(Huit heures vingt-quatre minutes)
M. Tanguay : Bonjour à chacun
et à chacune. Ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle, parce qu'aujourd'hui
une mise à jour économique fait en sorte qu'encore une fois on va essayer d'évaluer
l'étendue du peu de crédibilité qui reste à ce gouvernement-là qui se disait, imaginez-vous
donc, gouvernement de l'économie. Pas capable de gérer ses propres finances
publiques, comment pouvez-vous être là pour être un acteur favorisant le
développement économique?
Mise à jour économique qui vient, encore
une fois, être un test du petit peu de crédibilité qui reste à François Legault
et à Eric Girard en ce domaine-là. Le dernier exercice faisait en sorte qu'il s'était
présenté il y a un an, presque jour pour jour, en disant : Le déficit,
pour l'an prochain, sera de 4 milliards, puis finalement, deux mois et
demi après, janvier 2024, il savait déjà que ça allait passer de 4 milliards
à 11 milliards, une erreur de 7 milliards.
Et les raisons, qu'il donnait à l'époque,
ne tenaient pas la route. Le propre du ministre des Finances, c'est d'être en
contrôle de l'argent que les Québécoises et Québécois qui se désâment à envoyer
à Québec et qui gagnent ça à la sueur de leur front, les taxes et impôts, bien,
de bien dépenser, de bien le gérer et l'investir pour qu'on ait les services.
Encore une fois, les Québécoises et Québécois, malheureusement, contrairement à
2018, où il y avait un surplus budgétaire et de meilleurs services, sont
doublement perdants.
Alors, on va écouter bien attentivement,
on va analyser, et, sans plus tarder, je cède la parole à Fred Beauchemin.
M. Beauchemin : Merci, Marc.
Aujourd'hui, donc, on va avoir François Legault et Eric Girard, les «kings» du
déficit, nous proposer une mise à jour économique. On est rendus habitués,
malheureusement, à de très mauvaises prévisions économiques et budgétaires de
la part de ce gouvernement-là. C'est vraiment triste à dire, parce que c'est la
crédibilité du ministre qui est en jeu, puis la confiance de la population qui
s'effrite. Vous savez, l'an dernier, comme Marc l'a mentionné, à ce temps-ci de
l'année, on disait que le déficit allait être de 4 milliards puis,
quelques semaines plus tard, c'est passé à 11 milliards de dollars. J'ai
entendu hier, au salon rouge, le ministre nous parler : Ah! bien, il y a
eu des feux de forêt, c'est la guerre, il y a eu... il a manqué d'eau. Mais c'est
ça, sa job, sa job, c'est être capable de gérer, justement, quand il y a des
intempéries. C'est ça... Son rôle, c'est d'être un bon gestionnaire, d'être capable
d'endurer quand ça ne va pas bien. Puis, s'il n'aime pas la chaleur, bien, qu'il
sorte de la cuisine.
Puis, honnêtement, là, nous, on a trois
choses simples à leur demander. Aujourd'hui, on doit avoir une mise à jour
économique précise. On doit avoir un directeur parlementaire du budget, parce
qu'on ne fait plus confiance au ministre des Finances. On a besoin d'une
nouvelle institution avec laquelle on va pouvoir retrouver confiance dans les
chiffres qui sont mentionnés par ce gouvernement-là. Puis évidemment, bien, on
veut un plan de retour à l'équilibre budgétaire. C'est essentiel, parce qu'on
le voit bien, là, la CAQ coupe en ce moment, mais on n'a pas une vue
d'ensemble. On n'a pas de transparence à savoir où ça coupe, comment ça coupe
puis de combien on coupe. Donc, c'est important parce qu'aujourd'hui, si on n'a
pas ces trois éléments-là, on va avoir de la misère à faire confiance encore
une fois à ce gouvernement-là. Merci.
Journaliste : Vous avez
dit : S'il sent la chaleur, qu'il sorte de la cuisine. Est-ce que... Bon,
est-ce que vous faites référence à une possible démission? Je veux dire, qu'est
ce que vous pensez du travail de M. Girard puis en quoi est-ce qu'il est
encore la meilleure personne pour occuper le poste de...
