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Point de presse de M. Marc Tanguay, chef de l’opposition officielle, et M. Monsef Derraji, leader parlementaire de l’opposition officielle

Version finale

Le mardi 29 octobre 2024, 11 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-quatre minutes)

M. Tanguay : Bon matin à tous et à toutes. On va vous parler de la DPJ puis on va vous parler des jeunes vulnérables, dont la CAQ de François Legault ne s'occupe pas. Vous avez vu les cas d'espèce qui ressortent et qui se multiplient. Rappelons-nous, il n'y a pas si longtemps, la Mauricie—Centre-du-Québec qui avait mis la DPJ sous tutelle. Cité des Prairies, la semaine passée, neuf éducatrices qui ont été soit congédiées ou suspendues pour des rapports sexuels avec cinq jeunes. Centre jeunesse Cartier, à Laval, également, un autre cas qui ressurgit récemment. Et la Montérégie, à Salaberry-de-Valleyfield également.

Avant de quitter, Catherine Lemay, la directrice nationale de la DPJ, a parlé des risques qu'il y ait... qu'elle a constaté qu'il y a un système en place, un système en place. Alors, on constate que le ministre n'a jamais réellement eu le contrôle du réseau. Et, en ce sens là, vous me permettrez de saluer Brigitte Garceau, notre porte-parole de l'opposition officielle, députée de Robert-Baldwin, qui fait un travail remarquable. Nos enfants méritent mieux qu'un ministre qui est constamment dans l'indignation mais jamais dans l'action puis dans les résultats. Alors, aujourd'hui, on a déposé une demande de débat d'urgence, et je laisse notre leader vous en parler.

M. Derraji : Merci, chef. Écoutez, j'ai adressé ce matin une lettre officielle à Mme la Présidente de l'Assemblée nationale pour un débat d'urgence. Et vous allez me dire : Un autre débat d'urgence? Je vais vous dire deux éléments. Premièrement, et c'est un élément qui est extrêmement important, et j'ai bien hâte d'entendre Mme la Présidente de l'Assemblée nationale, il n'y a rien de prévu au salon rouge. Nous sommes disponibles à faire le débat. Il n'y a rien, il n'y a rien de prévu, le gouvernement n'a rien prévu. Le salon rouge, il est vide. Nous sommes là, nous sommes là pour travailler, nous sommes prêts à travailler, et le débat est urgent, vu les révélations que nous avons eues depuis quelques semaines.

Donc, ce qu'on demande, c'est qu'il est temps de voir ce qui se passe dans le réseau à la lumière de ce que nous avons entendu la semaine dernière aussi. Donc, on demande à Mme la Présidente de se prononcer sur la recevabilité de notre demande. Et je me vois mal comment François Legault et le gouvernement caquiste vont nous empêcher de faire un débat extrêmement important en ce qui touche la protection de la jeunesse québécoise.

Journaliste : Qu'est-ce que vous voulez comprendre avec ce débat-là?

M. Derraji : C'est un débat où on va ramener, sur la table, le sujet. Donc, c'est pendant deux heures. Est-ce qu'il y a vraiment un système? Et, vous le savez... permettez-moi de vous dire, lors du décès de la fillette de Granby, tous, tous, sans exception, en 2019, qu'est-ce qu'on s'est dit, en tant que société québécoise? Plus jamais. Aujourd'hui, voir les révélations dans le centre de La Prairie, voir des révélations encore ailleurs, entendre quelqu'un qui est à la tête du réseau dire qu'il y a un système et on ne réagit pas, nous, au Parti libéral, on veut savoir tout ce qui se passe à l'intérieur du système, mettre toute la lumière.

Mais surtout, on s'est donné un rapport. Il est où, ce rapport? Elle est où, la charte de l'enfant? Il est où, le commissaire pour le bien-être de l'enfant? Il y a du retard par rapport à la mise en place de recommandations extrêmement sérieuses, et c'est pour cela que, pour nous, aujourd'hui, le moment, il est venu. Le débat d'urgence... Et c'est la meilleure tribune, la meilleure tribune pour prévaloir nos droits. Et, le chef vient de le dire, notre collègue la députée de Robert-Baldwin, Brigitte Garceau, a fait un travail exceptionnel depuis plusieurs semaines.

