(Huit heures trente-deux minutes)
La Modératrice
: Merci.
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole,
tout d'abord, Christine Labrie, suivi de Gabriel Nadeau-Dubois, tous ceux
porte-parole de Québec solidaire. On posera les questions par la suite.
Mme Labrie : Bonjour, tout le
monde. Moi, ça fait six ans que je suis ici et je ne me souviens pas d'une
session parlementaire où Québec solidaire à livré autant de gains pour le
Québec.
On vient d'adopter hier un projet de loi
sur les évictions à l'unanimité. C'est un travail d'équipe et c'est surtout le
couronnement de cinq ans de travail acharné de la part de mon collègue Andrés
Fontecilla, Andrés qui a mobilisé les associations d'aînés, des groupes en
matière de logement, qui n'a pas lâché le téléphone pour mobiliser tout le
monde sur plusieurs années, convaincre les autres partis. Il a livré un gain
historique pour tous les locataires à travers le Québec. Ça ne s'arrête pas là.
Ma collègue Alejandra Zaga Mendez, elle est rentrée à l'Assemblée nationale
après sa tournée Creuse pas chez nous, sur les claims miniers, et elle a exigé
plus de protection, plus d'encadrement. Elle a fait des gains majeurs dans le
récent projet de loi qui a été déposé sur les mines.
Main dans la main avec les femmes sur le
terrain, Ruba a réussi à débloquer des projets de maisons d'hébergement pour
femmes victimes de violence. Sol a livré un gros gain pour les gens de Québec
avec la transformation de l'autoroute Dufferin-Montmorency en boulevard urbain
enfin. Il travaillait là-dessus depuis sa première élection. Etienne a réussi à
ramener de l'équilibre, un équilibre essentiel entre la protection des élus et
la protection de la liberté d'expression des citoyens également. C'est aussi grâce
à lui que le mois de mai devient officiellement le Mois du vélo. Grâce au
travail d'Haroun, il y a 77 000 travailleurs à la retraite, des personnes
invalides qui vont toucher leur pleine rente du RRQ. Alexandre a permis aux
travailleurs de la construction de négocier leur rétroactivité salariale, ils
pourront le faire pour la prochaine négociation pour la première fois dans leur
histoire.
Vincent a dénoncé le monnayage de l'accès
aux ministres pour les élus municipaux et il a porté la parole des Québécois
qui sont tannés de payer deux fois pour des soins de santé. Guillaume s'est
mobilisé pour permettre à une famille d'Ange-Gardien de rester au Québec, puis
ici, à l'Assemblée nationale, et partout, d'ailleurs, dans l'espace public, il
a ramené une bonne dose de faits sur le débat en immigration, et on le remercie
pour ça. Et la dernière, mais non la moindre, Manon qui se bat depuis deux ans
avec les aînés de Mont-Carmel qui ont finalement eu gain de cause ce printemps.
Ça fait vraiment du bien de revoir Manon avec nous après... après quelques
absences.
Moi, ça me rend vraiment fière plus que
jamais, tout le travail qu'on a fait cette session. On a livré des gains
importants pour les Québécois et les citoyens qu'on représente.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Christine. Bonjour, tout le monde. On se posait la question, Christine et moi,
plus tôt cette semaine : Comment résumer cette session de Québec solidaire
en une phrase? On s'est dit : Ça a brassé, mais on a livré. Je pense que
ça résume bien les derniers mois ici, au Parlement, pour Québec solidaire.
On est rentrés au mois de janvier, vous
étiez là, et on a dit : Il faut que ce soit la session du logement, il
faut que ce soit la session où on trouve des solutions à la crise de l'habitation.
Vous étiez là quand on a convié tous les partis politiques à prendre leurs
responsabilités, à travailler ensemble pour qu'on aide les Québécois puis les
Québécoises dans cette crise qui est devenue une vraie urgence nationale. Et
vous en êtes témoins, on n'a jamais lâché ce morceau-là. On est maintenant au
mois de juin, quelques mois plus tard, et les résultats sont là. Christine et
Andrés ont livré la plus grande avancée pour les locataires depuis que François
Legault est premier ministre du Québec. On a gagné trois ans de congé d'éviction
pour tous les locataires partout au Québec. Ce n'est pas rien. On a gagné un
élargissement permanent de la loi Françoise David, 54 000 personnes aînées qui
vont pouvoir vieillir paisiblement chez eux.
Christine et moi, on était à Granby il y a
quelques semaines, on rencontrait justement des femmes aînées menacées d'éviction.
Quand on a adopté le projet de loi hier, moi, j'ai pensé à ces femmes-là, je me
suis dit : Elles sont maintenant protégées. Quelle belle victoire! Vous
nous avez vu aux côtés de Jonathan Simard, un homme de Shawinigan qui était
menacé, lui et ses quatre petits gars, d'une éviction. Bien, Jonathan, il est
maintenant protégé lui aussi, lui et ses quatre petits gars vont pouvoir dormir
sur leurs deux oreilles.
Bien sûr, la crise de l'habitation est
loin d'être réglée, hein? Il va prendre... Ça va prendre beaucoup plus que ça
pour qu'on sorte le Québec de la crise du logement. Il reste encore beaucoup
trop de drames humains. Mais on a, cette session-ci, à Québec solidaire, fait
ce que très peu de partis politiques, dans l'opposition, ont été capables de
faire dans les dernières années au Québec, convaincre le gouvernement de
reprendre intégralement certaines de nos propositions dans un projet de loi et
travailler en collaboration avec lui pour le faire adopter rapidement. Ce que
Christine et Andrés ont fait, cette session-ci, pour le Québec, pour la crise
du logement, je trouve ça admirable. Alors, oui, on ne fera pas semblant, c'est
vrai que ça a brassé dans les derniers mois. Le départ d'Émilise nous a
ébranlés, moi, le premier. Ça a provoqué des débats, des débats plus larges à
l'intérieur de Québec solidaire, et c'est correct. On est un parti démocratique,
moi, j'en suis fier. Je suis fier de notre parti, je suis fier de notre équipe.
À chaque fin de session, les partis
doivent se poser une question : Est-ce qu'on a réussi, dans les derniers
mois, à livrer des changements pour la vie des Québécois puis des Québécoises?
