(Huit heures vingt-deux minutes)
M. Derraji : Bonjour, tout le
monde. Très heureux, très heureux de vous revoir. Aujourd'hui, je vais vous
parler de la future agence... en fait, une autre agence d'un gouvernement d'agences.
Hier, nous avons terminé les
consultations. Nous avons entendu beaucoup de groupes. Elles restent sur la
table, beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions. La plupart des groupes voulaient,
voulaient que la ministre explique très bien la mission. Hier, le dernier
groupe, les urbanistes, ils ont ramené la notion de l'aménagement du
territoire. Pour moi, ça a été une de mes meilleures rencontres avec ce groupe
parce qu'ils ont exposé le vide de l'agence. Parce que la ministre leur a posé
la question, comme à l'habitude : Est-ce que vous m'appuyez dans cette
agence? Et hier, il y avait un grand lapsus, c'est que si on n'a pas de vision
en matière d'aménagement du territoire, bien, ça sert à quoi une agence? Et ça,
c'est le fond du problème du projet de loi de Mme la ministre. Mission, vision,
la définition d'un projet complexe, on ne sait pas c'est quoi, un projet
complexe. Le coût du lancement de l'agence, on parle de 3 millions pour
les prochains... les premiers six mois. Et permettez-moi de vous dire c'est
quoi, ça va aller sur quoi.
Ça va aller sur les prix non récurrents
associés à la transition des systèmes informatiques, la mise en œuvre de la
nouvelle gouvernance et les frais d'installation matériel à mobilité infra et
les frais liés à l'expertise externe, honoraires professionnels. On nous a
vendu que ça va regrouper les professionnels, mais, en même temps, ils vont se
payer des honoraires professionnels en communication, hein, c'est un
gouvernement de communication, donc des consultants de l'externe. Mais aucune
idée sur le budget qui sera dédié pour le fonctionnement des cette agence.
Donc, encore une fois, pour nous, en date
d'aujourd'hui, c'est une coquille vide, c'est du marketing pour parler de la
mobilité, et, malheureusement, malheureusement, il y a un effort énorme, et ça
dépend de la ministre et de sa disponibilité, à accepter des amendements qu'on
va faire tous, les trois partis d'opposition. Parce que, pour moi, le projet,
tel que présenté aujourd'hui, est un projet brouillon, à part ce que vous avez
vu ce matin, l'absence totale d'analyse d'impact réglementaire. Nous avons fait
nos devoirs. La demande d'accès, je l'ai. Nous avons analysé la plupart des
sociétés d'État que le gouvernement a créé, la dernière, l'agence de santé, il
y avait une analyse d'impact réglementaire. Voilà. Merci beaucoup. Je suis prêt
à prendre vos questions.
Journaliste : Est-ce que qu'on
se dirige... Est-ce que c'est le retour de l'austérité?
M. Derraji : Je veux parler
du transport. Ce que je constate, c'est des gels partout. Gels d'embauches.
Vous avez vu des ingénieurs cette semaine, ils ont dit qu'on a reçu l'appel d'arrêter
des chantiers. Vous avez vu les camionneurs, l'écocamionnage arrêté, les
voitures électriques. Moi, je pense que Mme la ministre Guilbault mérite le
titre de la superministre des coupures parce que ce n'est qu'elle que je vois
présentement en train de couper et de faire arrêter plusieurs projets.
Journaliste : Il y a quand
même des coupes dans les cégeps aussi, là...
M. Derraji : Oui, oui. Non,
je parle du transport. Je parle du transport. Vous avez raison, il y a aussi un
plafonnement des dépenses au niveau des cégeps et il y a aussi d'autres gels. J'ai
entendu gels d'embauche dans le réseau de la santé. Je pense que le mot est
passé au niveau des réseaux. C'est ce qu'on entend. Nous avons commencé le
recensement au niveau de plusieurs ministères. Mes collègues font un travail
exceptionnel sur le terrain. On parle avec nos interlocuteurs et les
organismes. Le mot d'ordre, c'est qu'il y a plafonnement de dépenses et il y a
une rationalisation au niveau des dépenses.
Journaliste : ...bonne
nouvelle pour vous qui avez critiqué le déficit de 11 milliards, qui avait
plaidé pour un retour à une certaine rigueur budgétaire.
M. Derraji : On va toujours
critiquer la mauvaise gestion caquiste des finances publiques, mais, aujourd'hui,
venir parler du déficit, sachant ce qu'ils ont hérité comme surplus? Il faut
inclure dans l'équation le surplus qu'ils ont hérité, qu'ils ont garroché, qu'ils
ont dilapidé. Donc, aujourd'hui...
