(Onze heures vingt-quatre minutes)
M. Tanguay : Bon matin à tous
et à toutes. On va vous parler de la DPJ puis on va vous parler des jeunes
vulnérables, dont la CAQ de François Legault ne s'occupe pas. Vous avez vu les
cas d'espèce qui ressortent et qui se multiplient. Rappelons-nous, il n'y a pas
si longtemps, la Mauricie—Centre-du-Québec qui avait mis la DPJ sous tutelle.
Cité des Prairies, la semaine passée, neuf éducatrices qui ont été soit
congédiées ou suspendues pour des rapports sexuels avec cinq jeunes. Centre
jeunesse Cartier, à Laval, également, un autre cas qui ressurgit récemment. Et
la Montérégie, à Salaberry-de-Valleyfield également.
Avant de quitter, Catherine Lemay, la
directrice nationale de la DPJ, a parlé des risques qu'il y ait... qu'elle a
constaté qu'il y a un système en place, un système en place. Alors, on constate
que le ministre n'a jamais réellement eu le contrôle du réseau. Et, en ce sens
là, vous me permettrez de saluer Brigitte Garceau, notre porte-parole de l'opposition
officielle, députée de Robert-Baldwin, qui fait un travail remarquable. Nos
enfants méritent mieux qu'un ministre qui est constamment dans l'indignation
mais jamais dans l'action puis dans les résultats. Alors, aujourd'hui, on a
déposé une demande de débat d'urgence, et je laisse notre leader vous en
parler.
M. Derraji : Merci, chef.
Écoutez, j'ai adressé ce matin une lettre officielle à Mme la Présidente de l'Assemblée
nationale pour un débat d'urgence. Et vous allez me dire : Un autre débat
d'urgence? Je vais vous dire deux éléments. Premièrement, et c'est un élément
qui est extrêmement important, et j'ai bien hâte d'entendre Mme la Présidente
de l'Assemblée nationale, il n'y a rien de prévu au salon rouge. Nous sommes
disponibles à faire le débat. Il n'y a rien, il n'y a rien de prévu, le
gouvernement n'a rien prévu. Le salon rouge, il est vide. Nous sommes là, nous
sommes là pour travailler, nous sommes prêts à travailler, et le débat est
urgent, vu les révélations que nous avons eues depuis quelques semaines.
Donc, ce qu'on demande, c'est qu'il est
temps de voir ce qui se passe dans le réseau à la lumière de ce que nous avons
entendu la semaine dernière aussi. Donc, on demande à Mme la Présidente de se
prononcer sur la recevabilité de notre demande. Et je me vois mal comment
François Legault et le gouvernement caquiste vont nous empêcher de faire un
débat extrêmement important en ce qui touche la protection de la jeunesse
québécoise.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous voulez comprendre avec ce débat-là?
M. Derraji : C'est un débat
où on va ramener, sur la table, le sujet. Donc, c'est pendant deux heures.
Est-ce qu'il y a vraiment un système? Et, vous le savez... permettez-moi de
vous dire, lors du décès de la fillette de Granby, tous, tous, sans exception,
en 2019, qu'est-ce qu'on s'est dit, en tant que société québécoise? Plus
jamais. Aujourd'hui, voir les révélations dans le centre de La Prairie, voir
des révélations encore ailleurs, entendre quelqu'un qui est à la tête du réseau
dire qu'il y a un système et on ne réagit pas, nous, au Parti libéral, on veut
savoir tout ce qui se passe à l'intérieur du système, mettre toute la lumière.
Mais surtout, on s'est donné un rapport.
Il est où, ce rapport? Elle est où, la charte de l'enfant? Il est où, le
commissaire pour le bien-être de l'enfant? Il y a du retard par rapport à la
mise en place de recommandations extrêmement sérieuses, et c'est pour cela que,
pour nous, aujourd'hui, le moment, il est venu. Le débat d'urgence... Et c'est
la meilleure tribune, la meilleure tribune pour prévaloir nos droits. Et, le
chef vient de le dire, notre collègue la députée de Robert-Baldwin, Brigitte
Garceau, a fait un travail exceptionnel depuis plusieurs semaines.
