(Douze heures cinquante-cinq minutes)
Le Modérateur : Bonjour et
bienvenue à ce point de presse transpartisan des oppositions concernant le
transport collectif. Alors, je vais vous expliquer un peu comment ça va
fonctionner. Tout d'abord, les élus de l'Assemblée nationale vont prendre la
parole pour laisser la place par la suite aux élus municipaux. Alors, tout d'abord,
Joël Arseneau, du Parti québécois, député des Îles-de-la-Madeleine, le député
de Nelligan et porte-parole de l'opposition officielle et, finalement, ce sera M. Etienne
Grandmont, député de Taschereau. Ils sont tous porte-parole en matière de
transport et mobilité durable pour leurs formations respectives. Par la suite
prendront la parole M. Denis Martin, maire de Deux-Montagnes et président
de la Table des préfets et élus de la couronne nord, Robert Morin, membre du
C.A. de la MRC Les Moulins et président du Conseil de Terrebonne, par la
suite, Éric Westram, maire de Rosemère et préfet de la MRC de Thérèse-De Blainville,
Sébastien Nadeau, maire de L'Assomption et préfet de la MRC de L'Assomption,
Pierre Charron, maire de Saint-Eustache, et finalement Patrick Charbonneau,
maire et préfet de Mirabel.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Emmanuel. Alors, bonjour à tous et bienvenue à ce point de presse. Je remercie
tout d'abord mes collègues porte-parole en matière de transport au Parti
libéral du Québec, Monsef Derraji, également porte-parole en matière de
transport pour Québec solidaire, Etienne Grandmont. Merci d'être là et de se...
de vous joindre à nous pour ce point de presse. On est heureux d'accueillir
également les élus de Deux-Montagnes, Saint-Eustache, Mirabel, Rosemère,
Blainville, Terrebonne et L'Assomption pour mettre de l'avant un enjeu
socioéconomique d'importance, en fait probablement le plus urgent parce qu'il
est le plus structurant dans la couronne nord de Montréal, on parle ici du
transport collectif.
Ce n'est pas un hasard si on a choisi de
consacrer aujourd'hui la deuxième journée de la session parlementaire, de cette
rentrée, à ce qui touche quotidiennement les citoyens et les entreprises de la
couronne nord, c'est-à-dire la préoccupation en regard du transport collectif.
L'image d'aujourd'hui, vous le voyez, elle est forte, nous faisons front commun
pour que le gouvernement nous entende, parce que manifestement la CAQ n'écoute
pas actuellement le mécontentement, l'insatisfaction et la grogne de toute la
population de la couronne nord de Montréal et ne prend pas la mesure de l'enjeu
actuel des contraintes qu'on impose à toute une population et au tissu
socioéconomique de la région.
L'image est forte aussi parce que tout le
monde était aussi ici, à l'Assemblée nationale, quand... quand on a entendu plus
tôt la ministre dire qu'on n'a plus d'argent, qu'on a eu un déficit de 11 milliards
de dollars au dernier budget, qu'on doit payer pour les écoles, les hôpitaux,
les routes, alors qu'on ne peut pas... alors on ne peut pas mettre une infinité
d'argent, dit-elle, dans le transport collectif. Évidemment, on parle de ce
même gouvernement qui est prêt à mettre des milliards de dollars dans un lien
autoroutier dont on n'a pas besoin ici, à Québec, au nom de la sécurité
économique, mais on ne fera pas les gestes nécessaires pour soutenir le
transport collectif dans l'ensemble du territoire québécois. On parle donc d'un
gouvernement qui ne mesure pas les conséquences de l'inaction actuelle et ne
mesure pas les conséquences actuelles qui ne sont pas hypothétiques, le fait d'avoir
tout mis les projets sur pause ou à peu près pour la région de la couronne nord
en particulier.
Alors, nous, ce qu'on demande, c'est que
le gouvernement s'engage, dans la couronne nord, à développer un minimum d'intérêt
pour le transport collectif, qu'il ait une once de leadership pour offrir un
plan, pour que des projets se réalisent, pour qu'on ne perde pas non plus des
projets d'investissement d'entreprises dans toute la région, puis pour ne pas
que les gens continuent de passer des heures et des heures dans leurs voitures
parce qu'ils n'ont pas d'autres options. Les conséquences sont donc réelles.
Je termine en disant que ce n'est pas
normal que des entreprises doivent créer leur propre service de navette pour
pouvoir garder leurs employés puis opérer. Ce n'est pas normal qu'on passe plus
de temps dans le transport collectif dans la couronne nord de Montréal qu'en
auto pour aller au centre-ville. Ce n'est pas normal qu'on ne puisse pas sortir
de la ville... dans la ville, le soir, parce que le train ou le service de
transport collectif termine en début de soirée. Ce n'est pas normal qu'on
envisage, aujourd'hui, là, réellement, l'abolition des lignes de train de
banlieue, notamment dans la couronne nord de Montréal. Ce n'est pas normal
qu'on fasse preuve d'une absence totale de cohérence, ne reconnaissant pas que
le transport collectif, c'est un élément essentiel pour le développement
socioéconomique, pour générer des investissements dans nos régions et particulièrement
dans la couronne nord de Montréal. Ce n'est pas normal qu'on freine le
développement économique, l'attractivité des villes auxquelles on demande une
densification, un effort d'attractivité. Ce n'est pas normal que les maires,
les préfets n'aient pas leur mot à dire dans la gouvernance des transports en
commun, sur les services auxquels les citoyens, leurs citoyens, sont en droit
de s'attendre. Ce n'est pas normal que la politique de développement durable,
au Québec, ne fonctionne pas et qu'on en fasse complètement abstraction. C'est
ça, les constats pour la couronne nord de Montréal.
Je m'arrête ici, parce que vous avez
presque une dizaine d'intervenants à entendre. Et je laisserai donc la parole à
mon collègue, Monsef Derraji.
M. Derraji : Merci, Joël. Et
je tiens à saluer mes collègues, parce que c'est quand même un geste très fort.
Et je tiens à saluer les maires, préfets, mairesses qui ont pris la peine de
venir à l'Assemblée nationale dénoncer cette situation. Je tiens à rappeler que
la couronne nord, depuis plusieurs mois, réclame un investissement massif en
matière de transport en commun. Il y a... Ce n'est pas le nombre de projets qui
manquent sur la table, il y a pas mal de projets, mais malheureusement la CAQ
ferme la porte à ces demandes. Et aujourd'hui le Parti libéral du Québec
dénonce le désengagement caquiste en matière de financement du transport
collectif pour les citoyens de la couronne nord.
