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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition pour la famille et en matière de CPE

Version préliminaire

Cette transcription est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs.

Le mercredi 20 novembre 2024, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement


 

11 h 34 (version non révisée)

(Onze heures trente-cinq minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour à tous et bienvenu à ce point de presse du Parti Québécois en lien avec le dépôt d'une pétition en appui aux travailleurs et travailleuses en CPE. Prendrons la parole lors de ce point de presse le député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti québécois en matière de famille et CPE, Joël Arseneau, suivi de Mme Lucie Longchamps, vice-présidente et responsable des secteurs parapublic et privé de la Fédération de la santé et des services sociaux CSN, Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE de la Fédération de la santé et des services sociaux CSN, Marylin Dion, directrice générale de Ma place au travail, et Mariève Gaudet Péloquin, administratrice de Valorisons ma profession.

M. Arseneau : Alors, bonjour, tout le monde. Vous savez, on dit souvent que ça prend tout un village pour élever un enfant, j'ai l'impression que tout le village est rassemblé ici autour de moi, et ils sont là pour, justement, soutenir l'éducation à la petite enfance pour nos enfants. Et ce que ça prend aussi, au-delà de tout un village, ça prend des services de garde éducatifs de qualité pour s'assurer que tous les enfants aient accès à l'égalité des chances, essentiellement pour développer leur plein potentiel dans la vie adulte. Et c'est le socle, essentiellement, du système éducatif dont on parle aujourd'hui lorsqu'on parle de l'éducation à la petite enfance. Et c'est la bonne journée pour le faire, c'est la Journée mondiale de l'enfance, et c'est aussi la grande semaine des tout-petits. Ce n'est pas un hasard, évidemment, si on a déposé tout à l'heure, à l'Assemblée nationale, une pétition. Une pétition qui a été signée par près de 20 000 Québécoises et Québécois qui ont à cœur le système d'éducation à la petite enfance et les CPE, le réseau qu'on a mis en place en 1997 et qui, aujourd'hui, il faut le dire, bat de l'aile, bat de l'aile parce qu'on voit qu'il y a une qualité qui se dégrade dans le réseau. La Vérificatrice générale en a fait état en mai dernier. On a également des enjeux concernant le développement du secteur privé, les garderies privées, les garderies privées subventionnées qui viennent établir un système à trois vitesses, alors que ce qu'on voulait, c'était un réseau le plus intégré et de qualité équivalente partout à travers le Québec, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Et surtout, surtout, ce qu'on souhaite, c'est que les enfants soient accompagnés, soient guidés, soient éduqués par des éducatrices qui ont des conditions de travail et des conditions salariales qui sont à la hauteur de la tâche extrêmement importante et cruciale qu'on leur confie. Malheureusement, on est en retard à cet égard, le salaire et les conditions qui sont offertes aux éducatrices sont telles qu'elles quittent le navire à bout de forces. On a vu que, dans les trois dernières années, il y a 10 000 éducatrices qui ont quitté, 4 000 dans la dernière année. Et la ministre, tout à l'heure, en période de questions, nous disait : Oui, mais il y a aussi des gens qu'on arrive à recruter. La question est de savoir si celles qu'on recrute ont la formation et les qualifications pour remplacer celles qui ont quitté. Et est-ce qu'on en recrute suffisamment? Invariablement, non. Est-ce que les conditions de travail sont attractives? Absolument pas. Est-ce que le réseau de l'éducation, les centres de services scolaires font compétition aux services de garde à la petite enfance en attirant une partie des éducatrices qui cherchent essentiellement à améliorer leur sort sur le plan des conditions de travail sur le plan salarial? Tout ça fait partie de l'équation.

