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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de relations internationales et de francophonie, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile

Version finale

Le mardi 11 février 2025, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente minutes)

M. Arseneau : Bonjour, tout le monde. Je voudrais revenir aujourd'hui sur les témoignages qu'on a entendus hier d'infirmières qui se font mettre à la porte en situation de pénurie de main-d'oeuvre, dénoncée depuis cinq ans par la CAQ, dans une période de compressions massives. Et le gouvernement, pendant ce temps là, continue de nier la réalité. On sait, la semaine dernière, on a posé des questions, on a fait des motions, on a eu une interpellation. Le gouvernement continue non seulement de manquer de transparence par rapport aux compressions qui sont en cours, mais carrément d'honnêteté par rapport à la démarche qu'il mène aujourd'hui. Ça, c'est troublant. Il y a, pour nous, un manque de confiance, un bris de confiance qui est en train de se créer entre les citoyens, les gens qui travaillent pour le réseau et, évidemment, le gouvernement.

Aujourd'hui, on en rajoute : 300 000 $ que le gouvernement accorde à des médecins, à des experts pour essayer de trouver une solution à la prise en charge des Québécois par le système de santé, alors que sa promesse, rappelons-nous, était que chaque Québécois ait un médecin de famille. En novembre dernier, le ministre a dit : Ce n'est pas ça qu'on va faire, on va trouver une prise en charge par un professionnel de la santé. On apprend maintenant qu'il n'a aucune idée à savoir comment il va procéder, et il dépense 300 000 $ pour qu'on lui apporte des solutions.

Le gouvernement aujourd'hui est en train, à travers Santé Québec, de couper les chèques emploi-service pour donner des chèques en blanc aux experts de tout acabit, aux consultants de tout acabit. Il a sous-traité les compressions budgétaires à Santé Québec, dont la masse salariale atteint plusieurs millions de dollars. Le plus gros employeur au Québec et au Canada avec plus de 350 000 employés n'est pas foutu de définir sa propre mission, n'est pas capable de définir comment il va agir pour remplir les commandes du gouvernement. 3 millions de dollars de contrats qui sont donnés à des experts et à des consultants, c'est le bar ouvert pour les firmes de consultants pendant que les citoyens n'ont pas accès à des services de santé élémentaires, des soins d'obstétrique à Sainte-Anne-des-Monts, pour toute une MRC, ou à Témiscouata-sur-le-Lac, des urgences qui sont menacées de fermer à Trois-Pistoles et ailleurs. Et, pendant ce temps-là, bien, il y a des gens qui se graissent la patte aux dépens des contribuables avec l'accord, évidemment, du gouvernement.

Alors, moi, je veux dénoncer ça aujourd'hui puis encore une fois demander au gouvernement qu'il fasse preuve de transparence et d'honnêteté jusqu'où va aller les coupures puis jusqu'où on va aller pour donner des contrats aux experts et aux consultants d'un peu partout. Merci.

M. Paradis : Sur un autre sujet, commence aujourd'hui la commission parlementaire sur le projet de loi n° 69 relatif à la réforme du secteur de l'énergie. C'est une des plus importantes réformes présentées comme telles par le gouvernement pour l'avenir énergétique et l'avenir économique du Québec. La question est : Mais qu'est-ce qu'on va faire en commission parlementaire aujourd'hui? Pourquoi commencer cette commission parlementaire aujourd'hui? Nous n'avons toujours aucun plan du gouvernement du Québec sur cet avenir énergétique du Québec. Donc là, on nous demande, avec un projet de loi, de construire une route, et on n'a toujours aucune idée à quel endroit va aboutir cette route. Hydro-Québec a produit un plan. Le gouvernement du Québec n'a jamais produit un plan, et là, il nous envoie en commission parlementaire, en plus, dans le contexte actuel, alors que les questions énergétiques sont au cœur des relations commerciales avec les États-Unis et avec le monde entier. Encore une fois, de l'improvisation.

On a reçu des amendements en liasse vendredi dernier puis on commence la commission aujourd'hui. Est-ce qu'on va en recevoir d'autres? On pensait que, ces amendements-là, il y aurait une réflexion sur le projet de loi à la suite des consultations particulières où on avait entendu des experts de partout au Québec. Il n'y a rien de significatif dans ces amendements-là.

