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Point de presse de Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’administration gouvernementale et pour le Conseil du trésor, et M. Andrés Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de logement et d’habitation

Version finale

Thursday, March 14, 2024, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-cinq minutes)

Mme Labrie : Bonjour, tout le monde. Ce matin, on pouvait lire, dans les médias, les témoignages de plusieurs victimes d'actes criminels, notamment des mères dont les enfants ont été assassinés dans des circonstances particulièrement tragiques. Un homme également qui a été victime d'abus de la part de son père. Des personnes dont les drames ont marqué le Québec et qui subissent, en ce moment, une pression énorme, parce que l'IVAC qui va mettre fin à leurs prestations. Et ça me choque, parce qu'il n'y a pas si longtemps, on étudiait la réforme de l'IVAC. J'étais face au ministre Jolin-Barrette, et on lui disait précisément ce qui allait arriver. On lui disait que ce n'était pas possible de mettre une date butoir pour le rétablissement des victimes, que ça allait créer de la détresse, que ça allait nuire au rétablissement des victimes. On l'invitait à faire preuve de plus d'humanité, de plus de souplesse. Et, à ce moment-là, il avait refusé de modifier son intention par rapport aux dates butoirs.

Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'il se passe exactement ce qu'on avait dit qu'il arriverait. On a des victimes qui reçoivent une lettre qui leur dit : À partir de telle date, ça va être terminé, les prestations. Donc, vous devriez aller mieux à partir de cette date-là. Mais ça ne marche pas comme ça, ça ne marche pas comme ça quand on doit se remettre d'un drame. On ne peut pas décider à partir de quelle date on va aller mieux. À l'époque, le ministre avait refusé de bouger malgré toutes les pressions qu'on avait faites, moi et mes collègues de l'opposition. Maintenant qu'il voit les visages des victimes, qu'il constate la détresse que sa réforme crée, j'espère qu'il va faire preuve de plus de flexibilité, qu'il va accepter de les rencontrer.

Il y a mon collègue Guillaume Cliche-Rivard qui va déposer une motion aujourd'hui. On lui demande de rencontrer les victimes pour évaluer la possibilité de mettre en place un mécanisme pour s'adapter aux situations particulières, parce que c'est inhumain ce qu'on leur fait vivre en ce moment. Déposez une date butoir pour le rétablissement.

M. Fontecilla : Bonjour, tout le monde! On sait que le gouvernement de la CAQ a, à toutes fins pratiques, abandonné les locataires du Québec, qu'il les a abandonnés lors de l'adoption du projet de loi n° 31. Il les a abandonnés dans le budget de cette semaine, alors que la crise du logement est plus grave que jamais, et alors que le prix d'un logement, ça vient d'être annoncé à Montréal, le prix moyen d'un logement, toutes catégories confondues, est de 2 034 $. Ça a pris six ans de travail pour que Québec solidaire réussisse à faire admettre finalement au gouvernement de la CAQ qu'il y avait une crise du logement. Qu'est-ce que ça va prendre pour que, finalement, il, le gouvernement de la CAQ, considère la crise du logement véritablement comme une priorité? Comment expliquer, par exemple, vous l'avez vu ce matin, là, que l'accès à l'aide du Tribunal du logement du Québec s'effrite. Les délais moyens pour obtenir un premier rendez-vous en personne a bondi de 50 %, délais moyens passant de neuf jours à 13,5 jours, alors que l'achalandage au Tribunal du logement est plus grand que jamais. C'est inquiétant pour les locataires qui sont déjà très vulnérables face à la crise, inquiétant pour les aînés, et qu'on redirige vers l'Internet pour avoir accès au Tribunal du logement. Nous vivons la pire crise du logement en 40 ans, et le gouvernement de la CAQ fait en sorte de restreindre l'accès à la justice pour les locataires. Merci.

Journaliste : Demain, il va y avoir la rencontre entre M. Trudeau et M. Legault, est-ce que le fédéral doit finalement payer la note pour les immigrants qui sont en territoire québécois?

M. Fontecilla : C'est clair, le gouvernement... L'immigration, l'accueil des personnes qui viennent demander le statut de réfugié au Québec, là, est une responsabilité fédérale, et c'est le gouvernement du fédéral qui doit payer cette note-là et tous les frais impliquant... impliquant l'accueil de ces personnes-là, y compris les frais médicaux, pour d'éventuels soins médicaux, et les frais d'aide sociale, et surtout s'activer, là, pour octroyer plus rapidement des permis de travail à ces personnes-là.

Journaliste : Mais vous reconnaissez que ça met un poids énorme sur les services au Québec actuellement?