Et ce qu'on demande aujourd'hui, au nom du
Parti libéral, c'est un plan très clair. Les coupures caquistes en matière de
transport, elles ont commencé. Vous avez vu les répercussions aujourd'hui :
des lignes de train fermées, on va renvoyer les gens vers des autobus. Vous
avez devant vous aujourd'hui une délégation de la couronne nord montréalaise
qui dénonce le manque d'investissement en matière de transport collectif.
Aujourd'hui, la vice-première ministre, Mme
Geneviève Guilbault, a un mot : On n'a plus d'argent. Donc, si vous
cherchez des projets futurs, bien entendu, les «kings» des déficits, le
gouvernement des déficits a commencé déjà son plan de coupures. Et
malheureusement, malheureusement, je tiens à le dire, à le rappeler, ce sont
les citoyens québécois qui en payeront le prix. On ne peut pas envisager un
développement économique sans transport collectif. Les gens de la couronne nord
sont là aujourd'hui. Je tiens à le rappeler, c'est une région où il n'y a que
des élus caquistes. C'est un message très fort aujourd'hui que les élus de la
couronne nord viennent aujourd'hui à l'intérieur de l'Assemblée nationale... Ça
sert à quoi avoir un député caquiste s'il ne se lève pas et qu'il réclame un
transport collectif pour sa région? Merci. Mon collègue, Etienne.
M. Grandmont : Merci. Merci,
Monsef. Moi aussi, je suis très fier d'être ici avec mes collègues pour ce
point de presse transpartisan, très heureux aussi et très fier d'être à côté de
ces maires, préfets, mairesses qui sont ici, aujourd'hui, qui sont descendus en
autobus depuis la couronne nord de Montréal, qui sont venus dire un message
très clair au gouvernement de la CAQ : ça prend des investissements à la
hauteur des contributions de ces villes-là.
On ne peut pas laisser ces villes-là, qui
contribuent au transport collectif de toutes sortes de façons... on ne peut pas
les laisser avec un trou de services aussi important que celui-là, un trou qui
ne fait que s'agrandir. Regardez les annonces encore aujourd'hui, des lignes de
train qui vont être coupées. Ça fait sept ans que le problème est connu et qu'on
le sait qu'il y a un enjeu, là. Ça fait six ans que la CAQ est au pouvoir. On a
eu deux ministres des Transports. Ça ne se peut pas qu'ils ne soient pas au
courant. Ça ne se peut pas que ces personnes-là derrière n'aient pas fait leur
travail de représentation pour les alerter sur le problème de financement.
Mais qu'a fait la CAQ depuis six ans?
S'asseoir sur ses mains. Non, on développe plutôt des projets de transport
routier, un troisième lien hypothétique dont on entend tout le temps parler,
qui pourrait coûter des milliards de dollars. C'est ça, la priorité de la CAQ,
ce n'est pas le transport collectif. Mais ce que les gens de la couronne nord
de Montréal veulent, là, c'est du transport en commun, et c'est ça que ces
personnes-là sont venues dire ici aujourd'hui.
Le transport collectif, c'est la clé de
voûte en matière de lutte aux changements climatiques. On en a absolument
besoin. C'est, oui, un instrument de développement économique. C'est, oui, un
instrument de développement social. Et c'est aussi un enjeu... c'est un outil
pour travailler sur les enjeux environnementaux de notre époque.
Alors, je le répète, extrêmement fier
d'être avec ces personnes-là pour faire front commun face à une ministre des
Transports qui, pour l'instant, fait la sourde oreille. Merci.
M. Martin (Denis) : Alors,
bonjour. Merci d'être là, merci d'être là aujourd'hui pour cet enjeu
fondamental pour l'avenir du transport en commun sur la couronne nord. Avant de
débuter, bien, je tiens à remercier M. Arseneau, M. Monsef et
M. Grandmont d'être ici présents avec nous dans cette tribune non
politique, non partisane, mais on a un message très important à passer. Je suis
accompagné aussi aujourd'hui de représentants des cinq MRC qui forment la
couronne nord, la MRC Thérèse-De Blainville, la ville de Mirabel, la MRC
Deux-Montagnes, la MRC Les Moulins et la MRC L'Assomption.
Avant de débuter, je vais vous faire une
petite anecdote. Il y a 10 ans, en 2014, j'ai fait le même trajet en
autobus jaune. Je suis venu ici en autobus jaune pour demander aussi des
investissements en transport en commun pour la couronne nord, pour nos
citoyens. Aujourd'hui, 10 ans plus tard, je fais le même trajet encore avec
des maires un petit peu différents mais avec la même cause. Il n'y a eu aucun
investissement, et la population a crû d'environ 10 %. Ça cause des
problèmes. Ensemble, on représente 625 000 citoyens et citoyennes et
nous parlons tous de la même voix.
Notre message est très simple, nous avons
assez attendu. Puis, quand on parle de transport en commun, on parle, en
réalité, d'économie, on parle d'environnement et on parle de la qualité de vie
des familles dans nos communautés. Depuis trop longtemps, nos citoyens et nos
entreprises subissent les conséquences directes du déficit d'investissement en
transport en commun sur la couronne nord. Chaque matin, des milliers de
familles perdent de précieuses heures, coincées dans le trafic, des jeunes sont
contraints de refuser des opportunités d'emploi ou de renoncer à s'inscrire à
certains établissements de la métropole en raison de l'absence de transport en
commun. Nos aînés restent isolés, incapables de se déplacer de manière autonome
et efficace. La couronne nord représente une part croissante de la population
de la région métropolitaine et pourtant elle ne représente pas une part
croissante des investissements.
Le déficit dans le financement s'ajoute au
manque de prévisibilité. D'une année à l'autre, les finances sont bouclées à la
dernière minute. Ce type de gestion ne correspond pas aux besoins de la
couronne nord ni d'aucune région de la Communauté métropolitaine de Montréal.
Lorsqu'une grande entreprise comme Airbus doit mettre sur pied sa propre
navette à cause de l'insuffisance de l'offre de transport en commun, il y a un
problème.