Mais ce que nous aimerions savoir, c'est la version du ministre. C'est le moment de nous expliquer ce qui se passe réellement à l'intérieur du réseau. Qu'est-ce qu'il fait? Est-ce qu'on doit toujours attendre l'excellent travail des journalistes pour dire : C'est assez? On l'a déjà dit en 2019, plus jamais le Québec ne doit vivre dans une situation pareille. Et c'est pour cela que nous aimerions donner suite à ce débat, et nous sommes prêts à faire ce débat aujourd'hui.

Journaliste : Mais vous voulez organiser le grand procès du ministre Lionel Carmant?

M. Derraji : On n'est pas là, on n'est pas là. Et je vais laisser la parole à mon chef. C'est très troublant, nous sommes tous préoccupés. Entendre des déclarations du centre de La Prairie, je suis très troublé, je suis sidéré. On n'est pas là pour faire le procès de qui que ce soit. Nous sommes élus, nous sommes des législateurs. On doit veiller sur la protection de la jeunesse. C'est ce qui m'anime pour venir à l'Assemblée nationale aujourd'hui, c'est ce qui me motive, hier, avec notre équipe, de travailler très tard pour trouver des solutions.

Ce n'est pas... ce n'est pas un truc très rapide, penser à une demande... à une demande de débat d'urgence. On voulait vraiment qu'aujourd'hui que l'Assemblée nationale prenne le temps nécessaire, pas pour faire le procès de qui que ce soit. C'est pour... L'intérêt premier, c'est la protection de la jeunesse québécoise.

M. Tanguay : Si tu me permets...

Journaliste : Est-ce que M. Carmant est toujours la personne toute désignée pour mener ce... j'allais dire, ce vaste chantier?

M. Tanguay : Pour nous, poser la question, c'est y répondre. Ça fait six ans qu'il n'a pas de résultats. Alors, François Legault a mis sa en confiance en lui. Pour nous, il n'a pas notre confiance, clairement, Lionel Carmant, clairement.

Journaliste : Donc, est-ce qu'il doit démissionner?

M. Tanguay : Bien, c'est à François Legault... Il doit répondre aux questions. Alors, je vais laisser François Legault lui-même dire si c'est toujours l'homme de la situation. Pour nous, c'est ne pas... ce n'est pas l'homme de la situation. Puis ce n'est pas moi qui va... qui va décider de cela.

Je veux vous dire une chose. La directrice nationale de la DPJ a dit : Il y a un... il y a des apparences d'un système en place. Elle parle de l'intrusion de potentiels groupes criminalisés. On fait rentrer des cellulaires, on fait rentrer de la drogue. Le ministre a lancé un cri du cœur hier, il a dit, je le cite, au texte : «Ceux qui n'ont pas leur place...» Il demande de quitter le réseau. Un ministre qui est carrément dans un cri du cœur et non pas dans l'action, qui n'a pas pris contrôle, il dit : Ceux qui n'ont pas leur place dans le réseau, là, vous vous connaissez, quittez donc le réseau. On veut... Pas pour faire son procès, ce n'est pas l'inquisition.

Le leader de l'opposition officielle, Monsef Derraji, vient de nous révéler que l'Assemblée nationale ne va pas travailler après midi. Après la période des questions puis les motions, on met la clé dans la porte. On est là pour travailler un 2 heures, pas pour blaster le ministre, pour lui demander : Qu'entend-il quand il dit que ceux qui sont... qui n'ont pas d'affaire là quittent le réseau? Il est au courant de quoi? Que va-t-il faire? Aussi la commission Laurent, suite des propositions, quand est-ce que ça va arriver? C'est notre travail. On veut le faire.

Journaliste : Mais donc, vous ne lui demandez pas de quitter, à M. Carmant.

