(Onze heures deux minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
On est content de vous retrouver cet avant-midi à l'Assemblée nationale. D'abord,
je veux vous parler des chiffres sur la faim au Québec qui ont été dévoilés
hier. Les chiffres sont tombés hier. Il y a maintenant 940 781 personnes
chaque mois au Québec qui ont besoin d'aide pour manger. Ça, c'est plus qu'un
Québécois sur 10. C'est une explosion de 53 % en trois ans. 35 % de
ces gens-là, c'est des enfants, 35 %. C'est une honte dans une société
comme le Québec et François Legault est responsable de cette situation-là.
Ça fait des mois qu'on en parle. Je suis
tanné de tourner autour du pot. François Legault doit prendre ses
responsabilités. Quand plus d'un Québécois sur 10 a de la misère à manger, le premier
ministre doit s'en occuper. Donc, au lieu de nous revirer de bord à chaque fois
qu'on lui propose des solutions, j'aimerais qu'il nous dise, lui, aujourd'hui,
qu'est-ce qu'il va faire pour que les Québécois, les Québécoises, dont il est
le chef d'État, arrêtent d'avoir faim parce que ça dégénère et ce n'est pas
acceptable qu'on n'en parle pas plus, ce n'est pas acceptable que ce ne soit
pas un sujet prioritaire pour le premier ministre du Québec.
M. Cliche-Rivard : Merci,
Gabriel. Ce matin, je vais vous parler de la DPJ. Je suis vraiment profondément
troublé de ce qu'on a appris la semaine dernière et de ce qui continue à
défrayer les manchettes encore ce matin. J'avais demandé depuis vendredi
dernier la démission de la directrice nationale de la DPJ. C'était la seule
chose à faire. Hier, ça s'est produit comme vous le savez tous. Ceci étant dit,
c'est M. Carmant le ministre des Services sociaux. C'est M. Carmant
le ministre responsable de la DPJ. C'est lui qui est responsable de ce dossier-là
depuis plus de six ans maintenant.
Moi, j'ai envoyé une lettre pour entendre M. Carmant
en commission. Les Québécois sont inquiets. Les Québécoises sont inquiètes. On
veut entendre son plan. On veut savoir comment il va s'y prendre pour que ça s'arrête.
Ça suffit, les scandales. On veut savoir si c'est encore lui, l'homme de la
situation. M. Carmant va-t-il avoir le courage de venir s'expliquer en
commission parlementaire? C'est la question que je lui pose. On parle des
enfants les plus vulnérables du Québec, les enfants qui n'en ont pas de parents
qui s'occupent d'eux autres au quotidien, les enfants qui comptaient sur l'État
québécois pour les aider, pour les encadrer. Ça n'a aucun sens. C'est
inacceptable. Il faut que ça cesse. Il faut qu'on arrête d'empiler les
scandales à chaque jour puis à chaque semaine. M. Carmant doit réagir. Ça
suffit.
Journaliste : Quand vous
demandez est-ce que c'est encore l'homme de la situation, jusqu'à présent, vous
doutez toujours de cette question-là ou vous avez une réponse par rapport à ça?
M. Cliche-Rivard : Je doute
fortement, je doute fortement. Puis chaque scandale qui passe, puis chaque jour
qui passe, puis chaque histoire qui s'avance, là, je suis vraiment dérouté. Je
veux... Je veux l'entendre. Et honnêtement je me pose sincèrement la question.
Vas-y Gabriel.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Je
veux ajouter un élément. À chaque... À chaque scandale qu'il y a à la DPJ, M.
Carmant nous dit que c'est donc bien épouvantable. Puis il a l'air sincère quand
qu'il dit ça. Mais la responsabilité d'un ministre, là, ce n'est pas de trouver
ça épouvantable, c'est de régler la situation. M. Carmant doit venir
s'expliquer en commission parlementaire, il doit répondre positivement à la
demande de mon collègue Guillaume Cliche-Rivard, et on aura, à ce moment-là, la
réponse définitive à savoir s'il est en mesure de régler le problème.
