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Conférence de presse de M. Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Version finale

Le jeudi 6 juin 2024, 11 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures trente-trois minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour. Bienvenue à tout le monde à cette conférence de presse du ministre Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. Il présente le projet de loi n° 69 qui est la Loi assurant la gouvernance responsable de ressources... des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives. M. Fitzgibbon est accompagné de David Bahan, qui est l'ancien sous-ministre à l'Économie, à l'Innovation et Énergie. Il sera là aussi pour répondre aux questions. Donc, M. Fitzgibbon, à vous la parole.

M. Fitzgibbon : Merci. Alors, bonjour, tout le monde. Alors, voilà, c'est fait. Le projet de loi a été déposé, et j'aimerais peut-être vous raconter brièvement le chemin qu'on a pris pour se rendre ici puis faire part aussi des grandes lignes du projet.

On part de notre engagement où on voulait que, d'ici 2050, le Québec soit le premier État carboneutre en Amérique du Nord. C'est très ambitieux, on le reconnaît, mais c'est possible. Selon les évaluations récentes d'Hydro-Québec, si on veut y arriver, on doit produire entre 150 et 200 TWh additionnels de ce qu'on produit actuellement. C'est énorme. On doit pratiquement, comme on l'a dit souvent, doubler notre production actuelle d'électricité et on a 25 ans pour le faire. C'est très court. En fait, il faut développer en 25 ans l'électricité que le Québec a pris 100 ans à bâtir, et nos processus actuels sont beaucoup trop lents.

Le cadre réglementaire qui gouverne le fonctionnement du secteur de l'énergie n'a pas bougé depuis 25 ans. Il fallait le moderniser. On a donc commencé en consultant. Dans la dernière année, on a consulté des experts, des citoyens, des communautés autochtones, des groupes, des distributeurs, en fait, tout le monde. Je prends d'ailleurs un moment ici pour remercier tous ceux qui ont contribué à ce projet de loi, dont la personne à ma gauche, qui n'est plus mon sous-ministre depuis une semaine, mais qui a été là pendant tout le temps qu'on a travaillé ce projet et qui pourra me seconder à la période de questions au besoin.

Il y a des consensus évidents qui se sont dégagés du processus. Le premier, c'est la nécessité d'avoir au Québec un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, ce qu'on appelle le PGIRE. Ça se fait dans d'autres pays. C'est le plan, en fait, qui définit la vision d'ensemble pour le secteur de l'énergie. J'ai eu la chance d'en discuter avec plusieurs de mes homologues en Europe et dans plusieurs pays. Ce plan sera développé par le gouvernement. Ça fixe les éléments qui soutiennent tant nos cibles climatiques que nos cibles économiques. C'est un peu normal qu'on n'en ait jamais eu, on n'en a jamais senti le besoin. On était en surplus depuis très longtemps et tout allait bien. Mais, avec un bon plan et la démarche qui va l'accompagner, je pense qu'on a moins de chances d'être surpris par des changements importants dans le secteur de l'énergie.

On a été surpris par la hausse soudaine de la demande d'énergie dans les dernières années. On n'était pas prêts. L'Occident au complet a été pris de court. Et je ne blâme personne, mais on aurait pu réagir plus vite. Depuis l'an 2000, il y a eu très peu de grands projets industriels qui ont vu le jour. Hydro-Québec a bâti son plan d'approvisionnement sur cette base historique.

Autre consensus : la régie doit évoluer et doit être renforcée. La régie doit pouvoir tenir en compte la transition énergétique dans le cadre de ses décisions. Elle doit aussi demeurer la seule responsable de la fixation des tarifs. Dans un contexte de monopole, c'est essentiel de compter sur un contrepoids. C'est... En fait, c'est très sain. On veut protéger les clients et leur assurer une neutralité et une prévisibilité.

Parallèlement, le premier ministre a été très clair, pour les clients résidentiels, notre engagement est de plafonner la hausse des tarifs à 3 %. Le projet de loi nous permet de le faire en créant un programme spécial en dehors de la loi et qui va être géré par le gouvernement. Notre cible de 3 % sera maintenue jusqu'à la nouvelle législature.

Je continue avec les consensus. Les processus actuels sont trop lents et les projets ne lèvent pas assez vite. Il est hors de question que le Québec perde son avantage concurrentiel par rapport à l'énergie propre. On veut donc assouplir les processus d'approvisionnement pour offrir plus de flexibilité à Hydro-Québec.

Hydro, c'est une fierté économique des Québécois. C'est un outil important dans la lutte aux changements climatiques. Il faut qu'Hydro-Québec ait les coudées franches pour jouer ce rôle. On va permettre à Hydro-Québec de développer des projets plus rapidement, sans appel d'offres. Le coût des projets seront contrôlés à la régie et ce qui doit être inclus dans les tarifs également. Fini les nombreuses étapes de décrets gouvernementaux qui précèdent des grilles de critères, qui vont à la régie, qui mènent à un appel d'offres, qui qualifient des fournisseurs. Tout ça était beaucoup trop long. On pense qu'en coupant la bureaucratie on peut économiser une année complète entre le moment où on décide de faire un projet et le moment où on va le brancher. On peut faire ça, tout en respectant les règles environnementales.

Le gouvernement se réserve le droit d'initier certains projets pour des raisons régionales ou des raisons stratégiques, et Hydro-Québec ne peut pas tout faire seule. On veut permettre aux producteurs d'énergie renouvelable de vendre une partie de leur production à un consommateur situé sur un terrain adjacent, mais pas sur le réseau de transport d'Hydro-Québec. Lorsqu'on parle de transition énergétique, on doit additionner les forces et non pas les diviser.

Maintenant, je vais insister sur une chose. Il est hors de question de privatiser ou de dénationaliser quoi que ce soit. Le projet de loi ne fait pas ça. La production privée est possible, comme l'a souhaité René Lévesque et comme ça a été consacré par la dernière réforme du PQ au tournant des années 2000, et rien ne change de ce côté-là.

Hydro-Québec doit aussi être un catalyseur pour le développement économique du Québec, tant au niveau de ses fournisseurs que des entreprises qu'elle dessert. Le projet de loi vient élargir la mission d'Hydro-Québec. Un peu comme la Caisse de dépôt, Hydro-Québec va contribuer au développement économique du Québec.

On veut aussi accélérer le développement de nouvelles sources d'approvisionnement énergétique, ça va être essentiel pour répondre à la demande. Le projet de loi s'attarde au développement de la filière du gaz de source renouvelable. C'est un complément essentiel à la décarbonation du Québec, c'est une énergie de transition, mais c'est une énergie qui est nécessaire.

