(Douze heures une minute)
Le Modérateur : Bonjour, tout
le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire et de la
Fédération du Québec pour le planning des naissances. Prendront la parole, dans
l'ordre, Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire, Jessica Legault,
coordonnatrice générale de la Fédération du Québec pour le planning des
naissances et Anne-Sophie Gignac, coordonnatrice politique, dossier
contraception. Mme Ghazal.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, Victor. Bonjour, tout le monde. Vraiment très, très fière d'être ici
aujourd'hui pour déposer une pétition, qui a recueilli la signature de près de
100 000 personnes. Je veux aussi remercier très, très chaleureusement
la Fédération du Québec pour le planning des naissances. Merci. Merci, mesdames,
de m'avoir demandé de porter cette pétition. C'était au début du mois de
septembre, et il y a eu un engouement monstre, une mobilisation très, très
importante depuis l'élection de Donald Trump. La pétition était à 1 500 le
5 novembre. Elle est arrivée à, aujourd'hui, près de 100 000 signatures.
On le sait, avec l'élection de Donald
Trump, on sait que les droits des femmes vont connaître un recul. Elles
connaissent déjà un recul aux États-Unis, et on sait aussi qu'au nord de la
frontière, nous ne sommes pas protégées avec un gouvernement potentiel, futur
gouvernement Pierre Poilievre. Les droits des femmes vont être menacés. Je veux
rappeler que M. Poilievre a signé... a voté contre quatre projets de loi
qui élargissaient le droit à l'avortement, donc c'est très inquiétant.
Ce que j'ai senti avec cette
mobilisation-là pour cette pétition-là, c'est que les femmes, les hommes du
Québec avaient besoin d'espoir en ces temps sombres pour nos droits. Puis la
meilleure manière de faire avancer les droits des femmes, bien, une de
celles-là, c'est la contraception. On le sait, c'est prouvé, le coût de la
contraception est la barrière importante qui fait que beaucoup de femmes, un
quart des femmes, n'utilisent pas de contraception. Puis c'est extrêmement
injuste qu'aujourd'hui, en 2024, on continue à faire supporter le poids de la
contraception sur les seules et uniques épaules des femmes. C'est une mesure de
prévention, de santé publique, une mesure à coût nul. À Québec solidaire, on l'a
chiffrée lors de la dernière campagne électorale. C'est 48 millions de
dollars pour rendre la contraception gratuite, et ça nous permettrait d'économiser
pour le système de santé 71 millions de dollars.
Moi, comme porte-parole de Québec
solidaire, comme femme élue à l'Assemblée nationale, j'ai envie que le Québec
soit un rempart contre les attaques aux droits des femmes. Et je sens que les
gens qui ont signé cette pétition envoient aussi un message très clair au
gouvernement de la CAQ pour que le Québec soit un rempart pour le droit des
femmes, pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
Mme Legault (Jess) : Merci.
Bien, moi, c'est Jess Legault. Je suis la coordinatrice générale de la
Fédération du Québec pour le planning des naissances. J'aimerais commencer par
remercier Mme Ghazal et son équipe d'avoir accepté de déposer pour nous la
pétition à l'Assemblée nationale. la FQPN, c'est un regroupement féministe qui
milite depuis près de 50 ans... ou plus de 50 ans pour les droits en
santé sexuelle et reproductive. Dans une dans une vision de justice
reproductive, nous militons pour un accès plus grand en avortement, en
contraception, en éducation à la sexualité et la sexualité épanouie pour les
personnes en situation de handicap.
Le travail politique qu'on a fait
récemment était en collaboration avec le Secrétariat à la Condition féminine et
le ministère de la Santé pour développer le Plan d'action gouvernemental sur
l'accès à l'avortement. On est fière des actions concrètes qui sont dans le
plan pour augmenter l'accès et l'information en avortement, mais aussi plus
précisément sur l'objectif trois qui est de faciliter l'accès à l'information
et aux services de contraception. La FQPN croit sincèrement que ces initiatives
sont importantes et nous croyons aussi que la contraception gratuite va
augmenter l'autonomie reproductive des femmes et que c'est une mesure complémentaire
et préventive qui pourrait être incluse dans les prochaines versions du plan.
On souhaite maintenir les relations de
confiance avec le gouvernement pour défendre le droit des femmes de choisir...
de toutes les femmes de choisir, pour faire les choix éclairés pour leur corps.
