(Onze heures trente-trois minutes)
Le Modérateur : Alors, bonjour.
Bienvenue à tout le monde à cette conférence de presse du ministre Pierre
Fitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. Il
présente le projet de loi n° 69 qui est la Loi assurant la gouvernance
responsable de ressources... des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives. M. Fitzgibbon est accompagné de David Bahan, qui est
l'ancien sous-ministre à l'Économie, à l'Innovation et Énergie. Il sera là
aussi pour répondre aux questions. Donc, M. Fitzgibbon, à vous la parole.
M. Fitzgibbon : Merci. Alors,
bonjour, tout le monde. Alors, voilà, c'est fait. Le projet de loi a été
déposé, et j'aimerais peut-être vous raconter brièvement le chemin qu'on a pris
pour se rendre ici puis faire part aussi des grandes lignes du projet.
On part de notre engagement où on voulait
que, d'ici 2050, le Québec soit le premier État carboneutre en Amérique du
Nord. C'est très ambitieux, on le reconnaît, mais c'est possible. Selon les
évaluations récentes d'Hydro-Québec, si on veut y arriver, on doit produire
entre 150 et 200 TWh additionnels de ce qu'on produit actuellement. C'est
énorme. On doit pratiquement, comme on l'a dit souvent, doubler notre
production actuelle d'électricité et on a 25 ans pour le faire. C'est très
court. En fait, il faut développer en 25 ans l'électricité que le Québec a
pris 100 ans à bâtir, et nos processus actuels sont beaucoup trop lents.
Le cadre réglementaire qui gouverne le
fonctionnement du secteur de l'énergie n'a pas bougé depuis 25 ans. Il
fallait le moderniser. On a donc commencé en consultant. Dans la dernière
année, on a consulté des experts, des citoyens, des communautés autochtones,
des groupes, des distributeurs, en fait, tout le monde. Je prends d'ailleurs un
moment ici pour remercier tous ceux qui ont contribué à ce projet de loi, dont
la personne à ma gauche, qui n'est plus mon sous-ministre depuis une semaine,
mais qui a été là pendant tout le temps qu'on a travaillé ce projet et qui
pourra me seconder à la période de questions au besoin.
Il y a des consensus évidents qui se sont
dégagés du processus. Le premier, c'est la nécessité d'avoir au Québec un plan
de gestion intégrée des ressources énergétiques, ce qu'on appelle le PGIRE. Ça
se fait dans d'autres pays. C'est le plan, en fait, qui définit la vision
d'ensemble pour le secteur de l'énergie. J'ai eu la chance d'en discuter avec
plusieurs de mes homologues en Europe et dans plusieurs pays. Ce plan sera
développé par le gouvernement. Ça fixe les éléments qui soutiennent tant nos
cibles climatiques que nos cibles économiques. C'est un peu normal qu'on n'en
ait jamais eu, on n'en a jamais senti le besoin. On était en surplus depuis
très longtemps et tout allait bien. Mais, avec un bon plan et la démarche qui
va l'accompagner, je pense qu'on a moins de chances d'être surpris par des
changements importants dans le secteur de l'énergie.
On a été surpris par la hausse soudaine de
la demande d'énergie dans les dernières années. On n'était pas prêts.
L'Occident au complet a été pris de court. Et je ne blâme personne, mais on
aurait pu réagir plus vite. Depuis l'an 2000, il y a eu très peu de grands
projets industriels qui ont vu le jour. Hydro-Québec a bâti son plan
d'approvisionnement sur cette base historique.
Autre consensus : la régie doit
évoluer et doit être renforcée. La régie doit pouvoir tenir en compte la
transition énergétique dans le cadre de ses décisions. Elle doit aussi demeurer
la seule responsable de la fixation des tarifs. Dans un contexte de monopole,
c'est essentiel de compter sur un contrepoids. C'est... En fait, c'est très
sain. On veut protéger les clients et leur assurer une neutralité et une
prévisibilité.
Parallèlement, le premier ministre a été
très clair, pour les clients résidentiels, notre engagement est de plafonner la
hausse des tarifs à 3 %. Le projet de loi nous permet de le faire en
créant un programme spécial en dehors de la loi et qui va être géré par le
gouvernement. Notre cible de 3 % sera maintenue jusqu'à la nouvelle
législature.
Je continue avec les consensus. Les
processus actuels sont trop lents et les projets ne lèvent pas assez vite. Il
est hors de question que le Québec perde son avantage concurrentiel par rapport
à l'énergie propre. On veut donc assouplir les processus d'approvisionnement
pour offrir plus de flexibilité à Hydro-Québec.
Hydro, c'est une fierté économique des
Québécois. C'est un outil important dans la lutte aux changements climatiques.
Il faut qu'Hydro-Québec ait les coudées franches pour jouer ce rôle. On va
permettre à Hydro-Québec de développer des projets plus rapidement, sans appel
d'offres. Le coût des projets seront contrôlés à la régie et ce qui doit être
inclus dans les tarifs également. Fini les nombreuses étapes de décrets
gouvernementaux qui précèdent des grilles de critères, qui vont à la régie, qui
mènent à un appel d'offres, qui qualifient des fournisseurs. Tout ça était
beaucoup trop long. On pense qu'en coupant la bureaucratie on peut économiser
une année complète entre le moment où on décide de faire un projet et le moment
où on va le brancher. On peut faire ça, tout en respectant les règles
environnementales.
Le gouvernement se réserve le droit
d'initier certains projets pour des raisons régionales ou des raisons
stratégiques, et Hydro-Québec ne peut pas tout faire seule. On veut permettre
aux producteurs d'énergie renouvelable de vendre une partie de leur production
à un consommateur situé sur un terrain adjacent, mais pas sur le réseau de
transport d'Hydro-Québec. Lorsqu'on parle de transition énergétique, on doit
additionner les forces et non pas les diviser.
Maintenant, je vais insister sur une
chose. Il est hors de question de privatiser ou de dénationaliser quoi que ce
soit. Le projet de loi ne fait pas ça. La production privée est possible, comme
l'a souhaité René Lévesque et comme ça a été consacré par la dernière réforme
du PQ au tournant des années 2000, et rien ne change de ce côté-là.
Hydro-Québec doit aussi être un catalyseur
pour le développement économique du Québec, tant au niveau de ses fournisseurs
que des entreprises qu'elle dessert. Le projet de loi vient élargir la mission
d'Hydro-Québec. Un peu comme la Caisse de dépôt, Hydro-Québec va contribuer au
développement économique du Québec.
On veut aussi accélérer le développement
de nouvelles sources d'approvisionnement énergétique, ça va être essentiel pour
répondre à la demande. Le projet de loi s'attarde au développement de la
filière du gaz de source renouvelable. C'est un complément essentiel à la
décarbonation du Québec, c'est une énergie de transition, mais c'est une
énergie qui est nécessaire.
