(Quinze heures quarante-trois minutes)
Le Modérateur : Alors,
bonjour à tous et bienvenue à ce point de presse du Parti Québécois concernant
le dépôt du projet de loi sur le maintien de l'autonomie des personnes aînées.
Prendront la parole, lors de ce point de presse, le député des
Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti québécois pour les aînés, M. Joël
Arseneau, et, dans l'ordre, Mme Judith Gagnon, première vice-présidente de
l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et
préretraités, Mme Mireille Beaulac, présidente de l'Alliance des
associations de retraités, Solange Tremblay, présidente du Regroupement
interprofessionnel des intervenantes retraitées des services de santé, et M. Michel
Gobeil, président de l'Association québécoise des directions d'établissement
retraitées.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Alors, c'est un beau moment aujourd'hui, un grand moment pour moi et, je pense,
pour nous, parce qu'on dépose... on a déposé il y a quelques minutes le projet
de loi n° 893, Loi sur le maintien de l'autonomie des personnes aînées. Et
ce qu'on veut, c'est que le gouvernement passe à l'action pour ce qui concerne
l'ensemble des enjeux qui touchent les aînés, mais dans un cadre de loi qui l'oblige,
justement, à déposer une stratégie, à mettre en place des actions sur une base
interministérielle et en lien avec le milieu communautaire et divers
intervenants pour véritablement améliorer les conditions de vie des personnes
aînées au Québec.
Pour ce qui est du Parti québécois, je
dois vous dire que, dès 2022, nous avions déposé un plan Vivre et vieillir dans
la dignité, qui abordait plusieurs des thématiques qu'on va revoir dans le
projet de loi, notamment le vivre et vieillir chez soi. C'est une volonté des
personnes aînées de vivre à la maison, mais avec les services et les soins
adéquats. On a également le volet participation sociale, civique, mixité
sociale.
Donc, les personnes aînées sont des
membres à part entière de la société et ont encore une vaste contribution à
apporter, il faut le reconnaître et faciliter, favoriser leur participation par
différents moyens que le gouvernement peut mettre en œuvre.
Il y a toute la question également liée à
l'appauvrissement des personnes aînées, qu'on voit beaucoup trop souvent chez
des milliers de Québécoises et de Québécois. Alors, il fallait évidemment
aborder cet aspect-là et toute la question de la protection des droits
également des aînés.
On avait cette réflexion-là lorsqu'on a
assisté au sommet en mai dernier, le rendez-vous national sur le maintien à
domicile des personnes aînées, qui était parrainé et organisé par la Coalition
pour la dignité des aînés, et duquel est ressorti plusieurs propositions, une
déclaration. Et la première des recommandations nées de ce rendez-vous, c'était
l'adoption d'une loi-cadre par le gouvernement sur le maintien à domicile et
sur, en fait, le maintien de l'autonomie des personnes aînées. On a donc
travaillé sur cette base-là pour soumettre le projet de loi que nous avons
aujourd'hui entre les mains. Et je vous le résume rapidement : un projet
de loi-cadre, ça consiste en l'adoption d'un certain nombre de principes, d'orientations,
et en confiant au gouvernement le soin de mettre en place un plan pour réaliser
lesdites actions. Ce qu'on a également, c'est l'édiction d'un certain nombre de
droits des personnes aînées, le droit à toute personne aînée, par exemple, à
des mesures adaptées pour des soins et des ressources, pour l'hébergement, pour
l'habitation à domicile, tout ce qui est le droit au logement, un logement
abordable et adapté, la question du droit des gens d'être protégés contre toute
maltraitance, qu'elle soit physique, qu'elle soit psychologique ou qu'elle soit
financière, par exemple, droit à des soins de santé, oui, également à des soins
palliatifs bienveillants en fin de vie, droit également, je l'ai mentionné tout
à l'heure, de participer activement à la vie sociale et communautaire.