Journaliste : ...qui demande
au ministère de se serrer un peu la ceinture?
M. Derraji : Bien, ce qu'on
demande, c'est : Quel est le plan concret pour le retour à l'équilibre
budgétaire? On ne le sait pas. Donc, après avoir perdu le contrôle des finances
publiques, venir maintenant faire la pression sur les services publics, je
pense que c'est irresponsable de la part de ce gouvernement parce qu'eux-mêmes
sont responsables de cette perte de contrôle des finances publiques.
Journaliste : Qu'est-ce qu'on
fait sinon si on ne met aucune pression sur les services publics?
M. Derraji : Moi je pense que
les Québécois paient assez d'impôts et s'attendent à des services de qualité.
Le gouvernement... Et je tiens à saluer le courage de mon collègue Youri
Chassin. Il l'a très bien dit : Moi, je déplore aujourd'hui la philosophie
caquiste dans la gestion des programmes. François Legault, quand il est arrivé
au pouvoir, il disait vouloir l'efficacité de l'État, moins d'États, mais plus
de services. Ce qu'on a constaté avec le temps, c'est : Le François
Legault qu'on avait pendant la campagne électorale, ce n'est plus le François
Legault, le premier ministre. Un problème, on garroche l'argent. Ça a été ça,
le mode de gouvernance de François Legault, et, malheureusement, ça ne donnait
pas de résultat. Regardez l'ensemble des services, regardez les services
publics, la santé. Est-ce qu'on a plus de consultations? Non. Est-ce qu'on
réalise plus de chirurgies? Non. Est-ce que les gens attendent plus aux urgences?
Oui. Regardez le service... l'éducation, le réseau de l'éducation. Regardez les
cégeps, j'ai parlé avec des cégeps.
Quand on vous dit que votre projet... coûte
1 million de dollars, si vous ne le faites pas, les répercussions sont
majeures sur le maintien de l'actif. On vous impose un demi-million. On m'a
dit : Qu'est-ce qu'on va faire? Est-ce qu'on va appeler le contracteur
pour lui dire : Fais ça sur deux années? Pendant ce temps, les élèves
risquent de manquer des heures de classe, parce que, probablement, la partie
touchée, c'est un laboratoire. Ce sont les résultats de ce...
Journaliste : Oui, mais la
rigueur budgétaire, là, vous en avez fait votre nouveau cheval de bataille,
vous tentez de le ramener à l'agenda. C'est un peu ce que le gouvernement
essaie de faire en disant : Là, on a un déficit de 11 milliards. Il
faut couper à quelque part, puis lâchez-moi le 7 milliards qu'il y avait
avant, il n'existe plus, là. À partir d'aujourd'hui, on fait quoi, on coupe ou
on continuer à dépenser? On répare les toits d'école qui fuient, on continue à
investir dans les chantiers de construction ou on astreint tout le monde à
gérer leur budget serré pour arriver justement au retour à l'équilibre
budgétaire? C'est un peu ça, la question que je vous pose.
M. Derraji : Bien, on doit
continuer à bien gérer les finances publiques. Mais, encore une fois,
permettez-moi de vous dire qu'il y a une seule personne qui est responsable,
qui a mal géré les finances publiques depuis le début, il s'appelle François Legault.
Comme pour n'importe quel problème, ce que tu penses faire, c'est garrocher de
l'argent. Pourquoi... Ce que vous venez de me dire est tellement important.
Pourquoi ils ne se sont pas posé ce genre de questions avant? Est-ce que
l'argent que nous sommes en train de mettre dans un programme...
Journaliste : On fait quoi
aujourd'hui, là? Vous, est-ce que les libéraux, vous êtes favorables à une
compression des dépenses ou à une limitation des dépenses dans l'État? C'est
ça, la question que je vous pose.
M. Derraji : Le Parti libéral
demande la rigueur et, pour nous, la rigueur doit... ne doit pas affecter les
services à la population. Les Québécois paient déjà assez d'impôts, et ce n'est
pas aux Québécois, aujourd'hui, de payer les frais de la mauvaise gestion
caquiste en matière de finances publiques. Je tiens encore une fois à rappeler
le propos de mon collègue Youri Chassin. C'est le mode de gouvernance de la
CAQ. Chaque... Il y a un problème, on garroche l'argent. Ils ne se sont pas posé
la question sur les résultats. Est-ce que les programmes...
Journaliste : ...
M. Derraji : Bien, on les
tient responsables sur le fait de garrocher l'argent depuis six ans. Est-ce
normal qu'on se ramasse aujourd'hui avec un trou budgétaire de 11 000 $?
Journaliste : Juste pour
revenir...