Alors, il semblerait que la ministre Fréchette, dont on entendait... on attendait de la fraîcheur, du renouveau, une façon différente de procéder, il n'y a aucune différence. Christine Fréchette, Pierre Fitzgibbon, même sens de l'improvisation quand c'est l'avenir énergétique et économique du Québec qui est en jeu.

M. St-Pierre Plamondon : Merci. Comme vous voyez, c'est chargé ce matin. Donc évidemment, il faut qu'on parle un peu de ce déclenchement en catimini de la partielle dans Terrebonne. On aura pris plus de cinq mois pour la déclencher, cinq mois durant lesquels les gens de Terrebonne n'avaient pas de député, et finalement, on choisit un moment où François Legault n'est pas là pour le déclencher. On déclenche ça en catimini. C'est-à-dire que ce sont nos militants qui se sont rendu compte que la CAQ posait des pancartes. Donc on s'est activés en réaction. Et, fait quand même inusité, je pense que c'est la première fois de notre histoire où on voit un candidat aux élections tourner le dos aux électeurs, littéralement, sur la pancarte. Donc, tout ça est quand même assez particulier.

On nous parle donc d'une date du 17 mars prochain. Et, ce que j'ai à dire aux gens de Terrebonne, c'est : Vous avez une supercandidate, donc l'occasion de donner au Parti québécois une cinquième députée vis-à-vis 86 caquistes, nous, ça fait une différence, et vous avez l'occasion de sanctionner le gouvernement pour un niveau d'improvisation et de détérioration des services publics, des finances publiques et de la transparence, qui n'est quand même pas anodine, donc la chance d'envoyer un message. Donc, pour toutes ces raisons, nous, on est très motivés dans Terrebonne. Vous allez me voir demain à Terrebonne sur le terrain. Et c'est évidemment une séquence qu'on prend très au sérieux.

Et simplement un mot, là, par rapport à cette déclaration de François Legault à l'effet qu'il croit... et il s'est servi de X pour exprimer ce désir, il croit que c'est le bon moment de renégocier le libre-échange avec les États-Unis. Je trouve cette affirmation incompréhensible. Et vraiment je ne comprends pas comment, devant un président des États-Unis qui est imprévisible, qui est hostile à nos intérêts et qui pratique une stratégie de déstabilisation de ses partenaires pour ensuite mieux négocier, je ne comprends pas à ce moment-ci pourquoi on irait dire aux États-Unis : Profitons-en pour tout mettre sur la table. C'est une façon de dire aux États-Unis : Votre stratégie de déstabilisation fonctionne, on est paniqués au point où on veut renégocier tout de suite quelque chose qui n'est pas à négocier. Et c'est de prendre le mauvais moment, parce qu'évidemment Donald Trump est au début de son mandat. Il y a des contrepoids, des contre-pouvoirs aux États-Unis qui vont se faire entendre lorsque les gens... Notamment sur ce tarif sur l'aluminium, lorsque les gens vont réaliser que ce sont les États-Unis que ça pénalise, il y aura des voix qui vont s'élever.

Vous noterez d'ailleurs que le fameux tarif, il n'est pas en vigueur aujourd'hui, on l'a reporté au 12 mars. Pourquoi? Parce qu'on se doute de la réaction des marchés puis on se donne une marge de manœuvre de reculer. Mais c'est à nous de demeurer calmes et de ne pas rentrer dans le jeu de l'escalade ou de la panique où est ce qu'on se met à négocier dans toutes les directions. Et j'implore le gouvernement du Québec de ne pas tomber dans ce panneau-là et de ne pas mettre de l'avant une renégociation dans le contexte où, on le sait de toute façon, Donald Trump, ce qui est négocié, ça ne l'empêche pas de faire quoi que ce soit, là. C'est sa propre entente de libre-échange qui est en vigueur en principe en ce moment, ça ne change rien à sa faculté d'inventer des tarifs du jour au lendemain. Donc, gardons la tête froide, mais pour vrai, pas un slogan, là, et assurons-nous de ne pas faire de faux pas, de ne pas encourager ce qui pourrait devenir une escalade de sanctions commerciales entre le Québec et les États-Unis.

Des voix : ...

Journaliste : De renégocier un accord pourrait ne pas venir justement enlever l'incertitude qui plane puis qui semble faire mal parce qu'une fois que ce sera renégocié, bien, Donald Trump aura négocié la chose en bonne et due forme?