Le gouvernement, à travers sa stratégie,
doit favoriser l'autonomie des personnes aînées, leur garantissant un accès
adéquat à des soins et des services adaptés et de qualité, mais également en
garantissant le libre choix des personnes aînées eu égard à ces services et à
ces soins-là, veiller à la satisfaction des personnes aînées en ce qui concerne
les services auxquels ils ont droit de façon universelle sur l'ensemble du
territoire québécois.
Et, les actions, je les mentionne
rapidement avant de laisser la parole à nos invités, les orientations :
soutenir le maintien à domicile, bien sûr, garantir les droits des personnes
aînées, promouvoir la santé et le bien-être des personnes aînées, favoriser la
participation citoyenne et l'inclusion sociale des personnes aînées, assurer la
sécurité financière de ces personnes.
Et je veux mentionner que pour ce qui est
de l'exercice des droits ou la reconnaissance et le respect des droits que l'on
veut voir reconnaître dans le projet de loi, bien, c'est la Commission des
droits de la personne et de la jeunesse qui, à travers ce projet de loi là, est
chargée de veiller à l'application et au respect de ces droits.
Là-dessus, je vais laisser la parole à nos
intervenants.
Mme Gagnon (Judith) : Merci
beaucoup. Je suis Judith Gagnon, la première vice-présidente de l'Association québécoise
de la défense des droits des personnes retraitées et préretraitées.
Aujourd'hui, mes collègues et moi représentons la Coalition pour la dignité des
aînés, un regroupement de six associations nationales représentant plus de
150 000 personnes aînées à travers le Québec.
Lors de la fondation de notre coalition,
en 2020, après la première vague de pandémie de COVID-19, nous nous sommes
engagés à soutenir toute initiative visant à garantir aux personnes aînées la
dignité à laquelle elles ont droit, quel que soit la formation politique ou le
palier de gouvernement qui la propose.
Aujourd'hui, nous sommes heureux d'être à
l'Assemblée nationale pour saluer le dépôt d'un projet de loi qui s'inspire,
entre autres, des recommandations issues du Rendez-vous national sur le
maintien à domicile, organisé par la Coalition pour la dignité des aînés le
8 mai dernier.
Le Rendez-vous national sur le maintien à
domicile du 8 mai dernier a rassemblé une centaine d'organisations issues
de la société civile québécoise, de nos services publics et de nos institutions
d'enseignement et de recherche. De ce rendez-vous sont issues quatre grandes
recommandations qui ont fait consensus parmi la centaine d'organisations
participantes représentant l'écosystème québécois de soins et services à
domicile.
La première, adopter une loi-cadre
intersectorielle sur le maintien de l'autonomie des aînés qui ferait de l'accès
aux soins à domicile un droit et viserait à mieux structurer les actions
gouvernementales dans tous ses secteurs d'intervention afin de réduire les
barrières liées au maintien à domicile des aînés, incluant en matière de
logement et de mobilité.
Deuxièmement, ensuite faire des CLSC la
porte d'entrée principale vers les soins et services à domicile.
Également d'assurer une meilleure
coordination dans chaque région entre les différents acteurs de l'écosystème du
maintien à domicile au bénéfice de l'efficacité des soins et des services
rendus aux personnes aînées et leurs proches.
Finalement, que la nouvelle agence Santé
Québec ait l'obligation de consulter les experts et organismes du secteur ainsi
que les personnes aînées elles-mêmes pour opérer humainement des mesures
identifiées de concert avec le milieu pour atteindre les cibles
gouvernementales en matière de soins et services à domicile, notamment en vertu
des recommandations de la Commissaire à la santé et du bien-être. Merci
beaucoup.
Mme Beaulac (Mireille) : Bonjour,
je suis Mireille Beaulac, présidente de l'Alliance des associations de
retraités. La ministre responsable des Aînés, Mme Sonia Bélanger, a elle aussi
assisté au Rendez-vous national sur le maintien à domicile. Nous tenons à la
remercier à nouveau pour son ouverture ainsi que son équipe pour leur écoute et
leur collaboration senties depuis cet important rendez-vous pour les aînés du
Québec. Plusieurs avancées ont eu lieu depuis, notamment une initiative pour
optimiser le rôle des CLSC auprès des aînés et le lancement des travaux en vue
d'une politique nationale de soutien à domicile, auxquels nous sommes
impatients de contribuer pour en faire un succès dont nous pourrons tous être
fiers. C'est toute notre société qui gagne à donner aux aînés les moyens de
contribuer pleinement à la vie citoyenne et sociale. Et nous comptons sur tous
les parlementaires pour collaborer ensemble en ce sens. Merci.
