(Dix heures trente minutes)
M. Arseneau : Bonjour, tout
le monde. Je voudrais revenir aujourd'hui sur les témoignages qu'on a entendus
hier d'infirmières qui se font mettre à la porte en situation de pénurie de
main-d'oeuvre, dénoncée depuis cinq ans par la CAQ, dans une période de
compressions massives. Et le gouvernement, pendant ce temps là, continue de
nier la réalité. On sait, la semaine dernière, on a posé des questions, on a
fait des motions, on a eu une interpellation. Le gouvernement continue non
seulement de manquer de transparence par rapport aux compressions qui sont en
cours, mais carrément d'honnêteté par rapport à la démarche qu'il mène aujourd'hui.
Ça, c'est troublant. Il y a, pour nous, un manque de confiance, un bris de
confiance qui est en train de se créer entre les citoyens, les gens qui
travaillent pour le réseau et, évidemment, le gouvernement.
Aujourd'hui, on en rajoute : 300 000 $
que le gouvernement accorde à des médecins, à des experts pour essayer de
trouver une solution à la prise en charge des Québécois par le système de
santé, alors que sa promesse, rappelons-nous, était que chaque Québécois ait un
médecin de famille. En novembre dernier, le ministre a dit : Ce n'est pas
ça qu'on va faire, on va trouver une prise en charge par un professionnel de la
santé. On apprend maintenant qu'il n'a aucune idée à savoir comment il va
procéder, et il dépense 300 000 $ pour qu'on lui apporte des
solutions.
Le gouvernement aujourd'hui est en train,
à travers Santé Québec, de couper les chèques emploi-service pour donner des
chèques en blanc aux experts de tout acabit, aux consultants de tout acabit. Il
a sous-traité les compressions budgétaires à Santé Québec, dont la masse
salariale atteint plusieurs millions de dollars. Le plus gros employeur au Québec
et au Canada avec plus de 350 000 employés n'est pas foutu de définir
sa propre mission, n'est pas capable de définir comment il va agir pour remplir
les commandes du gouvernement. 3 millions de dollars de contrats qui
sont donnés à des experts et à des consultants, c'est le bar ouvert pour les
firmes de consultants pendant que les citoyens n'ont pas accès à des services
de santé élémentaires, des soins d'obstétrique à Sainte-Anne-des-Monts, pour
toute une MRC, ou à Témiscouata-sur-le-Lac, des urgences qui sont menacées de
fermer à Trois-Pistoles et ailleurs. Et, pendant ce temps-là, bien, il y a des
gens qui se graissent la patte aux dépens des contribuables avec l'accord,
évidemment, du gouvernement.
Alors, moi, je veux dénoncer ça
aujourd'hui puis encore une fois demander au gouvernement qu'il fasse preuve de
transparence et d'honnêteté jusqu'où va aller les coupures puis jusqu'où on va
aller pour donner des contrats aux experts et aux consultants d'un peu partout.
Merci.
M. Paradis : Sur un autre
sujet, commence aujourd'hui la commission parlementaire sur le projet de loi
n° 69 relatif à la réforme du secteur de l'énergie. C'est une des plus
importantes réformes présentées comme telles par le gouvernement pour l'avenir
énergétique et l'avenir économique du Québec. La question est : Mais
qu'est-ce qu'on va faire en commission parlementaire aujourd'hui? Pourquoi
commencer cette commission parlementaire aujourd'hui? Nous n'avons toujours
aucun plan du gouvernement du Québec sur cet avenir énergétique du Québec. Donc
là, on nous demande, avec un projet de loi, de construire une route, et on n'a
toujours aucune idée à quel endroit va aboutir cette route. Hydro-Québec a
produit un plan. Le gouvernement du Québec n'a jamais produit un plan, et là,
il nous envoie en commission parlementaire, en plus, dans le contexte actuel,
alors que les questions énergétiques sont au cœur des relations commerciales
avec les États-Unis et avec le monde entier. Encore une fois, de
l'improvisation.
On a reçu des amendements en liasse
vendredi dernier puis on commence la commission aujourd'hui. Est-ce qu'on va en
recevoir d'autres? On pensait que, ces amendements-là, il y aurait une
réflexion sur le projet de loi à la suite des consultations particulières où on
avait entendu des experts de partout au Québec. Il n'y a rien de significatif
dans ces amendements-là.