C'est facile à faire, ça, en tout cas, c'est plus facile à faire quand on est
au pouvoir, quand on est dans l'opposition, c'est tout un défi. Bien sûr, je
vais laisser les autres partis faire leur bilan. Mais, à Québec solidaire, la
réponse à cette question-là, c'est un énorme oui, et, Christine et moi, on en
est énormément fiers. Merci, tout le monde. On va prendre vos questions.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Donc, merci de vous concentrer à une question, une sous-question. M.
Laforest.
Journaliste : Bonjour à vous.
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Journaliste : Aujourd'hui, le
gouvernement va annoncer un comité pour mieux défendre son nationalisme à
l'intérieur du fédéralisme. Vous qui êtes un parti indépendantiste, est-ce que
vous allez l'appuyer là-dedans?
M. Nadeau-Dubois : Bien, la
CAQ se dit d'un nationalisme de résultat. Moi, ce que je vois, c'est surtout un
nationalisme d'apparat. Donc, on crée des comités, on fait des réunions, on met
en scène des grandes discussions, mais il y a très, très peu de résultats sur
la table, dans aucun des dossiers, par ailleurs. On parle beaucoup
d'immigration, mais parlons des soins dentaires. Il n'y a encore, au Québec,
toujours pas d'entente pour qu'on rapatrie le programme de soins dentaires au
Québec, puis qu'on s'assure que tous les Québécois, toutes les Québécoises
aient accès à des soins dentaires de qualité.
Donc, on va juger l'arbre à ses fruits,
mais, d'entrée de jeu, ça m'apparaît être plus des relations publiques que des
résultats, encore une fois.
Journaliste : Un des
reproches qui est venu de la branche d'Option nationale, c'est que vous n'avez
pas assez parlé d'indépendance au cours des derniers mois. Lors de votre
conseil général à Saguenay, il y a eu une proposition pour mettre de l'argent,
pour promouvoir davantage l'indépendance. Il y a quelqu'un de votre parti qui
s'est levé, qui a dit : On ne peut pas aller là, on n'a pas d'argent.
Donc, vous êtes un peu condamné à... C'est vrai?.
M. Nadeau-Dubois : ...
Journaliste : O.K. Je veux
juste être sûr...
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas contre vous...
Journaliste : ...je veux
juste être sûr que...
M. Nadeau-Dubois : ...ce
n'est pas contre vous, c'est juste...
Journaliste : ...j'ai bien vu
ce que j'ai vu à Saguenay. Donc...
Mme Labrie : C'est parce
qu'on vous avait vu venir...
M. Nadeau-Dubois : Exact,
c'est ça...
Journaliste : ...vous l'avez
préparé?
M. Nadeau-Dubois : Non, même
pas, parce que, moi, je pensais...
Journaliste : ...j'attends de
voir la réponse préparée. J'attends de voir la réaction non verbale de M.
Zanetti d'ailleurs. Ce que je veux savoir, c'est : En faites-vous assez,
la promotion de la souveraineté, compte tenu que vous voulez l'indépendance
comme le Parti québécois, puis vous êtes un peu à l'encontre du nationalisme
que défend François Legault?
M. Nadeau-Dubois : On a
lancé, dans la dernière année, la campagne Nouveau Québec, que Ruba porte sur
ses épaules de manière admirable. On fait une tournée du Québec pour parler
d'indépendance. Pour ce qui est de ce qui s'est passé au conseil national,
c'est important de bien présenter les choses, là. Il y avait un débat
sur : Est-ce que les fonds doivent venir des associations locales ou venir
du national? Les délégués du conseil national ont préféré dire : On laisse
les associations locales contribuer. Ce n'est pas... Ce n'est d'aucune manière
un désaveu ou un manque d'intérêt pour cette campagne-là qui, au contraire,
continue, va continuer cet automne. Je vais d'ailleurs m'y impliquer. On a des
événements prévus avec Ruba. Donc, c'est un enjeu qui est fondateur à Québec
solidaire.
Journaliste : À fond, le
pays.
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
Journaliste : À fond, le
pays.
M. Nadeau-Dubois : À notre
manière, à notre manière.
La Modératrice : Monsieur...
Journaliste : Oui. Bonjour.
Comptez-vous participer à l'initiative d'identifier des pouvoirs que pourrait
exercer le Québec, qui sera annoncée par le premier ministre du Québec
aujourd'hui?
Mme Labrie : Bien, écoutez,
nous, ce qu'on souhaite, c'est exercer tous les pouvoirs à Québec solidaire. On
fait régulièrement des propositions de choses qu'on pourrait faire avant
d'avoir atteint l'indépendance. Encore hier, on questionnait le gouvernement
sur pourquoi ils ne donnent pas eux-mêmes des autorisations temporaires de
travail pour les demandeurs d'asile, parce que le gouvernement fédéral ne
traite pas ça assez rapidement. Donc, des idées, on n'en manque pas, là, pour
aller chercher davantage de compétences. Puis, oui, on va continuer de faire
des suggestions, tout en ayant à l'esprit que la vraie manière d'avoir tous nos
leviers de pouvoir, c'est l'indépendance du Québec.
M. Nadeau-Dubois : Puis
peut-être juste dire qu'on ne connaît pas aucune des modalités encore de ce qui
va être annoncé. Alors, est-ce qu'il y aura possibilité pour les partis
d'opposition de contribuer ou pas? On n'a pas cette information-là à ce
stade-ci.
Journaliste : Oui, on a
beaucoup parlé de votre virage pragmatique au cours du printemps, de l'hiver.
Comment qualifiez-vous le virage, s'il y en a un, du gouvernement caquiste?
Vous avez dit que beaucoup de mesures ont été finalement annoncées, adoptées
grâce à la pression que vous avez exercée, notamment sur le logement. Est-ce
que la CAQ a fait un virage idéaliste, socialiste, de gauche?