M. St-Pierre Plamondon :Ça va ajouter... ça va ajouter de l'incertitude. On a déjà une incertitude chronique qui va ralentir l'économie. On va tout mettre sur la table en sachant la manière dont se comporte le président des États-Unis à ce jour en négociation, puis on nous explique que ça va mettre fin à l'incertitude. Ça va en ajouter, mais surtout, on a la quasi-certitude, dans ce scénario-là, de repartir de la table de négociation en ayant perdu une chemise ou d'autres éléments, là. Ça ne se passera pas bien dans les circonstances. Alors que, si on laisse l'usure du pouvoir et les contrepoids agir aux États-Unis, je pense que, dans un an, dans deux ans, on pourrait être ailleurs. Notamment, il y aura des voix qui vont finir par s'élever parmi les élus républicains, les «governors» qui vont dire : Ces tarifs-là font perdre des emplois dans ma circonscription. Arrêtez! Il va y avoir des voix économiques fortes aux États-Unis pour dire, là, on est en train de se tirer dans le pied. Mais de faire ça maintenant, c'est de dire au président des États-Unis : Votre technique de déstabilisation marche au point qu'on arrive à genoux puis on est prêt à mettre tout sur la table maintenant. Je pense que c'est vraiment incompréhensible. De notre point de vue, là, je ne comprends pas, ça sent l'improvisation, un peu comme lorsque François Legault a dit, le lendemain de la possibilité des tarifs, qu'on ferait des projets d'Hydro-Québec, puis ça remplacerait les jobs perdues.

Une voix : ...

M. St-Pierre Plamondon :Mieux vaut prendre notre temps.

Journaliste : On attend... Qu'est-ce qu'on attend au juste?

M. St-Pierre Plamondon :On a proposé plusieurs choses concrètes, là, donc diversification. On a besoin d'aller... mais ça ne s'est pas fait.

Journaliste : C'est de long terme, là.

M. St-Pierre Plamondon :Mais non, c'est court terme. Envoyer une mission maintenant, puis on n'a rien fait. Défiscalisation...

Journaliste : Vous parlez de...

M. St-Pierre Plamondon :Défiscalisation pour les exportations, c'est court terme, c'est maintenant, on n'a rien fait. Aider les entreprises au niveau de l'allègement de leurs opérations, on n'a rien fait. Donc, il y a des choses à faire. Et moi je dis simplement avant d'accélérer l'euphorie de Trump dans ses décrets, là, parce qu'il signe des décrets sur les pailles en plastique, là, avant d'accélérer ça en rajoutant, le lendemain matin, d'autres possibilités de créer de l'instabilité, ralentissons le jeu, soyons calmes et reconnaissons que le décret sur l'aluminium, lorsqu'il rentrera en vigueur, a peu d'impact sur l'emploi et l'économie au Québec, c'est aux États-Unis que ça va faire mal, parce que les États-Unis ne peuvent pas se passer de notre aluminium, mais eux, ça va leur coûter 25 % plus cher essayer de faire une voiture ou une roue. Donc, laissons-les dans ça, notre économie va être peu affectée, puis les endroits où on sera affectés, on est en mesure de réagir, mais n'embarquons pas dans la stratégie trumpiste de créer une espèce de chaos ou de déstabilisation généralisée.

Journaliste : Avec ce que vous dites de départ, O.K. dans la stratégie. Est-ce que vous regrettez de lui avoir donné raison, par exemple, sur la question du fentanyl à la frontière, alors qu'on a vu que ça semblait être un prétexte? Après ça, M. Trump a évoqué la question des banques, après ça, la... la... la balance commerciale.

M. St-Pierre Plamondon :Est-ce que j'ai donné... est-ce que j'ai donné raison à M. Trump sur la question des banques?

Journaliste : Non, mais je vous demande...

M. St-Pierre Plamondon :Non, parce qu'il n'y avait pas de fondement.

Journaliste : Non, vous ne parliez pas du fentanyl.

