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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de culture et de communications

Version finale

Le mardi 1 octobre 2024, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures une minute)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver pour une nouvelle semaine ici, à l'Assemblée nationale. Écoutez, je veux commencer ce matin par dire quelques mots sur la décision de notre collègue, Marwah Rizqy. J'ai écouté son point de presse tantôt, et on sentait toute l'émotion de Marwah, de son émotion sincère. Puis c'est une... c'est une sincérité, je pense, qui a toujours distingué la manière dont elle a fait de la politique dans les dernières années. Je peux vous dire une chose, je pense que tous les partis politiques auraient aimé avoir une femme du calibre de Marwah Rizqy dans son équipe. On ne fait pas exception à cette règle-là à Québec solidaire. C'est sûr que, personnellement, ses combats pour l'éducation et pour la justice fiscale m'ont particulièrement marqué. C'étaient des points sur lesquels on était souvent d'accord, elle et moi, nous et Mme Rizqy. Puis pour la suite, bien, je lui souhaite la seule chose qu'on peut souhaiter dans de telles circonstances, c'est-à-dire de serrer ses enfants très fort quand elle va les retrouver vers la fin de la semaine et de prendre du temps avec ses enfants et son conjoint dans les prochaines semaines.

Je veux aussi revenir sur la saga Northvolt parce qu'on continue d'en apprendre sur l'improvisation puis, pire que ça, sur le magouillage de la CAQ dans le dossier Northvolt. Écoutez, là on a une preuve, les extraits qui ont été diffusés par Radio-Canada ce matin sont clairs, là, la CAQ a tassé les règles environnementales, a modifié les règles du jeu pour faciliter, pour faire la vie facile à Northvolt. Je lisais l'article de Radio-Canada ce matin. Je me suis dit : si la CAQ avait pu changer la limite de vitesse pour que les patrons de Northvolt roulent plus ville... roulent plus vite sur la 20, ils l'auraient fait. Il y a... Il n'y a à peu près aucune règle qu'ils n'ont pas tassée. Il n'y a aucune règle qu'ils n'ont pas tassée pour s'assurer que ce projet-là aille de l'avant à la vitesse grand V. Et le paradoxe, dans tout ça, c'est que quelques mois plus tard, c'est une compagnie qui est sur le bord de la faillite. J'ai vraiment l'impression qu'on a déroulé le tapis rouge pour un canard boiteux, dans le fond, qu'on leur a fait un traitement royal pour finalement se rendre compte que c'était une startup extrêmement fragile. Puis aujourd'hui, elle est sur le bord de la faillite. On n'aurait jamais dû se rendre là. Puis on aurait eu le temps, c'est ça l'ironie de la situation, on aurait eu le temps de faire un BAPE au Québec en suivant les règles. Mais la méthode CAQ, ce n'est pas ça.

M. Zanetti : Oui. Moi, je veux vous parler de la venue des Kings cette semaine à Québec. Moi, là, depuis qu'on a su que le gouvernement allait investir 5 à 7 millions pour ces deux matchs là, j'ai entendu la colère du monde de Québec, là, puis, je pense, du monde au Québec en général. Et puis à chaque fois qu'il fallait parler du manque de jugement du gouvernement, bien, cette subvention-là est arrivée comme une espèce de symbole, le symbole d'un gouvernement qui a perdu le sens des priorités complètement puis qui donne beaucoup plus facilement accès aux millions aux millionnaires qu'aux organismes communautaires puis aux gens qui s'occupent du monde à Québec puis au Québec en général.

