(Dix heures cinquante-neuf minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Content de vous retrouver en ce beau mardi à l'Assemblée nationale. Je veux
vous parler d'alimentation scolaire, ce matin, mais aussi de transport en
commun. Ça fait un an, Québec solidaire, un an qu'on fait campagne pour un
programme universel de repas le midi dans les écoles et on ne lâchera pas. Je
vous rappelle, il y a un enfant sur cinq au Québec qui ne mange pas à sa faim
sur les bancs d'école. Un sur cinq, c'est une statistique qui devrait nous
empêcher de dormir.
Hier, on a eu par contre une excellente
nouvelle. Il y a deux Québécois sur trois qui appuient la proposition de Québec
solidaire de servir des repas le midi à tous les enfants, dans toutes les
écoles publiques, primaires et secondaires. On prend ça comme une grosse tape
dans le dos. Il y a un consensus qui est en train de se mettre en place au
Québec pour qu'on sorte la faim de nos écoles. Mais on sait qu'il faut faire
nos devoirs à Québec solidaire, et c'est pour ça que je vous annonce que le 20 octobre
prochain, on va tenir une grande assemblée publique, une grande assemblée
citoyenne, où on va dévoiler en détail la proposition qu'on fait aux autres
partis politiques, à Bernard Drainville, à François Legault pour nourrir tous
les enfants du Québec dans nos écoles. On va faire une présentation détaillée,
chiffrée. On va aussi répondre aux questions des citoyens et des citoyennes. Ça
va se passer, donc, le 20 octobre prochain au Chic Resto Pop dans
Hochelaga-Maisonneuve. Tout le monde est invité à venir discuter d'éducation
avec nous et à venir imaginer ce que ce serait un Québec où il n'y a plus aucun
enfant qui a faim dans nos écoles. C'est un superbeau projet de société. Les
Québécois et les Québécoises sont massivement derrière nous. Donc, c'est un
rendez-vous.
Je veux aussi vous parler de transport en
commun. Contrairement à Geneviève Guilbault, qui était aux abonnés absents
vendredi dernier, Québec solidaire était sur le terrain au métro Saint-Michel.
J'y étais avec mon collègue Alexandre Leduc, et on a rencontré des Montréalais,
des Montréalaises qui sont extrêmement inquiets sur l'état du métro de
Montréal. Ils sont inquiets, mais ils se posent aussi une question :
Comment on en est arrivés là, comment on en est arrivés à un tel niveau de
dégradation qu'on est obligés de fermer trois stations qui sont utilisées par
des dizaines de milliers de travailleurs et de travailleuses? Eh bien, une des
raisons pour laquelle on en est arrivés là, c'est la déresponsabilisation et le
désinvestissement du gouvernement du Québec dans le financement de l'entretien
du transport collectif.
Depuis que la CAQ est au pouvoir, la CAQ a
coupé, si on tient compte de l'inflation, dans l'entretien du transport
collectif. C'est un manque de leadership. C'est un manque de vision qui est
impardonnable de la part de la CAQ. Et c'est pour ça qu'on en est rendus là
aujourd'hui.
Alors, avant qu'un événement malheureux ne
survienne, avant qu'on ait des regrets, on demande à la CAQ de se ressaisir, de
se retrousser les manches et d'investir pour qu'on entretienne le métro de
Montréal. L'économie du Québec a besoin d'un métro de Montréal qui fonctionne à
plein régime.
M. Grandmont : Je vais
poursuivre sur le même sujet. Bonjour à tous et à toutes. Oui, j'étais très
content de voir que mes collègues Gabriel et Alexandre se rendent rapidement
aux abords des stations qui ont été fermées vendredi passé.
Vous savez, Geneviève Guilbault, c'est la
ministre des Transports et de la Mobilité durable de tous les Québécois, de
toutes les Québécoises du Québec, pas juste la ministre responsable des projets
routiers, pas juste la ministre responsable des comtés caquistes non plus.