La transition énergétique, c'est un
immense projet de société. Notre souhait, c'est que tout le monde embarque. La
vision est claire, le développement énergétique sera le créateur de richesse au
cours des prochaines années. Ultimement, qu'est-ce qu'on veut? On veut que les
Québécois consomment de l'énergie propre produite au Québec. Ça va faire moins
d'importation d'énergie sale, plus de développement économique et clairement
moins de GES. Je pense qu'on a un bon projet de loi qui va permettre au Québec
de faire tout ça, et on va prendre tout le temps qui est requis pour en
discuter et pour en débattre.
Maintenant, c'est avec grand plaisir que
je vais répondre aux différentes questions.
Le Modérateur : Parfait. On
va y aller assez rondement : une question, une sous-question. L'équipe du
ministre a demandé qu'on fasse une quarantaine de minutes de questions, donc ne
pas s'étirer avec une troisième, quatrième question. Donc, on va commencer par
Alain Laforest, TVA.
Journaliste : Bonjour, M. le
ministre. Juste une clarification, pour être très, très clair avec les gens qui
écoutent, là. D'ici 2026, il y a... c'est garanti que ça ne hausse pas de plus
de 3 % pour les tarifs résidentiels.
M. Fitzgibbon : Exact.
Journaliste : Mais, après
2026, que se passe-t-il?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, premièrement, il faut comprendre que le projet de loi va établir la
base pour le rehaussement ou l'ajustement des tarifs, le recalibrage qu'on
appelle, aux trois ans. Donc, ce qui va se passer, c'est que les hausses de
tarifs, assumant que c'est des hausses, vont être établies par la régie. Si
c'est en haut de 3 % pour le résidentiel, il y a un programme, il y a un
budget qui va être établi par le gouvernement pour compenser cette hausse-là
pour qu'Hydro-Québec soit neutre. Alors, ça, c'est un programme gouvernemental
par décret, donc, forcément, quand il y aura une nouvelle législature, la
nouvelle administration, peu importe le gouvernement qui sera choisi, aura à
décider si le décret continue ou ne continue pas. Donc, nous nous engageons
jusqu'à la fin du mandat que ce programme-là soit mis en place pour que les
tarifs soient limités à 3 %.
Journaliste : La modulation — d'ailleurs,
dans votre vidéo, vous avez fait un clin d'oeil avec le lave-vaisselle — ça
existe déjà, c'est inscrit dans votre loi. Qu'est-ce que ça change pour les
consommateurs? Et quel est l'incitatif pour le consommateur d'aller vers la
modulation de tarifs?
M. Fitzgibbon : Bien, je
pense que c'est... c'est ça, c'est clairement des moyens qui vont être laissés
à Hydro-Québec. Hydro-Québec va regarder quels genres de modulation peuvent
être offerts aux consommateurs, mais, encore une fois, peu importe la
modulation, ça va être optionnel pour le consommateur, ça ne sera pas
obligatoire. Et, deuxièmement, nous nous engageons qu'il n'y aura pas de hausse
en haut de 3 %.
Donc, Hydro-Québec peut mettre des
programmes en place qui vont inciter les gens à consommer différemment ou
consommer moins, en fait, ça prendrait les deux, auquel cas, bien, il pourrait
y avoir une baisse de tarification. Alors, nous, on a une protection à
3 %, mais Hydro-Québec a le mandat de moduler la tarification, ce qu'ils
vont faire, mais qui va être, encore une fois, c'est important, optionnel pour
le consommateur.
Le Modérateur : Marie-Michèle
Sioui, Le Devoir.
Journaliste : Oui, bonjour.
La hausse de 100 mégawatts, là, pour le seuil de puissance pour
essentiellement louer une rivière, là, pouvez-vous juste clarifier vos
intentions? Vous voulez plus de centrales privées? Vous voulez des centrales
plus grosses que les mini actuelles, donc plus de moyennes centrales privées?
M. Fitzgibbon : Non, dans ce
cas-là, ce que... ce qu'on fait, c'est qu'on permet à Hydro-Québec de pouvoir se
départir de la production en bas de 100 mégawatts. Par exemple, s'il y
avait un barrage dans une des rivières du Québec de 50 mégawatts,
Hydro-Québec pourrait décider de laisser ou de vendre cette centrale-là à la
MRC, communautés autochtones, donc c'est du partenariat, mais c'est une option
qu'Hydro-Québec va avoir, et le gouvernement, évidemment, va devoir approuver,
parce qu'on peut comprendre facilement qu'Hydro-Québec va vouloir focaliser sur
les gros projets. Donc, on dit : 100 mégawatts et moins, Hydro
pourrait décider, pourrait décider de se départir de ces ouvrages-là puis le
laisser dans la communauté.
Journaliste : Donc, c'est
lié, justement... Moi, j'avais compris qu'il y avait une volonté de partenariat
avec les communautés, mais là vous dites que, carrément, on laisserait... on
laisserait les projets à certaines communautés autochtones.
M. Fitzgibbon : C'est une
possibilité à ce moment-ci. Ce qu'on fait, c'est qu'on a monté le seuil, puis
on dit : En bas de 100 mégawatts, Hydro-Québec peut faire... peut les
conserver, ce qu'ils peuvent vouloir faire, ils peuvent en partie les céder aux
communautés, ou ils peuvent en totalité les céder aux communautés. Donc, c'est
un choix d'Hydro-Québec.
Le Modérateur : Charles
Lecavalier, La Presse.
Journaliste : Oui, bonjour.
Encore sur les... Est-ce que vous avez quand même l'intention de rouvrir...
qu'il y ait plus de mini centrales électriques privées? Est-ce que vous en
voulez des nouvelles ou c'est... on parle vraiment juste des actifs déjà?
M. Fitzgibbon : On parle des
existantes, principalement.
Journaliste : O.K. Sur la
modulation, c'est ça, parce qu'il y a un article dans la loi qui concerne ça
directement, pourquoi vous demandez à la régie de venir le préciser en 2026 si
ça existe déjà? C'est quoi... C'est quoi, l'ajout?
M. Fitzgibbon : On veut... On
veut l'augmenter un peu aussi. Puis, je pense, c'est important que la
modulation... Ça, ce n'est pas juste des résidentiels, c'est au niveau
commercial aussi. Je pense, c'est important de le faire. Peut-être, David, tu
veux...
M. Bahan (David) : Dans le
fond, l'article vise à forcer le débat. Dans le fond, devant la régie, il va y
avoir différents intervenants qui vont venir proposer des pistes, il va y avoir
des critiques, et donc l'objectif est vraiment d'avoir un débat éclairé sur la
question puis d'avoir les meilleures options disponibles pour les
consommateurs.
