(Quatorze heures quarante-trois minutes)
Mme Fréchette : Alors, bien, bonjour,
bonjour à tous. C'est important pour moi de m'adresser aux Québécois aujourd'hui,
alors qu'on apprend que Northvolt Suède se met à l'abri de ses créanciers. Bon,
ils entament un processus qui va leur permettre de continuer à fonctionner tout
en ayant du temps pour préparer un plan de restructuration, également trouver
un accord avec leurs créanciers. Mais il faut voir que c'est la société mère
qui se met sous protection. La filiale nord-américaine va continuer ses
opérations. Les activités se poursuivent donc sur le chantier à McMasterville,
et les liquidités de Northvolt Québec sont suffisantes pour répondre aux
besoins des 18 prochains mois au moins.
Maintenant, ma priorité à moi, c'est de
protéger les investissements des Québécois. On souhaite bien sûr que le projet
se réalise, mais on va jauger les risques en fonction de l'évolution de la
restructuration et du plan qui sera proposé pour le Québec. Depuis le début, on
a agi avec prudence en adoptant une approche par étape, comme vous savez, avec
le financement qui se déploie au fur et à mesure de l'atteinte de conditions et
de jalons, et on ne mettra pas de nouvelles sommes dans Northvolt autre que
celles déjà prévues à l'entente. À l'heure actuelle, on a des garanties sur
notre prêt de 240 millions pour l'achat du terrain, sur lequel des investissements
de plus de 100 millions ont été faits par Northvolt, et ces garanties-là
sont prévues avec une hypothèque sur le terrain et sur les actifs de la filiale
nord-américaine.
Avant de prendre vos questions, je tiens à
réitérer que ce qui arrive avec Northvolt, ce n'est bien sûr pas la fin de la
filière batterie. La filière batterie, c'est beaucoup plus vaste que Northvolt.
C'est déjà une vingtaine d'entreprises qui sont actives dans au moins la moitié
des régions du Québec. Et ça, c'est un projet porteur, constructif pour le
Québec. Et on va continuer les discussions avec les entreprises qui déjà sont
actives, la vingtaine, mais également mon ministère, le ministère de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie est en discussion avec une centaine d'entreprises
dans le cadre de la filière batteries. Alors, on va poursuivre ce travail-là.
Journaliste : Vous parlez
comme si le projet était déjà en branle. Est-ce que c'est ça qu'on doit
comprendre?
Mme Fréchette : Non, non, du
tout. Je viens de dire que les activités vont se poursuivre à Northvolt Québec.
Journaliste : Pendant 18 mois.
Mme Fréchette : Bien, en
fait, il y a des liquidités en ce moment qui sont suffisantes pour assurer le
maintien des activités à Northvolt Québec pour 18 mois. Là, il faut voir
qu'il y a un processus de restructuration qui s'amorce pour notamment redéfinir
la relation avec les investisseurs.
Journaliste : Est-ce qu'on
doit dire adieu aux 270 millions qui ont été investis dans la maison-mère?
Mme Fréchette : Écoutez, s'il
y a un montant qui est à risque, c'est celui-là qui est le plus à risque. On ne
peut pas avoir de visibilité déjà, sur ce montant-là, ce qu'il en adviendra. Il
y a un processus de restructuration qui s'amorce, puis c'est au terme de ce
processus qu'on va avoir une idée de l'avenir de ce montant-là. Puis c'est une
situation qui est comme ça pour tous les investisseurs, donc ce n'est pas
seulement le gouvernement du Québec. C'est comme ça aussi pour Volkswagen. C'est
comme ça pour Goldman Sachs, pour l'Allemagne. Donc, tous ceux qui ont investi
n'ont pas de visibilité...
Journaliste : Pour la Caisse...
le 200 millions de la Caisse aussi est à risque?
Mme Fréchette : Oui, oui.
Bien, en fait, je voulais.... je vais laisser la caisse intervenir pour ses
investissements à elle.
Journaliste : Juste pour
avoir des précisions. C'est parce que lorsqu'on a parlé... on parlait... M. Legault
en parlait en Chambre de ce 270 millions-là. Vous répétiez que vous étiez
les mieux placés s'il y avait des problèmes avec la maison-mère, que vous allez
avoir un droit de regard sur ces investissements-là prioritaires. Là, on se
rend compte que, finalement, ce n'est pas le cas. Vous n'avez pas... vous n'avez
aucune... Vous ne faites pas partie des créanciers qui sont présentement nommés
dans les procédures actuelles.
Mme Fréchette : On a dit
qu'on avait... on n'était pas les mieux placés et qu'on avait une position...
j'essaie de me souvenir du mot, si c'était prioritaire ou... je crois que
c'était prioritaire, mais c'est... ça... on n'a pas dit qu'on était les mieux
placés. Donc, en ce sens-là, il faut voir, le processus de restructuration,
comment il va se dérouler. On en a pour à peu près cinq mois de ce processus de
restructuration, puis c'est au terme de ce processus qu'on va voir de quelle
manière ça s'est... ça s'est joué.
