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Point de presse de M. Etienne Grandmont, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version préliminaire

Cette transcription est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs.

Le mardi 3 décembre 2024, 12 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement


 

11 h 57 (version non révisée)

(Douze heures une minute)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Merci d'être ici. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire... de Trajectoire Québec. Prendront la parole, dans l'ordre, Etienne Grandmont, responsable pour Québec solidaire en matière de transports et de mobilité durable, Joël Arseneau responsable... de Trajectoire Québec et... le représentant des usagers, usagères du Transport Québec...

M. Grandmont : Merci, Victor. Merci, tout le monde, d'être présent aujourd'hui. On est ici aujourd'hui pour une fin de campagne très importante et très intéressante qui a été développée et mise en œuvre par Trajectoire Québec Parole aux citoyens. C'est une campagne de sensibilisation du... qui... une sensibilisation à la mobilité durable qui met de l'avant la réalité de prendre le transport en commun au Québec en 2024. C'est une campagne donc qui était organisée par Trajectoire Québec, qui est une organisation... Maggie pourra présenter davantage son organisation tantôt. Ce qui est important de savoir, c'est qu'il y a 1 000 personnes qui ont signé un livre d'art qui est au cœur de cette campagne-là et qu'on aimerait évidemment remettre à la ministre des Transports...


 
 

12 h 02 (version non révisée)

M. Grandmont : ...à la ministre des Transports et de la Mobilité durable, je me suis permis d'aller sur le site Internet de Trajectoire Québec, sur le site de la campagne Parole aux citoyens, et j'avais envie de vous lire trois témoignages, d'abord celui de Gabriel à Lévis, qui dit : La présence d'autobus réguliers et fiables est essentielle à mon maintien d'emploi et à ma qualité de vie. S'il y avait eu une réduction de services, notamment, si les autobus cessaient de passer tard le soir et dans la nuit, je serais forcé de quitter mon emploi. Jules de Gatineau, qui dit : Le transport collectif est écologique et économique, donc c'est une supersolution de mobilité. Leur irrégularité m'empêche de l'utiliser plus souvent. Les annulations de bus sont extrêmement frustrantes et m'empêchent de l'utiliser pour aller au travail. Et finalement, Tim de Chambly, qui dit : Le transport en commun a permis à ma famille de vendre une de nos deux voitures. On contribue moins aux GES, on participe plus à la vie sociale de notre coin et on a plus d'argent à investir et dépenser dans l'économie régionale.

Ce que je voulais faire ressortir avec ces témoignages-là, c'est que ça vient simplement appuyer ce qu'on dit ici, à l'Assemblée nationale, notamment, chez Québec solidaire. En 2024, les transports collectifs, c'est la clé de voûte pour régler le problème d'émissions de gaz à effet de serre au Québec. On est dans un contexte où les gens perdent leur pouvoir d'achat. Le transport, c'est le deuxième poste en importance, le deuxième poste budgétaire des familles québécoises. Donc, le transport en commun est une voie vers des économies substantielles pour les ménages qui n'ont pas à consacrer 9 000 ou 10 000 $ par année en ayant une deuxième voiture.

Donc, ce qu'on observe par contre, du côté de la CAQ, c'est une réduction des services. On a vu, encore ce matin, avec l'ARTM, l'enjeu dans la région montréalaise, on le voit aussi au niveau du maintien des actifs, plus on retarde l'entretien des actifs, donc, par exemple, des stations de métro à Montréal, mais plus ça va coûter cher plus tard et plus c'est compliqué, et on doit couper le service ultimement. Donc, évidemment, ce n'est pas la solution. Ce qu'on aime là-dedans, c'est que la population dit la même chose que ce qu'on dit ici, à l'Assemblée nationale, ça prend plus d'offres de transport collectif au Québec. La parole, maintenant, à Joël.

M. Arseneau : Merci beaucoup, Etienne. Écoutez, je pense que la campagne, la vertu de la campagne Parole aux usagers, c'est que ça nous ramène à la raison pour laquelle on travaille ici, à l'Assemblée nationale, et pour laquelle on discute et on débat de toute la question de la mobilité durable. Pour qui on fait ça? Pourquoi on fait ça? On fait ça pour les usagers. Et, dans la dynamique actuelle où on a commandé, par exemple, des audits de performance qui n'en étaient pas vraiment, dans le moment où on fait fi de la politique de mobilité durable et de ses objectifs d'augmenter l'offre, et qu'on veut plutôt restreindre cet... la fréquence, par exemple, des services qui sont offerts dans les grands centres, on se met un carcan où on limite les investissements en matière de mobilité durable, alors qu'on semble voir au gouvernement de la CAQ cette volonté de résorber le déficit qu'ils ont eux-mêmes creusé en limitant les dépenses.