M. Beauchemin : Bien, c'est
parce que la façon qu'il gère à date, O.K., c'est que, quand ça ne fonctionne
pas bien, il se trouve une excuse. C'est la pluie qui n'est pas au rendez-vous.
C'est les feux de forêt. C'est la guerre en Ukraine. C'est les taux d'intérêt.
Il y a toujours une raison pour ne pas être capable d'être sur le target. Eric
Girard, là, je vais vous donner une analogie. Hier, il m'a parlé de ça, ça m'a
vraiment fait rire. Eric Girard, c'est comme s'il jouait aux dards, O.K., puis
au lieu d'envoyer la flèche, là, sur le «bull's-eye» il l'envoie dans la pièce
à côté tout le temps, année après année. Puis c'est vraiment pathétique, là, il
manque... il manque vraiment de précision. Il est de loin, là, de loin, celui
qui manque le plus de précision dans ses prévisions économiques. Carlos Leitao
était vraiment meilleur que lui, là. Ce n'est pas une question de... je veux
comparer, là, les individus personnels, mais vraiment au niveau des prévisions
économiques, il manquait de...
M. Tanguay : Il avait prévu
l'inflation.
M. Beauchemin : Il avait
prévu l'inflation, tu sais.
Journaliste : Est-ce que ça
remet en question son rôle comme ministre des Finances?
M. Beauchemin : Bien ça, je
vais laisser le gouvernement de François Legault décider comment qu'il veut
gérer avec ça, honnêtement. Moi, pour moi, là, je trouve que ce gars-là manque
de précision, manque de discipline au niveau de faire... de livrer sa job.
Journaliste : ...sa
crédibilité aujourd'hui est un jeu...
M. Beauchemin : Bien oui.
Journaliste : ...donc, s'il
ne livre pas aujourd'hui ce que vous attendez, il ne mérite plus d'être
ministre des Finances.
M. Beauchemin : Bien moi, je
n'irai pas là. Ce que je veux juste dire c'est qu'il ne nous a pas prouvé...
Moi, depuis deux ans que je suis ici, là, à chaque fois, il se trompe, pas un
petit peu, là, de beaucoup. En fait, initialement, c'était supposé être
3 milliards, ça a été annoncé à 4 milliards en novembre, puis au mois
de mars, c'est sorti à 11. Je veux dire, ça, c'est du quitte au triple, là,
quasiment, ça fait qu'on ne peut pas... C'est comme jouer au dard. C'est comme
lancer la balle de bowling en arrière quand les quilles sont en avant. Il
manque vraiment, là, vraiment de précision.
Donc, honnêtement, on a besoin de se
resserrer à la CAQ, d'avoir vraiment un bon système de prévision économique
pour être capable... parce que c'est la crédibilité de tous qui est en jeu. Tu
sais, les investisseurs puis les Québécois, quand ils veulent mettre de l'argent
dans l'économie, ils vont se fier aux prévisions économiques de ce que le
ministre des Finances va leur donner. Puis, si le ministre est vraiment dans le
champ tout le temps, bien, ça fait en sorte que des gens vont retarder des
décisions d'investissement, ça nous fait mal.
Journaliste : La conjoncture
économique quand même semble mieux aller qu'au mois de mars. Est-ce que vous
vous attendez à de bonnes nouvelles ce matin?
M. Beauchemin : C'est dur à
dire parce qu'il y a effectivement, donc peut-être une conjoncture qui est un
peu meilleure, semble-t-il, là, que prévu initialement. Mais il y a eu, comme
on a entendu parler, là, des pertes d'eau de pluie encore chez Hydro-Québec le
ministre semble vouloir nous préannoncer, là, pour dire comme quoi que c'est
peut-être ça qui va arriver. Moi, je ne m'attends pas à une grande surprise. On
va voir, ça va sortir tantôt. Moi, je m'en vais dans le huis clos puis j'aurai
plus de précisions pour vous par la suite.
Journaliste : Bien, qu'est-ce
qui... qu'est ce qui rétablirait la crédibilité de M. Girard, selon
vous...
M. Beauchemin : Moi, ça me
prend un directeur parlementaire du budget, O.K.? On a besoin d'une personne
tierce en ce moment, là, pour établir ce que M. Girard dit est juste,
confirmé par le directeur parlementaire du budget. À la longue, on va reprendre
confiance dans le ministre des Finances.
