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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition pour la famille et en matière de CPE

Version finale

Le jeudi 24 octobre 2024, 11 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-sept minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Prendront la parole M. Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole en matière de famille et CPE pour le Parti québécois, et Marylin Dion, de l'organisme Ma place au travail.

M. Arseneau : Alors, merci beaucoup. Bonjour. Effectivement, je suis avec Mmes Audrey-Anne Roberge et Marylin Dion, de Ma place au travail.

En cette semaine des éducateurs et éducatrices à la petite enfance, il est important pour nous de signifier évidemment notre appui à toutes les travailleuses et les travailleurs des services de garde au Québec. Et vous savez que cette semaine, on a fait plusieurs actions. Notamment, il y a une lettre qui a été publiée aujourd'hui, dans les coops de l'information que j'ai signée, en appui évidemment aux éducatrices et aux éducateurs qui cherchent à améliorer leurs conditions de travail et salariales, mais également en appui à tous ces parents qui veulent aussi avoir des services qui soient universels, qui soient de qualité, qui soient disponibles et accessibles à travers l'ensemble du territoire québécois.

Alors que le gouvernement peine aujourd'hui à atteindre ses objectifs de compléter le réseau, un objectif qu'il s'est fixé pour mars 2025. Un enfant, une place, c'est ce à quoi le gouvernement s'est engagé pour mars prochain. Et on voit qu'à l'heure actuelle, bien, il y a encore 34 000 enfants qui sont sur une liste d'attente.

On a déposé également plus tôt cette semaine une motion pour que le gouvernement saisisse la période actuelle de négociation de conventions collectives des éducateurs et des éducatrices pour valoriser la profession, la rendre attractive, favoriser la rétention également du personnel pour pouvoir consolider et finaliser le réseau, une motion qui a été défaite, rejetée par la Coalition avenir Québec, ce qui est un message extrêmement négatif pour la suite des choses.

Aujourd'hui, la raison de notre point de presse, c'est pour présenter une pétition. Ça intervient six mois après le dépôt d'un rapport, le rapport du Vérificateur général du Québec, dévastateur, sur la situation en services de garde au Québec. Un rapport qui démontrait des lacunes extrêmement graves en matière de qualité des services, une qualité qui diminue, des CPE, des garderies qui ne passent pas le test de la qualité. Ça a augmenté de 20 % à 40 %, le nombre d'institutions qui ne passent pas le test, et pour ce qui est des garderies privées, c'est même 60 % de taux d'échec. Et les mesures à mettre en place pour corriger le tir n'ont pas de suivi auprès... ne trouvent pas de suivi auprès du ministère de la Famille.

Et ce qu'on doit dire, c'est que depuis six mois, bien, on n'a pas entendu de réaction, de plan pour... de la part de la ministre de la Famille pour réagir à une situation comme celle-là, qui inquiète évidemment de façon importante les parents.

Et justement, pour entendre la voix de ces parents et du regroupement qui les représente, bien, j'aimerais laisser la parole à Mme Dion pour compléter.

Mme Dion (Marylin) : Merci. Tout le monde au Québec peut s'entendre sur une chose, nos enfants sont ce que nous avons de plus précieux. Mais ce n'est pas seulement une question d'amour parental. Nos enfants sont l'avenir de notre province. Ce sont les futurs professionnels de la santé, nos futurs enseignants, nos futurs entrepreneurs, nos futurs citoyens engagés. C'est à eux que reviendra la responsabilité de bâtir le Québec de demain et de relever les multiples défis qui se présenteront à eux. Mais pour que nos enfants puissent relever ces défis, encore faut-il qu'on leur donne les moyens de développer leur plein potentiel.

De nombreuses études le démontrent, la petite enfance est déterminante dans le parcours de vie d'un individu. Les acquis ou les retards accumulés durant la période entre zéro et cinq ans influencent le reste de leur vie. On parle ici autant de leur réussite scolaire que de leur capacité à s'intégrer à la société comme adultes et à bâtir des relations saines avec les autres.

À la lumière de ces informations, le constat est sans appel il est crucial d'investir dans l'éducation de nos tout-petits et surtout de s'assurer de la qualité de l'environnement dans lequel ils grandissent.

Pourtant, le rapport de la Vérificatrice générale du Québec a dressé un portrait alarmant du réseau des garderies : 30 % des services de garde éducatifs à l'enfance n'atteignent pas le seuil minimal de qualité exigé. C'est le tiers. C'est d'autant plus préoccupant que ce taux d'échec est en hausse constante depuis cinq ans.

Ça veut dire que chaque année, le potentiel de dizaines de milliers d'enfants est compromis parce qu'ils subissent directement les conséquences d'un manque de ressources et de financement. Ces enfants pourraient par exemple ne pas recevoir le soutien émotionnel dont ils ont besoin, passer leurs journées dans des locaux inadéquats ou mal aménagés ou ne pas faire d'activités adaptées.

On apprenait aussi dans ce rapport que des lacunes importantes étaient observées dans le traitement des plaintes au ministère de la Famille. Non seulement de trop nombreux milieux n'atteignent pas le minimum requis en termes de qualité, mais en plus les actions sont insuffisantes quand vient le temps de redresser la situation. Les parents qui osent faire une plainte malgré la peur de se trouver sans place et de potentiellement perdre leur emploi doivent naviguer dans des dédales administratifs qui manquent de transparence et d'humanité et se retrouvent trop souvent sans accompagnement adéquat.

