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(Dix heures trente-et-une minutes)
M. Arseneau : Bonjour, tout
le monde. Alors, jour de budget. Évidemment, c'est un peu l'heure de vérité qui
a sonné pour le gouvernement de la CAQ. Après sept années à dépenser comme s'il
n'y avait plus de lendemain, bien, on voit que le gouvernement est face à des
choix importants, des choix déchirants, des choix qui ne seront pas sans
conséquence sur les Québécoises et les Québécois, également. Déjà, en santé, on
a vu que le gouvernement voulait aller chercher 1,5 milliard de dollars dans le
réseau, et on nous annonce encore davantage, c'est-à-dire pire, pour la
prochaine année, le déficit risque d'être encore plus grand au cours de l'exercice
2025-2026.
C'est de très mauvais augure pour le
Québec, pour les Québécois, pour les services, également, mais le gouvernement
doit quand même répondre à un certain nombre d'engagements. On sait que le
grand engagement du gouvernement et de M. Legault, c'est de ne pas couper dans
les services puis de ne pas imposer aux Québécois un régime d'austérité.
Malheureusement, on voit que c'est plutôt le contraire qui est en train de se
réaliser, mais il y a de très nombreux engagements qui ont été pris par le
gouvernement, notamment en matière de santé, et il a constamment pelleté en
avant les décisions.
Mais, aujourd'hui, on s'attend à ce que,
notamment dans le Plan québécois des infrastructures, le gouvernement se
prononce. Qu'est-ce qu'il va faire avec l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, dont
les travaux ont été interrompus? Qu'est-ce qu'on va faire, avec la vétusté de l'Hôpital
Sainte-Croix, à Drummondville, qui doit être inscrit... dont les rénovations,
la réfection doit être inscrite au Plan québécois des infrastructures? C'est la
même chose pour les urgences et le bloc opératoire de l'Hôpital d'Amos, en
Abitibi. On a eu le dépôt d'une pétition. La pétition a été jugée non
recevable, pas le bon moyen. Encore la semaine dernière, une pétition de la
députée de Bonaventure pour l'Hôpital de Maria, 2000 personnes ont signé cette
pétition-là, en demandant essentiellement à M. Legault qu'il respecte son
engagement prononcé en 2023 d'aller de l'avant et d'inscrire le projet au Plan
québécois des infrastructures pour qu'on puisse procéder. Ça fait au moins cinq
ans qu'on attend des investissements de ce côté-là. Alors, parlant de la
Gaspésie, j'aimerais laisser la parole à la porte-parole nationale du Parti
québécois, Méganne Perry Mélançon.
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Merci.
Je vais faire un peu de pouce sur les régions, mais, avant, jour de budget,
mais également jour d'anniversaire de notre cher collègue des
Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau. Donc, toute l'équipe te souhaite de... une
joyeuse fête. Tu la partages avec des collègues fantastiques.
M. Arseneau : Jeanette
Bertrand et moi partageons la même date de naissance.
Mme Perry Mélançon (Méganne) : C'est
vrai.
M. Arseneau : À quelques
années d'écart.
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Tout
à fait. Donc, un petit mot sur les régions. Je trouve ça important de partager
les inquiétudes, en fait, des élus municipaux, plus particulièrement les MRC,
qui demandent, dans la révision prévue, là, dans le Fonds régions et ruralité,
qui demandent de garder une certaine flexibilité dans la façon de distribuer
ces fonds-là. C'est important qu'on reste dans une démarche qui n'est pas mur à
mur. Les MRC connaissent les besoins de leur territoire, connaissent quels sont
les secteurs qui ont un fort potentiel de croissance, notamment, et sont
surtout en travail de collaboration avec nos entreprises d'économie sociale, d'autres
types d'entreprises. Il y a beaucoup de belles innovations qui se sont faites
grâce au Fonds régions et ruralité. Je pense au Kamouraska, qui a développé une
nouvelle filière en bioalimentaire, je pense à d'autres MRC qui ont décidé de
regrouper leurs ressources pour créer davantage d'unités de logement. Alors, on
se questionne un peu sur quelles seront les nouvelles modalités du programme.
Andrée Laforest nous a dit qu'elle allait
annoncer les nouvelles règles au cours du printemps, mais je pense que c'est
important d'entendre la voix des élus. J'ai entendu notamment le préfet d'Avignon,
Mathieu Lapointe, qui faisait une demande pour la table des préfets de la
Gaspésie.
Alors, je suis très sensible à ces
préoccupations-là, parce que le développement régional, il a été un peu, je
dirais... on a perdu un peu d'expertise avec l'abolition des CRÉ, des CLD.
Alors, c'est un programme, Régions et ruralité, qui succède à un paquet de
programmes qui étaient administrés par ces instances-là. Superimportant, on en
connaît les bénéfices. Alors, j'espère...
Mme Perry Mélançon
(Méganne) :
...qu'en fait la ministre, dans cette révision-là,
sera à l'écoute des besoins, qu'on garde cette espèce de flexibilité-là. Parce
qu'on a vu qu'avec certaines révisions de programmes, la CAQ, malheureusement,
change les règles, et ce n'est pas toujours à l'avantage de la population. Je
pense, entre autres, aux programmes de transport aérien dont les impacts se
font déjà ressentir sur le terrain. Alors, je lance... en fait, je lève ce
drapeau rouge là. Je pense que c'est important de porter la voix des élus des
MRC dans toutes les régions du Québec. Merci.