Mais ce que nous aimerions savoir, c'est
la version du ministre. C'est le moment de nous expliquer ce qui se passe
réellement à l'intérieur du réseau. Qu'est-ce qu'il fait? Est-ce qu'on doit
toujours attendre l'excellent travail des journalistes pour dire : C'est
assez? On l'a déjà dit en 2019, plus jamais le Québec ne doit vivre dans une
situation pareille. Et c'est pour cela que nous aimerions donner suite à ce
débat, et nous sommes prêts à faire ce débat aujourd'hui.
Journaliste : Mais vous
voulez organiser le grand procès du ministre Lionel Carmant?
M. Derraji : On n'est pas là,
on n'est pas là. Et je vais laisser la parole à mon chef. C'est très troublant,
nous sommes tous préoccupés. Entendre des déclarations du centre de La Prairie,
je suis très troublé, je suis sidéré. On n'est pas là pour faire le procès de
qui que ce soit. Nous sommes élus, nous sommes des législateurs. On doit
veiller sur la protection de la jeunesse. C'est ce qui m'anime pour venir à l'Assemblée
nationale aujourd'hui, c'est ce qui me motive, hier, avec notre équipe, de
travailler très tard pour trouver des solutions.
Ce n'est pas... ce n'est pas un truc très
rapide, penser à une demande... à une demande de débat d'urgence. On voulait
vraiment qu'aujourd'hui que l'Assemblée nationale prenne le temps nécessaire,
pas pour faire le procès de qui que ce soit. C'est pour... L'intérêt premier, c'est
la protection de la jeunesse québécoise.
M. Tanguay : Si tu me
permets...
Journaliste : Est-ce que M.
Carmant est toujours la personne toute désignée pour mener ce... j'allais dire,
ce vaste chantier?
M. Tanguay : Pour nous, poser
la question, c'est y répondre. Ça fait six ans qu'il n'a pas de résultats.
Alors, François Legault a mis sa en confiance en lui. Pour nous, il n'a pas
notre confiance, clairement, Lionel Carmant, clairement.
Journaliste : Donc, est-ce qu'il
doit démissionner?
M. Tanguay : Bien, c'est à
François Legault... Il doit répondre aux questions. Alors, je vais laisser
François Legault lui-même dire si c'est toujours l'homme de la situation. Pour
nous, c'est ne pas... ce n'est pas l'homme de la situation. Puis ce n'est pas
moi qui va... qui va décider de cela.
Je veux vous dire une chose. La directrice
nationale de la DPJ a dit : Il y a un... il y a des apparences d'un
système en place. Elle parle de l'intrusion de potentiels groupes criminalisés.
On fait rentrer des cellulaires, on fait rentrer de la drogue. Le ministre a
lancé un cri du cœur hier, il a dit, je le cite, au texte : «Ceux qui n'ont
pas leur place...» Il demande de quitter le réseau. Un ministre qui est
carrément dans un cri du cœur et non pas dans l'action, qui n'a pas pris
contrôle, il dit : Ceux qui n'ont pas leur place dans le réseau, là, vous
vous connaissez, quittez donc le réseau. On veut... Pas pour faire son procès,
ce n'est pas l'inquisition.
Le leader de l'opposition officielle,
Monsef Derraji, vient de nous révéler que l'Assemblée nationale ne va pas
travailler après midi. Après la période des questions puis les motions, on met
la clé dans la porte. On est là pour travailler un 2 heures, pas pour
blaster le ministre, pour lui demander : Qu'entend-il quand il dit que
ceux qui sont... qui n'ont pas d'affaire là quittent le réseau? Il est au
courant de quoi? Que va-t-il faire? Aussi la commission Laurent, suite des
propositions, quand est-ce que ça va arriver? C'est notre travail. On veut le
faire.
Journaliste : Mais donc, vous
ne lui demandez pas de quitter, à M. Carmant.
M. Tanguay : Il n'a plus
notre confiance, Lionel Carmant, c'est clair. Alors, c'est à François Legault à
justifier qu'il est encore là. Quelle a été sa grande réalisation, Lionel
Carmant? Puis, quand on regarde les résultats dès 2019, la fillette de Granby,
on a dit : On n'abandonnera plus nos jeunes. Là, on parle de jeunes
vulnérables qui sont laissés à eux-mêmes, qui ont de mauvaises influences. Et,
alors que le système, le réseau devrait être là pour les encadrer, bien, les
amène dans des dérives additionnelles. Alors, on ne s'occupe pas de nos
enfants. Le ministre responsable, là, c'est bien beau de dire : Bien, moi,
j'ai congédié Catherine Lemay, mais lui, il est responsable aussi. C'est trop
facile de dire : J'ai congédié quelqu'un, le problème est résolu. Non. Il
y a des réponses à fournir. Puis un 2 heures, là, je ne sais pas c'est
quoi, l'agenda public, là, de Lionel Carmant après-midi, mais je pense qu'il
serait bien avisé de passer 2 h avec nous autres.