Mme Labrie : Bien,
j'aurais... d'emblée, ma réponse serait de vous dire qu'ils tournent souvent
sur eux-mêmes plus qu'autre chose. Sur ce dossier-là, en matière de logement,
on a réussi à leur faire comprendre l'ampleur de la crise et le fait que ça se
répercute sur tous les autres ministères, le fait qu'il n'y avait pas d'action,
en matière de logement, pour aider les locataires. Donc, moi, je suis vraiment
heureuse qu'on ait réussi à les faire cheminer là-dessus. Vous avez vu à quel
point on est fiers de ce gain-là. C'est vrai que c'est difficile, dans l'opposition,
de faire des gains pour changer réellement la vie des gens, et c'est chose
faite en ce moment.
Journaliste : Vous avez été
écoutés.
Mme Labrie : On a été
écoutés. Par ailleurs, on est très conscients que la crise du logement n'est
pas réglée avec ce projet de loi là. Et c'est pour ça que j'ai dit
régulièrement, dans les derniers jours, avec mes collègues aussi, qu'on va
continuer de proposer des solutions pour la régler, cette crise, parce que le
moratoire, s'il prend fin dans trois ans, puis que ça... ça n'a pas bougé, on
ne sera pas plus avancés. Donc, on est contents qu'ils aient cheminé sur ce
dossier-là. Sur beaucoup d'autres dossiers, on a quand même l'impression qu'ils
font des boucles sur eux-mêmes de manière régulière, là.
Journaliste : O.K. Dans le...
les grands guides, corpus du droit du logement, il y a la loi Françoise David.
La loi France-Élaine Duranceau, elle est où, au-dessus, en dessous, à côté?
Mme Labrie : C'est quoi, le
sens de votre question?
Journaliste : Bien, d'est
quand même une loi que... bien, vous l'avez saluée, là, donc on peut la mettre
au même... on peut la mettre sur un pied d'égalité avec la loi Françoise David,
la loi France-Élaine Duranceau?
Mme Labrie : Juste, pour vous...
C'est quoi, pour vous, la loi France Élaine Duranceau, c'est la loi 31 ou c'est
celle qu'on vient de faire hier?
Journaliste : C'est celle
qu'on vient d'adopter, celle qui impose un moratoire de trois ans ou jusqu'à ce
que le taux d'occupation dépasse le...
Mme Labrie : Moi, je vais
l'appeler la loi sur le moratoire, cette loi-là, la loi...
Journaliste : Ah! vous ne
voulez pas l'appeler la loi France-Élaine Duranceau?
Mme Labrie : Bien, ils
l'appelleront comme ils veulent. Moi, je vais l'appeler comme ça.
Journaliste : O.K.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
peut-être juste, sérieusement, tu sais, je pense que, comment dire, il y avait
beaucoup de sceptiques dans la salle. Il y avait beaucoup de sceptiques dans la
salle, il y a quelques mois, quand Christine, Andrés, Alexandre, l'équipe, moi,
on disait : Il y a une opportunité d'élargir la loi Françoise David, on
est capables de convaincre le gouvernement. Il y avait beaucoup de sceptiques
dans la salle. Aujourd'hui, on se présente devant vous en bilan de fin de
session puis on est capables de dire : Malgré les turbulences, et elles
sont réelles, personne ne peut les nier, on a livré le plus grand gain pour les
locataires du Québec depuis que François Legault est premier ministre.
Ça fait que, je... Ça fait une
démonstration éclatante de l'utilité de Québec solidaire en politique, de
l'utilité de Québec solidaire dans l'opposition. Et c'est sûr que la question
qui vient ensuite, c'est : Imaginez ce qu'on pourrait faire si on était au
gouvernement. Donc, cette avancée-là qu'on est allé chercher, elle vient du
travail de notre équipe, en alliance, bien sûr, avec les groupes d'aînés, avec
les groupes de logement, avec les groupes de la société civile qui se sont
mobilisés avec nous. Mais je pense qu'aucun observateur sérieux ne pourrait
soutenir l'idée que ce serait arrivé si Québec solidaire n'avait pas été là. Tu
sais, je pense que c'est assez objectif de dire que ce projet de loi là, c'est
le fruit, en bonne partie, du travail de notre équipe, puis c'est l'occasion
d'un bilan. Donc, pour nous, c'est le fait saillant, puis on veut le souligner.
Mme Labrie : Exact. La loi
France-Élaine Duranceau, pour moi, c'est la loi 31, là. Celle qu'on
convient d'adopter cette semaine, ce n'était pas à son initiative, elle s'est
ralliée.
Journaliste : Bonjour. Moi,
je vais faire un petit jeu avec vous ce matin, qu'on fait souvent au jour de
l'an, j'aimerais ça que vous nommiez une chose que vous souhaitez laisser
derrière vous et une chose que vous souhaitez amener avec vous dans la
prochaine session parlementaire.
Mme Labrie : Nous laissez vous
une couple de secondes de penser à ça? Quelque chose qu'on souhaite laisser
derrière nous... Vas-y.
M. Nadeau-Dubois : J'ai une
idée, écoute, c'est sûr qu'on souhaite une prochaine session plus sereine, plus
calme sur le plan interne. Je pense que c'est juste honnête que de le
souligner. Puis ce qu'on souhaite amener avec nous, bien, c'est le caractère
constructif de notre action politique cette session-ci. Je mets... Je peux
peut-être lancer un défi amical aux gens qui commentent la politique
québécoise : C'est quand, la dernière fois, qu'un parti d'opposition a
réussi, en quelques mois, à faire réorienter un gouvernement, complètement, et
en... et à collaborer en amont du dépôt d'un projet de loi pour aller chercher
des victoires... pas cosmétiques, là, 54 000 aînés qui peuvent vieillir en
sécurité, ce n'est pas... ce n'est pas une coquetterie, là, c'est des vies qui
ont été changées.
Donc, moi, je souhaite qu'on amène ça avec
nous dans la prochaine session. On vient de déposer un projet de loi sur le
droit au logement. Est-ce que ce projet de loi là sera l'occasion d'une
nouvelle collaboration puis d'un nouveau gain? On verra. Mais cet esprit
constructif puis cette volonté de livrer la marchandise, ça, je pense que c'est
ce qu'on veut garder avec nous pour la prochaine session.
Journaliste : O.K. Puis
avez-vous pris une résolution, si on reste dans la même veine?
