(Onze heures une minute)
M. Nadeau-Dubois : Bon, bien,
bonjour. Journée de budget aujourd'hui. Et, bien sûr, on ne sait pas encore ce
qu'il va y avoir dans le budget de François Legault, mais on sait déjà une
chose, il va y avoir un gros déficit au Québec. Puis, s'il va y avoir un gros
déficit, c'est qu'il y a eu un gros manque de jugement au gouvernement dans les
dernières années, parce que la CAQ a pris des mauvaises décisions, parce que la
CAQ a gaspillé l'argent des Québécois puis des Québécoises.
On va passer ça en revue ensemble ce matin :
900 millions de dollars dans un projet de tramway qu'ils sont en
train de vouloir enterrer, 59 millions de dollars pour le projet de
troisième lien, un projet qui est mort vivant, 124 millions de
dollars dans des Espaces bleus qui ne verront jamais le jour, 41 millions de
dollars pour gérer le scandale SAAQclic, 22 millions de dollars dans
un Panier bleu qui n'existe plus, 7 millions de dollars pour des
matchs des Kings de Los Angeles, alors qu'à Salt Lake City ils vont avoir ces
matchs-là gratuitement, 4 millions de dollars pour augmenter le
salaire des députés.
Là, on est rendus à plus de 1 milliard,
avec les exemples que je viens de donner, et je ne vous ai même pas encore parlé
de la pire décision budgétaire de la CAQ depuis son entrée au pouvoir, baisser
les impôts des contribuables qui font plus de 100 000 $ par année.
Juste ça, c'est 590 millions de dollars de trou dans les finances du
Québec. Et ça, ce n'est pas juste un an, c'est un trou de près de
600 millions cette année, l'an prochain, l'autre d'après, l'autre d'après.
Quelle mauvaise décision, quel gaspillage, d'envoyer 600 millions de
dollars chez les plus fortunés. Cet argent-là, on aurait dû l'investir en
santé, en éducation et en logement, parce que c'est ça, les vraies priorités au
Québec.
M. Fontecilla : Merci,
Gabriel. Donc, ça a été dit, c'est jour de budget. La plus... à part la crise
climatique, là, la plus grosse crise que la société québécoise affronte, en ce
moment... en ce moment, c'est la crise du logement. Et le gouvernement du
Québec, malheureusement, après avoir passé des années à nier l'importance de
cette crise-là, y va avec des mesurettes homéopathiques pour régler ce qui est
la principale préoccupation des Québécois, c'est-à-dire le prix des loyers, le
prix des maisons, l'impossibilité pour les jeunes ménages en particulier
d'accéder à la propriété.
Le pourcentage de notre revenu mensuel
qu'on alloue à se loger, à avoir un toit sur la tête, est plus grand que
jamais. C'est un budget qui doit considérer de façon très sérieuse... prendre
le taureau par les cornes pour affronter cette crise du logement et non
seulement, oui, faire en sorte de contrôler les hausses abusives des loyers,
mais surtout, surtout, des mesures budgétaires pour faire la promotion pour
produire... augmenter l'offre de logements dans tous les segments, surtout les
segments destinés aux populations aux plus... à plus faibles revenus, surtout
les logements sociaux, que ce soient des coopératives d'habitation, des OSBL
d'habitation, des habitations à loyer modique.
Les offices de... municipaux du Québec
sont prêts à construire davantage à prix très compétitifs pour augmenter
l'offre et pour surtout, encore une fois, pour les populations à plus faibles
revenus, qui s'appauvrissent constamment, année après année, à cause de cette
crise du logement. Il est impératif que ce budget-là marque le point tournant
de l'action du gouvernement du Québec en termes de politiques publiques, là, pour
affronter définitivement et pour de vrai la crise du logement.
Journaliste : La question a
été posée à plusieurs reprises à M. Girard au sujet de l'austérité éventuelle.
Est-ce que vous pensez que c'est ce qui s'en vient éventuellement dans les finances
publiques du Québec?
M. Nadeau-Dubois : Si les
investissements dans nos services sont moins grands que l'augmentation des
coûts de système, c'est de l'austérité. Et, l'austérité, on n'a pas besoin de
ça au Québec, là. On veut un meilleur système de santé, un meilleur système
d'éducation. On veut des places en garderie pour tout le monde. On veut des
investissements pour le logement. Il faut construire plus de maisons au Québec.
On n'a pas les moyens de l'austérité.
La question, c'est : Est-ce que M.
Legault regrette d'avoir baissé les impôts des Québécois qui font plus de
100 000 $ par année? Parce que ça nous coûte
600 millions de dollars à peu près chaque année, cette décision-là.
Moi, c'est la... c'est la question à laquelle j'aimerais qu'on ait une réponse
aujourd'hui : Est-ce qu'il regrette de nous avoir privés, d'avoir privé
nos écoles, nos hôpitaux de 600 millions de dollars par année?
Journaliste : J'entends bien
vos critiques envers les choix du gouvernement, mais il reste quand même que,
tu sais, on a repoussé le... l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Le ministre
a quand même annoncé que ça allait être un budget extrêmement... extrêmement
déficitaire. J'ai de la misère à voir comment vous pouvez parler d'austérité
puis dire : Il faut dépenser plus.