Journaliste
:
M. Arseneau, si je vous comprends bien, le 1,5 milliard de dollars en
santé, de compressions, ce n'est qu'un prélude, quoi?
M. Arseneau :
Bien,
absolument. On nous a déjà annoncé que les frais de système ne seraient pas
couverts dans le prochain budget au cours de l'année 2025-2026, donc ça va
faire mal. Et on nous avait dit au départ que le 1,5 milliard, ça ne
devait pas toucher les services, puis ensuite on a dit on va minimiser l'impact
sur les services. Et, à tous les jours, on entend parler de coupes dans le
réseau qui affectent directement les services à la population. Donc, qu'en
sera-t-il pour la prochaine année? Bien, évidemment, nous, on a des craintes et
des très grandes préoccupations, puis ça vient de partout dans le réseau
également, là, à l'effet que le vrai régime d'austérité, bien, il va commencer
à partir du 1er avril prochain.
Journaliste
:
Forcément, M. Arseneau, c'est mathématique. Si on a les tarifs, il y a des
emplois qui vont être perdus, les revenus, les recettes du gouvernement vont
être moins élevées, donc il va falloir couper à quelque part pour éviter ces
déficits-là que les partis d'opposition dénoncent. Alors, on coupe où?
M. Arseneau :
Bien,
en fait, la grande question, dès le départ, c'est de savoir comment le
gouvernement va renflouer les coffres qu'il a lui-même vidés. On se souvient qu'on
est partis, en 2018, d'un surplus de 7 milliards de dollars pour arriver
avec un déficit historique de 11 milliards de dollars. Et on nous dit que,
l'année prochaine, ça va être pire. On a peut-être résorbé un peu, là, de 1 milliard
ou deux, selon ce qu'on entendait hier, le déficit de l'année courante. L'année
prochaine, le déficit est encore plus grand. Comment on va faire?
Nous, on n'est pas en contrôle du
ministère des Finances. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a eu des gaspillages
éhontés de fonds publics. Évidemment, on peut penser au scandale SAAQclic, on
peut penser à Northvolt, on peut penser à Lion électrique, et ainsi de suite,
des projets d'investissement qui se sont avérés catastrophiques pour le
gouvernement, mais surtout pour les contribuables du Québec. Ça fait que, si
aujourd'hui on fait payer ce poids-là, ce prix-là aux contribuables, bien,
évidemment qu'on a des raisons d'être inquiets. D'autant plus qu'en période
préalable aux dernières élections, bien, on a donné des cadeaux préélectoraux,
on a envoyé des chèques et puis aujourd'hui on en récolte les conséquences.
Donc, où couper? Nous, on souhaite que le
gouvernement gère mieux, gère plus efficacement. On sait que dans la
bureaucratie québécoise, le gouvernement avait promis d'en réduire la taille.
Il a fait exactement le contraire. Il a imité en cela le gouvernement Trudeau,
le gouvernement fédéral. Alors, à un moment donné, il faut que le gouvernement
soit conséquent lorsqu'il, par exemple, dit qu'il va mieux contrôler les
finances publiques, il y a des gains à faire, il y a des gains d'optimisation. Mais,
en santé, par exemple, plutôt que de donner une certaine latitude à Santé
Québec pour aller chercher des gains d'efficacité, notamment, là, dans la
gestion des inventaires, bien, on leur a donné une commande impossible à régler
de 1,5 milliard de dollars dans l'immédiat. Mais évidemment, on ne peut
pas à ce moment-là espérer que le réseau ou le système de santé soit plus
performant si on ne donne pas, je dirais, les outils nécessaires pour aller
récupérer des sommes, peut-être, qui pourraient être récupérées par une
gestion, disons, plus serrée, plus rigoureuse, et ainsi de suite, de l'État.
Journaliste
:
Je comprends que vous n'êtes pas au pouvoir, M. Arseneau, mais pour
rebalancer tout ça, là, outre couper dans la bureaucratie, vous allez chercher les
milliards où, tout en continuant de financer la santé, l'éducation puis tous
les autres... toutes les autres missions de l'État, au fond?
M. Arseneau :
Bien,
vous savez que le Parti québécois a identifié 82 milliards de dollars, là,
qui étaient transmis au gouvernement fédéral puis pour lesquels on n'en a pas
pour notre argent. Le fédéral ne livre pratiquement aucun service. En santé, on
en parlait tout à l'heure, si on avait 6 milliards de plus comme on le
réclamait pour gérer les soins de santé, bien, on n'aurait pas à aller chercher
1,5 milliard de dollars dans les compressions, dans les services. Alors,
le déficit structurel, le déséquilibre fiscal vient entre autres du fait que l'on
soit dans la Fédération canadienne, dans ce carcan-là, où on envoie évidemment
des sommes importantes, des dizaines de milliards de dollars au fédéral sans
avoir les services qui sont attendus de la part de la population, des services
directs en éducation et en santé, nommément.
Journaliste
:
Une dernière question. Ça va vous paraître un peu Price is Right,
là, mais vous, le déficit, quand M. Girard dit que ça va être plus élevé que le
11 milliards, avez-vous une prédiction?
M. Arseneau :
Bien
malin celui qui pourrait prévoir le...