M. Tanguay : Il n'a plus notre confiance, Lionel Carmant, c'est clair. Alors, c'est à François Legault à justifier qu'il est encore là. Quelle a été sa grande réalisation, Lionel Carmant? Puis, quand on regarde les résultats dès 2019, la fillette de Granby, on a dit : On n'abandonnera plus nos jeunes. Là, on parle de jeunes vulnérables qui sont laissés à eux-mêmes, qui ont de mauvaises influences. Et, alors que le système, le réseau devrait être là pour les encadrer, bien, les amène dans des dérives additionnelles. Alors, on ne s'occupe pas de nos enfants. Le ministre responsable, là, c'est bien beau de dire : Bien, moi, j'ai congédié Catherine Lemay, mais lui, il est responsable aussi. C'est trop facile de dire : J'ai congédié quelqu'un, le problème est résolu. Non. Il y a des réponses à fournir. Puis un 2 heures, là, je ne sais pas c'est quoi, l'agenda public, là, de Lionel Carmant après-midi, mais je pense qu'il serait bien avisé de passer 2 h avec nous autres.

Journaliste : Mais là pourquoi vous jouez sur les mots? Pourquoi vous jouez sur les mots, là? Pourquoi vous ne dites pas : On demande sa démission?

M. Tanguay : Bien, c'est la même chose. On demande sa démission. Il n'a plus confiance en nous. Mais, demander sa démission, je le sais que ça n'arrivera pas parce que François Legault ne se rend pas à l'évidence. Il ne se rend pas à l'évidence qu'en six ans, en six ans, il n'a pas... il n'a pas livré la marchandise. Alors, il n'a plus confiance.

Alors, la grande démission, ce sera le gouvernement, en bloc, le 5 octobre 2026. Je veux dire, les ministres ne font pas leur travail. François Legault gère un gouvernement... qu'est-ce qu'il gère, on ne sait pas ce qu'il gère, mais il est à la tête d'un gouvernement qui n'a pas de résultats. Nommez-moi un seul dossier où on a avancé au Québec depuis six ans. Il n'y en a aucun.

Journaliste : Québec solidaire dit que des défis en DPJ sont amorcés avec la réforme de Gaétan Barrette, puis que vous êtes bien mal avisés aujourd'hui de demander un débat d'urgence sur la question. Est-ce que vous estimez que vous avez une part de responsabilité dans la situation actuelle?

M. Tanguay : Je trouve... Je trouve qu'il fait très peu de cas du rapport très complet de la commission Laurent, qui avait des pistes de solutions très tangibles. Il est là. Après la fillette de Granby, 2019, on s'est tous dit : O.K., il y a un désormais, on met notre pied à terre. Et, en ce sens-là, le rapport de la commission Laurent, il y avait, je pense, quelque chose comme 160 pistes de recommandations, à peu près, on me corrigera si j'ai tort, puis il y en a encore des fondamentales qui ne sont toujours pas appliquées. Alors, c'est bien beau de remonter à Mathusalem, mais à la commission Laurent, on s'était dit collectivement, là, là on s'en occupe. Puis on continue d'en échapper.

M. Derraji : Désolé. Parce que c'est très inquiétant. C'est très inquiétant, ce que nous, on entend aussi. Il y a des rumeurs qui circulent qu'il a quelqu'un qui ne veut pas aller de l'avant avec la charte de l'enfant. Ça a été parmi les tops priorités. Qui bloque à l'intérieur de ce gouvernement d'aller de l'avant avec la Charte? Pourquoi tant de blocage d'aller de l'avant?

Donc, c'est très facile, isoler le ministre, c'est-à-dire qu'il ne fait pas son travail. Quels moyens François Legault donne à son ministre pour aller de l'avant?

Journaliste : Mais qu'est-ce que ça changerait concrètement sur le terrain?

Des voix : ...

M. Derraji : Bien, écoutez...

Journaliste : Qui bloque?

M. Derraji : Vous avez raison de dire : Qu'est-ce que ça va changer sur le terrain. Mais on s'est posé la même question en 2019 : Plus jamais. Et aujourd'hui, c'est pour cela qu'on veut ce débat d'urgence, parce qu'on ne veut plus revivre dans le même film. C'est des agressions sexuelles que nous avons en face de nous.

Et, quand nous, on fait notre travail, on essaie de comprendre pourquoi ça bloque, ce n'est pas uniquement le ministre Lionel Carmant qui est responsable, c'est tout le gouvernement, y compris le premier ministre, qui s'est dit, le lendemain : Je vais prendre au sérieux ce qui s'est passé à Granby. Et c'est là où très important de se poser la question. Il y avait des priorités dans le rapport Laurent, vous connaissez tous. Le bilan de ce rapport, il est où aujourd'hui? Et pourquoi on traîne d'aller de l'avant? Parce que, si on mettait le temps nécessaire pour mettre en place certaines recommandations, probablement, on va avoir le bon portrait, le bon scan d'un réseau sclérosé, où la... où la personne qui veillait sur ce réseau la semaine dernière le disait clairement, qu'il y a quelque chose à l'intérieur du système.

