(Huit heures cinquante et une minutes)
M. Bérubé : Bonjour, tout
le monde. Aujourd'hui, ça fait plus de cinq mois, une semaine et un jour que
les citoyens et citoyennes de Terrebonne sont privés de représentation à
l'Assemblée nationale. Ce soir se tiendra un Conseil des ministres. J'invite le
premier ministre à ne plus attendre et à déclencher l'élection partielle. Leur
candidat est déjà identifié depuis un bon moment. Les citoyens de Terrebonne
ont besoin d'un représentant ou d'une représentante. Cette stratégie du premier
ministre de penser que les choses vont aller mieux pour lui un peu plus tard,
manifestement, ne fonctionne pas. Il devra faire face à l'électorat et on ne
peut plus attendre. Donc, ce soir, au Conseil des ministres, déclenchons
l'élection partielle, on est fin prêt, et il en va de la démocratie et de la
seule représentation des citoyens de Terrebonne.
Aussi, hier, on a présenté une motion
présentée par le chef du Parti québécois demandant qu'on présente l'ensemble du
tableau en matière de compressions pour qu'on puisse constater les choix
gouvernementaux et pas les apprendre à la pièce. Comme vous, comme nous, ça a
été refusé. On va continuer de parler des choix budgétaires du gouvernement,
même si ça l'agace. Il aimerait mieux qu'on pense à lui comme le grand
défenseur du Québec. Au quotidien, on va parler des impacts sur la population,
des compressions en éducation, en santé, dans tous les domaines. On va
continuer de faire ça et on ne fera pas exception aujourd'hui non plus.
Mes deux collègues sont avec moi, Pascal
Paradis s'ajoute parce que je sais que vous avez plusieurs questions sur les
tarifs, entre autres sur les échanges avec les États-Unis. Donc, on a cru bon
de l'inviter, c'est notre spécialiste puis on aime bien être avec lui aussi.
Alors, on est disponible pour vous.
Journaliste : Sur les
compressions, M. Bérubé, le gouvernement coupe dans un programme qui
permettait à des jeunes immigrants de s'initier à la démocratie québécoise, là,
notamment. On met du temps puis de l'énergie dans une Constitution québécoise,
dans une loi-cadre. Est-ce que, considérant un contexte budgétaire, là, est-ce
que l'argent est investi au bon endroit?
M. Bérubé : Moi, je
pense qu'on peut juger d'un gouvernement aux choix budgétaires qu'il fait pour
beaucoup. On parle d'une constitution québécoise, mais on ne francise pas les
immigrants. On pense à un certain nombre d'enjeux pour l'intégration, mais on
coupe dans des programmes. En éducation, on choisit de ne pas rénover des
écoles, mais on annonce une école à 226 millions. Moi, je n'ai jamais vu
ça. C'est peut-être juste moi qui trouve que c'est beaucoup, mais, si c'est la
nouvelle norme pour les écoles, qu'est-ce qui va rester de marge de manœuvre
budgétaire pour le reste du Québec?
Donc, c'est difficile de voir une ligne
directrice, une cohérence autre que d'essayer le plus possible de colmater le
déficit qu'il s'est... qu'il nous a lui-même imposé, le gouvernement de la CAQ.
Et tôt ou tard, il va devoir faire face à ses contradictions. Donc, à chaque
jour, on apprend des nouvelles compressions grâce, notamment, aux employés du
secteur de la santé qui, à leurs risques et périls, hein, nous donnent l'information,
et qui tend à démontrer que, oui, les patients sont touchés, oui, les écoliers
sont touchés, et les étudiants. Et ça se poursuit. Donc, c'est là qu'on en est.
Journaliste : ...hier, de ne
pas avoir fait un front uni concernant les Américains, et d'avoir refusé leur
motion.
M. Bérubé : Qui?
Journaliste : Les libéraux.
M.
Bérubé
:
En quoi on ne ferait pas un front uni? On défend... On défend le...
Journaliste : ...de leur
motion, hier, là, en disant que... la pancanadienne...
M. Bérubé : Oui, Pascal.
Journaliste : ...parlait d'union.
M. Paradis : Ah! O.K. On
a été tous ensemble pour voter une motion qui était proposée par le
gouvernement relativement à notre posture face à l'administration américaine.