M. Fontecilla : Ça met, ça met un poids et ça suscite un coût, et cette facture-là doit être assumée par le gouvernement fédéral.

Journaliste : ...que pensez-vous de l'avertissement envoyé par les agences de notation Moody's et DBRS, suite au budget de M. Girard...

M. Fontecilla : Bien, je n'ai pas...

Journaliste : ...les agences de dotation qui envoient...

M. Fontecilla : ...je n'ai pas vu cette nouvelle-là. Je préfère la référer à mon collègue Haroun Bouazzi.

Journaliste : Est-ce que M. Girard est toujours la bonne personne pour être à la tête du ministère des Finances, compte tenu du budget qu'il a présenté avant-hier, compte tenu, bon, de ce que vous dites, des sommes d'argent qui manquent dans différents... différents programmes? On parle de l'IVAC, mais on parle aussi des logements. Vous avez dénoncé le fait qu'il n'y n'avait pas de sommes, etc. Est-ce que M. Girard est toujours la bonne personne, à votre avis, dans le siège du ministre... du ministère des Finances?

Mme Labrie : La vraie question, c'est : Est-ce que François Legault est toujours la bonne personne? Parce qu'au final c'est lui qui dirige ce gouvernement-là.

Journaliste : Oui, mais moi, je vous pose la question sur M. Girard.

Mme Labrie : Bien, écoutez, je pense que M. Girard fait ce que son premier ministre lui demande, là, comme l'ensemble de ses collègues. On a discuté de ça sur de nombreux sujets, puis, au final, les orientations politiques au sein de la CAQ, on sait d'où elles partent, là. Elles partent de François Legault. Puis est-ce qu'il est toujours l'homme de la situation? Bien, vous avez entendu nos critiques, là. En ce moment, il n'y a pas de réponse par rapport à la crise du logement, il y a un manque total de planification pour la suite des choses, là, pour préparer le Québec à la crise climatique, au vieillissement de la population. Donc, non, il n'est pas l'homme de la situation.

Journaliste : Vous pensez que M. Girard a été forcé d'avaler la couleuvre, quoi, qu'il n'est peut-être pas si heureux de ça du budget qu'il a présenté?

Mme Labrie : Bien, écoutez, d'un point de vue extérieur, en tout cas, moi, je ne suis pas au sein du Conseil des ministres de la CAQ, mais, d'un point de vue extérieur, on semble être face à un gouvernement qui fonctionne quand même du haut vers le bas, et le haut étant François Legault.

Journaliste : Pensez-vous que le budget a fait des mécontents au sein même de la CAQ, là, qui est une coalition avec des gens qui sont peut-être plus conservateurs?

Mme Labrie : Je vais les laisser s'exprimer eux-mêmes, s'il y a des dissensions internes, là, je pense que c'est à eux d'en témoigner.

Journaliste : Mais est-ce que vous pensez qu'il y en aurait peut-être?

Mme Labrie : Bien, c'est certain qu'il y a beaucoup de mécontents à travers le Québec, de ce budget-là, ça, je peux vous le dire. Ils ont essayé de distribuer des grenailles un peu partout, mais le fait est que, même si on n'est pas dans un budget qui est austéritaire, en ce moment, clairement, on n'a pas une solution aux problèmes qu'on vit au Québec avec ce budget-là. Donc, il y a énormément de mécontents. Puis, moi, les mécontents qui me préoccupent le plus, là, ce n'est pas ceux qui sont au sein de la CAQ, là, c'est... c'est au sein de la société, c'est des gens qui n'ont pas accès à des services, c'est les organismes communautaires qui...

Journaliste : Pensez-vous que M. Lacombe est mécontent, compte tenu que les arts puis la culture n'ont rien eu, là?

Mme Labrie : Vous devriez lui demander.

Journaliste : ...la démarche du Parti libéral pour un éventuel directeur parlementaire du budget? Vous vous positionnez où là-dessus?

Mme Labrie : C'est une... On appuie une telle demande.

Journaliste : Sur la réforme de l'IVAC, Mme Labrie, les propos qu'on lit ce matin sont extrêmement durs, là, on parle même de suicides au mètre carré. Est-ce que... Est-ce que le ministre Jolin-Barrette devrait l'avoir sur la conscience?

