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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de culture et de communications, et M. Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations internationales et de francophonie

Version finale

Le jeudi 15 février 2024, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures deux minutes)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la parole, dans l'ordre, Mme Ruba Ghazal, députée de Mercier, M. Nezih Belhaj, du Collectif de Québec pour la paix, M. Jesse Greener, représentant Voix juives indépendantes, et enfin M. Guillaume Cliche-Rivard, député de Saint-Henri—Sainte-Anne.

Mme Ghazal : Merci. Merci beaucoup, Victor. Merci, tout le monde, d'être ici. Merci beaucoup au Collectif de Québec pour la paix d'être ici. Merci d'avoir été les initiateurs, d'avoir fait appel à Québec solidaire, à mon bureau, pour porter cette pétition, que je suis extrêmement fière aujourd'hui d'avoir déposée à l'Assemblée nationale. Il y a eu 12 000, 12000 Québécois et Québécoises qui ont demandé que le gouvernement de la CAQ renonce à l'ouverture d'un bureau du Québec à Tel-Aviv. Et j'ai envie aussi... (panne de son) ...du peuple québécois envers le peuple palestinien, que j'entends, moi, comme Palestinienne, depuis très longtemps, et, avec cette pétition, à ma grand-mère, ma grand-mère qui est décédée ce lundi à Laval. Elle avait 92 ans. Elle est née en 1931 en Palestine, réfugiée au Liban. Et, pour elle, là, le conflit israélo-palestinien, ce n'est pas juste une question qu'on voit comme ça dans les nouvelles. Elle a vécu ce conflit-là dans sa chair.

Et aujourd'hui, aujourd'hui, malheureusement, on voit qu'il y a eu 28000 morts. Ma grand-mère a eu la chance de pouvoir vivre ici, entourée de sa famille, puis de mourir, jusqu'à la fin de sa vie, ici, au Québec, mais il y a eu beaucoup de gens... personnes innocentes à Gaza, des enfants, des enfants qui n'ont rien demandé autre que vivre dans la paix, qui sont en train de mourir. Et nous, ici, au Québec, il faut qu'on soit... qu'on fasse honneur à cette tradition de paix.

Malheureusement, j'ai interpelé la ministre Martine Biron avec mon collègue Guillaume Cliche-Rivard, et je suis très, très blessée par l'indifférence de la ministre, par l'indifférence du gouvernement de la CAQ, le gouvernement du Québec face au sort du peuple palestinien. La ministre nous dit qu'elle veut ouvrir un bureau du Québec au Moyen-Orient et que la porte d'entrée, c'est Tel-Aviv. Quel message ça envoie à toutes les personnes, aux peuples qui vivent dans cette région-là, de dire que c'est à Tel-Aviv la première porte? Il y aurait eu possibilité d'ouvrir ça ailleurs si elle avait voulu. Elle refuse même, elle refuse même la demande d'aide d'urgence que je lui ai demandée il y a plusieurs mois. Alors que la situation est dramatique, la situation humanitaire est catastrophique et il y a un risque aussi de famine à Gaza, quel manque de sensibilité!

 Mais ce n'est pas grave, le peuple québécois est... lui, il est pour la paix et il fait entendre sa voix par toutes sortes de façons, par exemple en s'impliquant par le... avec le collectif, avec d'autres organisations de la société civile, en faisant des manifestations pour faire pression sur le gouvernement. Puis on va continuer à faire pression sur Mme Biron et le gouvernement de la CAQ.

Je vais vous laisser continuer. Merci.

M. Belhaj (Nezih) : Bonjour. Mon nom, c'est Nezih Belhaj, du Collectif de Québec pour la paix. Nous venons de déposer aujourd'hui une pétition de plus de 12 000 signataires dans laquelle nous demandons au gouvernement Legault l'annulation pure et simple de l'ouverture d'un bureau de Québec en Israël. Cette demande vise à mettre l'arrêt de l'occupation israélienne des territoires palestiniens, qui sont... qui sont sous occupation depuis 75 ans, comme condition pour l'ouverture du bureau. Nous demandons au gouvernement d'avoir le courage de rester... le courage de rester fidèle à notre charte québécoise... à notre charte québécoise des droits et libertés et aux valeurs universelles des droits humains. Notre demande est d'autant plus pertinente alors que la Cour internationale de justice soupçonne Israël de commettre un génocide envers les Palestiniens, et elle enquête là-dessus.