C'est pour cela que c'est troublant, et que j'invite le premier ministre aussi à se mêler de ce dossier, c'est aussi sa responsabilité, et expliquer aux Québécois pourquoi ça traîne au niveau du rapport de Larent.

Journaliste : La rumeur dit c'est qui, M. Derraji, qui bloque?

M. Derraji : Il y a un problème. Le problème existe. J'invite le gouvernement à le dire, pourquoi la charte ne va pas de l'avant.

Journaliste : Bien, c'est qui, c'est qui?

Journaliste : Faites-nous gagner du temps, M. Derraji.

M. Derraji : Je suis à la même place que vous. J'invite le gouvernement à répondre pourquoi on ne va pas aller de l'avant, parce que je me pose les mêmes questions que vous. Nous, on fait notre travail avec les moyens qu'on a, mais nous sommes très préoccupés, très préoccupés, parce qu'on ne donne pas suite aux recommandations. On traîne, et ça... dans ce que vous avez entre les mains, c'est dégueulasse, excusez-moi le terme, ce que nous avons tous entendu la semaine dernière.

Journaliste : Alors, la personne qui bloque, est-ce que c'est un autre ministre? Est-ce que c'est au bureau du premier ministre? Est-ce que c'est des gestionnaires sur le terrain, c'est... Donnez-vous un indice.

M. Derraji : J'invite François Legault et son gouvernement à s'expliquer. Pourquoi il y a un retard au niveau de la Charte de l'enfant?

Journaliste : Concernant votre vision du financement public des écoles privées dites religieuses, là, on peut parler de la définition, quelle est la position, aujourd'hui, à 11 h 35, du Parti libéral du Québec?

M. Tanguay : Bien, la même que je vous ai exprimée jeudi passé, probablement autour de 8 h 47. L'argent public ne peut pas être utilisé pour enseigner une religion dans les institutions d'enseignement. Le cursus scolaire et l'entièreté du cursus du cursus scolaire doit être enseigné. En ce sens-là, il est important de faire appliquer ces principes-là.

Journaliste : Est-ce qu'on peut ajouter une formation, par exemple, liée à une religion?

M. Tanguay : Ça, ça fait partie des discussions qu'il faut y avoir. Et on a déjà dit : Ça fait partie des discussions qu'il faut y avoir. L'important, c'est que l'argent public ne peut pas financer un enseignement religieux, quel qu'il soit.

Journaliste : Puis, au caucus, ça se passe comment sur cette question-là?

M. Tanguay : Ça relève des discussions de caucus.

Journaliste : Parce que, là, deux candidats de la course à la chefferie viennent de vous avertir. Ils vous disent d'ailleurs directement, là. M. Coderre est sévère envers vous, M. Tanguay, il vous a envoyé une lettre personnellement pour vous dire : Vous n'aviez pas à prendre cette décision-là, c'est aux membres de la prendre, vous avez outrepassé le pouvoir du parti. Donc, qu'est-ce que vous lui répondez? Vous êtes obligé de vous tremper, là, c'est à vous qu'ils parlent, là.

M. Tanguay : Deux choses. Alors, pour ce qui est de la lettre, la missive de Denis Coderre, ça, ça lui appartient. Puis je vais... je ne vais pas commenter. Maintenant, moi, j'ai un rôle à jouer comme chef intérimaire, pas comme candidat à la chefferie, comme chef intérimaire. Et, en ce sens-là, les discussions au caucus vont rester confidentielles.

Journaliste : Mais je vais juste avoir une précision sur... parce que... sur ce qu'il a dit, parce qu'il a dit deux choses en même temps, là. Vous dites que l'argent public ne peut pas servir à enseigner une religion. Vous dites : Il faut enseigner le cursus. Moi, je vous pose comme question après : Une fois que le cursus est enseigné, est-ce qu'on peut, dans une école subventionnée par le public, avoir une portion religieuse là-dedans? Et là vous avez dit : Ça prend des discussions. Alors, c'est oui ou bien c'est non?

