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Point de presse de M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition pour la Capitale-Nationale, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version finale

Le vendredi 27 septembre 2024, 9 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures quarante-quatre minutes)

M. Paradis : Alors, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, interpellation sur le sujet du tramway. C'est le moment de voir le vrai visage de la ministre Geneviève Guilbault. Est-ce qu'on va voir aujourd'hui une CAQ qui veut bloquer le projet, traîner ses pieds encore et peut-être même faire avorter le projet ou on va voir une ministre, un gouvernement qui veut montrer sa bonne foi de manière concrète, arrêter de retourner sa veste, d'invoquer des excuses et avancer dans ce projet-là?

La ville de Québec est prête, les parties prenantes sont prêtes. Je rencontre des gens, moi, à Québec qui disent : Là, on est prêts pour faire avancer ce projet-là. La CDPQ est venue témoigner il y a quelques jours ici même, à l'Assemblée nationale, pour dire qu'elle est prête. Et elle le dit dans son rapport qui a été déposé il y a déjà plusieurs mois : Le projet peut commencer en 2024. Elle, elle est prête. Alors, qui il manque? Le gouvernement du Québec. C'est important pour l'économie de toute la Capitale-Nationale et même du Québec. Les intervenants économiques, encore une fois, le mentionnent. 25 ans de croissance économique continue à Québec. Et là un peu un flottement dans les derniers mois, et tout le monde le dit, c'est en raison de l'absence d'un projet locomotive, d'une vision pour la ville de Québec. On l'a, cette vision-là. La CDPQ nous l'a donnée.

Et c'est important aussi, enfin, que ce gouvernement nous démontre s'il est capable d'avoir un réflexe Québec ou pas. C'est le cas dans le projet du transport collectif structurant à Québec. Mais on l'a vu encore hier, avec le président français Emmanuel Macron qui est reçu à Montréal, encore une fois. Et là, le gouvernement qui tente d'interpréter à la baisse la loi qui dit que ces rencontres-là doivent avoir lieu à Québec. On l'a vu dans le dossier de la sécurité publique, où le chef de police de la ville de Québec et la ville se sont fait dire non à répétition. Maintenant, il y a une entente. Mais le réflexe Québec, c'est ce qu'on veut voir aujourd'hui à l'interpellation. Je suis avec mon collègue Joël Arsenau, responsable des transports. Évidemment qu'on a préparé l'interpellation d'aujourd'hui ensemble.

Journaliste : ...voyez-vous un lien avec l'élection fédérale, le fait que le gouvernement Legault n'ait pas encore signé l'entente avec la CDPQ?

M. Paradis : J'espère que non. J'espère que le projet de tramway à Québec, qui est tellement important pour la Capitale-Nationale, n'est pas encore instrumentalisé par ce parti et par ce gouvernement à des fins purement politiques. Parce que, jusqu'à maintenant, ce qu'on a vu dans la position du gouvernement sur le tramway, un jour, c'est oui, un jour, c'est non, un jour, ça marche, un jour, ça ne marche pas, c'était souvent ou presque toujours lié à des intérêts politiques. Et ce qui a été dénoncé, d'ailleurs, dans un rapport de HEC Montréal qui étudie qu'est-ce qui se passe avec les projets d'infrastructure au Québec, un des problèmes, c'est l'interférence et l'ingérence à des fins politiques, et le projet du tramway a été spécifiquement nommé comme un exemple de ça. Il faut que ça arrête. C'est l'intérêt économique, l'avenir de la région de Québec qui est en jeu. C'est ça qui doit primer, pas des intérêts politiques.

M. Arseneau : Si vous permettez, j'ajouterais aussi que ça, c'est un test pour la CAQ, aujourd'hui, sur la question du tramway, parce que je vous rappelle qu'on a déposé un projet de loi, le projet de loi n° 61 qui veut accélérer les projets d'infrastructure en transport collectif, qui fait que ça coûte moins cher et en faire davantage. Mais, du même souffle, la ministre dit : C'est nous qui allons déterminer quels sont les projets qu'on veut faire avancer. Et puis, à ce moment-là, il y a une direction politique qui est clairement affirmée dans le projet de loi. Aujourd'hui, le test de la ministre, c'est qu'elle se compromette, qu'elle s'engage et que, pour une fois, là, ce ne soit pas le gouvernement du Québec qui retarde les échéances. Il n'y a pas d'agence, là, actuellement, en jeu. Parce que, là aussi, ça a été demandé pendant les consultations publiques par CDPQ Infra, par ville de Québec également, par le RTC, que le projet aille de l'avant maintenant, sans attendre une éventuelle agence. Et c'est aujourd'hui que je pense qu'on doit obtenir ces réponses-là, ces engagements formels sur le plan politique. C'est incontournable. Parce que, si le projet a retardé autant depuis six ans, c'est strictement la CAQ qui en est la grande responsable.