Mme Christine Fréchette, notre
nouvelle ministre de l'Économie, doit s'inquiéter des conséquences. Il est
impensable que des projets d'envergure situés dans nos parcs industriels, notamment...
simplement parce que les infrastructures ne sont pas là, bien, les
investissements tardent. Les citoyens de la couronne nord de même que nos
entreprises méritent beaucoup mieux. Nos demandes sont simples : un
financement stable et prévisible pour le transport en commun et une révision de
la gouvernance des transports en commun dans le but de bonifier de manière
substantielle et durable l'offre pour nos citoyens et citoyennes.
Nous demandons officiellement une
rencontre dès aujourd'hui avec la vice-première ministre et ministre des
Transports et de la Mobilité, Mme Geneviève Guilbault, pour discuter de
ces enjeux vitaux. Nous sommes disponibles, nous sommes prêts à collaborer et à
offrir des solutions concrètes, mais des actions immédiates sont nécessaires.
Merci.
M. Morin (Robert) : Alors,
merci. Merci à tout le monde d'être présent. Je représente ici la MRC des
Moulins, les villes de Terrebonne et de Mascouche. Il faut que vous sachiez...
Il est important que vous sachiez que les villes de Terrebonne et de Mascouche
contribuent déjà actuellement pour une somme de près de 17 millions de
dollars aux transports en commun. Pour quel résultat? Un train de banlieue, le
fameux train de l'Est, qui est complètement en déclin, dont l'achalandage est à
20 % de ce qu'il était auparavant. Pourquoi? Le REM s'est attribué,
accaparé le tunnel Mont-Royal. Le transport maintenant... La durée du trajet
pour se rendre au centre-ville est maintenant de 1 h 30 et plus. Le
résultat pratique de ça, c'est que les usagers se sont tournés vers leur
automobile, encombrant davantage le réseau routier et autoroutier de la rive
nord. Pourtant, ces enjeux-là avaient été adressés déjà dans un grand forum sur
la mobilité, qui a été... qui s'est tenu il y a deux ans et auquel le
gouvernement participait.
Et actuellement, pour compléter le
tableau, le noircir davantage, si c'est possible, la facture de 2025, qui s'en
vient, augmentera de 11 millions de dollars, en plus du 15 millions
qu'on verse déjà actuellement, 11 millions de plus que ce soit en
contributions des villes ou en contributions des automobilistes par le biais de
la taxe sur l'immatriculation. Et est-ce qu'on aura un service amélioré pour
tout ça? La réponse est déjà écrite dans le ciel : non. On va encore... Ça
va encore diminuer. On parle même d'abolition, là, maintenant, du train de
banlieue, le train de l'Est.
Et donc il est absolument important...
Nous avons besoin de l'implication du gouvernement pour offrir des solutions durables,
efficaces et adaptées aux besoins de notre population, qui est en constante
croissance. Soyez assurés que le transport en commun sera au cœur des enjeux de
la prochaine campagne électorale partielle qui se tiendra à Terrebonne. Merci.
M. Westram (Éric) : Bon
après-midi à tous. Merci d'être là. Alors, vous aurez compris, évidemment, par
notre présence ici cet après-midi, de l'importance que représente le
financement du transport collectif pour nous tous, préfets des MRC de la couronne
nord, mais aussi et surtout pour toutes les mairesses et les maires des
municipalités qui les composent. À titre de préfet de la MRC de Thérèse-De Blainville,
je porte aujourd'hui le message de mes collègues des villes de la MRC qui sont
Blainville, Boisbriand, Bois-des-Filion, Lorraine, Sainte-Anne-des-Plaines,
Sainte-Thérèse et bien sûr Rosemère, dont je suis également le maire.
Évidemment, je souscris entièrement aux
constats qui vous ont été exposés par mes collègues, bien que chaque MRC de la
Rive-Nord vive une réalité différente, selon notamment leur situation
géographique, mais aussi financièrement, par la présence ou non
d'infrastructures de transport collectif sur son territoire, puisque les
impacts financiers sur la taxation municipale au niveau de la répartition des
coûts y sont directement liés.
Et justement ce qui est laconique dans
tout ça, c'est que le gouvernement du Québec actuel a consenti des sommes
importantes dans les infrastructures de transport qui touchent directement le
territoire de la MRC de Thérèse-De Blainville. Or, sans engagement ferme
de ce même gouvernement, il serait impossible d'amener à leur plein potentiel
les voies réservées du transport collectif de notre MRC, ces mêmes voies
réservées, faut-il le rappeler, qui sont en cours de construction, sur les
autoroutes 15 et 19, grâce aux investissements majeurs consentis par ce
gouvernement.
D'ailleurs, chaque fois que le
gouvernement a offert aux citoyens de la Rive-Nord un transport collectif de
qualité, les gens l'ont utilisé. Rappelez-vous les trains de banlieue au milieu
des années 90, ce qui devait être une mesure temporaire est devenue une
mesure permanente suite à la popularité qu'elle a suscitée auprès des gens de
la Rive-Nord. Mais comment voulez-vous inciter les gens de la Rive-Nord à utiliser
le transport collectif quand, au contraire, l'organisation du transport
collectif leur complique la vie? Si on veut simplifier la vie, il faut revoir
le financement et la gouvernance pour offrir de réelles solutions de transport
collectif et actif. Et c'est ce qu'on est venu demander aujourd'hui. Merci.
M. Nadeau (Sébastien) : Alors,
bonjour à tous. Merci de votre présence. Merci à tous les gens qui appuient
notre démarche aujourd'hui.
Vous savez, ça fait maintenant sept ans
que je représente les citoyens de la MRC de l'Assomption. Et le constat qu'on
peut faire, c'est que c'est très difficile de s'y retrouver en transport en
commun, à savoir qui est vraiment responsable, où il y a un nombre énorme de
joueurs pouvant décider d'orientations, pouvant décider de planification, mais,
à la fin de la journée, il n'y a personne qui est vraiment responsable, qui est
vraiment imputable. Et je pense que c'est la grande cause des défis qu'on
rencontre aujourd'hui, et qu'à la fin, à chaque année, on se retrouve à
négocier avec le gouvernement pour balancer des déficits plutôt que de
planifier l'avenir.
Alors, c'est... nous, ce qu'on sollicite
aujourd'hui, c'est une activité qui est non partisane. Ce qu'on souhaite
aujourd'hui, c'est se mobiliser, tous et chacun, pour venir planifier à long
terme, avoir une vision à long terme. Où serons-nous en 2030? Où serons-nous en
2040? Vous savez, les municipalités ont le devoir de planifier le territoire,
l'aménagement du territoire, le devoir de protéger les milieux humides, le
devoir de protéger les terres agricoles, les milieux naturels. Et sans
planifier le transport en commun, il est très difficile de planifier nos
territoires.
