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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’administration gouvernementale et pour le Conseil du trésor

Version finale

Friday, June 7, 2024, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trente-deux minutes)

La Modératrice : Merci. Bonjour. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole, tout d'abord, Christine Labrie, suivi de Gabriel Nadeau-Dubois, tous ceux porte-parole de Québec solidaire. On posera les questions par la suite.

Mme Labrie : Bonjour, tout le monde. Moi, ça fait six ans que je suis ici et je ne me souviens pas d'une session parlementaire où Québec solidaire à livré autant de gains pour le Québec.

On vient d'adopter hier un projet de loi sur les évictions à l'unanimité. C'est un travail d'équipe et c'est surtout le couronnement de cinq ans de travail acharné de la part de mon collègue Andrés Fontecilla, Andrés qui a mobilisé les associations d'aînés, des groupes en matière de logement, qui n'a pas lâché le téléphone pour mobiliser tout le monde sur plusieurs années, convaincre les autres partis. Il a livré un gain historique pour tous les locataires à travers le Québec. Ça ne s'arrête pas là. Ma collègue Alejandra Zaga Mendez, elle est rentrée à l'Assemblée nationale après sa tournée Creuse pas chez nous, sur les claims miniers, et elle a exigé plus de protection, plus d'encadrement. Elle a fait des gains majeurs dans le récent projet de loi qui a été déposé sur les mines.

Main dans la main avec les femmes sur le terrain, Ruba a réussi à débloquer des projets de maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence. Sol a livré un gros gain pour les gens de Québec avec la transformation de l'autoroute Dufferin-Montmorency en boulevard urbain enfin. Il travaillait là-dessus depuis sa première élection. Etienne a réussi à ramener de l'équilibre, un équilibre essentiel entre la protection des élus et la protection de la liberté d'expression des citoyens également. C'est aussi grâce à lui que le mois de mai devient officiellement le Mois du vélo. Grâce au travail d'Haroun, il y a 77 000 travailleurs à la retraite, des personnes invalides qui vont toucher leur pleine rente du RRQ. Alexandre a permis aux travailleurs de la construction de négocier leur rétroactivité salariale, ils pourront le faire pour la prochaine négociation pour la première fois dans leur histoire.

Vincent a dénoncé le monnayage de l'accès aux ministres pour les élus municipaux et il a porté la parole des Québécois qui sont tannés de payer deux fois pour des soins de santé. Guillaume s'est mobilisé pour permettre à une famille d'Ange-Gardien de rester au Québec, puis ici, à l'Assemblée nationale, et partout, d'ailleurs, dans l'espace public, il a ramené une bonne dose de faits sur le débat en immigration, et on le remercie pour ça. Et la dernière, mais non la moindre, Manon qui se bat depuis deux ans avec les aînés de Mont-Carmel qui ont finalement eu gain de cause ce printemps. Ça fait vraiment du bien de revoir Manon avec nous après... après quelques absences.

Moi, ça me rend vraiment fière plus que jamais, tout le travail qu'on a fait cette session. On a livré des gains importants pour les Québécois et les citoyens qu'on représente.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Christine. Bonjour, tout le monde. On se posait la question, Christine et moi, plus tôt cette semaine : Comment résumer cette session de Québec solidaire en une phrase? On s'est dit : Ça a brassé, mais on a livré. Je pense que ça résume bien les derniers mois ici, au Parlement, pour Québec solidaire.

On est rentrés au mois de janvier, vous étiez là, et on a dit : Il faut que ce soit la session du logement, il faut que ce soit la session où on trouve des solutions à la crise de l'habitation. Vous étiez là quand on a convié tous les partis politiques à prendre leurs responsabilités, à travailler ensemble pour qu'on aide les Québécois puis les Québécoises dans cette crise qui est devenue une vraie urgence nationale. Et vous en êtes témoins, on n'a jamais lâché ce morceau-là. On est maintenant au mois de juin, quelques mois plus tard, et les résultats sont là. Christine et Andrés ont livré la plus grande avancée pour les locataires depuis que François Legault est premier ministre du Québec. On a gagné trois ans de congé d'éviction pour tous les locataires partout au Québec. Ce n'est pas rien. On a gagné un élargissement permanent de la loi Françoise David, 54 000 personnes aînées qui vont pouvoir vieillir paisiblement chez eux.

Christine et moi, on était à Granby il y a quelques semaines, on rencontrait justement des femmes aînées menacées d'éviction. Quand on a adopté le projet de loi hier, moi, j'ai pensé à ces femmes-là, je me suis dit : Elles sont maintenant protégées. Quelle belle victoire! Vous nous avez vu aux côtés de Jonathan Simard, un homme de Shawinigan qui était menacé, lui et ses quatre petits gars, d'une éviction. Bien, Jonathan, il est maintenant protégé lui aussi, lui et ses quatre petits gars vont pouvoir dormir sur leurs deux oreilles.

Bien sûr, la crise de l'habitation est loin d'être réglée, hein? Il va prendre... Ça va prendre beaucoup plus que ça pour qu'on sorte le Québec de la crise du logement. Il reste encore beaucoup trop de drames humains. Mais on a, cette session-ci, à Québec solidaire, fait ce que très peu de partis politiques, dans l'opposition, ont été capables de faire dans les dernières années au Québec, convaincre le gouvernement de reprendre intégralement certaines de nos propositions dans un projet de loi et travailler en collaboration avec lui pour le faire adopter rapidement. Ce que Christine et Andrés ont fait, cette session-ci, pour le Québec, pour la crise du logement, je trouve ça admirable. Alors, oui, on ne fera pas semblant, c'est vrai que ça a brassé dans les derniers mois. Le départ d'Émilise nous a ébranlés, moi, le premier. Ça a provoqué des débats, des débats plus larges à l'intérieur de Québec solidaire, et c'est correct. On est un parti démocratique, moi, j'en suis fier. Je suis fier de notre parti, je suis fier de notre équipe.