M. St-Pierre Plamondon : Parce qu'il n'y avait pas de fondement factuel. Sur le fentanyl, il y a des fondements factuels, et je comprends qu'il y a des journalistes qui s'en tiennent seulement aux quantités saisies, mais le fait est qu'il y a du trafic de drogue, du trafic de personnes et du trafic d'armes depuis des années, et ce n'est pas donner raison à Trump. Ça, c'est le titre qui a été retenu. C'est... On donnait raison aux Américains parce que Biden et l'administration Obama tenaient le même discours sur le caractère poreux. Donc, nous, notre position, c'est... lorsque l'administration Trump a un argument qui tient la route, bien, on a intérêt à offrir des solutions pour éviter les tarifs. Cependant, lorsque ça ne tient pas la route... Par exemple, les banques américaines, elles ont droit de faire affaire au Canada, c'est...

Journaliste : Donc, vous, vous pensez vraiment que c'est un argument qui tenait la route et qu'il fallait répondre aux appréhensions de M. Trump et c'est peut-être ça qui a eu un impact sur le report des tarifs ou pas?

M. St-Pierre Plamondon : Non, ça c'est vous qui le dites. Nous, on a tout simplement...

Journaliste : Mais je vous... Non, mais je vous pose la question, j'essaie de comprendre votre raisonnement.

M. St-Pierre Plamondon : Mais je ne comprends pas votre question. Quelle est-elle?

Journaliste : Mais je vous demande : Est-ce que vous trouvez que c'est encore la bonne stratégie, que de donner raison à M. Trump sur le fentanyl dans la situation actuelle...

M. St-Pierre Plamondon : C'était la... C'était la bonne position.

Journaliste : ...quand vous dites : Il faut rester calme, il ne faut pas encourager, M. Trump, il ne faut pas rentrer dans son jeu?

M. St-Pierre Plamondon : Justement, c'était la bonne position de départ. Il dit : On a des enjeux à la frontière. On le sait, que c'est vrai. Demeurez calme, c'est de dire : Bien, parlons des solutions ensemble. Mais, lorsqu'il y a des tarifs qui font mal aux États-Unis et qui affectent peu l'économie québécoise, la réponse devrait être vraiment calme de notre part et ne surtout pas de mettre sur la table une renégociation de tout ce qui est de libre-échange à ce moment-ci. Constatant l'hostilité mais aussi les ambitions démesurées, là, de l'administration à ce jour, laissons les États-Unis évoluer là-dedans. Parce que les États-Unis, ce n'est pas que Donald Trump. Il y a beaucoup de gens aux États-Unis puis il y a beaucoup de mécanismes de pouvoirs, de contre-pouvoirs. Et ce qu'on a vu comme mesures tarifaires, si elle a lieu... parce que 12 mars, c'est une façon de se donner du temps pour changer d'idée, là, c'était supposé avoir lieu aujourd'hui, si elles ont lieu, elles feront mal aux États-Unis, pas au Québec.

Journaliste : Mais qu'est-ce qui... Vous disiez que les contre-pouvoirs vont faire effet par rapport ce président-là. Vous avez mentionné les décrets sur les feuilles de plastique puis le fait qu'il était...

M. St-Pierre Plamondon : Il était sur une lancée.

Journaliste : ...qu'il était parti, là... Oui. Qu'est-ce qui vous dit que, dans un an ou dans deux ans, il va retrouver ses esprits puis qu'il va...

M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire qu'il y a... Ça peut difficilement être plus instable, imprévisible et hostile qu'en ce moment. Et il y a un principe de base en politique, c'est l'usure du temps et l'usure du pouvoir. Il y a des élus, dans chaque État américain, qui constateront, si vraiment on procède avec ces tarifs sur l'aluminium et l'acier, que les conséquences sur l'inflation américaine et sur la capacité économique des États-Unis vont être très nocives.

Donc, laissons les États-Unis cheminer, laissons les marchés parler. Vous vous souviendrez que ce sont les marchés qui ont sûrement influencé le plus Donald Trump dans sa première tentative sur les tarifs. Rappelons tout ça a déjà eu lieu en 2018. Et, je vous dis, si vraiment on est calmes et on refuse d'embarquer dans une escalade, qui... ce qui est le souhait de Donald Trump, on ne mettra sûrement pas ça sur la table à ce stade-ci, une renégociation de tout dans un geste de panique.

Journaliste : En même temps, M. Legault le soutient, puis les entreprises qui le subissent également, la situation actuelle crée de l'incertitude puis que l'incertitude est pire qu'une décision finale. C'est ce que les entreprises qui étaient visées ont dit et c'est ce que M. Legault a répété à la suite du retrait de la première menace. Donc, de renégocier, puis de peut être mettre le couvercle sur le chaudron, puis de dire : Bien, voici ce que ça sera pour les trois prochaines années, ça ne serait pas ça, la meilleure des solutions?

