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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable, M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’énergie

Version finale

Le mercredi 29 janvier 2025, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante et une minutes)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, ça fait plus de cinq mois, une semaine et un jour que les citoyens et citoyennes de Terrebonne sont privés de représentation à l'Assemblée nationale. Ce soir se tiendra un Conseil des ministres. J'invite le premier ministre à ne plus attendre et à déclencher l'élection partielle. Leur candidat est déjà identifié depuis un bon moment. Les citoyens de Terrebonne ont besoin d'un représentant ou d'une représentante. Cette stratégie du premier ministre de penser que les choses vont aller mieux pour lui un peu plus tard, manifestement, ne fonctionne pas. Il devra faire face à l'électorat et on ne peut plus attendre. Donc, ce soir, au Conseil des ministres, déclenchons l'élection partielle, on est fin prêt, et il en va de la démocratie et de la seule représentation des citoyens de Terrebonne.

Aussi, hier, on a présenté une motion présentée par le chef du Parti québécois demandant qu'on présente l'ensemble du tableau en matière de compressions pour qu'on puisse constater les choix gouvernementaux et pas les apprendre à la pièce. Comme vous, comme nous, ça a été refusé. On va continuer de parler des choix budgétaires du gouvernement, même si ça l'agace. Il aimerait mieux qu'on pense à lui comme le grand défenseur du Québec. Au quotidien, on va parler des impacts sur la population, des compressions en éducation, en santé, dans tous les domaines. On va continuer de faire ça et on ne fera pas exception aujourd'hui non plus.

Mes deux collègues sont avec moi, Pascal Paradis s'ajoute parce que je sais que vous avez plusieurs questions sur les tarifs, entre autres sur les échanges avec les États-Unis. Donc, on a cru bon de l'inviter, c'est notre spécialiste puis on aime bien être avec lui aussi. Alors, on est disponible pour vous.

Journaliste : Sur les compressions, M. Bérubé, le gouvernement coupe dans un programme qui permettait à des jeunes immigrants de s'initier à la démocratie québécoise, là, notamment. On met du temps puis de l'énergie dans une Constitution québécoise, dans une loi-cadre. Est-ce que, considérant un contexte budgétaire, là, est-ce que l'argent est investi au bon endroit?

M. Bérubé : Moi, je pense qu'on peut juger d'un gouvernement aux choix budgétaires qu'il fait pour beaucoup. On parle d'une constitution québécoise, mais on ne francise pas les immigrants. On pense à un certain nombre d'enjeux pour l'intégration, mais on coupe dans des programmes. En éducation, on choisit de ne pas rénover des écoles, mais on annonce une école à 226 millions. Moi, je n'ai jamais vu ça. C'est peut-être juste moi qui trouve que c'est beaucoup, mais, si c'est la nouvelle norme pour les écoles, qu'est-ce qui va rester de marge de manœuvre budgétaire pour le reste du Québec?

Donc, c'est difficile de voir une ligne directrice, une cohérence autre que d'essayer le plus possible de colmater le déficit qu'il s'est... qu'il nous a lui-même imposé, le gouvernement de la CAQ. Et tôt ou tard, il va devoir faire face à ses contradictions. Donc, à chaque jour, on apprend des nouvelles compressions grâce, notamment, aux employés du secteur de la santé qui, à leurs risques et périls, hein, nous donnent l'information, et qui tend à démontrer que, oui, les patients sont touchés, oui, les écoliers sont touchés, et les étudiants. Et ça se poursuit. Donc, c'est là qu'on en est.

Journaliste : ...hier, de ne pas avoir fait un front uni concernant les Américains, et d'avoir refusé leur motion.

M. Bérubé : Qui?

Journaliste : Les libéraux.

M. Bérubé : En quoi on ne ferait pas un front uni? On défend... On défend le...

Journaliste : ...de leur motion, hier, là, en disant que... la pancanadienne...

M. Bérubé : Oui, Pascal.

Journaliste : ...parlait d'union.