Alors, c'est pour ça que là, afin de transformer cette colère en solidarité bienveillante et joyeuse, cette année, mon collègue Étienne Grandmont et moi, on veut lancer une espèce de campagne. C'est-à-dire on invite les gens de Québec à montrer l'exemple au gouvernement puis à dire : Regardez, nous autres, on va les écouter, les organismes communautaires, puis on va acheter des billets symboliques de 50 $, 100 $ ou 150 $, parce que c'est ça, les prix pour le match des Kings, puis de dire : On va les donner à des organismes communautaires de notre choix, locaux, du domaine que les gens veulent, là. Moi, personnellement, je vais donner à un organisme qui s'appelle Mères et monde, dans ma circonscription, 150 $. C'est un billet dans les loges, mettons, pour aller voir les Kings. Et c'est un organisme qui en a bien besoin en ce moment, entre autres pour sa halte-garderie. C'est un organisme qui s'occupe de mères monoparentales qui font des nouveaux projets de vie puis qui se relancent, et tout ça. Donc c'est vraiment important de les soutenir. Et donc, c'est ce que je voulais vous dire. Ça fait le tour de ce que je voulais dire.

M. Nadeau-Dubois : Et on invite toute la population de Québec à imiter Sol et Étienne à faire des dons, donc, de 50 $, 100 $ ou 150 $ aux organismes de leur choix pour justement qu'on transforme une semaine qui va être difficile à regarder en une semaine où il y a une belle vague de solidarité.

M. Zanetti : Et à venir aussi à la manifestation qui partira jeudi midi du parc Cartier-Brébeuf pour se rendre au Centre Vidéotron, donc une organisation pilotée par des organismes communautaires et des syndicats de Québec.

Journaliste : ...

M. Zanetti : On va participer, nous autres, moi, Etienne Grandmont, Gabriel et Christine Labrie.

Journaliste : Est-ce que c'est un appel au boycott du match des Kings?

M. Zanetti : Non, vraiment pas. Puis je veux le dire pour être clair, c'est ça que j'ai oublié de dire. Moi, je suis content que les Kings viennent à Québec. J'aime ça, le hockey. Je suis content qu'il y ait du monde qui soit content d'aller voir le match des Kings. Ce qui suscite mon indignation, c'est vraiment le fait qu'on ait payé pour ça, alors que des matchs préparatoires, là, ils en ont déjà fait ailleurs. Il y a plein d'équipes qui en font ailleurs sans payer. C'est la même chose pour le golf, là. Et des tournois comme ça, il y en a qui s'organisent ailleurs. Puis il n'y a pas besoin qu'on donne de l'argent public. C'est comme si le Québec était rendu à la place où est-ce que : Ah! tiens, c'est drôle, ils vont faire ça au Québec, ils vont donner de l'argent en plus. Tu sais, ça n'a comme pas de bon... Je trouve qu'on paraît mal. Ce gouvernement là de la CAQ nous fait paraître comme un guichet automatique des millionnaires du sport professionnel.

Journaliste : M. Nadeau-Dubois, vous êtes père d'une jeune fille, bientôt père une deuxième fois. Qu'est-ce qu'il reste à faire comme aménagement dans les travaux parlementaires pour que de jeunes parents comme vous, comme Mme Rizqy, comme d'autres, là, n'aient pas à faire de choix aussi déchirant comme on a vu aujourd'hui?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est sûr que moi, je vous mentirais si je vous disais que je ne me reconnais pas au moins en partie, là, dans le témoignage de Marwah. Quand on a des jeunes enfants et que notre circonscription est à plusieurs centaines de kilomètres de la colline parlementaire, ça nous met dans des situations extrêmement difficiles. On a beaucoup parlé dans les dernières années au Québec de représentation des femmes en politique, de diversité culturelle, mais j'ai envie de dire qu'on a aussi un enjeu de diversité générationnelle, hein? Et ce serait bien au Québec qu'on soit capable d'attirer des jeunes qui veulent faire de la politique et qu'on ne leur demande pas explicitement d'abandonner leur projet de famille pour autant. C'est dur quand on est dans la Capitale-Nationale, je ne veux pas diminuer ça, mais je pense qu'on reconnaît tous que, quand on doit laisser la famille à la maison trois ou quatre jours semaine toutes les semaines, c'est compliqué. C'est compliqué pour tous les parents. C'est sûr que ça l'est encore plus pour les femmes.

