Québec d'usines
d'épuration des eaux.
Deuxièmement, nous disons: cette façon de procéder
va laisser la capacité d'emprunt de la municipalité libre pour
d'autres travaux; ça va nous permettre d'accélérer.
M. BELLEMARE: Voyons donc.
M. JOHNSON: Il aurait été bon de penser à ça
lors de la nationalisation.
M. BERTRAND (Missisquoi): Elles vont être obligées de
payer.
M. LAPORTE: Certainement qu'elles vont être obligées de
payer, mais elles ne seront pas obligées d'emprunter les capitaux, qui
vont être fournis par des gens qui sont prêts à les avancer.
Est-ce que c'est une expérience nouvelle en Amérique du Nord ou
dans le monde? Cela existe actuellement en Europe; ça existe dans un
très grand nombre de pays, d'états des Etats-Unis. Nous avons
à ce sujet fait une étude au ministère des Affaires
municipales qui dure depuis plusieurs mois et nous sommes convaincus que nous
allons rendre service aux municipalités en mettant à leur
disposition une source de crédit nouvelle.
Est-ce qu'on va crier au renversement des principes? Si on veut pousser
l'argument jusque là en disant que c'est un renversement: en Ontario,
c'est le gouvernement qui le fait. Le « Water Research Board » a
$25,000,000 cette année pour bâtir des usines et puis les
administrer lui-même. Si nous avions dans le passé, et c'est un
des arguments que j'ai déjà employé, si nous avions dans
le passé fait dans la province de Québec les investissements que
nous jugions nécessaires, bien nous ne serions pas aujourd'hui
taxés à la limite par les besoins essentiels.
Autrement dit, si nous allions trouver le gouvernement pour dire vous
allez mettre trente autres millions de dollars à la disposition des
municipalités au point de vue emprunt, ça serait peut-être
compliqué actuellement parce que nos ressources au point de vue emprunt
sont taxées à la limite par nos besoins essentiels.
Mais en constatant ça, on ne dit pas; on va laisser les
municipalités aller à la va comme je te pousse. On dit: on va
tâcher de leur trouver une nouvelle source de crédit et il y en a
une qui s'offre. Il y a des gens qui ont des capitaux européens, des
capitaux américains, des capitaux canadiens qui vont trouver les
municipalités et qui leur disent, mais pourquoi pas chez vous? Quand on
s'en va à New-York, quand on s'en va dans le Minnesota, quand on s'en va
en Europe, on a le droit de bâtir des usines pour les
municipalités, on est prêt à le faire pour vous autres.
Bien, vous, on doit dire: non, c'est illégal. Mais nous allons
simplement pour des arguments comme ceux que j'ai entendu dire: si le
gouvernement qui a nationalisé revient en sens inverse.
Il s'agit simplement de mettre un peu d'ordre dans cela, de dire aux
municipalités, d'accord, vous vous êtes trouvé une nouvelle
source de crédit facile; nous allons vous permettre de le faire. Vous
allez pouvoir utiliser ça, comme ça se fait ailleurs. Mais est-ce
que les Américains qui le font dans un grand nombre d'états sont
aussi illogiques que le prétend le député de Champlain
à mon sujet? Est-ce que les états européens qui le
permettent sont des états qui sont rétrogrades? Nous disons:
c'est bien simple, c'est une formule nouvelle pour accélérer la
construction des choses dont nous avons besoin.
Le chef de l'Opposition et les membres de l'Opposition savent
très bien que nous avons besoin de centaines d'usines d'épuration
dans la province de Québec. Le chef de l'Opposition et l'Opposition
savent très bien que lorsqu'on va demander à une
municipalité de faire son devoir à ce point de vue-là on
nous dit: malheureusement notre capacité d'emprunt n'est pas
taxée à la limite, mais ça va être difficile. Et
nous leur disons: si vous voulez faire votre devoir, nous allons vous trouver
des capitaux. Vous pourrez vous adresser à l'entreprise privée et
au bout de 25 ans vous entrerez en possession de votre bien. Non seulement
l'opposition ne devrait pas pousser les cris qu'elle pousse actuellement, mais
elle devrait dire voilà une pensée nouvelle, voilà une
façon nouvelle de financer des travaux municipaux, M. le
Président.
M. BELLEMARE: Elle est bonne celle-là.
M. LAPORTE: Je dis simplement pour terminer mon argumentation... d'abord
j'aimerais bien qu'on me dise, sauf les objections soi-disant de principe que
l'on a émises à l'effet que c'était rétrograde,
puis qu'on a dit nationalisation, puis le grand discours de mon collègue
hier, ça ce sont des arguments, c'est ça que j'appelle de la
dentelle, ce n'est pas le fond de la question.
Je dis: quelles sont les objections fondamentales qu'il y a à ce
que cette source de crédit qui s'offre et qui est très
considérable et dont les municipalités ont besoin, quelle est la
raison fondamentale pour laquelle nous la refuserions s'il y a les garanties
nécessaires que ça va être exécuté d'une
façon décente? D'autres pays l'on fait, et je dis en terminant
que ça fait partie d'un ensemble que nous sommes en train de
créer.
Je dis à l'Opposition et je dis aux membres de la droite que nous
terminons une étude actuellement qui nous permettra d'affirmer que d'ici
10 ans ou d'ici 5 ans, il paraît que c'est un petit peu
compliqué de prévoir pour 10 ans, mais nous aurons d'ici quelques
jours la projection des besoins des municipalités pour 5 ans à
venir, mais nous n'allons pas seulement nous contenter de faire une
projection des besoins d'emprunt, nous allons dire: vous avez normalement la
capacité d'emprunt vous autres mêmes pour telle partie de ces
biens-là, de ces emprunts. Peut-être étudions-nous la
possibilité de compléter une autre fraction par cette banque de
financement municipal dont a parlé le député de St-Jacques
et au sujet de laquelle je n'ai pas encore de rapport: et une troisième
partie de vos besoins vous viendra par cette façon de financer une
partie de vos entreprises publiques par l'entreprise privée.
Si l'Opposition peut nous apporter des arguments contre cette
façon de procéder, bien c'est elle qui prendra la
responsabilité d'expliquer aux
municipalités pourquoi elle est contre. Nous disons:
municipalités, vous avez des besoins très grandi, nous serons de
plus en plus exigeants dans l'exécution de vos responsabilités
publiques particulièrement en matière d'hygiène publique
et nous aurons en même temps à vous fournir le moyen de vous
acquitter de votre responsabilité.
M. DOZOIS: M. le Président,...
M. GODBOUT: Si je dis immédiatement ce que j'ai à dire, M.
le Président, peut-être que cela aidera à l'argumentation
du député de St-Jacques.
Je crois qu'il faut examiner l'aspect théorique et légal
de ce qu'on appelle, en droit, la concession, et ses différences avec
l'entreprise privée proprement dite, pour l'opération d'une
exploitation livrant de l'eau aux usagés d'une municipalité.
Dans le passé, comme le disait le député de
St-Jacques, il y a eu des exploitations d'aqueducs par des particuliers. Ces
exploitations étaient réalisées d'autorité par
l'entreprise privée et, évidemment, ont comporté des
embêtements, des ennuis et des embarras à certains moments, parce
qu'il y avait discussion sur les droits, sur les pouvoirs, sur les
responsabilités, sur les prix, sur le service. De même, lorsqu'un
particulier établissait une opération d'aqueduc, soit par entente
avec la municipalité, par vente, eh bien! Il restait maître de
l'entreprise. Mais, la théorie de la concession est tout autre. Un
concessionnaire, en droit, est une personne qui va assumer, pour une
corporation publique, les obligations, les devoirs et les
responsabilités de cette corporation, et évidemment, user des
pouvoirs qui lui appartiennent. C'est exactement le cas prévu par
l'article 25. Il ne s'agira plus d'une entreprise privée,
indépendante. Il ne s'agira plus d'une opération, d'une
exploitation par un particulier, à son profit, sans autres règles
que celles que peut lui imposer une régie qui n'a pas toujours
existée, ou qui n'a pas toujours réglementé ses
opérations.
Dans le cas présent, c'est une concession, c'est un
privilège concédé à un particulier pour une
durée limitée de 25 ans, et qui l'oblige, comme concessionnaire,
à se substituer aux obligations, aux devoirs de la corporation
municipale. Et c'est tellement vrai qu'un contrat devra être passé
entre la corporation et le concessionnaire, contrat par lequel la
municipalité pourra imposer des conditions, même onéreuses,
à l'exploitant, ou au concessionnaire. Et c'est même tellement
vrai aussi, que ce contrat n'est pas laissé au libre arbitre des parties
contractantes, soit l'exploitant ou le concessionnaire et la
municipalité...
M. DOZOIS: Où l'exploitant va-t-il faire son argent?
M. GODBOUT: ... mais il est soumis... je vais répondre
à M. le député de St-Jacques, je voudrais terminer ma
phrase ... aussi à l'approbation du conseil exécutif,
d'après l'amendement que va proposer le ministre des Affaires
municipales, et de la commission municipale. Il n'y a aucun doute à ce
sujet, comme le demande le député de St-Jacques, « comment
ce concessionnaire va-t-il faire son argent ? ». C'est une question de
bon sens, c'est une question logique. Le concessionnaire ne peut pas assumer
des obligations, des devoirs, des responsabilités, fournir un service
adéquat, sans, évidemment, retirer quelque chose pour son
travail, quelque argent pour opérer ce système. Eh bien! sans
doute, il y aura un prix fixé, mais ce prix ne sera plus laissé
à son libre arbitre comme dans une opération indépendante
où l'exploitant créait le système, établissait le
prix qu'il allait demander, et n'était soumis, en somme qu'à des
décisions de régies, de services publics qui reconnaissaient
souvent ces taux en regard des dépenses déclarées.
Oui, mais aujourd'hui il y a plus, il y a un contrat avec la
municipalité. Le concessionnaire n'est plus indépendant, il est
assujetti aux mêmes obligations, aux mêmes devoirs, aux mêmes
responsabilités que la municipalité, il en exercera les pouvoirs
mais sujet aux droits de contrôle de la municipalité.
M. DOZOIS: Toujours sujet à son profit.
M. GODBOUT: Sujet aussi à l'approbation du Conseil
exécutif, et du ministre des Affaires municipales.
M. JOHNSON: Cela ce n'est pas une garantie!
M. GODBOUT: Et il reste ceci, c'est le prix, en pareil cas, le prix du
service en pareil cas, ne dépend plus d'un homme, d'un
commerçant, d'un marchand, mais découle d'une entente
surveillée entre les parties, et ce prix, l'autorité municipale
le regarde, car elle ne voudra pas laisser exploiter ses citoyens, elle voudra
mettre des conditions à l'opération et à l'exploitation,
elle voudra déterminer le prix, et même ce prix s'il fait partie
du contrat comme il se doit, eh bien! ce prix sera soumis à
l'approbation des autorités provinciales, de même que les plans,
de même que le système.
Alors je soumets, M. le Président, que cet article constitue une
facilité d'opération reconnue dans le droit, tous les droits,
comme le disait le ministre des Affaires municipales, et qui opère avec
satisfaction pour faciliter les services publics des municipalités, avec
des garanties qui n'existent pas en présence d'un marchand, d'un
commerçant ou d'un entrepreneur indépendant.
M. DOZOIS: M. le Président, tout le monde sait qu'une
municipalité va emprunter à de bien meilleures conditions que
l'entreprise privée. Sur le marché des obligations, il est
évident que celui qui obtient le meilleur taux c'est d'abord le
gouvernement fédéral, après ça, dans la
hiérarchie on peut dire que les provinces obtiennent un taux un peu plus
élevé que le gouvernement fédéral, mais
inférieur au taux qu'obtiennent les municipalités ou les
commissions scolaires. Les corporations municipales, corporations scolaires
elles, obtiennent de l'argent sur le marché un peu plus cher que la
province, mais un peu meilleur marché que l'entreprise privée.
Evidemment, je n'entends pas, par entreprise privée, certaines
organisations très vastes comme Imperial Oil, Canadian Pacific. Mais
l'entreprise qui irait sur le marché pour des montants comparables
à une municipalité, disons $100,000, $150,000, $200,000, la
municipalité va emprunter à meilleur compte que l'entreprise
privée, parce que la municipalité donne, en garantie de ses
obligations, tous les immeubles de la municipalité. Cela on le sait.
C'est un privilège, sur tous les immeubles d'une municipalité.
C'est pour ça qu'une municipalité va emprunter à un taux
qui est meilleur marché.
Or disons par exemple qu'une municipalité veut construire une
usine d'épuration qui coûterait $100,000. La municipalité
peut peut-être répartir sur une période plus longue que
vingt-cinq ans. Je ne crois pas qu'il y ait des empêchements. Je pense
qu'on peut même le répartir sur une période de quarante
ans. Donc sa remise de capital sera moins forte que le contrat prévu
ici, qui est pour une durée de vingt-cinq ans. Mais admettons que c'est
pour la même période. Lorsque l'on combine
l'échéancier, l'on peut établir, disons, que ça
fera, capital et remboursement, une somme d'environ 9%, 9 1/2% ou 10% du
montant total. Mettons 9% pour fins-de discussion. Cette municipalité
aura à rembourser et à prévoir les taxes pour rembourser,
$9,000 pour son service de dettes.
Or, si la municipalité ne le construit pas, l'entreprise
privée, au côté de la municipalité, offre à
une municipalité, le contrat prévu à l'article 25, pour
une durée de vingt-cinq ans. Cet entrepreneur, ce particulier ou cette
compagnie qui veut exploiter une telle usine, va contracter un emprunt. S'il ne
fait pas un emprunt, il va utiliser ses propres capitaux que cette entreprise
pourrait placer au taux convenu dans le domaine de l'entreprise privée,
qui est plus élevé que la municipalité. Un taux qui peut
varier de plusieurs points, jusqu'à un point complet, de plusieurs
fractions de point, il peut y avoir jusqu'à 1% de différence.
Admettons qu'il y a 1/2 de 1% de différence, bien au lieu de payer
$9,000 par année, le service de dettes pour l'entreprise privée
sera de $9,500 pour une entreprise de $100,000, et là il n'y aura pas
encore de bénéfices pour les entrepreneurs...
M. LAPORTE: Ils n'ont qu'à ne pas s'en servir si c'est plus
onéreux.
M. DOZOIS: Bien oui, mais alors pourquoi permettre, M. le
Président...
M. LAPORTE: Bien c'est parce que le raisonnement du député
de St-Jacques n'est pas nécessairement vrai. Si c'est plus
onéreux, ils ne s'en serviront pas. Si par hasard c'est plus
onéreux...
M. DOZOIS: Pourquoi permettre de créer...
M. BELLEMARE: Pourquoi le mettre dans la loi si c'est plus
onéreux?
M. DOZOIS: ... de donner l'occasion aux gens d'aller trouver des
conseils municipaux, de leur faire miroiter des avantages qui ne seront
peut-être pas réels...
M. LAPORTE: Bien, ils feront miroiter ça à la commission
municipale et au Conseil des ministres...
M. BELLEMARE: Vous allez les accepter. Vous allez dire: « On n'a
pas plus de crédit. »
M. DOZOIS: Et peut-être que dans quelques années ces
gens-là auront à s'en mordre les pouces, je l'ai dit tout
à l'heure. Pourquoi être rétrograde? Pourquoi aller prendre
une formule qui n'a pas donné satisfaction dans le domaine des aqueducs
privés pour les municipalités? Pourquoi, alors que l'on sait que
l'entreprise privée ne peut pas opérer une telle usine à
aussi bon compte qu'une municipalité, seulement que pour le coût
du service de dettes c'est immédiatement plus élevé. Ces
gens-là vont vouloir faire un bénéfice. Qui nous dit que
ces gens-là seront soumis aux mêmes dispositions qui
étalent
incluses, l'an dernier, dans la loi qui oblige une municipalité
à demander des soumissions publiques? Ces gens-là de l'entreprise
privée ne seront pas sujets aux mêmes restrictions de demander des
soumissions publiques. Qui nous dit que le contrat sera exécuté
d'une façon à assurer une bonne qualité d'usine
d'épuration, même si les plans sont approuvés par la
Régie en question? Ce sont toutes des questions, M. le Président,
qui ne nous permettent pas d'accepter un pas en arrière comme
celui-là. Voyons. Toutes les municipalités ont les moyens. Cela
n'affectera pas leur service d'emprunt. Carn'oubliez pas une chose que si une
municipalité s'engage pendant vingt-cinq ans à assurer le
remboursement de cette dépense, ça affecte son budget...
M. LAPORTE: Le budget.
M. DOZOIS: Cela veut dire qu'elle est obligée d'aller chercher
des taxes foncières des taxes, en somme, pour rencontrer ce service de
dettes...
M. LAPORTE: Cela n'affecte pas son pouvoir d'emprunt.
M. DOZOIS: M. le Président, si au contraire la
municipalité fait un emprunt et que son budget est déjà
encombré ou son taux de taxe est tel que les prêteurs disent:
« Vous ne pourrez pas continuer à augmenter votre taux de taxe qui
est déjà très élevé et nous
n'achèterons pas vos obligations. » Cela l'encombre. Le Service de
dettes qu'il soit payable aux détenteurs d'obligations ou à une
corporation qui aurait installé une usine d'épuration, cela va
affecter le pouvoir d'emprunt indirectement parce que le service de dettes
surchargera la possibilité, la capacité de payer de la
municipalité. Il ne faut pas se leurrer. Il y a une capacité de
payer qui existe chez les contribuables. Et les prêteurs le savent, la
connaissent cette capacité et lorsque le budget est déjà
surchargé disons de $9,000 ou $10,000 pour une petite
municipalité pour assurer le paiement d'une usine d'épuration de
$100,000. Les prêteurs en tiendront compte si la municipalité veut
faire d'autres projets.
Il n'existe aucune espèce de raison valable pour inclure en 1964
une telle disposition dans un texte de loi.
M. LAPORTE: Adopté.
M. JOHNSON: Non, j'aurais aimé entendre la ministre des Richesses
naturelles abonder dans le même sens que le ministre des Affaires
municipales.
M. LAPORTE: Je lui ferai part de votre demande.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LAPORTE: Je lui ferai part de votre suggestion.
M. JOHNSON: Oui, j'aurais aimé ça entendre le ministre des
Richesses naturelles nous expliquer en vertu de quel principe...
M. LAPORTE: Mais vous aimiez moins ça, hier soir!
M. JOHNSON: Au contraire, M. le Président! M. LE PRESIDENT: A
l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Mais, on a bien choisi,on est bien tombé en demandant
au ministre des Affaires municipales d'opérer le virage. C'est le
spécialiste pour plaider le chaud quand on a déjà
plaidé le froid. Il n'y en a pas de plus habile que lui et on dirait
qu'il se spécialise là-dedans pour régler le virage
à droite quand c'est nécessaire et le virage à gauche
quand il le faut.
Je savais que le gouvernement et je le dis bien souvent, que le
gouvernement actuel est rendu à bout de ressources. Mais là on a
un aveu qu'il est joliment cassé. Il en est rendu, c'est le ministre
lui-même qui nous le dit, il a taxé au maximum les
possibilités d'emprunt.
M. LAPORTE: Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit que si PUnion
nationale avait fait son devoir on serait en mesure de faire comme l'Ontario,
aujourd'hui.
M. JOHNSON: C'est ça. Si l'Union nationale avait endetté
la province comme les Libéraux l'ont fait, les Libéraux seraient
capables de faire une politique de grandeur.
M. LAPORTE: Si l'Union nationale avait emprunté quand les taux
étaient bas on ne serait pas dans cette...
M. JOHNSON: C'est ça! Si l'Union nationale avait à ce
moment-là gaspillé comme gaspille le gouvernement actuel on
serait évidemment dans une meilleure position. Quel raisonnement, et
puis quelle logique! Encore là, ça ne fatigue pas le ministre des
Affaires municipales. Il peut plaider le chaud et le froid comme il a pu
plaider pour le Crédit social en 1956 avec une facilité
extraordinaire.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est complètement faux.
M. JOHNSON: Et, comme il pouvait être indépendant tout en
étant libéral et libéral tout en étant
indépendant...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux demander au chef
de l'Opposition, s'il veut éviter un débat assez
désagréable, qu'on revienne à l'article du bill. Cela fait
quelques fois qu'il fait des bonds.
M. JOHNSON: M. le Président, je reviens à l'article du
bill.
M. LAPORTE: Bon!
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LAPORTE: Il est comme d'habitude.
M. JOHNSON: ... c'est trop facile de blâmer le ministre pour ses
pirouettes passées.
M. LAPORTE: Bien oui, on ne peut pas oui, oui, surtout
devant un parti qui s'est vanté d'avoir été formé
de toutes les tendances politiques évidemment. On se rappelle des
libéraux fanatiques...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Levez-vous!
M. COLLARD: Levez-vous moins souvent que moi et cela va être
mieux.
M. BELLEMARE: Voyons donc! Faites-vous entendre un peu et non pas
jargonner dans le coin pour rien.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre a été bien
tenté je suis certain...
M. MAHEUX: Envoyez-le à la pêche aux poissons des
chenaux!
M. BELLEMARE: Je vais dire comme... soyez...
M. JOHNSON: ... a été bien tenté de mettre...
M. LAPORTE: Oui, mais j'ai résisté, je n'ai pas
succombé.
M. JOHNSON: ... en vigueur un système comme celui de l'Ontario.
On sait qu'en Ontario c'est une commission qui s'appelle l'Ontario Water
Board...
M. LAPORTE: C'est difficile à dire de toute façon.
M. JOHNSON: ... Water Resources Board, je pense qui s'occupe de
l'installation, de l'opération ou du financement de ces usines de
traitement Si le gouvernement actuel n'avait pas épuisé toutes
ses possibilités d'emprunt aussi rapidement, s'il avait planifié
un peu, il aurait peut-être décidé qu'il fallait donner une
priorité à ces besoins des municipalités. Si les
municipalités sont rendues à bout de leurs ressources
financières ou de leur pouvoir d'emprunt c'est parce que le gouvernement
n'a pas tenu sa promesse de mettre à leur disposition les ressources
financières qu'on avait promis de leur donner.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: C'est le ministre lui-même qui ici, en Chambre, au
mois d'août 1963, a plaidé en faveur de cet arrangement
fédéral-provincial en nous disant que c'est
précisément pour permettre aux municipalités de se
construire des usines d'épuration des eaux.
M. BELLEMARE: Ah oui! M. LAPORTE: C'est ça!
M. JOHNSON: Ce fut le gros argument pour faire une volte-face, un virage
encore dans les relations fédérales-provinciales.
M. BELLEMARE: Bon!
M. JOHNSON: Cela a été un argument-clé, un
argument-massue du ministre...
M. BELLEMARE: C'est ça!
M. JOHNSON: ... pour tenter de nous convaincre qu'on faisait bien
d'entrer dans le fédéralisme-coopératif de M.
Pearson...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BELLEMARE: C'est ça!
M. JOHNSON: ... et d'accepter des fonds du fédéral et
voici, maintenant, qu'on trouve un autre moyen, l'article 25... M. le
Président!
M. LAPORTE: Vous ne voulez pas d'aucun fonds, ni du
fédéral ni de l'entreprise privée.
M. JOHNSON: ... le ministre donne comme exemple l'état de New
York, mais dans l'état de New York c'est l'entreprise privée qui
continue de distribuer l'électricité. Dans l'état de New
York on est pas allé nationaliser l'électricité et manger
tout son crédit toutes ses possibilités d'emprunt; dans
l'état de New York...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement...
M. JOHNSON: M. le Président, les résultats, on ne professe
pas, il n'y a pas des hommes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: ... qui professent, comme le ministre des Richesses
naturelles, la nouvelle doctrine, de néo-socialiste...
M. LAPORTE: Voulez-vous professer le respect du règlement aussi
un peu?
M. JOHNSON: Oui, frère directeur.
M. LAPORTE: J'invoque le règlement M. le Président. Je
n'ai pas d'objection à ce qu'on entre dans ces terrains qui ne
relèvent pas du tout de cette loi, mais je vais me croire obligé
de répondre, M. le Président, quel bienfait la nationalisation a
été pour la province de Québec. Je vais être
obligé de répondre M. le Président.
M. LAFONTAINE: On serait aussi bien de s'en tenir à l'article,
l'intention de nationaliser les...
M. JOHNSON: Laissez ça, à votre cher collègue.
M. LAFONTAINE: ... on va avoir l'intention d'étatiser les item
d'épuration des eaux plus tard?
