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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile, et M. Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de services sociaux

Version finale

Le jeudi 20 février 2025, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures trente-deux minutes)

Le Modérateur : Bonjour à tous et bienvenue à ce point de presse des oppositions sur les services sociaux. Prendront la parole, lors de ce point de presse, Joël Arseneau, le député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole en matière de santé, services sociaux et soins à domicile pour le Parc québécois, ainsi que le député de Saint-Henri—Sainte-Anne et porte-parole de Québec solidaire en matière de services sociaux.

Ils sont également accompagnés de M. Paul Lupien, directeur général de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec, et de M. Dominique Salgado, directeur général du Comité d'action des personnes vivant des situations de handicap et secrétaire du CA de la COPHAN.

Alors, M. Arseneau.

M. Arseneau : Alors, merci beaucoup. Bonjour à tous. Aujourd'hui, on est réunis en point de presse avec les représentants de la COPHAN pour dénoncer les compressions budgétaires qui affectent directement les personnes parmi les plus vulnérables, les personnes qui vivent avec un handicap. Le gouvernement de la CAQ a lancé cet... ce programme de compressions budgétaires véritablement à l'aveugle, sans avertissement, et ce qu'on voit, c'est que c'est l'omerta dans le réseau de la santé à savoir ce qui se passe véritablement et quels sont les impacts et comment ils sont vécus par les citoyens, par les gens du milieu et particulièrement dans les services sociaux.

Les témoignages nous parviennent par dizaines, par centaines. Il y a des gens ici qui pourront en témoigner dans quelques instants. Et ce qu'il faut dire, c'est que, contrairement aux propos du ministre de la Santé, M. Dubé, ce sont véritablement les bénéficiaires, les usagers des services sociaux et les patients qui paient le prix du régime de compressions actuel, des coupes qui touchent, je l'ai déjà mentionné, de façon disproportionnée les personnes en situation de handicap. Bon, on peut penser évidemment aux coupures dans les chèques emploi-service, la réduction des heures qui sont accordées également, l'interruption du programme d'adaptation à domicile, et j'en passe.

Et plus grave encore, la CAQ refuse d'admettre qu'il y a actuellement des compressions dans le réseau. Le gouvernement n'a toujours pas donné son plan sur les compressions et sur ses impacts. Alors, nous allons déposer, dans quelques minutes, une demande de mandat d'initiative. En fait, ce qu'on veut, c'est que se tienne une commission parlementaire pour pouvoir recevoir des groupes représentant les usagers du système de santé et des services sociaux pour pouvoir aller au fond des choses et pour pouvoir exiger, de la part du gouvernement, la transparence totale, transparence également de Santé Québec, derrière lequel organisme, actuellement, le gouvernement, se cache pour mieux rejeter l'idée que le système, actuellement, on y coupe de façon extrêmement importante. Merci.

M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup, Joël. Merci à la COPHAN d'être avec nous aujourd'hui. Merci beaucoup de vous être déplacés. Malheureusement, vous n'aviez pas le choix de vous déplacer, parce que vous aviez des choses à faire entendre, des choses à nous dire et je vous remercie de prendre vraiment ce courage-là à deux mains et de vous... de vous lancer dans cette aventure. Ça prend quand même beaucoup de mobilisation puis de courage, donc merci d'être là aujourd'hui.

Écoutez, c'est toujours les plus vulnérables qui paient le prix en premier dans ces coupes-là, malheureusement. Et là il est évident qu'on a des exemples de plus en plus frappants. On a eu la chance de poser plusieurs questions à la période de questions là-dessus. On a eu des exemples absolument effroyables sur des gens pour lesquels on minutait, là, tout d'un coup, le temps que ça prenait pour aller à la salle de bain. On a eu des exemples sur des gens qui allaient perdre leur logement en raison de manque de financement, d'adaptation de soutien à domicile. Il y a eu d'autres exemples aussi de parents qui se voyaient... pas le choix que de penser à envoyer leur jeune enfant mineur, vivant avec des situations de déficience intellectuelle, auprès de CHSLD parce qu'ils allaient les perdre. Alors, c'est absolument abominable ce qui se passe dans le réseau.

Et, quand on était au p.l. n° 15, quand cette loi-là a été adoptée, on l'avait dénoncée. Et on avait dénoncé aussi la déresponsabilisation du ministre de la Santé, du ministre des Services sociaux, qui disaient, finalement, que Santé-Québec allait faire ces choix-là. Et, au quotidien, c'est ce qu'on nous dit. On nous dit qu'on envoie des briefings à Santé-Québec. On nous dit qu'il ne faut pas qu'on coupe dans les services, mais la réalité, c'est le contraire. La réalité, c'est que c'est les gens qui sont là sur le terrain, qui représentent les organismes, qui représentent, en fait, les citoyens et les citoyennes vulnérables, qui nous disent : Au contraire, on subit des coupes à tous les jours, on perd des services, la situation est catastrophique, la situation est grave.