La transition énergétique, c'est un immense projet de société. Notre souhait, c'est que tout le monde embarque. La vision est claire, le développement énergétique sera le créateur de richesse au cours des prochaines années. Ultimement, qu'est-ce qu'on veut? On veut que les Québécois consomment de l'énergie propre produite au Québec. Ça va faire moins d'importation d'énergie sale, plus de développement économique et clairement moins de GES. Je pense qu'on a un bon projet de loi qui va permettre au Québec de faire tout ça, et on va prendre tout le temps qui est requis pour en discuter et pour en débattre.

Maintenant, c'est avec grand plaisir que je vais répondre aux différentes questions.

Le Modérateur : Parfait. On va y aller assez rondement : une question, une sous-question. L'équipe du ministre a demandé qu'on fasse une quarantaine de minutes de questions, donc ne pas s'étirer avec une troisième, quatrième question. Donc, on va commencer par Alain Laforest, TVA.

Journaliste : Bonjour, M. le ministre. Juste une clarification, pour être très, très clair avec les gens qui écoutent, là. D'ici 2026, il y a... c'est garanti que ça ne hausse pas de plus de 3 % pour les tarifs résidentiels.

M. Fitzgibbon : Exact.

Journaliste : Mais, après 2026, que se passe-t-il?

M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, premièrement, il faut comprendre que le projet de loi va établir la base pour le rehaussement ou l'ajustement des tarifs, le recalibrage qu'on appelle, aux trois ans. Donc, ce qui va se passer, c'est que les hausses de tarifs, assumant que c'est des hausses, vont être établies par la régie. Si c'est en haut de 3 % pour le résidentiel, il y a un programme, il y a un budget qui va être établi par le gouvernement pour compenser cette hausse-là pour qu'Hydro-Québec soit neutre. Alors, ça, c'est un programme gouvernemental par décret, donc, forcément, quand il y aura une nouvelle législature, la nouvelle administration, peu importe le gouvernement qui sera choisi, aura à décider si le décret continue ou ne continue pas. Donc, nous nous engageons jusqu'à la fin du mandat que ce programme-là soit mis en place pour que les tarifs soient limités à 3 %.

Journaliste : La modulation — d'ailleurs, dans votre vidéo, vous avez fait un clin d'oeil avec le lave-vaisselle — ça existe déjà, c'est inscrit dans votre loi. Qu'est-ce que ça change pour les consommateurs? Et quel est l'incitatif pour le consommateur d'aller vers la modulation de tarifs?

M. Fitzgibbon : Bien, je pense que c'est... c'est ça, c'est clairement des moyens qui vont être laissés à Hydro-Québec. Hydro-Québec va regarder quels genres de modulation peuvent être offerts aux consommateurs, mais, encore une fois, peu importe la modulation, ça va être optionnel pour le consommateur, ça ne sera pas obligatoire. Et, deuxièmement, nous nous engageons qu'il n'y aura pas de hausse en haut de 3 %.

Donc, Hydro-Québec peut mettre des programmes en place qui vont inciter les gens à consommer différemment ou consommer moins, en fait, ça prendrait les deux, auquel cas, bien, il pourrait y avoir une baisse de tarification. Alors, nous, on a une protection à 3 %, mais Hydro-Québec a le mandat de moduler la tarification, ce qu'ils vont faire, mais qui va être, encore une fois, c'est important, optionnel pour le consommateur.

Le Modérateur : Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

Journaliste : Oui, bonjour. La hausse de 100 mégawatts, là, pour le seuil de puissance pour essentiellement louer une rivière, là, pouvez-vous juste clarifier vos intentions? Vous voulez plus de centrales privées? Vous voulez des centrales plus grosses que les mini actuelles, donc plus de moyennes centrales privées?

M. Fitzgibbon : Non, dans ce cas-là, ce que... ce qu'on fait, c'est qu'on permet à Hydro-Québec de pouvoir se départir de la production en bas de 100 mégawatts. Par exemple, s'il y avait un barrage dans une des rivières du Québec de 50 mégawatts, Hydro-Québec pourrait décider de laisser ou de vendre cette centrale-là à la MRC, communautés autochtones, donc c'est du partenariat, mais c'est une option qu'Hydro-Québec va avoir, et le gouvernement, évidemment, va devoir approuver, parce qu'on peut comprendre facilement qu'Hydro-Québec va vouloir focaliser sur les gros projets. Donc, on dit : 100 mégawatts et moins, Hydro pourrait décider, pourrait décider de se départir de ces ouvrages-là puis le laisser dans la communauté.

Journaliste : Donc, c'est lié, justement... Moi, j'avais compris qu'il y avait une volonté de partenariat avec les communautés, mais là vous dites que, carrément, on laisserait... on laisserait les projets à certaines communautés autochtones.

M. Fitzgibbon : C'est une possibilité à ce moment-ci. Ce qu'on fait, c'est qu'on a monté le seuil, puis on dit : En bas de 100 mégawatts, Hydro-Québec peut faire... peut les conserver, ce qu'ils peuvent vouloir faire, ils peuvent en partie les céder aux communautés, ou ils peuvent en totalité les céder aux communautés. Donc, c'est un choix d'Hydro-Québec.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, La Presse.

Journaliste : Oui, bonjour. Encore sur les... Est-ce que vous avez quand même l'intention de rouvrir... qu'il y ait plus de mini centrales électriques privées? Est-ce que vous en voulez des nouvelles ou c'est... on parle vraiment juste des actifs déjà?

M. Fitzgibbon : On parle des existantes, principalement.

Journaliste : O.K. Sur la modulation, c'est ça, parce qu'il y a un article dans la loi qui concerne ça directement, pourquoi vous demandez à la régie de venir le préciser en 2026 si ça existe déjà? C'est quoi... C'est quoi, l'ajout?

M. Fitzgibbon : On veut... On veut l'augmenter un peu aussi. Puis, je pense, c'est important que la modulation... Ça, ce n'est pas juste des résidentiels, c'est au niveau commercial aussi. Je pense, c'est important de le faire. Peut-être, David, tu veux...

M. Bahan (David) : Dans le fond, l'article vise à forcer le débat. Dans le fond, devant la régie, il va y avoir différents intervenants qui vont venir proposer des pistes, il va y avoir des critiques, et donc l'objectif est vraiment d'avoir un débat éclairé sur la question puis d'avoir les meilleures options disponibles pour les consommateurs.