M. St-Pierre Plamondon : Bien non. Vous en avez une, une entente en vigueur signée par Donald Trump lui-même.

Journaliste : Il ne la respecte pas.

M. St-Pierre Plamondon : Pourquoi la prochaine serait-elle respectée?

Journaliste : Donc, il crée... Oui, mais il crée de l'incertitude. Si on renégocie maintenant, là, on pourrait...

M. St-Pierre Plamondon : Bien oui, mais... mais... mais, respectueusement soumis, votre raisonnement, c'est de dire que, s'il y a une nouvelle entente, elle va être plus respectée que l'entente en vigueur présentement, alors que l'entente en vigueur présentement est signée par Donald Trump. Il ne respectera pas plus la nouvelle entente, mais il va profiter de ce chaos, de tout renégocier pour accentuer cette pression de déstabilisation. Il n'y a aucune raison, dans la manière dont se comporte le président des États-Unis, en ce moment, de mettre sur la table une renégociation de tout et rien dans un geste de panique. Il n'y en a pas, de raison.

M. Paradis : Se souvenir, c'est important. Et là revenons à la dernière négociation, lorsque les États-Unis ont demandé de renégocier l'accord de libre-échange nord-américain, l'ALENA. La période de négociation, en elle-même, est une période d'incertitude. Parce que, là, on entend toutes sortes de choses, et là le président Trump va mettre toutes sortes de choses et toutes sortes de demandes sur la table. Et ça ne se négocie pas en deux, trois semaines. Ça prend du temps, négocier des ententes comme ça.

Journaliste : ...vous préférez les négociations qu'il fait sur la place publique présentement?

M. Paradis : Oui, mais ça, il le fait. Et il faut revenir, encore une fois, à ce qui s'est passé, à son premier mandat.

Journaliste : Mais des négociations en bonne et due forme, vous en avez fait, là, dans votre carrière.

M. Paradis : Oui.

Journaliste : Des négociations en bonne et due forme, à huis clos, avec les gens qui sont... qui viennent de tous les domaines, ce ne serait pas une meilleure solution que ce qui se passe présentement sur la place publique...

M. Paradis : Il y a tout lieu...

Journaliste : ...qui nuit, en ce moment, à... Cette incertitude-là crée de l'anxiété chez nos entrepreneurs, fait réagir les bourses, fait... Bon, donc, en ce moment, on vit ce chaos-là, là.

M. Paradis : Il y a tout lieu de croire que la négociation ne se passerait pas comme vous le dites. La façon classique de négocier un accord de libre-échange, c'est beaucoup de confidentialité, c'est feutré, ça se passe, comme vous le dites, dans des salles de conférence où en discutent 30 experts et les politiciens se retiennent. Nous sommes dans un nouveau scénario. Donald Trump a décidé d'appliquer ses stratégies. Et, rappelez-vous, il y a eu un point de presse ici, le 26 novembre, c'est moi qui étais avec vous la première journée, le lendemain de la première annonce du président élu Donald Trump : Il va y avoir des tarifs de 25 %. J'ai rappelé ses propres livres sur l'art de négocier, déstabilise tes adversaires, inonde-les de décisions, inonde le système. Puis ça, autour de lui, c'est aussi la stratégie, déstabilise, fais en sorte que ton adversaire mette un genou par terre, puis, ensuite, tu négocies. Nous, ce qu'on dit, c'est que ce n'est justement pas le temps de renégocier maintenant, il va se...

Journaliste : Est-ce qu'on peut le condamner à subir ces agressions?