Nous savons pourtant ce qui est nécessaire pour assurer une qualité éducative à nos enfants. L'un des éléments déterminants, sans surprise, est le nombre de professionnels qualifiés qui s'occupent d'eux. Ces professionnels ont une véritable expertise en petite enfance et réunissent... réussissent grâce à leur formation, à contribuer au développement de leur plein potentiel par le jeu, la douceur, les bons soins. Elles ne se contentent pas de surveiller et de garder, elles éduquent, elles forment, elles accompagnent. Mais ces éducatrices qualifiées sont trop peu nombreuses. L'an dernier, près de la moitié des services de garde ont déclaré que les éducatrices qualifiées représentaient moins des deux tiers de leurs employées. Celles qui restent sont surchargées, épuisées et subissent le mépris du gouvernement qui refuse de leur offrir des conditions et un salaire qui sont à la hauteur de leurs responsabilités. Elles quittent le bateau massivement, et ce sont nos enfants qui subissent les conséquences bien réelles de ces départs successifs.

La situation est extrêmement préoccupante. Puis, depuis la publication du rapport à charge de la Vérificatrice générale, il y a six mois, c'est le silence radio du côté du ministère de la Famille. Aucun plan n'a été présenté pour rassurer les familles face à ces graves constats. Cette inertie n'est pas une option lorsque nous parlons de la sécurité et de l'avenir de nos tout-petits. Le rapport de la Vérificatrice générale est un signal d'alarme, et les recommandations qui s'y trouvent doivent être traitées avec l'urgence qu'elles méritent.

Nos enfants sont notre richesse, et leur avenir prend racine dès la petite enfance. Prioriser la petite enfance, c'est un investissement payant, qui fait consensus auprès des économistes, d'ailleurs, puis, au-delà des chiffres, socialement, humainement. Investir dans nos enfants, c'est le plus beau projet qu'une société peut avoir.

Donc, nous demandons que le gouvernement prenne ses responsabilités et réponde immédiatement aux recommandations du rapport. Plus largement, nous souhaitons aussi que ce rapport soit l'opportunité d'une grande discussion autour de nos tout-petits et de la manière dont nous pouvons les protéger et les aider à s'épanouir. Les experts, les membres de la société civile et les parents ont des expériences et des solutions à proposer. Nous ne pouvons fermer les yeux sur cette crise, nous le devons aux enfants du Québec. Merci.

M. Arseneau : Juste pour compléter, là, il faut réaliser, comme Marylin l'indique, que donner la base éducative à nos enfants dès la petite enfance, c'est fondamental si on veut leur donner, là, l'impulsion pour qu'ils réalisent leur potentiel dans la vie. Et c'est bon pour les individus, c'est bon pour les familles, c'est bon également pour le Québec tout entier.

Et ce projet-là, là, c'est un projet de société qui a été mis en place en 1997 avec le dépôt de la politique familiale sous Pauline Marois, qui était ministre, à l'époque, et qui envisageait justement de créer un réseau où tous les tout-petits pouvaient avoir une place, pour favoriser évidemment leur développement dès la petite enfance, dans un continuum éducatif qui commence dès la petite enfance et qui continue vers l'école primaire, secondaire et ensuite les études supérieures.

Ça a permis aussi, évidemment, aux familles et particulièrement aux mamans, de retourner sur le marché du travail en sachant que leurs tout-petits étaient pris en charge, et étaient éduqués, et que, dans bien des cas, on pouvait également donner un socle commun au développement des jeunes dans la petite enfance, sur le plan éducatif, sur le plan de la socialisation, également.

Et là, aujourd'hui, avec le rapport de la Vérificatrice générale, d'une part, mais également avec des indications, des couvertures de presse qui nous indiquent que le Québec bat de l'aile, régresse, d'autres juridictions, la province de l'Île-du-Prince-Édouard nous dame le pion lorsqu'il est question de la qualité des services et, évidemment, de la valorisation des éducateurs et des éducatrices à la petite enfance, les signaux d'alarme sont nombreux.

On n'a pas évoqué non plus toute la question de la sécurité puis du système de traitement de plaintes. Et je voudrais juste terminer en disant qu'il y a des constats qui ont été déposés qui sont, on le rappelle, accablants, à l'effet que 30 % des installations de services de garde voient leur qualité échouer au point d'être en échec face aux standards gouvernementaux. Le déclin du ratio des éducateurs, des éducatrices qualifiés est patent. On a également le traitement des plaintes, je viens de l'évoquer, qui est largement déficient et que le ministère de la Famille n'assure pas que des correctifs nécessaires soient apportés.

Alors, la ministre, à l'heure actuelle, n'a jamais reconnu dans l'espace public la validité de ces constats. Elle ne s'est pas non plus engagée de façon formelle à mettre en œuvre les six recommandations du rapport. Je ne les passerai pas toutes en revue, mais le premier geste que la ministre doit poser, c'est reconnaître les constats et s'engager à mettre en œuvre les recommandations qui ont été déposées et qu'elle le fasse dans les plus brefs délais. Je le répète, le rapport, il a été déposé il y a six mois hier, et depuis, au ministère de la Famille, c'est silence radio. Pendant ce temps, bien, les enfants du Québec continuent de fréquenter des services à la petite enfance dont on ne sait pas si la qualité est à la hauteur de notre potentiel, de nos ambitions et des attentes de la population et des parents en particulier.

Alors, vous pourrez signer une pétition en appui à cette revendication-là, que la ministre dépose un projet, un plan d'action dans les plus brefs délais, sur le site de l'Assemblée nationale à compter de maintenant, la pétition est déposée. Et vous pouvez être certains que nous ferons le suivi nécessaire pour que la commission pertinente puisse se saisir de cette pétition-là et exiger de la part de la ministre qu'elle prenne ses responsabilités à l'égard du réseau, à l'égard des parents et surtout à l'égard des tout-petits de partout au Québec. Merci beaucoup. Merci.

(Fin à 12 heures)

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