Alors, il semblerait que la ministre
Fréchette, dont on entendait... on attendait de la fraîcheur, du renouveau, une
façon différente de procéder, il n'y a aucune différence. Christine Fréchette,
Pierre Fitzgibbon, même sens de l'improvisation quand c'est l'avenir
énergétique et économique du Québec qui est en jeu.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
Comme vous voyez, c'est chargé ce matin. Donc évidemment, il faut qu'on parle
un peu de ce déclenchement en catimini de la partielle dans Terrebonne. On aura
pris plus de cinq mois pour la déclencher, cinq mois durant lesquels les gens
de Terrebonne n'avaient pas de député, et finalement, on choisit un moment où
François Legault n'est pas là pour le déclencher. On déclenche ça en catimini.
C'est-à-dire que ce sont nos militants qui se sont rendu compte que la CAQ
posait des pancartes. Donc on s'est activés en réaction. Et, fait quand même
inusité, je pense que c'est la première fois de notre histoire où on voit un
candidat aux élections tourner le dos aux électeurs, littéralement, sur la
pancarte. Donc, tout ça est quand même assez particulier.
On nous parle donc d'une date du
17 mars prochain. Et, ce que j'ai à dire aux gens de Terrebonne, c'est :
Vous avez une supercandidate, donc l'occasion de donner au Parti québécois une
cinquième députée vis-à-vis 86 caquistes, nous, ça fait une différence, et vous
avez l'occasion de sanctionner le gouvernement pour un niveau d'improvisation
et de détérioration des services publics, des finances publiques et de la
transparence, qui n'est quand même pas anodine, donc la chance d'envoyer un
message. Donc, pour toutes ces raisons, nous, on est très motivés dans
Terrebonne. Vous allez me voir demain à Terrebonne sur le terrain. Et c'est
évidemment une séquence qu'on prend très au sérieux.
Et simplement un mot, là, par rapport à
cette déclaration de François Legault à l'effet qu'il croit... et il s'est
servi de X pour exprimer ce désir, il croit que c'est le bon moment de
renégocier le libre-échange avec les États-Unis. Je trouve cette affirmation
incompréhensible. Et vraiment je ne comprends pas comment, devant un président
des États-Unis qui est imprévisible, qui est hostile à nos intérêts et qui
pratique une stratégie de déstabilisation de ses partenaires pour ensuite mieux
négocier, je ne comprends pas à ce moment-ci pourquoi on irait dire aux
États-Unis : Profitons-en pour tout mettre sur la table. C'est une façon
de dire aux États-Unis : Votre stratégie de déstabilisation fonctionne, on
est paniqués au point où on veut renégocier tout de suite quelque chose qui
n'est pas à négocier. Et c'est de prendre le mauvais moment, parce
qu'évidemment Donald Trump est au début de son mandat. Il y a des contrepoids,
des contre-pouvoirs aux États-Unis qui vont se faire entendre lorsque les
gens... Notamment sur ce tarif sur l'aluminium, lorsque les gens vont réaliser
que ce sont les États-Unis que ça pénalise, il y aura des voix qui vont s'élever.
Vous noterez d'ailleurs que le fameux
tarif, il n'est pas en vigueur aujourd'hui, on l'a reporté au 12 mars.
Pourquoi? Parce qu'on se doute de la réaction des marchés puis on se donne une
marge de manœuvre de reculer. Mais c'est à nous de demeurer calmes et de ne pas
rentrer dans le jeu de l'escalade ou de la panique où est ce qu'on se met à
négocier dans toutes les directions. Et j'implore le gouvernement du Québec de
ne pas tomber dans ce panneau-là et de ne pas mettre de l'avant une renégociation
dans le contexte où, on le sait de toute façon, Donald Trump, ce qui est
négocié, ça ne l'empêche pas de faire quoi que ce soit, là. C'est sa propre
entente de libre-échange qui est en vigueur en principe en ce moment, ça ne
change rien à sa faculté d'inventer des tarifs du jour au lendemain. Donc,
gardons la tête froide, mais pour vrai, pas un slogan, là, et assurons-nous de
ne pas faire de faux pas, de ne pas encourager ce qui pourrait devenir une
escalade de sanctions commerciales entre le Québec et les États-Unis.
Des voix : ...
Journaliste : De renégocier
un accord pourrait ne pas venir justement enlever l'incertitude qui plane puis
qui semble faire mal parce qu'une fois que ce sera renégocié, bien, Donald
Trump aura négocié la chose en bonne et due forme?
M.
