(Onze heures une minute)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Content de vous retrouver pour une nouvelle semaine ici, à l'Assemblée
nationale. Écoutez, je veux commencer ce matin par dire quelques mots sur la
décision de notre collègue, Marwah Rizqy. J'ai écouté son point de presse
tantôt, et on sentait toute l'émotion de Marwah, de son émotion sincère. Puis c'est
une... c'est une sincérité, je pense, qui a toujours distingué la manière dont
elle a fait de la politique dans les dernières années. Je peux vous dire une
chose, je pense que tous les partis politiques auraient aimé avoir une femme du
calibre de Marwah Rizqy dans son équipe. On ne fait pas exception à cette
règle-là à Québec solidaire. C'est sûr que, personnellement, ses combats pour l'éducation
et pour la justice fiscale m'ont particulièrement marqué. C'étaient des points
sur lesquels on était souvent d'accord, elle et moi, nous et Mme Rizqy. Puis
pour la suite, bien, je lui souhaite la seule chose qu'on peut souhaiter dans
de telles circonstances, c'est-à-dire de serrer ses enfants très fort quand
elle va les retrouver vers la fin de la semaine et de prendre du temps avec ses
enfants et son conjoint dans les prochaines semaines.
Je veux aussi revenir sur la saga
Northvolt parce qu'on continue d'en apprendre sur l'improvisation puis, pire
que ça, sur le magouillage de la CAQ dans le dossier Northvolt. Écoutez, là on
a une preuve, les extraits qui ont été diffusés par Radio-Canada ce matin sont
clairs, là, la CAQ a tassé les règles environnementales, a modifié les règles
du jeu pour faciliter, pour faire la vie facile à Northvolt. Je lisais l'article
de Radio-Canada ce matin. Je me suis dit : si la CAQ avait pu changer la
limite de vitesse pour que les patrons de Northvolt roulent plus ville...
roulent plus vite sur la 20, ils l'auraient fait. Il y a... Il n'y a à peu près
aucune règle qu'ils n'ont pas tassée. Il n'y a aucune règle qu'ils n'ont pas
tassée pour s'assurer que ce projet-là aille de l'avant à la vitesse grand V.
Et le paradoxe, dans tout ça, c'est que quelques mois plus tard, c'est une
compagnie qui est sur le bord de la faillite. J'ai vraiment l'impression qu'on
a déroulé le tapis rouge pour un canard boiteux, dans le fond, qu'on leur a
fait un traitement royal pour finalement se rendre compte que c'était une
startup extrêmement fragile. Puis aujourd'hui, elle est sur le bord de la
faillite. On n'aurait jamais dû se rendre là. Puis on aurait eu le temps, c'est
ça l'ironie de la situation, on aurait eu le temps de faire un BAPE au Québec
en suivant les règles. Mais la méthode CAQ, ce n'est pas ça.
M. Zanetti : Oui. Moi, je
veux vous parler de la venue des Kings cette semaine à Québec. Moi, là, depuis
qu'on a su que le gouvernement allait investir 5 à 7 millions pour ces
deux matchs là, j'ai entendu la colère du monde de Québec, là, puis, je pense,
du monde au Québec en général. Et puis à chaque fois qu'il fallait parler du
manque de jugement du gouvernement, bien, cette subvention-là est arrivée comme
une espèce de symbole, le symbole d'un gouvernement qui a perdu le sens des
priorités complètement puis qui donne beaucoup plus facilement accès aux
millions aux millionnaires qu'aux organismes communautaires puis aux gens qui s'occupent
du monde à Québec puis au Québec en général.
