(Huit heures vingt minutes)
M.
St-Pierre
Plamondon :Bonjour à tous. Donc,
évidemment, ce matin, je veux vous parler de cette lettre de Youri Chassin dans
les pages du Journal de Montréal, Journal de Québec. Je ne peux
pas présumer de son annonce qui aura lieu à 9 heures, mais on doit
discuter du contenu de la lettre qui est limpide. Il a le mérite de dénoncer,
de manière très transparente, les échecs de la CAQ qui le rendent insatisfait,
tout comme le reste de la population. Donc, échec en éducation, grave échec en
matière de logement, échec en accès aux soins de santé, accès aux CPE, même
chose, les tribunaux. Mais surtout, il insiste sur la promesse de la CAQ qui
venait le chercher le plus personnellement, c'est-à-dire que François Legault s'est
engagé, avec beaucoup d'intensité, à réduire la taille de la fonction publique,
il parlait de couper 5 000 postes. Il le faisait aussi cavalièrement
dans le ton à l'époque. Et, aujourd'hui, on se retrouve que c'est exactement l'inverse,
on a fait croître la taille de la fonction publique par 15 % et, pendant
ce temps-là, il y a moins de services, il y a une détérioration des services à
la population.
Donc, il nomme finalement le problème de
confiance que la population du Québec au complet a envers François Legault.
François Legault dit quelque chose et ensuite fait exactement l'inverse. Donc,
il a dit qu'il couperait dans la fonction publique, il a fait l'inverse, il a
fait croître la fonction publique. De la même manière que, sur le troisième
lien, je n'ai pas besoin de vous expliquer pourquoi il a fait... il a dit une
chose et il a fait l'inverse. De la même manière que, sur les seuils d'immigration,
il a dit qu'il ne fallait pas augmenter plus que tant, sinon c'était
suicidaire. Il a fait exactement l'inverse par la suite. De la même manière
que, sur la rémunération des médecins puis l'incorporation des médecins, il a
dit quelque chose, il a fait exactement l'inverse.
Donc, l'idée... le constat plutôt, qu'on
ne peut pas se fier à la parole de François Legault, elle est désormais
partagée au sein de ses propres députés. Et ça, c'est important de le noter,
parce qu'on vient de faire le pire déficit de l'histoire du Québec à 11 milliards.
Et ça, c'est signé par un gouvernement qui se targuait d'être le gouvernement
de gestionnaires. Donc, on ne peut pas se fier, c'est ça, le problème. Et là il
y a un député de la CAQ qui nous l'explique dans une lettre qui est, à mon
avis, limpide.
Donc, nous, au Parti québécois, on croit à
la bonne gestion des finances publiques, on veut que les finances publiques,
les fonds publics soient utilisés à des services à la population et non pas à
des contrôles à outrance puis à des superpositions de couches d'administration,
comme la CAQ est en train de nous préparer. Mais surtout, on croit que les
élections, c'est un contrat avec la population. Il y a peut-être, des fois, des
circonstances extraordinaires qui font que tu ne peux pas remplir tout ton
contrat parce que les choses ont changé. Mais, dans le cas de la CAQ et
spécifiquement de François Legault, c'est vraiment dans trop de dossiers. On
dit quelque chose et on fait exactement l'inverse, et ça a des conséquences,
même, au sein de sa propre équipe.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous pensez du fait... M. Chassin, là qui vient un peu jeter un pavé dans
la mare? M. Fitzbgibbon est parti la semaine dernière. M. Lefebvre s'en
va au Parti conservateur. Il y a plusieurs départs dans l'entourage de François
Legault depuis quelques mois. Qu'est-ce que ça dit, à votre avis, sur le parti
et sur le gouvernement?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, il y aura d'autres
départs, à mon avis, c'est évident, parce qu'à nouveau c'est un parti qui dit
qu'il va faire quelque chose, puis, ensuite, on ne peut pas se fier, ils font
exactement l'inverse. C'est ça, la lettre de Youri Chassin. Donc, moi je ne
serais pas surpris de voir d'autres députés se trouver d'autres projets de
carrière au cours des prochains mois. On parle donc d'une perte de confiance,
même à l'interne, dans ses propres députés, perte de confiance qu'on percevait
déjà dans la population parce qu'on ne peut pas se fier à la parole de François
Legault. Là, c'est rendu au sein de ses propres troupes.