Journaliste : Mais c'est
parce que, quand... M. le ministre, quand vous dites que ça va toujours rester
optionnel, ça, c'est-tu avant 2026 ou c'est aussi post-2026?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je pense que, quand on offre de la modulation, la plupart du temps,
c'est optionnel. Les gens peuvent décider de prendre les programmes. Hilo en
est un, par exemple. Moi, je favorise ce programme-là, personnellement, puis ça
a fonctionné. Alors, Hydro-Québec s'engage à faire ça.
Parce qu'à la base, quand on regarde tout
ça, la meilleure source d'approvisionnement future d'énergie, c'est celle qu'on
ne consomme pas. Donc, à la base, on travaille pour le fait de dire : On
consomme trop d'énergie, peut-on garder cette énergie-là pour d'autres projets?
Alors, c'est là qu'on part, puis Hydro-Québec est totalement à l'aise avec ça.
Alors, ça va évoluer dans le temps. Comme mon collègue vient de le dire, M.
Bahan, il y aura un débat de la Régie de l'énergie. Donc, on va favoriser la
modulation, puis on va... on va voir ce qui va se passer dans le futur, puis on
réagira au besoin.
Le Modérateur : Véronique
Prince, Radio-Canada.
Journaliste : Oui. Bonjour à
vous deux. Je vais quand même poursuivre là-dessus, parce que vous dites que ça
va toujours rester optionnel, qu'il n'y aura rien d'obligatoire, mais, en même
temps, le consommateur, c'est un peu comme de dire : Vous allez devoir
vous habituer, ça s'en vient, puis, à un moment donné, ça va être là, là.
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, la tarification, quand on regarde aujourd'hui... on parle de 0,08 $,
0,085 $, la tarification du résidentiel. C'est clair, quand on se projette
dans 10, 15 ans, l'addition de production va faire que les coûts vont
augmenter. Ça fait que les tarifs vont augmenter. Ce qu'on a décidé de faire,
c'est de dire : On va mettre un maximum de 3 % pour la période
actuelle, mais, à la base, il va falloir que les consommateurs consomment
moins. On va les encourager avec des carottes, non pas des bâtons, de dire :
Comment on consomme mieux pour avoir moins d'énergie? Et la même chose, en
passant, pour les commerces, la même chose pour les édifices, pour les
industries, donc... Ça fait que je pense que c'est logique qu'on dise au début :
Mettons un maximum de 3 %, mais travaillons plus étroitement avec les
différentes communautés pour qu'on consomme moins d'énergie parce qu'il y a
probablement de 2 000 à 3 000, 4 000 mégawatts de
disponibles si on consomme différemment. Alors, il faut en profiter. Ça, ça
représente deux barrages.
Journaliste : J'aurais besoin
de précisions aussi concernant le plan que vous voulez présenter, là, le plan
intégré. Ça serait quoi, l'échéancier? Est-ce qu'il y a d'autres projets de
loi, donc, qui vont être intégrés ou celui-là vous donne comme toutes les
balises que vous avez besoin pour votre plan?
M. Fitzgibbon : On a toutes
les balises. Le PGIRE, ça va être un plan de gestion intégrée des ressources
qu'on va vouloir déposer probablement dans un an, qui va requérir du travail
qui n'a jamais été fait, là. On parle à des consultants qui font de la
modélisation. On a regardé ce qui se passe dans plusieurs pays qui ont adopté
un tel programme, on n'a rien inventé, et on doit travailler. Et le
gouvernement, le ministère de l'Énergie va être responsable de mettre ce
plan-là en place avec, évidemment, la collaboration d'Hydro-Québec et d'autres
intervenants qui pourront amener au débat. Et on s'attend... dans un an, on
présentera à la population du Québec.
En fait, ça va être quoi, au juste? Ça va
être de regarder c'est quoi, les vrais besoins énergétiques, qui ne sont pas
seulement électriques, hein, il va y avoir du GNR, du GSR, il va y avoir
d'autres sources d'énergie, du biocharbon, qu'on développe présentement. Alors,
on va regarder qu'est-ce qu'on a besoin pour décarboner et quelles sont les
sources énergétiques de disponibles, à quels coûts, coûts économiques et coûts
sociaux. Et ce programme-là, ça va être... En France, là, ils ont... ils sont
arrivés avec six chemins critiques, six différentes options de sources
énergétiques, et le gouvernement a choisi une des options. Alors, ça va être un
peu ce mécanisme-là, qui va aussi requérir de la consultation, hein, ça ne sera
pas fait en vase clos dans le bureau du ministre de l'Énergie. Ça va être
divulgué à la population. Il va y avoir un... des débats sur ça. Il y aura... Il
y aura des consultations, puis, à un moment donné, bien, le gouvernement va
dire : Voici le plan qui est choisi, qui va être un plan qui va être pour
plusieurs années, et ce plan-là va permettre à Hydro-Québec de bâtir les
nouveaux ouvrages, de faire les lignes de transport. Il va permettre au réseau
de gaz naturel d'augmenter le GNR, si c'est le cas, de faire du biocharbon. Ça
fait qu'il y aura une résultante de ça qui va être nos projets pour le... On
n'a pas ça à date parce qu'on n'en a pas eu besoin. Donc, on veut corriger la
situation.
Le Modérateur : Nicolas
Lachance, du Journal de Montréal et Journal de Québec
Journaliste : Bonjour. Je
veux seulement revenir sur la modulation. Je ne suis pas certain d'avoir très
bien compris encore, je suis désolé. À partir de 2026, là, vous dites, vous
voulez provoquer un débat avec la régie, avec Hydro-Québec, tout ça, mais, après
2026, est-ce que la régie, avec la loi actuelle, là, ou Hydro-Québec pourrait
forcer la modulation, donc la rendre obligatoire? Est-ce que la loi le permet?
M. Fitzgibbon : L'idée n'est
pas de forcer rien. L'idée, c'est que la modulation, c'est la logique même...
on la voit partout dans le monde. Alors, ce qu'on dit... Et Hydro-Québec en a
une, modulation, actuellement, là. Le projet Hilo, c'en est un.
Journaliste : ...juste de
comprendre qu'est-ce que ça change avec ce qu'il y a actuellement.
M. Fitzgibbon : On force la
discussion, tout simplement. Il n'y aura pas rien qui va être forcé dans la
gorge de personne.
Journaliste : O.K. Et, dans
votre communiqué, vous dites — excusez-moi, donnez-moi deux secondes — que
c'est... la loi vient protéger le 3 %, donc que ça va être inscrit à la
loi. Mais là, vous avez dit que ce n'était pas inscrit à la loi, que c'est un
programme qui est à l'extérieur de tout ça.
