(Huit heures vingt-deux minutes)
M.
Morin :Alors, bonjour, tout le monde. On est heureux d'être ici
avec vous ce matin. On a évidemment pris acte des résultats de l'élection
américaine d'hier. Je suis convaincu que vous allez avoir des questions pour
nous à ce sujet plus tard. Mais, dans un premier temps, j'aimerais vous
partager ce que j'ai vécu hier en commission parlementaire.
Parce qu'on a commencé à étudier le projet
de loi n° 74 sur les étudiants étrangers au sein des
établissements d'éducation supérieure, et ce qui a été assez fascinant pendant
toute la journée, c'est qu'au fond, avec tous les groupes, les spécialistes qui
étaient invités, les recteurs, le ministre a réussi à faire un consensus contre
lui, ce qui est quand même assez rare. Mais là tout le monde nous ont dit :
Écoutez, n'allez surtout pas là. S'il y a des problèmes, vous avez déjà des
moyens pour les régler. Alors, on a un ministre en immigration qui est dans le
champ, loin dans le champ.
Et je vais maintenant céder la parole à ma
collègue, Madwa.
Mme Cadet : Merci, André.
Bonjour à tous. Bien, comme mon collègue, donc, l'indique, donc, la réforme qui
a été présentée, donc, par le ministre de l'Immigration, manifestement, donc,
le ministre, il est dans le champ. Moi, comme porte-parole jeunesse, comme
porte-parole en matière d'emploi, les groupes aussi, donc, sonnent l'alarme,
ils nous disent que le gouvernement, manifestement, encore une fois, improvise.
On sait qu'on est toujours dans une situation, donc, de pénurie de main-d'œuvre
et on a... et ce sont, donc, des groupes qui nous le confirment, qui me le
disent et qui nous rapportent que, manifestement, donc, on est en train de se
sevrer, donc, d'une main-d'œuvre, donc, qui serait tout à fait approprié, tout
à fait... donc, en fait, la meilleure, donc, pour le Québec. On est prêt à
recevoir vos questions.
Journaliste : Sur le résultat
d'hier, comment vous recevez ça, aux États-Unis? Est-ce que vous êtes inquiet
par rapport à l'élection de M. Trump?
M.
Morin :Bien, je vous dirais que les Américains ont fait leur
choix. On est dans une démocratie. Le comptage n'est pas encore terminé, mais
jusqu'à date, là, c'est à peu près 140 millions d'Américains et d'Américaines
qui ont voté. Alors, écoutez, on est des démocrates, on respecte la démocratie.
Les Américains ont fait leur choix.
Journaliste : Le chef du
Parti québécois s'inquiète d'un mouvement migratoire, compte tenu du fait que
le président Trump, président élu, a promis de déporter des millions d'immigrants
illégaux. Est-ce que ça vous inquiète aussi?
M.
Morin :En fait, je vous dirais que, dans un premier temps, il
faudrait que M. Paul St-Pierre Plamondon s'explique. On a écouté son point
de presse, là. Attendons, attendons pour voir. Il est exact que M. Trump,
en campagne électorale, a promis une déportation massive, mais, écoutez, les
Américains, là, on travaille avec eux au Québec, au Canada depuis des décennies
et des décennies. Alors, attendons, soyons, je vous dirais, prudents avant de
lancer des éléments qui pourraient justement créer plus d'incertitude que d'autre
chose.
Journaliste : ...vous doutez
que cette opération de déportation là se produise dans les faits.
M.
Morin :Bien, en fait ça, il faudra voir. Écoutez, M. Trump
est le président élu. On verra ce qu'il va faire avec son administration. Moi,
ce que je peux vous dire par ailleurs, c'est qu'il y a quand même présentement
des mécanismes en place, que ce soit au Québec, au Canada ou aux États-Unis,
pour évidemment contrôler puis assurer la protection de notre frontière.