St-Pierre
Plamondon :Ça va ajouter... ça va
ajouter de l'incertitude. On a déjà une incertitude chronique qui va ralentir l'économie.
On va tout mettre sur la table en sachant la manière dont se comporte le
président des États-Unis à ce jour en négociation, puis on nous explique que ça
va mettre fin à l'incertitude. Ça va en ajouter, mais surtout, on a la
quasi-certitude, dans ce scénario-là, de repartir de la table de négociation en
ayant perdu une chemise ou d'autres éléments, là. Ça ne se passera pas bien
dans les circonstances. Alors que, si on laisse l'usure du pouvoir et les
contrepoids agir aux États-Unis, je pense que, dans un an, dans deux ans, on
pourrait être ailleurs. Notamment, il y aura des voix qui vont finir par s'élever
parmi les élus républicains, les «governors» qui vont dire : Ces tarifs-là
font perdre des emplois dans ma circonscription. Arrêtez! Il va y avoir des
voix économiques fortes aux États-Unis pour dire, là, on est en train de se
tirer dans le pied. Mais de faire ça maintenant, c'est de dire au président des
États-Unis : Votre technique de déstabilisation marche au point qu'on
arrive à genoux puis on est prêt à mettre tout sur la table maintenant. Je
pense que c'est vraiment incompréhensible. De notre point de vue, là, je ne
comprends pas, ça sent l'improvisation, un peu comme lorsque François Legault a
dit, le lendemain de la possibilité des tarifs, qu'on ferait des projets d'Hydro-Québec,
puis ça remplacerait les jobs perdues.
Une voix : ...
M.
St-Pierre
Plamondon :Mieux vaut prendre notre
temps.
Journaliste : On attend... Qu'est-ce
qu'on attend au juste?
M.
St-Pierre Plamondon :On a proposé plusieurs choses concrètes, là, donc
diversification. On a besoin d'aller... mais ça ne s'est pas fait.
Journaliste : C'est de long
terme, là.
M.
St-Pierre
Plamondon :Mais non, c'est court
terme. Envoyer une mission maintenant, puis on n'a rien fait.
Défiscalisation...
Journaliste : Vous parlez
de...
M.
St-Pierre
Plamondon :Défiscalisation pour les
exportations, c'est court terme, c'est maintenant, on n'a rien fait. Aider les
entreprises au niveau de l'allègement de leurs opérations, on n'a rien fait.
Donc, il y a des choses à faire. Et moi je dis simplement avant d'accélérer l'euphorie
de Trump dans ses décrets, là, parce qu'il signe des décrets sur les pailles en
plastique, là, avant d'accélérer ça en rajoutant, le lendemain matin, d'autres
possibilités de créer de l'instabilité, ralentissons le jeu, soyons calmes et
reconnaissons que le décret sur l'aluminium, lorsqu'il rentrera en vigueur, a
peu d'impact sur l'emploi et l'économie au Québec, c'est aux États-Unis que ça
va faire mal, parce que les États-Unis ne peuvent pas se passer de notre
aluminium, mais eux, ça va leur coûter 25 % plus cher essayer de faire une
voiture ou une roue. Donc, laissons-les dans ça, notre économie va être peu
affectée, puis les endroits où on sera affectés, on est en mesure de réagir,
mais n'embarquons pas dans la stratégie trumpiste de créer une espèce de chaos
ou de déstabilisation généralisée.
Journaliste : Avec ce que
vous dites de départ, O.K. dans la stratégie. Est-ce que vous regrettez de lui
avoir donné raison, par exemple, sur la question du fentanyl à la frontière,
alors qu'on a vu que ça semblait être un prétexte? Après ça, M. Trump a évoqué
la question des banques, après ça, la... la... la balance commerciale.
M.
St-Pierre
Plamondon :Est-ce que j'ai donné...
est-ce que j'ai donné raison à M. Trump sur la question des banques?
Journaliste : Non, mais je
vous demande...
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, parce qu'il n'y avait
pas de fondement.
Journaliste : Non, vous ne
parliez pas du fentanyl.
M.
