(Dix heures trente-quatre minutes)
M.
St-Pierre
Plamondon :Bonjour,
tout le monde. Donc, très content de vous retrouver pour une session qui est
très chargée. On est très motivés à retourner au travail avec ces nombreux
dossiers en simultané. Et, dans, justement, tous ces sujets d'actualité qui
vont nous occuper, deux points importants. Le premier, je réitère que les gens
dans Terrebonne n'ont toujours pas de député, ça fait plus de cinq mois. Il n'y
a pas d'explication ni de justification pour cette situation-là, qu'on
déclenche, s'il vous plaît.
Deuxième point, c'est qu'à
travers justement un nombre très, très important de sujets, je pense que le
rôle des oppositions, c'est quand même de garder l'oeil sur cette série de
coupures dans toutes les directions, tous azimuts, qui touchent la santé, l'éducation,
l'accueil des immigrants, la capacité de faire du sport. Donc, si on
récapitule, on a un gouvernement de la CAQ qui s'est fait élire comme... avec
comme principale promesse, la saine gestion des finances publiques. Le
résultat, c'est qu'on a eu le pire déficit de l'histoire du Québec, avec comme
conséquence, une fois qu'on a eu... fait des chèques généreux à Northvolt, pour
la Maison des aînés, les espaces bleus, les maternelles quatre ans, là, avec comme
résultat aujourd'hui qu'on se met à couper, tout en nous disant qu'il n'y a
rien à voir puis qu'il n'y a pas de coupures.
Et c'est là le problème,
c'est que c'est une chose de dire : On vient de faire le pire déficit de l'histoire,
on va devoir couper, c'en est une autre de couper de manière aléatoire ou, en
tout cas, sans qu'il y ait de plan compréhensible pour la population, couper
également sans admettre qu'il y a des coupures. Je rappelle que les
augmentations des dépenses de l'État sous la CAQ, c'est beaucoup la
bureaucratie. Par exemple, dans les augmentations du personnel de l'État, parce
que l'État... la part... la taille de l'État a augmenté sous la CAQ, 40 %
de l'augmentation de personnel, c'est des postes de gestion et de la
bureaucratie, alors que les postes de services à la population, comme
infirmière, enseignant, c'est 7 %, 8 % d'augmentation. Donc, ce qu'on
demande à la CAQ, c'est d'abord reconnaître qu'il y a un problème de gestion
des finances publiques qui nous amène dans une situation très difficile en ce
moment, deuxièmement dévoiler un plan clair pour limiter l'impact des coupures
actuelles sur les services directs à la population, et ça veut dire de
cesser de nier qu'on est en train de couper dans toutes les directions, et de
présenter quelque chose de cohérent, en ayant cette transparence d'admettre que
présentement il y a 200 postes d'infirmiers, infirmières qui ont été
coupés en Chaudière-Appalaches, 565 personnels... personnes coupées en santé à
Laval, on vient de couper 9 millions sur la possibilité des jeunes de
faire du sport, alors que le sujet, c'est la santé mentale des jeunes depuis
des mois et des mois, avoir l'honnêteté de dire : C'est ça qu'on est en
train de faire, et voici pourquoi ce plan-là est cohérent, plutôt que d'essayer
de nous faire croire qu'il n'y a pas de coupes, qu'il n'y a pas de coupures
nulle part. Les gens voient bien ce qui se passe.
Journaliste : M. Plamondon, j'ai
suivi votre échange, là, sur le réseau social américain qui appartient à Elon Musk,
qui est dans l'entourage de Donald Trump. Est-ce qu'on peut juger le travail de
député au nombre de publications qu'il fait sur ce réseau social américain?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, c'est un...
Journaliste : Vous l'avez
déjà dénoncé parce que c'était trop agressif et infiltré par des robots russes
et chinois.
M.
St-Pierre
Plamondon :C'est... Là, il ne faut pas
tout mélanger, là, c'est...
