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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile

Version finale

Le vendredi 14 février 2025, 9 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt-trois minutes)

M. Arseneau : Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, jour d'interpellation, on va parler de soins à domicile, et je pense que c'est un sujet qui est extrêmement important. Vous savez que la Vérificatrice générale du Québec a remis un rapport sur ce sujet-là, il y a déjà quelques années, et qui nous avertissait, là : On va frapper un mur si on ne fait pas un virage majeur.

La Commissaire à la santé et au bien-être a soumis un rapport en quatre tomes différents qui dit qu'il est urgent d'agir, que le système de soins à domicile ne livre pas la marchandise, et, là encore, on va frapper un mur. On le sait, actuellement, il y a à peine 5 % des personnes... en fait, des services qui sont rendus, là, selon les besoins calculés pour les personnes qui sont à domicile et nécessitent ces soins-là. Donc, on ne couvre que 5 % des services nécessaires. Il y a 16 000 personnes qui sont en attente d'un premier service de soins à domicile ici, au Québec.

On est au courant de tous ces problèmes-là, mais, pourtant, la CAQ, depuis des années, s'est entêtée à investir de façon massive dans les maisons des aînés, dans le béton et les infrastructures, et à reporter les échéances. La dernière annonce de la CAQ, bien, c'est de déposer, d'ici la fin de l'année 2025, une politique, faire des consultations, la mise en oeuvre de cette politique-là, quels sont les moyens qui sont déployés... On procrastine, on remet à plus tard et, pendant ce temps-là, bien, évidemment, les services ne sont pas livrés.

On va nous dire : Bien, on n'a jamais autant investi, 200 millions ont été investis. Avec quels résultats? À peine 3 000 personnes, 3 000 usagers ont été desservis, usagers supplémentaires, là, on parle... Entre 2022-2023 et 2023-2024, on est passé de 366 000 à 368 000 personnes. C'est des chiffres qui sont parlant sur l'absence de vision et l'absence de résultats, également.

Nous, on va rappeler qu'on a déposé un plan, Vivre et vieillir dans la dignité, qui cherche et qui a pour objectif d'inverser les sommes qui sont investies pour les personnes aînées en termes de proportion de ce qu'on met pour l'institutionnalisation ou pour l'hébergement face aux soins à domicile. En fait, on suivrait la voie des pays européens qui, eux, ont mieux géré, là, justement ce phénomène-là.

Et s'ajoute à ça, et je vais finir là-dessus, le projet de loi-cadre qu'on a déposé, également, juste avant les fêtes, qui vise à jeter un regard plus large sur le vieillissement de la population et qui vise le maintien de l'autonomie des aînés à maints égards, le développement d'une stratégie. Et à l'intérieur de cette stratégie-là, bien, il y a les soins et les services de maintien à domicile qui en est une composante, mais qui doit être regardé justement de façon intégrale parce que ce n'est pas sans lien, évidemment, avec les investissements qu'on fait par ailleurs dans la santé. Mais il ne faut pas considérer les aînés qui ont besoin de soins à domicile uniquement sous la lorgnette de la maladie ou des soins de santé, ce sont des personnes à part entière qui peuvent encore contribuer à la société, mais avec des services adéquats à domicile, elles peuvent continuer d'être actives et c'est ça qu'on veut faire valoir à la ministre ce matin. Là-dessus, je peux prendre vos questions.

Journaliste : M. Arseneau, sur, donc, le dossier des soins à domicile, il y a un budget qui est en préparation actuellement, on est en consultation prébudgétaire. Ça prendrait combien? J'imagine, donc, de toute façon, ça va être un continuum d'augmentation pour arriver à une cible, là, mais ça prendrait combien d'argent au prochain budget pour au moins corriger une partie de la situation?