Journaliste : O.K. Mais vous
pensez toujours qu'il est l'homme qui peut régler la situation et qu'il n'est
pas une partie du problème?
M. Cliche-Rivard : Le
problème, d'abord, il a commencé avant M. Carmant, là. Il date de la réforme
Barrette, qui a vraisemblablement fait très, très mal à la DPJ. Puis, à partir
de là, bien, M. Carmant n'a pas fait mieux, parce que, depuis six ans, le
réseau ne s'améliore pas. Donc, quand nos collègues libéraux, là, présentent
une motion d'urgence ce matin, j'aimerais bien ça qu'ils se regardent dans le
miroir puis qu'ils nous disent comment ça se fait qu'ils n'ont pas... comment
ils pensent qu'ils n'ont pas contribué au problème, là. Ça part de là, le
problème.
Ceci étant dit, moi, je laisse une
dernière chance au ministre Carmant. Je veux l'entendre. Je veux savoir c'est
quoi, son plan, où est-ce qu'on s'en va, puis quand est-ce que ça s'arrête.
Puis, comme Gabriel Nadeau-Dubois l'a dit très clairement, si on n'a pas les
réponses à ce plan-là, on aurait les conclusions en conséquence.
Journaliste : Mais qu'est-ce
qu'il peut faire de plus?
M. Cliche-Rivard : Voyons
donc! C'est son réseau, c'est lui qui est ministre, c'est lui qui possède les
budgets, c'est lui qui engage les éducatrices, les éducateurs.
Journaliste : Je comprends.
Mais expliquez-moi, après une commission, après avoir nommé une directrice,
après avoir nommé un commissaire qui s'en vient, après avoir demandé une
enquête policière...
M. Cliche-Rivard : Il ne l'a
pas nommé, le commissaire.
Journaliste : Non mais c'est
censé être fait... jusqu'en décembre, là.
M. Cliche-Rivard : Bien, c'est
supposé être le plus vite possible.
Journaliste : Mais après
avoir demandé des enquêtes policières, des enquêtes administratives, qu'est-ce
que vous feriez?
M. Cliche-Rivard : Comment ça
se fait que M. Carmant n'est pas en contact avec son réseau? Moi, les gens à
qui je parle depuis la semaine dernière, là, tout le monde me dit qu'il savait
ce qui s'en venait à Cité-des-Prairies. Comment ça se fait que le scandale,
dans Mauricie, en DPJ, c'était connu depuis tout le monde, à un moment donné,
on se réveille le matin puis on di : Oui, il faut qu'on mette à la DPJ
sous tutelle, oui, ça n'a pas de bon sens, ce qui s'est passé à matin? Combien
d'autres scandales il va falloir qui se passe avant que M. Carmant connaisse
son réseau puis ce qui se passe dans... sur le terrain? Où est-ce qu'ils sont,
ses visites sur le terrain, dans ces centres jeunesse là? Comment ça se fait
qu'on est avec des travailleurs d'agence qui ne sont pas formés? Bien,
malheureusement, on le voit dans les derniers jours, c'est des gens qui
n'étaient pas formés.
Journaliste : Donc, ce que
vous lui reprochez, c'est de fermer les yeux ou de ne pas être au courant?
C'est quoi?
M. Cliche-Rivard : Je... Moi,
c'est lui qui va parler, à savoir s'il savait ou s'il ferme les yeux. Ce que je
vois, c'est qu'il n'est vraisemblablement pas connecté avec son réseau. Il
n'est pas connecté avec son réseau. C'est inacceptable, ce qui se passe, là.
C'est grave, là, c'est des viols, c'est des agressions sexuelles sur des
mineurs de 15 ans en DPJ. C'est absolument inacceptable. C'est les enfants
les plus vulnérables de la société. Puis, à chaque fois, on ne peut pas juste
dire qu'on est surpris, qu'on est choqués puis qu'on passe au prochain appel.