M. Paradis : Ah! O.K. On a été tous ensemble pour voter une motion qui était proposée par le gouvernement relativement à notre posture face à l'administration américaine. Il y avait une autre motion des libéraux, puis vous l'avez dit vous-même, là, qui... Vous avez vu le ton même du chef de l'opposition officielle quand il la lisait. Il était conscient qu'il était en train de faire un éloge du gouvernement fédéral, et on n'avait pas besoin de ça, là. Ce n'était pas le temps de faire de la politique partisane sur une motion. C'était le temps de s'unir pour dire : Voici, le Québec est uni face à la menace des tarifs de l'administration américaine. Et d'ailleurs, tous les partis ont voté ensemble l'autre motion.

Journaliste : Parlant de ça, les libéraux sont d'avis que la hausse des tarifs d'Hydro demandée aux entreprises en vertu du projet de loi no 69, là, la hausse de 4 % à 5 %, c'est trop élevé. Ils sont d'avis que François Legault devrait revenir sur sa décision et possiblement plafonner les tarifs pour... pour les entreprises ou, du moins, laisser la régie trancher. Qu'est-ce que vous pensez?

M. Paradis : Ce sont des questions extrêmement importantes parce qu'ils viennent au cœur du pacte social qui existe au Québec, depuis la nationalisation d'Hydro-Québec, sur les tarifs, comment on répartit les tarifs entre les foyers, les PME, qui font partie de l'équation, et les grandes entreprises. La question qui est posée, notamment, par les exportateurs et les grandes entreprises, elle est pertinente, mais elle nous amène au cœur d'un autre débat actuellement, c'est celui sur le projet de loi no 69, parce que la question de la tarification est au cœur du projet de loi no 69. On l'a déjà dit, ce projet de loi là, c'est un bric-à-brac, et il était présenté sans qu'on connaisse le plan du gouvernement sur les tarifs. Alors, la question est : Quel est le plan du gouvernement sur les tarifs? Christine Fréchette dit une chose, le premier ministre dit autre chose. Ça nous rappelle ce qui se passait quand Pierre Fitzgibbon disait une chose, et le premier ministre disait autre chose. Alors, la première chose justement à avoir, c'est le plan gouvernemental. Compte tenu...

Journaliste : ...gel de tarifs ou pas de gel de tarifs. Est-ce que vous êtes pour, compte tenu du contexte, le fait de dire qu'on ne doit pas augmenter l'électricité pour les entreprises pour ne pas leur faire plus mal?

M. Paradis : La position du Parti québécois, c'est qu'actuellement, cette question-là, ce n'est pas uniquement sur ces consommateurs d'électricité qui sont les grandes entreprises, mais ça a un impact aussi sur les PME. Ça a un impact aussi sur les foyers. Est-ce qu'on est en train de dire que ce sont les foyers qui vont devoir compenser pour les tarifs américains? La question se pose. Revenons ici à l'Assemblée nationale avec un véritable débat sur l'ensemble de la politique tarifaire, compte tenu de ce qu'il y avait dans le projet de loi no 69, le bric-à-brac, et compte tenu de la nouvelle situation. Puis ce qu'on veut avoir en premier, c'est le plan du gouvernement avec les chiffres du gouvernement.

Journaliste : ...toucher les foyers. Donc, ça revenait à trois.

M. Paradis : Il y a une règle qui s'appelle l'interfinancement. Si on décide que, compte tenu des investissements additionnels qu'Hydro-Québec doit faire pour le plan qui a été présenté par Hydro-Québec, qu'on plafonne les augmentations ici, par exemple, pour les grandes entreprises, il faut que d'autres paient cette augmentation-là. Est-ce que ce sont les PME? Est-ce que ce sont les foyers? Donc, ce n'est pas juste un type de consommateur qui est visé, c'est l'ensemble des consommateurs.

Journaliste : ...hier que tant qu'il va être premier ministre, ça va être plafonné à maximum 3 %.

M. Paradis : Ah bien! j'ai hâte de voir ça, parce que son projet de loi n° 69, ce n'est pas ça qu'il disait. Et ça, on l'a dénoncé. Le projet de loi n° 69, par un mécanisme assez occulte, prévoyait que les contribuables québécois, M. et Mme Tout-le-Monde allaient payer plus cher. Alors, bien que le gouvernement disait une chose, le projet de loi disait d'autres choses. On veut de la clarté, on veut de la transparence. Et le premier qui doit démontrer son plan, c'est le gouvernement du Québec. Et il ne l'a jamais fait.