Journaliste : Donc, vous
n'avez plus, là, de... Ce que j'essaie de comprendre, c'est que ce 270 millions
là, vous n'avez plus aucune assurance, vous avez perdu le contrôle de ça, vous
avez...
Mme Fréchette : On va faire
nos représentations pour faire en sorte d'aller récupérer la part des actifs
qu'il sera possible de récupérer puis...
Journaliste : Mais, dans le
contrat, il n'y avait pas de mécanisme clair qui vous permettait d'aller
chercher ce 270...
Mme Fréchette : Là, c'est la
mécanique des tribunaux qui va s'appliquer. Donc, c'est le processus de
restructuration qui va définir l'avenir de ces montants.
Journaliste : ...ça implique
un refinancement, que les créanciers remettent de l'argent dans Northvolt pour
garder leur part à eux. Vous dites donc que vous, vous ne ferez pas ça.
Mme Fréchette : Nous, on n'a
aucun scénario sur la table qui nous amènerait à investir davantage que ce que
l'on a convenu dans l'entente qu'on a avec Northvolt. Il n'y a aucun scénario
de cette nature-là.
Journaliste : ...quand même
que, si les autres créanciers de Northvolt, de la maison-mère... le font, la
part du Québec risque de diminuer de façon importante.
Mme Fréchette : Moi, je parle
pour le gouvernement du Québec quand je dis qu'il n'y a aucun scénario sur la
table qui nous amènerait à mettre davantage d'argent autrement... au-delà de ce
qui a été convenu dans l'entente-cadre.
Journaliste : Mais,
justement, vous dites : Au-delà de ce qui est convenu. Ce que je
comprends, c'est qu'on a des ententes avec Northvolt qui disent qu'on va
réinvestir de l'argent le moment venu, selon l'état de...
Mme Fréchette : L'atteinte
des jalons.
Journaliste : ...d'atteinte
des jalons. Alors, c'est quoi les prochaines sommes d'argent, les prochaines
déboursés qu'on va faire à Northvolt et quand?
Mme Fréchette : Bien,
écoutez, il y a des assurances, il y a des conditions à être remplies avant
qu'on en vienne à ça. Par exemple, il va falloir qu'il y ait une mise... il
faudrait qu'il y ait une mise à jour du plan d'affaires qui inclura les
projections financières de Northvolt. Il faudra également qu'il y ait un carnet
de commandes suffisant qui soit mis de l'avant par Northvolt. Il y a la
satisfaction d'Investissement Québec, de même que le MEIE. Donc, ça, c'est des
exemples de jalons. Il y en a une plus longue liste, là, je vous l'épargne,
mais parmi les éléments les plus importants...
Des voix : ...
La Modératrice : ...avant de
passer à l'anglais.
Journaliste : ...attendez un
instant. Est-ce qu'on pourrait enfin les avoir, ces jalons-là, publiquement?
Parce que, là, je pense que la population commence à trouver que... Bon, on ne
veut pas aveuglément croire le gouvernement non plus, là, dans le dossier
Northvolt. Rendu, là, à une faillite, là, pratiquement, là, est-ce que la
population pourrait avoir accès finalement à ces jalons-là, essayer de voir si
le 300 millions qui devrait être versé, là, si ce n'est pas atteint, là...
si c'est atteint, c'est quand est-ce qu'on va reverser 300 millions
d'argent public dans cette entreprise-là?
Mme Fréchette : Quand ce que
je vous ai dit allait être atteint, c'est-à-dire quand il y aura une mise à
jour du plan d'affaires de Northvolt et qu'on aura... ça aura été satisfaisant
comme plan d'affaires, quand le carnet de commandes sera suffisant également, à
la satisfaction à la fois d'Investissement Québec, du MEIE, également il y a une
série de permis...
Journaliste : Mais, en 18 mois,
là, est-ce que c'est possible qu'ils atteignent ces jalons-là?
Mme Fréchette : Bien, tout va
dépendre du processus de restructuration, de la présence d'investisseurs ou pas
pour l'avenir. Donc, c'est sûr que ça va... ça va se jouer aussi dans le cadre
de la... du processus.
La Modératrice : ...une
dernière question en français.
Journaliste
: On a...
On a l'impression, cet après-midi, que vous y croyez moins, Mme Fréchette. Vous
avez l'air vraiment moins confiante que d'habitude, là.
Mme Fréchette : Bien,
écoutez, je demeure prudente parce qu'il y a un processus de restructuration
qui s'amorce. Ce n'était pas le scénario souhaité. Ça, personne ne va s'en
cacher. On aurait aimé que ça procède autrement.
Maintenant, on est quand même, au Québec,
avec un projet qui demeure en activité, avec des liquidités suffisantes pour
assurer le roulement des activités pour au moins 18 mois. Et, pendant ce
temps-là, il y a des discussions qui vont se tenir pour restructurer, alléger
la maison-mère de ses dettes et redéfinir une relation avec ses investisseurs.
La Modératrice : On va
passer...
Journaliste : Êtes-vous déçue
d'avoir hérité de ce dossier-là?