Le commissaire au bien-être des enfants,
là, on a fait cette loi-là à la session passée. Où est-ce qu'il est, ce
commissaire-là? Comment ça se fait qu'il va falloir qu'on attende jusqu'à la
dernière minute de l'épuisement? Déjà que le... c'était depuis le rapport
Laurent, ça. Ça fait trois ans qu'on aurait dû mettre ça en place. La CDPDJ, on
attend des réformes avec Table justice jeunesse. C'est où, ces réformes-là? Les
manchettes défraient que la CDPDJ ne fait pas son travail puis ne va pas en
enquête de lésion de droit. Comment ça se fait qu'on n'est pas intervenus
là-dessus? Je veux dire, ça n'a pas de bon sens.
Donc, il faut un plan de match. Puis, si
M. Carmant, il n'en a pas, de plan de match, bien, on tirera les conclusions.
Journaliste : Mais vous, vous
êtes ministre demain, on commence par quoi, par où, là, M. Cliche-Richard? Vous
êtes ministre?
M. Cliche-Rivard : Je
commence par former, valoriser et suivre l'ensemble de nos éducateurs puis
éducatrices dans le réseau. Il y en a plein qui sont bien intentionnés, mais il
y a du monde qui n'ont pas d'affaire là. Ceux-là, il va falloir qu'on redonne
ses lettres de noblesse à la DPJ. Il va falloir qu'on lui donne les moyens.
Puis il va falloir qu'on encadre ces jeunes-là puis qu'on leur donne une
chance. Pas en les laissant grandir puis vivre dans les lieux vétustes comme
Mont Saint-Antoine, pas en faisant en sorte que du monde pas formé mette en
situation de détention des jeunes de 6 à 9 ans à Laval, pas en ayant un
autre scandale d'un jeune enfant DI, là, déficience intellectuelle avec
TSA, qui fait l'objet de sévices, puis pas en laissant en place des éducatrices
qui agressent sexuellement des jeunes mineurs. Je pense que c'est assez simple
comme plan de match. M. Carmant doit se réveiller.
Journaliste : Vous le faites
comment, ce ménage-là?
M. Cliche-Rivard : Bien,
voyons! Je vais dans le réseau puis je vais sur le terrain. Je crois les gens
qui soulèvent des allégations. Je fais état localement, avec imputabilité, à
mes gestionnaires, puis je veux savoir ce qui se passe. Puis je veux parler aux
travailleurs puis aux travailleuses sur le terrain, parce qu'ils en ont long à
dire. Puis je veux qu'on écoute les enfants aussi, parce que les enfants en ont
long à dire, puis qu'on s'améliore. Puis les gens du réseau, là, les gens qui
travaillent autour de ça, puis les recommandations de Laurent, là, ça a coûté
12 millions aux Québécois, le rapport Laurent, puis il n'est même pas
appliqué dans sa grande majorité. En fait, l'ensemble... une grande majorité
des recommandations de ça, trois ans plus tard, là, elles ne sont pas
appliquées. Puis là, on va à la pièce, on fait des petites réformes, mais, sur
le terrain, là, ce qu'on voit, c'est que ça ne s'améliore pas. Ça fait qu'on a
un rapport Laurent, il faut l'appliquer. Puis ça nous prend un commissaire aux
bien-être des enfants, on ne l'a pas. Donc, là, vraisemblablement, là, il va
falloir que le plan s'active.
Journaliste : Le gouvernement
doit nommer un nouveau directeur national ou une directrice nationale. Quel est
le profil recherché, selon vous?
M. Cliche-Rivard : Quelqu'un
qui va se mettre les mains dedans. Quelqu'un, là, il peut venir de l'externe,
il peut venir de l'interne, moi, ça ne me dérange pas, mais quelqu'un qui va
avoir les coudées franches pour faire le ménage, quelqu'un qui va aller avec un
plan, puis une vision, puis qui va restructurer le réseau. Ça fait que moi,
là...
Journaliste : ...elle n'avait
pas les coudées franches?
