(Huit heures vingt-cinq minutes)
Mme Labrie : Bonjour, tout le
monde. Ce matin, on pouvait lire, dans les médias, les témoignages de plusieurs
victimes d'actes criminels, notamment des mères dont les enfants ont été
assassinés dans des circonstances particulièrement tragiques. Un homme
également qui a été victime d'abus de la part de son père. Des personnes dont
les drames ont marqué le Québec et qui subissent, en ce moment, une pression
énorme, parce que l'IVAC qui va mettre fin à leurs prestations. Et ça me choque,
parce qu'il n'y a pas si longtemps, on étudiait la réforme de l'IVAC. J'étais
face au ministre Jolin-Barrette, et on lui disait précisément ce qui allait
arriver. On lui disait que ce n'était pas possible de mettre une date butoir
pour le rétablissement des victimes, que ça allait créer de la détresse, que ça
allait nuire au rétablissement des victimes. On l'invitait à faire preuve de
plus d'humanité, de plus de souplesse. Et, à ce moment-là, il avait refusé de
modifier son intention par rapport aux dates butoirs.
Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'il se
passe exactement ce qu'on avait dit qu'il arriverait. On a des victimes qui
reçoivent une lettre qui leur dit : À partir de telle date, ça va être
terminé, les prestations. Donc, vous devriez aller mieux à partir de cette
date-là. Mais ça ne marche pas comme ça, ça ne marche pas comme ça quand on
doit se remettre d'un drame. On ne peut pas décider à partir de quelle date on
va aller mieux. À l'époque, le ministre avait refusé de bouger malgré toutes
les pressions qu'on avait faites, moi et mes collègues de l'opposition.
Maintenant qu'il voit les visages des victimes, qu'il constate la détresse que
sa réforme crée, j'espère qu'il va faire preuve de plus de flexibilité, qu'il
va accepter de les rencontrer.
Il y a mon collègue Guillaume
Cliche-Rivard qui va déposer une motion aujourd'hui. On lui demande de
rencontrer les victimes pour évaluer la possibilité de mettre en place un
mécanisme pour s'adapter aux situations particulières, parce que c'est inhumain
ce qu'on leur fait vivre en ce moment. Déposez une date butoir pour le rétablissement.
M. Fontecilla : Bonjour, tout
le monde! On sait que le gouvernement de la CAQ a, à toutes fins pratiques,
abandonné les locataires du Québec, qu'il les a abandonnés lors de l'adoption
du projet de loi n° 31. Il les a abandonnés dans le budget de cette
semaine, alors que la crise du logement est plus grave que jamais, et alors que
le prix d'un logement, ça vient d'être annoncé à Montréal, le prix moyen d'un
logement, toutes catégories confondues, est de 2 034 $. Ça a pris six ans
de travail pour que Québec solidaire réussisse à faire admettre finalement au
gouvernement de la CAQ qu'il y avait une crise du logement. Qu'est-ce que ça va
prendre pour que, finalement, il, le gouvernement de la CAQ, considère la crise
du logement véritablement comme une priorité? Comment expliquer, par exemple,
vous l'avez vu ce matin, là, que l'accès à l'aide du Tribunal du logement du
Québec s'effrite. Les délais moyens pour obtenir un premier rendez-vous en
personne a bondi de 50 %, délais moyens passant de neuf jours à 13,5 jours,
alors que l'achalandage au Tribunal du logement est plus grand que jamais. C'est
inquiétant pour les locataires qui sont déjà très vulnérables face à la crise,
inquiétant pour les aînés, et qu'on redirige vers l'Internet pour avoir accès
au Tribunal du logement. Nous vivons la pire crise du logement en 40 ans,
et le gouvernement de la CAQ fait en sorte de restreindre l'accès à la justice
pour les locataires. Merci.
Journaliste : Demain, il va y
avoir la rencontre entre M. Trudeau et M. Legault, est-ce que le
fédéral doit finalement payer la note pour les immigrants qui sont en
territoire québécois?
M. Fontecilla : C'est clair, le
gouvernement... L'immigration, l'accueil des personnes qui viennent demander le
statut de réfugié au Québec, là, est une responsabilité fédérale, et c'est le
gouvernement du fédéral qui doit payer cette note-là et tous les frais
impliquant... impliquant l'accueil de ces personnes-là, y compris les frais
médicaux, pour d'éventuels soins médicaux, et les frais d'aide sociale, et
surtout s'activer, là, pour octroyer plus rapidement des permis de travail à
ces personnes-là.
Journaliste : Mais vous
reconnaissez que ça met un poids énorme sur les services au Québec
actuellement?
M. Fontecilla : Ça met, ça
met un poids et ça suscite un coût, et cette facture-là doit être assumée par
le gouvernement fédéral.