M. Derraji : 11 milliards,
pas 11 millions. Désolé.
Journaliste : ...juste pour
revenir sur le projet de loi n° 61. Vous avez vu que
la plupart des intervenants qui sont venus en commission parlementaire ont
demandé à la ministre de restreindre le mandat de la future agence sur les
projets de transport en commun. Or, elle se garde manifestement... en fait,
clairement, là, une porte ouverte pour des projets de transport, par exemple
comme le troisième lien. Est-ce que ça fait partie des amendements que... des
éléments pour lesquels vous demandez une modification au projet de loi?
M. Derraji : Clairement. Nous,
on va se battre pour une bonne définition de la mission. Il y a des groupes qui
nous ont dit : Il va y avoir un conseil d'administration, on ne va pas
jouer dans le même film que les autres agences. Si la mission n'est pas
restreinte, ça veut dire que le conseil d'administration demain vit une
pression politique, va aller de l'avant avec le troisième lien. Et c'est là que
je me pose la question : Est-ce que l'agence n'est pas un tremplin pour
Mme Guilbault, une porte de sortie pour le gouvernement Legault, pour dire
aux Québécois, encore une fois : Écoutez, on n'a pas pu répondre à la
demande la première fois ni la deuxième fois. Ce qu'on va faire, c'est que le
troisième lien figurera sur la liste des priorités pour la future agence. Mais
ce n'est pas ça qu'on a vendu à l'ensemble des intervenants. L'ensemble des
intervenants, unanimement, je dirais, ils disaient oui, mais, et le mais, c'est
quoi? C'est : Occupons... Il faut qu'on s'occupe davantage de la mobilité
durable, du transport collectif.
Journaliste : Donc, autrement
dit, vous avez l'impression que c'est un genre de bébelle politique de la CAQ
pour essayer de se débarrasser du troisième lien.
M. Derraji : C'est une
hypothèse, et je vous dis pourquoi. À chaque fois qu'il interpelle Mme la
ministre et les groupes, il leur dit : Est-ce que vous étiez dans l'autre
projet de loi de mon collègue à certains moments? J'ai dit : Écoute, on
n'est pas dans le projet de loi de votre collègue, j'ai siégé dans ce projet de
loi. Ce projet de loi réfère à quoi? C'est les contrats collaboratifs. Donc,
l'agence va utiliser l'autre projet de loi, qui est les contrats collaboratifs,
en vue de fonctionner. Donc, au bout de la ligne, ça sert à quoi, l'agence, si
on n'a pas la vision et la mission pour la mobilité durable à travers tout le
Québec?
Journaliste : Mais, sur cette
agence-là, je veux dire, il y a quand même des... Parce que je veux savoir,
est-ce que vous êtes quand même d'accord avec l'idée générale de cette
agence-là? Parce que les problèmes de... les projets de transport collectif,
c'est vrai, que les coûts explosent, là, on peut regarder la ligne bleue à
Montréal. On a de la difficulté, au Québec, à ériger des grands projets de
transport collectif tout en respectant les coûts et les échéanciers. Donc,
est-ce qu'elle ne pourrait pas être bonne, quand même, pour ça?
M. Derraji : En date
d'aujourd'hui, de ce que j'ai dans le projet de loi, non, si Mme la ministre
n'est pas ouverte à revoir la mission, la vision, la définition des projets
complexes. Et le financement, on n'en a pas parlé, beaucoup de gens parlent du
financement. C'est parce que l'ingérence politique, et prenez le cas du
tramway... un groupe l'a très bien dit : L'ingérence, l'interférence font
augmenter le prix des projets, et c'est ça qui a nui à beaucoup de projets.
Donc, si on va se donner une agence, on va se donner tous une agence qui va
avoir une mission, une vision très claire, ça pourrait être une bonne idée,
mais il reste encore beaucoup de questions qu'on n'a pas encore de réponses de
la part de la ministre. Et la plupart, ils ont parlé du financement.
Elle aurait dû juste appeler ce projet de
loi. C'est mon projet de loi que j'ai déposé. La plupart des sociétés de
transport réclament des revenus de financement supplémentaires. Ce qu'il y a
dans son projet de loi, c'est uniquement leur permettre de vendre des
immeubles, mais ça ne donne pas des revenus récurrents. Ça, c'est du concret.
Ce projet de loi répond au financement des sociétés de transport.
Journaliste : ...
M. Derraji : Ah! ça, écoutez,
c'est... Je m'inspire de mon collègue, qui est un grand peintre, donc,
j'essaie, pendant la commission parlementaire, de...
Journaliste : Concernant
Northvolt, le fait qu'on ne sache pas exactement la durée de l'allocation du
bloc d'énergie, est-ce que ça vous inquiète?