Journaliste : Mais c'est parce que, quand... M. le ministre, quand vous dites que ça va toujours rester optionnel, ça, c'est-tu avant 2026 ou c'est aussi post-2026?

M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, je pense que, quand on offre de la modulation, la plupart du temps, c'est optionnel. Les gens peuvent décider de prendre les programmes. Hilo en est un, par exemple. Moi, je favorise ce programme-là, personnellement, puis ça a fonctionné. Alors, Hydro-Québec s'engage à faire ça.

Parce qu'à la base, quand on regarde tout ça, la meilleure source d'approvisionnement future d'énergie, c'est celle qu'on ne consomme pas. Donc, à la base, on travaille pour le fait de dire : On consomme trop d'énergie, peut-on garder cette énergie-là pour d'autres projets? Alors, c'est là qu'on part, puis Hydro-Québec est totalement à l'aise avec ça. Alors, ça va évoluer dans le temps. Comme mon collègue vient de le dire, M. Bahan, il y aura un débat de la Régie de l'énergie. Donc, on va favoriser la modulation, puis on va... on va voir ce qui va se passer dans le futur, puis on réagira au besoin.

Le Modérateur : Véronique Prince, Radio-Canada.

Journaliste : Oui. Bonjour à vous deux. Je vais quand même poursuivre là-dessus, parce que vous dites que ça va toujours rester optionnel, qu'il n'y aura rien d'obligatoire, mais, en même temps, le consommateur, c'est un peu comme de dire : Vous allez devoir vous habituer, ça s'en vient, puis, à un moment donné, ça va être là, là.

M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, la tarification, quand on regarde aujourd'hui... on parle de 0,08 $, 0,085 $, la tarification du résidentiel. C'est clair, quand on se projette dans 10, 15 ans, l'addition de production va faire que les coûts vont augmenter. Ça fait que les tarifs vont augmenter. Ce qu'on a décidé de faire, c'est de dire : On va mettre un maximum de 3 % pour la période actuelle, mais, à la base, il va falloir que les consommateurs consomment moins. On va les encourager avec des carottes, non pas des bâtons, de dire : Comment on consomme mieux pour avoir moins d'énergie? Et la même chose, en passant, pour les commerces, la même chose pour les édifices, pour les industries, donc... Ça fait que je pense que c'est logique qu'on dise au début : Mettons un maximum de 3 %, mais travaillons plus étroitement avec les différentes communautés pour qu'on consomme moins d'énergie parce qu'il y a probablement de 2 000 à 3 000, 4 000 mégawatts de disponibles si on consomme différemment. Alors, il faut en profiter. Ça, ça représente deux barrages.

Journaliste : J'aurais besoin de précisions aussi concernant le plan que vous voulez présenter, là, le plan intégré. Ça serait quoi, l'échéancier? Est-ce qu'il y a d'autres projets de loi, donc, qui vont être intégrés ou celui-là vous donne comme toutes les balises que vous avez besoin pour votre plan?

M. Fitzgibbon : On a toutes les balises. Le PGIRE, ça va être un plan de gestion intégrée des ressources qu'on va vouloir déposer probablement dans un an, qui va requérir du travail qui n'a jamais été fait, là. On parle à des consultants qui font de la modélisation. On a regardé ce qui se passe dans plusieurs pays qui ont adopté un tel programme, on n'a rien inventé, et on doit travailler. Et le gouvernement, le ministère de l'Énergie va être responsable de mettre ce plan-là en place avec, évidemment, la collaboration d'Hydro-Québec et d'autres intervenants qui pourront amener au débat. Et on s'attend... dans un an, on présentera à la population du Québec.

En fait, ça va être quoi, au juste? Ça va être de regarder c'est quoi, les vrais besoins énergétiques, qui ne sont pas seulement électriques, hein, il va y avoir du GNR, du GSR, il va y avoir d'autres sources d'énergie, du biocharbon, qu'on développe présentement. Alors, on va regarder qu'est-ce qu'on a besoin pour décarboner et quelles sont les sources énergétiques de disponibles, à quels coûts, coûts économiques et coûts sociaux. Et ce programme-là, ça va être... En France, là, ils ont... ils sont arrivés avec six chemins critiques, six différentes options de sources énergétiques, et le gouvernement a choisi une des options. Alors, ça va être un peu ce mécanisme-là, qui va aussi requérir de la consultation, hein, ça ne sera pas fait en vase clos dans le bureau du ministre de l'Énergie. Ça va être divulgué à la population. Il va y avoir un... des débats sur ça. Il y aura... Il y aura des consultations, puis, à un moment donné, bien, le gouvernement va dire : Voici le plan qui est choisi, qui va être un plan qui va être pour plusieurs années, et ce plan-là va permettre à Hydro-Québec de bâtir les nouveaux ouvrages, de faire les lignes de transport. Il va permettre au réseau de gaz naturel d'augmenter le GNR, si c'est le cas, de faire du biocharbon. Ça fait qu'il y aura une résultante de ça qui va être nos projets pour le... On n'a pas ça à date parce qu'on n'en a pas eu besoin. Donc, on veut corriger la situation.

Le Modérateur : Nicolas Lachance, du Journal de Montréal et Journal de Québec

Journaliste : Bonjour. Je veux seulement revenir sur la modulation. Je ne suis pas certain d'avoir très bien compris encore, je suis désolé. À partir de 2026, là, vous dites, vous voulez provoquer un débat avec la régie, avec Hydro-Québec, tout ça, mais, après 2026, est-ce que la régie, avec la loi actuelle, là, ou Hydro-Québec pourrait forcer la modulation, donc la rendre obligatoire? Est-ce que la loi le permet?

M. Fitzgibbon : L'idée n'est pas de forcer rien. L'idée, c'est que la modulation, c'est la logique même... on la voit partout dans le monde. Alors, ce qu'on dit... Et Hydro-Québec en a une, modulation, actuellement, là. Le projet Hilo, c'en est un.

Journaliste : ...juste de comprendre qu'est-ce que ça change avec ce qu'il y a actuellement.

M. Fitzgibbon : On force la discussion, tout simplement. Il n'y aura pas rien qui va être forcé dans la gorge de personne.

Journaliste : O.K. Et, dans votre communiqué, vous dites — excusez-moi, donnez-moi deux secondes — que c'est... la loi vient protéger le 3 %, donc que ça va être inscrit à la loi. Mais là, vous avez dit que ce n'était pas inscrit à la loi, que c'est un programme qui est à l'extérieur de tout ça.

