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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et M. Andrés Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de logement et d’habitation

Version finale

Le mardi 12 mars 2024, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures une minute)

M. Nadeau-Dubois : Bon, bien, bonjour. Journée de budget aujourd'hui. Et, bien sûr, on ne sait pas encore ce qu'il va y avoir dans le budget de François Legault, mais on sait déjà une chose, il va y avoir un gros déficit au Québec. Puis, s'il va y avoir un gros déficit, c'est qu'il y a eu un gros manque de jugement au gouvernement dans les dernières années, parce que la CAQ a pris des mauvaises décisions, parce que la CAQ a gaspillé l'argent des Québécois puis des Québécoises.

On va passer ça en revue ensemble ce matin : 900 millions de dollars dans un projet de tramway qu'ils sont en train de vouloir enterrer, 59 millions de dollars pour le projet de troisième lien, un projet qui est mort vivant, 124 millions de dollars dans des Espaces bleus qui ne verront jamais le jour, 41 millions de dollars pour gérer le scandale SAAQclic, 22 millions de dollars dans un Panier bleu qui n'existe plus, 7 millions de dollars pour des matchs des Kings de Los Angeles, alors qu'à Salt Lake City ils vont avoir ces matchs-là gratuitement, 4 millions de dollars pour augmenter le salaire des députés.

Là, on est rendus à plus de 1 milliard, avec les exemples que je viens de donner, et je ne vous ai même pas encore parlé de la pire décision budgétaire de la CAQ depuis son entrée au pouvoir, baisser les impôts des contribuables qui font plus de 100 000 $ par année. Juste ça, c'est 590 millions de dollars de trou dans les finances du Québec. Et ça, ce n'est pas juste un an, c'est un trou de près de 600 millions cette année, l'an prochain, l'autre d'après, l'autre d'après. Quelle mauvaise décision, quel gaspillage, d'envoyer 600 millions de dollars chez les plus fortunés. Cet argent-là, on aurait dû l'investir en santé, en éducation et en logement, parce que c'est ça, les vraies priorités au Québec.

M. Fontecilla : Merci, Gabriel. Donc, ça a été dit, c'est jour de budget. La plus... à part la crise climatique, là, la plus grosse crise que la société québécoise affronte, en ce moment... en ce moment, c'est la crise du logement. Et le gouvernement du Québec, malheureusement, après avoir passé des années à nier l'importance de cette crise-là, y va avec des mesurettes homéopathiques pour régler ce qui est la principale préoccupation des Québécois, c'est-à-dire le prix des loyers, le prix des maisons, l'impossibilité pour les jeunes ménages en particulier d'accéder à la propriété.

Le pourcentage de notre revenu mensuel qu'on alloue à se loger, à avoir un toit sur la tête, est plus grand que jamais. C'est un budget qui doit considérer de façon très sérieuse... prendre le taureau par les cornes pour affronter cette crise du logement et non seulement, oui, faire en sorte de contrôler les hausses abusives des loyers, mais surtout, surtout, des mesures budgétaires pour faire la promotion pour produire... augmenter l'offre de logements dans tous les segments, surtout les segments destinés aux populations aux plus... à plus faibles revenus, surtout les logements sociaux, que ce soient des coopératives d'habitation, des OSBL d'habitation, des habitations à loyer modique.

Les offices de... municipaux du Québec sont prêts à construire davantage à prix très compétitifs pour augmenter l'offre et pour surtout, encore une fois, pour les populations à plus faibles revenus, qui s'appauvrissent constamment, année après année, à cause de cette crise du logement. Il est impératif que ce budget-là marque le point tournant de l'action du gouvernement du Québec en termes de politiques publiques, là, pour affronter définitivement et pour de vrai la crise du logement.

Journaliste : La question a été posée à plusieurs reprises à M. Girard au sujet de l'austérité éventuelle. Est-ce que vous pensez que c'est ce qui s'en vient éventuellement dans les finances publiques du Québec?

M. Nadeau-Dubois : Si les investissements dans nos services sont moins grands que l'augmentation des coûts de système, c'est de l'austérité. Et, l'austérité, on n'a pas besoin de ça au Québec, là. On veut un meilleur système de santé, un meilleur système d'éducation. On veut des places en garderie pour tout le monde. On veut des investissements pour le logement. Il faut construire plus de maisons au Québec. On n'a pas les moyens de l'austérité.

La question, c'est : Est-ce que M. Legault regrette d'avoir baissé les impôts des Québécois qui font plus de 100 000 $ par année? Parce que ça nous coûte 600 millions de dollars à peu près chaque année, cette décision-là. Moi, c'est la... c'est la question à laquelle j'aimerais qu'on ait une réponse aujourd'hui : Est-ce qu'il regrette de nous avoir privés, d'avoir privé nos écoles, nos hôpitaux de 600 millions de dollars par année?

Journaliste : J'entends bien vos critiques envers les choix du gouvernement, mais il reste quand même que, tu sais, on a repoussé le... l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Le ministre a quand même annoncé que ça allait être un budget extrêmement... extrêmement déficitaire. J'ai de la misère à voir comment vous pouvez parler d'austérité puis dire : Il faut dépenser plus.

