(Onze heures trois minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde, très content de vous retrouver, ce matin, à l'Assemblée
nationale du Québec. Etienne et moi, ce matin, on veut vous parler de transport
en commun, parce que c'est très inquiétant, ce qui se passe, en ce moment, au
Québec, sur la question du transport en commun.
La semaine dernière, dans le cadre de l'étude
des crédits, j'ai posé une question très simple à François Legault, je lui ai
demandé s'il était d'accord avec son ministre de l'Économie, qui nous a dit l'an
dernier qu'il fallait baisser de moitié la grosseur du parc automobile au
Québec. Le premier ministre a dit que, oui, à long terme, il était d'accord
avec ça. J'ai posé une deuxième question à François Legault la semaine passée,
je lui ai demandé : O.K., mais vous n'avez lancé et livré aucun nouveau
projet de transport collectif depuis que vous êtes premier ministre. Et ça,
finalement, il l'a reconnu. Donc, on a un premier ministre qui nous dit :
Il faut diminuer le nombre de voitures sur les routes du Québec, mais qui n'a
initié et livré aucun nouveau projet de transport en commun.
Mais, encore pire, on apprend cette
semaine qu'on pourrait se diriger, au Québec, vers des diminutions de services
en transport collectif. On n'atteindra jamais nos cibles de réduction de gaz à
effet de serre si on ne donne pas des options crédibles aux gens pour se
déplacer autrement. C'est hallucinant qu'en 2024 avec l'hiver qu'on vient d'avoir,
avec l'été qu'on a eu l'an passé... c'est hallucinant qu'on en soit rendus à
envisager des coupures de services. Les gens ont le droit de se déplacer sur le
territoire du Québec, les gens veulent se déplacer de manière plus écologique,
mais on ne leur donne pas de nouvelles options. Pire, on pourrait même, si la
tendance se maintient, leur retirer des options pour se transporter, du point A
au point B, de manière écologique. C'est hallucinant qu'on en soit rendus là.
Si François Legault trouvait ça important,
la lutte aux changements climatiques, là, il serait en train, à chaque année,
de couper des rubans, il serait en train, à chaque année, d'annoncer des
nouveaux projets de transport collectif ou la bonification des services
existants. C'est ça que font les leaders mondiaux en matière d'environnement.
Et là on a, face à nous, un gouvernement qui met la table à, peut-être, des
réductions de services en transport collectif. Je n'en reviens pas.
M. Grandmont : Investir dans
le transport collectif — puis je choisis bien, intentionnellement, le
mot «investir» — c'est important au Québec. Il y a beaucoup... Du
côté du gouvernement, on a tendance à présenter ça comme une dépense, un
déficit, un gouffre financier, un soutien aux municipalités, parce qu'on veut
renvoyer la balle du côté des municipalités, du côté... mais c'est important d'investir
dans le transport collectif, notamment pour les enjeux de changements
climatiques, évidemment, le droit à la mobilité, qui soutient d'autres droits
aussi, à l'éducation, au travail, etc., de bien des gens. Mais d'un point de vue
économique, c'est immense, c'est immense, ce qu'on a comme retour sur
investissement. Imaginez la région de Montréal, la CMM, là, sans transport
collectif. La CMM, c'est 55 % du PIB du Québec. Le métro de Montréal, là,
c'est 900 000 personnes qui l'empruntent quotidiennement, c'est la plus
grosse infrastructure de transport au Québec. En comparaison, le pont
Champlain, là, c'est 150 000 personnes qui l'empruntent à tous les jours.
900 000 personnes qui l'empruntent, le métro, à tous les jours.
Les gens veulent des options, comme l'a
dit Gabriel tantôt, les gens veulent faire leur part. Ils sont bien conscients
que leur moyen de transport a un impact sur leur environnement, sur les
changements climatiques. Bien là, actuellement, le gouvernement Legault est en
train de leur refuser des options pour se déplacer de manière écologique. Les
maires et les mairesses aussi sont bien au courant de cet enjeu-là, c'est pour
ça qu'ils demandent des rencontres avec la ministre des Transports, pour
trouver un dénouement qui aura le moins d'impact possible sur les gens
également.