À chaque fin de session, les partis doivent se poser une question : Est-ce qu'on a réussi, dans les derniers mois, à livrer des changements pour la vie des Québécois puis des Québécoises? C'est facile à faire, ça, en tout cas, c'est plus facile à faire quand on est au pouvoir, quand on est dans l'opposition, c'est tout un défi. Bien sûr, je vais laisser les autres partis faire leur bilan. Mais, à Québec solidaire, la réponse à cette question-là, c'est un énorme oui, et, Christine et moi, on en est énormément fiers. Merci, tout le monde. On va prendre vos questions.

La Modératrice : Merci beaucoup. Donc, merci de vous concentrer à une question, une sous-question. M. Laforest.

Journaliste : Bonjour à vous.

M. Nadeau-Dubois : Bonjour.

Journaliste : Aujourd'hui, le gouvernement va annoncer un comité pour mieux défendre son nationalisme à l'intérieur du fédéralisme. Vous qui êtes un parti indépendantiste, est-ce que vous allez l'appuyer là-dedans?

M. Nadeau-Dubois : Bien, la CAQ se dit d'un nationalisme de résultat. Moi, ce que je vois, c'est surtout un nationalisme d'apparat. Donc, on crée des comités, on fait des réunions, on met en scène des grandes discussions, mais il y a très, très peu de résultats sur la table, dans aucun des dossiers, par ailleurs. On parle beaucoup d'immigration, mais parlons des soins dentaires. Il n'y a encore, au Québec, toujours pas d'entente pour qu'on rapatrie le programme de soins dentaires au Québec, puis qu'on s'assure que tous les Québécois, toutes les Québécoises aient accès à des soins dentaires de qualité.

Donc, on va juger l'arbre à ses fruits, mais, d'entrée de jeu, ça m'apparaît être plus des relations publiques que des résultats, encore une fois.

Journaliste : Un des reproches qui est venu de la branche d'Option nationale, c'est que vous n'avez pas assez parlé d'indépendance au cours des derniers mois. Lors de votre conseil général à Saguenay, il y a eu une proposition pour mettre de l'argent, pour promouvoir davantage l'indépendance. Il y a quelqu'un de votre parti qui s'est levé, qui a dit : On ne peut pas aller là, on n'a pas d'argent. Donc, vous êtes un peu condamné à... C'est vrai?.

M. Nadeau-Dubois : ...

Journaliste : O.K. Je veux juste être sûr...

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas contre vous... 

Journaliste : ...je veux juste être sûr que...

M. Nadeau-Dubois : ...ce n'est pas contre vous, c'est juste...

Journaliste : ...j'ai bien vu ce que j'ai vu à Saguenay. Donc...

Mme Labrie : C'est parce qu'on vous avait vu venir...

M. Nadeau-Dubois : Exact, c'est ça...

Journaliste : ...vous l'avez préparé?

M. Nadeau-Dubois : Non, même pas, parce que, moi, je pensais...

Journaliste : ...j'attends de voir la réponse préparée. J'attends de voir la réaction non verbale de M. Zanetti d'ailleurs. Ce que je veux savoir, c'est : En faites-vous assez, la promotion de la souveraineté, compte tenu que vous voulez l'indépendance comme le Parti québécois, puis vous êtes un peu à l'encontre du nationalisme que défend François Legault?

M. Nadeau-Dubois :  On a lancé, dans la dernière année, la campagne Nouveau Québec, que Ruba porte sur ses épaules de manière admirable. On fait une tournée du Québec pour parler d'indépendance. Pour ce qui est de ce qui s'est passé au conseil national, c'est important de bien présenter les choses, là. Il y avait un débat sur : Est-ce que les fonds doivent venir des associations locales ou venir du national? Les délégués du conseil national ont préféré dire : On laisse les associations locales contribuer. Ce n'est pas... Ce n'est d'aucune manière un désaveu ou un manque d'intérêt pour cette campagne-là qui, au contraire, continue, va continuer cet automne. Je vais d'ailleurs m'y impliquer. On a des événements prévus avec Ruba. Donc, c'est un enjeu qui est fondateur à Québec solidaire.

Journaliste : À fond, le pays.

M. Nadeau-Dubois : Pardon?

Journaliste : À fond, le pays.

M. Nadeau-Dubois : À notre manière, à notre manière.

La Modératrice : Monsieur...

Journaliste : Oui. Bonjour. Comptez-vous participer à l'initiative d'identifier des pouvoirs que pourrait exercer le Québec, qui sera annoncée par le premier ministre du Québec aujourd'hui?

Mme Labrie : Bien, écoutez, nous, ce qu'on souhaite, c'est exercer tous les pouvoirs à Québec solidaire. On fait régulièrement des propositions de choses qu'on pourrait faire avant d'avoir atteint l'indépendance. Encore hier, on questionnait le gouvernement sur pourquoi ils ne donnent pas eux-mêmes des autorisations temporaires de travail pour les demandeurs d'asile, parce que le gouvernement fédéral ne traite pas ça assez rapidement. Donc, des idées, on n'en manque pas, là, pour aller chercher davantage de compétences. Puis, oui, on va continuer de faire des suggestions, tout en ayant à l'esprit que la vraie manière d'avoir tous nos leviers de pouvoir, c'est l'indépendance du Québec.

M. Nadeau-Dubois : Puis peut-être juste dire qu'on ne connaît pas aucune des modalités encore de ce qui va être annoncé. Alors, est-ce qu'il y aura possibilité pour les partis d'opposition de contribuer ou pas? On n'a pas cette information-là à ce stade-ci.

Journaliste : Oui, on a beaucoup parlé de votre virage pragmatique au cours du printemps, de l'hiver. Comment qualifiez-vous le virage, s'il y en a un, du gouvernement caquiste? Vous avez dit que beaucoup de mesures ont été finalement annoncées, adoptées grâce à la pression que vous avez exercée, notamment sur le logement. Est-ce que la CAQ a fait un virage idéaliste, socialiste, de gauche?