Journaliste : M. Legault, hier, a tranché. Il a dit : Ça va être 4 % à 5 % pour les entreprises. Qu'est-ce qui vous fait dire que le gouvernement est prêt à réévaluer... réévaluer tout ça dans le contexte économique qu'on connaît?

M. Paradis : Bien là, justement, on ne le sait pas si le gouvernement est prêt à réévaluer tout ça, parce qu'il a présenté un projet de loi qui est toujours en théorie à l'étude qui prévoyait de manière non transparente une augmentation pour les foyers avec le gouvernement qui nous disait une chose et son contraire quant aux tarifs pour les PME et quant aux tarifs d'électricité pour la grande entreprise. Quelle est son intention aujourd'hui? La ministre Fréchette a dit une chose le matin. Le premier ministre a dit d'autres choses l'après-midi. Qu'on nous présente un plan qui a de la clarté, qui tient compte de ce qu'il y avait dans le projet de loi n° 69 qu'on invite le gouvernement à retirer de l'agenda parlementaire pour nous présenter un véritable plan qui tient compte notamment de ce qui se passe actuellement avec les États-Unis.

Journaliste : Ce que le projet de loi dit, c'est que c'est la régie qui va décider, et que tous les consommateurs, que ça soit les foyers, les PME, les entreprises, paieront la juste part de la production et de la distribution de l'hydroélectricité. Donc, ça ne veut pas dire que ça va augmenter, là. On ne le sait pas, c'est la régie qui va décider. Est-ce que ce n'est pas la bonne chose à faire de demander à la régie de gérer ça ou il faut faire de l'ingérence dans... dans... auprès de la régie?

M. Paradis : Le projet de loi proposé de redonner des dents à la Régie de l'énergie, dents qui lui avaient été enlevées par ce même gouvernement de la CAQ, qui a politisé la question des tarifs. C'est vrai. Mais...

Journaliste : Qu'est-ce que...

M. Paradis : Mais, attendez! Le projet de loi prévoyait aussi un mécanisme par la création d'un fonds pour compenser la hausse des tarifs, c'est-à-dire qu'on disait aux Québécois : Votre facture, il n'y aura pas d'augmentation plus que le plafond X annoncé, 3 %. Mais par ailleurs, on va avoir un fonds que vous allez payer qui va compenser la différence entre l'augmentation réelle du coût de production puis ce qu'on va vous charger. C'est ça qu'il disait, le projet de loi, malgré ce que le gouvernement disait.

Donc, moi, quand on me dit : C'est quoi, les intentions du gouvernement? Bien, alors qu'on discute de la question des tarifs face à la menace américaine, ça prend de la transparence, puis ça prend de la clarté, et c'est le gouvernement qui doit faire preuve de cette clarté, de cette transparence en premier lieu. C'est pourquoi on a proposé aussi la création d'une Équipe Québec. Une Équipe Québec, ça, ça veut dire qu'on est ensemble, qu'on réfléchit ensemble, qu'on partage notre vision et qu'on fait front commun face aux Américains, et ce n'est pas ça qui se passe actuellement.

Journaliste : Est-ce que Québec va faire le tramway même sans l'argent d'Ottawa?

M. Paradis : Pardon?

Journaliste : Est-ce que Québec va faire le tramway même sans l'argent d'Ottawa. Je sais que, vous allez dire : Mme Guilbault doit aller chercher l'argent à Ottawa. Mais, si elle n'a pas l'argent, est-ce que Québec doit quand même aller de l'avant?

M. Paradis : Si la question c'est si la question c'est : Est-ce qu'aujourd'hui, en raison du fait qu'il y a un gouvernement de trop...

Journaliste : Est-ce que Québec doit le faire le projet de tramway sans l'argent d'Ottawa?

M. Paradis : Avec égards, avec égards, ce n'est pas la question qu'on doit se poser aujourd'hui. La question...

Des voix : ...

M. Paradis : La question, ma réponse... ma réponse, c'est que ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai qu'à Québec on devrait faire la croix sur de l'argent qui devrait nous revenir. Ce n'est pas vrai qu'on en est rendu là en raison de la politisation extrême de ce dossier comme de tous les projets d'infrastructures au Québec par le gouvernement de la CAQ et par le fait qu'il y a un gouvernement fédéral de trop. Nous n'avons pas, à Québec, nous n'avons pas, au Québec, notre juste part des investissements fédéraux en matière d'infrastructures.