Journaliste : Non, ce n'est
pas tout, là, ça se passe tout à cette place-là.
M.
St-Pierre
Plamondon :Premier élément. C'est
surprenant de voir un si grand nombre de députés caquistes qui n'utilisent que
très rarement les réseaux sociaux pour s'exprimer, tout d'un coup, tous m'interpeller
avec le même message, essentiellement. Lorsque je...
Je réitère ce que j'ai dit, en passant. Je
pense qu'à Terrebonne les citoyens ont intérêt à avoir une députée qui a la
liberté de parole et la liberté de défendre ses citoyens sur les dossiers
plutôt que d'avoir un autre député caquiste qui n'a pas ce droit de parole, de
sorte que dans certains cas on sait à peine quel est le nom de la ou le député.
Cette affirmation-là, je la maintiens parce que c'est ce que d'anciens députés
de la CAQ ont affirmé noir sur blanc, notamment Mme Foster. En sortant de son
mandat de 2014-2018, elle a dit : On ne peut pas parler, on nous dit de ne
pas parler. Mme IsaBelle aussi a eu le même commentaire, et on sait que c'est
une problématique.
Et donc je réitère mon engagement, au
Parti québécois, de donner plus de liberté aux députés pour qu'ils puissent s'exprimer
à la défense de leur région, et, si mon intervention a permis... a motivé du
jour au lendemain certains députés de la CAQ à prendre la parole, je les invite
à prendre la parole sur ce qui ne va pas en ce moment, notamment les coupures
en santé, les coupures en éducation et beaucoup de dossiers régionaux pour
lesquels, malheureusement, on ne les entend pas assez, à mon avis.
Journaliste : Bien, il y a
des élus de la CAQ, M. St-Pierre-Plamondon, qui ont tenu des propos difficiles
à votre égard en disant que votre tête ne passait plus dans la porte. On
parle... On dit que vous ne saluez pas les élus à l'Assemblée nationale. Est-ce
qu'on vous dépeint comme un leader égocentrique? Vous avez un examen de conscience
à faire.
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, ce n'est pas la
première fois que la CAQ organise une... organise une séance, une campagne me
visant, moi. Donc, on a essayé de me dépeindre comme soupe au lait. C'était la
même technique, là, tous les députés se mettent à dire la même chose, puis ça
devient un article de journaux. On a essayé de me dépeindre comme paresseux
parce que j'ai pris une journée de congé après 14 jours de travail un peu
avant Noël. Là, maintenant, on essaie de me dépeindre comme arrogant. Et ça va
continuer, puis je trouve ça plate que le temps de ces députés-là soit consacré
à ça dans le contexte actuel au Québec. Si les députés de la CAQ ont trop de
temps puis ne savent pas quoi faire de ce temps-là, plutôt que d'organiser des
attaques partisanes de bas étage comme celles-là, pourquoi ne pas défendre leur
circonscription vis-à-vis des coupures qui affectent la population? Moi, c'est
la question que j'aurais à leur poser.
Journaliste : Le député de
Joliette, par exemple, hier, a refusé les... de s'expliquer, là, de... a refusé
notre demande d'entrevue à la suite de son tweet qui visait le sondeur Léger.
Est-ce que vous voyez là-dedans une démonstration, justement, du fait qu'ils n'ont
pas toute leur liberté de parole?
M.
St-Pierre
Plamondon :Ça ne peut pas être plus
imagé que ça. Tous les députés de la CAQ se sont fait donner instruction d'attaquer
le chef du Parti québécois avec plus ou moins le même message. Certains étaient
des copier-coller, donc ça démontre. Mais, lorsque les journalistes
interpellent chaque député de la CAQ en disant : Pouvez-vous justifier ou
nous expliquer votre point de vue?, et là on découvre qu'en fait ils n'ont pas
le droit de vous parler et que c'est la CAQ qui vous répond : Le député ne
parlera pas. Donc, est-ce qu'on peut imager mieux mon propos, à savoir qu'il y
a un problème de liberté d'expression au sein des députés de la CAQ? Est-ce qu'on
peut mieux illustrer le propos de Mme Foster, de Mme IsaBelle, des députés qui
ont lâché la politique en disant : La CAQ nous empêche de parler librement
puis de faire notre travail? C'est éclatant, je trouve, de...