Journaliste : Est-ce que ça veut dire des votes électroniques, par exemple?

M. Nadeau-Dubois : Ah! écoutez, je n'ai pas de prétention d'avoir toute la solution, mais je constate que, si on veut que l'Assemblée nationale ressemble dans sa composition au peuple québécois, c'est important d'avoir du monde de toutes les générations, y compris des gens qui sont dans les années critiques où on construit une famille. Puis moi, ce que j'entends chez Marwah, c'est une émotion sincère d'une femme qui est passionnée par la chose publique, qui nous a beaucoup amenés comme Parlement et qui se rend à la conclusion qu'elle n'est pas capable de concilier les deux. Je comprends ça parce que c'est des défis auxquels je fais face moi aussi. Et je pense à tous ces jeunes hommes et à toutes ces jeunes femmes en particulier qui auraient envie de s'engager en politique et qui se disent : Ouch, est-ce que c'est compatible avec la vie de famille?

Journaliste : Est-ce que sa réflexion vous porte à la réflexion?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je vais avoir une deuxième fille bientôt et c'est sûr que ma conjointe et moi, on redoute ça va être quoi ce nouveau quotidien d'être député, d'être en plus à la tête avec Christine en ce moment et peut être, je ne sais pas, d'un parti politique. Donc, c'est sûr qu'on redoute les aménagements que ça va nécessiter. On va y aller une semaine à la fois.

Journaliste : Mais qu'est-ce qui améliorerait la qualité de vie des jeunes familles? Quand même, vous devez avoir une réflexion un peu là-dessus, parce que, des fois, on regarde ça puis on se dit : Est-ce que vraiment c'est conciliable tout ça?

M. Nadeau-Dubois : C'est une bonne question. C'est une bonne question. Je n'ai pas de proposition concrète à vous faire ce matin.

Journaliste : Le congé parental...

M. Nadeau-Dubois : Bien, voilà, ça, c'est un bon exemple.

Journaliste : ...le congé parental permettrait puis assurerait à quelqu'un qui veut avoir des enfants en poste, bon, bien, au moins, comme tous les citoyens, je vais pouvoir prendre 10 mois comme tout le monde.

M. Nadeau-Dubois : Vous me rappelez à mes propres propositions des dernières années. Merci beaucoup, Mme Lajoie. En effet, à Québec solidaire, ça fait longtemps qu'on dit qu'on aurait besoin d'un vrai régime de congé parental pour les élus à Québec. On a fait un timide pas dans la bonne direction il y a quelques années en venant préciser dans le code de déontologie des élus que les élus pouvaient s'absenter. Mais ça reste un régime particulièrement flou et instable. J'entendais Mme Guilbault, il y a quelques années, dénoncer le fait qu'elle se retrouvait dans une situation où elle récolte son plein salaire alors qu'elle n'occupe pas pleinement ses fonctions. On n'a pas de vrai régime de congé parental pour les élus au Québec, c'est un problème. Voilà une amélioration concrète qu'on pourrait apporter.

Nous, on l'a proposé à Québec solidaire à de multiples reprises dans les dernières années. Je lisais le témoignage de mon collègue Sol également dans des reportages récents qui disaient : Ça nous place, nous, comme élus, dans une situation où il faut un peu s'inventer un congé parental, avec des paramètres qui ne sont fixés dans aucune loi, dans aucun règlement. On veut être à la hauteur du mandat que nous ont donné nos citoyens, citoyennes. On veut aussi être des bons papas et des bonnes mamans. C'est trop compliqué, il n'y a pas de régime clair puis c'est un vrai problème. Il y a plein d'endroits dans le monde où on a, par exemple, des systèmes d'élus remplaçants pour permettre de véritables congés parentaux, je pense, c'est le genre de choses dont on pourrait s'inspirer au Québec.