Alors, c'est pour ça que là, afin de
transformer cette colère en solidarité bienveillante et joyeuse, cette année,
mon collègue Étienne Grandmont et moi, on veut lancer une espèce de campagne. C'est-à-dire
on invite les gens de Québec à montrer l'exemple au gouvernement puis à dire :
Regardez, nous autres, on va les écouter, les organismes communautaires, puis
on va acheter des billets symboliques de 50 $, 100 $ ou 150 $,
parce que c'est ça, les prix pour le match des Kings, puis de dire : On va
les donner à des organismes communautaires de notre choix, locaux, du domaine
que les gens veulent, là. Moi, personnellement, je vais donner à un organisme
qui s'appelle Mères et monde, dans ma circonscription, 150 $. C'est un
billet dans les loges, mettons, pour aller voir les Kings. Et c'est un
organisme qui en a bien besoin en ce moment, entre autres pour sa
halte-garderie. C'est un organisme qui s'occupe de mères monoparentales qui
font des nouveaux projets de vie puis qui se relancent, et tout ça. Donc c'est
vraiment important de les soutenir. Et donc, c'est ce que je voulais vous dire.
Ça fait le tour de ce que je voulais dire.
M. Nadeau-Dubois : Et on
invite toute la population de Québec à imiter Sol et Étienne à faire des dons,
donc, de 50 $, 100 $ ou 150 $ aux organismes de leur choix pour
justement qu'on transforme une semaine qui va être difficile à regarder en une
semaine où il y a une belle vague de solidarité.
M. Zanetti : Et à venir aussi
à la manifestation qui partira jeudi midi du parc Cartier-Brébeuf pour se
rendre au Centre Vidéotron, donc une organisation pilotée par des organismes
communautaires et des syndicats de Québec.
Journaliste : ...
M. Zanetti : On va
participer, nous autres, moi, Etienne Grandmont, Gabriel et Christine Labrie.
Journaliste : Est-ce que
c'est un appel au boycott du match des Kings?
M. Zanetti : Non, vraiment
pas. Puis je veux le dire pour être clair, c'est ça que j'ai oublié de dire.
Moi, je suis content que les Kings viennent à Québec. J'aime ça, le hockey. Je
suis content qu'il y ait du monde qui soit content d'aller voir le match des
Kings. Ce qui suscite mon indignation, c'est vraiment le fait qu'on ait payé
pour ça, alors que des matchs préparatoires, là, ils en ont déjà fait ailleurs.
Il y a plein d'équipes qui en font ailleurs sans payer. C'est la même chose
pour le golf, là. Et des tournois comme ça, il y en a qui s'organisent
ailleurs. Puis il n'y a pas besoin qu'on donne de l'argent public. C'est comme
si le Québec était rendu à la place où est-ce que : Ah! tiens, c'est
drôle, ils vont faire ça au Québec, ils vont donner de l'argent en plus. Tu
sais, ça n'a comme pas de bon... Je trouve qu'on paraît mal. Ce gouvernement là
de la CAQ nous fait paraître comme un guichet automatique des millionnaires du
sport professionnel.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
vous êtes père d'une jeune fille, bientôt père une deuxième fois. Qu'est-ce
qu'il reste à faire comme aménagement dans les travaux parlementaires pour que
de jeunes parents comme vous, comme Mme Rizqy, comme d'autres, là, n'aient
pas à faire de choix aussi déchirant comme on a vu aujourd'hui?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est sûr que moi, je vous mentirais si je vous disais que je ne me reconnais
pas au moins en partie, là, dans le témoignage de Marwah. Quand on a des jeunes
enfants et que notre circonscription est à plusieurs centaines de kilomètres de
la colline parlementaire, ça nous met dans des situations extrêmement
difficiles. On a beaucoup parlé dans les dernières années au Québec de
représentation des femmes en politique, de diversité culturelle, mais j'ai
envie de dire qu'on a aussi un enjeu de diversité générationnelle, hein? Et ce
serait bien au Québec qu'on soit capable d'attirer des jeunes qui veulent faire
de la politique et qu'on ne leur demande pas explicitement d'abandonner leur
projet de famille pour autant. C'est dur quand on est dans la
Capitale-Nationale, je ne veux pas diminuer ça, mais je pense qu'on reconnaît
tous que, quand on doit laisser la famille à la maison trois ou quatre jours
semaine toutes les semaines, c'est compliqué. C'est compliqué pour tous les
parents. C'est sûr que ça l'est encore plus pour les femmes.