St-Pierre
Plamondon : Parce qu'il n'y avait pas de fondement factuel. Sur
le fentanyl, il y a des fondements factuels, et je comprends qu'il y a des
journalistes qui s'en tiennent seulement aux quantités saisies, mais le fait
est qu'il y a du trafic de drogue, du trafic de personnes et du trafic d'armes
depuis des années, et ce n'est pas donner raison à Trump. Ça, c'est le titre
qui a été retenu. C'est... On donnait raison aux Américains parce que Biden et
l'administration Obama tenaient le même discours sur le caractère poreux. Donc,
nous, notre position, c'est... lorsque l'administration Trump a un argument qui
tient la route, bien, on a intérêt à offrir des solutions pour éviter les
tarifs. Cependant, lorsque ça ne tient pas la route... Par exemple, les banques
américaines, elles ont droit de faire affaire au Canada, c'est...
Journaliste : Donc, vous,
vous pensez vraiment que c'est un argument qui tenait la route et qu'il fallait
répondre aux appréhensions de M. Trump et c'est peut-être ça qui a eu un impact
sur le report des tarifs ou pas?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ça c'est vous qui le dites. Nous, on a tout simplement...
Journaliste : Mais je vous...
Non, mais je vous pose la question, j'essaie de comprendre votre raisonnement.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
je ne comprends pas votre question. Quelle est-elle?
Journaliste : Mais je vous
demande : Est-ce que vous trouvez que c'est encore la bonne stratégie, que
de donner raison à M. Trump sur le fentanyl dans la situation actuelle...
M. St-Pierre Plamondon : C'était
la... C'était la bonne position.
Journaliste : ...quand vous
dites : Il faut rester calme, il ne faut pas encourager, M. Trump, il ne
faut pas rentrer dans son jeu?
M. St-Pierre Plamondon : Justement,
c'était la bonne position de départ. Il dit : On a des enjeux à la
frontière. On le sait, que c'est vrai. Demeurez calme, c'est de dire :
Bien, parlons des solutions ensemble. Mais, lorsqu'il y a des tarifs qui font
mal aux États-Unis et qui affectent peu l'économie québécoise, la réponse
devrait être vraiment calme de notre part et ne surtout pas de mettre sur la
table une renégociation de tout ce qui est de libre-échange à ce moment-ci.
Constatant l'hostilité mais aussi les ambitions démesurées, là, de
l'administration à ce jour, laissons les États-Unis évoluer là-dedans. Parce
que les États-Unis, ce n'est pas que Donald Trump. Il y a beaucoup de gens aux
États-Unis puis il y a beaucoup de mécanismes de pouvoirs, de contre-pouvoirs.
Et ce qu'on a vu comme mesures tarifaires, si elle a lieu... parce que
12 mars, c'est une façon de se donner du temps pour changer d'idée, là,
c'était supposé avoir lieu aujourd'hui, si elles ont lieu, elles feront mal aux
États-Unis, pas au Québec.
Journaliste : Mais qu'est-ce
qui... Vous disiez que les contre-pouvoirs vont faire effet par rapport ce
président-là. Vous avez mentionné les décrets sur les feuilles de plastique
puis le fait qu'il était...
M. St-Pierre Plamondon : Il
était sur une lancée.
Journaliste : ...qu'il était
parti, là... Oui. Qu'est-ce qui vous dit que, dans un an ou dans deux ans, il
va retrouver ses esprits puis qu'il va...
M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire
qu'il y a... Ça peut difficilement être plus instable, imprévisible et hostile
qu'en ce moment. Et il y a un principe de base en politique, c'est l'usure du
temps et l'usure du pouvoir. Il y a des élus, dans chaque État américain, qui
constateront, si vraiment on procède avec ces tarifs sur l'aluminium et
l'acier, que les conséquences sur l'inflation américaine et sur la capacité
économique des États-Unis vont être très nocives.
Donc, laissons les États-Unis cheminer,
laissons les marchés parler. Vous vous souviendrez que ce sont les marchés qui
ont sûrement influencé le plus Donald Trump dans sa première tentative sur les
tarifs. Rappelons tout ça a déjà eu lieu en 2018. Et, je vous dis, si vraiment
on est calmes et on refuse d'embarquer dans une escalade, qui... ce qui est le
souhait de Donald Trump, on ne mettra sûrement pas ça sur la table à ce
stade-ci, une renégociation de tout dans un geste de panique.
Journaliste : En même temps,
M. Legault le soutient, puis les entreprises qui le subissent également, la
situation actuelle crée de l'incertitude puis que l'incertitude est pire qu'une
décision finale. C'est ce que les entreprises qui étaient visées ont dit et
c'est ce que M. Legault a répété à la suite du retrait de la première menace.