Mme Labrie : Bien, j'aurais... d'emblée, ma réponse serait de vous dire qu'ils tournent souvent sur eux-mêmes plus qu'autre chose. Sur ce dossier-là, en matière de logement, on a réussi à leur faire comprendre l'ampleur de la crise et le fait que ça se répercute sur tous les autres ministères, le fait qu'il n'y avait pas d'action, en matière de logement, pour aider les locataires. Donc, moi, je suis vraiment heureuse qu'on ait réussi à les faire cheminer là-dessus. Vous avez vu à quel point on est fiers de ce gain-là. C'est vrai que c'est difficile, dans l'opposition, de faire des gains pour changer réellement la vie des gens, et c'est chose faite en ce moment.

Journaliste : Vous avez été écoutés.

Mme Labrie : On a été écoutés. Par ailleurs, on est très conscients que la crise du logement n'est pas réglée avec ce projet de loi là. Et c'est pour ça que j'ai dit régulièrement, dans les derniers jours, avec mes collègues aussi, qu'on va continuer de proposer des solutions pour la régler, cette crise, parce que le moratoire, s'il prend fin dans trois ans, puis que ça... ça n'a pas bougé, on ne sera pas plus avancés. Donc, on est contents qu'ils aient cheminé sur ce dossier-là. Sur beaucoup d'autres dossiers, on a quand même l'impression qu'ils font des boucles sur eux-mêmes de manière régulière, là.

Journaliste : O.K. Dans le... les grands guides, corpus du droit du logement, il y a la loi Françoise David. La loi France-Élaine Duranceau, elle est où, au-dessus, en dessous, à côté?

Mme Labrie : C'est quoi, le sens de votre question?

Journaliste : Bien, d'est quand même une loi que... bien, vous l'avez saluée, là, donc on peut la mettre au même... on peut la mettre sur un pied d'égalité avec la loi Françoise David, la loi France-Élaine Duranceau?

Mme Labrie : Juste, pour vous... C'est quoi, pour vous, la loi France Élaine Duranceau, c'est la loi 31 ou c'est celle qu'on vient de faire hier?

Journaliste : C'est celle qu'on vient d'adopter, celle qui impose un moratoire de trois ans ou jusqu'à ce que le taux d'occupation dépasse le...

Mme Labrie : Moi, je vais l'appeler la loi sur le moratoire, cette loi-là, la loi...

Journaliste : Ah! vous ne voulez pas l'appeler la loi France-Élaine Duranceau?

Mme Labrie : Bien, ils l'appelleront comme ils veulent. Moi, je vais l'appeler comme ça.

Journaliste : O.K.

M. Nadeau-Dubois : Bien, peut-être juste, sérieusement, tu sais, je pense que, comment dire, il y avait beaucoup de sceptiques dans la salle. Il y avait beaucoup de sceptiques dans la salle, il y a quelques mois, quand Christine, Andrés, Alexandre, l'équipe, moi, on disait : Il y a une opportunité d'élargir la loi Françoise David, on est capables de convaincre le gouvernement. Il y avait beaucoup de sceptiques dans la salle. Aujourd'hui, on se présente devant vous en bilan de fin de session puis on est capables de dire : Malgré les turbulences, et elles sont réelles, personne ne peut les nier, on a livré le plus grand gain pour les locataires du Québec depuis que François Legault est premier ministre.

Ça fait que, je... Ça fait une démonstration éclatante de l'utilité de Québec solidaire en politique, de l'utilité de Québec solidaire dans l'opposition. Et c'est sûr que la question qui vient ensuite, c'est : Imaginez ce qu'on pourrait faire si on était au gouvernement. Donc, cette avancée-là qu'on est allé chercher, elle vient du travail de notre équipe, en alliance, bien sûr, avec les groupes d'aînés, avec les groupes de logement, avec les groupes de la société civile qui se sont mobilisés avec nous. Mais je pense qu'aucun observateur sérieux ne pourrait soutenir l'idée que ce serait arrivé si Québec solidaire n'avait pas été là. Tu sais, je pense que c'est assez objectif de dire que ce projet de loi là, c'est le fruit, en bonne partie, du travail de notre équipe, puis c'est l'occasion d'un bilan. Donc, pour nous, c'est le fait saillant, puis on veut le souligner.

Mme Labrie : Exact. La loi France-Élaine Duranceau, pour moi, c'est la loi 31, là. Celle qu'on convient d'adopter cette semaine, ce n'était pas à son initiative, elle s'est ralliée.

Journaliste : Bonjour. Moi, je vais faire un petit jeu avec vous ce matin, qu'on fait souvent au jour de l'an, j'aimerais ça que vous nommiez une chose que vous souhaitez laisser derrière vous et une chose que vous souhaitez amener avec vous dans la prochaine session parlementaire.

Mme Labrie : Nous laissez vous une couple de secondes de penser à ça? Quelque chose qu'on souhaite laisser derrière nous... Vas-y.

M. Nadeau-Dubois : J'ai une idée, écoute, c'est sûr qu'on souhaite une prochaine session plus sereine, plus calme sur le plan interne. Je pense que c'est juste honnête que de le souligner. Puis ce qu'on souhaite amener avec nous, bien, c'est le caractère constructif de notre action politique cette session-ci. Je mets... Je peux peut-être lancer un défi amical aux gens qui commentent la politique québécoise : C'est quand, la dernière fois, qu'un parti d'opposition a réussi, en quelques mois, à faire réorienter un gouvernement, complètement, et en... et à collaborer en amont du dépôt d'un projet de loi pour aller chercher des victoires... pas cosmétiques, là, 54 000 aînés qui peuvent vieillir en sécurité, ce n'est pas... ce n'est pas une coquetterie, là, c'est des vies qui ont été changées.

Donc, moi, je souhaite qu'on amène ça avec nous dans la prochaine session. On vient de déposer un projet de loi sur le droit au logement. Est-ce que ce projet de loi là sera l'occasion d'une nouvelle collaboration puis d'un nouveau gain? On verra. Mais cet esprit constructif puis cette volonté de livrer la marchandise, ça, je pense que c'est ce qu'on veut garder avec nous pour la prochaine session.

Journaliste : O.K. Puis avez-vous pris une résolution, si on reste dans la même veine?