Je termine en disant que le gouvernement a une occasion rêvée de signifier qu'il tient vraiment au réseau. Il est en négociation avec les parties prenantes, évidemment la FSSS de la CSN, mais également des autres accréditations syndicales. En fait, c'est cet automne qu'on doit, une fois pour toutes, signifier à l'ensemble du Québec qu'on tient à notre réseau, qu'on tient à ces éducatrices puis qu'on les valorise non seulement à travers les mots, mais à travers les gestes et à travers les ressources qu'on leur donne pour effectuer leur travail, devenir plus attractif comme employeur, mais aussi retenir ces gens qui ont le cœur à la bonne place, le cœur à l'ouvrage, et qui, évidemment, tiennent le réseau à bout de bras. Là-dessus, Mme Longchamps.

Mme Longchamps (Lucie) : Oui. Merci, M. Arseneau. En tout premier, je veux remercier des partenaires qui se sont joints à nous aujourd'hui pour ce moment, soit Ma place au travail et Valorisons ma profession. Merci beaucoup d'être présent aujourd'hui avec nous...


 
 

11 h 39 (version non révisée)

Mme Longchamps (Lucie) : Comme vous l'avez entendu, nous sommes ici aujourd'hui pour souligner le vaste appui de la population envers toutes les travailleuses du réseau des CPE. Elles sont maintenant en négociation avec le gouvernement de la Coalition avenir Québec et elles tiennent à obtenir des conditions de travail décentes. Vous l'avez entendu, c'est près de 20 000 personnes qui ont apposé leur signature. Pour nous, c'est un chiffre très significatif. L'action d'aujourd'hui coïncide avec la Journée mondiale de l'enfance. On est accompagnées, entre autres, de deux enfants, Xavier et Léa Maud. Ça souligne l'importance que tous les tout-petits reçoivent le soutien nécessaire pour s'épanouir. Pour y arriver, chacun d'entre eux doit bénéficier d'une place dans un service éducatif de qualité, comme le modèle des CPE.

Ce joyau du Québec, cette référence en matière d'éducation à la petite enfance, continue de dépérir sous le gouvernement de la Coalition avenir Québec. Le Québec se fait faire même la leçon par d'autres provinces comme l'Île-du-Prince-Édouard qui a compris qu'il faut investir dans des services éducatifs publics de qualité. Nous sommes devant un gouvernement qui manque de vision. Il a promis des places aux familles du Québec, une place pour chaque enfant. Mais il néglige le fait que de créer des places de qualité, ça prend des travailleuses qualifiées.

Plutôt que d'offrir des conditions décentes aux travailleuses en CPE, ce gouvernement se dépêche à la va-vite de créer des places en recrutant du personnel non qualifié. Elles quittent le réseau après quelques mois parce qu'elles ne possèdent pas les outils nécessaires pour faire face aux défis de cette profession. Parce que c'est une profession, travailler en CPE, c'est être capable de faire face, à tous les jours, à de nombreux défis.

Dans sa course aux places, le gouvernement privilégie aussi les garderies privées, en dépit des problèmes de qualité de ce modèle d'affaires, problèmes qui ont longuement été documentés, entre autres, par la Vérificatrice générale du Québec. La recherche de profits est incompatible avec l'éducation des tout-petits. Il faut se le dire, c'est incompatible.

Nous demandons donc au gouvernement de la CAQ d'offrir, une fois pour toutes, des conditions valorisantes aux travailleuses en CPE afin de respecter sa promesse faite aux familles du Québec, une place pour chaque enfant, de compléter le réseau des services éducatifs à l'enfance avec des éducatrices formées qui resteront dans le réseau. Merci.

Mme Vachon (Stéphanie) : Bonjour. On est aujourd'hui pour représenter 12 500 travailleurs et travailleuses de toutes les appellations d'emploi qui oeuvrent dans les CPE, qui les tiennent à bout de bras, qui offrent un service de qualité. On est ici pour témoigner de leur réalité. Au cours des dernières années, les travailleurs et les travailleuses se sont vus pelleter dans leur cour une multitude de tâches de plus en plus lourdes. Leurs compétences sont malheureusement dévalorisées. Elles sont épuisées par la surcharge de travail et voient leurs conditions d'emploi se détériorer d'année en année. D'ailleurs, elles songent de plus en plus à délaisser la profession. Plusieurs d'entre elles quittent pour le secteur public, notamment le réseau scolaire, à qui le gouvernement de la CAQ a consenti de bien meilleures conditions. Il est temps de rétablir l'équité entre nos deux secteurs.