Il y avait une autre motion des libéraux, puis vous l'avez dit vous-même, là,
qui... Vous avez vu le ton même du chef de l'opposition officielle quand il la
lisait. Il était conscient qu'il était en train de faire un éloge du
gouvernement fédéral, et on n'avait pas besoin de ça, là. Ce n'était pas le
temps de faire de la politique partisane sur une motion. C'était le temps de s'unir
pour dire : Voici, le Québec est uni face à la menace des tarifs de l'administration
américaine. Et d'ailleurs, tous les partis ont voté ensemble l'autre motion.
Journaliste : Parlant de ça,
les libéraux sont d'avis que la hausse des tarifs d'Hydro demandée aux
entreprises en vertu du projet de loi no 69, là, la hausse de 4 % à
5 %, c'est trop élevé. Ils sont d'avis que François Legault devrait
revenir sur sa décision et possiblement plafonner les tarifs pour... pour les
entreprises ou, du moins, laisser la régie trancher. Qu'est-ce que vous pensez?
M. Paradis : Ce sont des
questions extrêmement importantes parce qu'ils viennent au cœur du pacte social
qui existe au Québec, depuis la nationalisation d'Hydro-Québec, sur les tarifs,
comment on répartit les tarifs entre les foyers, les PME, qui font partie de l'équation,
et les grandes entreprises. La question qui est posée, notamment, par les
exportateurs et les grandes entreprises, elle est pertinente, mais elle nous
amène au cœur d'un autre débat actuellement, c'est celui sur le projet de loi
no 69, parce que la question de la tarification est au cœur du projet de
loi no 69. On l'a déjà dit, ce projet de loi là, c'est un bric-à-brac, et
il était présenté sans qu'on connaisse le plan du gouvernement sur les tarifs.
Alors, la question est : Quel est le plan du gouvernement sur les tarifs?
Christine Fréchette dit une chose, le premier ministre dit autre chose. Ça nous
rappelle ce qui se passait quand Pierre Fitzgibbon disait une chose, et le
premier ministre disait autre chose. Alors, la première chose justement à
avoir, c'est le plan gouvernemental. Compte tenu...
Journaliste : ...gel de
tarifs ou pas de gel de tarifs. Est-ce que vous êtes pour, compte tenu du
contexte, le fait de dire qu'on ne doit pas augmenter l'électricité pour les
entreprises pour ne pas leur faire plus mal?
M. Paradis : La position
du Parti québécois, c'est qu'actuellement, cette question-là, ce n'est pas
uniquement sur ces consommateurs d'électricité qui sont les grandes
entreprises, mais ça a un impact aussi sur les PME. Ça a un impact aussi sur
les foyers. Est-ce qu'on est en train de dire que ce sont les foyers qui vont
devoir compenser pour les tarifs américains? La question se pose. Revenons ici
à l'Assemblée nationale avec un véritable débat sur l'ensemble de la politique
tarifaire, compte tenu de ce qu'il y avait dans le projet de loi no 69, le
bric-à-brac, et compte tenu de la nouvelle situation. Puis ce qu'on veut avoir
en premier, c'est le plan du gouvernement avec les chiffres du gouvernement.
Journaliste : ...toucher les
foyers. Donc, ça revenait à trois.
M. Paradis : Il y a une
règle qui s'appelle l'interfinancement. Si on décide que, compte tenu des
investissements additionnels qu'Hydro-Québec doit faire pour le plan qui a été
présenté par Hydro-Québec, qu'on plafonne les augmentations ici, par exemple,
pour les grandes entreprises, il faut que d'autres paient cette
augmentation-là. Est-ce que ce sont les PME? Est-ce que ce sont les foyers?
Donc, ce n'est pas juste un type de consommateur qui est visé, c'est l'ensemble
des consommateurs.
Journaliste : ...hier que
tant qu'il va être premier ministre, ça va être plafonné à maximum 3 %.
M. Paradis : Ah bien! j'ai
hâte de voir ça, parce que son projet de loi n° 69, ce n'est pas ça qu'il
disait. Et ça, on l'a dénoncé. Le projet de loi n° 69, par un mécanisme
assez occulte, prévoyait que les contribuables québécois, M. et Mme Tout-le-Monde
allaient payer plus cher. Alors, bien que le gouvernement disait une chose, le
projet de loi disait d'autres choses. On veut de la clarté, on veut de la
transparence. Et le premier qui doit démontrer son plan, c'est le gouvernement
du Québec. Et il ne l'a jamais fait.