Journaliste : ...M. Marchand voulait que l'entente soit signée, l'entente provisoire, avant le 30 septembre, là. C'est lundi. Visiblement, ça n'arrivera pas, en tout cas, à moins qu'il se passe quelque chose d'ici là. Qu'est-ce qu'on fait après? Qu'elle demande vous allez formuler au gouvernement s'il n'y a pas... il n'y a pas d'échéancier puis il n'y a pas d'ultimatum?

M. Paradis : Bien, d'abord, cette idée qu'on signe rapidement, là, il ne faut pas l'abandonner. Pourquoi le gouvernement continue à se traîner les pieds, alors que tous les intervenants sont prêts? La CDPQ dit : C'est nous qui sommes à la table actuellement, on est prêts. Ils ont mis dans le rapport qu'ils ont déposé que le projet pouvait commencer en 2024. Il y a de l'argent aux crédits pour que le projet commence en 2024. Alors, qu'est-ce qui manque? De la volonté politique.

Donc, nous, on n'abandonnera pas ça, là. Il faut que ça signe rapidement et qu'on avance. Le projet... Le rapport de CDPQ, c'est un résumé de 1 000 documents et études depuis les années 70. Ils font un portrait puis disent : Voici la route. Le plan cité, il est là. Puis c'est un résumé de ce qui est discuté depuis des décennies à Québec. Alors, qu'on avance, que le gouvernement cesse de procrastiner dans le dossier, de bloquer puis d'être les deux pieds sur les freins, qu'il avance avec les autres acteurs qui sont prêts.

Journaliste : ...le premier ministre semble vouloir une élection d'un gouvernement Poilievre à Ottawa, et on sait que M. Poilievre a dit qu'il ne mettrait pas une cent dans le tramway de Québec. Alors, comment vous interprétez les actions du premier ministre à l'égard de ce qui se passe à Ottawa?

M. Paradis : Est-ce que le premier ministre du Québec a parlé à son acolyte Pierre Poilievre de ce projet-là? C'est une bonne question que vous devriez lui poser. Maintenant, encore une fois, ce projet-là, il doit être sorti des intérêts politiques et des jeux politiques, et c'est le problème du gouvernement de la CAQ que de l'utiliser comme un levier politique. Ce n'est pas un levier politique, c'est un projet structurant, le nom le dit, pour la région de Québec, pour la ville de Québec, qui est discuté depuis longtemps. Tout le monde est prêt à avancer, sauf le gouvernement. Et c'est là-dessus qu'on veut avoir des réponses aujourd'hui de la part de la ministre.

Journaliste : ...risque? Est-ce que ça peut compromettre le projet, l'élection d'un gouvernement Poilievre?

M. Paradis : Bien là, on ne peut pas nier que le Parti conservateur du Canada a annoncé ses intentions dans ce projet-là. Donc, on a plusieurs raisons additionnelles de vouloir faire avancer le dossier maintenant pour le sortir du jeu politique, parce qu'il est important pour la région de Québec. On a la CDPQ. C'est le gouvernement caquiste lui-même qui a envoyé ça à la CDPQ, alors que tout le monde était prêt, et là, aujourd'hui, la CDPQ a déposé son rapport, et le gouvernement ne semble pas avoir pris acte des conclusions de la CDPQ, qui dit qu'on a tout ce qu'il faut pour avancer et qu'on est prêts. Alors on est prêt.

Et d'ailleurs ça nous ramène à une autre... une autre caractéristique de ce gouvernement, un gouvernement très dépensier qui semble avoir peu de considération pour l'argent des Québécois parce qu'il y a des centaines de millions de dollars qui ont déjà été investis dans ce projet-là. Le projet a été mis sur la glace, et là les acteurs disent : Capitalisons sur ces investissements pour aller de l'avant. Est-ce que le... est-ce que le gouvernement du Québec va encore avoir dépensé des centaines de millions en pure perte? Ça, c'est une autre question pour le gouvernement.