M. Fitzgibbon : Oui.
Journaliste : Donc, c'est le
communiqué qui a raison ou si c'est vous, là?
M. Fitzgibbon : Non, c'est
que... ce que j'ai dit a raison.
Journaliste : Donc...
M. Fitzgibbon : Alors, ce que
j'ai dit, tout simplement, c'est que la loi... la loi dit qu'il y a recalibrage
où le coût de service va être la base de la nouvelle tarification. Ça, c'est la
loi. Donc, c'est la régie qui fait ça. Hydro-Québec soumet ses coûts. La régie
va dire : Oui, non, ces coûts-là sont bons, pas bons, et voici la nouvelle
base tarifaire.
Journaliste : ...
M. Fitzgibbon : Si, si, pour
le résidentiel, la hausse, s'il y a une hausse, est plus que 3 %, il y
aura un programme au gouvernement qui va compenser Hydro-Québec pour la
différence. Disons, un exemple simple, si la régie dit : C'est 4 %
d'augmentation, nous, on dit : C'est 3 %. Donc, Hydro-Québec va
recevoir 1 % du gouvernement pour ne pas qu'Hydro-Québec soit pénalisée
par rapport à ça et surtout pour ne pas que les entreprises soient pénalisées.
Donc, c'est vraiment... On identifie le résidentiel puis on dit...
Journaliste : ...c'est un
programme de la CAQ.
M. Fitzgibbon : Bien, du
gouvernement. Nous sommes le gouvernement.
Journaliste : Ce que je veux
dire... c'est qu'après l'élection, si ce n'est plus la CAQ, le programme
existera encore, mais il pourra être...
M. Fitzgibbon : Exactement.
Journaliste : Donc, ce n'est
pas dans la loi, ça.
M. Fitzgibbon : Exact.
Exactement.
Journaliste : Donc, on ne
bloque pas les tarifs à 3 % ad vitam aeternam.
M. Fitzgibbon : Exact. Exact.
Le Modérateur : Laurence
Royer, Noovo.
Journaliste : Bonjour.
Doubler la production d'énergie au Québec, c'est énorme. Sur quel type d'énergie
vous comptez miser? Est-ce qu'il va y avoir d'autres barrages, là, par exemple,
ou sinon quelle autre énergie?
M. Fitzgibbon : Bien, à ce
moment-ci, vous vous rappelez peut-être, à l'automne dernier, Hydro-Québec a
soumis son plan 2035. Donc, c'est un plan intermédiaire pour se rendre à 2050.
Donc, en 2035, M. Sabia a présenté qu'il voulait avoir, de mémoire, là, 8 000
à 9 000 mégawatts additionnels, c'est de la puissance, duquel il y
avait de... du returbinage de barrages existants, il y avait de l'éolien, un
peu de solaire, peut-être de la réserve pompée et de l'efficacité énergétique.
Il y avait une espèce de bassin, il y avait un tableau qui déterminait les
différents critères.
Donc, à ce moment-ci, le plan 2035
considère les barrages existants qu'on va returbiner, va inclure... Moi, je
l'ai ici, là. On parlait de 1 600 à 1 800 mégawatts d'économie
d'énergie, donc la fameuse modulation, si elle peut fonctionner, l'éolien,
entre 1 500 et 1 700 de puissance, pas installé, installé, ça va être
trois fois ça, l'hydroélectricité, on avait donc le... returbiner les centrales
existantes, et il y aurait possiblement un nouveau barrage. On n'avait pas
annoncé parce qu'on avait dit qu'on ne le savait pas encore, l'étude n'est pas
encore faite. Puis il y avait aussi le solaire, le stockage, il y avait
d'autres moyens, on avait à peu près 1 000 mégawatts. Donc, il y
avait... il y avait une description du... Alors, ça, c'est 2035.
Pour 2050, parce que ça, c'est 60 térawattheures
sur le 150, 200 qu'on a besoin. On n'est pas allés plus loin que ça. Alors, le
PGIRE, justement, va permettre de regarder... Parce que, tu sais, voilà un an
et demi, c'était 100 térawattheures, là, c'est rendu 150, 200. La réalité,
c'est qu'on n'est... on n'est pas sûrs à 100 %. Le monde ne le sait pas
non plus. Alors, on va regarder plus en détail, avec de la modélisation, c'est
quoi, les besoins réels de 2050 pour être net-zéro, considérant ce qui existe
comme technologie aujourd'hui, regarder qu'est-ce qui est disponible puis de
voir le coût de ça puis de voir le coût social puis le coût économique. Donc,
on n'est pas encore dans cette zone-là.
Journaliste : Mais est-ce que...
Donc, vous ouvrez la porte à regarder la possibilité de construire d'autres
barrages, éventuellement?
M. Fitzgibbon : Bien, si on
veut décarboner, on assume qu'on ne changera pas d'idée, zéro carbone en 2050,
il va falloir faire quelque chose. Alors, si on dit : Pas d'éolien ou pas
trop, pas de solaire, bien là, il va falloir avoir des barrages, peut-être il
va en falloir 15, 20 barrages. Alors, on dit : Non, on n'aura pas 15,
20 barrages, donc on va faire plus d'éolien.
C'est justement, ce débat-là, on ne l'a
pas réellement eu encore. Il y a beaucoup de gens, à juste titre, qui ont des
enjeux au niveau acceptabilité sociale, dire : Ah! de l'éolien, pas sûr
dans ma cour, solaire, oui, ce n'est pas bien beau, barrages, on n'en veut pas.
C'est correct, mais il va falloir regarder quel est l'impact de nos choix sociaux.
Et ça, on n'a jamais eu la discussion parce qu'on était en surplus constamment.
On n'est plus en surplus. Donc, il faut regarder à la base. Et c'est pour ça
que le PGIRE devient très important. C'est seulement à travers le PGIRE qu'on
va pouvoir avoir un débat qui va être sain, en fait, pour dire : Bien là,
si on veut décarboner, il faut être cohérent et voici les sources d'énergie
qu'on va devoir déployer.
Journaliste : ...bon, on veut
accélérer les processus d'appel d'offres, mais il y a de la résistance sur le
terrain, là, quand on parle de construire des éoliennes, des barrages.
Avez-vous peur que ça, ça vous bloque?