Mme Fréchette : Non, je ne
suis pas déçue, et si vous saviez à quel point c'est stimulant. C'est vraiment
impressionnant de voir tout ce qui se déroule dans le cadre de la filière
batterie. Vraiment, je n'avais pas conscience que c'était aussi vaste que ça.
Et maintenant que j'y suis, je découvre, en fait, l'ampleur du travail.
Journaliste : L'argent qui
est dans les comptes...
La Modératrice : On va passer
en anglais, s'il vous plaît, maintenant...
Journaliste : L'argent qui
est dans les comptes de Northvolt... L'argent qui est dans les comptes de
Northvolt pour les 18 prochains mois, elle vient d'où?
La Modératrice : On va passer
en anglais, s'il vous plaît.
Journaliste : Elle appartient
à qui?
Mme Fréchette : C'est la
maison-mère qui a injecté... la maison-mère qui a injecté ces...
Journaliste : C'est la
maison... Est-ce que c'est dans un coffre en... c'est dans un coffre au Québec,
au Canada?
Mme Fréchette : C'est une...
Oui, c'est au Québec et c'est sous la maîtrise... sous notre maîtrise.
Journaliste : Puis est-ce que
vous pourriez essayer d'aller récupérer cet argent-là en cas de faillite?
Mme Fréchette : Bien, en
fait, c'est un... de l'argent qui doit servir au projet. Donc, nous, ce qu'on a
en garantie...
Des voix : ...
La Modératrice : On va passer
en anglais, s'il vous plaît.
Mme Fréchette : Mais le
projet n'arrête pas au Québec. Il ne faut pas...
Des voix : ...
Journaliste : ...tu sais, si
on veut expliquer, il faut d'abord comprendre.
Mme Fréchette : Le projet
n'arrête pas au Québec, je veux le rappeler.
Journaliste : Non, mais vous
dites que l'argent est... que le Québec a un contrôle sur cet argent-là. C'est
ce que je comprends?
Mme Fréchette : Oui. C'est
nous qui autorisons les sorties de fonds de ce compte-là. Ça, c'est une des
garanties. Quand on vous disait, il y a quelques semaines, qu'on est allés
chercher des garanties additionnelles, bien, ça, ça en est une, garantie.
Journaliste : Ça, c'est
l'argent qui... quoi, qui verse les salaires aux employés qui sont au Québec...
Mme Fréchette : Entre autres.
Journaliste : ...qui permet
d'acheter des matériaux pour continuer...
Mme Fréchette : C'est ça.
C'est pour ériger le site.
Journaliste : O.K. Puis
est-ce qu'on peut savoir c'est quoi la somme présentement qu'il y a dans ce
coffre-là?
Mme Fréchette : Bien, j'aime
mieux ne pas m'avancer sur la somme exacte, là, mais c'est quelques centaines
de millions.
Journaliste :
Mrs. Fréchette, the fact that Northvolt
has put itself under creditors protection, this doesn't look good for Québec
right now. How can you reassure Quebeckers?
Mme Fréchette :
Well, I can reassure Quebeckers by
saying that today's news does not concern the Québec project. It is the parent
company in Sweden that is being placed under protection. The North American
subsidiary will continue its operations, and activities are continuing on the
McMasterville site, and since Northvolt Québec cash position is sufficient to
meet its need for at least 18 months.
Journaliste :
But what about the money the Government
has invested into Northvolt so far? Because you do have money into the
operations in Sweden, in the «maison-mère». So...
Mme Fréchette :
Yes. We did put money in the
«maison-mère», that is entering...
Journaliste :
In the headquarters. So...
Mme Fréchette :
Headquarters, yes, we've put money, and
this is the part of our investment that is the most at risk, I'd say. But the
money that we've put in the Québec project is being guaranteed by the land that
we have as a... as a… «une hypothèque, voyons»...
Journaliste :
It's a loan. It's a...
Mme Fréchette :
It's a loan, yes. We have a loan with a
guarantee, the land being the guarantee. And, in that land, the Northvolt
business has invested more than $100 million, and activities are still
continuing on that land.
Journaliste :
Yes, but see the big picture. Northvolt
has been going through difficulties for months now, and now the company is
putting itself under creditors protection. How can you be positive about the
outcomes of this?
Mme Fréchette :
Because there is a lot at stake, and
investors, I'm sure, are willing to see the project being pursued. And
therefore, the process that is beginning today will permit Sweden... the Sweden
«maison-mère»... Swedish «maison-mère» to redefine its relation with the
investors and to restructure its organization. And, so at the end of that
process, which would take, I'd say, around five months, we will see the
outcomes of the negotiation that is beginning and that will be continued in
front of the courts.
Journaliste :
Juste une clarification en français. Combien vous avez investi pour la
maison-mère, encore? Combien de millions?
Mme Fréchette : 270, c'est
ça.
Journaliste : Millions?
Mme Fréchette : Oui, 270 millions.
In the parent company. We've invested 270 million convertible
loans to the parent company.
La Modératrice : Merci.
Journaliste : Merci beaucoup.
Mme Fréchette : Merci.
(Fin à 14 h 55)