Mme Labrie : La résolution,
c'est de continuer de proposer des solutions concrètes aux problèmes des
Québécois, de régler les crises qu'on traverse au Québec. Vous allez nous voir
constructifs encore dans les prochains mois pour faire ça, comme on vient de le
faire avec le projet de loi n° 65. C'est ce travail-là qui motive notre
présence ici, à l'Assemblée nationale.
La Modératrice : Merci
beaucoup. M. Lecavalier.
Journaliste : Oui. Bonjour.
Bon. Maintenant que la Déclaration de Saguenay est adoptée, ça change un peu
votre... ce que vous vous portez politiquement. Puis je me demandais, avec la
réforme qu'a proposée M. Fitzgibbon, hier, de construire du développement
énergétique dans les régions du Québec, de créer beaucoup d'emplois avec la
filière éolienne, et tout, peut-être aussi des barrages, là, on ne sait pas
encore, est-ce que là, soudainement, ça vous intéresse davantage, là, tu sais,
le concept de jobs payantes en région, même si ça peut avoir un impact, à
certains égards, sur l'environnement?
Mme Labrie : Je...
Journaliste : Bien, est-ce
que...
Mme Labrie : Bien,
c'est-à-dire que le principe même de la Déclaration de Saguenay, c'était de
reconnaître l'importance de ces secteurs d'emploi là dans les différentes
régions du Québec, là. Ça y figurait quasiment mot pour mot, donc ça ne
dépendait pas du projet de loi du ministre Fitzgibbon.
Journaliste : Non, mais
justement... Mais, je veux dire, par rapport... Est-ce que ça vous
enthousiasme, sa vision, de M. Fitzgibbon?
Mme Labrie : Je ne dirais pas
ça comme ça, non. On a d'ailleurs plusieurs inquiétudes. Vous allez beaucoup
entendre mon collègue Haroun intervenir là-dessus dans les prochains mois. On a
des débats importants à avoir au Québec sur l'avenir énergétique. Ce qu'on
souhaite, c'est que les communautés soient impliquées là-dedans. C'était au
cœur de la Déclaration de Saguenay, que les communautés soient impliquées dans
les décisions qui concernent leur territoire. L'avenir énergétique du Québec va
avoir un... et les décisions qui vont être prises, à cet égard-là, vont avoir
un impact sur les différentes régions, et elles doivent être parties prenantes
du processus. C'est ce qu'on va faire valoir ici, à l'Assemblée nationale.
C'est l'engagement qu'on a pris avec la Déclaration de Saguenay.
Journaliste : On vous entend
dire... Bien, excusez-moi, vous vouliez ajouter quelque chose.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est juste que la question, ce n'est pas tant : Est-ce qu'on est pour ou
contre le développement énergétique? Il va falloir du développement énergétique
au Québec, il y a un consensus là-dessus. La question, c'est : Quel
développement, de quelle manière et pour répondre à quels besoins? Est-ce que
c'est un développement qui se fait pour répondre aux besoins du Québec, des
Québécois, des Québécoises, ou c'est un développement qui se fait pour répondre
aux besoins des entreprises multinationales triées sur le volet par M.
Fitzgibbon? Donc, je ne pense pas qu'on voit ça comme un débat pour ou contre
du développement énergétique. Il faudra certainement en faire pour atteindre la
carboneutralité. La question c'est : Comment et au bénéfice de qui?
Journaliste : Bon. Vous avez
marqué, là, tous les coups que vous... les bons coups de votre session
parlementaire, puis de la façon dont vous avez été capables d'influencer le
gouvernement. Puis, bon, je sais que ça vous énerve un peu, des fois, qu'on
parle des sondages, mais est-ce que...
M. Nadeau-Dubois : Jamais!
Journaliste : ...est-ce que
ça vous donne l'impression que vous vous retrouvez un petit peu dans la
position... vous êtes comme le NPD du Québec, là, vous avez un pouvoir
d'influence sur le gouvernement, mais vous êtes un peu la... l'espèce de voix
mais que, dans les faits, vous n'avez pas vraiment de chemin pour aspirer au
pouvoir?
M. Nadeau-Dubois : Tu sais,
au début de la session, on a eu de bons sondages, il y en a eu des moins bons,
il y en a eu des moyens. Au jour d'aujourd'hui, là, moi, ce que je retiens,
c'est que, malgré ces variations-là, qui sont réelles, on se présente devant
vous en disant : On a amélioré la vie de dizaines de milliers d'aînés puis
de centaines de milliers de locataires. Puis, notre travail, c'est ça. Notre
travail, ce n'est pas d'aller chercher un point dans un sondage Léger, c'est
d'améliorer la vie du monde. Les élections sont dans plus de deux ans. Il y a
des réflexions qui se poursuivent, c'est bien connu, à Québec solidaire, sur
comment passer à la prochaine étape. Mais au jour d'aujourd'hui, là, on fait un
exercice de bilan parlementaire. On est satisfaits des gains qu'on a livrés
pour le Québec.
Mme Labrie : Je veux rajouter
quelque chose là-dessus.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
vas-y, bien sûr.
Mme Labrie : Je ne sais pas
si vous réalisez à quel point la position qu'on a comme députés de
l'opposition, elle est extrêmement difficile, parce qu'on est surexposés aux
problèmes que les gens vivent et aux solutions que les gens développent sur le
terrain pour les régler. Et on est dans une posture où on n'est pas
décisionnels pour mettre en œuvre ces solutions-là. On veut régler les
problèmes des gens, on connaît les problèmes des gens, on passe notre temps à
les rencontrer sur le terrain. Quand on réussit à faire un gain comme ce qu'on
vient de faire, là, et à faire une différence dans la vie de millions de
personnes pour plusieurs années, c'est extraordinairement motivant, je vous
dirais, parce que tous les jours, on est confrontés à de la détresse humaine
importante.
En matière de logement, ça a été majeur,
ce dont on a été témoins dans les dernières années, et on avait hâte de pouvoir
changer la vie des gens là-dessus. C'est vraiment ça qui motive notre travail.
Parce que, quand on revient dans nos circonscriptions, on s'en retourne tous
dans nos circonscriptions, là, dans les prochains jours, on est exposés à des
gens qui vivent des problèmes graves en matière de logement, en matière d'accès
aux soins de santé, en matière de services dans le système d'éducation. On
pourrait décliner cette liste-là longuement, des gens qui vivent des impacts
des changements climatiques.