Mme Tremblay (Solange) : Bonjour,
je suis Solange Tremblay, présidente du Regroupement interprofessionnel des
intervenantes retraitées des services de santé. Aujourd'hui, nous invitons les
parlementaires à étudier les bonnes idées contenues dans ce projet de loi, car
plusieurs d'entre elles, inspirées de nos recommandations, font déjà consensus
dans la société civile québécoise. Ce consensus a été réaffirmé par la centaine
d'organisations réunies au Rendez-vous national sur le maintien à domicile
organisé par notre coalition le 8 mai dernier. Notre souhait est que nos
représentants politiques, quelle que soit leur appartenance, puissent
s'inspirer de ces recommandations afin d'outiller le Québec face au défi
démographique dans lequel nous avons déjà plongé. Merci.
M. Gobeil (Michel) : Merci.
Je me présente, Michel Gobeil, président de l'association québécoise des
directions d'établissement retraitées du Québec. Répétons-le autant de fois
qu'il le faut, non seulement vieillir chez soi est le souhait des personnes
aînées, mais légiférer, investir et les accompagner pour maintenir leur
autonomie le plus longtemps possible est la solution pérenne pour nos services
et finances publiques. En mai dernier, j'ai déclaré au Rendez-vous national sur
le maintien à domicile que de garantir aux personnes aînées la dignité à
laquelle ils ont droit passe par un système de soins et de services à domicile
respectant leur désir de rester chez soi, en maintenant la bientraitance,
surtout la bientraitance, au cœur de nos politiques de santé. Aujourd'hui, au
nom de la Coalition pour la dignité des aînés, je vous dis : Pour y arriver,
nous devons abolir les silos. À l'heure actuelle, chacun des systèmes on... a
son silo, et c'est dans ça qu'ils... qu'on retrouve les personnes qui
réagissent, et on a de la misère à aller chercher les services parce que c'est
trop d'une vision «siloïque». Donc, ce qu'on dit, on abolit le silo, on le met
à l'horizontale et on va chercher les besoins à laquelle les gens s'attendent.
À l'instar de la Commissaire à la Santé et
au bien-être, la coalition parle aujourd'hui d'une nouvelle approche de
maintien de l'autonomie. Donc, la différence entre le maintien à domicile et le
maintien à l'autonomie est extrêmement importante dans ce qui nous regarde. Car
vieillir dans la dignité et la fierté va bien au-delà des soins et services
qu'on reçoit dans les établissements du réseau de la santé, sa RPA ou son
chez-soi. Le maintien de l'autonomie des aînés passe par une approche
intersectorielle. Il faut certes parler de la prévention et des soins de santé,
mais aussi d'un logement abordable et adapté, d'options de mobilité accessible.
Pensons à nos gens qui vivent dans les milieux ruraux, qui n'ont... pour se
rendre à où sont les services, c'est presque impossible, des revenus viables
des plus vulnérables, du soutien aux proches aidants, de la lutte contre
l'isolement, la maltraitance, et l'âgisme, et j'en passe.
Vous nous trouverez aux côtés de tous les
décideurs et de tous les groupes qui veulent passer à l'action avec nous. Merci
pour votre écoute. Je tiens à dire qu'on passe... Moi, ça fait quatre ou cinq
ans que je suis dans ce dossier-là. On est passé où les aînés, ça n'existait
pas et on est rendu à un moment où on sait que dans... 2030, on parle d'avoir
un aîné sur quatre, une personne de plus de 65 ans. Donc, le dossier
devient de plus en plus urgent, et évitez d'être à la dernière minute pour
régler ce dossier-là. Et aujourd'hui on a franchi un pas extrêmement
intéressant. Merci.