Journaliste : ...que
pensez-vous de l'avertissement envoyé par les agences de notation Moody's et
DBRS, suite au budget de M. Girard...
M. Fontecilla : Bien, je n'ai
pas...
Journaliste : ...les agences
de dotation qui envoient...
M. Fontecilla : ...je n'ai
pas vu cette nouvelle-là. Je préfère la référer à mon collègue Haroun Bouazzi.
Journaliste : Est-ce que M. Girard
est toujours la bonne personne pour être à la tête du ministère des Finances,
compte tenu du budget qu'il a présenté avant-hier, compte tenu, bon, de ce que
vous dites, des sommes d'argent qui manquent dans différents... différents
programmes? On parle de l'IVAC, mais on parle aussi des logements. Vous avez
dénoncé le fait qu'il n'y n'avait pas de sommes, etc. Est-ce que M. Girard
est toujours la bonne personne, à votre avis, dans le siège du ministre... du
ministère des Finances?
Mme Labrie : La vraie
question, c'est : Est-ce que François Legault est toujours la bonne
personne? Parce qu'au final c'est lui qui dirige ce gouvernement-là.
Journaliste : Oui, mais moi,
je vous pose la question sur M. Girard.
Mme Labrie : Bien, écoutez, je
pense que M. Girard fait ce que son premier ministre lui demande, là, comme
l'ensemble de ses collègues. On a discuté de ça sur de nombreux sujets, puis,
au final, les orientations politiques au sein de la CAQ, on sait d'où elles
partent, là. Elles partent de François Legault. Puis est-ce qu'il est toujours
l'homme de la situation? Bien, vous avez entendu nos critiques, là. En ce
moment, il n'y a pas de réponse par rapport à la crise du logement, il y a un
manque total de planification pour la suite des choses, là, pour préparer le
Québec à la crise climatique, au vieillissement de la population. Donc, non, il
n'est pas l'homme de la situation.
Journaliste : Vous pensez que
M. Girard a été forcé d'avaler la couleuvre, quoi, qu'il n'est peut-être
pas si heureux de ça du budget qu'il a présenté?
Mme Labrie : Bien, écoutez,
d'un point de vue extérieur, en tout cas, moi, je ne suis pas au sein du
Conseil des ministres de la CAQ, mais, d'un point de vue extérieur, on semble
être face à un gouvernement qui fonctionne quand même du haut vers le bas, et
le haut étant François Legault.
Journaliste : Pensez-vous que
le budget a fait des mécontents au sein même de la CAQ, là, qui est une
coalition avec des gens qui sont peut-être plus conservateurs?
Mme Labrie : Je vais les
laisser s'exprimer eux-mêmes, s'il y a des dissensions internes, là, je pense
que c'est à eux d'en témoigner.
Journaliste : Mais est-ce que
vous pensez qu'il y en aurait peut-être?
Mme Labrie : Bien, c'est
certain qu'il y a beaucoup de mécontents à travers le Québec, de ce budget-là,
ça, je peux vous le dire. Ils ont essayé de distribuer des grenailles un peu
partout, mais le fait est que, même si on n'est pas dans un budget qui est
austéritaire, en ce moment, clairement, on n'a pas une solution aux problèmes
qu'on vit au Québec avec ce budget-là. Donc, il y a énormément de mécontents.
Puis, moi, les mécontents qui me préoccupent le plus, là, ce n'est pas ceux qui
sont au sein de la CAQ, là, c'est... c'est au sein de la société, c'est des
gens qui n'ont pas accès à des services, c'est les organismes communautaires
qui...
Journaliste : Pensez-vous que
M. Lacombe est mécontent, compte tenu que les arts puis la culture n'ont
rien eu, là?
Mme Labrie : Vous devriez lui
demander.
Journaliste : ...la démarche
du Parti libéral pour un éventuel directeur parlementaire du budget? Vous vous
positionnez où là-dessus?
Mme Labrie : C'est une... On
appuie une telle demande.
Journaliste : Sur la réforme
de l'IVAC, Mme Labrie, les propos qu'on lit ce matin sont extrêmement
durs, là, on parle même de suicides au mètre carré. Est-ce que... Est-ce que le
ministre Jolin-Barrette devrait l'avoir sur la conscience?
