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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version finale

Le jeudi 12 septembre 2024, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt minutes)

M. St-Pierre Plamondon :Bonjour à tous. Donc, évidemment, ce matin, je veux vous parler de cette lettre de Youri Chassin dans les pages du Journal de Montréal, Journal de Québec. Je ne peux pas présumer de son annonce qui aura lieu à 9 heures, mais on doit discuter du contenu de la lettre qui est limpide. Il a le mérite de dénoncer, de manière très transparente, les échecs de la CAQ qui le rendent insatisfait, tout comme le reste de la population. Donc, échec en éducation, grave échec en matière de logement, échec en accès aux soins de santé, accès aux CPE, même chose, les tribunaux. Mais surtout, il insiste sur la promesse de la CAQ qui venait le chercher le plus personnellement, c'est-à-dire que François Legault s'est engagé, avec beaucoup d'intensité, à réduire la taille de la fonction publique, il parlait de couper 5 000 postes. Il le faisait aussi cavalièrement dans le ton à l'époque. Et, aujourd'hui, on se retrouve que c'est exactement l'inverse, on a fait croître la taille de la fonction publique par 15 % et, pendant ce temps-là, il y a moins de services, il y a une détérioration des services à la population.

Donc, il nomme finalement le problème de confiance que la population du Québec au complet a envers François Legault. François Legault dit quelque chose et ensuite fait exactement l'inverse. Donc, il a dit qu'il couperait dans la fonction publique, il a fait l'inverse, il a fait croître la fonction publique. De la même manière que, sur le troisième lien, je n'ai pas besoin de vous expliquer pourquoi il a fait... il a dit une chose et il a fait l'inverse. De la même manière que, sur les seuils d'immigration, il a dit qu'il ne fallait pas augmenter plus que tant, sinon c'était suicidaire. Il a fait exactement l'inverse par la suite. De la même manière que, sur la rémunération des médecins puis l'incorporation des médecins, il a dit quelque chose, il a fait exactement l'inverse.

Donc, l'idée... le constat plutôt, qu'on ne peut pas se fier à la parole de François Legault, elle est désormais partagée au sein de ses propres députés. Et ça, c'est important de le noter, parce qu'on vient de faire le pire déficit de l'histoire du Québec à 11 milliards. Et ça, c'est signé par un gouvernement qui se targuait d'être le gouvernement de gestionnaires. Donc, on ne peut pas se fier, c'est ça, le problème. Et là il y a un député de la CAQ qui nous l'explique dans une lettre qui est, à mon avis, limpide.

Donc, nous, au Parti québécois, on croit à la bonne gestion des finances publiques, on veut que les finances publiques, les fonds publics soient utilisés à des services à la population et non pas à des contrôles à outrance puis à des superpositions de couches d'administration, comme la CAQ est en train de nous préparer. Mais surtout, on croit que les élections, c'est un contrat avec la population. Il y a peut-être, des fois, des circonstances extraordinaires qui font que tu ne peux pas remplir tout ton contrat parce que les choses ont changé. Mais, dans le cas de la CAQ et spécifiquement de François Legault, c'est vraiment dans trop de dossiers. On dit quelque chose et on fait exactement l'inverse, et ça a des conséquences, même, au sein de sa propre équipe.

Journaliste : Qu'est-ce que vous pensez du fait... M. Chassin, là qui vient un peu jeter un pavé dans la mare? M. Fitzbgibbon est parti la semaine dernière. M. Lefebvre s'en va au Parti conservateur. Il y a plusieurs départs dans l'entourage de François Legault depuis quelques mois. Qu'est-ce que ça dit, à votre avis, sur le parti et sur le gouvernement?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, il y aura d'autres départs, à mon avis, c'est évident, parce qu'à nouveau c'est un parti qui dit qu'il va faire quelque chose, puis, ensuite, on ne peut pas se fier, ils font exactement l'inverse. C'est ça, la lettre de Youri Chassin. Donc, moi je ne serais pas surpris de voir d'autres députés se trouver d'autres projets de carrière au cours des prochains mois. On parle donc d'une perte de confiance, même à l'interne, dans ses propres députés, perte de confiance qu'on percevait déjà dans la population parce qu'on ne peut pas se fier à la parole de François Legault. Là, c'est rendu au sein de ses propres troupes.