Journaliste : M. Chassin
qui dit que la CAQ est plus à gauche que prévu, c'est une bonne ou une mauvaise
chose pour vous?
M.
St-Pierre
Plamondon :C'est plus une question d'avoir
un minimum de cohérence vis-à-vis ce que tu as dit. Donc, si tu dis que ton
objectif comme gouvernement, c'est de réduire la taille de la fonction
publique, comme le fait François Legault, les gens sont libres de voter
là-dessus, dépendamment de leurs opinions. Mais, si tu ne peux pas te fier,
puis que François Legault dit ça, mais, en fait, il s'apprête à faire
exactement l'inverse, comme il l'a fait en immigration, sur le troisième lien,
sur le tramway, sur la rémunération des médecins — je ne les nommerai
pas tous, à un moment donné, il n'y a plus personne qui veut évoluer dans ce
contexte-là, même ses propres députés.
Journaliste : ...comprendre
que le Parti québécois irait... couperait dans la fonction publique? Vous
dites... Est-ce qu'on doit comprendre que le Parti québécois couperait dans la
fonction publique. Vous dites : On le fait grossir la taille de l'État
sans plus de services. Est-ce qu'on reviendrait à la situation de 2018? Est-ce
que vous iriez en dessous?
M.
St-Pierre
Plamondon :On est en réflexion sur le
fait que la CAQ multiplie les programmes et surtout les entités d'administration.
On est surtout une réflexion sur le fait qu'il y a beaucoup trop de contrôle.
Donc, quand on regarde sur quoi on investit notre temps en ce moment dans l'administration
de l'État, c'est contrôle par-dessus contrôle pour protéger l'image du
gouvernement, au point où tu ne laisses pas les gens faire leur travail. Et
nous, on travaille là-dessus en ce moment. On aura des annonces éventuellement,
mais...
Journaliste : ...
M.
St-Pierre
Plamondon :Je veux juste finir
là-dessus. Les fonds publics devraient servir aux services à la population. Le
plus gros dérapage a lieu à Ottawa. Justin Trudeau a fait doubler la taille de
la fonction publique fédérale, puis ça correspond à zéro service, zéro, comme
dans Ouellet. Mais on voit également ce phénomène-là, puis, dans le cas de la
CAQ, c'est ça que Youri Chassin explique, c'est que c'est frappant parce qu'ils
prétendaient faire exactement l'inverse. Justin Trudeau, si on prend l'oeuvre
de son père, là, on le savait qu'il endetterait le Canada de manière éhontée
puis on n'est pas si surpris de la dérive. Mais dans le cas de la CAQ, ce n'est
pas ça qu'ils disaient. Ils ont fait l'inverse de ce qu'ils ont promis.
Journaliste : Vous allez dans
le même sens que M. Chassin, dans le fond. Vous dites : Il faut
réduire la taille de l'État pour donner plus de services.
M.
St-Pierre
Plamondon :On va vous revenir
là-dessus, mais, oui, la CAQ a multiplié les contrôles en fonction de préserver
leur propre image. C'est ça qui occupe le temps. C'est ça qu'on entend au
communautaire. On entend ça en éducation, en santé. Les contrôles sont partout.
La taille de l'État n'arrête pas d'augmenter, puis, pendant ce temps-là, les
services diminuent.
Journaliste : ...
M.
St-Pierre
Plamondon :Hein?
Journaliste : C'est quoi ces
nouveaux contrôles-là dont vous parlez?
M.
St-Pierre
Plamondon :Santé Québec ou Mobilité...
puis tout ce qu'on crée amène son lot de paperasse supplémentaire à remplir.
Puis quand tu écoutes les gens sur le terrain qui sont dans le domaine
communautaire ou dans les CPE, la protection de la jeunesse, le système de
santé, ce qu'ils nous disent, c'est : On n'arrête pas de remplir de la
paperasse parce que le gouvernement veut protéger son image et tout contrôler.
On ne nous responsabilise pas alors qu'on a du savoir-faire. Ça coûte cher en
administration puis en fonds publics d'être à ce point axé sur la préservation
de l'image du gouvernement et le contrôle. Donc, on est en réflexion là-dessus.