Alors, ce qu'on demande, nous, sans délai, c'est qu'il n'y ait absolument aucune compression, aucune limitation de services. Les gens ont droit à leur dignité de base, les gens ont droit au service de base qui leur est dû. Ce sont des Québécois et des Québécoises à part entière, et il faut les traiter comme tels. Alors, moi, je demande au ministre Dubé, au ministre Carmant, à l'ensemble du gouvernement de reculer. Ça suffit les coupures dans les services sociaux, ça suffit les coupures en santé. Merci.

M. Lupien (Paul) : Alors, merci beaucoup, MM. les députés, de nous accueillir aujourd'hui. Vraiment... Bon, premièrement, je vais me présenter, je suis Paul Lupien, je suis le directeur général de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec, la COPHAN. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Dominique Salgado, secrétaire du conseil d'administration de la COPHAN et directeur général du comité d'action de personnes vivant des situations de handicap, le CAPVISH.

Le 1er décembre 2024 marquait le premier jour de Santé Québec. Or, dès le lendemain, nous avons été confrontés à des annonces de coupures en santé. Rapidement, il est apparu que ces compressions touchaient directement les soins à domicile destinés aux personnes les plus vulnérables de notre société, les personnes handicapées et les personnes âgées du Québec.

Le 19 décembre 2024, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse publiait un avis inquiet quant aux atteintes potentielles aux droits des personnes handicapées en matière de soutien à domicile. La CDPDJ rappelle que toute décision prise doit respecter la Charte des droits et libertés qui garantit l'égalité et interdit toute forme de discrimination, qu'elle soit directe, indirecte ou systémique, et aujourd'hui on peut parler beaucoup de systémique. Pourtant, malgré cet avertissement, le gouvernement a poursuivi les coupes, dans le service de santé, en... pour les personnes en situation de handicap, adoptant une approche inspirée de la méthode Lean, dite Toyota. Cette approche industrialisée... industrialise la gestion des soins, niant la dignité et la valeur humaine des personnes concernées.

On nous assure qu'il ne s'agit pas de coupures, mais plutôt d'une réévaluation des services. Pourtant, toutes les réévaluations se traduisent par des réductions sans aucune augmentation de services. Le chronométrage strict des interventions mène à des situations inacceptables. Par exemple, limiter à 15 minutes un transfert aller-retour sans considérer que la personne doit également aussi satisfaire ses besoins physiologiques. Pire encore, il est proposé de remplacer des soins de base par l'utilisation de couches, avec seulement deux changements par jour. Donc, on vous en met une le matin et on va vous en changer une le soir. Ne faites rien tout de suite dans votre couche quand ils vont vous la mettre parce qu'ils ne la changent pas, et vous vivez avec, alors seulement... ce qui constitue une atteinte flagrante à la dignité humaine.

De plus, les services de soins d'homicide des CLCS fusionnent les programmes destinés aux personnes en situation de handicap avec ceux pour les personnes âgées en perte d'autonomie, créant ainsi une incohérence dans l'organisation des soins. Par exemple, les soins sont dispensés à des horaires inadaptés aux besoins des travailleurs handicapés, ce qui compromet leur autonomie et leur capacité à maintenir un emploi. L'hygiène est également affectée par la réduction du nombre de bains et de toilettes partielles. Par ailleurs, les organismes communautaires pourtant essentiels à l'accompagnement des personnes handicapées voient leur financement sévèrement fragilisé par l'absence d'indexation des subventions au coût de la vie, réduisant ainsi leur capacité à offrir des services vitaux. Depuis 1992, ça n'a jamais été indexé.

Le répit des proches aidants subit également des coupes drastiques, voire des abolitions complètes dans certaines régions. Pourtant, ces proches doivent souvent veiller 24 heures sur 24 sur leurs proches en situation de handicap.

Pendant ce temps, les salaires des administrateurs de la santé sont augmentés et une nouvelle structure administrative, Santé Québec, s'ajoute à l'existence... sans transparence ni réelle reddition de compte. Le Québec est déjà en queue de peloton au Canada en matière de qualité des soins à domicile, se classant 11e, avec un budget de 61 milliards, pour une population de 9 millions d'habitants. En comparaison, l'Ontario, avec 16 millions d'habitants, consacre 85 milliards à la santé et se classe deuxième en qualité des soins à domicile. M. le premier ministre, vous aimez ça, nous comparer à l'Ontario, vous devriez suivre l'exemple de l'Ontario.

Lorsqu'il interpelle... Le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, et la ministre déléguée aux aînés, Mme Sonia Bélanger ont publiquement déclaré, en décembre 2024, que ces décisions relevaient de Santé Québec. Face à leur désengagement, nous avons sollicité une rencontre avec le premier ministre, M. François Legault, qui a refusé, non pas une fois, mais deux fois plus tôt qu'une, toute discussion, prétextant que ces mesures sont inévitables.