M. Arseneau : Je pensais que vous alliez m'amener sur les circonstances de compression et notamment dans les chèques emploi-service, mais on y reviendra si vous permettez. Mais nous, ce qu'on avait proposé, c'était avant que la CAQ nous précipite dans un déficit historique de 11 milliards de dollars, on avait proposé d'ajouter 2 milliards supplémentaires dans ce virage vers les soins et les services à domicile. C'est le calcul, là, de 2022 pour un point de départ majeur. Est-ce que pour le prochain budget, on pourrait au moins avoir non seulement des sommes qui sont consenties, mais je dirais une réorganisation également qui nous permette de s'assurer que les sommes qui sont investies descendent et soient concrétisées dans les services rendus? Parce que, ça aussi, on l'aperçoit quand on parle à des gens sur le terrain, les personnes qui en ont besoin, leur famille, les ESAD par exemple, les organismes qui livrent des services. Ces 200 millions-là ne semblent pas atterrir sur le terrain.

Et là je voudrais rajouter, si vous me permettez, le fait qu'il y a une partie des soins à domicile qui sont livrés par le biais des chèques emploi-service. Mais le signal que Santé Québec a lancé il y a peu de temps, c'est qu'on va sabrer dans les chèques emploi-service, donc on va encore reculer dans les soins et les services à domicile plutôt qu'accélérer la cadence. Ça, c'est très inquiétant.

Journaliste : Les maisons des aînés, le programme actuel qui... bon, il y en a qui sont en construction, mais est-ce qu'on ne devrait pas geler ça? Est-ce qu'on ne devrait pas prendre les sommes qui sont là, les retransférer en attendant de pouvoir au moins améliorer le sort des gens qui veulent rester chez eux, mais avoir des soins et...

M. Arseneau : Bien, on l'a demandé à de nombreuses reprises que les sommes qui sont disponibles pour les soins aux personnes aînées en perte d'autonomie soient massivement investies du côté des services à domicile, de façon à éviter de devoir construire, de façon exponentielle, les établissements de soins, qu'ils soient les maisons des aînés ou CHSLD conventionnels.

Là, la question que vous me posez, c'est : Si on a construit la moitié d'une maison des aînés, est-ce qu'on complète le travail? C'est une question qui est pertinente, mais qui est difficile, parce qu'il y a effectivement des maisons des aînés qui vont aller remplacer des CHSLD qui étaient devenus vétustes. Le gouvernement a décidé d'aller dans cette voie-là. Est-ce qu'aujourd'hui, on doit stopper ça? Je pense qu'on doit finir les projets qui sont en construction. Le problème, c'est qu'on a même de la difficulté à ouvrir les places qui sont construites, parce qu'on manque de personnel, mais, parallèlement, le ministre continue de nous dire qu'il n'y a pas de coupe dans le personnel, alors que dans la réalité, au compte-gouttes, on apprend que les coutures se multiplient. Encore ce matin, Radio-Canada révélait qu'il y avait 1 700 travailleurs de moins dans le domaine de la santé. Bien ça, c'est des travailleurs de moins pour ouvrir les maisons des aînés qui sont prêtes. Puis, on en est là avec des décisions qui sont chaotiques et incohérentes de la part de la CAQ, mais qui ont un impact direct sur le report des échéances concernant les services de soins à domicile.

Journaliste : Qu'est-ce que vous pensez, M. Arseneau, du rapport des observateurs indépendants qui ont été déployés à l'école Bedford, qui recommandent, entre autres, que tous les enseignants de partout en province soient évalués aux deux ans par des experts, s'il le faut?

M. Arseneau : En fait, moi, je pense que... D'abord, je dois vous dire qu'on n'a pas pris connaissance du rapport. Le ministre a dit qu'il allait le rendre public. Nous, on voudrait en prendre connaissance, l'étudier, en discuter en caucus. Il y a des... je pense, des considérations qui sont fort importantes. C'est aussi un sujet qui est celui de mon collègue, Pascal Bérubé. Alors, je remettrais la réponse sur le fond à plus tard. Je suis vraiment désolé, on a appris ça, comme la plupart des Québécois, ce matin, et on n'a pas de position tranchée à l'heure actuelle à savoir si cette idée-là est valable, on voudrait l'étudier.