Journaliste : M. Legault,
hier, a tranché. Il a dit : Ça va être 4 % à 5 % pour les
entreprises. Qu'est-ce qui vous fait dire que le gouvernement est prêt à
réévaluer... réévaluer tout ça dans le contexte économique qu'on connaît?
M. Paradis : Bien là,
justement, on ne le sait pas si le gouvernement est prêt à réévaluer tout ça,
parce qu'il a présenté un projet de loi qui est toujours en théorie à l'étude
qui prévoyait de manière non transparente une augmentation pour les foyers avec
le gouvernement qui nous disait une chose et son contraire quant aux tarifs
pour les PME et quant aux tarifs d'électricité pour la grande entreprise.
Quelle est son intention aujourd'hui? La ministre Fréchette a dit une chose le
matin. Le premier ministre a dit d'autres choses l'après-midi. Qu'on nous
présente un plan qui a de la clarté, qui tient compte de ce qu'il y avait dans
le projet de loi n° 69 qu'on invite le gouvernement à retirer de l'agenda
parlementaire pour nous présenter un véritable plan qui tient compte notamment
de ce qui se passe actuellement avec les États-Unis.
Journaliste : Ce que le
projet de loi dit, c'est que c'est la régie qui va décider, et que tous les
consommateurs, que ça soit les foyers, les PME, les entreprises, paieront la
juste part de la production et de la distribution de l'hydroélectricité. Donc,
ça ne veut pas dire que ça va augmenter, là. On ne le sait pas, c'est la régie
qui va décider. Est-ce que ce n'est pas la bonne chose à faire de demander à la
régie de gérer ça ou il faut faire de l'ingérence dans... dans... auprès de la
régie?
M. Paradis : Le projet de loi
proposé de redonner des dents à la Régie de l'énergie, dents qui lui avaient
été enlevées par ce même gouvernement de la CAQ, qui a politisé la question des
tarifs. C'est vrai. Mais...
Journaliste : Qu'est-ce
que...
M. Paradis : Mais, attendez!
Le projet de loi prévoyait aussi un mécanisme par la création d'un fonds pour
compenser la hausse des tarifs, c'est-à-dire qu'on disait aux Québécois :
Votre facture, il n'y aura pas d'augmentation plus que le plafond X annoncé, 3 %.
Mais par ailleurs, on va avoir un fonds que vous allez payer qui va compenser
la différence entre l'augmentation réelle du coût de production puis ce qu'on
va vous charger. C'est ça qu'il disait, le projet de loi, malgré ce que le
gouvernement disait.
Donc, moi, quand on me dit : C'est
quoi, les intentions du gouvernement? Bien, alors qu'on discute de la question
des tarifs face à la menace américaine, ça prend de la transparence, puis ça
prend de la clarté, et c'est le gouvernement qui doit faire preuve de cette
clarté, de cette transparence en premier lieu. C'est pourquoi on a proposé
aussi la création d'une Équipe Québec. Une Équipe Québec, ça, ça veut dire
qu'on est ensemble, qu'on réfléchit ensemble, qu'on partage notre vision et
qu'on fait front commun face aux Américains, et ce n'est pas ça qui se passe
actuellement.
Journaliste : Est-ce que
Québec va faire le tramway même sans l'argent d'Ottawa?
M. Paradis : Pardon?
Journaliste : Est-ce que
Québec va faire le tramway même sans l'argent d'Ottawa. Je sais que, vous allez
dire : Mme Guilbault doit aller chercher l'argent à Ottawa. Mais, si elle
n'a pas l'argent, est-ce que Québec doit quand même aller de l'avant?
M. Paradis : Si la question
c'est si la question c'est : Est-ce qu'aujourd'hui, en raison du fait
qu'il y a un gouvernement de trop...
Journaliste : Est-ce que
Québec doit le faire le projet de tramway sans l'argent d'Ottawa?
M. Paradis : Avec égards,
avec égards, ce n'est pas la question qu'on doit se poser aujourd'hui. La
question...
Des voix : ...
M. Paradis : La question, ma
réponse... ma réponse, c'est que ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai qu'à
Québec on devrait faire la croix sur de l'argent qui devrait nous revenir. Ce
n'est pas vrai qu'on en est rendu là en raison de la politisation extrême de ce
dossier comme de tous les projets d'infrastructures au Québec par le
gouvernement de la CAQ et par le fait qu'il y a un gouvernement fédéral de
trop. Nous n'avons pas, à Québec, nous n'avons pas, au Québec, notre juste part
des investissements fédéraux en matière d'infrastructures.