Alors, nous, ce qu'on demande, c'est... travaillons
ensemble, ayons une vision commune, acceptons de nous remettre en question, je
pense que c'est nécessaire. Le passé prouve à quel point notre modèle actuel
n'est pas efficace, nous mène nulle part, et surtout on n'est pas en train de
transformer notre... notre communauté vers les changements climatiques de notre
société. C'est un enjeu de société qui est important et le... une saine gestion
du transport en commun va nous aider à se transformer. Merci à tous.
M. Charron (Pierre) : Alors,
bonjour, tout le monde. Merci aux députés d'être là, mes collègues. Je profite
aussi... la dame qui est avec nous, c'est Liza Poulin, mairesse de Blainville.
En fait, je vous dirais que ce qu'on
demande, ce n'est rien d'extraordinaire, c'est simplement que les besoins
croissants pour la couronne nord soient pris en considération et que des
mesures soient mises en place pour soutenir son développement.
Moi, j'aime toujours faire un lien avec ce
qui s'est passé en 2018 et je vais vous dire pourquoi. Le 23 avril 2018,
sous l'égide du maire de Laval, à l'époque, Marc Demers, avec la couronne nord,
on a tenu un forum très important sur la mobilité et le transport collectif.
Et, à ce moment-là, bien, on essayait de se prendre en main et de voir comment
ça pourrait être organisé pour nos citoyens.
Il y a eu un sondage qui a été fait et la
population de la couronne nord, dans une proportion de 50 %, avait
mentionné que le gouvernement qui devait être élu, parce qu'au moment où on
fait ça, on est à veille d'être en élection, devait investir 50 % dans
l'aspect routier et 50 % dans le transport collectif. Et nous, les élus
qui étaient réunis, on achetait ça. À ce moment-là, la CAQ avait mentionné
qu'elle prenait acte de cette volonté citoyenne et qu'elle agirait dans cet
esprit si elle était élue. Et tantôt il y a quand même quelqu'un qui l'a dit,
un député, c'est tous des députés de la CAQ sur la couronne nord et dans les
Laurentides.
Bref, de nombreux groupes et experts
rencontrés par la CAQ attendent encore une action vigoureuse de la part du
gouvernement, une vision globale et davantage d'imputabilité pour réduire la
congestion, mais personne ne semble imputable. Pendant ce temps, la situation
s'aggrave d'année en année. Et c'était, à ce moment-là, une déclaration de la
CAQ en 2018. Là, on est en 2024.
On sait que notre population sur la
couronne nord devrait être un peu plus qu'à 700 000 de population en 2040.
C'est énorme. La grande région de Montréal, bien sûr, couronne et
principalement la couronne nord, on se doit de bénéficier d'investissements
importants en matière de développement routier et de transport collectif. Il y
a eu 20 solutions. Et là je vous... Ici, le plan de décongestion, il est
disponible sur le site de la CAQ. La dernière page, il y a comme 20 petits
blocs. Le premier bloc : investissement accru en transport collectif pour
la couronne nord. Où sommes-nous? Nous sommes bouche bée. Alors, merci de votre
attention.
Le Modérateur : Le dernier
intervenant, M. Patrick Charbonneau, maire et préfet de Mirabel.
M. Charbonneau (Patrick) : Alors,
bonjour. Écoutez, pour conclure, là, je sais que c'est long, mais je vais
essayer de faire ça quand même vite, on va y aller d'un exemple. Dans le fond,
on a vu que le gouvernement, dernièrement, a investi plus de 400 millions
dans une des fiertés que l'on a au Québec, le A-220. Malheureusement, à moins
que je me trompe, c'est qu'un avion ou un aéronef, ça ne peut pas être
construit ou entretenu par télétravail. Donc, on a vraiment besoin d'employés
sur le terrain. On fait face à une pénurie de main-d'oeuvre, on compétitionne
contre l'international et, sans le transport en commun, bien, on devient moins
attractif puis on fait un frein à notre développement économique.
Plus loin que ça, nos étudiants qui étudient...
bien, un étudiant, ça étudie toujours, bien sûr, mais, ce que je veux dire,
c'est que, quand on cherche à avoir des étudiants qui viennent faire des stages
dans notre site aéroportuaire à Mirabel, bien, leur alternative, c'est le
transport en commun. Bien non, il n'y en a pas. Ce n'est pas normal, à ce
moment-là, que les villes se doivent d'investir avec le privé pour être
capables de desservir en transport en commun nous-mêmes afin de redonner cette
attractivité-là.
Pour faire fleurir nos industries dans
lesquelles on investit, il faut absolument trouver un moyen d'amener nos
jardiniers à bon port, et c'est ce qu'on demande, afin de continuer à faire
prospérer le Québec, afin de faire prospérer notre couronne nord. Merci.
Le Modérateur : On va être
prêts pour la période de questions. On va demander une question, une sous-question
par journaliste sur le sujet du jour, s'il vous plaît.
Journaliste : Bonjour.
Bonjour à vous tous. Peut-être une première question pour le ou les élus de la
couronne nord qui voudront bien répondre à la question. Parce qu'on comprend
vos... vos demandes aujourd'hui, vous voulez plus d'argent, de la
prévisibilité. La ministre des Transports a quand même dit : On a donné
tout l'argent qu'on avait, on a investi massivement, il n'y en a plus, d'argent,
parce qu'on doit construire des écoles, des CPE et des routes. Alors,
j'aimerais avoir votre réaction là-dessus. Est-ce que vous sentez
qu'aujourd'hui c'est un peu un coup d'épée dans l'eau?
M. Martin (Denis) : Bien, disons...
Non, je ne sens pas qu'aujourd'hui c'est un coup d'épée dans l'eau, là. À un
moment donné, il faut sortir de ce débat-là de déficit puis qu'on n'a plus
d'argent. On parle de la congestion routière dans la région métropolitaine, là,
c'est 1,5 à 2 milliards de pertes économiques par année. Donc, ça fait 10 ans,
je parlais de mon autobus jaune tantôt, on est rendus à presque 20 milliards
de pertes économiques dans la région. Donc, à un moment donné, il y a un calcul
qui doit se faire, puis on doit s'asseoir sérieusement et discuter des
bienfaits du transport en commun. C'est un investissement et non une dépense.
