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Point de presse de M. Marc Tanguay, chef de l’opposition officielle, et M. Frédéric Beauchemin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances

Version finale

Thursday, November 21, 2024, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-quatre minutes)

M. Tanguay : Bonjour à chacun et à chacune. Ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle, parce qu'aujourd'hui une mise à jour économique fait en sorte qu'encore une fois on va essayer d'évaluer l'étendue du peu de crédibilité qui reste à ce gouvernement-là qui se disait, imaginez-vous donc, gouvernement de l'économie. Pas capable de gérer ses propres finances publiques, comment pouvez-vous être là pour être un acteur favorisant le développement économique?

Mise à jour économique qui vient, encore une fois, être un test du petit peu de crédibilité qui reste à François Legault et à Eric Girard en ce domaine-là. Le dernier exercice faisait en sorte qu'il s'était présenté il y a un an, presque jour pour jour, en disant : Le déficit, pour l'an prochain, sera de 4 milliards, puis finalement, deux mois et demi après, janvier 2024, il savait déjà que ça allait passer de 4 milliards à 11 milliards, une erreur de 7 milliards.

Et les raisons, qu'il donnait à l'époque, ne tenaient pas la route. Le propre du ministre des Finances, c'est d'être en contrôle de l'argent que les Québécoises et Québécois qui se désâment à envoyer à Québec et qui gagnent ça à la sueur de leur front, les taxes et impôts, bien, de bien dépenser, de bien le gérer et l'investir pour qu'on ait les services. Encore une fois, les Québécoises et Québécois, malheureusement, contrairement à 2018, où il y avait un surplus budgétaire et de meilleurs services, sont doublement perdants.

Alors, on va écouter bien attentivement, on va analyser, et, sans plus tarder, je cède la parole à Fred Beauchemin.

M. Beauchemin : Merci, Marc. Aujourd'hui, donc, on va avoir François Legault et Eric Girard, les «kings» du déficit, nous proposer une mise à jour économique. On est rendus habitués, malheureusement, à de très mauvaises prévisions économiques et budgétaires de la part de ce gouvernement-là. C'est vraiment triste à dire, parce que c'est la crédibilité du ministre qui est en jeu, puis la confiance de la population qui s'effrite. Vous savez, l'an dernier, comme Marc l'a mentionné, à ce temps-ci de l'année, on disait que le déficit allait être de 4 milliards puis, quelques semaines plus tard, c'est passé à 11 milliards de dollars. J'ai entendu hier, au salon rouge, le ministre nous parler : Ah! bien, il y a eu des feux de forêt, c'est la guerre, il y a eu... il a manqué d'eau. Mais c'est ça, sa job, sa job, c'est être capable de gérer, justement, quand il y a des intempéries. C'est ça... Son rôle, c'est d'être un bon gestionnaire, d'être capable d'endurer quand ça ne va pas bien. Puis, s'il n'aime pas la chaleur, bien, qu'il sorte de la cuisine.

Puis, honnêtement, là, nous, on a trois choses simples à leur demander. Aujourd'hui, on doit avoir une mise à jour économique précise. On doit avoir un directeur parlementaire du budget, parce qu'on ne fait plus confiance au ministre des Finances. On a besoin d'une nouvelle institution avec laquelle on va pouvoir retrouver confiance dans les chiffres qui sont mentionnés par ce gouvernement-là. Puis évidemment, bien, on veut un plan de retour à l'équilibre budgétaire. C'est essentiel, parce qu'on le voit bien, là, la CAQ coupe en ce moment, mais on n'a pas une vue d'ensemble. On n'a pas de transparence à savoir où ça coupe, comment ça coupe puis de combien on coupe. Donc, c'est important parce qu'aujourd'hui, si on n'a pas ces trois éléments-là, on va avoir de la misère à faire confiance encore une fois à ce gouvernement-là. Merci.

Journaliste : Vous avez dit : S'il sent la chaleur, qu'il sorte de la cuisine. Est-ce que... Bon, est-ce que vous faites référence à une possible démission? Je veux dire, qu'est ce que vous pensez du travail de M. Girard puis en quoi est-ce qu'il est encore la meilleure personne pour occuper le poste de...