Mais ce ne sont pas des dépenses, lorsqu'il est question d'ajouter des fonds dans le transport collectif, dans la mobilité durable, ce sont des investissements, des investissements qui rapportent à la fois sur le plan environnemental, bien entendu, mais sur le plan social, sur le plan de la mobilité, sur le plan de la démocratie également, permettre à tous d'avoir accès à des services de mobilité pour participer pleinement, évidemment, au développement de la société. Et il y a des personnes qui sont dépendantes, évidemment, du transport collectif, du transport urbain et qui voient les difficultés arriver, parce qu'on ne souhaite plus continuer le développement à cet égard-là, sous prétexte d'optimiser les dépenses. Ce qu'on voit en fait, c'est une attrition plutôt qu'un développement. Et je pense que les témoignages que vous pouvez prendre en compte dans le recueil qui va être déposé, bien, ça nous ramène, donc, à la base, c'est-à-dire pour qui on travaille et pour qui il est important de s'assurer que les efforts qui ont été consentis ces dernières années, bien, ils continuent, qu'ils soient même accélérés dans l'objectif d'un virage complet.

Et il y a certains témoignages qui sont inquiétants à cet égard, des gens qui se voient de plus en plus mal pris et, même à l'encontre de leur volonté et de leurs valeurs, envisagent de revenir à l'auto solo. Et ça, c'est ce qui nous pend au bout du nez avec les politiques actuelles d'austérité de la Coalition avenir Québec. Et je pense que ce point de vue là des usagers doit être entendu. Alors, je félicite l'équipe de Trajectoire Québec et je leur laisse la parole.

Mme Harvey (Maggie) : Alors, bonjour à tous et à toutes. Merci. Je m'appelle Maggie Harvey, directrice...


 
 

12 h 07 (version non révisée)

Mme Harvey (Maggie) : ...générale par intérim chez Trajectoire Québec. Trajectoire Québec est une organisation qui existe depuis 1977, qui fait de la défense collective du droit des usagers et des usagères du transport collectif et qui fait aussi la promotion du développement du... du transport collectif, pardon, partout au Québec.

Je suis heureuse d'avoir l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au nom des usagères, des usagers du transport collectif du Québec, car effectivement je tiens dans mes mains un recueil de témoignages de plus de 1 100 usagers du transport collectif provenant des quatre coins du Québec et qui représente, en fait, la diversité des besoins en mobilité de l'ensemble du territoire.

Je suis d'ailleurs accompagnée de deux usagères du transport collectif, Mme Anaïs Lindsay et Joance Beaudet, toutes deux résidentes de la région de la Capitale-Nationale. Je suis aussi accompagnée de deux collègues, Brian Nash et Marie-Anne Allard, qui ont eux aussi... ils sont allés à la rencontre des usagers et des usagères pour recueillir leurs témoignages et ils ont participé à la compilation et à l'analyse de tous ces témoignages.

J'aimerais évidemment remercier les porte-parole de Québec solidaire et du Parti québécois en matière de transport et de mobilité durable, M. Grandmont, M. Arseneau. Merci d'être là et de faire front commun pour le transport collectif et de se mobiliser suite à ce cri du cœur des usagers du transport collectif.

Alors, ce recueil que je viens de vous montrer, c'est le fruit d'une campagne de sensibilisation et de promotion du transport collectif, une campagne appelée Parole aux usagers lancée cet été par l'équipe de Trajectoire Québec. Cette campagne est actuellement diffusée sur les réseaux sociaux, à la radio, sur des panneaux en bordure de route et d'autoroute sur l'ensemble du territoire de la province. Il est aussi possible de consulter la version numérique de ce recueil au paroleauxusagers.com.

Parole aux usagers, comme le nom l'indique, c'est une campagne qui vise à donner une voix aux usagers et aux usagères du transport collectif du Québec et à humaniser le débat qui entoure notamment le financement du transport collectif. En fait, ceux et celles qui l'utilisent, que ce soit sur une base régulière ou occasionnelle, sont peu considérés, peu entendus, alors que ce sont eux les principaux affectés par les décisions du gouvernement du Québec en matière de transport collectif ainsi que des services qui peinent à suivre leurs besoins en mobilité.