Mme Labrie : La résolution, c'est de continuer de proposer des solutions concrètes aux problèmes des Québécois, de régler les crises qu'on traverse au Québec. Vous allez nous voir constructifs encore dans les prochains mois pour faire ça, comme on vient de le faire avec le projet de loi n° 65. C'est ce travail-là qui motive notre présence ici, à l'Assemblée nationale.

La Modératrice : Merci beaucoup. M. Lecavalier.

Journaliste : Oui. Bonjour. Bon. Maintenant que la Déclaration de Saguenay est adoptée, ça change un peu votre... ce que vous vous portez politiquement. Puis je me demandais, avec la réforme qu'a proposée M. Fitzgibbon, hier, de construire du développement énergétique dans les régions du Québec, de créer beaucoup d'emplois avec la filière éolienne, et tout, peut-être aussi des barrages, là, on ne sait pas encore, est-ce que là, soudainement, ça vous intéresse davantage, là, tu sais, le concept de jobs payantes en région, même si ça peut avoir un impact, à certains égards, sur l'environnement?

Mme Labrie : Je...

Journaliste : Bien, est-ce que...

Mme Labrie : Bien, c'est-à-dire que le principe même de la Déclaration de Saguenay, c'était de reconnaître l'importance de ces secteurs d'emploi là dans les différentes régions du Québec, là. Ça y figurait quasiment mot pour mot, donc ça ne dépendait pas du projet de loi du ministre Fitzgibbon.

Journaliste : Non, mais justement... Mais, je veux dire, par rapport... Est-ce que ça vous enthousiasme, sa vision, de M. Fitzgibbon?

Mme Labrie : Je ne dirais pas ça comme ça, non. On a d'ailleurs plusieurs inquiétudes. Vous allez beaucoup entendre mon collègue Haroun intervenir là-dessus dans les prochains mois. On a des débats importants à avoir au Québec sur l'avenir énergétique. Ce qu'on souhaite, c'est que les communautés soient impliquées là-dedans. C'était au cœur de la Déclaration de Saguenay, que les communautés soient impliquées dans les décisions qui concernent leur territoire. L'avenir énergétique du Québec va avoir un... et les décisions qui vont être prises, à cet égard-là, vont avoir un impact sur les différentes régions, et elles doivent être parties prenantes du processus. C'est ce qu'on va faire valoir ici, à l'Assemblée nationale. C'est l'engagement qu'on a pris avec la Déclaration de Saguenay.

Journaliste : On vous entend dire... Bien, excusez-moi, vous vouliez ajouter quelque chose.

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est juste que la question, ce n'est pas tant : Est-ce qu'on est pour ou contre le développement énergétique? Il va falloir du développement énergétique au Québec, il y a un consensus là-dessus. La question, c'est : Quel développement, de quelle manière et pour répondre à quels besoins? Est-ce que c'est un développement qui se fait pour répondre aux besoins du Québec, des Québécois, des Québécoises, ou c'est un développement qui se fait pour répondre aux besoins des entreprises multinationales triées sur le volet par M. Fitzgibbon? Donc, je ne pense pas qu'on voit ça comme un débat pour ou contre du développement énergétique. Il faudra certainement en faire pour atteindre la carboneutralité. La question c'est : Comment et au bénéfice de qui?

Journaliste : Bon. Vous avez marqué, là, tous les coups que vous... les bons coups de votre session parlementaire, puis de la façon dont vous avez été capables d'influencer le gouvernement. Puis, bon, je sais que ça vous énerve un peu, des fois, qu'on parle des sondages, mais est-ce que...

M. Nadeau-Dubois : Jamais!

Journaliste : ...est-ce que ça vous donne l'impression que vous vous retrouvez un petit peu dans la position... vous êtes comme le NPD du Québec, là, vous avez un pouvoir d'influence sur le gouvernement, mais vous êtes un peu la... l'espèce de voix mais que, dans les faits, vous n'avez pas vraiment de chemin pour aspirer au pouvoir?

M. Nadeau-Dubois : Tu sais, au début de la session, on a eu de bons sondages, il y en a eu des moins bons, il y en a eu des moyens. Au jour d'aujourd'hui, là, moi, ce que je retiens, c'est que, malgré ces variations-là, qui sont réelles, on se présente devant vous en disant : On a amélioré la vie de dizaines de milliers d'aînés puis de centaines de milliers de locataires. Puis, notre travail, c'est ça. Notre travail, ce n'est pas d'aller chercher un point dans un sondage Léger, c'est d'améliorer la vie du monde. Les élections sont dans plus de deux ans. Il y a des réflexions qui se poursuivent, c'est bien connu, à Québec solidaire, sur comment passer à la prochaine étape. Mais au jour d'aujourd'hui, là, on fait un exercice de bilan parlementaire. On est satisfaits des gains qu'on a livrés pour le Québec.

Mme Labrie : Je veux rajouter quelque chose là-dessus.

M. Nadeau-Dubois : Oui, vas-y, bien sûr.

Mme Labrie : Je ne sais pas si vous réalisez à quel point la position qu'on a comme députés de l'opposition, elle est extrêmement difficile, parce qu'on est surexposés aux problèmes que les gens vivent et aux solutions que les gens développent sur le terrain pour les régler. Et on est dans une posture où on n'est pas décisionnels pour mettre en œuvre ces solutions-là. On veut régler les problèmes des gens, on connaît les problèmes des gens, on passe notre temps à les rencontrer sur le terrain. Quand on réussit à faire un gain comme ce qu'on vient de faire, là, et à faire une différence dans la vie de millions de personnes pour plusieurs années, c'est extraordinairement motivant, je vous dirais, parce que tous les jours, on est confrontés à de la détresse humaine importante.

En matière de logement, ça a été majeur, ce dont on a été témoins dans les dernières années, et on avait hâte de pouvoir changer la vie des gens là-dessus. C'est vraiment ça qui motive notre travail. Parce que, quand on revient dans nos circonscriptions, on s'en retourne tous dans nos circonscriptions, là, dans les prochains jours, on est exposés à des gens qui vivent des problèmes graves en matière de logement, en matière d'accès aux soins de santé, en matière de services dans le système d'éducation. On pourrait décliner cette liste-là longuement, des gens qui vivent des impacts des changements climatiques.

