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Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé

Version finale

Le vendredi 22 mars 2024, 9 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-neuf minutes)

M. Marissal : Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là. Vendredi, on a une rare interpellation que je vais mener aujourd'hui avec le ministre des Finances... non, le ministre de la Santé. Et je dis rare, parce qu'on n'en a pas beaucoup, puis...

Journaliste : ...

M. Marissal : Oui, c'est ça, bien, c'est parce que je suis un ancien critique en finances, alors j'ai confondu... Non, non, je suis tout à fait santé. Vous savez qu'on fait des batailles ici depuis des années, puis on est pas mal les seuls, d'ailleurs, à s'ériger contre le privé en santé. Le privé en santé, ce ne sont pas que les minihôpitaux privés qui s'en viennent, d'ailleurs, on nous l'a confirmé récemment, l'appel d'offres devrait venir bientôt, ce ne sont pas que les cliniques médicales spécialisées. Ça, c'est le côté un peu plus visible, un peu plus spectaculaire. Mais, de façon insidieuse, se développe, au Québec, de plus en plus, un réseau, un véritable réseau privé en première ligne. C'est différent de la chirurgie.

Donc, en première ligne, il y a de plus en plus de patients au Québec, de contribuables qui n'ont pas le choix, parce qu'il n'y a pas d'autres offres disponibles dans leur région, qui sont donc contraints d'aller vers une clinique privée pour des soins qui, normalement, seraient assurés. Et là on parle d'urgence mineure, on parle de dépistage, la fameuse otite du bébé, une infection urinaire qui risque de dégénérer. Ces gens-là n'ont pas le choix, parce qu'ils cherchent ailleurs, leur médecin ne les rappelle plus, ils n'ont plus de médecin, ils sont sur le fameux GAP, mais, dans le fond, ils n'ont pas de médecin. Comme par hasard, il y a une clinique privée qui vient d'ouvrir à côté, ils y vont. Le problème avec ça, c'est qu'on est en train de déshabiller le public, ça, c'est une chose. Mais, dans l'immédiat, dans l'immédiat, il n'y a pas de grille tarifaire.

Et on parle beaucoup du coût de la vie ces temps-ci, là, bien, s'ajoutent, au coût de la vie des familles, des coûts inattendus qui n'existaient pas avant, c'est-à-dire de payer, ne serait-ce que pour entrer dans la , et puis, après ça, il y a toutes sortes de frais. On a fait des recherches là-dessus, au cours des derniers mois, pour se rendre compte que c'est le Far West. C'est le Far West dans les tarifs, il n'y a pas de grille. Les médecins ou les cliniques, parce que ça peut aussi être des infirmières praticiennes, il n'y a pas de tarif. Alors, évidemment, pour certains groupes privés qui possèdent ces cliniques-là, s'il y a une piastre à faire, ils vont faire une piastre et demie. Il n'y a pas de tarif. Et on l'a fait, d'ailleurs, l'exercice, on a fait beaucoup de téléphones, on a fait beaucoup de recherches, on a fait beaucoup de simulations. Ça peut aller du simple au double. Par exemple, pour un dépistage d'ITSS, mais aussi pour l'otite du bébé, il n'y en a pas, de tarif. Alors, qu'on se comprenne bien, là, nous, nous sommes contre le développement du privé. On pense que ça devrait être de façon universelle et on paie déjà des impôts pour ça. Ça devrait se faire par le réseau public, mais on est poignés pour le moment avec ce réseau qui est en train de se développer, avec la complicité du gouvernement, on va se le dire, là, ils sont assez dogmatiques, eux autres aussi, de leur bord, sur la question du privé. Alors, on se dit : Bien, dans l'immédiat, qu'est ce qu'on peut faire, c'est au moins protéger les contribuables, au moins protéger les patients qui, déjà, sont mal pris parce qu'ils n'ont pas de médecin puis ils sont désespérés, puis, en plus, ils ne savent jamais, quand ils rentrent dans une clinique, si ça va leur coûter 50 $, 100 $, 150 $, 200 $. Il n'y en a pas, de tarif. Alors, évidemment, il y a de l'abus.

Puis je demande au ministre ce matin, puis on va commencer par ça, là, au moins, avez-vous le courage de protéger la population? Parce que si vous laissez ça aller, on va se ramasser comme on se ramasse, par exemple en dentisterie, où il n'y en a pas vraiment, de grille, il n'y en a pas, de limite, et puis il y a de l'abus de toute façon parce qu'il y a des gens qui ont vu qu'il y a beaucoup d'argent à faire avec ça. Puis les gens sont désespérés. Quand ça fait deux jours que la petite, elle pleure, là, puis qu'elle fait 39 de fièvre, là, ce n'est pas vrai que vous avez le choix puis que les gens font le choix d'aller vers une clinique privée. Quand c'est la seule option, vous le faites. Puis on a des témoignages de gens qui disent : La santé, ça n'a pas de prix, je ne peux pas laisser mon enfant mal pris, je ne peux pas laisser ma vieille mère mal prise, on va payer pour ça.

Alors, minimalement, là, pour stopper cette hémorragie-là, là, de fonds des contribuables, est-ce qu'on peut au moins se dire qu'il va y avoir une grille? Les prix, on les connaît, la RAMQ les connaît. Alors, c'est immoral et ce n'est pas normal qu'on laisse aller des prix du simple au double au triple et, qui sait, peut être même encore davantage.