Journaliste : Est-ce que ça
veut dire des votes électroniques, par exemple?
M. Nadeau-Dubois : Ah!
écoutez, je n'ai pas de prétention d'avoir toute la solution, mais je constate
que, si on veut que l'Assemblée nationale ressemble dans sa composition au
peuple québécois, c'est important d'avoir du monde de toutes les générations, y
compris des gens qui sont dans les années critiques où on construit une
famille. Puis moi, ce que j'entends chez Marwah, c'est une émotion sincère
d'une femme qui est passionnée par la chose publique, qui nous a beaucoup
amenés comme Parlement et qui se rend à la conclusion qu'elle n'est pas capable
de concilier les deux. Je comprends ça parce que c'est des défis auxquels je
fais face moi aussi. Et je pense à tous ces jeunes hommes et à toutes ces
jeunes femmes en particulier qui auraient envie de s'engager en politique et
qui se disent : Ouch, est-ce que c'est compatible avec la vie de famille?
Journaliste : Est-ce que sa
réflexion vous porte à la réflexion?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
vais avoir une deuxième fille bientôt et c'est sûr que ma conjointe et moi, on
redoute ça va être quoi ce nouveau quotidien d'être député, d'être en plus à la
tête avec Christine en ce moment et peut être, je ne sais pas, d'un parti
politique. Donc, c'est sûr qu'on redoute les aménagements que ça va nécessiter.
On va y aller une semaine à la fois.
Journaliste : Mais qu'est-ce
qui améliorerait la qualité de vie des jeunes familles? Quand même, vous devez
avoir une réflexion un peu là-dessus, parce que, des fois, on regarde ça puis
on se dit : Est-ce que vraiment c'est conciliable tout ça?
M. Nadeau-Dubois : C'est une
bonne question. C'est une bonne question. Je n'ai pas de proposition concrète à
vous faire ce matin.
Journaliste : Le congé
parental...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
voilà, ça, c'est un bon exemple.
Journaliste : ...le congé
parental permettrait puis assurerait à quelqu'un qui veut avoir des enfants en
poste, bon, bien, au moins, comme tous les citoyens, je vais pouvoir prendre
10 mois comme tout le monde.
M. Nadeau-Dubois : Vous me
rappelez à mes propres propositions des dernières années. Merci beaucoup,
Mme Lajoie. En effet, à Québec solidaire, ça fait longtemps qu'on dit
qu'on aurait besoin d'un vrai régime de congé parental pour les élus à Québec.
On a fait un timide pas dans la bonne direction il y a quelques années en
venant préciser dans le code de déontologie des élus que les élus pouvaient
s'absenter. Mais ça reste un régime particulièrement flou et instable.
J'entendais Mme Guilbault, il y a quelques années, dénoncer le fait
qu'elle se retrouvait dans une situation où elle récolte son plein salaire
alors qu'elle n'occupe pas pleinement ses fonctions. On n'a pas de vrai régime
de congé parental pour les élus au Québec, c'est un problème. Voilà une
amélioration concrète qu'on pourrait apporter.
Nous, on l'a proposé à Québec solidaire à
de multiples reprises dans les dernières années. Je lisais le témoignage de mon
collègue Sol également dans des reportages récents qui disaient : Ça nous
place, nous, comme élus, dans une situation où il faut un peu s'inventer un
congé parental, avec des paramètres qui ne sont fixés dans aucune loi, dans
aucun règlement. On veut être à la hauteur du mandat que nous ont donné nos
citoyens, citoyennes. On veut aussi être des bons papas et des bonnes mamans.
C'est trop compliqué, il n'y a pas de régime clair puis c'est un vrai problème.
Il y a plein d'endroits dans le monde où on a, par exemple, des systèmes d'élus
remplaçants pour permettre de véritables congés parentaux, je pense, c'est le
genre de choses dont on pourrait s'inspirer au Québec.
