L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de travail et d’emploi

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de travail et d’emploi

Version finale

Le vendredi 22 mars 2024, 9 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures deux minutes)

M. Arseneau : Alors, bonjour, tout le monde. Effectivement, aujourd'hui, jour d'interpellation, on espère pouvoir bénéficier de la présence du ministre de la Santé pour parler des coûts, des véritables coûts de la santé. Puis on fera le travail en équipe, Pascal Paradis et moi, qui est porte-parole en matière de travail, et moi, je suis le porte-parole, comme vous le savez, en matière de santé et de services sociaux. Puis on pourra répondre à des questions d'actualité, si vous voulez, là, à la fin du point de presse.

Mais d'abord, c'est intéressant de pouvoir parler des véritables coûts. Parce que le gouvernement, lors de son dernier budget, a dit que ses deux priorités, c'étaient l'éducation et la santé. Et la santé, évidemment, coûte cher, et est-ce qu'on peut effectivement espérer en avoir davantage pour notre argent, alors qu'on sait que beaucoup de ressources financières sont actuellement dépensées par le gouvernement pour enrichir des entreprises privées? Qu'on pense, par exemple, aux agences de placement, là. On sait qu'il y a au moins 1 milliard de dollars qui est dépensé dans les agences de placement. Oui, il y a une loi qui a été adoptée, mais depuis l'adoption de la loi, depuis la dernière année, le recours aux agences privées a continué d'augmenter. Donc, on est probablement au-delà du milliard.

Et on sait que le déficit des CISSS à travers le Québec est en grande partie lié au recours aux agences de placement, aux gens, essentiellement, qui ont fui le système public parce que les conditions étaient inadéquates pour favoriser la conciliation travail-famille. Et donc, bon, il y a une entente avec la FIQ. On souhaite évidemment, là, qu'on puisse obtenir des conditions qui permettent, justement, de rapatrier ces ressources précieuses pour le système de santé.

On a également des contrats de l'ordre d'un demi-milliard qui ont été signés avec des cliniques privées pour favoriser, là, le... les chirurgies au... du côté du privé pour amoindrir les listes d'attente en chirurgies. Mais est-ce que c'est une approche qui est temporaire, qui est pour, justement, une période donnée ou est-ce que le gouvernement entend continuer de... d'avoir recours aux services des cliniques privées pour compenser les lacunes du service public, alors qu'on sait très bien que les plateaux chirurgicaux sont libres, sont disponibles, mais n'ont pas la main-d'oeuvre pour pouvoir, justement, opérer à plein?

En d'autres mots, le gouvernement, lorsqu'il parle, par exemple, du recours au privé payé par la carte-soleil, puis ça ne coûte rien de plus aux Québécois, en fait, les Québécois paient à travers leurs taxes et impôts pour, justement, le service privé. Puis on ne voit pas le jour où on va pouvoir se sevrer des cliniques privées, de la même façon qu'on ne voit pas le jour où on va se sevrer également des agences de placement pour les infirmières.

Puis le gouvernement en rajoute en gardant en tête qu'il faut des mini-hôpitaux privés pour soutenir le système public, alors que les infrastructures, notamment, du service public, s'effondrent, qu'on pense, évidemment, là, à l'hôpital de Drummondville, qu'on pense à l'urgence de Maria, qu'on pense aux infrastructures dans la région des Laurentides, où on a... on a peine à inscrire les projets au PQI dans leur première phase, dans leur deuxième phase, que ce soit à Saint-Jérôme, que ce soit à Mont-Laurier, que ce soit à Sainte-Agathe. En fait, c'est un programme qui est extrêmement vaste, puis l'orientation gouvernementale, là, actuellement, nous, on pense que ça va continuer de drainer les fonds publics et les ressources du public vers le privé. Et c'est la mauvaise direction.