M. JOHNSON: Bien oui, dans 15, 20 ans, il y aura un mouvement pour
étatiser les usines d'épuration des eaux parce que l'on dira: il
faut être maîtres chez nous, M. le Président...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... maîtres chez nous,...
M. LAFONTAINE: Maîtres de nos écluses.
M. JOHNSON: Maîtres chez nous et on s'en va aliéner ici
à des capitaux et on a le droit de commencer à découvrir
quelle sorte de capitaux, les capitaux européens qui sont
disponibles.
M. LAPORTE: Honte! C'est t'y effroyable des capitaux
européens!
M. JOHNSON: Non, non,...
M. LAPORTE: Est-ce que le chef de l'Opposition suggère qu'on
reste rien qu'aux Etats-Unis par hasard?
M. JOHNSON: Non, non... M. LAPORTE: Ah bon!
M. JOHNSON: Mais ce sont les capitaux européens qui vont venir
dans nos municipalités pour nos beaux yeux évidemment, sans
aucune recherche de motif de profit, sans que ça ne coûte rien
à personne! Ces gens-là ne sont pas ici pour faire de
l'argent.
M. LAPORTE: Les méchants capitaux de l'étranger.
M. JOHNSON: Bien non, ce n'est pas méchant. On les acceptera
comme preneur de nos obligations municipales. Nos municipalités pourront
s'acquitter de leurs devoirs si le gouvernement, lui, s'acquitte des promesses
qu'il a faites aux municipalités. Nos municipalités seront
capables, si c'est payant pour l'entreprise privée, de s'occuper de ces
choses-là qui relèvent du domaine d'un service public. On ne le
nie pas M. le Président. Le ministre sait entre autres qu'il y a un
aspect à ça qui peut être extrêmement
intéressant. Avec les recherches intenses qui se font actuellement, on a
trouvé des utilisations de plus en plus payantes des sous-produits du
traitement des eaux et quand on aura affermé une usine de traitement des
eaux, à une entreprise privée en vertu d'un contrat pour
vingt-cinq ans, si ça devient de plus en plus payant, grâce aux
recherches qui se font, de disposer des sous-produits du traitement des eaux eh
bien ce sera l'entreprise privée...
M. LAPORTE: Ce n'est pas le cas. M. JOHNSON: ... qui en
bénéficiera...
M. LAPORTE: Ce n'est pas le cas du tout. C'est un problème
actuellement de disposer des détritus d'épuration des eaux.
M. JOHNSON: Ce n'est pas tout à fait aussi vrai que ça! Il
y a un « by-product » de l'usine d'épuration des eaux dans
certaines villes américaines qui commence à avoir de la faveur
sur le marché, sur le marché américain...
M. LAPORTE: Sauf que si là...
M. JOHNSON: ... dans la classe des fertilisants...
M. LAPORTE: Non, non! Là le chef de l'Opposition parle
actuellement du compost. Le nouveau procédé américain a
ceci de particulier qu'il élimine complètement les goûts
résiduaires ou résiduels de l'épuration des eaux en les
brûlant. Alors ce n'est pas ça qui va être bien payant pour
les gars qui vont le faire.
M. JOHNSON: Peut-être le gaz?
M. LAPORTE: Le nouveau procédé: on les élimine en
les brûlant.
M. JOHNSON: A tout événement, M. le Président, une
chose claire, c'est que l'entreprise privée n'ira pas offrir à
une municipalité de construire pour elle et d'exploiter pour elle
pendant vingt-cinq ans une usine de traitements des eaux à moins que
cette entreprise privée ne croit que c'est payant. Or comme il s'agit
d'un service public, pourquoi ces mêmes gens qui ont prêché
la doctrine d'étatisation veulent-ils maintenant priver les
municipalités d'une source de revenus ou d'une opération d'un
service à un coût moindre comme l'a amplement
démontré tantôt le ministre, l'ancien ministre des Affaires
municipales, le député de St-Jacques. Le ministre ne s'est pas
expliqué. La seule, la seule, seule raison qu'il donne, c'est de
diversifier en somme la source des argents dont ont besoin les
municipalités, ajouter une source nouvelle. Il pourrait faire ça
pour les aqueducs aussi.
M. LAPORTE: Il pourrait faire ça, quoi?
M. JOHNSON: Pour les égouts, les aqueducs, les égouts,
pourquoi pas?
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est le même principe.
M. LAPORTE: Etes-vous pour ou contre des...
M. JOHNSON: Pourquoi pas? Si on se lance dans cette voie-là?
M. LAPORTE: Alors, proposez un amendement.
M. JOHNSON: Mais je pense que la seule inclusion de l'article 25, dans
le présent projet de loi, est un aveu que le gouvernement est rendu
à bout, au fond de la chaudière. Ses caisses sont à sec.
Il ne prévoit même pas la possibilité de venir en aide aux
municipalités, pour qu'elles s'acquittent facilement et normalement de
leur fonction, celle de l'organisation des services publics... Pardon?
M. LAPORTE: Tellement à sec qu'il va donner $5,000,000 de plus
aux cultivateurs.
M. BELLEMARE: Oui en l'empruntant.
M. JOHNSON: Oui, avec une marche de 15,000 cultivateurs, ça fait
marcher le gouvernement.
M. LAPORTE: Bien alors, 15,000...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LALONDE: Il y en avait 14,000, mais ce n'était pas tous des
cultivateurs, par exemple.
M. DOZOIS: Pardon?
M. LALONDE: J'étais là-dedans, moi, et je ne suis pas un
cultivateur.
M. DOZOIS: Est-ce que le député de St-Henri
répéterait ça?
M. JOHNSON: Le député de St-Henri prétend que
14,000 des 15,000 cultivateurs qui étaient ici...
M. LALONDE: C'est peut-être 15,000; jedis 14,000, moi.
M. JOHNSON: Ce n'est pas moi qui dis ça, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT; A l'ordre, messieurs.
M. LALONDE: Les journaux ont spécifié 10,000.
M. JOHNSON: C'est le journal « La terre de chez-nous ».
M. LAFONTAINE: 18,000.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: 18,000, on voit que je n'exagère pas.
M. LALONDE: Je ne les ai pas comptés, mais vous non plus.
M. JOHNSON: Non, M. le Président, mais le gouvernement sait bien
qu'il ne peut pas compter avec eux non plus, et ce n'est pas ce palliatif qui
va régler le problème, mais nous en parlerons en temps et lieu de
ça.
M. LAPORTE; C'est ça.
M. JOHNSON: Le gouvernement est rendu au « coton ». Il est
à la veille de se noyer,...
M. LAPORTE; Puis le peuple est inquiet. M. JOHNSON: Non, le peuple est
choqué.
M. LAPORTE: Choqué... c'est nouveau, au moins comme mot c'est
nouveau.
M. JOHNSON: Le peuple, M. le Président, est révolté
et le peuple est surtout fatigué...
M. BINETTE: De l'Opposition.
M. JOHNSON: ... de se faire chanter la pomme par ces hommes qui l'ont
trompé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Ces mêmes gens qui ont prêché «
maîtres chez-nous », quand il s'agissait d'un service public, sont
maintenant prêts à prêcher le contraire parce que,
disent-ils, on manque d'argent. C'est ça la véritable raison: on
est cassé! On a mal planifié! Si on veut que certaines
municipalités développent, installent ce service public eh bien
il va falloir probablement leur permettre de recourir à cette source
privée. Mais, en principe, M. le Président, et nous sommes
logiques là-dedans, un service public, aqueduc, égout, usine de
traitement des eaux, c'est un service qui doit êtrebâti et
exploité par la municipalité ou, si la municipalité n'a
pas les ressources nécessaires, par un organisme provincial mais
toujours au profit de la collectivité et non pas au profit de
l'entreprise privée.
M. LAPORTE: Je suis étonné que le député de
St-Jacques, par exemple, quand il était ministre des Affaires
municipales, n'a pas demandé le rappel de cet article du Code municipal
qui le permet depuis de très nombreuses années... d'accorder des
franchises.
M. LAVOIE (Laval): M. le Président...
M. JOHNSON: Là, on va l'avoir la vraie raison.
M. BERTRAND (Missisquoi): Là, on a la raison.
M. LAVOIE (Laval): Je ne voudrais pas éterniser le
débat...
M. JOHNSON: On a peut-être même l'intermédiaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAVOIE (Laval): Permettez-moi, M. le Président, d'ajouter
quelques mots aux arguments du ministre des Affaires municipales ainsi qu'aux
arguments du député de St-Jacques et du chef de l'Opposition. Je
crois tout d'abord qu'on doit faire une distinction primordiale entre, disons,
la nationalisation de l'électricité et un investissement pour le
traitement des eaux-vannes. Tout d'abord, en ce qui concerne la nationalisation
de l'électricité pour la province, il s'agissait d'un
investissement tout à fait productif...
M. JOHNSON: Puis celui-là ne l'est pas...
M. LAVOIE (Laval): ... Tandis que le traitement des eaux-vannes, c'est
reconnu que c'est un investissement non productif.
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors, ça intéresse les
compagnies.
M. LAVOIE (Laval): Exactement.
M. JOHNSON: Ah oui!
M.BERTRAND (Missisquoi): C'est effrayant
M. LAVOIE (Laval): Ce que je veux ajouter, M. le Président, c'est
que la nationalisation de l'électricité, la province...
M. JOHNSON: Quel est leur notaire pour cette compagnie-là?.
M. LAVOIE (Laval): ... emprunte à un taux de 5 3/4%, 6% pour
faire l'acquisition des compagnies d'électricité alors qu'elle va
chercher un profit de 10%, 12% ou 15% à même la vente de
l'électricité...
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas exact.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAVOIE (Laval): ... alors qu'elle fait un profit et que
l'électricité est un des pivots moteurs de la province lorsqu'on
connaît tout le potentiel qu'il y a dans l'électricité,
dans les 10, 15 ou 20 années à venir. On emprunte à 6% et
on va chercher du profit à 10%, 12% ou 15%. Tandis que le traitement des
eaux, il n'y a aucun profit à aller chercher. On dépense. Une
municipalité emprunte à 6%, 6 1/4%, 6 1/2% et ce n'est pas
profitable. C'est une dette morte; ce qui est différent avec la
nationalisation de l'électricité.
Je dois ajouter également comme le disait le ministre des
Affaires municipales qu'il s'agit certainement de cas spéciaux qui ne
s'appliqueront pas en règle générale. Je sais bien que la
ville de Verdun ou la ville de Montréal ou la cité de St-Laurent
ou Sherbrooke ou Trois-Rivières, tout probablement qu'elles ne se
serviront pas de cette législation...
M. JOHNSON: L'Ile-Jésus, par exemple, à Chomedey.
M. LAVOIE (Laval): Je vais en venir à ça, M. le
Président...
M. JOHNSON: Dans Chambly.
M. LAVOIE (Laval): Je vais en venir à ça. Je crois que ce
sont des cas d'exception, les villes grandes ou moyennes pourront seules
investir et bâtir cette usine de traitement et l'exploiter
elles-mêmes. Mais faisons la distinction pour d'autres villes que je
connais, des villes peut-être de l'Ile-Jésus qui, depuis deux ou
trois ans, se sont lancées dans le traitement des eaux-vannes.
M. JOHNSON: Combien de villes dans l'Ile-Jésus? Il y en aura
combien d'après le député?
M. LAVOIE (Laval): Bien ça, on pourra en discuter lors d'un
débat prochain, j'espère. M. le Président, il y a
certaines villes, on se rappelle qu'il y a trois ou quatre ans en particulier
alors que le taux d'intérêt était très
élevé, on se rappelle à certains moments où les
villes ont dû emprunter à des taux allant jusqu'à 8%; il y
a quatre ou cinq ans, 7 1/2%, 8% et même au-delà de 8%. Je vois,
disons je réalise qu'une petite municipalité, dans la banlieue de
Montréal ou de Québec, qui a de très lourds
investissements à faire au point de vue égout, des lignes
d'égout, des lignes d'aqueduc, des centres de loisirs, des centres
sportifs, centres culturels, hôtel de ville; si elle est obligée
de tout accaparer son crédit pour cela: on sait combien ça
coûte les usines de traitement des eaux-vannes. Elle est obligée
de s'endetter, et j'en connais où la dette aujourd'hui atteint 15, 20 et
au delà de 25%; et surtout celles...
M. JOHNSON: C'est Chomedey ça.
M. LAVOIE (Laval): ... et surtout celles qui ont des usines de
traitements. Je pourrais citer des noms. Je vois par contre une
société américaine, étrangère, ou
canadienne, qui vient lui présenter une proposition de construction et
d'entretien d'une usine de traitement des égouts.
Cette compagnie-là, déjà, qui, en vendant son
produit, réalise un profit disons, moyen, de 10% dans l'entreprise
privée pour la vente, qu'elle l'installe à la
municipalité, déjà elle fait peut-être 10% de
profit, ce qui peut lui permettre peut-être de faire des propositions
à la ville, sur une période de 25 ans, à un taux
d'intérêt peut-être inférieur à ce que la
ville serait obligée d'emprunter sur une période de 25 ou 30 ans
sur le marché limité des obligations dans la province. On sait
tous les besoins de la province, l'Hydro-Québec, le pays même, au
point de vue obligations; nos capitaux sont limités dans la province. On
n'a pas des bas de laine remplis dans tous les villages! Et le taux
d'intérêt, surtout pour une municipalité qui va sur le
marché, qui est déjà saturée avec tous les besoins,
qu'elle a peut-être un taux de dettes, une proportion de dettes
vis-à-vis de l'évaluation de 15, 17, 20, 22%, et qui serait
obligée de se lancer dans un projet d'usine d'épuration alors que
sa proportion de dettes dépassera peut-être 30%, ira sur la
marché des obligations dans la province, parce qu'on sait qu'ici, dans
la province, les obligations sont surtout achetées par les
épargnants de la province qui ont des capitaux limités, alors le
taux d'intérêt augmentera.
Les municipalités qui auront 30% de dettes seront obligées
de payer des taux d'intérêt de 7 ou 7.5%, et peut-être 8%
comme on a vu il y a quatre ou cinq ans, tandis qu'une entreprise privée
qui fera déjà un profit sur la vente de son produit pourra
offrir, peut-être sous forme d'un « lease back », un taux
d'intérêt peut-être inférieur à 6% parce
qu'elle a quand même une garantie sérieuse: c'est comme si la
municipalité vendait son bloc d'obligations à un seul
individu.
Je fais une distinction entre un investissement productif comme
l'investissement de l'Hydro-Québec, mais je fais une distinction
également avec un investissement non productif, la construction d'usines
de traitement des eaux-vannes.
M. JOHNSON: Le député a fait une démonstration,
évidemment d'homme d'affaires, mais il a oublié un aspect du
problème. Ce sont quand même les contribuables qui vont payer
d'une façon ou de l'autre.
M. LAVOIE (Laval): D'accord.
M. JOHNSON: Le député de St-Jacques a établi que
les municipalités peuvent emprunter à un coût moindre que
l'entreprise privée. Je pense que c'est admis, que les
municipalités empruntent à un coût moindre que l'entreprise
privée.
M. LAVOIE (Laval): Pas nécessairement. M. BERTRAND (Missisquoi) :
Voyons donc.
M. LAVOIE (Laval); M. le Président, si vous voulez que je
réponde à votre question, disons que la compagnie...
M. JOHNSON: Ce n'est pas une question; je répète une
affirmation du député de St-Jacques.
M. LAVOIE (Laval): Et je diffère d'opinion avec le chef de
l'Opposition et le député de St-Jacques. Si vous me permettez de
répondre, je donne un exemple; la Canada Iron, disons, se lance dans le
traitement, la construction d'usines, et je peux vous dire que la Canada Iron,
ou certaines grosses corporations, vont emprunter à un meilleur taux que
la plupart des municipalités de la province.
M. JOHNSON: M. le Président, la Canada Iron, ou la Israël
Iron, ou n'importe quelle organisation...
M. LAPORTE: Cela existe ailleurs.
M. JOHNSON: Je le sais que ça existe. D'ailleurs le ministre
arrive d'Israël, il pourrait nous en raconter long là-dessus.
Est-ce qu'il y a une entreprise privée là-bas qui s'occupe des
eaux-vannes?
M. LAPORTE; Il y a un mot qui termine là-bas les discussions, qui
les commence, c'est « Shallah »
M. JOHNSON: Shut up?
M. LAPORTE: Non, pas « Shut up »,
M. JOHNSON: Et « Shallah » ça veut dire quoi,
l'état?
M. LAPORTE; C'est l'état. Là-bas, c'est beaucoup de
choses, l'entreprise privée encore plus.
M. JOHNSON: M. le Président, l'entreprise privée, celui
qui a des capitaux ou qui les a empruntés, veut quand même
établir un revenu de, disons 5% pour prendre un chiffre facile. Et si la
municipalité pouvait emprunter à 5%, elle calcule donc sa taxe,
la taxe qu'elle devra imposer aux contribuables, sur une base de 5%, mais
l'entreprise privée qui veut retirer du 5%, est obligée de
charger plus que du 5%, car l'entreprise privée devra payer
l'impôt fédéral et l'impôt provincial...
M. LAVOIE (Laval): Elle fait le profit.
M. JOHNSON: ... avant d'en arriver à un profit raisonnable qui
soit au moins aussi considérable que le loyer d'argent qu'elle
retirerait si elle plaçait son argent dans des obligations. C'est donc
le contribuable de la province de Québec, dans telle municipalité
déterminée, qui devra supporter un coût additionnel par
année, une taxe additionnelle qui sera suffisante pour payer
l'impôt fédéral et l'impôt provincial avant que cette
dite entreprise ne retire un loyer normal pour son argent. En somme, une autre
manière d'envoyer de l'argent à Ottawa, via l'entreprise
privée, quand le gros argument de la nationalisation, ça
été de récupérer d'Ottawa l'argent que les
compagnies privées devaient payer à Ottawa et qu'elles refilaient
aux usagers de l'électricité. Ici on suit exactement le
procédé inverse; une autre culbute! et on sait ce qui arrive
quand un gouvernement fait des culbutes, on voit des choses que le peuple
n'approuve pas.
M. LAPORTE: Bon, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 25? Adopté?
M. JOHNSON: Vote.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vote.
M. LAPORTE: M. le Président, avant que le vote ne soit pris, je
veux seulement répondre que c'est très simple, c'est un argument
facile, si ça n'est pas rentable, comme l'a affirmé le
député de St-Jacques, comme l'a répété le
chef de l'Opposition...
M. JOHNSON: Bien, non, je n'ai pas dit ça. M. LAPORTE: Si
ça coûte plus cher, vous
avez fait une longue argumentation qui a fini à Ottawa, pour
établir que ça coûterait plus à cause de
l'impôt. Si ça doit coûter plus cher que de recourir aux
emprunts ordinaires, les municipalités n'y auront pas recours. Il n'y a
aucun argument dans ça. Si ça n'est pas à l'avantage de la
municipalité, elle ne s'en servira pas c'est tout. Et qui est-ce qui va
établir que ça va être à l'avantage de la
municipalité? Vous avez trois organismes différents qui doivent
approuver. Donc si ce n'est pas bon, les municipalités ne s'en serviront
pas, mais ce qui m'étonne c'est qu'il est bien clair qu'en Europe, il
est bien clair qu'aux Etats-Unis, les municipalités et l'entreprise
privée et la capacité d'emprunt sur le marché des
obligations existent comme dans la province de Québec.
Il y a certainement des députés ou des membres du
Congrès qui ont dû faire le même raisonnement que le
député de St-Jacques; accumuler des chiffres pour dire que
ça ne sera pas possible, ça coûterait plus cher. Or, il est
arrivé que ce système qui permet à l'entreprise
privée de construire a été extrêmement populaire et
sans doute a rendu de grands services aux municipalités. C'est aussi
simple que ça. Si ce n'est pas rentable pour les municipalités,
elles ne s'en serviront tout simplement pas; mais l'expérience a
établi que partout où ce système a été
adopté et contrôlé comme nous le faisons actuellement, il a
rendu d'immenses services à tous les citoyens.
M. LE PRESIDENT: Vote. Quelles sont les voix affirmatives pour
l'adoption de l'article 25, tel qu'amendé?
DES VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des voix négatives?
DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: Je veux éliminer tout doute. Ceux qui sont en
faveur de l'adoption de l'article 25, tel qu'amendé, sont priés
de se lever.
UNE VOIX: Vous allez voir qu'on est pas mal plus nombreux que les
autres.
M. JOHNSON: Ça suit, ça suit.
M. LE PRESIDENT: Ceux qui sont contre l'adoption de l'article 25, tel
qu'amendé.
M. LE PRESIDENT: Article 25, adopté. Article 26?
Adopté?
M. JOHNSON: A l'ordre.
M. DOZOIS: M. le Président, on s'inspire ici de 9, 10 Elizabeth
II, chapitre 16, article 23 et l'on a supprimé cependant qu'à
défaut de supplément de l'amende, 9, 10, Elizabeth II
prévoyait un mois de prison, un maximum d'un mois de prison, en cas de
récidive, un maximum de 6 mois de prison, on l'a éliminé.
Qu'est-ce qui va arriver si la personne ne paie pas l'amende?
M. LAPORTE: Parce que la loi générale prévoit que
la loi des convictions sommaires, dès qu'il y a amende...
M. LE PRESIDENT: 26 adopté. Article 27? Adopté. Article
28?
M. LAPORTE: 28 ce sont les rapports, et au ministre et à
l'Assemblée législative.
M. DOZOIS: Avant de passer aux autres articles qui abrogent les lois
existantes, est-ce que le ministre pourrait nous dire comment il se fait et
pourquoi on n'a pas inclu les articles 18, 19 et 20, de 9, 10 Elizabeth II
chapitre 16, lesquels prévoyaient la possibilité de donner des
subventions. Est-ce que c'est remplacé par autre chose?
M. LAPORTE: Les subventions sont votées à même le
budget; ce sont des subventions qui sont accordées
régulièrement.
M. DOZOIS: Pourquoi les avait-on inclus dans la loi? Il ne fallait pas
une loi pour permettre de les accorder ces subventions-là?
M. BERTRAND (Missisquoi): Bien oui, et ensuite on les vote dans le
budget.
M. DOZOIS: On n'en a plus besoin de cette disposition dans la loi
maintenant?
M. LAPORTE: Avec la loi du contrôle budgétaire, ce n'est
plus nécessaire. Les subventions vont continuer d'être
payées de la même façon mais elles sont votées dans
le budget.
M. LE PRESIDENT: Article 29? Adopté. Article 30?
Adopté.
M. LAPORTE: C'est toute de la concordance ça.
M. LE PRESIDENT: Article 31? Adopté. Article 32? Adopté.
Article 33? Adopté. Article 34? Adopté. Article 35?
Adopté. Article 36? Adopté. Article 37? Adopté. Article
38? Adopté. Article 39? Adopté. Article 40? Adopté.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer, et qu'il demande la permission de
siéger à nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la même
séance? A la même séance. M. Laporte.
M. LAPORTE; La résolution, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La résolution?
M. LAPORTE; 28. « Informé de la teneur de ces
résolutions, il a plu à son excellence le lieutenant-gouverneur
d'en recommander la prise en considération par cette Chambre».
M. BELLEMARE: L'administrateur.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier les résolutions relatives au bill numéro 42. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 42,
résolution numéro 1.
M. JOHNSON: Le ministre voudrait-il nous dévoiler les intentions
du gouvernement relativement à l'actuelle régie des eaux.
Certains membres de la régie des services publics qui ont l'air
particulièrement préparés pour occuper les postes...?
M. LAPORTE: Tout ce que je peux donner c'est la réponse
classique; la politique du gouvernement sera annoncée en temps et lieu
par les voies ordinaires.
M. JOHNSON: Oui, je remarque que ce sera de la politique encore une fois
dans les nominations. C'est ce que le ministre veut dire?
M. LAPORTE; Avec un grand « P ».
M. JOHNSON: Avec un grand « P », très bien. Ils ont
de la misère à la tenir propre, mais tout de même...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, quels sont les salaires qu'on a
l'intention de recommander?
M. LAPORTE: Ah, je n'ai aucune déclaration à faire sur
ça pour le moment.
M. JOHNSON: Quels sont les membres actuels de la régie, à
part M. Prévost?
M. LAPORTE: Il y a le docteur Prévost, il y a M. Murphy, il y a
l'avocat D'Amours, et il y a le docteur Gosselin. Ils sont quatre.