M. Tanguay : Il ne faut pas que l'argent public soit appliqué là-dedans.

Journaliste : Mais donc le 25, le 30, le 40 % d'argent privé peut servir à ça.

M. Tanguay : Si c'est de ‘argent privé, c'est correct...

Journaliste : Non, mais il y a une partie des écoles privées qui sont... le 40 % peut donc servir...

M. Tanguay : Il faut être en mesure de s'assurer que, dans l'application, ce principe-là soit appliqué, qu'il n'y ait pas d'argent public qui serve à financer cet enseignement-là.

Journaliste : Mais les écoles qui pourraient avoir une partie, par exemple, confessionnelle dans leur enseignement, si tout le cursus scolaire québécois est enseigné, il pourrait y avoir une partie confessionnelle. C'est ça que je comprends.

M. Tanguay : Si l'argent public n'est pas impliqué, effectivement, il faut que l'argent public ne soit pas impliqué là-dedans. Il faut que tout le cursus soit enseigné. Et, du reste, il faut voir quelles sont les applications, les modalités de cela. Et, en ce sens-là, il est important aussi d'avoir l'entièreté d'un portrait. Vous avez vu la déclaration commune que j'ai signée avec le président du parti et le président de la commission politique à l'effet que le Parti libéral du Québec va se lancer et va revenir avec une large consultation sur l'état des lieux.

Journaliste : Mais expliquez-nous pourquoi, dans le caucus, après que vous ayez pris une décision qui était celle que vous avez prise, la semaine dernière, de voter en faveur de cette motion-là, que maintenant des élus décident de se dissocier de cette décision-là.

M. Tanguay : Ça relève de la discussion de caucus. Et je ne ferai pas de commentaire, là...

Journaliste : Ce n'est plus des discussions de caucus, c'est rendu sur Twitter.

Des voix : ...

Journaliste : ...on parle juste... pourquoi maintenant ces membres-là décident de se dissocier?

M. Tanguay : En aucun cas des discussions de caucus ne devraient se retrouver sur la place publique, en aucun cas.

Journaliste : Mais là ils expriment des positions personnelles sur Twitter, là, vous avez...

M. Tanguay : Et moi, je ne vais pas en rajouter une couche. Il y a eu des discussions de caucus, il y aura des discussions de caucus, puis elles vont rester confidentielles. Et moi, je tiendrai à appliquer cette règle-là.

Des voix : ...

M. Tanguay : Non, non.

Journaliste : Mais, sur le fond de l'histoire, parce que M. Pratte, là, s'est exprimé publiquement, il ne fait pas partie de votre caucus, peut-être qu'il vient à l'occasion, mais il disait que, dans le fond, le caucus a outrepassé ses fonctions en changeant une position historique du parti la semaine dernière. Est-ce que vous êtes d'accord avec son analyse que vous êtes allés trop loin, trop rapidement, qu'il aurait fallu mettre dans le coup la commission politique, les membres du parti également?

M. Tanguay : Pour ce qui est de la relation avec la commission politique, moi, je vous réfère à la déclaration commune. Le caucus a évidemment à se prononcer à tous les jours à l'Assemblée nationale sur plein de dossiers. C'est ce qu'on a fait puis c'est ce qu'on va continuer de faire. Maintenant, en collaboration, la déclaration commune nous amène à faire un travail militant, et c'est ce que j'ai salué, non seulement salué, mais je l'ai co-signé avec le président puis le président Pratte.

Journaliste : Mais M. Tanguay, vous avez quand même deux députés qui sont dans votre caucus, qui expriment leur dissidence, là, par rapport à la position qui a été prise. Vous dites que ça ne devrait pas se retrouver sur X, là, ces déclarations-là, parce que les discussions au caucus doivent y rester. Est-ce que, donc, vous tolérez que des députés s'expriment, expriment leur dissidence, brisent les rangs sur X? Qu'est-ce que vous allez faire avec ça?

M. Tanguay : Il y aura des discussions à l'interne à cet effet là.

Journaliste : Ça veut dire quoi?

