(Huit heures cinquante minutes)
Mme Cadet : Bonjour,
tout le monde. Aujourd'hui, André et moi, donc, on est devant vous, là, pour
vous parler, donc, de la tournée qu'on a effectuée, donc, la semaine passée,
vendredi dernier dans la vallée du... la vallée du Gatineau à Maniwaki pour rencontrer
la cellule de crise forestière ainsi que les acteurs de la MRC, André, à titre
de porte-parole en matière de forêt, moi, à titre de porte-parole en matière d'emploi.
De mon côté, en matière d'emploi, ce qu'on a entendu, c'est qu'évidemment, donc,
avec l'annonce de la fermeture imminente de l'usine, donc, de Produits
forestiers Résolu, de la scierie de Produits forestiers Résolu, ça donne, donc,
ça fait en sorte que la région est dans une période de grande incertitude. Et
ce qu'on nous explique, c'est que Services Québec n'est pas au rendez-vous.
La préfète de la MRC, donc, en appui avec
l'ensemble, donc, des maires, des 18 maires, donc, de la région nous
disent, donc, de front commun, qu'il faut absolument que Services Québec
puisse, donc, d'abord, donc... donc ne pas, donc, avoir, donc, les coupures qui
ont été annoncées, mais aussi de mettre en œuvre, donc, une stratégie main-d'oeuvre
et ruralité.
La MRC, donc, a rencontré la ministre de l'Emploi,
Kateri Champagne Jourdain, qui a refusé de mettre en œuvre, donc, cette
recommandation. Donc, nous la sommons, donc, d'y faire suite parce qu'évidemment,
donc, ils vont la redéposer et surtout aller de l'avant avec les autres MRC les
plus dévitalisées du Québec.
André.
M. Fortin :Oui. Si seulement il y avait juste une ministre qui
refusait les recommandations de la cellule de crise forestière de La
Vallée-de-la-Gatineau, là, mais il y en a deux. La ministre de la Forêt et des
Ressources naturelles a refusé leur demande, leur demande pour que les
entrepreneurs forestiers puissent aller en forêt, puissent effectuer des coupes
forestières de façon exceptionnelle afin de maintenir en vie leur entreprise d'ici,
d'ici les prochains mois.
Ce qui est en train de se produire, là, c'est
qu'une après l'autre les entrepreneurs forestiers, un après l'autre, les
entrepreneurs forestiers sont en train de remettre leurs clés à la banque, sont
en train de déménager vers d'autres régions. Et quand ces entrepreneurs-là
quittent une région forestière, c'est extrêmement difficile de relancer cette
industrie-là. Alors, on demande à la ministre de la Forêt d'agir de façon
exceptionnelle pour s'assurer que cette industrie-là ne tombe pas dans La
Vallée-de-la-Gatineau qui a été construite sur l'industrie forestière.
Je veux prendre quelques instants
rapidement pour vous parler de santé. Réitérer la demande qu'on a faite hier au
ministre de la Santé, à Santé Québec, de trouver une façon pour que les 1 400 employés
du réseau de la santé qui occupent deux emplois puissent continuer de le faire,
puissent continuer d'offrir des services à la population, là. On nous a vanté,
lors de la création de Santé Québec, à quel point ce serait un employeur de
choix, à quel point ça permettrait de la flexibilité pour tous ces employés-là
du réseau d'offrir davantage de services.
Puis la première chose qu'on apprend, c'est
qu'il y a des gens qui vont devoir quitter un emploi qu'ils aiment dans le
réseau de la santé. Alors, on leur demande de trouver une façon de s'y prendre
pour que ces gens-là puissent continuer à offrir des services aux Québécois,
aux Québécoises.
Journaliste : Est-ce que la
balloune est en train de se dégonfler, là, concernant Santé Québec, la santé?