M. Derraji : Oui, ça
m'inquiète, mais permettez-moi de saluer le travail dans notre équipe, parce
que si ce n'est pas les questions de mes collègues, et notamment de ma collègue
Marwah hier, on ne va pas le savoir, que le gouvernement est en train de penser
à un échéancier. Et tout ce qui se passe avec Northvolt, et je veux juste être
clair : Nous, ce qu'on demande, c'est plus de transparence par rapport à
l'octroi des blocs d'énergie. Fitzgibbon n'est plus là. Fitzgibbon, il s'est
octroyé beaucoup de pouvoirs. Je sais que Mme la ministre a aussi ce titre de
superministre parce qu'elle a à la fois l'Économie et l'Énergie, mais les
Québécois aujourd'hui, les PME à travers tout le Québec veulent savoir à qui on
donne l'énergie, sur quels critères, parce qu'ils sont tannés de remplir des
documents et recevoir une réponse : Non, vous n'avez pas le droit à cette
énergie.
Donc, ce qu'on demande concrètement :
de la transparence par rapport à l'octroi des contrats d'énergie, et, si on a
réservé de l'énergie pour quelqu'un qui n'est pas capable de l'utiliser, bien,
s'il vous plaît, libérez cette énergie. C'est le Québec d'abord, et c'est ce
qu'on va maintenir comme...
Journaliste : Est-ce que vous
pensez que M. Fitzgibbon a senti les problèmes, par exemple de Northvolt,
que ça l'a démotivé au point qu'il a voulu partir?
M. Derraji : Écoutez, M. Fitzgibbon
est un homme d'affaires. Il connaît tout ce qui se passe, il a navigué dans le
monde des start-ups. Moi, écoutez, là, samedi et dimanche, dimanche surtout,
j'ai passé trois heures à lire les médias en Suède. J'étais choqué parce que
j'apprenais des nouvelles choses. Écoutez, le monde des affaires est un petit
monde. Est-ce qu'il a vu venir les problèmes de Northvolt? Peut-être. Je
n'étais pas avec lui. Je ne lui parle pas. Je ne sais pas la nature des
échanges qu'il a eus avec M. François Legault, mais, clairement,
clairement, il y a eu un différend entre lui et M. Legault. Ce n'est pas
le genre de personne qui va quitter juste parce qu'il voulait quitter. Il avait
une ambition pour le Québec, il avait envie de réaliser des choses, mais,
malheureusement, ça allait dans le mur.
Journaliste : Mais n'est-ce
pas aussi arbitraire que ce que vous leur reprochez, au gouvernement, que de
dire que, puisque Northvolt est en retard sur son échéancier, on lui retire son
énergie? Je veux dire, ce n'est pas le premier projet économique à avoir même
une année ou une année et demie de retard, là.
M. Derraji : Mais on ne le
sait pas.
Journaliste : Donc, de
menacer de retirer l'énergie à une entreprise qui est en retard, c'est quand
même arbitraire...
M. Derraji : Mais vous êtes
en train de prétendre qu'il va y avoir un an ou deux ans de retard. Moi, ce que
je demande : Dites-nous, au gouvernement, qu'est-ce que vous avez comme
information. Dites-nous que vous êtes capables d'avoir de Northvolt la date du
début des travaux et de la fabrication des celluliers. On va vivre avec ça. Mais
aujourd'hui, maintenir le doute, c'est prendre les Québécois pour des valises.
Parce que j'ai des entreprises qui nous appellent et qui nous disent :
Nous, on veut l'énergie. Nous, on a des programmes qui vont aider à la
réduction des GES, à qui on dit non. Ça, c'est inacceptable.
Journaliste : ...vous dites qu'on
devrait fixer des critères objectifs pour donner l'énergie aux entreprises,
parce qu'en ce moment c'est arbitraire...
M. Derraji : Je dis
transparence.
Journaliste : ...transparence.
Là, de l'autre côté, vous ne fixez pas de critères, vous dites juste : On
enlève l'énergie à Northvolt. C'est ça que votre collègue, Marwah Rizqy, a
proposé hier. Donc, ça, c'est arbitraire, non?
M. Derraji : Non, ce n'est
pas arbitraire parce que les indices, les indicateurs qu'on a sur la table...