Journaliste : Est-ce qu'un
gars comme Youri Chassin aurait une place au PQ? Vous êtes...
M.
St-Pierre
Plamondon :Je me suis...
Journaliste : Oui.
M.
St-Pierre
Plamondon :Je me suis déjà exprimé,
là. Je ne vois pas de scénario dans le cadre duquel... J'espère, là, que je ne
me trompe pas, là, mais, très sincèrement, je ne vois aucun scénario dans le
cadre duquel il y aura des transfuges caquistes au sein du Parti québécois,
parce qu'on a un tel bassin de gens intéressants qui lèvent la main pour se
présenter. Tu sais, il y a plusieurs difficultés au niveau des transfuges,
notamment justifier pourquoi du jour au lendemain on change de position sur des
choses fondamentales. Ça peut arriver des fois, des transfuges, mais je ne vois
pas de scénario dans le cadre duquel...
Journaliste : Mais êtes-vous
opposés à ça? Si jamais il allait vous voir, là, puis qu'il sollicitait...
M.
St-Pierre
Plamondon :Il n'est pas venu me voir. Mais
je vais être le plus clair possible, là, je ne vois pas de scénario dans le
cadre duquel il y aura des transfuges caquistes.
Journaliste : ...Youri
Chassin est-il bienvenu au PQ?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je n'ai rien contre Youri
Chassin, mais le Parti québécois présentera aux prochaines élections ses
propres candidats péquistes, et donc, non, on n'est pas une avenue de carrière
pour lui.
Journaliste : ...serait
bienvenue au PQ?
M.
St-Pierre
Plamondon :Oui, oui, on a des gens à
droite comme à gauche, qui croient à l'indépendance du Québec, ça fait partie
de l'écosystème péquiste. Mais pour la question spécifique des transfuges... Je
l'ai déjà dit, là, ce n'est pas la première fois que je l'affirme que je ne
vois pas de scénario dans le cadre duquel il y aura des transfuges caquistes au
sein du Parti québécois.
Journaliste : Est-ce que vous
craignez que M. Chassin se retrouve au Parti conservateur du Québec?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je n'ai aucune idée de ce
qu'il va annoncer à 9 heures, bien honnêtement. Je ne savais pas non plus
que ce matin, ça occuperait l'espace avec cette lettre-là. Mais je mentionne
quand même, même si je suis en désaccord sur un certain nombre de choses avec
Youri Chassin, la lettre qu'il a écrite, elle est très limpide et très
courageuse sur le réel bilan de la CAQ, même pour un député caquiste.
Mettez-vous à la place de Youri Chassin, là, son hôpital à Saint-Jérôme... Moi,
j'étais candidat dans Prévost en 2018, puis on disait que l'hôpital de
Saint-Jérôme était dysfonctionnel, débordé, désuet. On est rendu en 2024, puis
c'est un des hôpitaux les plus débordés. Je pense, le taux d'occupation est au...
est à...
M. Arseneau : ...
M.
St-Pierre
Plamondon :C'est 180?
M. Arseneau : ...
M.
St-Pierre
Plamondon :180 % de capacité. C'est
le pire au Québec. Puis la 15.... Je me souviens d'avoir fait campagne sur
comment débloquer la 15. Elle est plus bloquée que jamais, mais c'est comme ça,
en santé, en transport, en tout, sur toutes les questions. C'est que la CAQ se
préoccupe du sondage interne du jour, puis dit quelque chose, mais sans avoir
l'intention réellement de le faire. Elle est capable de faire complètement
autre chose après. Et là, non seulement la population s'en rend compte et est
vraiment tannée, c'est vraiment les députés de la CAQ eux-mêmes qui
disent : Moi, je ne veux plus m'associer à ça.
Journaliste : Parlant de
sondages, est-ce que vous pensez que vous allez tirer profit de cette
situation-là avec M. Chassin?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je ne suis pas capable de
prédire puis je ne veux pas prédire les sondages. Je vous ai souvent répondu
qu'on ne fait pas de politique en fonction des sondages. Mais sur le plan du
fond des choses, ce qui se passe en ce moment est pertinent.