On veut apporter des solutions pour les
gens et, quand on réussit à le faire dans l'opposition, ça tient presque du
miracle. Donc, on est très fiers du travail qu'on a fait en ce moment.
La Modératrice : M. Carabin.
Journaliste : Oui. Bien, mon
collègue parlait du NPD canadien, qui, évidemment, a de la difficulté à se
sortir de... ou avancer dans l'opinion publique, si on veut, mais, ailleurs au
Canada, il y a quand même des partis de gauche, des nouveaux partis
démocratiques, qui ont eu du succès dans les dernières années. Je pense au
Manitoba, Wab Kinew qui a été élu récemment, la Colombie-Britannique. En
Alberta, je pense que, dans les sondages, là, on est au coude à coude avec le
parti de Danielle Smith. Qu'est-ce qui... Comment ça se fait que vous, comme
parti de gauche, vous ne pouvez pas avancer dans les sondages comme ces
partis-là l'ont fait dans les dernières années?
Mme Labrie : Comme parti de
gauche, on fait certainement avancer le Québec, actuellement. On fait avancer
les mentalités au Québec. On fait avancer les politiques sociales des
gouvernements qui sont en place, depuis que Québec solidaire est présent à l'Assemblée
nationale, on a contribué à ça. Et effectivement, le jour où on sera au
gouvernement, on fera avancer le Québec encore plus vite dans cette
direction-là. Et moi, j'y crois encore, sinon je ne viendrais pas ici, là,
toutes les semaines.
La Modératrice : En
terminant.
Journaliste : O.K. Mais, plus
spécifiquement, dans les sondages, dans les résultats politiques, il y a des
résultats, là, en Alberta, au Manitoba, dans les dernières années. Au Québec,
Québec solidaire ne réussit pas à s'imposer de cette façon-là.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, les résultats, on les connaîtra en 2026. En 2022, les résultats n'ont
pas été à la hauteur de nos attentes. On a résisté à la vague caquiste. On
était à peu près les seuls dans l'opposition à le faire. Bien sûr, ce n'est pas
suffisant. On a tous et toutes plus d'ambition que ça pour Québec Solidaire.
Mais les résultats, c'est ceux de 2026, il y a des grandes étapes qui s'en
viennent. Nos membres ont décidé d'actualiser notre programme, on est au cœur
aussi d'une réforme de nos statuts.
Donc, le travail pour faire passer Québec
solidaire à la prochaine étape, là, il continue, puis c'est un travail qu'on
fait avec nos membres. Les députés contribuent à ça, mais c'est un travail dans
lequel l'ensemble du parti s'est engagé. On est loin de la coupe aux lèvres. On
sait qu'il nous reste du travail à faire pour former un gouvernement puis on
est engagés dans ce processus-là avec nos membres.
La Modératrice : En
terminant.
Journaliste
: M.
Nadeau-Dubois, vous avez souhaité une session plus sereine. Bon. On ne se
cachera pas que ça a été des mois où vous avez été quand même dans... sous le
feu des projecteurs. Dans quelle mesure est-ce que vous souhaitez être plus
effacé dans les prochains mois, mais aussi dans les prochaines années, comme co-porte-parole
de Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
souhaite avoir la place que les membres de mon parti et de mon équipe
souhaitent que j'aie. Je ne veux pas prendre une place qui ne me revient pas ou
une place qui n'est pas souhaitée par les membres de mon parti puis les membres
de mon équipe. La seule place que je souhaite avoir, c'est celle que l'équipe
et le parti souhaitent que je prenne.
La Modératrice : Merci
beaucoup. M. Lachance.
Journaliste : Bonjour.
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Journaliste : Afin d'élargir
la loi Françoise David, vous avez sans doute dû faire des concessions. Quelles
sont-elles? Et, quand on fait ce genre de concessions puis qu'on plie parfois
sur nos principes, est-ce que c'est ça, pour faire avancer des dossiers, là,
est-ce que c'est ça, être un gouvernement plus pragmatique ou un parti de
gouvernement plus pragmatique?
Mme Labrie : Vous savez,
Françoise David elle-même, quand elle avait fait adopter la première mouture de
cette loi-là, en 2016, elle en avait fait, des compromis. C'est la raison pour
laquelle c'était 70 ans, par exemple, qui était l'âge prévu à l'époque.
Évidemment qu'on savait déjà, à l'époque, là, que c'était 65 ans, l'âge de la
retraite puis l'âge à partir duquel les personnes ont des revenus qui stagnent
davantage puis sont plus à risque. Elle avait fait ce compromis pour aller
chercher un consensus.
Bon, là, on a fait des gains importants
sur l'âge. On a fait un gain important aussi sur le revenu d'admissibilité pour
cette mesure-là. On n'a pas réussi à progresser, cette fois-ci, sur le nombre
d'années qu'une personne vit dans son logement, on voulait que ce soit abaissé
à cinq ans, c'est resté à 10 ans. On a...
Journaliste : Mais des
concessions à la base, là, il y a eu des négociations lors du bâillon, qui ont,
premièrement, fait réapparaître le projet de loi, qui s'est transformé, après
ça, dans un projet de loi gouvernemental. Ça a été un long parcours, là,
donc...
Mme Labrie : Bien, si c'est
ça que vous voulez, oui. Oui, oui.
Journaliste : Non, non, mais
donc, il s'est passé beaucoup de choses pour en arriver à l'adoption de ce
projet de loi là.
Mme Labrie : Oui, oui.
Journaliste : Donc, il y a eu
des débats internes, il y a eu des concessions. Vous avez accéléré le bâillon,
donc vous avez pilé sur certains principes, qui, habituellement...
Mme Labrie : Bien, écoutez,
je vais vous répondre...
Journaliste : ...ne définit
pas Québec solidaire pour en arriver à ça.