Donc, de renégocier, puis de peut être mettre le couvercle sur le chaudron,
puis de dire : Bien, voici ce que ça sera pour les trois prochaines
années, ça ne serait pas ça, la meilleure des solutions?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
non. Vous en avez une, une entente en vigueur signée par Donald Trump lui-même.
Journaliste : Il ne la
respecte pas.
M. St-Pierre Plamondon : Pourquoi
la prochaine serait-elle respectée?
Journaliste : Donc, il
crée... Oui, mais il crée de l'incertitude. Si on renégocie maintenant, là, on
pourrait...
M. St-Pierre Plamondon : Bien
oui, mais... mais... mais, respectueusement soumis, votre raisonnement, c'est
de dire que, s'il y a une nouvelle entente, elle va être plus respectée que
l'entente en vigueur présentement, alors que l'entente en vigueur présentement
est signée par Donald Trump. Il ne respectera pas plus la nouvelle entente,
mais il va profiter de ce chaos, de tout renégocier pour accentuer cette
pression de déstabilisation. Il n'y a aucune raison, dans la manière dont se
comporte le président des États-Unis, en ce moment, de mettre sur la table une
renégociation de tout et rien dans un geste de panique. Il n'y en a pas, de
raison.
M. Paradis : Se souvenir,
c'est important. Et là revenons à la dernière négociation, lorsque les
États-Unis ont demandé de renégocier l'accord de libre-échange nord-américain,
l'ALENA. La période de négociation, en elle-même, est une période
d'incertitude. Parce que, là, on entend toutes sortes de choses, et là le
président Trump va mettre toutes sortes de choses et toutes sortes de demandes
sur la table. Et ça ne se négocie pas en deux, trois semaines. Ça prend du
temps, négocier des ententes comme ça.
Journaliste : ...vous
préférez les négociations qu'il fait sur la place publique présentement?
M. Paradis : Oui, mais ça, il
le fait. Et il faut revenir, encore une fois, à ce qui s'est passé, à son
premier mandat.
Journaliste : Mais des
négociations en bonne et due forme, vous en avez fait, là, dans votre carrière.
M. Paradis : Oui.
Journaliste : Des négociations
en bonne et due forme, à huis clos, avec les gens qui sont... qui viennent de
tous les domaines, ce ne serait pas une meilleure solution que ce qui se passe
présentement sur la place publique...
M. Paradis : Il y a tout
lieu...
Journaliste : ...qui nuit, en
ce moment, à... Cette incertitude-là crée de l'anxiété chez nos entrepreneurs,
fait réagir les bourses, fait... Bon, donc, en ce moment, on vit ce chaos-là,
là.
M. Paradis : Il y a tout lieu
de croire que la négociation ne se passerait pas comme vous le dites. La façon
classique de négocier un accord de libre-échange, c'est beaucoup de
confidentialité, c'est feutré, ça se passe, comme vous le dites, dans des
salles de conférence où en discutent 30 experts et les politiciens se retiennent.
Nous sommes dans un nouveau scénario. Donald Trump a décidé d'appliquer ses
stratégies. Et, rappelez-vous, il y a eu un point de presse ici, le
26 novembre, c'est moi qui étais avec vous la première journée, le
lendemain de la première annonce du président élu Donald Trump : Il va y
avoir des tarifs de 25 %. J'ai rappelé ses propres livres sur l'art de
négocier, déstabilise tes adversaires, inonde-les de décisions, inonde le
système. Puis ça, autour de lui, c'est aussi la stratégie, déstabilise, fais en
sorte que ton adversaire mette un genou par terre, puis, ensuite, tu négocies.
Nous, ce qu'on dit, c'est que ce n'est justement pas le temps de renégocier
maintenant, il va se...
Journaliste : Est-ce qu'on
peut le condamner à subir ces agressions?
M. Paradis : Ce matin, avec
un autre média, je disais : Bien, on annonce des bourrasques ici au
Québec, ça vient avec l'hiver. Je pense qu'il va falloir s'habituer au fait que
cette administration a une façon de fonctionner qui est comme ça. Mais Paul
St-Pierre Plamondon vient de le mentionner, nous sommes probablement dans un
pic de cette période-là. Le président vient d'être élu. Il jouit d'un mandat
fort. Il contrôle le Sénat, il contrôle la Chambre des représentants. Les
membres de son cabinet n'ont même pas encore été tous nommés. Ils n'ont pas été
tous confirmés par le Congrès. Les gens ne se sont pas encore installés dans la
nouvelle administration, donc c'est un moment idéal pour lui de faire ce genre
de stratégie. Ce n'est pas le moment idéal pour nous de renégocier et, surtout,
ce n'est pas le moment pour notre premier ministre de dire : Voici ma
réaction, vite, je vais tout mettre sur la table. Son entente, à Donald Trump,
son accord de libre-échange, souvenez-vous de ce qu'il disait, l'ALENA, c'était
mauvais. Vous voyez maintenant, Américains, je vous offre une nouvelle entente
qui est bonne. Puis là, aujourd'hui, il a foulé aux pieds. Alors, je pense
qu'il faut faire attention avant de penser que de renégocier une entente
calmerait le jeu avec un tel président.