Journaliste
: Quels
mécanismes pourraient servir de contrer un afflux migratoire comme celui-là?
M.
Morin :Bien, écoutez, d'abord, il y a présentement des forces
de l'ordre au Québec, au Canada et aux États-Unis qui patrouillent la
frontière. Alors, ça, c'est très clair. En plus, il y a des mécanismes dans les
aéroports. On a vu qu'il y avait un flux migratoire avec le chemin Roxham. Le
chemin a été fermé. On a vu maintenant qu'il y a un apport d'immigrants dans
les aéroports, mais dans les aéroports, là, il y a quand même une capacité
limitée dans des avions. Il y a des mécanismes qui sont en place dans les
aéroports pour contrôler l'afflux d'immigrants. Alors, soyons prudents à ce
niveau.
Journaliste : Parlons des
faits probants, là. Vous voulez reprendre le titre de parti de l'économie,
parti de la rigueur budgétaire. Ce qui est probable, c'est qu'il va y avoir des
hausses de tarifs douaniers. Qu'est-ce qu'un parti libéral au pouvoir ferait
pour contrer ça en 2026?
M.
Morin :Bien, je vous dirais que ce qui est important à ce
niveau-là, c'est de s'assurer que le Québec va tout mettre en place pour
travailler avec les différents États américains, avec le gouvernement américain
pour évaluer l'impact et faire comprendre l'importance de nos deux économies.
D'ailleurs, à ce niveau-là, le gouvernement... le gouvernement fédéral...
Journaliste : ...des employés
dans les délégations du Québec qui sont très actifs depuis janvier dernier.
Donc, il y a déjà du lobby qui se fait aux États-Unis pour sensibiliser les
gens, là, au fait que nos deux économies sont interreliées. Qu'est-ce qu'on
fait de plus?
M.
Morin :Et il est bien qu'il en soit ainsi. Il y a aussi un
groupe de travail canadien qui a eu un nombre de rencontres très importantes
avec le gouvernement américain pour s'assurer qu'il y aura une fluidité dans
nos échanges commerciaux, évidemment, compte tenu de ce changement
d'administration. Je ne sais pas si tu veux ajouter.
Mme Cadet : Oui, bien, en
fait, la seule chose que je rajouterais, vous l'avez mentionné, comme parti de
l'économie, ce que nous, il faut qu'on soit capable, donc, de protéger,
c'est... définitivement, donc, de défendre les intérêts du Québec, mais
s'assurer qu'en matière, donc, d'exportation, qu'on continue, donc, de
maintenir, donc, des flux d'exportation, donc, assez importants. On sait que
notre premier partenaire d'affaires, c'est le premier, donc, marché, donc, sur
lequel, donc, nos biens se retrouvent. Donc, pour nos producteurs, donc, pour
nos manufacturiers et exportateurs, ici, au Québec, donc, nous, comme parti
d'économie, donc, on va s'assurer, donc, de...
En fait, ce qu'on demande, c'est que le
gouvernement, donc, maintienne des canaux de communication ouverts, prenne
acte, oui, des résultats électoraux et, donc, des promesses, donc, plutôt
protectionnistes, donc, de la part d'une éventuelle administration Trump. Mais,
certainement, donc, nous, on va s'assurer, donc, de maintenir nos exportations
et que nos manufacturiers exportateurs, donc, ne soient pas trop touchés par
les nouvelles politiques éventuelles qui seraient mises en place.
Journaliste : Est-ce qu'il y
a des secteurs pour lesquels vous êtes particulièrement inquiets, la
foresterie, même la filière batterie par exemple? Est-ce que vous avez analysé
les conséquences potentielles des tarifs douaniers, comme ceux que veut imposer
M. Trump?
Mme Cadet : Mais c'est sûr...