M. Paradis : Ce matin, avec un autre média, je disais : Bien, on annonce des bourrasques ici au Québec, ça vient avec l'hiver. Je pense qu'il va falloir s'habituer au fait que cette administration a une façon de fonctionner qui est comme ça. Mais Paul St-Pierre Plamondon vient de le mentionner, nous sommes probablement dans un pic de cette période-là. Le président vient d'être élu. Il jouit d'un mandat fort. Il contrôle le Sénat, il contrôle la Chambre des représentants. Les membres de son cabinet n'ont même pas encore été tous nommés. Ils n'ont pas été tous confirmés par le Congrès. Les gens ne se sont pas encore installés dans la nouvelle administration, donc c'est un moment idéal pour lui de faire ce genre de stratégie. Ce n'est pas le moment idéal pour nous de renégocier et, surtout, ce n'est pas le moment pour notre premier ministre de dire : Voici ma réaction, vite, je vais tout mettre sur la table. Son entente, à Donald Trump, son accord de libre-échange, souvenez-vous de ce qu'il disait, l'ALENA, c'était mauvais. Vous voyez maintenant, Américains, je vous offre une nouvelle entente qui est bonne. Puis là, aujourd'hui, il a foulé aux pieds. Alors, je pense qu'il faut faire attention avant de penser que de renégocier une entente calmerait le jeu avec un tel président.

M. St-Pierre Plamondon :Si je peux juste compléter, là. Il y a un bout qu'on ne contrôle pas, c'est ce que le président des États-Unis décide de faire comme décret demain et la semaine prochaine. Ce qu'on contrôle, c'est notre réaction, et notre point ce matin, c'est de dire : Ne validons pas sa stratégie en en rajoutant et en favorisant l'escalade, en lui démontrant qu'on est déstabilisé. C'est simplement ça.

Journaliste : ...l'incertitude actuelle risque d'avoir, selon vous, M. St-Pierre Plamondon, dans le résultat de l'élection partielle du 17 mars?

M. St-Pierre Plamondon :Votre réponse est aussi bonne que la mienne. Je pense qu'à ce jour le Parti québécois a démontré la pertinence des pistes de solutions, des interventions qu'on fait. Et je pense que les gens de Terrebonne vont se poser la question : Qui on veut pour nous représenter. 

Journaliste : Mais allez-vous élaborer votre plan référendaire, par exemple? Ça va être quoi, l'angle d'attaque durant cette campagne dans cette partielle-là?

M. St-Pierre Plamondon :Je fais un point de presse demain à Terrebonne pour justement lancer quelques thématiques qui sont importantes pour nous.

Journaliste : Est-ce que le thème de la souveraineté et le référendum va être mis de l'avant?

M. St-Pierre Plamondon :On met de l'avant l'indépendance dans chacune de nos campagnes, donc ça va être là, puis je pense qu'il n'y a aucun doute sur nos orientations là-dessus, et on a du succès.

Journaliste : Allez-vous vous absenter des périodes de questions? Vous dites : Demain, je ne suis pas là.

M. St-Pierre Plamondon :Oui, demain je ne suis pas là. Donc, je vais tenter de faire la période de questions, si c'est possible, puis on va voir la température. Donc, on va voir en termes de périodes de questions ou pas. Je sais que François Legault n'est pas là demain, donc on va voir également à l'interne, là, qui pose la question sur quelle thématique en fonction de l'actualité.

Journaliste : ...pour vous d'être présent à Terrebonne. Je pense que vous avez quand même donné... vous avez fait preuve d'une confiance apparente envers votre candidate, là. Pourquoi c'est important que le chef soit là?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, comme c'est important lorsque Pascal Paradis était candidat dans Jean-Talon. Terrebonne a perdu un député parce qu'il n'est pas motivé. Nous, on a une candidate très motivée et, moi, je suis un chef très motivé pour Terrebonne. Je veux que ça se voie, je veux que ça se sache puis je veux que les gens nous voient à nouveau travailler comme on a travaillé Jean-Talon puis comme on travaille à quatre députés sur tous les enjeux devant 86 députés caquistes. Je veux qu'on continue ce qui nous caractérise, c'est-à-dire l'ardeur au travail puis le sérieux qu'on met là-dessus.

Journaliste : Vous ne préfériez pas attendre une journée où ça ne siège pas à l'Assemblée nationale pour pouvoir être ici?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, je constate que ma présence à l'Assemblée nationale est très régulière. Je constate que le premier ministre n'est pas là demain, donc je ne peux pas poser de questions au premier ministre. Et je pense que...

Journaliste : Donc, quand le premier ministre n'est pas là, ça ne vaut pas la peine pour vous d'être ici?

M. St-Pierre Plamondon :Non, c'est qu'on pose des questions de toute façon, mais la question, elle va être posée par peut-être un de mes collègues. Donc, on va voir demain, là, si je fais la période de questions ou pas.