Aujourd'hui, on est obligé de prendre des mesures, là, pour forcer les
optométristes à donner les services. Il y a une guerre larvée avec la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
M. Fortin :Oui. Bien, d'abord sur la question des optométristes, on a
eu la discussion il y a quelques semaines, quand les optométristes ont parlé de
moyens de pression, c'est-à-dire de cesser d'offrir des services, des services
remboursés par l'État. Et à ce moment-là on vous a dit qu'il était temps que
les deux partis s'assoient, négocient de bonne foi, agissent en adultes pour le
bien de la population. Ça fait quatre ans que les optométristes n'ont pas de...
que leur convention, elle est échue. Donc, le gouvernement avait tout le temps
nécessaire pour faire avancer les négociations, et ça n'a pas eu lieu.
Alors, aujourd'hui, on se retrouve avec,
disons, une mesure, une mesure nécessaire pour préserver des services à la
population, mais qui aurait pu être évitée si le gouvernement avait négocié de
bonne foi avec les optométristes au cours des dernières années.
Journaliste : Pour M. Bouazzi,
c'était trop hier?
M. Fortin :Je vous dirais que... Je vous dirais deux choses sur l'enjeu
de M. Bouazzi. D'abord, là, moi, j'ai été le leader parlementaire, là.
Nous, on a choisi de faire une motion sur cet enjeu-là, une motion qu'on a
voulue... à travers laquelle on a voulu rallier toutes les... tous les partis
politiques. Et même Québec solidaire s'est rallié à notre motion, alors. Mais
on le fait quand... Quand on est leader parlementaire, là, on le fait de façon
indépendante, là, on n'appelle pas les autres partis pour savoir de quoi ils
vont parler cette journée-là, c'est quoi, leurs priorités. Moi, je constate que
les quatre partis, incluant Québec solidaire, ont voulu parler de cet enjeu-là.
Et c'est un peu normal parce que, les
propos de M. Bouazzi, ils étaient... ils étaient forts, ils étaient sans
précédent, et je pense qu'ils ont... ils ont venus... ils sont venus miner,
disons, la crédibilité de l'institution et de plusieurs de ses membres. Alors,
je pense que c'était nécessaire d'avoir... d'avoir les débats qu'on a eus hier
et les échanges qu'on a eus hier.
Une voix : ...
M. Fortin :Bien, on avait... on avait demandé des excuses en bonne et
due forme à M. Bouazzi. Ce qu'on a eu de sa part, c'est, disons, un discours du
bout des lèvres où il s'excuse pour sa maladresse. Nous, on aurait voulu
qu'il... qu'il travaille sur le fond de son... de son propos, qu'il trouve une
meilleure façon de dire ce qu'il a peut être voulu exprimer, mais ce n'est pas ce
qu'on a eu du tout, là. Étant donné la teneur des propos de M. Bouazzi, il
aurait été de mise qu'il s'exprime clairement, sans équivoque, qu'il offre ses
excuses à l'Assemblée nationale du Québec, à ses députés, à tous ceux qu'il a
ciblés personnellement. Et moi, je l'ai dit hier à certains d'entre vous, mais
je vais le redire, là, moi, j'ai travaillé de façon très près, au fil des ans,
avec Lionel Carmant, avec Christian Dubé. Ce sont des députés et des ministres,
là, qui sont ici sans aucune malice et très certainement qu'ils sont très loin d'êtres qui expriment une quelconque forme de
racisme dans leurs propos.
Journaliste : ...réseaux
américains trouvaient que c'étaient des excuses, là.
M. Fortin :Bien, quand on tient des propos publiquement qui vont aussi
loin que ceux que M. Bouazzi a tenus à... a tenus au cours des dernières
semaines, la moindre des choses, c'est de publiquement venir au micro et
corriger le tir. Des micros comme ceux-là, là, il y en a partout dans cette
Assemblée-là. Vous en avez tous entre les mains. Alors, il ne manquait pas
d'opportunités de s'exprimer à l'Assemblée nationale de façon claire devant une
caméra, au micro et dire qu'il s'excusait pour ses propos. Il a choisi de ne pas
le faire, et Québec solidaire est d'accord avec sa façon de réagir.
Des voix : ...