Donc, j'invite la ministre à venir nous
rencontrer, puis on a des solutions à travailler avec elle pour nos citoyens de
la couronne nord. Donc, on en est là aujourd'hui. On a eu beaucoup de
discussions à l'interne. On n'a pas... On a des fins de non-recevoir. Et, pour nous,
c'est un enjeu très important pour la couronne nord.
Journaliste : Merci.
Peut-être une question pour M. Morin, je pense que c'est ça, votre nom, M.
Morin. Vous pouvez vous avancer au micro. Vous avez dit : Ça va devenir un
enjeu important pour l'élection partielle.
M. Morin (Robert) : Absolument.
Journaliste : Est-ce que
c'est un message que vous envoyez aux citoyens de Terrebonne : Considérez
ça lorsque vous allez voter puis peut-être ne pas envoyer quelqu'un de la CAQ à
l'Assemblée nationale?
M. Morin (Robert) : Ah! je
n'irais pas jusque-là. Les citoyens sont en mesure de faire leur propre
opinion, mais c'est clairement un enjeu qui va devenir important dans le cadre
de cette élection partielle là.
Journaliste : De quelle
façon?
M. Morin (Robert) : Bien,
dans le sens où on va demander à tous les partis de se commettre sur le
transport en commun de façon à ce qu'on ait, à quelque part, une orientation,
là, qui nous permette de croire qu'on va régler... tenter de régler, à tout le
moins, cette grave problématique là, là, de transport en commun absolument
inefficace et absent, pratiquement, sur la couronne nord.
Journaliste : Rapidement, là,
je sais qu'il y a beaucoup de monde, désolée.
Le Modérateur : Oui, très
rapidement.
Journaliste : Est-ce que je
comprends que vous, les élus de la couronne nord, vous vous sentez mal
représentés à l'Assemblée nationale?
M. Morin (Robert) : Pas mal
représentés, ils font leur travail avec les moyens qu'ils ont, mais, comme
soulignait mon collègue tantôt, il faut sortir du débat «pas d'argent» pour
s'asseoir et discuter des véritables enjeux et des solutions qu'on serait prêt
à mettre en commun pour régler cette problématique-là. Merci.
Journaliste : Bonjour à tous.
Thomas Laberge pour La Presse canadienne.
Je vais poursuivre sur les excellentes
questions de ma collègue. Vous avez dit que c'était une activité non partisane.
Par contre, il manque un parti qui serait représenté, c'est celui de la
Coalition avenir Québec. Est-ce que vous avez demandé à vos élus locaux d'être
présents aujourd'hui pour ajouter du poids à votre voix, à votre demande?
M. Martin (Denis) : On a
des... On a des rencontres assez fréquentes, là, pour différents dossiers avec
nos élus locaux. On a eu beaucoup de discussions sur le transport en commun. On
a beaucoup de fins de non-recevoir là-dessus. Donc, on doit amener le débat à
un niveau différent. Donc, effectivement, on a eu ces débats-là, mais on a une
fin de non-recevoir. Et la population ne peut pas se permettre cette
réponse-là. Et, comme disait mon collègue, Pierre Charron, c'était dans les
engagements électoraux de la CAQ en 2018 et ça a plu à notre population. Mais
présentement on n'a pas d'action concrète et on demande des actions concrètes.
Donc, on est... on est rendus à cette étape-ci.
Journaliste : Donc, on
comprend qu'ils ne voulaient pas être présents avec vous aujourd'hui, les
députés locaux.
M. Martin (Denis) : Bien,
nous, on a demandé une rencontre avec Mme Guilbault. On n'a pas pu
l'avoir. Et, au niveau des députés de la CAQ, bien, nous, on aimerait
éventuellement avoir cette rencontre le plus tôt possible pour qu'on puisse
discuter des solutions et des problématiques chez nous.
Le Modérateur : Une dernière
question, Thomas.
Journaliste : En ce moment,
la ministre Guilbault, là, c'est le... on commence l'étude du projet de loi
pour Mobilité Infra Québec, qui a pour objectif notamment d'accélérer la
construction de transport en commun. Est-ce que vous trouvez qu'avec cette
nouvelle agence là que veut créer le gouvernement on est un peu en train de
manquer la cible? Parce que vous, ce que vous semblez dire, c'est que vous
manquez d'argent. On n'est pas en train de nous dire que ça prend une nouvelle
structure bureaucratique.
M. Martin (Denis) : C'est...
C'est deux dossiers séparés. Mobilité Infra est en charge, si on veut, de la
construction ou une rapidité de la construction, un peu comme l'a fait la CDPQ
Infra au niveau du REM. Au niveau de la demande ou de l'offre de transport
collectif et aussi les investissements qu'on doit faire au niveau de la
couronne nord, surtout en transport est-ouest, là, on est mal desservis de ce
côté-là, à ce moment-là, on doit... C'est deux dossiers vraiment séparés. Ça
fait que, là, je ne pense pas qu'on rate la cible, là, avec notre rencontre
d'aujourd'hui ou avec notre présence aujourd'hui.
Journaliste : ...ratait sa
cible, mais je comprends votre réponse. Merci beaucoup.
M. Arseneau : Juste un
petit...
M. Martin (Denis) : M. Nadeau
veut...
M. Nadeau (Sébastien) : Peut-être
juste une petite précision. On n'est pas ici pour demander de l'argent
aujourd'hui. Ce qu'on dit... Je veux vous donne un exemple. En 2010, c'est plus
de 800 millions de dollars qui ont été investis dans le train de Mascouche.
Quelques années plus tard, le... L'implantation du train s'est bien passée, l'achalandage
est en croissance. Quelques années plus tard, un nouveau joueur, CDPQ Infra,
débarque avec un projet de REM et dit : Dorénavant, le tunnel Mont-Royal
ne sera pas utilisé pour les résidents de la MRC des Moulins et la MRC de L'Assomption.
Ce que ça a généré, c'est qu'il y a eu une énorme baisse d'achalandage, qui est
passé d'environ de 70 % à 22 %. Aujourd'hui, on se retrouve avec une
infrastructure, le train de banlieue de Mascouche, qu'on remet en question avec
raison, je crois, mais qui est déficitaire et qui contribue au déficit. Ça, c'est
des décisions qui font qu'on manque d'argent.