M.
St-Pierre
Plamondon :Si je peux juste compléter,
là. Il y a un bout qu'on ne contrôle pas, c'est ce que le président des
États-Unis décide de faire comme décret demain et la semaine prochaine. Ce
qu'on contrôle, c'est notre réaction, et notre point ce matin, c'est de dire :
Ne validons pas sa stratégie en en rajoutant et en favorisant l'escalade, en
lui démontrant qu'on est déstabilisé. C'est simplement ça.
Journaliste : ...l'incertitude
actuelle risque d'avoir, selon vous, M. St-Pierre Plamondon, dans le
résultat de l'élection partielle du 17 mars?
M.
St-Pierre
Plamondon :Votre réponse est aussi
bonne que la mienne. Je pense qu'à ce jour le Parti québécois a démontré la
pertinence des pistes de solutions, des interventions qu'on fait. Et je pense
que les gens de Terrebonne vont se poser la question : Qui on veut pour
nous représenter.
Journaliste : Mais allez-vous
élaborer votre plan référendaire, par exemple? Ça va être quoi, l'angle
d'attaque durant cette campagne dans cette partielle-là?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je fais un point de presse
demain à Terrebonne pour justement lancer quelques thématiques qui sont
importantes pour nous.
Journaliste : Est-ce que le
thème de la souveraineté et le référendum va être mis de l'avant?
M.
St-Pierre
Plamondon :On met de l'avant
l'indépendance dans chacune de nos campagnes, donc ça va être là, puis je pense
qu'il n'y a aucun doute sur nos orientations là-dessus, et on a du succès.
Journaliste : Allez-vous vous
absenter des périodes de questions? Vous dites : Demain, je ne suis pas
là.
M.
St-Pierre
Plamondon :Oui, demain je ne suis pas
là. Donc, je vais tenter de faire la période de questions, si c'est possible,
puis on va voir la température. Donc, on va voir en termes de périodes de
questions ou pas. Je sais que François Legault n'est pas là demain, donc on va
voir également à l'interne, là, qui pose la question sur quelle thématique en
fonction de l'actualité.
Journaliste : ...pour vous
d'être présent à Terrebonne. Je pense que vous avez quand même donné... vous
avez fait preuve d'une confiance apparente envers votre candidate, là. Pourquoi
c'est important que le chef soit là?
M.
St-Pierre Plamondon :Bien, comme c'est important lorsque Pascal Paradis était
candidat dans Jean-Talon. Terrebonne a perdu un député parce qu'il n'est pas
motivé. Nous, on a une candidate très motivée et, moi, je suis un chef très
motivé pour Terrebonne. Je veux que ça se voie, je veux que ça se sache puis je
veux que les gens nous voient à nouveau travailler comme on a travaillé
Jean-Talon puis comme on travaille à quatre députés sur tous les enjeux devant
86 députés caquistes. Je veux qu'on continue ce qui nous caractérise,
c'est-à-dire l'ardeur au travail puis le sérieux qu'on met là-dessus.
Journaliste : Vous ne
préfériez pas attendre une journée où ça ne siège pas à l'Assemblée nationale
pour pouvoir être ici?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, je constate que ma
présence à l'Assemblée nationale est très régulière. Je constate que le premier
ministre n'est pas là demain, donc je ne peux pas poser de questions au premier
ministre. Et je pense que...
Journaliste : Donc, quand le
premier ministre n'est pas là, ça ne vaut pas la peine pour vous d'être ici?
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, c'est qu'on pose des
questions de toute façon, mais la question, elle va être posée par peut-être un
de mes collègues. Donc, on va voir demain, là, si je fais la période de
questions ou pas.
Journaliste : Concernant la
position du Collège des médecins, il y a une commission, là, ce matin, le
Collège des médecins considère qu'on devrait retirer le statut de médecin non
participant. C'est quoi votre lecture de cette proposition-là? Ils seront
entendus tantôt.