Journaliste : Bonjour.
Patrice Bergeron, La Presse canadienne. On va y aller un peu à la
cantonade parce que mes collègues sont retenus, je pense, sur un autre point de
presse. Si vous permettez... Je vais commencer avec M. Arsenault...
M. Arseneau : Oui.
Journaliste : ...si vous
permettez. Est-ce qu'il y a eu une évaluation de l'incidence financière de
l'adoption d'un projet de loi qui ressemblerait à celui-là, son impact
financier sur le budget du Québec, la mise en place de droits comme ceux-là
puis de garantir ces droits-là par la suite?
M. Arseneau : Bien, en
réalité, ce projet de loi là, c'est un projet de loi-cadre duquel va découler
une stratégie nationale puis un plan d'action. Alors, c'est le plan d'action
dans ses actions qui pourra être évalué sur le plan financier. Mais ce qu'on
sait, c'est que faire le virage vers les soins et les services à domicile, par
exemple, c'est clairement un investissement qui rapporte de façon incroyable à
un gouvernement qui fait ce virage-là. Parce que l'autre option, c'est
l'institutionnalisation, c'est les maisons des aînés, c'est d'investir dans le
béton plutôt que dans les services, les services qu'on n'a pas les moyens de
pourvoir, justement. Regardez l'exemple, encore une fois, des maisons des
aînés. Et c'est aussi investir dans la participation sociale et citoyenne des
personnes aînées qui ont une contribution à apporter, qui peut aussi être
extrêmement intéressante sur le plan social et je dirais même financier, donc
tout le bénévolat, dans l'approche intergénérationnelle, et ainsi de suite.
Donc, on est convaincu, sans avoir fait les calculs, que c'est... la seule solution
financière viable, c'est de faire ce virage-là. Et le plan d'action, bien,
comportera, justement, un certain nombre de gestes qui pourront être calculés,
là, élément par élément. Bien, dans tous les cas, c'est, certainement,
socialement et financièrement rentable pour un État de faire ce virage.
Journaliste : À long terme,
vous qui avez une bonne expérience parlementaire maintenant... combien vous
évalueriez la probabilité que votre projet de loi puisse être appelé par le
gouvernement pour étude?
M. Arseneau : Bien, je vous
dirais que d'ici trois ans, ce projet de loi a toutes les chances d'être
adopté. D'ici deux ans, bien là, ça dépendra de l'ouverture du gouvernement à
faire en sorte qu'on puisse, justement, s'ouvrir à des solutions qui soient
pérennes et qui donnent des résultats sur le terrain. Bien, nous, on va tout
faire avec les membres de la coalition et, j'espère, les autres partis
d'opposition pour influencer positivement le gouvernement dans le sens des...
du virage puis du maintien de l'autonomie des aînés qu'on veut... qu'on veut
emprunter, mais... et je mentionnerai d'ailleurs que si... et ça a été
mentionné par les intervenants précédemment : On ouvre un chantier
aujourd'hui. La ministre Bélanger l'a annoncé il y a environ deux semaines pour
le développement d'une politique sur les soins et les services de maintien à
domicile. Nous serons partie prenante à ce processus-là. La seule chose, c'est
qu'on trouve que cette voie-là est trop restreinte, mais ça fait partie...
c'est l'un des axes que l'on veut défendre avec le projet de loi-cadre, donc on
va certainement y participer. Mais il faut voir, je pense, le maintien de
l'autonomie des aînés de façon beaucoup plus large, avec un certain nombre, là,
d'éléments qu'on a déjà mentionnés, là, sur la participation citoyenne, sur
l'habitation et sur la mobilité, par exemple.
Journaliste : Vous... une
petite dernière avant qu'on passe à vos invités...