M. Beauchemin : Bien, c'est parce que la façon qu'il gère à date, O.K., c'est que, quand ça ne fonctionne pas bien, il se trouve une excuse. C'est la pluie qui n'est pas au rendez-vous. C'est les feux de forêt. C'est la guerre en Ukraine. C'est les taux d'intérêt. Il y a toujours une raison pour ne pas être capable d'être sur le target. Eric Girard, là, je vais vous donner une analogie. Hier, il m'a parlé de ça, ça m'a vraiment fait rire. Eric Girard, c'est comme s'il jouait aux dards, O.K., puis au lieu d'envoyer la flèche, là, sur le «bull's-eye» il l'envoie dans la pièce à côté tout le temps, année après année. Puis c'est vraiment pathétique, là, il manque... il manque vraiment de précision. Il est de loin, là, de loin, celui qui manque le plus de précision dans ses prévisions économiques. Carlos Leitao était vraiment meilleur que lui, là. Ce n'est pas une question de... je veux comparer, là, les individus personnels, mais vraiment au niveau des prévisions économiques, il manquait de...

M. Tanguay : Il avait prévu l'inflation.

M. Beauchemin : Il avait prévu l'inflation, tu sais.

Journaliste : Est-ce que ça remet en question son rôle comme ministre des Finances?

M. Beauchemin : Bien ça, je vais laisser le gouvernement de François Legault décider comment qu'il veut gérer avec ça, honnêtement. Moi, pour moi, là, je trouve que ce gars-là manque de précision, manque de discipline au niveau de faire... de livrer sa job.

Journaliste : ...sa crédibilité aujourd'hui est un jeu...

M. Beauchemin : Bien oui.

Journaliste : ...donc, s'il ne livre pas aujourd'hui ce que vous attendez, il ne mérite plus d'être ministre des Finances.

M. Beauchemin : Bien moi, je n'irai pas là. Ce que je veux juste dire c'est qu'il ne nous a pas prouvé... Moi, depuis deux ans que je suis ici, là, à chaque fois, il se trompe, pas un petit peu, là, de beaucoup. En fait, initialement, c'était supposé être 3 milliards, ça a été annoncé à 4 milliards en novembre, puis au mois de mars, c'est sorti à 11. Je veux dire, ça, c'est du quitte au triple, là, quasiment, ça fait qu'on ne peut pas... C'est comme jouer au dard. C'est comme lancer la balle de bowling en arrière quand les quilles sont en avant. Il manque vraiment, là, vraiment de précision.

Donc, honnêtement, on a besoin de se resserrer à la CAQ, d'avoir vraiment un bon système de prévision économique pour être capable... parce que c'est la crédibilité de tous qui est en jeu. Tu sais, les investisseurs puis les Québécois, quand ils veulent mettre de l'argent dans l'économie, ils vont se fier aux prévisions économiques de ce que le ministre des Finances va leur donner. Puis, si le ministre est vraiment dans le champ tout le temps, bien, ça fait en sorte que des gens vont retarder des décisions d'investissement, ça nous fait mal.

Journaliste : La conjoncture économique quand même semble mieux aller qu'au mois de mars. Est-ce que vous vous attendez à de bonnes nouvelles ce matin?

M. Beauchemin : C'est dur à dire parce qu'il y a effectivement, donc peut-être une conjoncture qui est un peu meilleure, semble-t-il, là, que prévu initialement. Mais il y a eu, comme on a entendu parler, là, des pertes d'eau de pluie encore chez Hydro-Québec le ministre semble vouloir nous préannoncer, là, pour dire comme quoi que c'est peut-être ça qui va arriver. Moi, je ne m'attends pas à une grande surprise. On va voir, ça va sortir tantôt. Moi, je m'en vais dans le huis clos puis j'aurai plus de précisions pour vous par la suite.

Journaliste : Bien, qu'est-ce qui... qu'est ce qui rétablirait la crédibilité de M. Girard, selon vous...

M. Beauchemin : Moi, ça me prend un directeur parlementaire du budget, O.K.? On a besoin d'une personne tierce en ce moment, là, pour établir ce que M. Girard dit est juste, confirmé par le directeur parlementaire du budget. À la longue, on va reprendre confiance dans le ministre des Finances.