M. Fitzgibbon : Bien, c'est
deux choses. Je pense, c'est important de donner les deux. Premièrement, le
fait de vouloir court-circuiter le processus n'est pas en porte-à-faux avec les
enjeux écologiques. Par exemple, aujourd'hui, Hydro-Québec est gérée par
décrets. Donc, moi, comme ministre de l'Énergie, je fais des décrets. Bon,
appels d'offres. Ils vont aux appels d'offres. Ils reviennent. C'est-tu un bon
appel d'offres? Oui, c'est beau. Va à la régie, revient. Il y a beaucoup... C'est
une balle de ping-pong qui se promène. Alors, ça, là, ça prend 101 semaines,
en gros, aujourd'hui, quand on dit : On veut un appel d'offres puis on
veut brancher. Alors, c'est très long. On veut réduire ça au moins de moitié.
Et, en fait, si c'est gré à gré, ça va être encore beaucoup plus court, sauf
que, si c'est gré à gré, on veut que la régie s'assure que le processus est
sain parce que sinon ça prend un contrepoids, là. On ne va pas... On ne va pas
laisser Hydro-Québec toute seule décider qu'est-ce qu'ils vont faire, à quel
coût. Ça n'a pas de bon sens. Donc, la régie va s'élever, va regarder la
tarification. Alors, ça, c'est très important, et je pense que ça, c'est la
bonne façon d'aller plus vite en étant responsable.
Maintenant, aucun projet — puis
Hydro-Québec l'a dit, nous l'a dit — ne va se faire si ce n'est pas socialement
acceptable. C'est sûr que, si les gens ne veulent pas d'éolien, pas de barrage,
pas de solaire, bien, il n'y en aura pas, mais il va y avoir une conséquence à
ça, par exemple, mais on aura une discussion, mais on n'ira pas court-circuiter
le côté socialement acceptable. Je pense que c'est non négociable. Puis
M. Legault a été très clair par rapport à ça.
Le Modérateur : Patrice
Bergeron, La Presse canadienne.
Journaliste : Bonjour,
M. Fitzgibbon. Considérant ce que vous avez dit à propos du fonds d'aide,
là, qui sera mis sur pied, on comprend que ça vient donc du fonds consolidé du
gouvernement du Québec?
M. Fitzgibbon : Si on veut,
oui.
Journaliste : O.K.
M. Fitzgibbon : De mon
ministère. Le ministère de l'Énergie aura un fonds puis il va dire : Bon,
moi, j'ai de l'argent ici pour compenser Hydro-Québec pour des tarifs qui
pourraient être en haut de 3 %.
Journaliste : Comme on doit
présumer qu'il y aura vraisemblablement des augmentations, parce
qu'Hydro-Québec devra financer, donc, est-ce que vous avez une projection sur
ce que ça peut représenter à long terme, ce que pourrait nécessiter ce fonds
d'aide là en aide financière aux clients?
M. Fitzgibbon : Il y a... Il
n'y a pas... Il y a eu une certaine modélisation, et c'est clair qu'à court
terme il n'y aura pas d'impact parce que toute la nouvelle production a un coût
marginal qui va être supérieur au coût du bloc patrimonial. Elle n'arrivera pas
avant 2028, 2029, 2030. Donc, à court terme, on parle pratiquement de
l'inflation. Le p.l. n° 34 avait dit : On va
prendre l'inflation, parce que l'inflation était un bon corrélateur du coût de
service. C'était parfait, en fait. Aujourd'hui, on n'en est plus là. C'est sûr
qu'il va y avoir d'autres coûts de transport. C'est sûr qu'il va y avoir
éventuellement une hausse, mais, à court, moyen terme, il n'y aura pas
d'impact.
Journaliste : Elles disaient
quoi, vos modélisations?
M. Fitzgibbon : Ah! ça
pouvait être n'importe où entre 100 millions... 200, 300 millions par
année, là, mais ces modélisations ne sont pas pertinentes pour la discussion
aujourd'hui.
Journaliste : O.K. Et donc
vous prévoyez que ce projet de loi là pourrait être adopté d'ici décembre ou
est-ce que vous avez...
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, on va... on a mis la balle au jeu. Les commissions parlementaires vont
commencer, je présume, en septembre, là, après la fête du Travail. On va
prendre le temps qu'il faut. Honnêtement, on n'a pas d'urgence. Le plus tôt
sera le mieux. Mais c'est un débat qui va devoir avoir lieu. Il y a beaucoup de
gens qui vont avoir des opinions, des idées sur... parce qu'il est très
technique, très complexe, le projet de loi, là. On fait ça en 30 minutes
ici, aujourd'hui, mais il va y avoir beaucoup de discussions qui vont prendre
place dans les prochains... prochains mois. Alors, nous, on veut être ouverts,
avoir des bonnes consultations, puis ça prendra le temps que ça prendra.
Le Modérateur : Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
Journaliste : Oui. Bonjour à
vous deux. Je reviens sur la disposition 130 du projet de loi sur la modulation.
Vous dites vouloir forcer un débat par cette disposition-là, mais, en même
temps, vous dites que la modulation, c'est la logique. Est-ce que c'est un
manque de courage politique de juste dire : On prend la décision, on y va
avec la modulation, c'est la logique, bing, bang, plutôt que de confier ça à la
Régie de l'énergie?
M. Fitzgibbon : Bien, ce
serait brouillon de faire ça. On n'est pas brouillon, donc on va avoir le
débat. Le débat, ce n'est pas un débat acrimonieux, c'est un débat de dire :
Quelles sont les différentes façons de moduler? Puis on a du temps en masse
pour faire ça. La régie, qui va devoir... La régie, en bout de piste, c'est
elle qui va réguler sur les tarifs. Alors, la régie va être en... Puis on va
avoir un débat... pas un débat, mais il va y avoir une discussion sur ça. La
régie va devoir questionner Hydro-Québec. Puis, je pense, le débat est sain.
Puis le gouvernement aussi d'ailleurs. Mais aujourd'hui, dire qu'on va forcer
la modulation, bien, on ne peut pas forcer les choses qu'on ne connaît pas.
Journaliste : Donc, encore
une fois, plafond fixé à 3 % de toute hausse des tarifs d'électricité
jusqu'à la prochaine législature, la prochaine élection. Vous êtes un caquiste.
Est-ce que la CAQ va défendre le plafond à 3 % lors de la prochaine
campagne électorale?
M. Fitzgibbon : Il est trop
tôt pour... Ce n'est pas moi qui va décider ça. Le premier ministre va...
pourra décider.
Journaliste : Puis, Pierre
Fitzgibbon, lui, est-ce qu'il trouve que limiter ça à 3 %, c'est
responsable?
