(Onze heures quarante-sept minutes)
Le Modérateur : Alors,
bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois.
Prendront la parole M. Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et
porte-parole en matière de famille et CPE pour le Parti québécois, et Marylin
Dion, de l'organisme Ma place au travail.
M. Arseneau : Alors, merci
beaucoup. Bonjour. Effectivement, je suis avec Mmes Audrey-Anne Roberge et Marylin
Dion, de Ma place au travail.
En cette semaine des éducateurs et
éducatrices à la petite enfance, il est important pour nous de signifier
évidemment notre appui à toutes les travailleuses et les travailleurs des
services de garde au Québec. Et vous savez que cette semaine, on a fait
plusieurs actions. Notamment, il y a une lettre qui a été publiée aujourd'hui,
dans les coops de l'information que j'ai signée, en appui évidemment aux
éducatrices et aux éducateurs qui cherchent à améliorer leurs conditions de
travail et salariales, mais également en appui à tous ces parents qui veulent
aussi avoir des services qui soient universels, qui soient de qualité, qui soient
disponibles et accessibles à travers l'ensemble du territoire québécois.
Alors que le gouvernement peine
aujourd'hui à atteindre ses objectifs de compléter le réseau, un objectif qu'il
s'est fixé pour mars 2025. Un enfant, une place, c'est ce à quoi le
gouvernement s'est engagé pour mars prochain. Et on voit qu'à l'heure actuelle,
bien, il y a encore 34 000 enfants qui sont sur une liste d'attente.
On a déposé également plus tôt cette
semaine une motion pour que le gouvernement saisisse la période actuelle de
négociation de conventions collectives des éducateurs et des éducatrices pour
valoriser la profession, la rendre attractive, favoriser la rétention également
du personnel pour pouvoir consolider et finaliser le réseau, une motion qui a
été défaite, rejetée par la Coalition avenir Québec, ce qui est un message
extrêmement négatif pour la suite des choses.
Aujourd'hui, la raison de notre point de
presse, c'est pour présenter une pétition. Ça intervient six mois après le
dépôt d'un rapport, le rapport du Vérificateur général du Québec, dévastateur,
sur la situation en services de garde au Québec. Un rapport qui démontrait des
lacunes extrêmement graves en matière de qualité des services, une qualité qui
diminue, des CPE, des garderies qui ne passent pas le test de la qualité. Ça a
augmenté de 20 % à 40 %, le nombre d'institutions qui ne passent pas
le test, et pour ce qui est des garderies privées, c'est même 60 % de taux
d'échec. Et les mesures à mettre en place pour corriger le tir n'ont pas de
suivi auprès... ne trouvent pas de suivi auprès du ministère de la Famille.
Et ce qu'on doit dire, c'est que depuis
six mois, bien, on n'a pas entendu de réaction, de plan pour... de la part de
la ministre de la Famille pour réagir à une situation comme celle-là, qui
inquiète évidemment de façon importante les parents.
Et justement, pour entendre la voix de ces
parents et du regroupement qui les représente, bien, j'aimerais laisser la
parole à Mme Dion pour compléter.
Mme Dion (Marylin) : Merci.
Tout le monde au Québec peut s'entendre sur une chose, nos enfants sont ce que
nous avons de plus précieux. Mais ce n'est pas seulement une question d'amour
parental. Nos enfants sont l'avenir de notre province. Ce sont les futurs
professionnels de la santé, nos futurs enseignants, nos futurs entrepreneurs,
nos futurs citoyens engagés. C'est à eux que reviendra la responsabilité de
bâtir le Québec de demain et de relever les multiples défis qui se présenteront
à eux. Mais pour que nos enfants puissent relever ces défis, encore faut-il
qu'on leur donne les moyens de développer leur plein potentiel.
De nombreuses études le démontrent, la
petite enfance est déterminante dans le parcours de vie d'un individu. Les
acquis ou les retards accumulés durant la période entre zéro et cinq ans
influencent le reste de leur vie. On parle ici autant de leur réussite scolaire
que de leur capacité à s'intégrer à la société comme adultes et à bâtir des
relations saines avec les autres.