M. JOHNSON: M. D'Amours était de Valleyfield autrefois?
M. LAPORTE; Je n'en ai aucune idée.
M. JOHNSON: Le docteur Gosselin est un résident de
Montréal évidemment; le docteur Prévost et M. Murphy
aussi.
M. LAPORTE: M. Murphy est de Montréal.
M. JOHNSON: Et l'on établit le bureau chef ici à
Québec. Ou c'est une manière directe, une invitation subtile aux
membres de la régie actuelle de ne pas aspirer à devenir membres
de la future régie, que de les faire déménager de
Montréal à Québec, ou c'est un moyen classique d'exercer
une douce pression auprès de certains régisseurs.
M. LAPORTE: Evidemment, le chef de l'Opposition est en train d'insulter
285,000 Québécois, en laissant supposer que c'est une invitation
à démissionner que de les inviter à venir demeurer
à Québec.
M. JOHNSON: M. le Président, dites-moi donc si c'est une insulte
aux Québécois. Au contraire Québec serait beaucoup plus
considérable comme ville si tous ceux qui aimeraient y vivre pouvaient
s'y installer.
M. LAPORTE: Cela, c'est émouvant.
M. JOHNSON: Mais il y a actuellement, à la régie des
services publics, certains spécialistes qui sont particulièrement
préparés dans ce domaine-là. Je songe entre autres
à M. Boisvert, qui sous tous les régimes, a été un
expert universellement respecté.
M. LAPORTE: Est-ce que le chef de l'Opposition croit sérieusement
que nous allons nous
priver des personnes qui sont des experts, qui ont de
l'expérience, parce que nous créons une nouvelle régie? Il
n'y a pas eu d'exemple jusqu'ici où des commissaires, des
régisseurs, des fonctionnaires n'aient pas été
protégés. Je me souviens que le chef de l'Opposition, lorsqu'on a
créé le ministère du Revenu, a posé des questions.
Est-ce qu'un tel, un tel...? Il est bien clair que le ministre n'a aucune
espèce d'intérêt ou de goût de se priver des experts
qui sont à sa disposition. Ils ne sont pas tellement nombreux.
M. JOHNSON: On sait qu'en changeant le siège social d'une
régie comme celle-là, on place certains commissaires
actuels...
M. LAPORTE: Cela va causer des problèmes.
M. JOHNSON: ... dans une position extrêmement difficile, et le
ministre n'a pas expliqué avec des arguments convaincants le pourquoi de
ce changement. Evidemment...
M. LAPORTE: D'ailleurs, ça n'a rien à voir avec les
résolutions.
M. JOHNSON: ... Québec c'est plus proche du gouvernement, mais
à Montréal, je crois que c'est à Montréal et autour
de Montréal qu'originent 75% des cas que la régie a eus à
étudier.
M. LAPORTE: Ils ne vont pas étudier ça dans les
rivières. C'est dans les bureaux qu'ils étudient ça.
M. JOHNSON: Je le sais, mais...
M. LAPORTE: Ils ne se rendent pas dans le fleuve pour nager, pour
essayer...
M. JOHNSON: Non, mais les municipalités qui ont affaires à
cette régie sont, dans une proportion de 75% des municipalités
qui gravitent sur Montréal plutôt que sur Québec.
M. LAPORTE: Mais est-ce que le régime actuel, ou le
système actuel, les empêche de venir à Québec?
M. JOHNSON: Non.
M. LAPORTE: Bon, alors si le chef de l'Opposition veut qu'ils aillent
à Montréal et à Québec... C'est pour ça
qu'on veut... ils vont faire rien qu'un voyage ici.
M. JOHNSON: La, le ministre commence à avoir une sorte
d'argument, mais c'est un argument qui pourrait être valable s'il ne
contredisait pas son attitude passée. On sait qu'il faut une approbation
de la commission municipale et du ministre des Affaires municipales dans
certains cas. Ce n'est pas nécessaire de venir à Québec,
ça se fait automatiquement ça. Il n'est pas nécessaire de
venir faire des pélerinages. Je suis certain...
M. LAPORTE; C'est ce sur quoi on insiste le plus possible.
M. JOHNSON: Oui, mais c'est ce sur quoi...
M. LAPORTE; Ils ne se déplacent pas, ils envoient leur...
M. JOHNSON: ... c'est ce à quoi on manque le plus souvent
aussi.
M. LAPORTE: Ah! ça, je ne suis pas d'accord.
M. LE PRESIDENT: Résolution No 1 adoptée? Adoptée.
Résolution No 2? Adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée!
M. LE PRESIDENT: Adoptée. M. le Président, j'ai l'honneur
de faire rapport que le comité des résolutions relatives au bill
No 42 a terminé leur étude.
M. HYDE (président): M. Laporte propose que les
résolutions soient maintenant lues et agréées. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée. De nouveau en comité
plénier.
M. BEDARD (président du comité plénier): Article No
41, adopté. M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que
le comité a adopté avec des amendements le bill No 42.
M. HYDE (président): M. Laporte propose que les amendements
soient maintenant lus et agréés. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture.
M. LAPORTE: Troisième lecture.
M. JOHNSON: A la prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: A la prochaine séance.
M. LAPORTE: Alors 29, bill 41.
Bill 41
M. LE PRESIDENT: M'. Laporte propose la deuxième lecture du bill
No 41: « Loi modifiant la loi des cités et villes ». Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M.JOHNSON: En comité.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 41. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LAPORTE: M. le Président, il s'agit d'amendements d'ordre
général à la loi des cités et villes et l'article 1
du bill qui modifie le paragraphe 10 de l'article 4 a pour but de régler
le problème qui nous a été soumis à quelques
reprises. Il est arrivé que les gens qui étaient
détenteurs ou qui étaient installés sur des terres de la
Couronne n'avaient pas le droit, des vétérans qui avaient
acheté des terres du gouvernement fédéral n'avalent pas le
droit, n'étaient pas qualifiés comme électeurs ou pour
occuper un poste dans l'administration municipale comme échevin ou comme
maire.
Alors nous suggérons, pour régler le cas, nous
avons eu de quelques endroits de la province des demandes à ce sujet,
celui qui détient un immeuble en vertu de la loi des
vétérans ne pouvaient être qualifiés car l'immeuble
restait la propriété du directeur des terres des
vétérans pendant un certain nombre d'années. alors
nous proposons une modification qui ajoute ceci: « Ou de possesseur avec
promesse de vente de terres de la Couronne ». Cela va permettre à
ces gens d'avoir le droit d'être des citoyens à part
entière.
M. DOZOIS: Cela ne concerne pas seulement les
vétérans?
M. LAPORTE: Non, non, ce sont des vétérans qui nous en ont
parlé mais ça concernerait d'autres cas s'il y en a. C'est une
loi...
M. DOZOIS: Des gens qui sont propriétaires des camps de
pêche, est-ce que ça peut leur donner le droit de vote, le sens
d'éligibilité? Ils ont eu des lots du ministère des Terres
et Forêts, les camps de chasse.
M. LAPORTE: Enfin, disons que le nombre des camps de chasse dans les
cités et villes c'est limité ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est un bail ça.
M. DOZOIS: Bien, il peut en avoir quand même; le parc
Lafontaine.
M. BELLEMARE: M. le Président, envertu de l'article concordant
avec l'article 136, quand le greffier de la cité va préparer la
liste électorale, comment est-ce qu'il va rentrer ces gens-la dans la
loi, dans la liste électorale parce qu'il est dit que quand il mentionne
les noms, les prénoms, les électeurs, leur occupation, la rue, il
doit aussi, dans une colonne séparée, dire la nature du sens
électoral qu'il soit comme propriétaire, locataire ou
occupant.
M. LAPORTE: Il mettra: « posseur avec promesse de vente d'une
terre de la Couronne».
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LAPORTE: Il mettra: « Possesseur avec promesse de vente d'une
terre de la Couronne».
M. BELLEMARE: Bien ça ce n'est pas prévu dans la
préparation de la liste des électeurs. Parce que ce serait bien
important de savoir dans la préparation des listes électorales
ceux qui tombent sur cet amendement de l'article.
M. LAPORTE: Il faut plutôt que le député se
réfère à l'article 128 de la liste des électeurs,
des personnes suivantes âgées de 21 ans révolus, sujets
canadiens et le reste et c'est là qu'on décrit qu'ils sont
propriétaires ou détenteurs de bonne foi. A ce moment-là
c'est prévu par la loi.
M. BELLEMARE: Oui, c'est prévu que là ils deviennent
propriétaires mais l'article 136 dit: « Le greffier ajoutera dans
une colonne séparée le sens électoral du directeur soit
comme propriétaire, locataire ou occupant et là vous ajoutez une
quatrième chose, celui qui est possesseur, qui est sur un billet de
location.
M. LAPORTE: Bien non c'est parce que le député, le mot
« propriétaire »...
M. BELLEMARE: Il est possesseur avec une promesse de vente
celui-là.
M. LAPORTE: Excusez-moi. Mais le greffier qui va faire la liste va se
référer à la loi et d'après la loi qu'est-ce que
c'est qu'un propriétaire? Un propriétaire, entre autres choses,
c'est possesseur avec promesse de vente d'une
terre de la Couronne; bien c'est un propriétaire au sens de la
Loi des cités et villes. La définition inclus,
c'est-à-dire on définit ce que c'est qu'un propriétaire et
on ajoute ce citoyen-là, qui va être considéré au
sens de la loi somme un propriétaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2?
M. LAPORTE: L'acticle 2 c'est pour permettre le numérotage des
sièges lorsque la ville n'est pas divisée en quartiers ou
lorsqu'il y a plus d'échevins qu'il y a de quartiers.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M.LAPORTE: Il s'agit d'un amendement de concordance...
M. BELLEMARE: Pour quatre ans.
M. LAPORTE: Oui, c'est ça, pour les élections de trois ou
quatre ans.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4 ?
M. LAPORTE: A l'article 4, nous ajoutons la permission de déposer
des deniers publics entre les mains d'une compagnie de fldéicommis. Il y
a actuellement les banques, les caisses d'épargne et on ajoute les
compagnies de fidéicommis.
M. BELLEMARE: Pourquoi enlever le mot... M. DOZOIS: Ce sont des caisses
populaires...
M. BELLEMARE: Oui, des caisses populaires.
M. DOZOIS: ... des caisses d'épargne et de crédit.
M. LAPORTE: Non, c'est parce que ça s'appelle maintenant caisses
d'épargne et de crédit. Alors on ne les enlève pas, c'est
le nom qui a été changé.
M. BELLEMARE: C'est le nom que portent les caisses populaires?
M. LAPORTE: C'est ça.
M. DOZOIS: Vous ajoutez les sociétés de fiducie.
M. LAPORTE: C'est ça, fidéicommis.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5?
M. LAPORTE: L'article 5 permet la création de la fonction
d'estimateur permanent parce que ça permet devoir un technicien à
plein emploi mais nous ne le permettons que dans des municipalités qui
ont un bureau de révision afin d'assurer la protection aux
contribuables.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6?
M. LAPORTE: L'article 6 c'est pour permettre à la
municipalité dont l'élection se fait par rotation, il y a
des municipalités qui n'aiment pas ça parce qu'elles sont
toujours en campagnes électorales de faire disparaître la
rotation sans changer la date des élections et sans devoir la remener
nécessairement au mois de novembre. Et le deuxième amendement
c'est pour permettre une élection partielle.
M. DOZOIS: Sur A-, M. le Président, il me semble que ça
aurait été beaucoup plus simple, à mon avis, je peux me
tromper, d'ajouter simplement sans toutefois changer la date des
élections.
M. LAPORTE: Je vais faire le même compliment que tantôt.
Là je vous avoue que je ne comprends pas le député de
St-Jacques.
M. DOZOIS: Est-ce que le ministre est satisfait de cette
rédaction? On dit « peut alors avoir l'effet... » il me
semble que ça laisse une espèce de doute; ça peut avoir
une autre portée. Il me semble que si on veut préciser que le
règlement qui changera le nombre d'échevins prévu à
l'article ou que tous les échevins seront élus en même
temps, il me semble que ça aurait été simple de dire:
« Le règlement a alors pour effet de mettre fin à ce
régime sans toutefois changer la date des élections. » Je
ne sais pas si c'était ça le problème. Il me semble que
ça fait une rédaction un peu drôle. « Le
règlement peut avoir cet effet-là. »
M. LAPORTE: Oui, mais dans la loi actuelle dès qu'on reporte
l'élection au mois de novembre on met fin à la rotation
obligatoirement. C'est pour ça qu'on dit actuellement « peut
». On permet l'une ou l'autre formule.On peut mettre fin à la
rotation sans reporter l'élection obligatoirement au mois de novembre.
C'est pour ça que ça apparaît comme ça.
M. DOZOIS: Quant à B-, M. le Président...
M. LAPORTE: Oui.
M. DOZOIS: Là, on va permettre pour une élection partielle
de faire l'élection le dimanche. Je ferais remarquer que l'an dernier
lors des amendements qui ont été présentés à
la Loi des cités et villes, j'avais signalé qu'on ne permettait
pas l'élection le dimanche pour l'élection de février. Et
l'on a soutenu à ce moment-là que l'on voulait décourager
les élections en février et que c'est pour cela qu'on donnait le
privilège d'une élection le dimanche seulement pour une
élection en novembre. Or, je crois que par l'amendement au paragraphe B-
ici en ajoutant le paragraphe 10, que l'on accorde une élection
partielle le dimanche même si généralement
l'élection a lieu en février ou en novembre. Evidemment que
l'élection partielle n'a pas lieu à une date fixe. Je reconnais
cela. Mais est-il logique qu'une municipalité qui n'a pas voulu se
prévaloir du système de l'élection le dimanche de le lui
accorder pour une élection partielle?
M. LAPORTE: Voici: la seule explication c'est que des
municipalités qui ne sont pas disposées et qui ne sont pas
prêtes à faire l'expérience d'une élection
générale, vont profiter d'une élection partielle pour
faire une expérience le dimanche et si elles veulent ensuite, ayant
constaté, si c'est le cas, que c'est un succès, faire une
élection générale, là, il faudra reporter la date
au mois de novembre.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 7.
M. DOZOIS: L'article 7, M. le Président, « le conseil
pouvait » là je comprends que l'amendement d'importance,
c'est le deuxième paragraphe qui oblige...
M. LAPORTE: C'est ça!
M. DOZOIS: ... les municipalités de plus de 10,000 âmes, je
crois, à afficher dans les journaux, c'est-à-dire à ne
plus afficher mais à annoncer dans les journaux. Mais la première
partie de l'article 373 permettait à un conseil municipal de
décréter l'annonce dans les journaux seulement par simple
résolution. Là, on exige un règlement. Alors, comme la
procédure d'un règlement est beaucoup plus compliquée que
la procédure d'une résolution je me demande pourquoi on ne laisse
pas tout simplement par résolution parce que l'article
précédent dit que le conseil...
M. LAPORTE: Je suis prêt à accepter un amendement par
résolution.
M. LE PRESIDENT: Pas d'objection?
M. LAPORTE: C'est beaucoup plus simple.
M. LE PRESIDENT: Alors le conseil peut néanmoins
décréter par résolution.
M. LAPORTE: J'ai un autre amendement, si la Chambre m'y autorise...
M. BELLEMARE: Par résolution, par avis public, au lieu que par
règlement?
M. LAPORTE: Par résolution, que la publication de l'avis public
aura lieu par l'insertion de l'avis dans un journal français et dans un
journal anglais publié ou circulant dans la municipalité. Il peut
y arriver qu'il n'y ait pas un journal anglais. On met: « ou ).
M. DOZOIS: « ou ».
M. LAPORTE: Un journal français ou dans un journal anglais, parce
qu'il peut arriver qu'il n'y en ait pas deux dans la municipalité. Mais
ensuite il faut faire de la concordance dans une municipalité dont la
population au dernier recensement général par le gouvernement du
Canada est de plus de 10,000 âmes, ce mode de publication de l'avis
public dans les journaux est obligatoire.
M. BELLEMARE: Ce mode...
M. LAPORTE: Ce mode de publication est obligatoire. Alors on
enlève les mots cela se lirait comme ceci: « ... plus de
10,000 âmes, ce mode de publication est obligatoire. »
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. LAPORTE: Article 8, c'est pour faire disparaître le
délai de 15 jours qui existait pour l'entrée en vigueur des
règlements. Cela ne faisait que des complications. Il y avait des tas de
municipalités qui commençaient l'exécution du travail
avant que le règlement ne soit entré en vigueur. La personne qui
voudra le contester pourra le faire sans délai.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9.
M. LAPORTE: 391. C'est de la concordance.
M. DOZOIS: Avant de passer à 10, M. le Président, vous me
permettrez de signaler ce
qui me permet de croire qu'on a passé par dessus une disposition
l'an dernier, en faisant des amendements, l'an dernier ou il y a deux ans, je
crois, et il y a eu à mon avis une erreur qu'il faudrait peut-être
corriger. A l'article 392, M. le Président, on dit: « Les
règlements seront publiés après leur passation ou leur
approbation définitive dans le cas où disons c'est soumis
à une ou plusieurs des approbations mentionnées au
deuxième alinéa de l'article 386 par un avis public etc...
Alors, M. le Président, il y a eu un amendement qui a
été fait à 386 A qui dit que l'approbation du
lieutenant-gouverneur peut-être partielle ou restreinte. Alors, je me
demande s'il n'y aurait pas lieu de corriger 392 pour inclure 386A
également. Je crois que cela a passé inaperçu lorsque
l'amendement a été fait à 386A mais là on parle
d'approbation puis on donne au lieutenant-gouverneur en Conseil d'approuver
seulement en partie un règlement. Alors comme dans l'article 392 on dit:
« Les règlements sont publiés après leur approbation
définitive, je me demande si cela ne devrait pas être
corrigé. Je le soumets, je ne suis pas prêt à dire que
c'est absolu, l'opinion que je donne, mais je le signale.
M. LAPORTE: Bon, je le prends en considération. Evidemment mes
officiers sont ici, ils vont étudier ce problème-là.
M. LE PRESIDENT: Article 10. M. DOZOIS: L'article 10...
M. LAPORTE: C'est pour permettre d'exiger une compensation pour le
service de l'égout. Actuellement c'est légal quant au service de
l'eau...
M. DOZOIS: C'était une taxe différente de celle
prévue au paragraphe 23 n'est-ce pas?
M. LAPORTE: Au paragraphe 23 de cet article-là.
M. DOZOIS: Seulement, vous ajoutez que 23A.
Il y a déjà une taxe de prévue à 23.
M. LAPORTE: Il y a la taxe pour le paiement de l'emprunt qui a
été fait pour le paiement des travaux et il a ensuite le paiement
de compensation. Cela, c'est le paiement de compensation.
M. DOZOIS: Oui, mais ce sera une taxe qui s'ajoutera à
l'autre.
M. LAPORTE: Oui, oui.
M. DOZOIS: Cela ne sera pas l'une ou l'autre.
M. LAPORTE: C'est-à-dire, qu'actuellement...
M. BERTRAND (Missisquoi): Et l'autre.
M. LAPORTE: Actuellement, il faut bien qu'ils payent ce que ça
coûte, mais ça fait disparaître tous les doutes
légaux sur la capacité de la municipalité de l'imposer,
comme ça existe actuellement pour l'eau. Il y a une taxe d'eau
puis...
M. DOZOIS: Oui, je comprends que c'est une taxe pour le service
d'égout comme il y a une taxe pour le service d'eau, mais je me demande
M. le Président, si l'on ne devrait pas prévoir comme à
l'article 442 qui concerne la taxe d'eau et l'article 439 comme 427 paragraphe
23 prévoit une autre taxe pour les installations d'aqueduc. A l'article
442, paragraphe 4 on dit: pour fixer la taxe d'eau en sus de la taxe
spéciale mentionnée à l'article 439. Je me demande si
ça ne serait pas plus clair si on disait: pour exiger une compensation
pour le service d'égout en sus de la taxe prévue au paragraphe
23.
M. LAPORTE: On comprend bien évidemment, le député
de St-Jacques comprend bien qu'il s'agit de deux choses. Evidemment la taxe
foncière sur tous les citoyens pour payer les emprunts, là c'est
la compensation pour les usagers et...
M. DOZOIS: Oui.
M. LAPORTE: ... ce que suggère le député de
St-Jacques, et les conseillers juridiques du ministère et les
conseillers juridiques du gouvernement ont jugé que ça
n'était pas nécessaire, que ça atteint son objectif.
M. DOZOIS: C'est une précaution qu'on a pris dans 442, paragraphe
4 de dire que c'était en sus de la taxe prévue à 439.
M. LAPORTE: Cela, c'est rien que pour les usagers.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. DOZOIS: C'est à dire que ça va être l'une ou
l'autre.
M. BELLEMARE: ... je comprends à cet article, c'est aussi pour
aviser que le conseil a le droit de signifier à ceux qui ne se serviront
pas de cet égout-là, mais c'est d'accepter les charges; mais ceux
qui ne se serventpas de ces égouts-là ont un droit de recours
contre la municipalité à ce moment-là, parce que on dit
dans le paragraphe que ceux qui s'en servent... même ceux qui ne s'en
servent pas, le conseil peut leur signifier qu'ils auront à payer et
à ce moment-là, celui qui ne s'en sert pas quel est son
recours?
M. LAPORTE: C'est-à-dire que le propriétaire d'un terrain
vacant n'est pas touché.
M. BELLEMARE: Non, non, ça c'est correct.
M. LAPORTE: Pour payer l'immeuble.
M. BELLEMARE: Il est signifié à ce moment-là si par
exemple il ne se sert pas, il reste sur un coin de rue où son
égout ne va pas, là.
M. LAPORTE: S'il a un immeuble, il faut qu'il paye.
M. BELLEMARE: Bien oui, c'est ça, mais s'il ne s'en sert pas, pas
du tout? Le conseil lui signifie qu'il aura à payer mais le
propriétaire lui il n'a aucun recours pour dire je suis là c'est
vrai, mais je ne me sers pas de cet égout-là.
M. LAPORTE: C'est le bien public. Imaginez que la ville installe un
système d'eau ou un système d'aqueduc et, qu'il y a 60% des
citoyens qui disent on ne s'en sert pas.
M. BELLEMARE: Non, non, non.
M. LAPORTE: On se croit obligé de s'en servir.
M. BELLEMARE: Non, mais le...
M. LAPORTE: Qu'ils s'en servent ou qu'ils ne s'en servent pas, il faut
qu'ils payent. Puis dans ce temps-là, ils s'en servent.
M. BELLEMARE: Ah non, ils ne s'en servent pas, s'ils sont
collectés ailleurs.
M. LAPORTE: Mais autrement, ça abolit tout le système.
M. LE PRESIDENT: 10 adopté. Article 11.
M. LAPORTE: 11 c'est pour permettre à la municipalité de
réglementer l'usage des piscines publiques ou privées.
M. DOZOIS: Même privées.
M. LAPORTE: Ah! même privées, même privées,
ça c'est un, évidemment. Tous les ans il y a des
tragédies...
M. DOZOIS: Extérieures ou intérieures?
M. LAPORTE: A l'extérieur, bien extérieures ou
intérieures, évidemment c'est dans les municipalités.
Il y en a quelques piscines intérieures actuellement.
M. DOZOIS: Bien oui, c'est sûr.
M. LAPORTE: Bon, mais actuellement c'est pour réglementer l'usage
des piscines même privées, parce que c'est clair que ça
devient,... il y en a tellement aujourd'hui puis il y a des tragédies
tous les ans.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 12. M. LE PRESIDENT: Pas de
commentaires?
M. LAPORTE: Oui, oui! ah des commentaires, M. le Président,
même nombreux. Vous savez qu'on permet actuellement aux
municipalités en vertu de la loi générale de
détaxer ou de ne pas taxer ou de ne pas évaluer la machinerie
dans une industrie. Il y a certaines municipalités qui ont des lois, des
chartes particulières ou qui ont dérogé aux clauses,
à cette clause-là et qui aujourd'hui voudraient avoir le
privilège ou le droit de ne pas taxer la machinerie parce qu'elles se
rendent bien compte que ce droit qui existe ailleurs leur cause un tort
considérable parce que les industries s'en vont ailleurs.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre a dans l'idée le cas
particulier de Grand'Mère avec la Consolidated Paper?