Journaliste : Mais n'empêche qu'il y avait quand même certaines conclusions, là. Sur le fond, je peux comprendre aussi, mais je veux dire, tu sais... Puis, hier, M. Drainville disait : Je ne suis pas rassuré, là, ou soulagé, je suis aussi inquiet qu'avant. Je veux dire, à la lumière de ce que vous avez lu quand même, ce matin, c'est-tu préoccupant?

M. Arseneau : Mais en fait, la situation qui nous a été révélée par les enquêtes journalistiques, on l'a dit, c'était extrêmement préoccupant. Que se passe-t-il dans certaines écoles, dans certaines classes? Donc, on a décidé de faire enquête, qu'on rende public le rapport d'enquête, qu'on propose des recommandations, qu'on aille sur l'évaluation ou, en quelque sorte, là, poser un regard sur ce qui se fait, à savoir si, par exemple, les éléments du cursus scolaire sont appliqués dans toutes les écoles, tous les éléments qui sont considérés obligatoires. Et si ça passe par, je dirais, un regard plus approfondi, d'une façon plus régulière... ou de façon plus régulière sur ce qui se passe dans les classes, nous, on est d'accord. Est-ce que le remède dont on parle aujourd'hui, l'évaluation des enseignants aux deux ans, ça répond à ces préoccupations-là? Est-ce que ça pose d'autres enjeux? Il faut quand même y réfléchir un peu, là. Ça me fait un peu penser à la proposition de l'ordre des enseignants qu'on veut créer, qui fait débat. Donc, ça ramène tout ce dossier-là, puis vous me permettrez d'y réfléchir un peu avec mon caucus avant de me prononcer.

Journaliste : Mais je vous relance une dernière fois là-dessus, M. Arseneau. Vous avez quand même lu dans les journaux, bon, ces gens-là suggèrent de modifier la loi sur l'instruction publique, les formations d'enseignants, obligation de parler en français partout, dans les couloirs, dans les cours d'école, interdire toute activité religieuse avant ou après dans ces établissements-là. Est-ce que c'est quand même des pistes de solution que... ou, en tout cas, de suggestion qui vous paraissent sensées? On entend déjà les syndicats dire sur la formation des enseignants aux deux ans : Wo, wo, wo. Vous?

M. Arseneau : Bien, écoutez, la grande question... puis moi, j'ai été enseignant, là, au collégial, la question de l'autonomie professionnelle des enseignants, moi, j'y crois. Mais est-ce qu'il y a des balises qui doivent être mises en place absolument? Est-ce qu'on doit s'assurer qu'à l'intérieur de l'autonomie professionnelle des enseignants, qu'on puisse s'assurer que chacun puisse livrer le travail pour lequel il a été embauché dans le cadre qui est imparti par le ministère, qui est exigé du ministère, qui est attendu des parents? Ça, ça... Donc, on ne peut pas, je pense, uniquement, au vu ou au-dessus de ce qu'on a appris au cours des dernières semaines et des derniers mois, se dire que tout va bien, fermer les livres, et dire : Bien non, ça, c'est exceptionnel, c'est une anecdotique, ça va se régler. Je pense qu'il y a effectivement des moyens à mettre en place pour s'assurer que l'autonomie professionnelle des enseignants soit respectée, mais que le cursus scolaire le soit aussi et que le principe de laïcité soit aussi observé dans l'ensemble des écoles. Donc, les propositions qui touchent, par exemple, à l'usage du français ou encore à la séparation de la religion, de l'enseignement et des écoles, bien, évidemment qu'on est d'accord avec ces principes-là.

Journaliste : Troisième lien.

M. Arseneau : Oui.

Journaliste : Est-ce que Mme Guilbeault essaie de faire un pont à l'est contre l'avis de ses propres fonctionnaires? Vous avez vu notre papier ce matin sur Radio-Canada. Est-ce qu'elle tente d'enfoncer ça dans la gorge des fonctionnaires du MTQ, malgré leurs recommandations?