Des coupures, ce n'est pas la solution
actuellement. Le premier ministre l'a reconnu lui-même, on va aller vers une
diminution du nombre de voitures sur les routes, éventuellement, mais, en même
temps, il faut développer l'offre de transport collectif, puis,
malheureusement, le gouvernement de la CAQ en fait trop peu en termes de
développement du transport collectif. Non seulement ça, mais, en plus, il va...
en ne soutenant pas, en n'investissant pas dans les opérations des transports
collectifs, bien, on risque d'avoir des coupures, éventuellement, sur les
réseaux. Donc, c'est un enjeu qui est primordial, qui est capital, il faut
absolument travailler là-dessus dans le contexte qui est le nôtre,
actuellement, notamment celui des changements climatiques.
Journaliste : Concernant le
boulevard urbain, M. Grandmont, sur le boulevard Laurentienne, qu'est-ce que le
gouvernement attend? On sent... On voit, là, qu'il y a un plan de travail, ça
fait des années qu'on parle de ça....
M. Grandmont : Pour
Laurentienne, on parle, là, c'est ça.
Journaliste : Exactement. Ça
fait des années qu'on en parle. Est-ce qu'on attend c'est quoi, le troisième
lien, pour prendre une décision?
M. Grandmont : Tout le monde
est prêt, hein, à Québec, pour qu'on travaille sur la conversion de l'autoroute
Laurentienne en boulevard, dans sa partie sud, à tout le moins, là. La ville a
fait des démarches de consultation. Il y a un programme... un plan particulier
d'urbanisme pour ce secteur-là en particulier. Il y a des investisseurs privés
aussi, autour, qui attendent depuis longtemps. Effectivement, ça a toujours été
l'enjeu du troisième lien et de sa sortie, éventuellement, qui ralentissait les
projets. Est-ce que là, comme on a donné un mandat à la CDPQ Infra dans lequel
il y a, potentiellement, un nouveau troisième lien qui peut arriver... qui
pourrait arriver, c'est ça qui ralentit encore le processus? Je ne sais pas. Il
faudrait demander à la ministre des Transports ce qu'elle en pense, peut-être
au ministre, aussi, responsable de la Capitale-Nationale, mais...
Journaliste : ...normal, des
délais du genre.
M. Grandmont : Mais ce n'est
pas normal qu'on attende puis qu'on soit en train, encore, de... tu sais, de ne
pas voir ce projet-là avancer. Ça fait longtemps qu'on en parle. Il a été
identifié, aussi loin que je me rappelle, là, au plan de mobilité durable de la
Ville de Québec en 2011, même, dans les documents de consultation en 2009. Ça
fait longtemps qu'on en parle, de cette conversion-là. On a des exemples à
Montréal, on l'a fait avec l'autoroute Bonaventure. Pourquoi ça brette ici à
Québec? Il faudrait demander aux ministres concernés.
Journaliste : Le plan
d'action sur la langue française, là, qui a été divulgué dans les médias ce
matin, dont parle M. Roberge, vous, vous en pensez quoi? Avez-vous peur
qu'on prenne des indicateurs qui... de faux indicateurs pour ce fameux tableau
de bord?
M. Nadeau-Dubois : Bien, le
diable est dans les détails. En matière de français, au Québec, il faut choisir
les bons indicateurs. Pour nous, à Québec solidaire, là, un travailleur, une
travailleuse qui parle français, toute la journée, au travail, qui travaille en
français et qui, le soir, rentre à la maison puis, autour de la table à souper,
parle en espagnol avec ses enfants, pour nous, cette famille-là, là, elle n'est
pas une menace à l'avenir du français, parce que le français demeure la langue
commune, la langue du travail, la langue de la vie active. La CAQ et le Parti
québécois font erreur quand ils identifient la langue parlée à la maison comme
l'indicateur principal concernant l'avenir de la langue française au Québec, et
c'est ça, notre attente envers Jean-François Roberge sur son nouveau plan
d'action, c'est qu'on choisisse les bons indicateurs, pour qu'on puisse prendre
les bonnes décisions.
Journaliste : Eric Lefebvre
qui va continuer à profiter de son salaire de l'Assemblée nationale pour faire
campagne — c'est maintenant officiel — avec le Parti
conservateur du Canada, comment vous trouvez ça? Est-ce qu'il a la légitimité
de faire ça? Est-ce que... C'est légal, là, il a le droit de le faire, mais
moralement, là, est-ce que c'est acceptable?