On veut apporter des solutions pour les gens et, quand on réussit à le faire dans l'opposition, ça tient presque du miracle. Donc, on est très fiers du travail qu'on a fait en ce moment.

La Modératrice : M. Carabin.

Journaliste : Oui. Bien, mon collègue parlait du NPD canadien, qui, évidemment, a de la difficulté à se sortir de... ou avancer dans l'opinion publique, si on veut, mais, ailleurs au Canada, il y a quand même des partis de gauche, des nouveaux partis démocratiques, qui ont eu du succès dans les dernières années. Je pense au Manitoba, Wab Kinew qui a été élu récemment, la Colombie-Britannique. En Alberta, je pense que, dans les sondages, là, on est au coude à coude avec le parti de Danielle Smith. Qu'est-ce qui... Comment ça se fait que vous, comme parti de gauche, vous ne pouvez pas avancer dans les sondages comme ces partis-là l'ont fait dans les dernières années?

Mme Labrie : Comme parti de gauche, on fait certainement avancer le Québec, actuellement. On fait avancer les mentalités au Québec. On fait avancer les politiques sociales des gouvernements qui sont en place, depuis que Québec solidaire est présent à l'Assemblée nationale, on a contribué à ça. Et effectivement, le jour où on sera au gouvernement, on fera avancer le Québec encore plus vite dans cette direction-là. Et moi, j'y crois encore, sinon je ne viendrais pas ici, là, toutes les semaines.

La Modératrice : En terminant.

Journaliste : O.K. Mais, plus spécifiquement, dans les sondages, dans les résultats politiques, il y a des résultats, là, en Alberta, au Manitoba, dans les dernières années. Au Québec, Québec solidaire ne réussit pas à s'imposer de cette façon-là.

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, les résultats, on les connaîtra en 2026. En 2022, les résultats n'ont pas été à la hauteur de nos attentes. On a résisté à la vague caquiste. On était à peu près les seuls dans l'opposition à le faire. Bien sûr, ce n'est pas suffisant. On a tous et toutes plus d'ambition que ça pour Québec Solidaire. Mais les résultats, c'est ceux de 2026, il y a des grandes étapes qui s'en viennent. Nos membres ont décidé d'actualiser notre programme, on est au cœur aussi d'une réforme de nos statuts.

Donc, le travail pour faire passer Québec solidaire à la prochaine étape, là, il continue, puis c'est un travail qu'on fait avec nos membres. Les députés contribuent à ça, mais c'est un travail dans lequel l'ensemble du parti s'est engagé. On est loin de la coupe aux lèvres. On sait qu'il nous reste du travail à faire pour former un gouvernement puis on est engagés dans ce processus-là avec nos membres.

La Modératrice : En terminant.

Journaliste : M. Nadeau-Dubois, vous avez souhaité une session plus sereine. Bon. On ne se cachera pas que ça a été des mois où vous avez été quand même dans... sous le feu des projecteurs. Dans quelle mesure est-ce que vous souhaitez être plus effacé dans les prochains mois, mais aussi dans les prochaines années, comme co-porte-parole de Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je souhaite avoir la place que les membres de mon parti et de mon équipe souhaitent que j'aie. Je ne veux pas prendre une place qui ne me revient pas ou une place qui n'est pas souhaitée par les membres de mon parti puis les membres de mon équipe. La seule place que je souhaite avoir, c'est celle que l'équipe et le parti souhaitent que je prenne.

La Modératrice : Merci beaucoup. M. Lachance.

Journaliste : Bonjour.

M. Nadeau-Dubois : Bonjour.

Journaliste : Afin d'élargir la loi Françoise David, vous avez sans doute dû faire des concessions. Quelles sont-elles? Et, quand on fait ce genre de concessions puis qu'on plie parfois sur nos principes, est-ce que c'est ça, pour faire avancer des dossiers, là, est-ce que c'est ça, être un gouvernement plus pragmatique ou un parti de gouvernement plus pragmatique?

Mme Labrie : Vous savez, Françoise David elle-même, quand elle avait fait adopter la première mouture de cette loi-là, en 2016, elle en avait fait, des compromis. C'est la raison pour laquelle c'était 70 ans, par exemple, qui était l'âge prévu à l'époque. Évidemment qu'on savait déjà, à l'époque, là, que c'était 65 ans, l'âge de la retraite puis l'âge à partir duquel les personnes ont des revenus qui stagnent davantage puis sont plus à risque. Elle avait fait ce compromis pour aller chercher un consensus.

Bon, là, on a fait des gains importants sur l'âge. On a fait un gain important aussi sur le revenu d'admissibilité pour cette mesure-là. On n'a pas réussi à progresser, cette fois-ci, sur le nombre d'années qu'une personne vit dans son logement, on voulait que ce soit abaissé à cinq ans, c'est resté à 10 ans. On a...

Journaliste : Mais des concessions à la base, là, il y a eu des négociations lors du bâillon, qui ont, premièrement, fait réapparaître le projet de loi, qui s'est transformé, après ça, dans un projet de loi gouvernemental. Ça a été un long parcours, là, donc...

Mme Labrie : Bien, si c'est ça que vous voulez, oui. Oui, oui.

Journaliste : Non, non, mais donc, il s'est passé beaucoup de choses pour en arriver à l'adoption de ce projet de loi là.

Mme Labrie : Oui, oui.

Journaliste : Donc, il y a eu des débats internes, il y a eu des concessions. Vous avez accéléré le bâillon, donc vous avez pilé sur certains principes, qui, habituellement...

Mme Labrie : Bien, écoutez, je vais vous répondre...

Journaliste : ...ne définit pas Québec solidaire pour en arriver à ça.