M. LAPORTEr Je pense en particulier au cas de Hull.
M. BELLEMARE: Oui, mais à Grand'Mère aussi il y a un cas
spécifique où tous les contribuables ont signé une
requête pour être détaxés. De la machine nouvelle au
prix de $14,000,000 doit être installée.
M. LAPORTE: Oui, oui, enfin ça c'est un problème qui
relève de Grand'Mère...
M. BELLEMARE: Non, mais ça s'applique à ça.
M. LAPORTE: En thèse générale, les
municipalités qui n'ont pas le droit actuellement parce qu'elles ont des
chartes spéciales ou ont obtenu des bills privés qui modifiaient,
quant à elles, la loi des cités et villes pourront détaxer
la machinerie. Mais on nous a représenté, par exemple, qu'une
municipalité qui veut accorder ce privilège-là à
une seule industrie, il est clair que la loi s'applique. Si on détaxe
une, c'est tout le monde, il n'y a pas d'exception.
Mais il y a une municipalité en particulier qui veut, parce
qu'elle est menacée de perdre une grosse industrie, lui accorder le
privilège de la commutation de taxes sur la machinerie. Mais si on lui
accorde le droit tel que c'est actuellement, toutes les industries dans la
municipalité vont être détaxées en même temps
puis le budget de la ville va se trouver modifié de $600,000. Alors on
nous a représenté que sur le principe de détaxer, ils sont
parfaitement d'accord, uniformément pour tout le monde, mais ils
voudraient que ça se fasse sur une période d'années, sur
cinq ans par exemple au rythme de 20% par année pendant cinq ans. Alors,
comme nous allons, avec la permission de cette Chambre, de ce comité,
retirer cet article, il faut penser à un autre texte qui va dire
sensiblement la même chose, mais donner la permission de le faire sur une
période d'années. Détaxer 20% la première
année, un autre 20%, pour ne pas débalancer complètement
le budget dès la première année. Cet amendement sera
présenté au Conseil législatif et puis quand il viendra
ici, on aura l'occasion de l'étudier.
Alors, Je demande que cet article...
M. DOZOIS: Mais, M. le Président, je pense que c'est juste en
effet. Est-ce que ce pouvoir-là ne devrait pas être donné
à toutes les municipalités?
M.LAPORTE: Oui, pour toutes les municipalités.
M. DOZOIS: ... pas seulement aux municipalités qui ne l'ont
pas.
M. LAPORTE: Non, mais celles qui l'ont actuellement, ça ne cause
pas de problème.
M. DOZOIS: Parce que la disposition que l'on voulait insérer, Je
me demande si elle était nécessaire. Quand on regarde le
paragraphe 2 de l'article 2 de la loi, on dit: « lieutenant-gouverneur en
conseil peut sur requête du conseil de toute corporation de cité
ou de ville, même si elle n'est pas régie par la présente
loi émettre des lettres patentes pour remplacer en totalité ou en
partie les dispositions de sa charte par celle de la présente loi.
» Ils auraient pu se prévaloir de ça puis demander le
pouvoir de détaxer la machinerie. Ce n'était pas
nécessaire cet amendement-là.
M. LAPORTE: Il y a bien des municipalités qui ne veulent pas
abroger les dispositions spéciales qu'elles ont dans leur..., le
député de St-Jacques...
M. DOZOIS: Pas seulement abroger, modifier, se prévaloir des
dispositions qu'elles n'ont pas.
M. LAPORTE: Parce que le député de St-Jacques sait comme
moi qu'il y a des municipalités qui devraient avoir une refonte de leur
charte puis qui ne veulent pas parce qu'il y a certains droits qu'elles ne
veulent pas perdre. De toute façon c'est un article qui va être
réécrit pour le Conseil législatif.
M. DOZOIS: Oui, on l'étudiera quand il reviendra.
M. LE PRESIDENT: L'article 13.
M. LAPORTE: L'article 13 a pour but d'assimiler la taxe de l'eau et la
compensation pour les égouts à la taxe foncière grevant
l'immeuble. Il y a des doutes qui ont été exprimés. C'est
pour les faire disparaître.
M. LE PRESIDENT: Article 14.
M. LAPORTE: C'est une demande qui nous a été faite par un
grand nombre de municipalités. C'est un article qui a pour but de
prévoir une forme de taxation plus juste pour des lots de terre de forme
irrégulière. Je pense que le député de St-Jacques
en a entendu parler aussi souvent que moi devant le comité, puis on a
dit; on amendera la loi générale...
M. DOZOIS: On l'a mis dans les bills privés. M. LE PRESIDENT:
Adopté. Article 15. M. LAPORTE: Article 15. M. JOHNSON:
Là-dessus, M. le Président...
M. LAPORTE: Excusez-moi...
M. JOHNSON: Le ministre pourrait-il nous dire si le gouvernement a une
politique générale concernant la taxation de la machinerie?
UNE VOIX: Ici, là.
M. JOHNSON: Mais je voulais poser ça au ministre qui a
passé vite sur cet item. Est-ce que le gouvernement a une politique
générale concernant la taxation de la machinerie?
M. LAPORTE: Eh bien, M. le Président, je n'ai pas à parler
au nom du gouvernement pour la politique des machineries. Je suis en train de
défendre un article du code municipal au sujet de la permission qui peut
être accordée aux municipalités de taxer ou de ne pas taxer
la machinerie. En dehors de ça, je ne suis pas autorisé à
passer la politique du gouvernement.
M. JOHNSON: Voici...
M. LESAGE: Si vous permettez, M. le Président, pour ce qui est de
la taxation de la machinerie, c'est une des questions les plus difficiles
qu'étudie actuellement la commission Bélanger.
M. JOHNSON: Mais en attendant, on accorde par la porte d'en
arrière ce qu'on faisait semblant de refuser.
M. LESAGE: Non, je regrette, M. le Président. On n'accorde
absolument rien.
M. JOHNSON: Voyons donc.
M. LESAGE: Par la porte d'en arrière... tout dépendra des
recommandations de la Commission Bélanger.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement. C'est
adopté, et ce matin...
M. JOHNSON: On donne le droit à la municipalité...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Lorsque je me suis levé trop tard tantôt, en deuxième
lecture, je n'ai pas insisté, l'article est adopté, nous sommes
rendus...
M. JOHNSON: Mais ce n'était pas le même
président.
M. LAPORTE: Ah!
M. JOHNSON: Ce n'était pas le même président.
M. LAPORTE: Mais c'est le même règlement.
M. JOHNSON: Eh bien, on va voir s'il l'interprète de la
même façon.
M. LE PRESIDENT: Article 15.
M. LAPORTE: Il l'interprète de la même façon.
M. JOHNSON: Il a eu une forte indication comment
l'interpréter.
M. LAPORTE: Bien oui, parce qu'il connaît bien son
règlement.
M. LE PRESIDENT: Article 15.
M. LAPORTE: L'article 15, c'est simplement pour compléter ce que
nous avons présenté l'an dernier, pour ajouter «
matériel » ou « matériaux », ça...
M. JOHNSON: Non, non, on doit procéder article par article.
M. LAPORTE: Oui, mais je suis rendu à l'article 15.
M. BELLEMARE: L'article 15, c'est...
M. JOHNSON: Il concerne le pouvoir d'expropriation...
M. LAPORTE: C'est le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. JOHNSON: Des églises, des cimetières.
M. BELLEMARE: Ne peut sans l'autorisation.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les églises, les cimetières.
M. BELLEMARE: Les morts.
M. DOZOIS: Les édifices du fédéral.
M. BERTRAND (Missisquoi): Des cimetières.
M. BELLEMARE: Les bâtisses éducation-nelles.
M. LAPORTE: C'est pour permettre, avec la permission du
lieutenant-gouverneur en conseil, d'exproprier certains immeubles qui ne
pouvaient pas être expropriés autrefois par la
municipalité.
M. JOHNSON: Mais pourquoi ça?
M. LESAGE: M. le Président voici: cela couvre un cas un peu
particulier, qui est le cimetière juif, situé dans Ste-Foy,
près de la cité universitaire. On sait que la rue St-Cyrille
à cet endroit se rétrécit et cela constitue un danger
public. Depuis 1960, j'ai tenté par tous les moyens possibles d'obtenir
de nos concitoyens juifs leur consentement à permettre
l'élargissement de la rue St-Cyrille et cela à la demande du
maire Noël Carter de Ste-Foy. Cela constitue un réel danger.
Malheureusement, même si la plus grande partie de nos concitoyens juifs
de Québec sont favorables, il reste que les anciens, les anciens rabins,
les vieux rabins, ceux qui ont l'autorité, sont absolument contre. De
là l'amendement.
M. DOZOIS: M. le Président, on veut régler un cas
particulier. Je pense qu'il y a lieu de...
M. LESAGE: C'est un cas qui peut se présenter ailleurs.
M. DOZOIS: Je me demande s'il y a lieu d'amender tout cet article, et
laisser croire aux municipalités qu'elles pourront exproprier les
propriétés appartenant à Sa Majesté ou tenues en
fidéicommis pour son usage, celles occupées par le gouvernement
fédéral ou le gouvernement provincial, celles
possédées ou occupées par des compagnies de chemins de
fer, de fabriques, ou des institutions ou corporations religieuses, charitables
ou d'éducation. Il me semble que c'est un cas particulier. On serait
bien mieux de faire un article spécial et puis dire, que dans le cas des
cimetières on a le droit de le faire.
M. LESAGE: Non M. le Président. Je tiens à faire remarquer
de plus que tout est sujet à l'autorisation du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. DOZOIS: Même ça.
M. JOHNSON: Une mauvaise législation, M. le Président.
M. LESAGE: Bien, ce n'est pas ce que la majorité de nos
concitoyens de race juive pensent à Québec.
M. DOZOIS: Est-ce que le gouvernement pourrait donner à une
municipalité qui le demanderait le droit d'exproprier une
propriété du gouvernement fédéral? Oui?
M. LESAGE: Je vais référer la question à mon
conseiller juridique.
M. DOZOIS: Parce que je vais dire pourquoi, moi; c'est un pouvoir qui
est inutile...
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: ... si on veut régler un cas particulier. C'est comme
un cimetière...
M. LESAGE: Non, non, c'est moins... M. DOZOIS: ... et puis je
pense...
M. LESAGE: Ce n'est pas nécessairement un cas particulier. C'est
un cas qui peut se présenter ailleurs.
M. DOZOIS: Peut-être.
M. LESAGE: Avec les développements actuels, ça peut se
présenter ailleurs.
M. DOZOIS: Je peux signaler un cas au premier ministre qui existe
à Montréal.
M. LESAGE: Je viens de donner un exemple. C'est un exemple que j'ai
donné.
M. DOZOIS: Je peux signaler un cas au premier ministre qui existe
à Montréal même, au coin de la rue Sauvé...
M. LESAGE: Bon, alors...
M. DOZOIS: ... etpuisLajeunesse, cimetière juif
également.
M. LESAGE: Evidemment, autant le député de St-Jacques
connaît Montréal, autant je connais Québec.
M. DOZOIS: Alors, il peut en avoir dans toute la province des cas comme
ça.
M. LESAGE: Bien oui, c'est pour ça...
M. DOZOIS: Et je me demande pourquoi donner aux municipalités un
pouvoir d'expropriation m'eme si c'est avec l'approbation du
lieutenant-gouverneur, et voir dans notre texte qu'elles peuvent exproprier des
évêchés, des cathédrales, et tout ce qu'on veut.
M. LESAGE: Mais oui, M. le Président, dans le cas par exemple du
tunnel...,
M. DOZOIS: Je n'admets pas ça.
M. LESAGE: ... du pont-tunnel de Boucherville, il fallait exproprier
l'église St-François-d'Assise. Le gouvernement avait le droit. Si
ça avait été un ouvrage municipal dans la ville de
Montréal, responsabilité municipale, de l'ouverture d'une
grande voie de communication, on n'en aurait pas eu le droit alors,... bien
ça ne s'applique pas à Montréal, mais disons ailleurs.
Mais il me semble qu'on doit laisser au lieutenant-gouverneur en conseil le
droit de juger, le pouvoir de juger des circonstances et de
l'opportunité qu'il y a de permettre l'expropriation dans des cas comme
celui que je viens de mentionner.
M. JOHNSON: M. le Président, il est six heures.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à huit
heures.
Reprise de la séance à 8 h p. m.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Bill 41, article 15. Est-ce que
l'article 15 est adopté?
M. JOHNSON: M. le Président, l'article 15 a beaucoup plus
d'importance qu'il n'en a l'air, si on se fie seulement à l'amendement
tel que rédigé. Cet article veut amender l'article 606 de la loi
des cités et villes qui, au chapitre de l'expropriation, dit
textuellement ce qui suit, et je cite: « Le conseil ne peut prendre par
voie d'expropriation les propriétés suivantes, 1) les
propriétés appartenant à Sa Majesté ou tenues en
fidéicommis par son usage; 2) celles occupées par le gouvernement
fédéral ou le gouvernement provincial 3) celles
possédées ou occupées par des compagnies de chemin de fer,
des fabriques ou des institutions ou corporations religieuses charitables ou
d'éducation; 4) les cimetières, les évêchés,
les presbytères et leurs dépendances », et on a une
référence à la fin de l'article statuts refondus 1925,
chapitre 102, article 600 et si on retournait à ces statuts de 1925, on
découvrirait probablement que cet article vient des statuts de 1909 et
même antérieurement.
Donc, le principe, c'est que un conseil municipal ne peut exproprier ni
les propriétés appartenant à Sa Majesté, ni les
propriétés appartenant au fédéral, ni les
propriétés possédées par des compagnies de chemin
de fer ou probablement à cause de leur incidence interprovinciale ni,
évidemment, les propriétés religieuses telles que les
cimetières, les évêchés, les presbytères et
leurs dépendances.
Pour régler un cas spécial souligné par le premier
ministre, on fait un amendement qui, à mon sens, est extrêmement
trop large et qui est faux dans son principe. Il est trop large,
évidemment, il n'est pas nécessaire pour régler le
problème du chemin Ste-Foy...
M. LESAGE: La rue St-Cyrille.
M. JOHNSON: ... de la rue St-Cyrille. Il n'est pas nécessaire de
donner un tel pouvoir à toutes les municipalités régies
par la loi des cités et villes, surtout quand on constate qu'on
n'accorde pas le même pouvoir à la cité de Montréal
et à la cité de Québec qui sont évidemment
peut-être plus encore intéressées à ce pouvoir que
ne pourrait l'être une autre muncipalité de cette province. Le
député de St-Jacques, par exemple...
M. LESAGE: Si la cité de Montréal et si la cité de
Québec en ont besoin...
M. LAPORTE: Ils vont le demander s'ils en ont besoin.
M. LESAGE: .... ils le demanderont.
M. LAPORTE: Voyons donc! On n'est pas pour mettre dans la loi des
cités et villes, c'est permis pour la cité de Montréal.
Ils viennent tous les ans avec des bills.
M. JOHNSON: Non, mais j'y viendrai tantôt. M. le Président,
comme dit le député de Missisquoi, on aurait pu présenter
une loi pour ce cas spécial. Mais là, on choisit de
transférer du pouvoir législatif au pouvoir exécutif
l'exercice d'un pouvoir, le pouvoir d'expropriation.
Ce n'est pas le temps de soulever tout ce qu'on pourrait soulever a
l'occasion de cet article. Mais de temps immémorial, dans cette
province, on a été limité, et on a cru bon de limiter les
filles de la Législature que sont les municipalités quand il
s'agit d'expropriation. Quand il s'agit des expropriations des édifices
appartenant à la Reine, appartenant au gouvernement
fédéral ou à des organismes qui sont
généralement de nature interprovinciale, Il est évident
qu'en vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, nous n'avons
pas le droit, non pas seulement d'exercer ce pouvoir, mais à plus forte
raison de l'accorder aux municipalités.
Le premier ministre sait bien que la province ne peut pas, dans
l'état actuel, dici à ce que nous vivions sous un régime
de séparatisme ou d'état associé, comme le dit son
ministre des Richesses naturelles, nous ne pouvons pas exproprier des immeubles
qui appartiennent au gouvernement fédéral. Nous ne pouvons pas
non plus exproprier des immeubles qui appartiennent à des organismes
comme les chemins de fer qui sont de nature interprovinciale comme le Canadien
National et le Canadien Pacifique ou le Pacifique Canadien et le National
Canadien, si l'on veut.
Alors, pourquoi nous apporter dans une loi un article qui donne
l'impression que les municipalités pourraient exproprier le bureau de
poste, pourraient exproprier la gare de chemin de fer du Canadien National ou
du Pacifique Canadien, que les municipalités pourraient exproprier un
immeuble qui appartiendrait, par exemple, à Sa Majesté la reine
comme c'est le cas aux Trois-Rivières. Aux Trois-Rivières, il y a
le couvent d'une communauté, je crois que ce sont les
Franciscaines, qui appartient directement à la Couronne
britannique et
non pas au gouvernement du Canada. Et par l'amendement qu'on nous
apporte aujourd'hui, on donne cette impression. C'est faux. C'est mauvais.
C'est de la mauvaise législation. C'est un travail mal
préparé, mal fait, mal pensé et mal exprimé.
M. LAPORTE: Rien que ça!
M. JOHNSON: Rien que ça. J'ai beau me forcer, je ne trouve aucune
qualité à cette législation et je viens de perdre
confiance au comité de législation du Cabinet qui est
présidé, paraît-il par le procureur général.
Il me semble qu'un avocat de 1ère année, comme on a dit souvent
dans cette Chambre, aurait pu se rendre compte que cet article est à sa
face même un article utra vires, inconstitutionnel et un article qui,
s'il avait été convenu dans un examen de Barreau, aurait
certainement contribué à faire couler le sujet qui se
présentait.
M. LESAGE: Il est clair que le chef de l'Opposition a passé ses
examens de 1ère année par « flukes ».
M. JOHNSON: M. le Président, ça ne m'a pas pris trois
examens pour passer moi.
M. LOUBIER: Attention!
M. LESAGE: Pardon! Moi non plus.
M. LOUBIER: Il y en a d'autres.
M. JOHNSON: Je ne sais pas ce que vient faire ici l'allusion du premier
ministre, mais elle est loin d'être agréable dans son intention,
même si elle manque la cible.
M. LESAGE: Mais c'est vous qui venez de le dire.
M. JOHNSON: Deuxièmement, les cimetières, les
évêchés, les presbytères et leurs
dépendances. On sait qu'à l'occasion de l'étude du bill
60, l'Opposition avait fait un amendement à ce projet de loi afin que le
ministre avec l'approbation du lieutenant-gouverneur n'ait pas le droit
d'expropriation des institutions d'enseignement.
Le gouvernement avait battu notre amendement, le Conseil
législatif l'a inclu dans la série d'amendements qu'il nous a
expédiée à la Chambre basse, et la Chambre basse a
accepté l'amendement proposé par le Conseil législatif.
Cet amendement du Conseil législatif, sur le bill 60, confirmait que le
ministre ne peut pas, même avec l'approbation du lieutenant-gouverneur,
exproprier des maisons d'enseignement. A plus forte raison, je soumets
respectueusement que nous ne devrions pas donner à une
municipalité, même avec l'assentiment du lieutenant-gouverneur, le
pouvoir exorbitant, le pouvoir nouveau, le pouvoir qui n'est pas
nécessaire, sauf dans quelques cas d'exceptions qui pourraient
être réglés par des lois spéciales, le pouvoir
d'exproprier les cimetières, les évêchés, les
presbytères et leurs dépendances.
Si nous nourissions envers le gouvernement de noirs desseins, nous
pourrions facilement en conclure que le gouvernement a des intentions de
contourner la loi qui a été amendée, c'est-à-dire
le bill 60. Il essaierait d'obtenir par d'autres moyens intermédiaires
des pouvoirs qui lui ont été refusés par la
Législature, et je pèse le mot, par la Législature de
Québec. Le gouvernement ne peut pas expliquer à cette province
pourquoi, à l'occasion du règlement d'un problème
particulier dans la municipalité de Ste-Foy, on a besoin de donner
à toutes les municipalités de la province de Québec,
à toutes les corporations municipales qui se chiffrent à environ
quoi, 1,500, 1.600, 1,800 peut-être 1,900, dans la province...
M. LAPORTE: ... 1,700.
M. JOHNSON: 1,700 ... le pouvoir d'exproprier les
cimetières, les évêchés, les presbytères et
leurs dépendances.
M. LAPORTE: Les cités et villes: c'est 234.
M. JOHNSON: Deux cent trente-quatre cités et villes de la
province de Québec.
M. LESAGE: Cela fait loin de 1,900.
M. JOHNSON: Mais, si on le donne aux cités et villes, pourquoi ne
le donnerait-on pas, ce pouvoir, aux municipalités de villages?
M. LAPORTE: Bien vous le proposerez l'an prochain.
M. LESAGE: Présentez un bill.
M. JOHNSON: M. le Président, si on veut être logique,
pourquoi n'accorderait-on pas le même privilège
immédiatement à la cité de Montréal et à la
cité de Québec?
M. LAPORTE: Je vais en prendre bonne note.
M. JOHNSON: Quelles sont les municipalités qui ont demandé
un pareil pouvoir, sauf la ville
de Ste-Foy? Il y a lieu de le présumer en tout cas d'après
ce qu'a dit le premier ministre. Combien sont-elles qui ont demandé ce
pouvoir? A-t-on consulté les autorités concernées? Est-ce
qu'il est temps, en 1964, d'édicter un tel pouvoir. Est-ce que ce n'est
pas imprudent? Est-ce que ce n'est pas ouvrir une porte qu'on ne pourra pas
fermer dans d'autres domaines. Et, en terminant, je voudrais dire au premier
ministre que le gouvernement, c'est-à-dire dans le sens strict du mot,
le lieutenant-gouverneur et son Conseil et dans le sens le plus strict et le
plus réaliste le Conseil des ministres et le lieutenant-gouverneur qui
se plient qui suivent. Le gouvernement ne doit pas se substituer au pouvoir
législatif. Si des conseils municipaux, pour des fins
générales, pour le bien commun, ont besoin de ce pouvoir, si pour
certains projets, comme celui dont le premier ministre nous a exposé les
grandes lignes cet après-midi, celui de l'élargissement du Chemin
Ste-Foy.
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: De la rue St-Cyrille.
M. LESAGE: Du boulevard St-Cyrllle.
M. JOHNSON: Du boulevard St-Cyrille. Est-ce vrai qu'on va le rebaptiser
sous le nom de boulevard Lesage?
M. LESAGE: M. le Président, contrairement à ce qui se
passait sous l'Union nationale, je n'ai jamais permis que l'on nomme une rue,
un édifice, ou un endroit de mon nom, ou du nom d'un de mes
collègues.
M. JOHNSON: M. le Président, je suis très heureux
d'entendre cela. C'est exactement la théorie que je partage, et
après 18 ans ou 20 ans..
M. LESAGE: Oui mais, quant aux prédécesseurs!
M. JOHNSON: ... comme député de Bagot, il n'y a aucun
monument, aucun pont, aucune école qui ne porte le nom du
député de Bagot dans le comté de Bagot.
M. LAPORTE: Cela doit le mortifier...
M. LESAGE: Bien évidemment ça se comprend M. le
Président, ça n'arrivera jamais, même après sa
mort.
M.JOHNSON: M. le Président, dans le comté de Bagot,
à plusieurs reprises des conseils municipaux croyant me faire plaisir
m'ont demandé si je laisserais accorder mon nom à des ponts, ou
des commissions scolaires m'ont demandé si on pouvait utiliser mon nom
pour une école. M. le Président j'ai toujours refusé comme
le premier ministre. Mais le lendemain de l'élection de 1960, celui que
j'avais battu deux fois, le patroneux libéral, a fait donner son nom
à une école de la Commission scolaire. Il en a coûté
$1,800 rien que pour le nom sur l'école Roger Labrecque M. le
Président. Vous voyez la vanité des patroneux...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAPORTE: ... c'est encore un de ces débats qui pourrait nous
entraîner bien loin. Cela pourrait être intéressant à
certains points de vue. Le chef de l'Opposition, était engagé...
il avait des arguments tels, qu'il a voulu faire une digression. Il faudrait
revenir à l'article.
M. GABIAS: Vous n'êtes pas poli pour votre chef.
M. JOHNSON: M. le Président dites donc au ministre qu'il n'a pas
le droit de semoncer publiquement le premier ministre dans cette Chambre, et ce
débat nous amènerait évidemment, à parler d'un
journaliste qui a toujours écrit contre cette manie de donner son
nom...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... et qui dès le lendemain de 1960, Gérard
Filion, a donné, son nom à l'école centrale de
Chambly.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. M. LAPORTE: M. le Président...