Mme Labrie : ...je vais vous
répondre. Ce qu'on a négocié, lors du bâillon, pour obtenir de faire cheminer
ce projet de loi là, c'était que la présidence de l'Assemblée nationale n'ait
pas à lire les centaines de pages d'amendements sur lesquels, de toute façon,
on n'avait pas le droit de s'exprimer comme parti politique ici, parce qu'on
était en procédure de bâillon. Donc, on a épargné quelques heures de lecture
d'amendements sur lesquels on n'aurait pas pu intervenir. C'est ça, le
compromis qui a été fait, dans la mesure où on n'était plus du tout dans un
espace démocratique puisqu'on était en procédure de bâillon. Je trouve que
c'est un compromis très, très mince de ne pas avoir à imposer cette lecture-là
à la présidence de l'Assemblée nationale pour le gain qu'on vient de faire en
ce moment, là, de protéger 54 000 aînés de plus des évictions et des
reprises de logement à perpétuité, là. Donc, moi, je suis très à l'aise et je
pense que ce n'était pas un gros... un gros sacrifice à faire, bien
franchement.
M. Nadeau-Dubois : Juste...
Je pense qu'il faut se remettre dans le contexte aussi, là. On est face à un
gouvernement qui est majoritaire, qui est même supermajoritaire. Comme parti
d'opposition, avec 12 députés, on n'a pas le choix de négocier, on n'a pas
le choix de faire preuve d'originalité puis d'audace pour essayer de trouver
par tous les moyens des façons de faire avancer des dossiers puis d'améliorer
la vie des gens. C'est la nature même de notre travail comme députés de
l'opposition. C'est ce qu'on fait dans les commissions parlementaires, par
exemple, quand on essaie de faire passer un amendement. C'est ce qu'on a fait
tout au long du processus qui nous a menés à l'adoption de la loi sur les
évictions hier.
Dans ce processus-là, on se pose toujours
la question : Quel compromis on est prêt à faire puis quelles valeurs sont
non négociables? Puis dans tout ce processus-là, oui, on a négocié, oui, on a
fait des compromis ici et là, mais on a toujours été guidés par nos valeurs
fondamentales, puis ça nous a permis d'aller chercher une victoire importante.
Journaliste : Je reviens sur
les sondages. Dans les sondages, on voit que la population vous donne beaucoup
d'appuis en ce qui a trait à la crédibilité en environnement, la pauvreté.
C'est les deux éléments qui font que les gens ont confiance en vous dans ces
domaines-là. Par contre, lorsqu'on rentre dans le développement économique,
l'économie même, vous avez des croûtes à manger. Qu'est-ce que vous allez devoir
changer pour gagner en crédibilité et, justement, devenir peut-être un parti de
gouvernement?
Mme Labrie : Écoutez, quand
on se promène à travers le Québec, ce n'est pas juste les locataires qui nous
parlent de la crise du logement, c'est aussi les chambres de commerce. C'est
aussi les employeurs, à travers le Québec, qui nous disent que c'est un
problème pour eux et pour elles, le fait qu'il n'y ait pas de logement
disponible dans les régions. Donc, quand on parle de ces enjeux-là, le milieu
économique est très au courant que c'est le cœur des problèmes qu'ils vivent actuellement.
Ils ne sont pas capables d'attirer de la main-d'œuvre. En Gaspésie, par
exemple, les gens postulent sur un poste, ils obtiennent l'emploi et ils se
rendent compte qu'ils ne sont pas capables de trouver aucun endroit pour vivre,
ça fait qu'ils n'y vont pas. Ils reviennent d'où ils arrivaient. C'est ça qui
se passe en ce moment à travers le Québec.
Journaliste : ...par percoler
vos idées...
Mme Labrie : Bien, je pense
que ce qui est déjà en train de percoler actuellement, c'est une prise de
conscience de certains acteurs économiques que les enjeux de précarité sociale,
notamment en matière de logement, on peut parler d'itinérance également, ça a
un impact sur le développement économique à travers le Québec. Puis vous le
voyez, là, les acteurs économiques qui se positionnent sur l'itinérance, qui
trouvent que c'est un problème dans le centre-ville de Montréal, par exemple,
en ce moment, bien, ils ont pris connaissance, dans les derniers mois, à quel
point c'était important d'agir en amont pour éviter cette précarité-là.
Les liens, ils sont importants entre ces
différents dossiers-là. Nous, on les met en lumière régulièrement. Puis je
pense que le travail qu'on fait, au fil des années, permet à de plus en plus de
gens de comprendre les liens entre ces différents enjeux là. Quand on veut
lutter contre la précarité au Québec, ce n'est pas juste pour aider ces
personnes-là, c'est au bénéfice de toute la communauté, puis on va continuer à
le faire.
Journaliste : Bonjour. Simon
Carmichael pour Le Soleil. Tantôt, vous avez répondu que vous souhaitiez
laisser derrière les perturbations un peu, là, de la dernière session, que vous
souhaitiez une session plus calme à venir. Est-ce que, selon vous, là, tout ce
dossier-là, ce débat-là de la Déclaration de Saguenay, du virage pragmatique,
est-ce que c'est réglé chez Québec solidaire? Est-ce que c'est consommé comme
discussion?
Mme Labrie : Il y aura
toujours des débats à Québec solidaire. On est un parti qui a été fondé par des
gens qui aiment débattre. Vous allez continuer d'en voir. Et d'ailleurs ça fait
partie des raisons pour lesquelles chacun et chacune d'entre nous, on aime
s'impliquer dans ce parti. Il y a des processus très importants qui s'en
viennent dans les prochaines années, qui ont été adoptés lors de la dernière
instance à laquelle vous étiez présents. Notamment, l'actualisation du
programme va certainement amener des débats. La réforme des statuts va
certainement amener des débats. L'adoption de la prochaine plateforme
électorale également, et ça ne sera pas fini, même après, ça va continuer. Et
je trouve ça extrêmement sain d'avoir une formation politique au Québec qui
implique ses membres, qui sont au cœur des décisions, et qui se permet d'avoir
des débats comme ceux-là. On passe notre temps à réclamer des débats ici sur
différents enjeux, notamment, par exemple l'avenir énergétique du Québec,
comment faire face à la crise climatique, etc. Bien, si on n'est pas capable de
débattre au sein de notre propre parti, on ne sera jamais capables de le faire
avec les autres. Moi, je trouve ça très, très sain.
Journaliste : Parfait. Mais
vous convenez que la discussion, du moins, qu'il y a eu cette session-ci, ça a
été périlleux ou un peu, un peu... bien, M. Nadeau-Dubois, je vous vois
acquiescer. Je vais continuer ma question, là.