Journaliste : M. Zanetti, justement, on vous a entendu dans Le Soleil, il y avait un reportage là-dessus il n'y a pas si longtemps, que ça vient maintenant avec une pression, finalement. Parce que là, vous dites : Est-ce que je vais m'absenter trop longtemps, est-ce qu'un mois c'est correct, deux mois, c'est-tu trop? Expliquez-nous un peu cette pression-là qui vient avec le choix de prendre un congé parental.

M. Zanetti : C'est sûr que si c'était balisé, ça serait, comment dire... ça enlèverait la pression sur les épaules des gens qui ont quand même peur de se faire... de savoir que... comment les gens vont réagir. Tu sais, là, en ce moment, tu te dis toujours : Bon, c'est quoi le maximum que les personnes avant moi ont pris, puis là, bien, mettons, là, c'est... je pense, c'est Catherine Dorion, six mois, puis, en quelque part, moi, je trouve qu'elle a bien fait. C'est un geste courageux parce qu'elle, elle a pris le risque que du monde dise, mettons : Elle en prend bien que trop, ça n'a pas d'allure. Mais là, personne n'a rien dit. Ça fait que là, tout le monde sait qu'il peut prendre six mois.

Journaliste : ...

M. Nadeau-Dubois : Et en plus. Oui.

M. Zanetti : Oui, oui.

Journaliste : Ça fait que, tu sais, ce n'est pas vraiment un vrai comparatif.

M. Zanetti : Bien, O.K., peut-être. Bien, en tout cas, moi, j'oserais espérer que le monde, à six mois, il dirait : C'est correct, tu sais. Bon. Moi, j'avais pris trois mois, j'étais là : Aïe, ce n'est pas... bien, en tout cas. Là, est-ce qu'un homme puis une femme, on va avoir une tolérance sociale égale? Il va falloir voir aussi ces choses-là. Mais, si c'était balisé, on ne se poserait pas ce problème-là.

Puis moi, je veux juste dire... lancer une fleur à l'Assemblée nationale, là, parce que la halte-garderie, puis la salle familiale, puis la salle d'allaitement, c'est des vraies améliorations. Parce que, tu sais, là, c'est comme, on est... c'est sûr que, tu sais, il y a des choses à améliorer, disons, mais l'Assemblée nationale, comme institution, ils ont vraiment fait des pas de géant. Puis, tu sais, la halte-garderie, là, qui se termine après les heures de commissions, là, c'est... Puis que, genre, tu t'en vas là, puis là, ta fille, elle a mangé. Puis là, bien, tu l'amènes à la maison, puis c'est l'heure du dodo. Puis c'est comme... c'est formidable, là, tu sais. Puis ça fait que c'est possible.

Tu sais, moi, je trouve que des événements comme aujourd'hui, je me dis : Il ne faut pas que les gens retiennent juste que ce n'est pas possible, il faut que, je pense, les gens retiennent, on a du chemin à faire, mais ça se peut. Parce que sinon, c'est vrai qu'on n'en aura pas avant longtemps, des jeunes qui s'impliquent parce que ça... Tu sais, comme il faut... il faut améliorer ça. C'est dur, mais ça se peut. Moi, j'aurais envie de dire ça, tu sais.

Journaliste : ...vous êtes en train de dire : Vous allez y aller une semaine à la fois. Là, jusqu'en 2026, il y a beaucoup de semaines. Êtes-vous en train de dire que... Non, mais je vous pose la question : Êtes-vous en train de dire que vous êtes en train de remettre en question la fin de votre mandat ou quoi?

M. Nadeau-Dubois : Non, non, non. Ce que je vous dis, c'est que, quand on a eu notre premier enfant, ma conjointe et moi, on a dû apprendre à gérer cette nouvelle réalité là. Et là, on va en avoir un deuxième, puis on va, semaine après semaine, mois après mois, essayer de trouver un système qui permet que ça fonctionne bien. Est-ce qu'il y a des semaines où la famille viendra avec moi à Québec, par exemple, parce qu'il y a des... est-ce que je vais me permettre de m'absenter une fois de temps en temps de l'Assemblée nationale, quand ça va être trop compliqué, c'est le genre de conversations qu'on va avoir entre nous dans les prochaines... dans les prochaines semaines.