Journaliste : Il y a une entente avec... une entente de principe avec la FIQ, là. Est-ce que ça, c'est une bonne chose? Est-ce que ça va permettre au ministre, entre autres, peut-être, de faire en sorte que ça baisse la pression sur le privé, là, c'est-à-dire ouvrir plus de salles d'opération? On vous a offert le privé parce qu'on n'était pas capable de vous opérer dans le public rapidement, là. Est-ce que le fait qu'on ait une entente qu'on ramène les infirmières, ça, ça peut baisser la pression?

M. Marissal : Je n'ai pas vu l'entente. C'est une bonne chose qu'il y ait une entente, cela dit. Ça traînait, ça faisait trop longtemps que ça traînait. Alors, oui, tant mieux s'il y a une entente, tant mieux aussi si, de fait, ça ramène les infirmières et le personnel soignant dans le réseau public. Moi, c'est ce que je souhaite, de tous mes vœux, c'est ce que je souhaite. Je pense que la FIQ, c'est ce qu'elle souhaite aussi.

Maintenant, on ne peut pas parler des deux côtés de la bouche en même temps. On ne peut pas dire : Eurêka! j'ai trouvé la solution, on va donner des meilleures conditions de travail, on va ramener notre monde, puis, d'un autre côté, lancer les deux appels d'offres pour les minihôpitaux privés. Et je vous dis, on nous a confirmé la semaine dernière que ça s'en vient, là, c'est presque fait. On ne peut pas continuer de développer à tout crin le réseau privé comme ce ministre-là le fait en ce moment, parce que, si vous faites ça, nécessairement, il y a un effet de vases communicants, puis les gens que vous voulez ramener, ça se peut qu'ils choisissent d'aller vers le privé. Alors, on ne peut pas parler des deux côtés de la bouche. Si le ministre est sérieux, maintenant qu'il y a une entente avec laquelle il veut travailler puis qu'il veut vraiment que l'État redevienne un employeur de choix, il va trouver tout mon appui là-dessus. Je lui ai dit et je lui redis, ça, c'est très, très clair. Mais en attendant, le ministre parle des deux côtés de la bouche parce qu'il continue d'ouvrir la porte vers le privé. On a un nombre record au Québec de médecins qui se désaffilient. On est rendu à plus de 700 — ça, c'est un phénomène purement québécois — parce qu'on leur a ouvert la porte. Puis ces médecins-là, je doute qu'ils reviennent dans le réseau.

Alors, oui, tant mieux si on a une entente avec la FIQ, là, c'était plus que temps qu'on en ait une, mais, maintenant, il faut aussi que les babines suivent les bottines ou l'inverse, là, pour qu'on soit capable justement de faire rouler nos salles d'opération. Nos salles d'opération, en ce moment, là, dans certaines régions roulent, là, à un taux inacceptable. On est en train de construire des nouveaux hôpitaux, on est en train de construire des nouvelles salles d'opération, notamment à Santa Cabrini, dans mon comté. Qui va faire rouler ces salles-là si on n'a pas de personnel? Alors, il faut être cohérent dans le message.

Journaliste : L'argument du gouvernement par rapport aux familles, justement, qui paient, là, c'est de dire : Oui, mais après ça, c'est remboursé par la RAMQ, tu sais. Vous, dans le fond, votre point, c'est que, même si c'est remboursé par la RAMQ, dans le fond, eux autres, ils font exprès pour charger cher, finalement?

M. Marissal : Non, mais si vous allez au privé, le privé, ce n'est pas remboursé par la RAMQ.

Journaliste : Non, mais en période de questions, ils vous ont souvent donné l'exemple qu'il y avait des choses qui pouvaient être remboursées par la RAMQ, là, tu sais...

M. Marissal : Bien, qu'ils le fassent.

Journaliste : ...comme la clinique Rockland, ce genre d'affaires là.

M. Marissal : Oui, ça, c'est des contrats de service entre le gouvernement et la clinique Rockland. Si vous êtes pris pour aller au privé puis vous n'avez pas d'assurance privée, vous allez payer de votre poche. On a déjà émis l'hypothèse que, dans ces cas-là, est-ce que la RAMQ devrait rembourser? Je n'ai pas eu de réponse claire de la part du ministre là-dessus, notamment quand ce sont des sites de référence associés au gouvernement, Clic Santé, Bonjour-santé et autres, là, qui dirigent les gens vers le privé. On a même eu des cas documentés où le 8-1-1 disait au monde : Ne perds pas ton temps. Ne va pas à l'urgence, là, c'est trop long. Va au privé. Bon. Ça, le ministre, il est contre ça. Très bien. Mais est-ce qu'il y a une garantie que ces gens-là vont être remboursés? Non, absolument pas. Puis les cas qu'on a eus puis les cas qu'on a dans nos circonscriptions, c'est des gens qui disent : Moi, je n'ai pas eu le choix parce qu'il n'y en avait pas de service. J'ai théoriquement un médecin de famille, je ne peux pas le voir, je ne peux jamais le voir. Je ne peux même pas parler à la secrétaire de la clinique de mon médecin de famille parce que, maintenant, on est dirigé systématiquement vers des services en ligne, alors je n'ai pas eu le choix, je suis allé au privé. Mais ce n'est pas vrai que c'est remboursé dans ces cas-là.

Alors, moi, ce que je dis : Minimalement, là, est-ce qu'on peut au moins mettre un plafond, là, plafonner rapidement pour qu'on arrête d'arnaquer les gens? Parce qu'en ce moment il n'y en a pas, de grille. Puis quand il n'y a pas de grille, évidemment, si les gens peuvent faire de l'argent avec ça, les gens moins scrupuleux qui ont l'argent facile, bien, c'est presque normal qu'ils vont le faire, mais ce n'est pas normal que le gouvernement accepte ça.

Journaliste : Merci.

M. Marissal : Merci.

(Fin à 9 h 48)

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