Journaliste : Concernant la position du Collège des médecins, il y a une commission, là, ce matin, le Collège des médecins considère qu'on devrait retirer le statut de médecin non participant. C'est quoi votre lecture de cette proposition-là? Ils seront entendus tantôt.

M. Arseneau : Bien, on va les entendre effectivement, puis on va poser des questions pour en savoir davantage. Mais, en fait, ce qu'ils disent, c'est que le gouvernement fait fausse route avec l'idée d'imposer des conditions aux jeunes médecins sans regarder l'ensemble du portrait, où il y a près de 800 médecins qui se sont désaffiliés, qui sont non participants, alors que pour tout le Canada, c'est 12. Pourquoi? Parce qu'ailleurs au Canada on ne permet pas aux médecins de se désaffilier, parce qu'ailleurs au Canada on ne permet pas aux médecins de surfacturer les contribuables qui paient déjà pour le système de santé. Ces propositions-là sont très intéressantes. Puis le projet de loi l'est pas mal moins parce qu'il ne va pas assez loin. Donc, nous, on va continuer d'assister aux consultations. Mais c'est... c'est une idée, en fait, c'est une proposition qui semble extrêmement valide, c'est-à-dire d'élargir la capacité du gouvernement d'agir. Et, ce qu'on dit, puis je pense que vous le savez aussi bien que moi, c'est qu'on n'aurait même pas besoin du projet de loi pour agir. Avec l'article 30.1, je pense, de la Loi sur l'assurance maladie, on pourrait, du jour au lendemain, dire aux médecins : Hé! On a besoin de vous dans le système public, là, vous n'avez plus le droit de vous désaffilier.

Journaliste : Juste un petit mot rapidement sur Jasmin Roy, si possible, les allégations qui sont parues ce matin dans Le Devoir. Bon, très simplement, Jasmin Roy a été nommé récemment dans un poste dans un groupe de travail sur les coops d'habitation. Est-ce qu'il devrait perdre son siège à ce groupe de travail là?

M. Paradis : Bon. Sur l'affaire Jasmin Roy, la première chose, c'est qu'évidemment l'intimidation n'est acceptable dans aucun contexte. Il faut la dénoncer en tout temps et en tout lieu. Là où on voudrait... Là où on a un message aujourd'hui, c'est qu'on apprend par l'enquête dans les médias ce matin qu'il pourrait y avoir eu des passe-droits ou des accélérations ou des interventions, notamment au niveau du cabinet, de dossiers qui avaient été par ailleurs rejetés par les travailleurs de l'État, par les fonctionnaires qui traitaient les dossiers. Et ça, ce n'est pas acceptable. Et ça, ça va être très important d'aller au fond de cette affaire-là, de poser les bonnes questions et surtout d'avoir des réponses, est-ce qu'il y a eu du favoritisme dans ces dossiers-là. Si oui, pourquoi et comment on s'assure que ça ne se reproduise jamais.

Des voix : ...

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : Sur la question en tant que tel...

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : ...M. Roy est dans un groupe de travail actuellement sur les coops d'habitation. Est-ce qu'il devrait quitter ce poste-là?

M. Paradis : Nous, notre position sur ce genre de questions là est toujours... Là, on a des informations qui sont sorties ce matin. Je comprends que M. Roy a répondu à un certain nombre de questions. C'est le... Le genre de questions que vous posez... elle est très pertinente. Est-ce qu'on a la réponse à cette question-là aujourd'hui? Pas à ce stade-ci parce qu'évidemment il faut aller au fond de l'affaire, quels sont les faits, quelles sont les responsabilités. Parce qu'il faut faire attention aussi, dans notre système, il y a cette présomption d'innocence. Donc là, pour l'instant, là, assurons-nous de c'est quoi le fond de l'affaire avant de prendre des décisions comme celle-là. Mais c'est une question qui va devoir se poser.

Le Modérateur : On va passer en...

Journaliste : ...Legault is repeating and keeps repeating even in the last few hours that Canada should renegotiate the Canada-United States-Mexico agreement. He's basically bending a knee in front of Donald Trump in Washington D.C.

M. St-Pierre Plamondon : It just doesn't make any sense. Why would you beg for more instability and a broad negotiation when you know that the posture of the President of the United States so far is hostile to our interests and very unforeseeable? Why would you beg for more? I think the best thing to do right now is to stay put, take it easy, especially that the tariffs that have been announced yesterday, they're harming the American economy. They're not harming Québec's economy. So, if it's enforcing on the 12th, they'll be reactions within the United States saying : What are we doing?