M. Arseneau : Bien, moi, je vous ramène dans la déclaration de Mme Guilbeault du 19 avril 2023, qui a dit : Le besoin n'est pas démontré pour un troisième lien. On va prendre une décision responsable, une décision pragmatique, puis on abandonne le projet. On sait que, pour des raisons politiques, on a changé d'idée, et là on essaie d'imposer la fabulation électoraliste de la CAQ en s'accrochant, là, sur la notion de sécurité économique, en faisant porter le poids de cet argumentaire-là sur CDPQ Infra, ce que n'a jamais dit CDPQ Infra. Le rapport de CDPQ Infra, c'est que le troisième lien n'est pas justifié.

Ce qu'on apprend aujourd'hui, c'est que les fonctionnaires viennent corroborer le rapport de CDPQ Infra en disant : Le troisième lien n'est pas justifié selon la vaste majorité des critères qu'on peut appliquer et les orientations gouvernementales elles-mêmes. Alors, là, ce qu'on voit, c'est un gaspillage de fonds publics où la ministre force les fonctionnaires à essayer de trouver la quadrature du cercle, de faire rentrer, là, un projet carré dans un cercle où ça ne fait absolument pas aucun sens. Et si on va plus loin, en sachant qu'il y a Mobilité Infra Québec qui a été créée, on peut se poser la question, également, là, jusqu'où va aller le gouvernement pour mettre en oeuvre ou faire travailler les fonctionnaires ou des instances gouvernementales à des fins politiques contre, je dirais, la réalité et contre les principes mêmes, là, qui dictent, je dirais, l'intérêt public qui est inscrit, là, dans toutes les orientations gouvernementales.

Journaliste : Est-ce que leur argument de sécurité économique pourrait justifier de construire ça malgré tout le reste, là, l'aménagement autour du territoire? Est-ce que la sécurité économique, ça pourrait justifier ça, d'après vous?

M. Arseneau : Bien, on l'a dit depuis le début : Pourquoi on voudrait aller à l'encontre d'un projet... «pourquoi on voudrait aller à l'encontre d'un projet»? D'un rapport, c'est-à-dire, qui nous dit que, non seulement on ne va pas améliorer la mobilité, mais on va accentuer les difficultés à cet égard. Alors, pourquoi on a une ministre de la Mobilité durable qui s'entête à vouloir enfoncer dans la gorge des Québécois et des fonctionnaires un projet qui ne repose sur aucune justification en matière de mobilité durable ou de transport?

Journaliste : La population n'y croit pas, là, selon vous, en ce moment, là. Parce que vous dites : Enfoncer dans la gorge des Québécois, et les fonctionnaires, mais enfoncer dans la gorge des Québécois aussi.

M. Arseneau : Bien, à un moment donné, je pense qu'il faut revenir à des bases qui sont ancrées dans la réalité et dans la science. Si on a fait travailler des experts là-dessus pendant des mois pour conclure que ce projet-là n'avait pas de sens et n'était pas justifié, pourquoi le gouvernement continue de gaspiller des fonds publics en exigeant des fonctionnaires qu'ils travaillent sur un projet et qu'eux-mêmes, à sa face même, devant les conclusions qu'on voit aujourd'hui, ne trouvent pas de justification non plus? Je sais que c'est en pure perte, là, mais, encore une fois, ce qu'on demande à la ministre des Transports et de la Mobilité durable... de passer à un autre appel, de passer à un autre sujet, parce que ça devient lassant, à un moment donné, de répéter constamment que ce projet-là n'a pas de sens, coûterait des sommes pharaoniques et accentuerait les difficultés en matière de mobilité dans la région de Québec.

On le répète, il ne se réalisera jamais, ce troisième lien-là, mais la CAQ veut l'utiliser pour une troisième élection consécutive comme... ce qu'on appelle chez nous de la bouette électorale. Ça ne fonctionne pas. Merci.

(Fin à 9 h 39)

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