Malheureusement, Mme Biron a répondu par le refus à notre pétition en prétextant que ce bureau est la porte d'entrée de Québec au Proche-Orient. Donc, ce gouvernement a choisi un État qualifié d'État d'apartheid, un État soupçonné de génocide pour ouvrir une porte au Proche-Orient. Quel message envoyé aux populations de la région et aux Québécois et Québécoises!

Nous remercions nos 12000 concitoyens qui ont signé cette pétition. Nous remercions Mme Ghazal pour avoir parrainé cette pétition. Nous remercions aussi Québec solidaire, les différents syndicats de travailleurs, nos partenaires de Voix juives indépendantes ainsi que tous les groupes qui nous ont aidés à diffuser... à diffuser cette pétition. Merci.

M. Greener (Jesse) : Bonjour. Je m'appelle Jesse Greener, de Voix juives indépendantes. Les Juifs progressistes du Québec sont profondément préoccupés par la guerre menée par Israël contre les Palestiniens innocents. Ici, chez nous, nous sommes également préoccupés par le rôle de nos gouvernements et nos secteurs privés dans le génocide en cours à Gaza. Cela inclut les entreprises vendant des armes à Israël et la décision du gouvernement fédéral de suspendre l'aide humanitaire dont les civils palestiniens ont... dont ont besoin désespérément pour se protéger de la famine et de la maladie qu'Israël leur a imposées.

L'idée que le Québec ouvrirait une ambassade en Israël, surtout après une guerre dépravée, envoie un mauvais message au monde, et nous croyons qu'elle contrevient... récente directive de la Cour internationale de justice pour prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la poursuite du génocide à Gaza. C'est donc avec plaisir qu'au nom de Voix juives indépendantes je suis témoin aujourd'hui de la présentation de cette pétition. Merci pour l'invitation et merci pour le travail.

M. Cliche-Rivard : Merci. Après des demandes répétées de Québec solidaire depuis le 7 octobre dernier, l'Assemblée nationale a finalement voté à l'unanimité une motion qui en appelle à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. C'était déjà là une première victoire.

Quelques jours avant ça, la décision historique de la CIJ, la Cour internationale de justice, reconnaissait qu'il y a un risque plausible de violation des droits des Palestiniens d'être protégés contre un acte de génocide. Vous le savez, tout le monde en a lu, le monde entier l'a lu.

Malgré tout, les rumeurs d'une offensive terrestre à Rafah prennent de plus en plus d'ampleur dernièrement et soulèvent beaucoup de questions quant à la protection des populations et quant au respect de la décision de la CIJ.

Dans un tel contexte, persister dans la décision d'ouvrir un bureau en Israël pourrait être interprété comme un appui aux actions du gouvernement Nétanyahou. La ministre Biron devrait prendre en compte l'impact de cette décision dans les rapports du Québec avec le Moyen-Orient et les conséquences sur l'image du Québec de sa prise de décision sur les relations internationales.

Enfin, je tiens à rappeler la tradition de solidarité internationale du Québec avec les populations vulnérables partout dans le monde. Il est impératif qu'une solution négociée soit trouvée afin de permettre aux populations de Palestine et d'Israël de pouvoir vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues. Merci.

Le Modérateur : Merci. Merci à toutes et à tous. On va maintenant prendre des questions sur le sujet du jour, s'il y en a.

Journaliste : Oui, bonjour.

Le Modérateur : M. Bergeron, oui.

Journaliste : Patrice Bergeron, La Presse canadienne. Vous m'entendez bien? Oui? O.K. Je voulais savoir, d'après ce qu'on a pu comprendre, c'est que le bureau est déjà ouvert, donc on le referme? Qu'est-ce qu'on fait?