Puis le dernier mot que je dirais, avant de prendre vos questions, c'est qu'on a aussi, parallèlement, un système à deux vitesses pour les gens des villes et les gens des régions. On continue d'avoir des gens qui s'endettent pour se faire soigner dans les grands centres. On a un régime d'indemnisation, de politiques de déplacement des usagers qui fait en sorte qu'on va payer, par exemple, 20 sous du kilomètre parcouru... après 200 kilomètres, là, 20 sous du kilomètre parcouru pour aller se faire soigner à partir de Gaspé, par exemple, pour Rimouski ou pour Québec, alors que les professionnels de l'État, les fonctionnaires, eux, reçoivent 60 cents de remboursement pour le kilomètre parcouru. Puis après ça, on va nous faire croire que le santé... dans la santé, le patient est au cœur de nos préoccupations. Puis je ne vous parle pas, là, des frais de séjour, qui sont de 108 $, et alors qu'évidemment il n'y a pas d'hôtel qu'on peut obtenir dans la région de Québec en bas de 150 $ ou 175 $, puis surtout pas en été puis surtout pas dans les périodes de pointe. Mais on ne choisit pas quand on est malade ou quand on doit se faire soigner. Et ça, ça comprend également les repas, alors qu'évidemment, la grille du Conseil du trésor, pour tout ce qui est employés du secteur public est beaucoup plus adéquat. Alors, là aussi, c'est un combat qu'on mène depuis cinq ans. Il faut que les frais véritablement encourus par les patients des régions soient couverts si on veut dire que le système de santé est encore universel et gratuit au Québec pour les gens, peu importe où ils habitent.

Journaliste : Est ce que Christian Dubé peut avoir des faux-fuyants aujourd'hui, là, alors qu'il y a une entente de principe avec la FIQ, là? Il devrait avoir en main tous les outils pour faire son grand virage, là?

M. Arseneau : Bien, moi, je pense que vous avez raison de mentionner que, malgré tout le temps que ça a pris de pouvoir enfin obtenir une entente avec les infirmières, si l'entente convient aux infirmières, il y a quelque chose sur quoi on peut bâtir pour consolider le réseau, atteindre l'objectif de rapatrier les infirmières dans le réseau. Puis ensuite, on n'aura plus le faux-fuyant de dire : Bien, finalement, il faut aller au privé parce qu'au public, les médecins peuvent être disponibles, sauf qu'ils n'ont pas l'équipe de soutien, notamment des infirmières, pour justement pratiquer les chirurgies dans les plateaux qui sont disponibles. Alors, ça, ce serait déjà un gain extrêmement important.

Et puis, en fait, ce qu'on veut aussi obtenir du ministre, c'est une espèce de profession de foi, comme quoi le système public, là — bon, lui, il va parler de Santé Québec, sans aucun doute — le système public, il faut le consolider pour pouvoir avoir... atteindre l'objectif de Québécois qui soient mieux soignés et que ce n'est pas en multipliant les passe-droits pour juste ceux qui veulent développer le privé qu'on va y arriver. Je pense, par exemple, là, aux portes tournantes, là, des médecins qui vont aller au public et au privé, là, puis qui vont manger à tous les râteliers. À un moment donné, il faut que ça suffise. On pourrait parler aussi de l'incorporation des médecins. Il y a 220 millions à aller gagner de ce côté-là. Aller dans le domaine de la santé, là, c'est aujourd'hui un secteur extrêmement lucratif, mais il faut penser aussi aux sommes qui sont dépensées à la fois par l'État, mais aussi par le patient, de plus en plus, qui doit recourir à la télémédecine, par exemple, pour un montant de 300 $ pour avoir un diagnostic en quelques heures, plutôt qu'aller poireauter à l'urgence, au péril de sa vie, dans certains cas, pendant des heures et des heures.

Journaliste : J'irais sur un autre sujet. Est-ce que vous êtes satisfait des explications de Mme Lebouthillier puis M. Miller concernant l'industrie de la crevette cette semaine?

M. Arseneau : Écoutez, absolument pas. Le gouvernement fédéral est en train de provoquer une crise extrêmement importante dans le domaine des pêches dans tout le Québec maritime, d'abord par sa gestion de la conservation, sa gestion des quotas, l'ouverture de la pêche au sébaste, l'abandon des flottilles de crevettes. Et là on en rajoute une couche en disant aux entreprises de transformation, qui emploient évidemment des centaines de personnes, qu'ils n'auront pas la main-d'œuvre disponible pour opérer parce qu'on a décidé d'imposer un visa et de changer les conditions à travers lesquelles les travailleurs qui viennent à chaque année soutenir l'industrie, les travailleurs de... étrangers temporaires, qu'on y va de façon absolument stricte, technocratique et obtuse, avec des délais qui s'allongent de quatre à six semaines.