M. Nadeau-Dubois : Bien, on verra le budget. Mais, dans un budget, il y a deux colonnes : il y a les dépenses puis il y a les revenus. Puis, dans les dernières années, la CAQ a gaspillé de l'argent en faisant des dépenses inutiles : 7 millions pour les Kings, 22 millions pour le Panier bleu, 124 millions dans des Espaces bleus, qui, finalement, ne verront jamais le jour, 59 millions pour des études de troisième lien qui ont fini par saboter le projet. Cet argent-là, on ne le reverra jamais. Puis là je ne vous parle même pas du 600 millions de dollars à peu près chaque année qu'on va se priver à cause des baisses d'impôt juste pour les 100 000 $ et plus au Québec. C'est... Ça, c'est de l'argent qu'on a gaspillé. Donc, dans la colonne des revenus, François Legault a décidé de se priver de 590 millions par année en baissant les impôts des gens de 100 000 $ et plus au Québec. C'était une mauvaise décision. Et là aujourd'hui, ils vont devoir choisir à qui ils envoient cette facture-là. Mais ça, c'est les choix de la CAQ. Ils auraient pu faire des choix différents.

Nous, on leur a dit, à l'époque : L'économie, là, ça ne sera pas beau dans les prochaines années, c'est une mauvaise idée de baisser les impôts des gens qui font plus de 100 000 $, vous devriez investir ça en santé, en éducation puis en logement. Puis malheureusement ils ne nous ont pas écoutés.

Journaliste : On parle d'austérité, évidemment, faisant référence à l'époque libérale précédente. C'est une époque aussi où on a beaucoup utilisé le mot «néolibéral» dans la gestion des finances publiques. Comment vous qualifiez la gestion des finances publiques par le gouvernement Legault? Selon vous, c'est quoi sa ligne directrice, s'il en a une?

M. Nadeau-Dubois : Bien, ça, on verra le budget d'aujourd'hui. Dans les dernières années, oui, bien, on a un gouvernement qui gaspille et qui gouverne à courte vue. On est au milieu d'une crise du logement, il y a une crise climatique qui s'en vient, nos écoles ne vont pas bien, nos hôpitaux ne vont pas bien. Il faut investir dans l'avenir. Ce n'est pas le temps d'envoyer des baisses d'impôt aux gens qui font plus de 100 000 $ par année, c'était une mauvaise décision. Puis aujourd'hui on va vivre collectivement les conséquences de cette mauvaise décision là. C'est de la politique à court terme, alors qu'on a besoin d'un gouvernement au Québec qui pense à l'avenir du Québec.

Journaliste : Vous savez qu'une des raisons pourquoi le budget risque d'être fortement déficitaire, c'est aussi les augmentations de salaire données aux employés de l'État. Est-ce que, ça, vous considérez que c'était une mauvaise décision?

M. Nadeau-Dubois : C'était une excellente décision, d'améliorer les conditions de travail et les salaires des femmes puis des hommes qui travaillent dans nos services publics. On n'aura jamais d'hôpitaux qui fonctionnent, on n'aura jamais d'écoles qui fonctionnent, si on traite mal ou on paie mal les gens qui travaillent dedans. Ça, pour nous, ce n'est pas une dépense exagérée, c'est un investissement nécessaire. C'est bon pour le Québec, c'est bon pour les familles qui veulent des bons services publics. Mais, si, pendant qu'on fait ça, on se prive de revenus en baissant les impôts des gens qui font plus de 100 000 $, c'est sûr que l'équation ne fonctionne pas. C'était une erreur de baisser les impôts des gens qui font plus de 1000 000 $ au Québec. On aurait dû garder cet argent-là puis l'investir en santé, en éducation puis en logement.

Journaliste : M. Fontecilla, j'aimerais vous entendre, là, parce que je sais que la question du logement vous préoccupe énormément. Il y a un autre projet de loi qui... c'est le dossier de votre collègue Alexandre Leduc, là, sur la construction, mais ça touche aussi, évidemment, le logement, parce qu'évidemment l'objectif de rendre plus flexible l'industrie, c'est aussi pour construire davantage. J'aimerais avoir votre point de vue sur ce projet de loi là.

M. Fontecilla : Écoutez, on va... on va regarder très attentivement le déroulement et en particulier les auditions des différents groupes de la société concernant ce projet de loi là. Et évidemment on a construit un système au Québec, là, depuis quelques décennies, qui fonctionne malgré tout. Il a des problèmes. On peut... on peut certainement l'améliorer, mais il ne s'agit pas de jeter le bébé avec l'eau du bain, là.

Nous avons certaines préoccupations. Comme, par exemple, la main-d'œuvre en région, on ne voudrait pas perdre une expertise. On sait que les travailleurs et travailleuses, surtout des travailleurs de la construction en région, sont moins... travaillent moins que les gens... les ouvriers dans les grands centres, et cela nous envoie un message. On se... On est en train d'étudier le projet, justement, là, mais on ne sait pas si cette flexibilité-là va être... va donner vraiment le résultat escompté, là. Donc, on va regarder ça attentivement.