À la lumière de ces informations, le
constat est sans appel il est crucial d'investir dans l'éducation de nos
tout-petits et surtout de s'assurer de la qualité de l'environnement dans
lequel ils grandissent.
Pourtant, le rapport de la Vérificatrice
générale du Québec a dressé un portrait alarmant du réseau des garderies :
30 % des services de garde éducatifs à l'enfance n'atteignent pas le seuil
minimal de qualité exigé. C'est le tiers. C'est d'autant plus préoccupant que
ce taux d'échec est en hausse constante depuis cinq ans.
Ça veut dire que chaque année, le
potentiel de dizaines de milliers d'enfants est compromis parce qu'ils
subissent directement les conséquences d'un manque de ressources et de
financement. Ces enfants pourraient par exemple ne pas recevoir le soutien
émotionnel dont ils ont besoin, passer leurs journées dans des locaux
inadéquats ou mal aménagés ou ne pas faire d'activités adaptées.
On apprenait aussi dans ce rapport que des
lacunes importantes étaient observées dans le traitement des plaintes au
ministère de la Famille. Non seulement de trop nombreux milieux n'atteignent
pas le minimum requis en termes de qualité, mais en plus les actions sont
insuffisantes quand vient le temps de redresser la situation. Les parents qui
osent faire une plainte malgré la peur de se trouver sans place et de
potentiellement perdre leur emploi doivent naviguer dans des dédales
administratifs qui manquent de transparence et d'humanité et se retrouvent trop
souvent sans accompagnement adéquat.
Nous savons pourtant ce qui est nécessaire
pour assurer une qualité éducative à nos enfants. L'un des éléments
déterminants, sans surprise, est le nombre de professionnels qualifiés qui
s'occupent d'eux. Ces professionnels ont une véritable expertise en petite
enfance et réunissent... réussissent grâce à leur formation, à contribuer au
développement de leur plein potentiel par le jeu, la douceur, les bons soins.
Elles ne se contentent pas de surveiller et de garder, elles éduquent, elles
forment, elles accompagnent. Mais ces éducatrices qualifiées sont trop peu
nombreuses. L'an dernier, près de la moitié des services de garde ont déclaré
que les éducatrices qualifiées représentaient moins des deux tiers de leurs
employées. Celles qui restent sont surchargées, épuisées et subissent le mépris
du gouvernement qui refuse de leur offrir des conditions et un salaire qui sont
à la hauteur de leurs responsabilités. Elles quittent le bateau massivement, et
ce sont nos enfants qui subissent les conséquences bien réelles de ces départs
successifs.
La situation est extrêmement préoccupante.
Puis, depuis la publication du rapport à charge de la Vérificatrice générale,
il y a six mois, c'est le silence radio du côté du ministère de la Famille.
Aucun plan n'a été présenté pour rassurer les familles face à ces graves constats.
Cette inertie n'est pas une option lorsque nous parlons de la sécurité et de
l'avenir de nos tout-petits. Le rapport de la Vérificatrice générale est un
signal d'alarme, et les recommandations qui s'y trouvent doivent être traitées
avec l'urgence qu'elles méritent.
Nos enfants sont notre richesse, et leur
avenir prend racine dès la petite enfance. Prioriser la petite enfance, c'est
un investissement payant, qui fait consensus auprès des économistes,
d'ailleurs, puis, au-delà des chiffres, socialement, humainement. Investir dans
nos enfants, c'est le plus beau projet qu'une société peut avoir.
Donc, nous demandons que le gouvernement
prenne ses responsabilités et réponde immédiatement aux recommandations du
rapport. Plus largement, nous souhaitons aussi que ce rapport soit
l'opportunité d'une grande discussion autour de nos tout-petits et de la
manière dont nous pouvons les protéger et les aider à s'épanouir. Les experts,
les membres de la société civile et les parents ont des expériences et des
solutions à proposer. Nous ne pouvons fermer les yeux sur cette crise, nous le
devons aux enfants du Québec. Merci.