M. Fitzgibbon : Je pense
qu'aujourd'hui c'est la bonne décision. Pourquoi? Parce qu'il y a beaucoup
d'incertitude. Hein, il n'y a pas eu de transparence avec la population. Puis
je suis d'accord avec le questionnement : Bon, un barrage, comment ça va
coûter? On va-tu faire des éoliens partout dans ma cour, dans la cour de
l'autre? Quel coût ça va coûter? On n'a pas eu ce débat-là. Donc, c'est sûr que
la population dit : Wo! Où va l'énergie? Bon, lave-vaisselle,
2 heures du matin. Le monde : Bien là, pourquoi on fait ça? On fait
ça parce qu'on va donner ça à des méchantes compagnies qui font de l'argent? Tu
sais, il y a tout un débat, là. Puis moi, je pense que 3 %, là, ça va
calmer le jeu. On va dire aux gens : C'est 3 %, le maximum. Nous
allons, à travers le PGIRE, je reviens toujours au PGIRE, expliquer à
population : Voici le coût de la décarbonation. Qui va payer pour ça?
C'est-tu les entreprises? C'est-tu les commerces? C'est-tu le résidentiel?
C'est-tu le gouvernement? C'est-tu Hydro-Québec? Tu sais, c'est un débat qu'il
faut... qu'on doit avoir. Puis moi, je n'ai pas la réponse à ça, mais je
peux... je vais répondre... différentes façons, mais il faut avoir ce débat-là.
Alors, je pense que c'est très prudent de
la part du gouvernement. Je supporte ça, dire : C'est 3 %, le
maximum. Mais là au moins on sécurise puis on enlève le débat qui va être à la
mauvaise place. Et, quand on aura l'information, il y a peut-être des gens qui
vont dire : Sais-tu quoi, chauffer la piscine, là, bien, je vais payer
0,15 $ le kilowattheure, puis, par contre, chauffer le... parce que
j'ai... j'ai des revenus de 50 000 $, je vais payer 0,02 $ le
kilowattheure. Ça, là, cette discussion-là, il faut l'avoir. Alors, je pense
qu'il faut l'avoir au bon moment, mais ce n'est pas aujourd'hui.
Journaliste : ...sur votre
avenir. Juste... Est-ce que vous allez être l'auteur de... du premier plan de
gestion intégrée des ressources énergétiques?
M. Fitzgibbon : Ah! la CAQ,
c'est sûr qu'on va l'être.
Journaliste : Bien, vous,
Pierre Fitzgibbon, est-ce que c'est vous qui allez signer ce premier plan là?
M. Fitzgibbon : Le ministre
de l'Énergie va être responsable du PGIRE, absolument.
Journaliste : Mais le plan,
là, si je peux me permettre, là... le plan, si je peux me permettre, vous avez
jusqu'en 2026 pour le déposer. Donc, on ne l'aura peut-être pas quand ce
débat-là va se faire sur l'article 130.
M. Fitzgibbon : Il va y avoir
des bonnes... Parce que, c'est ça, ce n'est pas un plan qui va arriver tout
emballé : voici le plan, là. Il va y avoir des discussions qui vont avoir
lieu puis il va y avoir une discussion qui va avoir lieu dans...
Journaliste : Mais vous avez
dit un an tantôt.
M. Fitzgibbon : Bien... un an
et demi, là, ce n'est pas grave, là, tu sais. On part de zéro, là, on part
de...
Journaliste : ...avant la
campagne électorale?
M. Fitzgibbon : Oui, oui, il
va y avoir des...
Journaliste
: ...un an
et demi avant, c'est serré, là.
M. Fitzgibbon : Il va y avoir
des consultations. Il va y avoir des consultations. On n'arrivera pas avec un
plan fini : voici le plan, merci, bonsoir, on va l'appliquer, là. Il va y
avoir... C'est parce qu'il va y avoir un débat... un très bon débat avec ça.
Moi, j'ai participé indirectement à ce qui s'est passé en France quand M.
Macron a décidé de prendre du nucléaire, à quel niveau, là, puis j'ai observé
ce qui s'est passé, et, je pense, ça va être un bon débat puis qui va être
essentiel pour que les Québécois se rendent confortables ou inconfortables avec
la décarbonation.
Journaliste : ...vous en
ajouter une, M. le ministre, en français avant qu'on passe en anglais. Où
est-ce que vous... Olivier Bossé, du Soleil. Où est-ce que vous incluez
dans votre calcul l'énergie que vous allez recevoir de Terre-Neuve?
M. Fitzgibbon : Très bonne
question. Écoutez, c'est sûr que, pour le plan 2035, on va avoir
Terre-Neuve. Le plan 2050... Terre-Neuve finit à 2041. Donc, il y a des
discussions présentement avec Terre-Neuve, et c'est un élément important, vous
avez absolument raison. Dans le PGIRE, il va falloir savoir si le 5 000 mégawatts
approximatif de Terre-Neuve va être encore là en 2041. Alors, ça va être
important.
Journaliste : ...là. C'est-tu
parce que... Tout ça, là, le Québec, vous avez parlé souvent de barrages, M. le
ministre, vous êtes en négociation avec des communautés autochtones. Si vous
vous entendez avec Terre-Neuve et vous construisez Gull Island parce
qu'Hydro-Québec finance la construction, vous n'avez plus besoin de barrages au
Québec, là, ou moins besoin de barrages au Québec. Mais, si ça ne fonctionne
pas avec Terre-Neuve, vous perdez 25 % de votre capacité énergétique.
C'est ça, Terre-Neuve, actuellement, là.
M. Fitzgibbon : Ce n'est pas
25 %, là, par contre, mais...
Journaliste : Bien, c'est
autour de 25 % ce que fournit Churchill Falls.
M. Fitzgibbon : Mais vous
avez... vous avez raison, vous avez raison.
Journaliste : Si vous n'avez
pas Terre-Neuve, on peut-tu dire que vous êtes dans le trouble?
M. Fitzgibbon : Non, pas dans
le trouble, mais disons que c'est moins le fun.
Le Modérateur : On va passer
aux questions en anglais.
Des voix : ...
Le Modérateur
: O.K.
Vas-y, Véro.
Journaliste : ...j'aimerais
juste avoir... c'est une réaction que je veux avoir, parce que, là, on commence
à recevoir les communiqués, là, des entreprises, puis du secteur industriel,
puis tout ça, qui s'inquiètent de la hausse des tarifs, là. Est-ce que vous
avez quelque chose pour les rassurer? Vous voulez attirer des investisseurs
ici, mais, en même temps...
M. Fitzgibbon : Oui. Non, ça,
je suis assez à l'aise avec ça. Je pense qu'il y a des gens qui ont titré ce
matin qu'il y aurait des hausses faramineuses en 2026, là. Nostradamus a parlé
de ça, là. Ça n'arrivera pas. Ça n'arrivera pas. Il n'y aura pas de choc
tarifaire à court terme. Alors, je peux rassurer la population, les entreprises,
ça n'arrivera pas. Parce qu'en plus il faut comprendre que les hausses qui vont
survenir avec la nouvelle production à coût marginal, différent du bloc
patrimonial, vont arriver en 2028, 2029, 2030, 2032, jusqu'à 2035. Donc, il y a
du temps en masse.