Écoutez, là, quand vous recevez l'agence de presse suédoise, l'AFP hier, qui
déclarait : «Le gouvernement suédois ne veut plus rien injecter dans cette
compagnie... C'est une compagnie suédoise, hein? Je pense que c'est une fierté
pour la Suède. Mais quand vous avez le gouvernement local, le gouvernement
local... et j'espère que M. Legault va dire que le gouvernement local
suédois en sait beaucoup que lui sur cette entreprise. Mettez-vous au sein de
notre équipe, on voit ça venir, on voit qu'il y a un problème, on voit qu'ils
sont en train de chercher comment pallier aux problèmes financiers. Bien non,
pour moi, c'est le Québec d'abord.
Pourquoi c'est très clair que le Québec
d'abord? J'ai en parallèle des entreprises qui disent : Écoutez, on se
sent lésés parce qu'on a appliqué, on a rempli des formulaires, on a travaillé
très fort et on nous a dit non. En parallèle, ces mêmes entreprises québécoises
veulent de l'énergie, voient un projet qui n'avance pas techniquement, et ils
se demandent : Mais pourquoi on leur réserve de l'énergie? Donc, ce que ma
collègue, Marwah, dit et ce que le Parti libéral demande, premièrement,
transparence dans les critères d'octroi de l'énergie. Deux, pas de problème si
vous allez avoir un retard, dites-le. Est-ce que Mme la ministre ou
M. François Legault, aujourd'hui, ont avoué que le retard serait de
12 mois, de 24 mois? Et ce retard, il est acceptable à partir de
combien de mois, 12, 24, 36? On ne le sait pas. Et c'est pour cela, le Parti
libéral va continuer à poser ce genre de questions. Pourquoi? C'est parce que
c'est un... c'est la fierté du Québec, l'énergie, c'est la fierté du Québec.
Journaliste : En quoi ce
n'est pas arbitraire, M. Derraji? À la limite, c'est du chantage, là. Tu
sais : Ah, si vous ne me dites pas de combien de mois vous êtes en retard,
on vous enlève votre bloc d'énergie. C'est complètement arbitraire.
M. Derraji : Est-ce que vous
êtes d'accord avec moi que l'énergie appartient à tous les Québécois? Est-ce
que vous êtes d'accord avec moi que j'ai beaucoup d'entreprises qui cherchent
de l'énergie et qui veulent contribuer à l'effort des GES?
Journaliste : ...vous ne
donnez pas de critère, ce que vous proposez, c'est tout aussi discrétionnaire,
là : Ah, on trouve que c'est trop long, donc on va vous enlever votre
bloc, à moins que vous me donniez de l'information.
M. Derraji : Non, mais
écoutez, vous êtes en train de me dire que, demain, j'ai une entreprise, qui me
dit : Écoute, moi, je suis intéressé à fabriquer des celluliers. Je vais
la croire. Pas de problème. Et vous ne me dites pas en quelle année vous allez
commencer la construction, et je vous réserve les blocs d'énergie à vie.
Journaliste : Mais vous, vous
ciblez Northvolt, vous dites : On l'enlève à Northvolt. Mais il y a
d'autres entreprises qui sont en retard, vous ne les menacez pas d'enlever leur
bloc d'énergie.
M. Derraji : Mais c'est ce
que j'ai dit au début, c'est ce que j'ai dit au début, c'est que ce superpouvoir
que ce ministre a doit disparaître. Fitzgibbon n'est plus autour de la table.
Ce qu'on demande, ce qu'on demande, ce qu'on demande, c'est plus de
transparence au niveau de l'octroi des blocs d'énergie. Qui dit transparence...
Journaliste : ...vous
demandez de retirer les blocs à Northvolt.
M. Derraji : Parce que c'est
le cas qu'on a devant nous. Pourquoi on a ce cas?
Journaliste : Mais il y a
d'autres d'entreprises en retard, pourquoi on n'enlève pas les blocs d'énergie?
M. Derraji : Bien, écoutez,
que le gouvernement dévoile les pourparlers qu'il a avec ces entreprises, et si
c'est acceptable, le délai, pourquoi pas?
Journaliste : Vous êtes en
train de dire le gouvernement attende que lorsque vous serez au pouvoir, vous
allez dévoiler tous les contrats que vous allez signer avec les compagnies
étrangères.
M. Derraji : Écoutez, ce
n'est pas ça, l'enjeu. L'enjeu...
Journaliste : ...vous
demandez de la transparence. Vous dites : Dévoilez le contrat.
M. Derraji : L'enjeu...
Journaliste : Est-ce que le
gouvernement libéral, avant, aurait dû dévoiler tous ses contrats à l'étranger,
lorsqu'il y avait des reports?
M. Derraji : Bien, un
gouvernement libéral, un gouvernement libéral va déjà réparer les erreurs en
matière énergétique que la CAQ a faites. Vous le savez depuis le début, ils ont
joué...
Journaliste : ...