Mme Ghazal : Bien, en fait, ce n'était pas clair au début s'il allait rester ouvert parce que la ministre, elle avait dit qu'il allait... qu'ils allaient ouvrir un bureau à Tel-Aviv en août. Et, après ça, quand il y a eu ce qui s'est passé... 7 octobre, là, elle a dit : Bien, on le suspend. Elle était supposée y aller, puis on ne sait pas trop, puis elle n'a pas dit qu'il allait être ouvert. C'est vraiment aujourd'hui, en posant la question, qu'elle a dit qu'il est ouvert à Montréal et qu'il est fonctionnel, ce qui n'était pas clair. Moi, c'était une information que je n'avais pas. J'avais espoir, un petit, petit espoir que la ministre décide de dire : Bien, on ne va pas ouvrir là, on ne va pas être là, puis ce n'est pas ça qu'elle a pris. Donc là, on vient de l'apprendre, elle l'a dit.

Journaliste : Donc, on ferme le bureau qui est ouvert, c'est bien ça que vous voulez?

Mme Ghazal : Absolument.

Journaliste : O.K. O.K.

Mme Ghazal : Tout à fait.

Journaliste : Est-ce qu'il n'y a pas un risque quand même, parce qu'étant donné que c'est des relations diplomatiques qu'il y a avec l'État d'Israël et non pas avec le gouvernement Netanyahou... que ça ne serait pas aussi mal vu que de rompre des relations avec l'État d'Israël? Parce que le gouvernement, il a été élu démocratiquement, il va changer, comme n'importe quel gouvernement dans un état démocratique, là.

Mme Ghazal : Là, en ce moment, il y a un peut-être risque de génocide, et ça, ce n'est pas Québec solidaire qui le dit, ce n'est pas moi, ce n'est pas le collectif ici, c'est la Cour internationale de justice, qui a dit à Israël : Faites tout en votre pouvoir, là, pour éviter qu'il y ait un génocide, puis gardez les traces, et tout ça, puis les preuves, parce que ça peut prendre du temps, investiguer. Donc, ça, ça veut dire, tous les États aussi qui font affaire avec Israël, c'est un message pour eux, en leur disant : Faites attention de ne pas être complices. On ne le sait pas encore s'il y en a un, mais il va y avoir une investigation, puis ça va prendre des années.

Donc, nous, le Québec, pendant ce temps-là, alors qu'il y a des innocentes victimes qui meurent... c'est 70 % de gens qui n'ont rien à voir... bien, la majorité, là, qui meurent qui n'ont rien à voir avec ça, de la même façon qu'il y a eu des innocentes victimes aussi qui ont... qui sont mortes aux mains du Hamas, avec un acte terroriste qu'on a vu le 7 octobre, et c'est les peuples, les deux peuples, là, qui sont pris en otage par des gens comme le gouvernement de Netanyahou. Donc, pendant ce temps-là, le gouvernement dit : Aïe! Je vais faire de la business, moi. Où est-ce que je vais aller au Moyen-Orient pour la première fois? Et il décide d'aller exactement dans l'État où il y a un risque de génocide. Franchement! Je veux dire, n'importe qui qui entend ça, il dit : Renoncez à cette mauvaise décision. Puis il n'y a pas... Je veux dire, l'économie du Québec n'est pas menacée parce qu'on n'ouvre pas un bureau du Québec à Tel-Aviv.

Journaliste : Qu'est-ce que...

M. Cliche-Rivard : J'ajouterais...

Journaliste : Oui, oui.