Journaliste : M. Zanetti,
justement, on vous a entendu dans Le Soleil, il y avait un
reportage là-dessus il n'y a pas si longtemps, que ça vient maintenant avec une
pression, finalement. Parce que là, vous dites : Est-ce que je vais
m'absenter trop longtemps, est-ce qu'un mois c'est correct, deux mois, c'est-tu
trop? Expliquez-nous un peu cette pression-là qui vient avec le choix de
prendre un congé parental.
M. Zanetti : C'est sûr que si
c'était balisé, ça serait, comment dire... ça enlèverait la pression sur les
épaules des gens qui ont quand même peur de se faire... de savoir que...
comment les gens vont réagir. Tu sais, là, en ce moment, tu te dis
toujours : Bon, c'est quoi le maximum que les personnes avant moi ont
pris, puis là, bien, mettons, là, c'est... je pense, c'est Catherine Dorion,
six mois, puis, en quelque part, moi, je trouve qu'elle a bien fait. C'est un
geste courageux parce qu'elle, elle a pris le risque que du monde dise,
mettons : Elle en prend bien que trop, ça n'a pas d'allure. Mais là,
personne n'a rien dit. Ça fait que là, tout le monde sait qu'il peut prendre
six mois.
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Et en
plus. Oui.
M. Zanetti : Oui, oui.
Journaliste : Ça fait que, tu
sais, ce n'est pas vraiment un vrai comparatif.
M. Zanetti : Bien, O.K.,
peut-être. Bien, en tout cas, moi, j'oserais espérer que le monde, à six mois,
il dirait : C'est correct, tu sais. Bon. Moi, j'avais pris trois mois,
j'étais là : Aïe, ce n'est pas... bien, en tout cas. Là, est-ce qu'un
homme puis une femme, on va avoir une tolérance sociale égale? Il va falloir
voir aussi ces choses-là. Mais, si c'était balisé, on ne se poserait pas ce
problème-là.
Puis moi, je veux juste dire... lancer une
fleur à l'Assemblée nationale, là, parce que la halte-garderie, puis la salle
familiale, puis la salle d'allaitement, c'est des vraies améliorations. Parce
que, tu sais, là, c'est comme, on est... c'est sûr que, tu sais, il y a des
choses à améliorer, disons, mais l'Assemblée nationale, comme institution, ils
ont vraiment fait des pas de géant. Puis, tu sais, la halte-garderie, là, qui
se termine après les heures de commissions, là, c'est... Puis que, genre, tu
t'en vas là, puis là, ta fille, elle a mangé. Puis là, bien, tu l'amènes à la
maison, puis c'est l'heure du dodo. Puis c'est comme... c'est formidable, là,
tu sais. Puis ça fait que c'est possible.
Tu sais, moi, je trouve que des événements
comme aujourd'hui, je me dis : Il ne faut pas que les gens retiennent
juste que ce n'est pas possible, il faut que, je pense, les gens retiennent, on
a du chemin à faire, mais ça se peut. Parce que sinon, c'est vrai qu'on n'en
aura pas avant longtemps, des jeunes qui s'impliquent parce que ça... Tu sais,
comme il faut... il faut améliorer ça. C'est dur, mais ça se peut. Moi,
j'aurais envie de dire ça, tu sais.
Journaliste : ...vous êtes en
train de dire : Vous allez y aller une semaine à la fois. Là, jusqu'en
2026, il y a beaucoup de semaines. Êtes-vous en train de dire que... Non, mais
je vous pose la question : Êtes-vous en train de dire que vous êtes en
train de remettre en question la fin de votre mandat ou quoi?
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
non. Ce que je vous dis, c'est que, quand on a eu notre premier enfant, ma
conjointe et moi, on a dû apprendre à gérer cette nouvelle réalité là. Et là,
on va en avoir un deuxième, puis on va, semaine après semaine, mois après mois,
essayer de trouver un système qui permet que ça fonctionne bien. Est-ce qu'il y
a des semaines où la famille viendra avec moi à Québec, par exemple, parce
qu'il y a des... est-ce que je vais me permettre de m'absenter une fois de
temps en temps de l'Assemblée nationale, quand ça va être trop compliqué, c'est
le genre de conversations qu'on va avoir entre nous dans les prochaines... dans
les prochaines semaines.