Journaliste : Mais là
pourquoi vous jouez sur les mots? Pourquoi vous jouez sur les mots, là?
Pourquoi vous ne dites pas : On demande sa démission?
M. Tanguay : Bien, c'est la
même chose. On demande sa démission. Il n'a plus confiance en nous. Mais,
demander sa démission, je le sais que ça n'arrivera pas parce que François
Legault ne se rend pas à l'évidence. Il ne se rend pas à l'évidence qu'en six
ans, en six ans, il n'a pas... il n'a pas livré la marchandise. Alors, il n'a
plus confiance.
Alors, la grande démission, ce sera le
gouvernement, en bloc, le 5 octobre 2026. Je veux dire, les ministres ne
font pas leur travail. François Legault gère un gouvernement... qu'est-ce qu'il
gère, on ne sait pas ce qu'il gère, mais il est à la tête d'un gouvernement qui
n'a pas de résultats. Nommez-moi un seul dossier où on a avancé au Québec
depuis six ans. Il n'y en a aucun.
Journaliste : Québec
solidaire dit que des défis en DPJ sont amorcés avec la réforme de Gaétan
Barrette, puis que vous êtes bien mal avisés aujourd'hui de demander un débat
d'urgence sur la question. Est-ce que vous estimez que vous avez une part de
responsabilité dans la situation actuelle?
M. Tanguay : Je trouve... Je
trouve qu'il fait très peu de cas du rapport très complet de la commission
Laurent, qui avait des pistes de solutions très tangibles. Il est là. Après la
fillette de Granby, 2019, on s'est tous dit : O.K., il y a un désormais,
on met notre pied à terre. Et, en ce sens-là, le rapport de la commission
Laurent, il y avait, je pense, quelque chose comme 160 pistes de
recommandations, à peu près, on me corrigera si j'ai tort, puis il y en a
encore des fondamentales qui ne sont toujours pas appliquées. Alors, c'est bien
beau de remonter à Mathusalem, mais à la commission Laurent, on s'était dit
collectivement, là, là on s'en occupe. Puis on continue d'en échapper.
M. Derraji : Désolé. Parce
que c'est très inquiétant. C'est très inquiétant, ce que nous, on entend aussi.
Il y a des rumeurs qui circulent qu'il a quelqu'un qui ne veut pas aller de
l'avant avec la charte de l'enfant. Ça a été parmi les tops priorités. Qui
bloque à l'intérieur de ce gouvernement d'aller de l'avant avec la Charte?
Pourquoi tant de blocage d'aller de l'avant?
Donc, c'est très facile, isoler le
ministre, c'est-à-dire qu'il ne fait pas son travail. Quels moyens François
Legault donne à son ministre pour aller de l'avant?
Journaliste : Mais qu'est-ce
que ça changerait concrètement sur le terrain?
Des voix : ...
M. Derraji : Bien, écoutez...
Journaliste : Qui bloque?
M. Derraji : Vous avez raison
de dire : Qu'est-ce que ça va changer sur le terrain. Mais on s'est posé
la même question en 2019 : Plus jamais. Et aujourd'hui, c'est pour cela
qu'on veut ce débat d'urgence, parce qu'on ne veut plus revivre dans le même
film. C'est des agressions sexuelles que nous avons en face de nous.
Et, quand nous, on fait notre travail, on
essaie de comprendre pourquoi ça bloque, ce n'est pas uniquement le ministre
Lionel Carmant qui est responsable, c'est tout le gouvernement, y compris le
premier ministre, qui s'est dit, le lendemain : Je vais prendre au sérieux
ce qui s'est passé à Granby. Et c'est là où très important de se poser la
question. Il y avait des priorités dans le rapport Laurent, vous connaissez
tous. Le bilan de ce rapport, il est où aujourd'hui? Et pourquoi on traîne
d'aller de l'avant? Parce que, si on mettait le temps nécessaire pour mettre en
place certaines recommandations, probablement, on va avoir le bon portrait, le
bon scan d'un réseau sclérosé, où la... où la personne qui veillait sur ce
réseau la semaine dernière le disait clairement, qu'il y a quelque chose à
l'intérieur du système.