M. JOHNSON: Vous voyez ces fameux vertueux!
M. LAPORTE: ... vous serez peut-être mieux d'intervenir M. le
Président...
M. JOHNSON: Moi, je n'ai jamais été au « Devoir
».
M. LAPORTE: Non, non,... M. LESAGE: On sait ça.
M. LAPORTE: Non, je pense que le député vient d'ouvrir une
porte. On pourrait le pousser facilement dedans. L'école «
Gérard Filion » puisque le député nous
entraîne encore dans des digressions, ça été
donné contre la volonté de Gérard Filion.
M. JOHNSON: Honte! Honte!
M. LAPORTE: Et ç'a été donné quand il
n'était plus, quand il n'était plus membre du conseil
d'administration, et c'est celui qui l'a fondé l'école, et
ç'a a été contre sa volonté.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. GABIAS: N'ouvrez pas la porte à la contradiction.
M. JOHNSON: ... quelle douce violence on a dû imposer à M.
Gérard Filion! Que son nom...
M. LAPORTE: Cela ne prouve rien qu'une chose...
M. JOHNSON: ... inscrit sur une école...
M. LAPORTE: Le député de Bagot le connaît bien mal.
C'est tout ce que ça prouve, c'est tout ce que ça prouve.
M. JOHNSON: M. le Président si Gérard Filion avait dit
non...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre,...
M. JOHNSON: ... on aurait pas nommé cette école
d'après son nom.
M. LOUBIER: Les chèques qui ont été donnés
en d'autres circonstances...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Article 15.
M. JOHNSON: Vous allez voir M. le Président le nom de Laporte sur
bien des monuments d'ici l'élection générale.
M. LE PRESIDENT: Q'importe la porte. Article 15.
UNE VOIX: La porte est sur tous les édifices.
M. JOHNSON: Vous savez on a déjà commencé à
Québec à honorer le ministre des Affaires municipales. « La
Porte St-Louis, la Porte St-Jean,...
M. LE PRESIDENT: Article 15.
M. JOHNSON: Qu'est-ce qui m'a distrait encore, M. le Président,
si ce n'est pas le premier ministre.
M. LAPORTE: Vous ne le savez pas, mais c'est vous même.
M. JOHNSON: Le ministre des Affaires municipales voudrait-il nous
expliquer pourquoi ce pouvoir général est nécessaire.
M. LAPORTE: Oui, mais si vous voulez me laisser l'occasion.
M. JOHNSON: ... Veut-il nous dire combien de municipalités l'ont
demandé et le premier ministre voudrait-il nous dire pourquoi? Est-ce
qu'on a des raisons spéciales de vouloir contredire les autorités
religieuses de la religion hébraïque. Je ne sais pas si c'est
exact, mais on m'a donné le renseignement que d'après la religion
hébraïque, on ne peut pas se mêler de déplacer les
morts.
M. LAPORTE: Ah oui, mais comprends ça.
M. JOHNSON: Vous savez, avec le gouvernement actuel M. le
Président, les vivants sont sûrs de crever par les taxes et les
morts sont sûrs d'être déplacés...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: ... même les morts n'ont pas de tranquillité
avec un gouvernement libéral au pouvoir.
UNE VOIX: Il faut que ça change.
M. LAPORTE: M. le Président, on va tâcher de traiter
brièvement mais sérieusement d'un article qui est très
important dans la loi des cités et villes. Première question et
je réponds indirectement au député de Missisquoi qui
semble exprimer l'avis que nous aurions dû passer une loi spéciale
pour régler un problème spécial,...
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. LAPORTE: ...et c'est précisément ce que nous voulons
éviter, c'est un pouvoir général accordé à
toutes les municipalités de la province de Québec ce qui va
éviter le pèlerinage à Québec chaque fois qu'il va
se présenter un cas et justement le député, le chef de
l'Opposition me
demandait: « Mais qui est-ce qui l'a demandé? Est-ce que
ça s'est présenté? Mon voisin de gauche me dit que dans sa
propre municipalité, ils sont venus deux fois avec des bills
privés demander l'autorisation d'exproprier les édifices qui
n'étaient pas soumis à l'expropriation en vertu de la loi
générale.
M. GABIAS: C'est un capricieux, ça.
M. LAPORTE: Ce n'est pas un capricieux, c'est un homme dont la ville
progresse et qu'il faut nécessairement obtenir ces moyens-là,
justement lorsque le...
M. JOHNSON: Il faut absolument que ça passe à travers les
cimetières.
M. LAPORTE: ... lorsque le chef de l'Opposition s'est
référé à l'article 606, il a dit: « Je vois
à la fin une référence: Statuts refondus de 1925, »
et il ajoutait lui-même: « Je suis convaincu que si j'allais voir
aux Statuts de 1925, ça nous reporterait plus loin encore. » C'est
ça, c'est là qu'est le problème, c'est que lorsque cette
loi-là a été conçue, il y a de très
nombreuses années, les besoins n'étaient pas ceux qui existent
aujourd'hui.
M. GABIAS: 39 ans.
M. LAPORTE: C'est ça, 39 ans, je remercie notre fort en calcul.
Mais aujourd'hui les besoins sont différents, il arrive
fréquemment qu'il est nécessaire pour des fins municipales
d'exproprier des édifices qui peuvent servir pour le culte, pour des
fins religieuses. Mais est-ce que le chef de l'Opposition, est-ce que
l'Opposition s'imagine qu'en demandant le droit d'exproprier ces choses, on
s'attaque à la religion?
M. LOUBIER: Bien non.
M. LAPORTE: Ce n'est pas dans les immeubles que la religion est
contenue, c'est parce que ces immeubles-là qui appartiennent...
M. LOUBIER: Ce n'est pas ça qui a été dit.
M. LAPORTE: ... a des institutions religieuses peuvent, à un
moment donné, nuire au progrès. C'est le cas du boulevard
St-Cyrille. N'importe qui, qui passe là, se rend compte du
problème terrible que ça pose; on l'a élargi de
façon considérable, tous ceux qui sont allés au poste de
télévision le savent.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est vrai.
M. LAPORTE: Sans doute, dit le chef de l'Opposition, qu'on va
déplacer des morts, mais c'est pour empêcher d'en créer de
nouveaux, des morts, c'est pour empêcher des accidents.
DES VOIX: Pas mal, pas mal.
M. LAPORTE: M. le Président, je dis que le cas qui se
présente actuellement de façon immédiate sur le boulevard
St-Cyrille, s'est déjà présenté dans d'autres
municipalités: deux cas, à Sherbrooke. Mes deux voisins,... on me
dit qu'à Sherbrooke un cas semblable s'est présenté et que
c'est à la toute dernière minute que ç'a pu se
régler à l'amiable; autrement ils s'en venaient ici avec un bill.
Est-ce qu'on veut recommencer ce que nous avons réussi? Sous la
dernière année de l'administration de l'Union nationale, on a
commencé par des lois générales à faire
disparaître le nombre croissant de bills municipaux, on en avait 75
autrefois, cette année on en a eu 20 ou 25. Et je suis certain qu'avec
les lois générales que nous passons, nous allons diminuer
ça. Mais quel principe sacré peut-il y avoir lorsque le bien
commun est en cause à ce qu'on puisse exproprier un cimetière, ou
un immeuble appartenant à une communauté religieuse? Mais quel
principe sacré est-ce qu'on viole? Je sais que dans la cité de
Jacques-Cartier, dans mon comté, il y a un cimetière qui est
situé en plein centre de la ville où la municipalité
pourrait établir parce qu'elle a des terrains chaque côté,
un parc et qu'on pourrait facilement installer le cimetière ailleurs.
Bien, ces gens-là m'ont dit: « Si nous avions le pouvoir
d'exproprier nous le ferions. » C'est au nom du bien commun, mais il n'y
a rien absolument de sacro-saint à ce que le cimetière soit
situé au coin de telle rue plutôt que de telle autre.
M. JOHNSON: Mais les autorités de cimetière ne veulent pas
comprendre que le bien commun voudrait ça.
M. LAPORTE: Ah ça, évidemment, ça fait des belles
discussions en Chambre, mais il arrive que ce sont des humains qui administrent
les municipalités. Ce ne sont pas toujours des diplomates
chevronnés, les administrateurs municipaux, pas plus que les directeurs
de communautés religieuses...
M. JOHNSON: Même certains ministres. M. LAPORTE: Ce sont des
humains qui
transigent et puis il arrive qu'ils ne s'entendent pas. Pardon?
M. GABIAS: Pas plus que le ministre des Affaires municipales.
M. LAPORTE: Pas plus que le ministre des Affaires municipales...
M. GABIAS: Parce qu'il n'est pas diplomate dans ce sens-là.
M. LAPORTE: ... parce que je ne voudrais pas me croire les talents et la
suffisance du député de Trois-Rivières; ça je suis
d'accord.
UNE VOIX: Il n'y en a rien qu'un comme ça. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Les talents ne sont pas apparents, mais la suffisance du
ministre est apparente.
M. LOUBIER: C'est ça, c'est ça.
M. LAPORTE: Alors, je dis simplement...
M. LOUBIER: On ne devrait pas dire: pas plus, pas moins que le
ministre.
M. LAPORTE: Ah, « l'écriveux » de lettres, tiens,
regardez donc ça, qui commence.
M. LOUBIER: Pas moins que le ministre.
M. LAPORTE: M. le Président, je dis simplement...
M. LOUBIER: Donnez-moi donc une lettre là vous.
M. LAPORTE: ... que c'est un pouvoir qui est demandé par. un
certain nombre de municipalités...
M. JOHNSON: Combien?
M. LAPORTE: ... où il y a des besoins: Chomedey a eu le cas deux
fois; Sherbrooke l'a eu une fois; Jacques-Cartier en a besoin; Ste-Foy en a
besoin. Nous avons un nombre suffisant de cas pour expliquer que ça peut
faire l'objet d'une loi générale. Deuxièmement, je
répète qu'il n'y a rien de sacré dans les immeubles eux-
mêmes et que le bien commun doit prévaloir.
Dans chacun de ces cas-là, pour bien s'assurer que ça
n'est pas simplement pour le plaisir d'exproprier sans besoin, nous mettons
justement à l'article suivant, lorsque le comité si le
comité décide de voter celui-ci à l'article
suivant, on établit, en vertu de quelle procédure ça devra
se faire pour assurer une protection minimum à ceux qui devront faire
l'objet de ces expropriations. Je ne vois rien de dramatique ou
d'extraordinaire dans cet article. La partie qui s'adresse au gouvernement ou
aux chemins de fer, puisque le chef de l'Opposition prétend que
ça ne s'appliquera pas, ça ne cause pas de problème, c'est
dans l'autre partie qu'il s'adresse, les cimetières, les institutions
religieuses.
S'il arrive que le bien commun, comme ça s'est
présenté pour le pont de Boucherville, comme ça se
présente dans St-Cyrille s'il arrive que le bien commun exige que ces
choses-là soient expropriées, il serait anormal que dans chacun
de ces cas-là on impose aux municipalités les délais et
les dépenses qu'occasionnent les législations privées,
nous préférons avoir une loi générale et de mettre
le frein que comporte l'approbation par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. GODBOUT: M. le Président...
M. DOZOIS: M. le Président, si le gouvernement tient absolument
à donner ce pouvoir aux municipalités, il me semble qu'il aurait
pu refaire l'article 606, parce qu'il est évident, à mon avis,
que le paragraphe 1, les municipalités, ne réussiront pas
à utiliser le pouvoir d'expropriation contre les
propriétés appartenant à Sa Majesté. Je doute que
les municipalités puissent exproprier les propriétés
occupées par le gouvernement fédéral ou le gouvernement
provincial. Si le gouvernement provincial veut se départir d'une de ses
propriétés, je pense que ce sera beaucoup plus simple de faire
une entente avec la municipalité et non pas le lieutenant-gouverneur en
conseil de donner à la municipalité le pouvoir d'exproprier le
gouvernement de la province.
Il me semble qu'on aurait pu refaire l'article 606, en disant: «
que le conseil ne peut prendre par voie d'expropriation les
propriétés suivantes », et puis extraire dans 3 et 4 je ne
sais pas, peut-être « les institutions charitables ou
d'éducation, les cimetières » et puis faire un article ou
un sous-article, disant: « cependant avec l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, les municipalités peuvent exproprier
tel genre de propriété ». Comme cela, il me semble que
ça n'a pas de sens dans une loi de dire qu'un conseil peut exproprier
avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, des
propriétés que l'on sait qu'ils ne pourront pas
exproprier, il me semble que ça aurait eu beaucoup plus de bon
sens de refaire...
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela aurait eu plus d'allure.
M. DOZOIS: ... l'article 606, le diviser en deux:
propriétés non expropriables, et deuxièmement, l'autre
partie, propriétés que l'on peut exproprier.
M. LAPORTE: D'accord.
M. GODBOUT: M. le Président, c'est précisément sur
cette question que je solliciterai la permission de soumettre quelques
remarques. Il semble que l'on dit ceci: un droit d'expropriation
énoncé généralement ne peut atteindre certaines
propriétés comme les propriétés de la Couronne, du
droit du gouvernement fédéral ou du droit de la province de
Québec, les propriétés des compagnies de chemin de fer
protégées par la Commission des transports du Canada et certaines
propriétés religieuses. Eh bien, je soumets respectueusement que
dans toutes les lois existantes que je connais, municipales et
particulièrement les cités de Montréal et de
Québec, le pouvoir d'expropriation est énoncé
généralement pour des fins d'amélioration publique,
d'ouverture de prolongement de rues et pour créer les places
publiques.
Il n'y a pas de restriction, et cela constitue à notre avis, un
avantage, une faveur, en ce sens que lorsque nous nous adressons à la
Couronne ou à la Commission des transports, la première exigence
que l'on nous impose, c'est de prouver que la municipalité
possède bien le droit d'expropriation, c'est-à-dire, si nous
avançons une rue vers des propriétés de chemins de fer,
par exemple, la Commission des transports nous demandera: vous voulez
exproprier une propriété des chemins de fer, avez-vous ce droit
d'exproprier avant que nous, Commissaires vous imposions les conditions
d'expropriation, examinions votre droit, étudiions les termes dans
lesquels nous pourrions consentir à l'expropriation, y consentions,
ordonnions l'expropriation suivant les exigences que nous imposerons. Et c'est
la même chose dans les municipalités. Puis-je vous donner un
exemple qui fait très bien comprendre ce raisonnement. C'est celui-ci.
Il y avait auparavant des chemins de fer dans les municipalités qui
laissaient échapper de la fumée noire et dense.
Les municipalités passaient des règlements
défendant l'émission de fumée noire et dense. Mais comment
appliquer un règlement muni- cipal aux compagnies de chemin de fer? Eh
bien, nous nous adressions à la Commission des transports, en invoquant
notre règlement, prenant l'action en vertu du règlement et
transmettant le tout à la Commission des chemins de fer; si nous
n'avions pas eu le droit de réglementer l'émission de
fumée noire et dense, la Commission des chemins de fer aurait
déclaré: « Je n'ai pas à m'occuper de cela
momentanément, quelle est votre législation, quelles sont vos
exigences? » Tandis qu'en présentant un droit bien établi,
une législation, la Commission des chemins de fer se voyait saisie d'un
problème légal, d'une législation, d'une
réquisition applicable dans une municipalité, dans une ville, et
était tenue de statuer sur la question et de prendre les moyens pour
faire disparaître les fumées denses et noires dans la
municipalité. Par conséquent, je dis ceci, nous possédons
déjà, dans la plupart des grandes villes, des pouvoirs
généraux d'expropriation, soumis en certains cas à des
conditions et à des assentiments, assentiments de la Couronne,
conditions de la Commission des transports.
Relativement aux communautés religieuses, j'ai vu l'amendement
qui a déjà été apporté par le Conseil
législatif à ce sujet et je me suis demandé, pourquoi cet
amendement, puisque déjà nous possédons ce pouvoir. Sous
le prétexte ou la raison d'ouvrir une rue, une voie publique, une place
publique, nous possédons actuellement un pouvoir général
d'expropriation contre les cimetières, contre les maisons religieuses,
pouvoir dont les municipalités usent avec grande discrétion, avec
grande diplomatie, n'en déplaise à qui que ce soit, et par
conséquent, je ne pense pas que ce que nous fassions actuellement soit
bien différent de ce qui existe déjà pour les grandes
municipalités. Ces pouvoirs existent complètement, ils sont
même en certains cas une nécessité, car il faut
alléguer le pouvoir général d'expropriation pour pouvoir
réquérir les assentiments et les conditions nécessaires
aux expropriations.
M. GABIAS: Au ministre des Affaires municipales, il lui semble
suffisant, de nous donner quelques explications pour justifier cet amendement
à la loi des cités et villes. Cela ne veut pas dire qu'il faille,
du premier coup, se rendre à sa demande, et que ses arguments soient
frappants. Il est évident, en autant que je suis
intéressé, que je n'entends pas soulever la question de choses
sacro-saintes, pas du tout. Je n'entends pas non plus me servir de l'argument
de la religion, pas du tout; mais le ministre sait qu'il y a des choses dont on
ne doit pas disposer à la légère...
M. LAPORTE: Evidemment.
M. GABIAS: ... à cause des complications extrêmement
compliquées, pour un pléonasme, des complications
extrêmement compliquées, et le ministre va me comprendre.
M. LAPORTE: Le député complique les choses.
M. GABIAS: Non, non. Et le ministre sait fort bien les
difficultés et les complications qui peuvent surgir à la suite de
l'expropriation d'un cimetière. Je suis convaincu que la
Législature en n'accordant pas autrefois le pouvoir que le ministre
demande aujourd'hui, pour les municipalités des cités et villes,
la législature ne l'a pas accordé parce qu'elle se rendait compte
de ces complications parce qu'elle avait l'expérience de
l'administration et qu'elle Jugeait de la portée d'une
législation. On dirait que le ministre, en nous suggérant
l'article dont il s'agit, article qui n'a pas été demandé,
à ma connaissance, par les cités et villes dans aucun
mémoire qui lui a été présenté à
date, et si je me trompe, que le ministre me corrige...
M. LAPORTE: Ce que dit le député est vrai.
M. GABIAS: Il faut absolument que ce soit vrai pour que le ministre dise
comme moi, parce que, s'il avait le moindre doute, je ne doute pas moi qu'il
mettrait une restriction bien précise.
M. LAPORTE: Non ce n'est pas ça. Chaque fois que le
député de Trois-Rivières dit quelque chose qui soit vrai,
je m'empresse dé le souligner!
M. GABIAS: Je regrette que le ministre ne soit pas plus souvent en
Chambre, parce qu'il aurait l'occasion de m'appuyer souvent. M. le
Président, le législateur était sage lorsqu'il laissait
dans la loi générale, ces restrictions. Je ne réussis pas
à comprendre, même s'il arrive parfois que les cités et
villes ont l'intention d'exproprier des cimetières, des
communautés religieuses, je ne vois pas pourquoi un pouvoir public ne
réussirait pas à s'entendre avec d'autres corporations publiques.
Il ne faut pas penser pour un instant qu'un cimetière appartient aux
religieux. Le ministre sait cela, ça appartient à une
corporation.
Il ne faut pas pour un instant s'imaginer qu'une communauté
religieuse appartient nécessairement à des religieux. Ce sont des
corpora- tions, corporations publiques, d'autres sont des corporations de
mainmorte et Je ne vois pas, si le ministre pouvait me donner des exemples
où il n'y a absolument pas eu d'entente, de nombreux cas, parce que l'on
ne peut tout de même pas changer une loi générale pour une
exception, ou pour deux exceptions. Il faut que le ministre puisse nous
démontrer qu'il y a de nombreux cas à travers la province
où il n'y a pas eu entente, parce que, s'il s'agit seulement de un, deux
ou trois cas, les comités des bills privés et publics sont
là, et il est facile de remédier: S'il y a abus de la part d'une
corporation, c'est facile de remédier.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux poser une question? Le
député est-il prêt à accepter le principe de cette
expropriation du moment que ça viendra devant le comité en
bas?
M. GABIAS: Ce n'est pas ce que je dis. M. LAPORTE: Ah!
M. GABIAS: Le ministre veut me faire dévier...
M. LAPORTE: Non.
M. GABIAS: ... mais je ne dévierai pas si facilement.
M. LAPORTE: Je veux connaître la pensée profonde du
député.
M. GABIAS: Je dis au ministre: vous changez une loi
générale. Il faut que ce soit l'intérêt public qui
le commande.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. GABIAS: Or, pour que l'intérêt public soit vraiment en
jeu, il faut que le gouvernement puisse nous convaincre que les pouvoirs
publics, que les corporations publiques ou de mainmorte ne peuvent pas
s'entendre, généralement, dans cette province. Et si le ministre
ne peut pas nous convaincre que le bien général demande et
ordonne à la Législature de changer cette loi
générale, je dis que c'est un caprice du ministre. Ce n'est pas
demandé par les corporations de mainmorte, ce n'est pas demandé
par les cités, ni par les villes, ce n'est pas demandé par des
pressions publiques. Par qui donc est-ce demandé, sinon par le caprice
du ministre?
M. LAPORTE: C'est bon ça.
M. GABIAS: Je voudrais vraiment que non seulement le ministre le dise,
mais le pense.
M. LAPORTE: Ah! Je ne suis pas loin de le penser.
M. GABIAS: Et c'est la difficulté que je rencontre à tous
les jours, à savoir si vraiment, quand les ministres parlent, ils disent
vraiment ce qu'ils pensent.
DES VOIX: A l'ordre.
M. GABIAS: Et nous en avons une démonstration ce soir par le
ministre. Et je disais, M. le Président, que si ce n'est pas
exigé par personne, comment peut-on nous, aujourd'hui, nous demander au
nom de l'intérêt public de changer cette loi
générale? Un gouvernement ne doit jamais légiférer
pour des cas d'exception. Et si je pouvais convaincre le ministre, je lui
rappellerais les paroles du premier ministre actuel qui nous en a donné
un exemple ce matin au comité des bills privés, et ç'a
été accepté à l'unanimité des membres qui
étaient présents: on ne change pas une loi générale
ou un principe général pour un ou des cas particuliers.
M. LESAGE: M. le Président, sur une question de privilège,
ce n'est pas ce que j'ai dit. Il a été question, ce matin, d'un
club de golf, et il s'agissait des intérêts privés à
sauvegarder d'actionnaires qui, de bonne foi et par esprit civique, avaient
souscrit des actions dans...
M. GABIAS: Voghel.
M. JOHNSON: Le cas de l'hôpital Voghel.
M. LESAGE: Le cas de l'hôpital Voghel, bien c'est
différent. C'est d'intérêt public, parce que c'est un
hôpital où 50 médecins sont intéressés.
D'après le ministre de la Santé, je me fie à ce
qu'il me dit, c'est le meilleur hôpital privé de la
cité de Montréal. Il s'agissait évidemment d'une question
d'intérêt public.
M. JOHNSON: Et malgré ça, on n'a pas changé le
règlement de Montréal; on a fait une loi spéciale pour un
cas spécifique.
M. LESAGE: Oui. Mais voici que dans ce cas-ci, dans le cas qui nous
préoccupe, c'est une question qui est susceptible d'être
soulevée constamment dans les cités et villes, au fur et à
mesure que progressent la province de Québec, ses cités et
villes, sous l'impulsion du gouvernement que je dirige.
M. GABIAS: Bon! Je remarque avec beaucoup de complaisance que le premier
ministre avait soulevé une question de privilège, pour terminer
avec une question de propagande politique. Mais cela ne m'empêchera
pas...
M. LESAGE: Le député de Trois-Rivières a peu de
leçons à me donner dans ce domaine.
M. GABIAS: Je ne donne pas de leçons, M. le
Président...
M. LESAGE: Non?
M. GABIAS: ... je constate, et peut-être qu'à l'occasion je
me servirai des leçons de l'honorable premier ministre sur une question
de privilège. Je soulignais tantôt qu'on ne doit jamais, jamais
l'on ne doit changer une loi générale lorsque
l'intérêt public ne le commande pas, et on en est avisé
lorsque les camps sont tellement nombreux, et que l'on ne peut pas
réaliser les progrès dans une cité ou dans une
municipalité, à cause de l'entêtement des gens qui sont les
représentants de ces corporations. Le ministre ne nous donne pas
d'exemples où il y a eu de l'entêtement de la part de ces
corporations. Il ne nous donne pas d'exemples nombreux voulant que vraiment
l'intérêt public soit endanger, que le progrès soit
impossible dans certaines municipalités ou certaines villes. Il nous
dit: « C'est l'intérêt général ». C'est
une question d'opinion, M. le Président, et le législateur,
très rarement, doit légiférer sur une question d'opinion.