Mme Labrie : Bien que ce qui
a été... Bien, on va se le dire franchement, là, ce qui a été difficile pour
Québec solidaire cette session-ci, ça a été le départ d'Émilise. Ça a créé...
ça crée beaucoup de peine, à vrai dire, et c'est le meilleur mot que je peux
trouver chez les membres de Québec solidaire, parce qu'Émilise avait sa façon
bien à elle de parler du projet de société de Québec solidaire. On voyait en
elle quelqu'un qui nous aiderait à ancrer Québec solidaire dans les régions. Sa
voix dans l'espace politique québécois, elle était très importante et elle le
saura encore à l'avenir, j'espère. Donc, oui, ça a été éprouvant pour nous
qu'Émilise décide de prendre un pas de recul en ce moment. Mais les autres
débats qu'on a l'habitude de tenir vont continuer d'avoir lieu. Les émotions
qu'on a vécues à l'interne étaient surtout liées au départ d'Émilise.
Journaliste : Parfait.
Puis...
La Modératrice
: En
terminant.
Journaliste
: Oui. On a
vu des échanges, au cours de la session, assez acrimonieux, là, sur les réseaux
sociaux, en Chambre, là, dans les différents discours publics, notamment avec
le Parti québécois. Est-ce qu'au cours de cette session-ci vous considérez que
Québec solidaire et le Parti québécois se sont approchés ou éloignés? Puis,
considérant cette réponse-là, est-ce qu'une convergence indépendantiste, c'est
toujours à portée de main, selon vous?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
fait de la politique. Ça fait que, quand un parti politique fait une
proposition qu'on pense que ce n'est pas la bonne proposition pour le Québec,
bien, on le dit. Bien, quand les libéraux disent : Là, c'est vraiment
important de recommencer à faire de l'austérité, on le dit : On n'est pas
d'accord, on pense que ce n'est pas bon pour le Québec. Quand la CAQ nous
dit : Il ne faut pas permettre aux députés d'aller visiter des centres
jeunesse, alors qu'il y a des scènes terribles, bien, on le dit : On pense
que ce n'est pas une bonne... ce n'est pas une bonne orientation. Puis, quand
le Parti québécois fait des propositions avec lesquelles on n'est pas d'accord,
par exemple de réduire drastiquement et rapidement le nombre d'immigrants,
d'immigrantes au Québec, bien, on le dit. C'est juste ça. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. Pour ce qui est des relations dans l'avenir entre le Parti
québécois puis Québec solidaire, en ce moment, il n'y a pas de discussion, on
verra pour la suite.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Mme Plante.
Journaliste : Bonjour, Mme
Labrie. Si je peux me permettre, vous semblez vraiment très à l'aise dans votre
rôle de co-porte-parole féminine. Qu'est-ce qui est allé dans votre réflexion
pour... votre réflexion qui vous a mené à renoncer à occuper ce poste-là de
façon permanente?
Mme Labrie : Être
porte-parole, ce n'est pas la seule manière de faire cheminer ses idées à
Québec solidaire. Moi, je suis confiante que je suis capable de le faire sans
avoir besoin d'exercer cette fonction. Puis d'ailleurs j'ai senti avoir réussi
à le faire avec ce qu'on a adopté au dernier conseil national, c'était des
idées que j'avais moi-même portées dans la dernière année. Là, j'ai décidé de
prendre l'intérim parce qu'on vit... on a vécu, dans les dernières semaines, un
moment où on avait des remises en question à faire sur certaines façons dont on
fonctionne à Québec solidaire pour améliorer l'expérience de militantisme de
chaque personne qui s'implique à Québec solidaire. J'ai voulu participer à ça
dans cette période de transition et c'est... Ce qui m'a guidée, en fait, c'est
comment je peux être le plus utile à ce parti-là, et j'ai estimé que c'était en
allant prendre l'intérim, c'est tout.
Journaliste : Vous êtes à
l'aise, là. Est-ce que vous vous sentez à l'aise dans ce rôle-là?
Mme Labrie : Bien, moi, je me
sens à l'aise, mais je me sens aussi à l'aise comme députée. J'aime porter des
dossiers nationaux. C'est quelque chose que j'aime faire et qui me motive
beaucoup. Donc, je cherche toujours la meilleure façon de pouvoir faire avancer
notre projet politique. C'est ça qui guide mes choix.
Journaliste : M.
Nadeau-Dubois, oui, tantôt vous avez dit : Il y a eu des sondages qui ont été
bons, il y a eu des sondages moins bons, il y a eu des sondages moyens. Mais la
réalité, c'est que vous stagnez dans les sondages, c'est ça, la réalité. À quel
point la situation est-elle frustrante?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
le sait, tout le monde, qu'on a du travail à faire pour que Québec solidaire
passe à la prochaine étape puis qu'on se positionne comme une alternative au
gouvernement. Il nous reste du travail. C'est pour ça qu'on va procéder à une
actualisation de notre programme, c'est pour ça qu'on va revoir nos statuts.
Ces chantiers-là sont en cours. L'adoption de la Déclaration de Saguenay, c'est
un pas dans la bonne direction. On envoie un message fort aux régions du Québec
qu'on les a écoutées, qu'on va être encore meilleurs pour porter leurs
préoccupations. Donc, ce travail-là, il se poursuit.
Mais, pendant ce temps-là, on a un travail
à faire ici, puis ce travail-là, ce n'est de trouver les meilleures manières de
prendre un demi-point dans une sous-catégorie du prochain sondage, de Léger, là.
Notre travail, chaque jour, c'est de se dire comment on peut améliorer la vie
du monde. Il n'y a personne qui est en politique, à Québec solidaire, pour une
autre raison que celle-là. Et, malgré les turbulences qui ont été celles des
derniers mois, on se présente, devant vous, ce matin, avec la plus grande
avancée pour les locataires depuis que François Legault est premier ministre.
Ça, ce n'est pas des projections de vote, c'est des vies, au Québec, changées
pour vrai ici et maintenant.
La Modératrice : Merci. Mme
Paquette-Comeau.