Journaliste : M. Chassin qui dit que la CAQ est plus à gauche que prévu, c'est une bonne ou une mauvaise chose pour vous?

M. St-Pierre Plamondon :C'est plus une question d'avoir un minimum de cohérence vis-à-vis ce que tu as dit. Donc, si tu dis que ton objectif comme gouvernement, c'est de réduire la taille de la fonction publique, comme le fait François Legault, les gens sont libres de voter là-dessus, dépendamment de leurs opinions. Mais, si tu ne peux pas te fier, puis que François Legault dit ça, mais, en fait, il s'apprête à faire exactement l'inverse, comme il l'a fait en immigration, sur le troisième lien, sur le tramway, sur la rémunération des médecins — je ne les nommerai pas tous, à un moment donné, il n'y a plus personne qui veut évoluer dans ce contexte-là, même ses propres députés.

Journaliste : ...comprendre que le Parti québécois irait... couperait dans la fonction publique? Vous dites... Est-ce qu'on doit comprendre que le Parti québécois couperait dans la fonction publique. Vous dites : On le fait grossir la taille de l'État sans plus de services. Est-ce qu'on reviendrait à la situation de 2018? Est-ce que vous iriez en dessous?

M. St-Pierre Plamondon :On est en réflexion sur le fait que la CAQ multiplie les programmes et surtout les entités d'administration. On est surtout une réflexion sur le fait qu'il y a beaucoup trop de contrôle. Donc, quand on regarde sur quoi on investit notre temps en ce moment dans l'administration de l'État, c'est contrôle par-dessus contrôle pour protéger l'image du gouvernement, au point où tu ne laisses pas les gens faire leur travail. Et nous, on travaille là-dessus en ce moment. On aura des annonces éventuellement, mais...

Journaliste : ...

M. St-Pierre Plamondon :Je veux juste finir là-dessus. Les fonds publics devraient servir aux services à la population. Le plus gros dérapage a lieu à Ottawa. Justin Trudeau a fait doubler la taille de la fonction publique fédérale, puis ça correspond à zéro service, zéro, comme dans Ouellet. Mais on voit également ce phénomène-là, puis, dans le cas de la CAQ, c'est ça que Youri Chassin explique, c'est que c'est frappant parce qu'ils prétendaient faire exactement l'inverse. Justin Trudeau, si on prend l'oeuvre de son père, là, on le savait qu'il endetterait le Canada de manière éhontée puis on n'est pas si surpris de la dérive. Mais dans le cas de la CAQ, ce n'est pas ça qu'ils disaient. Ils ont fait l'inverse de ce qu'ils ont promis.

Journaliste : Vous allez dans le même sens que M. Chassin, dans le fond. Vous dites : Il faut réduire la taille de l'État pour donner plus de services.

M. St-Pierre Plamondon :On va vous revenir là-dessus, mais, oui, la CAQ a multiplié les contrôles en fonction de préserver leur propre image. C'est ça qui occupe le temps. C'est ça qu'on entend au communautaire. On entend ça en éducation, en santé. Les contrôles sont partout. La taille de l'État n'arrête pas d'augmenter, puis, pendant ce temps-là, les services diminuent.

Journaliste : ...

M. St-Pierre Plamondon :Hein?

Journaliste : C'est quoi ces nouveaux contrôles-là dont vous parlez?

M. St-Pierre Plamondon :Santé Québec ou Mobilité... puis tout ce qu'on crée amène son lot de paperasse supplémentaire à remplir. Puis quand tu écoutes les gens sur le terrain qui sont dans le domaine communautaire ou dans les CPE, la protection de la jeunesse, le système de santé, ce qu'ils nous disent, c'est : On n'arrête pas de remplir de la paperasse parce que le gouvernement veut protéger son image et tout contrôler. On ne nous responsabilise pas alors qu'on a du savoir-faire. Ça coûte cher en administration puis en fonds publics d'être à ce point axé sur la préservation de l'image du gouvernement et le contrôle. Donc, on est en réflexion là-dessus.