M. Derraji : Bien, je peux
répondre?
Journaliste : Quel message on
enverrait à la communauté d'affaires à l'international, par exemple, si le
gouvernement du Québec arrivait et déchirait un contrat signé avec Northvolt?
Northvolt, là, avant de venir construire ici, de venir s'installer, ils ont
signé des contrats. Alors, ils ont... dans le contrat, il y a la fourniture
d'électricité. Après ça, on arrive, puis on retire l'électricité, on brise le
contrat.
M. Derraji : Oui. Bon, premièrement,
je ne dis pas et je n'ai pas dit de retirer le contrat, je dis d'être
transparent dans la façon...
Journaliste : Bien, vous avez
dit de redonner cette électricité-là à d'autres. Si ce n'est pas briser le
contrat, je me demande ce que c'est.
M. Derraji : Oui, oui, mais,
excusez-moi, c'est parce que Northvolt ne remplit pas... Déjà, Northvolt s'est
engagé dans un délai respecté à commencer la fabrication des batteries. Donc,
le gouvernement s'est engagé à lui réserver un bloc d'énergie. Jusqu'à
maintenant on est d'accord. Ce partenaire vit des moments difficiles, on ne
sait pas c'est quoi, l'avenir. Est-ce qu'ils s'en vont dans une restructuration?
Je ne sais pas s'il y a une restructuration. Est-ce qu'on va se ramasser avec
un partenaire qu'on aimerait avoir sur notre territoire? On ne sait pas s'ils
s'en vont en faillite. C'est des hypothèses. Nous, pour être en avant, pour ne
pas être pris et mal pris, ce qu'on demande au gouvernement, c'est que, si vous
êtes sûr et vous avez un échéancier avec Northvolt, dites-le. Mais là,
maintenant, le gouvernement n'a rien. Je ne sais même pas comment le
gouvernement a négocié le contrat.
Journaliste : Mais ça revient
à dire ce que... ma prémisse, c'était de dire : Quel message on envoie à
la communauté internationale en disant, par exemple : Si vous venez vous
installer chez nous puis vous avez un petit pépin en cours de route, bien, à ce
moment-là, on va vous laisser tomber?
M. Derraji : Non, ce n'est
pas ça.
Journaliste : Bien oui, c'est
ça que ça équivaut à dire. Vous avez un retard, donc vous ne respectez pas
votre contrat, on vous enlève l'électricité. Voyons!
Journaliste : C'est ça que
vous dites depuis 20 minutes.
M. Derraji : Ce n'est pas...
Ce n'est pas ce qu'on dit. Je vais le répéter, O.K., pour qu'on soit très
clairs.
Northvolt vit des moments difficiles. Ça,
je pense que... Regardez ce qui se passe sur la scène internationale. Je vous
invite à lire les médias en Suède, ce qu'ils disent sur Northvolt. Je n'invente
rien. La déclaration du gouvernement suédois est très claire. Le gouvernement
de la Suède ne veut plus mettre aucun cent dans... O.K. Ça, c'est des faits.
Donc, déjà, comparer... on doit comparer la même chose. Donc, on ne parle pas
de n'importe quelle entreprise qui vit ou qui ne vit pas des moments
difficiles.
Le cas qu'on a devant nous : le
gouvernement s'est engagé à réserver des blocs d'énergie. En parallèle, j'ai
des entreprises québécoises qui ont fait la demande à utiliser ces blocs
d'énergie, mais j'ai en face de moi une compagnie qui, ce que j'ai sur la
table, probablement n'utilisera pas ces blocs. Donc, nous, ce qu'on dit :
Libérez...
Journaliste : ...que
Northvolt ne verra jamais le jour?
M. Derraji : Mais on ne le
sait pas. C'est pour cela que le gouvernement doit le dire. Est-ce que, oui ou
non, le programme... le projet va voir le jour? C'est...
Journaliste : De toute façon,
hier, ce que vous avez demandé, c'est qu'on retire les blocs d'énergie à
Northvolt, c'est ce que Marwah Rizqy a dit.
M. Derraji : Oui, oui. De les
libérer pour les entreprises qui ont fait la demande, à qui on a dit non.
Journaliste : Votre parti de
l'économie, là, le Parti libéral dit que c'est le parti de l'économie, bien là,
le message que ça envoie à n'importe quel entrepreneur, c'est : Si le
projet est en retard, s'il y a un petit peu d'instabilité, bien, pouf, le
gouvernement va se retourner de bord, va enlever les blocs d'énergie pour les
donner à quelqu'un d'autre.