M. Cliche-Rivard : Bien,
je... on ne semble pas... bien, vous allez me dire le contraire. Mme Lemay, là,
elle était là depuis trois ans. Elle était... elle connaissait le réseau,
semble-t-il, mais à partir de là, est-ce qu'elle communiquait l'information
jusqu'en haut de M. Carmant? Est-ce qu'il savait? Est-ce qu'il ne le savait
pas? Ça, c'est des choses que moi, je vais lui poser personnellement en
commission parlementaire.
Ceci dit, il était clair, puis tous en ont
convenu que Mme Lemay n'était plus rendue la personne pour diriger la DPJ, ceci
dit, en haut de Mme Lemay, il y a un ministre, il y a un ministre des Services
sociaux, il y a un ministre de la DPJ. Et M. Carmant ne peut pas juste faire
rouler la tête de Mme Lemay puis penser que l'histoire s'arrête là. M. Carmant
a des comptes à rendre aux Québécois puis aux Québécoises. Là, moi, j'ai très
peur que les Québécois puis les Québécoises, là, perdent confiance dans le
système de la DPJ, puis se demandent si ça vaut vraiment la peine, finalement,
de faire des signalements quand ils voient des situations inacceptables. Parce
que moi, si je suis une mère de famille ou un père de famille, là, demain
matin, puis j'écoute les nouvelles que vous écoutez, là, et puis que je vois
une situation alarmante, je vais me la poser, la question deux fois, à savoir
si je le fais, le signalement. Parce que le réseau, là, il est dans l'état que
vous le décrivez, puis il est dans le réseau... puis il est dans l'état que les
enquêtes, puis les scandales, un jour après l'autre, démontrent. Ça fait que je
pense qu'il y a une véritable question de confiance du public, puis que M.
Carmant a beaucoup de réponses à donner aux Québécois puis aux Québécoises.
Journaliste : Puis le poste
de Mme Lemay, en fait, la fonction en tant que telle, est-ce que vous estimez
qu'elle était suffisante? Est-ce qu'elle avait assez de mordant? Justement,
est-ce qu'elle avait assez les coudées franches pour agir, ou ça lui prendrait
des pouvoirs supplémentaires, ou...
M. Cliche-Rivard : Je pense
qu'elle avait tous les pouvoirs pour agir, si M. Carmant veut prétendre le
contraire, il viendra défendre sa vision, puis nous dire qu'est-ce que lui
avait proposé qui n'avait pas été mis en place. Puis M. Carmant doit s'assurer
que la prochaine personne arrête l'hémorragie, là. Parce que, si on tourne en
rond puis qu'on renomme une personne six mois plus tard, puis que les scandales
continuent, des enfants du Québec ne seront pas avancés.
Journaliste : Avez-vous
l'impression qu'on a... les centres jeunesse sont un peu dans l'angle mort. On
a parlé beaucoup de l'enfance avec la commission Laurent, la fillette de
Granby. Est-ce qu'on a un petit peu oublié ce qui se passait dans les centres
jeunesse puis ce qui se passait avec nos adolescents?
M. Cliche-Rivard : Moi, je ne
l'ai pas oublié. Puis les jeunes... j'ai des contacts avec des avocats, puis
avec des gens issus de la société civile qui me parlent de ces jeunes-là puis
il m'arrive de parler à ces jeunes-là, plus souvent qu'autrement, puis on a
notamment le collectif des Ex-Placés aussi qui nous en parle beaucoup. Donc, il
faut qu'on les écoute davantage, il faut leur donner une plus grande voix, mais
nous, on ne les a pas oubliés. Puis j'espère vraiment que M. Carmant ne les a
pas oubliés, parce que ces gens-là, ces enfants-là, ce sont les oubliés. Ce
sont ceux pour qui les parents, malheureusement, pour plein de raisons, là,
puis on ne rentrera pas là-dedans, n'ont pas été là pour eux, puis ils n'ont
pas été capables de leur donner ce qu'ils avaient besoin. Là, il appartient à
l'État québécois, puis il appartient au Québec de faire mieux pour ces
enfants-là.