Journaliste : Est-ce qu'un gars comme Youri Chassin aurait une place au PQ? Vous êtes...

M. St-Pierre Plamondon :Je me suis...

Journaliste : Oui.

M. St-Pierre Plamondon :Je me suis déjà exprimé, là. Je ne vois pas de scénario dans le cadre duquel... J'espère, là, que je ne me trompe pas, là, mais, très sincèrement, je ne vois aucun scénario dans le cadre duquel il y aura des transfuges caquistes au sein du Parti québécois, parce qu'on a un tel bassin de gens intéressants qui lèvent la main pour se présenter. Tu sais, il y a plusieurs difficultés au niveau des transfuges, notamment justifier pourquoi du jour au lendemain on change de position sur des choses fondamentales. Ça peut arriver des fois, des transfuges, mais je ne vois pas de scénario dans le cadre duquel...

Journaliste : Mais êtes-vous opposés à ça? Si jamais il allait vous voir, là, puis qu'il sollicitait...

M. St-Pierre Plamondon :Il n'est pas venu me voir. Mais je vais être le plus clair possible, là, je ne vois pas de scénario dans le cadre duquel il y aura des transfuges caquistes.

Journaliste : ...Youri Chassin est-il bienvenu au PQ?

M. St-Pierre Plamondon :Je n'ai rien contre Youri Chassin, mais le Parti québécois présentera aux prochaines élections ses propres candidats péquistes, et donc, non, on n'est pas une avenue de carrière pour lui.

Journaliste : ...serait bienvenue au PQ?

M. St-Pierre Plamondon :Oui, oui, on a des gens à droite comme à gauche, qui croient à l'indépendance du Québec, ça fait partie de l'écosystème péquiste. Mais pour la question spécifique des transfuges... Je l'ai déjà dit, là, ce n'est pas la première fois que je l'affirme que je ne vois pas de scénario dans le cadre duquel il y aura des transfuges caquistes au sein du Parti québécois.

Journaliste : Est-ce que vous craignez que M. Chassin se retrouve au Parti conservateur du Québec?

M. St-Pierre Plamondon :Je n'ai aucune idée de ce qu'il va annoncer à 9 heures, bien honnêtement. Je ne savais pas non plus que ce matin, ça occuperait l'espace avec cette lettre-là. Mais je mentionne quand même, même si je suis en désaccord sur un certain nombre de choses avec Youri Chassin, la lettre qu'il a écrite, elle est très limpide et très courageuse sur le réel bilan de la CAQ, même pour un député caquiste. Mettez-vous à la place de Youri Chassin, là, son hôpital à Saint-Jérôme... Moi, j'étais candidat dans Prévost en 2018, puis on disait que l'hôpital de Saint-Jérôme était dysfonctionnel, débordé, désuet. On est rendu en 2024, puis c'est un des hôpitaux les plus débordés. Je pense, le taux d'occupation est au... est à...

M. Arseneau : ...

M. St-Pierre Plamondon :C'est 180?

M. Arseneau : ...

M. St-Pierre Plamondon :180 % de capacité. C'est le pire au Québec. Puis la 15.... Je me souviens d'avoir fait campagne sur comment débloquer la 15. Elle est plus bloquée que jamais, mais c'est comme ça, en santé, en transport, en tout, sur toutes les questions. C'est que la CAQ se préoccupe du sondage interne du jour, puis dit quelque chose, mais sans avoir l'intention réellement de le faire. Elle est capable de faire complètement autre chose après. Et là, non seulement la population s'en rend compte et est vraiment tannée, c'est vraiment les députés de la CAQ eux-mêmes qui disent : Moi, je ne veux plus m'associer à ça.

Journaliste : Parlant de sondages, est-ce que vous pensez que vous allez tirer profit de cette situation-là avec M. Chassin?

M. St-Pierre Plamondon :Je ne suis pas capable de prédire puis je ne veux pas prédire les sondages. Je vous ai souvent répondu qu'on ne fait pas de politique en fonction des sondages. Mais sur le plan du fond des choses, ce qui se passe en ce moment est pertinent.