M. Fitzgibbon : Oui.

Journaliste : Donc, c'est le communiqué qui a raison ou si c'est vous, là?

M. Fitzgibbon : Non, c'est que... ce que j'ai dit a raison.

Journaliste : Donc...

M. Fitzgibbon : Alors, ce que j'ai dit, tout simplement, c'est que la loi... la loi dit qu'il y a recalibrage où le coût de service va être la base de la nouvelle tarification. Ça, c'est la loi. Donc, c'est la régie qui fait ça. Hydro-Québec soumet ses coûts. La régie va dire : Oui, non, ces coûts-là sont bons, pas bons, et voici la nouvelle base tarifaire.

Journaliste : ...

M. Fitzgibbon : Si, si, pour le résidentiel, la hausse, s'il y a une hausse, est plus que 3 %, il y aura un programme au gouvernement qui va compenser Hydro-Québec pour la différence. Disons, un exemple simple, si la régie dit : C'est 4 % d'augmentation, nous, on dit : C'est 3 %. Donc, Hydro-Québec va recevoir 1 % du gouvernement pour ne pas qu'Hydro-Québec soit pénalisée par rapport à ça et surtout pour ne pas que les entreprises soient pénalisées. Donc, c'est vraiment... On identifie le résidentiel puis on dit...

Journaliste : ...c'est un programme de la CAQ.

M. Fitzgibbon : Bien, du gouvernement. Nous sommes le gouvernement.

Journaliste : Ce que je veux dire... c'est qu'après l'élection, si ce n'est plus la CAQ, le programme existera encore, mais il pourra être...

M. Fitzgibbon : Exactement.

Journaliste : Donc, ce n'est pas dans la loi, ça.

M. Fitzgibbon : Exact. Exactement.

Journaliste : Donc, on ne bloque pas les tarifs à 3 % ad vitam aeternam.

M. Fitzgibbon : Exact. Exact.

Le Modérateur : Laurence Royer, Noovo.

Journaliste : Bonjour. Doubler la production d'énergie au Québec, c'est énorme. Sur quel type d'énergie vous comptez miser? Est-ce qu'il va y avoir d'autres barrages, là, par exemple, ou sinon quelle autre énergie?

M. Fitzgibbon : Bien, à ce moment-ci, vous vous rappelez peut-être, à l'automne dernier, Hydro-Québec a soumis son plan 2035. Donc, c'est un plan intermédiaire pour se rendre à 2050. Donc, en 2035, M. Sabia a présenté qu'il voulait avoir, de mémoire, là, 8 000 à 9 000 mégawatts additionnels, c'est de la puissance, duquel il y avait de... du returbinage de barrages existants, il y avait de l'éolien, un peu de solaire, peut-être de la réserve pompée et de l'efficacité énergétique. Il y avait une espèce de bassin, il y avait un tableau qui déterminait les différents critères.

Donc, à ce moment-ci, le plan 2035 considère les barrages existants qu'on va returbiner, va inclure... Moi, je l'ai ici, là. On parlait de 1 600 à 1 800 mégawatts d'économie d'énergie, donc la fameuse modulation, si elle peut fonctionner, l'éolien, entre 1 500 et 1 700 de puissance, pas installé, installé, ça va être trois fois ça, l'hydroélectricité, on avait donc le... returbiner les centrales existantes, et il y aurait possiblement un nouveau barrage. On n'avait pas annoncé parce qu'on avait dit qu'on ne le savait pas encore, l'étude n'est pas encore faite. Puis il y avait aussi le solaire, le stockage, il y avait d'autres moyens, on avait à peu près 1 000 mégawatts. Donc, il y avait... il y avait une description du... Alors, ça, c'est 2035.

Pour 2050, parce que ça, c'est 60 térawattheures sur le 150, 200 qu'on a besoin. On n'est pas allés plus loin que ça. Alors, le PGIRE, justement, va permettre de regarder... Parce que, tu sais, voilà un an et demi, c'était 100 térawattheures, là, c'est rendu 150, 200. La réalité, c'est qu'on n'est... on n'est pas sûrs à 100 %. Le monde ne le sait pas non plus. Alors, on va regarder plus en détail, avec de la modélisation, c'est quoi, les besoins réels de 2050 pour être net-zéro, considérant ce qui existe comme technologie aujourd'hui, regarder qu'est-ce qui est disponible puis de voir le coût de ça puis de voir le coût social puis le coût économique. Donc, on n'est pas encore dans cette zone-là.

Journaliste : Mais est-ce que... Donc, vous ouvrez la porte à regarder la possibilité de construire d'autres barrages, éventuellement?

M. Fitzgibbon : Bien, si on veut décarboner, on assume qu'on ne changera pas d'idée, zéro carbone en 2050, il va falloir faire quelque chose. Alors, si on dit : Pas d'éolien ou pas trop, pas de solaire, bien là, il va falloir avoir des barrages, peut-être il va en falloir 15, 20 barrages. Alors, on dit : Non, on n'aura pas 15, 20 barrages, donc on va faire plus d'éolien.

C'est justement, ce débat-là, on ne l'a pas réellement eu encore. Il y a beaucoup de gens, à juste titre, qui ont des enjeux au niveau acceptabilité sociale, dire : Ah! de l'éolien, pas sûr dans ma cour, solaire, oui, ce n'est pas bien beau, barrages, on n'en veut pas. C'est correct, mais il va falloir regarder quel est l'impact de nos choix sociaux. Et ça, on n'a jamais eu la discussion parce qu'on était en surplus constamment. On n'est plus en surplus. Donc, il faut regarder à la base. Et c'est pour ça que le PGIRE devient très important. C'est seulement à travers le PGIRE qu'on va pouvoir avoir un débat qui va être sain, en fait, pour dire : Bien là, si on veut décarboner, il faut être cohérent et voici les sources d'énergie qu'on va devoir déployer.

Journaliste : ...bon, on veut accélérer les processus d'appel d'offres, mais il y a de la résistance sur le terrain, là, quand on parle de construire des éoliennes, des barrages. Avez-vous peur que ça, ça vous bloque?