Journaliste : Trouvez-vous ça
normal qu'il n'y ait pas d'ordre professionnel? Parce que l'analyse de la
demande est suspendue, il manque trop de monde à l'Office des professions, qui
est occupée au chantier de modernisation de Mme LeBel.
M. Cliche-Rivard : Moi, je
veux rencontrer... je vais faire la demande bientôt pour rencontrer ce
groupe-là qui s'organise pour faire cette demande-là. Moi, je veux étudier le
dossier correctement. On est ouvert, puis il y a vraisemblablement des demandes
qui sont intéressantes. Je pense que ça pourrait donner des chemins sur la
discipline, sur la déontologie, sur la formation continue. Maintenant, moi, je veux
m'asseoir avec les groupes, les travailleurs, les travailleuses pour voir si
c'est exclusivement cette demande-là qu'on doit faire ou s'il y a d'autres
moyens. Mais je... la porte n'est pas fermée.
Journaliste : Juste une
précision, est-ce que le nouveau directeur... doive être sorti de
l'organigramme du ministère de la Santé et des Services sociaux?
M. Cliche-Rivard : Moi, je
pense que c'était une mauvaise idée d'être sous-ministre et directeur national
de la DPJ. Ça avait été dénoncé à l'époque. Il doit avoir une seule loyauté, le
directeur national, c'est envers la DPJ. Et si M. Carmant n'a pas compris ça
encore, on va avoir un méchant problème.
Journaliste : Allez-vous
voter en faveur de la motion du Parti québécois qui dénonce ce qui s'est passé
sur le pont Jacques-Cartier?
M. Nadeau-Dubois : Vous
m'apprenez... on n'a reçu encore... bien, on n'a pas... peut-être que l'équipe
en haut a reçu, mais je n'ai pas vu la motion encore...
Journaliste : Puis, est-ce
que... Par le passé, là, vous n'avez jamais voulu vous positionner dans des
dossiers du genre pour ne pas dénoncer la désobéissance civile, mais là on voit
qu'il y a des gens qui ont manqué des rendez-vous médicaux, ça a bloqué
l'économie.
M. Nadeau-Dubois : Je ne l'ai
pas... je n'ai pas lu la motion, on va la regarder...
Journaliste : Mais, sur le
sujet en tant que tel, ce n'est pas obligé que ça soit la motion...
M. Nadeau-Dubois : ...mais ce
n'est pas des... nous, on a eu l'occasion, je pense, de le dire la semaine
passée, là, mais ce n'est pas des... ce n'est pas une action qu'on approuve. On
comprend l'indignation des gens, mais les méthodes, on ne les approuve pas du
tout. Nous, on a choisi l'action politique ici, au Parlement du Québec.
Journaliste : Mais le
châtiment, là, ils sont encore en prison, c'est quand même... Est-ce que ça
vous apparaît, en bon français, «over the top»?
M. Cliche-Rivard : Là, en
tant qu'avocat puis député de surcroît, là, je ne vais pas m'immiscer dans un
processus judiciaire. On va, par contre, s'assurer du respect des droits et
libertés de ces gens là puis de leur respect en vertu des chartes canadienne
puis québécoise, comme on le ferait pour n'importe qui. Donc, moi, je vais
suivre ça avec attention. J'entends qu'ils ont une enquête sous libération, une
enquête caution qu'on appelle dans le jargon, jeudi. On verra les tenants et
aboutissants de ça. Puis si leur équipe légale a quelque chose à revendiquer
devant le tribunal, c'est le forum approprié. Puis je vais les laisser faire
leur revendication.
Journaliste : Mais à sa face
même, ça ne vous apparaît pas, comme avocat, inusité que ces personnes-là
soient en... derrière les barreaux à ce moment-ci pour une longue durée?