Alors, nous, ce qu'on veut à travailler, c'est
en amont, c'est de dire : Regardez, peut-être que notre façon de planifier
le transport en commun, l'avenir du transport en commun actuel n'est pas
adéquate, ne fonctionne pas. S'il vous plaît, remettons-nous en question,
replanifions les choses et travaillons mieux avec la même argent. On peut
obtenir davantage de résultats avec les mêmes dollars. Pas besoin d'en dépenser
plus, faisons mieux.
Journaliste : Étienne Fortin-Gauthier
avec Noovo Info. Bien, vous pouvez rester au pupitre, en fait. Vous êtes dans
des circonscriptions où, justement, on a voté massivement pour la CAQ. Là, vous
voyez qu'en matière de transport en commun il n'y a à peu près rien eu. C'est
ce que vous dénoncez. Est-ce que vous avez l'impression d'être pris pour
acquis, justement? Est-ce que la CAQ se dit : On ne peut pas perdre dans
ces régions-là, donc tant pis si on ne leur donne pas leurs projets?
M. Nadeau (Sébastien) : Vous
allez me permettre une certaine prudence dans cette réponse-là. Moi, ce que je
perçois, c'est qu'il y a une ligne de parti, qu'il y a la ministre Guilbault
qui défend une position, qui, je pense, a une vision très métropolitaine de l'ensemble
de la CMM, qui voit le transport en commun comme un tout.
Nous, ici, on est aujourd'hui devant vous
au nom des citoyens de la couronne nord. On a pu voir nos investissements, dans
les six dernières années, augmenter... le paiement des citoyens a augmenté d'environ
8 % pendant que notre offre de transport a baissé de 5 %. Donc, il y
a un déséquilibre. La question qu'on se pose et qu'on demande à nos élus, c'est
de se dire : Est-ce que vous faites... on pose tous les gestes pour
rééquilibrer l'offre de transport puis s'assurer qu'il y a une croissance
économique pour les gens de la couronne nord, qu'on fasse une transition
écologique qui est responsable? Donc, l'appel qu'on fait à nos députés, c'est
ça. Est-ce qu'ils sont pris dans une ligne de parti à respecter la ligne de la
ministre? C'est possible, mais on est très ouverts à ouvrir la discussion.
Journaliste : Mais, quand on
bouge politiquement, habituellement, c'est parce qu'on met de la pression.
Est-ce que vous auriez dû en mettre davantage dans les six dernières années?
M. Nadeau (Sébastien) : Oh! c'est
clair. Remettons-nous tous en question, faisons tous mieux, c'est ce qu'on doit
faire. Donc, oui, allons-y, puis tous à la table, puis on commence.
Journaliste : C'est quoi, les
projets, là, concrètement, que vous voudriez mettre dans votre région...
M. Nadeau (Sébastien) : Bien,
vous savez, il y a un projet d'un train de l'Est, d'un tramway de l'Est, le TSE,
effectivement, qui semble intéressant. Mais, encore une fois, c'est un projet
de 2030 qui ne vient pas s'intégrer dans une grande vision commune. Nous, ce qu'on
dit, c'est : Bien, c'est correct, c'est vous qui planifiez le transport,
ça vous appartient, faites-le comme comme il faut, dites-nous où vous vous en
allez. En 2025, on est où? En 2030, on est où? En 2035, on est où? Nous,
ensuite, on va aménager nos territoires, on va planifier notre densification,
parce que la couronne nord se densifie énormément pour répondre aux besoins de
la population. Et là on n'est pas... c'est improvisé et ce n'est pas attaché
ensemble. Ce que ça fait, c'est qu'on n'améliore pas la qualité de vie de nos
citoyens. Travaillons ensemble.
Journaliste : Restez donc là,
M. le maire de L'Assomption encore une fois, tant qu'à y être. Non, mais c'est
parce qu'après ça c'est quelqu'un d'autre qui va répondre.
M. Nadeau (Sébastien) : D'accord.
Journaliste : Mais vous avez
dit — est-ce que j'ai rêvé? — que la remise en question de
la ligne de train de banlieue Mascouche n'est pas complètement impertinente
selon vous?
M. Nadeau (Sébastien) : Ah!
bien, moi, quand on dit se remettre en question, c'est l'ensemble de ce qu'on
fait, c'est... Regardez, on a un modèle qui est déficitaire, on a un modèle qui
ne fonctionne pas, on n'améliore pas notre service, ça nous coûte de plus en
plus cher. Soyons des bons gestionnaires, remettons tout en question, mais
identifions l'ensemble des... Les organismes qui gèrent le transport, la
gouvernance, remettons tout en question, voyons à long terme, puis planifions
beaucoup mieux.
Journaliste : Mais est-ce que
des autobus plutôt qu'un train de banlieue à Mascouche, c'est une bonne idée?
M. Nadeau (Sébastien) : Je
suis ouvert à tout. On est ouvert à tout. Remettons tout en question. Ça ne
fonctionne pas, c'est déficitaire. À toutes les années, on vient ici pour
demander de l'argent, et la ministre dit : Vous... vous demandez toujours
de l'argent. Non, on veut juste gérer mieux, tout simplement.
Journaliste : Parfait.
Maintenant, le maire de Mirabel, j'aurais une question...
Le Modérateur : Une dernière
question...
Journaliste : Oui, oui,
parfait. Par rapport à Airbus, on posait la question à Mme Guilbault tantôt,
qui disait : Bien, au contraire, c'est une bonne idée. Puis elle
accueillait ça favorablement que les entreprises privées contribuent
financièrement au développement du transport en commun. Vous, vous dites :
Ce n'est vraiment pas normal, ce n'est pas une bonne idée. Est-ce que c'est si
grave que ça si Airbus contribue financièrement à développer des navettes, par
exemple?
M. Charbonneau (Patrick) : Bien,
moi, je pense que, quand on investit des sommes pour faire du développement
économique, il faut au moins s'assurer du succès en bout de ligne. Quand c'est
rendu que c'est l'entreprise privée qui se doit d'assurer ce succès-là, je
pense qu'on a un gros problème. Moi, quand... quand j'investis à quelque part,
bien, je m'assure, justement, que je vais avoir des retombées puis je m'assure
que ça va fonctionner. Dans un cas comme ça, on peut vraiment se questionner.
Une chance, à ce moment-là, qu'on a eu l'industrie privée qui a voulu,
justement, devenir de plus en plus attractif.