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
verra le budget. Mais, dans un budget, il y a deux colonnes : il y a les
dépenses puis il y a les revenus. Puis, dans les dernières années, la CAQ a
gaspillé de l'argent en faisant des dépenses inutiles : 7 millions pour
les Kings, 22 millions pour le Panier bleu, 124 millions dans des Espaces
bleus, qui, finalement, ne verront jamais le jour, 59 millions pour des
études de troisième lien qui ont fini par saboter le projet. Cet argent-là, on
ne le reverra jamais. Puis là je ne vous parle même pas du
600 millions de dollars à peu près chaque année qu'on va se priver à
cause des baisses d'impôt juste pour les 100 000 $ et plus au Québec.
C'est... Ça, c'est de l'argent qu'on a gaspillé. Donc, dans la colonne des
revenus, François Legault a décidé de se priver de 590 millions par année
en baissant les impôts des gens de 100 000 $ et plus au Québec. C'était
une mauvaise décision. Et là aujourd'hui, ils vont devoir choisir à qui ils
envoient cette facture-là. Mais ça, c'est les choix de la CAQ. Ils auraient pu
faire des choix différents.
Nous, on leur a dit, à l'époque :
L'économie, là, ça ne sera pas beau dans les prochaines années, c'est une
mauvaise idée de baisser les impôts des gens qui font plus de 100 000 $,
vous devriez investir ça en santé, en éducation puis en logement. Puis
malheureusement ils ne nous ont pas écoutés.
Journaliste : On parle
d'austérité, évidemment, faisant référence à l'époque libérale précédente. C'est
une époque aussi où on a beaucoup utilisé le mot «néolibéral» dans la gestion
des finances publiques. Comment vous qualifiez la gestion des finances
publiques par le gouvernement Legault? Selon vous, c'est quoi sa ligne
directrice, s'il en a une?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ça,
on verra le budget d'aujourd'hui. Dans les dernières années, oui, bien, on a un
gouvernement qui gaspille et qui gouverne à courte vue. On est au milieu d'une
crise du logement, il y a une crise climatique qui s'en vient, nos écoles ne
vont pas bien, nos hôpitaux ne vont pas bien. Il faut investir dans l'avenir.
Ce n'est pas le temps d'envoyer des baisses d'impôt aux gens qui font plus de
100 000 $ par année, c'était une mauvaise décision. Puis aujourd'hui
on va vivre collectivement les conséquences de cette mauvaise décision là.
C'est de la politique à court terme, alors qu'on a besoin d'un gouvernement au
Québec qui pense à l'avenir du Québec.
Journaliste : Vous savez
qu'une des raisons pourquoi le budget risque d'être fortement déficitaire,
c'est aussi les augmentations de salaire données aux employés de l'État. Est-ce
que, ça, vous considérez que c'était une mauvaise décision?
M. Nadeau-Dubois : C'était
une excellente décision, d'améliorer les conditions de travail et les salaires
des femmes puis des hommes qui travaillent dans nos services publics. On n'aura
jamais d'hôpitaux qui fonctionnent, on n'aura jamais d'écoles qui fonctionnent,
si on traite mal ou on paie mal les gens qui travaillent dedans. Ça, pour nous,
ce n'est pas une dépense exagérée, c'est un investissement nécessaire. C'est
bon pour le Québec, c'est bon pour les familles qui veulent des bons services
publics. Mais, si, pendant qu'on fait ça, on se prive de revenus en baissant
les impôts des gens qui font plus de 100 000 $, c'est sûr que
l'équation ne fonctionne pas. C'était une erreur de baisser les impôts des gens
qui font plus de 1000 000 $ au Québec. On aurait dû garder cet argent-là
puis l'investir en santé, en éducation puis en logement.
Journaliste : M. Fontecilla,
j'aimerais vous entendre, là, parce que je sais que la question du logement
vous préoccupe énormément. Il y a un autre projet de loi qui... c'est le
dossier de votre collègue Alexandre Leduc, là, sur la construction, mais ça
touche aussi, évidemment, le logement, parce qu'évidemment l'objectif de rendre
plus flexible l'industrie, c'est aussi pour construire davantage. J'aimerais
avoir votre point de vue sur ce projet de loi là.
M. Fontecilla : Écoutez, on
va... on va regarder très attentivement le déroulement et en particulier les
auditions des différents groupes de la société concernant ce projet de loi là.
Et évidemment on a construit un système au Québec, là, depuis quelques
décennies, qui fonctionne malgré tout. Il a des problèmes. On peut... on peut
certainement l'améliorer, mais il ne s'agit pas de jeter le bébé avec l'eau du
bain, là.
Nous avons certaines préoccupations. Comme,
par exemple, la main-d'œuvre en région, on ne voudrait pas perdre une
expertise. On sait que les travailleurs et travailleuses, surtout des
travailleurs de la construction en région, sont moins... travaillent moins que
les gens... les ouvriers dans les grands centres, et cela nous envoie un
message. On se... On est en train d'étudier le projet, justement, là, mais on
ne sait pas si cette flexibilité-là va être... va donner vraiment le résultat
escompté, là. Donc, on va regarder ça attentivement.