Il doit légiférer dans une question d'intérêt
public, d'intérêt général. Or, le ministre n'a pas
réussi à me convaincre qu'il s'agissait d'intérêt
général.
M. LAPORTE: « Ad impossibile, nemo tenet ». Personne n'est
tenu à l'impossible.
M. GABIAS: Je m'aperçois que le ministre veut de moins en moins
que je comprenne, parce qu'il cite du latin, et cette langue n'est pas permise
dans cette Chambre. Il n'y a que l'anglais et le français qui soient
officiels dans cette Chambre.
L'intérêt général, M. le Président, ne
démontre pas, du moins suivant les arguments soumis jusqu'ici par le
ministre des Affaires municipales, que l'on doive changer cet article de la loi
des cités et villes. Que le ministre, et il sait que l'Opposition est
ouverte au bon sens, il le sait, qu'il nous démontre. Vous voyez il
reste coi, M. le Président.
M. LAPORTE: Oui, mais, moi, ça m'a forcé!
M. GABIAS: Il n'a pas réussi à nous démontrer qu'il
était vraiment d'intérêt général et public de
changer la loi générale. D'ailleurs, comme ministre des Affaires
municipales, il devrait avoir beaucoup plus confiance qu'il ne le
démontre dans nos représentants, dans les élus du peuple
des cités et des villes. Est-ce que le ministre veut nous donner un
exemple du peu de confiance qu'il a pour les administrateurs municipaux dans
cette province en nous demandant de changer cette loi
générale?
M. LAPORTE: On leur donne plus de pouvoirs.
M. GABIAS: Est-ce que le ministre n'a pas confiance dans ceux qui
représentent les corporations de mainmorte et les corporations publiques
ou les corporations religieuses? Il y a quelque chose qui manque dans son
argumentation. Il veut donner plus de pouvoirs aux représentants
municipaux en disant: « J'ai confiance en eux ». Mais du même
coup il dit à toute la province qu'il n'a pas confiance au bon jugement
de ceux qui font partie des corporations religieuses et des corporations de
cimetières; du même coup, M. le Président.
M.LAPORTE: Ce n'est pas...
M. GABIAS: Pourquoi cela? Pourquoi le ministre veut-il absolument, si
personne ne lui a demandé, et je crois que c'est un argument qui vaut
son pesant d'or, si personne ne l'a demandé, pourquoi cet empressement
de la part du ministre? Parce qu'il y a eu quelques cas particuliers, qui sont
venus devant le comité des bills privés et qui ont demandé
la permission, l'autorisation d'exproprier un cimetière.
Je vais citer un cas qui est arrivé il y a deux ans. Un cas de la
cité de Trois-Rivièresoù il y avait une
corporation protestante, jecrois que ce sont les sociétés de
baptistes ou quelque chose comme ça, qui étaient
propriétaires d'un cimetière. Ils ont demandé la
permission, et remarquez, M. le Président, comme il n'y a pas de suite
dans l'argumentation du ministre, alors que tous les membres de cette
corporation du cimetière de Trois-Rivières étaient
consentants à changer le site du cimetière pour le transporter
ailleurs, cette corporation a été obligée de venir ici
devant le comité des bills privés et demander l'autorisation
à la Législature parce qu'il s'agissait d'un cimetière, et
pourtant tous les membres étaient consentants.
UNE VOIX: Tiens, tiens, les morts!
M. GABIAS: Et malgré cela, et c'était sage, le
comité a exigé parce qu'il n'y avait pas eu d'avis public dans
les journaux, que la corporation donne des avis publics dans les journaux de la
région afin que tout le monde sache, ceux qui étaient même
partis de Trois-Rivières depuis 75 ans et 100 ans parce qu'ils avaient
un droit de propriété dans ce cimetière, parce qu'ils
avaient des décédés qui étaient dans ce
cimetière et qu'on ne pouvait pas les déplacer sans leur
consentement, sans leur approbation.
Je ne trouve rien de drôle, M. le Président, Je comprends
que les membres du gouvernement trouvent cela drôle lorsque l'on parle
des morts...
M. LESAGE: Non, c'est mon collègue... M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. GABIAS: ... mais je parlais de personnes parties de
Trois-Rivières qui avaient des membres décédés dans
le cimetière...
DES VOIX: Ah!
M. GABIAS: Comment voulez-vous que les membres du gouvernement
comprennent la portée de la loi lorsqu'ils ne comprennent même pas
ce qu'on leur explique.
UNE VOIX: On n'a pas un bonprofesseur! M. LE PRESIDENT: A l'ordre
messieurs.
M. LAPORTE: C'est fort. J'allais dire c'est mort; mais c'est fort.
M. GABIAS: M. le Président, on a exigé... UNE VOIX: Une
grossepratique!
M. GABIAS:... que des avis soient donnés. On a même
exigé que des recherches soient faites au cas où les survivants
ne soient pas domiciliés dans le district de Trois-Rivières. Et,
c'était à la demande même des propriétaires, des
dirigeants de cette corporation. Et là, il s'agit de donner aux
cités et villes, un pouvoir extraordinaire d'exproprier un
cimetière sans le consentement de ceux qui en ont la direction. Il y a
quelque chose qui ne balance pas entre ces deux attitudes. Et c'est le
même gouvernement, et cela dans l'espace de deux ans. Et les arguments
qui avaient été employés au comité des bills
privés, étaient précisément le respect que l'on
devait aux morts. C'était le gros argument employé par
l'honorable premier
ministre et même le ministre des Affaires municipales.
Aujourd'hui, on dit: « Est-ce des affaires sacro-saintes? Est-ce
la religion qui vous fait prendre cette attitude? Non, M. le Président.
Ce n'est pas ce que pense le ministre. C'est parce que le législateur
doit être prudent et sage. Et le législateur que nous avons en
face de nous l'a été il y a deux ans dans le cas du
cimetière de Trois-Rivières. Je lui demande d'être aussi
sage et d'être aussi prudent aujourd'hui avec la Loi des cités et
villes.
UNE VOIX: Adopté.
M. GODBOUT: M. le Président, au sujet des cimetières, je
pense qu'il faut rectifier certaines allégations du député
de Trois-Rivières faites de parfaite bonne foi, mais qui, en
réalité, représentent un cas qui est venu devant la
Législature ou le comité des bills privés, mais bien un
cas particulier.
Généralement, en vertu du pouvoir général
que possèdent les municipalités et les grandes villes, il est
possible actuellement d'exproprier pour fins d'améliorations publiques,
et d'en arriver vis-à-vis un cimetière. Mais, à ce
moment-là, comme je l'énonçais tout à l'heure, il y
a lieu d'obtenir des assentiments, d'agir avec discrétion et diplomatie,
car, entreront en jeu les prescriptions de la Loi des cimetières,
c'est-à-dire interviendra le gouvernement de la province par ses
ministres et particulièrement le ministre de la Santé, qui doit
décider au point de vue hygiène et santé publique. Il
faudra également se rappeler qu'un cimetière est un lieu
consacré, un lieu déterminé, accepté par l'Eglise,
béni par l'Eglise. Là encore, il faudra respecter certaines
dispositions du droit Canon, et s'adresser aux autorités
ecclésiastiques.
Troisièmement, Il faudra tenir compte, si les contrats du
cimetière n'ont pas été faits de la façon
appropriée, il faudra tenir compte du droit des héritiers des
défunts ou des propriétaires actuels des lots du
cimetière. Et, quatrièmement, il faudra s'entendre avec la
compagnie du cimetière, ou lui signifier les procédures
d'expropriations.
Comme on voit, ce n'est pas tant le droit d'expropriation qui est en jeu
ou en contestation,...
M. LOUBIER: Le jugement du député est mort.
M. GODBOUT: ... ce droit d'expropriation doit être
allégué contre tous les intéressés. Ce droit
d'expropriation doit être démontré tant à
l'autorité gouvernementale qu'à l'autorité religieuse,
ainsi qu'aux intéressés, propriétaires ou compagnies de
cimetières.
Donc, encore une fois, il est utile, il est nécessaire, en
certains cas, que le pouvoir général d'expropriation soit bien
stipulé dans la Loi. Ce seront les formalités maintenant
d'application de ce droit, ou de réclamation de ce droit, qui devront
varier, et particulièrement exiger des précautions légales
et des précautions de politesse, des précautions religieuses
même, parce qu'il faut considérer par exemple les diverses
croyances des religions.
Il est exact comme le disait le chef de l'Opposition que les
Israélites ne peuvent pas être enlevés du lieu où
ils ont été ensevelis, sans être, je pense, portés
en Terre Sainte après; car il y a dans leurs croyances une foi en ce
sens qu'on ne peut être-déplacé de son lieu de
sépulture que pour être réenterré dans le pays
même des ancêtres soit en Judée. Par conséquent, M.
le Président, je soumets respectueusement qu'il est intéressant
d'entendre...
M. LOUBIER: C'est du placotage de vieux crimes.
M. GODBOUT: ... comme l'a fait le député de
Trois-Rivières, une énonciation d'opinion dans un cas
particulier. Mais je réitère et je soumets humblement que le
droit d'expropriation énoncé généralement dans les
lois est un bienfait pour un pays, pour une province, pour des
municipalités progressives en face quotidiennement de problèmes
d'amélioration, et de travaux publics importants à
exécuter. Il y a lieu de prendre des précautions afin d'agir avec
discrétion et diplomatie pour exercer ce droit et je nedoute pas que de
plus en plus les procureurs, les ingénieurs, les administrateurs
municipaux le font, sans jamais soulever de tempêtes et agissant à
bon escient.
M. JOHNSON: Très brièvement M. le Président, je
voudrais dire à ceux qui siègent à votre droite qu'ils ont
l'air bien à l'aise quand ils parlent des morts. Evidemment, on sait
qu'il y a une grande tradition. On répète, je ne sais pas si
c'est vrai, que les libéraux ont l'habitude de faire voter les morts
assez régulièrement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... et vous avez lu comme moi dans le livre de Bruce
Hutchison, je crois, que M. King venant visiter le cimetière à
Québec
où un de ses aïeux était enterré aurait dit
à un sénateur libéral, organisateur: ne le dites à
personne, mais il paraît qu'il votait conservateur, et le sénateur
libéral de dire; ne vous inquiètez pas chef, il y a longtemps que
je l'ai fait voter pour vous plusieurs fois ». Et on se souvient M. le
Président,...
M. LESAGE: Vous avez l'air bien renseigné sur les méthodes
anciennes de l'Union nationale.
M. JOHNSON: Oui, je parle, je parle précisément du
sénateur qui a organisé la convention du premier ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LOUBIER: Le sénateur
Bouffard.
M. LESAGE: Je ne crois pas que ce soit le sénateur Bouffard qui
ait organisé une convention pour le premier ministre actuel.
M. JOHNSON: M. le Président, il n'organisait pas la convention,
il organisait les délégués!
M. LOUBIER: Le sénateur Bouffard...
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre...
M. LESAGE: Est-ce que le député de Bellechasse aurait
l'audace de répéter publiquement et en dehors de la Chambre ce
qu'il vient de dire contre le sénateur Bouffard, pour voir ce qu'il lui
arriverait?
M. JOHNSON: Moi, je ne faisais pas allusion au sénateur.
M. LOUBIER: M. le Président, j'ai dit, tout simplement, ce que
tout le monde a dit ce qu'ont répété tous les
journalistes, que le sénateur Bouffard supportait à la
convention, la vieille garde avec M. Lesage et c'est le sénateur
Bouffard qui payait la convention du premier ministre actuel à la
convention libérale.
M. LESAGE: Quoi?
M. LOUBIER: Qui payait la convention qui défrayait les frais de
la convention du premier ministre actuel.
M. LESAGE: M. le Président, je dois me lever sur une question de
privilège et je dois demander au député de Bellechasse de
porter une accusation formelle en Chambre...
M. JOHNSON: Voyons!
M. LESAGE: ... à l'effet que la convention qui m'a choisi comme
chef du parti a été payée par le sénateur Bouffard.
Et je proposerai que sa motion soit référée au
comité des privilèges et élections et s'il a le
culot...
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: ... de faire cette accusation, il encourra...
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: ... non, non,! Il encourra les pénalités qui
sont prévues à l'article 196 des règlements.
M. JOHNSON: M. le Président.
M. LOUBIER: M. le Président, je n'ai fait que
répéter...
UNE VOIX: M. le Président, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LOUBIER: ... ce que tous les journaux ont répété
à l'époque de la convention libérale pour
l'élection du premier ministre, du candidat...
M. CREPEAU: M. le Président...
M. LOUBIER: ... du chef du parti libéral de la province de
Québec, et j'ai comme référence le député de
St-Maurice qui a qualifié de « vieille garde » ceux qui
supportaient le candidat Jean Lesage à la convention du parti
libéral provincial. Je n'ai qu'à qualifier à ce
moment-là l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges,
Gérin-Lajoie, qui supportait le premier ministre actuel et qui disait
qu'il était supporté par la vieille garde du parti
libéral.
M. LESAGE: M. le Président, le député de
Bellechasse a porté une accusation précise, à savoir que
le coût de la convention, s'il y a eu coût, en autant que
j'étais concerné, en 1958, avait été
défrayé par le sénateur Bouffard.
J'ai dit, M. le Président, que si le député de
Bellechasse, qui voudrait être chef, oui, avait une accusation
précise à porter, qu'il pouvait suivre l'exemple du
député de Trois-Rivières et que la question serait
référée au comité des privilèges et
élections avec tous les risques que cela comporte pour le
député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président...
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! C'est assez!
M. LOUBIER: M. le Président, je dois dire au premier ministre
actuel...
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, messieurs!
M. LOUBIER: Je voudrais dire au premier ministre actuel que ç'a
été coûteux...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre.
M. LOUBIER: ... ç'a été coûteux pour M.
Bouffard, mais ç'a été encore plus coûteux pour la
province de Québec de l'avoir comme premier ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre a soulevé
un point d'ordre. On permettra qu'on en parle de ce point d'ordre avant de
rendre une décision, avant que vous ne rendiez une décision.
M. LE PRESIDENT: Bien voici, ce n'est pas tant une décision que
je veux rendre contre qui que ce soit que de rappeler au comité que nous
étions, nous sommes ici pour étudier l'article,
présentement l'article 15, du bill numéro 41. Il me semble qu'on
s'en éloigne d'une façon un peu même intempestive. Quant
à l'intervention du député de Bellechasse, le premier
ministre lui a dit: s'il voulait porter des accusations, la façon de le
faire. Je ne voudrais pas qu'on en fasse un débat comme tel et je
demandeau comité de revenir à l'article 15 qui est
présentement à l'étude.
M. JOHNSON: M. le Président, je vous remercie. Je regrette
quasiment d'avoir mentionné un sénateur sans avoir donné
son nom. Je ne référais pas au sénateur Bouffard...
M. LESAGE: Ah bon.
M. JOHNSON: Je référais au sénateur Power.
M. LESAGE: M. le Président, le sénateur Power, que je
connais très bien, n'a jamais eu les moyens personnels de financer
l'élection de qui que ce soit.
M. JOHNSON: Je n'ai jamais dit ça. M. LE PRESIDENT: L'article
15.
M. JOHNSON: J'ai parlé du sénateur Power qui accompagnait
MacKenzie King au cimetière...
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON; Qui accompagnait MacKenzie King au cimetière, qui a
dit à M. King: « Ne vous en faites pas s'il a déjà
voté bleu, depuis qu'il est mort il vote rouge. » On sait ce que
ça veut dire.
M. LESAGE: Oui, mais, très bien, mais simplement,
évidemment, sur les remarques du chef de l'Opposition, je n'ai
absolument rien dit parce que j'ai compris qu'il faisait allusion au
sénateur Power et l'on sait l'esprit caustique, si l'on veut, du
sénateur Power qui est un homme qui a rendu d'immenses services à
son pays, un homme intelligent, professeur d'université maintenant, et
qui a été, pour mon honneur, mon associé senior dans mon
bureau d'avocat.
M. LE PRESIDENT: L'article 15.
M. JOHNSON: M. le Président, je pense que le premier ministre a
soulevé, très mal à propos, une question pareille. Depuis
quand est-ce déshonorant; ce n'est pas moi qui vous fais dire ça,
que d'être aidé par le sénateur Bouffard? Est-ce que c'est
un crime qui rend un député indigne de siéger dans cette
Chambre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, article 15.
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai...
M. JOHNSON: M. le Président, c'est le premier ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, sur une question de privilège,
sur un point d'ordre.
M. JOHNSON: ... c'est le premier ministre qui rabat le sénateur
Bouffard. ça n'a pas de sens d'attaquer ainsi un sénateur
libéral.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment. C'est le
député de Bellechasse qui a mentionné le nom du
sénateur Bouffard.
M. LOUBIER: C'est ça, c'est ça, je le
répéterai n'importe quand.
M. LE PRESIDENT: L'article 15 est-il adopté?
M. LOUBIER: C'est ça.
M. JOHNSON: Ce n'est pas injurieux; ça ne fait pas partie
de...
M. LESAGE: Je n'ai pas dit que c'était injurieux, j'ai dit que
c'était faux.
M. JOHNSON: M. le Président... M. LOUBIER: C'est vrai.
M. JOHNSON: C'est le premier ministre qui a invité le
député à porter une accusation en vertu de l'article
196,
UNE VOIX: Certainement.
M. JOHNSON: Et c'est une accusation de nature à rendre le
député contre qui elle est portée, indigne de
siéger dans cette Chambre.
UNE VOIX: C'est ça.
M. JOHNSON: Il serait donc indigne d'avoir été
délégué par le sénateur Bouffard, voyons donc.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M.JOHNSON: Le premier ministre depuis la scission de dimanche
dernier,
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... le premier ministre renie un peu vite ses anciens
amis.
M. LE PRESIDENT: Pour une dernière fois, je demande au
comité de revenir à cette...
M. JOHNSON: Je reviens, je reviens, et c'est très bref, M. le
Président, je trouve que l'action du gouvernement, relativement à
l'article 15 découle, d'abord, de ce complexe très connu, le
caprice du prince. Le premier ministre nous dit: la ville de Ste-Foy, par son
maire M. Carter, nous a averti que malgré des dé- marches
répétées, elle ne réussissait pas à obtenir
l'assentiment des autorités qui administrent le cimetière des
Juifs dans Ste-Foy, et j'ai rencontré dit le premier ministre, plusieurs
personnes de religion juive, qui m'ont dit que ça n'avait pas de sens.
Cette obstination, vous voyez, c'est tout simplement le hasard et le caprice de
quelques rencontres qui font que le gouvernement a décidé
à un moment donné que ça avait du bon sens. Cela en a
peut-être du bon sens d'élargir et de prendre s'il le faut le
cimetière juif. Mais la preuve n'est pas faite devant cette Chambre et
quand l'intérêt général le commande et comme l'a dit
le député de Trois-Rivières, quand il y a obstination de
la part des autorités qui administrent ces corporations de mainmorte, ce
qui n'est pas prouvé dans le présent cas, ni dans aucun des cas
mentionnés par le ministre, eh bien, s'il y a un impératif
d'intérêt général, on n'a qu'à apporter le
problème en Chambre et l'Opposition comprendra que le bien commun exige
telle chose. Deuxièmement cette loi participe au complexe du «
bulldozer » comme je l'appelle. C'est le complexe de ceux qui, une fois
déterminés à quelque chose, veulent écraser tout le
monde, veulent ériger leur décision, en dogmes. C'est clair,
c'est réglé, j'y ai pensé, ça a du bon sens, il
n'est pas nécessaire de faire la preuve. Passe le « bulldozer
» dedans, tasse les vivants, tasse les morts. Ça c'est le complexe
du gouvernement actuel, qui veut tout bousculer, non seulement les vivants,
mais même les morts. Il y a tout de même une limite, il faut, et
c'est là le rôle de l'Assemblée législative, il faut
mettre un terme à ce complexe, il faut ramener les autorités
à la réalité, comme dirait le député de
Trois-Rivières, ils veulent enterrer les vivants sous les dettes et
déterrer les morts.
M. LAPORTE: C'est bon, c'est bon.
M. JOHNSON: Ils sont, M. le Président, pressés, or il y a
des choses plus importantes, il est des principes qui doivent primer sur des
élargissements de rues, et sur des tracés de routes, est-ce qu'on
a eu des difficultés quand il s'est agi de l'église de
Pointe-aux-Trembles? Je ne le crois pas, est-ce qu'on a eu des
difficultés à Chomedey, je ne le sais pas, est-ce qu'on a eu des
difficultés à Acton dans le comté de Bagot, quand le
même cas s'est présenté il y a plusieurs années,
non, M. le Président, les autorités ont compris.
M. LAPORTE: C'est ça.
M.JOHNSON: Mais si on donne à un conseil municipal, et c'est
là l'argument qui n'a pas été soulevé, et que je
soumets au ministre pour sa réflexion, si on donne au conseil
municipal, dans une province comme la nôtre, qui, de par sa nature, est
pluraliste, par sa composition actuelle, et qui va l'être de plus en
plus, si on donne, dis-je, à l'autorité de la corporation
municipale ce pouvoir d'expropriation, je crois que l'on fait une brèche
à certaines libertés traditionnellement reconnues et certainement
incorporées dans les textes de loi de temps immémorial. Je pense
que le seul fait de donner ce pouvoir d'expropriation peut constituer, dans
certains cas, un bâton, un rondin qui créera du malaise et qui
aggravera un problème que nous avons actuellement dans la province
à divers échelons, le problème des relations entre le
pouvoir civil, et dans quelque cas, le pouvoir religieux.
Il ne s'agit pas seulement de cimetières, il s'agit
d'évêchés, plus tard il s'agira de maisons
d'éducation, on parlera de salles paroissiales. Il me semble que c'est
inutilement soulever des problèmes à ce présent stade, et
je demanderai au gouvernement de retirer cet article, il n'a certainement pas
été présenté après mûre
réflexion, ça a l'air de la législation
bâclée.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, cet article,
cet amendement est proposé après une réflexion de trois
ans.
M. JOHNSON: Trois ans?
M. LESAGE: Oui, depuis 1961, et après des discussions avec divers
groupes religieux, discussions strictement confidentielles entre le premier
ministre et des autorités religieuses. Les relations entre le
gouvernement actuel et les autorités religieuses, de quelle que religion
que ce soit, dans la province de Québec, sont excellentes.
M. JOHNSON: Tant mieux.
M. LESAGE: Et rien, aucune expropriation ne pourra avoir lieu, sans
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, ce qu'oublie toujours de
mentionner le chef de l'Opposition quand il critique l'amendement
proposé. C'est la responsabilité du lieutenant-gouverneur en
conseil, lequel lieutenant-gouverneur en conseil est responsable à la
Chambre.
M. GABIAS: Avez-vous des lettres?
M. LESAGE: Et en aucun temps, ce ne sont pas des choses qui se font par
lettres.
M. GABIAS: Bien voici, le ministère de l'Education avait des
lettres, pourquoi ne pas demander des lettres là-dedans?
M. LESAGE: Et en aucun temps, l'Opposition peut demander la production
de quelqu'arrêté en conseil qui puisse avoir été
adopté pour approuver une expropriation tel que prévu à
l'article 15.
M. JOHNSON: Le premier ministre affirme-t-il qu'il a eu des pourparlers
avec les autorités du cimetière juif de Québec?
M. LESAGE: J'ai eu, oui, et seulement les vieux se sont
opposés.
M. JOHNSON: Les autorités, il y a tout de même un conseil,
un groupe qui a le soin de décider, qui a le pouvoir de décider.
Y a-t-il eu des contacts formels, Ties conversations formelles, officielles
avec les gens en autorité, ou si ce sont seulement des rencontres
sociales avec le docteur untel, l'avocat untel, qui dit « ça n'a
pas de sens ce que le vieux rabin ne veut pas vous accorder... Et le premier
ministre dit: « C'est le caprice du prince, moi je trouve que ça a
du bon sens, inquiétez-vous pas ça va passer, je vous le promets.