M. Arseneau : Bien, on va les
entendre effectivement, puis on va poser des questions pour en savoir
davantage. Mais, en fait, ce qu'ils disent, c'est que le gouvernement fait
fausse route avec l'idée d'imposer des conditions aux jeunes médecins sans
regarder l'ensemble du portrait, où il y a près de 800 médecins qui se
sont désaffiliés, qui sont non participants, alors que pour tout le Canada,
c'est 12. Pourquoi? Parce qu'ailleurs au Canada on ne permet pas aux médecins
de se désaffilier, parce qu'ailleurs au Canada on ne permet pas aux médecins de
surfacturer les contribuables qui paient déjà pour le système de santé. Ces
propositions-là sont très intéressantes. Puis le projet de loi l'est pas mal
moins parce qu'il ne va pas assez loin. Donc, nous, on va continuer d'assister
aux consultations. Mais c'est... c'est une idée, en fait, c'est une proposition
qui semble extrêmement valide, c'est-à-dire d'élargir la capacité du
gouvernement d'agir. Et, ce qu'on dit, puis je pense que vous le savez aussi bien
que moi, c'est qu'on n'aurait même pas besoin du projet de loi pour agir. Avec
l'article 30.1, je pense, de la Loi sur l'assurance maladie, on pourrait,
du jour au lendemain, dire aux médecins : Hé! On a besoin de vous dans le
système public, là, vous n'avez plus le droit de vous désaffilier.
Journaliste : Juste un petit
mot rapidement sur Jasmin Roy, si possible, les allégations qui sont parues ce
matin dans Le Devoir. Bon, très simplement, Jasmin Roy a été nommé récemment
dans un poste dans un groupe de travail sur les coops d'habitation. Est-ce
qu'il devrait perdre son siège à ce groupe de travail là?
M. Paradis : Bon. Sur
l'affaire Jasmin Roy, la première chose, c'est qu'évidemment l'intimidation
n'est acceptable dans aucun contexte. Il faut la dénoncer en tout temps et en
tout lieu. Là où on voudrait... Là où on a un message aujourd'hui, c'est qu'on
apprend par l'enquête dans les médias ce matin qu'il pourrait y avoir eu des
passe-droits ou des accélérations ou des interventions, notamment au niveau du
cabinet, de dossiers qui avaient été par ailleurs rejetés par les travailleurs
de l'État, par les fonctionnaires qui traitaient les dossiers. Et ça, ce n'est
pas acceptable. Et ça, ça va être très important d'aller au fond de cette
affaire-là, de poser les bonnes questions et surtout d'avoir des réponses,
est-ce qu'il y a eu du favoritisme dans ces dossiers-là. Si oui, pourquoi et
comment on s'assure que ça ne se reproduise jamais.
Des voix : ...
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste : Sur la question
en tant que tel...
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste : ...M. Roy est
dans un groupe de travail actuellement sur les coops d'habitation. Est-ce qu'il
devrait quitter ce poste-là?
M. Paradis : Nous, notre
position sur ce genre de questions là est toujours... Là, on a des informations
qui sont sorties ce matin. Je comprends que M. Roy a répondu à un certain
nombre de questions. C'est le... Le genre de questions que vous posez... elle
est très pertinente. Est-ce qu'on a la réponse à cette question-là aujourd'hui?
Pas à ce stade-ci parce qu'évidemment il faut aller au fond de l'affaire, quels
sont les faits, quelles sont les responsabilités. Parce qu'il faut faire
attention aussi, dans notre système, il y a cette présomption d'innocence. Donc
là, pour l'instant, là, assurons-nous de c'est quoi le fond de l'affaire avant
de prendre des décisions comme celle-là. Mais c'est une question qui va devoir
se poser.
Le Modérateur : On va passer
en...
Journaliste :
...Legault is repeating and keeps
repeating even in the last few hours that Canada should renegotiate the
Canada-United States-Mexico agreement. He's basically bending a knee in front
of Donald Trump in Washington D.C.
M. St-Pierre Plamondon :
It just doesn't make any sense. Why
would you beg for more instability and a broad negotiation when you know that
the posture of the President of the United States so far is hostile to our
interests and very unforeseeable? Why would you beg for more? I think the best
thing to do right now is to stay put, take it easy, especially that the tariffs
that have been announced yesterday, they're harming the American economy.