M. Tanguay : Ça veut dire qu'il y aura des discussions à l'interne, puis je vais donner le bon exemple en ne les divulguant pas. Mais chose certaine, je réitère la règle : ce qui se passe en caucus reste en caucus. Vous le savez. Puis si on a 157 ans au Parti libéral du Québec, c'est parce qu'il y a beaucoup de monde qui ont passé au Parti libéral du Québec puis qui ont respecté cette règle-là. On ne peut pas fonctionner autrement qu'en respectant cela.

Journaliste : Mais vous allez les réprimander ou leur demande leur démission ou...

M. Tanguay : Je vais donner le bon exemple, puis ça restera des discussions à l'interne.

Journaliste : Je vais poser cette question, puis M. Derraji est là. Sur une des écoles visées dans les 50, M. Derraji est allé faire des... on le voit, par exemple, sur des photos. On a Désirée McGraw qui est proche de l'école Loyola. Est-ce qu'il y a des membres qui devraient répondre à des questions? Des élus libéraux qui... Là, Mme McGraw n'a pas voulu répondre à l'entrée du caucus. Elle devait répondre, elle n'a pas répondu. Cathy a essayé. Il y avait un point de presse qui était prévu. Finalement, elle est rentrée sans nous parler. Est-ce que vous empêchez vos élus de parler sur ce sujet-là, en ce moment?

M. Tanguay : La règle est très claire : ce qui relève, de façon très précise, de discussion au sein du caucus doit rester au sein du caucus. Ça, c'est la règle. Et peu importe le sujet.

Journaliste : Mais on parle d'opinion personnelle des gens qui sont dans ce milieu-là, c'est leur électorat. Clairement, il y a une division, là, dans votre caucus. Je comprends qu'il faut que ça reste au caucus, mais c'est en train de s'effriter partout, s'est rendu sur Twitter. À un moment donné, il faut réagir. Vous êtes le chef.

M. Tanguay : Je suis en action comme je l'aurai toujours été, comme chef intérimaire, et il y aura des conversations privées, puis des conversations de caucus.

Journaliste : Mais est-ce que vous sentez un certain déchirement entre on veut cesser de financer les écoles si elles ne suivent pas le cursus versus les parents ont un droit de... familial et personnel pour ce qui est de l'enseignement de leurs enfants? Est-ce qu'on sent que ça, c'est un déchirement entre les deux?

M. Tanguay : Je ne vois pas d'antinomie entre les deux.

Journaliste : Est-ce que, dans une école, par exemple, qui est financée par... à 60 % par le public, une école privée, s'il y avait... qui enseigne tout le cursus scolaire, une prière au début de la journée par exemple, comme ça s'est fait pendant des années dans des collèges privés, etc., puis ça se fait encore d'ailleurs, est-ce que ça, c'est acceptable?

M. Tanguay : Prière avec l'argent public, non.

Journaliste : Bien, je veux dire de la... l'argent public qui sert à l'enseignement, il ne sert pas à faire la prière, là. Comment vous faites pour savoir c'est quelle goutte qui fait déborder le vase?

M. Tanguay : Exact. Justement, vous faites mon point. Alléluia, si je peux me permettre.

Des voix : ...

M. Tanguay : Alors, je vais retirer mes propos. Faites la présidente de l'Assemblée nationale, je vais dire : Enfin. Il faut justement aller à cette analyse-là. Il faut aller à cette analyse-là. Pas de façon péremptoire, nous, derrière le lutrin, puis de, comme on dit, de «caller les shots», il faut aller à l'analyse.

Journaliste : On comprend, M. Tanguay, que, pour l'instant en tout cas, la solidarité de caucus, ça n'existe plus dans le parti de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.

M. Tanguay : Ah, non, je ne suis pas d'accord avec vous.

Journaliste : Bien, c'est parce que là, on a des exemples patents devant nous qui nous parlent, qui disent le contraire de la position que vous avez prise la semaine dernière. C'est pour ça qu'on se dit : Donc, le principe de solidarité de caucus ne s'applique plus maintenant.

M. Tanguay : Je ne suis pas d'accord avec vous. Il s'applique, et on va veiller à ce qu'il soit appliqué.

Journaliste : Pensez-vous les exclure du caucus, M. Tanguay?

M. Tanguay : Ah, je ne vais pas commenter là-dessus.

Journaliste : Mais ça va être quoi, la conséquence? Parce que je comprends bien qu'il va y avoir des discussions, mais ils ont brisé la ligne de parti publiquement, ça va être quoi, la conséquence?