Journaliste : On March 4th, that those tariffs are...

M. St-Pierre Plamondon : We've read 12 this morning and I think it was 4 yesterday.

Journaliste : Well, this is the information we had yesterday, it was 4. So, we'll see.

M. St-Pierre Plamondon : Whether it's 4, whether...

Journaliste : ...it could be a good... a good thing just to open it up, reopen these negotiations around a table and make sure that we know exactly how far Trump Administration is ready to go, and then we settle down, and then we... like we're free for the rest of Trump's mandate? No?

M. St-Pierre Plamondon : This reasoning would make sense in a conventional political environment. But he's not respecting the free trade agreement he signed himself. And by telling him, a few hours after tariffs : We really need to negotiate... renegotiate everything, we're sending the signal that we're destabilized, and that his strategy of hostility is actually working. And, given that he's not respecting his own agreement, there is no reason to think that a second agreement, in which we will lose... obviously, we will not get out of that table with wins... on top of losing, there's no... there's not more foreseeability, because he's not respecting international trade agreement agreements. So, let's take this new global picture and realize that the best thing to do right now is to take it easy and make sure that we act calmly, that we don't encourage an escalation of those counterproductive measures.

Journaliste : But the Premier... but the Premier's argument is that this would help deal with the uncertainty, that has already been calming the economy. I just want to get a better sense of what exactly the harm would be in renegotiating right now.

M. St-Pierre Plamondon : Extreme uncertainty, extreme instability, because you put everything on the table. So far, we have tariffs that are not really going to harm our exports. It's going to harm America's economy. To say, with the level of unforeseeability and of hostility of the President towards our economic interests... to say : It's right now that we want to negotiate, would be a big mistake. It's telling him that it's working, his strategy is working. And you take him at the beginning of his mandate where he has a sense of mightyfulness, can we... can you say that?

Journaliste : Be mighty.

Journaliste : Not really. But...

M. St-Pierre Plamondon : He has a sense...

Journaliste : He has a sense of grandeur. He has a sense of grandeur.

M. St-Pierre Plamondon : I mean... Of grandeury?

Journaliste : Grandeur.

M. St-Pierre Plamondon : Grandeur? He has a sense of grandeur. But politics, in the United States checks and balances, will intervene at some point, saying : if those tariffs are harming the American economy, we need to change course. So, we need to take our time here and we need to let Americans figure out why would they shoot themselves in the foot. It doesn't make sense for them, and it's not harming much Québec's economy. And if there are further measures, we'll see at that point. But at this point, today, to come begging on our knees, saying we need to renegotiate everything, we're willing to put everything on the table, it's really a weak stance, given what we know.

Journaliste : Premier Legault has called the election, the by-election in Terrebonne for March 17th, it's official now. I mean, you have been asking for this since September, since Mr. Fitzgibbon left, so I guess you're ready on the ground. But it's going to be only in winter, when... two weeks. Is a good thing or bad thing?

M. St-Pierre Plamondon : Winter?

Journaliste : Yes. Well, the by-election is in winter, only in winter.

M. St-Pierre Plamondon : We take by-elections as they come, whether it's a hot summer at 30 degrees or a cold winter at minus 30. We'll deal with it, but we're ready. And we're already on... on door-to-door, and talking to electors, and we're taking this very seriously. What's really amazing is that we left... Legault's government left Terrebonne five months without a represented, an elected member of Parliament. And then they choose today, they don't even announce it, and the Premier is abroad. I mean, what does it say? What does it tell? If you're in Terrebonne, like how are you supposed to interpret that message? We're motivated, we're there, we're working hard, and let's talk about it later.

Le Modérateur : Merci beaucoup, ça va terminer pour aujourd'hui.

Journaliste : ...just quickly, M. Arseneau, on... on the Collège des médecins's proposal, I'd just like to hear you : Is it realistic to... to stop Québec doctors from being able to opt out of the public system? Do you think this is something they can actually put in place?

M. Arseneau : Just mark my words : I don't often praise what's happening in the rest of Canada, but if it's doable in Ontario or B.C., I think I can do it. Thank you.

(Fin à 11 h 01)