Journaliste : Sans cet argent-là, on ne le fait pas.

M. Paradis : Le 1,44 milliard doit venir pour que le projet soit réalisé, puis le gouvernement fédéral doit augmenter sa part de projet.

Journaliste : Il n'y a pas de projet sinon?

M. Paradis : Ce n'est pas l'heure de se poser cette question-là. C'est l'heure d'aller chercher l'argent qui nous revient.

Journaliste : Foncièrement, c'est Québec qui donne... qui donne des factures au fédéral?

M. Paradis : Au moment où on se parle aujourd'hui, il y a une entente qui a été signée en 2018, qui est valide jusqu'à 2028. Le gouvernement fédéral a apposé sa signature. Le gouvernement du Québec a apposé sa signature. Cette entente-là dit : Le Québec choisit les projets, pas le gouvernement fédéral, pas Pierre Poilievre, pas Pierre Paul-Hus, le Québec choisit les projets. Ici, le Québec a choisi le tramway à Québec. Le fédéral doit mettre son argent, et les conservateurs doivent s'engager à respecter la signature du fédéral.

Journaliste : Pour atteindre notre objectif en matière de voitures électriques d'ici 2035, est-ce qu'on devrait se tourner vers le marché chinois?

M. Arseneau : Bien, je pense qu'il est prématuré aujourd'hui de dire on va se tourner vers la Chine pour atteindre nos objectifs en matière d'électrification des transports. C'est, je pense, une... d'abord une question de maintenir les objectifs pour le gouvernement en favorisant l'achat des véhicules qui sont disponibles sur le marché ici, au Québec. Et on voit que le gouvernement a reculé là-dessus en annulant notamment le programme Rouler vert, et c'est là où le gouvernement doit agir, c'est de continuer de mettre en place des mesures qui favorisent justement ce virage-là. Mais la question des voitures chinoises, fabriquées à faible coût et à travers un mécanisme qui s'apparente à un dumping, venir envahir le marché québécois, je pense qu'on n'en est pas là.

Journaliste : Mais est-ce que vous pensez qu'il est raisonnable de revoir cet objectif-là à la lumière des politiques, par exemple, de l'administration américaine?

M. Arseneau : Je pense qu'il est prématuré de revoir cet objectif-là. Et j'ai l'impression que le ministre Charette, à l'heure actuelle, voit la menace de tarifs de M. Trump comme un prétexte utile pour pouvoir commencer à faire un virage ou à reporter les cibles qu'il s'est lui-même fixées, alors même qu'on est à l'étude d'un projet de loi, le projet de loi n° 81, qui révise une bonne partie, là, des lois environnementales du Québec où on veut resserrer la question, là, des ventes de véhicules lourds polluants, donc améliorer le bilan de ce côté-là. Ce serait absolument contradictoire que, par ailleurs, on repousse les échéances pour 2035.

Journaliste : Dans une lettre ouverte, ce matin, dans Le Devoir, Mme Elghawaby faire un lien entre la tuerie de la mosquée de Québec et la loi 21, pas un lien direct, là, mais elle vient établir quand même que la loi 21 nuit à la communauté. Est-ce que c'est un lien qui était... C'est quelqu'un qui a été nommé par le fédéral, là, pour étudier la question. Est-ce que ce que... Qu'est-ce que vous pensez d'un tel lien dans un article?

M. Paradis : Quelle insensibilité, encore une fois, de cette personne par rapport à la réalité du Québec. Il y a des avis qui diffèrent parfois sur la loi 21, mais c'est l'expression démocratique du peuple québécois. C'est une loi dûment votée. De faire un lien entre cette loi-là, qui est une loi démocratiquement adoptée par le Québec et cet attentat qui est un... qui est une des plus graves, des plus troublantes, des plus tristes attaques et expressions de haine qu'on n'ait jamais connue au Québec, c'est inacceptable.

M. Bérubé : La loi est arrivée après.

M. Paradis : Oui, puis d'ailleurs... d'ailleurs, mon collègue Pascal nous le rappelle, la loi a été adoptée après l'attentat de la mosquée, ce qui démontre l'absurdité de ce lien, son insensibilité complète avec la réalité du Québec. Incroyable.

(Fin à 9 h 05)