Journaliste : ...soutient que
tous les partis à son égard sont tannés, écoeurés du wokisme de Québec
solidaire qui joue à la victime depuis 10 ans.
M. Fortin :...
Journaliste : ...ce spot-là,
c'est ça que ça présentait, là, puis il parlait au nom de tous les autres
partis.
M. Fortin :Oui. Moi, je ne veux pas extrapoler quoi que ce soit, là,
par rapport aux motions qui ont été... qui ont été adoptées hier, de façon
unanime, là, d'ailleurs. Donc, les les mots qui étaient indiqués dans ces
motions-là et les propos qui ont été tenus par notre porte-parole, Jennifer
Maccarone, lors de... lors du débat, ce sont les nôtres. Alors, n'essayez pas
de lire autre chose que... que ce qu'il y avait dans la motion. Nous, on pense
très clairement que M. Bouazzi est allé trop loin, qu'il a insulté des membres
de cette... de cette Assemblée-là, qu'il a insulté l'institution elle-même, et
ça aurait mérité des excuses publiques au micro ici, à l'Assemblée et des
excuses sans équivoque sur le fond de son propos et non pas sur sa maladresse.
Journaliste : M. St-Pierre
Plamondon vous met des mots dans la bouche, là. C'est ce qu'il a dit, il dit
que c'est ce vous... et les partis soutiennent qu'ils sont tannés du wokisme de
Québec solidaire qui crée de la polarisation, que les gens sont tannés à
l'Assemblée nationale de ce parti-là. Est-ce qu'il va trop loin, M. St-Pierre
Plamondon?
M. Fortin :Et à savoir si les gens sont tannés de ce parti-là, ça,
c'est aux électeurs à décider, là. Moi, est-ce que j'aimerais avoir
125 députés du Parti libéral ici? Bien sûr, c'est pour ça qu'on présente
des candidats dans toutes les circonscriptions. Mais de là à dire que... de là
extrapoler quoi que ce soit sur la motion, ça, c'est les propos de M. St-Pierre
Plamondon et ce n'est pas les nôtres.
Journaliste : Le Parti
libéral est-il pour ou contre le wokisme?
M. Fortin :Honnêtement, c'est très, très, très large comme question,
là, puis ce matin, ce matin, je n'ai pas fait une analyse détaillée
d'exactement ce que veut dire le wokisme, mais je suis sûr que vous en avez
tous une définition qui diffère d'une personne à l'autre. Alors honnêtement, je
pense que c'est normal que dans une Assemblée, on a des gens qui aient
différents points de vue. On ne partage pas plusieurs des points de vue de
Québec solidaire, que ce soit sur des politiques publiques, que ce soit sur la
façon de faire, et on ne partage pas très clairement les propos de M. Bouazzi.
Journaliste : ...cherchent à
semer la peur?
M. Fortin :Pardon?
Journaliste
: Est-ce
que les fédéralistes cherchent à semer la peur?
M. Fortin :Pouvez-vous... pouvez-vous en ajouter un petit peu?
Journaliste : M. St-Pierre
Plamondon...
M. Fortin :Je m'excuse, j'étais extérieur de la porte quand...
Des voix : ...
Journaliste : ...en clôture
du Conseil national du Parti québécois...
M. Fortin :Oui.
Journaliste
: ...a
prévenu ses militants que les fédéralistes, je cite, «cherchent à semer la peur»,
c'est déjà commencé, quant au projet d'indépendance du Parti québécois, que ce
sont les agents d'un régime en place depuis 150 ans. Qu'est-ce que vous
pensez... Bon. On lui a parlé par la suite, puis il faisait référence assez
clairement à... entre autres, en tout cas, au Parti libéral du Québec.
Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Fortin :Moi, je suis un fier Québécois, je suis un fier Canadien.
Je n'ai aucune ambiguïté sur cette question-là, je n'ai pas de problème à le
dire et je vais le répéter sur toutes les tribunes. Et, s'il y a des arguments
à avoir lors d'une course référendaire éventuelle, ça va nous faire plaisir de
les faire, mais ça va être basé sur les faits et ça va être basé sur toutes les
raisons pour lesquelles on a une appartenance... une appartenance canadienne,
et sur rien d'autre.