M. Arseneau : Juste pour vous... pour ajouter, évidemment, ce serait un calcul absolument, totalement cynique de la part du gouvernement de gagner du temps en espérant que le gouvernement actuel tombe au fédéral pour être remplacé par un gouvernement qui dirait : Je ne mets pas une cent dans le tramway, et le gouvernement du Québec dirait : Bien, je ne peux pas aller de l'avant parce qu'il me manque une partie de financement. Ça, si ce calcul-là s'avère, c'est d'un cynisme absolument éhonté, et la CAQ devrait être sanctionnée, devra être sanctionnée pour ça. Mais, aujourd'hui, ce matin, c'est la raison pour laquelle mon collègue député de Jean-Talon, puis, je pense, toutes les autres oppositions, vont demander au gouvernement du Québec un échéancier, un échéancier ferme, et de faire preuve d'engagement et de conviction face à ce projet-là. On ne peut pas continuer de l'appuyer du bout des lèvres tout en se traînant les pieds sur le plan administratif et financier.

Alors, je pense que c'est pour ça qu'on répète que c'est le moment de vérité. Le gouvernement, actuellement, a la responsabilité de faire avancer et accomplir le projet pour lequel on est tous réunis aujourd'hui puis que... des milliers de Québécois souhaitent qu'enfin ça avance et ça se réalise.

Journaliste : On apprend, ce matin, que le gouvernement, M. Legault et quelques-uns de ses ministres, qui devaient hier participer au souper avec M. Macron et M. Trudeau, ne se sont pas présentés au repas. Qu'est-ce que vous pensez de cette absence-là? Est-ce qu'ils auraient dû être aux côtés de M. Trudeau?

M. Paradis : Des ministres du gouvernement du Québec?

Journaliste : Ils avaient quelques invitations. Mme Guilbault était invitée, M. Roberge...

M. Paradis : Bien... Bon. Vous me l'apprenez, là, au moment où je vous parle, mais c'est un signal aussi de l'intérêt ou du non-intérêt que ce gouvernement place dans les relations diplomatiques.

En ce qui concerne les relations internationales du Québec, ce gouvernement a mis tous ses oeufs dans le même panier : c'est le commerce international, et le reste, ça nous intéresse moins. Si, de fait, ce que vous me dites est vrai, qu'il y a des ministres qui devaient être là, qui ne se sont pas présentés, je pense que c'est une illustration qui se passe d'explication. C'est un gouvernement qui laisse Ottawa occuper le terrain en matière de diplomatie. Et on voit ce que ça donne, là, quand on laisse Justin Trudeau et le gouvernement du... et le gouvernement du Canada s'occuper de notre diplomatie. On l'a vu hier, là, avec le genre de conférence de presse qu'on a eue de Justin Trudeau, et avec Emmanuel Macron, le gouvernement du Québec doit s'occuper de ses relations internationales et, en fait, de l'ensemble de sa diplomatie. Une autre des raisons pour lesquelles nous, on pense que le Québec doit être un pays indépendant, pour s'occuper de sa propre diplomatie. Alors, on voit ce que ça veut dire. Des ministres ne se présentent même pas à un souper important avec le président de la République française, qui est le pays avec lequel on entretient les relations les plus fortes, historiquement. Ça me sidère un peu, ce que vous me dites ce matin.

Journaliste : On voyait aussi cette semaine, je ne sais pas si vous en avez pris connaissance, mais il y a une étude de la SAAQ sur le 0,05 qui a été... qui est complètement caviardée finalement. On a fait une demande, mais en fait c'est le Parti libéral qui a fait une demande d'accès, a reçu ce document-là. Pourquoi vous pensez que cette étude-là, cette analyse là de la SAAQ sur la faisabilité du 0,05 est gardée secrète?

M. Arseneau : Mais, écoutez, il y a eu tout un débat autour de la question du 0,05 l'automne dernier. C'est un débat d'intérêt public et c'est absolument inconcevable que le gouvernement garde secrètes des études qui nous permettraient d'avancer dans ce dossier-là, de faire avancer la réflexion, la discussion et le débat public. Alors, moi, je ne vois pas, dans ce cas-là, comment le gouvernement peut affirmer que cette information-là est sensible ou est confidentielle parce qu'il ne parle pas... on ne parle pas d'intérêts, là, financiers, de corporations, d'entreprises en concurrence, et ainsi de suite, là, on ne parle pas non plus de secret d'État, on parle de la sécurité des gens, on parle d'un débat public ouvert où les gens et des familles de victimes on fait un plaidoyer pour réduire le taux d'alcoolémie. Et là il y a un élément essentiel du puzzle que le gouvernement garde pour lui. Qu'est ce qu'il a à cacher, le gouvernement, là-dedans? Moi, je pense qu'encore une fois c'est un geste de manque de transparence, d'opacité du gouvernement qui nuit au débat public, qui nuit justement à ce que les citoyens aient l'heure juste.

Journaliste : Il fait ça pourquoi vous penser?