Deuxièmement, la Régie de l'énergie va
vouloir lisser ça un petit peu. Donc, il n'y a pas de choc tarifaire qui s'en
vient, autant au résidentiel, évidemment, à cause de la page du 3 %,
autant au niveau commercial qu'au niveau industriel. Je peux rassurer la
population.
Le Modérateur : Nicolas,
dernière.
Journaliste : ...concernant
la modulation, est-ce que je comprends bien qu'après 2026 la régie, elle,
pourra la rendre obligatoire?
M. Fitzgibbon : Bien, la loi
permet à la régie d'avoir un plus grand rôle à jouer dans la modulation,
clairement, mais, à ce moment-ci, il n'y a jamais eu de discussion, ça fait que
n'assumons pas des choses, là, on va apprendre parce que...
Journaliste : Mais la loi lui
permet.
M. Fitzgibbon : Elle
pourrait, oui.
Le Modérateur : Super. On va
passer à Gloria Henriquez, Global.
Journaliste :
When it comes to... When it comes to...
What do you think is the most impactful thing that you're proposing here, in
this bill, that you would really like to see come through?
M. Fitzgibbon :
Well, I think, at the base, we want to
have an integrated plan of resources that Québec has never had to produce,
given that we were in surpluses and that nobody, really, was concerned about
perhaps an unbalance between supply and demand.
So, now, this plan talks
about assessing what are the requirements to decarbonize without a requirement,
because the Government needs to decide what's the demand requirement, that's
the Government's imperative, what's the demand for industry, what's the demand
for decarbonizing. On the other side, what are the sourcing, what's the energy
mix and the cost of the energy mix, the social cost and economical cost. And
this is going to be modulated. There's parameters that will be developed.
There's models that exist elsewhere in the world that we'll import. And that
will put... set the table for discussion with Quebeckers to say : OK, we
want to decarbonize, we want to create wellness, that's the price we have to
pay and that... who's going to pay for that. So, that will set the base, I
think, for a solid discussion.
The other element is to
allow Hydro-Québec to accelerate his process to produce more green energy. Very
important, because, right now, it takes almost two years by the time you go to
market and you get the project connected.
And thirdly, the tariffs,
very important. So, we have now established that the Régie de l'énergie, every
three years, will establish the cost of service or... sorry, will establish the
tariff based on the cost-of-service increment, or decrement, the case may be,
and, every two years, will modulate the tariffs.
We said that, for the
residential tariffs, until 2026, the next government... be elected... is going
to be capped at 3%. But the 3% is not going to be imposed or charged to the
corporate or commercial, meaning that, if the cost of service is 4% increment
for residential, that 1% difference is going to be a program of the Government
to compensate Hydro-Québec. Hydro will not charge that to enterprises. So,
that's very important, because people feel, well, we're going to be shifting
the surpluses to the corporations. That's not true. And that... the cost of
service will obviously be modulated given the new sourcing of energy
Hydro-Québec might have in the years to come.
Journaliste :
And what message are you sending to
consumers, people who are at home? Are you saying : Be careful, you know,
brace yourselves? What are you saying?
M. Fitzgibbon :
Well, I'll tell them two things. The first
thing I'll tell them is that, notwithstanding everything we've been talking
about for the last half an hour, 3% is the maximum increment you're going to
have on your tariffs. B, we also said that the Régie de l'énergie and
Hydro-Québec could put programs together to incentivize people to consume at
different times or consume less. And this is going to be optional. And... this
is a big debate, in French, about the «modulation des tarifs». We think it's
going to come, and it's unknown yet as to how it will come, but eventually
that's going to be a requirement to get the proper behavior. But that's going
to be on a positive side, because, if the... if the programs are put together
and you reduce your cost of electricity, then obviously the cap of 2% doesn't
apply. If... We're not going to force a modulation which will have an impact
over 2% on the tariffs, because that would be contrary to the Government's objectives.
Le Modérateur :
Philip Authier, The Gazette.
Journaliste :
Good day. I'm a little bit surprised,
from what I've been reading here, that you say you want to open up the debate
and hear everybody's point of view. I thought the bill would give more of a
leadership of where we want to go, like more dams, more wind power. I thought
that's what you were going to do here. So, is it... do you fear the debate, and
that's why you're holding back, or you just feel that people need to be aware
of the... Because you're trying to be carbon-neutral by 2050, but... So, do you
think that we're not ready to... for decisions?
M. Fitzgibbon :
Well, we're clearly not ready, because
a lot of people do not want new dams, some people do not want to have wind
farms next to their homes, some people probably don't want to have solar panels
either. That's fine, but, at the same time, we want to decarbonize. We need to
double up on production.
So, that debate never
occurred because, up to a year ago, we had surpluses. So, therefore, surpluses…
take the water in the pools, plentiful, so we can allocate hydro to whomever
wants it. We're not there anymore. We have a shortfall for industrials.
Therefore, woops! shortfall... What do we do? Do we give it to decarbonize new
companies? Where it's going to come from? At which price? So, that debate never
occurred. Never.
So, that's why I'm back
to this «plan intégré des ressources», that's going to be the driver... going
to put the table to have a discussion as to... Do we want to decarbonize? Yes.
Do we have Churchill, yes or no? If no, we need 25 dams. If it's yes, maybe we
need 15. Well, that's too much. That's fine... not going to do dams. We're
going to do what? Well, we'll do more wind power... wind farms, sorry. Not in
my backyard. OK. In this backyard? No... Well, there's not enough. So, that
debate we need to have. And frankly, it's not going to be the Government
deciding : This is the dam we want. I think it's not appropriate. We need
to have the debate. And I think the debate will be... interesting.
Journaliste :
And have you... Obviously, Québec is
still sending a... selling a lot of power to United States. Do you think this
plan will reassure them on the reliability of their supply and Québec's
ability, at the same time, as it's trying to be carbon-neutral, to meet its
contract obligations?
M. Fitzgibbon :
Well, there's… a big debate on that,
these two contracts. First of all, we will honor the contracts, because we
are... we have signed those contracts and we'll honor them. B, those contracts
are not necessarily bad, because, in the case of New York, for example, in a
peak period, then we can lower the transmission. And perhaps, in the summer,
when they have their... we can export, in the winter, we can maybe import from
them.
So, I think, to have an
interconnected grid makes a lot of sense. If you project yourselves in 20, 30
years, why not use the solar from Texas to put on our grid here? So, I think...