Vous savez, moi, je suis un gars de
Québec, j'utilise moins le métro que bien du monde de Montréal, je l'utilise
quand j'y vais, cela dit, j'ai ma passe toujours avec moi, mais effectivement,
moi, quand j'ai vu ça, j'ai... j'ai capoté, là. C'est quand même très, très,
très majeur. Ça fait longtemps qu'on en parle à la ministre, de l'importance
d'investir dans les opérations puis dans le maintien des actifs. On a un
exemple patent qui montre que, si on ne fait pas la job... puis on la voit
encore, là, on voit le travail de la CAQ depuis son élection en 2018, une
diminution constante des investissements dans le maintien des actifs, c'est ça,
le résultat. C'est des stations qui doivent être fermées malheureusement
aujourd'hui.
Alors, quel message la ministre Guilbault
envoie aux usagers des transports collectifs... collectifs de Montréal et du
Grand Québec? Vous savez, quand qu'il y a eu l'enjeu, là, de la fermeture
potentielle, là, du pont de l'Île-aux-Tourtes, c'était l'ancien ministre des
Transports qui était là, cellule de crise, on organise des mesures de
mitigation, le petit... le petit triangle orange, là, vraiment cellule de
crise, on va de l'avant, puis on rassure les Québécois, les Québécoises. Même
chose pour le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine. En début de mandat, pour
Geneviève Guilbault, des mesures de mitigation, des nouvelles lignes d'autobus
qui sont déployées, de la communication accotée. Là, pour le métro Montréal,
qui représente quand même le poumon... pas le poumon, mais le réseau artériel du
poumon économique qu'est la ville de Montréal, c'est la moitié du PIB du
Québec, la ministre Guilbault a un point de presse prévu à Montréal cette
journée-là et elle décide de ne pas y aller. Moi, je pense que la ministre
Guilbault a juste manqué de courage. Elle aurait dû aller sur le terrain, elle
aurait dû aller voir le monde. Elle aurait peut-être eu des questions
difficiles parce que ce n'est pas évident, puis elle aurait dû répondre de
son... du désinvestissement de son... de son gouvernement dans le maintien des
actifs. Mais elle aurait été là pour rassurer le monde. Elle aurait dû faire sa
job. Ce n'est pas la ministre juste des routes, puis la ministre juste des
comtés caquistes.
Alors, moi je pense qu'elle a manqué de
courage. Elle doit faire mieux, elle doit se ressaisir le plus rapidement
possible, puis surtout, elle doit réinverser la tendance. Elle doit assurer
que, oui... elle doit rassurer les Québécois à l'effet que, oui, investir dans
le transport collectif, c'est une mission de l'État.
Journaliste : ...Mme
Guilbault, qu'avez-vous pensé de sa décision de ne pas aller de l'avant avec un
rabaissement du taux d'alcoolémie à 0,05 malgré un avis favorable de la SAAQ...
M. Grandmont : Vous savez,
autant dans le projet de loi n° 48 que pendant les différentes études de
crédits qui ont suivi, là, donc à partir de février jusqu'à avril, là, on a
demandé à la ministre de déposer toutes les études qui l'avaient aidée à
prendre sa décision à l'effet de ne pas réduire le taux d'alcool permis dans le
sang, au volant, de 0,08 à 0,05. Parce que pour nous, là, toutes les études
pointaient dans la même direction. Autant l'INSPQ, le coroner, les études
internationales, ce qui se passe ailleurs dans le monde, tout pointe dans la
direction de réduire à 0,05 avec des mesures administratives. Ça permet de
sauver des vies.
Là, ce qu'on apprend avec cette étude qui
a été... avec ce rapport-là qui a été commandé, dans le fond, par la SAAQ, qui
était... qui a été dévoilé, qui a été reçu dès le mois d'octobre précédent,
c'est que la ministre avait entre les mains de la matière pour aider à prendre
sa décision, puis a décidé de ne pas aller dans cette direction-là.