C'est pour cela que c'est troublant, et
que j'invite le premier ministre aussi à se mêler de ce dossier, c'est aussi sa
responsabilité, et expliquer aux Québécois pourquoi ça traîne au niveau du
rapport de Larent.
Journaliste : La rumeur dit
c'est qui, M. Derraji, qui bloque?
M. Derraji : Il y a un
problème. Le problème existe. J'invite le gouvernement à le dire, pourquoi la
charte ne va pas de l'avant.
Journaliste : Bien, c'est
qui, c'est qui?
Journaliste : Faites-nous
gagner du temps, M. Derraji.
M. Derraji : Je suis à la
même place que vous. J'invite le gouvernement à répondre pourquoi on ne va pas
aller de l'avant, parce que je me pose les mêmes questions que vous. Nous, on
fait notre travail avec les moyens qu'on a, mais nous sommes très préoccupés,
très préoccupés, parce qu'on ne donne pas suite aux recommandations. On traîne,
et ça... dans ce que vous avez entre les mains, c'est dégueulasse, excusez-moi
le terme, ce que nous avons tous entendu la semaine dernière.
Journaliste : Alors, la
personne qui bloque, est-ce que c'est un autre ministre? Est-ce que c'est au
bureau du premier ministre? Est-ce que c'est des gestionnaires sur le terrain,
c'est... Donnez-vous un indice.
M. Derraji : J'invite
François Legault et son gouvernement à s'expliquer. Pourquoi il y a un retard
au niveau de la Charte de l'enfant?
Journaliste : Concernant
votre vision du financement public des écoles privées dites religieuses, là, on
peut parler de la définition, quelle est la position, aujourd'hui, à
11 h 35, du Parti libéral du Québec?
M. Tanguay : Bien, la même
que je vous ai exprimée jeudi passé, probablement autour de 8 h 47.
L'argent public ne peut pas être utilisé pour enseigner une religion dans les
institutions d'enseignement. Le cursus scolaire et l'entièreté du cursus du
cursus scolaire doit être enseigné. En ce sens-là, il est important de faire
appliquer ces principes-là.
Journaliste : Est-ce qu'on
peut ajouter une formation, par exemple, liée à une religion?
M. Tanguay : Ça, ça fait
partie des discussions qu'il faut y avoir. Et on a déjà dit : Ça fait
partie des discussions qu'il faut y avoir. L'important, c'est que l'argent
public ne peut pas financer un enseignement religieux, quel qu'il soit.
Journaliste : Puis, au
caucus, ça se passe comment sur cette question-là?
M. Tanguay : Ça relève des
discussions de caucus.
Journaliste : Parce que, là,
deux candidats de la course à la chefferie viennent de vous avertir. Ils vous
disent d'ailleurs directement, là. M. Coderre est sévère envers vous, M.
Tanguay, il vous a envoyé une lettre personnellement pour vous dire : Vous
n'aviez pas à prendre cette décision-là, c'est aux membres de la prendre, vous
avez outrepassé le pouvoir du parti. Donc, qu'est-ce que vous lui répondez?
Vous êtes obligé de vous tremper, là, c'est à vous qu'ils parlent, là.
M. Tanguay : Deux choses.
Alors, pour ce qui est de la lettre, la missive de Denis Coderre, ça, ça lui
appartient. Puis je vais... je ne vais pas commenter. Maintenant, moi, j'ai un
rôle à jouer comme chef intérimaire, pas comme candidat à la chefferie, comme
chef intérimaire. Et, en ce sens-là, les discussions au caucus vont rester
confidentielles.
Journaliste : Mais je vais
juste avoir une précision sur... parce que... sur ce qu'il a dit, parce qu'il a
dit deux choses en même temps, là. Vous dites que l'argent public ne peut pas
servir à enseigner une religion. Vous dites : Il faut enseigner le cursus.
Moi, je vous pose comme question après : Une fois que le cursus est
enseigné, est-ce qu'on peut, dans une école subventionnée par le public, avoir
une portion religieuse là-dedans? Et là vous avez dit : Ça prend des
discussions. Alors, c'est oui ou bien c'est non?
M. Tanguay : Il ne faut pas
que l'argent public soit appliqué là-dedans.