M. Derraji : Mais juste... ce
n'est pas un petit retard, là. Je vous le dis, lisez ce qui se passe en Suède,
c'est d'énormes problèmes. On parle de licencier le P.D.G., on parle qu'une
compagnie qui a, la première année, moins 3 milliards de dollars, de couronnes
suédoises, moins 13 milliards. Ce que je dis, ce que je dis au
gouvernement...
Journaliste : Vous n'avez
plus confiance en Northvolt.
M. Derraji : Non. Ce que je
dis au gouvernement... Ils nous ont dit... je crois le gouvernement, ils nous
ont dit qu'ils ont des bonnes discussions avec Northvolt. Qu'ils soient
transparents. C'est quoi, la nature de ces discussions? C'est quoi, le plan de
match?
Journaliste : Qu'est-ce que
le fédéral va faire là-dedans?
M. Derraji : Ah! Écoutez, le
fédéral... Écoutez, le fédéral, c'est très clair. Le directeur parlementaire du
budget, qu'on n'a pas, et d'ailleurs, je vous rappelle, un autre excellent
projet de loi, que j'ai moi-même déposé, a déjà levé les drapeaux rouges au
niveau fédéral. Je vous invite à lire le rapport, l'excellent rapport du
directeur parlementaire du budget, que j'ai eu l'occasion de rencontrer, et il
a soulevé beaucoup de questions par rapport à cet investissement.
Journaliste : Mais, selon
vous, Northvolt, ça va se faire ou ça ne se fera pas, à la lecture des journaux
suédois, là?
M. Derraji : Il y a beaucoup de
questions, il y a beaucoup de questions, et ce qui circule : ils vivent
beaucoup de difficultés. Et, sur la table maintenant, ce que j'ai lu récemment,
c'est le changement de la haute direction, parce qu'au niveau des dépenses, ils
ont vu des lacunes et une perte de contrôle au niveau de l'entreprise. Ce que
les médias suédois disent, c'est que, sur la table, c'est le licenciement du
P.D.G.
Journaliste : Si le Québec
enlève son bloc... le bloc énergie à Northvolt, est-ce que vous reconnaissez
que ça compromet le projet?
M. Derraji : Bien, écoutez,
avant...
Journaliste : ...
M. Derraji : Mais ce n'est
pas si simple, oui ou non, uniquement par rapport à cette question. Le projet,
il est complexe et il dépend de la maison mère, qui est en Suède. S'il n'y a
pas de lien, s'il n'y a pas de...
Journaliste : S'il n'y a pas
d'énergie, ça ne se fera pas au Québec, vous pouvez quand même répondre à cette
question-là.
M. Derraji : Bien, s'il n'y a
pas d'énergie, écoutez, oui, il va y avoir... mais ce n'est pas l'énergie qui
vient en premier, c'est que... est-ce que l'entreprise est capable de continuer
d'exister?
Journaliste : ...
M. Derraji : Non, non, mais
c'est un...
Journaliste : ...vous
dites : Ça ne se fera pas au Québec, là, vous avez l'énergie.
M. Derraji : Absolument. Mais
est-ce que la compagnie aujourd'hui va continuer d'exister? C'est ça, la
question qu'on se pose. Est-ce que la compagnie, dans le contexte actuel, va
continuer d'exister?
Journaliste : Vous n'aiderez
pas l'entreprise en faisant ça, vous comprenez? Vous contribuez vous-même à ce
que vous...
M. Derraji : Mais pourquoi
vous dites que je ne contribue pas? Écoute, est-ce que c'est moi le P.D.G. de
Northvolt? Est-ce que... Le gouvernement suédois...
Journaliste : Si vous enlevez
l'électricité à Northvolt, là, c'est comme tirer...
M. Derraji : On n'enlève pas...
Journaliste : ...c'est comme
tirer la plug sur le respirateur artificiel.
M. Derraji : On n'enlève pas
l'électricité. Il faut que Northvolt démontre la capacité de produire.
L'électricité, elle est déjà réservée. C'est à Northvolt...
Des voix : ...
M. Derraji : Je vais juste
terminer, s'il vous plaît. C'est à Northvolt de démontrer qu'elle est capable
de respecter l'échéancier. Ce qu'on a comme information à l'échelle
internationale, c'est le contraire. On ne retire pas le bloc d'énergie parce
qu'on veut, c'est parce que les signes et les signaux qu'on reçoit : il y
a... ils ont des difficultés financières.
Journaliste : ...reconnaître
qu'en retirant le bloc on tue le projet...
M. Derraji : Bien, c'est
parce que le projet ne va pas avoir lieu.
Journaliste : ...
M. Derraji : Je ne suis pas
convaincu, mais c'est ce que je vois à l'échelle internationale. La compagnie a
de la difficulté.