Parallèlement, faute de budget, le programme d'adaptation de domicile et les programmes d'intégration en centre... d'intégration en emploi sont suspendus ou réduits. Réduction pour l'intégration aux emplois, ça cause 12 personnes handicapées qui ont perdu leur emploi dernièrement en Gaspésie, et il y a d'autres exemples ailleurs au Québec.

Pourtant, comment contacter Santé Québec? À ce jour, il n'existe ni adresse, ni courriel, ni numéro de téléphone accessible aux citoyens. Cet organisme public fonctionne en toute opacité, sans rendre de compte à la population qui finance pourtant son fonctionnement. Et tout organisme public a une obligation d'afficher son adresse des bureaux, ses numéros de téléphone, et à donner des adresses courriel, mais, malheureusement, on a mis des top guns, qui, eux, ça a l'air, ont un traitement à part.

Nous réclamons une mesure simple, mais essentielle, la tenue d'une commission parlementaire, afin que les responsables de ces décisions viennent s'expliquer et rendre des comptes enfin aux citoyens du Québec. Les personnes en situation de handicap demandent uniquement le respect de leurs droits à travers des services qui leur assurent l'autonomie, dignité et accès au travail, ainsi que des logements et infrastructures accessibles partout au Québec. Nous voulons vivre, comme tout le monde, dans une société juste, respectueuse de la diversité, de l'équité et de l'inclusion. Merci.

M. Salgado (Dominique) : Alors, mesdames, messieurs, membres des médias, élus de l'Assemblée nationale, citoyens engagés, bonjour. Bonjour à tous. Bonjour, Paul. Mon nom est Dominique Salgado. Je suis directeur général du CAPVISH, qui est le Comité d'action des personnes vivant des situations de handicap, et également secrétaire du conseil d'administration de la COPHAN, la Confédération des organismes de personnes handicapées.

Je prends la parole aujourd'hui avec un sentiment d'urgence et aussi de colère. Urgence, parce que chaque jour, au Québec, des milliers de personnes en situation de handicap et aussi des aînés voient leurs heures de soins réduites et leurs services coupés, et ainsi leur dignité bafouée. Colère, parce que ces décisions ne sont pas des erreurs isolées, elles sont le résultat direct d'un système malade, géré avec une froideur comptable et inspiré de méthodes de gestion inadaptées aux soins de santé.

Nous avons atteint un point de rupture. Le scandale récent d'un vieil homme à qui on a demandé de se déshabiller avant même l'arrivée de sa préposée pour gagner du temps est la preuve ultime que l'humain est maintenant sacrifié sur l'autel de la performance. Cette logique dictée par la nouvelle gestion publique et de forme de «Lean Management» ne doit plus guider l'organisation des soins à domicile. Optimiser un système de production industrielle est une chose, gérer des soins aux personnes vulnérables comme une chaîne de montage, c'en est une autre.

Depuis plusieurs années, le gouvernement applique une vision strictement comptable et centralise des soins à domicile où la priorité est donnée à la réduction des coûts et à la performance statistique plutôt qu'à la qualité des soins. Eh bien le résultat : des coupures massives dans les heures de service, des travailleurs épuisés, contraints d'expédier des soins essentiels en un temps record, des patients laissés à eux-mêmes, traités comme des chiffres plutôt que comme des êtres humains.

Il faut mettre fin à cette gestion inhumaine et centralisée. Nous exigeons une commission parlementaire immédiate sur l'état des soins à domicile au Québec. Une commission parlementaire permettrait d'entendre des experts, des soignants, des patients et aussi des proches aidants afin de faire toute la lumière sur la déroute des soins à domicile et d'identifier des solutions durables.

Nous devons cesser de nous mettre en œuvre un modèle de gestion inspiré du privé qui transforme la prestation des soins en une course contre la montre où l'efficacité prime sur la dignité. Nous devons décentraliser la gestion des soins à domicile, car les besoins des patients ne peuvent pas être dictés par des quotas budgétaires fixés par le gouvernement. Nous devons redonner aux régions aussi, aux CLSC et aux organismes communautaires les moyens d'adapter les soins à la réalité des personnes sur le terrain.

En terminant, je tiens à remercier les deux partis d'opposition, Parti québécois et Québec solidaire, pour leur écoute et leur soutien à notre demande de commission parlementaire. Votre engagement est crucial pour faire pression sur le gouvernement et forcer un véritable débat public sur l'avenir des soins à domicile.

Oui, maintenant, il est temps d'agir. Il est temps d'écouter celles et ceux qui vivent chaque jour les conséquences de ces choix absurdes. Il est temps de remettre l'humain au cœur des soins à domicile. Il est temps aussi de cesser de traiter nos aînés et nos personnes en situation de handicap comme de simples statistiques. Nous n'accepterons plus de demi-mesures. Nous exigeons une commission parlementaire maintenant. Non, la dignité humaine n'est pas négociable. Merci de votre attention.

Le Modérateur : Merci beaucoup. C'est ce qui conclut le point de presse.

(Fin à 11 h 49)

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