Journaliste : ...c'est une
chose, M. St-Pierre Plamondon, c'est une chose, là. Mais, quand même, d'affirmer
qu'on ne connaît pas le nom de ces députés-là, est-ce que ce n'est pas...
M.
St-Pierre
Plamondon :Je n'ai pas dit ça, j'ai
dit : dont certains...
Journaliste : Les députés
dont on ignore le nom...
M.
St-Pierre
Plamondon :À peine, dont on connaît à
peine le nom.
Journaliste : ...à peine le
nom...
M.
St-Pierre
Plamondon :Dont on connaît à peine le
nom.
Journaliste : Si vous voulez
mettre la nuance là, c'est correct, mais est-ce qu'à la limite ce n'était
peut-être pas inélégant, de votre part, de... par respect pour ces gens-là qui
ont été élus quand même dans leurs circonscriptions, vous qui dites que vous
voulez faire de la politique autrement? C'est un peu votre marque de commerce.
M. St-Pierre Plamondon : C'est
vous qui le dites. Moi, je... Ma marque de commerce, tel que je le conçois,
c'est de donner l'heure juste et de dire vrai. Et je pense que je décris une
réalité qui est confirmée par les députés de la CAQ eux-mêmes, dont certains
ont juste quitté la politique, à savoir qu'on ne les voit pas puis on ne les
entend pas parce qu'ils se font dire de ne pas s'exprimer, sauf quand il y a
des commandes partisanes, là, des genres d'enfantillage... comme ceux-là, là.
Ça, par contre...
Journaliste : ...si vous êtes
premier ministre, tous les députés auront le droit de parole. Parce que, sous
des administrations du gouvernement du Parti québécois, du gouvernement du
parti libéral, il y en a beaucoup...
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
pris cet engagement-là.
Journaliste : ...il y en a
beaucoup qui se sont plaint des plantes vertes.
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
pris cet engagement-là en 2022. Si vous retournez, durant la campagne, il y a
une sortie où est-ce que je parle des réformes démocratiques auxquelles on
s'engage. Et ce que je dis, c'est que les députés doivent demeurer cohérents
avec les engagements du parti mais que, sur les dossiers locaux, ils devraient
avoir la liberté de se porter à la défense de ce qui se passe dans leur
circonscription. Et, si certains députés de la CAQ sont très peu connus parce
qu'on ne les a pas... peu ou pas entendus sur ces enjeux-là au cours des sept
dernières années, si certains députés de la CAQ ont quitté la CAQ en
disant : On n'a pas le droit de parole, bien, c'est à eux de se poser la
question : Est-ce qu'il n'est pas temps... Au lieu de lancer des attaques
partisanes sur X, est-ce qu'il n'est pas temps de prendre la défense de ma
circonscription ou de mes gens?
Journaliste : ...sur le
terrain? Parce que, là, on parle des sorties médiatiques...
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai pas dit qu'ils ne travaillent pas sur le terrain.
Journaliste : ...la présence,
mais en quoi ils ne sont pas actifs sur le terrain?
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
parlé de la prise de parole.
Journaliste : Vous dites
qu'ils ne sont pas à la défense des électeurs.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
j'ai dit... j'ai parlé de la prise de parole. Et donc on peut aller, sur le
terrain, remettre un montant de SAB, etc., là, puis... J'ai parlé de prise de
parole. Et mes propos sur la prise de parole très difficile ou inexistante pour
les députés de la CAQ, ils sont confirmés par Mme Foster qui... et Mme
Isabelle, deux députées de la CAQ qui ont quitté en disant : On n'a pas de
liberté de parole. Et c'est prouvé également par un député de la CAQ qui
m'interpelle sur les réseaux sociaux pour me faire une campagne pour me faire
mal paraître, mais que, lorsqu'on pose une question aux députés, c'est la CAQ
qui répond. Le député n'a pas le droit de vous répondre. Donc, la preuve est
dans le pudding, là.