Journaliste : Mais donc le
25, le 30, le 40 % d'argent privé peut servir à ça.
M. Tanguay : Si c'est de
‘argent privé, c'est correct...
Journaliste : Non, mais il y
a une partie des écoles privées qui sont... le 40 % peut donc servir...
M. Tanguay : Il faut être en
mesure de s'assurer que, dans l'application, ce principe-là soit appliqué,
qu'il n'y ait pas d'argent public qui serve à financer cet enseignement-là.
Journaliste : Mais les écoles
qui pourraient avoir une partie, par exemple, confessionnelle dans leur
enseignement, si tout le cursus scolaire québécois est enseigné, il pourrait y
avoir une partie confessionnelle. C'est ça que je comprends.
M. Tanguay : Si l'argent
public n'est pas impliqué, effectivement, il faut que l'argent public ne soit
pas impliqué là-dedans. Il faut que tout le cursus soit enseigné. Et, du reste,
il faut voir quelles sont les applications, les modalités de cela. Et, en ce
sens-là, il est important aussi d'avoir l'entièreté d'un portrait. Vous avez vu
la déclaration commune que j'ai signée avec le président du parti et le
président de la commission politique à l'effet que le Parti libéral du Québec
va se lancer et va revenir avec une large consultation sur l'état des lieux.
Journaliste : Mais
expliquez-nous pourquoi, dans le caucus, après que vous ayez pris une décision
qui était celle que vous avez prise, la semaine dernière, de voter en faveur de
cette motion-là, que maintenant des élus décident de se dissocier de cette
décision-là.
M. Tanguay : Ça relève de la
discussion de caucus. Et je ne ferai pas de commentaire, là...
Journaliste : Ce n'est plus
des discussions de caucus, c'est rendu sur Twitter.
Des voix : ...
Journaliste
: ...on
parle juste... pourquoi maintenant ces membres-là décident de se dissocier?
M. Tanguay : En aucun cas des
discussions de caucus ne devraient se retrouver sur la place publique, en aucun
cas.
Journaliste : Mais là ils
expriment des positions personnelles sur Twitter, là, vous avez...
M. Tanguay : Et moi, je ne
vais pas en rajouter une couche. Il y a eu des discussions de caucus, il y aura
des discussions de caucus, puis elles vont rester confidentielles. Et moi, je
tiendrai à appliquer cette règle-là.
Des voix : ...
M. Tanguay : Non, non.
Journaliste : Mais, sur le
fond de l'histoire, parce que M. Pratte, là, s'est exprimé publiquement, il ne
fait pas partie de votre caucus, peut-être qu'il vient à l'occasion, mais il
disait que, dans le fond, le caucus a outrepassé ses fonctions en changeant une
position historique du parti la semaine dernière. Est-ce que vous êtes d'accord
avec son analyse que vous êtes allés trop loin, trop rapidement, qu'il aurait
fallu mettre dans le coup la commission politique, les membres du parti
également?
M. Tanguay : Pour ce qui est
de la relation avec la commission politique, moi, je vous réfère à la
déclaration commune. Le caucus a évidemment à se prononcer à tous les jours à
l'Assemblée nationale sur plein de dossiers. C'est ce qu'on a fait puis c'est
ce qu'on va continuer de faire. Maintenant, en collaboration, la déclaration
commune nous amène à faire un travail militant, et c'est ce que j'ai salué, non
seulement salué, mais je l'ai co-signé avec le président puis le président
Pratte.
Journaliste : Mais
M. Tanguay, vous avez quand même deux députés qui sont dans votre caucus,
qui expriment leur dissidence, là, par rapport à la position qui a été prise.
Vous dites que ça ne devrait pas se retrouver sur X, là, ces déclarations-là,
parce que les discussions au caucus doivent y rester. Est-ce que, donc, vous
tolérez que des députés s'expriment, expriment leur dissidence, brisent les
rangs sur X? Qu'est-ce que vous allez faire avec ça?
M. Tanguay : Il y aura des
discussions à l'interne à cet effet là.
Journaliste : Ça veut dire
quoi?
M. Tanguay : Ça veut dire
qu'il y aura des discussions à l'interne, puis je vais donner le bon exemple en
ne les divulguant pas. Mais chose certaine, je réitère la règle : ce qui
se passe en caucus reste en caucus. Vous le savez. Puis si on a 157 ans au
Parti libéral du Québec, c'est parce qu'il y a beaucoup de monde qui ont passé
au Parti libéral du Québec puis qui ont respecté cette règle-là. On ne peut pas
fonctionner autrement qu'en respectant cela.