M. Nadeau-Dubois : Moi, si j'étais
lui, je me poserais des questions. Les gens de cette circonscription-là ont le
droit d'être représentés, à l'Assemblée nationale du Québec, par un député qui
fait son travail de député, et c'est pour ça qu'il est payé. Ça fait que je
pense qu'il y a des réflexions qui s'imposent dans son cas.
Journaliste : Mais est-ce que
ça se fait, les deux?
M. Nadeau-Dubois : Vous lui
poserez la question. Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est les citoyens et les
citoyennes, puis ces gens-là ont le droit d'avoir un député qui travaille pour
eux autres, et donc il doit y réfléchir.
Journaliste : ...travaillera
pas pour eux autres, sauf que les...
M. Nadeau-Dubois : Bien, s'il
ne vient pas à l'Assemblée nationale, puis...
Journaliste : ...les priorités
du Parti conservateur ne sont pas les mêmes que celles de la CAQ, j'imagine.
M. Nadeau-Dubois : Bien, ça
dépend sur quoi, mais... Non, mais de toute façon, la question n'est pas là. De
toute façon, la question... Il pourrait être pour un parti qui est plus proche,
plus... La question c'est que les travailleurs... les électeurs, les électrices
de cette circonscription-là ont le droit d'être représentés, ils méritent un
député à temps plein. Donc, moi, j'invite M. Lefebvre à réfléchir.
Journaliste : Sur le
transport collectif, là, il y a une taxe sur l'essence, qui finance, en partie,
les transports collectifs, qui est gelée depuis, quoi, près d'une décennie.
Est-ce qu'on ne pourrait pas l'indexer, la hausser?
M. Grandmont : Bien, c'est
une excellente question qu'il faut se poser, effectivement. Ça n'a pas été
indexé depuis 1992, donc, évidemment, ça a fait en sorte que l'enveloppe qui
sert à soutenir, là... qui est investie dans le transport collectif diminue
d'année en année. Maintenant, si vous me demandez si on est favorables à ça, il
faut trouver des solutions pour régler le problème structurel de financement du
transport collectif. C'est un... Cet enjeu-là du financement, là, le problème
structurel est connu depuis des années. C'est le fonds... Le fonds qui sert à
financer les réseaux de transport terrestre, on le sait, là, il génère moins
d'argent que les dépenses qui sont associées à l'opération du transport
collectif. Donc, on le sait depuis des années. Puis plus il va y avoir de l'électrification
du parc d'automobiles, puis moins il va y avoir de voitures sur les routes
aussi, moins il y aura d'argent provenant des taxes sur l'essence, des taxes
sur l'immatriculation, qui vont pouvoir servir à financer le transport
collectif. Donc, il faut avoir une réflexion sur le long terme, trouver les
bons mécanismes.
Il y avait, dans la tournée et dans le
rapport qui avait suivi la tournée, là, de M. Bonnardel, l'ancien ministre des
Transports, un paquet de solutions à explorer là-dedans. Moi, je pense que,
plutôt que de repartir en consultation, comme l'a fait la ministre des
Transports actuelle, Geneviève Guilbault, on devrait s'inspirer de ce qu'il y a
déjà là-dedans, travailler avec les municipalités puis trouver les solutions
les plus pérennes, sur le long terme, pour être capables de bien soutenir et
bien développer notre transport collectif au Québec.
Journaliste : C'est juste que
votre position aujourd'hui, c'est de dire que... Les maires, là, ils demandent
au gouvernement du Québec de payer, donc, mais là, en ce moment, le
gouvernement du Québec a un déficit de 10 ou 11 milliards, là. Donc la
solution, ce serait d'aller chercher des revenus additionnels. Est-ce que vous
êtes favorables à ça?
M. Nadeau-Dubois : D'abord,
le déficit en question, là, le déficit du gouvernement du Québec, il a, en
grande partie, été créé par les choix que le gouvernement du Québec a faits. Le
déficit, dans les sociétés de transport, en 2025, ça va être, quoi, à peu près
500 millions, grosso modo?
M. Grandmont : 561 pour l'ARTM.
M. Nadeau-Dubois : Exact. Et
la baisse d'impôt de la CAQ, pour les gens qui font plus de
100 000 $, c'est des sommes similaires. Donc, François Legault fait
des choix, ça a des conséquences sur son budget, puis, après, il se tourne...