M. Tanguay : Je sais que vous aimeriez savoir, mais ça fera partie de discussions confidentielles.

Journaliste : Vous aviez dit que vous ne vous présentiez pas à la chefferie, donc là, vous avez pris une décision qui a quand même de grosses répercussions au sein des troupes libérales, donc le prochain chef va... clairement va décider autrement, là, il y en a deux qui se positionnent contre. Auriez-vous ce discours-là si aujourd'hui le chef avait décidé que ce n'est pas vrai qu'on change la vision traditionnelle ou de... du Parti libéral du Québec? Donc, vous avez pris une décision, comment ça s'est passé, prendre cette décision-là?

M. Tanguay : C'est une décision qui a été prise en caucus. Puis je vais aller plus loin, là, je veux juste répondre en deux, trois étapes. Sur votre point, comment s'est prise la décision...

Journaliste : Les membres libéraux, en ce moment, se posent comment la décision s'est prise. C'est ça qu'ils se demandent, là. Ils sont publiquement sur Twitter, tout le monde se déchire sur la place publique. Ils veulent savoir pourquoi vous avez pris cette décision-là puis comment vous l'avez prise. Ça fait que c'est sûr que, si vous gardez ça à l'interne, les gens à l'extérieur vont commencer à dire : Bien là, est-ce qu'ils font encore confiance à ce qui se passe... Vous comprenez?

M. Tanguay : Parfait. Alors, deux, trois aspects. La décision a été prise en caucus après une discussion de caucus. Et je ne vais pas commenter plus avant comme tout le monde devrait faire.

Une fois que j'ai dit ça, c'est un peu présomptueux de dire que les candidats à la chefferie qui auront à débattre de ça, il y aura cinq débats nationaux, vont nécessairement aller d'un bord, nécessairement aller de l'autre bord.

Dans la déclaration commune, troisième point, qui a été publiée, je pense, c'est samedi, je signe, avec le président du parti et le président de la commission politique, où là, il y aura un état des lieux, une vaste consultation non seulement des militants, des experts, entre autres, et un rapport sera déposé, rapport complet, au plus tard le 31 mars. Ce qui nous met à la veille des débats, aussi, à la chefferie ou des cinq débats nationaux. Alors, nécessairement, ça fera partie, pas entièrement, on s'entend, parce qu'on est le Parti libéral, on va parler d'économie, de finances publiques puis de services, mais ça fera partie des débats. Et, en ce sens-là, les candidats à la chefferie, eux, peuvent commenter, ils sont candidats, puis ils espèrent d'avoir les votes des membres du parti pour se faire élire. Alors, c'est les membres du parti qui vont juger sur ce qu'ils avancent.

Journaliste : Si ça prenait une si grosse étude, pourquoi là vous avez pris la décision d'y aller... d'aller de l'avant avec ça?

M. Tanguay : Bien, sur le principe que l'argent public ne doit pas être utilisé pour enseigner une religion, c'est une évolution tout à fait normale sur laquelle... sur laquelle on s'entend très clairement, là. Je veux dire, l'argent public n'est pas là pour enseigner une religion, quelle qu'elle soit.

Journaliste : Mais le premier ministre a mandaté, la semaine dernière, les ministres Drainville et Roberge de trouver des nouvelles façons, des nouveaux contrôles de la laïcité dans le réseau de l'éducation, notamment. Là, est-ce que vous lui dites d'attendre au 31 mars pour connaître l'avis du Parti libéral sur ces questions-là?

M. Tanguay : Écoutez, le gouvernement n'agit déjà pas assez, ce n'est pas nous qui allons lui dire d'attendre, là. Je veux dire, que le gouvernement agisse, là.

Journaliste : O.K. Donc, s'il veut aller de l'avant avec la fin du financement public...

M. Tanguay : Bien, avec ces consultations.

Journaliste : ...des écoles privées confessionnelles, il doit se baser sur la position actuelle du parti. Il peut agir tout de suite, là, avec l'appui du Parti libéral du Québec?