Journaliste : Comment... En
2020, après... après votre élection comme chef, vous aviez parlé de la
nécessité de démondialiser, de décanadianiser le Québec. C'en est où, ce
projet-là?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
bien, c'est toujours la même approche, c'est-à-dire que, dans certains secteurs
où le Québec serait concurrentiel en termes de production, nous, au Parti
québécois, on pense qu'on est mieux de produire au Québec plutôt que d'être
dépendant de l'importation de produits. Donc, on avait fait une liste grâce à
la Fédération des chambres de commerce du Québec qui avait identifié les
secteurs dans lesquels on serait concurrentiels, donc réindustrialiser le
Québec, également pour les secteurs où la sécurité de la population est en jeu.
Par exemple, les médicaments, nous, on pense qu'on devrait être autonomes, même
chose sur l'alimentation. Donc, on a toujours les mêmes orientations.
Journaliste : Avec Trump,
tout ce qui se passe, là, est-ce que ce ne serait pas...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ça va dans ce sens-là. Donc, j'ai l'impression... Si on regarde l'histoire de
l'Occident puis de l'organisation, les cycles économiques, là, au cours du
dernier siècle, il y a eu des phases de mondialisation puis il y a eu des
phases de protectionnisme. Clairement, on se dirige vers une phase davantage de
protectionnisme. Et je trouve que, sur le plan économique et environnemental,
de retourner à des économies de circuits courts plutôt que d'importer de
l'Asie, de l'Amérique latine en ne tenant pas compte de l'émission de gaz à
effet de serre, en ne tenant pas compte de l'impact sur l'économie québécoise
de ne pas générer nous-mêmes de la richesse... je pense que c'est une réflexion
qui est saine et je maintiens ces orientations.
Journaliste : Comment vous
avez trouvé la sortie de Valérie Plante hier par rapport à l'itinérance, que le
premier ministre n'allait pas sur le terrain? Est-ce que c'était trop?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je ne veux pas qualifier plus, je veux juste retourner à certains faits, parce
que j'ai répondu hier sur les réseaux sociaux, là. Donc, tout simplement été un
peu surpris qu'elle affirme que les partis et les partis d'opposition ne sont
pas venus. J'ai réitéré en... Surtout sur le sujet de l'itinérance, parce que
vous nous avez entendus souvent, notamment la présentation d'un plan complet
qui s'inspire de la ville de Houston, de la ville d'Helsinki, non seulement
c'est une réalité que je connais bien dans l'est de Montréal, qui est une
réalité qui nous préoccupe, mais nous avons sollicité une rencontre sur ce
sujet-là notamment et ça a été cancellé par la mairie. Et c'est Joël Arseneau
qui a quand même fait le suivi en étant présent aux états généraux sur
l'itinérance et, ensuite, en interpellant formellement le premier ministre, en
disant : Prenez vos responsabilités sur l'itinérance. Donc, des fois, il y
a des précisions qui sont nécessaires par rapport à ces déclarations-là.
Des voix : ...
Journaliste : ...sur
l'intégration des immigrants, là, est-ce qu'on a besoin d'une loi-cadre sur
l'intégration des immigrants? Et, si oui, pourquoi?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
toujours difficile ou hasardeux de commenter un projet de loi qu'on n'a pas lu.
Voici par contre les observations que je tiens à faire aujourd'hui. La CAQ
s'était engagée à diminuer ou en tout cas ne pas augmenter, lors des dernières
élections, les seuils d'immigration. Ce n'est pas ce qu'elle a fait. De sorte
que, de son propre aveu, on a excédé la capacité d'intégration.