Journaliste : Est-ce que vous allez prendre un congé parental?

M. Nadeau-Dubois : Oui, je vais prendre un congé parental.

Journaliste : ...

M. Nadeau-Dubois : Les détails ne sont pas encore... ne sont pas encore tout attachés parce que justement il n'y a pas de régime, il n'y a pas de... Mais on est en train de regarder ça avec les équipes, mon équipe en circonscription, les équipes ici, à Québec. La dernière fois...

Journaliste : ...mal à l'aise?

M. Nadeau-Dubois : Ça ne me rend pas mal à l'aise, mais je vis l'inconfort que vivent tous mes collègues députés dans la mesure où le RQAP, au Québec, quand on est travailleur, quand on est travailleuse, c'est clair, là, il y a un nombre de semaines, puis il y a un pourcentage de salaire, puis tout le monde est égal. En ce moment, le régime plonge les députés dans une zone d'incertitude où on n'a pas envie d'avoir l'air de quelqu'un qui se paie un congé parental exagérément généreux. Mais en même temps, on est des parents. On n'est pas plus ou moins parents que les travailleurs, travailleuses en moyenne au Québec. Donc on essaie de trouver le juste milieu là-dedans.

Dans le fond, moi, j'avais pris seulement quatre semaines. Ce que je peux vous dire, c'est que c'est un de mes plus grands regrets de ma carrière politique, d'avoir pris aussi peu de temps à l'époque. Quatre semaines, je ne suis pas fier de moi comme... comme père d'avoir pris seulement quatre semaines. Ça fait que c'est sûr que cette fois-ci, ça va être plus que quatre semaines.

Journaliste : Sur Northvolt, vous en parliez tout à l'heure, on avait déjà fait appel donc au VG. Mais comment on pourrait faire jeter la lumière sur qu'est-ce qui se passe actuellement au sein du ministère de l'Environnement? Parce que vous avez soulevé des sérieux doutes sur l'ingérence actuellement. Mais comment on en arriverait à savoir qu'est-ce qui se passe au juste dans le ministère de l'Environnement actuellement? Quels outils on pourrait utiliser pour...

M. Nadeau-Dubois : C'est une bonne question. Et, comment dire, j'ai envie de dire : On va suivre l'évolution de la saga. Mais les preuves commencent à s'accumuler. Et on a devant nous un gouvernement qui a tiré sur toutes les ficelles à portée de main pour à tout prix permettre l'implantation de cette multinationale-là. L'artisan de tout ça, M. Fitzgibbon, a depuis levé les feutres en nous laissant collectivement le problème entre les mains. Il arrivera un jour où il va falloir faire la lumière sur la séquence des événements. Là, on est encore... c'est encore en cours. La saga n'est toujours pas terminée. Est-ce que l'entreprise fera faillite? Est-ce que... Est-ce qu'elle va finalement renaître de ses cendres? On verra. Mais arrivera un jour où le gouvernement du Québec, le gouvernement de la CAQ, devra rendre des comptes aux Québécois, Québécoises.

Lorsqu'on saura combien de centaines de millions ça nous a coûtées, lorsqu'on saura combien d'emplois réellement on aura créés, quelles seront les réelles retombées économiques... Il va falloir faire le bilan de tout ça. Parce que, là, c'est en train de tourner au vinaigre et pas juste un peu sur la manière de faire les choses, sur le processus et sur le résultat. Là, non seulement on a tassé toutes nos règles environnementales, mais au nom de quoi, pour obtenir quoi en échange? Un terrain qui a été dévasté pour une usine, dont le démarrage est repoussé aux calendes grecques, là, c'est-à-dire, ce n'est pas un petit cafouillage. Je veux dire, on s'est beaucoup indigné au Québec du cafouillage de la C Series. On est en train de battre ce record-là puis pas rien qu'un peu, là. Parce qu'il n'y a pas juste des enjeux de fonds publics. Il y a aussi des enjeux d'éthique et de gouvernance, où, en plus d'avoir garroché l'argent des Québécois, Québécoises dans les poches d'une entreprise fragile, qui est sur le bord de la faillite, en plus, on a agi au mépris, c'est maintenant démontré, là, des règles environnementales puis des règles de bonne gouvernance. Ça fait qu'il y a comme un double... il y a une double faute ici, une double faute.