Mme Labrie : ...je vais vous répondre. Ce qu'on a négocié, lors du bâillon, pour obtenir de faire cheminer ce projet de loi là, c'était que la présidence de l'Assemblée nationale n'ait pas à lire les centaines de pages d'amendements sur lesquels, de toute façon, on n'avait pas le droit de s'exprimer comme parti politique ici, parce qu'on était en procédure de bâillon. Donc, on a épargné quelques heures de lecture d'amendements sur lesquels on n'aurait pas pu intervenir. C'est ça, le compromis qui a été fait, dans la mesure où on n'était plus du tout dans un espace démocratique puisqu'on était en procédure de bâillon. Je trouve que c'est un compromis très, très mince de ne pas avoir à imposer cette lecture-là à la présidence de l'Assemblée nationale pour le gain qu'on vient de faire en ce moment, là, de protéger 54 000 aînés de plus des évictions et des reprises de logement à perpétuité, là. Donc, moi, je suis très à l'aise et je pense que ce n'était pas un gros... un gros sacrifice à faire, bien franchement.

M. Nadeau-Dubois : Juste... Je pense qu'il faut se remettre dans le contexte aussi, là. On est face à un gouvernement qui est majoritaire, qui est même supermajoritaire. Comme parti d'opposition, avec 12 députés, on n'a pas le choix de négocier, on n'a pas le choix de faire preuve d'originalité puis d'audace pour essayer de trouver par tous les moyens des façons de faire avancer des dossiers puis d'améliorer la vie des gens. C'est la nature même de notre travail comme députés de l'opposition. C'est ce qu'on fait dans les commissions parlementaires, par exemple, quand on essaie de faire passer un amendement. C'est ce qu'on a fait tout au long du processus qui nous a menés à l'adoption de la loi sur les évictions hier.

Dans ce processus-là, on se pose toujours la question : Quel compromis on est prêt à faire puis quelles valeurs sont non négociables? Puis dans tout ce processus-là, oui, on a négocié, oui, on a fait des compromis ici et là, mais on a toujours été guidés par nos valeurs fondamentales, puis ça nous a permis d'aller chercher une victoire importante.

Journaliste : Je reviens sur les sondages. Dans les sondages, on voit que la population vous donne beaucoup d'appuis en ce qui a trait à la crédibilité en environnement, la pauvreté. C'est les deux éléments qui font que les gens ont confiance en vous dans ces domaines-là. Par contre, lorsqu'on rentre dans le développement économique, l'économie même, vous avez des croûtes à manger. Qu'est-ce que vous allez devoir changer pour gagner en crédibilité et, justement, devenir peut-être un parti de gouvernement?

Mme Labrie : Écoutez, quand on se promène à travers le Québec, ce n'est pas juste les locataires qui nous parlent de la crise du logement, c'est aussi les chambres de commerce. C'est aussi les employeurs, à travers le Québec, qui nous disent que c'est un problème pour eux et pour elles, le fait qu'il n'y ait pas de logement disponible dans les régions. Donc, quand on parle de ces enjeux-là, le milieu économique est très au courant que c'est le cœur des problèmes qu'ils vivent actuellement. Ils ne sont pas capables d'attirer de la main-d'œuvre. En Gaspésie, par exemple, les gens postulent sur un poste, ils obtiennent l'emploi et ils se rendent compte qu'ils ne sont pas capables de trouver aucun endroit pour vivre, ça fait qu'ils n'y vont pas. Ils reviennent d'où ils arrivaient. C'est ça qui se passe en ce moment à travers le Québec.

Journaliste : ...par percoler vos idées...

Mme Labrie : Bien, je pense que ce qui est déjà en train de percoler actuellement, c'est une prise de conscience de certains acteurs économiques que les enjeux de précarité sociale, notamment en matière de logement, on peut parler d'itinérance également, ça a un impact sur le développement économique à travers le Québec. Puis vous le voyez, là, les acteurs économiques qui se positionnent sur l'itinérance, qui trouvent que c'est un problème dans le centre-ville de Montréal, par exemple, en ce moment, bien, ils ont pris connaissance, dans les derniers mois, à quel point c'était important d'agir en amont pour éviter cette précarité-là.

Les liens, ils sont importants entre ces différents dossiers-là. Nous, on les met en lumière régulièrement. Puis je pense que le travail qu'on fait, au fil des années, permet à de plus en plus de gens de comprendre les liens entre ces différents enjeux là. Quand on veut lutter contre la précarité au Québec, ce n'est pas juste pour aider ces personnes-là, c'est au bénéfice de toute la communauté, puis on va continuer à le faire.

Journaliste : Bonjour. Simon Carmichael pour Le Soleil. Tantôt, vous avez répondu que vous souhaitiez laisser derrière les perturbations un peu, là, de la dernière session, que vous souhaitiez une session plus calme à venir. Est-ce que, selon vous, là, tout ce dossier-là, ce débat-là de la Déclaration de Saguenay, du virage pragmatique, est-ce que c'est réglé chez Québec solidaire? Est-ce que c'est consommé comme discussion?

Mme Labrie : Il y aura toujours des débats à Québec solidaire. On est un parti qui a été fondé par des gens qui aiment débattre. Vous allez continuer d'en voir. Et d'ailleurs ça fait partie des raisons pour lesquelles chacun et chacune d'entre nous, on aime s'impliquer dans ce parti. Il y a des processus très importants qui s'en viennent dans les prochaines années, qui ont été adoptés lors de la dernière instance à laquelle vous étiez présents. Notamment, l'actualisation du programme va certainement amener des débats. La réforme des statuts va certainement amener des débats. L'adoption de la prochaine plateforme électorale également, et ça ne sera pas fini, même après, ça va continuer. Et je trouve ça extrêmement sain d'avoir une formation politique au Québec qui implique ses membres, qui sont au cœur des décisions, et qui se permet d'avoir des débats comme ceux-là. On passe notre temps à réclamer des débats ici sur différents enjeux, notamment, par exemple l'avenir énergétique du Québec, comment faire face à la crise climatique, etc. Bien, si on n'est pas capable de débattre au sein de notre propre parti, on ne sera jamais capables de le faire avec les autres. Moi, je trouve ça très, très sain.

Journaliste : Parfait. Mais vous convenez que la discussion, du moins, qu'il y a eu cette session-ci, ça a été périlleux ou un peu, un peu... bien, M. Nadeau-Dubois, je vous vois acquiescer. Je vais continuer ma question, là.