Journaliste : Mais vous allez
les réprimander ou leur demande leur démission ou...
M. Tanguay : Je vais donner
le bon exemple, puis ça restera des discussions à l'interne.
Journaliste : Je vais poser
cette question, puis M. Derraji est là. Sur une des écoles visées dans les
50, M. Derraji est allé faire des... on le voit, par exemple, sur des
photos. On a Désirée McGraw qui est proche de l'école Loyola. Est-ce qu'il y a
des membres qui devraient répondre à des questions? Des élus libéraux qui...
Là, Mme McGraw n'a pas voulu répondre à l'entrée du caucus. Elle devait
répondre, elle n'a pas répondu. Cathy a essayé. Il y avait un point de presse
qui était prévu. Finalement, elle est rentrée sans nous parler. Est-ce que vous
empêchez vos élus de parler sur ce sujet-là, en ce moment?
M. Tanguay : La règle est
très claire : ce qui relève, de façon très précise, de discussion au sein
du caucus doit rester au sein du caucus. Ça, c'est la règle. Et peu importe le
sujet.
Journaliste : Mais on parle
d'opinion personnelle des gens qui sont dans ce milieu-là, c'est leur
électorat. Clairement, il y a une division, là, dans votre caucus. Je comprends
qu'il faut que ça reste au caucus, mais c'est en train de s'effriter partout,
s'est rendu sur Twitter. À un moment donné, il faut réagir. Vous êtes le chef.
M. Tanguay : Je suis en
action comme je l'aurai toujours été, comme chef intérimaire, et il y aura des
conversations privées, puis des conversations de caucus.
Journaliste : Mais est-ce que
vous sentez un certain déchirement entre on veut cesser de financer les écoles
si elles ne suivent pas le cursus versus les parents ont un droit de...
familial et personnel pour ce qui est de l'enseignement de leurs enfants?
Est-ce qu'on sent que ça, c'est un déchirement entre les deux?
M. Tanguay : Je ne vois pas
d'antinomie entre les deux.
Journaliste : Est-ce que,
dans une école, par exemple, qui est financée par... à 60 % par le public,
une école privée, s'il y avait... qui enseigne tout le cursus scolaire, une
prière au début de la journée par exemple, comme ça s'est fait pendant des
années dans des collèges privés, etc., puis ça se fait encore d'ailleurs,
est-ce que ça, c'est acceptable?
M. Tanguay : Prière avec
l'argent public, non.
Journaliste : Bien, je veux
dire de la... l'argent public qui sert à l'enseignement, il ne sert pas à faire
la prière, là. Comment vous faites pour savoir c'est quelle goutte qui fait
déborder le vase?
M. Tanguay : Exact.
Justement, vous faites mon point. Alléluia, si je peux me permettre.
Des voix : ...
M. Tanguay : Alors, je vais
retirer mes propos. Faites la présidente de l'Assemblée nationale, je vais
dire : Enfin. Il faut justement aller à cette analyse-là. Il faut aller à
cette analyse-là. Pas de façon péremptoire, nous, derrière le lutrin, puis de,
comme on dit, de «caller les shots», il faut aller à l'analyse.
Journaliste : On comprend,
M. Tanguay, que, pour l'instant en tout cas, la solidarité de caucus, ça
n'existe plus dans le parti de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.
M. Tanguay : Ah, non, je ne
suis pas d'accord avec vous.
Journaliste : Bien, c'est
parce que là, on a des exemples patents devant nous qui nous parlent, qui
disent le contraire de la position que vous avez prise la semaine dernière.
C'est pour ça qu'on se dit : Donc, le principe de solidarité de caucus ne
s'applique plus maintenant.
M. Tanguay : Je ne suis pas
d'accord avec vous. Il s'applique, et on va veiller à ce qu'il soit appliqué.
Journaliste : Pensez-vous les
exclure du caucus, M. Tanguay?
M. Tanguay : Ah, je ne vais
pas commenter là-dessus.
Journaliste : Mais ça va être
quoi, la conséquence? Parce que je comprends bien qu'il va y avoir des
discussions, mais ils ont brisé la ligne de parti publiquement, ça va être
quoi, la conséquence?