À travers les nombreux témoignages recueillis, on peut lire ou entendre les gens, jeunes ou plus vieux, qui se fient sur le transport collectif pour réaliser certains ou l'ensemble de leurs déplacements quotidiens, par exemple, se rendre au travail, à l'école, à l'épicerie ou à la pharmacie. C'est donc dire que le transport collectif au Québec est un symbole de liberté et d'autonomie pour toutes ces personnes.

Par le projet Parole aux usagers, nous savons... nous avons sondé la population de l'ensemble du Québec relativement à l'importance qu'ils accordent au transport collectif dans leur quotidien et à la manière dont une stagnation des services limiterait leurs options de déplacement. On les a aussi questionnés sur comment une bonification des services pourrait leur permettre d'accomplir plus. Les constats sont éloquents. Que ce soit par conviction ou par obligation, ils souhaitent avoir plus d'options pour se déplacer en transport collectif, ils souhaitent se déplacer de façon efficace et abordable.

En ce sens, une augmentation des services, notamment des fréquences puis de la fiabilité des réseaux, est désirable et représente une liberté supplémentaire dans leur quotidien. À l'inverse, une stagnation, voire, pire, une diminution des services, en obligerait plusieurs à se retourner ou à revenir vers l'auto solo évidemment contre leur gré, sachant qu'il y a des gens qui ne peuvent pas se le permettre.

En offrant une tribune aux usagers, en entrant en contact avec leur réalité, nous mettons en lumière que le transport collectif est un service... essentiel, pardon, pour les Québécois et les Québécoises. C'est un service essentiel pour contrer le poids financier de la hausse du coût de la vie pour les ménages, c'est un service essentiel qui permet de garder la population active et en santé, c'est un service essentiel qui permet à une partie de la population d'exercer la pratique de leurs droits fondamentaux en allant travailler, en allant à l'école, en ayant accès à différents services sociaux, à la santé. C'est un service essentiel qui va nous permettre, si on le finance dans le sens du monde, d'atteindre nos cibles en termes de diminution de GES, en termes de planification d'un territoire plus sain et plus durable ou en termes d'accès à des options de mobilité durable.

Parce que, rappelons-le, le gouvernement, par sa... sa politique, pardon, de mobilité durable, s'est donné comme objectif... un de ses objectifs, que 70 % de la population québécoise ait...


 
 

12 h 12 (version non révisée)

Mme Harvey (Maggie) : ...ait accès d'ici 2030 à au moins quatre options de mobilité durable. Par la lecture de tous ces témoignages, on comprend que les Québécois et les Québécoises veulent avoir accès à ces nombreuses options de mobilité, et nous tenons donc à souligner toute la pertinence et toute l'importance de financer convenablement nos transports collectifs.

Pour atteindre ces nombreux objectifs et répondre aux besoins grandissants de la population québécoise en matière de transport collectif, le gouvernement doit s'engager et prendre action, et ce, le plus rapidement possible. En ce sens, ce vaste recueil de témoignages nous a permis d'identifier trois priorités qui devraient être mises en place par le gouvernement, je dirais, dans les prochaines semaines. Nous demandons que le gouvernement reconnaisse la crise actuelle en transport collectif. Nous demandons que le transport collectif soit reconnu comme étant un service essentiel à la population. Nous demandons du concret. Nous demandons un plan mesuré d'amélioration des services de 7 % de croissance par année à partir de 2025, conformément à la Politique de mobilité durable — 2030, pour rattraper le retard du 5 % de croissance par année, tel que formulé dans le premier plan d'action de cette politique.

Nous rappelons que, selon l'entente sur quatre ans proposée récemment par le gouvernement, aucune augmentation de l'offre de services n'est possible. Nous souhaitons donc rappeler au gouvernement son devoir d'agir et de répondre aux besoins de la population québécoise. Un deuxième plan d'action de la politique de mobilité durable 2030 est attendu au printemps 2025. C'est le moment d'être audacieux et de s'assurer qu'on atteindra réellement les objectifs prévus dans le cadre de cette politique, et c'est ce qui est attendu des usagers et des usagères du transport collectif.