M. Arseneau : Oui, oui. Oui.
Journaliste : La ministre,
tout à l'heure, en mêlée de presse, on l'a attrapée, puis on a... elle a
répondu que, selon elle, son plan d'action était très complet, qu'elle ne
voyait pas la nécessité d'enchâsser, dans le fond, le droit au logement
abordable seulement pour les aînés, par exemple. Qu'est-ce que vous pourriez
lui répondre?
M. Arseneau : Bien, moi, je
dirais que c'est une question de philosophie. Et pour nous... on pense que si
l'on adopte une loi qui garantit un certain nombre de principes, c'est beaucoup
plus fort comme pierre d'assise, pour ensuite rendre, justement, une stratégie
au bout de son objectif d'atteindre les cibles à travers les orientations et
des actions déterminées. C'est un contrat social, en fait, un projet de loi
comme celui-là, qu'on fait avec presque 25 % maintenant de la population
du Québec. Et, peu importent les gouvernements qui se succèdent ensuite, la
loi, elle, la loi-cadre continue... continue d'exister, et le gouvernement doit
s'y conformer. Donc, c'est une garantie supplémentaire qu'on souhaite apporter
à 25 % de la population.
Et je pense que sans le... sans aller
jusqu'au bout, bien, c'est un engagement qui est incomplet et pas formalisé de
la meilleure façon. C'est... C'est la raison pour laquelle nous, on privilégie
cette voie-là. Et c'est aussi, je pense, la conclusion à laquelle en étaient
venus les participants au Rendez-vous sur le maintien à domicile qui, après
avoir vu pendant 12 ans une politique gouvernementale avancer, parfois,
parfois bien, parfois moins bien, parfois avec certains reculs, l'idée d'un
projet de loi cadre qui semblait plus pérenne et plus porteur et structurant.
Journaliste : Si vous
permettez maintenant aux interlocuteurs, à celui qui voudra bien répondre. La
ministre a donc indiqué que pour elle, le plan d'action qu'elle avait déposé,
qui comprend une bonne centaine d'actions quand même, si je me rappelle bien,
là, était forcément très complet, qu'elle ne voyait pas la pertinence d'aller
un peu plus loin avec une loi-cadre. Qu'est-ce que vous pourriez répondre à Mme
Bélanger? Est-ce que cette... selon vous, ce plan d'action là est complet?
M. Gobeil (Michel) : Évidemment,
il contient à peu près tous les éléments que la coalition peut espérer. Mais là
où le problème, c'est de voir comment on va les enchâsser dans un... dans un
cadre qu'on est sûrs que les choses vont se réaliser. Si on regarde
présentement, tout à l'heure, on parlait du financement et des sociétés, c'est
sûr que les modèles scandinaves ont... en tout cas, nous ont éclairés beaucoup,
au niveau de la coalition. Et évidemment, les coûts qui sont sauvés dans ces
pays-là par le fait que les aînés sont bien traités, ce sont sûrement des
éléments qui pourraient faire en sorte, en tout cas, qu'on éviterait de
construire des maisons à des coûts énormes ou encore qui ne répondront pas
nécessairement aux besoins.
Et, quand on parle de la politique que
Mme... de Madame Bélanger, évidemment, pour nous, elle était extrêmement
importante. Et on a eu la présentation au mois de mai dernier et, pour nous,
c'était comme un rappel de tout ce qui s'était passé au cours des
12 dernières années mais écrit sur papier. Maintenant, c'est la
réalisation. Et, quand on parle de cet... de ce projet de loi là, on le voit
beaucoup plus comme un cadre dont on ne pourrait pas se dérober, en tout cas,
qui viendrait enchâsser vraiment une... des actions et des gestes qui doivent
être posés par la société québécoise pour protéger ses aînés.
Journaliste : Est-ce que
quelqu'un d'autre voudrait prendre la parole sur ce que propose Mme Bélanger?
Est-ce que vous trouvez que ça... que ça voudrait aller... ça pourrait aller
plus loin, par exemple? Il n'y a pas d'hésitation? Après ça, je vous poserai
une autre question.
Mme Tremblay (Solange) : Moi,
je suis à l'aise, à votre question.
Journaliste : Allez-y.