Journaliste : Est-ce que vous
allez prendre un congé parental?
M. Nadeau-Dubois : Oui, je
vais prendre un congé parental.
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Les
détails ne sont pas encore... ne sont pas encore tout attachés parce que
justement il n'y a pas de régime, il n'y a pas de... Mais on est en train de
regarder ça avec les équipes, mon équipe en circonscription, les équipes ici, à
Québec. La dernière fois...
Journaliste : ...mal à
l'aise?
M. Nadeau-Dubois : Ça ne me
rend pas mal à l'aise, mais je vis l'inconfort que vivent tous mes collègues
députés dans la mesure où le RQAP, au Québec, quand on est travailleur, quand
on est travailleuse, c'est clair, là, il y a un nombre de semaines, puis il y a
un pourcentage de salaire, puis tout le monde est égal. En ce moment, le régime
plonge les députés dans une zone d'incertitude où on n'a pas envie d'avoir
l'air de quelqu'un qui se paie un congé parental exagérément généreux. Mais en
même temps, on est des parents. On n'est pas plus ou moins parents que les
travailleurs, travailleuses en moyenne au Québec. Donc on essaie de trouver le
juste milieu là-dedans.
Dans le fond, moi, j'avais pris seulement
quatre semaines. Ce que je peux vous dire, c'est que c'est un de mes plus
grands regrets de ma carrière politique, d'avoir pris aussi peu de temps à
l'époque. Quatre semaines, je ne suis pas fier de moi comme... comme père
d'avoir pris seulement quatre semaines. Ça fait que c'est sûr que cette
fois-ci, ça va être plus que quatre semaines.
Journaliste : Sur Northvolt,
vous en parliez tout à l'heure, on avait déjà fait appel donc au VG. Mais
comment on pourrait faire jeter la lumière sur qu'est-ce qui se passe
actuellement au sein du ministère de l'Environnement? Parce que vous avez
soulevé des sérieux doutes sur l'ingérence actuellement. Mais comment on en
arriverait à savoir qu'est-ce qui se passe au juste dans le ministère de
l'Environnement actuellement? Quels outils on pourrait utiliser pour...
M. Nadeau-Dubois : C'est une
bonne question. Et, comment dire, j'ai envie de dire : On va suivre
l'évolution de la saga. Mais les preuves commencent à s'accumuler. Et on a
devant nous un gouvernement qui a tiré sur toutes les ficelles à portée de main
pour à tout prix permettre l'implantation de cette multinationale-là. L'artisan
de tout ça, M. Fitzgibbon, a depuis levé les feutres en nous laissant
collectivement le problème entre les mains. Il arrivera un jour où il va
falloir faire la lumière sur la séquence des événements. Là, on est encore...
c'est encore en cours. La saga n'est toujours pas terminée. Est-ce que
l'entreprise fera faillite? Est-ce que... Est-ce qu'elle va finalement renaître
de ses cendres? On verra. Mais arrivera un jour où le gouvernement du Québec,
le gouvernement de la CAQ, devra rendre des comptes aux Québécois, Québécoises.
Lorsqu'on saura combien de centaines de
millions ça nous a coûtées, lorsqu'on saura combien d'emplois réellement on
aura créés, quelles seront les réelles retombées économiques... Il va falloir
faire le bilan de tout ça. Parce que, là, c'est en train de tourner au vinaigre
et pas juste un peu sur la manière de faire les choses, sur le processus et sur
le résultat. Là, non seulement on a tassé toutes nos règles environnementales,
mais au nom de quoi, pour obtenir quoi en échange? Un terrain qui a été dévasté
pour une usine, dont le démarrage est repoussé aux calendes grecques, là,
c'est-à-dire, ce n'est pas un petit cafouillage. Je veux dire, on s'est
beaucoup indigné au Québec du cafouillage de la C Series. On est en train de
battre ce record-là puis pas rien qu'un peu, là. Parce qu'il n'y a pas juste
des enjeux de fonds publics. Il y a aussi des enjeux d'éthique et de
gouvernance, où, en plus d'avoir garroché l'argent des Québécois, Québécoises
dans les poches d'une entreprise fragile, qui est sur le bord de la faillite,
en plus, on a agi au mépris, c'est maintenant démontré, là, des règles
environnementales puis des règles de bonne gouvernance. Ça fait qu'il y a comme
un double... il y a une double faute ici, une double faute.