Journaliste : Vos choix à
vous, ce serait quoi?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nous, nos choix... D'abord, pour répondre à votre question de tout à l'heure,
il n'y avait pas de taxe sur l'essence... il n'y avait pas d'augmentation de
taxe sur l'essence dans les propositions de Québec solidaire en 2022. Donc, ce
n'est pas des propositions qu'on fait, ce n'est pas des propositions qu'on fait
aujourd'hui.
Journaliste : Vous ne voulez
même pas l'indexer?
M. Nadeau-Dubois : C'est que
ça... ce n'est pas des... Tant la taxe sur l'essence que la taxe à
l'immatriculation, là, le problème, avec ces solutions-là, c'est qu'elles ne
sont pas pérennes. Il va y avoir de moins en moins de véhicules à essence, et
il va y avoir de moins en moins de véhicules, point. En tout cas, c'est ce
qu'on souhaite. Donc, ces modes de financement là, structurellement, vont être
toujours de plus en plus insuffisants. Ça fait qu'il faut se baser sur les
consultations, sur les travaux qui avaient déjà été faits, mettre tout le monde
autour d'une table, puis trouver des solutions pérennes.
Mais est-ce que le gouvernement du Québec
doit en faire plus? La réponse, c'est oui. On demande aux gens, on dit aux
gens, là : Essayez de laisser votre char à la maison une fois ou deux, là,
dans la semaine, si c'est possible, essayez, peut-être, de ne pas acheter un
deuxième, de ne pas acheter un troisième véhicule et, dans certains cas,
essayez même de ne pas en acheter. Comment voulez-vous que les gens fassent ça,
si, en haut de la pyramide, au sommet de l'État québécois, on a l'air de
considérer le transport en commun comme une dépense, puis comme quelque chose
qui n'est pas important, et qu'on refuse même de fermer la porte à ce qu'il y
ait des coupures de services?
Nous, notre demande, elle est claire,
aujourd'hui, à François Legault, là : on demande au gouvernement, on
demande à François Legault de s'engager à trouver des solutions, avec les
villes et avec les sociétés de transport, pour qu'il n'y ait aucune coupure de
services. C'est inadmissible qu'on enlève des solutions de transport en commun
aux gens en 2024.
Journaliste : Vous aviez une
proposition, lors de la dernière élection, c'était de taxer les véhicules polluants,
donc l'immatriculation. Mais là les villes veulent s'en servir, mais ça va être
soudainement universel, même pas pour les véhicules les plus polluants.
M. Nadeau-Dubois : Exact.
Bien, la possibilité est là, dans la loi, de moduler selon la cylindrée...
Journaliste : Oui, sauf que
là, clairement, on a l'impression que ce que les municipalités viennent dire,
c'est qu'ils vont doubler ou tripler le coût de l'immatriculation sans prendre
en considération si le véhicule est polluant ou non. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ça ou ils devraient faire ce que vous proposiez dans la dernière
élection? Et que là...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, sur la... sur notre...
Journaliste
: ...soudainement,
on ne sait plus... c'est pour ça qu'on vous pose souvent la question, c'est
qu'on ne sait plus où... vous vous situez où. Est-ce qu'on doit encore...
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
se situe toujours au même endroit. Si les Québécois puis les Québécoises... Les
Québécois et les Québécoises, là, ils veulent, ils veulent faire leur effort
pour la planète, mais ils ont un gouvernement qui ne leur donne pas d'options
crédibles et réalistes.
Journaliste : Oui, mais
est-ce qu'il faut taxer les véhicules...
M. Nadeau-Dubois : Cette
question-là, vous nous la posez depuis le lendemain de l'élection, puis, depuis
le lendemain de l'élection, on vous dit que c'est une proposition qu'on a mise
derrière nous. Ça fait que je vous le réitère aujourd'hui.
Journaliste : ...même si on
sait que ça fonctionne ailleurs dans le monde, vous, c'est terminé, cette façon
de...
M. Nadeau-Dubois : Je vous
le... Bien, ça doit être la 49e fois, je pense, mais je vais vous le dire
une 50e fois. Donc, oui, cette proposition, elle est derrière nous. On a
tourné la page sur cette proposition-là à Québec solidaire.