Mme Labrie : Bien, écoutez,
moi, les propos que j'ai lus de la part de certaines victimes, ce matin, ils
m'inquiètent énormément. Je ne peux pas dire qu'ils me surprennent, parce que
des victimes, j'en ai rencontré beaucoup dans les dernières années, quand même,
avec les dossiers qui m'ont été confiés. Et puis le rétablissement, ça prend du
temps et ça ne marche pas sous pression. Donc, c'est certain que, quand tu
envoies une lettre à quelqu'un qui a vécu quelque chose d'aussi tragique, par
exemple, que l'assassinat de ses enfants, puis que tu lui dis : À partir
de telle date, c'est fini, on ne t'aidera plus, il faudrait que tu sois guéri,
je peux comprendre la détresse que ça crée chez cette personne-là. Et puis moi,
je veux souligner tout le courage des victimes qui font face à des drames
épouvantables, qu'on ne souhaite à personne. On devrait les soutenir davantage
puis on devrait surtout éviter de leur mettre de la pression.
Puis, moi, c'est ça que je demande au
ministre aujourd'hui. C'est ça que va demander la motion. On demande au
ministre Jolin-Barrette de les rencontrer, les victimes qui sont sorties dans
les médias ce matin. Il y a moyen de faire preuve de souplesse. Quand on
étudiait le projet de loi, par exemple, nous, on demandait au ministre de se
créer un pouvoir discrétionnaire. Avec un pouvoir discrétionnaire, ça lui
permettrait de prolonger, là, dans des situations particulières, les indemnités
qui sont versées.
Journaliste : Est-ce qu'il
faut quand même imposer une limite... parce que je sais que la limite de temps,
vous, vous le dites, là... bon... en tout cas, vous ne l'appréciez pas, là,
comme telle, mais est-ce qu'il faut quand même imposer une limite de temps?
Mme Labrie : Quand on
discutait de ça, le ministre nous rappelait que la majorité des dossiers était
terminée et que le rétablissement avait eu lieu, là, à l'intérieur de cinq ans,
de mémoire. Donc, lui, il avait choisi une période plus courte pour mettre sa
date butoir. Tant mieux si la majorité des victimes se rétablissent de manière
plus rapide. On souhaite que ce soit parce qu'on leur fournit les bonnes
ressources. Par contre, il y a des... il y a des... il y a des histoires plus
tragiques, plus complexes. Il y a des rétablissements qui vont être plus longs.
Puis c'est pour ça qu'on lui demandait de créer un pouvoir discrétionnaire,
pour se donner la possibilité, comme ministre, dans une situation où ça va être
plus long, ça va être plus compliqué, d'agir. Il refusait à ce moment-là de se
donner un pouvoir discrétionnaire. Bien, ça serait peut-être la bonne solution.
Moi, je ne veux pas imposer une solution. Ce que je lui demande aujourd'hui,
c'est de rencontrer les victimes, parce que, clairement, il faut... il faut des
mesures d'adaptation pour les situations particulières.
Journaliste : ...
Mme Labrie : C'est toujours
possible de rouvrir la loi, absolument.
Journaliste : Sur la
situation au TAL, M. Fontecilla, est-ce que vous jugez que le Tribunal
administratif du logement devrait recommencer à recevoir des gens en personne
sans rendez-vous?
M. Fontecilla : Écoutez, le
TAL a fait un virage Internet pendant la pandémie. On connait les... On va se
rappeler du contexte, il fallait éviter le plus possible les contacts humains.
Mais on dirait que le TAL n'est jamais sorti du mode pandémie COVID-19, là, et
on met beaucoup d'emphase sur l'utilisation des moyens Internet, là.
Évidemment, si on regarde les chiffres, le rapport annuel, on constate
l'augmentation de l'utilisation des moyens de l'Internet pour avoir accès au
TAL. Mais il y a beaucoup, beaucoup de gens au Québec, là, pour qui c'est
difficile, l'utilisation de ces moyens-là, en particulier la population aînée,
des populations qui ont plus de difficulté à utiliser l'Internet. Donc, on
aurait dû, oui, oui, maintenir et augmenter les possibilités de contacter
les... d'avoir accès aux services du TAL par Internet tout en maintenant la
possibilité d'avoir un contact humain, là, que les gens puissent rencontrer
rapidement.
Aujourd'hui, obtenir un... aller au TAL,
dans un bureau du TAL, et avoir un sans rendez-vous, c'est pratiquement
impossible. On assiste à des cas où des gens qui sont en détresse, qui doivent
répondre rapidement à des... à des demandes... à des délais légaux et à qui on
envoie dans... pour des rendez-vous, là, dans deux ou trois semaines, ce
qui est inacceptable.
Le Tribunal administratif du logement,
c'est un tribunal de proximité où les gens n'ont pas besoin d'être représentés
par un avocat, là. Et le fait de mettre... d'insister et faire... et mettre une
barrière informatique, là, ça décourage, et ça rend la vie difficile à
beaucoup, beaucoup de gens, et ça réduit l'accessibilité au TAL.
D'autre part, je regardais le rapport
annuel, il y a une diminution significative du nombre d'employés du TAL, là.