Journaliste : Les cours de
religion la fin de semaine dans des locaux des écoles publiques, qu'est-ce
qu'on fait avec ça?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
ce matin, moi, je ne veux pas vous faire du cas par cas. Ce matin, je vais vous
réitérer les trois principes que nous avions exprimés. D'abord, pas d'argent
public pour enseigner une religion dans les écoles. Première des choses.
Deuxième des choses, il faut que chaque école enseigne le cursus et tout le
cursus pour que le diplôme ait, évidemment, un comparable et une même valeur
partout au Québec. Et aussi on doit entrer dans un dialogue, justement, qui
nous amènera, le cas échéant, à ces cas par cas là. Je ne vais pas le faire ce
matin. Et nous, au Parti libéral du Québec, on est allé encore plus loin. On a
mandaté un comité à la commission politique pour se pencher là-dessus et faire
l'état des lieux.
Journaliste : Oui, mais là,
on parle d'écoles publiques. Donc, dans ces locaux-là, la fin de semaine, donc,
en dehors des heures de cours, il y a des cours de religion. Est-ce que vous
êtes d'accord ou non avec ça? Est-ce qu'on doit les laisser continuer de louer
des locaux dans les écoles?
M. Tanguay : C'est
précisément ça pourquoi je vous ai dit : Pas de cas par cas ce matin. Je
ne vais pas vous réitérer les trois principes, mais nous allons, nous, faire un
état des lieux au Parti libéral du Québec. C'est au gouvernement également à
procéder au même exercice. On ne peut pas faire du cas par cas ce matin, puis,
de Québec, dire : Bien, ça, c'est correct, ça, ce n'est pas correct, et
ainsi de suite. Les trois principes, encore une fois, je ne vais pas vous les
répéter, mais ils sont très clairs, ils doivent être appliqués et respectés.
Maintenant, il faut entrer le troisième dans un dialogue, puis nous, on va
faire nos devoirs, au Parti libéral du Québec.
Journaliste : M. Beauchemin, peut-être,
comme candidat à la chefferie, est-ce que vous avez un avis sur la question?
M. Beauchemin : Bien, moi,
ici, en ce moment, je suis membre du Parti libéral, membre du caucus, ça fait
que je m'exprime en tant que membre du caucus. Je peux m'exprimer à
l'extérieur... de l'enceinte, ici, pour parler de la course à la chefferie. Je
pense que ma position a déjà été annoncée...
Journaliste : Sur les écoles
privées...
M. Beauchemin : Exact, exact.
Donc, je pense que c'est...
Journaliste : ...c'est ça,
sauf que là c'est un peu différent, là, on parle d'écoles publiques.
M. Beauchemin : Ça reste et
c'est les mêmes valeurs que Marc mentionnait, c'est-à-dire ça nous prend,
évidemment, un cursus scolaire qui est livré, bien enseigné, à toutes nos
valeurs québécoises qui doivent être enseignées et... Donc, c'est comme ce que
Marc dit. Alors, quand ce sera le temps d'analyser spécifiquement ce cas-là, on
aura plus de détails. Il y a peut-être de l'information qui manque, on ne le
sait pas. Ça fait que je pense que ça, ça va être approprié de prendre une
décision quand on aura toute l'information. Pour le moment, ce qu'on a, c'est
juste le rapport.
Journaliste : Sur Meta, qui a
de nouveau laissé en plan, là, la commission sur le temps d'écran chez les
jeunes, pensez-vous qu'il faut les forcer à venir?
M. Tanguay : C'est un des
outils parlementaires dont dispose la commission. Je vais les laisser... Je ne
vais pas m'immiscer dans leurs travaux. Je vais les laisser se poser cette
question-là et voir pour la suite des choses. Moi, je le déplore, ça aurait été
le fun, ça aurait été plus que le fun, ça aurait été tout à fait pertinent,
important et central au débat qu'il le soit. Je vais laisser la commission
décider de la suite des choses.