Journaliste : Est-ce que la
France est un exemple à suivre dans ses zones d'accueil pour les demandeurs
d'asile? Le gouvernement étudie, s'intéresse à cette option-là, où on placerait
les demandeurs d'asile temporairement dans des infrastructures, des logements
temporaires près des aéroports, des ports pour peut-être éventuellement les
rediriger ailleurs. Est-ce que c'est une solution selon vous, à...
M. Nadeau-Dubois : Bien... J'essaie
de comprendre. J'ai vu la nouvelle comme vous, là. Il y a déjà de l'hébergement
temporaire pour les gens qui arrivent sur le territoire québécois et qui
demandent d'avoir le statut de réfugié. Ce qui va toujours être important pour
nous autres à Québec solidaire, c'est que la dignité humaine soit préservée.
Ceci dit, on est favorables à une
meilleure répartition à l'intérieur du Canada, une répartition plus équitable.
Ça fait plusieurs fois qu'on reconnaît sans malaise qu'il y a un déséquilibre
entre la proportion qui est acquise au Québec et dans le reste du Canada. Il
faut que ça se fasse de manière humaine, de manière volontaire, parce qu'il
faut se rappeler que beaucoup de gens arrivent sur le territoire du Québec, par
exemple, parce que le vol arrive à l'aéroport à Montréal. Il y a des gens qui
peuvent atterrir au Québec et avoir le souhait, la volonté d'aller s'établir
ailleurs. Donc, il faut bien faire les choses dans le respect de la dignité
humaine.
En terminant, il faut juste se rappeler
que, toutes proportions gardées, la situation en France puis la situation au
Québec, en termes de quantité de personnes, n'a vraiment rien à voir, là, rien
à voir.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
j'aimerais vous entendre sur le SFPQ aujourd'hui qui fait une sortie sur les
propos de M. St-Pierre Plamondon de la semaine dernière. Il accuse le chef
du Parti québécois d'être populiste, de tomber, de verser dans le populisme,
notamment en disant : Bien, moi, je vais couper le nombre de
fonctionnaires. Qu'est-ce que vous en pensez? Vous, c'est quoi votre plan, puis
quelle est votre proximité avec les syndicats, puis qu'est-ce que vous avez à
dire?
M. Nadeau-Dubois : Bien, la
promesse, là, de réduire la taille de l'État, là, puis de couper dans le gras,
puis de renvoyer des fonctionnaires, là, c'est une des promesses les plus usées
en politique québécoise. Le meilleur exemple, c'est François Legault lui-même
qui avait lancé toutes sortes de chiffres fantasques de nombre de milliers de
fonctionnaires qu'il allait mettre à la porte. Regardez le bilan des courses.
Donc, quand un politicien vous promet de renvoyer des fonctionnaires puis de
couper dans le gras, posez-lui la question : Qui tu veux renvoyer? Qui tu
vas couper? Quel travail effectuent ces gens-là? Donc, le fardeau de la preuve,
il est sur... il repose sur les épaules des politiciens qui font des promesses
comme ça.
Nous, ce qu'on remarque, chiffres à
l'appui, au sein des services publics au Québec, c'est que, dans les dernières
années, il y a eu une explosion des gestionnaires, des patrons, pas des gens
sur le terrain qui contribuent directement ou indirectement à donner des
services à la population. Parlez-en aux gens qui travaillent en santé et en
éducation, des universités aux écoles primaires, on voit le même phénomène.