M. Nadeau-Dubois : Je vais
peut-être juste ajouter là-dessus. La priorité, là, au Québec, c'est de
construire plus. Il faut construire plus de maisons, il faut construire plus de
logements pour les besoins des gens au Québec.
Et, oui, il faut améliorer la productivité
de notre industrie de la construction. On a fait, à Québec solidaire, une
proposition : baisser la TVQ sur la construction pour stimuler la
construction de logements. Ça, c'est une mesure qui stimulerait la construction
au Québec, on espère que ça va être dans le budget.
Pour ce qui est du projet de loi
n° 51, la démonstration que ce projet de loi là va stimuler la
construction au Québec, cette démonstration-là n'a pas été faite. Il y a même
une étude, ce matin, qui montre que ça pourrait nuire à la productivité de
notre industrie de la construction en région. Donc, ça, c'est très préoccupant.
Parce que c'est le contraire qu'il faut faire au Québec : il faut
construire plus plus vite parce qu'on est en pleine crise du logement.
Journaliste : Donc,
justement, peut-être pour poursuivre là-dessus, d'abord, donc, M. Boulet
fait... fait fausse route, là. On voit que l'Inter, entre autres, a
l'impression qu'on se tire dans le pied, là, finalement.
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a... il y a... il y a une étude publiée ce matin qui sonne l'alarme, là. Non
seulement la démonstration n'a pas été faite que ce projet de loi là va
accélérer la construction au Québec, mais ça pourrait même nuire à la
productivité de l'industrie en région. Ça, c'est tout un drapeau jaune, là, qui
vient de se lever.
Nous, on est très préoccupés de ça, parce
que, je veux dire, on n'a pas... comment dire, on n'a pas le luxe de se
tromper, là. Il faut construire plus de logements au Québec, on est en pleine
crise du logement, on n'a pas le luxe d'adopter des projets de loi qui vont
rater la cible, là. Une industrie de la construction moins productive en
région, c'est la dernière chose qu'on a besoin au Québec. Donc, on trouve ça
très préoccupant.
Et là le fardeau de la preuve est sur
l'épaule... sur les épaules du ministre. C'est à lui de faire la démonstration
que son projet de loi va nous permettre de construire plus de maisons au
Québec. Puis en ce moment, cette démonstration-là, elle n'est pas faite.
Journaliste : Mais donc, à la
lumière de cette étude-là, M. Boulet devrait revoir sa réforme?
M. Nadeau-Dubois : Bien là, les
consultations commencent aujourd'hui. Nous, on a bien hâte d'entendre
l'ensemble des groupes. On va... on va prendre le temps de les entendre. C'est
une étape qui est importante. Mais c'est un gros drapeau jaune, là. Je veux
dire, il faut construire plus de maisons au Québec dans toutes les régions. Il
y a une crise du logement, on ne peut pas se permettre d'avoir des mesures qui
ratent la cible ou qui sont contre-productives, là.
Journaliste : Sur un autre
sujet, sinon, vous avez peut-être vu, dans les pages du journal ce matin, un
autre exemple, là, de caviardage... extrême avec Investissement Québec. Est-ce
que... est-ce qu'on devrait normalement pouvoir regarder quels sont les
fournisseurs d'Investissement Québec, notamment, sur leurs relevés de cartes de
crédit, là?
M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
je pense qu'il y a un problème de transparence au Québec, et c'est dans
beaucoup des ministères. Il y a une culture où on a tendance à vouloir
restreindre l'information qu'on diffuse, puis il faut changer cette culture-là.
Il y a... Si... Je voyais les porte-parole d'Investissement Québec parler de
protection de la vie personnelle. Je pense qu'il y a moyen de protéger la vie
personnelle des gens, protéger les renseignements personnels, tout en soyant
plus transparents pour s'assurer qu'il n'y a pas d'abus. Parce que,
malheureusement, il y a eu des scandales, dans les dernières années, qui ont
fait en sorte que là, il y a une confiance à réparer.
Journaliste : Les exemples
sont nombreux. Notamment, dans les pages du journal, on en a relevé, illustré
plusieurs. Il semble y avoir une tendance au crayon noir... au crayon-feutre
noir.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
c'est dans le dossier... on le voit dans le dossier Northvolt, on le voit dans
plein d'autres domaines, là. Il y a une... il y a une... il y a une culture de
la rétention d'information, dans l'ensemble de l'État québécois, qui est
problématique. C'est... Puis ce n'est pas vrai que c'est comme ça partout dans
le monde. Puis c'est pour ça notamment qu'on a besoin d'une révision de la Loi
sur l'accès à l'information au Québec, pour s'assurer qu'il y ait plus de
transparence. Parce que ce n'est pas bon pour la confiance des gens dans nos
institutions quand il y a ce réflexe de toujours donner le moins d'information
possible. Il y a l'impression que c'est souvent ça, le réflexe, dans bien des
composantes de l'État québécois.
La Modératrice : ...Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 16)