Bien là, vous parlez, donc, par exemple, donc, de la filière batterie. Donc,
s'il s'agit, donc, effectivement, donc, d'un secteur que nous allons garder,
donc, sous la loupe, comme je l'ai mentionné, pour nous, donc, l'important
donc, bon, c'est défendre, donc, les intérêts du Québec en matière économique,
les orientations d'une éventuelle administration Trump seront potentiellement
différentes que celles de l'administration Biden. On le sait, bon, il a
beaucoup, donc, mis de l'avant l'Inflation Reduction Act, l'IRA. Donc, dans ce
secteur-là, nous, on va s'assurer, donc, de maintenir, donc, nos acquis. Tu
veux rajouter?
M.
Morin :Non, ça va.
Journaliste : Can I jump in English? Madwa-Nika Cadet, I want to... you reaction
for several analysts. American were not ready for a woman to run the USA. Are
you disappointed?
Mme Cadet :
I mean, I will tell you, honestly, of
course, as a woman, I am a little bit disappointed. I was there in 2016, right,
I was a student in the United States in 2016. And I chose to study in the US in
2015, thinking that: Wow! It's great. I will be there for the election of the
first woman President. That was one of the reasons that motivated my choice to
study there among the different offers that I received. So, of course, we always
want to break, as women, in politics. We are always excited when the glass
ceiling can be broken anywhere else in the world, like in Québec, in Canada,
but, of course, in the United States, in the first power in the world.
So, of course, as a
woman, I would say that it is a little bit disappointing. I do not know, I
cannot tell, like, was it that the Americans were not ready for a woman or were
not ready for the politics of Kamala Harris? That's a question that we won't be
able to have a firm answer on.
Journaliste :
Several analysts are saying that
Americans were not ready for a black woman.
Mme Cadet :
Well, they were ready for Barack Obama
in 2008, right? They were ready for Barack Obama at that point. So, I do think
that they could be ready for a black woman.
Journaliste :
Aren't you at all concerned that the...
Last time, we saw, you know, Donald Trump winning a US election, we saw some of
the divise politics come across the border here, in Québec. Aren't you at all
concerned that, you know, tension will rise here as a result of the election?
Mme Cadet :
Well, I think that it is our job as
politicians here to be able to... to make sure that this doesn't happen, like,
here, that there is no tension that cross along the boarder... that crosses the
boarder here. So, I'm a very optimistic person in general, I'm very hopeful. I
think that, in Québec, of course, a lot of people may be... can be surprised
about the election results in the United States, but I am convinced that things
will remain calm here.
Journaliste :
We are already hearing from the Parti
Québécois saying that they are concerned about this will lead to sort of mass
migration into Québec, because Donald Trump is cracking down on immigration,
and he feels that a lot of those people will come across the boarder here. What
do you make of those concerns?
Mme Cadet :
Well, I do think that Paul St-Pierre
Plamondon has to explain himself further. Like, what's the data that makes him
say these things? But on our end, like, of course, like, we will... like the
important thing that is... that we think the Québec Liberal Party is to make
sure that we keep open channels of communications with the United States, that
we... And we know that there are already things that are set up to protect the
border. My colleague André Morin just told it, just mentioned it in French. And
I'm... we will look into that. But we're convinced that we have all the tools,
like, in our hands to be able to protect our borders effectively right now.
Journaliste :
...we know that Mme Biron said it last
week, Mr. Legault was worried about winds of protectionism coming north. And
Mme Biron said that, you know, the Government has deployed its delegates in
the... in the other... in the States to sort of counter the effects of
protectionism. What... what do you think Mr. Legault needs to do in terms of
protecting the economy, trade? And do you think he's doing... Do you think the
Government's doing enough on that front for both of you?