Journaliste : Les cours de religion la fin de semaine dans des locaux des écoles publiques, qu'est-ce qu'on fait avec ça?

M. Tanguay : Bien, écoutez, ce matin, moi, je ne veux pas vous faire du cas par cas. Ce matin, je vais vous réitérer les trois principes que nous avions exprimés. D'abord, pas d'argent public pour enseigner une religion dans les écoles. Première des choses. Deuxième des choses, il faut que chaque école enseigne le cursus et tout le cursus pour que le diplôme ait, évidemment, un comparable et une même valeur partout au Québec. Et aussi on doit entrer dans un dialogue, justement, qui nous amènera, le cas échéant, à ces cas par cas là. Je ne vais pas le faire ce matin. Et nous, au Parti libéral du Québec, on est allé encore plus loin. On a mandaté un comité à la commission politique pour se pencher là-dessus et faire l'état des lieux.

Journaliste : Oui, mais là, on parle d'écoles publiques. Donc, dans ces locaux-là, la fin de semaine, donc, en dehors des heures de cours, il y a des cours de religion. Est-ce que vous êtes d'accord ou non avec ça? Est-ce qu'on doit les laisser continuer de louer des locaux dans les écoles?

M. Tanguay : C'est précisément ça pourquoi je vous ai dit : Pas de cas par cas ce matin. Je ne vais pas vous réitérer les trois principes, mais nous allons, nous, faire un état des lieux au Parti libéral du Québec. C'est au gouvernement également à procéder au même exercice. On ne peut pas faire du cas par cas ce matin, puis, de Québec, dire : Bien, ça, c'est correct, ça, ce n'est pas correct, et ainsi de suite. Les trois principes, encore une fois, je ne vais pas vous les répéter, mais ils sont très clairs, ils doivent être appliqués et respectés. Maintenant, il faut entrer le troisième dans un dialogue, puis nous, on va faire nos devoirs, au Parti libéral du Québec.

Journaliste : M. Beauchemin, peut-être, comme candidat à la chefferie, est-ce que vous avez un avis sur la question?

M. Beauchemin : Bien, moi, ici, en ce moment, je suis membre du Parti libéral, membre du caucus, ça fait que je m'exprime en tant que membre du caucus. Je peux m'exprimer à l'extérieur... de l'enceinte, ici, pour parler de la course à la chefferie. Je pense que ma position a déjà été annoncée...

Journaliste : Sur les écoles privées...

M. Beauchemin : Exact, exact. Donc, je pense que c'est...

Journaliste : ...c'est ça, sauf que là c'est un peu différent, là, on parle d'écoles publiques.

M. Beauchemin : Ça reste et c'est les mêmes valeurs que Marc mentionnait, c'est-à-dire ça nous prend, évidemment, un cursus scolaire qui est livré, bien enseigné, à toutes nos valeurs québécoises qui doivent être enseignées et... Donc, c'est comme ce que Marc dit. Alors, quand ce sera le temps d'analyser spécifiquement ce cas-là, on aura plus de détails. Il y a peut-être de l'information qui manque, on ne le sait pas. Ça fait que je pense que ça, ça va être approprié de prendre une décision quand on aura toute l'information. Pour le moment, ce qu'on a, c'est juste le rapport.

Journaliste : Sur Meta, qui a de nouveau laissé en plan, là, la commission sur le temps d'écran chez les jeunes, pensez-vous qu'il faut les forcer à venir?

M. Tanguay : C'est un des outils parlementaires dont dispose la commission. Je vais les laisser... Je ne vais pas m'immiscer dans leurs travaux. Je vais les laisser se poser cette question-là et voir pour la suite des choses. Moi, je le déplore, ça aurait été le fun, ça aurait été plus que le fun, ça aurait été tout à fait pertinent, important et central au débat qu'il le soit. Je vais laisser la commission décider de la suite des choses.