M. Tanguay : Bien, j'ose espérer que le gouvernement n'attend pas après les consultations du Parti libéral du Québec, desquelles découle la position que j'ai exprimée jeudi dernier. François Legault, c'est à lui à dire que : J'ai mis mes ministres en action. Bien, qu'il les mette en action, qu'il rende publics les résultats, et ça va alimenter la réflexion, le cas échéant, de tout un chacun.

Journaliste : O.K. Ça fait que d'ici au 31 décembre, vous allez défendre la position de jeudi...

M. Tanguay : Mars.

Journaliste : ...mars, pardon, vous allez défendre la position que vous avez énoncée jeudi et précisée aujourd'hui?

M. Tanguay : Bien, écoutez, sur ces principes-là, on s'entend, là. Je veux dire, argent public pour enseigner une religion, non, enseigner tout le cursus, oui, dialogue pour savoir où ça peut accrocher... oui. Un, deux, trois. Je l'ai dit jeudi, je ne dédis rien de ce que j'ai dit jeudi. Et on va poursuivre la réflexion.

Journaliste : What could be the consequences for Elisabeth Prass and Désirée McGraw since they published both messages on Twitter or on X explaining that they were not at ease with their party's position on cutting public finding to religious subsidised schools... private religious schools? What are the consequences? Because, to me, you look mad right now.

M. Tanguay : I think I look «serein», «serein».

Journaliste : Really?

M. Tanguay : Really.

Journaliste : Is it?

M. Tanguay : Oui. Really. Because the principle is crystal clear. All the conversations within the caucus must stay within the caucus. This is a priority to preserve the confidentiality. That being said, I will not add on and comment on your question. They'll have internal discussions, and it's going to be treated confidentially as such.

Journaliste : But you had three MNAs in your caucus very clearly not in support of this. The first motion that came from QS, they were not in support of that. And the second motion on the clause that was referred to about funding private religious schools, they disagreed. Yet you went ahead with that vote. You cracked the whip on your MNAs so that the caucus appeared united. But in fact, three of your MNAs are very descrambled about this situation and they've gone public with it. What are you going to do about that?

M. Tanguay : Going public should not happen. The internal discussion must stay within the caucus. And following that event, we'll have internal discussions. And I'll show the good example by not commenting publicly about the nature of these discussions.

Journaliste : But this morning, you've told them not to talk to the media. They would not talk publicly in the morning... in front of Kathy's cameras, they would not talk.

M. Tanguay : The rule is crystal clear. No one, not me, not our leader, no one is allowed to reveal the... any element falling in the confidentiality of the caucus. And the rule applies to me and to each and everyone.

Journaliste : But what about their personal views, how they stand? And they have to explain their point of view to their constituents: This is what happened, nothing else.

M. Tanguay : Again, I'm reestablishing the rule that the caucus must stay confidential, what's discussed in there, and that rule applies to each and everyone, including me.

M. Tanguay : OK. Mr. Derraji, I would like to understand your point of view regarding Lionel Carmant. So, you want him to resign? That's enough?

M. Derraji : Yes. Yes, of course, and we want to have a debate. It's not only about Lionel Carmant today, we want, today, to have a debate because we have time inside the Parliament today and we're ready. That's why I sent this morning a letter to the president of the National Assembly to ask her to give us this time because we need it. We need to understand what happened inside the DPJ.

Journaliste : But do these children inside the DPJ have time to spare if this is already a problem and we're finding out it's spreading to other agencies?

M. Derraji : Yes, and that's why... as Marc said later, that our colleague, Brigitte Garceau, she is working very hard since a long time and we want this debate today. That's why it's urgent. We want it and we want to understand what happened and to have the right answer for the problematic that we are facing in this case.

Journaliste : But are you asking clearly the resignation of Lionel Carmant today?

M. Derraji : Yes, it's the point today. We have so many problems. Since Granby, the Premier Legault said that... we want to see improvements and... anymore like the case of Granby. So, six years or five years later, we are at the same point. And that's why, and that's why, for us, it's very important to have this debate. We are here. Le salon rouge is closed today after our debates. We have time. It's urgent to have this time as a legislator and that's why we are here. And that's why my colleague, she's there because she is very involved in this case. And we want answers, answers for us as an MNA, but answers also for the population. It's urgent and the Government must act.

M. Tanguay : Merci beaucoup. Thank you.

M. Derraji : Merci à vous.

(Fin à 11 h 53)

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