Dans le contexte mondial actuel, un contexte particulier de reculs pour le
droit des femmes, il est primordial de se présenter... de présenter un front
uni et d'agir ensemble pour le droit des femmes. Merci.
Mme Gignac (Anne-Sophie) : Bonjour.
Moi, c'est Anne-Sophie Gignac, coordonnatrice politique responsable du dossier
contraception à la FQPN. Donc, cette pétition fait partie de la campagne
Révolution contraceptive qui est une campagne non partisane qui rassemble
divers organismes, dont les centres de santé des femmes de Montréal et de la
Mauricie, l'organisme Seréna Québec et le Réseau d'action pour l'égalité des
femmes immigrées et racisées du Québec. Lancée le 2 avril 2024, cette
campagne revendique l'accès universel et gratuit à la contraception au Québec.
Grâce à cette pétition, nous sommes très fières de montrer au gouvernement
l'appui de la population envers la gratuité de la contraception.
Depuis toujours, le Québec peut se targuer
d'être à l'avant-garde des droits des femmes. Dans la foulée des négociations
avec le gouvernement fédéral pour le programme d'assurance médicaments, nous
souhaitons réitérer au gouvernement notre volonté de collaborer pour permettre
aux femmes une plus grande autonomie reproductive. La gratuité de la
contraception est une autre occasion de faire du Québec un leader en matière
d'égalité entre les femmes et les hommes au Canada, mais aussi à l'échelle
internationale.
Cette simple mesure fera une différence
dans la vie quotidienne des gens ayant recours à un moyen de contraception et
contribuera à la réduction des inégalités socioéconomiques entre les femmes et
les hommes.
Cette pétition marque un tournant dans
l'histoire des luttes féministes. Dans le contexte mondial actuel, la population
québécoise s'est exprimée en faveur des droits reproductifs des femmes, et nous
sommes confiantes que le gouvernement saura être à la hauteur. Merci.
Mme Ghazal : Merci.
Le Modérateur : ...des
questions sur le sujet du jour. Isabelle.
Journaliste : Bonjour.
Isabelle Porter, du Devoir. Une précision d'abord. Je comprends que la
mesure couvrirait tous les types de moyens de contraception, donc les
préservatifs aussi?
Mme Ghazal : Oui, aussi.
Tous. Pour ne pas que ce soient uniquement les préservatifs, que ce sont les
femmes qui les achètent, puis que ce soit une charge, on inclut aussi les
contraceptifs.
Journaliste : En
Colombie-Britannique, je pense que les préservatifs n'étaient pas inclus, hein?
C'est ça?
Mme Ghazal : Non. C'est ça.
Non. Exactement. Oui.
Journaliste : Puis on
pourrait quand même dire que l'accès gratuit à des moyens de contraception
n'aura pas nécessairement de lien direct vers le respect du droit à
l'avortement. Qu'est-ce que vous pourriez répondre aux gens qui vont... qui
pourraient dire : Bien, ce n'est pas directement lié finalement. Est-ce
qu'on ne devrait pas faire signer une pétition pour qu'il y ait une loi, comme
Mme Biron l'avait envisagé, qui protège le droit à l'avortement davantage?
Mme Ghazal : Bien, je peux
commencer, puis après, n'hésitez pas à venir compléter. Moi, je me rappelle
l'année passée aussi, quand Mme Biron, avant de changer d'idée, voulait faire
une loi, il y a eu 400 médecins québécois qui ont signé une lettre pour
demander de ne pas faire de loi puis au contraire, de protéger le droit à
l'avortement. Puis ils mentionnaient, puis il y avait une médecin en
particulier qui disait que, de façon large, le droit à l'avortement, le fait de
s'assurer de prévenir les grossesses non désirées fait partie aussi du droit à
l'avortement de façon globale. C'est-à-dire que le droit à l'avortement, ce
n'est pas juste d'avorter. Mais le fait aussi de ne pas devoir avorter parce qu'on
a prévenu une grossesse fait partie de ça de façon large. C'est une mesure
aussi de santé publique. Je peux... je peux te laisser, Jess, si tu veux
compléter, oui.
Mme Legault (Jess) : Bien,
juste pour compléter. On n'a pas besoin de loi au Canada pour protéger le droit
d'avortement parce qu'on a cinq jugements de la Cour suprême qui le fait pour
nous déjà. Et de viser l'avortement avec une loi, c'est de l'exclure, encore
une fois, des soins de santé comme les autres... de le viser comme étant un
statut spécial, et ne on souhaite pas ça. On est déjà protégé avec les
jugements de la Cour suprême.