Mme Tremblay (Solange) : Dans
la politique qui sera présentée par la ministre Sonia...
Journaliste : Rappelez-moi
votre nom, si vous permettez, juste pour...
Mme Tremblay (Solange) : Solange
Tremblay.
Journaliste : C'est bien.
Merci. C'est juste...
Mme Tremblay (Solange) : Secteur
de la santé.
Alors, ça va. Pour nous, chaque fois, que
ce soit à l'intérieur d'une politique ou à l'intérieur de la loi-cadre, nos
recommandations, on souhaite qu'elles fassent le chemin. On a eu un rendez-vous
national, les organisations étaient présentes, on continue, dans l'ensemble des
régions du Québec, de faire connaître nos positions publiques. Alors, pour
nous, là, toute tribune où nos recommandations s'y retrouvent, nous y serons et
nous les défendrons.
Alors, ce projet de loi cadre met les
aînés au cœur d'un développement, au... dans toutes... dans toutes les sphères
de la société, que ce soit au niveau civil, au niveau de la santé, au niveau
social. Et, pour nous, ça va plus loin que juste la prévention de la maladie,
la prévention de la santé. Souvent, c'est un axe, un seul axe, et c'est les services
et soutiens à domicile ou les services hospitaliers. Alors, c'est un projet de
loi cadre qui va vraiment dans le sens... Puis on souhaite continuer à en faire
la promotion.
Journaliste : Et, si vous
permettez, maintenant... Est-ce que vous auriez une autre réponse à ajouter
ou... Oui.
Mme Beaulac (Mireille) : Bon.
Je vous dirais que le... ce qui se passe actuellement, comme ma collègue le
disait, c'est de regrouper tous les efforts de tous les groupes pour travailler
à l'amélioration des conditions de vie des aînés. Puis je me dis ce n'est pas
strictement au niveau gouvernemental qu'on va y arriver. Il faut que tous les
partis y mettent, dans le fond, du leur, mais il faut aussi que les
municipalités y travaillent. Et de plus en plus, avec MADA, les municipalités y
travaillent. Il faut aussi que les groupes communautaires... Parce qu'on
parlait de logements abordables, mais ces derniers jours, dans les logements
abordables, vous avez peut-être entendu que, pour beaucoup d'aînés, c'est déjà
beaucoup trop cher. Alors, il faut mettre... il va falloir les subventionner.
Mais je me dis : Il faut aussi
encourager les gens qui veulent mettre en place, par exemple, des coopératives
d'habitation. Moi, j'y ai travaillé. C'est qu'actuellement c'est très long,
mettre en place ces choses-là. Je dirais que moi j'y ai travaillé avec...
pendant 15 ans avec un groupe. On est chanceux quand les gens restent
ensemble 15 ans pour mettre ensemble un projet semblable. Mais je me
dis : Il faut trouver toutes sortes d'initiatives dans la population, dans
la communauté, puis les gouvernements chapeautent pour qu'on puisse, dans le
fond... gouvernement, je veux dire, autant gouvernemental, fédéral que local,
municipal. Il faut trouver que tous les gens mettent du leur pour y arriver,
même les jeunes. Dans le fond, de plus en plus, on encourage les jeunes à
travailler avec des groupes d'aînés. Parce que si on veut arriver à supporter,
comme on le disait, un aîné sur quatre d'ici à peine cinq ans, bien, je me
dis : À ce moment là, il faut réellement que ça devienne une entreprise
collective et que chacun sente qu'il a un rôle à jouer, qu'il soit aîné, il
pourrait aider même d'autres aînés, ou qu'il soit un jeune, ou, dans le fond,
des gens qui sont au travail, là, je dirais, dans la force de l'âge.
M. Gobeil (Michel) : Peut-être
qu'on pourrait résumer ça en disant...
M. Arseneau : Bien, allez-y
au micro, si vous voulez.
M. Gobeil (Michel) : Bien, en
fait, ce que j'aimerais ajouter... Oui, je vais te...
Mme Gagnon (Judith) : ...bien,
tu vas me le passer après.