M. Fitzgibbon : Bien, c'est deux choses. Je pense, c'est important de donner les deux. Premièrement, le fait de vouloir court-circuiter le processus n'est pas en porte-à-faux avec les enjeux écologiques. Par exemple, aujourd'hui, Hydro-Québec est gérée par décrets. Donc, moi, comme ministre de l'Énergie, je fais des décrets. Bon, appels d'offres. Ils vont aux appels d'offres. Ils reviennent. C'est-tu un bon appel d'offres? Oui, c'est beau. Va à la régie, revient. Il y a beaucoup... C'est une balle de ping-pong qui se promène. Alors, ça, là, ça prend 101 semaines, en gros, aujourd'hui, quand on dit : On veut un appel d'offres puis on veut brancher. Alors, c'est très long. On veut réduire ça au moins de moitié. Et, en fait, si c'est gré à gré, ça va être encore beaucoup plus court, sauf que, si c'est gré à gré, on veut que la régie s'assure que le processus est sain parce que sinon ça prend un contrepoids, là. On ne va pas... On ne va pas laisser Hydro-Québec toute seule décider qu'est-ce qu'ils vont faire, à quel coût. Ça n'a pas de bon sens. Donc, la régie va s'élever, va regarder la tarification. Alors, ça, c'est très important, et je pense que ça, c'est la bonne façon d'aller plus vite en étant responsable.

Maintenant, aucun projet — puis Hydro-Québec l'a dit, nous l'a dit — ne va se faire si ce n'est pas socialement acceptable. C'est sûr que, si les gens ne veulent pas d'éolien, pas de barrage, pas de solaire, bien, il n'y en aura pas, mais il va y avoir une conséquence à ça, par exemple, mais on aura une discussion, mais on n'ira pas court-circuiter le côté socialement acceptable. Je pense que c'est non négociable. Puis M. Legault a été très clair par rapport à ça.

Le Modérateur : Patrice Bergeron, La Presse canadienne.

Journaliste : Bonjour, M. Fitzgibbon. Considérant ce que vous avez dit à propos du fonds d'aide, là, qui sera mis sur pied, on comprend que ça vient donc du fonds consolidé du gouvernement du Québec?

M. Fitzgibbon : Si on veut, oui.

Journaliste : O.K.

M. Fitzgibbon : De mon ministère. Le ministère de l'Énergie aura un fonds puis il va dire : Bon, moi, j'ai de l'argent ici pour compenser Hydro-Québec pour des tarifs qui pourraient être en haut de 3 %.

Journaliste : Comme on doit présumer qu'il y aura vraisemblablement des augmentations, parce qu'Hydro-Québec devra financer, donc, est-ce que vous avez une projection sur ce que ça peut représenter à long terme, ce que pourrait nécessiter ce fonds d'aide là en aide financière aux clients?

M. Fitzgibbon : Il y a... Il n'y a pas... Il y a eu une certaine modélisation, et c'est clair qu'à court terme il n'y aura pas d'impact parce que toute la nouvelle production a un coût marginal qui va être supérieur au coût du bloc patrimonial. Elle n'arrivera pas avant 2028, 2029, 2030. Donc, à court terme, on parle pratiquement de l'inflation. Le p.l. n° 34 avait dit : On va prendre l'inflation, parce que l'inflation était un bon corrélateur du coût de service. C'était parfait, en fait. Aujourd'hui, on n'en est plus là. C'est sûr qu'il va y avoir d'autres coûts de transport. C'est sûr qu'il va y avoir éventuellement une hausse, mais, à court, moyen terme, il n'y aura pas d'impact.

Journaliste : Elles disaient quoi, vos modélisations?

M. Fitzgibbon : Ah! ça pouvait être n'importe où entre 100 millions... 200, 300 millions par année, là, mais ces modélisations ne sont pas pertinentes pour la discussion aujourd'hui.

Journaliste : O.K. Et donc vous prévoyez que ce projet de loi là pourrait être adopté d'ici décembre ou est-ce que vous avez...

M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, on va... on a mis la balle au jeu. Les commissions parlementaires vont commencer, je présume, en septembre, là, après la fête du Travail. On va prendre le temps qu'il faut. Honnêtement, on n'a pas d'urgence. Le plus tôt sera le mieux. Mais c'est un débat qui va devoir avoir lieu. Il y a beaucoup de gens qui vont avoir des opinions, des idées sur... parce qu'il est très technique, très complexe, le projet de loi, là. On fait ça en 30 minutes ici, aujourd'hui, mais il va y avoir beaucoup de discussions qui vont prendre place dans les prochains... prochains mois. Alors, nous, on veut être ouverts, avoir des bonnes consultations, puis ça prendra le temps que ça prendra.

Le Modérateur : Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.

Journaliste : Oui. Bonjour à vous deux. Je reviens sur la disposition 130 du projet de loi sur la modulation. Vous dites vouloir forcer un débat par cette disposition-là, mais, en même temps, vous dites que la modulation, c'est la logique. Est-ce que c'est un manque de courage politique de juste dire : On prend la décision, on y va avec la modulation, c'est la logique, bing, bang, plutôt que de confier ça à la Régie de l'énergie?

M. Fitzgibbon : Bien, ce serait brouillon de faire ça. On n'est pas brouillon, donc on va avoir le débat. Le débat, ce n'est pas un débat acrimonieux, c'est un débat de dire : Quelles sont les différentes façons de moduler? Puis on a du temps en masse pour faire ça. La régie, qui va devoir... La régie, en bout de piste, c'est elle qui va réguler sur les tarifs. Alors, la régie va être en... Puis on va avoir un débat... pas un débat, mais il va y avoir une discussion sur ça. La régie va devoir questionner Hydro-Québec. Puis, je pense, le débat est sain. Puis le gouvernement aussi d'ailleurs. Mais aujourd'hui, dire qu'on va forcer la modulation, bien, on ne peut pas forcer les choses qu'on ne connaît pas.

Journaliste : Donc, encore une fois, plafond fixé à 3 % de toute hausse des tarifs d'électricité jusqu'à la prochaine législature, la prochaine élection. Vous êtes un caquiste. Est-ce que la CAQ va défendre le plafond à 3 % lors de la prochaine campagne électorale?

M. Fitzgibbon : Il est trop tôt pour... Ce n'est pas moi qui va décider ça. Le premier ministre va... pourra décider.

Journaliste : Puis, Pierre Fitzgibbon, lui, est-ce qu'il trouve que limiter ça à 3 %, c'est responsable?