Et on va avoir, là, le résultat la semaine prochaine, mais les entreprises qui, vraisemblablement, ne pourront pas traiter les approvisionnements, et ça, ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'ils vont aller ailleurs, dans les autres provinces, vraisemblablement. C'est ce qu'on me faisait valoir. Il pourrait même y avoir des détournements des cargaisons vers les États-Unis. Et c'est comme ça qu'on veut développer ou consolider le secteur des pêches, c'est en privant les entreprises de leurs travailleurs? Et puis il faut bien comprendre qu'on ne peut pas opérer, là, avec, par exemple, la moitié des travailleurs d'usine, il faut avoir une masse critique de travailleurs, puis on ne l'a pas dans les travailleurs locaux. Donc, les travailleurs locaux aussi vont perdre leur emploi, si les travailleurs étrangers ne viennent pas en soutien. C'est une dynamique qui est extrêmement complexe.

Et je ne comprends pas le manque de volonté politique de la ministre Lebouthillier et du ministre Miller, qui semblent encarcanés dans cette vision-là, que c'est le tout ou rien, alors qu'il est tout à fait possible politiquement de dire que, pour la période actuelle, là, on peut avoir un traitement dérogatoire pour ces gens-là, pour cette industrie-là, sachant que, s'ils le savent d'avance puis que le visa est là pour durer pour les prochaines années, que l'année prochaine, on n'aura pas cette situation-là, elle est tout à fait contextuelle parce qu'on a annoncé, à moins d'un mois du début de la pêche que ces travailleurs-là devaient faire essentiellement le parcours du combattant pendant... pendant six semaines et ne pourraient pas obtenir, là, justement, leur visa à temps.

Journaliste : Est-ce que ça prend une aide directe d'Ottawa ou de Québec, ou des deux, pour ces entreprises-là?

M. Arseneau : Bien, en fait, les...

Journaliste : L'aide financière, là, directe, pour éviter, justement, qu'ils partent...

M. Arseneau : Les entreprises du domaine de la transformation dans ce dossier-là ne demandent pas d'aide financière, demandent un soutien du ministère de l'Immigration du fédéral pour collaborer.

Journaliste : Oui, mais là, on est comme trop serrés, là...

M. Arseneau : Mais l'aide financière ne peut pas, à l'heure actuelle, procurer des bras à l'entreprise pour opérer. Ces gens-là ont été sélectionnés.

Puis il faut bien quand même comprendre qu'il y a eu une étude d'impact sur le marché du travail qui a été réalisée puis qui a été avalisée par le gouvernement fédéral pour tous ces travailleurs-là. Parallèlement, on a fait la démarche auprès du gouvernement du Québec. Un certificat d'autorisation du Québec a été émis. On a juste rajouté une couche bureaucratique en disant : Maintenant, il faut que la demande de permis de travail soit faite en préalable plutôt qu'au port d'entrée. Et le traitement de cette demande-là peut prendre de six à huit semaines. Et le visa, bien, c'est un... c'est une autre semaine ou deux supplémentaires parce qu'il faut se déplacer à Mexico, dans le cas des travailleurs mexicains, remettre le passeport, qu'il soit traité, estampillé, et tout. Cette procédure-là, qui se rajoute à la procédure d'admission régulière, bien, c'est ça qui va faire en sorte qu'on va passer les échéances pour la durée de la pêche. Donc, si on ne peut pas transformer le poisson ou les fruits de mer pendant la période de pêche, bien, il est trop tard.

Et j'ai fait le parallèle avec le secteur de l'agriculture. Si on émettait les permis de travail aux travailleurs étrangers temporaires en agriculture non pas durant... durant le printemps pour qu'ils viennent à l'été pour les récoltes, mais qu'on le faisait au mois de novembre ou décembre, bien, les fruits et les légumes, bien, ils resteraient à pourrir dans les champs. On va... Est-ce qu'on va faire ça à l'industrie de la transformation des produits marins?

