(Douze heures dix-sept minutes)
M. Arseneau : Alors, bonjour,
tout le monde. Oui, on veut réagir au rapport de la Vérificatrice générale d'aujourd'hui
sur le fiasco, sur le scandale SAAQclic. Écoutez, c'est encore pire que ce à
quoi on s'attendait. On a vécu ce fiasco-là pendant l'année 2023, et puis,
aujourd'hui, bien, en fait, on révèle dans ce rapport-là que les coûts ont
explosé, que les services ne sont pas en plus grande augmentation, mais surtout
le très grand manque d'imputabilité d'un peu tout le monde est révélé au grand
jour.
Et la Vérificatrice générale elle-même,
qui dit : Moi, je ne suis pas en mesure de savoir pourquoi l'information n'a
pas été communiquée, puis, à savoir comment ça se fait qu'on a un gouvernement
en place, on a un ministère de la Cybersécurité et du Numérique, on a un
ministère du Transport et de la Mobilité durable responsable de la SAAQ... et
puis qu'on a des gens, un conseil d'administration, puis une haute direction,
que les voyants rouges étaient allumés et brillaient de partout des semaines
avant le lancement de SAAQclic... et puis qu'aujourd'hui, bien, personne n'est
responsable de ce gaspillage éhonté de fonds publics, puis on ne sait pas quand
il va se terminer, parce qu'essentiellement l'opération n'est pas terminée...
Et qu'est-ce que ça dit sur ce qui reste à faire en matière de transition numérique
au sein du gouvernement du Québec?
Alors, aujourd'hui, on entend le
ministère, c'est-à-dire, le ministre, le premier ministre se laver les mains de
ce qui se passe en disant : Bien, écoutez, il y a une société autonome
avec un conseil d'administration, ils ont failli à la tâche, puis ce n'est pas
notre problème. Je regrette, là, mais il faut savoir ce que les ministres en
poste ont fait, savaient, n'ont pas fait et ne savaient pas, pour conclure qu'il
n'y a pas de coupable pour un gaspillage de 500 millions de dollars de
fonds publics. Nous, c'est notre principale préoccupation, il y a encore de
très grandes zones d'ombre dans tout ce dossier-là, à savoir à quoi ça sert, un
ministère de la Cybersécurité et du Numérique s'il ne chapeaute pas une opération
de plus de 600 millions de transitions numériques au sein de l'un des
ministères ou d'une société d'État sous la responsabilité du ministère des
Transports.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous pensez du fait que le ministre Bonardel disait : On nous a menti», on
n'a pas eu toute l'information? Y croyez-vous, à ça?
M. Arseneau : Moi, je ne peux
pas concevoir que les informations qui filtrent aujourd'hui à travers des
relations médiatiques sont à l'effet que les tests n'avaient pas été effectués
plus qu'à hauteur de 20 %, que tout le monde, à l'interne, là, se
disait : Ça ne fonctionnera pas, on n'est pas prêts, et que personne,
personne au ministère des Transports, personne au ministère de la
Cybersécurité, du Numérique n'était au courant.
S'ils n'étaient pas au courant, la
question, c'est : Pourquoi n'ont-ils pas supervisé, pourquoi n'ont-ils pas
chapeauté cette opération-là? À quoi sert la gouvernance ministérielle si ce
n'est pas de se tenir au courant de minute en minute de ce qui se passe
lorsqu'il faut faire un transfert... une transition aussi importante d'une
valeur de plus de 600 millions? C'est comme si on était les bras croisés,
les pieds sur le divan en regardant la télévision en disant : Bien, on va
voir si ça fonctionne, puis, si ça ne fonctionne pas, bien, on va essayer de
trouver un coupable, et puis jeter le directeur général sous l'autobus. Moi, je
suis vraiment bouleversé, troublé de voir que le ministère est resté les bras
croisés pendant cette opération-là.
Et je voudrais savoir quelles sont les
communications qui ont été réalisées, effectuées entre les deux ministères et
la SAAQ pour s'assurer que ça fonctionne. Parce que, là, le gouvernement, il
est fortement éclaboussé parce que l'État du Québec est ridiculisé, à la face
du monde, de ne pas être capable de négocier un virage numérique correctement,
sans que les coûts doublent, sans avoir les services appropriés encore presque
deux ans... deux ans plus tard. Voilà.
Journaliste : Et Québec
solidaire demande une commission d'enquête, justement, sur ce qui s'en vient
avec cette transition numérique là qui va être majeure. Vous, qu'est-ce que...
qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse à partir de là? Le
gouvernement a dit : On a clairé le P.D.G., on a clairé le président du
conseil d'administration. Vous feriez quoi à partir de maintenant, là, en
sachant que les coûts vont continuer à exploser?
M. Arseneau : Bien,
exactement. La question qui se pose, c'est : Comment un gouvernement en
place peut dire : Bien, nous, on va créer un ministère de la Cybersécurité
et du Numérique qui va nous permettre, justement, de passer à une aire plus
moderne, à des services, sur le Web, sécurisés, et ainsi de suite, et qu'il ne
veille pas à ce que ça se fasse dans les coûts impartis et avec toutes les
protections nécessaires et que ça fonctionne? On a encore beaucoup de questions
sur ce qui s'est passé avant de dire : Bien, la prochaine étape... Moi, je
mets un moratoire sur la prochaine étape. Et on savait déjà que, dans le
domaine de la santé en particulier, là, on avait des projets qui ne finissaient
pas de ne pas aboutir. On a dépensé déjà, sous les gouvernements précédents,
des millions de dollars, pour ne pas dire des dizaines et des centaines de
millions de dollars sur des projets qui n'ont jamais abouti. Là, je pense que
c'est un peu pour ça qu'on a créé un ministère de toutes pièces, avec quelqu'un
qui devait chapeauter cette transition-là. Premier dossier d'importance,
premier échec, premier fiasco retentissant.
Alors, on n'est pas encore en mesure de
savoir qu'est-ce qui a été fait et qu'est-ce qui n'a pas été fait, où sont les
failles, parce que le volet qui est... dont il est impossible pour la
Vérificatrice générale d'avoir toutes les informations... Bien, je pense qu'il
faut encore jeter de l'éclairage là-dessus. Est-ce que c'est une commission
spéciale qui pourrait nous permettre de voir, justement, quelle est la suite
des choses? Moi, avant de regarder la suite des choses, ce que nous, on
propose, c'est un moratoire sur les... les projets actuels ou, du moins, un
examen complet de là où on est rendus puis là où on s'en va, mais c'est de
passer en examen le rôle et les responsabilités de ceux qui étaient
responsables de ce travail au-delà de la SAAQ. Qui est responsable pour la SAAQ
sur le plan politique et sur le plan financier? Parce qu'en bout de ligne ce
sont les contribuables qui paient. Et qu'est-ce qu'ils ont fait lorsqu'ils ont
autorisé ce grand projet là à aller de l'avant pour s'assurer que ça fonctionne,
alors qu'on voit que ça n'a absolument pas fonctionné? Merci.
(Fin à 12 h 24)