M. Fitzgibbon : Je pense qu'aujourd'hui c'est la bonne décision. Pourquoi? Parce qu'il y a beaucoup d'incertitude. Hein, il n'y a pas eu de transparence avec la population. Puis je suis d'accord avec le questionnement : Bon, un barrage, comment ça va coûter? On va-tu faire des éoliens partout dans ma cour, dans la cour de l'autre? Quel coût ça va coûter? On n'a pas eu ce débat-là. Donc, c'est sûr que la population dit : Wo! Où va l'énergie? Bon, lave-vaisselle, 2 heures du matin. Le monde : Bien là, pourquoi on fait ça? On fait ça parce qu'on va donner ça à des méchantes compagnies qui font de l'argent? Tu sais, il y a tout un débat, là. Puis moi, je pense que 3 %, là, ça va calmer le jeu. On va dire aux gens : C'est 3 %, le maximum. Nous allons, à travers le PGIRE, je reviens toujours au PGIRE, expliquer à population : Voici le coût de la décarbonation. Qui va payer pour ça? C'est-tu les entreprises? C'est-tu les commerces? C'est-tu le résidentiel? C'est-tu le gouvernement? C'est-tu Hydro-Québec? Tu sais, c'est un débat qu'il faut... qu'on doit avoir. Puis moi, je n'ai pas la réponse à ça, mais je peux... je vais répondre... différentes façons, mais il faut avoir ce débat-là.

Alors, je pense que c'est très prudent de la part du gouvernement. Je supporte ça, dire : C'est 3 %, le maximum. Mais là au moins on sécurise puis on enlève le débat qui va être à la mauvaise place. Et, quand on aura l'information, il y a peut-être des gens qui vont dire : Sais-tu quoi, chauffer la piscine, là, bien, je vais payer 0,15 $ le kilowattheure, puis, par contre, chauffer le... parce que j'ai... j'ai des revenus de 50 000 $, je vais payer 0,02 $ le kilowattheure. Ça, là, cette discussion-là, il faut l'avoir. Alors, je pense qu'il faut l'avoir au bon moment, mais ce n'est pas aujourd'hui.

Journaliste : ...sur votre avenir. Juste... Est-ce que vous allez être l'auteur de... du premier plan de gestion intégrée des ressources énergétiques?

M. Fitzgibbon : Ah! la CAQ, c'est sûr qu'on va l'être.

Journaliste : Bien, vous, Pierre Fitzgibbon, est-ce que c'est vous qui allez signer ce premier plan là?

M. Fitzgibbon : Le ministre de l'Énergie va être responsable du PGIRE, absolument.

Journaliste : Mais le plan, là, si je peux me permettre, là... le plan, si je peux me permettre, vous avez jusqu'en 2026 pour le déposer. Donc, on ne l'aura peut-être pas quand ce débat-là va se faire sur l'article 130.

M. Fitzgibbon : Il va y avoir des bonnes... Parce que, c'est ça, ce n'est pas un plan qui va arriver tout emballé : voici le plan, là. Il va y avoir des discussions qui vont avoir lieu puis il va y avoir une discussion qui va avoir lieu dans...

Journaliste : Mais vous avez dit un an tantôt.

M. Fitzgibbon : Bien... un an et demi, là, ce n'est pas grave, là, tu sais. On part de zéro, là, on part de...

Journaliste : ...avant la campagne électorale?

M. Fitzgibbon : Oui, oui, il va y avoir des...

Journaliste : ...un an et demi avant, c'est serré, là.

M. Fitzgibbon : Il va y avoir des consultations. Il va y avoir des consultations. On n'arrivera pas avec un plan fini : voici le plan, merci, bonsoir, on va l'appliquer, là. Il va y avoir... C'est parce qu'il va y avoir un débat... un très bon débat avec ça. Moi, j'ai participé indirectement à ce qui s'est passé en France quand M. Macron a décidé de prendre du nucléaire, à quel niveau, là, puis j'ai observé ce qui s'est passé, et, je pense, ça va être un bon débat puis qui va être essentiel pour que les Québécois se rendent confortables ou inconfortables avec la décarbonation.

Journaliste : ...vous en ajouter une, M. le ministre, en français avant qu'on passe en anglais. Où est-ce que vous... Olivier Bossé, du Soleil. Où est-ce que vous incluez dans votre calcul l'énergie que vous allez recevoir de Terre-Neuve?

M. Fitzgibbon : Très bonne question. Écoutez, c'est sûr que, pour le plan 2035, on va avoir Terre-Neuve. Le plan 2050... Terre-Neuve finit à 2041. Donc, il y a des discussions présentement avec Terre-Neuve, et c'est un élément important, vous avez absolument raison. Dans le PGIRE, il va falloir savoir si le 5 000 mégawatts approximatif de Terre-Neuve va être encore là en 2041. Alors, ça va être important.

Journaliste : ...là. C'est-tu parce que... Tout ça, là, le Québec, vous avez parlé souvent de barrages, M. le ministre, vous êtes en négociation avec des communautés autochtones. Si vous vous entendez avec Terre-Neuve et vous construisez Gull Island parce qu'Hydro-Québec finance la construction, vous n'avez plus besoin de barrages au Québec, là, ou moins besoin de barrages au Québec. Mais, si ça ne fonctionne pas avec Terre-Neuve, vous perdez 25 % de votre capacité énergétique. C'est ça, Terre-Neuve, actuellement, là.

M. Fitzgibbon : Ce n'est pas 25 %, là, par contre, mais...

Journaliste : Bien, c'est autour de 25 % ce que fournit Churchill Falls.

M. Fitzgibbon : Mais vous avez... vous avez raison, vous avez raison.

Journaliste : Si vous n'avez pas Terre-Neuve, on peut-tu dire que vous êtes dans le trouble?

M. Fitzgibbon : Non, pas dans le trouble, mais disons que c'est moins le fun.

Le Modérateur : On va passer aux questions en anglais.

Des voix : ...

Le Modérateur : O.K. Vas-y, Véro.

Journaliste : ...j'aimerais juste avoir... c'est une réaction que je veux avoir, parce que, là, on commence à recevoir les communiqués, là, des entreprises, puis du secteur industriel, puis tout ça, qui s'inquiètent de la hausse des tarifs, là. Est-ce que vous avez quelque chose pour les rassurer? Vous voulez attirer des investisseurs ici, mais, en même temps...