Mme Labrie : Bien, écoutez, moi, les propos que j'ai lus de la part de certaines victimes, ce matin, ils m'inquiètent énormément. Je ne peux pas dire qu'ils me surprennent, parce que des victimes, j'en ai rencontré beaucoup dans les dernières années, quand même, avec les dossiers qui m'ont été confiés. Et puis le rétablissement, ça prend du temps et ça ne marche pas sous pression. Donc, c'est certain que, quand tu envoies une lettre à quelqu'un qui a vécu quelque chose d'aussi tragique, par exemple, que l'assassinat de ses enfants, puis que tu lui dis : À partir de telle date, c'est fini, on ne t'aidera plus, il faudrait que tu sois guéri, je peux comprendre la détresse que ça crée chez cette personne-là. Et puis moi, je veux souligner tout le courage des victimes qui font face à des drames épouvantables, qu'on ne souhaite à personne. On devrait les soutenir davantage puis on devrait surtout éviter de leur mettre de la pression.

Puis, moi, c'est ça que je demande au ministre aujourd'hui. C'est ça que va demander la motion. On demande au ministre Jolin-Barrette de les rencontrer, les victimes qui sont sorties dans les médias ce matin. Il y a moyen de faire preuve de souplesse. Quand on étudiait le projet de loi, par exemple, nous, on demandait au ministre de se créer un pouvoir discrétionnaire. Avec un pouvoir discrétionnaire, ça lui permettrait de prolonger, là, dans des situations particulières, les indemnités qui sont versées.

Journaliste : Est-ce qu'il faut quand même imposer une limite... parce que je sais que la limite de temps, vous, vous le dites, là... bon... en tout cas, vous ne l'appréciez pas, là, comme telle, mais est-ce qu'il faut quand même imposer une limite de temps?

Mme Labrie : Quand on discutait de ça, le ministre nous rappelait que la majorité des dossiers était terminée et que le rétablissement avait eu lieu, là, à l'intérieur de cinq ans, de mémoire. Donc, lui, il avait choisi une période plus courte pour mettre sa date butoir. Tant mieux si la majorité des victimes se rétablissent de manière plus rapide. On souhaite que ce soit parce qu'on leur fournit les bonnes ressources. Par contre, il y a des... il y a des... il y a des histoires plus tragiques, plus complexes. Il y a des rétablissements qui vont être plus longs. Puis c'est pour ça qu'on lui demandait de créer un pouvoir discrétionnaire, pour se donner la possibilité, comme ministre, dans une situation où ça va être plus long, ça va être plus compliqué, d'agir. Il refusait à ce moment-là de se donner un pouvoir discrétionnaire. Bien, ça serait peut-être la bonne solution. Moi, je ne veux pas imposer une solution. Ce que je lui demande aujourd'hui, c'est de rencontrer les victimes, parce que, clairement, il faut... il faut des mesures d'adaptation pour les situations particulières.

Journaliste : ...

Mme Labrie : C'est toujours possible de rouvrir la loi, absolument.

Journaliste : Sur la situation au TAL, M. Fontecilla, est-ce que vous jugez que le Tribunal administratif du logement devrait recommencer à recevoir des gens en personne sans rendez-vous?

M. Fontecilla : Écoutez, le TAL a fait un virage Internet pendant la pandémie. On connait les... On va se rappeler du contexte, il fallait éviter le plus possible les contacts humains. Mais on dirait que le TAL n'est jamais sorti du mode pandémie COVID-19, là, et on met beaucoup d'emphase sur l'utilisation des moyens Internet, là. Évidemment, si on regarde les chiffres, le rapport annuel, on constate l'augmentation de l'utilisation des moyens de l'Internet pour avoir accès au TAL. Mais il y a beaucoup, beaucoup de gens au Québec, là, pour qui c'est difficile, l'utilisation de ces moyens-là, en particulier la population aînée, des populations qui ont plus de difficulté à utiliser l'Internet. Donc, on aurait dû, oui, oui, maintenir et augmenter les possibilités de contacter les... d'avoir accès aux services du TAL par Internet tout en maintenant la possibilité d'avoir un contact humain, là, que les gens puissent rencontrer rapidement.

Aujourd'hui, obtenir un... aller au TAL, dans un bureau du TAL, et avoir un sans rendez-vous, c'est pratiquement impossible. On assiste à des cas où des gens qui sont en détresse, qui doivent répondre rapidement à des... à des demandes... à des délais légaux et à qui on envoie dans... pour des rendez-vous, là, dans deux ou trois semaines, ce qui est inacceptable.

Le Tribunal administratif du logement, c'est un tribunal de proximité où les gens n'ont pas besoin d'être représentés par un avocat, là. Et le fait de mettre... d'insister et faire... et mettre une barrière informatique, là, ça décourage, et ça rend la vie difficile à beaucoup, beaucoup de gens, et ça réduit l'accessibilité au TAL.