Dans la province que j'ai l'honneur de diriger, et qui progresse sous le
gouvernement que j'ai l'honneur de diriger, on ne se laissera pas arrêter
».
M. LAPORTE: Il me semblait qu'il finirait par comprendre.
M. JOHNSON: Je ne savais pas que la perversion avait atteint ce point,
où on peut applaudir de tels propos de la part d'un premier ministre. On
n'est pas loin de la défaite quand on raisonne ainsi.
M. COURNOYER: Deux fois de suite dans deux ans.
M. JOHNSON: Et c'est un homme qui le sait qui vous avertit de ça.
Quand on est rendu à applaudir les propos d'un homme qui base toute sa
politique et sa législation sur le caprice du prince, c'est dangereux,
c'est le dernier glas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: M. le Président, pour ce qui est de mes relations avec
les autorités de la congrégation juive de Québec, je dois
dire que j'ai eu une correspondance personnelle et confidentielle.
Le 8 juillet 1961, le président de la Congrégation juive
me disait qu'il prenait l'affaire en considération. Le 21 août
1961, à la suite d'une nouvelle démarche de M. Carter, Noël
Carter, le maire de Ste-Foy, j'écrivais de nouveau à ce sujet au
président, de la Congrégation juive, et je n'ai jamais
reçu de réponse.
M. JOHNSON: M. le Président, je suis obligé de prendre la
parole du premier ministre, mais je...
M. LESAGE: Comment, j'ai le dossier devant moi.
M. JOHNSON: Moi, je ne l»ai pas. Je prends la parole du premier
ministre, mais j'ai de la misère à concilier ça avec la
théorie qu'il nous a expliquée l'autre jour. Quand il y a un
conflit entre deux corps publics, ou un corps public et des individus, je ne
les reçois pas, je ne m'en mêle pas...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette...
M. JOHNSON: ... je ne m'en mêle pas du tout, je ne veux pas voir
les parties, je ne veux pas les entendre...
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. JOHNSON: ... je ne veux juger « ex parte »...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: ... et là il a rendu jugement « ex parte
».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement. Ce que
j'ai déclaré c'est ceci: c'est que je ne recevais pas les
parties...
M. JOHNSON: Ah bon.
M. LESAGE: ... « ex parte ».
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a reçu Carter et la Congrégation
juive ensembles ?
M. LESAGE: Non, j'ai reçu des représentations
écrites...
M. JOHNSON: M. Carter, seul, c'est très bien.
M. LESAGE: ... de M. Carter, et j'ai écrit au président de
la Congrégation juive, et je n'ai pas reçu réponse de ce
dernier à ma lettre du 21 août 1961, dont j'ai envoyé copie
à M. Carter.
M. LE PRESIDENT: Article 15, adopté? M. JOHNSON: Les relations
sont excellentes. M. LESAGE: Il n'y a pas de difficulté. UNE VOIX: La
décision est prise.
M. JOHNSON: Est-ce que le premier ministre avait timbré sa
lettre.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Avec les services fédéraux, depuis quelques
années surtout là, il y a des lettres qui nous arrivent trois ans
en retard. Que le premier ministre patiente un peu, mais il ne pourrait pas
appeler la Congrégation du cimetière juif, est-ce qu'il ne
pourrait pas écrire une deuxième lettre et inclure une copie de
sa première? Mais non, une loi générale. Non, n'importe
où ailleurs que dans Québec, s'il y avait une presse alerte, et
des moyens d'informations alertes, un tel projet de loi soulèverait un
tollé, parce qu'il s'agit d'une question de principe extrêmement
sérieuse qui touche au fondement même de notre droit, tel que
traditionnellement interprété, et tel qu'édicté
dans des provisions qu'on met de côté, et qu'on met de
côté d'une façon...
M. LAVOIE (Laval): Désinvolte.
M. JOHNSON: ... M. le Président, d'une façon «
désinvolte », le notaire, député de Laval, m'a
arraché le mot.
M. LAVOIE (Laval): Je vous le remets.
M. JOHNSON: Et on le fait d'une façon que M. Pigeon ne peut
certainement pas approuver. On donne le pouvoir aux municipalités de
faire des choses qu'elles n'ont pas le pouvoir de faire en vertu de la
constitution.
M. LESAGE: Je m'excuse.
M. JOHNSON: Ce n'est pas malin ça! Je suis certain que M. Pigeon
n'a jamais approuvé ça. Autrement je fais une motion pour qu'on
lui coupe ses honoraires de $3,000 par mois. Il n'y a pas un avocat en cette
Chambre qui ne sait pas, et le député de St-Jacques est le
premier à
l'avoir soulevé, qu'on ne peut pas donner à la
municipalité le droit d'exproprier des édifices qui appartiennent
à la Reine, qui appartiennent au Fédéral, ou qui
appartiennent aux chemins de fer, ou qui sont de nature interprovinciale. Il
n'y a pas un avocat qui...
M. LAPORTE: Cette partie ne doit pas vous inquiéter?
M. JOHNSON: M. le Président, pourquoi faire des lois qui ne se
tiennent pas debout?
M. LAPORTE: C'est parce que vous vous trompez là comme
ailleurs...
M. JOHNSON: C'est qu'on a été pressé, on a
reçu des ordres pour que ça passe de même, et le ministre
défend ça, lui. Il défend ça bien mal.
M. LE PRESIDENT: L'article 15 est-il adopté?
M. LESAGE: Adopté.
M. JOHNSON: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
DES VOIX: Vote.
M. LE PRESIDENT: Article 16.
M. LAPORTE: L'article 16, M. le Président...
M. JOHNSON: Un instant.
M. LAPORTE: L'article 16, M. le Président, ce sont les
conditions, ou les procédures que l'on impose aux municipalités,
ou la protection que l'on accorde aux futurs expropriés en disant que la
requête...
M. JOHNSON: C'est bien le moins que l'on puisse faire.
M. LAPORTE: ... devra être signifiée à chacun des
propriétaires qui sera libre de soumettre toute opposition par
écrit au ministre des Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté?
UNE VOIX: Autrefois, ça ne se passait pas de même.
M. LAPORTE: C'est du droit nouveau.
M. BELLEMARE: Non, non. Autrefois, M. le Président, le conseil se
devait d'obtenir au préalable la permission du propriétaire.
M. LAPORTE: Mais vous parlez de quoi là?
M. BELLEMARE: « Le conseil ne peut non plus sans le consentement
du propriétaire ».
M. LAPORTE: Oui, mais ça on fait disparaîte ça
complètement.
M. BELLEMARE: Bon! On fait disparaître ça, mais je dis
qu'autrefois le conseil ne pouvait pas, sans le consentement du
propriétaire, exécuter, par exemple, un canal, une
chaussée du moulin ou de faire mieux détourner le cours d'eau.
Là maintenant, vous dites dans votre nouvel article « un avis
spécial de la requête aux fins d'obtenir dans les 30 jours doit
être signifié à chacun des propriétaires
intéressés et celui-là doit correspondre avec la
Commission des affaires municipales dans les 30 jours sinon tout est
bâclé ».
M. LAPORTE: C'est parce qu'on ne se comprend pas là, je pense.
Première chose, l'article 607 de la loi actuelle « le conseil ne
peut non plus sans le consentement du propriétaire nuire en aucune
manière à un canal ou à une chaussée de moulins ou
de manufactures ni de détourner le cours de l'eau alimentant un canal
». On fait disparaître ça,ça ne s'applique plus nulle
part dans une cité ou dans une ville, ce n'est plus
nécessaire.
M. BELLEMARE: Il y a encore certains moulins, des cours d'eau.
M. LAPORTE: Il n'y en a pas. Le code municipal, mais là on est
dans 234, cités et villes, ne s'applique plus nulle part, ça n'a
plus sa raison d'être. Alors ça, ça disparaît.
L'article que l'on met là ne remplace pas ou ne corrige pas l'article
607 actuel. Comme il faut ajouter-un article qui complète le droit
d'expropriation qu'on vient de discuter pendant une heure, étant
donné qu'il y a un article qui est absent on met un nouvel article 607
qui n'a rien à voir avec les moulins et puis les cours d'eau. Le droit
de l'expropriation d'un cimetière...
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LAPORTE: ... d'un édifice religieux sera soumis à la
procédure suivante: « un avis spécial de la requête
aux fins d'obtenir l'autorisation prévue à l'article 606 doit
être envoyé ». Alors
ça n'a rien à voir avec ce dont parle le
député. On fait disparaître ça, ce n'est plus
nécessaire. On utilise l'endroit qui est libre pour mettre un nouvel
article prévoyant une procédure pour que le cimetière ou
les membres de la corporation du cimetière ou de
l'évêché soient avisés et puissent faire leur
représentation en temps utile.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Oui, mais le ministre me permettra. C'est la première
fois qu'on procède ainsi dans la législation et il faudrait faire
attention de ne pas répéter ça, c'est peut-être une
erreur des légistes. On fait disparaître un article, on a raison
ou on n'a pas raison de le faire disparaître. Je ne discute pas du fond
du problème mais, ici, on avait l'air tout simplement d'inclure un
article sympathique qui découle, qui corrige un peu en tout cas
l'extraordinaire rigueur du pouvoir qu'on vient d'accorder aux
municipalités avec la permission du lieutenant-gouverneur en conseil et
ça aurait l'effet de surprendre les députés de cette
Chambre à moins qu'on soit aussi profond et aussi fouilleur que ne l'est
le député de Champlain. Alors, le ministre devrait demander
à ses conseillers ou à ses légistes de ne pas
répéter cette façon que je vois pour la première
fois dans la législation depuis que je suis à la Chambre.
Quant à l'article 17, M. le Président, est-ce qu'il y a eu
une interprétation restrictive du mot « matériaux »
au point où on sent le besoin maintenant d'inclure, de spécifier
quel matériel?
M. LAPORTE; Oui c'est parce qu'il y a eu des cas, par exemple, où
l'on a acheté des milliers de gallons d'huile, on a dit: « Ce ne
sont pas des matériaux » alors on veut inclure tout ce que la
municipalité peut donner comme contrat, achat d'ameublements, achat
d'huile, achat de gazoline. Alors c'est pour compléter pour qu'on ne
puisse pas dire en s'appuyant techniquement sur le sens d'un mot.
M. JOHNSON: C'est d'accord. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Qualification qui est bienvenue. Mais est-ce qu'en bas de
$10,000 on n'exige pas des soumissions?
M. LAPORTE: Non, bien il y a un grand nombre de municipalités qui
le font de toute façon. La cité de Montréal, par exemple,
s'impose à elle-même sa limite. C'est $10,000. Mais, elle s'impose
jusqu'à $5,000 des soumissions publiques mais nous ne les exigeons pas
en bas de $10,000.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 18.
M. DOZOIS: M. le Président, l'article 18, je n'ai pas d'objection
à ces articles cependant je trouve qu'on les situe mal dans la loi des
cités et villes.
M. LAPORTE: Qu'on quoi?
M. DOZOIS: Qu'on les situe mal dans la loi des cités et
villes.
M. LAPORTE: Vous aimeriez les placer où?
M. DOZOIS: Bien, voici, M. le Président, l'article 474 porte
précisément sur des choses de cette nature et le sous-titre
d'ailleurs dit ceci: « De l'aide à la construction, à
l'amélioration et à l'entretien d'entreprises ou travaux publics
étrangers à la municipalité. « Le conseil peut faire
des règlements pour aider au moyen de deniers donnés ou
prêtés à la construction, aux réparations et
à l'entretien d'un chemin conduisant à la municipalité,
d'un pont ou d'un ouvrage public sous la direction de la corporation d'une
municipalité. »
Et deuxièmement. « Ils peuvent louer à une autre
municipalité des machines, des concas-seurs de pierre etc.. »
Alors, je trouve que ce serait beaucoup mieux pour ces deux articles que l'on
veut placer à 609-G et 609-H qu'on les place après 474 et que ce
soit 474-A et 474-B et on n'aura même pas, à mon avis, la peine de
changer le sous-titre à la page 387 dans le volume de la Loi des
cités et villes. Parce que là, on aurait tout dans le même
chapitre si l'on veut, tous les articles qui concernent des contrats ou des
travaux avec une autre municipalité.
M. LAPORTE: Je n'ai pas d'objection à ça.
M. DOZOIS: Il me semble que ce serait beaucoup mieux.
M. LAPORTE: Alors je suis disposé à accepter la suggestion
du député de St-Jacques de placer comme 474-A...
UNE VOIX: A- B- C-?
M. DOZOIS: Non, 474-A et 474-B.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il existe actuellement?
M. DOZOIS: Non.
M. LE PRESIDENT: Une minute, on voudrait savoir si...
M. BELLEMARE: Maintenant, M. le Président, si ça va
à 474-B et 475 qui dit: « Tout règlement passé en
vertu des paragraphes 4-5 de l'article 474 doit, avant d'entrer en vigueur et
en effet, avoir été approuvé par les électeurs
propriétaires et le lieutenant-gouverneur en conseil. »
M. LAPORTE: Mais ça n'affectera pas ça.
M. LE PRESIDENT: Il faudra que ce soit ajouté.
M. BELLEMARE: Bien.
M. LE PRESIDENT: Cela ne dérange pas. Alors on dira: «
Ladite loi est modifiée en insérant après l'article 474
les articles suivants:... »
M. DOZOIS: 474- A, 474-B. Avant de terminer ce bill, M. le
Président, est-ce que le ministre des Affaires municipales a eu le temps
de regarder l'article 392 que je lui ai signalé cet
après-midi?
M. LAPORTE: Non, on va faire ça...
M. DOZOIS: Il préfère une correction par le Conseil
législatif s'il y a lieu.
M. BEDARD (président du comité plénier): Article 19
adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le
comité a adopté avec des amendements le bill No 41.
M. HYDE (président): M. Laporte propose que les amendements
soient maintenant lus et agréés. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée. Troisième lecture?
M. JOHNSON: A la prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: A la prochaine séance. M. LESAGE: Le
comité des subsides.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. JOHNSON: M. le Président, ça nous éviterait de
soulever le problème demain par exemple, au début de la
séance, c'est pour ça que j'apporte ici cet
élément. Le ministre me dira si oui ou non il veut
répondre.
D'après les journaux d'aujourd'hui, M. Smallwood aurait pris et
le titre se lit comme ceci: « Jos Smallwood prend Jean Lesage à
parti. » Cela commence à être grave.
UNE VOIX: Ce n'est pas possible!
M. JOHNSON: Et la nouvelle, évidemment, contredit une information
que cette Chambre avait reçu de la part du premier ministre. C'est une
nouvelle datée de Londres, et de la Presse canadienne: « Le
premier ministre de Terre-Neuve, Joseph R. Smallwood a déclaré
hier qu'il était au courant d'un débat survenu à la
Législature du Québec la semaine dernière concernant la
distribution via Terre-Neuve de l'énergie électrique qui
proviendra des chutes Hamilton. Je trouve surprenant, dit-il, que le premier
ministre du Québec se soit aventuré à parler pour le
premier ministre de Terre-Neuve...
M. LESAGE: M. le Président... M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. JOHNSON: ... sans aucune forme de consultation et de communication.
»
M. LE PRESIDENT: Est-ce sur l'article 6?
M. LESAGE: Quand le chef de l'Opposition m'a-t-il posé la
question là-dessus?
M. JOHNSON: C'est jeudi ou vendredi. M. Smallwood dit donc: «
C'est surprenant que le premier ministre du Québec ce soit
aventuré à parler pour le premier ministre de Terre-Neuve sans
aucune forme de consultation ou de communication ». M. Smallwood a
ajouté: « Le premier ministre de Terre-Neuve se considère
d'habitude tout à fait compétent pour parler
en son propre nom ». Et là où ça rejoint le
ministre des Richesses naturelles qui a déjà fait un
énoncé dans cette Chambre à l'effet contraire, le premier
ministre de Terre-Neuve a confirmé que le gouvernement, son gouvernement
a demandé à une société britannique de
s'enquérir de la possibilité de transmettre de l'énergie
électrique qui serait produite aux chutes Hamilton, aux états de
la Nouvelle-Angleterre via Terre-Neuve et Nouvelle Ecosse.
M. Smallwood a déclaré au cours d'une entrevue qu'une
firme britannique « Priest, Cardo and Ryder » de Londres a
déjà donné un rapport préliminaire disant que la
transmission de l'énergie via Terre-Neuve était à la fois
faisable et économique.
M. RENE LEVESQUE: Sur ce point-là, je n'ai rien à ajouter
à ce que j'ai déjà dit.
M. JOHNSON: « Nous attendons, maintenant, dit-il le rapport
définitif. M. Smallwood part aujourd'hui pour le Moyen-Orient à
la suite évidemment du ministre des Affaires municipales, où il
prendra des vacances d'une semaine. Il doit rentrer au pays au milieu du mois.
Je confirme les déclarations déjà faites publiquement
voulant que le gouvernement de Terre-Neuve ait demandé à la
«Canadian Javelin Limited» d'agir comme son agent dans la vente de
gros volume d'énergie hydro-électrique aux états de la
Nouvelle-Angleterre dit-il ».
Alors, il semble que cette nouvelle contredit ce qui avait
été déclaré dans cette Chambre et par le premier
ministre et par le ministre des Richesses naturelles. C'est probablement la
meilleure occasion de tirer l'affaire au clair.
M. LESAGE: Oui, je vais la tirer au clair, je l'ai déjà
tirée au clair d'ailleurs avec les journalistes, ce midi, alors qu'ils
m'ont questionné. Si on me permet de faire un peu la Genèse de
toute cette histoire on peut référer à la page 4265 du
« Journal des débats ». C'est la séance du jeudi, 2
juillet.
Question de M. Johnson: « M. le Président, il me semble que
le gouvernement de Terre-Neuve aurait placé la compagnie Javelin dans le
rôle de propriétaire de ses intérêts dans les chutes
Hamilton! » C'était la question du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Si, si.
M. LESAGE: Ce n'est pas moi qui l'ai inventée, c'est à
cette question-là que j'ai répondu.
M. JOHNSON: Oui, oui, basée sur la nouvelle de « The
Gazette ».
M. LESAGE: « Les nouvelles annoncées, entre autres par un
journal sérieux au point de vue financier, le journal « The
Gazette », sont titrées comme suit: « Javelin into new role
as power développer »...
Il y a eu quelques incidences...
M. JOHNSON: Interruptions, comme d'habitude.
M. LESAGE: ... et j'ai dit: « Je ne vois pas beaucoup comment le
gouvernement de Terre-Neuve pourrait vendre à M. Doyle c'est
Canadian Javelin ça des intérêts qui sont
déjà loués pour 99 ans à la British Newfoundland
Corporation, et je puis dire que j'ai causé avec le président de
Brinco évidemment, je ne cite plus là, j'abrège
que j'ai causé avec le président de Brinco, ce matin. S'il
avait été vrai qu'une partie de ces intérêts dans
les chutes Hamilton avait été vendue à Canadian Javelin
dont le président, je crois, est M. Doyle, il l'aurait su et il me
l'aurait dit, surtout étant donné la nature de la conversation
que nous avons eue ensemble ». C'est ça.
Je ne sais pas ce que les journaux de Terre-Neuve ont
répété. Je n'en ai aucune idée. Qu'est-ce qui a
été rapporté à M. Smallwood, je l'ignore
complètement. Cependant, ce midi, des journalistes de la Canadian Press,
entre autres, ont attiré mon attention sur une protestation de M.
Smallwood, que je n'ai pas devant moi et que je n'ai pas très bien
comprise, qui n'avait absolument rien à faire, ... qui venait de
Londres...
M. KIERANS: London, England.
M. LESAGE: London, England. qui venait de Londres, Angleterre et
à laquelle je n'ai rien compris parce que ça ne reflétait
aucunement, ça n'avait aucun rapport avec la déclaration que
j'avais faite en réponse à une question précise du chef de
l'Opposition. Les journalistes m'ont questionné, ce midi, et j'ai
répondu ceci et je lis le Soleil de ce soir.
Le premier ministre Jean Lesage a dit ce midi qu'il se peut que
Terre-Neuve ait confié à Canadian Javelin Limited une
étude sur le transport d'énergie des chutes Hamilton aux
Etats-Unis, via les maritimes, « J'ai ajouté via
Nouvelle-Angleterre, mais on ne l'a pas é-crit. » Les
études ne changent pas les droits a-t-il ajouté, et Terre-Neuve
comme nous, peut faire faire toutes les études qu'elle désire,
c'est clair. Il a dit qu'il ne voulait pas entrer-écoutez je lis
là au fur et à mesure, ça vient de m'être
présenté, - qu'il ne voulait pas entrer dans les détails
de l'entente intervenue entre Brinco...»
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y a un bout de censuré?
M. LESAGE: Non, non, je lis tout mais je cherchais la
référence; « entre Brinco et Terre-Neuve. Jeudi dernier, M.
Lesage a dit que s'il avait été vrai qu'une partie des
intérêts de Terre-Neuve dans les chutes Hamilton avait
été vendus à Canadian Javelin, il l'aurait sans doute su,
au cours des entretiens qu'il avait eus le matin même avec le
président de Brinco, M. Robert Winters ». C'est tout, il n'y a pas
de mystère.
Quant aux conditions du contrat, ou de la législation
plutôt, je crois que c'est une législation que le gouvernement de
Terre-Neuve a adopté pour louer ses richesses naturelles au Labrador, ou
une partie de ses richesses naturelles, à Bristish Newfoundland
Corporation, évidemment je l'ai dit aux journalistes, mais ça n'a
pas été répété ici, je n'ai aucune opinion
légale à donner sur le sujet.
M. JOHNSON: Quant à la partie qui concerne le ministre des
Richesses naturelles.
M. RENE LEVESQUE: Comme je n'ai pas la référence au
« Journal des débats » pour l'instant, je me contente de
dire que je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai déjà
dit. Et je suppose que M. Smallwood n'a rien à ajouter non plus, il
répète ce qu'il a déjà dit.
M. JOHNSON: Mais personne, ni M. Smallwood, ni les ministres qui sont
dans cette Chambre, n'ont répondu à la question que j'avais
posée: « Est-ce que ces transactions pour la transmission d'une
partie du pouvoir, d'une partie des kilowatts développés,
concerne cette partie au sujet de laquelle on négocie pour...
M. LESAGE: On ne le sait pas.
M. JOHNSON: ... le transport à travers la province de
Québec ? »
M. RENE LEVESQUE: On n'est pas dans les secrets de M. Smallwood, M.
Doyle,...
M. LESAGE: On ne le sait pas ensemble. M. RENE LEVESQUE: ... on ne
saitpas.
M. JOHNSON: Nous non plus.
Depuis dimanche vous avez moins de raisons à part ça.
Depuis la séparation de corps, sans la séparation de biens.
M. LESAGE: M. le Président, ça n'a absolument rien
à faire, le fédéral n'est aucunement intervenu...
M. JOHNSON: Non, mais ça peut choquer M. Smallwood.
M. LESAGE: Le fédéral n'est aucunement intervenu dans les
discussions que le ministre des Richesses naturelles et moi même avons
eues avec les officiers de la British Newfoundland Corporation. Pardon?
M. LE PRESIDENT: Le budget du ministère nous avions adopté
5 du budget principal, je me demande si on ne devrait pas adopter 5 du budget
supplémentaire.
M. LESAGE: Est-ce que le chef de l'Opposition veut tout adopter?
M. GABIAS: Pas tout de suite. M. JOHNSON: Non, mais.
M. LE PRESIDENT: 5 le budget supplémentaire on devrait le
discuter immédiatement. « Direction générale du
Nouveau Québec, plus $50,000 au budget supplémentaire. Les
détails à la page 17.
M. JOHNSON: Mais d'où vient ce besoin d'un montant additionnel de
$75,000,000?
M. RENE LEVESQUE: A quelle place ça, à l'article 4?
M. JOHNSON: Article 4 oui.
M. RENE LEVESQUE: Bien essentiellement ça vient de un, de deux ou
trois engagements dont un directeur de service important, aux sous item
traitements et salaires, et la somme de$50,000 est un budget spécial qui
a été voté par suite de l'accord intervenu avec les
compagnies et le syndicat impliqué dans les mises à pied de
Thetford Mines.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président est-ce que je pourrais
demander au ministre des Richesses naturelles ou en sont rendues les
négociations-là avec les mineurs de Thetford Mines et les mises
à pied?