Ce qu'on comprend aussi à la lecture de
l'article qu'il y a dans Le Devoir aujourd'hui, c'est qu'il y avait
une dissension, il y avait des gens qui n'étaient pas d'accord avec ça au sein
du caucus caquiste. La ministre a décidé de ne pas en faire un enjeu politique,
un enjeu électoral, je ne sais pas, mais, en tout cas, certainement, elle a
décidé de mettre le couvercle sur la marmite et de ne pas procéder dans ce qui
allait être... une décision qui allait dans le bon sens. On veut sauver des
vies. La ministre a refusé d'aller dans cette direction-là.
Journaliste : ...seriez d'accord,
là, si c'était le cas, vous...
M. Grandmont : 0,05, on a
toujours été d'accord avec ça.
Journaliste : Sur les
investissements en transport collectif, bon, vous demandez d'inverser la
tendance, mais la ministre Guilbault a été claire, là, il n'y en a plus,
d'argent. On le prend où, l'argent?
M. Grandmont : De l'argent,
il y en a un peu partout. Il y en a dans le fonds... dans le fonds pour...
M. Nadeau-Dubois : Le Fonds
vert, effectivement. Il y a de l'argent qui dort là, qui peut servir,
effectivement, au financement des opérations puis au financement du maintien
des actifs. Il y a de l'argent aussi dans le programme prévu pour
l'électrification des transports. On sait combien c'est un... c'est un projet
pour lequel on n'aura pas de bénéfices. Il n'y aura pas de nouveaux usagers
dans le transport collectif.
Vous savez, la ministre, là, est
responsable de la mobilité durable, là. Sa grande motivation, là, son
obsession, ça devrait être de s'assurer qu'on a un transfert des gens qui sont
dans l'automobile vers le transport collectif et actif. Ça devrait être ça.
C'est comme ça qu'on va réussir à réduire nos émissions de gaz à effet de serre
au Québec. L'électrification, ce n'est pas une façon d'augmenter le nombre de
personnes qui prennent le transport collectif.
Donc, des sommes, il y en a partout. Il y
en a au moins dans ces deux fonds-là qui existent déjà, pour lesquels il y a
déjà des budgets qui sont votés, des crédits qui sont octroyés. Il y a de la
matière à être capable d'avancer sur le maintien des actifs.
M. Nadeau-Dubois : Peut-être
un ajout là-dessus, là. Le métro de Montréal, c'est la plus grosse
infrastructure de transport au Canada, transport routier et transport collectif
confondus. C'est 600 000...
M. Grandmont : 1 million.
M. Nadeau-Dubois : C'est 1
million de déplacements. Je veux dire, comment la ministre des Transports du
Québec peut-elle prétendre que ce n'est pas son travail d'entretenir
l'infrastructure de transport la plus importante au Québec? Si ce n'est pas ça,
son travail, c'est quoi, son travail? Il y a des ministres qui ont mis leur
siège en jeu pour un pont qui n'existe même pas, on peut avoir une ministre des
Transports qui s'occupe du métro qui existe? Je veux dire, quel manque de sens
des responsabilités, quel manque de vision. C'est, le métro de Montréal, la
colonne vertébrale de l'économie montréalaise, puis Montréal, ça demeure le
poumon économique du Québec. Donc, si ce n'est pas la job du gouvernement du
Québec de contribuer au bien-être du métro de Montréal, c'est la job de qui?
Je veux dire, c'est injustifiable de se
déresponsabiliser comme ça de l'avenir de la plus grande infrastructure de
transport du Québec. Et ça témoigne d'un manque de respect pour la métropole.
Ça témoigne d'un manque de respect pour les Montréalais, pour les
Montréalaises. Ce n'est pas parce qu'il y a moins de députés caquistes à
Montréal que le métro de Montréal n'est pas important pour tout le Québec. Ce
n'est pas un débat entre Montréal puis le reste du Québec. Tout le Québec
mérite, a besoin d'un métro de Montréal en bonne santé. Les gens qui
travaillent dans Saint-Michel, là... pardon... les gens qui habitent dans
Saint-Michel puis qui veulent aller travailler au CHUM, ils vont y aller
comment, l'hiver arrive, en trottinette? Je veux dire, c'est critique pour les
entreprises de la région de Montréal, pour les travailleurs, pour les
travailleuses. Ça ne tient pas la route que la ministre Guilbault dise que ce
n'est pas son travail de s'occuper de ça. Si ce n'est pas s'occuper de ça, son
travail, on se demande c'est s'occuper de quoi?