M. Cliche-Rivard : J'ajouterais que c'est quand même assez épatant et surprenant qu'on apprenne ça, là, dans une question, que soudainement le bureau est ouvert, là. La dernière communication publique, c'était que c'était suspendu. Et qu'est-ce qui est arrivé depuis? Il est arrivé 28 000 décès. Il est arrivé une décision de la CIJ. Moi, je m'explique mal pourquoi les conditions qui menaient à la suspension il y a quelques mois permettent aujourd'hui la réouverture dans un... ou l'ouverture dans un contexte qui s'est passablement dégradé. Je pense que la ministre doit répondre de ça. Comment se fait-il qu'elle avait toutes les raisons au monde de justifier une suspension ou un arrêt il y a quelques mois puis qu'aujourd'hui elle nous annonce comme ça que, soudainement, c'est ouvert? Je pense qu'elle a des réponses à donner, là.

Journaliste : Qu'est-ce qui serait une bonne porte d'entrée pour le Québec au Moyen-Orient? Beyrouth, Ramallah...

Mme Ghazal : Bien, moi, je ne suis pas experte. Je ne sais pas, je ne suis pas experte de c'est où, et tout ça. Il y a des gens dans le ministère des Relations internationales qui pourraient conseiller la ministre, là, pour lui dire où est-ce qu'on pourrait aller pour ouvrir. Je n'ai aucune idée. Par exemple, le Liban, ça parle français. Est-ce que c'est... il y a déjà eu des discussions? La Jordanie, où est-ce qu'ils ont quand même des relations peut-être un peu normalisées... Je ne suis pas une experte. C'est à la ministre de dire : Nous, on veut aller au Moyen-Orient, on veut faire des affaires. Et c'est une bonne chose. Parce qu'en plus de ça, quand on regarde les gens autour, dans la région, là, les pays autour, les populations, je ne parle pas du gouvernement, hein, parce que souvent c'est des États qui... où la démocratie n'est pas très, très présente, bien, les gens, ils vont être... Quelle image on va donner du Québec à ces personnes-là en disant : Bien, on fait affaire avec Israël? Est-ce qu'ils vont avoir envie, après ça, de faire affaire avec le Québec, les pays autour, là, qui sont au Moyen-Orient? Je ne penserais pas.

Journaliste : Une petite dernière, si vous permettez. Est-ce que le Québec, à ce moment-là, se trouverait être complice d'actions qui pourraient mener à un génocide, si je vous interprète bien, là?

Mme Ghazal : En fait, il y a un risque. C'est... Encore une fois, je répète, je prends... puis, aujourd'hui, j'ai posé une question, là, dans ma question, j'ai repris avec des... exactement ce que la Cour internationale de justice, qui dit qu'il y a un risque de génocide et donc il faut faire attention de ne pas avoir les mains dedans puis prendre toutes les mesures entre les mains de l'État d'Israël, puis aussi les autres États qui font affaire avec Israël, pour s'assurer... les alliés, là, pour s'assurer qu'il n'y ait pas de génocide.

Journaliste : ...ou on serait comme des complices, une sorte de complicité, ou...

Mme Ghazal : Ce n'est pas... Pardon?

Une voix : ...

Mme Ghazal : Ce n'est pas... Ce n'est pas... Ce n'est pas une question... c'est-à-dire que c'est de ne pas participer d'une façon directe ou indirecte à un risque de génocide. Il ne faut pas que le Québec, on y participe puis qu'on donne la caution à l'État d'Israël de commettre un génocide, s'il en commet un.

Le Modérateur : M. Duval.

Journaliste : Mme Ghazal ou M. Cliche-Rivard, là, il y a les déclarations publiques du gouvernement, mais il y a aussi les discussions derrière les portes closes. Est-ce que vous avez eu des... (panne de son) ...Mme Biron, dans lesquelles vous auriez peut-être senti une approche différente que celle qui est affichée publiquement pour le moment?

Mme Ghazal : Bien, moi, j'ai déjà rencontré la ministre surtout aussi pour lui parler de la demande d'aide humanitaire, puis récemment elle venait de débloquer de l'argent après le séisme au Maroc, aussi en Haïti. Donc, c'est quelque chose qui est commun que l'État québécois débloque de l'argent. Puis elle m'avait dit, entre les portes closes, qu'elle allait regarder ça et puis étudier. Donc, vraiment, aujourd'hui, moi, j'avais espoir, à la question qui a été demandée par Guillaume Cliche-Rivard, qu'elle allait dire... nous annoncer : Oui, on va débloquer un montant d'argent pour l'aide humanitaire, et c'est tout.