M. Fitzgibbon : Oui. Non, ça, je suis assez à l'aise avec ça. Je pense qu'il y a des gens qui ont titré ce matin qu'il y aurait des hausses faramineuses en 2026, là. Nostradamus a parlé de ça, là. Ça n'arrivera pas. Ça n'arrivera pas. Il n'y aura pas de choc tarifaire à court terme. Alors, je peux rassurer la population, les entreprises, ça n'arrivera pas. Parce qu'en plus il faut comprendre que les hausses qui vont survenir avec la nouvelle production à coût marginal, différent du bloc patrimonial, vont arriver en 2028, 2029, 2030, 2032, jusqu'à 2035. Donc, il y a du temps en masse.

Deuxièmement, la Régie de l'énergie va vouloir lisser ça un petit peu. Donc, il n'y a pas de choc tarifaire qui s'en vient, autant au résidentiel, évidemment, à cause de la page du 3 %, autant au niveau commercial qu'au niveau industriel. Je peux rassurer la population.

Le Modérateur : Nicolas, dernière.

Journaliste : ...concernant la modulation, est-ce que je comprends bien qu'après 2026 la régie, elle, pourra la rendre obligatoire?

M. Fitzgibbon : Bien, la loi permet à la régie d'avoir un plus grand rôle à jouer dans la modulation, clairement, mais, à ce moment-ci, il n'y a jamais eu de discussion, ça fait que n'assumons pas des choses, là, on va apprendre parce que...

Journaliste : Mais la loi lui permet.

M. Fitzgibbon : Elle pourrait, oui.

Le Modérateur : Super. On va passer à Gloria Henriquez, Global.

Journaliste : When it comes to... When it comes to... What do you think is the most impactful thing that you're proposing here, in this bill, that you would really like to see come through?

M. Fitzgibbon : Well, I think, at the base, we want to have an integrated plan of resources that Québec has never had to produce, given that we were in surpluses and that nobody, really, was concerned about perhaps an unbalance between supply and demand.

So, now, this plan talks about assessing what are the requirements to decarbonize without a requirement, because the Government needs to decide what's the demand requirement, that's the Government's imperative, what's the demand for industry, what's the demand for decarbonizing. On the other side, what are the sourcing, what's the energy mix and the cost of the energy mix, the social cost and economical cost. And this is going to be modulated. There's parameters that will be developed. There's models that exist elsewhere in the world that we'll import. And that will put... set the table for discussion with Quebeckers to say : OK, we want to decarbonize, we want to create wellness, that's the price we have to pay and that... who's going to pay for that. So, that will set the base, I think, for a solid discussion.

The other element is to allow Hydro-Québec to accelerate his process to produce more green energy. Very important, because, right now, it takes almost two years by the time you go to market and you get the project connected.

And thirdly, the tariffs, very important. So, we have now established that the Régie de l'énergie, every three years, will establish the cost of service or... sorry, will establish the tariff based on the cost-of-service increment, or decrement, the case may be, and, every two years, will modulate the tariffs.

We said that, for the residential tariffs, until 2026, the next government... be elected... is going to be capped at 3%. But the 3% is not going to be imposed or charged to the corporate or commercial, meaning that, if the cost of service is 4% increment for residential, that 1% difference is going to be a program of the Government to compensate Hydro-Québec. Hydro will not charge that to enterprises. So, that's very important, because people feel, well, we're going to be shifting the surpluses to the corporations. That's not true. And that... the cost of service will obviously be modulated given the new sourcing of energy Hydro-Québec might have in the years to come.

Journaliste : And what message are you sending to consumers, people who are at home? Are you saying : Be careful, you know, brace yourselves? What are you saying?

M. Fitzgibbon : Well, I'll tell them two things. The first thing I'll tell them is that, notwithstanding everything we've been talking about for the last half an hour, 3% is the maximum increment you're going to have on your tariffs. B, we also said that the Régie de l'énergie and Hydro-Québec could put programs together to incentivize people to consume at different times or consume less. And this is going to be optional. And... this is a big debate, in French, about the «modulation des tarifs». We think it's going to come, and it's unknown yet as to how it will come, but eventually that's going to be a requirement to get the proper behavior. But that's going to be on a positive side, because, if the... if the programs are put together and you reduce your cost of electricity, then obviously the cap of 2% doesn't apply. If... We're not going to force a modulation which will have an impact over 2% on the tariffs, because that would be contrary to the Government's objectives.

Le Modérateur : Philip Authier, The Gazette.

Journaliste : Good day. I'm a little bit surprised, from what I've been reading here, that you say you want to open up the debate and hear everybody's point of view. I thought the bill would give more of a leadership of where we want to go, like more dams, more wind power. I thought that's what you were going to do here. So, is it... do you fear the debate, and that's why you're holding back, or you just feel that people need to be aware of the... Because you're trying to be carbon-neutral by 2050, but... So, do you think that we're not ready to... for decisions?

M. Fitzgibbon : Well, we're clearly not ready, because a lot of people do not want new dams, some people do not want to have wind farms next to their homes, some people probably don't want to have solar panels either. That's fine, but, at the same time, we want to decarbonize. We need to double up on production.

So, that debate never occurred because, up to a year ago, we had surpluses. So, therefore, surpluses… take the water in the pools, plentiful, so we can allocate hydro to whomever wants it. We're not there anymore. We have a shortfall for industrials. Therefore, woops! shortfall... What do we do? Do we give it to decarbonize new companies? Where it's going to come from? At which price? So, that debate never occurred. Never.

So, that's why I'm back to this «plan intégré des ressources», that's going to be the driver... going to put the table to have a discussion as to... Do we want to decarbonize? Yes. Do we have Churchill, yes or no? If no, we need 25 dams. If it's yes, maybe we need 15. Well, that's too much. That's fine... not going to do dams. We're going to do what? Well, we'll do more wind power... wind farms, sorry. Not in my backyard. OK. In this backyard? No... Well, there's not enough. So, that debate we need to have. And frankly, it's not going to be the Government deciding : This is the dam we want. I think it's not appropriate. We need to have the debate. And I think the debate will be... interesting.

Journaliste : And have you... Obviously, Québec is still sending a... selling a lot of power to United States. Do you think this plan will reassure them on the reliability of their supply and Québec's ability, at the same time, as it's trying to be carbon-neutral, to meet its contract obligations?

M. Fitzgibbon : Well, there's… a big debate on that, these two contracts. First of all, we will honor the contracts, because we are... we have signed those contracts and we'll honor them. B, those contracts are not necessarily bad, because, in the case of New York, for example, in a peak period, then we can lower the transmission. And perhaps, in the summer, when they have their... we can export, in the winter, we can maybe import from them.