Journaliste : ...fois entre
les sièges de la CAQ et le financement du métro, là. Vous pensez vraiment que
la CAQ finance moins le métro parce qu'ils n'ont pas d'élus sur place?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que, s'il y avait eu un bris d'une infrastructure de transport importante et
stratégique dans d'autres régions... je pense qu'il y a des ministres qui se
seraient déplacés. Et je pense que le fait que la ministre Guilbault ait annulé
un point de presse, qui était par ailleurs déjà prévu, au sujet de la ligne
bleue, c'est un manque de considération et un manque de respect pour les
Montréalais et les Montréalaises. Je veux dire, c'était déjà prévu qu'elle soit
là, elle ne peut pas plaider qu'elle était occupée ailleurs.
M. Grandmont : Regardez les
ministres, quand il y a une inondation, là... puis, évidemment, il faut qu'ils
y aillent, quand il y a une inondation. Ils mettent leurs bottes en caoutchouc,
là, qui montent en haut les genoux, là, puis ils s'en vont les pieds dans
l'eau, parler aux gens, puis les rassurer. Je veux dire, j'ai parlé tantôt du
pont de l'île aux Tourtes, j'ai parlé du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La
Fontaine, mais c'est la même chose aussi à chaque fois qu'il y a une
catastrophe, on se dirige sur place, les tornades, les ouragans qu'on a eux. Je
veux dire, les gens vont sur le terrain. Là, c'est à Montréal, la ministre
était supposée y aller, elle a annulé. Ça ne marche pas.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce
qu'on pardonnerait ça si la ministre était censée être à Trois-Rivières, par
exemple, et qu'il y avait un bris sur le pont Laviolette, puis qu'elle annule,
puis qu'elle ne vienne pas? On n'accepterait jamais ça. On dirait : Bien,
voyons donc, c'est une infrastructure de transport importante pour le Québec,
la ministre était censée être là. Elle va aller répondre aux questions des
journalistes, elle va aller rassurer la population. Mais là c'est à Montréal,
ça fait que ça saute. C'est inacceptable.
Journaliste : ...fermeture
dans le métro de Montréal dans les prochaines années? Parce qu'on avait vu, là,
pendant les crédits, qu'il y avait neuf, je pense, stations.
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
a... avec... Vous savez quoi? Avec mon collègue Alexandre, au métro, vendredi
dernier, on a rencontré le président, par exemple, du Syndicat des opérateurs
de métro à Montréal. Je lui pose la question, je dis : Vous, vos membres,
là, ils doivent voir l'état des infrastructures et des tunnels à l'intérieur?
Puis il m'a dit oui, puis il m'a dit : Écoute, Gabriel, c'est... on peut
penser que ça va se reproduire, c'est tout le métro de Montréal qui a... dont
l'entretien a été sous-financé par le gouvernement du Québec. Donc, on ne peut
pas exclure que ça se reproduise parce que c'est prévisible. Si vous
n'investissez pas dans votre toiture, là, M. Carabin, là, c'est quoi... c'est
quoi les chances qu'après plusieurs années la toiture coule? Raisonnables. Si
vous n'investissez pas par l'entretien du métro de Montréal, c'est quoi les
chances que le métro de Montréal brise? Raisonnables.