À l'heure actuelle, ce gouvernement nous offre des augmentations salariales largement inférieures, et pour y avoir droit, il nous demande d'importants reculs dans nos conditions de travail, dans nos conditions actuelles d'emploi. Est-ce qu'il faut comprendre que les travailleuses en CPE sont moins importantes? Est-ce qu'il faut comprendre qu'on vaut moins?

Ce gouvernement envoie un très mauvais message, particulièrement présentement en période de pénurie de personnel vraiment, vraiment grave. Les travailleuses ne demandent pas la lune. Elles réclament une rémunération comparable à celle qui est offerte actuellement dans le secteur public. Elles proposent aussi des solutions qui permettraient vraiment d'améliorer les services aux enfants. Ça leur tient à cœur, énormément.

La CAQ a promis d'offrir une place à tous les enfants du Québec d'ici mars 2025. Mais ça prend des places de qualité. Encore le rapport de l'Observatoire des tout-petits nommait à quel point la qualité est vraiment nécessaire pour offrir des places. Ça, c'est non négociable. La CAQ devrait faire des pieds et des mains pour convaincre les travailleuses expérimentées de rester dans le réseau et de pouvoir en attirer de nouvelles. Mais présentement...


 
 

11 h 44 (version non révisée)

Mme Vachon (Stéphanie) : ...les solutions sont claires, ça prend une bonification substantielle des conditions de travail, ça prend une bonification substantielle des conditions de travail, ça prend une charge de travail moins lourde et ça prend plus de services aux enfants. Nous demandons donc au gouvernement de la CAQ d'offrir des conditions avantageuses pour tout le personnel de toutes les appellations d'emploi qui oeuvrent dans les CPE, et ainsi honorer sa promesse faite aux familles du Québec de compléter le réseau des services éducatifs à l'enfance dans les CPE.

Mme Dion (Marylin) : Merci. Ma place au travail représente des parents qui attendent une place en services de garde éducatifs à l'enfance et ceux qui ont finalement réussi à en obtenir une. Pour les premiers, rappelons que l'attente, ça correspond à des mois d'attente et de stress et de conséquence professionnelle. Rappelons aussi que le gouvernement, comme on le disait tout à l'heure, a promis d'offrir une place à chaque tout-petit au sein du réseau des services de garde, une place de qualité, espérons-le, c'est essentiel. Mais, avec plus de 34 000 enfants qui sont encore en attente, ces familles-là, bien, elles attendent toujours. La question pourrait se poser : Comment, donc, faire pour, enfin, compléter ce réseau et assurer la qualité dans chaque place? Il existe quelques solutions, mais il y en a une qui se démarque clairement, on en a parlé tout à l'heure.

Depuis tout à l'heure, tous les intervenants disent la même chose : Ça prend des éducatrices qui sont qualifiées, qui sont valorisées, et ça en prend beaucoup. Le problème, c'est qu'on est vraiment loin de la valorisation présentement. Les conditions de travail et le salaire d'une éducatrice sont tout simplement indignes du rôle essentiel qu'elle occupe tous les jours auprès de nos tout-petits. Soyons clairs, on ne viendra jamais à bout d'offrir une place de qualité à tous les enfants si le gouvernement ne rectifie pas le tir en donnant un sérieux coup de barre dans la valorisation de la profession.

Rappelons-nous les objectifs initiaux de la création du réseau des centres de la petite enfance. En plus de l'égalité des chances pour nos enfants, ce dernier avait, notamment, pour objectif, de permettre aux femmes, aux mères de retourner sur le marché du travail, de reprendre leurs études. Mais n'est-ce pas problématique de créer un réseau pour permettre aux femmes de retrouver... de retourner travailler alors que ce sont des femmes, en grande majorité, qui s'appauvrissent en prenant soin de nos petits? Poser la question, c'est y répondre.