Journaliste : À quoi il
faisait référence, vous pensez?
M. Fortin :Ça lui appartient. Moi, je vous ai dit tantôt... Je ne veux
pas extrapoler autre chose de la motion d'hier. Mais je ne veux pas extrapoler
non plus sur les propos de M. St-Pierre Plamondon. Ces propos-là, ils lui appartiennent,
là. Moi, mon appartenance canadienne, mon sentiment d'identité québécoise, ils
sont basés sur le fait que je suis ici, que je crois que ce pays-là fonctionne,
et donc que je veux y rester, là.
Journaliste : Mais qu'est-ce
qu'il essaie de faire, selon vous, en faisant ces déclarations-là et sur QS, et
sur vous?
M. Fortin :Bien, il était ici. Vous auriez pu lui poser la question,
là. Je ne veux pas lire dans les intentions de M. St-Pierre Plamondon, ça lui
appartient.
Journaliste : Parce que je
lui ai posé la question. Il soutient qu'il utilise des faits... que c'est ça,
c'est... il se sert de faits pour argumenter. Donc, c'est...
M. Fortin :Bien, qu'il arrive avec une preuve bien concrète de cela.
Moi, je n'en ai pas vu.
Journaliste
: Est-ce
que l'affaire Bouazzi a suscité beaucoup de discussions au sein de votre propre
parti? Est-ce que ça a suscité des débats? Est-ce qu'il y avait... Est-ce que
tout le monde pensait pareil, ou il y a eu des discussions autour de ça?
M. Fortin :Bien, ses... ses propos, à M. Bouazzi, là, étaient
tellement hors normes, étaient tellement à l'extérieur de ce qu'on s'attend de
la part d'un député, de la part de quelqu'un qui travaille ici au quotidien à
l'Assemblée nationale, que ce n'est pas une question sur laquelle il y a eu
quelconque division à l'intérieur du Parti libéral.
Journaliste : What do you
take away from what happened in the Red Room yesterday, you know, the Bouazzi
issue has completely dominated the conversation?
M. Fortin :Well, first of all, it has dominated the conversation, just
by the conversation we're having right now. We got up yeasterday and spoke
about healthcare, which is a major issue for a lot of Quebeckers on a daily
basis. But at the same time, Mr. Bouazzi chose to go so far on an issue that he
left no choice to parlementarians but to defend the institution itself and to
defend the honorable members who sit here. I said it in French, I'll say it
again, I've been sitting with Mr. Dubé and Mr. Carmant for years, and there's
not an ounce of racism in these people. They are here, just like we are, to
advance our Québec society, to advance the interest of Quebeckers, and I
believe they try to do it in good faith. I may disagree with the results that
they have, I may disagree with the policies they put forward, but I think they
do it in good faith, and they are not people who are... who have any malice or
who have any inclination towards racism. So, yes, it occupied a big junk of the
debate yesterday, but they were... what Mr. Bouazzi said deserved to be
corrected by this Assembly.
Journaliste : ...it was for
you to correct him, is it going far enough for him to have just made his
apology on social media...
M. Fortin :You know what? Mr. Bouazzi has made a lot of choices in
this... let's call saga, or this debate. One choice that he should have made
was to come to a microphone like this one, to stand in front of a camera, to
answer your questions and to give a fullsome and wholehearted apology. That is
not what we understood by his half-measure on social media. He still has the
opportunity to do so, and I wish he would stand here today as soon as possible
to give a fullsome apology not just on his «maladresse», but on the actual
facts that he stated.
Journaliste : Il a pris congé
aujourd'hui, pour votre réponse.
M. Fortin :Il a pris congé aujourd'hui?
Journaliste : Oui.
M. Fortin :Bien, il viendra demain, dans ce cas-là. Merci.
(Fin à 9 h 04)