They're not harming Québec's economy. So, if it's enforcing on the 12th, they'll
be reactions within the United States saying : What are we doing?
Journaliste :
On March 4th, that those tariffs are...
M. St-Pierre
Plamondon :
We've
read 12 this morning and I think it was 4 yesterday.
Journaliste :
Well, this is the information we had
yesterday, it was 4. So, we'll see.
M. St-Pierre
Plamondon :
Whether
it's 4, whether...
Journaliste :
...it could be a good... a good thing
just to open it up, reopen these negotiations around a table and make sure that
we know exactly how far Trump Administration is ready to go, and then we settle
down, and then we... like we're free for the rest of Trump's mandate? No?
M. St-Pierre
Plamondon :
This
reasoning would make sense in a conventional political environment. But he's
not respecting the free trade agreement he signed himself. And by telling him,
a few hours after tariffs : We really need to negotiate... renegotiate
everything, we're sending the signal that we're destabilized, and that his strategy
of hostility is actually working. And, given that he's not respecting his own
agreement, there is no reason to think that a second agreement, in which we
will lose... obviously, we will not get out of that table with wins... on top
of losing, there's no... there's not more foreseeability, because he's not
respecting international trade agreement agreements. So, let's take this new
global picture and realize that the best thing to do right now is to take it
easy and make sure that we act calmly, that we don't encourage an escalation of
those counterproductive measures.
Journaliste :
But the Premier... but the Premier's
argument is that this would help deal with the uncertainty, that has already
been calming the economy. I just want to get a better sense of what exactly the
harm would be in renegotiating right now.
M. St-Pierre
Plamondon :
Extreme
uncertainty, extreme instability, because you put everything on the table. So
far, we have tariffs that are not really going to harm our exports. It's going
to harm America's economy. To say, with the level of unforeseeability and of
hostility of the President towards our economic interests... to say : It's
right now that we want to negotiate, would be a big mistake. It's telling him
that it's working, his strategy is working. And you take him at the beginning
of his mandate where he has a sense of mightyfulness, can we... can you say
that?
Journaliste :
Be mighty.
Journaliste :
Not really. But...
M. St-Pierre
Plamondon :
He
has a sense...
Journaliste :
He has a sense of grandeur. He has a
sense of grandeur.
M. St-Pierre
Plamondon :
I
mean... Of grandeury?
Journaliste :
Grandeur.
M. St-Pierre
Plamondon :
Grandeur?
He has a sense of grandeur. But politics, in the United States checks and
balances, will intervene at some point, saying : if those tariffs are
harming the American economy, we need to change course. So, we need to take our
time here and we need to let Americans figure out why would they shoot
themselves in the foot. It doesn't make sense for them, and it's not harming
much Québec's economy. And if there are further measures, we'll see at that
point. But at this point, today, to come begging on our knees, saying we need
to renegotiate everything, we're willing to put everything on the table, it's
really a weak stance, given what we know.
Journaliste :
Premier Legault has called the
election, the by-election in Terrebonne for March 17th, it's official now.
I mean, you have been asking for this since September, since Mr. Fitzgibbon
left, so I guess you're ready on the ground. But it's going to be only in
winter, when... two weeks. Is a good thing or bad thing?
M. St-Pierre
Plamondon :
Winter?
Journaliste :
Yes. Well, the by-election is in
winter, only in winter.
M. St-Pierre
Plamondon :
We
take by-elections as they come, whether it's a hot summer at 30 degrees or a
cold winter at minus 30. We'll deal with it, but we're ready. And we're already
on... on door-to-door, and talking to electors, and we're taking this very
seriously. What's really amazing is that we left... Legault's government left
Terrebonne five months without a represented, an elected member of Parliament.
And then they choose today, they don't even announce it, and the Premier is
abroad. I mean, what does it say? What does it tell? If you're in Terrebonne,
like how are you supposed to interpret that message? We're motivated, we're
there, we're working hard, and let's talk about it later.
Le Modérateur :
Merci beaucoup, ça va terminer pour
aujourd'hui.
Journaliste :
...just quickly, M. Arseneau, on... on
the Collège des médecins's proposal, I'd just like to hear you : Is it
realistic to... to stop Québec doctors from being able to opt out of the public
system? Do you think this is something they can actually put in place?
M. Arseneau :
Just mark my words : I don't often
praise what's happening in the rest of Canada, but if it's doable in Ontario or
B.C., I think I can do it. Thank you.
(Fin à 11 h 01)