La CAQ coupe dans la francisation des
immigrants de manière importante. La CAQ, on l'a appris sur Radio-Canada hier,
coupe dans l'intégration, dans les programmes d'intégration des immigrants. Sur
la laïcité, on a interpelé la CAQ souvent, sur les écoles privées religieuses,
qui sont subventionnées, sur le fait que le privé finalement, la Loi sur la
laïcité ne s'applique pas au privé. On a interpelé. Et ça fait sept ans, donc,
que la CAQ, sur ces sujets-là, n'agit pas puis fait la sourde oreille.
Donc, je veux bien avoir un débat
conceptuel sur l'interculturalisme, la convergence culturelle et le
multiculturalisme, mais il y a des décisions, pendant sept ans, de manière
constante, qui parlent de ce que la CAQ a fait ou n'a pas fait, et qui a beaucoup
d'impact sur notre modèle d'intégration, à savoir sous-investissement dans la
francisation, l'accueil et perte de contrôle des seuils d'immigration
temporaire comme permanente, en contravention de leurs engagements électoraux.
Journaliste : Donc, la CAQ
tient un discours, mais dans ses actions, là, fait le contraire?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on va voir quel discours, là, qu'est-ce qu'il y a là-dedans, dans ce projet de
loi là, mais on va devoir tenir compte de sept ans d'inaction ou d'actions, en
fait, incohérentes avec leur discours pendant sept ans. Ça me fait beaucoup
penser à la loi 96. C'est-à-dire que la loi 96, il y avait certains
bons éléments dans la loi, mais nous, notre propos, c'était de dire : On
le sait, et vous le savez, à la CAQ, que c'est un projet de loi nettement
insuffisant pour renverser le déclin du français, notamment parce que vous avez
perdu le contrôle sur la proportion d'allophones et de francophones qu'on
reçoit. Et, le but de la loi 96, c'était beaucoup de montrer qu'on fait
quelque chose, mais dans une optique de communication avant d'être dans une
optique de politique structurante à long terme.
Journaliste : Mais sur le
principe, M. Plamondon, vous ne pouvez pas... on ne peut pas être contre ça, de
vouloir mieux intégrer les immigrants, par exemple, à la culture québécoise, à
la langue. On ne peut pas être contre ça, sur le principe.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on ne peut pas être contre la tarte aux pommes. Mais, si la tarte aux pommes en
question est en fait un mirage ou des mesures superficielles qui n'auront pas
d'impact sur ce que je viens de vous mentionner, c'est-à-dire le fait que la
CAQ n'a pas respecté ses engagements sur les seuils d'immigration puis le fait
que la CAQ est en train de couper dans la francisation puis l'intégration des
immigrants, on va... on va garder quand même un oeil critique sur cette
volonté, là, de la CAQ d'avoir un débat qu'on aura quand on pourra lire le
projet de loi, là. En ce moment, je commente strictement sur la base de ce qui
a été rapporté dans les médias.
Journaliste : ...que c'est
nécessaire d'avoir un cadre propre au Québec pour l'intégration, un modèle
d'intégration québécois?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est nécessaire, mais est-ce que c'est possible dans le Canada? Les
institutions canadiennes ne prônent pas du tout l'approche qui va être dans ce
projet de loi là. Ça, je peux vous le garantir avant même de l'avoir lu. Donc,
est-ce que c'est faisable de contrer le communautarisme, la pensée canadienne
de communautarisme par un projet de loi, alors que le fédéral ne respecte pas
notre planification de l'immigration sur à peu près tous les aspects? Il y a
une raison, là, pourquoi la question de l'indépendance du Québec revient
souvent sur ces questions-là.
Journaliste : Le financement
de la ligne bleue, est-ce qu'on va se retrouver dans la même situation que le
tramway? Vous avez vu le dossier du collègue Olivier Lemieux, c'est-à-dire que
la part du fédéral, finalement, va être annulée. La CAQ a-t-elle trop attendu
pour boucler ce financement-là, d'après vous?