M. Arseneau : Bien, exactement, il faut leur demander. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement a ce réflexe à répétition de garder l'information pour lui-même, comme si tout était d'une sensibilité politique extraordinaire. Et puis évidemment on peut faire toutes sortes de conjectures sur l'idée qu'il a défendu une posture très ferme du maintien du statu quo. Qu'est-ce que dit le rapport? Est-ce que le rapport contredit la position du gouvernement? C'est la question qu'on peut se poser. Auquel cas, bien, il y a un manque de responsabilité de la part du gouvernement. Il peut maintenir sa position, mais il ne peut pas, comment dire, oblitérer la science, par exemple, ce qu'il a tendance à faire dans maints dossiers.

Le Modérateur : On va prendre une dernière question.

Journaliste : Oui, sur Trudeau, je voulais revenir là-dessus. Est-ce que vous partagez sa vision des choses quand il dit que M. Legault fait des fausses déclarations en matière d'immigration?

M. Paradis : Ce que Justin Trudeau dit en matière d'immigration, là, je pense qu'il pourrait se retourner le commentaire à lui-même. Ce qui s'est passé dans les dernières années, c'est qu'on a vu l'immigration être décidée par une idéologie plus que par des véritables données et par des faits. Alors, je pense que Justin Trudeau n'a pas de leçon à donner à personne en matière de commentaires sur l'immigration. Bon, là, il s'adressait au premier ministre du Québec, le Québec, qui lui aussi, a malheureusement très mal géré l'immigration dans les dernières années. Donc, c'est un dialogue entre deux personnes qui, malheureusement, ne semblent pas avoir un portrait adéquat de la situation en matière d'immigration.

Journaliste : Mais, sur le fond, est-ce qu'il a raison, est-ce que M. Legault propage des faussetés sur l'immigration?

M. Paradis : Bien, une chose est sûre, c'est qu'actuellement il y a un nombre vraiment important d'études, d'intervenants indépendants qui sont venus dire que les politiques publiques en matière d'immigration actuellement sont mal gérées et nous mènent à une situation impossible pour les services publics, pour l'accueil, pour la réussite du parcours de l'immigration et pour la capacité du système d'accueillir et d'intégrer les nouvelles personnes qui arrivent au Canada. Les banques le disent maintenant, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, les organisations à la base, c'est ce qu'elles disent. Alors, quand M. Trudeau vient nous dire que non, sa politique était la bonne, il semble être à peu près le seul maintenant à penser ça.

Journaliste : Ce n'est pas ça, ma question. Est-ce qu'il a raison de dire que M. Legault propage des faussetés en matière d'immigration?

M. Paradis : Ce sont deux chefs, Trudeau et Legault, qui, malheureusement, représentent, illustrent la perte de contrôle des politiques publiques en matière d'immigration, l'un et l'autre.

Le Modérateur : On va devoir...

Journaliste : ...sur la santé, là.

M. Arseneau : Oui. Merci de poser la question, parce que je voulais quand même faire une petite intervention.

Le Modérateur : ...

M. Arseneau : Oui, mais c'est quoi, votre question là-dessus?

Journaliste : Bien, en fait, on apprend que le gouvernement demande aux administrations de santé de faire des... bien, de trouver de l'argent un peu, là, de réduire les dépenses sans toucher les services. Est-ce que vous pensez que les services seront touchés?

M. Arseneau : C'est un refrain connu. C'est un refrain connu, là, l'optimisation sans austérité, là. On a déjà entendu la chanson, puis ça a résulté dans des coupures de services et de soins aux personnes un peu partout à travers le Québec dans le réseau de la santé. Et là on sait que le réseau est déjà sous pression, on sait qu'il y a une crise en santé dans les régions de l'Abitibi-Témiscamingue, dans la région de la Côte-Nord, de l'Outaouais et ailleurs. Et ce que le gouvernement nous annonce, c'est... après avoir dilapidé ses surplus, après avoir donné des chèques préélectoraux, après avoir donné des congés d'impôt, aujourd'hui, il veut serrer la ceinture tout en disant qu'il ne va pas réduire la taille de la fonction publique.

Alors, le gouvernement actuellement nous doit des explications sur les commandes qui passent à travers le réseau de la santé et... nous garantisse que l'équation est possible, moins de financement puis le maintien des services. Moi, je suis très inquiet. C'est... Ce sont des mesures d'austérité déguisées. On va être extrêmement vigilants là-dessus parce qu'on est déjà dans un système qui s'effondre. On ne peut pas imaginer qu'on aille plus loin dans la réduction des services. Et si le gouvernement doit réduire les dépenses administratives, bien, il doit nous dire comment c'est possible de le faire sans affecter les services aux citoyens. Merci.

(Fin à 10 h 01)

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