Journaliste : Est-ce que les
villes font bien de proposer ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
que le gouvernement de François Legault a fait, c'est une grande... Le
gouvernement Legault a fait preuve d'un manque de courage politique phénoménal.
Il a dit : Nous, on ne veut pas chercher des nouveaux revenus pour
financer le transport collectif, alors on va envoyer la responsabilité aux
municipalités, en disant : Débrouillez-vous avec ça. C'est un manque de
leadership incroyable. La responsabilité, là, au Québec, d'être le chef
d'orchestre de la transition écologique, la responsabilité de s'assurer que,
sur l'ensemble du territoire, on donne des options écologiques aux gens, là,
c'est une responsabilité du gouvernement du Québec.
Journaliste : J'aimerais vous
entendre sur l'élargissement de la loi Françoise David. Mme Duranceau, ce
matin, là, a dit qu'il y avait eu une rencontre avec vous, et de la laisser
travailler, qu'elle était en train d'évaluer ses options. Bon, message pas
superclair, mais en même temps, on n'a pas l'impression que la ministre est
tant que ça intéressée. Bien, du moins, vous avez beaucoup analysé ce que...
les messages du gouvernement, dans les derniers temps, sur ce sujet-là, ça fait
que j'aimerais entendre votre analyse sur...
M. Nadeau-Dubois : Bien, dans
le fond, ce que je peux vous confirmer, c'est qu'il y a eu une rencontre de
travail, la semaine dernière, entre ma collègue Christine Labrie et mon
collègue Andrés Fontecilla et la ministre et son équipe. C'est une rencontre
qui a été productive, qui a été assez longue, d'ailleurs, et il a été discuté
des différentes options sur la table pour mieux protéger les aînés contre les
évictions. Et on a eu, lors de cette rencontre-là, la confirmation que le
gouvernement souhaite collaborer avec nous sur cette question-là. D'ailleurs,
Mme Duranceau avait voté pour notre motion, qui était très claire, qui
demandait aux partis de collaborer pour protéger les locataires aînés
vulnérables contre les évictions.
Donc, le travail se poursuit. Les
communications sont, comment dire, fréquentes entre Mme Duranceau et ma
collègue Christine, et nous, on s'attend, dans les prochains jours, à avoir des
bonnes nouvelles, et on y travaille, faites-nous confiance, avec beaucoup de
sérieux, parce qu'on y croit, puis c'est important pour le monde.
Journaliste : Mais quand elle
dit : On regarde d'autres façons d'intervenir, ça veut dire que le projet
de loi n'est pas nécessairement dans les cartons.
M. Nadeau-Dubois : Nous, ce
qu'on a dit à la ministre Duranceau... évidemment, je ne suis pas son
porte-parole, là, je ne peux pas parler pour elle, puis je n'étais pas à la
rencontre non plus, mais je peux vous dire que nous, ce qu'on demande au
gouvernement, c'est clair, là : la meilleure base de travail pour protéger
les aînés vulnérables contre les évictions, la meilleure base de travail, c'est
le projet de loi de ma collègue Christine. Et nous, ce qu'on souhaite, c'est
qu'on travaille à partir de ce projet de loi là, ce qui ne veut pas dire qu'on
ne pourrait pas l'amender, par exemple pour faire certains compromis.
Là-dessus, j'ai été explicite, nous, on est prêts à mettre de l'eau dans notre
vin pour que ça fonctionne.
Journaliste : Avez-vous
l'impression qu'on revient dans une dualité PQ-PLQ, là? On voit qu'il y a un
sondage, là, qui vous fait reculer, qui fait reculer la CAQ et qui met les
libéraux deuxièmes, ce qu'on n'a pas vu depuis longtemps, puis on dirait qu'on
retourne, là, dans cette espèce de dualité-là, là, souveraineté, pas de
souveraineté.
M. Nadeau-Dubois : Les
élections sont encore dans plus de deux ans. On verra en temps et lieu. La
dernière fois, on m'a questionné sur un sondage où Québec solidaire avait fait
une avancée de quelques points. À ce moment-là, je trouvais ça important de
dire que nous, le fond de notre engagement, puis les raisons pour lesquelles on
fait de la politique, ce n'est pas les sondages, puis qu'on ne prend pas nos décisions
en fonction de ça. Aujourd'hui, on a un sondage qui est de nature différente,
mais c'est la même chose.