Depuis son élection, la CAQ — regardez
bien la ligne rouge depuis 2018, les investissements ont diminué. On ne
parle même pas de maintenir les investissements, les investissements ont
diminué. Ça, c'est des décisions politiques, puis ces décisions politiques là,
ils ont un prix pour les Montréalais et les Montréalaises, et ce prix-là, c'est
des stations de métro qui ferment, et on ne peut pas exclure qu'il y ait
d'autres stations qui ferment. Posez la question à la STM, je suis pas mal sûr
qu'ils vont vous répondre : Malheureusement, on ne peut pas promettre que
c'est la seule et c'est la dernière fois.
Journaliste : M. Legault a
dit qu'il y avait un moyen humain de faire diminuer la moitié des demandeurs
d'asile qui sont présentement au Québec. Est-ce qu'on peut faire ça de façon
humaine?
M. Nadeau-Dubois : Quand j'ai
vu ces déclarations-là de françois Legault, je me suis vraiment dit :
Quand François Legault parle comme ça, il représente mal les Québécois, parce
que, oui, notre langue est fragile au Québec, oui, notre culture est vulnérable
puis oui, notre système d'immigration, il est brisé, brisé par des décisions
politiques du gouvernement du Québec et du gouvernement du Canada, puis il faut
réparer ce système.
Mais les Québécois et les Québécoises,
c'est du monde bienveillant, c'est du monde accueillant, puis déménager des
gens comme si c'étaient des meubles, déraciner des familles, envoyer, on
imagine, la police ou les services frontaliers, puis les rentrer de force dans
des autobus pour les envoyer dans une autre province, moi, je suis convaincu
dans mon cœur que ce n'est pas ça que les Québécois puis les Québécoises
veulent. Le Québec, ce n'est pas ça. Ça, c'est des scènes qu'on voit aux
États-Unis. On ne veut pas voir ça au Québec, ça ne nous ressemble pas au
Québec. Ce n'est pas ça, notre histoire, ce n'est pas ça nos valeurs.
Oui, il faut une meilleure répartition
avec le reste du Canada, et il y a des moyens de le faire si on travaille tout
le monde ensemble. Mais déménager des gens comme si c'étaient des choses, ce
n'est pas ça le Québec, j'en suis convaincu, et ce n'est pas pour rien que tout
le monde ou à peu près, y compris des partis qui ont des positions pas si loin
de la CAQ en matière d'immigration, comme le Parti québécois, tout le monde a
condamné François Legault. Pourquoi? Parce que tout le monde a bien réalisé
qu'on n'est pas du monde comme ça au Québec. Ce n'est pas ça qu'on veut pour le
Québec.
Journaliste : Les États-Unis
sous Trump? C'est sous Trump qu'on a vu ça aux États-Unis?
M. Nadeau-Dubois : Des
politiques extrêmement sévères en matière en matière d'immigration. On a vu des
séparations de familles aux États-Unis. On a vu des centres de détention. Mais
tu sais ce que je veux dire, je ne dis pas que M. Legault a proposé ça, hein?
Mais je dis que c'est le genre d'image qu'on voit aux États-Unis puis qu'on ne
veut pas voir au Québec. C'est... et là... et ça, M. Legault nous dit :
Oui, ça va être fait de manière humaine. Comment on fait quelque chose de
force, sans le consentement des gens, sans que ça soit de force? Je veux dire,
c'est encore une fois M. Legault qui essaie de faire rentrer de la pâte à tarte
dans le tube, puis je vous invite à essayer de faire ça mettre de la pâte à
dents dans un tube, ce n'est pas facile.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous feriez?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord les demandeurs d'asile, ce n'est pas un bloc monolithique. Il y a des
gens qui arrivent au Québec par choix. Il y a des gens qui arrivent au Québec
parce que leur vol atterrit au Québec, mais peut-être qu'ils seraient tout à
fait ouverts et même intéressés à aller dans d'autres provinces canadiennes.
Donc, il y a moyen de faire une meilleure répartition. Il faut que les autres
provinces canadiennes prennent leurs responsabilités parce que nos obligations
internationales en matière d'accueil des demandeurs... des gens qui fuient la
persécution, c'est des responsabilités qui sont partagées par le gouvernement
du Canada puis par l'ensemble des gouvernements du Québec et des provinces
canadiennes.