M. Cliche-Rivard : C'est des
gens qui ont commis les gestes qu'ils ont commis, ils le savaient, et je pense
qu'ils connaissaient les conséquences plausibles. Ce sont des actes criminels
allégués. Il y aura des procédures judiciaires puis ils doivent répondre de la
responsabilité. Maintenant, moi, j'attends l'issue de l'enquête caution. Il y a
vraisemblablement une question de délai judiciaire, puis ça, c'est quelque
chose que je peux adresser d'un point de vue systémique, pas dans le point de
vue spécifique d'un dossier. Un délai judiciaire de 10 jours pour une
enquête caution, je trouve ça troublant. Mais ça, c'est quelque chose que je
vais adresser, pas dans ce dossier là précis, mais de manière systémique avec
mon collègue de la Justice.
Journaliste : La députée
Sylvie D'Amours, qui est obligée de fermer son bureau de comté à Mirabel parce
qu'il a été la cible de projectiles d'armes à air comprimé dans les fenêtres.
Je comprends que c'est à chaud, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui, ça,
j'ai vu passer plus tôt aujourd'hui. Bien, c'est inacceptable. C'est troublant,
dans une société globalement pacifique comme le Québec, de voir des affaires
comme ça se produire. Malheureusement, tu sais, on aimerait pouvoir dire que
c'est exceptionnel, mais force est de constater qu'il y a un climat de violence
envers les élus qui augmente. Des fois, c'est dans les paroles, là, c'est dans
des gestes qui sont clairement menaçants et violents. Tout ça est profondément
troublant. Puis on souhaite, on... Je veux juste prendre le temps de transmettre
à notre collègue de Mirabel nos encouragements dans cette situation-là qui doit
être difficile.
Journaliste : Elle soutient
que c'est en raison des nouvelles cartes des zones inondables, donc des
nouveaux règlements qui sont mis en place. Je comprends que, moi, je n'ai pas
de raison de faire des gestes comme ça, mais est-ce qu'il y a... les
changements climatiques, justement, pourraient amener des nouvelles
réglementations que le gouvernement met en place. Et vous, vous en mettriez
aussi... j'oublie votre programme, il y a en avait beaucoup plus que ça, là. Ça
ne peut pas, justement, fâcher la population?
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a plusieurs de mes collègues qui sont en travail en ce moment, notamment mon
collègue Etienne Grandmont aux affaires municipales, qui sont en train
d'analyser ce dossier-là, celui des nouvelles cartes de zones inondables. Ça
peut avoir l'air d'un enjeu technique, mais ça va bouleverser de très
nombreuses vies puis ça va avoir des conséquences humaines et financières sur
beaucoup de Québécois, beaucoup de Québécoises, puis ça provoque des tensions.
Donc, c'est le genre de dossier qu'il va falloir regarder avec beaucoup
d'attention. Puis, bien sûr, il y a... vous l'avez dit vous-même dans la
prémisse de votre question, là, il n'y a aucun... il n'y a aucune situation qui
justifie de s'en prendre comme ça à un élu. De manière générale, ça montre les
tensions qui vont être générées dans la société, avec des bouleversements aussi
importants que ceux des changements climatiques.
Journaliste : Qu'est-ce qu'on
fait pour éviter ces tensions-là? C'est parce que, clairement, on va... en
mettant en place de nouveaux règlements, inévitablement, vous venez de le dire,
ça chamboule la vie des gens. Il y a des gens qui n'auront plus... ils ne
peuvent plus se faire assurer, leur maison ne vaut plus rien. C'est toute leur
vie, là, là-dedans, qui disparaît.
M. Nadeau-Dubois : C'est des
vies qui vont être brisées potentiellement. Je pense que, dans ces
situations-là, il n'y a rien comme le dialogue, comme... et comme la
transparence. Pour les détails, je vais vous référer à mon collègue Étienne
Grandmont qui est en train d'analyser le dossier, parce que c'est un dossier
qui est très important, mais qui est aussi très pointu. Ça fait que je vais
vous référer à lui.
Journaliste : ...par
l'annonce d'un TGV.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
bonne nouvelle. On est en retard au Québec en matière de transport ferroviaire.