C'est une explosion des gestionnaires, pas des... de ceux qu'on appelle
communément des fonctionnaires, c'est-à-dire des gens qui travaillent pour
administrer l'action de l'État puis donner des services auprès des gens.
Moi, j'invite M. Plamondon, qui dit
qu'il... qu'il veut... qu'il se prépare éminemment, là, à gouverner, bien, à
être transparent avec les Québécois et Québécoises, à nous dire qui il va
renvoyer, sur quelle base puis quel travail font ces gens-là. Parce que, sinon,
il fait juste s'ajouter à la longue liste de politiciens qui promettent de
dégraisser sans jamais nous expliquer vraiment comment ils vont le faire.
Journaliste : Vous feriez
quoi pour améliorer l'efficacité?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
vous ai déjà donné une piste de réflexion. Ce qu'on observe en santé et en
éducation notamment, puis là je ne connais pas ces chiffres-là par cœur, mais
ils ont été rendus publics par certains journalistes dans les derniers mois,
c'est une explosion du nombre de gestionnaires, donc des...
Journaliste : ...qui vous
renverriez...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, moi... Nous ne faisons pas de promesses spectaculaires de dégraissage
ou de réduction de la taille de l'État parce qu'on est conscient que c'est plus
compliqué que ça. Est-ce qu'il y a, dans nos services publics, une inflation
sur le plan du nombre de gestionnaires? Oui, ça vient notamment de politiques
de droite ou à force de demander des comptes, à force de demander de la
reddition de comptes, bien, on finit par créer une inflation bureaucratique
puis ça crée toute une nouvelle couche de gestionnaires dans les établissements
publics, parlez-en aux infirmières, par exemple, qui se plaignent d'être constamment
en train de rendre des comptes sur ce qu'ils font.
Donc, nous, on pense que, là, il y a une
réflexion à avoir sur l'explosion du nombre de patrons, du nombre de
gestionnaires. Pour ce qui est des gens qui administrent ou qui donnent des
services, la démonstration doit être faite par ceux qui vous promettent de
couper dans le gras.
Journaliste : ...c'est qui
maintenant?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez, moi, je suis fier d'être à Québec solidaire, notamment parce que j'ai
la conviction que le parti qui est aux côtés des travailleuses et des
travailleurs du Québec dans leur lutte pour des meilleures conditions de vie,
c'est Québec solidaire. Je pense qu'on est nombreux à avoir choisi Québec
solidaire pour cette raison-là.
Journaliste : ...PQ.
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
si je pensais ça, je serais sans doute au PQ. Si je suis à Québec solidaire...
Moi, c'est une des raisons fondamentales de mon engagement dans ce parti-là.
Nous sommes le parti des travailleurs, des travailleuses. Et regardez qui a
mené la bataille durant le front commun. Regardez les sujets des questions à
l'Assemblée nationale. Je pense que la démonstration est facile à faire.
Journaliste : How difficult is it being a parent and being here at the same time?
M.
Nadeau-Dubois :
Well, it's a challenge, it's a big challenge and it's a challenge
for all the parents that are MNAs. But I think it's a particular challenge for
MNAs that have their ridings hundreds of kilometers from the Parliament, I
mean... So, when I see Marwah, my colleague, Marwah Rizqy, telling that she is
forced by the circumstances to choose her family, I think it's a signal that we
need to do better in terms of being able to encourage young people going into
politics. But like my colleague Sol, I think, rightly said, it is possible, but
it's a real, real challenge.
Journaliste :
What needs to change around here, you
think?
M.
Nadeau-Dubois : Well, I think one of the
things we could and should do is have a real system of parental leave at the
National Assembly. We did a very small step in the right directions a few
months ago when we changed the ethics code of the MNAs to make sure that they
cannot be criticized by the ethics commissioner when they take a leave of
absence to take care of their children, but it's a very small step in the right
direction There is still no real official system of parental leave for MNAs.
We've been fighting for this for years at Québec solidaire, and I think that
would be a concrete and simple way to go in the right direction. A lot of
countries and a lot of legislations do better than us in this aspect.
Journaliste : Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 24)