Journaliste : Donc, vous,
vous êtes convaincus que ça n'aura pas lieu, ce projet-là.
M. Derraji : En date
d'aujourd'hui, ce qu'on voit en Suède, la compagnie a l'obligation d'aller
chercher des fonds. Ils sont en recherche des fonds.
Journaliste : Mais ma
question, c'est : Pensez-vous qu'il va y en avoir un, projet Northvolt au
Québec?
M. Derraji : Je l'espère. On
le veut. On veut le projet. On veut que le projet se réalise.
Journaliste : ...son arrêt de
mort.
M. Derraji : Écoutez, il y a
deux débats. La compagnie vit des moments difficiles en Suède. Ce qu'on demande
au gouvernement, c'est que s'assurer que les difficultés que Northvolt vit en
Suède ne seront pas répercutées ou ne se répercutent pas au Québec. Je veux
bien que le projet se réalise. Je veux qu'il soit réalisé. Je veux qu'on
réserve le bloc si la compagnie va réaliser le projet. Ce qu'on demande, c'est
que si le projet vit des moments difficiles et il ne peut pas se réaliser, ça
ne sert à rien de garder encore une fois ce bloc d'énergie pour Northvolt
sachant que j'ai d'autres entreprises québécoises qui veulent de l'énergie, à
qui le gouvernement dit non.
Journaliste : Just in English. So, you don't regret to have asked the Legault
Government to get back the megawatts that were promised to Northvolt, even...
You don't think it went too far, what the Québec Liberals were asking?
M. Derraji :
No. At the Liberal Party of Québec, we
are asking the Government of Legault for more transparency. We have some
companies, Québec companies, asking us for more energy. So, why the Government
will reserve this spot of energy for a company than another company?
Journaliste :
Do you have the impression that
Quebeckers should have realized earlier that Northvolt is not a solid
multinational, but it's a growing company that is facing difficulties?
M. Derraji :
Yes, it's a growing company, it's a
startup, and once you have little information regarding all the startups across
the world, they have problems. So, I don't know what's the deal between the
Government of Québec and Northvolt. But, in this case, what we have have... like,
the information that we received from the country of... from Northvolt, they
have so many problems, economic problems, financial problems.
Journaliste :
What should be the cutoff? What should
be the deadline for Northvolt?
M. Derraji :
That's what we're asking the Government :
What's the deal between the Government of Québec and Northvolt? We should be
more transparent. So, why they will put... like, they will reserve this block
of energy for Northvolt. Like, what's the deadline? So, they should be more
transparent and to say what's the deadline for Northvolt.
Journaliste :
What would be your deadline?
M. Derraji :
Sorry?
Journaliste :
What would be your deadline?
M. Derraji :
I don't have any deadlines, so... I
don't have the contract. I don't know what the Government signed with
Northvolt. So, they have all the information, if the project will be yes or
not.
Journaliste :
Knowing that other businesses in Québec
want to get megawatts to decarbonize their activities, like, how long do you give
to Northvolt? How long do you give to Northvolt to use its megawatts?
Journaliste :
How much time do you give?
M. Derraji :
Yes, yes, but the problem is that
they're not using the energy now. So, we will not wait until the decision of
Northvolt. Now, some companies in Québec, they are asking for more energy. So,
we're asking the Government to give them more energy.
Journaliste :
And, on Bill 61, why people should care
about the fact that, before having this bill, creating this new agency, the
Transport Minister didn't do an assessment? Why should people care about this?
M. Derraji : Yes, because once you want to do your job very well, you should do
this assessment. So, we will have... we want to see the impact of this project
because before, once we have the agency of health, SQDC and other agencies, the
Government takes the time to do it. So, it's part of, like, doing the job well
and that's why I'm asking why the minister, she's not asking for this
assessment.
Journaliste
: Why hasn't she done it? And what difference it would have made...
M. Derraji : I don't know. I invite you to ask her.
Journaliste
: What difference it would have made in your life, going in those...
M. Derraji : It's more information regarding the impacts. So, it's very
important to know what's the impact regarding the relationship between
governments and some entrepreneurs regarding the new type of contract that we
will have, they will sign.
Journaliste
: Would it be more clear? In this context of a transport
agency, what difference... like, what you would have liked to see in this
analysis?
M. Derraji : This analysis,
we have it everytime with every single project, bill. OK? It's part of doing
the job well. So, once you want to start the analysis of any bill, you have it
inside. So, the Government looked across, tried to look across the bill and to
see the impact for every part, the economic impact, assessement impact. So,
it's really important for the future of the agency, but also to understand all
the impacts of this bill. Thank you.
(Fin à 8 h 52)