Journaliste : Une petite
question... en fait, deux petites questions. La première, c'est : Vous
êtes très fiers de vos gains que vous avez faits à cette session-ci, avez-vous
peur que les gens se disent : Ah! tiens, tiens, ils sont très, très bons
dans l'opposition, et on aimerait peut-être les garder dans l'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
pense qu'on n'est pas... je pense qu'on n'est pas pires pantoute dans
l'opposition. Ça, ce bout-là de votre question, je suis bien d'accord. Je pense
qu'on serait... on serait encore meilleurs au gouvernement. Je pense qu'on a
une équipe qui n'est pas juste combative, qui n'est pas juste bonne pour poser
des questions, on a une équipe qui est crédible puis qui est compétente.
Prenons l'exemple d'Andrés, en matière de
logement. Andrés, ce n'est pas lui qui ouvre tous les bulletins de nouvelles,
c'est vrai, mais c'est un homme qui a dédié des années et des années de sa vie
à faire avancer la question du logement. Il a prêché dans le désert pendant un
mandat et demi. Il a mené des batailles au projet de loi n° 31, puis il le
sait, là, il en a perdu pas mal, de ces batailles-là, avant de finalement en
gagner une. C'est des gens comme ça qu'on a besoin en politique au Québec. Puis
on en a besoin, bien sûr, dans l'opposition, regardez le travail qu'ils sont
capables de faire, mais on en a encore plus besoin au gouvernement. Imaginez
Andrés ministre de l'Habitation. Imaginez.
Journaliste : Juste une
petite question rapide.
M. Nadeau-Dubois : Il y a
beaucoup de gens contents, il y a aussi quelques mécontents, mais je vous
laisse deviner de qui il s'agit.
La Modératrice : En
terminant.
Journaliste : Sur un autre...
sur un autre sujet, par rapport au rapport Grenier, je ne sais pas si vous avez
vu, ce matin, là...
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Journaliste : ...le PQ, là,
dit qu'il y a une impasse pour avoir le résultat, là, de ce rapport-là, que ce
soit public. Pensez-vous qu'il y a une impasse? Parce que ça fait un an, là,
que ça a été demandé. Pour vous, le fait qu'on n'a toujours pas connaissance de
ces documents-là, qu'est-ce que ça vous dit?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nous, on fait partie du consensus fort qui dit que les Québécois et les
Québécoises ont le droit de savoir ce qui s'est passé en 1995. Il faut trouver
une voie de passage. La solution avancée par le Parti québécois, ce matin, nous
apparaît intéressante. On est prêts à en discuter.
La Modératrice : Mme Senay.
Journaliste :
Bonjour. The creation of this committee
to extend, increase the autonomy of Quebec within Canada, for you, is it
Premier Legault admitting defeat or he's being strategic after being... after
six years being in power?
M. Nadeau-Dubois :
Well, if he had results after six
years, he wouldn't have needed that committee. So, at face value, it's an
admission that the results are not there yet. Our position is well-known. We
want all powers in Québec, and we know the way to do that is to get independence.
And we will judge the results when we will see them. But, for the time being,
there are none.
Journaliste :
The... To what extent are you nostalgic
of that period when you were Premier Legault's first target?
M.
Nadeau-Dubois :
Well, I'm quite the target sometimes, still. I don't feel like I'm
not anymore never the target. But, you know, I don't know how to really answer
that question. But when I look at the work the team is doing, I'm very, very
proud to be here. I'm very proud to be a part of this team.
I mean, I'm sorry to come
back with this, but it's very hard, as an opposition party, to start a session
by having an objective saying: Our goal is to get victories on housing. It's
very rare to be able to say, four, five months after that, that we actually did
it. It's very rare. I've never seen that as an elected member of Parliament in
the opposition. The fact that we did this that session has more value for us
and for me that anything else, polls, analysis, or the dynamics during the
question period. The fact that we are changing the life of people is what is
the most precious for us as a team.
La Modératrice :
Madame...
Journaliste :
You said it yourself, «ça a brassé», «ça
a brassé» within your team as well. What are you going to do as a team over the
course of the summer to sort of refresh, regather? And what kind of Québec
solidaire can people expect at the beginning of the session?
M.
Nadeau-Dubois :
You know, I think it would have been foolish to try to hide the fact
that there were ups and downs in the last months for us, but what we want
to put the emphasis on is, despite those ups and downs, we actually delivered a
real change in the life of people. There is nothing more valuable in politics
than that, nothing.
During the summer, I think we all need to
rest, because politics can be hard, sometimes. We will have the time to meet
amongst ourselves to reflect on the future of Quebec solidaire. There is a big
task in front of us, to renew our program, to change our internal constitution.
We will work on that during the summer, but we will also rest, and I think
everyone deserves it.
Journaliste : And you
mentioned that last session you gave yourselves the goal to have gains in
housing. So, what will the goal for this next session be?
M. Nadeau-Dubois : Well, this
is one of the things we will think about during the summer, but I can give you
already one thing. My colleague Andrés tabled a new bill saying that housing
has to be recognized in Quebec as a right, as a human right in our Quebec
Charter of Rights and Freedoms. We know that the Parti Québécois already shares
that position with us. This certainly will be on the table for us next session,
but we will also take the summer to think about our match plan. Our values will
stay the same.
Journaliste
: Merci.
Journaliste : Hello.
M. Nadeau-Dubois : Hello.
Journaliste : If Québec
needs to be a more successful State within Canada, what type of attitude should
Premier Legault have going into his meeting with Mr. Trudeau on Monday?
M. Nadeau-Dubois : We want to
see results. We don't want to see PR, we want to see results. Results, of
course, on immigration issues, but also results on the issue of dental care.
There is, right now, an untenable situation in Quebec where we have two
parallel systems of dental care. This is not good for ordinary people that just
want to have good and affordable dental care. There is a double system. It's
creating confusion, chaos on the ground, we expect results on that front
Monday.
Journaliste : With results,
though, what type of attitude should he be going into... and what message
should he be caring?
M. Nadeau-Dubois : Well, he
should ask for the only reasonable thing. We should take back the program, the
federal program of dental care in Quebec to expand it and make it a universal
dental care program for Quebeckers.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Ça met fin à notre point de presse.
M. Nadeau-Dubois : Merci.
(Fin à 9 h 14)