Et pour la mise à jour économique, j'avais
une bonne ligne, je vais essayer de la passer. Dans le fond, là, on est à la
veille d'un processus, c'est comme si on était spectateur de l'émission The
price is right. Et là l'animateur nous dit : Le prochain participant est
le ministre des Finances du Québec Eric Girard. On va voir si the price is
right, ouf, tout le monde, dans notre salon, on va dire : Ouf! pour moi,
il ne sera pas sur l'objectif. Alors, il faut faire en sorte que ça doit
davantage sérieux ce qui se passe avec les finances publiques. Puis François
Legault, Eric Girard, qu'ils arrêtent de jouer à The price is right, parce
qu'ils ne sont pas bons.
Le Modérateur : En anglais.
Journaliste : You're calling... credibility into question, do you believe that he
should step away from his role as Finance Minister?
M. Beauchemin :
That's not my call to make, it's the
Government's call to make, honestly, but he's been missing the mark for the
last two years, as I've seen it and before that, even more. So, you know, what
I was giving as an example, if you are playing dart, he's not even on bullseye.
He's actually aiming it in the other room, it's so far from the reality. Back
in March of 2023, they were predicting that, 2024-2025, this year's budget was
going to be $3 billion deficit. In November of last year, la «mise à jour» of
last year, at this time of year, they said that it was going to be now $4
billion. Six weeks later, they knew it was going to be $11 billion. So, it's a
huge credibility issue. You can't get confidence in people by not predicting,
you know, accurately these numbers, and it's not that complicated, so.
Journaliste :
And on Northvolt, you know, if the
project in Québec does fall through, what does that say about Québec's spending
decisions?
M. Beauchemin :
It's going to be added to the list of
terrible mistakes that this government has done with our cash. There are
fiduciary of every tax dollar money. And to actually gamble with a startup as
opposed to taking a blue-chip battery manufacturer as a terrible decision to
make. Ontario has gone with Volkswagen. Ontario has gone with blue chip and the
Québec Government has gone with startup. Bad call, it's terrible. You know,
when you're fiduciary of Québec's dollars, your role is to make sure you do it
properly, long term investments. You have the responsibility of making sure
you're going to use that money wisely.
Journaliste : En français,
peut-être, là-dessus, M. Beauchemin, sur Northvolt, qu'est-ce qui va se passer
avec Northvolt? Est-ce que, finalement, on devrait tirer la plug avant que ce
soit...
M. Beauchemin : Écoutez, là,
j'entends que ça va être potentiellement une mise en faillite qui s'en vient et
de façon imminente. Donc, il y a un processus de restructuration qui se fait à
ce moment-là. Les paies des banquiers seniors vont se faire rembourser en
premier. En passant, nous, on est en bas de l'échelle alimentaire, là, dans la
structure de capital. On ne va pas se faire rembourser. On va le perdre, cet
argent-là. La question que j'ai posée au ministre...
Journaliste : Transparence.
M. Beauchemin : ...on a
besoin de transparence. La question que j'ai demandée au ministre de
l'Économie, à plusieurs reprises : Que vaut le fameux 300 millions de
dollars qu'on a mis en dette convertible? C'est clair que ça ne vaut plus une
cenne en ce moment. Mais ils ne sont pas capables de dire : On va avoir
une réponse claire, en fait, quand la Caisse de dépôt va faire sa présentation
des... résultats, parce que la caisse a investi dans le même véhicule. Ça fait
que j'assume que le gouvernement veut être capable d'être transparent, au
minimum, rendu au même moment, là.
Journaliste : Mais, rendu
là...
M. Beauchemin : Moi, ce que
je souhaite, là, O.K., c'est que la filière batterie fonctionne. Est-ce que
Northvolt a été le meilleur joueur? À date, clairement, on a de la difficulté
financière à voir la suite des choses avec eux. Mais moi, je pense que, ce
qu'il faut qu'on fasse ici, c'est être des meilleurs gestionnaires possible de
l'argent des Québécois. La décision initiale d'aller de l'avant avec un start
up versus y aller avec un joueur senior, comme LG aurait pu l'être, je
m'excuse, mais ça, ça a vraiment été une erreur marginale... pas marginale,
mais significative de la part du gouvernement, l'inverse de marginal de la part
du gouvernement.
M. Tanguay : Monumentale.
M. Beauchemin : Monumentale,
merci.
Journaliste
: Merci.
M. Tanguay : Merci beaucoup.
Merci à vous.
M. Beauchemin : Merci à vous.
(Fin à 8 h 36)