D'autre part, je regardais le rapport annuel, il y a une diminution significative du nombre d'employés du TAL, là. C'est passé d'autour d'une moyenne de 250 à 199, 200 employés. Et, par rapport à d'autres tribunaux administratifs, le TAL est moins financé. Donc, il y a des questions à se poser, et je vais veiller au grain, là, pour poser ces questions-là pendant l'étude des crédits.

Journaliste : Mme Labrie, au Conseil du trésor, en infrastructures, il y a une réforme qui s'en vient en matière de contrats publics. Ça va toucher l'agence des transports de Mme Guilbault. Pensez-vous vraiment que l'agence des transports de Mme Guilbault a le potentiel d'accélérer les projets de transport collectif à moindre coût?

Mme Labrie : Bien, écoutez, je vais laisser mon collègue Étienne Grandmont s'exprimer sur l'agence en particulier, mais moi, ce que je peux vous dire, c'est que ce qu'on a besoin dès maintenant, là, agence ou pas, c'est des projets qui démarrent en transport collectif. On a besoin que les chantiers s'amorcent. À Montréal, à Québec puis aussi dans les autres villes à travers le Québec, on a besoin d'un transport en commun. On devrait déjà être en train d'en développer, du transport urbain, interurbain, et ce n'est pas ce qu'on fait actuellement. On est clairement en retard. Donc, moi, j'espère que l'agence va amener des résultats, mais, agence ou pas, ce qu'on a besoin, c'est que les chantiers démarrent.

Journaliste : Qu'est-ce que vous avez pensé... Mais qu'est-ce que vous avez pensé de la sortie de M. Legault hier, qui a relativisé le déficit de 11 milliards puis qui a ramené ça à 1,5 % du PIB? Est-ce que c'est le bon chiffre à prendre?

Mme Labrie : Bien, moi, ce qui m'a surtout dérangée de la sortie d'hier, c'est son intention de continuer de baisser les impôts. Je pense que c'est totalement irresponsable. Clairement, il n'a pas de leçon à donner à personne par rapport à l'argent qui pousse dans les arbres. On a un gouvernement qui fait un déficit parce qu'il a choisi de prioriser certaines fonctions de l'état, en santé et en éducation notamment. O.K., mais on ne peut pas continuer à promettre des baisses d'impôts, là. On devrait même reculer sur certaines baisses d'impôts qui ont été faites, je pense en particulier à celles qui concernent les personnes qui gagnent plus de 100 000 $ par année. Ce n'est pas adéquat dans la situation parce que, là, il y a des dépenses qu'on ne fait pas actuellement, là.

La Modératrice : ...en anglais.

Journaliste : Mme Labrie, il n'en reste pas moins... il n'en a pas moins que, si on examine les documents budgétaires, c'est 32 milliards de dollars dans les cinq prochaines années qui sont ajoutés à la dette avec les déficits qui sont accumulés. Hier, M. Legault a laissé entendre que ce n'est pas le genre de chose qui dérange Québec solidaire. Est-ce que c'est exact?

Mme Labrie : Moi, ce qui me dérange, c'est quand on ne réussit pas à rendre les services à la population.

Journaliste : Est-ce que 32 milliards ajoutés à la dette dans les cinq prochaines années, ce n'est pas très grave?

Mme Labrie : Ce qui serait grave, c'est de ne pas prendre les moyens de résorber ça. Nous, des suggestions pour aller chercher des nouvelles sources de revenus, on en a puis, des suggestions pour faire des nouveaux services, on en a aussi. On a l'habitude de présenter un cadre financier équilibré à Québec solidaire. Donc, moi, je... Les décisions de la CAQ, ça leur appartient. Moi, ce que je vous dis, c'est que je trouve totalement irresponsable d'un gouvernement qui constate qu'il est en train de faire des déficits parce que les services publics nécessitent des investissements importants et qui prétend encore pouvoir faire d'autres baisses d'impôts. Ça, c'est totalement irresponsable et c'est ça qui me dérange le plus.

Journaliste : ...je vais le prendre à rebours, dans ce cas-là, c'est un peu inquiétant, 32 milliards de dettes dans les cinq prochaines années.

Mme Labrie : C'est inquiétant que, dans ce contexte-là, le premier ministre annonce encore qu'il veut faire d'autres baisses d'impôts. Oui, c'est très inquiétant.

Journaliste : ...are you concerned about a possible downgrade in Québec's credit rating as a result of the budget?

Mme Labrie : Well, as my colleague said, we will leave...

Journaliste : I don't know.

Mme Labrie : …our colleague, Haroun Bouazzi, answer to this question, sir.

Journaliste : ...OK, that's fine, thanks.

La Modératrice : Merci, tout le monde.

(Fin à 8 h 41)

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