M. Gobeil (Michel) : Oui. En
fait, ce que j'aimerais dire, c'est que, dans ce projet de loi là, on voit
vraiment le citoyen... l'aîné comme un citoyen à part entière. Et ces lois
seront protégées, seront... Puis, en fait, on mettra devant lui un ensemble de
possibilités pour éviter qu'on ait des aînés qui sont... qui sont déprimés, qui
ne savent plus où se loger, qui... Des fois, on entend tellement d'histoires
d'horreur, en tout cas, dans l'association, qu'on se dit : Bien, au moins
on aura des aînés qui seront protégés et qui feront partie... puis qui pourront
encore donner à la société des bonnes années.
Mme Gagnon (Judith) : Moi,
j'aurais juste un mot, mais il est percutant. Les déterminants de la santé, il
y en a des déterminants de la santé, puis un des principaux déterminants de la
santé, c'est la participation sociale. Parce que les gens qui participent
socialement sont en meilleure santé. C'est vraiment vrai. Puis il faut que dans
l'espace public, partout, il y ait de plus en plus d'aînés. Pourquoi il n'y
aurait pas de... je ne sais pas quoi, mais les aînés on fait tellement de
choses puis sont encore capables de le faire. Alors, ce qu'on voit ici avec le
projet de loi, c'est un projet de loi plus large qui va amener un changement
social qui est nécessaire aujourd'hui au Québec, parce qu'il y a de plus en
plus d'aînés puis de plus en plus d'aînés qui veulent prendre la parole. Ils
veulent des tribunes, ils le disent. Puis, quand ils prennent les tribunes, ils
disent des choses percutantes parce qu'ils connaissent leurs besoins. Puis ils
peuvent aider dans toutes les générations. Alors, voilà.
Journaliste : Si vous
permettez une petite dernière. Juste vérifier, là.
M. Arseneau : Mais si vous
permettez, je pense qu'il y a une différence fondamentale entre faire valoir ce
besoin, ces attentes d'amélioration de service, et faire valoir un droit. C'est
ça qui est fondamentalement différent entre l'approche qu'on propose ici et
qu'on préconise à travers une loi-cadre par rapport à l'adoption d'une
politique. Parce qu'il faut quand même rappeler qu'il existe une politique
depuis 12 ans, mais ça n'a pas empêché les services à domicile, de voir...
l'attente pour des premiers services et des soins de santé à domicile exploser
a plus de 20 000 demandes, 20 000 personnes. Alors,
évidemment, c'était... si on reconnaît ces droits-là, ils étaient
essentiellement bafoués.
C'est la même chose sur la question des
politiques gouvernementales. Je vous disais, elles peuvent varier selon, je
dirais, les engagements politiques qui sont faits de cycle électoral en cycle
électoral, ce qui a donné, en 2018, ces engagements là de la Coalition avenir
Québec, d'arriver avec une nouvelle façon d'héberger les personnes aînées.
C'est là qu'on a mis des sommes colossales. Et à mon point de vue, là, je ne
veux pas associer les invités ici, mon point de vue, ces sommes là auraient été
beaucoup plus utiles si elles avaient été utilisées, elles avaient été mises en
œuvre pour répondre aux droits revendiqués par les personnes, d'avoir des
services et des soins à domicile, tel qu'on l'écrit dans ce projet de loi là.
Journaliste : Et, pour
terminer, pour conclure, si vous voulez, de façon succincte... Bon, on ne
pourra pas dire que... en tout cas... travail de journaliste. Mais il n'y a
personne qui me suit, en plus. Mais dans... Vous étiez là, lors du sommet du
mois de mai, l'année dernière, il y avait donc la quatrième recommandation à
laquelle vous avez fait référence sur Santé Québec. Maintenant, Santé Québec
est née. Vous demandez à ce que Santé Québec prenne en compte particulièrement,
là, donc, les... écoutez, je ne me rappelle pas exactement comment elle était
formulée, là, cette recommandation-là, mais est-ce que, selon vous, vous avez
été entendus sur...