Parce que la pénurie de main-d'œuvre, elle
est partout, elle est aussi en aéronautique. Il faut absolument se donner les
moyens de nos ambitions pour être capable de les conserver. Mais plus loin que
ça, je l'ai mentionné tantôt, la relève. Quelqu'un qui va faire un stage dans
une industrie, c'est quelqu'un qui généralement va rester dans un haut
pourcentage. On n'est même pas capable de pouvoir les amener chez nous parce qu'ils
n'ont pas de voiture. Avec le coût de la vie, c'est impensable pour les étudiants
d'avoir des voitures, et, à ce moment-là, on se rabat sur quelque chose qui est
inexistant chez nous, le transport en commun.
Des voix : ...
M. Arseneau : C'est
parce que, si on accepte la prémisse de la ministre, c'est dire que l'État va
se désengager pour laisser aux entreprises le soin de développer du transport
collectif. On en est vraiment rendu là, là, au point où le transport collectif,
ça ne fait plus partie de la mission de l'État, alors qu'on est à l'étude d'un
projet de loi où la ministre a dit : Moi, je veux ramener le contrôle par
l'État sur le développement de nouveaux projets, de nouveaux systèmes, et puis
ça va être des commandes politiques qui vont être données à la nouvelle agence.
Mais quand il est question, par exemple, de mettre en opération des systèmes,
des services pour les citoyens, pour les entreprises, pour les territoires,
bien là, le gouvernement est aux abonnés absents, c'est le silence radio, on
refuse de rencontrer les gens qui réclament une rencontre.
Pourquoi l'action transpartisane
aujourd'hui? Peut-être une notion de vocabulaire, ce n'est pas non partisan,
c'est transpartisan. C'est parce que les maires, ici, ont eu une fin de
non-recevoir à une demande toute simple : Est-ce qu'on peut s'asseoir à la
même table et discuter de la vision, d'un plan et de l'avenir du transport
collectif pour notre région? C'est pour ça qu'ils sont ici aujourd'hui.
Journaliste : Rapidement, ma
question... la question de mon collègue de Montréal.
M. Charbonneau (Patrick) : Là,
tu m'as ouvert une porte, par exemple, là, mais je veux vraiment rentrer
dedans.
Journaliste : Là, après ça,
il faut que je pose ma question de plus...
M. Charbonneau (Patrick) : Écoute,
tu auras tout le temps, moi, j'ai tout mon après-midi. On parle, dans le fond,
là, d'infrastructures. On l'a vu, là, en 2021, M. Bonnardel avait fait
l'annonce des voies réservées pour le transport en commun sur la 15.
Malheureusement, ces voies-là sont seulement dans un sens et non pas dans
l'autre. L'autre chose, c'est qu'on entend parler à travers les branches qu'il
n'y aura même pas d'argent pour aller mettre le transport en commun sur ces
voies-là. Le site aéroportuaire est très content parce qu'ils vont l'utiliser
pour la navette qu'ils financent, mais, au-delà de ça, on met en place des
infras, mais on n'est même pas capable d'arrimer la gestion du transport en
commun. Pour moi, c'est un non-sens.
Puis tantôt, je veux revenir... J'en
profite, j'ai un micro. Tantôt, là, la première question était que
Mme Guilbault mentionnait qu'il n'y avait plus d'argent. Moi, je veux
remettre en lumière... quand on a fait le sommet sur le transport en commun à
Drummondville, il y a une chercheuse qui est venue nous montrer quelque chose
qui était extraordinaire. On a mentionné que les investissements étaient pour
l'électrification des autobus. Donc, tout cet apport, toute cette somme-là
allait directement de changer un autobus à essence en autobus électrique, alors
qu'on obtenait un impact sur les GES de 0,5 %. Si on prend la même somme
mais qu'on bonifie l'autobus à essence, de un, on venait enlever des milliers
de voitures sur nos routes et en plus on avait un effet de 30 % sur les
GES. Ça fait que, quand on dit qu'il n'y a pas d'argent, là, je pense qu'il
faut juste revoir ses priorités puis arriver à voir plus loin avec une vision
commune. L'environnement est important, puis avec ça, on a un bout de solution.
Le Modérateur : On va prendre
une dernière en français, une dernière en français. On peut revenir plus tard,
là, mais...
Journaliste : Parfait. C'est
que... Peut-être pour M. Morin.
Une voix : ...
Journaliste
: Ah! O.K.,
c'était... Bien, ça va prendre 30 secondes, mais juste pour M. Morin.
Est-ce que la question du remplacement possible de la ligne de train de
banlieue Mascouche par des autobus... À quel point ça vous semble crédible, réaliste,
puis que les citoyens peuvent vraiment s'attendre à ça, selon vous?
M. Morin (Robert) : Bien,
c'est... Je ne sais pas qui a lancé l'idée. Personnellement, je n'ai pas... Je
ne suis pas au courant, là, de la solution de rechange. J'ai juste entendu,
parce que j'étais en réunion ici ce matin, qu'il y avait des possibilités que
ce soit aboli, aboli mais remplacé. Remplacé par quoi? Je n'en ai pas d'idée à
ce moment-ci. Donc, ce sera à suivre, là. On verra.
Le Modérateur : M. Tanguay,
rapidement.
Journaliste : Bonjour, tout
le monde. Merci. Question toute simple. Vous dites que c'est un enjeu qui coûte
des sous dans vos régions. Est-ce que vous avez chiffré les pertes économiques
engendrées par la mauvaise qualité du service de transport en commun?
M. Martin (Denis) : On
en a parlé tantôt. Dans la grande région de Montréal, c'est entre
1,5 milliard et 2 milliards par année. Donc, faites la division, là,
au niveau de la couronne, on n'est pas loin du 700 ou 800 millions par
année facilement.
Journaliste : Autre question.
On parle beaucoup du troisième lien. Les amis de l'opposition l'ont souligné
également. On est un peu en vase clos, à Québec, par rapport à ce débat-là. On
entend assez peu de sons de cloche, la perception d'autres régions par rapport
à cette ambition du gouvernement actuel. Comment vous percevez un gouvernement
qui dit, tout à l'heure : On n'a plus d'argent, mais qui s'entête avec ce
projet que plusieurs décrient comme inutile dans la région?
M. Martin (Denis) : Nous,
on ne peut pas... on ne peut pas commencer à commenter dls projets qui sont
partout au Québec, là. Nous, on a une réalité chez nous, on a des
investissements qu'on veut avoir chez nous. Ce n'est pas à nous à décider où
ces argents-là vont aller, là. Donc, on a des investissements à faire chez
nous. On est ici, justement, pour avoir de la prévisibilité dans le financement
du transport commun à long terme, puis on veut faire partie de la solution.