Pour ce qui est du reste, là, c'est-à-dire que moi, quand j'ai eu la rencontre avec la ministre, c'était avant que le gouvernement décide finalement de demander un cessez-le-feu par une motion, puis là elle, elle était inquiète par rapport au Hamas, par rapport aux otages. Puis moi, je lui ai dit... Je veux dire, il n'y a personne... Puis, à Québec solidaire, nous, on veut que les otages soient libérés. Ça, c'est une demande qui est faite par tout le monde qui demande un cessez-le-feu. Donc, j'ai... c'est ça.

Mais, pour ce qui est du bureau, je n'ai pas eu de discussion plus que ça si, par exemple, elle pourrait reconsidérer la décision. Mais nous, on discute toujours, notre porte est ouverte, la sienne aussi. Et, moi, ça me ferait plaisir de lui parler puis de la rencontrer en privé, la même chose aussi pour Guillaume, qui est son vis-à-vis, de la rencontrer, puis de parler comme on le fait souvent avec les ministres, en espérant qu'elle change d'idée, puis de la sensibiliser.

M. Cliche-Rivard : Puis je soulignerais en complément qu'on a rencontré la déléguée... (panne de son) ...organisée ici, quand Mme Biron était là, nous, on était là, on a organisé une rencontre. En fait, on leur a permis de se rencontrer puis de se parler, et Mme Biron, avant une période de questions, a passé quelques bonnes minutes à discuter avec la déléguée. J'ai senti une belle ouverture, j'ai senti un beau vent de communication. Je pense que les liens sont là, la volonté des liens sont là, et elle était invitée à faire une rencontre formelle un petit peu plus en détail avec la déléguée, et je la relancerai cette semaine ou la semaine prochaine là-dessus. Je pense qu'ils ont des choses à se dire, des informations à se partager, mais j'ai vu là une belle intention de collaboration puis je pense qu'il y avait une belle ouverture avec la déléguée générale.

Journaliste : Est-ce qu'il y a, au sein même du gouvernement, des éléments qui pourraient expliquer la rigidité de la position actuelle sur le maintien du bureau? Au-delà de la business, est-ce qu'il y a autre chose que vous voyez qui pourrait expliquer?

Mme Ghazal : Il faudrait leur demander. Il faudrait demander à la CAQ. Moi, je ne me l'explique pas. Puis je suis très, très honnête avec vous, peut-être que je suis un peu naïve, là, mais j'avais un petit espoir pour le bureau quand elle a dit qu'elle... finalement, ils allaient suspendre l'ouverture, qu'elle l'annule. Et je n'ai pas... je n'ai pas d'élément factuel qui expliquerait ça. Il y a la pétition, 12 000 signataires. Quand on voit, dans les rues, les gens qui manifestent de façon très pacifiste, les organisations syndicales, les organisations de la société civile, moi, je pense que les Québécois, là, applaudiraient le gouvernement de la CAQ s'il décidait de revenir sur sa position.

Journaliste : Mon collègue Patrice Bergeron soulignait tantôt, bon, les gouvernements vont et viennent, le Québec a quand même des représentations à l'étranger dans d'autres pays où le respect des droits de l'homme pose problème, entre autres la Chine. J'aimerais comprendre en quoi... Je comprends le contexte de la guerre, évidemment, là, mais est-ce qu'on n'ouvre pas la porte à ouvrir des bureaux, fermer des bureaux, ouvrir des bureaux, fermer des bureaux, en fonction des orientations gouvernementales étrangères?

M. Cliche-Rivard : Il y a quand même une cour internationale de justice, la Cour internationale de justice, qui a dit qu'ils reconnaissaient un risque plausible de violation du droit des Palestiniens d'être protégés contre un génocide. Je veux dire, s'il y a une ligne rouge à franchir, je pense, dans l'ensemble de nos conventions humanitaires puis du droit de la guerre, c'est celle-là.