Journaliste : Est-ce que la France est un exemple à suivre dans ses zones d'accueil pour les demandeurs d'asile? Le gouvernement étudie, s'intéresse à cette option-là, où on placerait les demandeurs d'asile temporairement dans des infrastructures, des logements temporaires près des aéroports, des ports pour peut-être éventuellement les rediriger ailleurs. Est-ce que c'est une solution selon vous, à...

M. Nadeau-Dubois : Bien... J'essaie de comprendre. J'ai vu la nouvelle comme vous, là. Il y a déjà de l'hébergement temporaire pour les gens qui arrivent sur le territoire québécois et qui demandent d'avoir le statut de réfugié. Ce qui va toujours être important pour nous autres à Québec solidaire, c'est que la dignité humaine soit préservée.

Ceci dit, on est favorables à une meilleure répartition à l'intérieur du Canada, une répartition plus équitable. Ça fait plusieurs fois qu'on reconnaît sans malaise qu'il y a un déséquilibre entre la proportion qui est acquise au Québec et dans le reste du Canada. Il faut que ça se fasse de manière humaine, de manière volontaire, parce qu'il faut se rappeler que beaucoup de gens arrivent sur le territoire du Québec, par exemple, parce que le vol arrive à l'aéroport à Montréal. Il y a des gens qui peuvent atterrir au Québec et avoir le souhait, la volonté d'aller s'établir ailleurs. Donc, il faut bien faire les choses dans le respect de la dignité humaine.

En terminant, il faut juste se rappeler que, toutes proportions gardées, la situation en France puis la situation au Québec, en termes de quantité de personnes, n'a vraiment rien à voir, là, rien à voir.

Journaliste : M. Nadeau-Dubois, j'aimerais vous entendre sur le SFPQ aujourd'hui qui fait une sortie sur les propos de M. St-Pierre Plamondon de la semaine dernière. Il accuse le chef du Parti québécois d'être populiste, de tomber, de verser dans le populisme, notamment en disant : Bien, moi, je vais couper le nombre de fonctionnaires. Qu'est-ce que vous en pensez? Vous, c'est quoi votre plan, puis quelle est votre proximité avec les syndicats, puis qu'est-ce que vous avez à dire?

M. Nadeau-Dubois : Bien, la promesse, là, de réduire la taille de l'État, là, puis de couper dans le gras, puis de renvoyer des fonctionnaires, là, c'est une des promesses les plus usées en politique québécoise. Le meilleur exemple, c'est François Legault lui-même qui avait lancé toutes sortes de chiffres fantasques de nombre de milliers de fonctionnaires qu'il allait mettre à la porte. Regardez le bilan des courses. Donc, quand un politicien vous promet de renvoyer des fonctionnaires puis de couper dans le gras, posez-lui la question : Qui tu veux renvoyer? Qui tu vas couper? Quel travail effectuent ces gens-là? Donc, le fardeau de la preuve, il est sur... il repose sur les épaules des politiciens qui font des promesses comme ça.

Nous, ce qu'on remarque, chiffres à l'appui, au sein des services publics au Québec, c'est que, dans les dernières années, il y a eu une explosion des gestionnaires, des patrons, pas des gens sur le terrain qui contribuent directement ou indirectement à donner des services à la population. Parlez-en aux gens qui travaillent en santé et en éducation, des universités aux écoles primaires, on voit le même phénomène. C'est une explosion des gestionnaires, pas des... de ceux qu'on appelle communément des fonctionnaires, c'est-à-dire des gens qui travaillent pour administrer l'action de l'État puis donner des services auprès des gens.