Mme Labrie : Bien que ce qui a été... Bien, on va se le dire franchement, là, ce qui a été difficile pour Québec solidaire cette session-ci, ça a été le départ d'Émilise. Ça a créé... ça crée beaucoup de peine, à vrai dire, et c'est le meilleur mot que je peux trouver chez les membres de Québec solidaire, parce qu'Émilise avait sa façon bien à elle de parler du projet de société de Québec solidaire. On voyait en elle quelqu'un qui nous aiderait à ancrer Québec solidaire dans les régions. Sa voix dans l'espace politique québécois, elle était très importante et elle le saura encore à l'avenir, j'espère. Donc, oui, ça a été éprouvant pour nous qu'Émilise décide de prendre un pas de recul en ce moment. Mais les autres débats qu'on a l'habitude de tenir vont continuer d'avoir lieu. Les émotions qu'on a vécues à l'interne étaient surtout liées au départ d'Émilise.

Journaliste : Parfait. Puis...

La Modératrice : En terminant.

Journaliste : Oui. On a vu des échanges, au cours de la session, assez acrimonieux, là, sur les réseaux sociaux, en Chambre, là, dans les différents discours publics, notamment avec le Parti québécois. Est-ce qu'au cours de cette session-ci vous considérez que Québec solidaire et le Parti québécois se sont approchés ou éloignés? Puis, considérant cette réponse-là, est-ce qu'une convergence indépendantiste, c'est toujours à portée de main, selon vous?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on fait de la politique. Ça fait que, quand un parti politique fait une proposition qu'on pense que ce n'est pas la bonne proposition pour le Québec, bien, on le dit. Bien, quand les libéraux disent : Là, c'est vraiment important de recommencer à faire de l'austérité, on le dit : On n'est pas d'accord, on pense que ce n'est pas bon pour le Québec. Quand la CAQ nous dit : Il ne faut pas permettre aux députés d'aller visiter des centres jeunesse, alors qu'il y a des scènes terribles, bien, on le dit : On pense que ce n'est pas une bonne... ce n'est pas une bonne orientation. Puis, quand le Parti québécois fait des propositions avec lesquelles on n'est pas d'accord, par exemple de réduire drastiquement et rapidement le nombre d'immigrants, d'immigrantes au Québec, bien, on le dit. C'est juste ça. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Pour ce qui est des relations dans l'avenir entre le Parti québécois puis Québec solidaire, en ce moment, il n'y a pas de discussion, on verra pour la suite.

La Modératrice : Merci beaucoup. Mme Plante.

Journaliste : Bonjour, Mme Labrie. Si je peux me permettre, vous semblez vraiment très à l'aise dans votre rôle de co-porte-parole féminine. Qu'est-ce qui est allé dans votre réflexion pour... votre réflexion qui vous a mené à renoncer à occuper ce poste-là de façon permanente?

Mme Labrie : Être porte-parole, ce n'est pas la seule manière de faire cheminer ses idées à Québec solidaire. Moi, je suis confiante que je suis capable de le faire sans avoir besoin d'exercer cette fonction. Puis d'ailleurs j'ai senti avoir réussi à le faire avec ce qu'on a adopté au dernier conseil national, c'était des idées que j'avais moi-même portées dans la dernière année. Là, j'ai décidé de prendre l'intérim parce qu'on vit... on a vécu, dans les dernières semaines, un moment où on avait des remises en question à faire sur certaines façons dont on fonctionne à Québec solidaire pour améliorer l'expérience de militantisme de chaque personne qui s'implique à Québec solidaire. J'ai voulu participer à ça dans cette période de transition et c'est... Ce qui m'a guidée, en fait, c'est comment je peux être le plus utile à ce parti-là, et j'ai estimé que c'était en allant prendre l'intérim, c'est tout.

Journaliste : Vous êtes à l'aise, là. Est-ce que vous vous sentez à l'aise dans ce rôle-là?

Mme Labrie : Bien, moi, je me sens à l'aise, mais je me sens aussi à l'aise comme députée. J'aime porter des dossiers nationaux. C'est quelque chose que j'aime faire et qui me motive beaucoup. Donc, je cherche toujours la meilleure façon de pouvoir faire avancer notre projet politique. C'est ça qui guide mes choix.

Journaliste : M. Nadeau-Dubois, oui, tantôt vous avez dit : Il y a eu des sondages qui ont été bons, il y a eu des sondages moins bons, il y a eu des sondages moyens. Mais la réalité, c'est que vous stagnez dans les sondages, c'est ça, la réalité. À quel point la situation est-elle frustrante?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on le sait, tout le monde, qu'on a du travail à faire pour que Québec solidaire passe à la prochaine étape puis qu'on se positionne comme une alternative au gouvernement. Il nous reste du travail. C'est pour ça qu'on va procéder à une actualisation de notre programme, c'est pour ça qu'on va revoir nos statuts. Ces chantiers-là sont en cours. L'adoption de la Déclaration de Saguenay, c'est un pas dans la bonne direction. On envoie un message fort aux régions du Québec qu'on les a écoutées, qu'on va être encore meilleurs pour porter leurs préoccupations. Donc, ce travail-là, il se poursuit.

Mais, pendant ce temps-là, on a un travail à faire ici, puis ce travail-là, ce n'est de trouver les meilleures manières de prendre un demi-point dans une sous-catégorie du prochain sondage, de Léger, là. Notre travail, chaque jour, c'est de se dire comment on peut améliorer la vie du monde. Il n'y a personne qui est en politique, à Québec solidaire, pour une autre raison que celle-là. Et, malgré les turbulences qui ont été celles des derniers mois, on se présente, devant vous, ce matin, avec la plus grande avancée pour les locataires depuis que François Legault est premier ministre. Ça, ce n'est pas des projections de vote, c'est des vies, au Québec, changées pour vrai ici et maintenant.

La Modératrice : Merci. Mme Paquette-Comeau.