On nous dit... hier, on nous a dit : Non, non, on ne changera pas les règles, mais on va accélérer le traitement. Mais, si le passé est garant de l'avenir, quand le gouvernement fédéral promet, là, que le traitement bureaucratique des dossiers va aller plus rapidement, là, bien, ce n'est pas... ce n'est pas gagné, là. Alors, moi, je pense qu'à l'heure actuelle, on peut encore sauver la saison si le gouvernement fait preuve de volonté politique suffisante pour le faire. Mais la volonté d'accélérer le traitement des dossiers, moi, je n'y crois pas. Puis c'est malheureux. On a encore quelques jours, là, pour y arriver. Donc, on continue le plaidoyer.

Journaliste : Je lance une petite bouteille à la mer. Il y avait-tu un esprit de vengeance là-dedans : Vous voulez un visa, on va vous l'imposer, vivez avec les conséquences?

M. Arseneau : Mais je ne vois pas pourquoi on s'en prendrait aux travailleurs et aux entreprises du milieu de la pêche.

Journaliste : Non, mais c'est parce que ça nuit à des industries au Québec, là, alors que c'était réclamé. Le visa était réclamé par le Québec. On a appliqué une règle, là, à telle heure, tel jour, telle minute, puis on s'est dit : Bien, si vous rentrez dans la règle, parfait, en sachant très bien... Mme Lebouthillier sachait très bien que, si ça arrivait, la crevette de Matane, c'était fini, là, même si elle est pêchée à Sept-Îles, là.

M. Arseneau : Moi, je... je n'ose pas croire que la ministre Lebouthillier, originaire de la Gaspésie, représentante de la Gaspésie et des Îles, va tenir la ligne dure face à l'industrie qui fait vivre sa région pour se venger d'une demande du gouvernement Legault de restreindre...

Journaliste : Je ne parle pas d'elle. Je parle peut-être de certaines personnes dans son gouvernement qui s'occupent de l'immigration puis qui se sont dit : Bien, on va appliquer la règle, c'est ça que vous voulez.

M. Arseneau : Et si c'est... si c'est par esprit de vengeance que le gouvernement... ou de revanche que le gouvernement tient la ligne dure, il va certainement en subir les conséquences tôt ou tard. Moi, je pense que le gouvernement est là pour servir la population, pour favoriser le développement socioéconomique de nos régions. Puis là, à l'heure actuelle, il semble avoir oublié ses responsabilités et son rôle. C'est ce que je peux dire pour l'instant.

Journaliste : Parce qu'ils ne peuvent pas plaider l'ignorance, là, tout le monde le sait, là, comment ça se passe, là.

M. Arseneau : Absolument pas. Maintenant, les conséquences étaient connues dès le jour 1. D'ailleurs, l'industrie de la pêche, l'Association québécoise de l'industrie de la pêche, les entreprises ont fait valoir très rapidement que ça risquait de leur poser un problème majeur. Et il y a eu des rencontres aussi avec la ministre, tout ça. Pourquoi cette fermeture? Bon, on se pose encore la question. Mais moi, je ne veux pas présumer de leur mauvaise foi. Mais je n'arrive pas à comprendre, si ce sont les fonctionnaires, par exemple, qui déterminent les règles ou si... et si les représentants de la population, les politiques, les ministres ont encore un pouvoir à Ottawa pour permettre que des politiques publiques servent les intérêts du public.

Est-ce que... Oui, il y a peut-être...

M. Paradis : Sur un tout autre sujet, simplement rappeler qu'aujourd'hui est la dernière journée pour compléter la consultation en ligne du gouvernement du Québec sur la mobilité et les transports à Québec. Et franchement, le fin mot de cette histoire, c'est : Il était temps que ça finisse. Une initiative bâclée, une consultation dont on ne sait pas à quoi elle va servir et dont la crédibilité va être douteuse à cause de la méthodologie, n'importe qui pouvait participer à volonté.

Ça s'ajoute à l'étude qu'on a obtenue hier, de HEC Montréal, qui conclut que le troisième lien est malheureusement un exemple d'un projet mal planifié, qui ne reposait pas sur des données probantes, et que le tramway est malheureusement, lui aussi, à Québec, un autre exemple d'un projet qui a subi des ingérences politiques. Et donc il y a eu des problèmes de gouvernance, c'est mentionné dans l'étude, à l'encontre des meilleures pratiques internationalement reconnues.

Alors, on espère que le gouvernement va se ressaisir dans ces deux dossiers-là, la Capitale-Nationale en a bien besoin.

(Fin à 9 h 18)

Participants


Document(s) associé(s)