Lorsqu'on fait des projets comme le REM... Moi, je suis bien placé pour vous le
dire, mon train de banlieue coûtait 300 000 $ à la ville par année.
Là, il va coûter 2,9 millions de plus par année. Donc, la contribution des
villes est énorme. Et il faut s'asseoir, puis parler de ces projets-là, puis ça
va être quoi, les impacts économiques sur l'ensemble de nos villes. Donc, moi,
je vous dis qu'on est ici pour ça aujourd'hui, pour passer ce message-là.
Journaliste : Les...
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste : Une petite...
Le Modérateur : Rapidement,
oui.
Journaliste : Très, très
rapidement. Les premiers qui ont donné une chance et des députés à la CAQ, ce
sont les couronnes, ce sont les banlieues. Est-ce qu'aujourd'hui vous vous
sentez abandonnés par le parti que vous avez été les premiers à plébisciter?
M. Martin (Denis) : Bien,
moi, je vous dirais qu'il y avait un plan de mobilité qui a plu à l'ensemble de
la région de la couronne nord. Présentement, on n'a pas d'action, donc on
réclame des actions immédiates selon ce plan-là pour satisfaire les citoyens de
notre région. Puis on voit, aujourd'hui, par la présence de l'ensemble de la
couronne nord, des représentants de l'ensemble de la couronne nord, que ce
dossier-là est primordial pour nos gens de chez nous.
Une voix : ...
M. Martin (Denis) : Oui.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste :
Good afternoon. One of you said :
We are not here to ask for more money today. You need to be able to speak in
person to the Transport Minister to be able to plan ahead. But why can you not
do it? You're all here, you have lots of experience. Why don't you... Why are
you not able to plan if you don't need more money? You don't need a Transport
minister to tell you what to do. You are municipalities, proud municipalities.
So, why are you not planning ahead? Why you need Mrs. Guilbault to do
that?
M. Martin (Denis) :
Well, you know, it's a complicated
situation, OK? In 2017, the Government... the Québec Government came up with
ARTM and put all of our transport companies together. And since then, we have
not been able to manage or take care of any of our... you know, we can't manage
our own transit system. So, now we are stuck in the middle and we always have
to pay. So, we receive a bill... I was talking about the REM before. Yes, I'm
happy in Deux-Montagnes to have the REM, but they never told me that we're
going to have 2.8 million, and that's going to take all of our budget for
transportation just for the REM. So, that's one example. Another example is the
same thing, that they go with the blue line in Montreal, or anything, they don't
come up with a cost that will cost to the city. So, we're never part of the
decision, but decisions come from the top, and we're stuck with the bill. And
then, they're telling us : Manage more your society. And we don't have
that power.
Journaliste :
So you need more money, don't you?
M. Martin (Denis) :
It's not only the money. We need to
sit, discuss and plan ahead. So, if every year I have to look at the budget and
I'm told there's missing $250 million and how am I going to find it, it's not a
way to plan ahead. Now, there was a project that was deposited by ARTM, that
was not accepted by Québec, to plan transportation in the great... greater
region of Montréal, which is also the north, and it was not accepted by Québec.
So, now we're stuck with no plan, no direction and no financing.
Journaliste :
Why don't you get angry to the ARTM?
M. Martin (Denis) :
Well, the ARTM is kind of like a bank,
so what they receive as money from the Government... and they are told to cut
expenses because it's a has been created by the Government. It has not been
created by the cities. So, we have no power, really, over ARTM apart that being
on the C.A. and...
Journaliste :
So, you are asking...
Une voix : ...
Journaliste
: Just two last questions. So, you're asking Mrs. Guilbault to
be... to take over your negotiations with the ARTM. You're saying : We're
desperate, we cannot plan, please, come in.
M. Martin (Denis) :
Well, the ARTM is like a bank, so they receive
the money from the Government, and they receive the money from the city, and
they receive the money from the commuters. They receive that money and they
distribute at different levels depending where the planning is, OK? So, they're
not, you know, 100% responsible for this deficit and this meeting that we have
today.
So, we have to have, you
know, a true conversation, and the old way of doing things doesn't work
anymore. Like Mr. Nadeau was saying : We're ready to open up and look
at the old ways of doing things and improve the way things are done. And for
the moneys, well, I think it's... for me, personally, it's too quick what they're
asking, $500 million in one year to be cut. So, we have to go gradually and we
have to do it well. Like, when we're talking about cutting certain train lines,
it's a short-term decision to balance the budget next year. But what is the
long-term repercussion on that decision? We have to take the time and discuss
about it.
Journaliste :
OK. And one last question to Mr. Charbonneau.
So, in Mirabel, Airbus took the lead, they have a shuttle service. How did you
react when you saw that last month?
M. Charbonneau
(Patrick) :
Is
it possible to speak in French and just translate on TV with the little band?
O.K.
Journaliste :
...avec le service de navette d'Airbus que vous n'avez aucun moyen, vous ne
pouvez pas aider ces entreprises-là.
M. Charbonneau (Patrick) : Bien,
en fait, on va... on va rectifier le tir, c'est le... l'instigateur est ADM,
Aéroport de Montréal, qui a investi une très grosse somme, justement, pour
venir être capable de desservir tout son parc industriel à cet endroit-là.
Airbus est un des gros contributeurs. La ville de Mirabel est encore un plus
gros contributeur. Puis ça faisait des années qu'on l'entendait, qu'il y avait
une pénurie de main-d'oeuvre, puis, quand on va, souvent, au Air Show, soit à
Londres ou encore au Bourget, à Paris, puis le... ce qui revenait le plus, dans
le fond, c'était vraiment la pénurie de main-d'oeuvre. Ça fait qu'on le voyait
que, même internationalement, des compagnies de l'Europe s'interrogeaient sur
la disposition de nos actifs au niveau des employés. Donc, de fil en aiguille,
on n'a pas eu le choix d'embarquer. Parce que, quand on investit dans un parc
industriel, ça a des retombées économiques incroyables pour le Québec.
Journaliste : ...les devants.
C'est gênant.
M. Charbonneau (Patrick) : Je
pense que de poser la question, c'est d'y répondre.
Journaliste
: C'est
gênant. C'est gênant pour vous autres?
Des voix : ...
Le Modérateur : Alors, c'est
ce qui m'est fait à ce point presse. Merci beaucoup.
(Fin à 13 h 41)