M. RENE LEVESQUE: Bien pour enchaîner avec ce que je viens de
dire, le gouvernement avait promis, et c'est inscrit ici au budget, sa
contribution, conjointement avec les compa-
gnies, c'est-à-dire une compagnie, l'Asbestos Corporation, qui
verse également $50,000, la CSN, la Confédération des
syndicats nationaux, la Fédération de l'amiante essentiellement
qui verse $25,000, et les deux villes de Thetford et de Black Lake qui,
conjointement, séparant le quota, fournissent $10,000. Le tout formant
une somme de $135,000 pour les six prochains mois, ç'a commencé
en juillet, il y a eu quelques assemblées préliminaires, et
ç'a commencé à fonctionner après une
assemblée qui a eu lieu a Thetford que j'avais annoncée en
Chambre en réponse d'ailleurs à une question, non cette fois
à une question du député de Mégantic.
Et premier rapport, ç'a commencé à fonctionner donc
a la fin de juin, la première série de mises à pied a eu
lieu presque immédiatement après cette assemblée que nous
avions tenue à Thetford-Mines à l'hôtel de ville, avait
lieu le même jour en fait, 19 juin, je crois, le même jour
exactement. Alors, il a été décidé à ce
moment-là qu'on formait une compagnie qui s'appelle officiellement la
Société de reclassement des mineurs de Thetford, parce que
ça paraissait un outil plus souple. Cette compagnie a
immédiatement fourni, confié l'essentiel du travail à un
tout petit groupe dont l'animateur est M. Maranda de Québec; M. Maranda
étant directeur des opérations de cette
Société.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que c'est lui qui représente le
gouvernement?
M. RENE LEVESQUE: Non, non. M. Maranda a été engagé
grâce à la générosité, parce qu'il faut bien
le dire, du Conseil des oeuvres du diocèse de Québec dont il est,
je crois, l'homme-clé ici à Québec, mais il a une longue
expérience qu'il a eue dans les questions de vétérans, de
reclassement des anciens combattants, des handicapés aussi, une
expérience extrêmement précieuse.
Le Conseil des oeuvres a accepté de le prêter quelques
jours par semaine, assez régulièrement, trois jours par semaine,
je crois, pendant les mois qui viennent, et Il a pris la charge du tout petit
bureau que ça implique parce que ce n'est pas une société
de bienfaisance ou de secours direct. Cela existe ces organismes-là, ce
n'est pas non plus directement un bureau de placement, c'est quelque chose qui
est pour nous l'élaboration, le début de l'élaboration au
moins dans le domaine des mines où ça arrive si souvent, puis
espérons que ça pourra peut-être servir à d'autres
et se généraliser, l'élaboration d'une nouvelle formule
dont d'autres pays ont fait l'expérience qui est quelque chose qui
ressemble à une bourse du travail au moins pour ce coin-là.
C'est-à-dire que les patrons, les syndicats et le gouvernement,
l'autorité publique, travaillent ensemble; on avait déjà
parlé de ça en Chambre ici, travaillent ensemble à
prospecter tous les marchés possibles, à aider au
déménagement, aux besoins, à la rééducation
au moins minimum technique des travailleurs mis à pied.
Alors, dès le 20 juin ou le 21 juin, ils ont commencé
à fonctionner à Thetford dans les locaux que la ville a
loués, loués ou prêtés, je ne sais pas là,
à la Société en question; M. Maranda a pris charge des
travaux et j'ai une lettre du 3 juillet qui prouve qu'ils ne perdent pas leur
temps et qui donne une idée de ce que peut donner, je crois, en
pratique, une formule comme celle-là: Le rapport préliminaire des
activités du 22 juin au 3 juillet 1964. Personnes qui ont accepté
un emploi, soit à l'Hydro-Québec, soit à Cartier Mining ou
à Patino Mining, qui ont été orientées vers ce
bureau de reclassement où tout a été centralisé:
50. Personnes intéressées à la formation professionnelle
pour reclassement technique et il a été entendu que
l'école technique pourrait fournir, elle est fermée
l'été, pourrait fournir des cours aussitôt qu'il y
aurait un nombre suffisant: 15. Déménagement: 4 aux Etats-Unis, 5
dans la province, total, 9. Personnes handicapées aidées par des
conseils: 3. Sur un total de 160 donc des mises à pied. Et ça
c'était quand même en moins de deux semaines et ils continuent
à travailler, ce qui ne veut pas dire que là encore on
règlera tous les problèmes, mais je crois que la formule valait
la peine d'être essayée, on espère que ça va
continuer à fonctionner.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, en fin de semaine, je voyais
justement quelqu'un, je n'ai pas pu avoir tous les renseignements que j'aurais
voulu avoir à cet effet-là, j'espère les avoir d'ici la
fin de semaine. On me dit que pour avoir des avantages quelconques du Service
de placement à cet effet, ça prenait un petit papier
spécial. Pourriez-vous me dire, M. le Ministre, s'il y a des conditions
spéciales pour avoir de l'aide du Service de placement?
M. RENE LEVESQUE: Je ne sais pas ce que le député entend
par un petit papier. La seule chose, quelle sorte de petit papier, je ne
comprends pas?
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, on dit que ça prenait
un papier du député du comté.
M. RENE LEVESQUE: Ah, c'est complète-
ment faux, il n'est même pas représenté sur la
compagnie, seulement forcément ça fait partie de notre tradition,
il faut qu'on dise ça, je suppose. Ce n'est pas le député
que je blâme, ce sont ceux qui inventent, mais enfin ça fait
partie de nos plus belles traditions, celles dont j'espère qu'on va se
débarrasser le plus vite possible.
Le député n'est même pas représenté,
le député est lui-même un mineur qui est encore assez
actif, je crois, qui fait partie de son syndicat, s'il se faisait prendre
à faire des choses semblables, c'est le syndicat qui le crucifierait
dans son coin; je suis sûr qu'il ne le fera pas.
Maintenant, les papiers qui peuvent être impliqués, en
réalité, sont peut-être quelque chose comme ceci. C'est
qu'il a été entendu, je le répète, que c'est une
société de reclassement pour les mineurs, et c'est d'autant plus
justifiable que la C.S.N. qui représente ces mineurs paie
elle-même $25,000 pour cette société-là, alors il
est entendu que ce sont eux qui ont la priorité, et il peut arriver
qu'il y ait des gens, et qu'il soit nécessaire de donner un papier dans
le sens que c'est vraiment un des mineurs qui ont été mis
à pied, qu'il y ait d'autres gens qui peuvent être des cas
méritants, des cas de misère même, ou des cas de
chômage prolongé, mais qui ne sont pas impliqués dans cette
opération-là, qui a été créée, mise
sur pied et mise en marche, uniquement pour ces mineurs du syndicat ou des
syndicats, des unités de négociation, impliqués dans les
fusions des compagnies Asbestos et Johnson.
Il est question tout de même qu'on puisse s'occuper de mineurs
aussi qui ont été mis à pied avant. Aussitôt qu'on
aura fait le maximum, il est possible, sur les cas de mise à pied du
mois de juin, mais ça, ce sera d'accord avec le syndicat
lui-même.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Ministre, j'ai été
réellement surpris d'apprendre cette affaire-là en fin de
semaine, c'est pour ça que je voulais avoir d'autres détails, et
si j'ai d'autres détails à cet effet, je tiendrai le ministre au
courant.
M. RENE LEVESQUE: D'accord, j'aimerais bien en avoir, mais...
M. LAVOIE (Wolfe): Je n'ai rien cru jusqu'ici, seulement je voulais
mettre le ministre au courant, si j'ai des détails sérieux
à cet effet-là, je le mettrai au courant.
M. RENE LEVESQUE: D'accord.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que M. le Ministre pourrait nous mettre au
courant, qui représente le gouvernement dans cette
affaire-là?
M. RENE LEVESQUE: Je vais vous donner la liste, si le
député veut l'avoir, la liste des membres de la Corporation,
puisqu'il a fallu faire une corporation, elle comporte, enfin ou va
reconnaître qui y sont, puis je m'excuse, tiens, je viens de voir M.
Emilien Maheux, mais vous allez voir comme il est bien entouré.
M. JOHNSON: Est-ce que M. Maheux est dans la corporation?
M. RENE LEVESQUE: Il est dans la corporation, il n'est pas dans
l'exécutif par exemple.
M. JOHNSON: Mais tantôt...
M. RENE LEVESQUE: Je suis obligé de modifier ma réponse de
tout à l'heure.
M. JOHNSON: Alors, le ministre se déchoque?
M. RENE LEVESQUE: Non, je ne me déchoque pas, parce que ça
reste quand même une invention absolument invraisemblable. M.Auger,
sous-ministre des Richesses naturelles, M. Arthur Tremblay, sous-ministre de
l'Education, M. Marier et M. Bélanger du ministère des Richesses
naturelles, M. Magnan, du ministère du Bien-Etre Social, M.
Côté, du ministère des Richesses naturelles, M.
Trépanier, maire de la ville de Thetford Mines, M. Poiré,
secrétaire trésorier de Thetford Mines, M.Roy, maire de la ville
de Black Lake, M. Hébert, secrétaire trésorier de Black
Lake, M. Marchand, président de la C.S.N.
M. JOHNSON: Est-ce que ce ne sontpas les gens qui assistaient à
une assemblée ça, plutôt que les membres de la corporation?
'
M. RENE LEVESQUE: Pardon?
M. JOHNSON: Est-ce que ce ne sont pas plutôt les présences
à une assemblée, ou si réellement tous ces gens-là
sont membres de la corporation?
M. RENE LEVESQUE: Ce sont également les membres fondateurs, parce
qu'il y a eu une assemblée générale, le chef de
l'Opposition demandera au conseiller juridique qui était, je crois,
celui de la ville, à quel moment l'as-
semblée initiale a fini et l'autre assemblée, enfin vous
savez ça mieux que moi je suppose, à quel moment, là, dans
la procédure, ça c'est transformé en la deuxième
assemblée. En tout cas, c'est à la fois ceux qui étaient
les fondateurs et qui étaient présents à cette
assemblée de fondation.
M. JOHNSON: Bon.
M. RENE LEVESQUE: M. Aldred, M. Marcotte, M. Mooney de 1'Asbestos
Corporation, M. Arsenault et M. Larose du conseil des oeuvres diocésain,
M. Larose, un autre M. Larose du ministère de l'Education, M. Dionne de
la C.S.N. et celui qui vous parle, et c'est tout.
Ensuite, le conseil d'administration, d'administrateurs, là on
passait à la deuxième assemblée, et ça ce sont les
membres des six prochains mois, c'est ce que, je crois, voulait dire le chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: Oui.
M. RENE LEVESQUE: M. Pierre Côté, du ministère des
Richesses naturelles, M. Marcotte de la compagnie Asbestos Corporation, M.
Dionne, du Syndicat, et M. Larose du Conseil des oeuvres, et qui forment
maintenant l'exécutif.
M. Mooney, M. Marchand de la CSN M. Mooney de 1'Asbestos, M.
Trépanier de la ville de Thetford, M. Roy, d'une autre ville, de Black
Lake, M. Larose, du ministère de l'Education, M. Magnan du Bien-Etre
social et M. Jacques Arseneault, c'est le dernier, président du Conseil
des Oeuvres. Ils ont deux officiers, non membres du conseil, qui sont, comme
trésorier, M. Lessard, assistant-gérant de la Caisse populaire de
Thetford et M. Raymond Maranda, que j'ai déjà nommé, qui
est directeur et en même temps secrétaire, et surtout qui fait la
direction des opérations.
M. JOHNSON: Si M. Maranda n'y va que quelques jours par semaines, qui
assure la permanence?
M. RENE LEVESQUE: Trois jours. Il y a trois officiers qui fonctionnent,
qui sont les officiers d'exécution, M. Maranda, qui préside,
à toutes fins pratiques, à tous les travaux importants et M.
Marcotte qui a été prêté par la compagnie, mais dont
le salaire pendant ce temps-là est payé par la
société pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté dans son
rôle des quelques prochains mois et M. Lessard qui était du
syndicat. Je vais vérifier pour être sûr. M. Lessard, M.
Perron prêté par la compagnie, mais qui est en fait un
employé pendant les mois qui viennent, du groupe, M. Lessard du syndicat
et ex-syndicaliste, c'était temporairement, et Mme Roy qui est une
secrétaire qu'il a fallu engager.
M. LAVOIE (Wolfe): Avez-vous dit M. Marcotte, M. le ministre?
M. RENE LEVESQUE: Non, M. Marcotte qui était l'officier de la
compagnie et de l'exécutif qui se réunit une fois par trois
semaines à peu près, pour ratifier et en même temps suivre
le travail. Parmi les employés qui font le travail au jour le jour, il y
en a trois qui sont: M. Maranda, le directeur, M. Perron qui était au
personnel de la compagnie et qui est passé à cette
société et M. Lessard qui était au syndicat de la
Johnson's je crois, et une dame Roy qui a été engagée
là-bas comme secrétaire.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que ces gens-là vont s'occuper
seulement des gens qui vont être mis à pied ou s'ils vont
s'occuper d'autres problèmes?
M. RENE LEVESQUE: Non, encore une fois, je répète au
député ce que j'ai dit tantôt, ça été
payé en partie par les syndicats de la CSN, donc, étant
eux-mêmes actionnaires de cette compagnie qui a six mois d'existence
assurée, et dont le travail doit être très intense et de
coordination de tout ce qu'il y a moyen de faire pour ces gens-là, et
comme c'est la CSN qui paie, il est entendu que la priorité absolue
c'est à ses membres victimes des mises à pied, entre autres celle
du mois de juin, celle qui va venir au mois d'août et puis si
après, ça vaut le coup et qu'il reste du temps et qu'il y a des
possibilités, et qu'il reste de la substance aussi, on pourra s'occuper
des mineurs qui ont été, enfin, il est question de s'occuper des
mineurs qui ont pu être mis à pied, enfin il y en a eu
quelques-uns entre le mois de janvier et le mois de juin, mais il faut que ce
soit réservé jusqu'à nouvel ordre aux membres du syndicat
qui paient pour.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est correct.
M. JOHNSON: Le ministre a-t-il dit que la part de la province
était de?
M. RENE LEVESQUE: $50,000, c'est le budget supplémentaire.
M. BELLEMARE: C'est marqué services professionnels.
M. RENE LEVESQUE: Honoraires professionnels et autres dépenses,
mais $50,000 est un bloc, je ne sais pas pourquoi on a mis honoraires
professionnels? Apparemment, c'est la formule classique.
M. JOHNSON: Est-ce que je pourrais poser ma question?
M. RENE LEVESQUE: Je m'excuse.
M. JOHNSON: Très bien. Est-ce que la corporation en question
transige avec l'Hydro directement quand il s'agit de placer un employé
ou si cette corporation passe par la filière, au moins théorique,
des bureaux de placement provinciaux.
M. RENE LEVESQUE: Bien, le chef de l'Opposition se souvient que c'est
quelques jours avant seulement, ça faisait longtemps que c'était
demandé, bien longtemps, quelques semaines au moins que c'était
demandé, mais c'est quelques jours avant seulement que le ministre du
Travail a pu annoncer que le bureau de placement provincial de Thetford
était ouvert. Alors, forcément, ça passe par le bureau de
placement, c'est inscrit au bureau de placement les disponibilités, mais
on a cru sage et je crois que c'était vraiment sage, c'est une des
raisons pour lesquelles il y a une cinquantaine d'emplois très
rapidement qui ont été acceptés par les mis à pied
de Thetford, dont la majorité à l'Hydro. On a cru sage, dis-je,
de faire venir M. Maurice Bélanger, un des agents de personnel qui
connaissent le mieux les problèmes des chantiers pour expliquer
conjointement, je suppose, avec le représentant du bureau de placement,
ce que l'Hydro offrait, quelles étaient les conditions, etc. Cela s'est
fait conjointement.
M. JOHNSON: Quand le ministre mentionne le mot « corporation
», est-ce que cela implique qu'elle a une charte, qu'elle a des lettres
patentes en vertu de la partie 3, je présume.
M. RENE LEVESQUE: Oui, vous présumez exactement.
M. JOHNSON: Quels sont ses pouvoirs corporatifs spécifiques
là? C'est intéressant comme expérience.
M. RENE LEVESQUE: Ces très simple.
M. JOHNSON: Cela mérite d'être suivi.
M. RENE LEVESQUE: La corporation a pour but: la société de
reclassement des travailleurs de l'amiante. Le 17 juin 1964, ça doit
paraître dans la « Gazette Officielle » ces histoires
là. Alors je vais résumer le plus. Son siège social est
à Thetford Mines. Ses buts...
M. JOHNSON: On ne publie pas les pouvoirs au long.
M. RENE LEVESQUE: La corporation a pour but, bien comme je connais plus
ou moins ces formules-là, je vais lire ce qui me paraît
intéressant et le chef de l'Opposition m'arrêtera si ça lui
paraît assez.
La corporation a pour but: lo. De venir en aide aux travailleurs de
l'amiante mis à pied dans les régions de Thetford Mines et Black
Lake et plus particulièrement de veiller à leur
réadaptation et à leur réorientation dans le domaine du
travail: 2o. De travailler en collaboration avec tous les organismes
municipaux, provinciaux et fédéraux dont le but sera d'aider les
travailleurs remerciés de leur service, etc: 3o. D'administrer les biens
et argents confiés dans le but d'aider les travailleurs mis àpied
et leur famille par suite de cette fusion: 4o. Dans ce but d'aide, accepter
tout don, subvention et donation. Elle ne peut pas acquérir, ni
posséder des biens immobiliers.
Les pouvoirs que le chef de l'Opposition voulait?
M. JOHNSON: Non, j'ai des buts spécifiques, c'est assez.
M. RENE LEVESQUE: Pardon?
M. JOHNSON: Le ministre nous a lu des buts principaux.
M. RENE LEVESQUE: Cela me paraît l'essentiel. A part ça il
n'y a pas grand-chose.
M. JOHNSON: Est-ce que ça se limite, en somme, à
recommander au bureau de placement, à dire au bureau du placement;
« Bien voici un mineur qui tombe dans cette catégorie, de mineurs
déplacés et qui devrait avoir une priorité » ou si
on va aussi faire de l'assistance directe. Evidemment, je comprends aussi qu'on
veuille utiliser les autres agences qui fonctionnent déjà et
quand ce sera un cas de pension, on le réfèrera aux pensions.
Est-ce juste un comité d'orientation? Le ministre comprend par cette
série de questions que j'aimerais à avoir une idée
précise du rôle qu'on attend.
M. RENE LEVESQUE: En fait, ce que le
chef de l'Opposition veut savoir c'est s'il s'agit de la poudre aux yeux
ou bien si on essaie de faire quelque chose de sérieux.
M. JOHNSON: Non, bien...
M. RENE LEVESQUE: Aussi bien d'arriver à la question
sérieuse tout de suite.
M. JOHNSON: ... le ministre tombe dans son vieux défaut alors
qu'il était à la télévision et puis à la
radio.
M. RENE LEVESQUE: Non, non, j'essaie d'épargner du temps.
M. JOHNSON: Au contraire je veux savoir et je pense que la province est
intéressée à savoir exactement où ça se
situe dans toute cette gamme, cet éventail des agences que nous avons
déjà,
M. RENE LEVESQUE: Bien donner un exemple, enfin si on regarde juste
rapidement j'ai des minutes ici, on peut peut-être commencer par un ou
des exemples. Prévisions budgétaires, alors sur $135,000 à
peu près pour les six prochains mois, il y a une assemblée qui
vient d'avoir lieu au début de juillet et où on avait mis les
choses en ordre. Il est prévu $13,000 pour six mois, $13,000 de salaire
possible, $550, $250, $3,000, $1,000 et $2,000 pour tous les autres frais et
$115,000 sur $135,000 pour aide financière.
Donc il s'agit de quelque chose dont « L'overhead » si le
chef de l'Opposition me permet cette expression, a été
réduit au strict minimum pour que l'argent puisse servir utilement. Le
travail essentiel c'est celui-ci qui d'abord est de faire travailler ensemble,
d'impliquer à chacun sa responsabilité au lieu d'engueulades qui
ne mènent nulle part en disant: « C'est la faute de la compganie,
le syndicat ne s'est pas occupé de ses affaires, etc... » de
créer quelque chose qui s'est fait ailleurs mais qui n'avait pas
été fait ici, un truc tripartite, une organisation tripartite
où la compagnie, le syndicat et le gouvernement et aussi les villes dans
ce cas-là apprennent à travailler ensemble sur le matériel
humain « magané » que créent des mésaventures
comme celles-là et peut-être d'apprendre aussi à
prévoir. Il y a toutes les agences qui existent, le service national de
placement, mais oui ça existe, mais seulement ce n'est pas
coordonné, ça n'a jamais été coordonné sur
des cas précis.
M. JOHNSON: Oui, mais pourquoi $115,000 d'assistance?
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que je peux finir?
M. JOHNSON: C'est d'accord.
M. RENE LEVESQUE: J'essaie de répondre au chef de l'Opposition.
Si ça ne répond pas il me le dira. Le service national de
placement qui a un bureau là-bas, le bureau provincial de placement qui
existe, les disponibilités, il y avait quelque chose comme 500 ou 600
dossiers non analysés d'offres plus ou moins sérieuses de gens,
de compagnies comme Patino justement, Iron Ore même de tous les coins du
pays, en dehors du Québec, offrant des fois de façon diffuse, des
fois de façon directe, des fois spécifiquement, la compagnie
n'avaient pas eu le temps de s'en occuper, 500 ou 600 lettres accumulées
avec des offres d'emploi possibles qu'elle voulait aider à faire
coordonner elle aussi. Il y a des services d'assistance aussi, mais les
services d'assistance diocésains ou d'assistance sociale parce qu'il y a
pas mal de cas d'handicapés qui sont impliqués. Il y a des
handicapés physiques et puis il y a des handicapés moraux comme
on dit. Il n'est pas nécessaire d'entrer dans les détails.
M. LESAGE: Non employables.
M. RENE LEVESQUE: Oui, ou non employables, non réemployables.
Entre autre la compagnie Johnson avait un vieux système paternaliste qui
faisait qu'elle était assez « broche à foin » mais
d'un autre côté elle gardait par une espèce de sentiment
paternel des vieux employés ou des handicapés qui maintenant ne
sont plus employables. Où est-ce qu'on peut les diriger? Comment peut-on
essayer de les récupérer? Tout ça n'était pas
coordonné. Or, en plus de ça, à l'autre extrimité,
non seulement les agences ne sont pas coordonnées, les offres sur le
marché du travail ne le sont pas non plus mais à l'autre bout il
y a la victime elle-même avec sa famille, le problème du
déménagement, le problème de la réadaptation
technique qui peut s'affoler et qui en fait est portée à
s'affoler facilement et qui ne rejoint pas le bon endroit facilement lui non
plus.
Tout ça, ça peut avoir l'air de rien mais des hommes
d'expérience, entre autres je pense aux impressions de M. Maranda qui a
été engagé qui a quand même des années et des
années d'expérience et qui est un travailleur social
chevronné, disant pour lui, il a sauté sur l'occasion et puis
Dieu sait qu'il a fallu discuter avec le Conseil des oeuvres pour qu'il le
lâche
pendant quelques mois. IL a sauté sur l'occasion et il a dit:
« C'est une occasion unique. » Et c'est pour ça qu'en deux
semaines il s'est mis à « piocher »
désespérément et puis de bâtir des dossiers en plus
de ce qu'on peut faire immédiatement, d'avoir l'expérience d'un
laboratoire parce que c'est ça aussi comme celui-là. Est-ce que
ça répond à peu près à la question du chef
de l'Opposition?
M. JOHNSON: Non.
M. RENE LEVESQUE: Bon, bien alors c'est quoi?
M. LESAGE: Bon, bien demain. M. JOHNSON: Demain.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et qu'il demande la permission de siéger
de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance? A la prochaine séance.
M. LESAGE: M. le Président, demain c'est la journée des
députés, alors nous prendrons d'abord l'étude de la motion
du député de Trois-Rivières au sujet du
député de St-Mauri-ce.
Nous suivrons les lignes de procédures que j'ai indiquées
ce midi et ensuite nous continuerons les crédits du ministère des
Richesses naturelles et faisant preuve de beaucoup d'optimisme...
M. JOHNSON: Non, non!
M. LESAGE: ... nous pourrons entreprendre l'étude des
crédits du Secrétariat de la province.
M. JOHNSON: Cela achève.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée a demain
après-midi à deux heures et demie.