Mme Cadet :
I think that this is definitely like a
good first step, like it is the right thing to make sure to... I mean, as we
said, to open the channels of communications... on this end to ensure that the
wave of protectionism that we're seeing from both parties, really from both the
Democrats and the Republicans in their platforms... that doesn't affect us too
much. We do think that we will have to work with the... well, the Québec
Government will definitely have to work with the Trump administration in different
states as the results are coming in for the... the different... well the Senate
and the congressional elections as well. But it's definitely, like, a good
first step to ensure that we... the that we keep... well, not only just like
protecting our needs, but also ensuring that there is a good eyesight on what
is it that Québec can produce and what is our added value for the American
consumers.
Journaliste :
...70% of what Québec makes is exported
to the States. So, do you see a risk with... if more protectionism comes up?
Mme Cadet :
I mean, there... obviously there is a
risk. But because, as I said to another question, like it is our first... it is
our first partner, right, like, we are a province that exports, so... and there
are our first partners. So, there are a lot of manufacturers right now in
different industries that maybe are waking up to this election with
different... well, with different worries regarding their own ability to be
able to export their different products. It's obviously... like, it will remain
our first economic partner. But we... as a... I think, as a province and what
the Legault Government needs to do is to ensure that the... the channels of
communication remain open, that we... that we market our Québec products like
in the US, and that we ensure that... to preserve the market shares that we
have in the market.
M. Morin :
And, if I may, Mr. Legault should be
proactive on that field. Our economy depends on also the US economy and Mr.
Legault must also keep the communication channels open with the governors of
the states around Québec. You have the federal administration, but also the
governors in the states. So that is very important.
And, in addition, the
Canadian Government is already working with a task force to enter into a very
specific relation negotiation with the US in order to reduce the impact of what
you've just mentioned. So, I mean, so, Mr. Legault will also have to work with
the Canadian Government to make sure that they won't have a significant impact
on the Québec economy and... as the Québec Liberal Party will certainly look at
it very closely.
Journaliste : Mme Cadet, en
français, sur... vous avez dit que vous avez étudié aux États-Unis, tout ça, et
la perspective, justement, d'avoir une présidente noire à la tête des
États-Unis qui ne s'est pas réalisée. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Cadet : Bien, c'est
certain que... bien, en fait, que je disais un peu plus tôt en anglais, donc,
moi, en 2016, donc, j'étudiais donc aux États-Unis. J'ai fait le choix parmi
les différentes offres que j'avais, donc, d'étudier, donc, de faire ma maîtrise
en politique publique à Washington, en me disant que j'allais vivre un moment
historique en étant là pour l'élection d'une première femme à la tête des
États-Unis. Manifestement, donc, ce n'est pas ça qui s'est produit. Donc, moi,
j'ai vécu l'élection de 2016 sur place, près de la Maison-Blanche. Aujourd'hui,
huit ans plus tard, jai... bien sûr, j'ai l'impression d'un sentiment de déjà
vu, je vous avouerais, là, j'ail'impression... dès que la soirée a commencé, je
me suis dit : Mon Dieu que ça ressemble à 2016. Et c'est certainement...
comme femme et particulièrement comme femme, c'est sûr que bien des femmes qui
se... qui me ressemblent ce matin se réveillent un peu déçues des résultats
d'hier soir. Je pense qu'il y a bien des femmes, et particulièrement, donc, des
femmes... des femmes noires qui se sont... qui y ont cru, qui y ont cru au
cours des 100 derniers jours.
On se rappelle, ça aura été une campagne
particulièrement historique, hein, et c'est fascinant ce que... bon, dans ce
contexte, ce que, donc, cette candidate femme là, donc, Kamala Harris, aura
réussi à faire, donc, à l'intérieur, donc, de 100 jours. Mais, malgré tout
ça, donc, il y a un plafond de verre qui n'a pas été... qu'on n'a pas réussi à
percer, que les Américaines n'auront pas réussi à percer. Et, dans ce cadre-là,
oui, c'est un peu décevant, mais je ne serais pas prête à dire que c'est parce
qu'ils ne sont pas prêts à élire une femme, mais c'est sûr que ce sont toujours
des questions qu'on se pose.
(Fin à 8 h 37)