M. St-Pierre Plamondon : De
deux choses. La CAQ a politisé à outrance des projets de transport avec comme
conséquence qu'il n'y a rien qui a bougé et qu'on va peut-être perdre le
financement.
Deuxième chose, comme dans l'autre sujet
de tantôt, la CAQ n'a pas respecté ses engagements électoraux parce qu'elle
était censée rapatrier les budgets d'infrastructures de la part du fédéral.
Allez dans leur documentation, là, leur plan de nationalisme québécois, je vous
ai référé spécifiquement, mais ils s'engageaient à rapatrier les budgets
d'infrastructures pour ne pas être dans ces situations-là. L'ont-ils fait? De
la même manière, est-ce qu'ils ont obtenu un rapport d'impôt unique? Est-ce
qu'ils ont obtenu les pleins pouvoirs en immigration? Est-ce que... C'est
beaucoup, beaucoup de communication et de blabla, la CAQ, puis quand on regarde
dans la réalité, ce n'est pas du tout ce qu'ils font.
Journaliste : Est-ce que
c'est ce qu'ils pourraient espérer un peu, d'après vous?
M. St-Pierre Plamondon : De
quoi?
Journaliste : De pas... de...
Que le projet de tramway ne voit pas le jour, finalement, parce que la
contribution du fédéral ne serait pas au rendez-vous?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je pense qu'ils ont
politisé le dossier en refaisant le dessin eux-mêmes, à des fins
électoralistes, alors que le bureau de projet à Québec avait fait le travail.
Et, le jour où ils ont posé cette erreur-là, s'en est suivi un dédale
interminable, parce que là, il n'y a plus personne pour faire...pour appliquer
sur l'appel d'offres, puis, ensuite, il y a d'autres délais, parce qu'on envoie
ça à la caisse puis on...
L'erreur, elle provient de... du moment où
on a repris le travail du bureau de projet puis qu'on s'est mis à dessiner au
Conseil des ministres, en fonction de considérations électorales, le trajet du
tramway. On ne s'en... on ne s'en est jamais remis, tant sur le coût du projet
que sur la possibilité d'aller chercher le financement maintenant.
Le Modérateur : ...en
anglais.
Journaliste : Do you think... new model of integration of immigrants, what Mr.
Roberge is proposing, and the bill he'll table on Thursday, apparently? Is this
necessary in Québec, since we have the Charter of the French language, we have
Bill 21 repeating those principles and values?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
the question is: Is that... at all effective? I mean, it's difficult to tell,
because we haven't seen the bill. But bottom line is, if you don't control the
levels of immigration, and you're, according to the government, way beyond your
capacity to integrate, and if you're cutting the spending in integration and
the spending on learning French for immigrants... I mean, you can table bills
as much as you want on concepts such as interculturalism versus
multiculturalism and... and so on, the financial and political decisions of the
CAQ over the past seven years, they speak for themselves. And it's a bit late
to come up and say: Hey, I'll go up... I'll go with a bill that changes the
model of integration. If you're cutting the spending on integration, what use,
what's the logic here?
And, second point, if
Canada doesn't agree with that model, and Canada is in a community-based,
multicultural model, how do you defend staying within Canada while knowing that
Canada will impose on you its model and its levels of immigration? That's the
fundamental contradiction within the CAQ, and it's never been resolved.
Journaliste :
Do you think that tabling this
additional bill right now is a form of distraction from the government, or do
you think that it could still bring about some form of change?
M. St-Pierre
Plamondon :
I
think they're very much oriented towards communications and political tactics
since they've been elected in 2018, and they're still doing the same, a bit
like Bill 96. You take a genuine topic, but you don't go towards the structural
measures that could really change the course of things. You go towards
communications, what looks good, and then you'll go on self... self-promoting
yourself, saying this is a historical moment, and this is so important, and so
on. We've seen the CAQ, so many times, go through that.