Journaliste : Une petite question... en fait, deux petites questions. La première, c'est : Vous êtes très fiers de vos gains que vous avez faits à cette session-ci, avez-vous peur que les gens se disent : Ah! tiens, tiens, ils sont très, très bons dans l'opposition, et on aimerait peut-être les garder dans l'opposition?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense qu'on n'est pas... je pense qu'on n'est pas pires pantoute dans l'opposition. Ça, ce bout-là de votre question, je suis bien d'accord. Je pense qu'on serait... on serait encore meilleurs au gouvernement. Je pense qu'on a une équipe qui n'est pas juste combative, qui n'est pas juste bonne pour poser des questions, on a une équipe qui est crédible puis qui est compétente.

Prenons l'exemple d'Andrés, en matière de logement. Andrés, ce n'est pas lui qui ouvre tous les bulletins de nouvelles, c'est vrai, mais c'est un homme qui a dédié des années et des années de sa vie à faire avancer la question du logement. Il a prêché dans le désert pendant un mandat et demi. Il a mené des batailles au projet de loi n° 31, puis il le sait, là, il en a perdu pas mal, de ces batailles-là, avant de finalement en gagner une. C'est des gens comme ça qu'on a besoin en politique au Québec. Puis on en a besoin, bien sûr, dans l'opposition, regardez le travail qu'ils sont capables de faire, mais on en a encore plus besoin au gouvernement. Imaginez Andrés ministre de l'Habitation. Imaginez.

Journaliste : Juste une petite question rapide.

M. Nadeau-Dubois : Il y a beaucoup de gens contents, il y a aussi quelques mécontents, mais je vous laisse deviner de qui il s'agit.

La Modératrice : En terminant.

Journaliste : Sur un autre... sur un autre sujet, par rapport au rapport Grenier, je ne sais pas si vous avez vu, ce matin, là...

M. Nadeau-Dubois : Oui.

Journaliste : ...le PQ, là, dit qu'il y a une impasse pour avoir le résultat, là, de ce rapport-là, que ce soit public. Pensez-vous qu'il y a une impasse? Parce que ça fait un an, là, que ça a été demandé. Pour vous, le fait qu'on n'a toujours pas connaissance de ces documents-là, qu'est-ce que ça vous dit?

M. Nadeau-Dubois : Bien, nous, on fait partie du consensus fort qui dit que les Québécois et les Québécoises ont le droit de savoir ce qui s'est passé en 1995. Il faut trouver une voie de passage. La solution avancée par le Parti québécois, ce matin, nous apparaît intéressante. On est prêts à en discuter.

La Modératrice : Mme Senay.

Journaliste : Bonjour. The creation of this committee to extend, increase the autonomy of Quebec within Canada, for you, is it Premier Legault admitting defeat or he's being strategic after being... after six years being in power?

M. Nadeau-Dubois : Well, if he had results after six years, he wouldn't have needed that committee. So, at face value, it's an admission that the results are not there yet. Our position is well-known. We want all powers in Québec, and we know the way to do that is to get independence. And we will judge the results when we will see them. But, for the time being, there are none.

Journaliste : The... To what extent are you nostalgic of that period when you were Premier Legault's first target?

M. Nadeau-Dubois : Well, I'm quite the target sometimes, still. I don't feel like I'm not anymore never the target. But, you know, I don't know how to really answer that question. But when I look at the work the team is doing, I'm very, very proud to be here. I'm very proud to be a part of this team.

I mean, I'm sorry to come back with this, but it's very hard, as an opposition party, to start a session by having an objective saying: Our goal is to get victories on housing. It's very rare to be able to say, four, five months after that, that we actually did it. It's very rare. I've never seen that as an elected member of Parliament in the opposition. The fact that we did this that session has more value for us and for me that anything else, polls, analysis, or the dynamics during the question period. The fact that we are changing the life of people is what is the most precious for us as a team.

La Modératrice : Madame...

Journaliste : You said it yourself, «ça a brassé», «ça a brassé» within your team as well. What are you going to do as a team over the course of the summer to sort of refresh, regather? And what kind of Québec solidaire can people expect at the beginning of the session?

M. Nadeau-Dubois : You know, I think it would have been foolish to try to hide the fact that there were ups and downs in the last months for us, but what we want to put the emphasis on is, despite those ups and downs, we actually delivered a real change in the life of people. There is nothing more valuable in politics than that, nothing.

During the summer, I think we all need to rest, because politics can be hard, sometimes. We will have the time to meet amongst ourselves to reflect on the future of Quebec solidaire. There is a big task in front of us, to renew our program, to change our internal constitution. We will work on that during the summer, but we will also rest, and I think everyone deserves it.

Journaliste : And you mentioned that last session you gave yourselves the goal to have gains in housing. So, what will the goal for this next session be?

M. Nadeau-Dubois : Well, this is one of the things we will think about during the summer, but I can give you already one thing. My colleague Andrés tabled a new bill saying that housing has to be recognized in Quebec as a right, as a human right in our Quebec Charter of Rights and Freedoms. We know that the Parti Québécois already shares that position with us. This certainly will be on the table for us next session, but we will also take the summer to think about our match plan. Our values will stay the same.

Journaliste : Merci.

Journaliste : Hello.

M. Nadeau-Dubois : Hello.

Journaliste :  If Québec needs to be a more successful State within Canada, what type of attitude should Premier Legault have going into his meeting with Mr. Trudeau on Monday?

M. Nadeau-Dubois : We want to see results. We don't want to see PR, we want to see results. Results, of course, on immigration issues, but also results on the issue of dental care. There is, right now, an untenable situation in Quebec where we have two parallel systems of dental care. This is not good for ordinary people that just want to have good and affordable dental care. There is a double system. It's creating confusion, chaos on the ground, we expect results on that front Monday.

Journaliste : With results, though, what type of attitude should he be going into... and what message should he be caring?

M. Nadeau-Dubois : Well, he should ask for the only reasonable thing. We should take back the program, the federal program of dental care in Quebec to expand it and make it a universal dental care program for Quebeckers.

La Modératrice : Merci beaucoup. Ça met fin à notre point de presse. 

M. Nadeau-Dubois : Merci.

(Fin à 9 h 14)

Participants


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