Journaliste : Pendant que
vous êtes là, tout à l'heure, vous avez comme parlé du moment où ça pourrait...
vous avez parlé d'une éventuelle mise à jour de la politique de... le plan de
Mme Biron, si j'ai bien compris. Donc, vous ne vous attendez pas nécessairement
à ce que ce soit fait maintenant, vous souhaiteriez...
Mme Legault (Jess) : Non,
non, moi... on aimerait ça que ce soit maintenant?
Journaliste : O.K.
Mme Legault (Jess) : Non,
mais là... On aurait aimé que ce soit dans le premier plan aussi, mais...
Journaliste : ...de la
prochaine version du plan, là.
Mme Legault (Jess) : Oui,
oui.
Journaliste : Mais est-ce que
la prochaine version du plan...
Mme Legault (Jess) : C'est
dans trois ans. Non, non, j'ai mal parlé. Non, non, c'est...
Journaliste : O.K.
Mme Legault (Jess) : Oui,
oui, je... on le veut tout de suite.
Journaliste : Puis, sur le
plan plus concret, comment ça fonctionnerait? Dans le fond, les gens, à partir
du moment où on présenterait sa carte d'assurance maladie, on pourrait s'en
faire donner par le pharmacien?
Mme Ghazal : Oui, dans une
pharmacie, puis après ça, la pharmacie peut se faire rembourser par la RAMQ,
comme d'autres...
Journaliste : O.K.
Mme Ghazal : Évidemmment, ce
n'est pas la même chose pour les condoms. L'idée, c'est de les rendre
accessibles le plus possible au plus d'endroits possible. Ça l'est déjà, mais
pas suffisamment. Il faut ajouter des montants pour que ça le soit.
Journaliste : Distributrices
ou des choses comme ça.
Mme Ghazal : Oui.
Journaliste : O.K.
Mme Ghazal : Exact, partout
dans les lieux publics, pour que ça soit le plus accessible possible. Puis,
pour ce qui est de la contraception, c'est avec le pharmacien, oui.
Journaliste : Merci.
Mme Ghazal : Merci.
Journaliste :
Good morning. Why... What does it say
to you, the fact that this petition got so many signatures? What message do you
think that sends?
Mme Ghazal :
Yes. People need hope because... this
is what I felt when they signed this petition. Almost 100,000 people who signed
it. It's very, very rare. It's one of the most popular petitions since the 15
last years. What I felt is that people... Because, after the election of Trump,
we know that women rights are going back. So, it's a way to protect the
equality between women and men. And also, we know that Pierre Poilievre can be
in the Government next year, and we know that Pierre Poilievre, even if he says
that he will not touch the abortion rights for women, we know that his party
is... And there's a lot of people like lobbying to do the same thing that what
happened in the United States. So, it was a way for people, that mobilization.
The message there I received is that we need to protect, in Québec, the rights
of women to choose further for their own body. And this was like a way for them
to express it. And it's a very clear message to the Government of the CAQ to
put in place a program making the contraception free for all women.
Journaliste :
But there isn't necessarily a direct
link between free contraception and protecting abortion rights. So, why choose
to focus on free contraception specifically?
Mme Ghazal :
Because the studies prove that the most
important barrier for women to use contraception is the cost. And we know that
the cost of living is very high today, so it's a barrier for them. 25% of young
women don't use contraception even if they need because of the costs. So,
making it free will protect them against being pregnant if they don't want...
if it wasn't their choice. So, it's important to protect their right, to give
them the choice to choose by making the contraception free.
Journaliste :
Can I hear from Jess Legault as well
or... I'm not sure who wants to answer this, but, just in your view, why is
free contraception such an important step in protecting women's rights?
Mme Gignac
(Anne-Sophie) :
Yes. Well, you talked about like abortion, but... and you said also
that it wasn't directly linked, but yet, it is because it is about reproductive
rights, which are like the most fundamental rights for women. And, every time
our reproductive rights are threatened, we are all threatened with that. So, I
think that's why women here and people here want to send a strong message to
the Government that we don't want what happened to the United States. We are
not the same people. And we want to show it clearly that here equality between
genders is really important, and that's why I think people wanted to sign the
petition. And I think it's just a really popular measure here in Québec.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
(Fin à 12 h 14)