Journaliste : Mais vous
gagnez quand même avec certains... une baisse d'intensité ou un effondrement de
la CAQ dans les sondages. Ça vous permet de monter, vous avez des vases
communicants.
M.
St-Pierre
Plamondon :À nouveau, je ne fais pas
vraiment de commentaires...
Journaliste : ...a longtemps
été péquiste. C'étaient toutes les Laurentides, au fond. Est-ce que dans le cas
où M. Chassin bouge... est-ce que ce ne serait pas... C'est une... au cours des
prochaines élections générales, certainement.
M.
St-Pierre
Plamondon :À votre question, on va
avoir une réponse dans Terrebonne, moins en lien avec ce qu'on lit ce matin. Ce
matin, c'est plus : Sur le fond des choses à l'échelle nationale, quel est
le bilan de cette CAQ qui n'a livré nulle part et qui a induit en erreur
souvent l'électorat en disant quelque chose pour faire exactement l'inverse par
après? Là, c'est un député de la CAQ qui nous le dit.
Journaliste
:
People
who will need... well, who will read this open letter of Youri Chassin, what do
you want them to understand? What they should understand from this open letter?
M. St-Pierre
Plamondon :
That
the CAQ failed at achieving any improvement in the issues that are important to
the population. So, what we see is a society that goes backwards in terms of
health care, in terms of housing, in terms of education, access to the CPEs.
And he's saying : I can't live with that, those seven years used at
growing the size of the state while diminishing the quality of the services.
That's not what we promised. And we end up, once again, that we said something
to the population, and we did the exact opposite afterwards. So, he's talking
about a breach of trust between him and the Prime Minister, but it's the same
breach of trust with the population because the population is fed up with a CAQ
saying something and doing the exact opposite afterwards. We cannot trust the word
of François Legault and it's a real problem even within the CAQ.
Journaliste :
But do you see this open letter as a
potential game changer in the sixth year of the mandate of Premier Legault?
M. St-Pierre
Plamondon :
It's
a consequence. The game changer is that, after eight years, it seems inevitable
to me that those eight years of the CAQ...
Journaliste :
Six years, I think.
M. St-Pierre
Plamondon :
Yes,
but after eight years, so in two years from now, we will end up saying: The CAQ
failed at housing, failed at the French language, failed at immigration, failed
at healthcare, failed at CPEs. At some point, the reality catches up. You can
do communications based on the daily topic and try to look good based on
internal polls, but if you don't deliver and if you said something and you
didn't do that, it's going to catch up. And that's what's happening. So, the
letter itself is a consequence, a symptom of the CAQ not doing what they're
promised... what they have promised, and not achieving any results on what
matters to the population.
Journaliste :
But, as a leader, how do you see this
open letter from an MNA, if you if you were in the place Premier Legault this
morning? Does it hurt?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
I think it triggers many things among the 88 elected members of the CAQ.
Because I don't think he's the only one thinking what he just wrote. He's the
only one who dares putting it in writing, and I think it's a conversation that
has been going on for many months, if not years, but I don't think he's the
only one who thinks that there's something wrong in promising something as to
the size of the state, for example, and doing the exact opposite afterwards. It
creates a «malaise». It creates a genuine discomfort in terms of adherence in
terms of : Do I want to be part of this if it doesn't make any sense?
Journaliste :
On a different subject, just quickly.
We are expecting a bill to come out regarding tipping and excessive tipping in
Québec. In your view... I know you don't know what's in the bill itself, but,
in your view, has Québec gone too far in the service industry when it comes to
tipping?
M. St-Pierre
Plamondon :
No.
I think it's a fair topic to study, because it's a bit of a far west, it's a
bit of a... Like, jobs that are not connected to services or to tip are now
charging tip, and you see all sorts of technologies saying : Are you
happy? Are you very happy? Are you very, very happy? 25%. And, of course, like,
at some point, you need to have some form of coherence, not only from the
customer's point of view, but from a fiscal standpoint, because you're an
employee that is paid by tip or you're not. So, all this needs to be coherent.
We'll take a look at it seriously, we're open for a discussion on that, but,
yet, we're not very... we're going to study before we take a stance. Merci.
(Fin à 8 h 36)