Cette semaine, c'est la grande semaine des tout-petits. C'est l'occasion de se rappeler qu'il faut mettre la petite enfance en priorité dans nos politiques publiques. Mais, pour prendre soin de nos tout-petits, il faut aussi s'occuper des personnes qui prennent soin de ces tout-petits-là et s'assurer qu'elles soient bien, qu'elles aient les conditions, qu'elle aient les outils pour s'occuper adéquatement de nos enfants. Il est primordial de prendre soin de celles et de ceux qui prennent soin. Merci.

Mme Péloquin (Mariève) : Je suis Mariève Péloquin, instigatrice du mouvement... co-instigatrice du mouvement Valorisons ma profession. Je suis accompagnée avec mes collègues Elizabeth O'Farrell et Audrey Proulx. Quel honneur d'être ici aujourd'hui pour célébrer la Journée mondiale de l'enfant. Dans des moments comme celui-ci, il est important de se rappeler que les tout-petits aussi ont des droits, de se rappeler que le développement du cerveau, pendant la petite enfance, ne dépend pas uniquement de la génétique. Les constructions, les premières expériences de vie jouent un rôle fondamental dans sa construction. À l'image d'un bâtiment, des bases solides sont indispensables pour ériger des structures complexes. Pensons à l'image d'une fondation d'une maison. Une base solide est indispensable pour soutenir le développement futur du cerveau. Les interactions de qualité, que les enfants vivent dès leurs premières années, agissent comme des briques qui renforcent leur cerveau et favorisent leur apprentissage, leur comportement ainsi que leur bien-être physique et mental tout au long de leur vie.

Construire leur cerveau des personnes éducatrices bien formées... Pour construire leur cerveau, pardon, ça prend des personnes éducatrices bien formées, bien régulées et soutenues pour poser les fondations, relier les éléments et les accompagner dans leur développement. Plus les fondations sont fragiles, plus il est difficile et coûteux de les réparer par la suite. Investir tôt dans la petite enfance, c'est donc s'assurer que chaque enfant ait des meilleures conditions pour réussir dans la vie. Hier, le journaliste...


 
 

11 h 49 (version non révisée)

Mme Péloquin (Mariève) : ...Thomas Gerbet a relevé que, depuis 2021, 10 000 éducatrices, éducateurs de la petite enfance ont quitté le réseau de la petite enfance. C'est extrêmement préoccupant. Chaque départ est un bris de relation et la littérature scientifique mentionne l'importance du lien d'attachement pour les enfants, et particulièrement, c'est plus vrai chez les tout petits. Le roulement de personnel a des conséquences directes sur la qualité éducative. L'équipe de recherche Qualité des contextes éducatifs de la petite enfance rappelle que cette qualité est essentielle pour le développement des enfants. Il est donc important de s'assurer que ces professionnels bénéficient des conditions nécessaires à leur bien-être afin qu'elles puissent à leur tour offrir un environnement de qualité aux enfants. Comme l'a souligné Rima Elkouri dans La Presse en fin de semaine, au lieu de se dire que ça coûte trop cher d'investir dans la petite enfance, il faut penser à tout ce que ça coûte de ne pas le faire. Merci.

Le Modérateur : On va pouvoir passer à la période de questions. S'il n'y a pas de questions en français, on va y aller tout de suite en anglais.

Journaliste : Mr. Arseneau, I just... I would love it if you would just reiterate the petition itself and why it was important to deposit it today.

M. Arseneau : Well, today is the International Day for Children, and it's also «la grande semaine des tout-petits» so it's the week to signify to the government that something has to be done to save the network, the CPE network that was put together in 1997. And in order to achieve the quality and complete the network that we put forward, we absolutely need to enhance or improve the working and salary conditions of the personnel. We have seen people flee the network over the past three years. I mean, the numbers are astonishing, 10 000 people fled. In the past year, it's 4 000. And it's also, you know, as someone mentioned it, it's the quality of the educators that will also be affected, because we know that some people are hired, but they don't necessarily have the same level of qualification. So, today, what we're doing is actually, you know, presenting a petition. Close to 20 000 people supported the petition, that's quite exceptional. And that is certainly a strong signal sent to the government that now is the time to save the network, to invest into the network, but moreover, to invest into the quality of education right from the get-go, right from the pre scholar system in order, as the theme of the week says, in order to give everyone, every child in Québec the same quality of service and the same chance to, you know, be a person who will achieve its dreams in the future.