Donc, il faut que tout le monde prenne ses
responsabilités parce que, nouvelle de dernière heure, ce n'est pas terminé,
là, il va y avoir les réfugiés climatiques dans quelques années. Donc, penser
qu'il y a des solutions broche à foin et improvisées comme ça vont régler le
problème, c'est vraiment un manque de vision. Puis moi, je suis convaincu qu'on
est capable, au Québec, de donner l'exemple, d'être un modèle où on répare
notre système d'immigration, où on fait ça efficacement, où on traite plus vite
les demandes des demandeurs d'asile, où on leur donne plus vite des permis de
travail. Il y a des choses à faire. Mais je demeure convaincu que les Québécois
et les Québécoises, ils ne veulent pas, même s'ils sont conscients des défis
qui sont les nôtres, voir des familles déplacées de force. Ce n'est pas ça, le
Québec. Moi, je demeure convaincu de ça.
Journaliste : Dans un autre
ordre d'idée, concernant les laboratoires Optilab, là, qui devaient améliorer
le fait qu'on puisse avoir nos traitements plus rapidement, nos résultats
d'analyse plus rapidement, les technologistes médicaux affirment que le privé
met beaucoup de pression. Du côté du CISSS de la Capitale-Nationale, on dit que
c'est le vieillissement de la population. Il y a plus de monde qui font des
tests, il manque de monde, ce qui fait que là, on devient engorgés. Qu'est-ce qu'il
faut faire pour régler cette situation-là?
M. Nadeau-Dubois : Optilab,
c'était une erreur. D'ailleurs, si je me souviens bien, la CAQ avait promis de
mettre fin à ce projet-là. Ça cause des vrais problèmes pour les patients qui
attendent des résultats de tests, là. Les gens qui ont des proches ou qui ont
eux-mêmes subi des tests médicaux, là, on veut avoir des résultats rapidement
puis on veut avoir des résultats fiables, puis Optilab là-dessus, c'est un
échec sur toute la ligne.
Journaliste : ...rapidement
sur le Programme habitation abordable Québec. Six logements sortis de terre en
deux ans dans l'application de ce programme-là. Je sais que vous avez dit à
plusieurs reprises que ce programme-là n'était pas efficace, mais qu'est-ce que
vous feriez, vous, pour que...
M. Nadeau-Dubois : Bon,
d'abord, le...
Journaliste : ...fonctionne
mieux?
M. Nadeau-Dubois : ...la
ministre Duranceau nous dit : On a fait six logements. Ce matin, sur le
tableau de bord de la SHQ, ça dit plutôt zéro logement. Donc, soit c'est zéro,
soit c'est six. Dans tous les cas, on est dans le trouble. On est en pleine
crise du logement. On a besoin de construire des dizaines de milliers de
logements dans les prochaines années. Et plus de deux ans après le lancement
d'un programme qui était qualifié de révolutionnaire par Mme Laforest, la
prédécesseure de Mme Duranceau, on est à six ou zéro logement construit.
Si on coupe la poire en deux, on est peut-être à trois, je ne sais pas. Je veux
dire, c'est ridicule. On devrait être en train de lancer la plus grande
opération de construction de logements au Québec en des générations.
Si le gouvernement du Québec avait la
conscience du caractère aigu de la crise du logement, on serait en train de
lancer la plus grande offensive de la construction depuis les années 80.
Et on est à, soit zéro, soit six logements construits. On a envie d'en rire,
tellement c'est ridicule, mais pourtant, c'est... mais pourtant, c'est
tragique, parce que chaque logement qui n'est pas livré, ça empire la crise de
logement. AccèsLogis n'était pas parfait. AccèsLogis devait être refinancé.
AccèsLogis devait être simplifié. Bien, de toute évidence, le PHAQ est un échec
sur toute la ligne. Les résultats parlent d'eux-mêmes.
Journaliste : On immigration, is there a humane way to move people from one place
to another? What do you make of Mr. Legault's comment on that?