À travers notre recueil de témoignages, ce n'est pas seulement les usagers et les usagères qui vous parlent, c'est une population québécoise entière qui est prête et qui veut faire ce choix pour une société plus durable, plus équitable, plus libre, plus résiliente et plus accessible. Nous invitons donc la ministre des Transports et de la Mobilité durable et le gouvernement à s'imprégner de ces témoignages et à en tirer l'inspiration nécessaire pour dessiner le Québec de demain.

J'invite maintenant Mme Anaïs Lindsay, qui est citoyenne de Québec et qui représente aujourd'hui les usagers et les usagères du Québec.

Mme Lindsay (Anaïs) : Bonjour à tous et à toutes. Merci de votre présence aujourd'hui pour le dépôt du recueil des témoignages des usagers du transport collectif réalisé par Trajectoires Québec. Mon nom est Anaïs, je suis résidente de Québec. Je tenais à venir vous parler de mon expérience comme utilisatrice du réseau de transport de la capitale car j'utilise le transport en commun tous les jours et je suis bien placée pour témoigner de l'utilisation des transports collectifs, dont la majorité des décideurs du gouvernement du Québec n'utilisent jamais.

Il y a maintenant plus d'un an, j'ai été dans l'obligation de me départir de ma voiture en raison du poids financier, j'ai donc dû me tourner vers un réseau de transport en commun déficitaire et mal organisé, un réseau de transport en commun qui manque clairement d'amour. Comme la majorité des villes du Québec, Québec est construite pour les voitures, on doit souvent utiliser les autoroutes, et, quand nous n'avons pas de voiture, il est très compliqué de sortir du centre-ville.

Pour vous donner un exemple, ma cousine habite à Beauport, en voiture, ça me prend 10 à 15 minutes, en autobus, ça me prend une heure, si j'ai bien organisé mon temps, parce que je dois prendre deux autobus, donc un transfert, mais, rendu à la gare d'autobus de Beauport, je dois attendre l'autre autobus qui passe seulement aux heures. Ça m'est déjà arrivé que ce soit... que ce dernier soit en retard de 30 minutes. 30 minutes à attendre debout au froid sur le bord du trottoir, alors qu'il n'y a même pas de... de banc, c'est long et frustrant. J'avais fait une plainte au RTC cette fois-là. On m'a répondu qu'il y avait eu du trafic et que l'autobus avait été en retard pour cette raison-là. Au fond, je sais que ce n'est pas la faute des chauffeurs ou du RTC en soi, c'est parce que notre transport collectif, on n'en prend pas soin, on ne le finance pas suffisamment.

C'est aussi vraiment frustrant, c'est qu'on ne peut pas toujours se fier aux horaires d'autobus. Elles sont soit en retard, soit en avance. Eh oui, je féminise l'autobus parce qu'à Québec on fait ça, on dit la bus. Ça fait que je dois souvent attendre 15 à 20 minutes à l'arrêt, alors que j'avais bien regardé l'horaire de bus avant de partir, ce qui, encore une fois, occasionne du stress et du mécontentement. Aux heures de pointe, les bus sont archipleines. Ça arrive, que le chauffeur ou la chauffeuse ne nous ouvre même pas la porte parce que c'est trop plein. Les trajets sont extrêmement longs. Pour se rendre à l'université, ça me prenait une heure quand j'habitais dans Limoilou, sans compter que la passe d'autobus est très chère. C'est vraiment dommage de ne pas pouvoir avoir un réseau de transport en commun de qualité quand on paie aussi cher.

Ce qui serait l'idéal pour moi et pour les citoyens et citoyennes de la Capitale-Nationale, c'est que l'on puisse se déplacer sans être fâchés, c'est-à-dire d'attendre moins longtemps, de pouvoir se fier aux horaires...


 
 

12 h 17 (version non révisée)

Mme Lindsay (Anaïs) : ...de payer moins cher et que les trajets soient moins longs. Quand on utilise le transport collectif ailleurs dans d'autres villes, on réalise à quel point notre réseau est désuet. Les gens de Québec veulent avoir des options pour se déplacer de manière durable, de façon efficace et abordable. Entre un troisième lien fantôme et un tramway saboté, la Capitale-Nationale mérite mieux. Et, en tant que représentante des usagers et usagères du transport collectif aujourd'hui, je dis que le Québec mérite mieux. Merci.

M. Arseneau : Est-ce que ça termine?

M. Grandmont : Oui.

M. Arseneau : Merci.

(Fin à 12 h 18)


 
 

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