Journaliste : Mais vous gagnez quand même avec certains... une baisse d'intensité ou un effondrement de la CAQ dans les sondages. Ça vous permet de monter, vous avez des vases communicants. 

M. St-Pierre Plamondon :À nouveau, je ne fais pas vraiment de commentaires...

Journaliste : ...a longtemps été péquiste. C'étaient toutes les Laurentides, au fond. Est-ce que dans le cas où M. Chassin bouge... est-ce que ce ne serait pas... C'est une... au cours des prochaines élections générales, certainement.

M. St-Pierre Plamondon :À votre question, on va avoir une réponse dans Terrebonne, moins en lien avec ce qu'on lit ce matin. Ce matin, c'est plus : Sur le fond des choses à l'échelle nationale, quel est le bilan de cette CAQ qui n'a livré nulle part et qui a induit en erreur souvent l'électorat en disant quelque chose pour faire exactement l'inverse par après? Là, c'est un député de la CAQ qui nous le dit.

Journaliste : People who will need... well, who will read this open letter of Youri Chassin, what do you want them to understand? What they should understand from this open letter?

M. St-Pierre Plamondon : That the CAQ failed at achieving any improvement in the issues that are important to the population. So, what we see is a society that goes backwards in terms of health care, in terms of housing, in terms of education, access to the CPEs. And he's saying : I can't live with that, those seven years used at growing the size of the state while diminishing the quality of the services. That's not what we promised. And we end up, once again, that we said something to the population, and we did the exact opposite afterwards. So, he's talking about a breach of trust between him and the Prime Minister, but it's the same breach of trust with the population because the population is fed up with a CAQ saying something and doing the exact opposite afterwards. We cannot trust the word of François Legault and it's a real problem even within the CAQ.

Journaliste : But do you see this open letter as a potential game changer in the sixth year of the mandate of Premier Legault?

M. St-Pierre Plamondon : It's a consequence. The game changer is that, after eight years, it seems inevitable to me that those eight years of the CAQ...

Journaliste : Six years, I think.

M. St-Pierre Plamondon : Yes, but after eight years, so in two years from now, we will end up saying: The CAQ failed at housing, failed at the French language, failed at immigration, failed at healthcare, failed at CPEs. At some point, the reality catches up. You can do communications based on the daily topic and try to look good based on internal polls, but if you don't deliver and if you said something and you didn't do that, it's going to catch up. And that's what's happening. So, the letter itself is a consequence, a symptom of the CAQ not doing what they're promised... what they have promised, and not achieving any results on what matters to the population.

Journaliste : But, as a leader, how do you see this open letter from an MNA, if you if you were in the place Premier Legault this morning? Does it hurt?

M. St-Pierre Plamondon : Well, I think it triggers many things among the 88 elected members of the CAQ. Because I don't think he's the only one thinking what he just wrote. He's the only one who dares putting it in writing, and I think it's a conversation that has been going on for many months, if not years, but I don't think he's the only one who thinks that there's something wrong in promising something as to the size of the state, for example, and doing the exact opposite afterwards. It creates a «malaise». It creates a genuine discomfort in terms of adherence in terms of : Do I want to be part of this if it doesn't make any sense?

Journaliste : On a different subject, just quickly. We are expecting a bill to come out regarding tipping and excessive tipping in Québec. In your view... I know you don't know what's in the bill itself, but, in your view, has Québec gone too far in the service industry when it comes to tipping?

M. St-Pierre Plamondon : No. I think it's a fair topic to study, because it's a bit of a far west, it's a bit of a... Like, jobs that are not connected to services or to tip are now charging tip, and you see all sorts of technologies saying : Are you happy? Are you very happy? Are you very, very happy? 25%. And, of course, like, at some point, you need to have some form of coherence, not only from the customer's point of view, but from a fiscal standpoint, because you're an employee that is paid by tip or you're not. So, all this needs to be coherent. We'll take a look at it seriously, we're open for a discussion on that, but, yet, we're not very... we're going to study before we take a stance. Merci.

(Fin à 8 h 36)

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