Journaliste : ...en Chine aussi, là, puis il y a un bureau à Beijing.

M. Cliche-Rivard : Puis il y a des questions à avoir. Je ne suis pas fermé à avoir cette discussion-là, mais, quand ouvre une antenne du Québec, quand on ouvre une délégation du Québec, je pense qu'il faut qu'il y ait là, nécessairement, un lien avec le respect des droits fondamentaux et que, quand il y a des allégations de génocide ou de risque de génocide reconnues par un tribunal, le tribunal de la Cour internationale de justice, il va falloir qu'on... il y a des questions à se poser puis il va falloir qu'on se pose des questions sur quel message le Québec envoie, si, là, postdécision CIJ, tout d'un coup, on décide qu'on ouvre le bureau. Je veux dire, c'est quand même tout qu'un message... disons, pas le bon message qu'on envoie.

Journaliste : Mais pensez-vous que la même question doit se poser aussi pour le bureau à Beijing, considérant le sort réservé aux Ouïghours? Puis je ne veux pas dévier le sujet, mais c'est juste parce qu'on est devant des situations qui ne sont pas les mêmes, mais...

M. Cliche-Rivard : Non, non, mais la question... la question est tout à fait légitime, la question est tout à fait légitime, puis les rapports d'Amnistie internationale puis de plusieurs organisations sont assez accablants sur ce qui se passe avec les Ouïghours. Moi, je suis... je n'ai pas de position ferme, là, en ce moment, sur la question, mais je suis très intéressé à l'étudier puis à l'évaluer davantage. Là, aujourd'hui, on est là avec les gens pour Gaza, là, mais évidemment que, dans toute logique, c'est une question qui va devoir se poser puis qui peut se poser.

Journaliste : Bonjour. Je reviens aussi sur une question du collègue Patrice Bergeron, parce que votre collègue Haroun Bouazzi vient d'écrire un message, là, avec une position un peu différente de celle que vous défendez ce matin. Il dit... Il écrit que «la CAQ nous rend complices d'un gouvernement d'extrême droite qui accumule les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, les nettoyages ethniques et qui a démarré un processus génocidaire depuis quelques mois». Donc, je me demandais : Est-ce que vous souscrivez aux propos de votre collègue Haroun Bouazzi ou est-ce que vous trouvez qu'il va trop loin?

Mme Ghazal : Bien là, vous venez de le lire, on ne l'a pas vu, là, vous nous informez de ça. Puis, vous savez, c'est un sujet extrêmement émotif, extrêmement émotif. On se rappelle comment Haroun... Parce que, comment dire, on regarde les réseaux sociaux... Moi, j'essaie de me désabonner à des pages parce que je ne suis plus capable de voir des bébés qui meurent, puis c'est extrêmement émotif, puis ce qui se passe en ce moment à Gaza est effroyable, humainement intolérable. Je vous parlais de ma grand-mère, c'est quelque chose d'émotif. Puis, si... Il voulait aussi... de ce que je comprends, là, parce que vous venez de le lire, là, je n'ai pas vu, donc, il exprime l'émotion qu'il ressent face à cette situation-là.

Puis c'est important que le Québec, on fasse preuve de précaution quand on ouvre des bureaux comme ça, comme par exemple par rapport à la question des droits humains. Ça, c'est extrêmement important, puis il faut toujours, toujours, toujours ramener ça à la question de justice. Et la Cour internationale de justice, on ne le rappellera jamais assez, elle s'est prononcée.

Journaliste : Donc, c'est une réaction émotive, mais vous n'êtes pas prête à aller aussi loin. Vous trouvez qu'il va un peu loin, quand même.

Mme Ghazal : Non. Je ne veux pas qualifier s'il va loin ou pas. Je ne veux pas qualifier ça.

Journaliste : ...

Mme Ghazal : Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup, s'il n'y a rien d'autre.

Mme Ghazal : Merci.

(Fin à 13 h 22)

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