M. Nadeau-Dubois : Je vais peut-être juste ajouter là-dessus. La priorité, là, au Québec, c'est de construire plus. Il faut construire plus de maisons, il faut construire plus de logements pour les besoins des gens au Québec.

Et, oui, il faut améliorer la productivité de notre industrie de la construction. On a fait, à Québec solidaire, une proposition : baisser la TVQ sur la construction pour stimuler la construction de logements. Ça, c'est une mesure qui stimulerait la construction au Québec, on espère que ça va être dans le budget.

Pour ce qui est du projet de loi n° 51, la démonstration que ce projet de loi là va stimuler la construction au Québec, cette démonstration-là n'a pas été faite. Il y a même une étude, ce matin, qui montre que ça pourrait nuire à la productivité de notre industrie de la construction en région. Donc, ça, c'est très préoccupant. Parce que c'est le contraire qu'il faut faire au Québec : il faut construire plus plus vite parce qu'on est en pleine crise du logement.

Journaliste : Donc, justement, peut-être pour poursuivre là-dessus, d'abord, donc, M. Boulet fait... fait fausse route, là. On voit que l'Inter, entre autres, a l'impression qu'on se tire dans le pied, là, finalement.

M. Nadeau-Dubois : Bien, il y a... il y a... il y a une étude publiée ce matin qui sonne l'alarme, là. Non seulement la démonstration n'a pas été faite que ce projet de loi là va accélérer la construction au Québec, mais ça pourrait même nuire à la productivité de l'industrie en région. Ça, c'est tout un drapeau jaune, là, qui vient de se lever.

Nous, on est très préoccupés de ça, parce que, je veux dire, on n'a pas... comment dire, on n'a pas le luxe de se tromper, là. Il faut construire plus de logements au Québec, on est en pleine crise du logement, on n'a pas le luxe d'adopter des projets de loi qui vont rater la cible, là. Une industrie de la construction moins productive en région, c'est la dernière chose qu'on a besoin au Québec. Donc, on trouve ça très préoccupant.

Et là le fardeau de la preuve est sur l'épaule... sur les épaules du ministre. C'est à lui de faire la démonstration que son projet de loi va nous permettre de construire plus de maisons au Québec. Puis en ce moment, cette démonstration-là, elle n'est pas faite.

Journaliste : Mais donc, à la lumière de cette étude-là, M. Boulet devrait revoir sa réforme?

M. Nadeau-Dubois : Bien là, les consultations commencent aujourd'hui. Nous, on a bien hâte d'entendre l'ensemble des groupes. On va... on va prendre le temps de les entendre. C'est une étape qui est importante. Mais c'est un gros drapeau jaune, là. Je veux dire, il faut construire plus de maisons au Québec dans toutes les régions. Il y a une crise du logement, on ne peut pas se permettre d'avoir des mesures qui ratent la cible ou qui sont contre-productives, là.

Journaliste : Sur un autre sujet, sinon, vous avez peut-être vu, dans les pages du journal ce matin, un autre exemple, là, de caviardage... extrême avec Investissement Québec. Est-ce que... est-ce qu'on devrait normalement pouvoir regarder quels sont les fournisseurs d'Investissement Québec, notamment, sur leurs relevés de cartes de crédit, là?

M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien, je pense qu'il y a un problème de transparence au Québec, et c'est dans beaucoup des ministères. Il y a une culture où on a tendance à vouloir restreindre l'information qu'on diffuse, puis il faut changer cette culture-là. Il y a... Si... Je voyais les porte-parole d'Investissement Québec parler de protection de la vie personnelle. Je pense qu'il y a moyen de protéger la vie personnelle des gens, protéger les renseignements personnels, tout en soyant plus transparents pour s'assurer qu'il n'y a pas d'abus. Parce que, malheureusement, il y a eu des scandales, dans les dernières années, qui ont fait en sorte que là, il y a une confiance à réparer.

Journaliste : Les exemples sont nombreux. Notamment, dans les pages du journal, on en a relevé, illustré plusieurs. Il semble y avoir une tendance au crayon noir... au crayon-feutre noir.

M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien, c'est dans le dossier... on le voit dans le dossier Northvolt, on le voit dans plein d'autres domaines, là. Il y a une... il y a une... il y a une culture de la rétention d'information, dans l'ensemble de l'État québécois, qui est problématique. C'est... Puis ce n'est pas vrai que c'est comme ça partout dans le monde. Puis c'est pour ça notamment qu'on a besoin d'une révision de la Loi sur l'accès à l'information au Québec, pour s'assurer qu'il y ait plus de transparence. Parce que ce n'est pas bon pour la confiance des gens dans nos institutions quand il y a ce réflexe de toujours donner le moins d'information possible. Il y a l'impression que c'est souvent ça, le réflexe, dans bien des composantes de l'État québécois.

La Modératrice : ...Merci.

M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 16)

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