C'est passé d'autour d'une moyenne de 250 à 199, 200 employés. Et, par
rapport à d'autres tribunaux administratifs, le TAL est moins financé. Donc, il
y a des questions à se poser, et je vais veiller au grain, là, pour poser ces
questions-là pendant l'étude des crédits.
Journaliste : Mme Labrie,
au Conseil du trésor, en infrastructures, il y a une réforme qui s'en vient en
matière de contrats publics. Ça va toucher l'agence des transports de Mme Guilbault.
Pensez-vous vraiment que l'agence des transports de Mme Guilbault a le
potentiel d'accélérer les projets de transport collectif à moindre coût?
Mme Labrie : Bien, écoutez,
je vais laisser mon collègue Étienne Grandmont s'exprimer sur l'agence en
particulier, mais moi, ce que je peux vous dire, c'est que ce qu'on a besoin
dès maintenant, là, agence ou pas, c'est des projets qui démarrent en transport
collectif. On a besoin que les chantiers s'amorcent. À Montréal, à Québec puis
aussi dans les autres villes à travers le Québec, on a besoin d'un transport en
commun. On devrait déjà être en train d'en développer, du transport urbain,
interurbain, et ce n'est pas ce qu'on fait actuellement. On est clairement en
retard. Donc, moi, j'espère que l'agence va amener des résultats, mais, agence
ou pas, ce qu'on a besoin, c'est que les chantiers démarrent.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous avez pensé... Mais qu'est-ce que vous avez pensé de la sortie de M. Legault
hier, qui a relativisé le déficit de 11 milliards puis qui a ramené ça à
1,5 % du PIB? Est-ce que c'est le bon chiffre à prendre?
Mme Labrie : Bien, moi, ce
qui m'a surtout dérangée de la sortie d'hier, c'est son intention de continuer
de baisser les impôts. Je pense que c'est totalement irresponsable. Clairement,
il n'a pas de leçon à donner à personne par rapport à l'argent qui pousse dans
les arbres. On a un gouvernement qui fait un déficit parce qu'il a choisi de
prioriser certaines fonctions de l'état, en santé et en éducation notamment.
O.K., mais on ne peut pas continuer à promettre des baisses d'impôts, là. On
devrait même reculer sur certaines baisses d'impôts qui ont été faites, je
pense en particulier à celles qui concernent les personnes qui gagnent plus de
100 000 $ par année. Ce n'est pas adéquat dans la situation parce
que, là, il y a des dépenses qu'on ne fait pas actuellement, là.
La Modératrice : ...en
anglais.
Journaliste : Mme Labrie, il
n'en reste pas moins... il n'en a pas moins que, si on examine les documents
budgétaires, c'est 32 milliards de dollars dans les cinq prochaines
années qui sont ajoutés à la dette avec les déficits qui sont accumulés. Hier,
M. Legault a laissé entendre que ce n'est pas le genre de chose qui
dérange Québec solidaire. Est-ce que c'est exact?
Mme Labrie : Moi, ce qui me
dérange, c'est quand on ne réussit pas à rendre les services à la population.
Journaliste : Est-ce que
32 milliards ajoutés à la dette dans les cinq prochaines années, ce
n'est pas très grave?
Mme Labrie : Ce qui serait
grave, c'est de ne pas prendre les moyens de résorber ça. Nous, des suggestions
pour aller chercher des nouvelles sources de revenus, on en a puis, des
suggestions pour faire des nouveaux services, on en a aussi. On a l'habitude de
présenter un cadre financier équilibré à Québec solidaire. Donc, moi, je... Les
décisions de la CAQ, ça leur appartient. Moi, ce que je vous dis, c'est que je
trouve totalement irresponsable d'un gouvernement qui constate qu'il est en
train de faire des déficits parce que les services publics nécessitent des
investissements importants et qui prétend encore pouvoir faire d'autres baisses
d'impôts. Ça, c'est totalement irresponsable et c'est ça qui me dérange le
plus.
Journaliste : ...je vais le
prendre à rebours, dans ce cas-là, c'est un peu inquiétant, 32 milliards
de dettes dans les cinq prochaines années.
Mme Labrie : C'est inquiétant
que, dans ce contexte-là, le premier ministre annonce encore qu'il veut faire
d'autres baisses d'impôts. Oui, c'est très inquiétant.
Journaliste :
...are you concerned about a possible
downgrade in Québec's credit
rating as a result of the budget?
Mme Labrie :
Well, as my colleague said, we will
leave...
Journaliste
: I don't know.
Mme Labrie : …our colleague, Haroun Bouazzi, answer to this question, sir.
Journaliste
: ...OK, that's fine,
thanks.
La Modératrice
:
Merci, tout le monde.
(Fin à 8 h 41)