Donc là, ce qu'il faut souhaiter, c'est que ça ne soit pas juste un effet de
toge électoral, mais que ça aille de l'avant. On a besoin d'améliorer le
transport collectif, notamment sur ces grands axes-là. Puis le train, on
n'aurait jamais dû l'abandonner à l'époque. Puis ça fait partie des solutions
pour améliorer, en pleine crise des changements climatiques, la mobilité au
Québec.
Journaliste : Vous soupçonnez
un effet de toge électoral?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est sûr que le timing est quand même... le timing, c'est-à-dire que le timing
est ce qu'il est. Puis je souhaite que ce ne soit pas juste un effet de toge.
Je souhaite que ce soit sérieux. Ça fait tellement longtemps qu'on en parle, il
faut qu'on avance.
Journaliste : Sur... oui,
juste une petite dernière sur M. Harper qui... M. Harper?
M. Poilievre... Il y a un retour en arrière, ce n'est pas drôle.
Journaliste :
Back to the future.
Journaliste :
Back to the future. M. Poilievre
qui promet... fait une première promesse électorale d'enlever la TPS sur
l'achat de nouvelles résidences de moins de 1 million de dollars, est-ce
que vous trouvez que c'est une bonne idée?
M. Nadeau-Dubois : Je n'ai
pas vu les détails de la proposition de M. Poilievre, notamment est-ce que
c'est pour l'achat, la construction?
Journaliste : Bien, c'est des
nouvelles résidences, il faut que ce soient des nouvelles résidences.
M. Nadeau-Dubois : Pour la
construction de nouvelles résidences. Bon, je n'ai pas vu les détails de la
proposition de M. Poilievre. Nous, on a proposé au Québec, à Québec
solidaire, d'abolir la TVQ sur les constructions neuves, avec une priorité pour
le logement qui est hors marché et les maisons qui sont vraiment destinées à la
classe moyenne. Donc, nous, on pense que c'est une mesure comme ça qu'on
pourrait mettre en place au Québec. Pour ce qui est de la mesure au fédéral de
M. Poilievre, je n'en ai pas vu les détails.
La Modératrice : En anglais.
Journaliste
:
With
more cases of abuse coming out at the youth protection, DPJ... if the head
changes, but this was all happening while there was all this work to improve
the system, what really needs to happen to make sure that these children are
properly protected?
M.
Cliche-Rivard :
Well, we did change the national director, but we need to look back
at Minister Carmant. He's the minister that's responsible for the DPJ for the
last six years and it doesn't seem like he's directly connected with the
network. For sure, we need to reinforce the training and to make sure that all
the workers within those resources are being well trained, and that they're
followed, and that we believe the children they're raising those allegations.
We need to make sure to do better for them and we need someone who's going to
be a hundred percent involved into making it better and that will protect the
children first and foremost.
Journaliste :
Do you think Mr. Carmant should leave
this role?
M.
Cliche-Rivard : I'm requesting for Mr. Carmant
to be heard before Parliament, before a «commission parlementaire», because I
have so many questions for him and I want to study and analyze if I still
believe that he's still the good person to have this role in this mandate. So,
if Mr. Carmant has the courage that comes with his responsibility, he should be
accepting our proposal and he should come and answer our questions because
Quebeckers are concerned. Those are the very most vulnerable children of our
society, and it can happen any other day. We need to have a stop to this, and
Mr. Carmant needs to propose a plan. He's been in power in this ministry for
six years, he needs to do better and, if he's got no plan to make it different,
then we'll have to come to our own analysis and conclusions.
Journaliste :
He can't just say : It's shocking
and move on.
M.
Cliche-Rivard :
No, not anymore, there's been too many. There's been too many, there
are too many scandals, there are too many mornings where we're reading and
reading and reading more, and there's no way that a minister should not
directly be, first, involved in those preliminary investigations, that he
shouldn't know about it, that he's not aware of it. I mean, how's that even possible?
I spoke with many people since last week and so many people told me they knew
this was coming. In the system, in the network, in those resources, it's not a
big surprise. And if Mr. Carmant didn't really know, then he's got a lot of
questions to answer to himself.
La Modératrice : Merci
beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 23)