Journaliste : And I understand what the government's offering right now is around just under 13 %, I believe. Is anyone comfortable in English at all?

Une voix : 12% actually.

Journaliste : 12 %.

Une voix : 12,7 %.

Journaliste : 12,7 %. So that's far too low. What would you hope for instead?

M. Arseneau : Well, I don't want to speak for people negotiating at the table or for the unions, but one sure thing, what the goal is and what we see right now is that there is a very large discrepancy in the salary conditions that are offered to educators as opposed to people working in the education system or in the public system in general. So, it shows that the government doesn't value the work of educators as much as the work of other civil servants. And that's what has to be corrected. So, basically, that's what the petition says too. If we want to have quality services and quality educators, we've got to pay them well and we've got to pay them what we pay other civil servants or other educators...


 
 

11 h 54 (version non révisée)

M. Arseneau : ...teachers and professors in higher levels because this is the basis, this is what we start from, and they've got to be recognized as essential in the continuum of education or educative services.

So, basically, you know, without, you know, getting into the salary per hour, we know that PEI has already, you know, shown us...

Journaliste : PEI...

M. Arseneau : ...the province, yes, Prince Edward Island, is, you know, raising salaries, because it seems like they have finally understood what needs to be done. And, to me, it's a signal that Québec is backwards towards you know, improving the system, and keeping the lead also. We created a new system. All the jurisdictions of North America and elsewhere envied our network. But, right now, we see the quality dwindling, and one of the reasons is that we can't keep educators within the ranks, and we don't pay them well enough.

Journaliste : Is anybody comfortable speaking in French, just what about you hear from people when they leave the profession, why they are leaving...

M. Arseneau : In French or in English?

Journaliste : En anglais, si possible, mais sinon, en français, c'est bon aussi.

M. Arseneau : Pourquoi les gens quittent...

Journaliste : Les raisons qu'ils disent pourquoi ils quittent. J'ai lui que, des fois, il y a les salaires... qui sont...

Une voix : Oui. Mais, en fait, moi, je suis avec Valorisons ma profession, mais j'ai quitté. Je ne suis plus dans le réseau, mais je continue de me mobiliser parce que je sais que c'est important. Entre autres, bien, c'est certain que le salaire, c'est un gros enjeu, parce que le salaire, il va aller déterminer ensuite notre rythme de vie, comment on va pouvoir, nous... tu sais, ça va être déterminant pour pouvoir juste payer notre loyer, notre épicerie. Donc, si on a de la difficulté à subvenir à nos besoins de base puis aux besoins de base de notre famille, c'est sûr que ça serait comme un premier gros pas en avant. Mais ce n'est pas la seule raison. De mon côté, puis je sais qu'il y a beaucoup de gens qui sont, dans le fond, dans la même situation, là, c'était un épuisement, un épuisement qui s'est... Tu sais, j'ai beaucoup essayé d'avoir de l'aide, d'avoir des ressources, mais c'était toujours... ce n'était pas possible. Beaucoup d'acharnement aussi, les conditions sont rendues vraiment difficiles. On nous a ajouté, tu sais, petit peu par petit peu, on nous a ajouté des tâches, ce qui fait que chaque tâche qu'on nous ajoute, bien, c'est du temps de qualité qu'on a de moins avec les enfants. Puis là ça devient difficile d'équilibrer, nous, on le sait comment c'est important, le temps de qualité avec eux, les interactions que les personnes éducatrices vont avoir avec les enfants. Mais, en même temps, on le sait aussi qu'on a toute notre liste de tâches à faire, donc, on devient stressé, puis ça devient difficile.