M. Arseneau : Juste pour
compléter, là, il faut réaliser, comme Marylin l'indique, que donner la base
éducative à nos enfants dès la petite enfance, c'est fondamental si on veut
leur donner, là, l'impulsion pour qu'ils réalisent leur potentiel dans la vie.
Et c'est bon pour les individus, c'est bon pour les familles, c'est bon
également pour le Québec tout entier.
Et ce projet-là, là, c'est un projet de
société qui a été mis en place en 1997 avec le dépôt de la politique familiale
sous Pauline Marois, qui était ministre, à l'époque, et qui envisageait
justement de créer un réseau où tous les tout-petits pouvaient avoir une place,
pour favoriser évidemment leur développement dès la petite enfance, dans un
continuum éducatif qui commence dès la petite enfance et qui continue vers
l'école primaire, secondaire et ensuite les études supérieures.
Ça a permis aussi, évidemment, aux
familles et particulièrement aux mamans, de retourner sur le marché du travail
en sachant que leurs tout-petits étaient pris en charge, et étaient éduqués, et
que, dans bien des cas, on pouvait également donner un socle commun au
développement des jeunes dans la petite enfance, sur le plan éducatif, sur le
plan de la socialisation, également.
Et là, aujourd'hui, avec le rapport de la
Vérificatrice générale, d'une part, mais également avec des indications, des
couvertures de presse qui nous indiquent que le Québec bat de l'aile, régresse,
d'autres juridictions, la province de l'Île-du-Prince-Édouard nous dame le pion
lorsqu'il est question de la qualité des services et, évidemment, de la
valorisation des éducateurs et des éducatrices à la petite enfance, les signaux
d'alarme sont nombreux.
On n'a pas évoqué non plus toute la
question de la sécurité puis du système de traitement de plaintes. Et je voudrais
juste terminer en disant qu'il y a des constats qui ont été déposés qui sont,
on le rappelle, accablants, à l'effet que 30 % des installations de
services de garde voient leur qualité échouer au point d'être en échec face aux
standards gouvernementaux. Le déclin du ratio des éducateurs, des éducatrices qualifiés
est patent. On a également le traitement des plaintes, je viens de l'évoquer,
qui est largement déficient et que le ministère de la Famille n'assure pas que
des correctifs nécessaires soient apportés.
Alors, la ministre, à l'heure actuelle,
n'a jamais reconnu dans l'espace public la validité de ces constats. Elle ne
s'est pas non plus engagée de façon formelle à mettre en œuvre les six
recommandations du rapport. Je ne les passerai pas toutes en revue, mais le
premier geste que la ministre doit poser, c'est reconnaître les constats et
s'engager à mettre en œuvre les recommandations qui ont été déposées et qu'elle
le fasse dans les plus brefs délais. Je le répète, le rapport, il a été déposé il
y a six mois hier, et depuis, au ministère de la Famille, c'est silence radio.
Pendant ce temps, bien, les enfants du Québec continuent de fréquenter des
services à la petite enfance dont on ne sait pas si la qualité est à la hauteur
de notre potentiel, de nos ambitions et des attentes de la population et des
parents en particulier.
Alors, vous pourrez signer une pétition en
appui à cette revendication-là, que la ministre dépose un projet, un plan
d'action dans les plus brefs délais, sur le site de l'Assemblée nationale à
compter de maintenant, la pétition est déposée. Et vous pouvez être certains
que nous ferons le suivi nécessaire pour que la commission pertinente puisse se
saisir de cette pétition-là et exiger de la part de la ministre qu'elle prenne
ses responsabilités à l'égard du réseau, à l'égard des parents et surtout à
l'égard des tout-petits de partout au Québec. Merci beaucoup. Merci.
(Fin à 12 heures)