You see that in Europe right now, the grids get interconnected. That's why
Germany is in trouble right now, because they're not interconnected. So, I
think there's a merit of interconnection, but clearly we want to put a cap on
export. That's why, in the law... we haven't talk about that, but there's...
if... over a certain threshold... the Government needs to approve it. It's not
going to be a Hydro decision, it's going to be Government decision, because we
need to balance what we need for our own use and what we need to get for... to
external revenues.
Le Modérateur :
Cathy Senay, CBC.
Journaliste :
I have... Good day. Mr. Fitzgibbon, I
have the same... I have the same thoughts than my colleague Philip, I thought
that the plan, your vision would be a way more detailed in your bill. So,
basically, at what point did you realize, in the last months, that Quebeckers were not ready yet and didn't
understand yet the value of electricity in Québec?
M. Fitzgibbon :
Well, I realized that the day I got
appointed Minister of Energy. I think the issue is... The law... The purpose of
the law is not to tell Quebeckers where we are going to put a dam or where you
are going to put wind farms. ...of the law is to be more flexible, to allow
production to be more accelerated, of green energy, to allow natural gas, we
haven't talk about that, the renewable gas, to allow other types of energy to
be part of the mix. So, it's not the law's objective to be detailed, because
that has to be done with the process of assessing what do we need. I mean,
we... a year ago, we need 100 terawatt hours. Now, we need 200. Is it 300? So,
we haven't had the model. We don't have the model to project that. So, we will
do that. And, as we go through that model, then we'll determine how much energy
we need...
Journaliste :
Quebeckers need
to put in... in their habits modulation. They need to do that.
M. Fitzgibbon :
Yes.
Journaliste :
But here it's still shallow, optional.
M. Fitzgibbon :
Well, you think the Government will
tell the consumer what to do at 2:00 o'clock in the morning? No. What the
Government needs to do is to allow modulation to take place. We talk about
that, we put the cap on 3% on the tariffs. Hydro-Québec will need and will put
modulation, eventually, clearly. There's probably one or two dams equivalent of
energy we badly consume, not only residential, by the way, also commercial and
industrial. So, yes, we need to have the Régie de l'énergie to be able to work
to modulation because eventually we need to reduce our energy consumption.
Journaliste :
Yes. One just clarification on this. If
we take back your promotional video that you put on social media, are you the
one on the wind turbine?
M. Fitzgibbon :
Yes. It was interesting.
Journaliste :
OK. So, you have the... you're there, on
a wind turbine, but now I have the impression that you're holding the horses to
go as far as you want to go in energy efficiency.
M. Fitzgibbon :
Well, wait and... Well, wait five years.
With Hydro-Québec's plan, you'll see a lot of wind turbines.
Journaliste :
But, for you, what's your role starting
now with this bill?
M. Fitzgibbon :
To allow Hydro-Québec to shortcut by a
year the process to put more wind turbines.
Le Modérateur :
Olivia O'Malley, CTV.
Journaliste :
Good afternoon. You talked about
modulation and Quebeckers. There's no push. Is there any push that you'd like
to see with solar panels on homes, batteries, microgrids, when it comes to
getting the population more involved?
M. Fitzgibbon :
Well, I think it's going to happen. I
mean, all Quebeckers want to decarbonize. So, the plan, the idea, right now :we
need to have 150 to 200 terawatt hours more in 2050, 60 terawatt hours more in
2035. The plan of Hydro-Québec is greatly ambitious. It's 9,000 megawatts. Just
that will shake the apple tree... a lot. I mean, just the plan that was... that
was filed by Hydro-Québec, by itself, it's major. So, I don't know how more
detailed it can be. We're going to put a lot of wind, we're going to put the
solar as well. So, people, the community will themselves... Lac-Mégantic, I was
there recently, you referred to that microgrid, we're going to be allowing that
to happen. So, the MRC, the people will automatically come to... and I think...
the law allows these projects to take place.
Journaliste :
And one of the biggest challenges right
now is climate change. Canada has a lower-than-normal rain and snowfall that
have reduced hydropower production. What's the biggest challenge with wanting
to double this and dealing with the effects of climate change going forward by
2050?
M. Fitzgibbon :
Well, I think... Well, first, the
climate change has driven our GHG policy, right? We want to reduce by 37.5% the
GHG emissions by 2030, net-zero, 2050. That's a result of the climate change.
So, that by itself requires a lot of clean energy. So, as part of the plan, I
forget the exact percentage... Hydro-Québec put together for the 2035 plan, I
think 40% of that new energy is for decarbonizing. So, that's exactly the...
driven directly by the climate change focus.
And the industrial
projects that we're doing, the battery, per example, or I'd like to have green
aluminum or green steel, that's all driven by having green products as well.
So, replacing, obviously, black source aluminum by green source aluminum is
part of our contribution to the world's decarbonation.
So, I think... That's
right, so... The plan was... Actually, 75% of the 2035 plan for Hydro-Québec
was decarbonation, 75%. So, that's a direct effect of the climate change, and
our policy that we put together. Benoit Charette, my colleague, has set the
goals, and that's the reflection of what we need to reach... goals.
Journaliste :
Do you worry about the fact that
there's less rainfall and snow, that is reducing hydropower production? Because
this is...
M. Fitzgibbon :
Well, you're talking about the level...
hydraulic level of two basins, Churchill and Baie James. And I think that... there
are some people that think we should be worried about that. Hydro-Québec seems
to think that that's going to be a two-year cycle. Over 100 years, it will be
correcting itself. To be honest, I don't think we fully know, but we need to,
obviously, be aware of it and that perhaps there will be period where we will
have to curtail some hydro production. I know that we're not there yet. The pools
are pretty... pretty full right now. But, no, there's no... there's doubt, and
one has to think. Ouranos is responsible for that, to look at what will be the
impact on the different hydraulic basins.
And that's why, back to
my... the PGIRE, it's going to be important to have a good energy mix. I don't
think we want to rely on one energy source. And also, if you add to that, which
is very complex… you have the intermittence... intermittence of some energy
sources such as wind and solar, versus the base load of hydro. At one point,
we're fortunate in Québec, we can increase the renewable pretty significantly
because we have a high base load. But, in some countries, they reach a maximum,
so… more base load, and base load is not easy, because I'm talking about hydro,
nuclear, other sources. There's not plenty sources out there. So, it's a
complex... That's why people who thought that this law would give the detail of
what we're going to be doing… it's impossible, it's intellectually impossible.
We need to have the debate and have... but the law will allow faster execution.
Le Modérateur : Merci, tout
le monde.
M. Fitzgibbon : Merci.
Le Modérateur : Merci, M. le
ministre.
(Fin à 12 h 21)