So, I think, to have an interconnected grid makes a lot of sense. If you project yourselves in 20, 30 years, why not use the solar from Texas to put on our grid here? So, I think... You see that in Europe right now, the grids get interconnected. That's why Germany is in trouble right now, because they're not interconnected. So, I think there's a merit of interconnection, but clearly we want to put a cap on export. That's why, in the law... we haven't talk about that, but there's... if... over a certain threshold... the Government needs to approve it. It's not going to be a Hydro decision, it's going to be Government decision, because we need to balance what we need for our own use and what we need to get for... to external revenues.

Le Modérateur : Cathy Senay, CBC.

Journaliste : I have... Good day. Mr. Fitzgibbon, I have the same... I have the same thoughts than my colleague Philip, I thought that the plan, your vision would be a way more detailed in your bill. So, basically, at what point did you realize, in the last months, that Quebeckers were not ready yet and didn't understand yet the value of electricity in Québec?

M. Fitzgibbon : Well, I realized that the day I got appointed Minister of Energy. I think the issue is... The law... The purpose of the law is not to tell Quebeckers where we are going to put a dam or where you are going to put wind farms. ...of the law is to be more flexible, to allow production to be more accelerated, of green energy, to allow natural gas, we haven't talk about that, the renewable gas, to allow other types of energy to be part of the mix. So, it's not the law's objective to be detailed, because that has to be done with the process of assessing what do we need. I mean, we... a year ago, we need 100 terawatt hours. Now, we need 200. Is it 300? So, we haven't had the model. We don't have the model to project that. So, we will do that. And, as we go through that model, then we'll determine how much energy we need...

Journaliste : Quebeckers need to put in... in their habits modulation. They need to do that.

M. Fitzgibbon : Yes.

Journaliste : But here it's still shallow, optional.

M. Fitzgibbon : Well, you think the Government will tell the consumer what to do at 2:00 o'clock in the morning? No. What the Government needs to do is to allow modulation to take place. We talk about that, we put the cap on 3% on the tariffs. Hydro-Québec will need and will put modulation, eventually, clearly. There's probably one or two dams equivalent of energy we badly consume, not only residential, by the way, also commercial and industrial. So, yes, we need to have the Régie de l'énergie to be able to work to modulation because eventually we need to reduce our energy consumption.

Journaliste : Yes. One just clarification on this. If we take back your promotional video that you put on social media, are you the one on the wind turbine?

M. Fitzgibbon : Yes. It was interesting.

Journaliste : OK. So, you have the... you're there, on a wind turbine, but now I have the impression that you're holding the horses to go as far as you want to go in energy efficiency.

M. Fitzgibbon : Well, wait and... Well, wait five years. With Hydro-Québec's plan, you'll see a lot of wind turbines.

Journaliste : But, for you, what's your role starting now with this bill?

M. Fitzgibbon : To allow Hydro-Québec to shortcut by a year the process to put more wind turbines.

Le Modérateur : Olivia O'Malley, CTV.

Journaliste : Good afternoon. You talked about modulation and Quebeckers. There's no push. Is there any push that you'd like to see with solar panels on homes, batteries, microgrids, when it comes to getting the population more involved?

M. Fitzgibbon : Well, I think it's going to happen. I mean, all Quebeckers want to decarbonize. So, the plan, the idea, right now :we need to have 150 to 200 terawatt hours more in 2050, 60 terawatt hours more in 2035. The plan of Hydro-Québec is greatly ambitious. It's 9,000 megawatts. Just that will shake the apple tree... a lot. I mean, just the plan that was... that was filed by Hydro-Québec, by itself, it's major. So, I don't know how more detailed it can be. We're going to put a lot of wind, we're going to put the solar as well. So, people, the community will themselves... Lac-Mégantic, I was there recently, you referred to that microgrid, we're going to be allowing that to happen. So, the MRC, the people will automatically come to... and I think... the law allows these projects to take place.

Journaliste : And one of the biggest challenges right now is climate change. Canada has a lower-than-normal rain and snowfall that have reduced hydropower production. What's the biggest challenge with wanting to double this and dealing with the effects of climate change going forward by 2050?

M. Fitzgibbon : Well, I think... Well, first, the climate change has driven our GHG policy, right? We want to reduce by 37.5% the GHG emissions by 2030, net-zero, 2050. That's a result of the climate change. So, that by itself requires a lot of clean energy. So, as part of the plan, I forget the exact percentage... Hydro-Québec put together for the 2035 plan, I think 40% of that new energy is for decarbonizing. So, that's exactly the... driven directly by the climate change focus.

And the industrial projects that we're doing, the battery, per example, or I'd like to have green aluminum or green steel, that's all driven by having green products as well. So, replacing, obviously, black source aluminum by green source aluminum is part of our contribution to the world's decarbonation.

So, I think... That's right, so... The plan was... Actually, 75% of the 2035 plan for Hydro-Québec was decarbonation, 75%. So, that's a direct effect of the climate change, and our policy that we put together. Benoit Charette, my colleague, has set the goals, and that's the reflection of what we need to reach... goals.

Journaliste : Do you worry about the fact that there's less rainfall and snow, that is reducing hydropower production? Because this is...

M. Fitzgibbon : Well, you're talking about the level... hydraulic level of two basins, Churchill and Baie James. And I think that... there are some people that think we should be worried about that. Hydro-Québec seems to think that that's going to be a two-year cycle. Over 100 years, it will be correcting itself. To be honest, I don't think we fully know, but we need to, obviously, be aware of it and that perhaps there will be period where we will have to curtail some hydro production. I know that we're not there yet. The pools are pretty... pretty full right now. But, no, there's no... there's doubt, and one has to think. Ouranos is responsible for that, to look at what will be the impact on the different hydraulic basins.

And that's why, back to my... the PGIRE, it's going to be important to have a good energy mix. I don't think we want to rely on one energy source. And also, if you add to that, which is very complex… you have the intermittence... intermittence of some energy sources such as wind and solar, versus the base load of hydro. At one point, we're fortunate in Québec, we can increase the renewable pretty significantly because we have a high base load. But, in some countries, they reach a maximum, so… more base load, and base load is not easy, because I'm talking about hydro, nuclear, other sources. There's not plenty sources out there. So, it's a complex... That's why people who thought that this law would give the detail of what we're going to be doing… it's impossible, it's intellectually impossible. We need to have the debate and have... but the law will allow faster execution.

Le Modérateur : Merci, tout le monde.

M. Fitzgibbon : Merci.

Le Modérateur : Merci, M. le ministre.

(Fin à 12 h 21)

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