I'm not saying that
everything in the bill will be wrong or useless, but I'm saying: If you're
looking at what the CAQ has done over seven years, it's not coherent with what
they're trying to do at this point, given that this... they're cutting the
spending on French education for immigrants, on integration for immigrants, on
housing, so many elements. It's not coherent. So, we'll see what's good in the
bill, but will remain critical of the overall...
Journaliste :
...window dressing. It's what you're
saying, it's window dressing.
M. St-Pierre
Plamondon :
"Window
dressing". That's interesting. We don't... En français, je ne pense pas
qu'on a ça. De l'arrangeage de fenêtre, de la décoration de fenêtre... I'll
read the bill. Let's just say that the CAQ has been very good in window
dressing over the past seven years, so we'll keep an eye on that.
Journaliste : Juste une
petite question : Qu'est-ce que... comment vous réagissez aux allégations
de racisme, là, à l'endroit des infirmiers et infirmières africains à Amos et
La Sarre? Je ne sais pas si vous avez vu, ce matin...
M.
St-Pierre
Plamondon :Joël va le prendre.
M. Arseneau : Bien, écoutez,
ça se passe dans le domaine de la santé, je suis porte-parole en santé. Au
Parti québécois, on a toujours condamné fermement tout propos, acte de racisme
où qu'il soit à travers le Québec et en particulier lorsqu'il est question, là,
de gens qui viennent prêter main-forte au réseau de la santé. Alors, on
condamne fermement ces propos, ces gestes et on souhaite que les autorités, les
gestionnaires puissent... puissent intervenir pour s'assurer
de rassurer, d'accompagner, de soutenir les personnes qui sont victimes,
actuellement, de ces propos et de ces gestes-là.
Journaliste :
Just to go back to the death threats
you received, you and your family. Now, you're asking the court for a proper
sentence. Why is that? Why, according to what Geneviève Lajoie wrote in the
Journal de Québec, this morning... why are you doing this? Why did you write
this letter to ask for proper sentence?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
I was invited by the crown, by the lawyer in charge of the prosecution to do
so. And it's tendered. So, the victim is invited to put in writing or in person
what they've been through. And it's part of the considerations before fixing
the sanction. And I've done that just to make a few things clear. It's an
attack on democracy. So, it's not threats after two neighbors not agreeing on
something, it's a threat to my whole family, not just on me. And I wanted to
specify because, if you read the letter I've received, it's a conspiracy theory
that I was controlled by a Jewish lobby, and I was kind of a puppet of the
Jewish power. And so, it's important for me to state that anti-Semitism is not
accepted in Québec, and the signal must also be strong. And, to explain... and
I have a whole paragraph that was not published, but maybe I'll publish it
later on today, saying : In my case, I can testify that I started politics
in 2016 with no chance of winning whatsoever, selling cards at $10 each. And, when
I tried to be leader of the Parti québécois, in 2020, I was again last in the
polls selling cards at $10. And... so all those theories that we're controlled
by… Schwab, or by Davos, or by the Jewish power, or by the unions, Big Pharma
and so on, we read them all the time on the social media. And not only it's
totally false, the only persons I am loyal to are the members of the Parti
québécois, I'm... in terms of who I'm not loyal... à qui je rends des comptes,
to whom I am accountable to, are the members of the Parti québécois, but, most
importantly, unlike other systems, nobody gives me money, except the proper
financing through the DGEQ. I am not controlled by anyone. I take the stance
that I feel, and we feel is appropriate in the public interest. And it's
important to explain it, because it creates a lack of humanity towards
politicians if people end up believing that we're puppets to a... some kind of
occult power. It's not the case and it's dangerous to have those ideas, because
people, then, they feel they're justified to threat politicians.
Journaliste :
So, you want jail time?
M. St-Pierre
Plamondon :
I
demanded at the end of the letter an exemplary sanction, saying : I'm not
an expert, I don't know the jurisprudence, I leave it to the court. But I
think, given those factors, attack on family, anti-Semitism, attack on
democracy, there should be a strong signal by the judiciary system.
(Fin à 11 heures)