M. Tanguay : Je sais que vous
aimeriez savoir, mais ça fera partie de discussions confidentielles.
Journaliste : Vous aviez dit
que vous ne vous présentiez pas à la chefferie, donc là, vous avez pris une
décision qui a quand même de grosses répercussions au sein des troupes
libérales, donc le prochain chef va... clairement va décider autrement, là, il
y en a deux qui se positionnent contre. Auriez-vous ce discours-là si
aujourd'hui le chef avait décidé que ce n'est pas vrai qu'on change la vision
traditionnelle ou de... du Parti libéral du Québec? Donc, vous avez pris une
décision, comment ça s'est passé, prendre cette décision-là?
M. Tanguay : C'est une
décision qui a été prise en caucus. Puis je vais aller plus loin, là, je veux
juste répondre en deux, trois étapes. Sur votre point, comment s'est prise la décision...
Journaliste : Les membres
libéraux, en ce moment, se posent comment la décision s'est prise. C'est ça
qu'ils se demandent, là. Ils sont publiquement sur Twitter, tout le monde se
déchire sur la place publique. Ils veulent savoir pourquoi vous avez pris cette
décision-là puis comment vous l'avez prise. Ça fait que c'est sûr que, si vous
gardez ça à l'interne, les gens à l'extérieur vont commencer à dire : Bien
là, est-ce qu'ils font encore confiance à ce qui se passe... Vous comprenez?
M. Tanguay : Parfait. Alors,
deux, trois aspects. La décision a été prise en caucus après une discussion de
caucus. Et je ne vais pas commenter plus avant comme tout le monde devrait
faire.
Une fois que j'ai dit ça, c'est un peu
présomptueux de dire que les candidats à la chefferie qui auront à débattre de
ça, il y aura cinq débats nationaux, vont nécessairement aller d'un bord,
nécessairement aller de l'autre bord.
Dans la déclaration commune, troisième
point, qui a été publiée, je pense, c'est samedi, je signe, avec le président
du parti et le président de la commission politique, où là, il y aura un état
des lieux, une vaste consultation non seulement des militants, des experts,
entre autres, et un rapport sera déposé, rapport complet, au plus tard le
31 mars. Ce qui nous met à la veille des débats, aussi, à la chefferie ou
des cinq débats nationaux. Alors, nécessairement, ça fera partie, pas
entièrement, on s'entend, parce qu'on est le Parti libéral, on va parler
d'économie, de finances publiques puis de services, mais ça fera partie des
débats. Et, en ce sens-là, les candidats à la chefferie, eux, peuvent
commenter, ils sont candidats, puis ils espèrent d'avoir les votes des membres
du parti pour se faire élire. Alors, c'est les membres du parti qui vont juger
sur ce qu'ils avancent.
Journaliste : Si ça prenait
une si grosse étude, pourquoi là vous avez pris la décision d'y aller...
d'aller de l'avant avec ça?
M. Tanguay : Bien, sur le
principe que l'argent public ne doit pas être utilisé pour enseigner une
religion, c'est une évolution tout à fait normale sur laquelle... sur laquelle
on s'entend très clairement, là. Je veux dire, l'argent public n'est pas là
pour enseigner une religion, quelle qu'elle soit.
Journaliste : Mais le premier
ministre a mandaté, la semaine dernière, les ministres Drainville et Roberge de
trouver des nouvelles façons, des nouveaux contrôles de la laïcité dans le
réseau de l'éducation, notamment. Là, est-ce que vous lui dites d'attendre au
31 mars pour connaître l'avis du Parti libéral sur ces questions-là?
M. Tanguay : Écoutez, le
gouvernement n'agit déjà pas assez, ce n'est pas nous qui allons lui dire
d'attendre, là. Je veux dire, que le gouvernement agisse, là.
Journaliste : O.K. Donc, s'il
veut aller de l'avant avec la fin du financement public...
M. Tanguay : Bien, avec ces
consultations.
Journaliste : ...des écoles
privées confessionnelles, il doit se baser sur la position actuelle du parti.
Il peut agir tout de suite, là, avec l'appui du Parti libéral du Québec?
M. Tanguay : Bien, j'ose espérer
que le gouvernement n'attend pas après les consultations du Parti libéral du
Québec, desquelles découle la position que j'ai exprimée jeudi dernier.