Et pour la mise à jour économique, j'avais une bonne ligne, je vais essayer de la passer. Dans le fond, là, on est à la veille d'un processus, c'est comme si on était spectateur de l'émission The price is right. Et là l'animateur nous dit : Le prochain participant est le ministre des Finances du Québec Eric Girard. On va voir si the price is right, ouf, tout le monde, dans notre salon, on va dire : Ouf! pour moi, il ne sera pas sur l'objectif. Alors, il faut faire en sorte que ça doit davantage sérieux ce qui se passe avec les finances publiques. Puis François Legault, Eric Girard, qu'ils arrêtent de jouer à The price is right, parce qu'ils ne sont pas bons.

Le Modérateur : En anglais.

Journaliste : You're calling... credibility into question, do you believe that he should step away from his role as Finance Minister?

M. Beauchemin : That's not my call to make, it's the Government's call to make, honestly, but he's been missing the mark for the last two years, as I've seen it and before that, even more. So, you know, what I was giving as an example, if you are playing dart, he's not even on bullseye. He's actually aiming it in the other room, it's so far from the reality. Back in March of 2023, they were predicting that, 2024-2025, this year's budget was going to be $3 billion deficit. In November of last year, la «mise à jour» of last year, at this time of year, they said that it was going to be now $4 billion. Six weeks later, they knew it was going to be $11 billion. So, it's a huge credibility issue. You can't get confidence in people by not predicting, you know, accurately these numbers, and it's not that complicated, so.

Journaliste : And on Northvolt, you know, if the project in Québec does fall through, what does that say about Québec's spending decisions?

M. Beauchemin : It's going to be added to the list of terrible mistakes that this government has done with our cash. There are fiduciary of every tax dollar money. And to actually gamble with a startup as opposed to taking a blue-chip battery manufacturer as a terrible decision to make. Ontario has gone with Volkswagen. Ontario has gone with blue chip and the Québec Government has gone with startup. Bad call, it's terrible. You know, when you're fiduciary of Québec's dollars, your role is to make sure you do it properly, long term investments. You have the responsibility of making sure you're going to use that money wisely.

Journaliste : En français, peut-être, là-dessus, M. Beauchemin, sur Northvolt, qu'est-ce qui va se passer avec Northvolt? Est-ce que, finalement, on devrait tirer la plug avant que ce soit...

M. Beauchemin : Écoutez, là, j'entends que ça va être potentiellement une mise en faillite qui s'en vient et de façon imminente. Donc, il y a un processus de restructuration qui se fait à ce moment-là. Les paies des banquiers seniors vont se faire rembourser en premier. En passant, nous, on est en bas de l'échelle alimentaire, là, dans la structure de capital. On ne va pas se faire rembourser. On va le perdre, cet argent-là. La question que j'ai posée au ministre...

Journaliste : Transparence.

M. Beauchemin : ...on a besoin de transparence. La question que j'ai demandée au ministre de l'Économie, à plusieurs reprises : Que vaut le fameux 300 millions de dollars qu'on a mis en dette convertible? C'est clair que ça ne vaut plus une cenne en ce moment. Mais ils ne sont pas capables de dire : On va avoir une réponse claire, en fait, quand la Caisse de dépôt va faire sa présentation des... résultats, parce que la caisse a investi dans le même véhicule. Ça fait que j'assume que le gouvernement veut être capable d'être transparent, au minimum, rendu au même moment, là.

Journaliste : Mais, rendu là... 

M. Beauchemin : Moi, ce que je souhaite, là, O.K., c'est que la filière batterie fonctionne. Est-ce que Northvolt a été le meilleur joueur? À date, clairement, on a de la difficulté financière à voir la suite des choses avec eux. Mais moi, je pense que, ce qu'il faut qu'on fasse ici, c'est être des meilleurs gestionnaires possible de l'argent des Québécois. La décision initiale d'aller de l'avant avec un start up versus y aller avec un joueur senior, comme LG aurait pu l'être, je m'excuse, mais ça, ça a vraiment été une erreur marginale... pas marginale, mais significative de la part du gouvernement, l'inverse de marginal de la part du gouvernement.

M. Tanguay : Monumentale.

M. Beauchemin : Monumentale, merci.

Journaliste : Merci.

M. Tanguay : Merci beaucoup. Merci à vous.

M. Beauchemin : Merci à vous.

(Fin à 8 h 36)

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