Nous, quand on se présente ici, à
l'Assemblée nationale, la question qu'on se pose, c'est : Qu'est-ce que
les Québécois puis que les Québécoises ont besoin? C'est pour ça qu'on
travaille, par exemple, sur la question des locataires aînés vulnérables, même
si c'est, historiquement, des segments de l'électorat où Québec solidaire est
plus... a du travail à faire, mettons. Ça ne nous empêche pas de travailler
là-dessus. Pourquoi? Parce que nous, ce qui est important pour nous autres, ce
n'est pas les sondages, c'est livrer des résultats pour protéger les Québécois
et Québécoises au milieu de la pire crise du logement en 40 ans. Si on était
motivés par les chiffres de sondage, on choisirait sans doute d'autres
priorités.
Journaliste : ...posez la
question sur comment devenir le gouvernement? Vous parlez du projet de loi
Françoise David, justement. Si vous étiez au gouvernement, vous pourriez le
faire adopter d'un coup. Donc...
M. Nadeau-Dubois : Exact.
Puis, imaginez, si on est capables d'entrevoir une collaboration avec le
gouvernement de la CAQ sur la question du logement... on se dirige, on le
souhaite, vers une avancée, quand même, en matière de protection des locataires
aînés, et là on est la deuxième opposition... imaginez ce qu'on pourrait faire
si on était au gouvernement.
Journaliste : Mais est-ce que
vous vous posez cette question-là? Comment... Vous dites que vous ne regardez
pas les sondages, mais...
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a une différence entre avoir une vision pour l'avenir du Québec puis se
demander comment on peut mieux adapter cette vision-là, mieux la communiquer,
mieux la faire, même, évoluer puis grandir pour répondre aux préoccupations des
gens. Il y a une différence entre faire ces réflexions-là — puis ça,
je pense que c'est notre travail de les faire — puis être obsédés, à
court terme, par les chiffres du prochain sondage. Donc, bien sûr. Puis, depuis
l'élection, on chemine sur plein d'enjeux à Québec solidaire. On s'en va vers
un conseil national, à Jonquière, où on va adopter des résolutions issues de
notre tournée des régions, pour que notre offre politique, elle soit encore
plus intéressante, encore plus connectée, qu'elle rejoigne encore plus de gens.
Donc, bien sûr que, chaque jour, on se
pose ces questions-là, comment rejoindre plus de monde, comment franchir la
prochaine étape pour le parti. Mais il y a une différence entre faire ces
réflexions-là puis faire de la politique à court terme, en disant : Aïe!
comment je prends trois points dans le prochain sondage?
Journaliste : Mais qu'est-ce
que ça vous dit de voir les libéraux passer devant la CAQ dans ce sondage-là?
M. Nadeau-Dubois : On verra.
Il y aura d'autres sondages, d'autres maisons, et il y aura... Les élections
sont dans deux ans et demi. Moi, je ne ferai pas de l'analyse de l'avenir de la
politique québécoise basé sur un seul sondage.
Journaliste : Mais avez-vous
l'impression que les souverainistes de Québec solidaire se disent que le vrai
véhicule pour faire un pays, c'est le Parti québécois?
M. Nadeau-Dubois : Vous leur
poserez la question. Moi, je pense qu'à Québec solidaire on a une vision qui
rejoint des portions différentes de la population québécoise sur la question de
l'indépendance.
Journaliste : Mais ce n'est
pas vous qui devriez leur poser la question, plutôt, aux souverainistes?
M. Nadeau-Dubois : Et
d'ailleurs on fait une tournée en ce moment. En ce moment, on fait une...
Journaliste : Vous dites :
Vous leur poserez la question, mais c'est vous qui devriez leur poser, cette
question-là.
M. Nadeau-Dubois : Et on le
fait, et on le fait. On est en tournée en ce moment. On a lancé une tournée,
qui s'appelle Nouveau Québec, où on va partout, au Québec, voir des jeunes, en
priorité, mais pas seulement, pour leur parler de notre vision d'indépendance
puis les questionner là-dessus, qu'est-ce qui vous rejoint, puis qu'est-ce qui
ne vous rejoint pas dans ce projet-là. Ça fait que ce travail là, de fond, on
est en train de le faire.
(Fin à 11 h 22)