François Legault, c'est à lui à dire que : J'ai mis mes ministres en
action. Bien, qu'il les mette en action, qu'il rende publics les résultats, et
ça va alimenter la réflexion, le cas échéant, de tout un chacun.
Journaliste : O.K. Ça fait
que d'ici au 31 décembre, vous allez défendre la position de jeudi...
M. Tanguay : Mars.
Journaliste : ...mars,
pardon, vous allez défendre la position que vous avez énoncée jeudi et précisée
aujourd'hui?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
sur ces principes-là, on s'entend, là. Je veux dire, argent public pour
enseigner une religion, non, enseigner tout le cursus, oui, dialogue pour
savoir où ça peut accrocher... oui. Un, deux, trois. Je l'ai dit jeudi, je ne
dédis rien de ce que j'ai dit jeudi. Et on va poursuivre la
réflexion.
Journaliste :
What could be the consequences for
Elisabeth Prass and Désirée McGraw since they published both messages on
Twitter or on X explaining that they were not at ease with their party's
position on cutting public finding to religious subsidised schools... private
religious schools? What are the consequences? Because, to me, you look mad
right now.
M. Tanguay :
I think I look «serein», «serein».
Journaliste :
Really?
M. Tanguay :
Really.
Journaliste :
Is it?
M. Tanguay :
Oui. Really. Because the principle is
crystal clear. All the conversations within the caucus must stay within the
caucus. This is a priority to preserve the confidentiality. That being said, I
will not add on and comment on your question. They'll have internal
discussions, and it's going to be treated confidentially as such.
Journaliste :
But you had three MNAs in your caucus
very clearly not in support of this. The first motion that came from QS, they
were not in support of that. And the second motion on the clause that was
referred to about funding private religious schools, they disagreed. Yet you
went ahead with that vote. You cracked the whip on your MNAs so that the caucus
appeared united. But in fact, three of your MNAs are very descrambled about
this situation and they've gone public with it. What are you going to do about
that?
M. Tanguay :
Going public should not happen. The
internal discussion must stay within the caucus. And following that event,
we'll have internal discussions. And I'll show the good example by not
commenting publicly about the nature of these discussions.
Journaliste :
But this morning, you've told them not
to talk to the media. They would not talk publicly in the morning... in front
of Kathy's cameras, they would not talk.
M. Tanguay :
The rule is crystal clear. No one, not
me, not our leader, no one is allowed to reveal the... any element falling in
the confidentiality of the caucus. And the rule applies to me and to each and
everyone.
Journaliste :
But what about their personal views,
how they stand? And they have to explain their point of view to their
constituents: This is what happened, nothing else.
M. Tanguay :
Again, I'm reestablishing the rule that
the caucus must stay confidential, what's discussed in there, and that rule
applies to each and everyone, including me.
M. Tanguay :
OK. Mr.
Derraji, I would like to understand your point of view regarding Lionel
Carmant. So, you want him to resign? That's enough?
M. Derraji :
Yes. Yes, of course, and we want to
have a debate. It's not only about Lionel Carmant today, we want, today, to
have a debate because we have time inside the Parliament today and we're ready.
That's why I sent this morning a letter to the president of the National
Assembly to ask her to give us this time because we need it. We need to
understand what happened inside the DPJ.
Journaliste :
But do these children inside the DPJ
have time to spare if this is already a problem and we're finding out it's
spreading to other agencies?
M. Derraji :
Yes, and that's why... as Marc said
later, that our colleague, Brigitte Garceau, she is working very hard since a
long time and we want this debate today. That's why it's urgent. We want it and
we want to understand what happened and to have the right answer for the
problematic that we are facing in this case.
Journaliste :
But are you asking clearly the
resignation of Lionel Carmant today?
M. Derraji :
Yes, it's the point today. We have so
many problems. Since Granby, the Premier Legault said that... we want to see
improvements and... anymore like the case of Granby. So, six years or five
years later, we are at the same point. And that's why, and that's why, for us,
it's very important to have this debate. We are here. Le salon rouge is closed
today after our debates. We have time. It's urgent to have this time as a
legislator and that's why we are here. And that's why my colleague, she's there
because she is very involved in this case. And we want answers, answers for us
as an MNA, but answers also for the population. It's urgent and the Government
must act.
M. Tanguay : Merci beaucoup.
Thank you.
M. Derraji : Merci à vous.
(Fin à 11 h 53)