Mme Gagnon (Judith) : ...
Journaliste : Oui. Bien,
voilà. Je ne l'ai pas devant moi, là, mais...
Mme Gagnon (Judith) : Voulez-vous
que je vous la répète?
Journaliste : Oui. Mais...
Mme Gagnon (Judith) : La
nouvelle agence Santé Québec ait l'obligation de consulter les experts et
organismes du secteur ainsi que les personnes aînées elles-mêmes pour opérer
humainement des mesures identifiées de concert avec le milieu pour atteindre
les cibles gouvernementales en matière de soins et services à domicile,
notamment en vertu des recommandations de la Commissaire à la santé et au
bien-être.
Journaliste : Bon. Bien,
alors, maintenant que vous l'avez bien lu, l'agence vient d'entrer en activité
ce dimanche, la question, elle ne peut pas être plus actuelle que ça :
Est-ce que, dans la mise en place de l'agence, vous avez été entendus? Est-ce
que vous considérez que cette agence-là va tenir particulièrement en compte les
besoins des aînés en ce sens? Vous avez le droit de le dire au micro parce que
ça... c'est comme ça que ça va être tenu en...
Des voix : ...
Journaliste : Allez-y, au
micro, ce sera pour la postérité.
Mme Beaulac (Mireille) : Aujourd'hui,
on ne pourrait pas... je ne pourrais pas vous répondre, mais simplement, on a
foi que ces gences-là, qui ont été mises en place, il y a aussi des personnes
aînées dans leur conseil d'administration, bien, que ces gences-là vont
comprendre les besoins de la population aînée parce qu'ils sont grands. Présentement,
là, le maintien de l'autonomie des gens, là, que ce soit dans leur domicile ou
ailleurs, là, ça devient très, très difficile. Il faut aussi que les gens
apprennent, qui sont au travail, voir c'est quoi que l'aîné veut faire. Tu
sais, si on dit à l'aîné : Bien, tu n'es plus capable de rester chez vous,
va-t'en en RPA, bien, est-ce que c'est réellement le choix de l'aîné?
Puis aussi, il y a de la prévention à
faire. C'est que je me dis, j'espère que Santé Québec va en faire pour
permettre aux gens de conserver leurs habiletés, là, que ce soit les... il y a
des cours, là, pieds et... en tout cas, pour essayer de moins tomber. Ils
restent... Bien, c'est souvent le problème, la personne fait une ou deux
chutes, puis par la suite, est hospitalisée, et puis il y en a beaucoup qui en
décèdent, ou elle doit s'en aller, des fois, en RPA, puis, des fois, en CHSLD.
Tout comme en CHSLD, dans le fond, c'est... c'est quand même... il va falloir
qu'il y en ait pour certaines personnes qui, à la fin de leur vie, vont devoir
y aller ou pour d'autres incapacités. Mais je me dis, comme on a dit tout à
l'heure, toutes les études disent que ça va coûter beaucoup moins cher de
donner des soins à domicile. Et là-dessus, la même personne, il y a des
services, là, il y a les EÉSAD, là, les EÉSAD sont des groupes, bon, alors, eux
aussi, ils ne demandent pas mieux, dans certains cas, qu'à bonifier leurs
services à domicile. Ça fait que moi, j'ai espoir que les gens...
M. Gobeil (Michel) : ...
M. Arseneau : Bien, moi, je
compléterais simplement en disant qu'il va falloir déterminer, à mon point de
vue, là, où est-ce qu'on trace la ligne entre les orientations que conserve le
ministère et les opérations qui sont confiées à Santé Québec. Et il y a
définitivement un virage à faire sur le plan des orientations en matière de
services et de, je dirais, respect des droits des personnes aînées et une
question de moyens également qui seront confiés à l'agence pour réaliser cette
nouvelle approche et ce virage. Et puis je pense que ce qu'il faut retenir, du
point de vue de la coalition, c'est cet appel à la collaboration et à la
consultation, en espérant qu'ils soient entendus. Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 17)