On le sait qu'en faisant... tu sais, en étant stressé avec nos tâches, on sait qu'on brime la qualité, mais on sait aussi qu'on n'a pas le choix. Donc, ça devient un peu... C'est un gros conflit intérieur, puis ça devient de plus en plus difficile aussi sur le lien d'attachement des enfants qui deviennent... Bien, plus, nous, nos ressources sont limitées, bien, plus eux, ils ont besoin de se faire entendre pour obtenir des ressources de nous. Donc, ça devient une situation un peu chaotique, ça s'envenime. Donc, l'épuisement, là, et je n'ai pas la statistique, mais on entend beaucoup, beaucoup d'épuisement sur le terrain. Même moi, j'ai quitté il y a trois ans, et là de ce que j'entends, les échos du terrain, ça s'est dégradé encore plus que quand, moi, j'ai quitté.

Journaliste : Pour toi, personnellement, je sais que tu as fait ton éducation complètement pour être une éducatrice. Est-ce que c'était une décision difficile de changer de profession comme ça?

Une voix : Bien oui, oui, oui. Bien, ça a été un gros deuil, là. J'ai eu vraiment de la difficulté quand j'ai quitté. Bien, au départ, j'ai quitté en arrêt de travail. J'ai trouvé ça difficile, parce que c'était... j'avais un groupe d'enfants de quatre ans. Je les aimais beaucoup, je les avais énormément accompagnés. C'était un groupe qui avait des besoins, des grands besoins, mais je les adorais. Pour moi, j'avais vraiment un beau lien avec eux, même si mes journées étaient terriblement difficiles, là, on va se le dire. Au moment... Dans le fond, j'ai eu mon arrêt de travail. Ensuite, bien, j'ai été trois mois environ en arrêt de travail, mais mes prestations d'assurance-emploi ont été... m'ont été coupées. Dans le fond, j'avais discuté avec une personne, là, par rapport aux assurances...


 
 

11 h 59 (version non révisée)

Une voix : ...elle dit : Je ne me souviens pas c'était laquelle; et mes assurances ont été coupées. On m'a retournée au travail, là, malgré que mon médecin avait mon papier d'arrêt de travail, puis moi, j'avais mentionné à la personne au téléphone que c'était... j'allais mieux parce que maintenant j'étais capable de me lever de mon lit pour aller faire une brassée de lavage dans ma journée. Puis on m'a retournée au travail. Donc, c'est là que j'ai démissionné, mais j'avais tellement, tellement de peine parce que moi je voulais... je voulais poursuivre, mais je ne me sentais pas capable, là. Je veux dire, me lever pour faire une brassée de lavage, c'était mon accomplissement de la journée, mais on me demande... Moi, je le sais tout ce que ça implique d'aller s'occuper toute la journée d'un enfant... de 10 enfants de quatre ans qui ont des grands besoins, donc je trouvais que ça ne faisait pas de sens que moi, avec mon épuisement, je sois avec eux, et donc c'est... C'est la raison, là, pourquoi j'ai démissionné puis je ne suis pas retournée parce que mon... l'impact de la dépression s'est poursuivi, là, longtemps après.

Journaliste : Merci pour partager.

Une voix : Merci beaucoup.

M. Arseneau : Just to sum it up in English a bit, it's a very touching testimony because people... educators want to do a good job, they want to perform, they want this relationship with the kids to go on. But, when they can't deliver, they get exhausted  and they don't have support, the support that they need. That's another question. But what I want to say, is those people who are holding the network, you know, together, some... some of them fall, but some of them continue and some of them have to take a second job to make sure that they can make ends meet. They so want the system to work that they will do anything, and that's what the government does not recognize, and I think that's what we've got to work on. These people takes care of our kids the same with the parents would, and that has to resonate somewhere in the working... or the salary and the working conditions that we offer them. That's basically, I think, what the point we want to make today. Thank you very much.

Le Modérateur : Merci beaucoup. C'est ce qui conclut le point presse.

(Fin à 12 h 02 )


 
 

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