Journaliste : Sans cet
argent-là, on ne le fait pas.
M. Paradis : Le
1,44 milliard doit venir pour que le projet soit réalisé, puis le
gouvernement fédéral doit augmenter sa part de projet.
Journaliste : Il n'y a pas de
projet sinon?
M. Paradis : Ce n'est pas
l'heure de se poser cette question-là. C'est l'heure d'aller chercher l'argent
qui nous revient.
Journaliste : Foncièrement,
c'est Québec qui donne... qui donne des factures au fédéral?
M. Paradis : Au moment où on
se parle aujourd'hui, il y a une entente qui a été signée en 2018, qui est
valide jusqu'à 2028. Le gouvernement fédéral a apposé sa signature. Le
gouvernement du Québec a apposé sa signature. Cette entente-là dit : Le
Québec choisit les projets, pas le gouvernement fédéral, pas Pierre Poilievre,
pas Pierre Paul-Hus, le Québec choisit les projets. Ici, le Québec a choisi le
tramway à Québec. Le fédéral doit mettre son argent, et les conservateurs
doivent s'engager à respecter la signature du fédéral.
Journaliste : Pour atteindre
notre objectif en matière de voitures électriques d'ici 2035, est-ce qu'on
devrait se tourner vers le marché chinois?
M. Arseneau : Bien, je pense
qu'il est prématuré aujourd'hui de dire on va se tourner vers la Chine pour
atteindre nos objectifs en matière d'électrification des transports. C'est, je
pense, une... d'abord une question de maintenir les objectifs pour le
gouvernement en favorisant l'achat des véhicules qui sont disponibles sur le
marché ici, au Québec. Et on voit que le gouvernement a reculé là-dessus en
annulant notamment le programme Rouler vert, et c'est là où le gouvernement
doit agir, c'est de continuer de mettre en place des mesures qui favorisent
justement ce virage-là. Mais la question des voitures chinoises, fabriquées à
faible coût et à travers un mécanisme qui s'apparente à un dumping, venir
envahir le marché québécois, je pense qu'on n'en est pas là.
Journaliste : Mais est-ce que
vous pensez qu'il est raisonnable de revoir cet objectif-là à la lumière des
politiques, par exemple, de l'administration américaine?
M. Arseneau : Je pense qu'il
est prématuré de revoir cet objectif-là. Et j'ai l'impression que le ministre
Charette, à l'heure actuelle, voit la menace de tarifs de M. Trump comme
un prétexte utile pour pouvoir commencer à faire un virage ou à reporter les
cibles qu'il s'est lui-même fixées, alors même qu'on est à l'étude d'un projet
de loi, le projet de loi n° 81, qui révise une bonne partie, là, des lois
environnementales du Québec où on veut resserrer la question, là, des ventes de
véhicules lourds polluants, donc améliorer le bilan de ce côté-là. Ce serait
absolument contradictoire que, par ailleurs, on repousse les échéances pour
2035.
Journaliste : Dans une lettre
ouverte, ce matin, dans Le Devoir, Mme Elghawaby faire un lien entre la
tuerie de la mosquée de Québec et la loi 21, pas un lien direct, là, mais
elle vient établir quand même que la loi 21 nuit à la communauté. Est-ce
que c'est un lien qui était... C'est quelqu'un qui a été nommé par le fédéral,
là, pour étudier la question. Est-ce que ce que... Qu'est-ce que vous pensez
d'un tel lien dans un article?
M. Paradis : Quelle
insensibilité, encore une fois, de cette personne par rapport à la réalité du
Québec. Il y a des avis qui diffèrent parfois sur la loi 21, mais c'est
l'expression démocratique du peuple québécois. C'est une loi dûment votée. De
faire un lien entre cette loi-là, qui est une loi démocratiquement adoptée par
le Québec et cet attentat qui est un... qui est une des plus graves, des plus
troublantes, des plus tristes attaques et expressions de haine qu'on n'ait
jamais connue au Québec, c'est inacceptable.
M. Bérubé : La loi est
arrivée après.
M. Paradis : Oui, puis d'ailleurs...
d'ailleurs, mon collègue Pascal nous le rappelle, la loi a été adoptée après
l'attentat de la mosquée, ce qui démontre l'absurdité de ce lien, son
insensibilité complète avec la réalité du Québec. Incroyable.
(Fin à 9 h 05)