Moi, j'invite M. Plamondon, qui dit qu'il... qu'il veut... qu'il se prépare éminemment, là, à gouverner, bien, à être transparent avec les Québécois et Québécoises, à nous dire qui il va renvoyer, sur quelle base puis quel travail font ces gens-là. Parce que, sinon, il fait juste s'ajouter à la longue liste de politiciens qui promettent de dégraisser sans jamais nous expliquer vraiment comment ils vont le faire.

Journaliste : Vous feriez quoi pour améliorer l'efficacité?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je vous ai déjà donné une piste de réflexion. Ce qu'on observe en santé et en éducation notamment, puis là je ne connais pas ces chiffres-là par cœur, mais ils ont été rendus publics par certains journalistes dans les derniers mois, c'est une explosion du nombre de gestionnaires, donc des...

Journaliste : ...qui vous renverriez...

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, moi... Nous ne faisons pas de promesses spectaculaires de dégraissage ou de réduction de la taille de l'État parce qu'on est conscient que c'est plus compliqué que ça. Est-ce qu'il y a, dans nos services publics, une inflation sur le plan du nombre de gestionnaires? Oui, ça vient notamment de politiques de droite ou à force de demander des comptes, à force de demander de la reddition de comptes, bien, on finit par créer une inflation bureaucratique puis ça crée toute une nouvelle couche de gestionnaires dans les établissements publics, parlez-en aux infirmières, par exemple, qui se plaignent d'être constamment en train de rendre des comptes sur ce qu'ils font.

Donc, nous, on pense que, là, il y a une réflexion à avoir sur l'explosion du nombre de patrons, du nombre de gestionnaires. Pour ce qui est des gens qui administrent ou qui donnent des services, la démonstration doit être faite par ceux qui vous promettent de couper dans le gras.

Journaliste : ...c'est qui maintenant?

M. Nadeau-Dubois : Bien, écoutez, moi, je suis fier d'être à Québec solidaire, notamment parce que j'ai la conviction que le parti qui est aux côtés des travailleuses et des travailleurs du Québec dans leur lutte pour des meilleures conditions de vie, c'est Québec solidaire. Je pense qu'on est nombreux à avoir choisi Québec solidaire pour cette raison-là.

Journaliste : ...PQ.

M. Nadeau-Dubois : Bien, moi, si je pensais ça, je serais sans doute au PQ. Si je suis à Québec solidaire... Moi, c'est une des raisons fondamentales de mon engagement dans ce parti-là. Nous sommes le parti des travailleurs, des travailleuses. Et regardez qui a mené la bataille durant le front commun. Regardez les sujets des questions à l'Assemblée nationale. Je pense que la démonstration est facile à faire.

Journaliste : How difficult is it being a parent and being here at the same time?

M. Nadeau-Dubois : Well, it's a challenge, it's a big challenge and it's a challenge for all the parents that are MNAs. But I think it's a particular challenge for MNAs that have their ridings hundreds of kilometers from the Parliament, I mean... So, when I see Marwah, my colleague, Marwah Rizqy, telling that she is forced by the circumstances to choose her family, I think it's a signal that we need to do better in terms of being able to encourage young people going into politics. But like my colleague Sol, I think, rightly said, it is possible, but it's a real, real challenge.

Journaliste : What needs to change around here, you think?

M. Nadeau-Dubois : Well, I think one of the things we could and should do is have a real system of parental leave at the National Assembly. We did a very small step in the right directions a few months ago when we changed the ethics code of the MNAs to make sure that they cannot be criticized by the ethics commissioner when they take a leave of absence to take care of their children, but it's a very small step in the right direction There is still no real official system of parental leave for MNAs. We've been fighting for this for years at Québec solidaire, and I think that would be a concrete and simple way to go in the right direction. A lot of countries and a lot of legislations do better than us in this aspect.

Journaliste : Merci.

M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 24)

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