M.
Nadeau-Dubois :
I think, he's trying to go back on its comments of last week. But, I
mean, I think when he talks like that, he misrepresents what Québec is and has
been. Yes, our French is fragile and our culture as Francophones will always be
vulnerable, and we have to be aware of that. And yes, our immigration system is
broken. Immigrants know it because they see the delays. They know it's a bad
system. And the vast majority of Quebeckers also agree with that. We need to
repair our immigration system. But I deeply believe that Quebeckers are
welcoming people and, yes, they want to fix the system, but they don't want to
see images at the television where we see families forced from one place to
another. They don't want to see people being moved like objects. They are human
beings.
I really believe Mr.
Legault misrepresents what Québec is and what Québec history has been. Québec
has a long history of welcoming people fleeing from persecution from Chili,
from Haiti, from Asia, from Southeast Asia. I mean, ask Quebeckers, we've
always been a society where we're able to do both, save our language, protect
our culture and be a place, a safe haven for people around the world fleeing
persecution. We need to repair our system. We need a better... How do you say
«répartition»?
Journaliste :
Distribution.
M.
Nadeau-Dubois :
We need a better distribution with the rest of Canada. We... All
political parties here agree, but a limit is crossed when you say : We're
going to force people. It's not serious and it's... I think it's... it goes
against what the Québec history has been.
Journaliste :
...Quebeckers are on his side.
M.
Nadeau-Dubois :
I think Quebeckers want to fix the immigration system. I think Quebeckers
want a system that is better, respectful of immigrants themselves, which are
the first... the first victimsof
the bad system we have right now and of the capacity of Québec to deal with
immigration. But where is the proof? Where is the data that proves that the
majority of Quebeckers want to force families, and that means also children,
out of Québec? I don't see where Mr. Legault sees an approval for that.
Journaliste :
What is the impact of having Mr.
Legault being alone, not having other premiers of other Canadian provinces
supporting him when he said that he was by himself in Paris?
M.
Nadeau-Dubois :
Even the most conservative premiers around Canada are like :
Wo! What's this? Even political parties or groups in Québec that are quite
close to the CAQ in terms of positions on the immigration issue reacted the
same way. Mr. Legault has no ally in this. He has no ally. I haven't seen not
one ally of Mr. Legault. So, there's a steep, «côte raide», there is a steep
hill to climb for him to prove that a majority of Quebeckers agree with him.
Journaliste :
When it comes to reducing the amount of
alcohol people are allowed to drink before getting behind a wheel, how will
that help future lives and future Quebeckers?
M.
Nadeau-Dubois :
All data, all experts, even the coroners themselves, everyone is
kind of saying the same thing : This would save lives. So, don't we want
all to save lives? I mean, I think we should go in the direction that science
is telling us. Science is telling us this would save lives, I think, it's a
good thing to do in Québec.
Journaliste :
When you said, it's unacceptable that
the Minister of Public Transport hasn't been to Montréal to see on the ground
what's happening with the metro line, what can she do to maybe make up for the
lack of presence on the ground and the fact that people have been shuttling
between metro stations?
M.
Nadeau-Dubois : I think, madame... If Mme
Guilbault wants to prove that she really takes seriously her mandate to be the
Minister of Transport for all Québec, she has to say this week: We will do
more. We will be there. We will help to fund the maintenance of the Montréal
Metro and of public transit in general. It makes no sense, absolutely no sense
that the Minister of Transport of Québec says that the maintenance of the first
transport infrastructure of Québec is not her job or not her responsibility.
It's the second biggest metro in North America after the New York Metro. It's
the first transport infrastructure in Québec and Canada. So, whose job, is it?
If it's not the job of, yes, the city of Montréal, yes, the Société de
transport de Montréal, but, of course, also the Government of Québec, the
economy of Québec, as a whole, benefits of having a Montréal metro that is
working because its businesses, its workers, it's the backbone of Montréal's
economy. We all have an interest in making that metro work.
Journaliste : Merci beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 24)